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Conférence citoyenne sur la réforme des retraites Discours de Claude Bartolone
Président de l’Assemblée nationale 11 septembre 2013
Mesdames, Messieurs les Députés, chers amis,
Monsieur le directeur général de la Fondation Jean Jaurès, cher Gilles,
Mesdames, Messieurs, chers citoyens,
Je suis très heureux de cette rencontre. Depuis mon élection à la présidence de
l’Assemblée nationale, je n’ai cessé d’ouvrir notre institution sur la société : sur les
citoyens, sur les penseurs, sur les fondations politiques et les centres de recherche.
C’est pourquoi c’est un grand plaisir de vous accueillir ici, à l’Hôtel de Lassay. Je
salue tout particulièrement nos concitoyens qui ont participé à cette enquête qualitative
sur la réforme des retraites. Merci à vous de prendre de votre temps pour débattre avec
nous, députés, de cette réforme, importante pour toutes les Françaises et tous les
Français. Je sais que vous avez pu visiter en fin d’après-midi le Palais Bourbon ;
j’espère que vous repartirez d’ici avec le sentiment que cette maison, l’Assemblée
nationale, est aussi la vôtre.
Je souhaite également remercier Gilles FINKELSTEIN, Directeur de la Fondation
Jean Jaurès, qui a lancé, aux côtés de l’IFOP, cette enquête pour mieux connaitre vos
attentes sur cette réforme de société majeure.
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Pour notre échange de ce soir, je suis accompagné de plusieurs députés, de la majorité
et de l’opposition. Chers collègues, merci à vous d’avoir répondu à mon invitation.
Alors que nous allons examiner le projet de loi proposé par le Gouvernement, que
nous allons débattre et nous opposer, je crois qu’il était important que notre maison
accueille, en son sein, nos concitoyens pour avoir un moment d’échange privilégié sur
les retraites. Je crois évidemment à la démocratie représentative et au travail
parlementaire, mais pour bien faire son travail un député doit rester à l’écoute des
Françaises et des Français. La conférence de citoyens est un moyen de faire remonter à
la représentation nationale leurs sentiments et leurs préoccupations. C’est d’ailleurs
pour cela que les conclusions de l’étude qui nous est présentée ce soir seront envoyées
à chacun des 577 députés afin d’alimenter sa réflexion.
Je l’ai déjà dit et je le répète : le Parlement est le cœur battant de la démocratie. Sur
chaque texte, sur chaque réforme importante pour notre pays, nous, députés, nous
devons être là pour améliorer, compléter, amender, proposer. Et sur la réforme des
retraites, notre rôle est majeur. Pénibilité, égalité femmes/hommes, mesures en faveur
des jeunes : sur tous ces aspects, mais sur bien d’autres encore, les Français nous
attendent.
Car les retraites, c’est avant tout un sujet de société, capable de mobiliser tous les
Français mais c’est aussi un sujet capable de les diviser profondément si l’on n’y prend
pas garde. Les jeunes qui s’interrogent : auront-ils une retraite ? Pourquoi payer pour
un avenir incertain ? Les petits retraités, comme on dit, qui se demandent si leurs
pensions vont être préservées. Les actifs qui s’inquiètent de leur pouvoir d’achat. Et je
pense aussi et surtout aux femmes, premières touchées par le temps partiel et à nos
compatriotes qui s’usent dans des métiers pénibles. A eux aussi, la République doit
garantir que, comme les autres, ils pourront bénéficier d’une retraite digne.
Les retraites, ce n’est donc pas qu’un sujet d’expert ; des choix politiques doivent être
faits, capables de préserver notre modèle social. Et pour cela, il faut écouter les
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Françaises et les Français. Que nous disent-ils ? Qu’une réforme juste et ambitieuse
capable de sauver notre système par répartition est possible mais surtout indispensable.
Et laissez-moi vous dire ce qui, à mon sens, peut constituer les trois marqueurs de la
retraite du 21ème siècle :
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• La retraite du 21ème siècle, c’est une retraite pour tous : cette vieille idée de la
fraternité qui nous unit, ce besoin sans cesse renouvelé de solidarité, entre des
Françaises et des Français, de tous les âges et de toutes les conditions, cette
idée, elle n’a jamais été aussi neuve. Et plus que jamais, une retraite pour tous,
c’est une retraite fondée sur un système par répartition où chacun est prêt à
payer le prix nécessaire mais, si vous me permettez l’expression, le « juste »
prix. Celui qui répartit l’effort équitablement entre les Français. Celui qui
préserve le pouvoir d’achat des Français et qui épargne les petites retraites.
Celui aussi qui n’affaiblit pas la compétitivité des entreprises.
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• La retraite du 21ème siècle, c’est aussi une retraite pour les vivants car la retraite,
ce n’est pas fait pour les morts ! Pourquoi je dis ça ? Pourquoi je rappelle cette
évidence ? Parce que pour sauver notre régime par répartition, chacun peut,
bien entendu, comprendre qu’il faut travailler plus longtemps parce que l’on vit
plus longtemps. Mais gardons à l’esprit qu’en France, l'espérance de vie en
bonne santé, se situe aux alentours de 63,5 ans pour les femmes et de 61,9 ans
pour les hommes. Et je ne vais rien vous apprendre si je rappelle que l’âge de
départ à la retraite est fixé à 62 ans, depuis 2010. La retraite ce n’est pas pour
les morts, je vous disais. Car le modèle social français c’est aussi promettre à
chacun qu’il aura le temps de profiter de sa retraite.
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• La retraite du 21ème siècle c’est enfin une retraite marquée par le progrès social,
celui qui corrige encore et toujours les inégalités et qui protège les plus fragiles
d’entre nous. Une retraite moderne c’est donc aussi créer de nouveaux droits
pour ceux qui ont eu des métiers pénibles, c’est-à-dire, pourquoi ne pas le dire
clairement ?, les ouvriers. Je pense aussi aux femmes, victimes des temps
partiels subis, véritable carburant de la misère sociale. A ces femmes,
travailleuses pauvres qui forment l’essentiel des fameuses petites retraites, la
société doit apporter une réponse, une compensation. Et je vous le dis, sur ces
deux sujets, les métiers pénibles et la situation des femmes, le rôle du Parlement
sera déterminant. Nous, députés, avons un rôle crucial à jouer pour que la
prochaine réforme soit véritablement une réforme de progrès.
Une retraite pour tous, fondée sur une juste répartition de l’effort, dont tout le monde
peut profiter malgré la dureté de la vie, voilà ce qui, selon moi, est la retraite du
21ème siècle en France !
Je vais maintenant laisser Jérôme FOURQUET pour l’IFOP dévoiler les résultats de
cette enquête et Daniel COHEN, pour la Fondation Jean JAURES, les analyser. Nous
en débattrons. Mais je crois que tous mes collègues, de l’opposition comme de la
majorité s’accorderont sur un point : la volonté des Français de repenser notre régime
des retraites pour le préserver est immense ; à nous de ne pas les décevoir.
J’aime souvent rappeler ce principe clair, exprimé simplement dans le préambule de la
Constitution de 1946 : « La Nation assure à l'individu et à la famille les conditions
nécessaires à leur développement. Elle garantit à tous, notamment à l'enfant, à la mère
et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les
loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de
la situation économique, se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir de
la collectivité des moyens convenables d'existence. »
Une retraite digne pour tous, voilà ce qui doit nous animer.
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Je vous remercie.