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En annonçant le lancement d’un rapport sur les changements climatiques en Afrique, le British Council Sénégal, en partenariat avec la BBC World Trust, a récemment fait l’actualité environnementale de la sous région. En juin dernier en effet, les résultats pour le Sénégal de cette étude menée dans 10 pays africains pour déterminer la perception des africains face aux changements climatiques, ont fait l’objet d’une restitution dans les jardins du British à Dakar. Parce que d’un pays { l’autre, les constats et expériences diffèrent, il était important que les acteurs de la société civile, autorités gouvernementales, mais aussi universitaires et chercheurs et gens des médias, se retrouvent pour analyser ensemble les conclusions et recommandations de cette étude, afin d’ébaucher de nouveaux angles d’approche pour une meilleure sensibilisation des populations sénégalaises au changement climatique.
Changements climatiques :
ce qu’en savent les sénégalais
Senegal talks Climate Cahier de restitution du rapport sur les
changements climatiques au Sénégal
C’est dans son jardin arboré, { l’ombre de ses platanes qu’une séance de restitution du rapport Senegal talks Climate – le Sénégal parle du Climat - a été organisée sous le thème central du rôle des leaders religieux dans la sensibilisation des populations sénégalaises. Plusieurs dignitaires religieux, de confessions différentes, se sont ainsi joints à la centaine d’invités présents pour trouver ensemble les voies et moyens afin que tous s’inspirent des conclusions et recommandations du rapport en vue de combler le déficit d’information entourant les changements climatiques au Sénégal. Une initiative fort appréciée par ces hommes d’églises et de Mosquées qui estiment n’être pas assez impliqués dans la relève des défis de sociétés.
Senegal talks
Climate
en bref
Cette recherche a été menée dans 6 villes sénégalaises (Dakar, Rufisque, Tendouck, Ziguinchor, MBacké et Darou Mousty) et
en 3 langues (français, wolof et
diola).
Ce projet souligne le fait que même si les
populations sénégalaises sont conscientes des changements de
conditions météorologiques,
elles n’ont par contre aucune
compréhension scientifique du
phénomène des changements climatiques.
Les populations sénégalaises subissent
ces changements climatiques qui
relèvent, selon elles entre autres
conclusions, du châtiment divin et ne
peuvent donc être amoindris par la
volonté des hommes.
Une des recommandations principales de ce
rapport est alors de fournir aux leaders
religieux les informations
nécessaires à une meilleure
compréhension du phénomène des
changements climatiques afin qu’ils puissent, à leur tour,
éduquer les populations et trouver,
avec elles des stratégies d’adaptation.
Le message de sensibilisation du roi du yéla
Le chanteur Baba Maal, ambassadeur de bonne volonté pour la BBC World Trust et le British Council, s’est adressé
par l’entremise d’une courte vidéo au public présent au matin de ce mardi 15 juin 2010. Pour affirmer son
engagement pour l’environnement, parallèlement { sa carrière musicale internationale, ce fils du terroir a interpellé
tous les acteurs sociaux locaux et la communauté internationale sur la nécessité de mener des actions concrètes et
conséquentes face aux effets du changement climatique qui menacent plus particulièrement les populations
les plus vulnérables. Il a conclu en invitant les uns et les autres { mettre l’information { la disposition du public
avant de souligner le rôle capital des médias et l’implication effective des leaders d’opinion dans la problématique
du changement.
Sénégal - Juin 2010
Frère Alphonse Tine, principal du Collège St-Pierre,
prenant des notes lors des différentes présentations Africa talks climate est un projet de
recherche qui a porté sur 1000
citoyens à travers dix (10) pays
africains qui ont été choisi selon un
certain nombre de critères
notamment, la démographie, le
climat, la géographie, la langue...
Cette étude visait à mesurer la
compréhension du changement
climatique chez les africains a
permis de faire ressortir que les
secteurs de l’énergie, de
l’alimentation (pêche, agriculture,
élevage) sont aujourd’hui les plus
touchés par les effets du
changement climatique avec des
conséquences sans appel comme
la récurrence des maladies, la
diminution de la quantité et la
qualité de la pêche, la disparition de
certaines espèces florales et
fauniques.
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Religion et changements climatiques
Parce que « l’environnement est un don de Dieu » et que les populations sénégalaises sont généralement connues pour leur grande piété, il était intéressant de poser la question de savoir « pourquoi l es populations sénégalaises accordent aussi peu d’importances aux questions environnementales ? » et « comment les leaders religieux peuvent-ils eux aussi s’impliquer davantage dans la sensibilisation de leurs fidèles à la gestion de l’environnement ? » Ces interrogations ont introduit la présentation – sous forme d’exposé oral – de Monsieur Cheikh Gueye, chercheur à Enda Tiers Monde, qui en a proposé une explication. Rappelant une sourate du Coran, il a affirmé que le problème d’environnement est un état d’esprit et pose la question du sens de la vie (démarche spirituelle). A travers un survol historique, M. Gueye a tenu à préciser que les acteurs religieux sont au cœur des questions environnementales au Sénégal. Il a situé leurs responsabilités par rapport aux conquêtes foncières pour l’agriculture, aux problèmes d’urbanisation qui sont amplifiés par l’action des personnalités religieuses. Ces actions sont selon lui des facteurs explicatifs de la dégradation de l’environnement dont les chefs religieux, qu’il décrit comme des prédateurs, sont responsables. Ces acteurs incontournables, qui ont joué un rôle capital dans la constitution de l’Etat sénégalais, et qui, dans d’autres problématiques de développement –comme la santé et l’éducation, ont été impliqués et dont l’autorité a été mise a profit, doivent aujourd’hui être approchés et intéressés à la défense de l’environnement. M. Gueye a conclu en invitant les acteurs à dépasser la peur des religieux afin de développer avec eux des initiatives à même des les impliquer dans la problématique environnementale.
La mobilisation des chefs religieux de toute obédience, venus répondre { l’invitation du British Council témoigne de l’intérêt de ces leaders pour la défense de ce qu’ils considèrent comme un pilier de foi puisqu’ils sont unanimes : l’environnement est un don de Dieu ! Avec des références { l’Evangile ou au Coran, ces hommes de foi ont eu { cœur de venir témoigner de la pertinence d’associer la Religion { la protection de l’environnement. Abbé Ambroise, représentant l’organisme CARITAS a d’ailleurs tenu { évoquer les recommandations du Pape selon lesquelles « les comportements humains ont des effets indéniables sur l’environnement » ce qui devrait amener les hommes à évoluer dans la coresponsabilité afin de développer des valeurs intergénérationnelles et surtout à aimer l’environnement. Pasteur Célestin, de l’Eglise Baptiste de Dakar, s’est lui réjoui de voir la Science [ndlr : la Recherche] évoluer avec l’appui de la Religion { travers les conclusions du rapport Senegal talks Climate. M. Jiroux, représentant de l’institut chiite Mozdahir, a quant à lui posé la question de l’éducation des chefs religieux qui va des valeurs morales à la compétence morale. De son point de vue, la compétence permet de vivre quotidiennement avec la conscience écologique tandis que l’éducation est { la fois personnelle (la chance d’être bien éduqué), relationnelle (éduquer l’autre pour réussir) et intergénérationnelle (avoir une pensée positive à la postérité). Il a conclu en demandant { l’assistance de réfléchir davantage { la nécessité d’assurer aux chefs religieux un niveau d’éducation qui leur permettrait de remplir leur fonction de relais d’information et d’agents de sensibilisation auprès des populations.
Musulmans et Chrétiens participèrent activement aux séries
de questions et réponses qui ponctuaient l’évènement.
RAPPEL
Témoignage d’un pêcheur
Témoignage d’un agriculteur
Mamadou Thioune est inquiet. Ce pêcheur de plus de 50 ans
s’interroge sur l’avenir de la pêche au Sénégal. Car même s’il
reconnaît que l’articulation des programmes de pêche avec les défis
environnementaux ont fourni des résultats probants, il tient
cependant « a fustiger l’attitude de l’Etat qui signe, { l’emporte-pièce,
des accords de pêche contraires au code de l’environnement au
Sénégal ». En dressant l’état des lieux du secteur de la pêche
sénégalaise qui, il le rappelle, est caractérisé par une surexploitation
des ressources et espèces, Thioune souhaite attirer l’attention du
public présent sur la situation précaire des pêcheurs sénégalais qui
sont de plus en plus nombreux à se risquer en haute mer - voire au
delà des frontières maritimes nationales - pour trouver des espèces
halieutiques prisées comme le thiof (mérou en français) si cher aux
yeux des consommateurs sénégalais.
Ibrahima Thiaw s’intéresse { l’amélioration des conditions de vie des
exploitations familiales agricoles. Son témoignage à lui visait à faire
comprendre que les populations rurales se sont toujours adaptées aux
effets du changement climatique, et ce bien avant que ne soit tirée la
sonnette d’alarme ! Il est ainsi d’avis qu’ il est primordial d’avoir { prendre
en compte les normes sociales et sociologiques qui régissent les
populations { l’étude dans le traitement des problématiques
environnementales. Parce que ces normes revêtent généralement une
dimension sacrée et immuable aux yeux de ces populations, les
problèmes environnementaux quelque soit leur gravité, doivent être
analysés sous l’angle de la survie. Toujours selon lui, toute la
problématique de la sécurité alimentaire concerne le niveau de
productivité de l’exploitation familiale agricole.
A lui d’ajouter : « Les producteurs paysans qui vivent au quotidien les
effets du changement climatique et qui les comprennent parfaitement,
ont pu développer des stratégies et initiatives d’adaptation mais qui ne
sont malheureusement pas connues et trop faiblement soutenues ».
“ La conscience écologique opère en
trois étapes : elle est d’abord scientifique,
puis politique et
enfin citoyenne.
.” Miriam Burton –
BBC World Trust
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Impacts des changements climatiques sur
la pêche et l’agriculture
Ibrahima Paul Thiaw est un représentant de la Fédération des ONGS du Sénégal (FONGS). Venu exceptionnellement de Bambey (125 km de Dakar) sa ville de résidence pour assister à ce lancement, son témoignage portait sur les stratégies d’adaptation du monde rural face aux changements climatiques.
Mamadou Diop Thioune est un digne fils de l’ethnie Lébou, le peuple de la Mer. Cet homme « multi-casquette » milite dans plusieurs organisations pour la protection de la pêche sénégalaise, jadis le secteur d’activité économique le plus rentable de ce pays. Mamadou Thioune a tenu à venir représenter le Comité national de dialogue social de la Pêche et de l’Aquaculture (CNDS-PA) à l’occasion de ce lancement.
Pour obtenir un
exemplaire du
rapport Senegal
talks Climate
Contactez le British
Council Sénégal
au :
33 869 27 00
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Quelques réactions du public
« Il faut que les hommes des médias apprennent à faire la part des choses entre journalisme et plaidoyer. Il est nécessaire qu’ils adoptent une démarche plus critique face aux problématiques environnementales afin d’en saisir les enjeux et d’éviter de n’être que de simples amplificateurs ou rapporteurs d’événements. » Hamadou Tidiane SY, Directeur de presse (Ouestaf.com).
« Il est important que ce type de rencontres portent sur l’éducation environnementale puisque les enfants sont la relève. Le problème de la sensibilisation des populations pose également celui de la promotion de l’écocitoyenneté et la nécessité des débats dans les langues nationales. C’est à l’Etat que revient la responsabilité de ces actions. » Amadou Tidiani –
Professeur d’Université, Chercheur (UCAD).
« Les changements climatiques ont des effets transversaux et transfrontaliers. Malgré les résultats mitigés du dernier sommet de Copenhague, Il faut maintenir la mobilisation et renforcer les actions qui consistent en une synergie entre les acteurs politiques, la société civile et la population avec l’appui du secteur privé en vue de faire face aux effets des changements climatiques. Les populations des pays en voie de développement doivent savoir que notre priorité est à l’adaptation. Un accent particulier doit être mis sur la promotion des pratiques et programmes de réduction des gaz à effet de serres (GES) à travers les énergies renouvelables. » Mbaye Diagne, président du Comité national sur le
changement climatique (COMNAC).
Les Dialogues citoyens (DiagCITY) : le rendez-vous
trimestriel des acteurs de l’environnement au Sénégal
En plus de marquer le lancement du rapport sur les changements climatiques spécifique au Sénégal, l’évènement du 15 juin 2010 visait également { faire connaître le nouveau concept de rencontres et d’échanges que Komunikcarré – une agence de communication sociale et publique –, en partenariat avec le British Council, souhaite organiser tous les trois mois à Dakar. Ce concept fait suite aux recommandations du rapport produit par la BBC World Trust et le British Council de « fournir des informations fiables aux populations à travers l’organisation de débats publics accessibles et pertinents sur les changements climatiques par le biais d’activités intersectorielles. » Pour recevoir le programme des DiagCITY, contactez l’agence Komunikcarré { l’adresse : [email protected]
Rédaction, conception et mise en page :
Komunikcarré