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Page 1: Correspondance à propos de l’article « Dépression en médecine générale »

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Presse Med. 2013; 42: 1148

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Correspondance à propos del’article « Dépression enmédecine générale »

Letter on the article ‘‘Depression in generalpractitioner’’

Nous avons lu avec intérêt l’article de nos confrères Magalon-Bingenheimer et al. concernant la dépression en médecinegénérale [1]. Même s’il est toujours difficile dans un article demise au point d’aborder toutes les questions, nous voulons,dans cette correspondance, en soulever une qui nous paraîtparticulièrement importante : celle de l’évaluation de lasévérité des troubles dépressifs majeurs (TDM). En effet,cette évaluation est préconisée par les agences de santé(Afssaps [2]) car elle conditionne la prise en charge thérapeu-tique des patients et en particulier la prescription d’antidépres-seurs. Par exemple, l’Afssaps ne recommande pas lesantidépresseurs pour un TDM leger, c’est-à-dire répondant àcinq des neuf critères du DSM-IV. On notera que l’évaluation del’efficacité thérapeutique des antidépresseurs ne se fait d’ail-leurs pas sur les critères du DSM-IV mais plutôt sur des échellescomme la Montgomery and Asberg Depression Rating Scale(MADRS) ou l’Halmilton Depression Rating Scale (HDRS),échelle qui comporte 17 à 21 questions et qui permet de« quantifier » l’intensité de la dépression (score maximumde 52 points pour l’échelle à 17 items). Cette évaluation estnécessaire car les antidépresseurs n’ont pas démontré de façonconvaincante leur efficacité non seulement dans les troublesdépressifs « mineurs » [3,4] (c’est-à-dire ne correspondant pasaux critères du TDM) mais également dans les TDM d’intensitélégère à modérée, définis par un score à l’HDRS inférieur à 19[5]. La méta-analyse de Kirsch et al. [5] comme celle deFournier et al. [6] sur données individuelles permettentmême de préciser qu’un effet considéré comme cliniquementpertinent par le NICE [7] (au moins trois points sur 52 dansl’échelle HDRS) s’observe uniquement si le score HDRS estsupérieur à 25 [6] ou même 28 [5].Cette évaluation de la sévérité nous paraît essentielle car s’il estétablit que les TDM sont sous diagnostiqué en médecinegénérale, il est également établi par l’Observatoire nationaldes prescriptions et consommations des médicaments que les

antidépresseurs sont trop prescrits, souvent hors indication ethors recommandations (par exemple pour les troubles dépres-sifs mineurs) [8]. Or, le médecin généraliste est à l’origined’environ 80 % des prescriptions, que ce soit en initiation ou enrenouvellement [8]. Les antidépresseurs peuvent être respon-sables d’effets indésirables sérieux et leur rapport bénéfice–

risque doit être évalué individuellement pour chaque patient entenant compte de la sévérité du TDM car c’est probablement enmédecine générale que la prévalence des épisodes dépressifsmineurs ou des TDM d’intensité légère est la plus forte.

Déclaration d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts enrelation avec cet article.

Références[1] Magalon-Bingenheimer K, Magalon D, Zendjidjian X, Boyer L, Griguer Y,

Christophe Lançon C. Dépression en médecine générale. Presse Med2013;42:419-28 [http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2012.09.008].

[2] AFSSAPS Bon usage des médicaments dans le traitement des troublesdépressifs et des troubles anxieux de l’adulte. Octobre 2006.

[3] Barbui C, Garattini S. Mild depression in general practice: is theautomatism of antidepressant prescribing an evidence-based approach?Acta Psychiatr Scand 2006;113:449-51.

[4] Barbui C, Cipriani A, Patel V, Ayuso-Mateos JL, van Ommeren M. Efficacyof antidepressants and benzodiazepines in minor depression: systematicreview and meta-analysis. Br J Psychiatry 2011;198(S1):11-6.

[5] Kirsch I, Deacon BJ, Huedo-Medina TB, Scoboria A, Moore TJ, Johnson BT.Initial severity and antidepressant benefits: a meta-analysis of datasubmitted to the Food and Drug Administration. PLoS Med2008;5(2):e45.

[6] Fournier JC, DeRubeis RJ, Hollon SD, Dimidjian S, Amsterdam JD, SheltonRC et al. Antidepressant drug effects and depression severity: a patient-level meta-analysis. JAMA 2010;303:47-53.

[7] National institute for clinical excellence. Depression: management ofdepression in primary and secondary care. Clinical practice guideline No23. 2007. www.nice.org.uk/CG023NICEguideline.

[8] Observatoire national des prescriptions et consommations de médica-ments. Étude de la prescription et de la consommation des anti-dépresseurs en ambulatoire. Juillet 1998.

Rémy Boussageon

11, route du clos Bardien, 79290 Saint-Martin de Sanzay, France

Correspondance : Rémy Boussageon,11, route du clos Bardien,

79290 Saint-Martin de Sanzay, [email protected]

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http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.04.004

tome 42 > n87–8 > juillet–août 2013

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