Darwin, Charles. L'expression des émotions chez l'homme et les animaux. 1995.
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MF 243-120-11
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M c)n'ir t't.AxcttKtt t'ttMTtt'tHAfm~Ki-
L'EXPRESSION
~T\ ï~ 'Tf'nT'nW~JUJ~o Jt~MU11Ui\ oCMKXm)m!ËKTLHSA.\H!At
f.t«
CHARLES DARWÏN1
TKA)ttUrr DHf/AXniLAtS t'Att t.KS MOCTKLttS\
SAMUELPOZZIl'MftMMttoxrt~&laFMntmeMMtetM,
CtttM~Mt'te~tMpthtM~r~)!)'.An~Mttntenx', m&M)tett'o~
:MMnhM<teh8oeMM<t'AnthM)Mh~<
PAtUS
!Œ!KWAt.&,LtBRAtKK.~nrfHUtt
'8,t<UK(tHSSA)XT~-t')~)tt!<4,n!1;
<8&0Tn)M<!<««!<ttten~
M.A-.F.H.S~ETC. I.
REN~: BENOIT
l~~tenr tMesrlenoenphyepcw
<)ot<t!tt<.)t)HJet~tt*,At)<'tcna)<tent'tMMt<M«!e,
~nr.:nt'tetaF<M'<!)M<!eM~te<Be'tcMn!tt)'c))tC)'.
W) AVtSUE8TRAPUCTBUMS.
point~CM«*,~M~riC~C Dar~MMM~MC~'Î/<CMCM~
MMCfr<* MOMM~e~MM/'J~M~<'ofCla Jf~tC'MOM<C.
Les~'<ï<~c~Mr~<'M~cxc/M~'eweM<<A~~t rcMofrc
<!M~~J~~la penséedit ~A'~C.Ils M'O~pas C~M~0<r,à /'C~<'M~ ~M~MM-KtM/<*M~t)f<'MWCt<~<t<*COW-
~~cr de r~jctOM~ni decowMCM/<t<rM.Ils ~<MCM~cette
/ttcA<:à la cW~~Me.Ï/M~MPMMM~~r<focc~~defaire coM-
M<î~rc<!H~~<f<!M~M cet~KJE'0~/<ÏM/OW~~C,ils ~ïrCM~
~Mf/<~MrpersonnalitéM<'MM<?.<M~~OMr moins~OMt~Ce~'e le ~cc/cMret f~/M~rcnaturaliste.
TABLE
r~<t.Avt&n<!<T<ttfK:Tt!)j<t< V
P),AceME!(Ytt):S)'LA!tt:)tK)' V<
l!<TM(ttt)LCTtOtt. <
CHAP~KHf.
)'t)««:<pe< c~stiMAm BK KXt'nessxtt.
~taM!MenK*Mt'tea trob pf!tie!pe!!tbodatncntaux.– PfCtMterprinc~M'. Les
aetett utHeodeviotnent habUactsen s'associantà cettait)!! Mab d'eiipft),et sontaccMnp<!t.que h' <M'Mtxs'en taMf<fntiron Mon,dana dm~uf cas
particunpf. r PubMnm df t'haHt«t!< iM)rM!te. MeMyetneats
asteci~ haMtMettdM-xt'tmMMtc. Aettens fOtetM. TntMstbrnMtten
<<c< haMtMdeaCHaetiotMtf~etea. Mouvemeo~aMoctëshab!tue~ chez
te)ta<t!tnaHx.–Cot)ett)<!Mn< M
OHAt'tTBKH.
<'ntXf:tP<!<6)5.<tjt~x fB )L'KXfOHafHos. (<tt;<TB.)
!'f!M!t<e<ieFanMtM'fte. KïetMptMchezte chien et te chat. ODgtnedu
pHadtM;. Stete~ cenvotHonncb. Lepfineipe de anthh&se n'a p<M
)MMtcMgtne dMacUoMopt«M~eaaccotHpMeten coMnaiManeede caMe
MM t'tnHMfMted'hnpnbh~oMWMees. 62x
VMt TABLE.
CHAPiTHKtih
ftttttCU'MS Ct~ËHAtit ttt: t.'CH'neS)!)OS. (H!t.)
Troisièmeprincipe Actiondirecte ont t'oconontied<<i excitationdu syxU'tMC
reBce.
nerveux. indépendammentde ta volonté et, en partie, dp t habitude.
Changctncntsde coutMtr dn pai). TMmMehteHtdesmuscles. Mttd«t<
<attonsdes sécrétions. Supor. KxfrfMhtn d'une vivedoMteor,de ta
fureur. d<'la joie. df la terreur. DtfMreHeeentre lesexpre~ons qn!causent ou non dM tnoMvenMnt<!cxpre~ih. i':(pt8 d'Mpritqui excitent
ondepti)nent.– Msume. 60
CHAPtTKE IV.
MetKKS C')!XPHES<ttO?iOtEZ H!~ ANtX~OX.
Ë)<)tss!nnde wns. Som veeoHX. S«nsproduits far divers mécanismes.
Her!MM)M«tdesappettdtcescutané. ]M)!)a.ptûMM.etc..sous rMuenco
df la fureur ou de la t<*rrettr. HcnverMtnenten arrière deaorciUes
comme préparaUonatt fotnbat ct comme~~tx*de coM'fe. TtedreMement
des oreMteitet <)<vat!ottde la t~te en signe d attention. M
CHAPtTRE V.
KXt'KEeXtONSfpëCttLEX OKf A'<tMAt:X.
MoMVcxx'ntscxprMsif)!diveri!chez le Chien. Chat. Chetai. KMMi-
nantit. Singes. ExpfPMion:de joie et tfaNifetiot).de snHMrancc.de
colère, d'étonnenx'nt et de terreur chM ces anhnau< «9
CttAPtTRB Vt.
KXfnKSStOSSS)'É<A<.t:8 nK t.'t)OMNB. SOffUtAKCt: KT Pt.Et!n<i.
Orh et ptcuMchezt'enhnt. Aspectdes traHe. A«cauquel MtnmenMnt
les p!UM. K<r<*tfd'une r~'r<*M!oahuttitueUcdes pleurs. Sanglot.CaMMde tacontractton des tnMMte~<tt)tentourent t'û'M,pendant <Mcfbt.
–CaniM'dcta s~erftion de<tarMea. <M
CHAPtTRE VH.
AnATTe«E~T.–A!fX)ËTë.–CMA6tU!<))~OUMA<!KMt!!<T.–ttÉt:<!<ifO)!t.
Etfets gënëraMxdu chagrin sur r<conotnie. OMiqMttédes MttrctbMM9
t to~uencede la MMifrante. CauMde l'obliquitédMMMtrcHx. AtMh'
sement des coiM de la houchc. <«'
TASt-iR. .X.
CHAPITRE ViH.
'<0'<K/fiÂtt:T~Marn7'S~Tt~ tïf~'tji;
B!re, cxpresstoMpnmHtve de ta Jote. tdces riftMes. Mouvementset
traMs du v!mt;<!pendant te r!re. Nature du<OM<tn!t!. Sécrétion de:)
t!)rmes<ttttacMtHpa);nentte fou rtre. –Oc~festnterMtedfairesentre te <ott
rire et. te sottrtw. ftaiete. ExprcMtonde t'atnour. 8e)ttimct)t<t
tend f es. PMte. 2)t
CHAPITHE JX.
KÉ~H!<Ott. )tË<t<TAT<(t!f. HAUVAtOKXUHKHt. ttt'metX)!
nt5c<stoN.
Froncetncnt des<ourc!b. RettexhMtaecotM{M(;nc<!d'ei!<trtoa de la t'en'ep-tion d'une chosedMMcttfou desag~abte.–Méd!tattan abttratte. Ma)t.
va!M!)U)Menr.–Mef<Mitc.–Ob<Un)ttioM.–B<mdcrte,)mM<Deci<itcnou détermination. Oeetusionener(;h{uede la bouche. 239
CHAPtmE X.
))*t!<E ET notant!.
Haine. Furet)f. <ie«'ft<'tssMr!'eco<!Otn}e.AcUonde montrer leu dents.
FMrear chez te« atiénés. Co!ereet ind!gnat!on. Leur expresstonchez tca dhCMeitraces humahtes. Ricanetnent et deM. Action de
dec(tMvrtr!a dent Mntnodun xcMteAté. 2&S
CHAPtTKK Xt.
e~ttAtw. wÉt'ms. n6e<n'T. <pAn~nT~. ttn<tt., ETC.
tMPOtSftAKCE. fATtBKCK. Aftt«MAT<OX6T K~CADOtt.
Méprts, hauteur et dédain variété de teur<;cxprMsioM.–Sourire Barcas-
Uque. Gottea qui expriment te meprX. M~goat. Cnipab'tite,
foMtrbcrie,or(;uei), etc. M<t(;nation, faiMt'sscou hmpttiNMmce.Pat!enc< ObstixaUon. MaM~sementdes ~pauteo,t<MtecoMMon&
ta plupart d<*sraces hutnaincs. Signed'aMrmattonet de nf~
CMAPtTME Xt!.
<m<'HtSH. ÉTONNÈRENT. CBAtKTB. t)OnttKt-«.
SurpriM, etonnetnent. Sourctts etetes. ttcuchc OMwrte. LOvres
avancées. Gestes qui aceotnpnancnt la surprise. Adm!mt!on.
Crainic. Terreur. ttér!sf!ementdes cheveux. ContraeUon du
tnMSftepeaa<s!cr. D!!atat!oMdes pMp!«M. Horreur. CooctushMt.. 298
n TAMt<H.
CttA)t'tTnKX!)t.
tTTt:!<T)M!<t'OKt~t! SUt «Nt MÈMK. ttOSTt:. TtMttUT~.
M(ttH:~TtK.–M<'t<.Kttt.
F<K~Mrede h fOMftCMr.Mer<~dtt< Parties du eo~ntqui ex Mnt tep!(t<
a<K'c!~<*)t. )<<tntugettr cttm: t~ <th'cmMracet h<tma!ne<. GMtteit
concootitaMts. CoxfMitioM. Ca)MM<t<'ta MM);eMr.t.'attcothtttpor~sur Mi.mtnte en <Mtt'~tenMtttt~mdatMentat. T!t)tM)M. H<!Mte,pr<~vc)t<mtde la vMitthw des to!e nwratexet dM f~teo cnMveattonnettes!.
Medc<Hc. TM<tf!<'de la rougcttr. KtcapitutaH<tH. 332
CHAt'!TME XtV.
cos(:t.t:<noXtt<:TK<<m6.
Les ttois prhte!)'MfondatMCtttaoxqui ont détcnntoe te~ princi~tn Mtoove.
tnents MpfMs!&. LeMrherMtte. <Mtede la totext~etde t'aUeMt!on
dena FacqHisMiondes d~cMes expre&tbnfi. L'e~MM&!onse fecattno!t
dtnsOnct. PtrcMvefoMfniepar notre sujet &t'untt<'<t<ee!<i<ttcdMracM
hMMatncs. De tae<~h!Uoa SMeeeMtvetmr les aacOMsde HtomMedM
divctws exprM~otOt. ttt))'ortanMde t'e~fMtton. Cooetoston. 37:<
~nM. 395
PLACEMENTDES PLAXCHËS
Ptonchctfnfaeedetapag' <&«
H .J* <02
Ut 2t6
tV :<?v ;!72
V! M4
YJt :).2<t
QM<!)<tUM.Mn<'i<<t<'ces MHograt'm'esont été n'~n'~Mite!!d'après d<Mphotu-
graph!M, ait lieu de t'~rc avec )ettMnégativesor));ttM)M;aussi h'Hf <*x~cMt!<tn
tatsse q)teh(Mechose a deaitrer; M sont {tOHrtantdes r''t)M(tMct!ot)<!cxacte<!<'t
bien sup~rtcHrei),tM)«)fle txtt de t auteur,&des({Nvureson de~inx de ta mcit*
teafe cMeMUott.
1
L'EXPRESSION*
D~e
ËMOTÏCNS CHEZ L'HOMME
ET LES ANIMAUX
INTRODUCTION.
On? beaucoup écrit sur l'expression, et plus encore sur
laphysiognomonie, c'est-à-diresur l'art de connattre le ca-
ractère par l'étude de t'état habituel des traits. Ce dernier
sujet ne m'occupera pas ici. Lesanciens traités que j'aiconsultésm'ont été d'une utilité médiocreounulle. Le meil-
leur d'entre eux est celuidu peintre Le Brun, les fameuses
CoM/~wce~ publiées en i6$7, qui contiennent quelquesbonnes observations: Un autre essai quelque pou suranné,
<.J.Parsona(AppendiceauxPMMepMM!ï'raMaeMMM,i?46,p. 4t)donneune listede quaranteet unanciensauteurequiontécritsuri'expreMton.
2. CMt/J~MMsur t'c<qM'e<~oades<Nj}R~M<<MnMM<~despaM<OMs,Paria,in4<~i6M.Je cite toujoursd'aprésla réimpressiondesCon~'feMMdansl'éditionde Lavater,par Moreau,parueen<MO,vol.tX,p.257.
3 tNTMO&MCTtOM.
les Discours(1774 à 1782)de Campera anatomiste hollan-
daiatMen conçut, ne peut ~uêve
MMconsidécé comme&yant~
fait avancernotablement la question.Lesœuvresque je vais
citer mentent, au contraire, la plus grande considération
En 18uC,parut la première éditionde l'~M<OMKCet pM<o*.I
<opMedeFE~prpMton,de Sh'CharlesBell;la troisièmeéditiondate de 184% On pent le dh'e avecjustice, non seulement
l'illustrephysiologisteposaitlespremi&respierres d'unnouvd
6diMcc!!cientitique,mais il élevait déj&sur cette base une
œuvre vraiment magistrale. Son ouvrage présente, &tout
point de,vue, un haut intérêt on y trouve des descriptions
prises sur le vif des diverses émotions,et des illustrations
admirables.Sonprincipalmérite est, commeon sait, d'avoir
montre la relation intimequi existeentre lesmouvementsde
l'expressionet ceux de la respiration. L'un des points les
plus importants,quelque insignifiantqu'il puisseparattre au
premier abord, est celui-ci les musclesqui entourent les
yeuxse contractenténergiquementdurant les enbrts respira' ytoires,afin de protéger ces organes délicatscontre les effets
de la pressionsanguine. LeprofesseurUonders,d'Utrecht, a ~Ibien voulu, sur ma demande, faire de ce phénomène une
étude complète,qui jette, comme nous le verronsplus loin.
une vive lumière sur les expressionsprincipalesde la phy-sionomiehumaine.
L'importantouvragedeSir CharlesBelln'a pasété appréciéou mêmeest resté ignoréde beaucoupd'auteurs étrangers.
Quelques-unscependant lui ont rendu justice, par exempleAi.Lemoine~qui dit avec beaucoup de raison Le livre
3. DheoMMpafHorfeCaMpct'<<«'lamoycM<t' tcpn'tCHMks <Mce~MtMM<MM,etc.,n92.
4. C'Mtd'aprfscettetroisièmeudmen,qui a ét<5pubt~eatn'<)9lamortdeSirCh.Be!tet contientsesdernièrescorfMUoa~que~eciterattoujours;la premièreédiMon,de<806,estd'ancvaleurtfëa!ntêrie<tMetnecontientpasquelques-unesdesesvuestesplusimportantes.
8. ~(f'A~~MmM'e<<<<laparolc,parAtbertLemoine,t8CS,p. i0t.
~THOPUCTtOK. a
de Charles BëH devrait être médité par quiconque essaye de
Ïatrcp&pïërÏëvï~gc~ rhomme, pat' les philosophes aussi
Monque par les artistes; car, sous une apparence plus légère
et sous le prétexte de l'esthétique, c'est un des plus beaux
monuments de ta. science des rapports du physique et du
morat. ))
Sir Chartes Bett, pour des motifs que nous indiquerons,
n'essaya pas de poursuivre ses aperçus aussi loin qu'il aurait
pu te faire, tt ne tenta pas d'expliquer pourquoi des émotions
différentes mettent en jeu l'activité de muscles différents;
pourquoi, par exemple, on voit tes extrémités internes des
sourcilss'élever et les coins de la bouche s'abaisser chez une
personne que tourmentent le chagrin et l'anxiété.
En i80T, M. Moreau publiait une édition du traité de La-
vatersur taPAy~o~MOMOMte~où it incorporait plusieurs de
ses propres essais, contenant d'excellentes descriptions des
mouvements des muscles faciaux, avec un grand nombre
6. L'AW<feeMMta«<f /MMMMM,e~c.,par (i. Lavater. La premièree(!!t!<mde cet ouvrage, &laquellerenvoiela préfacede Md!t!onen dix
volumesde t8&o~comme contenant les observationsdo M. Moreau,auraitété publiée en 1807.Je ne doute pasde t'exacHtudedecettedate.
QuelquestravauxbtbMograpbtquesdonnentcepeadantcette de <MS.<8ea.
Mais1806parait une date impossible&admettre.LedocteurDuchenne
<a!t remarquerque M.Moreau<*a composepoursonouvfa~ un artictc
!mportant dans l'année <80S(~caM&meA' la p~<~tMM<<!AttM<t<nc,
~tn-8",édit. i862~ p. N, et ArcA<e<'<c~ médecine,janv. et
Mv.iM2);je trouve aussi dans le premiervolumede l'éditionde i820despassagesportant tes dates des <2décembre<80Set Bjanvier «K)6,outrecelledu i3 avril déjàmentionnée.Sefondantsur ce quecertains
paMa~esont ainsi été <'OMpM<'<en <805,le docteurOuchonnedonne à
M.Moreaula priorité sur Sir Ch. Bell, dontl'ouvragea paru,comme
houst'avonsdit, en <80o.C'est !&une manièrebien inusitéede déter.
minerla priorité des muvfeascientifiques;de paMiHcsquestionsontd'aiMMMpeu d'importance en comparaisondu mériteretauf do cestravaux. Les passages de M. Moreauet de Le Brun citésci-dessussonttirés, icicomme toujours,de l'éditionde lavater de t8~ tomeÏV,
p.2M,ottoa!olX,p.2?9.
4 iKTBOOUCTtON
de remarques judicieuses. Toutefoisil ne faisait pas fou'e
8'M(nd progrès a~ eAté pMIosepMqMe(!a ta question. Par
exempte, parlant du froncement de sourcils, c'est-à-direde
ta contractiondu muscle appelé par les auteurs françaisle.
MMrM/(er(coffM~<t<ofMBef~t<),M.Moreauremarquaitavec
justesseque «cette action des sourciliors est un des,symp-tômesles plus tranches de l'expression des auëctionspéni-bles ou concentrées. Maisil ajoutait que « cesmuscles,pat'leur attache et leur situattOM,aoûtaptes Aresserrer, à con-
centrer les principaux traits de la /<ï<M,commeil convient
dans toutes ces passionsvraiment oppressivesou profondes,dansces affectionsdont le sentiment semMeporter l'organi-sation&revenirsur eUe-même,A ce contracter et &t'OMO~-
<<r commepour onrir moins de prise et de surfaceà des
impressionsredoutablesou importunes Siquoiqu'untrouve
que des remarques de cette nature éclairent la signincaiionou l'origine des diuerentes expressions, c'est qu'il com-
prend la questiontout autrement que je ne le fais moi-même.
L'étudephilosopinquede t'expressionavaitfait, onievoit. `.
peu de progrèsdepuisl'époque (t 067)où le peintreLeBrun.
décrivantl'expressionde la frayeur, disait Le sourcilquiest abaissé d'un côté et élève de l'autre, fait voir que la.
partie élevée semble le vouloirjoindre au cerveau pour le
garantir du mal que l'Ameaperçoit, et le côté qui est.
abaissé et qui parait enflé nous fait trouver dans cet état
par les esprits qui viennent du cerveau en abondance,commepour couvrir l'Ame et la défendredu mal qu'elle
craint; la bouche fort ouverte fait voir le saisissementdu
cœur, par le &angqui se retire vers lui, ce qui l'oblige,voulant respirer, à faire un effortqui est cause que la bou-
ches'ouvre extrêmement, et qui, lorsqu'il passepar les or-
ganes de la voix,forme un sonqui n'est point articulé; quesi
lesmusdeset les veinesparaissent en<16s,ce n'estquepar les
tNTRMUCTtON 6
espritsque le cerveau envoieen ces pQrtMs-lA.~'aicru qu'il
valait la peinede citer tesphrases précédentescommeexem-
pt (texétranges insanitésqui ont été écrites sur a question
fAy~c~te oule Mt~canMmede la rougeur,par le docteur
Burgess, parut en iM9; je ferai de nombreuxemprunts A
cet ouvragedans montreizièmechapitM'.En i863, le docteur Ouchenne pubiia deux éditions, in-
folio et in-octavo, de son ~McanMMM physionomie~M-
MMttKe,ou UaïMtiyseau moyendo l'étectricHé et représente
par de magninquos photo~t'aphicsles mouvementsdes mus-
cles de la face. Il m'a généreusementpermis de reproduireautant de cesphotographies qu'il me conviendrait.Ses tra-
vaux ont été traités légèrement ou mémocomplètementné-
gligés parcertains desescompatriotes.LedocteurDuchenne
a peut-Mreexagéré l'importancede la contractionisoléedes
muMcIcspris individuellementdans la productionde l'expres-
sion car, si l'on considèreles connexionsintimesdoces mus-
cles,représentés par les dessinsanatomiqucs de Menio~,les moilleurs,je crois, qui nient été jamais publiés, il est
difficiledocroire qu'ils puissentagir isolément.Toutefoisil
est certain que le docteurDuchenne s'est parfaitementrendu
compte de cette cause d'erifeur, aussi bien que de diverses
autres, et puisqu'on sait qu'il a parfaitement réussi Aélu-
ciderpar l'électricité la physiologie desmusclesde lit main,on peut croire aussi qu'il est généralement dans le vrai re-
lativementaux musclesde lu face. A monavis,le travail du
docteur Duchennereprésenteun progrès considérable.Per-
sonne n'a plus soigneusementétudié la contractionde cha-
quemuscleen particulier et le plissementde la peauqui en
résulte.11 a montréen outre, et c'est là un serviceimpor-
tant, quelssont les musclesdont la volontépeut le moins
7. HondtMtJ~ders~<e<Ha«MA<ttAM<OMtedesM~Me~M,bandt, MtteAbtboilung,<NS8
t?!TKOMCT)tO<<..'0'
i~tolerl'action. Ma d'ailïours rarement abordé lesconsidéra.
tions théoriques et chercha A expliquer pourquoi certain)!
muscjles, ptuMtque d'aMtres~s<~eontraptcntsous l'ïnnu~hcc
de certainesémotions.
tJn anatomistefrançais distingué, t'ierro Gratiolet,fitA la
Sorbonneune série de leçons sur l'expression. et ses notes
furent publiéesâpres sa mort (tMS;)soatle titre Dela PAy-«oMom~etdesmouvementsd'~fM~tOM.C'estun ouvragetreN
intéressant,pleind'observationspréciettMS.Sathéorieest assez
complexe.et, autant qu'on peut la formuler en une seule
phrase(p. 6&),la voici Hrésulte, dit-il, de tous les faits
que j'ai rappelés, que les sens, l'imagination et la pensée
cllf-mcme,si élevée, tti abstraite qu'on la suppose, ne peu-vent s'exercer sans éveiller un sentiment corrélatif, et quece sentiment se traduit directement, sympathiqucment,
symboliquementou métaphoriquement, dans toutes les
tph&resdes organes extérieurs, qui le racontent tous, sui-
vant leur tnodc d'action propre, commesi chacun d'eux
avait été directement affecté. »
Gratiolct parait méconnaître l'habitude héréditaire, et
mêmejusqu'à un certain point l'habitude individuelle; il
en résulte, me sembic-t-il, qu'il est impuissant A donner
1 explicationjuste ou même une explication quelconquede
beaucoupde gesteset d'expressions.Comme exemplede ce
qu'il appelleles mouvementssymboliques,je citerai les rc-
marquesqu'il emprunte (p. 37) à M.Chevreul, Apropos de
l'hommequi joue au billard « Si une balle dé~ie légère-ment de la direction que le joueur prétend lui imprimer, ne
l'avez-vouspas vu cent fois la pousserdu regard, de la têteet mêmedesépaules, comme si ces mouvements,purement
symboliques,pouvaient rectifier son trajet Desmouvements
non moinssignificatifsse produisent quand la billemanqued'une impulsionsuffisante et, chez les joueurs novices,ils
sont quelquetoMaccusésau point d'éveiller le souriresur les
~TMonucfio! ?
lèvresdes spectateurs. Mme sembïe que des mouvements
de cette nature peuvent être attribués simplement&l'habi-
tude. 'foutes les fois qu'un homme a désiré mouvoirun
objet dans une certaine direction pour le faire avancer, il
t'<t pousséen Avant; pour J'arrêter, Mt'a tiréen arrière. Pat*
conséquent,quand un joueur voit sa billerouter dans une
mauvaisedirection et qu'il désire vivementqu'elleen pfeancune autre, il ne peut s'onpcchef. par suite d'une tong'M*
hubitude, d'exécuter d'une façon inconscienteles mouve-
ments dont il <téprouvé refHcaeitéend'aMtt'esoccasions.
Commeexempte de mouvementssympathiques,~raiiotet
indique(p. 8i2) le fait suivant « Unjeune chien, à oreilles
droites, auquel son mattre présente de loin quelqueviande
appétissante,Mxf avec ardeur ses yeuxsur cet objet, dont
il suit tous les mouvements,et pendant que les yeux regar-
dent, les deu~ oreilles se portent en avant, commesi cet
objet pouvait être entendu. Dans cecas, au lieu de sup-
poser une sympathie entre les oreilles et les yeux, il me
parait plussimple d'admettre que, durant plusieursgénéra-
tions, lorsqueles chiens ont regarde un objetavecune at-
tention soutenue, ils ont en même tempsdressé les orciUes
ann de percevoir tout bruit (lui aurait pu en venir; réci-
proquementils ont regardé attentivementdans la direction
de tous les bruits qu'ils écoutaient; les.mouvementsde ces
organesontété ainsi déCnitivetnentassociéspar une longuehabitude.
En i859, le docteurPiderit avait puMiésur l'expression
un ouvrageque je n'ai pas lu, mais ou il avait, prétend-iï,devancéGratiolet dans beaucoup de ses aperçus.En 1867,il donnason ~«MM~t/M~M ~~m der~MM<&MM~jPAy~o-
~tM<n<A.n'est guère possiblede donner enquelquesmots
une notion complète de sesthéories; les deux propositions
suivantes,queje luiemprunte,suffirontpeut-êtreà endonner
une idée, autant qu'on puisse le iairc brièvement « Les
tKTnO)&UO'HON..8
mouvementsmusculairesd'expressionsont en partie retatits
Ades otjjetsimaginaircSten partie Ades impressionssooso-
MeUesim~in&ires.Cette proposition remeMneta c!cf quF
permet de comprendre tous tes mouvements musculaires
expressifs. (P. 25.)Et aiHonr8 « t~esmouvementsexprès*siis«emanifestentsurtout dans lesmusctesnombreuxet mo-
bilesde la face; d'une part parce que les nerfs qui les met-
tent en mouvementnaissentdans le vutsinagele plus îtamô-
diat de l'organe de tu pensée, et d'autre pm'tparce que ces
musclessontannexesaux organes des sens. (P. M.) Si le
docteurPMeriteût étudié l'ouvra~' de8!t*Ch. Bell, it n'au-
Ktitprobabtemcntpasdit (p. i0i ) qu'un rire violentcauxoun
fronccntcntde sourcil parce qu'il tient de !a nature de !a
douleur; ni que chez les enfants(p. 103)les larmes irritent
les yeuxet excitent ainsi lu contraction des muscles quiles entourent. Diverseslionnes remarques sont d'ailieurs
seméesdans ce volume, et je les rappellerai en tempset
lieu.
Ontrouve dans divers ouvrages de courtes dissertations
sur l'expression,auxquelles il n'est pas besoin de nous ar.·
retcr ici. Citonscependant M. Bain, qui, dans deuxdo ses
livres, a traité lu question avec quelque développement.«Je regarde, dit-if, ce qu'on appelle l'expression comme
une simple partie de la sensation; c'est, je crois une loi
généralede t'entendementqu'il se produit toujoursune ac-
tiondinuse ou excitationsur les organesextérieursde réco-
nomie,en mctnc temps que s'opère la senMtioninterne ou
conscience. Dansun autre passage, il ajoute « Un très
grand nombrede faits pourraient être ranges sousle prin-
cipe suivant tout otMtde plaisir répond à une augmen-
tation, tout état de douteura une dépressiond'une partie ou.
8. TheSoMM<M~thefM~~ 2' cd!t.,<8<M,p. 96et288.Laprëh<edelapremiCrcéda!ondecetouvrageestdatéedeJuint8SS. VoyezaussilasecondeéditiondulivredeM.BainsurtesBMoM<Mt<<tM<<WfM.
tNTRODUOTtON. a
do latotalitédes fonctionsvitales. L<tici précédentesur l'ae-
tton dWuM dcsjsenNatjtons p~t'ajLt.
jeter beaucoup de lumière sut' les expressionsen particu-Mer.
M.HerbertSpencer, traitant des sensationsdans ses ~<M-
c~Mde Psychologie(1M5), fait les remarquessuivantes
« Unefrayeur intense s'exprime par des cris, des eNbrt!:
pour se cacher ou s'échapper, par des palpitations et du
tremblement;or, c'est précisément ce que provoquerait la
présencedu mal qui est redouté. Les passionsdestructivesse
manifestentpar une tension généraledu systèmemusculaire,le grincementdes dents, la saillie desgriffes, la dilatation
des yeux et des narines, les grognements;or, toutes ces ac-
tions reproduisent à un moindredegfé cellesqui accompa-
gnent l'immolation d'une proie. Voita, je crois,ht vraie
théoried'un grand nombre d'expressions;mais le principals intérêt et la difficulté du sujet est de démêlerta prodigieuse
complexitédesrésultats. Je supposequequelqueauteur (sans
pouvoirpréciser lequel) avait déjà exprimé une opinion A
peu près semblable, car Sir Ch.Bellavait écrit « Ona dit
que les signesextérieurs de la passionconsistentsimplementdans les phcnomônesaccessoiresqui accompagnentinévita-
blementnos mouvementsvolontairespar l'effetde noire or-
ganisation. M. Spencer'" a publié aussi une bonne étude
sur la physiologiedu rire, ou il insistesur cette loi générale
que « lasensation qui dépasseun certaindegrése transforme
habituellementen acte matériel et sur cetteautreque «un
affluxde forcenerveuse non dirigé prend manifestementtout
d'abord les vo!esles plus habituelles; si celles-cine suffisent
pas,il débordeensuiteversles voies lesmoinsusitées Cette
C.ï~ AMo<<MM~o/'B~pMM&M,édit.,p. <3<.<0.&My<,Sc&nM/!e,P~<M~,<Md~ccM~cc,secondesérie,<803.
p.<it. OntrouvedanstapM<ni&reeehcdesËMa!sunedissertationsurlerire,quimeparaitd'unevaleurtr~smédiocre.
<0 tKTROUUOTtON.
loi est, je crois, de la plus haute importancepar la clarté
qu'etlejettesurnotresujet'syr, :'1: .r: '¡,o. Un- '=' 'o.' 'ilTousles auteurs qui ont écritsur l'expression~At'cxception
de M.Spencer, le grand interprète du principe de l'évolu-
tion, semblent avoir été fermementconvaincusque l'es-
pèce, y comprisbien entendu l'espècehumaine, est apparuedanssonétat actuel.Sir Ch. Bell,pénétréde cette conviction,
soutientque beaucoupde nos musclesde la face sont "uni-
quementdes instrumentsde l'expression ou «sontspéciale-mentdisposésMpour ce seul objet Cependant le simplefaitque les singes anthropoïdespossèdentles mêmesmuscles
faciauxque nous~ rend cette opinion très improbable;car
personne, je présume, ne sera disposéà admettre que les
singesont été pourvus de musclesspéciauxuniquementpourexécuter leurs hideuses grimaces. Aussi bien, des usages
distincts, indépendants de l'expression, peuvent être assi~
gnésavecune grande vraisemblanceà presque tousles mus-
cles de la face.
Sir Ch. Bel! avait manifestement le désir d'établir une
distinction aussi profonde que possible entre l'homme et
les animaux: « chez les créatures inférieures, dit-il, il
11.Depuislapublicationdel'EssaidontilesticiquestionM.Spenceren a écr)tunaatresur les M~MMet lesSentiment.MMMtM~dansla
FcWn~A<~J!c~<tp,<"avril<87t,p.MO.t)vienteaHndepubMerMtdef-nièresconclusionsdanslevolumettde ta secondeéditiondesPt~Mc<p<e<«/'P<yeto~, t872,p.S39.Jedoisconstater,at!ndonepasêtreaccusé
d'empiétersurledomainedo'M.Spencer,quej'avaisannoncédansmaJ!<'MeM<to<M<'<~rAcmM!equ'unepartieduprésentvolumeétaitdej&ecHtc;mespremièresnotesmanuscritessurl'expressiondatentdet'annee1838.
< AH<~OM~~jBaipMM~M,3"edit.,p. 98~21,<3!.<3.LeprofesseurOwenconstatecxprcssetneMt(P~c. Zoo~.Soc.,
t030~p. 28)qu'ilen estainsichezl'orang,etil passeenrevuetoustesmusclestesplusimportantsdontle rôle,dans l'expression<tessenti-
ments,est bienconnuchezt'txtmmc.Voyezaussiunedescriptiondesdiversmusclesde ia facedu chimpanx~par le professeurMacatister,dans~M<M~aMdJM«aat<Mco/~«<M~N~ory,vol.V!ï,mai<87t,p.342.
JXTROMUCTtON. /.<),
n'y a pas d'antre expressionque cellequ'on peut t'apporteravecnlus ou moinsde certitude Aleurs actesde voHUonou
Aleurs-instinctsnécessairesM.Ktplus loin, leurs facespa.raissentsurtoutcapablesd'exprimer la rage etla frayeur M.
JSt pourtantl'homme lui-mêmene peut exprimerlittendresse
et l'humilitépar des signesextérieursaussiparfaitementquele fait le chien, lorsqu'il vient au-devantde sonmattre bien-
n!mé, les oreilles tombantes, les lèvres pendantes, le corpsondulant et en remuant la queue. tl est aussi impossible
d'expliquerces mouvements chez le chien par les actes de
volitionou la fatalité des instincts,qu'il le seraitd'expliquerde la même manière le rayonnement du regard et le
sourire aux lèvres de l'homme qui rencontreun vieil ami.
Si l'on avait demandé ASir Cb.BeIl commentil expliquait
l'expressionde l'affection chez le chien, il aurait sansdoutn
répondu que cet animal a été créé avecdes instinctsspé-ciauxle rendant propre A~'associerAl'homme,et que toute
rechercheultérieure sur cesujet seraitsuperflue.Gratiolet, bien que niant expressément'~qu'un muscle
quelconqueait été développé uniquementen vue de l'ex-
pression,ne semble pas avoir jamais pensé an principe de
l'évolution. 11 paralt regarder chaque espèce comme le
produit d'une création distincte. !1 en est de même des
autres auteurs qui ont écrit sur l'expression.Le docteur
Duchenne,par exemple, après avoir parlé desmouvements
des membres,et venant Aceux qui donnent l'expressionau
visage fait la remarque suivante « Le Créateur n'a
doncpas eu A se préoccuper ici des besoinsde la méca-
nique il apu, selon sa sagesse, ou, que l'onme pardonnecette manière de parler, –par une divine fantaisie,mettre
en actiontel ou tel muscle,un seul ou plusieurs musclesA
<4.AnatM~~JEfpr<'M~M,p.<2t,138.i3. De/aMj~tMt<MM~p. iS,73.i6. j~MMtMMde ? pAj~MKM~ehumaine,~d!t.in'8",p.3t.
tt tKTBODUCTtON.
la fois,lorsqu'il a voulu que les signes caractéristiquesdett
passions,mêmeles plus fugaces,fussentécrits passagèrementsur la face de l'homme. Ce tangage de la physiMiomîeune
foiecréé, il lui a sufn, pour le rendre universelet immuable,dé donner Atout être humain la faculté instinctived'expri-mer toujours ses sentiments par la contraction des mômes
muscles.M
Beaucoupd'auteurs considèrent la théorie de l'expressioncommeentièrementimpossible.Ainsi l'illustre physiologisteMuMer~dit « L'expressioncomplètement diSërente des
traits dans les diverses passions est une preuve que des
groupesdistinctsde fibres du nerf facial sont impressionnessuivant la nature de la sensationproduite. Quanta la cause
de cefait, nous l'ignorons complètement.MAussilongtempsque l'hommeet les autres animauxseront
considéréscommedes créations indépendantes, il est certain
qu'un obstacle invincibleparalysera les effortsde notre cu-
riosité naturelle pour poursuivreaussi loin que possiblela
recherchedescausesde l'expression. Par cette doctrine,tout
pourrait et peut également être expliqué et son influencea
été aussifunesterelativement Al'expressionque pour toutes
les autres branchesde l'histoire naturelle. Certainesexpres-sionsde l'espècehumaine, les cheveuxqui se héritent sous
l'influenced'une terreur extrême, les dents qui sedécouvrent
dans l'emportementde In rage, sont presque inexplicablessi l'on n'admet pas que l'hommea vécu autrefoisdans une
conditiontrès inférieure et voisine de la bestialité. La com-
munautédecertaines expressionsdansdes espècesdistinctes,
quoiquevoisines,par exemple les mouvementsdes mêmes
musclesde In facependantle rire chezl'hommeet chezdivers
singes,se comprendun peu mieux si l'on croit à la descen-
dancede cesespècesd'un ancêtre commun. Celuiqui admet
<7.J~MPM~de~«o~e, traductionanglaise,vol.Vt!,p.M4.
INTRODUCTION. M
d'une tnani~M)génératetc dévekppement gt'aduetde l'or~-
ais&~Qn ctdes t~~dex che~
ta qaestton de rexprMs!on s'écttMrerd'un jour nouveau et
îotéreMant.
L'étude de l'expression est difficile, vu l'extrême délica-
tesse et la fugacité des mouvements. On peut parfoisperce-
voir très nettement un changement dans une physionomie,sans pouvoirspécifier en quoi ce changement consiste.Quand
nous sommes témoins d'une émotion profonde, notre sym-
pathie est si fortement excitéeque l'observation rigoureuseest oubliéeou rendue presque impossible je possèdeplusieurs
preuves curieuses de ce fait. Notre imaginationest une nou-
velle sourced'erreurs encoreplus graves si nousnousatten-
dons,dans une situation donnée, à voir une certaineexpres-sion. nous nous imaginons sans peine qu'elle existe. Le
docteur Duchenne, malgré sa grande expérience,s'était long-
temps nguré,,dit-il, que plusieurs muscles se contractaient
sous l'empire de certaines émotions, tandis qu'il s'est con-
vaincu plus tard que le mouvementétait borné A un seul
muscle.
Voiciles moyens d'étude que j'ai adoptés avec le plus de
profit, pour avoir un critériumaussi sûr quepossibleet pour
vériBer,sans tenir compte de l'opinion reçue, jusqu'à quel
point les divers changements des traits et des gestes tradui-
sent réellement certains états de l'esprit.i" J'ai observé les enfants, car ils expriment plusieurs
émotions, suivant la remarque de Sir Ch. Bell, « avec une
énergie extraordinaire en effet, à mesure que nousavan-
çons en âge, quelques-unesde nos expressions« ne provien-nent plus de la source pure et sans mélange d'oû ellesjaillis-sent pendant l'enfance '«
iB.~tM<<MM~O~JEzpfCM~3' ëdit.,p.<<?.
M !XTHOBUCT!ON
3°11m'aparu qu'il serait bon d'étudier tes aliéhétt. carils
sont soumisa«x passionsles plus violenteset leur donnent
un I!brpcont~K'Mvantpas roccNsibnde fah'c cetteétudepat'
moi.memc,je m'adr<<aiau docteurMaudsiey il me présentaan docteur. Ct'ichtonBrowne.qui est chargé d'un immense
asileprêt de Wakeficld,et qui, commeje le vis, s'était déjà
occupéde la question. Cet MXccUentobservateur, avec une
honMinfatigable,m'a envoyé des notes <'tdes descriptions
étendues,avec des aperçus précieuxsur plusieuESpoints, et
je ne saurais estimer attsez haut le prix de son concoure
Je snisaussiredcvaMede nnts micressantssur deuxou trois
pointsAM.Patrick Nicotdu ~tM<M~MM<!<<c~<«<M.3" Le docteur Uuchenne,comme nous t'avons déJAvu, a
galvaniséles muscles de la face chez Mnvieillard dont la
peau était peu sensible, et reproduit ainsi diversesexpres-sionsqui ont été photographiées a une grande échelle.J'ai
eu la bonnefortune de pouvoir montrer plusieurs des meil-
leuresépreuves,sans unmotd'explication,aune vingtainede
personnesinstruites, d'Agesdiverset des deux sexes; je leur
demandai)!,Achaque fois, par quelle émotionou quelleson-
sationellessupposaientque le vieillardfût animé, et je re-
cueillaisleur réponsedans les propres termes dont elles se
servaient.Parmi cesexpressions,plusieursfurent immédiate-
ment reconnuesde presque tout le monde,bien que chacun
ne les décrivitpas exactementpar les mêmesmots; ces ex-
pressionspeuvent, me semble-t-il, être tenues pour fidèles,et nousles décrirons plus loin. Quelques-unes,au contraire,furent l'objet de jugements très ditMrents.Cet examen mf
fut utileà un autre point de vue.en me démontrant la mci-
lité aveclaquellenouspouvons.nous laisser égarer par notre
imagination.Eu eSct, lorsque je regardai pour Ja premièrefois les photographies du docteur Duchenne, en lisant le
texte simultanémentet m'instruisant ainsi de l'intention de
l'auteur, je fus, Ade rares exceptionsprès, constamment
tNTMOnuCTtON. là
frappé de leur inepveilleusevérité. Et cependant, si je le~
avais examinéessans aucuneexplication, j'am'ats été sansdoute aussi embarrassé, duos certains ca~,que l'ont été les
personnesquej'ai consultées.
4" J'avais espéré trouver un puissant secours chez les
grands maîtresen peinture et on sculpture, qui sont des ob-
servateurs si attentifs. Enconséquence,j'ai étudié les photo-
graphieset les gravures de beaucoupd'oeuvresbien connues;
mais, sauf quelques exceptions,je n'y ai trouvéaucun profit.La raison en est sa.n8doute que, dans les œuvres d'art, ht
beauté est le but principal or, la violentecontractiondes
musclesde.la face est incompatible avecla beauté ~.L'idée
de la compositionest généralement traduite avec une vi-
gueur et une vérité merveilleusespar desaccessoireshabile-
ment disposés.
5" 11m'a.semblé de la plus.haute importancede vérine)'
si les mornesexpressionset les mêmesgestes,ainsi qu'on l'a
souvent assurésans preuves suffisantes,existentchez toutes
les raceshumaines, spécialementchez celles qui ont eu peude rapports avec les Européens.Si les mêmes mouvements
des traits ou du corps expriment les mêmes émotionsdans
diversesraces humaines distinctes,on peut en conclureavec
beaucoupde probabitité que ces expressionssont lesvérita-
bles, c'est-à-diresont innéesou instinctives.Desexpressionsou des gestes conventionnels acquis par l'individuau début
de sa vie seraient probablementdifférentschez les diverses
races, commeleurs langages. En conséquence,au commen-
cementde l'année <807, je lis imprimer et circuler une série
de questions,en demandant qu'on voulut bien y répondre
par des observations directes, et non point par des souve.
nirs. Cesquestions furent écrites & un moment où mon
<9.Voyezdesrematrqucssurcesujetdans!ctaococadeLessing,tra-duitpar W.HcM,)830,p. iC.
ÏNTRODUCTtON.tC
attention était depuis longtemps dirigée d'un autre côté,
et je reconnaisau}ourd*huiqu'elles auratent pu être beau-
coup m!euxrédigées A quelques-uns des derniers exem-
plairesj'ajoutai, écritesAla main, quelquesremarques addi-
tionaelles
1. L'étonncments'oxprime-t-ilen ouvrantlargementles yeuxet la boucheetenélevantles sourcils?
3. Lahontefait-ellerougir,quandla couleurdela peaupermetde reconna!trece changementde sa coloration?en particulier,quelleestla limiteinférieurede ta rougeur?
a. Un hommeindignéou détiantfronce-t-iiles sourcils,re-
dresse-t-ille corpset la tête, ef!ace-t-il!esépauleset serre-t-illes
poings?4. Unhommequirénéchitprofondémentsur unsujetoucher-
cheà résoudreunproblèmefronce-t-illéssourcilsou la peauquiest au-dessousde!apaupièreintérieure?
S. Dansl'abattement,les coinsde la bouchesont-ilsabaissé)!,et l'extrémitéinternedessourcilsest-ellerelevéepar le muscle
que les Françaisappellent« musclede la douleur*a ? Danscet
état, lesourcildevientlégèrementobliqueet se gonfleun peu&sonextrémitéinterne;le front seplissetransversalementdanssa
partiemoyenneet nondans toute sa largeur,commelorsquelessourcths'élèventsousl'innueucede la surprise.
6. Dansla bonne humeur, tes yeux brillent-ils,la peau se
plMse't.el!elégèrementautouret au-dessousd'eux,la boucheest.elle unpeu tiréeenarrièreauxcommissures?
7. Quandun hommese moqued'un autre ou le gourmande,soulevc-t-ille coinde lalèvre supérieureau-dessusde la canineou dentde l'feil,du cûté qui fait face a l'individuauquelil s'a-dresse?
8. tteconnatt'onunair hargneuxouobstinéà ces signesprin*cipaux leslèvresserrées,un regard menaçantet un légerfron-cementdesourcil?
NomqueM.Duchenne(de Boulogne)donneau sourcilier.VoyezP~M~ed~BMMWMten~,p.82S.
(NotedM<n!d«e<<?M'<t.)
tNTKOMUCTiOK. t7
t
9 Lemeprisft'exprime't'iten avançant légèrement !esievrM
oHevant le nexavec unepetite expiration?
"10. L~fM~t MMt ren~cMcr ht t&vr~tnM~~
légèrement la lèvre supérieure avecuneexpiration brusque, &peu
près comme dans la nausée ou dans l'acte de cracher?
it. La frayeur extrême est-elle exprimée de la manière habi-
tueUe'aux Knropéens?~2, Le rire est- jamais poussé au point d'amener des larmes
dans tes yeux?i3. Quand un homme désirc montrer qu'une chose ne peut se
faireou qu'il ne peut lui-même faire quelque chose, est-ce qu'ilhausse ïes opautcs,porte les coudes en dedans, étend en dehors la
paume des mains, et relève ses sourcil?
~4. Lorsque les enfants boudent, font-ils la moue ou avancent-
ils beaucoup les lèvres?
13. Peut-on rcconnattre une expression criminelle, ou rusée, ou
jalouse? Je ne saurais dire du reste d'âpres quoi on pourrait dé-
terminer ces expressions.i6. Hoche-t-onla tête verticalementpouramrmer; la secoue-t-on
latëralement pour nier?
Les observations faites sur des naturels ayancba;pou de'c~~munications avec les Européens seraient sans~ttoute les plus pr~
cieuses; toutefois celles qu'on fera sur n'importe quet~ indigëncs~auront beaucoup d'intérêt pour moi. Lesgénérantes sur i'e~pres~sion ont relativement peu de valeur; et la
memairM~t si~aMot~?
que je prie instamment mes correspondants d~~tc paas&~r Ad~ysouvenirs. Une description précise de ratutu~p~&<Ms~~fluenced'une émotionou d'un état d'esprit quetcon'h~~cation descirconstanccsqni ont produit cet etatd'esprit~constitueraun renseignement de grande vatcur.
A ces questions, j'ai reçu trente-six réponses de différents
observateurs, dont plusieurs sont missionnaires ou protec-
tours des indigènes; je leur suis &tous très reconnaissant do
k peine qu'ils ont prise et du concours précieux qu'ils m'ont
prêté. J'indiquerai leurs noms, etc., & la fin de ce chapitre,atïn de ne pas interrompre mon exposition. Ces réponses sont
Mt t~TRODUCTICN.
relativesà plusieursdes races humaines les plus tranchées
et les plussauvages.Plusieursfoison a notélescirconstances
sous l'empire desqueucst'haquo expressiona ëté bitsërvéé, etl'on a décrit cette expression; on pareil cas tes réponsesméritent une pleine confiance. Quand les t'épouses ont été
simplementOMtet noMje lesai toujours reçuesavecdéMance.
Il résulte des renseignomonts qui m'ont été atnsi fournis
qu'un mêmeétat d'esprit est exprimé en tout pays avec une
remarquable uniformité; ce fait est par lui-même inté-
resMtnt,car il démontre une étroite simtiitude de structuM
physiqueet d'état intellectuel cheztoutes lesracesde l'espècehumaine.
6" Enfin, j'ai observé d'aussi près que je l'ai pu l'expres-sion desdiversespassionschez quelques-unsde nosanimaux
domestiques.Je croisque ce point est d'une importanceca-
pitale, nonpas sans doute pour décider jusqu'à qnel degrécertainesexpressionssont, chez l'homme, caractéristiquesde
certainsétats d'esprit, mais parce qu'il nous fournit la base
la plus.sûre pour établir d'une manière générale les causes
ou l'originedes divers mouvementsde l'expression.En ob-
servant les animaux, nous sommes moins exposés& subir
t'innucnce do notre imagination, et nous n'avons pas à< craindreque leurs expressionssoient conventionnelles.
Je viensde signaler des causes d'erreurs, entre autres la
nature fugitive(le certaines expressions(le changementdes
traits étant souvent extrêmement léger); la facilité avec
laquelle notre sympathie s'éveille Ala vued'une forte émo-
tion et la distraction qui en résulte; les illusionscauséespar
J'imagination lorsque nous savons vaguement ce que nousdevons attendre, quoique assurément peu d'entre nous
connaissentexactementle jeu de la physionomie je pour-rais même ajouter en dernier lieu la banale habitude quenous avonsdu sujet. Pour toutes ces raisons, l'observation
tNtRbtUtCttOX. tO
de l'expression n'est nullement facile; plusieurs personnes
que j'avais priées d'obsct'ver t'ertains points s'en ttbnt bienvite aperçues, II est doncmataïsé de déterminer aveccer-
titude quels sont les mouvements des traits et les attitudes
qui caractérisent babitu<'Hetnentcertains états do l'esprit.
Cependant j'espère que l'observation des enfants, des
aliénés,des diversesraces humaines,des œuvresd'art, enfin
l'étude de l'action de l'électricité sur les museles de la face,
tdte que l'a faite lu docteur Duchenno,nous auront permisde vaincre certaines difficultés et d'éclairer bien des pointsdouteux.
Resteune difficultéplus grande encore c'est de pénétrerta causeou l'origine des diversesexpressionset de juger s'i!
existe une expïication théorique qui soit digne de foi. Aussi
bien, lorsque nousavons do notre mieux applique notre rai-
son, sans l'aide d'aucune r>e,a juger si parmi deux ou
trois explicationsil eh est une qui soit plus satisfaisantequetesautres ou si aucune ne l'est, je ne vois qu'un seulmoyendo contrôler nos conclusions c'est d'observer si l'hypothèse
qui semblepouvoir expliquer une expressiondonnéeest ap-
plicable à d'autres cas analogues, et en particulier si les
mêmesprincipes généraux peuvent s'appliquer d'une façonsatisfaisanteet a l'homme et auxanimaux. J'incline a penser
que cettedernière méthode est cellequi rond le plus de ser-
vices.Ladifficultéde vérifier une explicationthéoriquequel-
conque et de la contrôler par une méthodede recherchedé-
terminée est ce qui trouble le plus l'intérêt que cetteétude
paraît si propre à exciter.
Knnn,quant &mes propres observations,je dois constater
quellesont commencédes l'année 1838 depuis cetteépoque
jusqu'à ce jour, je me suis fréquemmentoccupéde la ques-tion. Acette date, j'incHnaïs dé)a a croire au principe de
l'évolution,c'est-A-diro& la productiondes espècespar d'au-
tres formes inférieures. En conséquence, lorsque je lus le
M201, tKTROnUOTtO!
grand ouvrage de Sir Ch. Beu,je fusfrappé de t'inaumsance
de sn ihepne, d'âpre iaqueûo l'homme &été créé avec cer-
taias musdesKpéct&letncutadaptés &t'expressionde sesscn-
HtQeats.11meparut probable querh&b!tudc d'exprimer nos
sentiments par certainsmouvementsavait dû être d'une mn-
o~rt' quetcotKjMcacquise gradueMotïMnt,bien qu'eUe soit
maintctmnt devenaeinnée. Maisdécouvrir commentéeshabi-
tudesavaient étéacquisesn'était pas une tAchepouembarras-
sante. Il fallaiteonsidérertoute la questionà un nouveaupointde vue et donnerdechaque expressionune explicationration-
nelle, Tel est le désir qui m'a conduit & entreprendre cet
ouvrage, quoique intparfaite qu'en p&t être rexécution.
Je vais maintenantdonner les noms des personnesqui ont
mérité ma reconnaissanceen me fournissant des renscigt~-mentssur 1 expressionchez les diversesraces humaines j'in-
diquerai en mêmetempsquelques-unesdesctrconstances<&ns
lesquelleschaque observationa éM faite. GrAcoA!&Menveit-
lance et &la ha~te influencede MM.Wilson,de Hayes,Pla~.
Kent, je tt'ai pas reçu d'Australie ïnoïos de tt'eMiesénés de
réponsesô mes questions. Je m'en suis p&rticuti&romentte-
licité car lesindigènesaustraliens se placent parmiles races
humaines les plus tranchées. On verra que ces observations
ont été faitessurtoutdans le sud,on dehors des frontièresde
la colonie de Victoria; toutefois quelques réponses excel-
lentes me sont aussi venuesdu nord.
M.Uysont<acym'a fourni avec de grands détails quelquesobservationsprécieusesfaites Aplusieurs centaines de milles
dans l'intérieur de Queensland.M.R. Brough Smyth,de Mel-
bourne. <n'aété fort utile par ses remarques personnelleset
par l'envoi qu'il m'afait de plusieurs des lettres écrites par
tKTROBUCTtOK.v. M
les personnessuivantes le Rév M.Hagenauet',du tac Wel-
lington, missionnaire&Cippsiand (Victoria),qui a beaucoup
vécuavec Ïes naturels; M~S ~ilsar~y.hryp,riét~irr,~r~i=.dantALangerenong,Wimmera (Victoria);h' R6v.Ccorj~cTa-
plin, directeur de l'Établissement industriel indigène a Port
Macieay;M. ArchibaldG. Lao~r, de Coranderik (Victoria),
processeurAl'écoleoù sont réunis lesnaturels vieuxet jeunesde toutes les parties de la colonie; M.Il. B. Laue, de Bctfast
(Victoria), fonctionnairette J'adntinistratioMJudiciaire, dont
lesobaor~'ationaméritent&coup sûr la plus entière confiance;
M. TempïetonBunnett, d'Enhuca, ~ui est étabti «uptes con-
nMde la coloniede Victoria~et a pu ainsi observer beaucoup
d'indigène!)qui avaient eu fort peu de t'appofts avec ie«
blancs U a comparé ses observations avec ceHesde deux
autres colons qui habitaient depuis longtemps dans !e voisi-
nag'e; enfin M. J. Buhner, missionnairedans une tocatité
lointainede Cippsïand(Victoria).Je suis aussi redevableau docteur Ferdinand MuHer,bota-
nistedistingué de Victoria, de quelquesobservationsqu'il a
Mtes lui-même;il m'a en outre envoyéd'autres renseigne-mentsdua &M.Crecn. ainsi que queiques-Mnesdes lettres
précédemmentcitées.
Relativementaux Maoris de la Nouvetie-Xetaudo,!c noy.
J. W. ~tack n'a répondu qu'A une petite partie de meaques-
tions;maisses réponsesont été remarquaMctncntcompotes,c!aires et nettes, avec mention des circonstances dans les-
queHcsles observationsont été faites.
Lerajah Brookom'a donné quelques renseignementsre!a-
tiisaux Dyaksde Bornéo.
Relativementaux Malais, j'ai été très favorisé; en cMct,
M.F. Geach (auquelj'ai été présenté par M.Wallacc)a ob-
servé, pendant son séjour en quatité d'ingénieur des mines
dans l'intérieur de Matacca, beaucoup de n&tareïtt(pu n'a-
VHientça «nténeurcment «acun rapport avec les hht«cs;
a< ~TMOPHCTtON.
m'a écrit deux longues lettres remplies d'oltser valionsad-
mirableset minutieusessur leurs expressions.It aobservé d<*
la m6me manière les Chinois qui cmigrent dansl'arclïipolShUais.
M. S~inhoe. coM~ -11t\tul'.dilit~_b¡e.~
connu, a aussi observépour moi tes Chinoisdans leur pays
natal, et pris quelques informations anpr&sd'autres per-sonnesdignes de foi.
Dans l'Inde, pendant sa résidence A titt'c officieldans le
district Ahmednugurdc la présidencede Bombay,M.H. Era.-
Mnexiporté son attention surl'expressiondes habitants mais
il a rencontré de grandes difficultéspour arriver a des con-
clusionscertaines, par suite de leur dissimulationhabitueHc
de toute espèce d'émotion en présence des Kuropéens. En
outre, il a obtenu pour moi desrenseignementsde M.Wcst.
juge A Canara, et pris des informationssur certains points
auprès de pt't'sonnesintelligente! néesdans lucolonie.A Cal-
cutta, M.J. Scott, directeur dit Jardin botanique, a observa
avec soin ies diverses tribus auxquc!ies appartenaient les
hommes qui y ont été employésdepuis un temps considc-
raMc; personne ne m'a envoyédes détails aussi completst!t
aussi précieux l'habitude de l'observation attentive qu'ildoit a ses études botaniques a été mise &pront pour noire
sujet. QuantACcytan,je doisbeaucoupau Rév.S. 0. Gtcnu'.
qui a répondu à quetqucs-unesde mes questions.Pour l'Afrique, j'ai eu du malheur au sujet des nègres.
bien que M. WinwoodRcade m'ait aidé autant qu'il était en
son pouvoir. Il m'eut été relativement facile d'obtenir dt's
renseignt'mentssur les n&grcsesclavesen Amérique, mais
commeils ont été depuis longtemps mêlés aux blancs, ces
observationsauraient eu peude valeur. Dansla partie méri-
dionalede cecontinent, M.fiarbier a étudié les Cafreset tes
Fingosetm~aenvoyéplusieursréponsesexplicites.M.J, P.Nan-
sel Wealea faitaussiquelquesobservationssur lesnaturels, et
JXTMDUCTtON. m
m'a fourniun curieuxdocument,&savoir l'opinion écriteen
anglais do ChristianGaika, frère du chef Sandilli, sur les
expressionsde ses compatriotes.Pour les restons septentrio-nalesde l'Afrique, le capitaine Speedy, qui a longtempsha-
bité chezles Abyssins,a répondu &mes questions, en partie
d'aprÈs M8sôuvenh~,en pattie d'appès deae~Met'v&tionsMtes
sur le iUsdu roi Théodore,qui était alors sous sa g'att!c. L<'
professeurAsaCray et sa femmeont été frappés de quelques
particularitésdans l'expressiondes naturels qu'ils ont observes
en remontant te Nil.
four le grandcontinent américain, St.Bridges, catechistf
qui résidechezles Fuegiens, a répondu à quelquesquestionssur teurs expressions,qui lui avaient été adresséesil y a plu-sieurs années. Dansla moitiéseptentrionale du continent. !<'
docteur Rothrocka étudié les expressions des Atnah et dt's
Espyox,tribus sauvagesde la rivière Nasse,qui coulevers~o
nord-ouestde t'Amérique. M. Washington Matthcws, aide-
majorde l'armée desÉtats-Unis,apr~s avoir vumesquestions
impriméesdans le JS?mt<A<ontaKReport, a aussi observé avec
unsoin particulier quelques-unesdes tribus occidentalesdt's
États-Unis,savoir les Tétons, Grosventres, Mandanset As-
sinaboines ses réponsessont de ta plus grande valeur.
Enfin, en outre de cessources spéciales d'informations,
j'ai réuni quelquesfaits, d'ailleurs peunombreux, rapportésincidemmentdans divers livres de voyages.
2t IXTMNUCTtON.
Commej'auraitiouventFoccMton,surtoutdanst&dernière
partiede ce w!utnc,de partot'des musclesde ~ce hu-
maine.
Hf~ne'iu d'âpret)ct))f.
je ptotccici un dessin(fig.1). copié et réduit d après
i'onvt'agede Sh*Ch. BeU,(nosique deux autres, oAtes d6-
iKTMPHUCTm~. M
hi!s sontplussoignes(Mg'.2et 3), d'np~ !oUvrobien connu
de Honte,FoM~Mc/td~~<~<etM<McAMt~M~ow<edM~MenM~M.
~Mm~mcstcttt'esse t'apportentauxmarnes tnnsctcMdans tes
Fis. Cesth) d'opft's ttettb
A.0t'c)pt<e'tf)))t<t))a, 't't tt)tMc)<' fmn-
ta).fn)lltalls, fais tiiitt;ele,
rron.
Il. C<HTMtahtrtitt)tcret)t!,«tt musctcMm'
cilier.
C. «fbfcMtartB pat)Mbraru<n, "M Mt'Mtc
<rbt<')tta)M<tcitpa)t('i''fci<.?. fyratnMaMtxaat, ou MMetc jtyMtMi.
<ta<du net.
B. t~Mtof tabti s«t)Cf)')r)< at~ttc tNtt.
)'.).evat')rtabii)'r«)'fit)x.< ZyftontattqMc.M.Matarts.t.h!t<t!!y<('MMatt<)UC.
K.Tdan<tu)ar!suf)!t,on<)e)')rM«tr!tM-
StUtori~.
t~QuttdfatusmcMtt.
M. nttnriMe, fM'rOon du ptatyttM MtyoMef
(peaucfer).
trois figures, mais on n'a indiqué que tes nomsdes musctcs
tesplus importantsauxquelsj'«nt'ai icfah'ealiusion. Lesmus-
cles de la face entt'ctnëtentbeaucoup Ieu<f!Chres, et c'est A
peme, d'âpres ce que j'ai entendudire, si sur une dissection
ib apparaissentaussi distinctsqu'ils le sont sur ces dessins.
INTRODUCTION.M
Quelquesauteur décriventcesmusclespommeétant au nom-
bre de dix-neuf pairs et un impair~; pour d'autres, leur
nombreest beaucoupplusgrand; il va jusqu'à cinquante~einqsuivant Moroau.Tousceux qui ont écrit sur ce sujet t'ccon-
naissent~w tour steuctuM~très xat'jabie;Mo~ rc~OI~l'I!'
qu'on tes trouve diHtcitfment identiques sur une dpmi-
douzainede sujets Ils sont également variables par leursfonctions.Ainsi la facultéde découvrir la dent canine d'un
côté d!uërc i~eaucoMpsuivant les personnes. Lepouvoir de
rdevcr les aitcsdu Mezest aussi, suivant le docteur t'iderit
d'un<*variabilité retïtarquah!e;d'autres exemptespourraientêtre donnés.
Knilnj'a le ptaisi!'d'expruner mareconnaissanceà M.Rej-hnder pour la peine qu'il a prise de. photographier pourmoi diversesexpressionset diversesattitudes. .tesuis é~tdc-ment rcdevabk ô M.Kindft'mann. de Hambourg', ~ui m'a
prête d'excellents ctiches d'eufants pieurants. Je dois «U!Mi
au docteur WHÎtichun t'harmant c!iché de petite nUe sou-
riante. J'ai déjà rcmcrciRle docteur Muchennepour la pnr-tnissiongénéreusequ'it m'adonnéede faire copieret réduira
qud~u<'s-t<nps(le sesgrandesphotographies. Toutescespho-
tographiesont et~ reproduitespar !e procédé de t'hétiotypic,
qui garantit h tidéuté de ta copie. Cesplanches sont nu-
mérotéesen chiffresromains.
Je suis égalementl'obligéde M.T. W. Wood~qui a prisune peine extrême pour dessiner d'après nature les expres-sionsde divers animaux, ~n artiste distingué, M.Rivicrc,
a eu la bonté de mo donner deux dessins de chiens, t'un
d'humcMpagressive, l'autre humble et caressant. M.A. May
20.M.!*artf!dge,<!ana~ctopOM~tc~ AMa~myaH(<M~~o~~ de
Todd.,vol.II,p. 2:ï7.'<. LoM~M~f, parG.Lavater,t82~,tome(V,p. a?t. Pourtp
nombredesmusclesdelahcc,voyezvol.tv, p. 209,2«.M. M<M<'<!undMy~MMtA,<??, p. Ct.
<NTMOM<"ft()K. !<7
m'a aussidonn~ deuxcroquis semMahïesd'âpre des chiens.
M.Coopera grav6 les bois avecbeaucoup de soin. Quetques-Hne«desphoto~MpbtMet que!qttcs daMUM,savoh' t't'ux d<'
M.Mayetccux do M.Wo!f, rept'éspnta)tt!<'cynup!th6quc,1ont 6~ d'utMtfd,~t'Ace&M.Coop~r,Hxéftsm')M)sau moyend<'ta photographie et graves ensuite: d'' ccttt' tnatti<'«'<m
peut &tt'cassuré d'une &détit<*presque absolue.
(~Af!~B PRETER..
t'Mt!<C)t')!SCËS~MAUXMEt.'KXt'HKSSMX.
m:tM(aMtMen<tt0!<<m!f<pr!ttc<tM!'fMKtMMcntau't.fremierprtnctpe. lesactMtttttexdovtenncMtbatthuehens'associant&certatttsëtatad'capftt,etMtHaccom-ptt<<)uelebesoino'ct)faMCsentirounon.da<Me<m()M«caspafUcMMet.PMh-MMeoth!t'tMhXutte.<hM<<)h!.MottMtncnMaitMch~hahttnottchext'hoMme.
AellonsrcAaxes.TransfurmaUondesbahitudeseuRelionsrúOes.s,)Jnu-AettomrëOoxe!.TfiumtOnnattM<<MhabttwtMenacttons
renexe~.Mnx-%<'<)tet't"af;Me)6shahttuehehextesanhtmux.ConcttMtons.
Je commenceraipat'<5tabUrles tro!aprincipes qui me pa-rai~cnt rend~' compte de la p!upMt'tdes expressionset des
gestes involontaires de l'homme et des animaux, tels qu'ilss<'produisent sous l'empire des émotions et des sensations
diverses Je ne suis pourtant arrivé a ces trois principes
qu'après avoir terminé mes observations.Ils seront discutes
el'une manièregénérale dans le présent chapitre et dans les
deux suivants.Lesfaitsobservésaussi bien sur l'homme quesur les animauxseront icimisenusage maiscesderniers sont
préférabtes, comme moins sujets A nous tromper. Dans les
quatrième et cinquièmechapitres, je décrirai les expressions
spécialesde quelques animaux, et dans les chapitres suivants
j'aborderai celles de l'homme.Chacunpourra ainsijuger parlui-même jusqu'à quel point mes trois principes éclairent
l'interprétation de la question. Les expressionsainsi expli-
t. M.HerbertSpencer(EMa~t,Mcondescrie,1863p. <M)a ctaMinne<i!st!nctionnetteentretesémotionsettes sensations,cesdernières<;tanta ewpcMtMM<f<mslest'MMr/sdeMMo~«Me< !t classedanslessentiments,etlesémottOMaetlessensations.
PBtNCtPf5!H!A8SOC<AT)ON~E8HAtHTUB'ESUTtLiîS.M
quéesd'une manière très satisfaisante sont tellement nom-
breuses,qu'il mesemble probablequ'elles pourront, dans la
suite, être toutes ramonées&ces mêmes principeson &d'au-
tres très analogues. Il va sans dire que los mouvetnentsou
les ctmng'etnentsd'une partie quelconque du corps, ï'agiia-
tioH de Ïtt queuechcx~chien, !c renversement en ~nArc
desoreilleschez le chcva!, le haussement des épaules chez
l'homme, la dilatation des capillaires de la peau, que tout
celapeut également servir à l'expression.Voiciquels sont les trois principes
1. ~WMOtpede <'<MMc«t<«Mtdeshabitudes utiles. Certains
actes complexessont d'une utilité directe ou indirecte, dans
certains états de l'esprit, pour répondre ou pour satisfaire
à certaines sensations,certains désirs, etc.; or toutes lesfois
que le mêmeétat d'esprit se reproduit, même à un faible
degré, la forcedo l'habitudeet de l'associationtend a donner
naissanceaux mêmesactes, alors même qu'ils peuvent n'être
d'aucune utilité. Il peut se faire que des actesordinairement
associéspar l'habitude & certains états d'esprit soient en
partie réprimes par la volonté en pareil cas, les muscles.
surtout ceuxqui sont le moins placés sous l'intlucncedirecte
de la volonté,peuvent néanmoinsse contracter et causer des
mouvementsqui nousparaissentexpressifs.Dansd'autres cas,
pour réprimer un mouvementhabituel, d'autres légers mou-
vementssont accomplis, et ils sont eux-mêmes expressifs.
H. Principe de~'an(t~d«. Certains états d'esprit entrat-
nent certains acteshabituels, qui sont utiles, commel'établit
notre premier principe; puis. quand se produit un état
d'esprit directement inverse,on est fortement et involontai-
rement tenté d'accomplir des mouvements absolument op-
posés,quelqueinutiles qu'ils soient d'ailleurs danscertain
cas cesmouvementssont très expressifs.
}d t'HtXCtPKDR)L'Aa!;OCtATtON
H!. P~M< des OC<M(f<MÔla COn<ft<M<MM<~MSy~MM
tMfMeu.r,epMp~f~eMt M~pen~OM~ t'o~Mfe j'M~M~«M
<'<~<tMtpoint (le <'A«M<M~<Quandle scnsoriutnest forte-
ment excité. la force nerveuse cat engendréeen exc~ <'t
U')nMtu!s~(!m)sccrta!hMsdh'cctîdns ~tdrthh~M~pf'ndantft'connexionsdes cetiuïcs nerveuseset en partie de rhabotudc;
dans d'autres cas, t'aMux de la force nerveuse paratt, au
contraire, compt&temcntinterrompu,n en rèin!te des ciïcts
q<tenous Pouvons expressifs.Cetfoistèmeprincipepourrait,
pour plus de concision, être appelé principe de Faction
directedu systèmenerveux.
En ce <jjniconcerne notre premierpnMCtpe,ta puissancede l'habitude est un fait notoire. Lesmouvementsles pius
comptexeset les plus difficilespeuventêtre accomplisAroc-
casion!Mtns!<'tnoindt'e cSbrt et sans aucune conscience.On
n'' sait pas au just<*comment il se.fait querhabitudc soit
d'un ausiit grand secout'sdans l'accomplissementdesmouve-
ment complexes; l<'s physiologistes admettent~ Mue « !<'
pouvoir conductcut' des nl~'esnerveuses croît avec la fré-
quenced<' leurexcitation Cecis'appliqueauxnerfsnMtcufS
<'taux ncrts scnsitifsaussibienqu'auxMbrcsa<R!cMcsau phe-notnenc d<'la pensée. On Mepeut guère douter qu'il ne se
produise quelque changement physique dans les cellules ou
t<'s<ibt'<'snerveusesdont l'usage est le plus fréquent; sans
quoi on ne pourrait comprendrecomment la prédispositionAcertains mouvementsacquisest héréditaire.Cette hérédité,
nous lit constatonschez les chevauxdans la transmission de
c<'rtain<"<allures qui ne leur sont point naturelles, commele
2. Mutter,~meM~~ePA~M~te(traductionanglaise,vol. p.MM).VoyezaussitesvuesintéressantesdeM.M.Spencersur le mêmesujetetsurla formationdesnerfs,danssesMw:tp~o/JM(~<~vol.Il,p. 1H!;et dansses~wc~~ jt~e~ 2"édit.,p.Sn'S!!?.
MRS MARtTME!! UTHM. a<
galop déchusse ou rambtc; nous ta voyonsencore guider
les jeuneschiensd'arrêt et les jeunes chiens couchants, et
certaines espècesde pigeonsau vol particulier, etc. L'espècehumaine nousoffre des exemplesanalogues dans l'hérédité
de cet'tatnes habitudesou de certains gestes inusités; nous
allons bientôt y revenir.CeuxqutaJmottent l'ëvoluMongra-duelte desespècestrouverontun exemptetrès frappant de la
perfection avec laquelle les mouvementsassociés les plusdifficiles peuvent se transmettre, dans le sphinx-épervier
(m<Mfo~<MM)peu de temps après qu'il est sorti du cocon
(commel'indique l'éclat de ses ailes lorsqu'il est au repos),on peut voirce papillonse maintenant immobile dans l'air,sa longue trompefiliformedérouléeet plongée dans les nec-
taires desfleurs;or personne,que je sache, n'a jamais vu ce
papillon faisantl'apprentissagede sa tache difficile, qui de-
mande une précisionsi parfaite.
Lorsqu'ilexisteune prédisposition héréditaire ou instinc-
tive à l'accomplissementd'un acte, ou un goût héréditaire
pour un certaingenre de nourriture, il faut pourtant, dans la
plupart ou mêmedansla généralité descas, qu'il s'y ajouteun certain degré d'habitude individuelle.C'est ce que nous
observonsdans les allures du cheval,et jusqu'à un certain
point chex le chien d'arrêt; quelquesjeunes chiens, quoi-
qu'ils arrêtent très bienla premièrefoisqu'on les mène Ala
chasse,n'en présententpas moins fréquemment,unis à cette
qualité héréditaire,un ttair défectueuxet même unemauvaise
vue. J'ai entenduaffirmerque, si on laisseun veau teter une
scute fois sa mère, il est ensuite beaucoupplus difficilede
l'allaiter artificiellement3. On a vu des chenilles nourries
3.Uneremarqued'uneportéetrèsanaloguea étéfa!tcdepuislong-tempsparHippocMte,puispart'tMMStMMarvcy;t'unet J'autreaffirmantqu'unjeuneanimaloublieau boutdequetquesjours l'art de teter etnupeutplust'acqaer!rdenouveauqu'assezd!mc!!cment.Jedonoteces
asscrtMMd'apresle!)'Darwin(ZoeMOM~,t79~vot. p. t H)).
t'KtXCtPKUt!t/ASSOCtAttOX3ï
des feuilles d'un arbre d'une certaine espccose laissermourir
de faim plutôt que de manger les feuillesd'un autre arbre.
bien que ce dernier leur fourntt précisément leur nourriture
Mormate il en est de mêmedans beaucoupd'autres cas.
1.0 pouvoir dcl~ssociation est admispar tout la Mondc~~M.Mannremarque que Il des actions, des sensationsou des
états d'esprit, qui se produisent ensembleou très près l'un
de l'autre, tendent à s'associer,a se relier; de tellesorteque.
lorsque l'un d'entre euxse présente ensuiteil l'esprit, les au-
tres ne sont pas éloignés de la pensée~11est très important pour notre sujet de reconnattre la fa.
ciliié avec laquelle des actes s'associentAd'autres actes et A
des états d'esprit divers; j'en donnerai doncun certain nom-
bre d'exemples, les premiers relatifs A l'homme, les autres
aux animaux. Quelques-unsde ces exemplesse rapportent a
desactions d'une portée insignifiante,maisils sontaussi bons
pour notre objet que des habitudes plus importantes. Tout
le monde sait combien il estdifficileou mêmeimpossible, a
moinsd'efforts répétés, de mouvoirses membres dans cer-
taines directions opposéesauxquellesounes'est jamaisexercé.
Pareil fait se produit &l'égard des sensations,commedans
l'expérience bien connue qui consisteii faire router une bille
sousles extrémitéscroiséesdedfux doigts,ce qui donneexac-
tement la sensationde deuxbilles. Unhommequi tombeparterre se protège en étendant les bras; suivant la remarquedu professeur Alison, peu depersonnespeuvent s'empccher
4. Voyez,pourles indicationsbibtiographtqaeset pourdiversfehx
anatogucs.Dela VMn<t<h'ndes<M(tMM.cet (les~to~ MM<fac~ond<'
domp~t«t<~i8M,vol.Il, p.:<23(trad.françaiseparMout!n!c).S.TAcSnMMOH~~f fM~MM.2"édit.,<8Ct,p.3M.L<'profesMurHux-
loyfaitcetteremarqueïBlemrr~tnr,~Lcsxonxin Illaysiology,:i~édit"hi7!teyfait cetteremarque(JE/~nm~ryrègleque,PA~Mo~, !edtt., sontp.306) «Onpeut6tabt!rcommeW'gteque,e!deux<!<&?d'expritsontéveillésensembleoa SNCceMhcmeniavecaMCidefréquenceetde viwa.cité,l'apparitionde l'undeadeuxsuffiraa rappelcrl'autre,quenousle d<?sirionaounon.
UËBHAnttTUnESUTtLH);
:t
d'en faireautant en se taissant tombersur nn lit ntooneux.
Knsortantde chez lui, un homme mot sc!t~<mt<:d'uno tàçontout inconsciente; et, quelque simple que cette opération
puisseparaître, celui (lui a appris Aun enfant almettre ses
gantssait bien qu'ettc oo l'est nuMcmcnt.
LetroMb!edenotre esprit secmnmun!qut'aux mbuvedK'M~
denotre corps;mais ici, ootrc rhabihtdc, un autre principeentre on jeu dans une certainetnesun', ~voir t'atHuxdé-
raté de ta forcenerveuse.Norfotkditot partant du cardinal
Wo!scy
fMNtraHgeconMaotion.1. _.u _1 t .M.U __a.u .IAgttosoncerveau; ilsemordtes terres et tr<:as<n)te;tt s'arrêtesubitement,regarde&terre,
Puisil poMMndoigtsurMtemfe: il sedresse,S'etaneeet Mmet a marcherà grandspas;puis j) a'arfeteencore
Etse frappefortementla poitrine; bientôtaprès il Hxe
Sonregardsur la lune tesattitudestesplusétranges,
Soustcstui avonsvuprendre.;MfM.H~, act. lit, se. n.)
Onvoit souvent un hommedu commun se gratter la t~te
torsqu'itest embarrassé.Je ct'oh tjtt'iÏ agit ainsi poussépar!'habitudequ'il a contractée sous FinuuencMdu léger ma-
!)<!<?auque!it est le plus exposé,savo!r la démange<Msou<!cta~h'qu'U soulage par cette manœuvre. Tel autrp, loM-
<{M'itestperph'xc,se frotte les yeux,ou, lorsqu'il est cmtMtr-
tttssé,tousse tég&rcmcnt,agissant dansces deux cas comme
ait ressentait un tégcr tnatttise dans !es yeux ou dans !a
gorge".Parsuitede l'usage continuctque nousfaisons denosyeux,
<}.Gratiolet(Dela fA~MMw<c,f. M~,discutantcesujet,citeplu.'ieursexemptesanalogues.Voyezpage4),surt'acted'ouvWrelde tbr-mertesyoM<r.Ëngetestcit~(p.t23) pMpos<!cac!Mngcmen~deraMufechezt'homnMsoust'inaucnccdeschangementsde pensée.
M t'MtKCH'E DB~'A88(~C~ATtO?f
ces organes donnent tout particulièrement prise A l'associM*
tion, qui les emploiedans divers états de l'esprit, quand bien
mème la vuen'y jouerait aucun rnle.Suivant!a remarque de
Gratiolet~un homme qui rejette énergiquemeutune proposi-
tion fermeraprMtqtM*Acoupât'les yeuxetdétournera Jat&tc,S'il acquiesce au contraire il cette proposition, il inctinefa
anormattvcm<'tttla i~tc <'nouvrant lar~ctuont les yeux. Dans
ce t!ot'tucrcMs,ttMg'!tcommes'it voyaitc!ah'etHentia chose
cUe-m~me,et, dans le premier CMS.conmnos'il ne !a voyait
pas ou ne voulait pa~ lavoir. J'ai vctnarquequ'en déct'ivant
un spttctach'hot'ribtc, certaines pct'sonncsfermaient souvent
h's yeuxde temps&autre et avec force, on secouaient!a tête
commepottr ne pas voir ou repousser un objet désagréable;
je me suis pris tnoi-tuemcà fermer fortementh's yeux tandis
que je songeaisdansi'obscuritë &unspectac!?effrayant. Lors-
qu'on tournebrusquement lesregards vers un objet, ou qu'ontes promette «utour de soi. on élevé tou)otn'stessourcils de
mantÈre !'tpouvoir ouvrir vite et grandement les yeux h'
docteur Duchennefait observer~qu'unepersonnequi faitappelAsa mutnoirerel&vesouvent les soureilsconuuc pour voir ce
qu'elle cherche. Un Hiudona communiqueà M. Erskiue la
même remarque relative à ses compatriotes.J'ai observeune
jeune dame qui fai~it de grands eubrts pour se rappeler le
nom d'un peintre elle fixaitses regards sur l'un des anglesdu plafond, puis sur l'angtc oppose, en relevant le milieu
du sourcilcorrespondant, quoique,bien entendu, il n'y eut là
rien qui attirAtsa vue.
Oans la plupartdescas précédents,nous pouvonscompren-dre comment les mouvements associés ont été acquis par
l'habitude mais chez quelques individus certains gestesbizarres et certains tics se sont montrés associésA certains
états de l'esprit par des causes tout & fait inexplicables~et
7. Jtf<CaM<!<M'</<'f<tp~~M~M<<&!tm<«<M,<8S2,p. iT.
MSHABtTUPEatUTtt.KS. a!,
sont indubitabtemeni uér~dttatres. J'a! rapporte atHcurx, d'a-
près mon observation peMounoûe, l'exempte d'un g<!st<tcx-
tMtOKMnait'oet compUqué, associé à des scntïmcatsag't'éHh~tt,
qui s'est tt'an~mtsdu p&n' si ht << Les cris anatoguet" n<'
M.D<* t'aWfttK'MdesaHWMMtcet< ~<tH~<«M~<'<M/<!<m''<*(~la efomes-
~<M<«Mt,vol. Il, p.H(trad.frau~. par Moutinic).L'héréditédesgestesha.
bituelsest pour nous un tait si important,que je m'empressede rap.
porter,aveclapermissionde M.F.Cation,et enme servantde sespropres
termes,cette remarquableobservation <tt~ récit suivant,relatif à
ttno habitudequi s'est rencontrée dans trois générations consécutives.
emprunteun intérêtparticuticra cette circonstance,que te gestese pro.doit seulementaumilieud'un protOndsommeilet que par conséquentil
ne peut&trerapporté&l'imitation,maisdoit être considèrecommeab.
aotumentnaturel.Cesparticularitéssont entièrementdignesdefoi, car
j'ai pris à ce sujet des infonnationspréciseset je parte d'après des te-
moignagesnombreuxet mdepcndants.Un personnage occupant une
grande positionétait sujet, comme le découvrit sa femme,Ml'étrangehabitudequevoici lorsqu'ilétait étendu sur le dos dans son lit et pro-tbndementendormi,il élevait le bras droit lentement au-dessusde son
visagejusqu'au niveaudu tront, puis t'abaissait par une secousse, eu
sorteque le poignettombait pesammentsur te dos de son nez.Cegestene seproduisaitpas chaque nuit, maisseulement de tempsen temps,et
il étaitindépendantde toutecause appréciable.Parfois il se répétaitcons-
tammentpendantuneheureou plus. t.e nezdecet individuétait proemi'nontet fut souventmeurtri des coupsqu'il recevait; chaquefoisqu'unemeurtrissureétaitproduite, elle était lente&guérir, parfe que les coups
qui t'avaientcauséerecommençaientchaquenuit. Sa femmedut enlever
le boutonde sachemisede nuit, avec lequelil s'écorchaitcruellement,et t'en cherchale moyende luiattacher le bras.
aPlusieursannéesaprèssa mort, son uts se maria avecunepersonne
quin'avaitjamaisentenduparler decetteparticularitéde tamitte.Cepen-dantellent précisémentlamêmeobservationsur son mari; mais te nex
decelui-ci,n'étant pastW'stong, n'a jusqu'icijamais souffertdes coups.Le tic n'apparattpas toroqu'itest dans le demi-sommeil,comme par
exemplolorsqu'ils'assoupitsur son fauteuil,mais il peut commencer
desque le sujetest profondémentendormi,tt est intermittent comme
chezson père; parfois il cesse pendant plusieurs nuits, parfoisil est
presquecontinudurant une partiedechaquenuit. tt s'accomplit,comme
chezson père,avecla maindroite.
Unde ses enfants,une Htte,a hérité du m~tnctic. Ellese sert aussi
de la main droite, maisd'une manière un peu différente;après avoir
30 PHtNCn'HPKL'ASSOCtATtON
manquent pas. Fu autre exemplecurieuxd'uu geste MxaM'e
h6t'6diiairt',associé&un désir,serarapporté dans le cours de
c<'votume.
n est d'autres actes qui sontcommunémentaccomplisdanscf]fttnnes circchstahct'x,ihdepMtdKmnt<t!tde t'habitude, ci
qui paraissentdusA l'imitatioMou Aunesorte de sympathie.Ainsi on peut voir certains individusMmuer Icut' mAchoi~
ot môme temps que les httutchcs d'une p<nr<!de ciseaux.
torsqu'its s'en servent pour couper quelquechose. Quandles
enfants apprennent à écrire, ils tirent souvent !a langue c<
t~ contournent d'une manièrerisible en suivant les mouve-
tncnts de leursdoigts. Lorsque,dans unHeu puMic,un chan-
teur est prissoudaind'un tegerenrouement,onpeut entendre
plusieurs desauditeurs se gratter le gosier, ainsi que me l'a
assure une personnedigne de foi; mais ici l'habitude entre
probablement en jeu, vu que nousnous grattons la gorgedons tes mêmescirconstances.Onm'a aussi raconteque dans
tes parties de sauts, lorsquele joueur prend son étan, plu-sieurs des spectateurs,qui sontgenératcmentdes hommesou
de jeunes garçons, remuent les pieds; mais 1&encore l'ha-
hitude joue son ro!e, car il est très douteuxque des femmes
agiraient de même.
~c<MM<f~/fM'M. Lesactionsré(!exes,dans le sens strict
de ce mot, sont dues &l'excitationd'un nerf périphérique
qui transmetson inHuencc&certainescellulesnerveuses,les-
queHcs,i1 leur tour, provoquentl'action de musciesou do
~tandes'détermines; toutecette série de phénomènespeut se
<cvcte bras,ellene laissepa:)tepoignetrétombersurle dosduncl,maisaveclapaum''de lamaindemUenN~eettcfrappeda hautenbasfiepetitscoupsrapidessursonnez.Cephénomènese produitaussichezcetteenfantd'unemanièretrèsintermittente,taniOtcessantpendantdespériodesde plusieursmois et tantôt reparaissantd'une manière presquecontïauc.
MB MABtT~M UT~KS 37
produire sanaprovotjucraucunesensaiïpa, sansque nous en
ayoosconscience,au moins dans certains cas. i'iusieurs ac-
tions retlexcs étant très expressives, nous devons ici nous
ëteodrequelquepeu sur ecsujet. Nous verrons onoutre que
quc!~es-UHesd'eNtreeHesarrivent A Meconfondreavec les
actesproduitspar {'habitudeet MeuventA peine en être dis-
tinguées". l~atouxet l'eternuementsont des exemples fami-
liors d'actions réflexes. Chexleti enfants, le premier acte
respiratoire est souventun éternuetnent, bien quii cxïge les
m'tuvetnotts coordonna de musclesnombreux, la rospira*tion est en partie volontaire, maisottc est surtout rénexe, et
c'estsansl'intervention de la volontéqn'cUe s'accomplit de
ia fa~onia plus natureHc'et la plus rémunère. !'n nombre
considcraMede mouvements comptexcs'ttontde nature r6-
Hexe.t!n des meilleurs exemplesqu'on en puissedonner est
celui de la grenouille décapitée,qui ne peut évidemment
sentir ni aecontpnr aucun mouvement dont cU<!}«' rende
compte cependant, si l'on ptacc une goutte d'acide sur ta
face inférieurede lit.cuisse d'une grenouille dans cet état,<'Ut'essuierala goutte avec la face snpét'icnrc du pied du
mcmccote; si on coupe le pied, elle ne pourra plusexécuter
ce mouvement;'<en conséquence,après quelquescuorts in-
fructueux,elle renonceace moyenet parait inquiète, comme
si, dit Ptinger, elle est cherchait quelque autre; enfin elle se
sert de l'autre jambe et réussit Aessuyer l'acide. Certaine-
ment nous n'avonspas ici seulement de simples contrac-
tionsmusculaires,mais bien des contractions combinées el
LeprofesseurHttïtcyremarque(~aMcn~n'y~'A~M~y,5" edtt.,p.M~h'ad.par E. DaUy)que!c9actionsrcnexespt'cprM&la moeth-''piniercsontMa<MMM<t;maisavect'aideducerveau,c'cs)-~d!reaumoyende t'tt&bHude,une inMnited'actionsrencxcs«W~M peuventêtreac-f)U)8c$.Virchowadmet~«mm<<mc«'<<*A<t/Ï.~<f~ <'?.<c~' dusK«c~<f«a<H'i<!7<,<s.24,3t)<tuocertainesactionsn'Mexcsne peuventguèreêtredistinguéesdes infuncta;ett'enneut ajouter<}ue,parmice!derniers,nenestqu'pnnepeutdistinguerd'habitudesm'rOiitaircs.
M PtnXCU'K OE L'AMOCiATtOS
arrangées dans un ordre déterminé pour un but spécwl.Rllesconstituent d<*«actesqui p«raissententièrement guidés
par 1 intelligenceet provoquéspar ta volonté,chezun aninMl
auquel on a pourtant enlevé I'organ<'incontestéde l'inie!-
tt~encc et de la vuitiôïï 10.»
<tnvoittfMsëmcntkdtBërencequi existe entre les mouve-
<nent!!réHexeset les mouvementsvolontaireschez les très
.{euncsenfants ils sont incapables,me dit Sir Henry liol-
hmd, d'acconiptir certains actes pins ou moins analogues&
t'eternuement et Ata toux; ils sont incapaMes,par exemple,de se moucher (c'est-à-dire de presser la nez et de soufner
violemment A travers l'orifice rétréci), ni de débarrasser
tourgorge des crachats. H faut leur apprendre A accomplircesactes, qui leur deviendront,lorsqu'ilsseront un peu plus
Ages,presque aussifacilesquedes nctionsréiïexes.t/eternuc-
ment et la toux cependant ne sont guère ou point du tout
soumisA la volonté tandisque les actes de nous ~atter la
~orge et de nous mouchersont entièrementvolontaires.
Quand nous avonsconsciencede ta présence d'une par-ticule irritante dans nos narines ou nos voiesaériennes,
consciencequi nous esttransmisepar l'excitationdes mêmes
cellules nerveuses sensitivesque dans le cas de l'étcrnuc-
mentou de la toux, nouspouvonsexpulservolontairement
ce corps étranger en poussantde l'air avec force A travers
ces conduits; mais l'action de notre volonté n'a jamais A
beaucoup près autant d'énergie, de rapidité et de précision
que xi l'action réHcxeintervient.Dansce dernier cas, appa-
rejnmcnt, icscethues nerveusessensitivesexcitentles ceUutes
nerveusesmotrices, sans qu'il y ait eu dél)erdition de force
par tcLcommunicationpfeaiaMcaux hémisph&rcscérébraux,
si~c de la conscienceet de la volition. En tout cas, i!
semble exister un contraste profond entre des mouvements
10.Jeteur MautMcy,~o<~(u~3f«M~<870,p.t).
MRSitÀHtTUPRSUTttM, M
McntiquM, surent qu'tk sont régis par tu votùnië ou par
une cxcttaUon Fé<t<'xe, MhUvement A t'~ne~ic aveci<M}neHa
t!s sont accotnphs 6t A t& facUtté avec <a<~totk ils sont pro-
voques.« L'tnHMenct'du cerveau, dit Claude Mcrnard, tend
d<MM&, entca~Y~i'tea ttMUVcmeuts t'éHexcs, &i!mitet' teur force
et tour étendue".
Il sutïit parfois du désir raisonné d'accomplir un acte
réilexe pour arrêter on interrompre son accomplissement,
malgré l'excitationdes nerfs sensitifsappropriés. Kn voici
un exempte il ya plusieursannées,je fisavecune douzaine
de jeunesgens une petite gageure; je pariaiqu'ils priseraient
sans étemuer, bien qu'ils m'eussentdéclaré qu'en pareil cas
ils éternuaient toujours.Enconséquence,ilsprirent tous une
petite prise; mais comme iïs désiraient beaucoup réussir,
aucun d'eux n'étornua, bien qu'ils eussentdu tartnoionent,
et tous, sans exception,durent me payer l'enjeu. Sir M.Mot-
land remarque~ que l'attention portée à l'acte d'avaler en
entrave les mouvements; ce qui explique sans doute, au
moinsen partie, ladifficultéqu'éprouvent certaines personnesAavaler les pilules.
Un autre exemple familier d'action réucxe est l'occlusion
involontaire des paupières lorsque la surface de tœil vient
& ctm touchée. Un pareil clignement se produit lorsqu'un
coup est dirigé vers le visage; mais c'est la, A proprement
parler, un acte dérivant do l'habitude plutôt qu'une action
réttéxe; car le stimulus <"<ttransmis par t'intcrmédiaire de
l'organe pensant, et non par l'excitation du nerf périphé-
rique. La tête et le corps tout entier sont en tncme tempsle
plus souvent brusquement rcjetés en arrière. Nous pouvons
cependant modincrces derniers mouvements si le dangerne paratt pas trop imminent¬re imagination, mais il ne
t Voyezla trèstnteressantediscussionde toutecettequestionparClaudeBernard,?*fMMe<MH~<8<!C,p.3S3-3KC.
i2.CA<tp<<r<!<Mt]ft'H<<t<PA~Mh~tM8,p.83.
40 t'M~Cn'E OR L'AS80C!ATiON
sufritpasquenotre raisonnousafnrmequece danger n'existe
pas. Je puis citer'un petit faitqui vientAl'appui de ce que
j'avance, et qui ma fort amusé autrefois.J'appuyai un jour
mon visagecontra l'épaisse glace de la cage d'un serpent
~M~<<<M~),au .Mrditt xoologique,avec!a termerésototionde ne pas recuter si le serpent s'élançait versmot mais A
peine avait~Hfrappé la glace, que marésolutions'envola, et
que je Mutâtfn arnèfe Aun nt&h'eoudeuxavec une rapiditéétonnante.Mavolonté et ma raisonavaientété impuissantescontre mon imagination, qui me représentait un danger au-
quel je n'avaispourtant jamais été exposa.LaviolencetFun tressaillementparaitdépendre en parti<'
de la vivacitédo l'imagination, et en partie de l'état habi-
tuel ou momentanédusystèmenerveux.Qu'uncavalierétudie
le tressaillementde son chevallorsqu'ilest fatigué, ou lors-
qu'il sort frais et disposde son écurie;et il reconnaîtra com-
bien est parfaite la gradation depuis le simple coup d'ceil
jeté sur un objet inattendu, accompagnéd'une courte hési-
tation en face d'un danger présumé,jusqu'à un bond si rn-
pide et si viniMnt,que l'animal n'aurait pu probablementfaire volontairement un écart aussi prompt. Lesystèmener-
veuxdu chevaljeune et bien nourri envoiesesordresAl'ap"
parcU locomoteur avec tant de rapidité, qu'il n'a pas ic
temps de juger si le danger est réel on non. Aprfsun pre-mier tressaiUcfncntviolent,une foisqu'il est excitéet que If
sang aMue librement Asoncerveau, l'animal est très disposé&tressaillirencore j'ai remarqué le m~mephénomènechcx
lesjt'um'senfants.
Le tressaillementproduit par un bruit soudain, quand h'
stimulus est transmis par les nerfs auditifs, s'accompagna
toujours chez l'adulte du clignementdes paupières J'ai
)3.Natterob~cne(JMfMM)~«/ My~otop~traduet.anglaise,vot.H,p. mt) queletrcMamemcn~eMtoujoursaccompagné<!el'occlusiondc~
noM~rcs.
DE8HABtTUDE9UTtLM. 4t
remarqua nucontraire chezmes enfantsque le tressaillement
aux bruits soudains,alors qu'ils n'avaient pas encore quinze
joara, ne s'accompagnantpas d'habitude, je dirais presquene s'accompagnait jamais, du clignement des yeux. Le
trcssaUlcmentd'un enfant, plus âge pat'aU répondre & un
vague besoin de prendre un point d'appui pour évïfer dew
tomber. Je secouâtune botte de carton tout près des yeuxde l'un de mesenfants, âgé de tit jours, et il ne cligna pasIf moinsdu monde maisayant ptaco Huelquesdragées dans
la boite, je !a misdansia même pos!t!on, <'tj'ag'!ta!Ïos (tra-
ces; chaque foisrendant cligna des yeux cth'essatHit Jégè-fpmcnt. tï éta!t évidemment imposstbie qu'un enfant soi-
~ncuM'tnentgarde'put avo!r appris pat* expérience qu'un
pat't'i!bruit prèsdo sesyeux était un signe de danger poureux. Maiscetteexpériencea du s'acquérir lentement tl un Age
plus avance, durant une longue suite degénérations; et, d'a-
près cf que noussavonsde l'hérédité, il n'est nullement im-
probable que l'habitude se soit transmise et apparaisse chcx
les descendantsà un plus jeune âge que celui où elle ? été
contractée par les ancêtres.
Les observations précédentes permettent de penser quecertains actes, d'abord accomplis d'une manière ratsonnée,ont été convertisen actes rénexespar 1 habitudeet par 1 as-
sociation et quils sont maintenant si bien fixés et acquis,
qu'ils se produisent, même sans aucun effet utile toutes
les fois que surgissent des causes semblablesA cejlljc&tm,
A t'oripine, en provoquaient chez nous l'acco~~t~~MNt~volontaire. En pareil cas, les cellules ncr~us~sen~ifhfc~~excitent les cellulesnerveuses motrices, sa~comm~uquër~
1~4..v.i1
~4.LettocteurMauds)eyfait remarquer(Ne<~«M~'M~tP. ~c jlesmouvementst~HexesordhtatremcntproposésMu ut!tc P~ ~"7'avectesmodiftcaiiousqu'entrahtcnttesétatspathotogh~e~~rc t~s pu~s!hteaetn~medevenirl'occasiondovivesMMtfranccs
M~an~toCtIt~~duatoa~Hsc. *A(a!<~
M t'MtKCn't! MB t/ÀS80CtAT!OK
auparavant avecles cellulesdont dépendent notre perceptionet notre volition.Il est probable que l'éternucmentet I&toux
ont été originellement acquis par l'habitude d'expulseraussi
violemment que possible une particule quelconque Messaut
sëhsib)Ï!tcdes ~oiës aérîcnnea. L<"t hahitndMtde ce g~nMont eu tout le temps de devenir innées ou de se convertir
t'u actionsréflexes, car ellessont communesà tous ou pres-
que tous les grands quadrupèdes, et ont dû par conséquent
apparattre pour ta première fois à une époque très reculée.
Pourquoi l'actede se gratter le gosier n'est-il pas une action
réilexe, et doit-il être appris par nos enfants? C'est ce que
je ne peux avoir la prétention de dire; on.peut comprendreau contraire pourquoi il a fallu apprendre à semoucherdans
un mouchoir.
Les mouvements d'une gt'enouiHedécapitée qui essuie
sur sa cuisseune goutte d'acide ou qui en chasse un autre
objet sont parfaitement coordonnés pour un but spécial;aussi il est difficile de se refuser à admettre que, d'abord
volontaires, ilssont ensuitedevenussi faciles, par suited'une
longue habitude, qu'ils peuvent finalements'accomplu'd'un<;
façon inconsciente ou indépendante des hémisphèrescéré-
braux.
De même encoM il paraît probable que le tressaillement
a eu pour première origine l'habitude de sauter eu arrière
aussi vite que possible pour éviter le danger, chaque fois
que l'un de nossens nous avertissait de sa présence. Ce tres-
<!aUlcmcnt,ainsi que nous l'avons vu, s'accompagnedu cli-
gnement des paupières qui protègent les yeux, organes les
plus délicats et les plus sensiblesdu corps; il s'accompagne
toujours, je crois, en outre, d'une inspirationrapide et éncr-
giquo qui constitue une préparation naturelle à tout effort
violent. Maislorsqu'un homme ou un cheval tressaille, les
mouvements de son cœur soulèventviolemmentsa poitrine,et on peut dire que nous avons là, l'exemple d'un organe
PKSHAMTUDESUTtLBS, M
qui n'a jamais été sous J'influencede la volonté et qui
prend part aux mouvementsréticxcsgénéraux de l'économie.
NousauronsArevenirsurce point dans un des chapitres sui-
vants.
t<aooatcaotionde i'iris, lornquela rétine est excitée parunevive lumière, ne parait pas avoirété à l'origine unmou-
vement volontaire,qui aurait ensuite été fixépar l'habitude,car on ne connait pasd'animalchez lequel l'iris soit soumis
à l'action directe d<;la volonté.Pour ces cas-là, il reste à
découvrir une explication quelconque, assurément diffé-
rente de l'innuencc de l'habitude. C'est peut-être dans le
rayonnement de la force nerveuse de cellules fortement
excitéesAd'autres cellulesuniesaux premières, commedans
le casou une vivo lumière frappant la rétine provoque l'é-
ternuement, qu'il faut chercher l'origine do certainesactions
réflexes.Si un rayonnementnerveux de cette espace amène
un mouvement qui tend a diminuer l'irritation primitive,commedans le cas où la contraction de l'iris empêche un
excèsde lumière de tombersur la rétine, il a pu par la suite
être utitisé <'tmodifiédans ce but spécial.Ondoit remarquer en outre que les actions réflexes sont,
suivant toute probabilité, sujettes a de légères variations,commele sont tous les détails anatomiqucs et les instincts;et que toute variationqui était avantageuseet suffisamment
importante a d&se conserveret se transmettre par hérédité.
Ainsi les actions réflexes,une fois acquisespour un besoin
quelconque,peuventensuiteêtremodifiées,indépendammentde la volontéoude l'habitude,pour être annotées& un be-
soin déterminé. Cesfaits sontdu mémo ordre que ceux quise sontproduits, nousavonstout lieu de le croire, pour beau-
coup d'instincts si certainsinstincts, en effet, doivent ètre
attribués simplement â une habitude longue et hérédi-
taire, il en est d'autres, très complexes, qui se sont déve-
loppés à l'aide de la fixationdes variations produites dans
44 PRtKCn'RU'ELAMOC~TtOS
les ;Mtincts préexistants, c'est'&'dire A t'otidede ta sélection
naturel.
J'ai traité avec qut'tque tott~neur, quoique d'u~c m<uU&f<'
bien imparfaite, je ie sens, te mode d'acquisition des ac-
tio~ ~êHexes, p~re~ ~M'eHes cntMtttMMventen~
casion des mouvements qui expriment nos émotions; il
était nécessairede tnontrer que quelques-unesd'entre eltes,tout au moins, ont pu s'acquérir d'abord volontairement,dans le but de satisfaire un désir ou d'éviter une sensation
désagréable.
JMOMtWNMM~liabituelsa~W~ C~fZles<MM<MOtt.r.J ai déJA
donné, A propos de l'homme, plusieurs exemplesde mou-
vements associesA divers états de l'et4pritou du corps, quisont maintenant MUtSbut, mais qui avaient a l'origine unf
utilité et qui en ont une encore dans certainescirconstances.
Commecette question est tr6s importante pour nous, je ci-
terai ici un nombre considérable de faits analogues se rap-
portant aux animaux, sans me laisser arrêter au caractère
humble et familierde certainsde ces faits. Je me proposed<*
montrer que certains mouvements ont été accomplisAl'ori-
gine dans un but détermine, et que, dans des circonstances
à peu près identiques, ils continuent encore &se produitf
par l'effetd'une habitude invétérée, quoiqu'ils ne soientplusde la moindrentinié. Le rôle de l'hérédité, dans la plupartdes cas suivants,nous est démontré par !<'fait que ces actes
sont accomplisde la même manière par tous les individus
de la mêmeespèce,sans distinctiond'âge. Nousverronsaussi
qu'ils sont amenéspar lesassociations les plus diverses,sou-
vent indirectes et parfois méconnues.
~nand un chien veut se mettre a dormir sur un tapis ou
sur une autre surface dure, il tourne généralement en rond
et gratté le sol avec ses pattes de devant d'une manièrein-
sensée,commes'il voulait piétiner l'herbe et creuser un trou,
BM MAOUTUMSUTtMBS. 4&
ainsique !o faisaient sans doute sesancêtres sauvages,lors.
qu'i!s vivaient dans de vastes plainescouvertes d'herbe ou
clansles bois, <<eschacals, les fennecs et autres animaux
voisins, au Jardin xootogiquc,se comportent de Jn inemc
mant&rt:avec leur littère; maisc'est un fait assezsingulier"manl,ç.I'lJt~e; mrrisc'erctun fait assezsmgu.c,'
que les gardiens, après une observationde phtsIout'smoM,n'ont jamais vu les loups en fain' autant. Unchien â moitié
idiot, et un animât doit être, dans cette condition, parti-culièrementapte à suivre unehabitudeinsensée, a été vu
par un de mesamis faisanttrente tourscompletssur un tapisavant d'aller dûrmh'.
Beaucoup d'animauxcarnassiers, lorsqu'il rampent vers
leur proie et se préparent &se précipiter ouà sauter dessus,
baissent la tête et se courbent, autant, semble-t-il,pour se
cacher que pour sepréparer à l'assaut c'est cette habitude
pousséeA t'extrémc qui est devenue héréditaire chez nos
chiens d'arrct et nos chiens couchants. Or j'ai remarquénombre de fois qn<?,lorsque deux chiens étrangers l'un &
t'autre se rencontrent sur une granderente, le premier quivoit l'autre, bien qu'Aune distancede cent ou deux cents
mètres, abaisseaussitôt la tète, et le plus souventse courbe
tégèretnent, ou mêmese couchetout Afait il prend, en un
mot, l'attitude qui convientle mieuxpour se cacher et pour
prendre sa course ou son élan. Cependant la route est en-
tièrement libre et la distance est encore grande. Autre
exempte tes chiens de toutes sortes, lorsqu'ils guettent«rdemntent leur proie et s'en approchentpeu à peu,gardentsouvent une de leurs pattes de devant reptiée et soulevée
pendant longtemps ils se préparent ainsi à s'avancer avec
prudence cetteattitude est très caractéristiquechezle chien
d'arrêt. Or, par l'effet de l'habitude, ils agissent exacte-
ment de m~metoutes les foisque leur attention estéveillée
(ng. ~). J'ai vu au pied d'un mur élevé un chien avecune
pntte en l'air, repliée,écoutantattentivement un bruit qui
à~fi j)'B~~PEMt.'A890CtATtO?<
se passait du coté opposé; dans ce cas, il ae pouvait évi-
demment avoir l'intention do s'approcher avec prudence.Les chiens, après &voir fait leurs excréments,grattent
souvent le sol d'avant en arrière avec leurs qaa<Mpattes,
n<~n)e t~Mqu'i~ Mwt Mf Mnpave toMt nu iL Mmbie~u*~aient t'intention de recouvrir d<' terre Jeurs excréments~A
peu pr&i!comme les chats. On voit, au Jardin zoologique,t<*s!nHj{Mtet les chacals se comporterexactementde la m6w
manière et pourtant, d'après ce que m'ont assuré ieu)'s
gardiens, ni les loups, ni les chacals, ni tes renards ne
t'ecouvrentjamais tcurs excréments, pas plus d'ailleurs que
tt:.4.–t'e«t<'htt'MH"<an<u))''))atpt!trc<))f))t)t'<:tbh'.M')th*M)tMMpt«tt~(tM))h)et)<'M.th'Jtandcf.
tes chiens, lorsqu'ils auraient le moyen de le faire. Cepen-dant tous ces auim~ux enfouissent le surplus de leur
nourriture. Ceta nous permet de comprendre la vériiaMc
significationde l'habitude précédente, semblableAcelle des
chats. Kous ne pouvons guôt'e douter qu'il n'y ait là un
vcstig-esans utilité d'un mouvementhabituel, qm avait un
but détermine chez un ancêtre éloignédu genre chien, ci
qui s'est conserve depuis une antiquité prodigieuse.Leschiens et leschacals~ prennent grand plaisir à se rou-
ler et a frotter leur cou et leur échine sur la charogne. !k
paraissent se délecter de son odeur, et cependantles chiens
i S.Voyezt'Mfttoired'un chacatappr!voisé,rapportéepar M.P. H.Salvin,dansLand<Ht<< octobre<M9'.
DES HABtTUHKS UTff.KS. 47
au moinsn'en mangent pas.M.Barttett a fait pour moi des
observationssur les loups; il leur a donné de la charogne.et Mol<*sa jamaisvus se rouler dessus.J'ai entendu faire ht
remarque, et je ta crois vraie, que les gros chiens, qui des.
cendent probablementdes loups, nese roulent pas aussisou-
vent sur la charogne que les petits chiens, qm desccmîcNt
selontoute apparence deschacals. Lorsqu'on offre &un ter-
rier femelle, que je possède,un morceaude biscuit noir, et
que cette chienne n'a pas faim, elle le déchire et te tour-
mentecommesi c'était tin rat on une autre proie ~j'aientendu
rapporter des faits semblables); puis elle se roule dessus <)
plusieursreprises, tout&faitcomme si c'était un morceaud''
charogne; il semblequ'il faille donner un goût imaginaire«
ce morceau peu appétissant,et dans ce but le chien se con-
duit suivantson habitude, commesi le biscuit était un ani-
mal vivantou commes'il avait l'odeur de la charogne, bien
qu'il sache mieux que nous qu'il n'en est rien. J'ai vu ce
mêmeterrier agir dpmêmeapr~s avoirtue un petit oiseauou
unesouris.
Leschiens se grattent par un rapidemouvement de leurs
pattes de derrière et lorsqu'on leur frotte le dos avec un''
canne, si forte est l'habitudequ'ik nopeuvent s'empêcherde
gratter vivement l'air ou le sol d'une façon absurde et qui
prête Arire. Leterrier dontje viensde parler exprimaitpar-fois sa satisfaction,lorsqu'onle grattait ainsiavec unecanne,
par un autre mouvementhabituel, c'est-à-dire en léchant
l'air commeil aurait pu lécher ma main.
Les chevaux se grattent en mordillant les parties de leur
corps qu'ils peuvent atteindre avec leurs dents; maisle plussouvent un chevalmontreà un autre l'endroit ou il a besoin
d'être gratté et tous les deux se mordillentréciproquement.Unami dont j'ai appelé l'attention sur ce sujet a observé
que, lorsqu'il caressaitle cou de son cheval, l'animal avan-
çait la tête, découvrait les dents et remuait les mâchoires.
M PRt?!CH*E CK L'ASSOCtAT'ON
exactement comme s'il mordillait le cou d'un autre cheval;
car il va sans dire qu'il m'aurait pumordreson proprecou.
Si on cheval est fortement chatouillé, comme lorsqu'onl'e-
triHe, son désir de mordre devient si irrésistible. qu'il fait
c!aqucr se~ ~eMts!es uaes contre les aatfes~ et, sans 6tce
vicieux,peut mordre son palefrenier en m&metemps, par
habitude, il couche fortement ses oreilles, de manière à les
préserver des morsures,comme sil se battait avec un autre
cheval.
t'n cheval impatient de prendre sa coufse imite te ptuss
possiblele mouvement habituel de la marche en piétinantla terre sur place. Lorsque ensuite, rentré dans sa stalle
d'écurie, il va recevoirsa nourriture et attend impatiemmentson avoine, il piétine encore le pavé ou sa litière. Deux
de mes chevaux agissent ainsi quand ils voient ou enten-
dent tju'on donne t'avoine a leurs voisins. Dans ce cas, il
est vrai, nous nous trouvons en présenced'une expression
proprement dite Apeu près complète; car le piétinementdu sol est universeltement reconnu pour un signe d'impa-tience.
Leschats recouvrent (!e terre tous leursexcréments;mon
grand-père"~ a vuun petit chat amasserdes cendres sur une
cuilleréed'eau pure renversée devant le foyer voilà donc
un acte habituel ou instinctif, provoquéà tort, non par un
acte préalable ou par une odeur, mais par la vue. C'est
un fait bien connu que les chats n'aiment pas &se mouiller
les pattes, ce qui tient probablement à ce qu'ils ont origi-nairement habité sous le climat sec de l'Egypte; lotsqu'Hsmouillent leurs pattes, ils les secouentvivement. Ma fille,
ayant vot'sé de l'eau dans un verre tout près de la tête
d'un petit chat, le vit aussitôt secouers<*spattes à la manière
<<DocteurOarwin(ZoeMOMtt~<7M,vol. p. iCO).J'ai tmMvciefaitqueleschatsétendenticur!pattestorsqu'Mséprouventduplaisir,men-uonnéegatetncntdanscetouvrage(p.<S<).
MSMAtUTUJ~SU'nt.Ea. 40
4
ordinaire voilà donc encoreun mouvementhabituel excité
~ns motif, non par le sens du toucher, mais par un son
associé.
J~ petits chats, les petits chiens, les petits cochons, et
pMbaMeme~ beaucoupd'&~res jeunes animaux, frappe~alternativement avec leurs pattesde devant contre les ma-
melles de leur mère, pour exciter la sécrétion da lait ou
pour en faciliter l'afflux. Or il est très communde voir les
jeunes chats, et pas rare du tout de voirles vieux chats issus
de !a race communeet de la race persane (qui, suivant
quelques naturalistes, n'existerait plus à l'état de pureté),
alors qu'ils sont couchés commodémentsur un châle bien
chaud ou sur un autre objetmoelleux,le presser doucement
et alternativement de leurs pattes de devant; leurs doigtssont alors étendus et leurs griOesun peusaillantes,absolu-
ment comme lorsqu'ils tetaient leur mère. Ce qui prouvebien que c'est I&le même mouvement,c'est que souvent ils
prennent en même tempsun bout du châledans leur bouche
et se mettent à le sucer; ils fermentalors généralement les
yeuxet font entendre un ronron decontentement.Cecurieux
mouvementn'est ordinairementexcitéque par associationà
la sensation d'une surfacechaudeet moelleuse;j'ai pourtantvu un vieuxchat qui, lorsqu'on lui faisaitplaisir on lui grat-tant le dos, battait l'air de ses pattesde la même manière;
cet acte est doncApeu près devenul'expressiond'une sensa-
tion agréaMe.
i'uisque j'ai parlé de l'actionde téter, je puis ajouter quece mouvementcomplexe,aussi bien que l'extensionalterna-
tive des pattes de devant, sont des actionsréflexes en effet,on les voit se reproduire lorsqu'onplaceun doigt mouillé de
lait dans la bouche d'un petit chienauquel on a enlevé !a
partie antérieure du cerveau' Ona récemmentconstaté, en
17.Carpenter,Mndp!<'< comparativoM~oh~, <8S4,p. 460,etMOMer,~emcM~o/'M~ocy,trad.angtaiM,vol.Il, p, MC.
M PtUNCttK DE LAMOCtATION
France, que facto de totcr est provoqué uniquement parl'intermédiaire du sens de l'odorat; s! l'on détruit les nerfs
olfactifs chez un petit chien, il ne tette plus. Domême,la
remarquablefaculté que possède le poulet, quelques heures
Apeine après réclostôh, de becqueter d~peti~ miettes pourse nourrir, parait éveilléepar !c sens de l'ouïe; car, chez(tes
pouletséclos par la chaleur artûicielle, un bon observateur
a pu, «en frappant avec l'ongle contre une planche, de ma-
nière &imiter le bruit que fait la mère, leur apprendM A
picorerleur nourriture18
Je ne donnerai plus qu'un seul exempled'un mouvement
habituel et sans but. Lecanard tadornevit sm'les sablesquela marée laisse Adécouvert, et quand il aperçoit la trace d'un
ver, « il se met Apiétiner te sol en dansant, pour ainsi dire,
au-dessusdu trou cequi fait sortir le ver. OrM.Saint-Sohn
rapporte que lorsque ses canards tadornesapprivoisés « ve-
naient demander leur nourriture, ils piétinaient le sol d'un
mouvementimpatient et rapide' o. C'estdonc la en quelque
sorte, chez cesanimaux, une manière d'agir expressivede la
~im. M.Bartiett m'informeque le flamant et le kag'u (rhino-
c/teftMjM&~u<),lorsqu'il leur tarde de manger, battent lu
terreavec leurs pieds de la même façon bizarre. Demême
encore,quand les martin&-pechcursprennent un poisson,ils!efrappent toujoursjusqu'à ce qu'ils l'aient tué or au Jardin
zoologiqueils frappent toujours la viande crue dont on les
nourrit, avant de la dévorer.
Nousavons, je pense, suffisamment démontré notre pre-mier principe, que je formule encore une fois quand une
sensation,un désir, une répugnance, etc., a provoquédurant
une longue série de génératioM un.certain mouvementvo-
is. Mowbray,/*oKM~,6*edUt.,t83C,p.St.<C.Voyezceque rapportecet excellentobservateurdansWM<iSp<~
o~Ae~&MK~ <8~ p.<4:.
DESMABfTUBMUT~KS. &t
tontajtre,une tendance&l'accomplissementde ce même mou-
vementest miseen jeu presqueAcoupsur toutes les foisque
survient, mcmo&un faible degré, ta mêmesensationou une
autre sensation analogue ou associée, alors mémo que ce
mouvementn'aurait plua, dans Je c~s actuel, aucuneutttitc.Lesmouvements habituels de cet ordre sont souvent, sinon
constammenthareditah'eg,et diu'erentpeu desiorsdesactions
rôuexes. Quand nous parlerons des expression);spéciales de
l'homme, on rcconnaitt'a la justessede la dernière partie de
notre premier principe, te! qu'ii a été donnéau connnence-
HMntdece chapitre savoir, quetorsqucdesmouvementsaNSo.
eiés par t'habitndc Acertainsétats d'esprit sont partiellement
réprimés par ht volonté, certains muscles entièrement ou
incomplètementindepoodantade l'actionde la volontépeu-vent néanmoins se contracter, et leur actionest souventtrès
expressive. Rccipronuonent, lorsque la volonté est auaiblic
d'une façon temporaire ou permanente, les musclesvolon-
taires font défaut avant les musclesinvolontaires.C'est un
fait bien connu des patholog'istes,comme le remarque Sir
Ch. Beil~ « Lorsqu'uneaKectiondu cerveau produit de la
faiblesse,soninfluencesefait sentir davantagesur les muscles
qui sont, a l'état normal, placéssousl'empire le plus immé-
diat de la volonté. Dans les chapitressuivants, nous nous
arrêterons sur une autrepropositionoontenueaussidans notre
premier principe savoir que, pour réprimer un mouvement
habituel, il faut parfoisexécuterd'autres légers mouvements,
qui serventeux-mémesa ,1'exprcssion.
20.F~owpMca~Tt<tMMc<~n~<M~p.<3*
<
CHÂMTRE IL
t'MNCn'ESGtMBHAUXt)B~BXPR!MStOM.
(St)!te.)
t'rtndpedet'aoMtMM.BiMmptescheztechienetlechat. od~aeduprincipe.M~MconwMM<'M))ob.mprincipe<)ot'antttt~Mn'apaspouroWeh"e<te'!
act)otM<tpp<'<<ottace<t)ap)teseMconMa<aMneedeMUMMueftHOuenced'ttnput*rictianeappos~itaaceompltesencaaantesnncedor,duaaaaua1`induencod'iwpul·sionicppot&ee.
PassonsAnotre secondprincipe, le principe de rantHhèsc.
Certainsétats d'esprit, ainsi que nous t'avons vu dansledef-
mepchapitre, amènent cert&msmouvementshabituels, dont
rutUitëa été l'éelleprimitivement et peut t'Atreencore; nous
aUonsvoir maintenant que, lorsqu'un état d'esprit tout à fait
inversese produit, il se manifeste une tendanceénefgique et
iKvoiontait'e& des mouvements également inverses, bien
<;u'i!sn'aient jamais été d'aucune utilité. Nousdonnerons
quelquesexemptesfrappants d'antithèse quand nous traite-
rons desexpressionsspéciales à l'homme; mais c'est surtout
dans les cas de ce genre que nous sommesexposésà confon-
dre des attitudes et des expressions conventionnellesou
artiticieHesavec cellesqui sont innées ou universelles,et quiseulesmentent d'être rangées parmi les expressionsvérita-
bles c'est pourquoi, dans ce chapitpe-ci, je prendrai pres-
que exclusivementmes exemples dans les expressionsdes
animaux.
Lorsqu'unchien d'htuneaf faroucheou <~ressiverencon-
tre un chien étranger ou un homme, il marchedroit et en
MitKL'A!<TtT!t~!H!.
se tenant très raide; sa t~taest légèrementrelevéeou un peu
abaissée ln queue se tient droite en l'air, les poils se héris-
sent, surtout le tong du couet de l'éch!ne les oreillesdres-
sées se dirigent en avant, et les yeuxregardent avec fixité
(voyezjcsijtg. &et ?). Cesparttculantés,ainsi qu'il seraexpli-
que ci-après, proviennent de l'intentionqu'a Je chien d'atta-
quer son ennemi, et sont ainsi pouf la plupart facilesa com-
prendre. S'il se prépare &cancer sursonadversaire avec un
grognement sauvage, les dents caninesse découvrent et les
oreilles sonteomptetomentcouchéesen arrière contre la Mte;nous n'avonspas à nous occuperpour le moment de cesder-
niers actes.Supposonsmaintenantque ce chien reconnaisse
tout a coup que l'homme dont il s'approche n'est pas un
étranger, maisson mattre; et observonscomme tout son ~trc
se transformed'unemaniere complèteet soudaine.Au lien de
marcher redresse, il se baisseou mêmese couche en impri-mant à son corps des mouvementsflexueux; sa queue, ait
lieu de se tenir droite en t'air, est abaissée et agitée d'un
côtéai antre; instantanémentson poildevient lisse; sesorcit-
lessont renverséesenarrière, mais sans~tre appliquées con-
tre la tète, et seslèvres pendent librement.Par suite du ren-
versementdcsorciuesen arrière, lespaupières s'allongent, et
les yeux perdent leur aspect arrondi et nxe. Ondoit ajouter
qu'A ce moment l'animal est dans un transport de joie, et
qu'il y a productionen excèsdo force nerveuse, ce qui duit
naturellementproduire une activitéquelconque. Pasun seul
des mouvements précédents, qui expriment l'auection avec
tant de clarté, n'est de la moindreutilité pour l'animal. tl"
s'expliquent, a ce qu'il me semble,simplement parce qu'ilssont en oppositioncomplète ou en antithèse avec l'attitude
et les mouvementstrès intelligiblesdu chien qui se prêtreau combat, et qui expriment la colère. Je prie le lecteur de
jeter tes yeux sur les quatre croquisci-joints, qui ont pourbut de rappeler d'une manière frappante l'aspert d'un chien
Mt PBtKCtPE
dans ces deux états d'esprit. tl n'est pas aisé du reste de
représenter l'aifection citexun chien qui caresseson maître
et remue la quelle, car ce (lui constituesurtout son expres-
sion, c'est l'ondulation eontinuiOllode sea mouvements.
t'arlons maintenant dtt chat. Lorsquecet animât est me-
nacé par nn chien, il courbe son échine d'une façonsurpre-
nante, hérisse son poil, ouvre la boucheet crache; nousne
nous occuponspas ici de cette attitude bien connue,qui ex-
prime ta terreur associéeA la colère. Nousnous occuponsseulement de l'expression de la fureur ou de la colère, quel'on n'observe pas souvent, mais qui se manifestecepen-dant quand deux chats se battent ensemble;je l'ai vuebien
marquée chez un chat sauvage que harcelaitun jeune gar-con. L'attitude est presque identique A celle d'un tigre quel'on dérange pendant sonrepas et qui grogne, ainsique cha-
cun a pu le voir dans les ménageries. L'animai prend une
position allongée, en étendant le corps, et la queue tout cn-
ticre ou son extrOnitc seule, repliée ou recourhee,se ported'ttn côté Al'autre. Lespoils ne sont nullementhérisses. A
cela près. l'attitude et lesmo~vetnentssontpresquelesmêmes
que lorsque l'animal se prépare A s'élancersur sa proie, et
cluesa férocité est assurément éveillée.Maislorsqu'ilseprë'
pare au combat, il y a cette diu'ércnce que les oreilles sont
fortement couchées en arrière la gueule est entr'ouverte et
laisse apercevoir les dents; !cs pattes de de vautsont parfois
jetées en dehors, les griffessaillantes; parfoisaussi, l'animal
pousseun grognement farouche (voyezBg.9 et tO).Tousces
actes, ou Apeu près tous, proviennent naturellement(ainsi
qu'il sera expliquéci-apre~)de la manièredontle chatsepro-
pose d'attaquer son ennemi.
Examinonsmaintenant une chatte d'une humeur absolu-
ment inverse,au momentoù elle exprimesonatïcctionAson
maître par des caresses,et remarquons quel contraste frap-
0!ÏL'A!<rtTH&SK. Ot
pant existedans sonattitude. Elle se redresse, le dos légère-
ment recourbé, ce qui soul&veun peu ses poils, mais sans
tes hérisser; sa queue, au lieu d'être étendue et de fouetter
SfsCanes, est tenue tout A fait raide et s'élève perpendicu-
jbumment.;sesonBHteaso et pointues; sagueule est
fermée; elle se frotte contre sonmaître et le ronronremplacele grognement. Observonsencore à quel point le chat, dans
la manière d'exprimer son affection,diSore par toute sa ma-
nière d'être du chien, qui caresseson maitre le corpscourbé
et ondulant, la queue abaisséeet mobile,et les oreilles tom-
!Mtntes.Unpareil contraste dans les attitudes et les mouve-
ments de ces deux carnassiers sons l'empire du même état
d'esprit agréable et tendre, ne peut trouver une explication,me semble-t-il,que dans l'antithèse complètede ces mou-
vementsavecles mouvements naturels a ces animaux lors-
qu'ils sontirrités et se préparent à combattreou à saisir leur
proie.Dansles casprécédents, relatifs au chien et au chat, il y a
tout lieu decroire que les gestes qui exprimentl'hostilité et
l'affectionsont les uns et les autres innés ou héréditaires;i
car ilssontpresque identiquementles mêmes dans les dim!-
reutes racesde ces deux espèces, et chez tous les individus,
vieux oujeunes, de la même race.
Je vais donner un nouvel exemple du rôle de l'antithèse
dans l'expression. J'ai possédéautrefois un gros chien, qui,comme tousles chiens, aimait beaucoupà aller a la prome-nade. H exprimait son plaisir en trottant gravement devant
moi, A pas comptés, la <Atetrèshaute, les oreilles un peurelevéeset la queueen l'air, mais sans raideur. Non loin de
ma maison,un sentier s'offrea droite, qui conduit a la serre:
j'avais l'habitude de la visiter souventpendant quelquesmo-
ments pour regarder mes plantes en expérience.C'était tou-
jours pour monchien l'occasiond'un grand désappointement,
parce qu'il ne savait pas si je continueraisma promenade
M PKtHPtPE
il était risibtûde voir le changement d'expression soudain
et radical qui se produisait chez lui des que j'inclinais le
moinsdu mondeverftlesentier, ce que je fai~Mparfois uhî-
quem<!ntpour t'obsor~'er.Sonregard at~attuétait connu de
t~ts !6smemhrc~ de ma~miHc, et on t'~serre.
Voicien quoi il consistait la t~te s'abaissait beaucoup;tout ie corpss'abaissait un pou et demeurait immobile; les
oreilles et la queue retombaient brusquement, sans que la
queuetût du resteagitée; cesoreittes basses,AcesmachoiMS
pendantes,s'ajoutait un grand changement dansl'aspect des
yeux, qui me paraissaient moins brillants. Sa mine piteuse
exprimait un profonddésespoir; ét, commeje l'ai dit, elle
était risible, vu la cause insignifiantequi l'avait provoquée.
Chaqueparticutat'ité de MMattitude était en oppositioncom-
plèteavecsa précédente allure, p!eine &la fois d'a!te~resseet de dignité; il me sembleqtt'ctie ne pouvaits'expliquerau-
trement que par le principe de l'antithèse. Si le changementn'avait pas été aussi instaata~ne,j'aurais attribué cet~attitnde
&la réactiondeson abattement sur les systèmesnerveux et
circulatoire, ainsi qu'on le voit chex t'homme, et par suite
sur lu tonicité de tout son apparei! muscutaire;il est même
possibleque cette cause entrât pour quelque chose dans la
productiondu phénomène.
Nous allonsvoir maintenant quelle est l'origine du prin-
cipe de l'antithèse. Chez tes animaux qui viventen société,il estde la plus haute importancede pouvoir communiquerentre membres d'une mcrne communauté; chez les autres
espèces, ce même besoin existe entre les animauxde sexes
diSerents,entre lesjeunes et les vieux. Ce but est ordinaire-
mentatteint au moyen de la voix, mais il est certain que les
gesteset les signes expressifsservent aussijusqu'à un cer-
tain point &se comprendre mutuellement. L'hommene s'est
OELA~TttMÈSt!. M
pasborné Al'usage de cris inarticulés, (h*restes et de signes
expressifs;il a inventé le langageinartictué, si tant est qu'on
puisseappliquer lemotd'MK~MMtà unprogrèsaccompligrâce
a d'innombraMcspprfectionnemcntsapeineraisonnes.1! suffit
d'avoir observ singes pourêtre convaincuqM'ibcompren-nent parfaUementles gestes et les signes tes uns df's autt'es.
et dans une large mesure ceuxde l'hotnme, ainsi que l'af-
nrtne Heugger Quand un animal va en attaquer un autre,
on a peur d'un antre, il se donne souventun air terrihte en
hérissant ses poils, ce qui le fait parattro plus gros, en
montrant ses dents, en brandissant ses cornes. ou en pous-sant descris féroces.
Le pouvoir de communiquerentre eux est certainement
d'une trèsgrande utilité &beaucoupd'animaux; aussi n'est-
Hpas a priori improbahte que des gestesmanifestementop-
pose!!&ceuxqui exprimaient déj&certains sentiments aient1
pu à l'origine se produire naturellementsous l'empire d'un
sentiment opposé; le fait que ces gestes sont maintenant
innés ne suffit pas pour empêcher do croireclu'ils aient puêtre accomplistout d'abord intentionne!!ement car ils ont
dû probaMement,après plusieursgénérations, devenir héré-
ditaires. Quoi qu'il en soit, il est plus que douteux, comme
nous allons le voir, qu'aucun descas auxquelsva s'appliquerle principede l'antithèseait une pareille origine.
Dessignesconventionnelsqui nesontpasinnés, telsqueceux
qu'emploient tes sourds-muetset les sauvages, ont en par-tie mis en œuvre le principed'oppositionou d'antithèse. Les
moines de Ctteauxcroyaient commettreun péché en par-
tant ils inventèrent un langage mimiqueou le principe de
l'oppositionparaît avoir été employé Ledocteur Scott, de
t. JVa<M~<wA~ederSo~tAfefcCM<Po~May,<MO,9.S5.X.M.Tylorparledutangagemimiquedesmo!ac9deCttcauxdansson
(..
<M pKtNCtpe
l'institution des sourds-muets d'Ëxeter, m'écrit que « les
oppositionssont très usitées pour l'instruction des sourds-
muets, (lui les sentent très vivement Cependant j'en été
surpris du petit nombre d'exemples incontestablesque l'on
peut en donner. Cela provienteMpartie <1&ce~M tona jte&
signes ont CMordinairement quelque origine naturelle, et
en partie de l'habitude prise par les sourds-muetset par les
sauvagesd'abréger le plus possiblecessignes pourtes rendre
plus rapides Oe vient que leur sourceou leur origine est
souventdouteuse on même complôtetnentperdue, ainsi quecela serencontrepour le langage artMMié.
Beaucoupde signes, d'ailleurs, qui sont évidemmentoppo.sés les uns aux autres, paraissent avoir eu chacun de leur
côté une significationpropre, A leur origine. semble qu'ilen ait été ainsi des signes qu~emploient les sourds-mue~
pour désigner la lumière et l'obscurité, la force et la fai-
hlesse, etc., etc. Dansun autre chapitre, je m'enbrcerai de
montrer que les gestes opposésd'afnrmation et de négation,
savoir, celui d'abaisser verticalement la tête et celui de la
secouerlatéralement, ont été probablement tousles deux na-
turels au début. L'agitation de la main de droite &gauche,dont se servent quelques sauvages pour dire non, a peut'étreété inventéeà l'imitation du mouvement de la tête; quant au
mouvementopposé, par lequel la mains'agite en ligne droite
en avant du visageen signe d'aHirmatioM,on nesaurait déci-
B«f~ H~fy afaat«M<(x*cdtt~ i8?0, p. 40)et faitquelquesremar.
<tMMsur le princ!pede t'opposhtondans les gestes.3. Voyezsur ce sujet rtttt<-rMMntouvrage du docteur W. R. Scott,
yA<'DM/'«MdDMnt&cd)t.~<8?0tp. i2. CettemMiëro,dit-il, d'abré-
ger!e<gestesnaturels,et d'en fairedes gestesplusconciaqueceuxqu'ex!-geraitl'expresittonnatureHc.est très commune parmi lessourds-muets.
Cegesteabrègeest parfoisteUement tronqttc qu'il perd presque toute
ressemblanceavec te geste naturel; mais pour le sourd-muet qui
t'emploieit n'en conserve pas moins l'énergie et l'expressionorigi-ncttes.a
DBL'AS'nTM~R. <!&
va. la
s
ders'it provient de l'antithèse ou s'il a pris naissanced'une
autre manière.
Simaintenant nousconsidéronslesgestes innésoucommuns
&tous les individusd'une mémoespèce,qui se rangent parmi
~ux que prqdutt l'anuth~e, nous trouvons qu'il est tr~s
douteux qu'aucun d'eux ait été d~uoi'dntVcnMdcpt'dpô!;délibéré et accomplien connaissancede cause.Dansl'espècehumaine, le meilleur exemplequ'on puisseciter de gestesdirectement opposés Ad'autres mouvements,et survenant
naturellement dans un état d'esprit contraire, est te hausse-
ment des épaules. Il exprimel'impuissanceou le refus; il
signifiequ'une chosene peut pas être faiteou être évitée. Ce
geste est parfoisemployésciemmentet volontairement:mais
il est très improbable qu'il ait été d'abord inventé de pro-
pas délibérée et fixé ensuite par l'habitude; car non seule-
ment le petit enfant hausse les épaulessous l'influence des
états d'esprit précités, mais encore ce mouvement est ac-
compagné, comme il sera montré dans un des chapitres
suivants, de divers mouvementsaccessoires,dont pas un
homme sur mille n'a conscienceà moinsde s'être spéciale-ment occupé de la question.
Quand un chien s'approche d'un chien étrangef, il peuttrouver utile de montrer par sesmouvementsqu'il a des in-
tentions amicales et ne veut pas se battre. Lorsque deux
jeunes chiens, qui jouent, grognentet se mordent le museau
et lesjambes, il estévidentqu'ils comprennentmutuellementt
leurs gestes et leurs manières. !1semble vraiment qu'il yait chez les petits chiens et les petitschats une sorte de no-
tion instinctive qu'ils ne doiventpas se servir sans précau-
tions, en jouant, de leurs petites dents aigucs ou de leurs
griffes, bien que cela arrive parfoiset provoqueun cri; s'tl
n'en était pasainsi, ils se blesseraientsouventles yeux.Quand
mon terrier mord mamainen jouant, s'il serre trop fort et que
je dise «DoMCMMMM,doM<etMM<,il continueâ mordre, mais
<H PMtNCtPE
me répond par quelques frétillements de la queue (lui.sem..
Nentsi~niner « Kc faites pas attention, c'est pour m'a-
muser. MLeschiens exprimentdoncou peuvent avoirle désir
d'exprimerAd'autreschionset&l'lMMnmequ'ils sont dans des
disp(t!!itioaaamicales:Hn'en est pas moinsdifficile de oroife "C.
qu'ilsnient jamais pu penser délibérément à coucheren ar-
rière leursoreilles,nu lieu de les tenir droites, Abaisser et à
agiterlaqueue, au lieude la garder dressée en l'air, etc., parsuite de h notionque ces mouvementsétaient en oppositiondirecte avec ceux qui se produisent sous l'influence d'une
humeur contraire et hostile.
t)emémo lorsqu'un chat, ou plutôt lorsqu'un ancêtre pri-mitit de l'espace, sous l'empire de sentiments atiectueux, a
pour la première foisfait un peu le gros dos, élevé la queueen l'air pcrpendicutait'ement et dressé les oreiller peut-oncroire que cet anima! eut le désir raisonné de manifester
ainsi une humeur directement inverse de celle qui, lorsqu'ilse prépare a combattreou a s'élancer sur sa proie, lui fait
prendre une attitude rampante, agiter sa queue d'un côté à
l'autre, et renverser ses (n'ailles?Je puis encoremoinscroire
que mon chien prit volontairement son attitude almttue et
son « air de Mtre qui faisait un contraste si completavec
son attitude première et toute sonallure pleine d'allégresse;on ne sauraitsupposerqu'il sut que je comprendraisson ex-
pression,et qu'il pourrait ainsi m'attendrie le cœur et me
fairerenoncer &visiter la serre.
Donc,pour ledéveloppementdesmouvementsde cet ordre,
H a fallu l'intervention d'un autre principe, distinct de l'in-
flucncede la volonté et de la conscience.Ce principe parait~trcle suivant tout mouvementque nous uvons volontaire-
mentaccomplidurant notre existence a demandé l'actionde
certainsmuscles;lorsque nous avons fait un mouvementab-
solumentopposé,un groupe opposéde musclesa étéhabituel-
lementmisen jeu, commedansles actesde tournera droite
OB L'AMTjtTH&SK. 07
on &gauche, de repousserun objet oudol'attirer &nous, do
souleverun poids ou de l'abaisser.Si fort estlelien quiréunit
uos intentions et nos mouvement*que, si nouadésironsvive-
ment qu'un objet se meuvedansunedirection,nousnepouvons
gMArenonKjcnapeehordepen~phorlecq~ quelque
persuadés que nous puissionsêtre de l'inutilité de ce geste.Unebonne démonstration de ce fait &dé}&été donnée, dans
l'introduction, A propos dos mouvements grotesques d'un
joueur de billard jeune et ardent, qui surveille le chemin
parcouru par sa bille. Lorsqu'un hoonne ou un enfant en
colère crie Aque!quun Il A!!ez-vous-en! te plus souvent
it étend les bras comme pour Je repousser, bien que son
<tdveMairepuisse être étoi~néde lui et bienqu'il puisseêtre
complètement inutile de confirmersa parole par un geste.Aucontraire, lorsquenousdésirons vivementqu'unepersonne
s'approche très près de nous, nousfaisonsle geste de l'attirer
A nous il on est de même dans une infinitéde cas.
L'accomplissementde mouvementsordinaires de nature
opposée,sous l'empire d'impulsionsopposéesde la volonté,est devenu habituel chez nous et les animaux;il en résulte
que, lorsque des actions d'une espèce quelconqueont été
étroitement associéesavec une sensation ou une émotion, il
semblenaturelquedesactesd'unenature entièrementopposée,bien qu'absolumentinutiles, soientaccomplisd'une façonin-
consciente, par suite de l'habitude et de l'association,sous
l'influence d'une sensation ou d'une émotion directement
opposée.Ce principe me permet seul de concevoircomment
ont pris naissanceles gesteset les expressionscomprissouseu
chef de l'antithèse. Assurément,s'ib sont de quelqueutilité
A l'homme ou & quelque autre animal, pour aider les cris
inarticulés ou le langage, ils peuvent être aussi employés
volontairement,et l'habitude en est de la sorte fortifiée.Mais
qu'ils soient ounon utiles commemoyende communiquer,il
suffirait, si nous pouvons raisonnerpar analogie, de la ten-
M PKtXC<PKDEt,'ANT<THÈ8E.
danco accomplir dos mouvetnentsopposéssous l'innucnce
de MïMattoMou d'émotionstnvoMcspour tes rendre hôt~di-
taires apr&sun long usage; et t'on ne saurait tneth'e endoute
queptuffteut'sMouvementsexpressifsdus au principe de t'fw-
titbesexe soicat uerëdi~H'cs.
CHAPtTKEm.
fMXCtPESCÉXÉMAUX!)ËL'KXt'RESStOX.
<Ptn.)
TrotBt&meprtBctpet ActiondirectesurMeottomiedet'exc)t«t!ottduaystëntener.Mut,IndépendammentdeIRvot<mt6et,euptrtto.doFhabMude.ChangementdecouleurdupeH. TfemMemoMtdesmuscles.Mod)Heatton!.de~aéc<rM<tns.
Suear. Expressiond'unovivedouteur,dolafureur,dolajeté.delaterreur.BMtefeneeentreteecxpre~~fonsquicnuMMtounondesmot)vemcttt<expressifs.·~tated'esprXquiexetteMtoudeprtmcHt.HeMtme.
Nousvoiciarrivé Anotre troisièmeprinctpe certains actes
que nous reconnaissonscommeexpresse do telsou telsétats
d'esprit résultent directement de Ï&constitution mêmedu
système nerveux, et ont été, dès le début, indépendantsdo
la volonté, et en grande partie aussi indépendantsde l'habi-
tude. Lorsquele sensoriumest fortementexcité,la forcener-
veuse, engendrée en excès, se transmet dans des directions
qui dépendentdes connexionsdes cellules nerveuses~et, s'il
s'agit du système musculaire, de la nature des mouvements
qui sont habituels. Dans d'autres cas, l'afnucncede !a force
nerveusesembleau contraire s'interrompre. Sans doute l'or-
ganisme n'exécute pas un mouvementqui ne soit déterminé
par la constitutiondu système nerveux; maisil ne s'agitici
ni des actesaccomplissous l'empirede la volontéou de l'ha*
bitude, ni de ceux qui dérivent du principede l'antithèse.
Le sujet que nousabordons est plein d'obscurité toutefois,vu sonimportance, il doit être traité avec quelque étendue;
70 PtUNCH'H MK L'ACTtON MtMCTK
il n'est d'ailleurs jamais inutile de se faire une juste idéeJe
son ignorance.t<e cas le plus frappant que l'on puisse citer de cette
influencedirectedu systenM!nerveux, cas d'ailleurs rare
et anormal, esita décolprattpn deschcveuxj~uc l'on a vue
quelquefoissuccéder&uue terreur ou Aune douleur exces-
sives.Ouest a rapporté un exemple authentique, relatif à un
hommeque l'on conduisaitau supplice, dans ~tude, et chez
lequel le changement s'opéra avec une teHe rapidité, querœii pouvait en suivre les progrès
Un autre bon exempteest ie tremblement musculaire quiest communA l'homme et a un grand nombr<Rd'animaux,
sinon au plus grand nombre. Cetrembietnent n'est d'aucune
utilité, souventmêmeil est tr~s nuisible; à coup snr~ce n'est
pas volontairementqu'il add se produire d'abord, sous rem-
pire d'une émotion quelconque,pour s'y associer ensuiteparl'influencede 1 habitude.Dansdes circonstances qui eussent
provoquéchez l'adulte un tremblement excessif,d'âpre un
témoignage digne de toute confiance, le jeuMo enfant ne
tremble pas, mais tombe en convulsions.Le tremblement se
produit, chezdes individusdivers,Adesdegrés très différents
et parles causeslesplus variées le refroidissentent; ledébut
des accèsde ncvre, malgré l'élévation de la température du
corpsau-dessusdudegré normal; l'empoisonnement du sang;lecf~tnMMt~M~M et certa!nesautres maladies l'auaiblissw-
ment général dans la vieillesse:l'épuisementaprès uoetati-
gue excessive;lesaffectiouslocalesgraves, telles que les brû-
lures; enfin,d'une manièretoute particulière, le passage d'un
cathéh'r. Personne n'ignore que, de toutes les émotions,lu
plus propre a provoquer le tretnblemcttt est la frayeur; tou-
1. VoyezlesfaitsintéressantsréunisparG.t'ouchetdansla Jt<f«e<fMD«M!jtfoK<~<,1'" janvier<S72,p. 79. Uncmtreexemptea été<~m-
muttiqu~,il y a quetquesannëea,à t'AMoc!anonbritannique,a Bet-fast.
i. ~i
OUS~BTÈMRNMVEUX. ?t
tcfoia unecoloreviolente,une vivejoieproduisentquelquefoisle m6me effet, Je me rappelle avoir vu un jour un jeune
garçon qui venait d'abattre s<tpremi&rebécasse le plaisirfaisait trembler ses mains &un tel point qu'il dut attende
un momentpour recharger son fusil. Jt'aientendu rapporterun fait exactementsemblable,t~tatif A unmu~~ )nustMMen
auquel on avait pfèt~ un fusiL Chezcertaines pt'monnes,la
bellemusKjue,avec les émotions vagues qu'elle éveille,fait
courir un frisson da<Mle dos. Entre (lescausesphysiquesou
desémotionsde nature aussidtssctnblahles,commenttrouver
un caractère commun qui puisse rendre comptede cet effet
commun,le tremblement? câpres Sir Jf.fagot, auquelje dois
plusieursdes observationsqui précèdent, c'est !a une ques-tion desplus obscures.Puisque le tremblement accompagnetantôt la joie, tantôt la fureur longtemps avant la périodede l'épuisement,il semblerait que toute excitationénergiquedu systèmenerveux interrompe l'afflux régulier de la force
nerveuse au système musculaire2.
La manière dont les sécrétionsdu canal alimentaireet de
certaines glandes, foie, reins, mamelles, sont impres-sionnéespar des émotionsviolentes, est encoreun exempleexcellent de l'action directe du sensorium sur ces organes,en dehors de toute intervention de la volontéou de quelquehabitudeutile associée.Quant au choix desorganesqui sont
ainsi affectés,et au degré de l'impressionreçue, il existe à
cet égard, entre les divers individus, les din'érencesles plustranchées.
Le c(fur, dont les battements se succèdentsans interrup-tion jour et nuit avec une régularité si merveilleuse,est
extrêmement sensible aux excitations extérieures. Claude
2. MaHerfaitremarquer(A~WM~<Ays)oh~ trad.ang).,vot.tt,p.934)que,soust'tnttucnccdesensationstrë9;ntcnM~'<touslesnerfs
spinauxreçoiventuneimpressionquipeutallerjusqu'àproduireune
paratysio!ncon)pt<!tcouàdéterminerun trentbtcntentgénéralM,
72 t'tUKCtPE!)tî LACTiOKntMBCTK
Bernard, l'émincntphysiologiste, a montra à quel point cet
organe fessentlecontre-coupde la plus faibleexcitation por-tée sut' un nerf «ensitif,d'un attouchement si léger qu'il n'a
certainementpu enrésulter aucune souniranee.Il était des lors
nature! quuncexcitattonviolente de l'espntdnt agirinstan-"y' .¡"tanément et directement sur lui c'est en effet ce que cha-
cun Mit par M propre expérience. tJn autre fait que je dois
rappeler et,sur lequel ClaudeBernard a insisté &plusieurs
reprises,c'est que, lorsquele cœur est impressionné, il rea-
git sur le cerveau l'état du cerveau réagit &son tour sur
le cccurpar l'intermédiaire du nerf pneumogastrique; en
sorte que, sotw J'influence d'une excitation quelconque, il
se produit des actions et des réactions réciproques multi-
pMéesentre ces deux organes, les plus importants de l'éco-
nomie.
Le système vaso-moteur, qui r~de le calibre des petites
artères, subit aussi l'influencedirecte du sensorium, comme
le prouve la routeur de la honte toutefois,dans ce caspar-
ticulier, nouspourrons,je crois, trouver en partie dans l'ac.
tion de l'habitude une curieuse explicationde cette brusque
suppressionde l'influxnerveux, qui dilate les vaisseauxde la
face. 11noussera possibleaussi, je pense, de jeter un peu de
lumière, bien peu malheureusement, sur le redressement
involontairedespoilsqui accompagne les émotionsde la rageet de la terreur. La sécrétiondes larmes est encore un phé-nomènequidépendcertainementdes connexionsde certaines
cellules nerveuses;mais, pour celui-ci comme pour les pré-
cédents, nousset'onsbienvite arrêtés quand nous voudrons
chercher quelles peuvent être les voies que l'habitude fait
parcourir à l'influx nerveux, sous l'influence d'émotions
déterminées.
t'n examen rapide des signes extérieursde quelques-unes
3.Lt'~M~Mp~~d~~Ms~'oM's, <«60,p. 457*Ki(!.
OU8 y8TËMf:KERVKUX. 7~
des sensationset des émotionsles plus fortesva nousmontrer
bienmieux, quoique imparfaitement encore, la façoncom-
plexe dontse combinent ces deux principes celui do l'ac-
tiondirectesurl'économte de l'excitationdu systèmenerveux,
actuellementen question, et celui de l'associationdesmouve-
ment utttes dueArhttbitxJc
Lorsqu'unanimal est torture par la souffrance, il se roule
en g'énéraldans d'affreuses contorsions:s'il a 1'habKudede
se servirde ta voix, il poussedes cris perçants ou de sourds
gémissements. Presque tous les muscles du corps entrent
vigoureusementen action. Chez l'homme,la bouche se con-
tracte parfoisfortement; plus souvent les lèvres se crispent,les dents se serrent ou frottent avec bruit les unes contre les
autres; il est dit qu'il y a en enfer des yroMMtMn~de ffen~.
Chezune vache ai!ectee d'une inflammationintestinale très
douloureuse, j~i parfaitement entendu ce frottement des
dents molaires. La femelle de )'hippopotame, observée au
Jardin zoologique,souffrit beaucoupiorsqu'eUemit bas eUe
marchait au hasard, ou bien elle se roulait sur les flancs,en
ouvrantet fermant les mâchoires, et choquant ses dentsavec
bruit~. Chez l'homme on voit tantôt les yeux s'ouvrir tout
grands, commedans ta stupeur, tantôt lessourcilsse contrac-
ter fortement; le corps est baigné de sueur, le visageruis-
selle la circulationet la respiration sontprofondémentmodi-
fiées aussi les narines sont-ellesdilatées et souvent frémis-
santes d'autres foisla respiration s'arrête au point'd'amener
dans les vaisseauxde la face une stase sanguinequi la rend
pourpre. Lorsque la souffranceest très intenseet prolongée,tous cessymptômes se transforment une prostration extrê-
me leur succède, accompajtméede défaillanceet de convul-
sions.
4.M.Barttctt,AW<*<Mf'~tM«~i:aHcc<fMA<p~<~<MH<Pfoc./<M~.S~"
<87t,p.2SS.
PMtSCtPE M t/ACTtON BtOBCTK74
Lorsqu'un nerf sensitif subit une excitation, il transmet
une impressionAla cel!u!enerveuse de laquelle il procède;celte-cila transmetà sontour d'abord Aiacetlute correspon-dante du côtéoppose,et ensuite Ad'autres cellules placéesle
!Mg' de l~HpérébM-spinal.aM.desNoset nu~desMUSd'elle
dansune étendueplusou moinsconsiflérahte.suivant le degréde l'excitation de sortequ'en nn de compte le système ner-
veux tout entier peut être impressionnée Cette transmission
involontairede la forcenerveusepeut être oun'être pas cons-
ciente.Pourquoil'irritation d'une cellule nerveuse,engendre-t-eHcou met-elleen Mbertëde la force nerveuse? Nous ne
pouvons répondre Acette question; mais, si ta cause reste
inconnue,i&reaiiMdu fait n'en paraît pas moins admisepartous les plus grands physiologistes,MnUer,Virchow, Ber-
nard", etc. D'aprèsia remarque de M.Herbert Spencer, on
peut considérercomme« une vérité indiscutable que, Aun
momentquelconque,la quantité de forcenerveuse libre qui
produit en nous, par un mystérieuxmécanisme, l'état quenous appelons sensation, dois forcément se dépenser d'une
certaine manière, dois engendrer quelque part une manifes-
tation équivalentede force ainsi, lorsque sous i'ionuencc
d'une violenteexcitationdu système cérébro-spinal, un excès
d'' forcenerveusese trouve mis en liberté, il peut se dépen-ser en sensationsintenses,en penséesrapides, en mouvements
désordonnés, enfin en un surcrott d'activité glandulaire~.
S. VoyeïsurcesujetClaudeBernard,Tissusot<MM<s,1866,p. 3<6,337~388. Yirchows'oxpdnMd'une~on presqueidentiquedans seMmémoiret~r d<MB~cApnmat'cA(S<tmmt«~M?<MM«'~«/Vb)'Mc<*ts. 28).
e.Mûtter(J~~aM~~PAy~cpM',trad.angt.,vo!.t~ p. 932)dit,enpar-tantdesnerfs,quetout changcntcntbrusqued'état,d'unordreqMetcen'que,metenjeuleprincipenerveux Voyezsur !o mêmesujetVir-chowetBernard,passagescité&dansta noteprécédente.
7.H.Spencer,JEMM~,Se«'MM~<roMtca~,etc.SecondSéries,1803,p.i0&.m.
DUSYSTEMENERVEUX. ?&
M. Spencersoutient en outre, qu' « un aMux de forcener-
veuse,non difigé, suivra évidemment d'abord les voies les
plus habitueUes; si celles-ci ne suffisent pus, il débordera
dans les voies moinsusitées en conséquenceles muscles
faotauxettes muscles respiratoires,qui sont ceuxdont lejeuest le plus fréquent, seront au prctnier chef déposesà cntt'c~
immédiatementen action; viendrontensuite les musclesdes
membressupérieurs, puisceuxdesmembresinférieurs, enfin
ceux du corps tout entier~.
Lorsqu'uneémotionn'a pas été habituellement accompa-
gnée par un acte volontaireayant pour objet le soulagementou la satisfactionqui répond &sa nature, elle a peu de ten-
dance, quelqueforte qu'elle puisseêtre, à provoquer des
mouvementsd'un ordre quelconque; lorsqu'il s en produit,au contraire, la nature decesmouvementsest, dansune large
mesure, déterminée par ceux que la volonté a fréquemment
dirigés, dansun but dénni, sousl'influence de l'émotiondont
il s'agit. Unedouleur aiguë pousse l'animal, commeelle l'a
fait depuis des générations innombrables, & exécuter les
effortsles plus violents et les plus variés pour échappera la
causequi la produit. Quandune lésionporte sur unmembre,
sur une partie isolée du corps, on constate souventchez l'a-
nimalune dispositionà secouercette partie. commes'il pou-vait en mêmetempssecouerle mal et s'en débarrasser.C'est
ainsiqu'a dû s'établir l'habitude de mettre énergiquementen
jeu tous les muscles, sous l'actiond'une vive souffrance.Les
musclesde la poitrine et lesorganesde la voix, dont l'emploiest si fréquent, sont éminemmentsusceptiblesd'entrer alor~
en action, et il en résulte des crisaigus, rauques, prolongés.Toutefoisle but utile que remplissent ces cris eux-mêmesa
8.Sir Il.liolland(Me~'«<JVe«saMdA'~OM~<8M,p.328)faitrc.
marquer,à proposde cocurieuxétatde l'économieappâtect'jK~Mn.qu'ilparaitproduitpara uneaccumu!at!ondeque!quccaused'irritation
quicherche&sesoulagerparl'exereicedel'activitémusculairen.
M PtUNCIPB DB t.ACT!0?! D~BCTB
du probablementjonerauMi un rôle important; nous voyons
en effet les petits d'un grand nombre d'animaux, dans ta
souiVranct;ou le danger, appelerbruyamment leurs parents a
leur secours: ainsi font encore les divers membres d'une
memt!seeiéM.
H est encoreun principequi a du contribuerpour M part,
quoiqueà un moindre dc~ré, Afortifier cettetendance à une
action violentesousrinf!uencod'une souu'ranceexccsMve jeveux parler de Ja conscienceintime possédéepar l'antmat
cluele pouvoirou la capacitédu systèmenerveuxa des limi-
<tes. ~n hommene peut en même temps rcnëchh' profondé-ment et mettre vigoureusementen jeu sa puissancemuscu-
laire. Lorsquedeux douteurs se font sentir simultanément,suivant une observationqui remonte &Hippocrate, la plus
t vivo émousse l'autre, bans le mvtssement de leurs extases
fetigiûuses,certains martyrs ont paru rester insensiblesaux
plus horribles tortures.Onvoit~t'fois desmarins condamnes
au fouet saisirun fragment de p!omb entre leurs dents et le
mordre de toutes leurs forces, afin de supporter plus facile-ment l'exécution. La femme qui accouche apporte quelque
soulagementA ses doutenrs en contractant ses musclesavec
toute l'énergiedont eue est capable.Ainsi, en rëcapitutant le rayonnementnon dirigé de la
forcenerveusedes cellulesqui ont reçu la première impres-
sion, la longuehabituded'une lutte péniblement soutenue
pour échapperri!a causede ladouleur, –ennn la conscience
que l'action musculaire en eHe-mémoest un soulagement,ces trois éléments ont probablement concouru, comme
nous venonsde le voir, &produire cettetendance aux mou-
vementsviolents,presqueconvulsifs,que provoqueune extrê-
me souffrancejusque dans les organes de la voix, et qui en
sont, d'un consentementuniversel, la manifestationexpres-sive la plus parfaite.
Puisqu'une légère provocation d'un nerf sensitif réagit
OU ~STÈME SERVKUX 77
1. .1.1.1. .1.adirectementsur !c c~ur, une vive douleur doit évidemment
réagiraussisurlui, de la tn~'memanière. maisbeaucoupplus
ënergiquement.Toutefois, dans ce cas, nous ne devonspasoublier les eu'etsindirect!!de l'habitude sur cet organe, ainsi
<{uenou~ï<&verrons lorsquenous étudieronstes signesde!a
fureur.
Lorsqu'unhommeest torturé pur la douleur, la sueur ruis-
sellesouventsur sonvisage. Fn vétérinairem'a affirméavoir
vu fréquemment,en partit cas, chez leschevaux,des gouttescoulerdu ventresur la partie interne des cuisses,et chex les
bestiauxle corps entier s'inonder de sueur. Ma observéce
fait alors qu'aucun effort de l'animal no pouvait en fournir
l'explication. Lecorps entier de l'hippopotamefemelledont
j'ai parlé plus haut était couvert d'une transpiration rou-
geatre pendant qu'elle mettait bas. Le mêmephénomènese
produitdans la frayeur extrême le vétérinaire déjà cité l'a
constatéfréquemmentsur deschevaux: M.Barttettl'a observé
chez lerhinocéros; chez l'homme, c'est un symptômeuniver-
sellementconnu.Lacause de la production de la sueur dans
ces circonstancesest très obscure toutefoisquelquesphysio-
logistespensent qu'elle se lie àun affaiblissementde la circu-
lation capillaire or nous savonsque le systèmevaso-moteur,
qui régit cette circulation, est sousl'influenceimmédiatedf
l'esprit. Quant aux mouvementsde certains musclesde ta
face, sousl'empire de la souffranceet de diversesautresémo-
ttons, leur étude viendra naturellement lorsque nous nous
occuperons desexpressionsspécialesde l'hommeet des ani-
maux.
Passonsmaintenant aux symptômescat'actérisitquesde ht
fureur. Sousl'influencede cettepuissanteémotion,les batte-
ments du cceurs'accotèrent beaucoup",ou se troublentnota-
O.Jedoisdesremerciementsà M.A.H.Garrod,quim'afattconM!tre
7<t t'tUKCIPBDEL'ACTtONBUMECTE
bloment.Laface rougit, devientpourpre, par suitede Far~t
de la circulation en ï'etocr; quelquefoiselle prend an con-
tf&ït'eune pâleur cadavérique.LayespifationestIabot'ieMsc,ta poitrine se soulève, les narines ffômissantesse dilatent.
Souventh; corpsentier treniMc. La voix a'ntte~ "'la' dents
<?seront ou frottentlesunescontre les autres, et le systèmemusculaireest généralementexcité a quelque acte violent,
presque frénétique. Maistes gestes de t'homme qui est dans
cet état difterentordtnah'ementdes contorsionsdesottionnées
et sans but de celuique torturela doMieuf;en effetils ropt'e-sentent plus ou moinsparfaitement l'acte de frapper on de
tuttet'contre un ennemi.
Tousces symptûmesde t)t fureur sont probablement dus
en grande partie A l'action directe du seusorium excité;
quelques-unsparaissent metno ne devoir reconnaUre quecette seule cause. Cependantles animaux de toute espèce,ot leurs ancêtresavant eux, ont répondu A!a menace ou &
l'attaque d'un ennemi en déployant toute leur énergie pourcombattre et se défendre. Si un animal ne se met pas ainsi
en état de fondre sur son ennemi, s'il n'en a pas l'intention
ou tout au moius le désir, on ne peut dire, à proprement
parler, qu'il soit furieux. C'estainsi qu'une habitude héré-
ditaire d'effort musculairea dd s'associer a la fureur et
cette habitude affectedirectement ou indirectement divers
organes, à peu pr~s de la même manière que le fait une
grande souffrancephysique.Le cœur est sans aucun doute impressionned'une manière
directe; mais il l'est aussi, suivant toute probabilité, parl'effet de l'habitude, d'autant mieux qu'il n'est pas soumis
au contrôle de la volonté.Tout exercice violent, exécute
unouvragedeM.Lorainsur te pouls,danslequelon trouve!otracésphygmographiqucd'uMfemmedansunaccèsdofureur;cetracéduRrebeaucoup,parla fréquenceetpard'autrescaractères,deceluidela mcrnefemmedansaonétatordinaire.
MJ SÏST~MENKRVEOX. M
volontairement, impressionne cet organe, comme nous le
savons, par un mécanisme complexe dont nous n'avons
pas à nous occuperici; d'autre part on a vu, dans le cha-
pitre que la force nerveuse se propage aisément par les
yoi~quiïui sont les plus ha~ c'cst-A-dire par les
nerfs de mouvement volontaire ou involontaire et par les
nerfsde sensibilité.Ainsi un exercicemême modéré tendra
a agir sur le cœur; et en vertu du principe de l'associa-
tiondont nous avons donné tant d'exemples, nous pourronstenir comme &peu près certain que toute sensation ou
émotion, telle que lu souffranceou la fureur, qui a. pro-
voquéhabituellement des actes musculaires, devra in<luen-
cer immédiatementl'aMux do la forcenerveusevers le cœur.
alors mêmeque ces actes ne se produiraient pas Ace mo-
ment.
Lecœur. ai-je dit. est d'autant plus facilement impres-sionnepar des associationshabituelles. qu'il n'est pas soumis
au contrôlede la volonté. L'homme, modérément irrité ou
même furieux, peut commander aux mouvements de son
corps, mais il ne peut empêcher les battements rapides de
son cœur. la poitrine se soulévt'm peut-être fort peu, les
narines trembleront&peine, parce que les mouvementsde la
respiration tto !<ontqu'en pMrtie volontaires. De la même
manière, les muxcicsde la face, qui obéissent moins a la
volonté, trahiront seuls quelquefoisune émotion légère et
fugitive. Les glandes sont encore complètement indépen-dantes de~lavolonté,et l'homme qui souuro peut commander
à ses traits, mais il ne peut toujours empêcher les larmes de
remplir ses yeux. Un individu afiHmé.placé fn face d'une
nourriture appétissante, tte trahira peut~tre sa faim par au-cun geste, mais il n'empêchera pas la sécrétion de la sa-
live.
Dans un transport de joie ou de vif plaisir, il se mani-
festeune tendance très marquée Adivers mouvementssans
M PKtNCtPEDEFACTIONDtRECTK
but, et & rémission de sons variés. C'est ce qu'on observe
chez les enfants, dans leur rire bruyant, leurs l~attemetits
de mains, leurs sauts de joie; dans tes gambades et tes
aboiementsd'un chien que sonnmttre va mener AIttprotue-
Wtdp dans te ptét!nemeMt«upaUentd' tMtchevalqn t ~<n~devant lui une ~arn~e onvertc. La joie préctpite la circM*
tntton,qui stnnute le cerveau, et cedernierréagit &sontour
sur récouotnietottt entière. CesmouvementsMansbnt et cette
activité exagéréedu cceurdoivent être attnbués pMncipate-tnent K rcxcttatton du sensorium10,et a raMnx excessifet
non dirigé de force nerveusequi eu résulte, suivant ta re-
marque(leM.HerbertSpencer. tt est digne de remarque (ptec'est surtout l'avant-goat d'un plaisir et non la jouissancfeUe-metnequi provoque ces monventcats extravagants et
sans but et ces sons variés. C'estce que nousobservons chez
nos enfants, quand ils attendent quelque grand plaisir ou
quelque fête; de même un chien, qui faisait des bonds
joyeux à ia vue d'une assiettéede nourriture, ne manifeste
plus sa satisfaction, quand il ta possCde,par aucun signe
extérieur, pas même CMremuant ta queue. Chezles animaux
<0.La puissanceavcctaquoitcla joieexcitele cerveau,et avcclaquellecelui-ciréagitsur l'économie,se manifested'unefaçonremarquabledansles cas rares d'intoxicationpsychique.Le docteur J. Crichton BrowH
(Jf<*<~«!«~M'vo~ 186!i)rappellele cas d'un jeune homme,de tempéra-ment très nerveux,qui, apprenant par un te~gmmmequ'tt venattd*he.
riter d'une grande fortune, pattt d'abord,puis se mit &rire, et de~tut
d'unegaieté remuanteet etattee. Pourse tranquilliser,itatta sepronte*neravecun ami; mais ses pas étaientchancelants. tt riait aox ectats,tout en manifestantune grande irritabilitéde caractère il pariait ioces-
sammentet chantait&haute voix au milieudes rues. tt ëtait parfaite-mentcertain qu'il n'avait touchaaucune liqueur spiritueuse, bienqu'ile)Hl'air de s'être griM; au boutd'an certaintempsil vomit; on examina
ie contenuà moitiédigéréde son estomac,sanay reconaattre lamoindre
odeur alcoolique.iEnOnii s'endormitd'un lourd aomtnei~et quand il M
réveilla,it était &peuprès remis; maisil soutirait encorede malde tête,denausées, et d'unegrande taibtcsse.
DU 8YHT&ME Nt~VBUX. s<
6
de toute espace,tous les plaisirs, si l'on excepte la chaleur
et le repos,sont tMMociéset l'ont été depuis longtempsAdos
mouvementsHctiRt,commeon le voitdans la.chasse ou la
rechct'ched'une proie, ou dans leurs amours. Bienplus, le
sunptc exerctcc des muscles, aprèi) un repos prolongé ou
une longue reclunion, constituepar lui-m~tue uu phtisir,conMneno<Mte sM~ottspar nntt'epropre expértcnceet comnte
MOtMle constatous dans tes jenx des jeunes aunnanx. Ka
vertu de ce dernier principe seul, on pouvait peut-~tres'at.
tendre, inversement, a ce qu'un vif plaisir put semanifester
par des mouvementsmusculaires.
Chez tous ou presque tous les animaux, chez les oiseaux
eux-mêmes,la terreur fait trembler lecorps. Lapeaudevient
paie, ta sueurruissctic, le poil se hérisse. Les sécrétionsdu
canal alimentaire et des reins sont augmentées, et involon-
tairemcnt expulsées, par suite dn relâchement des rnusctcs
sphincters;c'est iAun fait bienconnu chezl'homme,et dont
j'ai vudes exempleschezle hœuf,te chien, !echat et le singe.Larespiration se précipite. Le cœur bat vite, tumultueuse-
ment et avecviolence; envoie-t-ilpour ce!a le sang plus effi-
cacement dans toute l'économie? !1est permis d'eu douter,
car la surface du corps parait exsangue, et la vigueur des
musctesfait rapidement défaut. Sur un cheval en'rayé,j'ai
senti,à travers la selle, tes battementsdu cœur si distincte-
mentque je pouvais les compter. Lesfacultés intellectuelles
sontprofondémenttroublées. Bientôt arrive une prostration
profondequi va jusqu'à la défaillance. On a vu un serin
terrifié, non seulement trembler, et devenirblanc autour de
la base du bec, mais tomber en faiblesseIl j'attrapai an
jour, dans une chambre, un fougo-gw~e,qui s'évanouitsi
complètement,que pendant un momentje le crus mort.
Laplupart deces symptômessont probablementle résultat
H. DocteurDarwin,Z<KMM!MA!,<794,vol.tj p. 148.
sa PntXCtPEDR~'ACTiOXDIRBCTt!
direct du troubleapportédans l'état dusensorium, Indépen-damment de toute action de l'habitude; toutefois il est
douteux que cetteexplicationsufnt fien rendre compter Lors-
qu'un animal est atarmé, il restepresque toujours un mo-
menthtMnobMcpour rassembler ses sens et feconnaMMlasource du danger, quelquefois aussi pour éviter d'être dé-
couvert. Maisbientôt il se met &fuir impétueusement, sans
chercher &ménager ses forcescomme pour une lutte; il
continue ainsi à courir, tant que dure Je danger jusqu'àce qu'une prostrationcomplète, avecarr~t de la circulation
et de la respiration,avec un tremblement général de tous
les muscles et unesueur abondante,arrête sa course. Ce fait
semble autoriser a croire que le principe de l'association
habituelle peut expliquer en partie quelques-uns des symp-tômescaractéristiques de la terreur indiquesci-dessus, ou
tout au moinsleur donner plus d'intensité.
Le rôle importantqu a du jouer le principe de l'associa-
tion habituelle, dans l'acquisitiondes mouvementsexpressifsdes diversesémotionsousensationsviolentesquenous venons
de passer en revue, me paraît bien démontre par deux or-
dres de considérationsdistinctes d'abord celle des émotions
vives dont la nature nesolliciteait contraire ordinairement
aucun mouvementvolontaire pour procurer le soulagementou la satisfactionqui leur correspond et en second lieucelle
du contraste essentiel qui existe entre les états de l'esprit
que l'on désignepar les termes généraux d'états M'e<«MM
et états <~r«KOM~.Quelle émotion est plus puissante quel'amour maternel?Kt pourtantcettetendresseprofonde dont
une mcre entoure son faible entant peut ne se manifester
par aucun signe extérieur,ou seulementpar de légers mou-
vementscaressants,accompagnésd'un doux sourit'c et d'un
tendre regard. Maisqu'on fassevolontairementdu mal à l'en-
fant, et voyezquelle transuguration chez la mère! Elle se
nM9Y8TÈMEKERVBUX. )M
dresse d'un air menaçant, ses yeux brillent, son visage se
colore,son sein se soulève, ses narines se dilatent, son cœur
palpite. Cesont là des manifestations,non pas de l'amour
inaternel,maisde la colère, qui en a été en effetla véritable
eauMpMvoeatrica, L'amourréciproque des dtcuxS!&xeane
ressembleen rien Al'amour maternel quanddeux amants
sonten présence, nous le savons,leur cecurbat rapidement,leur respiration s'accélère, leur visage fougit; c'est qu'eneffetcet amour n'est pas inexpressifcommecelui de la mère
pourson enfant.
Un homme peut avoir t'ame dévorée de soupçonsou de
haine, d'envieon de jalousie, sans que ces sentimentsprovo-
quent par eux-mêmesaucun acte, sans qu'ils se revêtent paraucun signe extérieur, bien que leur durée soit en générât
plusou moins prolongée; tout ce qu'on peut dire, c'est quecet homme ne paralt, Acoupsur, ni gai ni d'humeur agréa-ble. S'i! arrive que ces sentimentséclatentenactesextérieurs,c'est que la fureur les a remplacés et se traduit dés lors parsesmodesd'expressionordinaires. La peinturene représente
qu'avecpeine le soupçon, la jalousie, l'envie, etc.,& moins
d'avoir recours à des accessoiresqui aident à comprendre Ja
situation. La poésie ne sait trouver pour caractériser ces
mêmesexpressionsque des qualificationsvagues et fantai-
sistes.C'estainsi qu'on dit « la jalousie auxyeuxfauves
Spencer, décrivant le soupçon, lui applique les épithètessuivantes « noir, hideux, renfrogné, au regard sombreet
oblique, »etc. Shaltespeare,parlant de l'envie,dit: «L'envie
au visage décharné sous son masque hideur, et dans un
autre endroit '<Aucunenoireenvie ne creuserama tombe,et ailleurs encore « Sousl'étreinte redoutable de la paleenvie. »
On a souventdistingué les émotions et les sensations en
deux catégories celles qui excitent, celles qui dépriment.
Lorsquetoutes les fonctionsdu corps et de l'esprit, mou-
tt) PRtXCtPKDELACTtOKtUMK~TH
vemontvolontaireet involontaire,perception,sensation,pen-
sée, etc., s'accomplisscntavec pins d'éne''gie et de rapi-dité qn'At'étMtnonnat.on peut dire dei'honune on de l'ani-
mal qu'it est excité; dans la cas contraire~on peut dire qu'il
esrdéprmtc; patini tes éMbt!ons excitnn ..la'eBIf\re.et..111
joie se placent onprenn~fo ligne, ellesprovoquent natutt~-
teillent, la prcmi&r~surtout,des mouvement éner~K;(tesqui
régissent sur le ctftn', et par son intertuédtatMsur le cer-
votut.Unmôdcctntue ftusattpûtuarquerunjour, cottunc une
pt'cu~ede la nature excitantede la cotere~<OM voit quel-
quefoisunhotmnecxténn~d'' fatigues'in'tter d'offensesima-
giuaires,dans le but inconscientde ranimerses foMpsj'a! eu
depuis l'occasiondo vérifierla parfaitejustesse de cette ob-
servation.
Ptu~ieufsautres états d'esprit, qui scntbtcnt d'atMrd exci-
tants, deviennent bientôtdéprimants au ptus haut degré.
Regardez une mft'c qui vientde perdre subitement son en.
tant; on peut certes la considérerconnne étant dans un état
d'excitation voycz-ta,affotéede douleur, courir au hasard
devant pHc.s'arracher les cheveux, déchirer sesvêtements,
se tofdM les mains. Ce dernier geste dérive peut-être du
principe de t antithèse,en trahissant un sentinx'nt intime du
faiblesse et do t'inanite de tout effort, Quant aux a~treft
gestes désordonnés,ibt peuvent s'cxptiquet'en partie par tu
soulagementque procurel'action musculaireen elle-même,
en partie par i'iMftucMCcde ta forcenerveuse en excès et
sans direction qui émanedu sensorann surexcite.Ajoutons
que l'une des pt'emi~respensées qui se présentent très
communémentAnotre <*spnt,en facede la perte imprévued'un être qui nous étaitcher, est cette.ci il étaitpossible de
fain' quelque chose de ptus pour le sauvct'. Unde nos ro-
manciers, excettfnt «bsfrvateur décrivant ta conduite
t2. M* Oliphant,dans)CromanintituléN<~~~t~t~ p. 3C2.
DUSVST~MEKBRVKUX. es
d'une jeune fille, dont le père vient de mourir subitement,
s'exprimede la maniôre suivante JRllccourait dans ta
maisoncomme une folle, se tordant tes mains et s'accusant
elle-même Oui, c'est ma faute, pourquoi !'ai-je jamais
quitté! Si seulennentje l'avais veillé! Sous l'empire de
telles penses fortement empreintes dans l'cspt'ît, il doit tf
produire, en vertu du principe de l'association ttabitucMe.
une tendance très marquée Aune action énergique de nature
<me!conque.Maisaussitôt que dans ï'ame désoMes'est fait jour tacon-
victionintimequ'il n'y avait aucune ressource,cette douleur
frénétique fait place au desespoirou Aune sombretristesse.
Alorson s'assied, immobile,ou avec un léger balancement;la circulation se ralentit, la respiration est presque insen-
sible, et la poitrine exhale de profonds soupirs. Ce nouvel
état réagit sur le cerveau, et bientôt arrive la prostration;les musclesse relâchent, les paupières s'alourdissent.L'asso-
ciation,habituelle ne provoque plus aucun acte. C'est alors
que nos amis interviennent, et nous excitent & accomplir
quelque exercicevolontaire, au lieu de nous absorberdans
une douleur muette et immobile. Cet exercicestimule !e
cœur, qui réagit sur le cerveau, et aide l'Amea supporte!'le triste fardeau qui lui est imposé.
Unevivesouffranceamène très vite une dépressionou une
prostrationextrême, cependant elle agit tout d'abord comme
un stimulant et excite à l'action; je rappellerai à cet égardl'effet bien connu du coup de fouet sur !e cheval, et aussi
les horribles tortures que l'on fait subir, dans certainspays
étrangers, aux bêtes de somme épuisées, pour les forcer A
exécuterune nouvelle tacite. La frayeur est ta plus dépres-sive de toutes les émotions; cite produit rapidement une
prostration complète, qu'on prendrait pour une consé-
quence d'efforts prolongés faits dans le but d'échapper au
danger, et qui peut en effet reconnaître cette cause, bien
S6 Pt<tKCtPSOKt<'ACTtONntRKCTK
que ces efforts n'aient pas été exécutés par voie d'asso-
ciation. Cependant une frayeur extrême agit souvent d'a-
bord commeun puissantstimulant chacunsait que l'homme
ou l'animal poussé au désespoir par. la terreur acquiert
une fojfce prodigieuse, et.devient dangeceuxjmplus haut
degré.
Résumonset concluons.Dansla déterminationd'un grand
nombre d'expressions, il faut attribuer une haute influence
au principe d'une action directe du scnsorium sur l'écono-
mie, action duc uniquement à la constitution du système
nerveux, et dès !e début indépendante de la vôtonté. L<*
tremblement des muscles, ia transpiration de la peau, tes
modifications des sécrétions du canal atimcntairo et des
glandes, f~uise manifestent sous l'influence des diverses
émotions ou sensations, nous ont fourni des exemples de
l'application de ce principe. Toutefois les phénomènes de
cet ordre se combinent souvent avec d'autres phénomènes,
qui dérivent du premier principe que nous avons établi et
que nous rappelons tout acte qui a été fréquemmentd'une
utilité directe ou indirecte dans certainsétats d'esprit, pourse procurer certaines sensations, satisfaire certains dé-
sirs, etc., s'accomplit encore, dans des circonstancesanalo-
gues, par l'effet de la seule habitude, alors même qu'il est
devenu inutile, ~ous trouvonsdes combinaisonsdo ce genre,au moinsen partie, dans les gestes frénétiquesqu'inspire la
fureur, dans les contorsions que provoque l'extrême souf-
france, et peut-être aussi dans la suractivité du co&uret dos
organes respiratoires.Lorsquecesémotionsou sensations, ou
diverses autres, seproduisent mêmeà un degré très faible.
il existe encore une tendance à des actes semblables,due &
la force de l'habitude longtemps associée, et ceux de ces
actes qui sont le moinssoumisau contrôled<;la volontésont
en général ceux qui persistent le plus longtemps, ~'oublions
1 ¡ f~
Dt!SYSTÈMENBRVEt,'X. si
paste rôle qu'a dû jouer aussi, dans certaine cas, noire se-
cond principe, celui de l'antitttèse.
Lestrois principes que no<tsavons successivementétudiés
pcuyeatdéjà, j'esp&rele démontrer dans la suite de cet ou-
vrage, rendre compted'un très grand nohbt'c de monve-ments exprcss!fs; un jour viendra, il nous est permis de le
croire, ou tous lesautres seront expliqués Atenr tour par ces
mêmes principes ou p~r d'autres très analogues. I! faut
pourtant l'avouer, il est souvent impossiblede décider quelle
part revient, dans eh&quecas particulier, Atel ou tel de l'un
de nos principes,et bien des points demeurent encore incx-
pliquéf!dans la théorie de l'expression.
CHAHTRËtY.
MCYRKS M'EXPMESStOKKttKX LES AKtMAUX.
<;m)M)<Mttte MM". s«<)f v<xnu<. ~Ha pm<h)Hi far dhcrs m~cantMnm. tMfts-
sement <)c8tppoMdice:! <:M<ant's,tM<)a,t'))tn)cs, etc., iioMxt'f<)0t)en<:<'de ta fMfeMrnu <)<!la tcTeMf. Kcnvt'rM'no't <'Matrft&Mde)! oreilles totome pre()am«on nu
eotMbat et eomtxo <<<<' de cuM~ Me<)MaM'tMeMt<)es efetHex <'t éMMttoM de la
Mte en *iH"o tt'aMent(f)t.
Lesdeux chapitres qui vont suivre seront consacresà ta
descriptiondes mouvementsexp~ssifs que manifestentquel-
quesanitnaux bien connus,sousl'influencede différentsétats
de leur esprit; je me bornerai aux développement!!qui me
parath'ont strictement nécessairespour mettre en htmiere
cettepartie de mon sujet.Afind'éviter d'inutiles répétitions.il convient, avant de passer en revue ces divers animaux
dansun ordre tonique,d'étudier tontd'abord certains moyens
d'expression qui sontcommunsA la plupart d'entre eux.
~MM;M<wde j~M. Chezun très grand nombre d'espèces
animales, et chez l'espècehumaineen particulier, lesorga-nes de !a voix constituentun moyen d'expressiond'une in-
comparnhte va!eu)\ Nousavons vu, dans un chapitre précè-
dent, que, lorsqu'uneexcitationintenseagit sur le sensormm.
les muscles du corps entier entrent éncrgiquement en con-
traction. Alors,si muetqu'it soit d'ordinaire, l'animal laisse
échapper des cris violents, alors même que ces cris no
sauraient lui être d'aucune utilité. C'est ainsi que le lièvre
et le lapin ne font jamais usage, que je sache, de leurs
MoyEXsnKXPRESStONCMMt.KSA~MAUX. <t0
organes vocaux,si ce n'est poussés a bout par ~souf-
france te M~vrepar cxcmph*,lorsque. déjà Messe, il est
achevé par le chasseur, et le lapin lorsquil tombe entre
les grincs du furet. F~eschevaux et lesbestiaux endurent la
doMl<M<pen <;ilenec; répondantst elle dépassecertaineslimites
et devientexcessive,et surtout si elle s'asseoit!&1~terreur, ils
poussentdes cris épouvantables.J'ai souvent reconnu de loin,
dons les pampas, le dernier bctt~!entontdes taureaux agoni-<«mtspris au lassoet dont on coupait tes jarrets. Lea che-
vauxattaqués par les loups poussent,dit-on, des cris de dé-
tresse facilementreconnaissables.
Il est possiMeque rémission de sons vocaux n'oit été pri-mitivement qu'une conséquenceinvolontaireet sans hut des
contractions des muscles thoraciques et laryngiens, provo-
quéespar ta douleur ou ta crainte. Toujoursest-il qu'aujour-d'hui beaucoup d'animaux font usage de In voixdans des
buts raisonneset divers, et aussi danscertaines circonstances
où l'habitude parait jouer k principal rôle. Lesanimauxquivivent en troupe, et chez lesquels la voixconstitueun moyende communicationréciproque fréquemmentemployé, en font
aussi plus volontiersusage, en toute occasion, que ceuxdont
les mœurs sont différentes.L'observationprécédente faitepardiversnaturalistesest, je crois, parfaitementjuste. Cependantcette règle souffredes exceptionsbien marquées par exem-
pleles lapins.Loprincipe de l'association,si fécond, si étendu
dansses conséquences,a du sans aucun doute avoir aussisa
part d'influence.En vertu de ce principe, la voix, d'abord
employée comme nn aide utile dans diverses circonstances
qui excitaient chez l'animal des impressions de plaisir, de
douleur, de rage, etc., est devenue plus tard d'un usageha-
bituel, toutes les fois que ces mêmessensations ou émotions
se sont reproduites, soit a un moindre degré, soit dans des
conditionsentièrementdinerentes.
Chezun grand nombre d'espèces,les sexess'appellentcon-
? MOYKNSD'BXPRRMtOM
tinuellementl'un l'autre pendantla saisondesamouM;il n'est
pas rare que le mate cherche ainsi à charmer ou A exciter
sa fcmcUe.Tel paraît, du reste, avoir éM l'usage primitif de
la voixet l'origine de son développement,ainsi quej'ai es-
sayé de le den~ntror dans ma J~~Md'aace~rAoMtMe;~
ploi des organes vocaux aurait donc été d'abord associeau
prélude de la plus vivejouissanceque l'individu soit capablede ressentir. Les animaux qui vivent en société s'appellentsouvent l'un l'autre lorsqu'ilssontsépares, et éprouventma-
nifestementune grande joie Ase retrouver ensemble;obser-
vez par exempleun cheval au moment ait vous le rendez A
son compagnon, qu'il réclamait en hennissant. La mère ne
cesse d'appeler ses petits quelle a perdus; ainsi une vache
beugle après son veau. Inversementles petits de beaucoupd'animaux appellent leur mère. Lorsqu'untroupeaude mou-
tons est disperse, on entend les brebis bcler continuellement
pour réunir leurs agneaux, et l'on peut voir avec que!
plaisir ils se retrouvent. Malheur& l'homme qui s'aventure
ait milieu des petits des quadrupèdes sauvages de grandetaille si ceux-civiennenta entendre un cri de détressede leur
progénitureLa fureur met violemmenten jeu tous les muscles. com-
pris ceux de la voix; aussi voit-ondiversanimaux~sousrem-
pire de ce sentiment, émettre des sons qu'ils s'efforcent de
rendre éclatantset rauques, sansdoutepour frapper decrainte
leuMennemis ainsi fait lelionpar ses rugissements, lechiea
par ses hurlements,etc. En mêmetemps le lion dressesa cri-
nière, le chienhérissele poil de son échine; ils s'enflentainsi
et se donnent une apparence aussi formidable que possible.Les mâlesrivauxse douent, se provoquentde la voix, et s'en-
gagent ainsi dansdes luttessanglantes,quelquefoismortelles.
C'estde cette manièreque l'usage de la voixa du s'associerIl
l'émotion de la colère, et devenir un modegénéral d'expres-sion de ce sentiment, quelle que soit d'ailleurs la causequi
CMMLESANIMAUX. 9<
puisse l'exciter.O'autrepart, nous avons dé{avuqu'une vive
douleurpt'ovoquedemême descris violents,qui amènentparouxsoûlsune sortede soulagement; c'estainsi que l'usagedo
la voixa du ~associeraussi Ala souffrance,de quelque na-
tUMqu'eUe puisse être.Pourquoilesdiversesémotionset sensationsprovoquont-ellcs
l'émissionde sons extrêmementdifférents?Laréponseà cette
questionest biendifficile.Cettel'esté est d'ailleurs loind'être
absolue:chez lechien, par exemple, l'aboiementde la colère
et celuide lujoiediNcrent assezpeu, bien qu'il soitpourtant
possiblede lesdistinguer l'unde l'autre. Jamais probablementon n'expliquerad'une manière complètela causeou l'originede chaquesonparticulier Achaque état de l'esprit. Certains
animauxont pris, commenous le savons, en passantAl'état
dedomesticité,l'habitude d'émettre certainssons,qui ne leurl'
étaient pas naturels C'estainsi queleschiensdomestiqueret
quelquefoismêmedeschacalsapprivoisés,ont apprisAaboyerl'aboiementn'existeen effetchez aucune espècedu genre, si
ce n'est, dit-on, chez leCooM ~r<MMde l'Amériquesepten-trionale. On a vu de même certaines races de pigeons ap-
prendreà roucoulerd'une manière nouvelleet toutAfait par-ticulière.
Dansun intéressantouvrage sur la musique, M. Herbert
Spencer2 aétudié les caractères que revêt la voix humaine
sousl'influencedes diverses émotions. 11a démontréclaire-
ment que la voix se modifiebeaucoup,suivant les circons-
tances, sous les divers rapports de la forceet de la qualité,c'est-A'direde l'intensité et du timbre, aussi bien que de la
hauteuret del'étendue. Écoutezun orateur ou unprédicateur
i. VoyeztadëmMstrattondecefaitdansVa~o/tMdM«M<MO!Me<<<
)t<<!M<<'<MMt'ac~'ott(lela d<KnM(<caffoM,trad. n'ançaise,par Moutin!c,t. p. 29. Surlet'oMc<M<h'tneM<des~e~M,vol.t,p. iSUSS.
2. &Mj~,Scientific,M«<<~andSpMK<a<tM,t858.TheOrigineM<<RmetfoH<~MM~<p. 3S8.
M MOYEK8BiiXPBEBSJtOK
~toquent, écoutezMOhommequi parte aveccolèreou qui ex-
prime une vive surprise, et vous serez certainement frappéde la vérité de l'observationde M.Spencer. Il est curieux de
voir combien l'intonation de la voixdevient expressive de
bonn~heure.Chezt*un de meseM'ant9,atot')tqu'it M'avaitpa~encore deux ans, je savaisdistinguer nettementdans le t)é-
~aycmcnt &peinearUcntéqut composaittout son langage la
nuance très affirmativepar laquelleil disait oni, de l'espècede plainte qui exprimait un refus obstiné.M.Spencer a dé-
montré en outre que le langage passionnea des rapports in-
times, A tousles pointsde vueque je viens d'indiquer~avec
ta musiquevocale,et par conséquentavec la musique instru-
mentale et il a essayéd'expliquer les qualités respectivesquites caractérisent par des raisons physiologiques, c'eat-a-dire
'<par cette loi générale que tout sentimentest uu stimutus
incitateur d'une action musculaire On peut certainement
admettre que la voixobéit à cette loi; toutefois cette explica-tion me parait trop généraleet trop vague pour pouvoirjeter
beaucoup de lumièresur tes différencesqui existent entre le
langage ordinaire et le langage passionnéou le chant, elle
n'expliqueguère que t'éctat plus grand de ce demier.
La remarque précédentereste vraie, quelte que soit l'opi-nion qu'on adopte; soit que les diverses qualités de la voix
aient pris naissanceen parlant sousl'excitation desentiments
violents et se soient uttéricurement transmises Ala musique
vocale; soit (connuec'est mon avis)que l'habitude démettre
des sons musicauxsesoit développéed'abord, comme moyende séduction,chezles ancêtresprimitifsdo l'homme, et se soit
associéeainsi aux émotionsles plus énergiques qu'its pussentressentir. c'est-A-direA l'amour, Ala rivatité, A ht victoire.
Certains animaux émettentdcf!sons musicaux, c'est un fait
bien connu et dont le citantdes oiseauxest un exemplecom-
mun et familier A tout le monde.Choseplus remarquableun sin~f, un des gibbons, produit une octave complète de
<.HtB!!t.B8At<tMÀUX. ?
sonsmusicaux,montantet descendantt'échettepar demi-tons;<tUt<s!peut-ondire delui que, seul de tous lesanimauxmam-
Miforcs,Uchante <~efait et l'analogie m'ont conduit A
croire que tes ancêtres de l'homme ont probablement com-
.cMac~BMf6mettredes sons musicaux, avant d'acquérir in
facutiéd'articuler te langage d'oujec6hc!usquc,ïors<][Metftvoix humaineest mise en jeu par quelque émotionviolente,
elle doit tendreArcvèttr, <'nvertu du principe derassoc!atton,
un caractère musical. Chez te~animaux, nous pouvonspar-faitement comprendre que les tnaies fassent usage de ieut'
voix pour plaire a icurs femelles, et <jH~itstrouvent eux-
tn&<nesdu piaiitirdans leurs cxet'cicesmusicaux; mais il t'st
impossibte,jusqu'à pretwnt,d'expiiqucr poorquo!itsprodui-Mentcertains sons deternuMé~,et d'ou vient la sat~factton
qtt'iit;en retirent.
Hn'est pas douteux que lit !«mt<'urde !a voix ne soit en
rapportaveccertainsétats dol'autc. Unepersanne quise plaintdoucementd'un mauvais traitement ou d'uuc souifraucc të-
gère parle presque toujours dans un ton élevé. Lorsqu'unchienest un peu impatient, il poussesouventpar les narines
une sorte de sifnement ai~u, qui nous frappe hnmediate-
ment cotmne une plainte mais combien il est.difficilede
savoir si cesonest en elfet essentiellementplaintif, ou si seu-
lement il nous paraît tel parce que nous avons appris sa
sig-niRcationpar expérience! Kengger a constate que les
L«f)cMC!K<<!MecticrAomm<,trad. ffansahe,parMouuntc,voh t)~p.MO.
Lesmotsc!tcssontduprofesseurOwcn.Ona rfcemmcntmontrequecertainsquadrupèdes,desrongeurs,qui sont plusbas ptae~sdansta-chettequelessinges,sontcapablesdeprudutredessonsuMMicautdéfinis.Voirl'histoired'unuesperomyschanteur,parle)Mv.S. Lockwocd,dans
teAmeWe(tMjVa<MM~,vol.Y,décembreiMi, p.761.4.Danssonétudesurcettequestton,M.Taytorsignalecettep)a!atodu
chien(Mm~MC~Mf~vol.~p. t66).5. ~V<!<M~<'MA<c~c<<efS<fMye<Me!'eMMPof~uoy,1830,s.4C.
M MOYENSB'EXPMESt~ON
singes(<?&«<osaftc)qu'il possédaitauParaguayexprimaientl'étonnement par un bruit qui tenait le milieu entre !e sifCe-
ment et te grognement; la co~reou l'impatiencepar ht répé-tition du sonAcMAoMsur un tonplusbas, grondant; enfinla
crainte OM~douleur par des orispMçomtStD'autre part,chez l'espëce humaine. de sourdsgémissementset des cris
aigus exprimentégalementl'angoissede la souffrance.Le rire
est tantôt haut, tantôt bas ainsi, suivant une ancienne ob-
servationdue AHaIIer chez l'hommeadulte, le son du rire
participe descaractèresdesvoyelles0 etA(prononcéesà t'aUe-
mandc); chez l'enfant et chez la femmeau contraire/il rap-
pelle plutôt les voyellesE et qui sont, comme Helmhoitz
l'a démontré, plus hautes que les précédentes;ma!g'récette
différence, il exprime également bien, dans l'un et l'autre
cas, la joie ou l'amusement. dEn étudiant la manière dont les émissionsvocalesexpri-
ment les sentiments, nous sommesnaturellement conduit A
rechercher la cause de ce qu'onappelleen musique l'M'/M'M-«<Mt.Sur cesujet, M.Litchneid,quis'est si longtemps occupédes questionsmusicales,a eu 1&gracieusetéde me communi-
quer les observations suivantes « La nature de l'ea~M<OMmusicale est un problème auquel se rattachent un grandnombre de questionsobscures, qui constituentjusqu'à pré-
sent, a ma connaissance,autant d'énigmesirrésolues.Cepen-dant toute loi qui convientAl'expressiondes émotionspardes sons simplesdoit, jusqu'Aun certain point, s'appliquerau mode d'expressionplus développédu chant, celui-ci pou-vant être considérécommele typeprimitif de toutemusique.Unegrande partie de l'euet d'unchant sur l'Amedépend du
caractère de l'action à l'aide de laquelleles sons se produi-sent. Bans les chants, par exemple,qui expriment une pas-sion véhémente,l'effetdépendsouventsurtout du débit impé'
f).CttcparGratiolet,Dela P/t~'enoMt~<8<H~a. «S.
CMEK LES ANtMAUX M
tueuxd'un oudeux passagescaractéristiques, qui exigentun
vigoureuxexercicede la forcevocale on a souvent observé
qu'un chant de ce caract&remanque son effet lorsqu'il est
exécuté par une voix d'une puissance et d'une étendue
sufRsantes pour pouvoir donner sans effort cet;passagesca-
ractéristiques.Tel est, sansaucun doute, îo secretde !'{!moin-
drissement de l'effet que produit si souvent la transpo-sition d'un chant d'un ton dans un autre. On voit donc quel'effet ne dépend pas seulement des sons eux-mêmes,mais
de la nature de l'action qui les produit. Touteslesfoisquenoussentons que l~.rpf~MoMd'une mélodierésulte de la ra-
pidité oude la lenteur de son mouvement,de sa douceur ou
de sonénergie, et ainside suite, n'est-il pasévident que nous
interprétons en réalité les actions musculairesqui produisentle son, commenousinterprétons eu général toute action mus-
culaire? Ces considérations toutefois sont impuissantes &
expliquer l'effetplus subtil et plus spécifiqueque nous ap-
pelons l'M~M~M«wtMMMcajfedu citant, le plaisir donnéparta mélodie, ou même par les sons séparés dont l'ensemble
composecette mélodie. C'est 1Aun effet indénnissabte,que
personne n*estparvenu, que je sache, a analyser,et que tes
ingénieuses spéculationsde M.Herbert Spencer sur l'originede la musique laissententièrement inexpliqué. Il est eu effet
certain que l'effet Mtf~o~Med'une série de sonsne dépend
pas le moinsdu monde de leur force ou de leur douceur, ni
de leur hauteur <ï&«~<M.Unair donnéreste toujoursle même,
qu'il soit exécutéforteou p<OMo,par la voix d'un hommeou
par celle d'un enfant, par une Hùte ou par un trombone.
L'effetpurement musicald'un son quelconquedépend de la
place qu'il occupedans ce qu'on appelle techniquementune
pcAeMe,un même son produisant sur l'oreille des effetscom-
plètement différents, suivant qu'il lui arrive associé avec
telle outelle séried'autres sons.
« C'estdonc de cetteassociation t'ej~tce des sonsque dé-
<? MOYRNtt ~'KX t'BHSStON
pendent tous les effets essentiellement oafMtéristiquesqu'oM~sume p<n' le mot d'<M~*MMoa MtM«<'a~. Matapourquoi ce~
tames associations de sotM ont-~Ues tels ou tois cffetf!? C'<*st
un pt'ob!~nM qui n'est point encore r~so!u. Ceseffets doivent
& tu vérité se h'ouvet', d'une m&nt&M ou (runeaut~~
port avec les relations arithmétiquesbien connues existant
entt'o les vitessesde vibration des sotMqui constituent un<'
éclMilemusicale. 11est possible, maisce n'est encore qu'un*'
hypothèse, que la facilitémécaniqueplus ou moins grandeavec laquelle l'appareil vibrant du larynx humain passed'uu état de vibratton à un autre ait été primitivementune cause dMplaisir ptus ou moinsHMtrquépt~duit -par di-
versessuccesstoMSdesons.
Laissant de côté cesquestionscomplexes,et tic nousoccu-
pant que des sons plus simples, nous pouvonsreconnaître
au moins quelques-unesdes faisons de l'associationdo cer-
tains genres de sons aveccertainsétats d'esprit. Un cri, par
exemple,poussépar nn jeune animaloupar undes membres
d'une société, pouf appeler au secours, est naturellement
fort, prolongeet aigu, afinqu'il puisseêtre entendu au loin.
Eu effet, ~tar suite des dimensionsde la cavité interne de
l'oreille et du pouvoir de résonancequi en résulte, les notes
élevéesproduisent, commeHohnhoitzl'a démontré, chcx
l'homme une impressionparticulièrementviolente.Un
animal mate qui voudra plaire ri sa femelle emploieranatu-
rellement Ics sons (lui sont agréablesa i'oreiHede son es-
pecc; il semble du reste que les mêmessons plaisent sou-
vent a des animaux trcs dUterents,grâce il la ressemblance
de leur système nerveux; c'est ce que nous constatonssur
nous-mêmesen écoutant avec plaisir le gazouillement des
7.r~~pA~o~<~K<'(~~M<M~Mc,t'ans, <MH,p. tM. Dansce7. ouvrage~He!mhet<z(lela musique,comptùtemcnttearctationaceaavantouvcage,Nelmhoitza aussiétmüécompt~tementlesrelations quiexistententre!aformedet&cavitéétudiéet ta productiondesdi(!crentesexiàîtetitentrelaformedelacavitébueeldeetlaproductiondesdif1'~rentcs
voyelles.
CHEK~A~tMAU~ M
i
oiseaux et même le chant de certaines painettes.Au con.
traire. tessons destinésAfrapper un ennemi de terreur sc-
ront natut'cHcmentrauqucs et désagréables.Leprincipe de i'antith~ a-t-it joué un rote dans le dév<
toppcmentdes! sons commemoyen d'expression?On aurait
pu le supposer; c'cst cepMudantfot'tdont(Ut~/ t.M soM
cadés dit rire, émispar l'homme et par diversesespaces de
singes pour témoigner iephush'. !M)HtausMdUTérentsque
possibledes crMprolongés(lui exprtment chez eux la souf-
france. soaK!~ro~netncntd~ satisfaction du porc, alors
(jjM'Uest repu ne tfsoembk en rien tm cri strident qu'it
pou<isesous!'it!Muencede Itt doulenr ou de ht tet'rcttr.Chez
le chien, au contraire, comnu!je l'ai déjà fait remarquer,~aboiementdo coter<!et t'aboiement de joie n'ont absolu-
ment rien d'opposé t'un A t'attire il en est de même dans
biend'autres cas.
Voiciencoreun autre point obscur les sons produitssous
!'in<!ttencede diversétatsde l'esprit detcrmitMnt-itsia forme
de la bouche? ou bien est-ce an contraire la forme de lit
bouchequi, déterminéepar des causes indépendantes, agitsur cessonset tes modifie?Unjeune enfant qui pleure ouvre
largementta bouche; ce qui est évidemmentnécessairepour,rcmisaiood'un fort volumedf son; mais en même temps!'oriMcabucca! prend une forme à peu près quddrnngit-
laire, par suite d'une cause comptetemcntdistincte, qui est,
commeon le verra plus loin, l'occlusionénergiquedes pau-
pières et l'élévationde la lèvre supérieure qui en est ta
conséquence.Jusqn'u quel point cette forme carrée de ta
boucnc modifie-t-ellele sonexpressifdespleurs? C'estce que
je ne saurais dire; seulement nous savons, grâce aux irn-
vaux de Hetmhottzet de divers autres observateurs~que lu
forme de la cavité buccaleet celle des lèvresdéterminent
la nature et la hauteur dessons-voyettcsqui sont produits.On verra encore, dans un chapitre ultérieur, que, sous
M MOYRNiïD'KXt'UKSStON
l'influencedu mépris ou du dégoût, il existeune tendance.
dont les causessont explicables,Asonfnerpar la troncheou
les narines, et A produire qinsi un son analogue A peuAou
p~/(. Qu'il vous arrive d'être arrêté court ou subitement
étonna voua aufez tmm~diateM~tjme.dMpe~oa,à o~vrir largement ta bouchecommepour exécuterune inspi-ration profonde et rapide, sans doute parce que vous étiez
prépare à prolonger l'exerciceque vous exécutiez.Pondant
lu profonde expiration qui suit, ta bouche se ferme Mgèrc-
ment, et les lèvres seportent un peu en avant, pour des rai-
sons qui seront étudiéesplus tard; ccHefonnode ta bouche
répond, d'après Metmhottz,au son de ta voyelle o. Il est
certain qu'une foulehisse échapperen cC'etun eAprotongé.
iorsqu'cticvient d'assister & quelque spectacleétonnant. Si
la douleurse m6te il ~surprise, it se produit une tendance
à contracter tous les musclesdu corps, y comprisceux de ta
face, et les lèvres se portent en an'ift'e; cela expliquepeut-<'ircpourquoi le soudevient alors plus etevé et prend le c&-
t'actere dcaA~ou ac/t! La crainte, (lui fait trembiet' tous les
muscles,amené naturellement du tremblementdans la voix;
cotie-cidevient en mêmetemps rauque. parsuite de la sëctte-
ressc de ta bouche que produit t arrêtdu fonctionnementdes
glandes salivaires. On ne peut expliquer pourquoi le rire
de l'hommeet du singe est.un son rapidement saccade.Les
coins de ta bouche sont atorsattirés en haut et en un'iére,ce qui l'allonge transversalement;nousessayeronsptus loin
de trouver tes causesde ce fait. Toutefoisla questiondes dif.
férences des sons qui se produisentsous t'inuucuce des di-
vers états de l'Arneest dans son ensemble si obscur, quec'est a peine si j'ai pu Féctaircr d'un peude lumière, et jene saurais me dissimuler tu faible valeur des observations
que j'ai réunies.
'tous les sons dont.il a été questionjusqu'à présent sont
CMt~BSA~MAMX. ?
HOM8la dépendance des organes reNph'&toh'es;!nn!sit en est
dontte mécanismees~onM6fe(ncotdéférent ptqmont aussi
leur vateat' comme moyensd'«xptfMMion,Les Ïapios s'avcr-
tMsontmutuoHementpa)' lo hmit qu'iis font en frappant te
M~du p~d; MJwm~e qut~ exactement ce hruit
peut, par one soh'ee tranqMiite,entend)' les iap!ns qu! Ïui
fig.0. Ct<tMtttM<Mt)Mes<t'!h<tM<'ue<)Mpof<e)<)<
répondentde divers côtés. Cesaui)Mnux,couuMebeaucoupd'antres d'aitteuM, frappent t'McorcJcso!io~<)n'onles met
<'ncolèt'e. t~ns cette tn~mesituationtrespt'tt, tes pot'cs-cpicsfontsonoe<'leurs piquants et agUcnt!ctH'<p«'ucavec bruit;
j'en ai vu nn se comporterde cette tnani~requnnd on int)'o-
dutsait un serpent vivant dans sa ca~e. Lespiquantsde la
queue sont très différentsde ceux du corps; ils xontcouri<
creux, minces comme des ptumes d'oie; leur exh'emiteest
<<? MOYENSO'EXPnBMiON
coupéetransversalement et ouverte; ils sontattachés par wn
pédiculelong, dette, étasttquc.Lorsquel'animalsecouerapi-dement sa queue, ces piquants s'ontre-citoqueuten produi-sant un son continu particulier. J'ai été témoinde ce fait en
pt~senc~ de M.Hai~lett. tl e~tpossibte, meaembte-t-iltde
comprendrecommentle porc-épica été muni, grâce A une
modificationde ses piquants protecteurs, de cet appareilsonore tout particulier. C'est en eSet un an!mat nocturne;or si, dans t'obscurité de la nuit, il vient &Han'erou &en-
tendtt; un ennemi qui rôde autour de Jui, n est-ce pas pourlui un précieuxavantage de pouvoir lui indiquer Aqui il a
aûairp, et l'avertir qu'il estarmé de formidables piquants?tl peut ainsiéviterune attaque. Jepuisajouterqn'U a si bien
consciencede la puissancede ses armes, que, lorsqu'on l'ir-
rite. il charge à reculons, ses piquants hérissés, quoique
toujours inclinés en arrière.
Fn grand nombre d'oiseauxproduisentpendant la saison
desamours des sons variés, à l'aide de plumes offrant une
dispositionspéciale. Lorsqu'onla provoque, la cigogne fait
entendre un claquement bruyant de son bec. Certains ser-
pents produisent un bruit de frottement ou de raclement.
Heaucoupd'insectes bourdonnenten frottant les unes contre
les autres des parties spécialementmodifiéesde leur tégu-ment corné. Ce bourdonnement est en général employécomme un appel ou un moyen de séduction d'un sexe il
l'autre; mais il sert aussi à exprimer des émotions diffé-
rentes Tous ceux qui ont étudié les abeilles savent queleur bourdonnement change de caractère lorsqu'elles sont
irritées, ce qui peut mettre en garde contre le danger d'être
piqué. Certains auteurs ont tellementinsistésur les organes
respiratoires et vocaux considéréscommemoyensspéciaux
8. J'ai donnequelquesdétailssurce sujetdansmaD~ccnffaMee<A'
/Mm<, trad.franç.parMoutinM,tome p.3664<3.
cMM~M~N~tA~. 'or
d'expression, quej'ai cru devoirtaire cesquelques observa-
tions pour montrer que des sons produits par d'autres mé-
canismesservent égalementbien au même objet.
~M<tCM<~M<tpp<'M~«!~cM~OM~.Il n'est peut-être pas de
mouvement expressifqui soit aussi gëhér<ttqtif te héris~c-
ment involontairedespoils, desplumés et des autres appen-dices cutanés; il est en eCet commun & trois des grandesclassesde vertébrés. Ces appendices se hérissent sous l'in-
(tuencode la colère ou de la terreur, et plus spécialement
torsque ces émotions s'associent ou succèdent rapidementi'une &l'autre. Cetteactionsert d'aiUeursà donner <ïl'animal
une apparence plus imposanteet plus terrible en présencede ses ennemisou de ses rivaux; elle est généralement ac-
compagnée pur divers mouvements volontaires tondant au
mêmeol~et, et par l'émissionde sons sauvages. M.Bartlett,
qui a acquis une si parfaite connaissance des animaux de
toute espèce, ne doutenullementde la vérité de cette inter-
prétation maisune tout autrequestion estdesavoir si la pro-
priété de ce genre d'érection a été primitivement acquise
pour ce but spécial.Je commenceraipar rappeler les faits,en nombre considé-
rable, qui montrentcombience phénomène est général chez
les mammifères,les oiseauxet les reptiles; ce qui concerne
l'homme sera réservépourun chapitre ultérieur.
M. Sutton, l'intelligent gardien du Jardin zoologique,
ayant observéavec soin, sur ma demande, le chimpanzé et
l'orang, a constaté que le poil de ces animaux se hérisse
toutes lesfoisqu'ils sonteu'rayésbrusquement, commepar un
coupde tonnerre, ou irrité! par d<*staquineriespar exemple.J'ai vu moi-mêmeun chimpanzéqu'alarmait l'aspect inso-
lite d'un charbonnier au visagenoirci tout son poil était
hérissé; il faisait de petits mouvementsen avant, comme
pouf fondrosur cet homme,sans aucune intentiond'en rien
t MûYKK~tt'KXPRRSStOX
faire, utais, disait sou gardien, dans t* espoir tte FeftMtyot',
U'apr&s M. Ford", lorsque IcgonHa est en htreMr, « it dre~'
sa et'~tc do potk et !& pf~eUe en avant; ses naines ? dUa-
tent, s!tt&vt'e !nMr!eHrc «'abaisse. En nt&<ne temps H pon~e
spn hurtcmcNt carac~M~ J~e h'Mt dp
h'apper fies ennenus df terreur Cheis le babomo Annbis,
j'ai vu t'hot't'!pt!)ttion se prodmrc, so<ts l'innuence do !& cu-
t~'e, depuis te cou jusqM'Mnx lombes, mais non sur ht crfntpf
ttt sur les <mtt*cs parties du corps. Ayant p!ac6 un jour un
serpent empai!~ dans la eag'e des siM~es, je vis te poil se
h~ritijK'r instantanément sut' un grand nombre d'individus
appartenant a diverses espfces; ia queue surtout était te
siège du pMnom~n< et j'en ns particulièrement ta rcmar*
que sur te CMropMectMHtc~Mf. Brchm a console'<' que!e MidasaM<tpM<(qui appartient &la familledes singesamé-
ricains) érige sa crinière !ors<ju'onl'agace, pour se don-
ner, ajoute cet observateur, un aspect aussi effrayant que
possible M.
Chez les carnnores, le henssement d~potts paraû êtrenn cat'a<*tereApeu près unh'ersel il s'accompagnesouvent
de mouvementsmenaçants t'annntti nK~tre les dents et
pousse des grondetnents sauvages. J'at ohsct'véce hôtisse-
ment chez ftehneumon, sur tout io corps, ta queue com-
prise. Chez t'hy~ncet !e proteic, la crète dorsate se dressa
d'une tnamère remarquable. Le lion en fureur hérisse sa
crinière. Tout le monde a vu le poil se hérisser, chez te
chien, sur le couet le dos; chez le chat, sur ie corps entier
et particutieromentsur la queue. !)anscette dernière espèce.ta frayeur seule paratt donner iicu à ce phénomène; chez le
chien,il est provoquépar la colèreet parla frayeur; maisnon
pourtant, d'après mesobservations,par cette sortede crainte
0.CitéparHttïtey~dans sonouvrage!nt)tu)éJ~MCt-<? jtf«M'<Plitre<M~«~t~,<M3,p.Sa.
<<).Illus.M«vM<'M,1864.h. t. s. <30.
CHt!XLMA!<tMAUX. tM
servite qu'il ressent. par exemple.au moment où un garde-chasse irrité va lui administrerune correction; cependantsil'animal manifestequelque velléité de résistance, c<'
qui arrive quelquetbis, «onpoil se hérisse.H'apresune re.
> maeque dont j'ai souventvériné ta justesse, la circonstance
la plus favor<tb)eAl'horripitation, cïtezle d~en,estcct état
intermédiaireAla colèreet a l'effroi, dans lequel il se trouve,
pat'cxctnpte, torsqu'Hobserve un obj<'tqn'ii ne dtstinguc
qu'imparfaitementan milieudes teachres.
~n v~Mrinah'em'a affirméavoir vu souvent le poil se hé-
ritHK'rchez les chevauxet les boeufsqui avaient déjà subi
des opérations et sut*lesquels il allait enpratiquer do nou-
velles. Ayantmontré unserpent empaillé à un pécari, je vis
son poil se dresser d'une manière surprenante le long de
!!<méchine; pareil fait N'observechez le verrat lorsqu'il est
mis en fureur. Aux ïStats-Unis,un élan porta un jour un
coup de corne mortel &un homme; d'après la relation d<'
cet épisode, il brandit d'abord ses aadouillers, en bramant
avec rage et frappant le soi de ses pieds; ensuite on vit
son poil se hérissef M,ent!n it se précipita enavant pour
attaquer Pareillehon'ipitationseproduit citez les chèvres;
et, d'aprèsce que j'ai entendu rapporter par M.Blytlt,chez
certaines antilopesdesIndes. J'ai constaté le même phéno-mène chez le fourmiliervelu, et chez l'agouti, un rongeur.Une chauve-sourisfetuclle, qui élevait ses petits dans unf
cage, « hérissaitsa fourrurele long de son dos, quand on re-
gardait dans la cage,et mordait avecfureur les doigtsqu'onlui présentait
Lesoiseauxappartenanta toutes les grossesespècesérigentleurs plumes lorsqu'ilssontirrités ou effrayés.Toutle monde
a vu deuxcoqs,des leur plusjt'une âge, sepréparer à fondre
«. M.J.Caton,Académiedessciencesnaturellesd'Ottawa,mai<M8,p.36-40. Surle C«))ni«'jt<tgn<f:tvoirtwt~aM<<WM<c~<8<n,p.:n.
f:. i<0!t<fandW<~r,Ojttittei<<??.p.659.
Mt MOYMXStV'KXPMKSSÏON
ï'un sur l'autre, le cou hérissé;l'érectionde ces ptoMiesn'est
cependant pas pom'eux un tnayon de défense~ça!' t'expë-rtence <tprouveaux Mnmteut'sde combats de co~squ'il. est
avantageux do les coupef. Le JMacAc~pM~tt<fmaie dresse
Hussr MMtcetMepdephnnMtot'M~~UMbat; ~aand un ch!<!n
approche d'une poule communeaccompagnéedeses pous-
sins, elle étend ses ailes, re!evesa queue, hérissetoutesses
Mx.)&–t'<'M)ct'ro<csea))t<!c<)'Mta<cttmMunchien.tt'atwèsMhtM',parM.Woo<t.
plumes, et, se donnant unemine aussi férocequepossible,cUese précipite sur t'importun. queuenc~pfenJ pas tou*
jours cxnctonent la n)etnc position; è!!c est quelquefoissi
hérissée que ïes ptumescentrales touchentpresque le <!os,connue dans le dessin ci-joint. Un cygne irrité dresse de
mêmeses ailes etsa queue, et hérisses<Mptumes;it ouvre le
hec. et fait en nageant de petitsbonds agressifsversceuxqui
approchent de trop près ic hord dct'cau. Certains oiseaux
CHKXt/KHANIMAUX HKt
des troptques, toMtqu'on va !es déranger sur teurs nids, ne
s'envoient pas, tût-on, mais « se contentent de hôrisser teurs
piumcs en poussant des et'is'~ !.& chouette («Wa' ~OMt-
meo), lorsqu'on t'approche, '< enue !tMtant~n<hnent son plu-
iM~e, étMLd iss aUss eHa q~e, stMe <BtJh~t datjucr spn
hec avec force et rap!d!të'~ U'autn's espaces de hittoux
font de mémo. D'après les informations que tn'&-Mant!ës
M.Jenner Weir, te faucon erig'eaussi sesptumt's et ~tatcses
aUes et sa queue dans des ch'conataucessetnb!ub!es.Quel-
<tnesespècesde perroquets hensscut leurs plumes; j'ai vu
:)gh'de tncmcun casoar, effraya par la vue d'un fournuttef.
13.PA<t<'<eMfM~'«:(tM<f«:JM~vot.tt~ <8<H,p.<80.!4.Sur!cS<r<jc/!«tMmc«,voirAudubon,OFMt<~<x/tc<t<B~f«~Ay,<8«4,
vol.Il,p. 407. J'aiobservéd'autrescassouMabiesauJardinxcotn-
gique.
«? MO'YRXSD'HXt'MM~OX
!<esjeunes coucous,dansleur nid, hérissentlémttplumes,ou-
vrent largement leur hec, etse rendent aussi effrayantsque
possible.Certainspetitsniscanx,m'a rapport M. Weir,tels quo di-
vers pinsons,LrManÏsMt~t~vcttès.
rissent toutes leurs plumes,on seulementcelles du cou, ou
bien ils étalent leurs aileset les plumesde leur queue. Uans
cet état, Usse lancent les unscontretes antres, le becouvert
et.avec une attitudemenaçante.M.Weirconclutdesagrande
expériencequele hérissementdes plumesest provoquébeau-
coup plus par la colet'oque par la frayeur. U cite commp
exempteun chardonneret rn~tis,de l'humeur !a ptusirasci-
Me, qui, approché de trop près par un domestique,prenaitinstantanémentl'apparenced'une boule de plumeshérissées.
H penseque, en thèse génératc, les oiseaux,sous l'influence
de la frayeur, resserrentaucontraireétroitementtoutesleurs
piumes la diminutionde volume(luien résulte est souvent
étonnante. Aussitôtrevenusde leur crainte ou de leur sur-
prise la première chosequ'ils font est de secouerleur plu-
mage. C'est chez la cailleet chez certains perroquets queM.Weir a trouvé les meilleursexemplesde ce rapprochementdes plumes et de cette diminution apparente du corps sous
l'action de'la frayeur. Cette habitude se comprendchez ces
oiseaux,parcequ'ils ontétéaccoutumés,en faced'un danger,soit à se blottir sur le sol,soit Ademeurer immobilessur une
branchf, pour éviter d'être découverts. Assurémentil est
possibleque la colèresoit ta causeprincipaleet la plus com-
mune du hérissementdesplumes;cependant il estprobable
que lesjeunes coucous,lorsqu'onles regarde dans leur nid.
et la poule avecsespoussins.lorsqu'unchien lesapproche, ne
sont pas toutAfait exemptsde frayeur. Je tiens de M.Tcget-
< JMop~MMtMf/M~MK.Voirla descnptionde sesmoeurs,parCoMtd,MtHdM!ofBM' AM<~t/<8M,vct.tt, p.82.
CttR~LMA~tMAUX. t«7.11
moierqae, dans les combatsde coqs, Je hérissement des
plutnes de la tête, chezl'un des champions,est regardé de-
puislongtempscomm~un signe avéré de couardise.
Les mâles de quelquessauriens, lorsqu'ils se battent en-
setnble pendantjours ~m(mrs~dilatent leur pochepu sac la-
ryngien et érigent leur crête dorsale foutefois le docteur
GHnthorne pensepas qu'ils puissent dresset' isolément ietn's
épineson ecaitles.
Lesexemplesque nous venonsde citer montrent combien
le hérissementdesappendicescutanés, sous l'influence de ta
colèreet de la frayeur, est général chex les vertèbres des
deux premières classes,et mémo chez certains reptiles. t~c
mécanismede ce phénomènenousa été revête par une dé-
couverte intéressantedue a M.Kôttiker,cette des petits mus-
cles lisses, involontaires,qui s'attachent aux follicules (les
poils,des plumes,etc., et qu'ondésigne souventsous te nom
de musclesarfM<orMp~t Par ta contractionde ces muscles,
les poilspeuventse-redresserinstantanément,commenous te
voyonschezte chien, en mêmetemps qu'ils sont un peu at-
tirés hors do leurs follicules; immédiatementapr~s ils s'a-
baissent.Lenombrede cespetitsmusclesexistantsur le corpsentier d'un quadrupède velu est véritablement prodigieux.Hans certains cas. on voit s'ajouter a leur action celle des
nbres striées et volontairesdu panicutecharnu sous-jaccnt:
par exemple,chez l'homme,quand les cheveuxse hérissent
sur sa tète. C'estaussi par la contraction de cette dernière
couche musculaireque le hérisson dresse ses piquants. !t
<«.Voir,par exempte,la relationque j'ai donnée(DMc<*M</«t<c<'<~fAoMmc,traductionfrançaisepar Mou!in!~t~Il, p.M au sujetd'unAMo~ietd'unDn!<*o.
i7. CesmusclesMntdécritsdanstes ouvragesbienconnu de Ke)-tlker.Jedoisdesremerciementsa cetobservateurdistinguépourlescx-
plicationsqu'ila bienvoulumefournir,à cesujet,dansunelettre.
<<? MOYRXS KRXPHKSStÔX
t'ésuïte en ontt'e des recherches de ieydig et d'tmtre~ obser~
vateuM qMe des 6bMs stries <? portent do ce patUCutcA
<tMehju<'s-nns des poils tes plus grands, par exempte aux vt-
bptssM de cet't<nns qtMdrnpAdes. t~ contt'actMn des af<'ee<ot'M
Mesf' protTn!tpM!u~m
que nousavons indiquées, maisaussi par l'effetdu refroidis-
sement. Je me rappelle avoir observé,le matin d'une nuit
glaciale passée au sommetde la Cofdillere,que mes mulets
et meschiens, amenésd'une stationinférieureet plus chaude,
avaient le poil aussi hérissé, sur toute la surface du corps.
qu'il peut l'être sousl'action de la plus profonde terreur.
Nousconstatonsle même phénomènedans la cltair de poule,
qui se produit chex nous pendant le frissonpt'ecurseur d'un
aec~'sde fièvre. N. Listera remarfnto~que le chatouiHement
provoqueaussile redressementdes poi!sdans les parties voi-
sines du tégument.Desfaits quiprécèdent, il resuite évidemmentque le héris-
sement des appendices cutanés est un acte reitexc, indépen-dant de la volonté lorsqu'il se produit sousl'inHuonccde la
colf'rcou de la frayeur, il faut le considérer,non commeune
facultéacquisedans un but utile, maiscommeun phénomène
accessoire,résultant au moins est grande partie de l'action
directe du scnsorium impressionné.On peutle comparer, àcet égard, Ala sueur abondante que provoquent l'excès de
soufft'anceou la terreur. Il est cependant remarquable de
voir avec quelle faciutéil se manifestesouventpar l'euet de
la plus légère excitation c'est ainsi que se hérisse le poil de
deux chiensqui vont se jeter l'un sur l'autre en jouant. Nous
avonsvu d'autre part. par un grand nombre d'exemplespris<!atMdes classes tt'~s ditl~rentes,que l'érection des poils ou
des plumes s'accompagiiepresque toujours de mouvements
t)-t.f<~M<AderMsMo~fdesJfotM~'M,<M7,s.82.Je doisa tagra*Hteusetëduprot~eur W.Turacrun résumédecetouvrage.
<!)'.CM<M<eWyJoN~Mo~J~M~p~<t<McM'tOS~vol.t, f. 262.
OHMLRSA~tMA~X. <<?
volontairesvariés: l'animalprend une attitude menaçante, il
ouvre la boucheet montreles dents;chez les oiseaux,les ailes
et la queue s'étaient enfin(les sons sauvages sont articulés;
or il estimpossiblede méconnaîtrele but de ces mouvements
volontaires; ausMsetable-Hl peu croyable (~uele hérMtSe-ment desappendicescutanés, qui se produit en m&metempset par lequel l'animal s'entleet se donne une apparence plusformidalde en face de sesennemisou de ses rivaux, ne soit
qu'un phénomène entièrementaccidente!, un résultat sans
objet de la perturbation du sensorium. !t serait presque aussi
vraMemMablede considérercomme autant d'actes sans but
le hérissementdes piquantsdu hérisson, ou cehn des épinesdu porc-ëpic, ou bien encore le redressement des plumes
qui ornent divers oiseaux,pendant leurs amours.
Maisici surgit unesérieusedtfucuHé. Commentla contrac-
tion (lesotVM~fMpili, muscleslisses et involontaires, a-t-ette
pu s'associer A celle de tnuscks vo!ontaires variés pour un
même objet spécial? S'il était possU)!ed'admettre que les
affMMfMont été primitivement des muscles volontaires, et
ont depuisperdu leurs striespour cesserd'être soumisà l'em-
pire de la volonté, la questionse trouverait singulièrement
simplinée.Maisil n'existe, que je sache, aucune preuve est
faveur d'unepareillemanièrede voir. Onpeut croire cepen-dant que la transformationinverse n'aurait pas présenté de
bien grandes difficultés,puisqueles musclesvolontairesexis-
tent &l'état lisse dans lesembryonsdes animaux les pluséle-
vés et dans les larvesdecertainscrustacés. On sait aussi. d'a-
près Leydig que dans les couchesles plus profondes (lu
derme, chezcertains oiseauxadultes, le réseau musculaireest
dans une sorte de condition intermédiaire les fibresn'ont
que quelques rudimentsde stries transversales.
Voiciune autre explicationqui me parait acceptable. On
20.J~McA derHistologie,t8~, s.82.
no M<n'EXSMMt'MK88!0?!
peut supposer qu'au début, sousl'influencede lit rage et de
la terreur, Jcs orfM~rMpili ont été mis légèrement en ac-
tion, d'une manièredirecte, par la perturbation du système
ncrvonx,exactementcommeits lasontcheznons dans la c/t«<r
p~M&qui pi~c~d~cun acc~sde n~vre:LM c~ïiittitih~vü~'litw
rage et de la tot'i'eurNotantreproduitesfréquemment, pen-dant une longue suite de ~énet'altons,cet oiEetdirect de la
perttu'b&tiondu systèmenerveux sur les appendices depnM-
(ptpsa <tApresque certainements'augmenter par l'habitude
et par la tendancequ'a la forcenerveuse&passer facilement
par tes voies qui lui sont habituelles,Cette opinion sur le
t'Ateattribué &ta force de ~habitudesera bientôt confirmée
par t'élude des phénomènesque présentent tes aliénés; nous
verrons en euet, dans un chapitre suivant, que chez eux
t'unprc'Mionnabititodu systèmepiteuxdevient excessive,parsuite de ta fréquencede leursaccèsde furout' oude terreur.
Une foif eettc propriété de 1'ttorripitationainsi accrue ou
fortifiée,FaniMïatmAtca dû voirsouvent ses rivaux furieux
ériger leurs poits ou IfU)")ptumes,et augmenter ainsi te
volumede leur corps. !t est pt'obahtc qu'alors il a eu lui-
même Je désir de se faire paraître plusgros et plus tormi-
dahte pour sesennemis, tout enprenant volontairement une
attitude menaçanteet poussant des cris sauvages; au bout ·
d uncertain temps,cetteattitudeet cescris sont devenusins-
tinctifs par l'effet de t habitude.Cest ainsi que les actes
accomplispar la.contractiondes musctesvolontaires ont puse combiner, pour un mêmebut spécial,avec desactes cnec-
tués par des musctes involontaires, Il est même pô~ibtc
qu'un animal soumisil une excitation,et plus oumoins cons-
cient lie la modincationsurvenuedans l'état de son système
pileux,puisseagir surcelui-cipar un exercicerépété de son
attentionet de sa. volonté nousavons en effet des raisons
de croire que la volonté est susceptibled'influencer d'une
mumerc tHysiérieu!<el'action de certains muscles lisses ou
COJSX LRS A~tM~UX. («
involontaires je citerai commeexemple les mouvementspé-
ristaltiques de l'intestinet la contraction de la vessie.N'ou-
blionspas nonplus le rôle qu'ont déjouer la variationet la
sélectionnaturelle les m&Iesqui ont réussiAse donneri'Mp-
twpttnce J&phM~t~S!mi@,eti fa<cede l<;m's r~nuxutt dolou~ttutres ennemis, ont dtt ta!ss<*t'cn!noyettncnnptus ~ran<tnombre de descendants,hettiiets de ieunfqualitésCMmctôris-
ttques, anciennesou nouvellement acquises.
6ott~e<M<H~du corps,et MM<fMMO~CH~produire la CMt~e
<M «MeHMeMM.–Certainsamphibies et c<!t'ta!nsreptiles, (jnine possèdent ni épines&herisset', ni musclespour produirecemouvement.enflentleur corps en inspirant de l'air, sous
l'influencede iHcrainte ou de la colère. C'est i&un phéno-mèneparfaitementconnucheztes crapaudset les grenouilles.
Quinese rappeUo!a chétivepécore miseen scène par Ésopedans sa fabtc intitulée ~wMy« la Grenouille,et qui, parenvieet vanité,s'cnMasi bien qn'<'H<'creva? t/obscrvatÏon(le
ce fait doit remonterAt'époque la pius reculée,puisque, d&-
près M. Honsipigh\cdgwood h*mot crapaud t'xprimc,dans plusieurs des tangues de i'HMrope,l'habitude de se
gonflor. Cette particuiaritea été constatéechez certaine es-
pèces exotiques,au Jardin zootogiqtn:; !c docteur Cûnther
pensefjn'eih' est~oncrah' dans tout ce groupe. Knnous lais-
sant guider par i analogie,nous adtnettt'onsque le but pri-tnitifde cegonflementaété probab!om<'ntdf donner au corpsun aspect aussi imposant et aussi t<'rrihte qu<' possibh', en
faced'un ennemi. Toutefois il t'n résutie encore un autre
avantage. plus important peut-être lorsqu'une ~renouith'<'stprise par un serpent, son principal ennenn, élit' s'fnttc
d'une manière prodigieuse; et. fl'apres it' docteur <:nt)t!)Rt',si le serpent est de petite taillf, il ne peut engloutir la
~t. DM:(~tMt'yO/M~M~<~M)0~,p. t'M.
t~ MOY~ttn~BXPMSStON
gfCHouute, qui échappe ainsi au danger d'être dévorée.
les caméléonset quelquesauti'pssauriens s'enflent aussi
lorsqu'ilssont irrités. Je citerai, par exemple, te ~jp<ty<<
fot<~<M«,espacequi habite l'Orégon.Klleest ~ntc dans ses
mouvements,<'t cHone mord pas. mais nn£tlt}1pn"lc".féroce i~orsqufcet animal est irrité, il s'étance d'un air
wnaçant snr tout ot~ctptac<&devant lui; <'nm6nte temps il
ouvt'chn'gcmcnt la pncutc, il stfneavec force, enfin Ucoilt'
soncorpset manifestesa colèrepar divors autres signesPtusi<*ut'sespaces de scfpcnts se ~onnent do mAmcsous
rinMHcnccde ta co~rf. Le C~o~toaW<~<tMaest particuii&rc-ment remarquable à ce point de vue; sctucîncnt je crois.
a ta suite d'une oiMervationattentivede cet animal, qu'il
n'agit pas ainsiavec le deitscind'augmenter son volume ap-
parent,mais simplementdans le but d'inspirer une provisiond*airconsidérabte, (lui lui permette de produire son siffle-
ment bruyant, aigu et protong'é. Cu~a copeMo,irrité,
se gonfle un pen et siffledoucement maisen même tempsil lève la tête, et, au moyende seslongueseûtesantérieures,
il dilate la peau de chaque côté de son cou, de manière A
former une sorte de disque large et aplati, désigné sous te
nomde capuchon. Hprend alors,avec sa gueule largement
ouverte, un aspect enrayant. L'avantagequi en résulte pourlui doit évidemment cire considérable pour compenserJa
diminutionsensible que cette dilatation fait éprouver Ata
rapidité, très grande encore, il est vrai. de ses mouvements,1
lorsqu'il s'élance sur un ennemi ou sur une proie; c'est
ainsiqu'un morceau de bois large et mincene peut fendre
l'air aussi vivementqu'un petit bâton cylindrique. Un ser-
pent inoffensifde l'Inde, le ?'foptdonof<MMtoerop~AahMtM.dilate son coude la mêmemanièrelorsqu'il est irrité, ce qui
M.Voirla rctauondes«Meursdecetanimalpar tedocteurCooper,citéedans~V<t<Mfc,27avril<8T<,p.Stï.
CMHX ~BS AStMAUX. JtX
x
le fait prendre souvent pour son compatriote, le terrible
cobra' cette resMmbtanceconstitue peut-être une sauve-
gardepour lui. Uneautre espèce inoffensive,le D<Mypet<Mde
!'AMqueméridionale,se gonfle, distend son cou, siffle et se
ianee sur t'jtmpurtun quj) le dérange beaucoup d'antres
serpentssifnentdansdes ch'constaucessemblables.Ilsdardent
aussileur tangueet l'agitent avec rapidité, cequi peut encore
contribuerà leur donner uneapparence formidable.
Outrele sifflement,certains serpeuts pondent des moyensde produiredes sonsparticuners. J'ai remar<}uë,il y a déjà
plusieursannées, dans l'Amérique du Sud, que lorsqu'ontroublait un yW~OMoce~A<~M<venimeux, il agitait vivement
l'extrémitéde !<aqueue, qui, frappant sur l'herbe et ics
petites brancitcs sèches, produisait un bruit vif et rapide.entendu distinctementAia distance de six pieds L'~cA~
MyttK~ode i'tnde~espèce féroceet dont lu piqûre est mor-
<eUc,produit un son particutict', étrange, prolongé, pres-
queun siMetnent par un mécanismetout différent, c'est-
)\-dire« en frottantles replis de sou corpsles uns contre les
autresM,tandisque Ja tète reste & peu pr~s immobile. Les
écailleslatérales,et celles-làseulement, sont fortement con-
vexes,et leur sniltiemédiane est dentelée commennescie;
lorsquel'animal enroulé frotte ses replis, ces dents frottent
les unes contre lesautres Happelonsenfin l'exemplebien
connudu serpent&sonnette. Celui qui s'est borné ii secouer
laMMneMed'un serpent mort ne peut se faire une idéejustedu son produit par l'animal vivant. t)'apr6s le professeur
M.uoctcurCunther,~h'7cj!<B<'MsA/M<<t«,p.2<!2.24.MJ.Ma<MctWea!c,JV~Ht'c,27avril<87t,p.MS.2S.JoMfMt'tor ~<'a<'<:Ac.tdm'~~c t~a~c o/' a BM~<' )tt~
p. M. J'a<compareh; br))<tauM)pfoduttHcetu!du serpent&900-HCtte.
i'6.Voirla relationdudocteurAndersen,Pfoc.Zo«<.S<!cfc<1871,p.100.
XOYKNSO'KXPRHSStOX<t4
Shalor, ce son no peut se distinguer de celui que produit h*
mâle d'une grande cigale (insecte homopterc) qui habite t<'
même pays Au Jardin xootog-ique, j'ai été ft'appa de ta
ressemblance des sons émis par le serpent Asonnette et par te
< or~~M~, atom qu'oa les provoqnoit en même temps
et, bien que le bruit produit par le crotale fnt plus retentis-
sant et plus aigu que le sifflement du C~Ao, j'avais peine.
&quelques métros de distance, à les distinguer l'un de l'au-
trc. Or, quelle que soit ta signification du bruit produit dans
l'une de ces espèces, je ne puis ffuére douter qu'i! no serve
au même but dans ta seconde et je conclus des mouvements
menaçants exécutes en m~ntc temps par beaucoup de ser-
pents, clue leur sifttcmcnt, !<'bruit de la sonnette du crotale
et de la queue du trigonocéphale, Ic t'actcmcnt des écailles
do l'ëchis. et la dilatation du capuchon du cobra, servent
tous au même objet, c'est-à-dire si les faire pat'aitro formida-
bles a leurs ennemis
27. ~iM~MMJV<t<Mtm<janvier<87~p. 3~. ~eregrette dene fou'voir partager l'opiniondu professeurShater, et croire commelui quela sonnette du crotales'est développéepar t'ettetdela sélectionnaturelle,dans Jebut de produire dessons destinés & tromper les oiseaux,&les
attirer et à en faire ta proiedece reptile.Sansvouloirnier queces sons
puissentparfoisservirà cet usage,je croisplusprobablela conclusion&
laquellejesuisarriv)', cKtuimefaitconsidérercebruitcotnmeuMavertis-
.aemeotàl'adressedesennemisquipourraicntetretentesdel'attaquer;cette
conclusionconcitiecncnetdesfaits dediversordres.Si10serpentavaitacquissa sonnettepar l'habitudede fairedu bruit dansle butd'attirer uneproie,il ne serait pas probablequ'it f!t agirinvariablementcet appareittoutes
lesfoisqu'il est dérangé ou misen colère.Quantau modede développe-ment de la sonnette,!o professeurShater est à peuprès d'accordavec
moi; j'ai d'ailleurs constammentsoutenu la tt~me opinion depuisque
j'ai observele trigonocephatedansl'Amériquedu Sud.
~.U'aprfstcsrucibrefemmcntrecueittis par M*Barber, et publiésdans le JoMnt«<o~f/< I,<ttMcMKSoc«'<y,sur les ntopursdes serpentsde
t'AMquc méridionale,et d'après des relationsduosa divers auteurs, a
M.Lawsonentre autres, sur te serpenta sonnettede l'Amériquedu Nord,it ne paraitpasimprobableque l'aspect terrifiantque prennent certains
serpentset tes sons qu'ilsémettent puissentservirà leur procurerune
CHKK LKS AStMÀUX. t(S
On pourrait supposer que les serpents venimeux, tels que'ceux que nousvenons de nommer, qui possèdentdans leurs
crochets un instrumentde défensesi redontable, ne doivent
pas être exposés à des attaques, et qu'ils n'ont par consé-
ttuemtauoMnbeMiMdemoyonspropres A provoquer lacraintechez leurs ennemis.11n'en est rien cependant, et, dans tous
les pays du monde,on voit ces reptiles servir eux-mêmes de
proie Aun très ~rand nombre d'animaux. C'estun fait bien
connu qu'auxÉtats-Unison emploie,pour purger les districts
infestésde serpents à sonnette, des porcs, qui s'acquittent
pafaitement de cette bcsogn<' En Angleterre, le hérisson
attaque et dévore !a vipère. J (ti entendu dire au docteur
Jcrdon que, dans l'Inde, plusieurs espècesde faucons et un
niamntifèreau moins, Hchneumon, tuent tescobras et d'au-
tre,s serpents venimeux il en est de mêmedans le sud de
l'Afrique. Il est donc permis do croire que les sons ou les
signes de tout g'enre, par lesquels tes espèces venimeuses
peuvent se reconnaître immédiatement pour redoutables,leur sontau moinsaussiutilesqu'aux espècesinoffensives,quiseraient incapables,si elles étaient attaquées, de faireaucun
malréel.
Puisque l'histoire des serpents m'a déjà entraîné à d'aussi
longs développements,je ne puis résister a la tentation d'a-
jouter quelquesremarques sur le mécanismequi a probable-ment présidé au dévcloppemt'utde la sonnette du crotale.
proie,enparalysantou,commeoMle ditquetquctots.en fascinantdesanimauxdepetitetaille.
20.Voir!e récitdodocteurR. Brown(ffoc.&M/.Socte~<)M7~p. 30) a Aussitôt,dit-il,qu'unporcapcr~ottunserpent,il s'élanceMrtt)i; leserpent,au contraire,s'osqu!ve!mntcdiatement&l'aspect<t'utt
porc.30.LedocteurGunthcrstgnate(H''p<Mo~J!n(t<Aht<«, p. 340;la dcs-
trucHondes cobraspar t'ichncumonou hcrpesics,et des cobrasjeunes
pat' !Mj)MMc~b<p<(pouledesjung!c8~.ti est bien connu~uutepaon fttit
aussiauxserpentsunechasseactive.
<t0 MOYMS M'KXPMBSStON
Uivet'8animaux, certains sauriensen particulier,reptient leur
queue ou l'agitent vivement, lorsqu'Hssontprovoqués c'est
ce qu'on observe chez un grand nombred'espèces de ser-
penta~. Onvoit au Jardin zootogiqueuneespèceinoffensive,
te ~oroHeM~iSayt, quifait t~MmoyepmqneMoait'apidement
que cette-ci devient presque invisible.Le trigonocéphale,dont j'ai déjà parle, a ta même habitude; l'extrémitédo sa
queueest un peu renflée.ChezleZacA~M~qui estsi rapprochedu crotale que Linné les a placés dans le mêmegenre, la
queue, pointue, se termine par une écailleunique, grande,en formede lancette. Or, d'après les observationsdu profes-seur Shatcr, chez certains serpents, « la peausedétache plusdifficilementsur ta région caudaleque sur les autres partiesdu corps Supposonsdfs lorsque, citezquelque ancienne
espèce américaine, la queue élurgie ait d'abord porté une
seule grande ecaitte; supposonsqu'Al'époque de ta mue,
cette écaille n'ait pu se détacher et soitrestéedéfinitivement
fixéeau corps do t'animât; à chaque nouvellepériodedu dé-
veloppement du rcptite, une nouvelleécaille, plus grande
que ta précédente, se sera formée au-dessusd'cttc, et aut'a
pu de même rester adhérente. Voiiàle point de départ du
développementd'unn sonnette, dont l'emploiserahabituel, si
l'espace avait coutume, comme tant d'autres, d'agiter sa
queueen présenced'une provocation.tt estdifficilede mettre
en doute que la sonnettene se soitensuitedéveloppéespécia-lement pour servir d'instrument sonore; car tes vertèbres
3<.LeprofesseurCopea cité«Mnombretrfscensidffabtcd'espèces,<!an!<sontravaitilethodo/'Cff«<~M~(~aK<cT~pM,lu devantthe~mt-<wwt/'A<7.~<<c.Jct:idécembre<87<,p. ~0. LottrofeMenrCopec~<!am~m<!avisquemoisur~ctnpto!desm&utementsetdessonsproduits~r lesserpents.J'aitouchétegcrcmentcettequestiondansladcrmen:fditionden!on()W~t«c~<*<tMpëcM.Depuisl'impressiondespagescides-j'ai cui&satisfactiondevoirqueM.MendcMonattribuaitaussi&lasonnette)c mêmeusage,(luiest«depréveniruneattaquee.<TAeAMfrt*'on,V<~Mnt((~,mait872,p.2<!0.;
CttRZLESA~tM~UX. <t7
oUes-mèmesde l'extrémitéde lu queue ont éprouvé des modi-
Scationsdans leur forme et se sont soudéesensemble, Divers
appareils d'ailleurs, aussibien que la sonnette du crotale,tes écailles latérales chez l'échis, les côtes cervicaleschez te
eobfa, le eofpstoui. entterchezle cbttio, ont puéprouvercertaines modificationstendant A produire i'appréhf'nsion <'t
l'euroi chez un ennemi. Ne voyons-nouspas chez un oiseau,
le bizarre sect'etah'e (~~o~erattM<),réconomic tout enHerc
spécialementadaptée à la chasse aux serpenta sansqu'il en
résulte aucun danger pour lui? Il est cxtt'emcmGntprobable,
d'après ce que nous avonsdéjà vu, que cet oiseau hérisseses
plumes quand il se précipite sur un serpent; il est certain
que, au momenton l'ichneumonfond sur un reptile, il re-
dresse te poil de tout son corps et en particulier celui de
sa queue~. Onsait de mémoque certains porcs-épics, irrités
ou alarmés par l'aspectd'un serpent, agitent rapidement leur
queue, produisant ainsiun son particulier qui t*ésu!tedu choc
de leurs piquants tubtttau'cs. Ainsi !'assaiUant et l'assailli
cherchent tous les deux A se rendre Fun pour l'autre aussi
enrayantsque possible chacun d'eux possède &cet eSet des
moyensspéciaux,(lui, chosesingnhere, se trouvent Atrepar-foispresque identiques.Knftnon voit que si, parmi les ser-
pents, les individus privilégiés qui étaient le plus capables
d'eHrayer leurs ennemisont échappé le plus facilementà lit
mort; si d'autre part, parmi ces ennemis,ceux-làont survécu
en plus grand nombrequi étaient le mieux doués pour leur
dangereuse lutte contre les serpentsvenimeux; les variations
utiles qui ont pu se produire de part et d'autre, il ce pointde vue, ont du se perpétuer et se développer parmi les des-
cendants des individus le plus heureusement constitues.
~tM~r~men~des oreilles en ~nv<ere. Chez un grand
M.M.dcaVo'ux./'<w.Zool.Soc.,<87t, :L
n« MOYEKSD'EXPBKSStOX
nombre d'animaux, les mouvementsdes oreilles constituent
un moyen expressif d'une grande valeur; dans certaines
espèces, par exemple chez l'homme, chez les singes supé-rieurs et chez beaucoup de ruminants, cesorganes n'ont au
contrairf aucune utilité aupoint de ~e de j'exprcsaion: Pf
légers déplacementssuffisentsouventpouraccuserde la ma-
nière la plus évidentedes états d'esprit différents,ainsiqu'onl'observe journellement chez le chien. Nousne nousoccupe-rons pour le moment que de ce mouvementspécial par le-
quel les oreilles se renversent complètementen arrière et
s'appliquent contre la surface de la tête. Ce mouvementin-
dique des dispositionshostiles, mais seulement dans le cas
où il s'agit d'animaux qui combattent à coups de dent; il
s'explique alors naturellement par la préoccupationqu'ontces animaux, dans une bataille, de garantir ces appendicessi exposéset d'empêcher leur adversairede les saisir. L'in-
fluence de l'habitude et de l'associationleur fait ensuite
exécuter le même mouvementtoutesles foisqu'ils sont har-
gneux, ntcmc Aun faible degré, ou qu'ils veulents'en don-
ner l'air en jouant. Pour se convaincrequecette explicationest bien l'expression de la realité, il suffitde considérer la
relation qui existe, chez un très grand nombre d'espèces
animales, entre cette rétraction des oreilleset la manière
de combattre.
Tousles carnivores combattent avec les dents canines, et
tous aussi, au moins dans les limites des observationsque
j'ai pu faire, renversent leurs oreillespour exprimerdes dis-
positionshostiles.C'est ce qu'on peut voir tousles jours chez
les dogues, lorsqu'ils se battent entre eux sérieusement, et
chez les petits chiens, quand ils luttent pour s'amuser. Ce
mouvement est bien distinct de l'abaissementdes oreilles
accompagné d'un léger renversement en arrière, que l'on
observe sur un chien joyeux et caressépar son mattre. On
peut le constater encore chezles petitschatsquand ils luttent
CttHX t.K« À~tMAUX. ttC
dans leurs jeux, aussi itien queohexles chats adultes, lors-
qu'ils sont réellementd'humeur farouche. (Voyezci-dessus,
iig. a, p. 50.)Onle sait; hten queprotégéesefficacementjus-
qu'Aun <'ertainpoint par la positionqu'elles prennent alors,
lesnMtllesMCfMBteatpas toujours saineset aauvesdo la l~a-
taille, ot l'onvoit souventchez les vieuxchats des décbu'urcs
plus ou moins profondes, traces de IcuMl~olliqueusesriva-
lités. Dans les ménageries, ce mcrnc mouvementest trèsac-
cusé chezies tigres, icsieopards. etc., braqu'Hs s'nccroupis-sent en grondant sur leur pâture. Lelynxpossèded<~oreiHes
d'une longueur t'emat'qnahtf;si l'onapproche un de cesani-
mauxdans sa cage, il les rétracte avec énergie, d'une ma-
nière fpn est expressiveau plushaut deg'rede sesdispositionshostitcs. Un pitoquc, l'OfHftapusilla, qui a d<' tt'~spetites
~rcillcM,les renversede mêmeest arrière quand il s'élance
avec colère aux jambes th' son gardien.
Lorsqueleschevauxtuttcnt entre eux, ils mordent avecles
incMvcs et frappent avec lesjambes de devant, beaucoup
plus qu'ik ne ruent desjambes de derrière. Cesobservations
ont été faitessur desdatons échappés ceta résn!ted'aiUeurs
d'une manière évidentede la nature des btessures qu'its !«;
font tes uns aux autres. Tout ie mondeconnattt'air vicieux
que donne Aun chevalce renversementdes oreHtcs, qui est
parfaitement distinctdu mouvementpar lequel il prête at-
tention Aun bruit produit derrièrelui. Si un cheval de mau-
vaiscaractère, ptacédans susta!!ed'écurie, a des dispositionsAruer, ses oreilles se rétractent, par habitude, bien qu'iln'ait pas rintention ou le pouvoirde mordre. Voyezau con-
tfaire un chevat qui s'étancc en plein champ ou qui reçoitun coup de fouet: il lance vigoureusementses deuxjambesde derrière, mais en général il ne renverse pas ses oreilles.
car il n'est pas alorsen coierc.Lesguanacosse battent ou-
trance avec leurs dents cesbataillesdoivent mêmeêtre fré-
fluentes, car j'ai trouvé souvent des déchirures profondes
<M MOYKK8M'EXPREMtOK
dnns le cuir de ceuxquej'ai tués en t'atagonie.Leschameaux
font de même.Or, dans ces deuxespèces,tes oreillesse ren-
versent encore fortementen arrière, en signe d'hostilité.J'ai
remarqué que lesguanacosrétractentaussileursorei!teslors-
fm'ttstn'ont pa~Mntention de mordre, mais seutcmcnt d~
lancer de loin leur salivesur l'agresseurdont la présencelesirrite. L'hippopotamelui-mêmerenverseses petitesoreilles,exactement comme le cheval, quand il s'avance menaçant,1
la gueule largement ouverte, sur ttn animal de son espèce.Quelcontraste entre les animauxprécédentset les bœufs,
les moutons, les chèvres, qui n'usent jamais de leurs dents
pour combattre, et ne rétractent jamais leurs oreilles sous
l'influencede la colère Sipacifiquesque paraissentles mou-
tons et les chèvres, leursmatesse livrentquelquefoisdes ha-
tailles acharnées. Lescerfsconstituentune familletrès voi-
sine des précédentes; ne sachant pas qu'ils combattissent
jamais avectesdents, j'ai été unjour surpris do trouverdans
un récit du major KossKing les détails suivantssur l'élan
d'Amérique, qu'il a observé au Canada Lorsqu'ilarrive
Adeux ma!es (le se rencontrer, dit-il, ils se précipitent l'un
sur l'autre avec une fureur efl'rayante, en renversant les
oreilles et en grinçant des dents IlJ'ai appris depuis parM. liartlett que certaines espècesde cerfs se buttent avec fu-
reur A coups de dent, en sorte cluele renversement des
oreillesde l'élan est encore une confirmationde la regte g6-nerute. Plusieursespècesdekangurous, conservéesau Jardin
zootogique, combattent en égratignant avec lespieds de de-
vant et ruant avec les pattes de derrière; jamais ils ne se
mordent les uns les autres, et jamais leurs gardiens ne les
ont vus renverserleurs oreilles lorsqu'ils étaientirrités. Les
lapins se battent surtout à coupsdepiedet Acoupsde griffe,maisils semordentaussimutuellement je connaisunexemple
;t:t.TheSjMt~MMKttM~~Mf<t~ ~tCOtM<f«,<MG,p.M.
CttKX M8 ÀKtMAUX. <
dans lequel t'un d'eux emporta d'un coup de dent h moitié
de la queue de son adversah'c.Au début de la lutte, ils ren-
versent leurs omiUes; mais ensuite, lorsqu'il se précipitentles uns sur ies autres et se frappent Acoups de pied, Usles
gnpficntredMssée~~utes remuentvivementdans toustes sens.
M. Bartiett a été témoin d'un combat acharné entre un
sanglier et sa fcmoite; iun et l'autre avaient la gueule ou-
verte et les oreilles rcoversée'),(cependantil ne parât t pas
que cette attitude soit hahituette aux cochons domestiquesdans leurs querelles.Lessang'iierscombattenten frappant d~'
bas en haut avec ioursdéfense)!;M.Bartiett doute qu'ils ren-
v<*M<entjamais leurs oreiites. Lesétéphants, qui luttent aussi
avec leurs défenses, ne rétractent pas ces appendices, mais
au contraire les dressent, en se précipitant les uns sur les
autres ou sur un ennemid'espèceétrangère.Les rhinocérosdu Jardin zoologiquese battent avec leur
corne nasale; on ne les a jamais vus essayer de se mordrt'
mutuellement. si ce n'est en jouant; et leurs gardiens affir-
nnn'ntqu'ils ne renversentjamais leurs orcitics, &la manière
des chevauxou des chiens, pour manifester des dispositionshostiles.Aussine puis-je m'expliquercommentSir S. Baker,
racontant qu'un rhinocéros, tué par lui, avait perdu ses
«rciMes,ajoute « Hticsavaient été emportées d'un coup do
dent, dans une hataille, par un autre anima! de la même
espèce; cette mutilation n'est d'aitteurs pas rarc~.
Pour terminct', un mot sur tt'xsinges. Quctqucsespèces.
qui possèdentdesorciUosmohih's<'tqui se hottfnt Acoupsd''
d<*nt,pMrexempt' ic C<t'cop«~ec<MfM~er,n'uversent leurs
orci!tes, exactementcommeh's cincns, torsqu'its sont irrités
ils prennent alorsun aspectremarquabh'ment farouche.Chcx
d'autres, tels quo !MM~ ~coM</o<<M,on ne voit rien dcsem-
hhthh'. D'autresenfin, et c'est IAune anoma!icsinguti~rc.
Nt.yAc~e M6M<w<Mo/ A~MfMM,t867,p.44U.
<M MOYENSDHXPRHSStOKRMKXtRSA~tMÂUX.
rét ractentles oreIHe! montrenttes dents et font entendre
un grognement de satisfaction, lorsqu'onles CtU'esso.J'ai fait
cette observation sut' deux ou trois espècesde maca<pt6!t,et
sur le C~MOp~AectMt«~r. A coupsur, si nous n'étions pré-
vent), n Dous~ct-nit t!!fne!!<~ht donne'' Th~tUtdcqufnous Mvonsdo la physionomiedes chiens, de rcconn~Mrc
dans tes ou'actèt'es précédents t'cxprcssionde ta .}oi<:ou du
ptaish'.
~<'<<fMMmeMtdesoreilles. Nousavonspeude choseà dife
sm' cf mouvement.Tout animut qmpeut mouvoirlibrement
ses oreHh's ttMdirige, iorsqu'Hest cH'rayeou qu'il regardeattentivement un otjjct, vers cet objet lui-même, ann (le
Muisirtout son qui ponrrMiten provenir.En mêmetemps il
t'etèvogéttét'atetnentJn tête; tous ses organessensoriauxsont
tdors eu éveU;certnias auimauxde petite tnittc se dressent
même sur leurs pattes de derrière. LesespèceseUcs-memet;
qui M'accroupissentstn*le sol ou qui fuient immédiatement
devant le danger prennent en gencnu l'attitudeprécédente,au premier moment. dans le but de découvrir ta source et
la.nature du péril qui les menace.La tète relevée,les oreilles
dressées et le t'cgard dirigé en avant donnenttl un ammal
quelconque uu<'expressiond'attentionprofondequ'il est im-
possiblede méconnattre.
CUAmŒV.
KX)'tUMSt(M<!<SfÈCtALESOESAStMACX.
MoMvemetttxotprcMth~t<rer'<cttM)«):hieM.Chat. 0<ctat. !HtH)hMH«.Ktngea.EtpreMtoMdejoieetd'a<tbc«ot),deMu~rfmcc.doe~)ef<d'<H~MM~-otcntet<tc(erreur)'hM<'Mantmem.
Chien. J'audôjAdëct'it r<M!pectd'un chien qui en appro-ehc un autre avec des intentionshostiles (ug. 5 et 7); les
oreinesse dressant, le regard se dirige fixementen avant, le
poil se hérisse sur le cou et le dos, l'allure est remarquable-
ment raidc, la queue est !t:vceen l'air et rectiligne. t)e ces
divers caractères, deux seulement, la raideur de l'allure et
le redressement de ta queue, demandent encore quelques
développements.SirCh. Bellfait remarquer' que, lorsqu'un
tigre ou un loup, frappé par son gardien, entre subitement
en fureur, '<tous les musclcssont tendus et les membressont
dans une attitude de contraction forcée t'animat est prêt A
bondir Cette tensiondes muscleset la raideur de l'attitude
qui en rcsutte peuvent s'expliquer par le principe de l'asso-
ciation des habitudes: en effet, la colère a toujours pousséa
deseûbrts furieuxet parconséquent &une miseen action vio-
lente de tous les musclesdu corps. Oril existedes raisonsde
supposer que !f!systèmemusculaire exige en qnetqnc sorte
une rapide préparation, un certain degré d'innervation, avant
de pouvoir produire une action énergique. Mespropres sen-
sations contirmentpour moi cette hypothèse, qui cependant
t. r<M'~Ma~OMy0/'JSittM'eM<OM,<t~, p. t<!0.
W KXPKESStOXSSP~CtALKS.n'est pas, que je sache, admisepar les physiologistes.Toute-
foisSir J. Paget m'apprend que, lorsque les musclesse con-
tractent brusquement avecune très grandeforce, sansaucutt<*
préparation, ilssont susceptiblesde se rompre; c'est ce qm'on
obsfrvc quelquefois chez un îtbmmcqui fait un fnux paset
glissed'une façon inattendue une pareille rupture se pro-duit très rarement. au contraire, quand l'acte musculaire.
quelque violent qu'il puisseêtre, est accomplidepropos déli-
béré et sous l'influence <lela volonté.
Quant A lit position relevée de la queue, elle sembledé-
pendre d'un excèsde puissancedes musclesélévateurssur les
musclesabaisseurs excèsqui aurait naturellement poureffetde placer cet organe dansla situation verticale,lorsquetous
les musclesde la partie postérieuredu corps sont contractas.
Je ne puis toutefoisaffirmer que cette explicationsoit l'ex-
pression de lu vérité. Unchien joyeux, trottant devant son
maître avec une allure gaie et alerte, porte généralement la
queut! en l'air, mais avec beaucoup moins de raideur que
lorsqu'il est irrité. Cn chova! qu'on lance pour la premièrefois en plein champ trotte gracieusementet A longues en-
jambées, en levantla têteet laqueue. Lesvaches eUcs-mtmes,
lorsqu'elles gambadent av<'csatisfaction, lèvent leur queued'une maniert' grotesque. Onpeut faire la mêmeobservation,
au Jardin xoologiquc, sur divers animaux. Toutefois,dans
certains cas, la position de la queue est déterminée par des
circonstances spéciales: par exemple, aussitôtqu'un cheval
prend le grand galop, il abaisse invariablementsa queue,de
manière à présenter à la résistancede l'air aussi peu de prise
que possible.
Lorsqu'unchicu estsur le pointde s'etanco' sur un ennemi,
il pousseun grognement sauvage; ses oreillesse renversent
complètement en arrière, et sa lèvre supérieure se rétracte
pour laisser agir les dentset spécialementlescanines(fi~.H).Ces marnes mouvements peuvents'observer aussi chez les
CtHBN. <?
dogmeset les petitschiensquand Usjouent ensemble.Cepen-dant si, au miHcudujeu, t'animâtse met sérieusementen co.
!~re,sonexpressionchangeimmédiatement;ccqui tieots!mpte*tneut à ceque les tevref!et lesoreillesM rétractent avecbeatt'
B'at'fetnature,(farM.W«<M(.
coupplusd'énergie. Si un chien grogne conh'c un outre, sn
~v<'eser~h'actc~énératcmcnt(rnn }!eutcôté, celui<jutt'e~tn'dc
son ennemi.
fat dect'tt (tuns h}chapitre JIIcsmoMvcmenisd'un chien
<}u!manifcstf'son affectionpout'son mottrc~. C et 8). bt
Mteet lecorps en<!<;rs'nbtusscutet se contom'ncnten tn<mvc-
tnchtsficxueux;la queueest étendueet se bH!nnccd'nn côté
à l'autre. Les ofetUcssont abaisséeset MMpeu portées en
t!Xt'!ŒSStO!<88!'<~<ALM.i26
arrière, attitude qui forceles paupièresAs'aUongeret médi-
na l'apparence de la face tout entière. Leslèvressont rda-
chéeset pendantes; te pnit reste tisse. Touscesmouvementset
ces attendes peuveuts'expliquer, je crois, par io principe de
t'antith~: cnr Hs sont en oppewitMne<]mp!eieavec eeux
qu'exécutenatureiïcment un chien irrité, c'est-à-dire soumis
à un état d'esprit précisémentinverse.
Lorsqu'un ho<nmcparle simptemcnt &son chien ou qu'itlui donneune tnat'qucd'attention, on voit tes dpt'nicfsvesti-
ges dt*ces mouvementsdans le balancementde la queue,
qui persiste seul et ne s'accoltpagne même pas de rabais-
sement des oreiMes.Le ehîen manifesteencoreson affection
en se frottant contre son muttre; le même sentiment te
porte Adésirer aussi!e frottement ou les tapes amicalesde la
tnaiu.
Gratioletrend compte des manifestationsaffectueusesqufnous venons d'indiquer de la manière suivante; le lecteur
jugera par iui-mèmede la valeur de cesexplications,fartant
des animauxen général, y.comprisle chien C'est toujours,
dit-il, la partie la plus sensible de leur corps qui recherche
les caressesou les donne. Lorsquetoutela longueurdes t!aocs
et du corpsest sensthie, l'animal serpente et rampe soush's
caresses; et, ces ondulationsse propageant le long des mus-
cles analogues des segments jusqu'aux extrémités de la
colonnevprtébratc,ta queue se ploie et s'agite~. Plusloin,
il ajoute que le chien, dans l'expressionde son affection.
abaisseses oreilles, afin d'éliminer toute perception sonore,
et de concentrersonattention entière sur lescaressesde son
mattrc!
Leschiens ont encore une manièrt}tr~s remarquaMcde
manifesterleur affectionpour leur maître: elle consistea lui
techer les mains on le visage, Ils se lâchent a.ussiquelque-
n<! PA~MOtK«',<Sti;p.2t)t.
t'ittKX. <?
fois entre eux, et toujourssur le museau. J'ai vu égalementdeschiens tcchordescimtsavec lesquelsils vivaienten honnf
intelligence. signe expressifdérive sans doute de l'habi-
tude qu'ont les fenteth'sd'' poMt'~ch<;t'teut*peUts, ic plus
chepobjet de totn'affection. dans le but d'' les nettoyft'.Souvent <msNton Jes vo!tdonttft' A tcut*pt'o~ntttu'c, apn'sune coMrteabsence, quetquct!coupsd<!ian~uo rapides, f~t
paraissent simplement destines A <'xprimet'leur tendresse.
Cettehabitude a du s'associerainsiavec tonte émotionaffec-
tueuse d'une origine quelconque.Aujourd'hui elle est si for-
tement acquise par hérédité ou innée, qu'c!te se transmet
également aux deux sexes.Dernièrementon tua chez moi les
petits d'une femellede chien terrier, que je possède,et quii
s'est toujours montrée très affectueuse; j'ai été très frappe,en cette circonstance,de ta manièredont elle essayade satis-
faire son amour maternelinstinctif,en le reportant sur mo!
sondesh' de me lécher lesmainsétait passeAl'état de passioninsatiaMe.
Le même principe exptiqae probab!cment pourquoi Jtcs
chiens, pour exprimerleur affection.aiment Ase frotter con-
tre leurs maUrcset &être frottés ou tapés amicalement pat'
eux; en effet, pendant l'allaitementde leurspetits, !c contact
avec un objet aimé s'est associé fortement dans leur espritavec les émotionsaffectueuses.
L'affectionqu'éprouvele chien pourson mattre se mélanged*unsentiment profondde soumission,qui tient un peu de
la crainte. Aussicertains chiensne se bornent pas il abaisser
leurs oreilles et As'aplatir un peu en approchant leurs tna!-
mais s'allongent sur le sol, le ventre en l'air. C'estlà un
mouvementaussi opposéquo possible toute démonstration
de résistance. J'ai possèdejadis un gros chien qui ne redou-
tait nullement de se mesurer avec des adversaires de son
espèce; cependant il y avait dans le voisinage un chien de
berger, sorte de chien-loup,d'humeur pacinqueet beaucoup
<9« KXPKR8SiON88MCtAM8.
moins fort, qui avait sur lui une étrange in&ueocc.LoHtntole hasard les mettait en présence, mon chienavait coutume
de courir &sa rencontre, la queueentre lesjambeset le poil
lisse puis il s'allongeait à terre, le ventre onl'air. semblait
ninsi direphMetmrement~qM&par tout~diMour&suis ton esclave.
Certainschiens expriment d'une manière très particulièreunedispositiond'esprit agréable~gaie, en mêmetempsqu'af-fectueuse je veux dire par une sorte de rictus. Somervillc
avait fait cette remarque, il y a déjàlongtemps
ciAvecun rire ttattcHf,lechiencafessa~Tusaiuc;ils'accroupit;sesnarineaMditatenUargement;n ondule,et sesgrandsyeuxillanoireprt)nc!!eS'humectentdedouccacaressesetd'humbtejoie.M
La~A<tMC,iiv.t.
!.e tameux iévrtet' écossaisdo Wa!icr Scott,Maïda,avait
cette habitude, qui est du restecommunechez les terriers. Je
l'ai constatéeaussichez un roquetet chezunchiende berger.M. Itivière, qui a porMtout particulièrementson attention
sur cette expression,m'apprend qu'eHese manifesterarement
d'une manière complète, mais trèscommunémentau con-
traire. Aun faibledegré. Laievre supérieurese rétracte alors,commepour legrognement,de sorteque lescaninesse décou-
vrent; en mêmetemps les oreiucsseportent enarrière tou-
tefois l'aspect général de l'animal indique clairementqu'iln'est pas irrité. <'Le chien, dit Sir liell, pourexprimerla
tendresse,renverse légèrement les lèvres; il grimaceet reni-
lie, en gambadant, d'une manière qui ressembleau rire~.
Certainespersonnesconsidèrenten etietcettegrimacecommu
un sourire; mais si c'était réellementun sourire, nous ver-
rions ce mêmemouvementdes lèvreset desoreillesse repro-
y/teAHa<omyo/ Rept'eM<o~<8t4,p. t<0.
CtURK. ~9
urum< 9
').1
duire d'une manière plus accusée encore, quand ranimât
poussedes aboiementsdojoie or it n'enest rien; on voit sou-
lement l'aboiementdejoie et la grimace en questionsesuccé'
der fréquemment. D'autrepart, les chiens, lorsqu'ils jouent
{M'ec~eurscompagnonson avec leurs maîtres, ont presque
tot~ours t'ait' devouloir mordre, et alors ils rétractent, peu
energiqnemcntil est vrai, leurs lèvres et leurs oreilles. Aussi
cxiste-t-it,je crois, chexcertainschiens, lorsqu'ilséprouventun vif plaisir en même temps qu'un sentiment onctueux,
une tendance à agir sur les mêmes muscles, par l'effet de
l'habitude et de l'association,comme s'ils voulaient encore
mordiHerquelque compagnonde jeu ou les mains de leurs
mattres.
J'ai décrit, dnnsle chapitreH, l'attitude et la physionomiedu chien lorsqu'il est joyeux, et l'oppositionbien marquée
qu'elles présententquand il est abattu et désappointé dans
cederniercasil abaissela tête. les oreilles,le corps, la queue,la mâchoire son regard devient terne. S'il attend au con-
traire un grand plaisir, il bondit et gambade d'une manière
extravagante,tout en aboyantde joie. La tendanceà aboyer,danscet étatd'esprit,a étéacquisepar hérédité; elleest entrée
dans.le sang. On sait que les lévriers aboient rarement;
observezau contraire un roquet que son maître va mener
&la promenade sesaboiementscontinuelsdeviennent fati-
gants.
Unevivo douleur se manifestechez le chien A peu pr<*scommechezla plupartdesanimaux, c'cst-a-direpar deshur-
lements, des contorsionset des mouvements convulsiis du
corps entier.
L'attention est exprimée par l'élévation de la tctc, le
redressementdes oreilles,le regard dirigé fixementsur l'ob-
jet ou le point qui la provoque. S'il s'agit d'un bruit dont
<M KXPKKSStOMS8f6CtAhE8,
l'origine est inconnue, on voit souvent le chtentourner Ïa
tato ol~iquement d<*droite Agauche, de la manière ln pins
si~ittcfttive. prolMtI~ementpour juger plus exactementde
quel côtévient ce bruit. J'ai vu un chien, vivementsurprit
d'entendu un son Mouwe&upouf lui, tourner ainsi 1&t6te, pMl'effetde l'habitude, bien qu'il en perçût clairementla source.
J'ai déjà fait remarquer qu'un chien, dont l'attentionest éveil-
lée d'une manière quelconque, qui guette quoiqueobjet, ou
qui prêta l'oreille à quelque hruit, lève souvent une patte
(Hg.~)et la tient rcpiiéc, conuncs'il voulait se préparer A
approcher lentement et avec précaution.
Sous rinnucnce d'une terreur extrétne, le chien se route
à terre, hurle <'t laisse échapper ses excrétions;je ne pense
pas que son poil se hérisse jamais dans ces circonstances,ai
moinsqn'it ne ressenteest même tempsde la colèreAun de-
~ré plus ou moins marqué. J ai vu un chien terrifiéAl'oute
d'une musique bruyante exécutéepar uue troupede musi-
cienshors de la maison tous les musclesde soncorps trem-
blaient: son cœur palpitait avec une telle rapidité qu'on
pouvait. difficilement compter tes battements; s<trespira-tion était haletante, et il ouvrait largement la gueule. Ces
symptômes sont aussi ceux qui caractérisent la terreur
chez l'homme. Mien entendu, ce chien n'avait fait aucun
exercice; il était en tfMinde se promener paisiblementet
avec lenteur dans !&chambre j'ajouterai qnc le temps était
froid.
Lafrayeur, mêmeAun très faible degré, se manifesteinvar-
riablement par la positionde lu queue, (pu se cacheentre les
jambes. En mem<'temps les oreilles se portenten arrière.
maissans s'appliquer exactement contre la tête, et sanss'a-
baisser,mouvementsqui s<;produisent, le premier quand le
chien grogne, le second quand il est joyeux ou qu'il veut
CMtEN. t3t
toKtoigncrson affection.Lorsquedeux jeunes ctuens se pour-suivent en jouant, celui (lui fuit devantl'autre c<u;hetoujourss& queue entre ses jambes.Lamêmeattitude est prise par le
chien qui, au comblede la joif, tournoie comme un fou au-
tour de son ma~tr<~en décrivant des ctrconi'érences ou des
huit (le chiffre; it ag~italors commes'i! ëhdt pout~ttivi pat'nn autre chien. Cette façon sinjtfutiëM'do jouet', htcn connue
de tous ceux (luiont observecet ammat, est pat'ttcnti~retncnt
fréquente torsqu'it&été nn peu s)t!'pr!sou effraye, pat' exctt)-
pto quand son tnattre se jette jjrusquemcntsur ht! dans l'ohs-
cm'ite. Danscpcas. aussi btcn (ptchu'Sftuedeuxjeunes chiens
se poursuivent t'un J'autt'e en jouant, il sonbto que le pout'-suivi craigne d'être saisi par lu queue; cependant, que je
sache, ces animaux ne se saisissentque trf's rarement les
uns les autres de cettemanière. Unamateur, (luiavait gardé
des chiens courants toute sa vie, m'u aftirtnc n'avoir jamaisvu un chien saisir un renard par In queue; cette observation
<t été confirméepar d'autres chasseursexpérimentés, t! sem-
b!e que le chien poursuivi, ou en danger d'être frappe par
derrière, ou exposéa la chute d'un objet quelconque, veuille
retirer aussi rapidement que possibletout son arrière-trainet que par suite île quoique sympathie ou de que!que con-
nexion entre les muscles, la queue se retire alors complète-ment en dedans et se cache entre lesjambes.
!!n mouvementanalogue, intéressant &la fois l'nrrièrc-
train et la queue, peut se constaterchez l'hyène. D'après les
observations de M.Hartictt, lorsque deuxde ces animaux se
battent ensemble,chacun d'eux a parfaitement consciencede
la puissancede la mâchoire de son adversaire; aussi sont-ils
pleins de défiance et de précaution, tts savent bien que si
l'une de leurs jambesétait prise, t'es serait immédiatement
bfoyé en morceaux; c'est pourquoi ils s'approchent, les g'c-
noux néchis, les jambes repliées autant que possible en de-
dans, et le corps entier courbé, de manière à ne présenter
i9) RXPRMStONS SPËCtALRS
aucun point saillant; en même temps la queue se dissimule
complètemententre les jambes. Dans cette attitude, Uss'a-
bordent par côté, et même un peu par derrière. Diverses
espècesde cerfs, dans leurs batailles, cachent aussi leur
qupKë de ta mêmemarnera. Qnandun cheval essaye en
jouant de mordre l'arriére-train d'un autre cheval, quandun gamin Itrutal frappe un baudet par derrière, on voit
encore le train postérieur et la queue de l'animal se por-ter en bas ot en dedans; mais ce mouvementne paraît
pas avoir simplement pour but de mettre la queuea l'abri
de toute lésion. Nous avons parlé plus haut du mouve-
ment inverse lorsqu'un animal trotte allègrement A lon-
gues enjambées, sa queue est presque toujoursélevée en
l'air.
Commeon l'a vu, un chien poursuivi et fuyant dirige ses
oreines en arrière mais il les maintient ouvertes, évidem-
mentdans le but d'entendre les pas de celui qui le suit. Par
l'effet de l'habitude, les oreilles prennent souventla même
position, en même temps que la queue se cache entre les
jambes, alors morneclueledanger est manifestementen face.
J'ai souventremarque, cbexun terriercraintifqueje possède,
que, lorsqu'il est effrayépar quelque objet placédevant lui,dont il connait parfaitementla nature et qu'il n'a pas besoin
de rcconnaUrc, il garde cependant pendant longtempsla
queue et les oreillesdans cette situation, montrant un ma-
laise évident. La contrariété, sans frayeur, s'exprimede la
mêmemanière; ainsi, je sortaisun jour précisémentau mo-
ment où ce même chien savait qu'on allait lui donner a
manger; je ne l'appelai pas; cependant il avait envie de
m'accompagner, mais en même temps il désiraitson dmer;
il restait immobile, regardant tantôt en avant, tantôten ar-
rière, la queue entre lesjambes et les oreillesbasses,présen-tant une apparence d'indécisionet de contrariétésur laquelleil était impossiblede se méprendre.
CMtES. <~
l'resque tous les mouvementsdécrits ci-dessus sont innés
ou instin~ifs; car ils sont communs & t~us les individus,
jeunes ou ~ioux, de toutes les espèces il faut excepter la
grimace rmnte qui exprime ta joie. La plupart de ces mou-
vement&sottt égalenient communsaux parents aborigènesdu chien, c'est-à-dire au !nup et auchacal, et quelques-uns
d'autres espècesdu mémo groupe. Lesloups et les chaca!s
apprivoisés, lorsqu'on les caresse, sautent de joie, remuent
la queue, abaissent les oreilles, lèchent les mains de tour
OMttrc, s'accroupissent, et même se roulent sur le sol, le
ventre en l'aire J'a! vu un chacat tl'Afri<tuc,originaire du
~abon, et ressemblant heaucoupa un renard, abaisser les
oreille:' quand on le caressait. Le toup et le chacal effrayésdissimulent certainement leur queue entre leurs jambes. J'ai
entendu raconter qu'un chacal appnvoisé tournait autour de
son maître en décrivant des cercles et des huit de chiffre,
tout comme un chien, et en cachant sa queue de la mémo
manière.
On n. prétendu que le renard, metneapprivoisé, n'exé-
cute jamais aucun des mouvementsexpressifsdont il vient
d'être question; cependant cela n'est pas rigoureusementvrai. J'ai observé, U y a déjà plusieurs années, au Jardin
Zoologtque,un renard anglais très privé qui, caresse par son
gardien, remuait la queue, abaissaitlesoreiMes, puis se rou-
lait sur le sot le ventre eu l'air: j~ai publié ce fait Acette
époque. Le renard noir de l'Amériqueseptentrionaleabaisse
aussi ses oreilles à un faibledegré. Maisje crois que les re-
4.Guetdenstadtdonnediversdétailssurce sujetdanssontravailsurlechacal(Yov.Camr».,rta~d.Sc.Imp.pc~trop.,t7i5, t.X~. ~i'i9~. "1'oye~ehaca!(JVoc.C<Mn<n.~Md.Se.JtMp.Pd<fop.,<'77~t.XX,p.H9).– Voyexencoreun artictecxccUcntsurks allureset lesjeuxdecetanhnatdanst<tH<<eMdWotcf,octobre<8M. Le ticutcnantAnncsiy,de t'annce
anglaise,m'aaussicommuniquéquelquespat'ticutantcsrelativesaucha-eaL J'ai réuniun grandnombrede renseignementssur lestoupaetteschacalsduJardinZoologique,et je tesaiobservésntot-tneme.
S.Lan<ia)t<<Wa<t'<t!nov. )8M.
<3< MXt'KMSS!OK8 StPHCtALËS
-'1- 9- ..1. .I.nards ne techent jamais les mains f!c tcnrs mattt'es,etje me
suis assuréqu'ils ne cachent pas leur queue sous l'influence
de lu crainte. Si l'on admet l'explicationquej'ai donnée de
t'expression des sentiments affectueux chez ie chien. il
nc'mt~eqwRdes Mtttt~MtxqtMn'ont jamais passésAl'étatdf domestication. c'est-a-dirc le loup. tccbacat et même
te t'cnard, oot néanntohtSMcquM~pu vct'tndn princ!pe de
t'anttth~f, ce!'<f<nnsgestes expfesstfx en effet, il n'est p<M
pt'obahieque ces animaux, cmprisotm~ dans leurs cages,atcnt pu apprcndt'eces~cstcs en inutant des chiens,
Cliat. J't'i déjà décrit ia tnnn!6t'ed'être d'un chat qui est
irrité, sans frayeur (fig.!)').!)s'accroupit et rampesur le sol
que!tpefois il avance sa patte de devant, en faisant saiMirt'
ses ~t'Kt'es,pour ett'e pr~ta ft'appet'. La~ueue est étendue.
et elleondule ou frappe vivementd'un cAtëà i'autre. Lepoilno se hérisse pas c'est du moinsce cluej'ai vu dans les
tjuelquescasquej'ait'u t'occasiond observer.L'animâtren-
verse fortementh's orcitic)!en an'iere <'t moah'c les dents,
pnpoussantdf sourds grondements.t'out'quoi t'attitude d'un
chat qui sf' prépare As<'hattr<*avec un autre ctiat, ou quiest viotcnMn<'ntirrité d'une tnaniere quetconque, diffère*
t-eih' si comptetenteutde coMcque pt'cnd le chien dans des
circonstancessemhtabies?Unpeut le comprendre ense rap-
petant que le chat frappe avec les pattes de devant, ce quirend la positionaccroupiecommodeou mêmenécessaire.Il a
aussi, beaucoup plus que le chien. l'habitude de se mettre
en embuscadepouf tomber brusquementsur sa proie. Quant
aux mouvementsde ta queue, i! <*stimpossiblede leur assi-
~ncf uuecauseavec quetquecertitude. lls se retrouventchez
beaucoupd'autres espèces;citez !<'puma par excmpjf, au
momentou il sf disposea s'etancer" on ne les observe pas
6. Azara,()M«dfM~<M~«~M< <M)~1.1,p.<M.
CMAT. <at5
au contraire chcxio chien, ni chez te renard, d'après les
observations faites par M. Saint-John sur un renard aux
aguets et saisissant un lièvre. Nousavonsd~A vu que cer-
taines cspect's de sauriens et diversscrpf'ntsagitent rapide-
menH'c&tr~jcmtcde lent' queue en signedécolère. semble
qu'il scprodnist', soust'mtinence d'uneexcitationcnet'g-ique,un iryésistthic hoscin de tnouvcmcnt d'.mt<*nMtm'f<;t«'!con-
que, hcsoin du a la surahondanMd<'fot'cRn<'rvpus<'émanée
dit. scu~finm; ntot*s!a ~ttcup, qui r<<<'iit~rc et dont les
mouvoncnts ne U'ouhtcntpoint l'attitudeg6n6t'atcdu corps,st*hatanc*'ou fouette l'air de coté<'td'autre.
Lorsqu'unchat veut témoignersonaffection,tous ses <nou-
vcmcntssont en complète antith~K*avecceux que nous ve-
nons de décrire, 11a<'ti<'ntdroit sur sespattes, te dos iege-retncnt arqué, ta queue élevée verticalement~tes oreilles
drcssëcs;en même temps il frotte son museauou ses Canes
contr<'sott mettre ou sa mattressc.Ce dësir de se frotter
contrequelque chose est si intense chez leschats, qu'on les
voit souvent se frotter contre les pieds des chaises ou des
tahies,ou contre tes chambrantes des portes.Cette manière
d'exprimer l'affection dérive probablement,p<u*voie d'asso-
ciation comme chez le chien, des caresses que prodigue lit
mère a ses petits pendant rattaitement: peut-être aussi de
l'amitié que tes petitscux*tncmcsseportent mutuellement et
se témoignent dans leursjeux. J'ai déjà décrit unautre geste,très ditferent, par lequel cet animât exprime le plaisir; jeveuxpartei' de Ja manière curieusedont tes chats jeunes, et
mêmevieux, avancent alternativementles pattes de devant
en écartant tes doigts, commes'Hsétaientencore suspendusa la mamelle maternelle. Cette habitudeest si analogue a
celle de se frotter contre quelque chose,qu'elles doiventdé-
river, aussi bien l'une que l'ttutre, d'actes accomplis pen-dant la période de FaHaitement.t'ourquoi te chat mani-
<M EXJPRMStONSSPt4C<AtK8.festo't-ilson affection en se frottant, beaucoup plus que le
chien, bien que ce dernier aime le contact de son mattro?
t'ourquoi le chat lèche-t-il rarement les mains de ceux qu'il
atme, tandis que le chienle faitcontinuellement?Je ne puis
.-répondre.Aces qMestions.Le chattM netteté en léchant sa
fourrure beaucoup plus régulièrement que le chien; cepen-dant la langue du premier parattrait moins bien disposée
pour ce genre de travail que la langue bien plus longue et
plus flexibledu second.
Sousl'influencede la terreur, le chat se dresseaussi haut
que possible.en arquant son dosd'une manière bien connue
et risible. Ucrache, soufHeou ~ro~rnc.Son poil se hérisse
sur tout Je corps et particulièrement sur la queue. Dansles
exemplesque j'ai observes, la queue etie-meme se t'o!evait
verssabase, tandis que l'extrémitése portait d'un c~te:quel-
quefois (Hg.i5) cet appendice se sotdcvoseulement un peuet s'in(!cc!ntlatéraicmeut presque à partir de sa racine. Les
oreilles se portent en arrière les dents se découvrent.fars-
que deux petits chats jouent ensemble, on les voit souvent
essayer de s'effrayer mutuellement par ces divers mouve-
ments. Si onse rappelle ce que nous avonsvu dans les cha-
pitres précédents, tous i<*scaractères cxpressits ci-dessus
peuvents'expliquer, un seul excepté, l'incurvationexagéréedu dos..J'inclinea penser que<de même que beaucoupd'oi-
seaux hérissent leurs plumes et étateni tours aûes et leur
queue pour se faire paraître aussi gros que possihtc, de
même le chat se dresse de toute sa hauteur, arque sondos,
étèvesouvent la basede saqueue, et hérisse son poil, le tout
dans le même but. On dit que le lynx arque aussi son dos
lorsqu'ilestattaqué cest dans cette attitude que Brehml'it
représenté. Cependant les gardiens du Jardin Zoologiquen'ont jamais constaté la moindre tendance a prendre cette
positionchezles félinsde grande taille, tigres, lions, etc., qui
OHAT. 137
ont, il est vr&i, peu do motifs pour être effrayéspar ttucnn
Mttr~nnimaî.
Lectmt etnptoie frëquetnmentta voixcommemoyen d'ex-
t~. <& Chat c)ïra)e )*ar Mt)chic)!
&'a))re: nah'rc. par M. Wo<td.
pression; il émet, sous t'inHuenced'émotionsou de désirs
divers, au moins sixou sept sons différents. Le ronronde sa-
tisfaction, qu'it produit pendant t'inspiration et pendant
l'expiration,est un des plus curieux. Lepuma, !ccheetah et
t!M KXt'RKS~OKS St'KCtALt!
l'ocelot font aussi le rouot; le ti~rc exprime le plaisir « parun reniHftneat t~t'eftout pat'ticntier, accompagnédu rappfo*chôment des paupières t! paratt que le lion, te jaguar et.
te léopardne fontpas te rouet.
CAM'<t/. Lorsqu'ilv<*utmanifesterdt'sintentionshostiles,!(' ch<;val renverse complètement s<*soreiHeaen arn&t'e,avance sa <~<' et découvre partiellement ses dents inci-
sh<'s, pour ~tt'c prêt & mordre. S'U a des d!spost!tionsa
t'net', t'hnbUndeht! fait encore renverser tes oretUes: de
plus, ses yeuxse tournent en arrière d'une façon particu-Here".Pour esprimer ]e ptaMh'~par exemplequand on placedevant lui dans son écurie une pâture convoitée, il lève la
t~'tcet tn ramène en arnere; il dresse les oreilles; il suit
d'un t'e~nrdattentif j'ami qu! vient satisfaire sondésir; soit-
vent il hennit. Hcxpritnel'impatience en frappant le sol du
pied.L'attitude d'un cheval subitement effrayé est expressive
au ptus haut degré. J'ai vu un jour mon cheval épouvanté
par ta vue d'un semoir mécaniquecouvet't d'une hache et
abandonné en plein champ. !t leva la tète si haut que son
cou devintpresque vertical c'était évidemment un geste de
pure habitude: car, la machineétant ptacée sur un talus in-
férieur, il ne pouvait servir ni Ala lui faire voir plus dis-
tinctement, ni a mieux entendre le hruit qu'elte aurait pu
produire. Ses yeux ':t ses oreUtes étaient fixement dirigésen avant. A travers la selle. je percevais les battements ra-
pides de son cœur. Il rcnit!ait vïo!cn)mcnt, tes narines
rouges et dilatées.Enfin,faisantun demi-tour, il serait parti
7. L<!H~<!H«fWa< <M7,p.<M7. V<Mraussisur le Fa~M,AMMt,toc.c<<.
8.SirC.Hett,~M<t(<<~j~cpn~oM,3"éd.,p. <23.VoiraMMtp.<M,surla dilatationdesnarineschez)echeva!,etses rapportsavecl'ab-sencede larespirationparta bouche.
MUMtKAXTS. <30
au grand galop si je ne l'avais maintenu. La ditatationdes
marinesn'a pas pour but de flairer ta sourcedu danger; car,
lorsqu'un cheval naire avec soin un ottjet, sans êtreeffrayé,cette dilatation ne se produit pas. (.race Ala présenced'une
valvtuepapttOttttèpedMMMtgorge, le cheval qui palptte oc
respire pas par la bouche ouverte. mais par tes narines,quiont du, par conséquent, acquérir un<*aptitude d'expansiontt~<!tnat'quée. (!ette expansion, aussi bien que le ronflement
et les palpitations du cœur, sont des actes qui ont dû s'asso-
<'iprfortement, pendant une longue suite de générations, a
l'émotion de la terreur; car la terreur a poussé habitueUe-
ment le cheval a l'exercice le plus viotent, pour fuir ventrea
terre la cause du danger.
Fï<MMtM<M<<.Leshœuts et les moutonssont remarquables
par !a pauvreté des moyens Al'aide desquels ils exprimenten général leurs émotions ou leurs sensations il faut en
excepter cependant t'cxtrcme souffrance.Un taureau furieux
ne manifeste sa fureur que par la mani&rctient il baisse la
tcte. en dilatant sesnarines eten beuglant. Quelquefoisaussi
il frappe le sol du pied: mais ce mouvementdoitêtre bien
différent de cctuid'un chevat impatient; car, lorsque le sol
est poudreux, il soulève des tourbiHonsde poussière. Le
taureau se comporte de cette manière, je crois, quandil est
harcelé par les mouettes, dans le but de les chasser. Les
races sauvages de moutons et Jes chamois, lorsqu'ilssont
effrayés, frappent du pied et siu!cutpar les narines; ils si-
gnalent ainsi le danger a leurscamarades. Lehœnfmusquédes régions arctiques frappe de même !e sot, en présenced'un ennemi Quettc est l'origine de ce geste? Je ne puis ledeviner: car, d'après tes recherches que j'ai faites,il ne
H.taM~andW<~ i8CO,p.<M.
«o BXPKESStQKSSP~CtALE~.
parait pasqu'aucunde ces animauxcombatteaveclesjambes
de devant.
Certaines espècesdo cerfs manifestent leur colère d'une
manièrebeaucoupplus expressiveque les bœufs.tes moutons
et ch~M~. ~otts~vcns~ ~0' 'prrrt;..CYI1P".Cf'M"'nui.maux rcnv'rsent tes oreilles en a mère, grincent des dents.
hérissent leur poil, poussentdes cris, frappent te sol du piedet secouent leurs bois. ~n jour, nu Jardin Xoologiquc,te
cerf de Formosc (CervuspMMdaj!<a)s'approcha de moi dt)~
une attitudesinguti~re. ta tet<mn peu oblique et le museau
levé en fuir, de manterc que ses cornes étaient renven~fs
sur soncou.L'expr~sioo df son t'cgard m'indiquait évidem-
ment des dispositionshostiles; il approcha lentement, puis,en arrivant contre ta grille, au ticu de baisser 1~tète pourme frapper, il ramassasubitement son cou et vint heurter
avec force de ses cornes tes bafreaux de fer. M. BarUett
m'apprend que quelques autres espècesdecerfs prennent la
même attitude lorsqu'ils sont furieux.
~Mt~M. Lessin~ei!des diverses espèces et des divers
genres expriment iem's sentiments de manières très diffé-
rentes.Ce fuit est intéressant,car il touche jusqu'à un cer-
tain point à la question de suvoir si ics pretendnes l'aces
humaines doivent être considérccscomme des espèces o.t
commedesvariétés en effet, nous le verronsbientôt, les di-
verses races humainfs expriment leurs émotions et leurs
sensationsavec une remarquahte uniformité sur toute la sur-
face du glohe. Quelques-unsdes actes expressifsdes singessont intéressantsencoreAun autre point de vue, je veuxdire
parce qu'ils sont exactementanalogues à ceux de l' homme.
Commeje n'ai eu l'occasion d'étudier aucune espèce du
groupe dans toutes les circonstancespossibles, les observa-
tionséparses que j'ai pu faire seront mieux classéessous le
chefdes différents états d'esprit.
StKCKS. t4t
~OMtf, joie, <t/y«'<<on. Mest impossiblede distinguerchez les singes, au moins sans plus d'expérience que jen'en ni, l'expression du plaisit*ou (te lit joie do celle de
t'auection. Lesjeunes chimpanzés font entendre une sorte
~bMeme&t pour exprimerJteur joie du retour d'uno per-sonne a laquelle ils sont attachés. Ku produisant ce bru!t,
quêtes gardiens qualiuentdo rire, ils avancent les lèvres.
Cu mouvement est du reste commun A l'expression de di-
verses autres émotions; toutefois, d'aptes mes ohservauons,
lit forme des tevres est un peu dittet'entc,suivant qu'elle
exprime le plaisir ou la colère. Lorsqu'on chatouine un
jeune chimpanzé(c'est, surtout t'aM~eUequi est sensibleau
chatouillement, comme chez les enfants), il articule un
son joyeux ou un rire assez caractérisé; c'est cependant
quelquefoisun rire muet. Lescoins de la bouche sont alors
tirés en arrière, ce qui plisse parfois un peu les paupières
inférieures; toutefois ce plissement des paupières, qui est
un trait caractéristique du rire humain, s'observe mieux
chez d'autres singes. Les dents de la mâchoire supérieurene se découvrentpas, ce qui distingue le rire du chimpanzédu nôtre. railleurs ses yeux pétillent et deviennentplus
brillants, d'après les observationsde M.W. L.Martin, qui a
étudié d'une manière toute spéciale J'expression chez les
singes
Quand on chatouille un jeune ornng, il fait une grimaceriante analogue et il produit un bruit de satisfaction;d'a-
près M. Martin, ses yeux deviennent en même temps plusbrillants. Aussitôtque ce rire cesse, on voit passer sur sa
face une expressionqui, suivant une remarque de M.\Val-
lace, peut se comparer &un sourire. J'ai observé quelquechose d'analogue chez le chimpanzé.Le docteur t)uchcnnc.
)<t.JV«<Kf<t/Ms~~ o/dtNMN/M, f8~, vot.t, p. 383,HO,
ttX t~t'HKOatONa SPt~tALKS.
et je ne pourrais citer une moUteurcautorité, m'a ra-
conté fjju'itavait conservéchez lui pendant un nn un singe
parMtfMtcntapprivoisé toMque, au moment du repas, il
lui donnait quelquefriandise, il voyait tes coinsile sa bouche
M'At<%vertrès .té~èremeat;4LdistinguaH abrs tr6s noAtcment
sur la face de cet animât une expressionde satisfactionres-
sembtant A une ébauct:cde sourire, et rappelant celle quet'en observesouvent sur h; visage humain.
l.e CetM.as<!<'tP"cmctdctnetnc un son particulier, une
sorte de ricanement(en allemand ~«'/«n~), pour exprimerle ptaisir qu'il éprouve A revoir une personne aimée. U
<M(primc«ussi des sensationsag't'ëablesest tirant en arrière
les coins de sa bouche,sans produire aucun bruit. Renier
quatine ce mouvementde rire, mais on pourrait t'appeter
plus exactement un sourire. La forme de ta bouche est
toute dinercnte dans l'expression de la souMranceou de la
terreur, (lui se manifestenten outre par des cris perçants.Au Jardin Zoologique,on voit une autre espèce de C<'&<M
(C. Aypo~tMw).qui témoigne sa satisfaction en poussantune note aiguc, perçante, répétée, et en attirant c~atcmenten arrière les commissuresde ses lèvres, probablement
par ta contractiondes mêmes niuscïcs que chez nous. Chez
!csmj!fede Barbarie (~MMtM<'c«M~<Mft),ce tnouwMtentest
singuUerementprononce, et lit peau de ta paupière infé-
rieure se piisse. Kn même temps, l'animal remue rapide-ment la mâchoire intérieure ou les lèvres, d'une manière
spasmodiquc, et découvre ses dents; mais le bruit qu'i!
produit n<'st j~uercplus distinct que celui que nous dé-
signons quelquefoissuusle notn de rire muet. A t'époqueoù je n'avais encore aucune expérience des habitudes de
tf.Mengger (SefM~A~eMMPox~MO~,<tf:!0,s. M; a conserveen
cagedessingesde cetteespècependantptustcursannées,au Paraguay,leur patrie.
StKGKS. tt)
ces animaux, deux de leurs gardiens m'ayant auirmé un
jour que ce bruit A peine percoptibit: constituait en euct
leur manièrede ru'e,j'expritnai quelque doute à cet égard
ils mirent alors l'uu d'eux en présence d'un singe En/~M<
qm vivait damsla même cage, et qu'il détestait; aussitôt
l'expressionde h &ce de l'/MUMtchangea compictfimcntil ouvrit la bouche beaucoup plus iargcment, dccouvt'it
plus comp~tctncnt ses dents canines et poussa une sorte
d'aboiement mu~ue.J'ai vu un gardien provoque!' d'abord un babouin /iMM-
6M(CyMocc~attMOMMt'M)et t'amenerainsi faci!em<'MtA un
état de rage vMcnto, puis Mure la paix avec lui et lui
tendre la main; au moment de cette recoMciliation,le ba-
!)onin remuait rapidement ses mâchoires et ses lèvres de
haut est bas. avec une expression de satisfaction marquée.
Lorsquenous rions aux ëciut~, nos mâchoires sont agitéesd'un mouvement ou d'un tremblement semh!ab!c plus ou
moins distinct; seulement, chez rhommc, les muscles de
ta poitrine sont plus particuncrcment mis en action chez
le babouin, au contraire, et chez divers autres singes,c'est sur les musclesdes mâchoires et des lèvres que portece mouvementspasmodiquc.
J'ai déjà ou l'occasion de faire remarquer ta singulière
façondont deux ou trois espèces de macaques et te C~no-
~MMM<Mt~erexpriment la satisfaction que leur causent
des caresses, en rétractant leurs oreilles en arrière <'t fai-
sant entendre un léger son tout particulier. Chezle Ct//<o-
pt<AecM<(Hg. i7). les coins de la. bouche sont en mcmc
temps tirés en arrière et en haut, de manière t1laisser les
dents a découvert; si l'on n'était prévenu, il serait difficile
de reconnaître danscescaractères une expressionde plaisir.En même temps, l'aigrette de longs poils qui ome le front
s'aplatit, et les téguments de !a tête entière,panusscntatti-
res en arrière; aussi les paupières s'ctcvent un peu, et le
l4t KXPKKSStONSSPëCtALKS
regard prend un air étonné. Les paupières inférieures se
plissent légèrement; maisce dernier caractère est peu vi-
Pijf.M. <(/)MpMc<'tMM~f,attr<*pmB'apMsnature.pafM.W«tf.
Mg.<7. Lemttxc.caresséetexprimantsaMtiafaction.
sibje, A cause des rides ({nisillonnent <raHsvcMa!cmenttM
face d'une façon permanente.
StNOES. t~
!0
~MO~OtMet MtMO~OMt<<OM~MM!MM.L'expression d'UHC
soafR'ancclégère ou de toute émotion pénible, chagrin,
contrariété, jalousie, etc., se distingue difficilement. chez
les singes, de l'expression d'une colère modérée ces états
d'esprit d'aincurs se trattsfot'tucntifus~mehtet rapidementtes unsdans tes autres. Cependant. dans certaines espèces,le chagrin se manifeste sans aucun doute pat' des pleurs.Une femme, propriétaire d'un singe (~acacM<M«tMrM<on
<MOft!<t<M<de <ay) suppose originaire de Uornéo, ra-
conta, en to vendant A ta SociétéXoobgiuuc, (jju'it ptcu-
rait fréquemment; en effet, M. !!arti(;tt et le gardien
M.Sattonont vu depuis A maintes reprises cet animal ver-
serdes larmesabondantes, qui coulaient sur sesjoues, quandil était chagrine ott simplement attendri. Cefait est pour-tant assezsingulier; car le Jardin Zooto~iquea possédéplusrécemmentdeux autres individus, considères comme appar-tenant & la môme espèce, qui ont été soumisA une obser-
vation attentive par leur gardien et par moi-m<tnc. lors-
qu'ils étaient très affligéset poussaientdes cris violents; er
on ne les a jamais vus pleurer, n'npr~'s Hengger'~ les yeuxdu Ce&<M<t~ar< se remplissent de larmes, mais pas assez
abondamment pour que celles-cipuissent couler, lorsqu'on
l'etTrayebeaucoup ou qu'on !'empeche de s'emparer d'un
objet vivementdésiré. tiumbotdtprétend de tnème que l<'s
yeuxdu Ce~MrM'M<Mre<M« se remplissent instantanément
de larmesquand il est saisi de crainte cependant, lors-
que, au Jardin Zoologique,on taquinait ce petit singe, de
manièrea le faire crier bruyamment, on n'observait rien
de semblable.Je ne veux pourtant pas révoquer en doute
le moinsdu monde l'exactitude de t'auirmation de !lum-
botdt.
<2.Hongger,SafM~c(A<~MHP<<~<My,<8M,s. M. Humbotttt,~)'-M«a!~ar~MM,tfad.angt.,vct.tV,1).S27.
t46 HXPRKSSiONSSt'ËOALES.
L'apparence d'abattement, chez les orangs et les chim-
panzés jeunes, lorsqu'ils sont malades, est aussi manifeste
et presque aussi touchante que chex nos enfantât Cet état
de l'esprit et du corps s'exprime par la nonchalaHcedes
mouvements, l'abattement de la physionomie, lItëlMtudu
du regard et l'altération du teint.
Ce/en'. Cotte émotion,souvent manifestée par les sin-
ges de diverses espèces, s'exprime do plusieurs manières
dinercntcs. Certaines espaces, dit M.Martin", avancent
tes tèvres, fixentun regard étincelant et farouche sur leur
ennemi, font de petits sauts répétés comme pour s'élancer
en avant, et émettent un son guttural et étoufl~.D'autres
manifestent leur colère en s'avançant brusquement, en exé-
cutant des sauts saccadés, en ouvrant la bouche et con-
tractant les livres de manière a cacher les dents, en fixant
hardiment les yeux sur leur ennemi, comme pour indiquerune farouche défiance. D'autres enfin, et principalementtes singesà longue queue ou guenons, montrent les dents
ft accompagnentleurs grimaces malicieusesd'un cri aigu,
saccade, répété. Il M. Sutton confirmele fait que certaines
espacesdécouvrent leurs dents en signe de fureur, tandis
que d'autres les cachent en avançant les lèvres. Citezd'au-
Ires, tes oreilles se renversent en arrière. Le Cynopt~MMN
niger, dont il a été déjà question, se comporte de cette
manière, en même temps qu'il abaisse l'aigrette de poils
qui orne son front et qu'il montre les dents; en sorte quela dispositiondes traits de sa face est A peu près la même
sous l'influence de la colère et sous l'influence du plaisir,et quil est difficilede distinguer ces deux expressionsl'une
de l'autre, si l'on n'a pas une grande expérience de la
physionomiede cet animal.
U. ~'«(.MM.o/jffMMMt~t8H,p.3!!t.
)47!?<C!
Lesbabouins témoignentsouvent leur colère et menacent
tcurs ennemis d'une manière très bizarre ils ouvrent
largement h bouche comme pour bailler. M.BartIettavu
Aplusieursreprises deuxbabouins, placéspour la premièrefois dansla m<'mccage, s'asseoit*eu face l'un de l'autre
et ouvrit' alternativement la bouche; cet acte parait d'ail-
leurs se terminer fréquemmentpar un bAUtemcntvcritabte.
M. Btuftiettpense que les deux animaux veulent ainsi se
montrer mntueHoment f~u'its sont armés de fbrmidMbtcs
t'angôes de deats; cette interprétation est juste, sans aucun
(tonte. Commej'avais quelque peine &ajouter foi Alarea-
lité de ce mouvement, M.Harttett provoqua un jour en ma
présence un vieux babouin et l'amena A un état de fureur
extrême: presque immédiatement ranimai se mit à ouvrir
Ja bouche. Quelquesespèces df macaques et de cercopi-
thèques~ se comportent de la même manière. Le babouin
manifeste également sa colore d'une autre façon, d'aprèsles observationsfaites par Brehtn sur ceux qu'il a gardesvivants en Abyssinie,je veux dire en frappant le sol d'une
main, «comm~ un homme irrité frappe du poing sur une
table placéedevant lui ".J'ai constate en eHetce geste cl)ex
les babouins du Jardin Xoolog'iqac;mais il parait souvent
avoirplutôt pourbutde chercher une pierre ou quelque autre
objet dans leur litière de paille.M. Sution a souvent observé que la faced'un ~faeaeM<
fAMtMdevenait rouge lorsqu'il entrait dans une grande fu-
reur. Au momentmême oitil tue signalait ce fait, un autre
singe attaqua un /tM, et je vis en effet la face de ce der-
nier rougir d'une manière aussi manifesteque le visagede
l'homme dans un accèsde colerf violente. Apresla bataille,la face du singe reprit au bout de quelques minutes sa
14.Brehm,rM'Wc&cK,u. ), 5. 84. Sur t'attitudcdes baboMios,voirs.C).
tM EXt'KKSStONS SPÉCtALES.
colorationhabituene. Ume semblaquota partie postérieure,
glabre, du tronc, qui <*stnormalementrouge, devenait plus
rouge encore <*nmémotempsque la ~ce; cependant je he
ponfl'aisl'afhrmer.Ondit lorsquele mandritteest irrite
d'une manière quelconque,les pat'ttcs ~tMbfcsdcf:apcau,
qui ont des teintes viv<'s,prennent une cotoratton encore
plus échtante.
Chez plusieursespècesde babouins, ta partie inférieure
du front dessineau-dessusdes yeux un rebord très sai!!ant,
ûfoé d'un petit nombfcde tongs poi!s,qui feprésententnos
som'cik.<~etanimauxre~aKtentsans cessede tous côtés, et
retevent ces sourcits quand Us voûtent regarder en haut;
c'est ainsi, selontouteapparence. qu'Usent du acquérir rtm-
bitade de les remuerfréquemment. Quoiqu'it en soit, beau-
coup d'espèces de singes, et particulièrement les babouins,
sous t'inuuenco de ta cotereou en présence d'une provoca-tion quelconque, agitent !eut's sourcHs rapidement et con*
tinueltemcntde hauten bas en mornetemps que le tégumentvelu de leur front'\ Commenous avons pris l'habitude d'as-
socier, dans t'esp&cehumaine, ta positionélevée ou abaissée
des sourcilsaveccertains états d'esprit, le mouvementpres-
que incessant de ces organes, chez les singes, leur prêteune physionomietout&fait insensée.J'ai eu l'occasiond'ob-
serverun individuaMigé d'un tic qui lui faisait lever conti-
nuellementles sonrcitssans aucuneémotioncorrespondante.ce qui lui donnait l'air d'un imbécile; on pourrait en dire
autant de certaines personnes (lui ont perpoiueUemcntles
coins de ta bouche un peu relevés et attirés en arrière,commepour ébaucherun sourire, sans éprouver le moindre
sentiment de joie ou de gaieté qui justifie une pareille atti-
tude.
iX.Brehmfaitremarquer(TA«'r<e&M,s. C8)quct'J~«Mscc«M<~<Mre-muesouventsessourcilsdehautenbas,lorsqu'ilest!rnté.
StiWKS. tw
Unjeune orang, jaloux de l'attention que son gardienac-
cordait & un autre singe, découvrit légèrement les dents,
puis, faisant entendre un cri de mauvaise humeur analogueau son <MA-aA<il lui tourna le dos. Sous l'influenced'une
TRotere un pe~plus intensCt les opangs et les chtmpanxesavancent fortement tes tevrcset émettent un aboiementrau-
quc. Un jeune chimpanzé femelle offrait, dans un accès
do violente colère, une ressemblance curieuse avec un
enfant dans la même situation d'esprit il poussait des cris
retentissants,la bouche largement ouverte, les lèvresrétrac-
tées et les dents complètementdécouvertes; il lançait ses
bras de tous cotés, et les réunissait quetquefois au-dessus
de sa tète; il se routait &terre, tantôt sur le dos, tantôt sur
le ventre, et mordait tout ce qui se trouvait a sa portée.Un
jeune gibbon (Ny~atM ~M<!fM~<M<),dans un accès de co-
tere, secomporta, d'après une relation de M.Bennet"\pres-
que exactementde la mômefaçon.Les orangs et chimpanzés jeunes avancent les tevres,
quctquefbtsd\me manièreétonnante, dans diversescircons-
tances. Ils agissent ainsi non seulement lorsqu'ils sont lé-
gèrement irrités, maussades ou désappointes, mais aussi
quand ils sont effrayés par un objet quelconque, par
exemple,dans un cas particulier, par ta vue d'une tor-
tue et aussi lorsqu'ilssont joyeux. Toutefois,je crois
que ni le degré de cette projection des lèvres ni la forme
de la bouche ne sont exactement identiques dans tous les
cas. De plus, les sons émis dans ces diverses circonstances
sont très ditl'érents. Le dessin ci-joint représente un chim-
panzé qu'on avait mis d<;mauvaise humeur en lui repre-nant une orange qu'on lui avait d'abord offerte.On peut
tO. G. Bennett, W<tM~'W~ fa JYcw Sou(/< W<t/M, etc.. vot. Il, i834,
p.<S3.U. W. C. Martin, ~<. ?«. o/MaMMM.AM(M<t~,<8H, p. 40S.
<SO KXPHKSSÏOKSSP~CtAt.KS
observer un mouvement (tca Mvres anatogucs, b!cn <ju<!
ntoins prononcé, chox les cofants maussades.
!t y M quetques anttéea, je pta~~t un jour sur te plan-
cher, an J<a'(UnXootogi({ue, un miroir devant de<M jeunes
oraB~s <(Mi n'avatent jamais Hen VMde pare! ~M fnoin~ A
t't~.te. ChiM)~<Me<)<;Mptx'tnMetdemnMva~ehttmext.
D'apn~nature,parM.Wnod.
ma connaissance. Ils comtncnc~rentpar i« re~ardet' avecla
surprise la ptns manifeste,en changeant souvent de pointde vue. Puis ils s'approchèrent tout près, avancèrent les
lèvres vers leur image, commepour lui donner un baiser,
exactement commeils l'avaient fait l'un pour t'autre, quel-
ques jours auparavant, ~rsqu'on les avait réunis pour !a pre-ïMicrefois dans la mtmc cage. Ensuite .i!sfirent toutes sortes
de grunaces et se placèrent dans les attitudesles plus variées
8tPtRE8t <&t
en face du miroir; ils s'appuyaientsur sa surface et la frat-
taient; ils plaçaientleursmains &diversesdistances derrière
lui; ils regardaient derrière; enfin ils parurent presque ef-
frayes, sereculèrentun peu, devinrentde mauvaisehumeur,et reftMerent d&re~tn'derpluslonstemps.
Quand nous essayons d'accomplir quelque acte <}uide-
mande peu do force, mais qm <'stminutieux et exi~e dt;
lit preciston,par exemple<t\'nf!terune tn~'uHte,en gén6t'!dnous serfonséncrgxptetncnt tes tëvres. dans le but, je pré-sume, de nepas troubter nos motnetnent~par notre haternc.
\t'at \n un jeune orang se comporter d'une manit're scmb!a-
ble. La pauvre petite hetc ét~ut malade, et s'amasait en
essayant de tuer sur les carreaux de vitres, avecses doigts,les mouchesqui bourdonnaientAi'eutour: ti chaque tenta-
tive, elle serrait exactement les lèvres et les avançait un
peu.Ainsi ta physionomie,et ptus encore l'attitude, sont rc-
tnarquahtement expressives, dans certaines circonstances,chex t'oran~ et le chimpanzé mais je croit! qu'eMesle sont
plus encore chez d'autres espèces de singes. On peut ex-
pliquer cette diu'ercnce, en partie par l'immobilité des
oreilles, chez ces anthropomorphes, nt en partie par la
nudité de leurs sourcils, dont les mouvements sont ainsi
moins apparents. Cependant, lorsqu'ils élèvent leurs sour-
cils, leur front se couvre de rides transversales comme
chez nous. Comparéeà celle de l'homme, lenr face est
inexpressive; ce qui tient principalement a ce qu'aucuneémotionne leur fait froncer le sourcil, autant dit moinsque
j'ai pu l'observer, et c'est un point sur lequel j'ai portétout particulièrement mon attention. Le froncement des
sourcils, qui constitue l'une des particularités les plus im-
portantes dans l'expressiondu visagehumain, est d& A la
contraction des sourcitiers, qui abaissent les téguments et
les rapprochent de la racine du nez, de manière à pro-
tM KXPRESStOSS SPt!CtAM!8.
<Mre «uf te front des ptM verticaux. tt pat'Mtt'*que t'o.
mn~ et le chitnptmxépossèdentce muscle l'un et t'autre.r r 1 m r
mais il semble aussi qu'ils le mettent rafetneut en ac-
tion, au moins d'une maniet'e bien visible. Ayant disposéwncamains de fneon A former une sorte d<*cape dans îa-
quelle j'avais enferme des fruits appétissants, je laissai
t'orang et le chimpanzéfaire tousleurs eu'ortspours'en em-
parer ils unirent pur prendre un peu de mauvaisehumeur.
maisje n'observaipas trace de froncement de sourcils. Il n'yenavait pas non pins lorsqu'ils étaient en fureur. Deuxfois.
j'ai fait passerbrusquement deux chimpanzés de l'obscurité
ï'elativede leur cageAla tuntièrc éclatante du soleil,qui au-
rait à coupsûr fait froncer le sourcilà un homme; ils cligna-
taient; maisune foisseulementje pusobserver un froncement
très léger. Dansuneautre occasion,je chatouiUaile nez d'un
chimpanzéavec une paille, et, commeil contractaitson vi-
sage~je vis apparattre des rides vcrticaies peu marquéesentre les sourcils.Je n'ai jamais observé de froncementsur
le frontde t'orang.
Lorsquele ~orittc est en fureur, il dresse, dit-on, sa crête
dcpoits; il abaissesa l~vre inférieure. dUatc ses narines et
pottssedes hurtctncntsépouvantables.D'après MM.Savage et
\Vyman' le cuircbeveiu p<!tttsemouvoif librementd'arrière
fn avant, et, sousl'influencede la co~rc, il secontracte
fortement:je présumequ'ils veulent dh*epar cette dernière
expressionque le cuir chevelus'abaisse; car, en parlaut du
jeune chimpauxé,ils disentaussi que, « lorsqu'ilcrie, il a tes
sourcils fortement contractes La grande mobilité du
18.Voirsurt'orangt'rof.Owen,Proc.Xoo/.Sof.,<MO,p.28. Surte c!nmpa)He,voir!'rof.Macanstcr,jiMMH~HM~Jtfa~. JV<t<.HM.,vol.\U, i87<,li.3M;cet observateura constatéquete sourcilierne
peutêtreacparedet'orb!cuta)redespaMpi~rcs.)0.BostonJoMfM<!<o~A'<t~.Ms< <8~i-47,vol. V,p. 4M. Sur le
chimpanzéM.,t8M- vol.!V,p,3t}a.
<tt!!GK8. <M
euh' chevelu chez le gorille, chez plusieurs babouins et
chez divers autres singes, mérite d'ctre signalée, &cause
de lit relation de ce ptiénom&neavec ta fucutté que pos-sèdent quelques hommes de le mouvoir aussi volontaire-
ment: pav un ''n~t soit de véveMion, soit de peMis-tance
J&«~M<'MMM~<erreMt'. .te fis placer un jour, au Jardin
Zoologique, une tortue d'eau douce vivantedans une <n6me
cage avec phtsicufs stnges; ils ntanifcsterentun étonnement
démesuré,en mêmetemps qu'un peu de frayeur, tts restaient
immobiles, regardant fixement, les yeuxlargementouverts,
et remuant fréquemment les paupièresde haut en bas. Leur
visage semblait un peu allongé. Uc temps en temps ils se
soulevaient sur leurs jambes de derrière pour mieux voir.
Souventils reculaientde quelquespas. puis ils se remettaient
à regarder avecattention, <'ntournant la tête suruneépautc.Chosecurieuse, ils étaient beaucoupmoinscurayésde la vue
de cette tortue que de celle d'un serpent vivant que j'a-vais antérieurement placé dans leur cage car, au bout
de quelques minutes, certains d'cntt'c euxse hasardèrent il
s'approcher et &toucher la tortue. Cependantquelques-unsdes plus grands babouins étaient terrines au plus haut
degré, et ils montraient les dents commes'its eussent été
sur le point de pousser des cris. Je fisvoir une petite poupéehabillée au CyMopMectMMt~r; il s'arrêta immobile,les yeux
largement ouverts et regardant fixement,et les oreilles un
peu portées en avant. Maislorsque la tortue fut placéedans
sa cage, ce singe se mit a remuer les lèvres d'une manière
singulière, rapide, bruyante, mouvementqui avait pourbut,au dire du gardien, d'amadouer ou de charmer ta tortue.
20.Voirsurcesujet~Mc<w<<MM<:</cr/«tMme,trad.franc.{<arMoutini~vo). p.
'!<.M.,voU,p.4t.
Mt KXf'RESStONS St'~CtAtKS.
Je n'ai jamais pu observer nettement st, dansl'cxprcssipnde l'étonnement,chez le singe, tes sourcits demeurentrele-
vés d'une façonpermanente, tandis que jo tesai vus souvent
!to mouvoirde haut en bas. Che!: l'homme, l'attention, qui
procède t'étonnement,~cxpr;mp par nnc M~re étévatxm
des sourcils. docteur Hucheunem'a raconté que, lorsqu'il
présentait au siugc dont j'ai déjà parte quelque friandise
nouvelle et iucotmuo,cet anima! t'etov&ttd'abord un peuses sourcitset se donnait ainsi t'au*profondément attentif;
il prenait ensuite t'objet entre ses doigts, et, tes sourcils
abaissesou rectitig'nes,il le grattait, le Unirait, l'examinait:
il avait alors une expressionrfnëchic. Par momentsil ren-
versait un peu la tête en arrière, et recommençait son exa-
men en levant brusquement les sourcils cnnn il goûtait.Lessinges n'ouvrent jamais la bouctte en signe d'étonne-
ment. 11.Sutton, qui a observé pour moi pendaut très long-
temps un jeune orang et un chimpanzé, ne tesa jamais vu~
ouvrir ta bouche, alors même qu'ils ehucnt très étonnesou
quand ils prêtaient t'orcittea quelque bruitinusité. Cefait est
curieux; car, cttcz l'homme,il n'est peut-ett'e pasde caractère
expressifplus généra! que lit bouche largement ouvertesous
l'impressionde ta surprise. Autant que j'ai pu l'observer, le
singe respire plus librement que t'hottune par les narines,c<;qui peut-être explique ta contradiction précédente; nous
verrons en eNct, dans un chapitre suivant, que l'homme
ouvre probablement la bouche, quand il est frappé d'éton-
nement, d'abord pour réaliser une inspiration profonde, et
en second lieu pour respirer avec autnnt d'aisance que
possible.tJn grand nombre d'espèces de singes expriment la ter-
<'eur en poussant des cris percants; eu même temps les
lèvres se retirent en arrière, de manière A mettre les dents
Anu. Lepoilse hérisse,surtout lorsqu'un peu de colèrevient
se mètcrau sentimentprécédent.M.Sutton a vudistinctement
MNCBS. t&5
la face du ~acoctMr~MM<devenir pAlesousl'innuence de la
frayeur La frayeur fait également trembler les singes;
quelquefoisaussi ils laissent échapper leurs excrétions..t'en
ai vu un qui tombait presque en défaillance, par excèsd<;
terreur, toutes lesfoisqu'on le ttatMMMMi.
En présence du nombre cons!d6rMht<'de fn!<s<;ncnous
avonscités relativement aux cxpresstonsde diversanimaux,
il est impossiMede partager 1 opinionde Sir C. Re!t,lorsqu'Hdit~ que « la facedesanimauxparatt principalementcapah~e
d'exprimer ta cotere et ttt frayeur et ailleurs, que toutes
leurs expressions peuvent être rapportées, plus ou moins
complètement, A leurs actes de volitionou Ateurs instincts
nécessairesM.Si l'on veut bienobserverun chien au motnent
où il se prépare A attaquer un autre chien ou un homme,
et !c même animal torsqu'Ucaresseson mattre; si l'on étu-
die la physionomied'un singe quand il est agacé et quandil est caressé par son gardien, on sera forcéde reconnat-
tre que les mouvementsdes traits et les gestessont presqueaussi expressifschez ces animaux que chez t'homme. Hien
que certaines de ces expressionschez les anhnaux ne puis-sent encore recevoir d'explication satisfaisante, cependantle plus grand nombre peut s'expliquer déjà par les trois
principes énoncés au commencementdu premier chapitre.
32..AtM~myu/'Rc~'t'MKMt,3''etttt.,<8;~p. 08, t2h
CHAPtTMEVt.
EXt'MKSStOXSSt'~tALKSt)RL'ttMtMRSOL'HtAXKRKTt'LHUKS.
Ct~ft pleurs<hcxt'onfant.Aftp<'<'<<<<(tmUf. A~ea'")UetK<Mmnn)cem)t)<i)'h!)tn).Mt<!t!<<t'')Mfn)t'r<'M)otttmMtueMcd<'<ptt'ttrs. ~a)){(! Causedota<'<)tXract)'tn<tc'i))H)!!Octqx)<'n~Mn*)(tt'a'H)'et)da«tlesff!< <:at(M'<)<<laa~*<r)5tf'(ndeshum").
Uans ce chapitre et ceux qui suivront, je nie proposedp décrireet d'expliquer, autant que possible, les ex-
pressions<~tctnauifestela physionomiehumaine sous l'in-
ttuenco des divers états de l'esprit. Jn disposerai mes
observationssuivant t'ordr<'qui me paratt io plus torque,c'est-A-direen faisant, d'utte tnaniëre ~énérate. succéder
ruMe &t'autrc des émotionsou des sensations de caractère
opposé.
~OM/yfaMcede cof~~ <Mpn<;p~M~. –J'ai déjà décrit,
avec des détails suffisants,dans le chapitre n~ comme si-
gnes d'une souffranceextrême,les cris ou gémissements, les
convulsionsdu corps entief, le resserrement des mâchoires
ou le grincement des dents. Ces signes sont souvent ac-
compagnésou suivispar unesueur abondante, de la pateur,du tremblement, une prostrationcomplète. ta perte de con-
naissance.Nullesouffrancen'estplus grande que cellequi nati
d'une crainte ou d'une horreur portées à leur dernière
limite; mais, dans ce cas, une émotionsp~ciate et distincte
entre en jeu, et nous aurons &y revenu'. )Lasouffrancepro-
t&7PLEURS.
longée,surtout cellede l'esprit, sa transformeen abattement,
tristesse, accablement, désespoir; ces divers états feront !c
sujet dn chapitre suivant. Pour le moment, je m'occupera!à
peu pt'es exclusivementdes pleurs et des cris, en particu-licrchci! l*('nfanh
Lorst~'Hest soumis un<*douleur même légère, A une
faimmodérée,&un'' simplecontrancté, le petitenfantpoussedes CM8violentset p~on~ës. Pendant ce temps, ses yeux se
fermant énergiquement et s'entourent de plis; son front 8M
ride son sourcit se fronce. La bouche s'ouvre largement, et
tes tevresse t'étractent d'une tnamArnparttcult&t'c,qui donne
Acet ot'incc une forme<Ypeu près quadrangutaire les gen-
cives ou les dents se découvrent plus on moins. La respira-tion se précipite et devient presque spasmodique.U n'est
pas difficilede faire ces observationssur un enfant pendant
qu'il crie maison obtient, je crois.de meilleurs résultatsen
ayant recours a des photographies instantanées, que l'on
peut étudier a loisir et sans distraction, .t'ai réuni une
douzainedo cesphotographies, la plupart faitesexprès pour
moi; elles présentent toutes les mêmescaractères généraux,
c'est pourquoij'en ai fait repredMiresix (~<MeA<1)par la
gravure hétiographiqucL'occlusionénergique des paupières, qui constitue un élé-
ment de premier ordre dans diverses expressionsde la phy-
sionotnic, et litcompressionexercéesur les j~tobesoculaires.
qui en est la conséquence,protègent !<;syeux,commeil sera
expliqué tout &l'heure, contre les dangers d'un affluxsan-
guin trop considérable. Quant l'ordre suivant lequel le&
différentsmusclesse contractentpourproduirecette compres-
i. Lesmeilleuresphotographiesdemaccttcc<<onsontduesà 3t.Hej*lander,de tendres(victoriaStrcet),et à M.Ktndennann,deHambourg.LesBgMres3, t et 8 sontdupremier;tes «gurea2etS,dudcux!eme.LaOgure6 représenteunenfantd'unâgeplusavancequipteun*modé-rément.
<M KXt'BBSStOSDELA(tOUPPttAKC~.
sion, il aété de la part du docteur LangstaM',de Southamp"
ton, l'objet dequelquesobservationsqu'il a bien voulu me
communiqueret que j'ai vérinépsdepuis. four s'en rendre
compte, le meiuour moyen consiste &prier une personned'élevcr d'abordles s«ut'ci!sde manière A sillonner ia front
de rides transversales,puis de contracter lentement tons les
muscles qui entourent les yeux,avecune énergie graduelle-ment croissanteet enfin de toutes ses forces..Je prie ici le
lecteur peu familiariséavec les connaissancesanatomiquesde revenir izla page 3~,et de jeter les yeux sur les figu-res i, 3 et3. Lessourciliers(cotTM~o/ofM<perct~t)paraissent~trc les premiersmusclesqui se contractent; ils attirent les
téguments en bas et en dedans vers la base du nez, en fai-
sant appaMutretesplisverticanxqui constituentle froncement
de sourciis; en metne temps ils amènent l'effacementdes
rides transversalesdu front. Presquesimultanément,lesmus-
cles ofttCM~tfMentrent en action et plissent lestéguments
qui entourent les yeux toutefoisleur contraction paraît ac-
quérir une énergie plus grande aussitôtque celle dM sonr-
cilicrs tout'a donné un pointd'appui. Enfin les pyramidauxdu nés entrent en jeu, abaissant encore les souroHset la
peau du front,et produisantde courtesrides transversalessur
la racine du nez Pour abréger, nous désignerons souvent
l'ensemblede ces divers musclespar le terme général de
musclesorbieulairesoupeft-oeM~tfM.Une foislesmusclesprécédents fortement contractés,ceux
qui vont se jeter dans la !&vresupérieureentrent en ac-
2. Hen)e(HoM~«c&AM~ <838,M.~s. 139}estd'accorda~ecM.Hucheancpourattribuerceteffet&tacontracuondupyramidal.
3. CestnuMtesMnt: t'<«<cMfccm~MM &'cw<M~«'tM'<'c<<r<tMfdMMe:, t'<~M)<<'Mfp)~red<'la MoreM~~eufe, te mahtfrc,et le t!e(<<:yc<<< Cederniermuscleestplacé para!t(:!ementau
~r<MM!:y~om<t<~Mcet M-dessousdetMi,et it t'attacheà la partieextontedeia tevrcsupMeuK.HestreprésenteHgure2.1.(p.24),ntaisnonft.
<MPÎ<KUK8.
lion Aleur tour et t'élevent conséquencefacileà prévoir. si
on se rnppfllc les connexionsqui existententre l'un d'entre
eux au moins, ic tMo~orM,et l'orbiculaire. Contractezgra-duellement les musclespéri-oculaires,presquetoujours vous
schtirex, & mesure que Teffdrt dcvicnd]['!tpit~ êhpt'giqttc,votre lèvre supérieure se souleveruu peu, suiviepar les ailes
du nez, qui sont en partie commandéespar les m&mcsmus-
cles. Maintenezen m6metemps ln boucheexttctemfntfermée,
puis abandonnez brusquement vos lèvres au mêmeinstant,voussentirez ta pressionqui s'exerces<n'vosyeuxs'exagérer.Examinezde même une personne qui, exposéea unelumière
ectatante et voulant fixer un objet éteigne,est forcéede clore
partieUement ses paupières presque toujoursvous obser-
verez que sa lèvre supérieure remonte légèrement. Chez
certains sujets auxquels une forte myopiedonne l'habitude,en regardant, de rétréctrTorince palpébrat,onvoit la bouche
contracter Ala longue une expressiongfhnaçaatc.L'élévationde la lèvre entramc la partie supérieure des
joues, et produit sur chacune d'elles un sillon très accusé,
le sillon naso-Iabial, qui, partant du voisinagede l'aile du
nez. se prolongejusqu'au-dessous de la commissure.Cesillon
peut se voit*sur toutes mes photographies; il constitue un
trait très caractéristique de la physionomiede l'enfant qui
pleure; cependant il s'en dessine un presque pareil dans
l'acte du rire ou du sourire
gurest et 3. !.<:docteurDuehcnnca txontrcle premierl'importancedelacontracUoodecemuscledan:;l'expressiondespleurs(3f<'<MM&HM<M~<<Mt<MM<<!~MM)a<Me,Album,tM2,p.39). Henteconstttërelesmus-clesnomméaci-dessus(tema~n'~excepte)commedessubdivisionsd'unseulettncmcmuscle,le~MadM<<M~tM<.!«pen~t'
4. LedocteurUuchennca étudieavecunsoinminutteuxtacontrac-tiondesdiMcrcntsmuscleset lespiisqui se produisentsur !cvisagependantles picuM;ilmesembletoutefoisqu'iirestedanssesrésultats
quelqueimperfection,quetquelacune,qu'itmeseraitd'ailleursimpos-sibledepréciserautrement.Ontrouve,enenct,danssonAibum((!g.48),
«M KXPHESMON DE LA SOUF~MAXCE.
Taudis que la I~vre snpcricuro est ainsi uttirëc on haut,
pendant les ct'is, connnc on vient de t'exptifjttcr, les musciM
ahaisseurs des angtes de lit bouche (<!)!?.i et 2, K)sont forte-
ment contractés, pour maintenir celle-ci Jar~etnent ouverte
et JaiMRppassât* un <o)'t v~tumf df son. C<r*tt~!Mt!bh anta-
goniste des muscles supérieurs et inférieurs tend A donner A
Jt'onvcrture huccate une fonno ohtongue, A peu près carrée
c'est ce qu'on voit sur les photographies ci-jointes. Un ro-
tnancier, exceiïent observateur~ décrivant nn hahy qui crie
pendant qu'on le fait mander, dit « Sa bouche devenait
carrée, et la soupe s'cchappait par les quatre coins. .!e
pen!!f, nous reviendrons du reste sur ce point dans un
auhc chapitre, que les ahaisseurs des commissures sont
moins soumis au contrôle isolé de la volonté que les muscles
voisins; de sorte <{ue, lorsqu'un enfant se dispose ù picuret'
une planche (!:UMlaquelleon a, f&rla (;ahan!Mt!on<t<i;muscles ap-
propries,(<titaounn: t'unc des Htoiti~sde la face, tandis ')ue Fautre
tMoiticcomotCHMà pteurer. Or, sur vtn~tet une personnes a qui j'airnontrécette figure, presque toutes (dix-neuf)ont immédiatement re-
connu t'exnressjondu cAtfriant. t'eut' t'autrc co<< an contraire, six
personnesseulementsont tombéesjuste ou à lieuprès, y trouvantencc-
tivementl'expressionde /<t<<'M/< de~«soM~MC',<tc/ft c<m<<'f<r<<tes
qM<nMautres«nt commisles méprisestes plus singulières, et ont cru
y voirlesotprcssionsd'KHt'/'o//<gaieté,de ~«<«<~c<tOM,de lu ruse, du
</t~<M~,etc. Onpeut )'))concturequ'il y a quehptc chose dedéfectueux
dans l'expression.Cequi peat avoir c~ntrihut'u induire en erreur, c'est
qu'on ne s'attendj~tërea voir ptcun'r un vieillard, et qu'it n'y a pastrace de !armcs. Dansuneautre n~ore du docteur thtchenne <ng.40),dan!<laquelle les musctcsd'une moitié de la face sont ga!vanMésa
l'effetde rcpn'senterun hommequi commencea pteurer, avec le sour-cil du m~mecôtérendu ohtiquc, ce qui est un signe caractéristiquedu chagrin, l'expressiona été reconnuepar un notnhre de personnesproportionnettemcntplus grand. Sur vingt-trois, quatorze ont réponduexactement :cA<f~nM,<t~tC~M~oM/'My,p~'Mr.<t~w<fM<M<<<M~<wf',etc.les neufautres ne purent pas se formerun jugement un portèrentcom-
plètementa tam, et répondirent <'K"a~M''<<<'&/oM~'m< f~b~po<«'
r<~<!f<~un objet~/of~M~,CtC.H.M'(jaske!), JU«ry~H<<w,nouvelleédition,p. 8t.
PLËPMa'. <<!t
tt
tMjMy être encore bien décidé, ces muscles sont en générâtles premiers à entrer en contraction,et les derniersAcesser
de se contracter. Lorsqu'un enfant d'un Age plus avancé
commenceà pleurer, les musctesqui aboutissentà la lèvre
supéneure sont souventtes pMnn!eMA agip;peut'étre par*ce que l'enfant plus âgé a moins de tendance à ptenrer
bruyamment, et par conséquent à tenir sa bouche large-ment ouverte, de sorte que les musclesabaisseurs ci'dessus
désignesn'entrent pas en action d'une manière aussiéner-
gique.Sur l'un de mes propres enfants, j'ai observé souvent, a
partir de son huitièmejour et pendant quelquetempsaprès,
que le premier signe d'un accèsde cris, quand on pouvaiten saisir la première approche, était un léger froncement
de sourcils, do A la contraction des sourcitiers; en même
temps, les vaisseauxcapiHan'esde la face et de la tête, dé-
pourvue de cheveux, se gorgeaient de sang. Aussitôtquel'accès commençait recHeMtcnt,tous les musctespéri-ocu-taires se contractaient avecforce, et la bouches'ouvraitlar-
gement de la manière décrite ci-dessus;de telle sorte que,dès cet Age très tendre, tes traits prenaient dé)Ala même
formequ'Aune période plus avancée.
Ledocteur Piderit'' insiste beaucoupsur la contractionde
certainsmusclesqui attirent en bas le nez et rétrécissentles
narines, commeétant un trait éminemmentcaractéristiquede l'expressiondes pleurs. Les triangulaires(J~reMorMdn-
~<of(~)sontgénéralementcontractésen mêmetemps,comme
nous venonsde le voir, et ils tendent indirectement,d'aprèsle docteur Duchenne,Aagir de la mêmemanièresur le nez.
Onpeut remarquer cettemêmeapparencepincéedu nezchez
les enfants fortement enrhumés, apparence due en partie,
0. JftM~undPAy~tMNt~,<8$7,s. )?. Duchenne,JM~M~aMf~la PA~i!.humaine,Album,p.34.
tM EXPnEMtONDELASOUFFMAKCK.
commeme t'a fait observerle docteur Langstaff, A!eur re.
ornement continuel, et A in pression do l'atmosphère quis'exercepar suite (le chaquecôté. Le but de cette contraction
des narines, chcxics enfantaqui sont enrhumésou qui pieu-
rcnt, parait Ah'ede s'opposer au ifh<x<ït!mucus on des
termes,et d'empêcherces fluidesde se répandre sur la lèvre
supérieure.
Apresun accèsde cris prolongéet violent, !c cuirchcve!u,
le visageet lesyeuxsont rougis,Ac<msede ta gène produitedans la circulation en retour de la tête par les violents
effortsd'expiration; cependant Ja rottgent' des yeux irrités
est due principatemeot à l'abondante effusiondes larmes.
Les divers musclesde la face, qui ont été fortement con-
tractes tiraillentencore un peu ics traits, et ta tèvrc supé-rieure est h'gerement rctevëc ou renversée?,tandis que les
cotnmMSttt'ess'abaissentencore )U!peu. J'ai senti moi-même,
et j'ai observésur d'autres personnesaduttcs, que, torsqu'onMde la peine à réprimer M'slarmes, par exempte à ta lec-
turc d'un r~cit touchant, il est presque impossible d'empê-cher les différents muscles qui agissent si cncrgiqucmcntchez l'enfant, pendant s<'saccèsde cris, de trcssaittir ou de
trembler tégercm''nt.Uansles premièressemaines, l'enfant ne répand pas de
larmes, commele savent bien les nourrices et les médecins.
Ce n'est pas que tes glandes lacrymalessoient encore inca-
pables de sécréter; j'en ai fait pour ta première fois l'obser-
vation âpres avoir accidentellementeffleuré du revers de
monpaletot l'teil ouvert d'un de mesenfants,âgé de soixante-
dix-septjours; il en résultaun larmoiementabondant; mais,bien que l'enfantpoussât des cris violents,l'autre oeit resta
sec, ou du moinsne s'humecta que très légèrement. J'avais
?. Ledocteurt~chennea faitcetteobMn'at~n,Mécanisme(telaPhllsion./<Mma<fH<.4<tMM,p. 3e.
FLEURS. <M
remarqué une faible effusionde inrmcs dansles deuxyeux,dix jours auparavant, pendant un accès de cris. Les larmes
ne coulaientpas encore en dehors des paupières et ne des-
cendaientpas le longdes joues, citezce mêmeenfant, à l'Agede cent vihgt-dHUxjnnrs; c'('st sentementdiy-~
tard, c'cst-A-direAF Agede cent trente-neuf jours que j'ob-servai pour la première foisce phénomène.J'ai fait étudier
quelquesautres enfantsa ce point de vue, et l'époquede l'ap-
parition véritable des larmes me paraît être très variable.
itans un cas, les yeux s'humectèrent légèrement a l'Agede
vingtjours seulement; dans un autre, Asoixante-deuxjours.Chezdeux autres enfants, les larmes ne coulaientpas encore
~ur le visage à l'Agede quatre-vingt-quatre et de cent dix
jours; chezun troisième,elles coulaient Acent quatre jours.On m'a affirme avoir vu chez un enfant les larmescouler A
l'Ageremarquablement précoce de quarante-deuxjours. H
semble que les glandes lacrymales aient besoin d'nne cer-
taine habitude acquise avant de pouvoir entrer aisémenten
action,de même, A peu près que les divers mouvementset
gonts consensuelstransmis par l'hérédité reclamentun cer-
tain exerciceavant d'être fixéset amenésAleur état définitif.
Cettehypothèseest surtout vraisemblable pour unehabitude
commecelle des pleurs, qui a du s'acquérir postérieurementAl'époqueoù l'homme s'est séparé de l'origine communedu
genre hommeet des singes anthropomorphes, qui ne pleu-rent pas.
Il est remarquable clue ni la douleur ni aucune autre
émotionne provoque dans la première période de la vie la
sécrétion des larmes, qui devient plus tard le mode d'ex-
pressionle plus général et le plus fortement accusé.Unefois
l'habitude acquise par l'enfant, elle exprime de la manière
la plus claire la souffrance de tout genre, la douleur cor-
porelleaussibien que l'angoissede l'Ame,mêmequandcelle-
ci s'accompagned'autres émotions,tellesque la crainte ou la
«M EXPNMStOKf PË LA SOUFfKANCR
colère.Cependantle caractère des pleurs se modifie de très
bonne heure, commeje l'ai observé sur mes propres en-
fants. et les pleurs de la colère dineroni de ceux de la dou-
leur. Unemère m'a racontéque sa petite fille, Agée de neuf
mois, cric avecviolence.hmfssansplt'ttt'er,16t'<;qt<'<;llëest ou
colère; maissi on la punit, en tournant sa chaise le doscon-
tre la table, ses larmes commencent A couler. Cette diffé-
rence doit s'attribuer peut-être à ce que, en avançant en
Age, nousréprimonsnos larmesdans la plupart des circons-
tances (le chagrin excepté), et Ace que l'influence de cette
répression habituelle se transmet par hérédité A une épo-
que de la vie plus précoce que celle ou elle s'est d'abord
exercée.
Chezl'adulte, et surtout dans le sexe masculin, la douleur
physique ne provoque plus l'effusion des larmes, et ce ca-
ractère expressiffuitdéfaut de bonne heure. Cela s'explique,si l'on songeque les nationsciviliséesaussibien que les races
barbares considèrentcommeunelâcheté indigned'un homme
de manifesterla souffrancecorporellepar aucun signe exté-
rieur. A cette exceptionprès, on sait que lessauvages ver-
sent d'abondantes larmes pour des causes extrêmement fu-
tiles. Sir J. Lubbocka réuni plusieurs observations de ce
fait s. Un chef de la Nouvelle-Zélande« se mit A pleurercomme un enfant, parce que les matelots avaient sali son
manteau préféré en le saupoudrantde farine M.J'ai vu, a la
Tcrre-de-Feu,un indigènequi venaitde perdre uo frère, et
qui, passantalternativementde la douleur a la gaieté, pleu-rait avec une violence hystérique et riait aux éclats, un
instant après, de tout ce qui pouvait le distraire. Lesnations
civiliséesde l'Europeprésentent du reste, au point de vue
de la fréquence des larmes, de très grandes différences.
L'Anglaisne pleure guère quesousla pressionde la douleur
8. MeOH'~M<~C~'M~ott,1870,p.3SS.
P~UNS. )M
momieh phts poignante; dans certaines parties du conti-
nent, au contraire, les hommesrépandent des larmes avec
beaucoupplus de facilité etd'abondance.
Onsaitquelesaliénés N'abandonnentsansaucunecontrainte,
ou à peu prë~s, Atoutes ÎCMrséntotiûns; Le symptome~k
caractéristiquede la mélancoliesimple, même dans le sexe
masculin,est, d'après les renseignements que je tiens du
docteur J. Crichton Browne, une tendance a pleurer pourles motifsles plus futiles, et même sans aucune cause, ou à
pleurer d'une manière tout à fait exagérée en présenced'un
véritablesujet de chagrin. La durée du temps pendant lequel
peuvent pleurer certains malades de cette catégorie est vé-
ritablement prodigieuse, aussi bien que la quanttté des lar-
mesqu'ils répandent. Unejeune Mlle,atteinte de mélancolie,
ayant larmoyédurant toute une journée, finit par avouer au
docteurBrowneque c'était simplement parce qu'elle se rap-
pelait s'être un jour rasé les sourcils pour les faire pousser.Dansl'Asile,on voit parfoisdes maladesqui restentdesheures
entières A se balancer d'avant en arri&re « si on vient a
leur parler, ils s'arrêtent, plissent leurs yeux. abaissent les
coins de leur bouche et fondent en larmes Danscertains
cas, un mot, un salut bienveillant, semblent suffire pourleur inspirer quelque pensée fantasque et chagrine; d'au*
très fois, c'est un effortde nature quelconque qui provo-
que les pleurs, indépendammentde toute idée pénible. Les
sujetsatteints de manieaiguë ont aussi, au milieude leur dé
lire incohérent, de violents accès de pleurs. 11ne faut pastoutefoisconsidérer ces effusionsabondantesde larmes, chez
les aliénés, comme dues simplement A l'absence de toute
contrainte;car certainesaffectionsdu cerveau,tellesque l'hé-
miplégie, le ramollissement,et l'affaiblissementsénile, pré-sententaussiune dispositionspéciale &provoquer les larmes.
D'ailleurs,citez les aliénés, le larmoiement est encore fré-
quentalorsmême qu'ils ont atteint nn état decomplèteimbé-
<<M KXPRESStOK DE LASOUFFHANCB
ciMitéet perdu Ja faculté.de la parole. Lestdiots-nés pleu-rent également il paratt qu'il n'en est pas de même des
crétins.
D'après ce que nous voyonschez l'enfant, les pleurs pa-rtussent constituer j'cxprëssîonhaturëlïée et prlm!t!vc t!ë ta
souffrance de toute nature, de la douleur morale, et de lit
douleur physique, quand celle-cin'est pas portée à ses der-
nières limites. Toutefoistes faits qui précèdent, aussi bien
que l'expérience de tous les jours,nousmontrent qu'un effort
souvent répété pourles réprimer, associéAcertains états de
l'esprit, agit très efficacement,et nous donne &la longue Acet égard un grand empire sur nous-mêmes.Hparaît, par
contre, que l'habitude a aussi le pouvoir d'accroître lu fa-
culté de pleurer; ainsi le MévérendR. Taylor '< qui a long-
temps résidé a la Nouvelle-Zélande,affirmeque les femmes
peuventy répandre des larmesabondantesa volonté; elles se
réunissent pour gémir sur leurs morts, et se font une
gloire de pleurer Al'envi « de la manière la plus attendris-
sante M.
Un effort isolé dansle but de réprimer les larmes paraitexercerpeu d'influencesur les glandeslacrymales, et souvent
même il semble avoirun effet contraire a celui (lu'onen at-
tend. Un vieux médecin, plein d'expérience,me disait qu'iln'avait jamais trouvéqu'un seul moyende mettre un terme
aux accès de pleurs incoerciblesqu'on voit parfois se pro-duire chezles femmes c'était de prier celles-ciavec instance
de ne point faireeffortpour se contenir, et de les assurer querien ne les soulagerait autant qu'une longue et abondante
effusionde larmes.
Chezlepetit enfant,lescris consistentenexpirationsprolon-
9. Voir,parcMMp!e,lesobservationsdeM.MarshattsurunidiotdansPM<MopA.Tr<MMac~<86t.p.S2' Surlescrétins,voirdocteurP)dcr!t,??? MMdPAy~tMm~,<8<!7,s. 61.
<0.JVe<c'Z~<tMdon(titsjM~aMaa~,<8S~p. t7S.
PLEURA. <??
gëes, entrecoupéesd'inspirations courteset rapides, prévue
spaamodique~ &un Ageplus avance, on voit apparattre le
sanglot. SuivantGratiolct c'est la glotte qui joue le prin-
cipal rôledans l'actedu sanglot, lequel s'entend «au moment
où Husph~t~nsurmonte t~sMtanoe de ta glotte, ot ou l'Mrse précipitedans la poitt'iuo Toutefoisla fonctiontout en-
tière de la respirationdevient également spasmodiqueet vio-
lente. En général, les épaules se soulèv<'nt.mouvementquirend ta respirationplus facHc.Chez l'un de mesenfants, les
inspirationsétaient, &!'a~Gde soixante.dix-septjours, si ra-
pides et si fortes que leur caractère approchait de celui du
sanglot; c'est Al'Agede cent trente-huit jours seulementque
je remarquai pour la première fois un sanglot distinct; &
partir de ce moment, chaque accès violent de pleurs était
!-tuivipar des sanglots. Les mouvementi:respiratoires sont,
commeon sait, en partie volontaireset en partie involon-
t)dt'es;et je présume que le sanglot est du, nu moins par-
tiellement,Ace que l'enfaut acquiert, peu de temps aprèssa naissance~une certaine puissance pour commander à
ses organes vocauxet pour arrêter leurs cris, tandis qu'ila une puissance bien moindre sur les muscles respira-
toires, qui continuent quelque temps encore à agir, d'une
manière involontaire on spasmodique, lorsqu'ils ont été
mis violemment en jeu. Le sanglot parait particulier A
l'espèce humaine; les gardiens du Jardin Zoologiquem'ont
afMrmén'avoir jamaisrienobservédepareilchezaucuneesp~ede singe, bienque les singespoussentsouvent des cris aigus.
lorsqu'on les poursuit ou qu'on les saisit, et qu'ils restent
ensuite haletants pendant longtemps. Ainsi il existe cotre
le sanglot et l'émission abondante des larmes une étroite
analogie; commeles larmes, le sanglot ne commencepasdès la première enfance, mais apparaît postérieurement
«. 0<'<aMt~<Mt<tNt<t',t8<K:,p.<M.
<M EXPHESStON Dtt LA SOUFfK~NCK.
et presque subitement, pour suivre dès lors chaqueaccès
de pleurs, jusqu'au momentou, avec les progrèsde Fa~e, la
volontéintervient et réprime cette manifestationexpressive.
C«M~<~e coMtrae/tOMdesmMM~~m<M<oMrcn<'~'a'<~peM-d~n<lescris. Nousavonsvu que les enfants, dans la pre-mière aussi bien que dans h deuxièmeenfance, ferment
invariablement les yeux avec énergie, pendant qu'ilscrient,
par la contraction des musclesenvironnants, de manière A
produire sur les téguments des plis caractéristiques. Chez
l'enfant plus Agéet même chez l'adulte, toutes les foisqu'il =,se produit quelque accèsde larmesviolentet sanscontrainte,
on peut observeraussiune tendanceAla contractionde ces
mêmesmuscles; cependant la volontémet souvent obstacle
&cettecontraction,afin que la visionne soit pas gênée.Sir C. BeMexpliquecefait de lamanièresuivante12:a Lors-
qu'il se produit un effort violent d'expiration, qu'il s'agissed'ailleursde fourire, de larmes,de toux ou d'éternuement, le
gtobede t'œit est fortementcomprimépar les fibres de l'or*
bicutaire cette compressionapour objet de protéger le sys-tème vasculaire de l'intérieur de t'œii contre une impulsion
rétrograde communiquéeA ce moment an sang veineux.
Quandnous contractons la poitrine pour expulserl'air, il se
produit un ralentissementde la circulationdans les veinesdu
couet de ta tête: dans les eHortstrès énergiques, le sang ne
se borne pas &distendre les vaisseaux,mais il reflue dans
les petits rameaux vasculaires.Si &cet instant, t'œil ne su-
bissait pas une compressionconvenable,formant résistance
au chocsanguin, il pourrait seproduiredes lésionsirrépara-bles dans les tissussi délicatsdu globeocutairc. » Etplus
12.TheAitatomyo/JBa~M~M),<8t4,p.<<?. Voiraussiunmémoiredu m~meauteur dansP/«VM<~nc<~TtWModtMM,i8M, p. 284;M.,<823,p. i 66et289. VoirencoreTAe~tn~MS~~Mo/ theM«tMMBody.3' ëd:~<83e,p. t7S.
PLEUaa. KKt
loin, !e même auteur tijoute « Si nous écartonsles pau-
pièresd'un enfant pour examiner ses yeux au moment où
il pleure et crie aveccoMre,la conjonctives'injecte brusquc-ment de sang, et les paupières sont ropoussécs, parce que
oous 8uppt'!m6ns~ id'appni naturet <~ systèmevasculairede l'œil et l'obstacle qui s'oppose A t'envabissc-
ment desvaisseauxpar le courant circulatoire.
D'aprèsla remarquede Sir C. Bett, souvent connrméeparmes propres observations, les muscles péri-ocutaires se
contractentavec énergienon,seulement pendant tes pleurs,le rire, la toux et l'éternuement, mais encore pendant di-
vers autres actes de nature analogue observez,par exem-
ple, un individuquisemoucheavecforce. Jepriai un jour un
de mesgarçons de pousserun cri aussi violent que possible;immédiatementil commençapar contracter énergiquementses musclesorbicutaires; je répétai à plusieurs reprises la
mêmeexpérienceavecle mêmerésultat; et, quandje lui de-
mandai pour quelle raison il fermait si bien lesyeux à cha-
que fois,je reconnusqu'il ne s'en doutait en aucune façonil agissait ainsi d'une mnni&reinstinctive et complètementinconsciente.
Pourque ces musclesentrent en action, il n'est pas indis-
pensablequel'air soiteffectivementcitassehors dela poitrineil suffitque les musclesdu thorax et de l'abdomense con-
tractent.avecune grande force, pendant que t'occlusionde
ta glotte empêche l'air de s'échapper. Durantles vomisse-
mentset les nausées,t'ait' remplit les poumons et fait des-
cendre le diaphragme, qui est ensuite maintenu en position
par l'occlusionde la glotte, « aussi bien que par ta contrac-
tion de ses propres fibres Lesmusclesabdominaux se
contractentalors vigoureusement,en comprimant l'estomac,
<9.Voirla description,parledocteurBrinton,de l'acteduvomisse-ment,dansyb<M'<C!~op.<~~M~tomy<MMtP~Moay, <8S9,vol. V,iiupptemcnt,p. 3t8.
t70 EXPMMfHOK MH LA NOUFFRAKCS
dont les fibresagissent en même temps et dont le contenu
est ainsi expulsé. Pondant chaque effort de vomissement,« la tête se congestionnefortetnont, le visagedevient rouge
et _enj[!é,et les grossesveinesqui sillonnentlit faceet tes tem-
pes se dilatent visiblement J ai constatéqu'en mêmestempsles muscles qui entourent l'œil sont en état de contraction
forcée. 11enest de même lorsque les musclesde l'abdomen
agissentde haut en bas, avec plus d'énergie que d'habitude,
pour expulserle contenudu canalintestinal.
Une mise en jeu des muscles du corps, quelque éner-
gique qu'elle soit, ne provoquepas 1&contractiondes mus-
cles péri-oculaires, si le thorax lui-mêmen'agit pas vi~nu-
reusement pour expulser l'air ou le comprimer dnns les
poumons. J'ai observe mes fils au moment où ils faisaient
les effortsles plus violentsdansleurs exercicesgyntnastiques,
par exemplelorsqu'ils se soulevaientplusieursfoisde suite a
la force des bras, ou lorsqu'ils enlevaientdes poids conside-
rabtes; je n'ai aperçu qu'une trace & peine appréciablede contraction dans les musclespéri-oculaires.
Commela contractionde cesmuscles, dansun but de pro-tection pour les yeux pendant une expirationviolente, cons-
titue indirectement, ainsi que nous le verronsplustard, un
élément fondamentalde plusieursde nos expressionsles plus
importantes, j'étais extrêmementdésireux de savon'jusqu'à
quel pointl'opiniondeSir C.Betiétait susceptiblede démons-
tration. Le professeur Donders, d'Utrecht bien connu
comme l'une des autorités tes plus compétentesen Europesur toutes les questionsqui se rapportent &la vision et Ala
structure de!'œil, a bien voulu entreprendre cette étude, A
<4.Je doisdesremerciementsà M.Howman~quim'amisenrelationavecleprofesseurÛonders,et quim'aaidé&décidercegrandphysiolo-gisteilentreprendredesétudessurcesujet,Jesutségalementredevableà M.BowmMdediversrenseignementsqu'il m'afournisavecla ptufMtremecomplaisancesurungrandnombredepoints.
M~uao; <?<
ma demande, en s'aidant des procédés si ingénieux de ta
sciencemoderne il a récemment publié les résultatsqu'il a
obtenus Ua démontréque, pendant uneexpirationviolente,les vaisseauxintra-ocnlaires,extra-oculaireset rétro-oculaires
sont tousaffectésidedeuxfaçons d'abordpar l'accroissementdo la pressionsanguine dans les artères, et en secondlieu
par la gène de la circulation en retour dans les veines. Il
est par conséquent certain que les artères et les veines de
l'œil sont plus onmoinsdistenduesdurant tout efforténergi-
que d'expiration. four te détail des preuves données par le
professeur Dondcrs,jo me borne A renvoyer u son remar-
quable mémoire. L'injectiondes veines de la tète se recon-
naît facilementà leur turgescence, et Ala couleur pourpre
que prend la face, chezun homme, par exemple,qui a failli
s'étrangler et qui tousseavec violence. Je puis ajouter, en
m'appuyant sur la même autorité, que le globe oculaire,dans son ensemble,proémine sans aucun doute un peu au
momentde chaque expirationviolente. Ce phénomèneest du
à la dilatation des vaisseauxrétro-oculaires, et pouvait ai-
sémentse prévoir d'aprèsles connexionsintimesqui existent
entre l'œil et le cerveau; on a vu en effet, en enlevant um'
portionde la voûte crânienne, le cerveau se soulever et s'a-
baisser a chaque double mouvementrespiratoire; ce même
mouvementpeut seconstater, chez les petits enfants, au ni-
veau des fontanellesnon encore oblitérées. Telle est aussi,
je présume, la raison pour laquelle les yeux d'un hommr.
étranpié paraissentsaillantset prêts Ajaillir hors de leurs or-
bites.
l'our ce qui concernel'influenceprotectrice de la pression
<S.L':mémoirede M.Dondcrs&parud'aborddansAMeWoa~M/tAt.
eleie/voor(~eaeesen~Vatuurhuncte,Decl i87t1.tt avtëlraduitpar ledar,.c/M~MorGeMM<CMIV<t(M«WtuK<~Dec!Nt870.Haététraduitpar te doc.tourW.-n.Moore,soustetitreautant On<AeAct~ oy<A<'E~Mxd'~<<VM<na~cM<~jM<Md/1roMexpiralorye~M'~danstes ~rcAf~< ?'-
dicine,pubtiëesparledocteurL-S.Beate~<870,vol.V,p.20.
<7a ËXPBRSStONHELASOUPFRASCt!.
des paupières sur les yeux, pendant de violents cûbr~ d'ex-
piration, le professeur ttonders conclut d'observations va'
rides que cette pression limite sans aucun doute ou même en-
tr&yo compï~tement !u ditut&iion des vaisseaux Hans cet!
circonstances, ajoute-t-il, nous voyons assez souvent tes mains
se porter invo!ontairem<'nt au visage et rappliquer sur tes
paupières, comme pour ïeur venir en aide et protéger tes
yeux plus efficacement.
H faut reconnaître cependant que les faits sur lesquels on
peut s'appuyer, pour démontrer que les yeux peuvent en et-
iet souffrir plus ou moins de t'agence d'un point d'appui ré-
sistant pendant Jcs expirations violentes, ne sont pas jusqu'à
présent tr~s nombreux; on peut pourtant en citer quelques-
uns. Il est certain que « des efforts d'expiration énergiques,
pendant la toux ou io vomissement, et en particulier pen-
dant l'éternuement, produisent quelquefois des ruptures dans
les petits vaisseaux (extérieurs) de !'œi! Le docteur Gun-
Binp a rapporté récemment un cas de coqueluche, suivie
d'exophtalmie, en attribuant cette complication a !a rupture
des vaisseaux profonds de i'orbite on a observé un certain
i0. !.c professeurDondcMfait remarquer(.tn;M<!M<~M<'<Mc<«e,pu-btices )tar)edocteur L.-S.Beate~<8?0.vol. V,p. 28)que, a après une
t~ion de !'œit,apr~e des opérations,et dat)&quelquesformesd'inQatn-
tnation interne, nousattachonsune MtWtmeimportancea la compres-sion uniformeexercéepar rocciM~iondesjpaap'erea,et qMetqueMsnous
!'ausmen<o!Mpar J'appticationd'on bandage.Dansifua les cas, noua
tAchonsd'cvito-de grandscHortsd'expiration,dontlesincon~nientasout
connus M.Bowmanm'apprendque, dans lescas de photophobieex-
ceMivcqui accompagnece qu'on appellet'ophtatmiescrofuleusechMles entants, a!oMquela tumicreestsidifficilea supporterqtte pendantdet semaineset des mois entiers elle est constammentarrêtée par une
occlusioncn~rgiquedes paupières il a <;tt'souventfrappé,enentr'ou-
vrantcelles-ci,detapateurdu globeoculaire,oupourmieuxdire de t'ab-
scnccde cette rougeurqu'il pouvaits'attendrea trouveraur une surbc<;un peu ennammee;il est disposé&attribuer cette paieur a t'dectusion
enM-giqucdes paupières.<?. Uonders,id., p. 30.
PLEUHS <?:t
Nombrede cas aualo~ucs.Maisun simple sentiment de gèneadùsufnre probablement pour conduire & l'habitude asso-
ciéede protéger les globes oculaires par tu contractiondes
musciMqui les entourent. 11a même sufti, sans doute, de
l'attente d'uneté<<iott~Mde sa ~MMëubtMtécest niMsiqu'M
objet qui semeut trop p~sdes yeuxprovoqueuu clignementinvolontaire des paupières. Par <'<)t(s<!(tuentnous pouvottsconchu'een toute assurancedes <~)sct'vut!onsde Sh' C. BeU,et phts encore des recherches p!us précises du protesseur
t)opdet's,que l'occlusionénergiquedespaupièrespendant tes
cris, chez l'enfant, est un acte pleinde sens et d'une reet!c
«titite.
Nousavons déjà vu que la contractiondes muscles orbi-
cutatres cntt'atnc le sout&vcmentde lit tên'e supérieure, et
par suite, si la boucheest maintenue largement ouverte, lit
dëpre~ion des commissure!!par ta contraction des muscles
abtu~tours.Lu formationdu sillon natto-tahia!sm' les jouesest également uneconsequcnct;de t'etévutionde ta t&vrcsu-
périeure. Ainsiles mouvementsexpres~fs principaux du vi-
sage pendant les pleursparaissenttous résulter de la contrac-
tiondes musclesqui entourent tes yeux.J~onsverronsbientôt
que fcuusioo des tannes dépend aussi de la contractionde
cesmêmesmusctcs, ou du moinsqu'ette a certaines relations
avec cite.
Dansquelqucs'uns des faits précédents, et en particulierdans l'éternuementet lit toux,il est possiblequela contraction
des muscles orbiculaircspuisseservir accessoirementà pro-
téger les yeux contre l'ébranlementou la vibration trop in-
tenseproduite par le bruit qui accompagnede pareils actes.
Je crois qu'il en est ainsi; car les chiens et les chats ferment
certainement leurs paupières, lorsqu'ils broient des os durs
.entre leurs dents, et quelquefoisaussi lorsqu'ils éternuent;
cependant les chiens ne les ferment pas quand ils aboient
bruyamment..M.Sutton. ayant observéavec soin, sur ma de-
<74 EXt'ntSS8tO!<DELASOUFFMA?(CE.
mande, un jeune orang et un chimpanzé, a constate quel'un
et l'antre fermaient toujours tes yeux en toussant et en éter-
nuant, jamais au contraire lorsqu'ils criaient avec violence.
~yant moi-même administré une petite prise de tabac &un
singe américain, un Cf&M<,je le vis clore ses paupièresen éternuant; dans une autre occasion, je le vis, au con-
traire, garder lesyeux ouvertspendant qu'il poussait des cris
aigus.
Causede la <ccr~«owdes hH'MM. Danstoute théorie de
l'influence de t'état de l'esprit sur la sécrétion des larmes, il
est un fait important dont il est nécessairede tenir comptec'est que, toutes les fois que les muscles péri-ocutaires se
contractent involontairementavec énergie pour protéger les
yeux en comprimant les vaisseauxsanguins, la sécrétion la-
crymale s'active, et souventdevientassezabondante pour (lueles larmes coulent le long'des joues. Cephénomène s'observe
sons 1 innuencedes émotions les plus opposées, aussi bien
qu'en l'absence de toute émotion. L'unique exception, et
encore n'est-elle que partielle, que présente cette relation
entre la contraction énergique et involontairede ces muscles
et la sécrétion des larmes, existechezles petits enfants, alors
qu'ils crient avec violence, les paupières exactement closes;on sait, en effet, que les pleurs n'apparaissentqu'a l'Agede
deux Atrois ou quatre mois. Cependanton voit déjà, avant
cette époque, les yeux s~humecterlégèrement. H semble,
commenous l'avons fait remarquer plus haut, que lesglandes
lacrymales ne possèdentpas toute leur activité fonctionnelle
dans la première périodede la vie, par suite d'un défaut d'ha-
bitude ou pour quelque autre causeinconnue. lorsque l'en-
fant a atteint un âge un peu plus avancé, les cris ou les
plaintes qui expriment la souffrances'accompagnentsi régu-
lièrement de l'effusion des larmes, que la langue anglaisea donné aux deux mots to <cefBet cf<y(pleurer et crier)
PLEURS. t7&
unsens identique, et en a fait deux termessynonymesTant que le rire, (lui est une manKcs~tiondes émotions
contraires aux précédentes, c'est-à-dire de h joie ou du
plaisir, pestemodéré, il se produit A peine une légère con-
traction des tn<~c!Mp~-octttaiM's;d&oot~eqaclessoarcilane se froncent pas; mais lorsqu'il passe Al'état de fou rire,
avecdes expirationsrapides, violentes,spasmodiques,le vi
sage se mouillede larmes.J'ai observe tt diversesreprises !a
ugore de certainespersonnes, &lit suite de violentsaccèsde
rire, et j'ai remarquéque lesmusclesdesyeuxet de la lèvre
supérieure étaient encore contractés en partie; les jouesétaient humectéesde larmes, et ces deux circonstancesdon-
naient &la moitiésupérieure de la faceune expressionqu'ileût été impossiblede distinguer de celle qui caractérise la
figure d'un enfant encore agitée par les sanglots.L'effusion
des larmes sur le visage, sous l'influence du fou rire, est,
commenous le verronsplustard, un phénomènecommuna
toutes les races humaines.
Dansun acc<sde toux violente, et spécialementdans un
état de demi-ounbcation,la face devientpourpre, les veines
se distendent, les musclesorbiculaircs se contractent avec
énergie et les larmes coulent sur les joues. Mêmeaprès un
accèsdo touxordinaire, onsent presque toujoursle besoinde
s'essuyer les yeux.Dans les efforts violentsde la nausée ou
dn vomissement,les musclesorbicutairessontfortementcon-
tractés, et quelquefois les larmes coulent avec abondance
sur le visage; j'ai fait ces observationssur Moi-mêmeaussi
bien que sur d'autres. Ayantentendu avancerque ces phé-nomènespouvaientêtre dussimplementà l'introductiondans
lesnarines de substancesirntante~ dont la présenceprovo-
querait par actionréflexeune suractivité de la sécrétion la-
t8. M.Mcmte:ghWcdgwood(Mc~c/'R~AJE~mo~~ i839,vot.t,p. 4i0)dit: a Leverbeto MWt'vientde!'an(fiMMon«'<~dontlesens
origine!estsiMptemcntcri(<w<c~).a
t70 EXPKt~StON DE LA SOUFFRANCE.
crymale, je prtai un médecin, l'un deceux qui ont bien
voulu m'aider dans ce travail, de porter son.attentionsur
les effetsdes efforts de vomissement,alors que rien n'était
expulséde l'etitomac;par unesingulièrecoïncidence,ce mé-
decin fut pt'!s!m-n)èmele lendctnathde ntmscesviolentes, ettrois jours après il eut l'occasiond'observer une clientedans
des circonstancessemblables.Dans aucun des deux cas, il
n'y eut un atome de matière rejeté hors de l'estomac, et
cependant h'smusclesorbicutturcsse contractèrentfortement
et des larmescoûtèrentavec abondance.Je puisêtre aussitrès
afnrmatif au sujet de la contractionénergique des mêmes
muscles et de Iii sécrétion des larmes qui raccompagne,
lorsque les musclesabdominauxaguisentavecune forceinu-
sitée de hant en bas sur le canal intestin:
Lebâillementcommencepar une inspirationprofonde,quesuit une expiration longue et énergique; en même temps
presquetous les musclesdu corps sont fortementcontractes,
y comprisceuxqui entourent lesyeux lasécrétiondes larmes
s'active souvent, et quelquefoismêmeon les voit couler sur
les joues.J'ai souvent observé que, lorsqu'on se gratte sous l'in-
Muencede démangeaisonsinsupportables,on ferme lespau-
pièresavec force; mais je ne croispas qu'oncommenceparfaire une inspiration profonde pour chasserensuite l'air vi-
goureusement, et je n'at jamais remarquéque les yeux se
remplissent de larmes dans cescirconstances;toutefoisje ne
puis affirmer qu'il n'en est jamais ainsi. L'occlusionéner~
gique des paupièresse rattache peut-être alors simplementA
l'action généralequi raidit touslesmusctesducorps au même
moment. Elle est complètementdifférentede cette occlusion
très peu énergique des yeux qui, suivant une remarquede
Cratiolet19,accompagne souventla perceptiond'un parfum
<0.DehtM~tCMOM~.t8Miî,p.2f?.
!'f<EUn8. t77
12
suavepeu' le.sens de l'odorat ou d'une saveur exquise pat'celui du goût, et (lui est duc sans doute originellement an
désir d'exclure toute impression étrangère.Le professeurDondersme signale le fait suivant « J'ai
oLserve,dît-il, (Quelquescas d'une affection ti'escurieuse
après un léger attouchement,par un vêtement par exemple,ne produisant ni lésion ni contusion, il se manifeste des
spasmesdes musclesorbiculaires, accompagnésd'une effu-
sion très abondante de lannes, qui peut se pro!on~ct'pen-dant une heut*eenviron. Plus tard, et quetquefoisaprès un
intervalle de plusieurs semaines, il se produit des spasmesvinjcnisdecesmêmesmusctes, accompagnésencorede larmes
et de rougeur primitive ou consécutivedes yeux. » M.How-
nrnn a observéparfoisdes cascomptetementanalogues dans
certains d'entre eux il n'y avait ni rougeur m innammation
des yeux.~'étais très curieux de savoir s'it existait, chez quelque
animât, un rapport analogue entre la contraction des mus-
ctcs orbicutaires,dans une expiration, et ta sécrétion des
tarmes; mathcureusetnentil n'y a que très peu d'animaux
qui contractentcesmusclesd'une manicreprolongée, et ir&s
peu quipteurcnt. LeMacacusMonM,que l'on voyaitautrefois
larmoyer si abondamment, au Jardin Zoologique,aurait été
un excellentsujetpour ces observations;mais les deux singesactuellementexistants, et qu'on croit appartenir Ala même
espèce, ne pleurent pas. Cependant ils ont été étudiés avec
soin par M.Bartiett et par moi-même, pendant qu'ils pous-sarientdes cris aigus, et ilsnous ont paru contracter les mus-
cles en question mais ils gambadaient de coté et d'autre,dans leur cage. avec tant de rapidité qu'il était difficilede
faire desobservation:!précises.Aucunautre singe, Il ma con-
naissance ne contracteses musclesorbiculairesen criant.
Onsaitque l'oléphantindienpleurequelquefois.Sir It Ten-
nent, décrivant ceux qu'il a vus captures et prisonniers A
t7)t HXt'RESStON PBLA )t6UFFMAN<!K.
Ceyhn, s'exprime ainsi '<Qne!nues-una testent immobues,
accroupis sur le sot, sans manifester ~e~ souffrance autre-
ment que par tes larmes (lui baignaient !cnt's yeux et cou-
tait !ncessamnMnt,HKt padantd'un autre e!ephant '< Lors-
f;u'i! fut vaincu et attaché, sa douleur fut extrctne !n vioït'ncc
fit place il une compote prostration, et ii tomba par terre~
poussant des cris étouffés et ia face baignée de larmes~. M
Au Jardin Zoologique, le gardien des ét~pnants indiens m'a
affirma positivement avoir vu plusieurs fois des larmes eouÏM'
snr la face do lit vieille femeue to~qu'on ta séparait de son
petit. J'étais très désireux de constater «u fait venant &l'appui
<!c !a rc!atton qui existe chez l'homme enti'e la contraction
des muscles orbieutaires et l'effusion des larmes, et de ve-
~iHer si les étéphants mettaient ces musctes eu action lors-
qu'ils criaient ou soufHaient bruyamment par tour trompe. A
la prière do M. Bartlett, te gardien ordonna aux deux éte-
pliants, jeune et vieux, de crier: et nous constatâmes, &
20. Cc~M, ~ed~. <8!M.vol. t!, p. 3' 370.–Jctnc su!"adresséh
M.Thwa!tcs,&Ccy)an,p~n'avotr <t'autn:!trenseignementsrelativementaux pteur~de t'ftephant; j'ui reçu, en réponse, une tcMrcdu Rfvërcnd
M. Gtettio,qui a bien vouluobaeFtcrpour mot, avecquelques autres
peKonnc! une troope d'etfphitntitr''cc)t)tnentcapturés. LorsqM'ontes
irritait, !ts poussaietrtdes cr:< violents,tHais sans jamais contracter
leurs musclespërMCutairc~et sansverserde tarmcs. Leschasseurain.
digëtx'saMrmcnt d'ailleurs<tu' n'ont jamais vu t'etcpbant pleurEr.,11met)ara!tcependantitnpoMibtede mettreendouteles déta!!scircons-
tancié!)donnes.pat StrK.Tennent,connnnesd'aittcurspartes an!rmation$
posittvesdes gardiensdu JardinZoologique.Mest certain que tesdeux
t'tephantadu jardin contractaientinvariabtemcntleurs musclesorbicu.
tairc~au momentoù ils cotanMncaientà pousserdes cris. Je ne puis<'onciM<'rces affirmationsopposéesqu'en suppusautque tes ctéphantsr<:Cfmntcntcapturesde Ccy!an,furieuxou ctrfaycs,désiraientobserver
leurs persécuteurs,et par conséquentne contractaientpas icursmuscles
orbiculaires,afinde ue pas gênerta vision.<:euxque M.Tennenta vus
répandre des tar)n<'sétaient abattus, désespères,et avaient renonce&
la lutte. Les ctephantsqui étaient au Jardin Zoologique,en obéissant&
un commandement,n'étaientevidenMncntni enrayesni furieux.
t'LKURS. t7)t
plusieursreprises, sur l'un et l'autre, clueles muscles péri-oculaiMtt,surtout les inférieurs, se contractaient bien nette-
ment au momentoù ilscommençaientAcrier. Mansune autre
occasion,le gardienayantfait crier l'éléphantlM*aucoupptusfort. nous vimes&chaque fois les mêmes muscles se con-
tracter énergiquement, les supérieursaussi bien que les in-
férieurs:Chosesingulière,l'étéphantd'Afrique,–qui, il faut
te dire, est si diuerent de l'étéphant des tndes que certains
naturaHstesle ctassphtdans unsous-~enrodistinct, n'a pas
montré, dans deuxcirconstancesoù on a provoque ses cris,Ja moindre trace de contractiondes musclespéri-ocutaires.
Si ï'on conclut des différents<empt<'s relatifs a l'espècehumaineque nousavonscités,on ne peut douter, scmbte-t-i!,
que lit contractiondes musctespéri-ocutaires, pendant une
violenteexpiration ou une compressionénergique du thorax
ditaté, aiesoit, d'une manièreou d'une autre, en connexion
intimeavec la sécrétion<~slarmes ces phénomèness'obser-
vent d'ailleurs sousl'influenced'émotions complètementclif-
férentes,et mêmeen l'absencede tootc émotion. Celan<'veut
pas dire certainementque ta sécrétion des larmes ne puissete produiresans la contractionde ces muscles tout le monde
sait, en effet,que les larmescoulentsouventavec abondance,
sansque les paupièressoient closesni les sourcils fronces.
Lacontractionpeut être a ta fois involontaireet prolongée,commependant un accfs de suffocation, on rapide et éner-
gique, comme pendant un éternuemeni. Le simple cligne-ment involontairedespaupièresn'amené pas de tarmes dans
lesyeux,bien qu'il se répètefréquemment; il nesnfut même
pas de ta contractionvolontaireet prolongée des nombreux
musclesenvironnants.Commeles glandes lacrymales entrent
facilementeu activitédansl'enfance, j'ai demandé quelque-fois&mes enfantset a plusieursautre:!d'âges divers de con-
tracter ces musclesplusieursfoisde suitede toute tour force,aussi longtempsqu'ils pourraient continuer l'effet fut a peu
ttM EXPRESSESDELASOUPFRANCK
près nul. J'ol~sorvaiparfois seulementune légère humidité
desyeux, que pouvait partaitementexpliquerla simpleexpul-sion des larmesqui existaientdéj~dans les glandespar suite
()*unc sécréttôn antérieuM.
Si l'on ne peut préciser exactementla nature de la relation
qui lie ta contraction involontaireet énergiquedns muscles
péri-oculah'es&ta sécr6t!ondeslarmes, il est au moinspermiadémettre une hypothe~ probable. La principalefonctionde
!a sec~tion lacrymale constste tubt'i~cr, concurMmtnent
avecun peu de mucus, la surface de r~it; cUescr!en second
He'<,d'après l'opinion de certains phystotogistes,Ahumecter
constamment les narines, de mantëre A saturer d'humidité
l'air inhalé et favoriset'le fonctionnementdu sens de re-
dorat. Maisune autre fonction des larmes, au moins aussi
importante que les précédentes, consisteAenu'atncr les par-ticules de poussière ou les corpusculesde toute nature (jut
peuvent tomber sur les yeux; l'importancede cette fonction
estdémontrée par les cas dans lesquelsla cornées'ennatnme
et devient opaque, à la suited'adhérencesentrele globe ocu-
iMM'et la paupière, qui rendent celle-ciimmobile, et empê-chent rentratnement de ces particules~. La sécrétion des
larmessous l'inuuencede l'irritation produitepar la pré~nccd'un corps étranger est un acte rétiexc ce corps irrite un
nerf périphérique qui envoie une impressionà certaines cel-
lule! nerveusessensitives,lesquellesla transmettent&d'autres
cellules ces dernières, Aleur tour, réagissentsur la glande
lacrymale. L'impressiontransmiseà la glandeproduit, on
a du moins de. bonnes raisonspour le croire, le relâche-
ment de la tunique musculaire des petites artères; le sangtraverse alors le tissu glandulaire en plus grandequantité, et
H. Hergeott,citédansJoMfMt<~/ttt«(<MKytKdPA~<< nov.t)t7t,th 23S.
22.Voir,parexemple,un casrapportéparSirC.Het~PM'Mcp/tfMj!TranM<:<«MM,1823,p.<??.
p~uns. tM
provoque une abondantesécrétion.Lorsqueles petites artères
de lit face, en y comprenantcellesde la rétine, M dilatent
sous t'influencede circonstancestr&sdiverses, en particulier
pendant une routeur intense, tes gtandcs lacrymales subis-
s~nt ~'tc!q<<éfbMnnet<np!WMionBemMabta et Lesyemxs'hn-mcctcnt de termes.
ti est difficiledo se rendfc comptedu mode d'origine de
certaines actions t'oMcxes;tontcfots,relativement Mucas <)<
tM~tde rimpressionnabUitedes ~tandes htcryma!espat' une
irritation portée sur htsurface tic FœH~itest peut-être utile
de remarquer que, aussitôt que certaines formes an!m!des
primitives ont acquis un mode d'existenceA demi terrestre,
et que les yeux ont pu par conséquent recevoir des parti-<;ntesde poussière,celles-ci auraient provoque, si cHesn'a-
vaient pas étéontratnée! une irritation intense; alors, en
vertu du simple principe de l'action de ia force nerveuse
t'ayonttantverstes cellulesavoisinantes,lesglandes tacryma-les ont du être amenées&cntret' en action. Ce phénomènes'étant répète fréquemment,et taforcenerveuse ayant d<;!a
tendance a repasser aisémentpar les voies qu'cUc a suivies
habituctiement, une tég'creirritationa dû, en fin de compte.suffire pour produire une abondantesécrétion de larmes.
t'ne fois cette action réttexe ëtaMic et devenue facile
par ce mécanismeou par tout autre, des irritations de n«-
tures diversesportées sur la surfacede t'œit, l'impressiond'un vent froid, une action inflammatoire lente, un conpsur lespaupières, ont du provoquerune sécrétion abon-
dante dielarmes; nous savons qu'i! en est en effet ainsi.
Les landes lacrymales entrent aussi en action à la suite
d'une excitationportée sur les organes voisins. C'est ainsi
clue, lorsque les narines sont irritées par des vapeurs acres,
les larmescoulent,alorsmémoque lespaupières restent exac-
tement formées; il en est do même A la suite d'un coup
vécu sur le nez, en boxant par exempte. J'ai vu un coup
<? HXPMKS8tONnKLA8<)UF!<BANCK.
de hndtne sur Ja vitMt~eproduh'o !o mùmoeffet. Dansee<tdernioM cas, la sëcr~tion dcN tarmes est un phënom~neaccessoire et sans utUitc dh'ccto. Commetoutes les paritésde la face, y compp!stes landes lacrymales,reposent !es
ram!<!cat!ohstt'umttcmctt'ohc nci'vcux,te ti'ijumcauou hefff 1 1 v · n 1 1 m
de la cinquième paire, on peut comprendrejusqu'Aun cer-
tain point que les encts de l'excitation de l'une do ses
branches puissent se propager aux ecttutes nerveusesquisont les origines des autres tn'ancttes.
Les parties intérieures du glotte oculaire agissent é~ate-
ment, dans certaines conditions,sur tes glandesta<'ry(natos,
par action rénexe. Lesobservationssuivantesm'ont été gra-cieusement communiquées par M. Bowman;ces questionssont du reste trèscomplexes,à causedes connexionsintimes
qui lient toutes tes parties de t'œit, et de leur extrêmesen-
sibilité A toute excitation.Une lumière intensea ift's peu de
tendance a provoquer le larmoiement,si la rétine est dans
son état normal; maisdans certaines maladies, chez les en-
fantspar exemplequi ont de petits ulcères chroniques sur
la cornée, la rétine devient extrêmementimpressionnahte,et l'action de lit simple lumière diffuseprovoqueune occlu-
sion énergique et protouj~c des paupières, accompagnéed'une abondante effusionde larmes. Lorsqu'oncommenceA
faire usage de verres convexes,et qu'on forcele pouvoir af-
faihli de l'accommodation,lit sécrétiontacrymatcs'exagèred'une manière souvent excessive,et la rétine devient d*uu<'
très grande sonsibititéà ta lumière.En générât, tcsMMcctions
morbides de la surfacede l'œit pt desor~ratx'scitiaircs qui
Mûrissentdans te phénomène de t'accommodationont dos dis-
positionsà s'accompagnerd'une sécrétionanormatc<i<'larmes.
Ladureté dn glotte de l'œit, qui neva pas jusqu'Ai'innam-
mation, mais qui est simplementun indiced'un défaut d'é-
quilibre entre ta circulation directe et la circulation en
retour dans tes vaisseauxintra-ocutaires,n'est pas ordinah'e-
PLHUHM. ta9
ment smvtcde !armoie<neHtcelui-cise produit ptutôt quandle défaut de t'equitiht'eest inverse et que i'a'U«<' ramoUit.
Enfin il est des états morbides nombreux et des atterations
orgoniqnes de t'a* et même desinnammations très ~M~vos,
tjn!pcavcittH~ti!~aoootnp!t~M d't~tmtte et msi~miitmt<
Ufaut ansst t'cmat'ftuct',comme~yant nn rapport ittdh'cct
uv<'cla qnt'stiott(lui nousoccttpf, (pt<'i'œtl et h's parties voi-
siMcasont sotnnisà un )tomht'<'conMdét'ahkde monvcm<'nts,
de sctt~tious, d'actes hH!cx<?8<'tatisociÉs,indëpcndatnmcttt<t<!ccnx <tuimtcyossptttla ~tandc tact'yntalc. Une hnn46t'c
ectatantp ffappc-t-cttcta t'étinc d'ut) dos dt'ux ycnx. t'tt'tsse
contfactc mHts,apt'<~sttttint('t'vat!<;de tt'mpsMppt'éoabte,l'hts
d<'!'autn' a'H onh'<'en action à son totn'. L'if'!scx~cntfnu~t
des monvcfnt'xt~dans !*n<'tt'de t'accutnmodattonAtondue cm
aicourte distance, et nnssttot'squ'on fait convt't'~ft' tes deux
youx~.Toutle mondea épt'ouvëavec<p<cttcpnissan<'RitTësis-
tihic les sout'cik s'uhaisscntsous t'aptiox d'une htmiét'c tt'~a
intcn<M'.Nousc!i~)t<)nsaussi invotontau'<'th''ut!os panpt~t'f's
<pMndtmohjct s'agite pt't'~d'' nos ycn\, on <jnandttous en-
tendons un tn'uit imp~vn. !<<'cas bien connu d'' reW'nnc-
ment pt'ovo<nté,chezt'crtainot pct'sonncs, p:n' t!nf vive lu-
mtet'c,cstphtSt'tn'i('))x;c!n'ictta fot't'e ncrvntMorayonnedocertaines ceiudes<'nconnexion:tvcc !a t'<Kincaux ccHn-
!esscnsot'icUcsatÏt'cMcsAla muqueuse nasale, eu y produi-sant un picotement,et de 1~aux ccihdes qui commandent
les divers muscles respiratoires (les orhiculairei; compris),
lesquelscxptdsenti'Mirde te!Jonjaniere t}u*Hsort seulement
par les narines.
HovenonsAnotre sujet pourquoi y a-t-il sécrétion de
tat'mcs au moment d'un accès de cris ou pendant d'autres
23. Vo!r,sur ces <t!veHpoints,<)M(Af jiMom<tM<'<to/.tc''omm~«McM
«M<«cMwtp/<A<< parte prof. n~nders,<8U4,p. 57:<.
.<? EXPRKSStO~RLASOUPPHA~Ci!.
effortsrespiratoiresviolents?Pui~t~ coup léger porté sur
les paupières provoque une abondante effusion de larmes,
il est au moinspossible que la contractionspasmodique (le
ces organes, en comprimant fortement le globe de l'œu,
agisse d'une manK'rosemblable.il est Mrta!ncepeHdahtquelit contractionvolontaire des mêmesmusclesne produit au-
cun euet; mais ceci ne me parait pas une objection &lit
manière de voir précédente. Nous savonsqu'un hommene
peut volontairement ni éternues- ni tousser avec lit mémo
énergie qu'il déploiequand ces actes sont automatiques; il
en est de mêmepour la contractiondes musctesorbicu!ait'cs.
Sir C. BcUa constaté,dans diverses expériences, qu'en fer-
mnnt brusquement et fortement les yeuxdans l'obscurité,on
aperçoit des étincelles lumineuses (phosphènes)semblables
Aceltes qu'on fait nattre en frappant légèrement les pau-
pi&rcsavec le bout des doigts; « mais dans l'éicrnuement,
dit-il, la compression est a la fois plus rapide et plus éner-
gique, et les étincellessont plus briliantes Il est certain
d'auteurs que celles-ci sont produites par la contraction des
paupières, car « si on les maintient ouvertes pendant l'acte
de t'éternucmcnt, toute sensationlumineusedisparatt M.Nous
avons dc~Avu, dans tes cas particuliers cités par le profes-seur Uondcrset par M. Bowman.qn'il survenait, quelquessemaines après une légère lésion de l'ceit, des contractions
spasmodiquesdespaupières, accompagnéesd'un larmoiement
abondant. Les larmes (lui accompagnentle bâillement pa-raissent dues seulement à la contraction spasmodique des
muscles péri-oculaircs. Malgréces derniers exemples, il pa-rait difficilement croyable que lit pression exercée par les
paupières sur la surface do l'œil puisse suffire, quoique
spasmodiqueet par conséquentplus énergique que si elle
était volontaire, pour provoquerpar actionréflexela sé-
crétion des larmes, dans beaucoupdecas oùcelle-cise pro-duit pendant de violents efforts expiratoires.
pLKuns. t«&
Uneautre causepeut aM8Mintervenir. Nous avonsvu quetes partiesprofondesde !'œit agissent, dans certaines condi-
tions, sur !Mglandes iacryma!espar action r~t!exe. Nous
savons,d'autre part, que, pendant des eHbrts d'expiration
éhoi'gi(llics;la .1iï;és.~Î(jïidü~tiiig-"arti!t'¡'Cl"cIltnslmf..VRmælttl'"énergiques, ta pressfohdu sah~artériel ftans tcx vaisseaux
oculairesaugmente,tandisque la circulation en retour parles veinesest gênée. Il semblepar consé<tuentprobable quela distensiondes vaisseauxoculaires ainsi produite puisse
agir par actionréflexesur les landes lacrymales, et ajouterd~s lors seseffets Aceux qui sont dus à ia compressionde
!a aurfacede t'œit par lespaupiërfs.
Pourjugerde la probahititode cette hypothèse, rappetons-notM<{ucles yeux des enfants ont fonctionnéde ces deux
maniÈt'espendant d'innombrahtes génëfations, toutes les
fois (jH'itspoussaient descris; et, comme la force nerveuse
a de ln tendance ri passerpar tes voies qu'elle tt déjà sui-vies habitueMemont.il a dAsuftire, en dernier lieu, d'une
compressionmornepeu considérabledes globes ocutairc<;et
d'une distensionmodéréede jeurs vaisseauxpour agir sur
les landes lacrymales.Noustrouvonsun phénomène analo-
gue dans la contraction légère des muscles peri-ocutait'es,contractionqui se produit ntômcpendant un accès de ptcursmodet'e,alors qu'il ne peut y avoir de distension des vais-
seaux ni de sensationde gène dans les yeux.Knoutre, lorsquedesactesoudes mouvementscomplexes,
après avoir oie accompliset ctroitcment associés les uns aux
autres, viennentplus tard, pour une cause quelconque, à
être empêchésd'abord par la votonMet ensuite par l'hnhi-
tudc, si tesconditionsexcitatricesconvenablesse présentent,ta pnt'tiede l'acte oudu mouvementqui est le moinssoumise
au contrôlede la volontéest souvent encore accomplie in-
votontairement.La sécrétionglandulaire est en général re-
marquublementindépendantede l'influence de ta volonté;
aussi, lorsqueles propresde l'a~e dans l'individu, ou de la
tM KXt'RBMtOX PK ~A SOtJKfRANCE.
civilisationdans la race, ont réprimé et fait disparattre !'ha-
Intnde des pleurs et des cris, lorsque, par Mnte, il ne se
produit plus de distensiondes vaisseauxsanguins (te l'œil,
ta~&créHQndcsiMmes peut cependantjpersister encore. Ouvoit, comme nous l'avons dé{&remarqué, tes musclespéri-oculau'esd'un individu qui lit une histoire touchante, trem-
bloter et tirailler les traits d'une manièresi légère que lout'
contractionest peine perceptible. Uans ce cas, il n'y a eu
ni cris ni ditataticmdes vaisseauxiMn~uins:cependant, ptu*t'etfet de rhaJntude, certaines ce!huesnerveusesont envoyéune petite nuantité de force nerveuse aux cellules qui gou-
vernent les musclespét'i-oputaifes,et elles en ontenvoyée~a'-
lementaux cellulesdes~uettesdépendentles glandes tacryma.-
les, car les yeuxft'humectcntsouventde larmes précisëmentau même montent. Si le tiraillement des musctes p6ri-ocu-!aires et la sécrétion lacrymate avaient été conp~tement
réprimes, il est presque certain qu'i) aurait existénéanmoins
une tendance de la force nerveuse A se tf&usmettrcdans
ces mêmes directions; or. comme les landes !acryma!essont renteu'qMah!cmcntindépendantesdu contrite de ia. vo-
lonté, elles doivent ett'c Otninemmontsusceptitttesd'entret'
encore en action, trahissant ainsi, en l'absencede tout autre
si~ne extérieur, les pensées attendrissantes qut traversent
t't'sprit du t<'pteur.
Commeconfirmationde l'hypothèseémiseci-dessus,je puisfaire une remarque si, pendant !a pretniérc période de la
vie, alors que des habitudes de toute nature peuvent s'é-
tablir facilement, nos enfants avaient cté accoutumésa
exprimer leurjoie par de bruyants éclats de rire (pendant
lesquels les vaisseauxoculaires sont distendus)aussi souvent
et aussi continuellementqu'ils ont pris l'habitude d'exprimerleur chagrin par des accèsde cris, il est probable qu'ulté-rieurement on aurait vu se produire une sécrétionlacrymaleaussi abondante et aussirégulière dans l'un de ces états que
PhBCBS. )<?
dtnnsrentre. t~nrire modéré, un sourire, souventmême une
idée gaie aurait, en pareit cas, pu suffire pour provoquerune légère effusionde larmes. Kt pat' le fait il existe une
teadanfe évidentedanscesens,commenous le verronsquandnous nous dc('<q<c)~MSdes ~f' Che~ tes ind~
~ènes deslies Sandwich,d'après Freycinet~, les tannes sontt.
réeUeïnMnteonsMtérëcst'otnmennsi~nc de honheut';tcutcfu!sil seruit iton d'avoir de cefait une theinem'cpreuveque t'Mf-
Snnation d'un voya~cm'qui n'tt fait que pusser. De mente
encore si nos enfants, considérassoit en htoc pendant pto-tneursgénérations, soit isotëtnt'ntpcndaot plusieurs années.
ont éprouvé prfsquc jout'nenctncntdes acc~sde suffocation
pt'otong'ée,pendant lesquelsles vaisseauxde rceit se distf~t-
dent et les larmes coulent en abondance, il est probable,tant est puissantela forcede t'association des habitudes, quedans la suite il aura suffide lu idée d'un de ces accès
pour amener des hu'tnesdans les yeux, sansqu'it y ait pourtes jnstincr autrement aucune tristesse<tansl'cspt'it.
Pourrésumer ce chapitre, nous dironsque tes pleurs ré-
suttent en sommeprobahiementd'une successionde phéno-mènesplusou moins analogueAhtsuivante l'enfant, récht-
mantsn nourriture ou éprouvantune souttrttncpquetconque,n d'abord poussédes cris<n~us,comme les petits de la pht-
part des animaux,eu partie pour appeler ses parents il son
aide, et enpartie aussi parce queces cris constituent par eux-
mêmesun soulagement.!)cscris prolongés ont amené iné-
vitablement Ï'en~ot'~emcntdes vaisseauxsanguins de rmH,
en~rgement qui a du provoquer, d'Huor<id'une manière
conscienteet plus tard par le sitnptc effet de l'habitude, jn
contractiondes musclesq~i entourent les yeux, pour pro-
téger cesorganes. Eu même temps, ia pressionspasmodiqueexercéesur in surntcedes yeux,aussi bien que ht distension
·24.CitéparSirJ. l.ubbock,~'<'A~~)'f<!r<M<<«0~,p. 4S)t.
<? KXPHKStUON!)Kf<A80UFF&AXCE.
des vaisseauxintra-ocutaires. a dû. sans éTeillerncccsMurc-
mentpour cela aucunesen~tion consciente,mais par unsim-
pt<!effetd'acuon rénexc, itnpressionnerles landes tat'ryma-
!es. Entin, en vet'tn (te t'action combinéede tt'o!s principes,savoir h' {Mtsso~ef<tciicde la J'm'e<'nerveusepat' tesvoies qu'eUe Mht'tMtHeHemcntparcoum~, t'tUMocitttion,
dont ht puissance est si étendue, la diifet'enccqui existe
e)ttt'e des actes divers retativouent At'empiro qu'exercesureux ta votoute. il est an'iv6 que ta souB'fHXceprovoqueaisément ia sécrétiontics tarnifs, sans que ccHos-cis'Mccon-
pa~nent ttécessairementd'aucune autre manifestation.
D'aprèscette théorie, les pleurs ne seraient qu'un phéno-mène accessoire,sans plus d'utilité appréciableque les lar-
mes provoquées par une contusion (lui n'intéresse pas l'ceii
ou que l'éternuement pt-oduitpar l'cctat d'une vivolumière;i
toutefoiscela n'empêche nntlement de comprendrecomment
la sécrétion des larmes peut servir de soulagement&la souf-
france. l'lus i'acct's de pleurs est violentet nerveux,plus le
soulagementéprouvé sera grand, exactementpour la même
raison qui fait que les contorsions dit corps, le grincementdes dents et l'émissionde cris perçants diminuentl'intensité
d'une douleur physique.
CHAMTnEVH
ABATTEMENT,A?<X)ÉT~,CUA(t)t)X,t~KOKHACHMEXT,HËSËSt'0)tt.
Ktrcte dufbatf)"surt'<*t"ttt)m)<(tbti<tuh6desMmrcttasoust'inttuetM'edelaMuO~ancc.Cauaedet'~htiqui))'desoont'Ht.AbaisscMxntth'ocotnsdetahoueho.
Après une violente crise de sonCft'anccmorale et lorsquela cause de ces souffrances subsiste encore, nous tombons
dans un état d'abattement; !'aMa}sscmentettedécouragementsont même quctquefoisabsnhts. La souffrancephysique pro-
longée, quand elle n'atteint pas l'intensité d'une torture
extrême, amène geocratementce même état d'esprit. Quand
nous nous attendons&soutMr, noussommesinquiets; quandnous n'avonsaucun espoird'être soulagés,nous tombonsdans
le désespoir.On voit souvent, comme nous l'avons déjà dit dans un
chapitre précédent, des malheureux en proie à un chagrinexcessif chercher du souiaj.rementdans des mouvements
violents et presque frénétiques.Maistorsque leur souurance,
bien que durant encore, s'est un peu apaisée, cette activité
fébrile disparaît ils restent alors au contraire immobiles
et passifs, ou quetquefbis se balancent d'un côté a l'autre.
!jBcircutation s'alanguit, le visage pa!it, les musclesse dé-
tendent, tes paupières s'abaissent, la tête se penche sur la
poitrine oppressée, les lèvres, les joueset la mâchoire infé-
rieure s'affaissentsous leur propre poids. !t en résulte quetous les traits s'allongent; aussi dit-on d'une personne qui
apprend une mauvaise nouvelle, qu'elle a la figure longue.
KXpnesstONDucttAnm~«m
Des indigènes de la Terre.de'Feu, voulant un jour nous
faire comprendre que le capitaine d'un vaisseauà voiles.
leur ami, était complètementabattu, se mirentA étirer leurs
joues des deux mains,do manière Arendre leur visage aussi
long' que possible. !c tiens de M. Bunnet que, !o~ue les
aborigènes australiens sont accablés, ils ont foref~e &«?.
Unesouffrance prolongée rend les yeux ternes, inexpressifset souvent humides de larmes. Les sourcils prennent par-fois une position obtique, résultant de l'élévationde leur
extrémité interne. U se forme alors sur le front des rides
particuU&rcsqui diuerent beaucoup du simplefroncement
des sourcils; dans certains cas cependant, c'est le fronce-
tnent ordinaîrc qu'onoLserve.Lescoinsde la bouches'abais-
sent ce dernier trait est si universellementreconnucomme
le signe de l'abattement, qu'il est presque devenu prover-bial.
La respiration devient lente et faible, et s interromptsou-vent de profonds soupirs. Cratioletavait déjà remarqueque,toutes les foisque notre attention est longtempsconcentrée
sur quelque sujet, nous oublionsde respirer, et il vient un
momentoù une profondeinspiration noussoulage; mais les
soupirsd'une personne aHtigec,liés a sa respirationlenteet
à sa circulation languissante,sont éminemmentcaractéristi-
ques'. Quelquefoisla douleurrcnatt par accèset se transforme
en un vérita.btt!paroxysmed'affliction il en resuite alors
des contractions spasmodiquesdes musclesrespiratoires, et
quelque chose d'analogue & ce qu'ou a appelé le globus
hystericusmonte a.'la g'orge.Cesmouvementsspasmodiques
t. Lesdescriptionsprécédentessont tiréesenpartiede mespropresobservations,maissurtoutdcCratio!ct(D<PA~tOMOMM~p.S3,337;sur!esoupir,232).Cetauteura bientraitecesujetdanstoutessespar-ties. \'o~ezaussiUUScllkc!,ëtirnirex~~ihl~~siopnomices,Pm~menr:rnlrhy-tics. Voyezaussi MuM'htn',Hf<m<ce<''< M~<~noM~c<Fnt~MCH<MnMy..Ma~cMtM,<82<,p.2t. –Sur t'Mprcssionterneduregard,voirD'Pi-
derit,~m~ MMdF'A~<o0HMn<t,i8!t7,s. 63.
OttMQUtT~bESSOUhCtLS. t(t)
sont manifestement de même nature que les sanglots des
enfanta et sont des vestigesdesspasmesplussérieux qui font
dire d'une personnequ'elle su~que de douleur~.
OMif~Mt~<fMMttr~. MeMXpotots seulemfM~dana ta
description qui précède, exigent encore quelques dévelop-
pements, et ces deux points sont très curieux je Vfux
parler de l'élévation de l'extrémité interne des sourcils, et
de l'abaissement des commissureslabiales. Occupons-nousd'abord des sourcils. On leur voit, disons-nous, prendre
quelquefois une direction oblique chez les personnes quisont eu proie Aun profond abattement ou A une grande
inquiétude; j'ai observé, par exempt' ce mouvement chez
une mère qui parlait de son n!s ma!ade. Quelquefoisaussi
il peut être occasionnépar des causespeu sérieuses ou pas-
sagères de chagrin réel ou supposé. Cettedirection obliquedes sourcils est due à ce que la contraction des muscles
orbiculaires, sourcilicrset pyramidauxdu nez, dont l'action
commune est d'abaisser et de froncer les sourcils, est par-tiellement entravée par ta contraction plus puissante des
faisceaux médians du muscle frontal. Ceux-ci élèvent seu-
lement les extrémités internes des sourcils, et comme en
même temps les sourcitiers tes rapprochent, ces extrémités
se ramassent en se fronçant ou se gonflant.Les plis ainsi
formés constituentun trait fort caractéristique dans l'expres-sion que nous étudions, commeon peut te voir dans les Heu-res 2 et 5, p~oncAe!t. En mêmetemps les sourcils se héris-
sent légèrement, parce que les poils sont pro}etésen avant.
Le docteur J. CrtchtonBrowne a souvent remarqué aussi.
chez les aliénés mélancoliques,dont les sourcils se main-
tiennent constamment dans une position oblique. « une
2.Pourl'actionduchagrinsurlesorganesde larcspirauon,voirsur.toutSir C.Rctt,~H<t(«M<y<~~.Fptv~oH,J"ed!t.,<8H~f. ~:t.
t!Xt'HESStO!< DU CMAttRtN.t93
coMfhure tf&s partioMUère de !a pauptere SMpérïetn'o M. On
observera une trace de cette n~me parttcuhmtë. «! ron
compare les paupières <h'o!i<! et gauche dM jeune homme
repr~enM dans la photog't'aphio figure 2. p~tMcAf <! cet ia-
dnidu, en eBet, no pouvait pas n~ir ë~temcnt sut' sesde~
sourcils, ce qui est démontré d'ailleurs par t'iné~atiié des
ridesproduitessur les deux eûtes deson front. L'exagérationde la courbe patpebrate se lie, je crois, à l'élévation isolde
de l'extrémité intet*noseule des sourci!);;car; lorsque le
sourcit se retève et se recourtto d«ns son ensemble, ia
pauptere supérieure suit A un ïaibin degré le m&tnemon-
vettient.
<j(Hoiqu'il en soit, le résultat le plus. retntU'quabtcde lu
contractionen sens inve~e des musctcsprécédentsse mani-
feste dons les rides ptn'ticu!ièn's <~)i se fonnpnt aur la
pe<mdu front; pour plus de concision, nouspourrons de*
Mg'nert'ensemMede ces muscles, quand ils agissent ainsi
d'une manièreNmuttanëcet antagoniste, par le terme géné-calde musclesde la douleur. Si Honsrelevonsnos sourcil en
contractantla totalité des musctcsfrontaux, des ridestt'ans-
versalesse produisent sur toute ta largeur du front; dans
le cas dont il s'agit, au contraire, les faisceauxmoyensse
contractent seuls, et pat' suite tes plis transversaux n'ap-
paraissent que sur la partie médiane. Kn même temps,ht peau qui surmonte ia, partie externe des deux sourcHs
est attirée en bas et rendue lisse par la contraction des
portionscorrespondantesdes musclesorbicutah'es. Ënnn tes
sourcitasont rapprochés par ta contraction simuitunéedes
sourciiiers~;et cette dernière action donne naissance aldes
3. !)anscetteétudedumecan!stncquiproduitl'obliquitédessourcils,j'aiadopt<earla physiologiedesmusclesct~c~sttsmentionnco,lesopi.nionsquim'ontparule plus géndratemcotreçuMparlesahatontiatei!dontj'ai tu lestravauxou quej'tncoMuttés&ce sujet.Je conservera!donc,danstout!e coursdecetouvragecettemêmemanièredevoirrcta.
OBt.mUtTËMSSOURCtLS. toa
t:t
rides verticales, intermédiaires &la partie externe et at)ais-
sée de h peau (tu front et & ta parité centrale, qui est re-
levée. L'union de ces rides verticales avec les rides mé-
dianes et transversates déjà décrites (voyez les ug. et 3)
ppodtttt sur te fron~~ une &goreqm a été comparée A MM
fer & cheval; mais il est plus exact de dire que ces piis
forment les trois cAtés d'un quadrilatère. On les voit sou-
vent très nettement sur le front des individus adultes ou
presque adultes, lorsque tours sourcils prennent une posi-
tion oblique; chez les jeunes enfants, an contraire, dont
ta peau ne se plisse pas aisément, on les voit rarement,
ou bien t'en n'en peut découvrir que de simples traces.
Ces rides particulières sont très bien représentées dans
la figure 3, pfaac&e H, sur le front d'une jeune femme
qui possède à un degré extraordinaire la faculté de mettre
en mouvement tes muscles en question. Pendant qu'on ta
tivement&l'actiondes muscles cooM~«<«<'~Mpn'cM',o<MsM~K't')!,p~-Mttd'aftaMM<et frontalis. Cependantle u*uucheone croit~et chacune<!esconclusionsauxquellesitarrivemériteune sérieuseconsidération)quec'est !cewM~<M',nommé par lui MMrcMK'r,qui retevet'cxtremitein-
terne des aourcib et est l'antagonistede ~a partie supérieureet interne
du muscleorbiculaire,aussi biea quedu pyr<tMM«/~naxi(voyctJtfcft-
MtsMcd!<'<«PAy~onoMteAMtHatMf,i))62.in-folio,art. v, texte et figures;~(titton it)-8"de <8t!9,p. t3, texte;. Cet auteur admet pourtantque té
con'M~a~rrapprocheles sourcils,en donnant naiManceaux ridesverti-
cales,au-dessusde la raonc du nez, qui constituentle froncementde
sourcils.Il croitaussique, relativementaux deux tiersexternesdusour-
cil, te coffM~a~ragitsynergiquementavec la partiesupérieurede l'or-
hieutaire,et quecesdeux musclessont en celaantagonistesdu frontal.
Il m'est impossiblede comprendre,d'après tes dessins deMente(Mg.3,
p.25), contmenttccon'Mc«<M'peutagir de la manièreindiquéeparM.Uu-
cttcnne. Voyezaussisur ce sujettes remarques du professeurDondcrs,dansArchiveso/' If<'dMHc,<~«, vol.V, p. 34. M.J.Wood,si connu
par ses études minutieusessur tes musclesdu corps humain, me fait
savoir qu'il croitexacte la théorieque j'ai donnée de l'actiondu sour-
cilier. Cettethéorie,du reste, n'a aucuneimportancerelativement&t'e~'
pression produitepar t'obtiquitédes sourcil et ellen'en a guère pour
expliquerl'originedecette cxpressiot:.
<M HXPtŒStHHK DU CMAGMtK.
photographiait, elle songeait&la réussite de l'opémtion, et
l'expressionde son visagen'avait rien do triste; c'est pour-
quoi je n'a! repréiMntéque le front. LAfigure 1 dela m&me
planche, coptéedans l'ouvrage du docteur Duchenne~,repré-
sente, a une ëchMiie ~Jtute/ le v!sagë d'tm j~MMfictéui*
de grand talent, dans son état natm'eh Dans la figure 2,
on voit le m&meacteur !mnu!ant la douleur; seutement,
ainsi que nous l'avotMfaHobserverprudemment, les deux.
sourcib ne sont pas ëgratementcontractés, La vente de
t'expresston est frappante; car, sur quinze personnes aux-
(jueJtcsj'at montfé ta photog't'aphieor!nate sansles préve-nir en aucune façon de ce qn'eUereprésentait, quatorzeont
reconnu immédiatement un chagrin <~Mj~r< !a MM/~MM,la tM~~OMcoKe,et ainsi de suite. L'histoire de ta figure 5 est
assez curieuse; je vis cette figure dans la vitrine d'un ma-
gasin et je la portai AM.Kc~ander pour tacher d'en décou-
vrir l'auteur; je lui fis remarquer combien les traits en
étaient expressifs. « C'estmoi qui l'ai faite, me répondit-il,et elle doit en effet être expressive, car quelques instants
après cet enfant fonditen larmes. Il Il me montra alors une
photographie du m&tnegarçon, avec son expression ordi-
naire je l'ai fait reproduhf (fig. 4). Sur la figure Mon
peut distinguerune trace d'obliquité dans les sourcils; mais
elle a surtout pour but, comme la figure 7, de montrer la
dépression des coins de la bouche, dont je parlerai tout a
l'heure.
Il est assez rare qu'on puisse, sans une certaine étude,
agir volontairementsur les muscles de la douleur; bien des
personnes y réussissentapr&sdes eubrts répétés; d'autres
4.Jesn:s trèsobligéaudocteurt)uchenncpour la permissionqM'ttm'aaccordéede fairereproduirepart'hëHotypiecesdeuxphotographies(f!g.t et 2),prisesdanssonouvrage)n-fo!!o.PlusieursdesremarquesprécédentessurtepMssumcntdela peau,quandlessourcilsdétonnent
«biques,sontetaprantécsà sonexcellantchapitreaurcesujet.
OMt<K)UtT~ PRSSOUMCtLS.
n'y arrivent jamais. Le degré d'obliquité des sourcils,quecotte obliquité soit d'aiilours volontaireou inconsciente,dif-
fere beaucoup suivant les individus. Chez certains sujets,
dont~les muscles pyramidaux sont apparemmentd'une force
plus qu'ordinah'c/la contraction des Utiscëauxmcd!an':du
musclefrontal, quoique énergique, comme le prouventles rides quadrangulaircs du front, ne soulèvepas les ex-
trémités internes des sourcils, mais les empêche seulement
d'être aussi abaissées qu'elles l'eussent été sans cette con-
traction.
D'après mes observations, les muscles de la douleur en-
trent en action beaucoup plus fréquemment chez l'enfant
et la femme que chez l'homme. !ts août mis en jeu rare-
ment, du moins chez l'adulte, par ta souffrance physique,mais presque exclusivement par l'angoisse morale. Deux
individus qui, après quoique temps d'étude, étaient parve-nus à gouverner leurs muscles de la douleur, remarquèrent,en se regardant dans un miroir, que, lorsqu'ils rendaient
leurs sourcils obliques, ils abaissaient en mêmetemps, sans
!e vouloir, les coins de leur bouche; c'est ce qu'on voit aussi
quand l'expression est naturctte et spontanée.La faculté d'agir facilement sur les musclesde la doit-
leur parait être héréditaire, commepresque toutes les autres
facultéshumaines. Une femme, appartenant Aune famille
célèbrepar le nombre considérable d'acteurs et d'actrices re-
nommésqu'elle a produits, et qui sait rendre elle-même
l'expression qui nous occupe « avec une précision singu-ti&re», a raconté au docteur Crichton Browneque tous ses
aïeux avaient possédé cette m~me faculté à un degré re-
marcluable. tl paratt aussi que le dernier descendantde la
famille dont l'histoire a inspiré le roman de \Yalter Scott
intitulé ~d~aMn~, a hérité de cette même tendance de
race; je tiens ce fait du docteur Brownc: seulement le ro-
mancier représente son héros comme couvrant son front
MM ËX~MKOStOSnUCttACMtN.
de rides en fer A chevet cttaque fois qu'il ressentait une
émotion viotcnte quelconque, J'ai connu aussi une jeunefemme dont Je front était ainsiptisséd'une manièrepresque
b&bitueUet tHdépcndammentde toute émotion.Lesmusctt'sde la douleur M'entrentpas en jeu tr&sfré-
quemment; et commeleur action n'est souvent quemomen-
tanée, elle échnppc facilementA l'observation. Quoiqu'onreconnaissetoujours et immédiatementcetteexpressionpourcelle du chagrin ou de t'anxicté, il n'est pourtant pas une
personne sur millequi, a moinsd'avoir étudia ta question,
pourrait indiquer avec précisionte changement qui s'opèresur !c visage a ce moment. He t& vient probablementqu'itn'est fait mentionde cette expression dans aucun ouvragée
d'imagination, autant du moins que j'ai cru le remarquer,
<cept<! dans ~M~o«M< et dans un autre roman dont
fauteur, m'a-t-on dit, est une dame qui appartient précisé-ment Ala fameuse famille d'acteurs dont je parlais tout à
t'heure: en sorte que souattention a pu être tout particu-lièrement attirée sur ce sujet.
Cette expression était familière aux anciens sctûpteurs
jurées,ainsique nous le voyons par les statues de Laocoon
et d'Aretino: mais, comme le remarque M. Duchcnnc, ils
commettaientuneerreur anatomiquc~rave enfaisanttraver-
ser toute la largeur du front par des t'ides transversales on
en peut dire autant de certainesstatuesmodernes.U est plusvraisemblablede croire, cependant, que des artistes d'une
perspicacitési mervciUeusen'ont pas péché par ignorance.maisont sacrifievolontairementta vérité A ta béante, car il
est certain que des rides rectangulaires au milieu du front
n'auraient pas fait grand eu'et sur le marbre. Cetteexpres-sion étevéeAson plus haut degré n'est pas souventrepré-sentée dans les tableaux des anciens mattres, dit moins à
ma connaissance,probablementpour la mêmeraison; cepen-dant une femme, qui ia connaît parfaitement, m'a dit que,
cm.KJUtTÉMESSOURCES. t97
dans la JD~tMMte~cfOMcdeFr&Angelico, à Florence,on ht
distingue nettement sut' l'une des figures de droite; je pour-rais citer encore quelquesautt'es exemples.
Sur ma demande, le docteur Crichton Browne s'est soi-
gnousemehtëtûd!é !lLsurpTpndrecette expression ehe:: tesnombreux aliénés confiésà ses soins, dans l'Asile de West
iUding; il connaît d'ailleurs parfaitement les photographiesde M.Huchcnnerelatives A l'action des musclesde ta dou-
leur. U m'informe qu'on pent voir ces musclesagir cons-
tamment avec énergie dans certains cas de mélancolieet
sm'toutd'hypocondrie, et que les lignes ou t'!despersistantes
qui sont dues &!eut' contraction habitueHe sont des signes
caractéristiquesde la physionomie des atiénes appartenanta ces deuxclasses.Ledocteur Mrownea bien voutuobserver
avec soin, durant unepériodeconsidérable, troiscas d'hypo-condriedans lesquelsles muscles de la douleur demeuraient
continuellementcontractés.Hans l'un de ces cas, il s'agis-saitd'une veuveâgée de cinquante et un ans. qui se ligu-rait avoir perdu tous ses viscf'res et croyait que soncorpsétait entièrementvide: elle avait une expressionde profonde
détresse, et frappait Futtecontre t autre ses mains A demi
ferméespar un mouvementrythmique qui durait des heu-
res entières; les muscles cle tu douteur étaient contractés
d'une manière permanente, et les paupières supérieuresétaientarquées. Cetétat dura plusieurs mois, après quoi la
maladese rétablit et reprit son expression naturette. t'n
secondmalade présentai peu près les mêmesparticularités,aveccette seuledifférencequ'il y avait en plus chez lui une
dépressiondes coins de la bouche.
M.Patrick Nicol a eu également la bonté d'étudier pourmoi plusieurs cas, dans l'Asite des aliénas de Susscx. tl
m'a communiqué d'amples détails sur trois d'entre eux,
mais leur place ne se trouve pas ici. A la suite de ses obser-
vationssur les malades mélancoliques, M. Nicol arrive A
ttMt HXt'tŒMtOKMUCHACM~.
cette conclusion, que les extrémitésinternes des sourcils
Montchez eux presque coustammott relevéespluseu mohtt<
<'tle front plus ou moins plissé.Chcx une jeune femme, on
remarqua que ces rides du front étaient perpétneuemcntettjtnouvement.Uansquelquescas, les coinscleht bouche sont
déprimés, mais le plus souventd'une manière a peine sen-
stbte. Pt'<'s<p<etoujours, d'ailleurs,il exista cct'tainesdiffé-
t'cncesdans l'expressiondes divers më!anco!i<pt<*<En ~ne-
ra!, tes paupièressont tombantes,il se formedes ptis sur la
peau ait voisinageet <'n dessous de tours angles externes.
f~esillon nasc-tabia!. qui va des ailes du nez aux coins de
la bouche, et qui est si visibtc chez l'enfant qui p!e«t'< <Mi
souvent trùs fortement accuséchez ces tnatadcs.
Ainsi,chez les a!iënés. tes musclesde la douleur se con-
tractent fréquemment avec persistance chez les personnesbien portantes, on observeaussi des contractionsfugacesde
ces musctcs. provoquéespar des motifs d'une insig'ninance
dérisoire~et tout à fait inconscients.Fn monsieurfait A<un'
jeune femme un présent d'une valeur infime; ettc se pré-tend pu~nsec, et, pendant qu'eUclui reproche sa conduite,ses sourcilsdeviennentextrêmementobliqueset sonfront s''
ride. rnc autre jeune femmeet un j<'un<'homme,tons deux
de très bonne humeur, t'uusent vivement ensemble, avec
une votuhiliteextraordinaire:je remarque que. chaque fois
que la jt'une femmeest vaincue dans cette luttr.et lie peut
pas trouver ses motsassez vite, sessourcitssc relèvent obli-
qut'ment et des rides rectangulairess<'formentsur son front.
C<*signt*est cotnnK'un si~na! de détresse qu'elle arbore
unMdt'nn'donzaiwde foisdans ~espacedequc!ques minutes.
Je nt'xprime A ce moment aucune observationa ce sujet;tnais. dans une autre occasion, je la prie de mettre on
tnouvfm«ntsps musclesde la douleur, tandis qu'une autre
jctnx' fille, qui <'stprésente et qui peut le faire A votonté,lui montre ce que j'enteuds parla; elle essaye diverses
OMHQUtTKUMSOUMCn.8. <<?
reprises, maiséchouecomplètement; il avaitsufti cependantd'une contrariété bien légère, celle de ne pouvoirparlerr
MiMMvite, pour tnettre cesmusctes eu jeu cottp sur coup
d'une manière énergique.
L'expressiondu chagrin. due!'i !afoott'nction dea mM~
ctp!<de la douleur. nappartieut pas exclusivementaux
Européens, mais paraît être commune A toutes les races
humaine. J'ai (lu moin!'reçu des t~no~na~cs (Hgnesde
Foten (~ tpn <;ottCft'n<'l<'sHtndous, les t)ttau~at's(une des
ifthus Kboritf~n<'sde t'tndc. qu! hahtio les montagnes, et
appartient A une t'acc tout& fait tHstinetcde!!Hindous),les
Matais,les nègres et les Austrati~n! Quant a ces dcrnieMt
deux observateurs nu' donnent nne réponse afnrntMtive,
mait! n'entreot dano aucun détail cependant, M. Tapnn
ajoute A ta description abrégée d<' mon qucstiônnnireces
simples tuots « Cetaest exact. Il Pouf tesnègres, la tn&mc
da<n<'qui m'a si~naic le tahtcaude Fra An~oticoa observe,
sur un nègre qui remot'fjuaitun t)ateau sm' le Kit, (pt'A
chaque otMtacteil se produisaitnne contraction énergiquedes nmsctcsde lu douleur et que le mitif'udu front se plis-sait notablement. M. (.cach a ot)servé A Mataeca,sur un
Matais,une forte dépressiond< roins de ta bouche, t'obli-
quité des sourcils et un plissement du frout formé par des
rides courtes et profoudos.Cette expression fut de très
courte durée; M.Geach «joute« qu'ctte était très étrangeet ressemMaitAcelle d'unepersonne qui est sur le pointde
ptt'urcr, au moment où elle fait une grande perteM. Il. Erskiue a constaté que la mOne oxpression est
familière aux indigènes det'tndf; et M.J. Scott, du Jardin
Hotauiqncde Calcutta,m'a envoyu fort ohtigeamnu'ntune
descriptiondétaillée de <t''uxcas dans lesquels il l'a ren-
contrée. it a observé pendantquelque temps, sans être vu,
une très jeune femme Uban~arde Nagporc,mariée A l'un
(lesjardiniers, tandis qu'elle donnait te sein à son enfant
MO KXt'MKSSION 'DU CMÀGUtN.
qui allait mourir; il vit tr~s distinctement que ses sourcils
étaient relevés aux extrémitésinternes, ses paupières tom-
bantes. son front plisse dans le milieu, et sa boucheentr'ou-
verte avec les coins fortement déprimés; au bout d'un
moment, il sortit cle dcrrict'e un massif de plantes qui le
cacbaicnt, et paria Ala matheureusefemme, qui tressaillit,
fondit en tannes et le supplia de guérir son enfant. Dans
le second cas, il s'agit d'un Hindouobligé par la pauvretéet la matadic de vendre sa chèvre favorite. Après en avoir
reçu te prix, it regarda A plusieurs reprises la chèvre et
t'argcnt qu'il tenait A ln main comme s'iî était tenté de io
rendM il s'approcha de la chèvre, qui était liée et prêteActrc emmenée; aussitôt t'animat se mit A se cabrer et A
lui techer les mains. Les regards du pauvre homme errèrent
ators de côté et d'autre; « il avait la bouche Ademi fermée;tes coins en étaient fortement abaissés Enfin il parut
prendre son parti de se séparer de sa chèvre, et, A ce mo-
ment, M. Scott remarquaque ses sourcilsdevenaient légère-ment obliques et vit se produire ie plissementou gonnement
caractéristique des extrémitésinternes, sans qu'il y eût sur
te front aucune ride. L'Hindoudemeura ainsi environ une
minute; puis, poussant un profond soupir, il fondit en
larmes, leva ses deuxmains, bénit la chèvre et, se détour-
nant, s'éloigna sans regarder en arrière.
Cause de l'obliquitéafM<oM~c<~MM<r~Mte de la MM/-
/r<MM. Pendant hien des années, aucune expression ne
m'a semblé aussi difficileà expliquer que celle que nous
examinonsen ce moment. Pourquoi le chagrin ou l'anxiété
provoquent-ils la contraction des seuls faisceaux médians
da muscle fronta!, en même temps que celle des muscles
qui entourent les yenx? tt semble que nous ayons là un
mouvement complexe uniquement destiné A exprimer le
chagrin, et cependant cetteexpressionest rehttivemcntrare,
OMHQU!T~ DKS SOUKC~S. 2'))
et passesouventinaperçue. Je croîs pourtant que l'explicationn'est pas aussi difficile Atrouver qu'on pourrait le croire au
premierabord. Le docteur Duchenliedonne une photographie
du jeune homme nuque! il a dé}&été fait allusion, prise au
momentoù H contractait mvoïohtaircmchtses musctesde1ti.
douleur d'une manière très prononcée, tandis qu'il mainte-
nait son regard levé sur un objet fortement ectaïré. J'avaM
totalementoublié cette photographie, iot'sque, par un beau
jour, étant &chevttt et ayant le soleil a dos, je rencontrai
une jeune fille qui leva les yeux sur moi; ses sourcils de-
vinrent aussitôt obliques, et, par suite, son front se couvrit
de rides. Depuis, j'ai observésouvent ce même mouvement
dans des circonstancesanalogues. A mon retour chez moi,
sans leur expiiquer en aucune façon quel était mon but, je
priai trois de mes enfants de regarder aussi longtemps et
aussi fixementque possiblele so<nmetd'un grand arbre quise détachait sur uu ciel extrêmement brillant. Cheztous tes
trois, les muscles orbicutaires, sourciliers et pyramidaux se
contractèrent énergiqucment, par suite d'une action réflexe
succédantA t'excitât ion de la rétine et ayant pour but de
protéger leurs yeux contre l'éctat de la tumierc. Losenfants
faisaienttout teur possible pour regarder eu haut; ils me
donnaient ainsi le spectacle d'une lutte curieuse, pleined'effortsspasmodiques, étabne entre le muscle frontal, dans
sa totatité ou seulement dans sa partie médiane, et lesdivers
muscles qui servent A abaisser les sourcils et à fermer les
paupières. La contraction involontaire des muscles pyrami-daux donnait naissance il des rides profondes<;ttransver-
sales sur ta racine du ucz. Chez un des trois enfants, les
sourcils étaient tour A tour élevés et abaissés par ta con-
traction alternative de l'ensemble du muscle froutat et des
musclespéri.ocutaires, de sorte que la surface du front se
trouvaittantôt couverte de rides, et tantôt parfaitement unie.
Le front des deux autres enfants se plissait dans le milieu
tM EXPKKStttONDUCMAGtHN.
seulement,ce qui produisait des rides rectangulaires; et les
sourcilsétaient obliques,tandis que leurs extrémités internes
se plissaient et se gouttaient.Ce pttenonéne se produisaitd'une manicre très légère chez t'un des enfants, et A MM
de~t'ett'cs marqué chez t'autre. Cette différencedans i'ot)ti-
quité des sourcilsdépendait probahtement d'une différence
corrélative dans leur tnobintegénérale et dans Ja forcedes
mu<<c!cspyramidanx. Dansles cas que je viensde citer, les
Murcits et le front étaient mis en mouvement, sons l'in-
nuonce d'une forte lumière, absolument de la même ma-
nière et avec les metnesparticutantés caractéristiques quesousl'influencedu chagrinou de l'anxiété.
M. Huchennea constatéque le muscle pyramidal du nez
est moins immédiatementplacé sous le contrôledo lu vo-
lontéque les autres musclespéri-ocutaircs. U fait retaar-
quer que le jeune hommeprécédemmentcité, qui avait un
empire aussi grand snrsesmnsctcs du chagrin que sur ta
plupart des autres musclesfaciaux, ne pouvait pourtant pascontracter ses musclespyramidaux Cette faculté, cepen-
dant, offre sans doute des degrés suivant les individus. Le
musclepyramidal attire en bas la peau du front intermé-
diaire aux sourcils, ainsi que tes extrémités internes de
ceux-ci, t~s fibres médianes du frontal sont antagonistesdu pyramidal; et, pour faire équilibre A ta contractionde
ce dernier, il faut que cesfibresmédianesse raccourcissent.
H en résulte que, chez les personnesdouées de puissantsmuscles pyramidaux, s'il se produit un désir inconscient
d'empêcher rabaissement des sourcils, pendant qu'ettessont exposéesA ta lumière éclatante, tes fibres médianes
du frontal doivent être misesen jeu, et leur contraction, si
elle est assezforte pour maîtriser les pyramidaux,unie avec
celle des muscles sourcitierset orbicutaires, agira précisé-
.Mf'MMWMt'~C /Mt!M«tH'~MMt,p. <S.
onHQUiTËnKSSOUKCtt.8. M 1
tuent de ht manière que nous venons de décrire sur les
sourcilset sur le front.
Lorsque les enfants crient ou pleurent, ils contractent,
commenous l'avons d6)<Yvn, les muscl~sorbiculaircs.sour-
cilters et pyramidaux,en prOttHer lien pour compfunerleurs yeux et les oupèchcr de se gorgcr de sang, et secon-
dairetnent par l'effet de l'habitude. J'en avais conchtque.
lorsque les enfants cherchent soit a prévenir un accès de
pleurs, soit Al'arrêter, ils devaient tenir on échec la cou-
n'actiondes muscles ci-dessusnommés, de la mémomanière
que lorsqu'ils regardent une lumière brillante; je pensai!'en conséquenceque les faisceaux médians du musclefrontal
devaient souvent entrer en jeu. Jo me mis doncà étudier
des enfants placésdans ces conditions, et je priai d'autres
personnes,en particulier des médecins, d'eu faire autant de
leur coté.Cet examen demande une grande attention en
effet,chez l'enfant, l'action antagoniste particulière desmus-
cles eu question n'est pas Abeaucoup près aussi nettement
définieque chez l'adulte, parce f~ueson front ne se ridepasfacilement.Cependant je reconnus bientôt que les nutsctes
de la douleur, dans ces occasions, entraient très souvent
en jen de la manière ta plus évidente. 11serait oiseux de
rapporter ici tous les cas qui ont été observés; je n'eu citerai
que quelques-uns, t'ae petite nUe d'un an et denn était ta-
quinée par d'autres enfants: ses sourcils devinrent notable-
ment obliques avant qu'elle éclatât en pleurs. Chez une
petitefille plus âgée. on observa cette tnômeobliquité des
sourcils;on remarqua en outre que leursextrémités internes
étaient sensiblementpliss~es,et que les coins de la boucbc
s'abaissaienten mêmetemps.Ms qu'ellecommençai1pleurer.ses traits se modifièrent pomplôtetuont et cette expression
particulières'évanouit. Autre exemple un petit garçon quel'on venait de vacciner criait et. pleurait avec violence; le
chtrurgien, pour Fapaisct', lui donna une ot'aogf quH
M4 EXPRESStONMUC<tACK!t<.
nvuit apportée dans cette intention ce présent plut beau-
coup à l'enfant, qui ccssttde pleurer; on put observerAcet
instant tous les mouvementscaractét'istiquesdont nous avons
parlé, y comprismêmeta formationdus rides rechtn~ulaircsau milieu du front. Enfinje rencontrai sur une route une
petite fille de trois A quatre ans qui venait d'être effrayée
par un cbien; quandje lui demandai ce qu'elle avait, elle
cesstt de pleurer, et sessourcils prirent immédiatementune
obtiquitë singunere.Nousavottsdonc là, sansaucundoute, la clef du problème
que nous présente t'anta~onistne entre ia contraction des
fibres centralesdu frontalet celledes musclespéri-oculaires,sons l'influencede la donteur, quecette contractionsoit d'ait-
leurs protongee, commechez les anenés m<Hanco!iques,ou
clti'elle soit momentanéeet suscitéepar une contrariété insi-
gnifiante. Kousavons tous, dans notre enfance, contracté
maintes foisnos musclesorbicntait'es,sourcniers et pyrami-
daux, ann de protéger nos ycnx, tout en poussant des cris;
nos ancêtres ont agi de même avant nous, pendant de lon-
gues générations; et quoique, cil avançant en âge, il nous
devienne facilede retenir nos cris lorsque nous éprouvons
quoique douleur,nousnepouvonstoujoursvaincret'en'etd'une
tondue habitudeet empêcherune tëgëre contractiondes mus-
cles indiquésplus haut; si cette contractionest très faible,nous ne la remarquonsmêmepas et nous n'essayonspas de
lu réprimer. Maisles pyramidauxparaissentêtre moinsdirec-
tement placés sous l'influencede ia volonté que tes autres
muscles dont nous venonsde parler, et quand ils sont bien
développés, leur contractionne peut être arrêtée que parla contractionantagonistedes faisceauxmédians du frontal.
H en résutte nécessairement,si ces derniers faisceauxse con-
tractent avec énergie, une ascensionoblique des sourcils,un plissementde !em'sextrémitésinternes, et la formation
de rides rectangulairesau tniiieu du front. Comme les en-
AMAt8!!KM<!XTnH!;c6tK!!Ot:t.A nouent!
fantset tesfemmespleurent beaucoupplus facilementque tes
hommes,et que les adultes des deux sexesne pleurent guère
quesoust'innuencodela douleur morale, on peut comprendrecommentil se fait, ainsi que je l'ai observé, que les muscles
f!cla dotncnr fntrcnt ptMt fréqoommen~<mjeu cke&l'enfantet la femmeque chez l'homme, et ne se contractent en gé-nérât chez l'adulte que sous l'actionde ta souffrancede t'es-
prit. Dansquelques-unsdes casdéjà mentionnés, par exem-
ple dans ceux (le 1~ pauvre femmeUhangar et de l'Hindou,
la contraction des muscles de la douleur fut promptementsuiviede retFusiondes larmes. Danstoute contrariété, grandeoupetite, notre cerveau a, par suite d'une longue habitude,
une tendance à envoyer &certains muscles Fordre de se con-
tracter, comme si nous étions encore des enfants, prêts A
fondre en larmes. Mais~rAccau merveUteux pouvoirde ta
votonté, grâce aussi aux effetsde l'habitude, nous pouvonsrésisteren partie a cet ordre, sansavoir pourtant conscience
de cette résistance, ou tout au moins du mécanismepar le-
quet elle agit.
~&aM«MfH<descoins de la &OMC/ Cet abaissementest
produit par les <~pfM<orMan~ttMoris (triang~tnairesdu men-
ton,fig. 1et 2, page 2~ K). tes nbrcs de ce musclediver-
gent vers la partie inférieure; leurs cxtréuntés supérieures,
convergentes,s'attachent aux commissures, et dans une pe-tite étendueAta partie externe de ta tôvre inférieure Quct-
ques-unesde ces fibres scmtttent ctro antagonistes de celle
du grand zygomatiqueet des divers muscles qui s'attachent
&lu partie externe de la tevre supérieure. La contractiondu
triangulaire attire en bas et en dehors tes coins de lit bouche,
en entramant la partie externe de la tevre supérieure. et
C. Mente,H~McA<tM«t.dt!! jff'Mc/~H,t8~ H. p. <M,fig.68et 60.
Mtt HXMES~ON~CnAOMtN.
même, Aunfaihtedegré, tes ailesdu nez. f<«rsquo.!<t bouche
étant formée,ce muscleentre en action, la ligne de jonctiondes deux t~vrcsformeune cout'beAconcavité inférieure~ et
les tt~vreseHes-mOncssont quoique peu portée:! en avant,
sm'tbht ceucd'en bas. Cettedispositiond<*ta boucheest b!on
représentée dans les deux photographies de M. Kej!ander
(p<OMc/MIl, ng.t! et 7). Hansta ii~ure < on voit un jeune
garçon qui a reçu sur io visageune tape d'un de ses cama-
rades, et <jMtcesse&peine (!<'p!eurcr; c'est le moment pré-cis qu'on a chcMtpour le photographier.
L'expressiondochagrin ou d'abattement, due A!a contrac-
lion des triangulaires, a été si~naMepar tous ceux qui se
sont occupésde cesquestions. Knanglais, dire qu'un individu
a /ft &<tMcA<a6atM~e(~ JeM'Mnt ~teMtOM<Atéquivaut &dire
quH est de mauvaise humeur. La dépression des coins de
ta houchc s'observesouvent, conune je l'ai déjà dit, d'aprèsle témoignage du docteur CrichtonBrttwneet de M. Nicol,
chez les aHénésm6tanco!iqnps on ia voit très nettement sur
desphotographies de quelquesmalades ayant de fortes dis.
positionsau suicide, qui m'ont été envoyéespar M. Browne.
Ou Fa constatée d'aiUeurschez des hommes appartenant A
diverses races, chez les llindous, chez les tribus neg'res des
mont~nes de l'tnde, chez les Matais,enuu, d'après le témoi-
gnage du Révérend M.Ma~t'nuu<*r.chez les aiiorigenes de
t'Austratie.
L'enfant qui crie contractecnpt'~iquetncntsestnusdcspé<'i-
oculaires, ce (lui soulèvesa tevrc supét'ieure; comme il doit
en m~mc temps maintenir sa bouche largement ouverte, les
musclesahaisseursqui aboutissentaux commissuresentrent
aussi vigoureusementen action. !t en résulte généralement,mais pas toujourscependant, une !éj<!('t'ccourbure anguleuse
7. V"!rl'étudedofactionttocemnsek,partedocteurnnchennc~N<MMtftMC</<hPAystMKMH~cAMMatHC..t~tUM()8<;H!,VtH,)!.3t.
ÀBAtMBMENT DES COtKS DE M MOUCMK. M?
de chaquecoté do la l&vreinférieure, dans le voisinagedn
ces commissures.Le résultat des mouvements combinésdes
deuxlèvres est de donnât' &l'orifice buccal une forme qua-
drangulaire. Lacontractiondu muscletriangulaire s'aperçoittr~ bien chezt'enfanta bfsqu.'Ucrie sanstrop de violence,et mieuxencoreait montentou il vacommencer et ou it fiait
de crier.Sonlietit visageprend alorsuneexpressioncxtr~tne*
mentpiteuse, que j'ai observéebien des fois sur mes pro-
pres enfants, depuis l'Agede six semaines environ jusqu'àceluide deuxou t)'oismoia.Quelquefois,ttuand l'enfant lutte
contretin accès de pleurs, l'inHexionde 1~ bouche s oxagAretellement que celle-ci prend la forme d'un fer à cheval;i
l'expressionde désolation profonde que prend alors son vi-
sageconstituevét'itahlententune caricature risible.
Lacontractiondu triangulaire, sousl'influence de l'abatte-
ment,s'expliqueprobablement par les mêmes principes gé-néraux dont nous avons vu l'application à propos de l'obli-
quitédes sourcils.LedocteurDuchenaeconclut de sesobser-
vations,prolongéespendant un ~rand nombre d'années, quece muscle est, parmi tous ceux de la face, l'un des moins
soumisau contrôlede la volonté. A lapptii de cette opinion,
nous pouvonsrappeler la remarque que nous avonsdéjà faite
à propos d'un enfant qui va se mettre à. pleurer, mais quihésite encore,ou qui s'ci!orce de réprimer ses larmes dans
ces circonstances,sa volontéagit généra!c<n<;Dtsur tous les
musclesdu visageplus efficacementque sur les abaisscurs
descommissureslabiales. Deuxexcellentsobservateurs, dont
l'un était médecin, ont bien voulu. & ma demande, étudier
avecsoin et sans aucune idée préconçue, des femmeset des
enfants d'ajiredivers, au moment ou, malgré leurs efforts
pourse contenir, ils étaientsur le pointde fondre en larmes;i
ces deuxobservateursaMrmeut queles triangulaires entrent
enactionavant tous les autres muscles.tM~slors, commepen-dant FenfMnceces muscles ont été souvent mis en jeu, du-
XM EXMES<!tÛ~OUCHAM)K.
rant une longue suite de générations, lit forcenerveuse doit
tendreen vertu du principe de l'associationdes habitudes &
se porter vers ces musctes, nussi bien que vers les titres
musses de la face, tontes lesfois que par la suite on épfonvo
ïni sentiment mcnîeté~r de tristM~ 'mRi",'comme-Ie8"trian-
gutaires sont no peu moinssoumisau contrôle de la volonté
que la plupart des antres muscles, on cloits attendre à les
voir se coutractor téj~ercment, alors que les autres restent
incrics. 11est curieux de constater quel faibledegré d'abais-
hctncntdes angtcs do !a bonchcsuf(!t&donner Ata physiono-mie Mncexpression de mauvaise humour ou d'abattement,
en sort<' qu'une contraction très légère des triangulairestrahit A elle seule ces états de l'esprit.
Je terminerai en racontant une petite anecdote qui ser-
vira &résumer ça <p)i'!<{u<'sorte tout ce qui précède. Je me
trouvais un jour assisdans un compartiment de wagon, en
faced'une vieinc dam<'dont h*visage avait une expression
sereine, quoique absorbée. Kn !a regardant, je remarquai
que ses muscles trian~uiaires se contractaient très tc~ère-
ment, mais nettement. Cependant commf sa physionomieconservait toujours la même apparence de calme, je me prisApcn)MTque cette contractionne devait avoir aucune espècede sens, bien qn'U ont été facile de s'y tromper. Cette idée
m'était&peine venue que je vis ses yeuxse moniiter subi-
tement de larmes, qni paraissaient prêtes a conter sur son
visage, tandis que sa H~ut'oexprimait rabattement, tl est
certain que quelque triste souvenir, peut-être celui d'nn en-
fant autrefois perdu, avait A ce momenttraverse son esprit.Aussitôtque chez elle le sensorinm avait été ainsi impres-sionné. certaines cellulesnerveusesavaient transmis instan-
tanément, par suite d'une habitude invétérée, leur ordre
à tous les musclesrespiratoires, aussi bien qu'à ceux du vi-
sage, afin de les disposer pour un accès de pleurs. Maisla
ABAtSSKMKNT CES COtKS Di! t.A BOHCMB. aea
14
volonté, on plutôtunehabitude postérieurementacquise, in-
tervenant alors, avait oontremandé cet ordre; et tous les
musclesavaient obéi &cotte dernière injonction, excepte les
triangulaires, qui seuls étaient entrés légèrement en action
en abaissant unpeu les eommisauM~des lèvres, tht reste, tabouche ne s'était mômepas entr'onverto, et la respirationétait restéecalmecomme&l'état normal.
Au motncntoù la bouche de cette dame avait commencé
à prendre, involontairementet d'une manière inconsciente,
la fot'mecat'actéristiqtted'un accès de pleurs, une impres-sion nerveuseavaitdn se transmettre, sansdoute pat*les voies
dès longtempsaccoutumées,&tous les muscles t'cspiratoit'es,ausfMbien qu'aux musclespéri-oculaires et au centre vaso-
moteur qui rëg~ Ja circulation sangnino dans tes j~tandcs
~crymatcs. Cedernierfait était bien nettement démontré pat*la présence sobitedes tarmcsqui humectaient les yeux, pré-sence facileà comprendre, puisque les glandes lacrymalessont,beaucoupmoinssoumises&l'influencede la volonté queles musctes du visage. Sansaucun doute, il devait fxistot'en
même tempsdansles musclesperi-oculairps une dispositionAentrer oncontraction,commepour protéger tes yeuxcontre
les dangers d'un engorgementsanguin; mais elle avait été
contrariée et compictcmcntsurmontée par ta volonté, en
sorte que le sourcilresta immobile.Si le pyramidal, le sour-
ciller et les orbicnlaircsavaient été, commecitez bien des
personnes, moinsobéissants&l'action de In volonté, ils se-
raient entrés légèrementen action alors les nbres moyennesdu frontal se seraient aussi contractées en sens inverse, et
tes sourcils auraient pris une direction oblique, en même
temps que le front?' serait sillonné de ptis t'cctaugutoires.Alors aussila physionomieont revêtu, d'une manière bien
plus nette encore, l'expressionde l'abattement ou plutôt du
chagrin.C'est en procédant ainsi que nous pouvons comprendre
M KXPMMStOK I)U CnACHt!<
comment, lorsque quelque poussemélancolique traverse te
cerveau, il «e produit un abaissementA peine perceptibledes coins de ht bouche, ou une légère élévation des èxtré-
nntés internes dcssottMits, ou encore ces deux mouvements
<U<tfois, aussitAt smvisd'une légère ctKtMon~ë!arme~
force nerveuse, transmise pat' ses voies habituelles, produitdes cfFetsdans tous les points où la volontén'a pas acquis,
par une longue habitude, une puissancesuffisante pour s'y
opposer. Lesphénomènesci-dessuspeuvent donc 6tre cooM-
dôrés comme(les vestigest'odimentairesdes accès de cris quisont si frëtjuents et si prolongéspendant l'enfance. Dans ce
cas, comme dans bien d'autres, les liens qui lient la cauftea
t'effet, pouf donner naissanceà diverses expressions de la
physionomie humaine, sont vëritabtemcnt merveiHenx, et
ils nous donnent l'explication d<' certains mouvements quenousaccomptissonstnvo!ontait'omentettnconsciemmenttoutes
les fois que certaines émotionspassagèresviennent traverser
notre esprit.
€HAP!THEVH!
JO~,GAtHT~,AMOCM.SE!<TtMEKf!Tt{!<MMM,)'tt:T~.
M)n'.f)t)))'«M<«t)ttrttntttvcf)etajttie. )<)é<MrituM~.Mouvemomet trattst)ut)'fiat{Bt'Gxdatttterire. Kat)wdoM)))6m)s. S<'<'n;ti<t))defttttftn<'<t')ttta<'<'<«))*
pa~nctn fourthi.–Oe){n:!t)«<ertm'dfairexentretefottrisetteMartre.–Ca!et<i.Ettt'MKto))'te)'a)MOur.ScMH)nettt!(tetxtfea.Ph'te.
Unejoie très vive provoquedivers mouvements sansbut:
on danse, on bat des moins, on frappe du pied, etc.; en
mômetemps on rit bruyamment.Le rire paraît ~tre l'expres-sion primitivede !a joie proprement dite on du bonheur.
C'est ce qu'on voit clairementchez les enfantaqui rient pres-
que sans cesseen jouant. Danstajeunesse, la gaieté se ma-
nifesteaussi fréquemment par deséclats de rire à proposde
rien. Homère appelle le rire (les dieux '< l'exubérance de
leur joie céleste&la suitede leur banquet quotidien On
sourit, et nous verronsque le sourire passegraduellementau rire, lorsqu'on rencontre un vieil ami dans la rue; on.
souritaussisousl'influencedu plus léger plaisir, par exemple
lorsqu'onflaireun parfumsuave Laura Brid~man, aveugleet sourde, nepouvait avoiraccluisaucune expressionpar imi-
tation; lorsqu'onlui communiquait,a l'aidedecertains signes,
.une lettre de quelqueami, '<elle riait et battait des mains, et
joues se coloraient Dansd'autres occasions,on l'a vue
pper despiedsen signede joie
'?<. HerbertSpencer,JE~f Se<M<<<,etc., t8i!8,p. MO.a. F.Hcber,surlessonsvocauxdeL.Hndgman,S'M'<A.<~K«KCM-
tt-~MtMM~i8j<.V<tt.Il, p.6.
9<2 KXPMK)~!0'<nBt.AJOH!.
Lesidiots et tes tmbéoiles nous fournissentégalement de
bonnespreuves & l'appui do cette opinion, que le rire ou
le sourireexpriment ori~incllemeMtla joie ou le bonheur.
doet«Uf Crichton BrowtM,qma bien youlu mpcommuni-
quer, sur ce point comme sur beaucoupd'autres, les résul-
tats de sa vaste expérience, m'apprend que chez les idiots
le rire est de tontes les expressionsta plus générale et la
plus fréquente. Certains idiots cependantsont moroses, iras-
cibles, turbuients, tristes, ou bien comptètententstupideaccux-t&ne rient jamais. D'autresrient «cuventde ta manière
lu plus inepte. C'est ainsi que, dans t'Asuc, un jeune idiot,
qui n'avait pas i'usa~o de la parole, se plaignait un jour par
signes au docteur Browned'avoir reçu sur r<Bitun coupd'un
de ses camarades; ces plaintes étaient entrecoupées d'ex-
ptosions de rire, et son visage s'iUutninaitde larges sou-
rires Uest une autre classed'idiots, très nombreuse, quisont constammentjoyeux et iooffensifs,et qui ne cessent de
ru'f ou de sourire Leur physionomies'empreint souvent
d'un sourire stéréotype; lorsqu'onplace devanteux un mets
quelconque,lorsqu'on les caresse, lorsqu'onleur montre des
couleur!!brillantes ou qu'on leur faitentendrede la musique,leur gaieté augmente, et alors ils s épanouissent,ils rient, ik
poussent des éclats étouffés. Quelques-unsrient plus qued'habitude lorsqu'ils sepromènent ou exécutent un exercice
musculairequelconque. Lagaietéde la plupart de ces idiots,suivant la remarque du docteur lïrowne, n'est certainementassociéea aucune idée déterminée ilséprouventsimplementun plaisir, et l'expriment en riant ou souriant.Chexies imbé-
ciles, qui sont placés un peu moins bas dans l'échelle des
atiénés, la vanité personnelle paratt être la cause la pluscommunedu rire, et, après elle, le plaisir produit par l'ap-
probationdonnée à leur conduite.
:t. VotfaussiM.Marshatt,M~wmp/H<:<t/'r<'on)t«e<t<M~<M~p.!!M.
nmK. an
Chez l'adulte, le rire est provoquapar des causestr~s dif.
férentesde cellesquisuffisentà leproduire pendant l'enfance
il n'enest pas de mémo toutefoisdu sourira. Acet égard, Itt
rire ressembleaux larmes. qui ne coûtent chez l'adulte quesuUsÏ'innnnncede la donbw morale, tandis que chez i'cn-
fant ellessont excitéespar toute souffrance,physiqm'ou nn-
tre, aussi bien que par la frayeurou Jn colère. Biendes au-
teursontcupiousementdiscutétes causesdu rirechezraduttc<*ettequeotionest extrentementcomplexe. Unechose incon-
grue ou bizarre, produisant la surprise et un sentiment plusou moinsmarqué de supériorité, l'esprit étant d'ailleurs
dans une dispositionheureuse, paratt être, dans !a ptu-
part des cas, la causeprovocatricedu rire Lescirconstances
qui le produisentne doivent pas être d'une nature impor-tante c'est ainsiqu'un pauvre diablen'aura envieni de rire
ni de sourire en apprenant subitement qu'il vient d'hérit<'r
d'une grande fortune.Si, l'esprit étant fortementexcité pardes sentimentsagréables, il vienta se produire quelque petitévénement inattendu, si une idée imprévue surgit tout A
coup, alors, d'après)1. lierbert Spencer <'la forcenerveuse
en quantité considérable, qui allait se dépenser en produi-sant une quantitééquivalentede pensées et d'émotions nou-
velles,se trouve suintement dévoyée. tl faut que cet excès
se décharge dansquelque autre direction, ft il en résulte un
fluxqui se précipite,par les nerfs moteurs, jusqu'aux diver-
ses classesde muscles,et qui provoque l'ensemble des actes
demi-convulsifsquenous désignons sous le nom de rire
Un correspondanta fait, pendant le dernier siège de Paris,
une observation(luia sa valeur au point de vue (lui nous
4. Ontrouvedansl'ouvragedcM.Mn (TheBNM~Mand the WtM,<8<!8,p. iH?)unelongueet intéressantediscussionMfrJeristbtc.Lac!-tationtran9cntcp!ushautsur le rire desdtomcest ttfëede cet ou-
vrage. VoiraussiMandeviue,TheFableof theBeM,vol.!t, p. t<}s.
McM~~o~L«M~<cr, BM<ty<,a"série,tWM,p. i~.
2t< EX<'Mt!8!HO!<<~LAJOtt!.
occupe lorsqne les soldai allemands avaient été profondé-ment impressionnés par une situation tr~s périlleuseA la-
quelle ils venaient d'échapper, ils étaient tout particulière-mentdisposés à éclater en bruyants éclats de rire a propos
de la plus itMigniuautcfacétie. Hc uiëthc, lorsqueI~pe~Ïsenfants vont commencer Apleurer, Hsuffitparfoisd'une t')n'-
constanceinattendue survenant bt'usfpiomcntpour tett taire
passer des larmes au rire: il semble que ces deux manifes-
tations puissentservir également hi<*na dépenser l'excès de
force nerveusennso en jeu Ann momentdonne.
On dit quelquefois que t'imajtrinati~nest cAa<OMtM~parune idée risible ce chtttoniUomentintellectuelprésente de
curieuses analogies avec ic chatouillementphysique. Tout le
monde connatt les éclats de rire immodérés, les convulsions
générales que le chatouillement provoque chez les enfants.
Nousavons vu que les singes anthropoïdes émettent aussi un
son entrecoupé comparMbte¬re rire, quand on les cha-
touille, surtout dans le creux de Faisselle. Unjour, je frétai
avec un morceaudo papier la plante du pied de l'un de mes
enfants, âgé seulement de sept jours; it retira aussitôt la
jambe, avec un brusque mouvement,en néchissantles or-
tpiis, commeeut pu le faire un enfant plus a~é. Cesmouve-
ments. aussi bien que le rire provoquépar le chatouillement,
sont manifestementdes actes réflexes; il en est de même de
la contractiondespetits muscleslissesqui hérissent les poils,dans le voisinaged'un point clestéguments qu'onchatouiller
Maisle rire qui est provoquépar une idée risible, quoiqueinvolontaire, ne peut pourtant pas s'appeler un acte réitexe
dans la stricte acception du mot. En pareil cas,commedans
celui où c'e"t lechatouillement qui causele rire, il faut, pour
que celui-ci se produise, que l'esprit snit dans unétat agréa-
<t.J. Lister,clansOM<M'r/yJoMt-aa~o/' ~eroMop)fM<Sc~Mf,<?'vol.1,1).260.
RtHt!: 3<&
Me.C'est ainsi qu'un jeune enfant chatouillé par une per-sonneinconnuepoussedescrisde frayeur.Il faut aussique le
contact soitléger, et que l'idéeou l'événement qui doit pro-
voquerle rire n'ait pasd'importancesérieuse. Lesparties du
coï-pS"(iui'ïioÍîflcs'plfurKettsmte!t(tuohatooUlement..son.t,cel1es..corps qui sont les pins sensiblesau ohatouHlemen~~ontcelles
qui ne supportent pas habituellementle contact de surfaces
étrangères, par exemptelesaissellesou les parties intérieures
des doigts, ou bien encore celtes qui subissent le contact
d'une surface large et uniforme,commela plante des pieds;toutefoista surface qui nousporte dans la station assisecons-
titue une exception marquée a~cette règle. D'aprèsGra-
tiolet certainsnerfs sontbeaucoupplus sensiblesque d'au-
tres au chatouillement.Un enfant pcnt difficilementse cha-
touiller lui'méme, ou du moinsla sensation qu'il se procureA lui-même est beaucoup moins intense que lorsqu'elle est
produite par une autre personne; il semble résulter de ce
fait que, pour que la sensation de chatouillement existe, il
est nécessaire que le point sur lequel vu porter le contact
reste imprévu; de même,s'il s'agit de l'esprit, une chose
inattendue, une idée soudaineou bizarre qui vient se jeterau travers d'une suitenormale de pensées, parait constituer
un élément considérabledans le risible.
Lebruit qui accompagnele rire est produit par uneinspira-tionprofonde, suivied'unecontractioncourte, saccadée,spas-
modiquedesmusclesthoraciqueset surtout du diaphragmeC'estde la due dérivel'expressionttfe « «MMlese~M.Par
suite dessecoussesimpriméesau corps, la tête estagitéed'un
côté à l'autre. La mâchoire inférieure tremblote souventde
haut en bas; ce dernier mouvementse remarque égalementchez quelquesespècesde babouins,lorsqu'ils sont sous l'em-
pire d'une vivejoie.
7. DefaPAî~MXMM't',p.<M.8. SirC.Bett(/ina<.o/'K.cpf<'M<oH,p.i 47)faHquctquMobservationssur
!cmouvementdudiaphragmependanttorire.
3<<t KXPMESStOKnKtfAJOtK.
Pendant le rire, la bouche s'ouvre ptus ou moins large-
ment tes commissuressont fortement Urées en.arrière et un
peu en haut; la l&vrosupérieure se soulèvelégèrement.C'est
dans un rire modéré ou dans un large sourire que la rétrac-
tionen arrière des commissuress~aperçoitlemieux Tcp!Ïh&tc
appliquée au mot sourire indique d'ailleurs que la bouche
s'ouvre largement. Danslap~onc/MH!,on voit (ng. 1-3) des
photographies représentant le sourire et divers degrés du
rire. ha ngure de Ja petite Mllecouverted'un chapeauest du
docteur Wattich; l'expression est très naturelle; les deux
antres iïgures sont de M.Rejlander. Le docteur Ouchenne
insiste Aplusieurs reprises sur ce fait que, sous l'influence
d'une émotion joyeuse, la bouche suint l'action d'un seul
muscle, le grand xygomatiquo,quien attire lescoinsen haut
et en arrière; cependant, si j'en juge d'après la manière
dont les dents supérieures se découvrent constammentpen-dant le rire on le large sourire, et si je m'en rapporte de plusau témoignage de mes sensations petsonhellcs, je ne puisdouter que quelques-uns des muscles qui s'insèrent sur la
lèvre supérieure n'entrent aussi légèrement en action. Les
portions supérieure et inférieure des musclesorbicnlaircsse
contractent en même tempsplus ou moins;et il existe,comme
nous l'avons vu A propos des pleurs, une connexionintime
entre ces muscles, surent les inférieurs, et quelques-unsde
ceux qui aboutissent a la lèvre supérieure. Henlefait remar-
quer a cepropos que, lorsqu'un hommeferme exactement
l'un des deux yeux, il ne peut s'empêcherde rétracter la
lèvre supérieure du même côté; réciproquement, si. aprèsavoir placé son doigt sur la paupière inférieure,on essayede découvrir autant que possibleles incisivessupérieures, on
9. Jtf<'<'«Mtsm<:d'<*~<tM~tCttOtMteAMm<tf<M,<UtM<M,légendeV).
<0.~tMt&McA<&'fS~'m. ~M~.JeOfeMtc/Mrt,<8!:8,B.s. <44.Yotr la figure2, H.
mas *H7
sent, A mesure que ia lèvre se son!eveénergtquement, quetes muscles de la paupière entrent en contraction.Dans te
dessin de Menle,reproduit figure 2, on peut voirque le nnts-
c!e<MataW<(H),quiMjette dans h lèvre supérieure, appar-
tient pt~sqncintégralempht A impartie ht~culaire.
Le docteur Duchennea publiédeuxgrandes photographies.dont les figures 4 et Sde ia plancheHt sont des réductions.
et qui rcpréseateatte visagedun v!ciHard,d'abord dans son
état normal, impassible,et en second !ieo i!0t!ria))tnatu-
reUcment; t'expressiox de cette dermère a été immédtate-
taent reconnue par tous ceuxqui l'ont vue. ï! a donne on
même temps, commeexemple d'un sourire produit artifi-
cieUemcnt,une autre photographie (fig. ?) du monte ~iei!-
tard avec les coinsde la bouche fortement rétractas par t&
galvanisation des musclesgrands zygomatiques, Or il est
évidentque cetteexpressionn'est pasnaturene; car, survin~t-
quatrepersonnes auxqueMcsj'aimontré taphoto~raptne en
question trois n'ont su lui assigner une expressionquelcon-
que et les autres, tout en reconnaissantqu'il s'agissait dp
quelque choi<cp!usoumoinsanalogueà un sourire,ont pro-
posélestitres suivants:<naMMtM~oMan«'ne;nt'~orc<~f~e~r(-
Ma(?aM<;f<rc~~m<~<MtMe;ctc.Ledocteur !)uchenncattrihu<'
lafausseté de l'expressionAla contractioninsuffisantedes or-
Mcutairesau niveau des paupières inférieures, et il attacht'
avec raison une grande importanceà l'actionde ces muscles
dans l'expressionde lajoie. Il y a certainementdu vrai dans
cette mantère de voir, mais elle n'exprimepasencore Ames
yeux tonte la vérité. Lacontractionde la partie inférieure des
orbiculaires esttoujours accompagnée,connue nous l'avons
vu, d'un mouvementd'étévation de la lèvre supérieure. Si,
dans la figure i, onavnitainsi relevé légèrementla lèvre, la
courbure serait devenuebeaucoup moins brusque, le sinon
naso-labiai aurait un peu changé de forme, et l'ensemble
2<« KXt'MESStON HE LA JOtK.
.1- 1.&~ _& -1.1 -_u. ~1_ -u_1de l'expression eût été, je cwis, plus naturel, indépendam-ment de ce qu'y aurait ajouté une contractionplus énergt-
que des paupières inférieures. De plus, dans la B~ure1, le
sourcilier est contracté au pointde provoquer le froncement
dessourcil: or ce muscla n'agit jamais sous l'inuuoncc de
la joie, si ce n'est pendant 1<:rire très accentueou vio-
lent.
Par suitede la rétraction en arrière et de l'élévationdes
commissurespar la contraction du grand zygomatique, et
de l'élévation de la lèvre supérieure, les joues sont aussi
entrainées en haut. Il se forme des plis au-dessous des
yeux, et, chez les vieillards Il leur extrémité externe; ces
plis sont éminemmentcaractéristiquesdu rireou du sourire.
Lorsqu'un individu passe d'un léger sourire & un sourire
bien marqué ou Aun rire franc, s'il fait attention&sespro-
pres sensationset qu'il se regarde dans un miroir, il peutconstater que, A mesure que la lèvre supérieure se soulève
et que tes orbiculaircs inférieurs se contractent, les rides
qui sillonnentla paupière iuféneure et le pourtourdes yeuxs'accentuent de plus en plus. En même temps, d'après une
observation que j'ai souvent répétée, les sourcilss'abaissent
légèrement, ce qui prouve que les orbiculaires supérieursentrent en contraction aussi bien que les inférieurs, au
moins jusqu'à un certain degré, bien que ce dernier phé-nomène ne nous soit pas révélé par nos sensations.Si l'oa
compareles deux photographies qui représententle vieillard
en question dans son état habituel (fig. 4) et souriant natu-
rellemeni (fig. 5), on rcconnattra que dans cette dernière
les sourcilssont un peu abaissés. C'est là, je présume, un
effet de la tendance qu'ont les muscles orbicutaires supé-
rieurs, par l'iniluence d'une haijitude longtemps associée,
à entrer plus ou moins en action dé concert avec les orbi-
culaircs inférieurs,qui se contractent lorsque la lèvre supé-rieure s'élève.
<URR. a<C
La dispositionqu'ont les muscteszygomatiquesA se con-
tracter sousl'influencedes émotionsagréablesest démontrée
par un fait curieux,qui m'a été communiquéparte docteur
Browne, relatif anx malades atteintsde ta pef«~<~ géné-~7<' ~Mo?~M&"'< Ch~~c~MatadM;on constate pr~sqtteinvariablementde l'optimisme. des illusionsde santé, de
position, de grandeur, un« gaieté insensée,de la bien-
vemance, de !a prodigaHté; d'autre part, le symptôme
physique primitif de cette affectionconsiste dans !<;trom-
b!emcnt des commissuresdes lèvreset des angles oxternt's
des yeux. C'estla un fait bien constaté. L'agitation conti-
nueHc de la paupièreinférieure, !etremblementdes muscles
grands zygomatiques,sont dessignespathognomoniquesde
la première période de la paralysie genéraie. Laphysiono-mie offred'ailleurs une expressionde satisfactionet de bien-
veiMance.Amesureque la maladiefait des progrès, d'autres
muscles sont affectés à leur tour; mais. jusqu'au moment
ou arrive l'imbécillitécomplète,l'expressiondominante reste
celle d'une bienveillanceniaise.
Par suite de l'élévationdes joues et de lit tèvro supérieuredans le rire et le sourire bien accentué, le nezsemble se
raccourcir; la peau de sa partie moyennese couvre de fines
rides transversales,et tes parties latérales de plis longitudi-naux on obliques. Les incisives supérieures se découvrent
habituellement.Use formeunsillonnaso-iabiatbienmarqué,
qui, partant de l'aite du nez,aboutitaux coiusde la bouchece sillon est souvent double cb<*xtes vieillards.
La satisfaction ou l'amusement se caractérisent encore
par le brillant et par t'éctat du regard, aussi bienque par ta
rétraction des commissureset de la Mvrc supérieure et les
H. Voiraussi les observationsdu docteuri. CrichtonBrowne, re*
latives au m~mesujet, dans le J~«~w/ c/cM~</ ~CMW<avri! )87<,
p.<49..
MO BXt'HRSfttONMBLA~0<<!
plis qui l'accompa~ot'nt. Chezles idiots microcéphaleseux-
mêmes, qui sont s! dégradés qu'ils n'apprennent jamais &
parler, les yeux brillent lé~êMtnentsous i'iM<!uencedu phu-sir' Dans ïe ru'o vjtolent,i<*syeux se remplissent trop do
larmes pour pouvoir bri!te< dans le rire modère bu ïc
sourire, au contraire, ta couche humide sécrétée par les
glandes lacrymalespeut aider à !eur donner de Féctat; ce-
pendant cette circonstancedoit n'avoir qu'une importancetout a fait secondaire, puisque sous l'influencedu chagrin,les yeux deviennentternes, bien qu'ils soienten mêmetempssouvent remplisde tarmes. Leur éclat parait dd principa!<ment à leur tension intérieure due à la contMCtiond<'s
tnusctesorbiculaireset à lapressiondesjouesrelevées.Toute-
fois, suivant le docteur Piderit, qui a étudié ce point plus
complètementque tout autre écrivain cette tension peutêtre attribuée engrande partieA l'engorgement des globesoculaires par !e san~ et les autres fluides, qui résulte de
!'accetérationde la circulation due à l'excitationdu plaisir.Cetauteur fait remarquer !e contraste qui existe entre l'as-
pect des yeux d'un malade hectique dont la circulation est
rapide, et cotui des yeux d'un individu atteint de choléra
et dont presque tous les fluidessont épuisés.Toute cause
qui ralentit la circulation amortit ie regard. Je me rappelleavoir vu un homme complètement épaisépar un exercice
violent et prolonge, pendant une journée très chaude un
voisin comparaitses yeux Aceux d'une MMrM~~CMt~M.
nevenonsaux sons qui accompagnent le rire. Nouspou-vons t'omprendre a peu près comment l'émissionde sons
d'une espècequelconque a dAs'associernaturellement&un
état d'esprit agré~bie en effet, dans une grande partie du
i2. C.Vo~t,JMm(~<'<uf ~Kro<;<'pA<t&fM7,p.21.
i3.S)rCtt.Bet~M<t<omyo/'J&BpfM</cM,p.<3?.it. JKm)&MM~Mysfo~ftoM~,tS'!?,&S3-67.
tUttt! 2~
règne animal, tessons vocaux ou instrumentaux sont mis
en usagesoit commeappel, soit commetnoyen de séduction
d\m sexeA l'autre. Ils sont aussiemployéscomme signe de
joie dans des réunionsentre les parentset leur progenitut'c,ou chtt'cdt's membre!:d'unem~Mt~contmunauté. Mais poutf-
quoi les sons que l'homme émet sousl'influence de la joieont-ils ce caractère spécial de répétition qui caractérise les
nre? C'est ce que nous ne pouvons expliquer. CepcndsMton peut admettre que ces sonsont dn natMMttentetttrevêtir
une forme aussi différentequf possib!ede celledescris qu!
expriment la douleur; et puisque, dans ta production de
ceux-ci,les expirationssont ion~aeset continues, les inspira-tions brèves et interrompues,ondevait sans doute s'attendre
a trouve!' dans les sons provoqHéspat' ta joie des expira-tions courtes et saccadéesavec des inspirations prolongéesc'est en effet ce qui arrive.
Voiciune question dont la solution n'est pas moins dif-
ficile Pourquoi tes coins de ta bouche se rétractent-iis, et
pourquoi la lèvre supérieure se soutëve-t-ctte pendant le
rire ordinaire? t~ bouche ne peut pas s'ouvrir autant que
possible, car. lorsque cela arrive pendant un paroxysmede
fou rire, il sort &peine un sonappréciable, ou bien c<*son
émis change de hauteur et parait sortir du phts profond de
la gorge. Les muscles qui président à ta respiration et
ceux des membres eux-mêmessont <'nmemt' temps mis en
action et exécutent des mouvementsvibratoires rapides. La
mâchoire inférieure participa souventa ces mouvements, ce
qui empêche la boucbc de s'ouvrir largement. Toutefois,
comme il faut émettrp un fort volume de son, l'ouverture
buccale doit ctrc suffisante et c'est peut-être pour remplirce but que les commissures se rétractent et que la lèvre
supéneure se soulevé.Si nous pouvons ditncilemcnt expli-
quer la forme que prend la bouche pendant le rire et qui
provoque la formation de rides au-dessous des yeux, ainsi
M EXt'HESStONtmLAJtHK.
que le caractère saccadé du son qui l'accompagneet le
tremblotement de la mActtoire, nous pouvons au moins
supposer que tous cesfS'cts dérivent d'une mémocause. En
<stM, itSt capaetérispnttous l'expression du plaisir chez di-
verses espaces de singes.Il existe une gradation non interrompue depuis le fou
rire jusque ht simple expression de ta gaieté, eu passant
par le rire modère, le ttn'ge sourire et le sourire tégcr. Pen-
dant le fou rire, la corps entier se renverse «cuvent en
arrière et se secoue, ou tombe presque en convulsions;In respiration Mi tre~ troublée, la tcte et lu face se~ofgcntde sang, les veinesse distendent, les musclespéri-oculairesse contractent spasmodiquement pour protéger les yeux.Les larmes coulent abondamment; aussi, commeje t'ai
dejAfait remarqupr, il est Apeine possible de reconuattre
une différence quelconque sur le visagehumide de larmes
après un accès de rir<' ou après un accès de pteurs~ C'est
probablementpar suite de la ressemblanceexactequi existe
entre les mouvements spasmodiquescausés par des émo-
tions si différentes, que les malades hystériques passentalternativement despleurs au rire violent, et que les petitsenfants font quelquefois de même. M. Swinhocm'apprend
qu'il a souvent vu des Chinois, affectés d'un profond cha-
grin, éclater en accès de rire hystériques.J'étais désireux de savoir si le fou rire provoqueainsi
une abondante effusionde larmes, dans ta plupart des races
humaines les réponses que j'ai reçues de mes correspon-dants. sur cettequestion, permettentd'y répondreparl'affir-mative. L'un des exemples cités se rapporte à des Hindous,
<5.VoirlesobaervaUMtsdeSirJ. Meynoh~(DtMMow!,XH,p.<(?).a Uestcurieuxd'obMrver,di~-U,ce faitcertain,quetMMH'~meades
payionscontrairess'exprimentpartesm&mesactes,avecdesdifféren.cestrèsh'geres. Commeexemple,il citeteplaisirn'cnéuqMcd'unebac*chanteetla douleurd'uneMarie-Maddeine.
RtMK. M9
chez lesquels d'ailleurs, d'âpre leur 'propre témoignage,te fait n'est pas rare. Il en est (le.m~me pour les Chinois.
Chezuni! tribu sauvage de Malais,dans la presqtt'lle de
Matacca,on voit quetquetois,assez rarement il est vrai, les
femmesveTserdes larmet tout <~nriant è ~opg<;déployée.Le fait doit ctre au contraire fréquent chez les Uyaks de
Bornéo, au moins parmi les femmes; ça" j'at appris du
rajah C.Krookequ'ils emploienthahUueUementi'efxprcss!onWre~<M~M'<!M.~onMM.Les aborigènes australiens donnent
carri&t'esans contrainte A l'expression de leurs émotions;
d'après mes correspondante its sautent et frappent des
mainsen signe de joie, et poussentsouventen riant de vrais
rugissements; selon le témoignagede quatre de ces obser-
vateurs, leurs yeux s'humectent dans ces circonstances,
et m~me. dans l'un des cas cités, les larmes étaient assex
abondantes pour couler le tong des joues. M. Butmet', quia parcouru comme missionnaire les régions reculées de
Victoria, remarque que « les naturels ont le sentiment
très vif du riuicute; ce sont d'excellents mimes, et quandl'un d'eux s'amuseA contrefaireles originaUtés de quelquemembreabsent de la tribu, on entend souventle camp tout
entier rire jusqu'aux convulsions Nous savons que chez
les Européens l'imitation t'st aussi t une des choses qui
provoquent le ptus aisémentle rire il est assez curieuxde
rencontrct*la mente particularité chez les sauvages austra-
liens, qui constituent une des races les mieux dénnies du
globe.Dansl'Afrique méridionale, chez deux tribus de Cafres.
tes yeux se remplissent souvent de larmes au milieu du
rire, surtout chez les femmes. Gaika, frère du chef San-
dtUi, répond à ma questionsur ce point « Oui, c'est gé-néralement leur habitude. Sir Andrew Smith a vu le
visage tatoué d'une femme hottentote sillonné de larmes
après un accès de rire. La même observation a été faite
?4 BXPMBM!ONBI!LAJrOtE.
chez les Abyssinsde l'Afriqueseptentrionale. En&ute ftit
il été constaté, dans l'Amérique du Nord, dans une tri-
bu remarquabtetncnt sauvage et isolée, surtout chez tes
femmes; da<Mune autre tribu on l'& observa une seale
fois.
Du fou rire, comme nous t'avons déjà dit, on passe pardes transitions insensiblesau rire modéré. Dans celui-ci,
les musclés péri-oculaircsse contractent beaucoup moinset
le froncement des sourcils est peu marqué ou nul. Entre
un rire modéréet un large sourire il n'y n presque pasde
différence; seulement le dernierne s'accompagne d'aucune
émissiondu son. Cependanton entend souvent, au début
d'un sourire, une expirationplus forte, un léger hruit, une
sorte clerudiment du rire. Sur un visage qui sourit modéré-
ment, la contractiondes muscles orbiculaircs supérieurs se
manifeste encore quelquefoispar un léger abaissementdes
sourcils. Celle des musclesorbiculair<*sinférieurs et paipé-hraux est plus visible; elle est indiquée par le froncement
des paupièresinférieures et des téguments placésau-dessous,
en mêmetemps que par une légère élévation de la lèvre
supérieure Du plus large sourire on passe au plus léger
par une série de gradationsinsensibles. A l'extrême limite,
les traits se déforment trèspeu, beaucoup plus lentement,
et la bouchereste fermée. Lacourbe du sillon naso-labialso
modifieaussi légèrement. Ainsi il est impossible d'établir,
au point de vue des mouvemohs des traits du visage, une
ligne de démarcation tranchée quelconque entre le rire le
plus violentet le plus léger sourire
On pourrait donc croire que le sourire constitue la pre-mière phase du développementdu rire. Toutefoison peutadmettre le point de vueinverse, qui est probablementplusfxact l'habitude de traduire une sensation agréable par
< te docteurt'MentMtarriveauxm~mcsconctuaions.Id., p. M.
MUtH.
<!t
t'émisston de sons bruyants et saccadés a primitivement
provoqué la rétraction des coins de la bouche ot de la lèvre
supérieure, ainsi que la contractiondes musclesorbiculaires;dès lors, gr&ce A l'association et Al'habitude prolongée,
!<'s mêmesmusch' x doivent hnjhnrd'hn! entrer tégèremeoten action quand une cause quelconque excite en nous un
sentiment qui, plus intense, aut'ait amené le rire de là
résulte le sourire.
Soit que nous considérions le rire comme le complet
développement du sourire; soit (ce qui est plus probable)
qu'un faible sourire représente le dernier vestigede l'habi-
tude fortement invétérée pendant de longues générations de
témoigner notre joie par le rire, nous pouvons suivre chez
nos enfants le passage graduel du premier de ces phéno-mènes au second. Ceux qui soignent des enfants jeunessavent bien qu'il est difficilede reconnaîtresûrement si cer~
tains mouvementsde leur bouche expriment quelque chose,c'est-a-dirc de rceonnattre s'ils sourient réeHement. J'ai
soumis mes propres enfants A une observation attentive.
L'un d'eux, se trouvant dans une heureuse dispositiond'es-
prit, sourit d l'âge de,quarante-cinq jours, c'esi-a-dirc queles coins de sa bouche se rétractèrent, et en n~me tempsses yeux devinrent très brillants. Je remarquai le m~ne
phénomène le lendemain; mais le troisième jour, t'enfant
étant indisposé, il n'y eut plus trace de sourire, faitqui rend
probabto la réalité des précédents, fendant les quinzejours
qui suivirent, ses yeuxbrillaient d'une manièreremarquable
chaque fois qu'il souriait, et sonnez se ridait transversale-
ment. Ce mouvementétait accompagné d'une sorte de petit
bèlement, qui représentaitpcut-ctrc un rire. Al'âge de cent
treize jours, ces légers bruits, qui se produisaient toujours
pendant l'expiration, changèrent un peu de caractère; ils
devinrent plus brisés ou saccadés, comme dans le sanglotc'était certainement le commencementdu rire. Cettemedi-
aM ËXt'MHS8)UN t~KLACAtBTM.
ficationdu son n<op<trutliée A l'accroissement de t'extco-
sion latérale de la bouche, qui se produisait à ntoaureque
lesom'ires'élargissait.
Chezun secondcufant, j'observai pour k pretni&rofois
un véritubtc sourire &quaran{c-chtqjô(trs,C*cst~-f!h'eaun Agepeu din'ércnt, et chezun trois<c<ncUMpeu plus tAt.
A sotx!tnte-cin<jjours, te sourire du dcux~mo ouf&ntëtent
bien plus net, btt'n p!us large t~e celui du prcnner au
nt&tneAge; il cotnnmnoattmente A ce moment & émettre
des sons très analogues.Aun v~t'Uabtcnre. Noustrouvons
dtmace devdoppctncnt gMtdnetdu t'!re chez t'en~nt quet-
<j[uechose de con)p&t'&bte,jusqu'à un certain point, & ce
(lui se passe pour les pteuM.Il semble que, dans t'un et
t'outre cas, un certain exercice soit ttécessaire, aussi bien
quepour l'acquisitiondes mouvements ordinaires du corps,tels que ceux de lit nmMhe.~u contraire, rhabitude de
crier, dont r<)ti!itëpour !'cnf«nt est évidente, se développe
parfaitementdCsles premiersjont's.
~oHMC/tMw<M~~~c~. Un bofume de bonne humeur
a généralementde la tendance, sans sourire précisément, arétracter les coins de sa bouche. L'excitation du plaisiraccctère la circulation; les yeux deviennent ptus brillants,
!a figure pius colorée. Lecerveau, sthnuié par un aMux
sanguinplus abondant, réagit sur les facultésintellectuelles;des idées riantes traversent l'esprit avec rapidité, les senti-
ments ait'ectucuxdeviennentplus expansé, .t'ai entendu un
enfant d'un peu moins dequatre ans, auquel on demandait
ce que signifiait d~'c ~o~ne/n«MeMf,répondre « C'est
rire, parler et embrasser. !1 serait difficilede trouver une
dénnitionplus vraie et plus pra-tique. Dans cette situation
d'esprit, l'homme se tient droit, la tête haute et les yeuxouverts. !1 n'y a ni nfRussententdes traits ni contraction
des sourcils. Au contraire, d'après une remarque de Mo-
EXPMfBSStON DE LA HAtKT~ 927
rean~, te musctofrontal tend A se contracter tég&rement,et
cotte contraction tisse le front, artjue un peu les sourcits et
relevé tes paupières.De !à le mot latin Mpofft~efefrontem.<Mr< fMOOMrct~,qui signinc êtregai ou joyeux. Laphysio-
hbmtë de l'homme (Ïcïjdnnc ttuntéttr est exact~nteht t'in-
verse de cette de l'homme qu'un chagrin at!ecte. Selon Sir
C. !<< « dans toutes les émotionsjoyeuses, les sourcils, les
paupières, les narines et les anglesde la bouchesont relevés.
C'est tout le contraire dans les émotionsdéprimantes. » Sous
l'influence de ces dernières, te front se déprime; les pau-
pi&res,ÏMjoues. la boucite et la tête entière s'abaissentles yeux sont ternes, te teint pAïeet la respiration tonte. Le
visage s'élargit dans ta joie, et s'allongedans le chagrin. Je
ne veux pourtant pas affirmerque le principe de l'antithèse
ait joué un r6!e dans t'ac~uisitionde ces expressionsoppo-
sées, de concert avec tes causesdirectes dontj'ni déjà parléet qui sont suffisammentévidentes.
Danstoutes les races humaines, l'expression detahonm*
humeur paraMêtre la même et se reconnaît aisément. C'est
ce qui résulte des réponsesque mes correspondants m'ont
envoyées des diverses parties de l'ancien et du nouveau
monde. J'ai reçu quelques détails particuliers sur les Ilin-
doits, tes Mataiset tes habitants de !a Nouvettc-Xétandc.L'é-
clat des yeux des Australiens a frappé quatre observateurs,
et te même fait &été noté chez les Hindous, les Dyaksde
Bornéoet les Nouvcaux-Xétandais.
Les sauvages expriment quelquefoisleur satisfaction non
seulement par le sourire, mais par des gestes dérivés du
plaisir de mander. Ainsi. M. Wcdgwood raconte, d'après
t7.I<tP~<«H<MM<<parG.L~atcr,édit.de <MO,vol.IV,p.324.VoiraussiSirC.BeU~~Ma~omy<~&?pMM(~p. n~ pourla citattonsuçante.
t8. D<c<<oM«<'y(~ EM~<MAJMymc~t2' éditiot),«}?2.Introduction,p.xm'.
i.1.
aM KXPKR88)pt<OELAOA!ET!t
t'ethorick, que tes nègres du NUsupérieur se mirent tous
& se frotter le ventre lorsque celui-ci exhiba ses colliers.
Letohhardt dit que les Austratiens faisaient claquer leurs
l&wres&1&v<tede ses chevaux~de ses boeufset surtout de
ses chiens. LesGroenlandais, « quand Us afnrmcnt quelque'>
choseavecplaisir, aspirent tait' avec un bruit particulier M,
mouvementqui constitue peut-être une imitation do celui
que produit la déglutition d'un mets savoureux.
On réprime le rire en contractant énergiquement le mus-
cle orbiculaire de la bouche, lequel s'oppose a l'action du
grand zygomatiqueet des autres muscles qui auraient poureffet d'attirer les lôvt'Gseu haut et en arrière. La lèvre in-
férieure est aussi quelquefoisretenue entre les dents, ce quidonnei1la physionomie uneexpression malicieuse,ainsi quecela a été observé chez l'aveugle et sourde Laura Brid-
~man Legrand zygomatiqncest du reste sujet a certaines
variatiotM,et .t'a! vu ct~exune jeune femme les depre<M<M'M
on~M~ofM contribuer puissamment &la répressiondu sou-
rire toutefois,grâce Al'éclat desyeux, la contractionde ces
musclesne donnait nullement à sa physionomieune expres-sion mélancolique.
Ona fréquemment recotu's&un rire forcepour dissimuler
quelqnc état de l'esprit, la colère même.Certainespersonness'en serventsouvent pour cacher leur honte ou leur timidité.
Quandon fronceles livres, comme pour prévenir un sourire,
alorsqu'il n'yarien qui puissesoit l'exciter.soitempecherqu'onn<'s'yabandonnelibrement, il en résulteune expressionanec-
tée, solennelleou pédante; il est inutile de nous étendre sur
ces expressionshybrides. Lerire ou le sourire de moquerie.
.qu'il soit réel ou forcé, se mélange souventde l'expressionspé-cialedn dédain, qui peut se transformer en colèreméprisante
19.Crantz,c!téparTytor,PrimitiveCMMMre,187~vol. p. iW.20.F. Uebcr,Stn)fA~M<«MCMMMMMM,<8!it, \ot. n, p.?.
EXPKEStHOKDRL'AMOUM.EtO. Mtt
<men simple mépris. Dans ces circonstances,le t'tre on le
sourire est destiné A montrer At'oSeoseufqu'il ne parvient
qu'Anous amuser.
~Mo<M%MM~tM~~~n<fr~; iftc: –~Rtpnqtwt'émotionde
l'amour, par exemplede l'amour d'un? mèrepour sonenfant,
sott une des plus puissantes que le ctour soitcapable de res-
sentir, il est difficile de lui aas!~ner nn tnoyenpropre ou
spéciatquelconqued'expfcsstott ce f<ut s'expliqueparce quecesentimentne provoquepas ongênera!d'actesd'une nature
pon'ttcutiet'cet déterminée. <!est certain cependantque t'af-
fection, qui est un sentimenta~rcabtc. se manifesteopinai-
rcment par un faibte sourire et par un léger accroissement
de l'éclat des yeux. On ressent vivementle désir du contact
de la personne aintée c'est ta le moyen expressif le plus
complet de l'amour~ C'est pourquoinous aspironsAseprer
dans nosbras les étres que nouschérissonstendrement. Nous
devons probablement ce désir a l'habitude héréditaire, s'as-
sociant aux en'ctsde l'allaitement et des seins que nousdon-
nous a nos enfants, ainsi qu' t'innuen<'<'des caressesmutuel-
les des amants.
Chez les animaux, nous voyonsaussi le ptaisir dérivé du
contact s'associer avec t'anection et lui servir de moyen ex-
pressif. Leschiens et tes chats éprouvent manifestementde
ta jouissance a sefrotter contreleur maîtreou tour maMrcssf, J
ainsi qu'a étfc frottés ou tapés doucementde ta main pareux. Lesgardiens du Jardin Xootogiquem'ont affirmé que
plusieurs espècesde singes aiment a se caresser tes uns tes
autres, aussi bien qu'à être caressés par les personnes
pour tesqueUcs its ont de t'aB'cction.M. Martiett m'a
2t. M.MaMtfait remarquer(?'«<«<«M~M~St~MCt',<M8.p. 230)que a ta tendresseest unedmotionagccabte,provoquéedediversesma*que.«Iiitcndressecstuneémotionagréable,provoquéededivl'l'Scsma..nières,etdontt'eftetestdepousserles~s humainsdansdesetnhraa-Mmentsréciproquesa.
930 EXPMESStONBBL'AMOUR/BTC.
rapporté la conduite que tinrent deux chimpanzés, un peu
phtsa~ésque ceuxque l'on transporte d'habitude dans notre
pays, lorsqu'on les mit ensemble pour ta premièrefois ibt
s'assirent en face l'un do l'autre, amou&rcntau contactleurs
tèvresfortementavancées,et chacund'eux plaça sa mainsur
l'épauto de son compagnon; puis ils se serr&rentmutuelle-
ment dans leurs bras; enfinUs se levèrent, les bras enlacés
sur les épaules, tcvant la t&te, ouvrant ta troncheet hurlant
de plaisir.Nousautres Européens, nous sommes si habitués &mani-
festeri'au'ectionpar le baiser. qu'on pourrait supposerquec'estIAun signe expressifinné dans 1 csp&cehumaine, tt n'en
est rien cependant, et Steetcs'est trompéquand il adit: La
nature futson autour, et ilnaquit avecteprcmieranMur. Un
habitant de ta Terre-dc-t'cu, Jfmnty Huttou, m'a dit que t<*
haiscr est inconnudans ce pays. 11est ég'alctnent inconnu
chex les indigènes de ta Nouvotte-Xéiandc'.tco Tahitiens,t
les Papous, les Australiens, les Somitulis d'Afrique, et les
Esquimaux Il est cependant si naturel qu'il résulte pro-babtotnent du plaisir qui nutt du contact intimed'une per-sonne aimée, et dans diverses parties du monde il est
remplacé par certains gestes qui paraissent avoir ta même
origine. Uanstn Nouvctte-X<HandeeHaLaponie, ait sefrotte
le nez; aith'ursoa se frotteou on setape amicatottent sur les
bras, la poitrine, t'épi~astre, ou bien encore onse frappe le
visageavec tes mainsou lespieds de son interlocuteur. L'ha-
bitude de souMt'r, en signe détection, sur diverses par-ticsdu corpsdérivepeut-être auss) du mêmeprincipe~.
2X.Untromctta<MS:rJ. Lubboek~'fcAtMot'M:ï'tmM,T:"édition,t86!),p.SSa)lesautoritéquijusMMOttces affirmations,LacitationdeStcc!eMtt<r<5odecetouvrage.
3~.Voiruneétudecomptëtedecettequestion,avectousrenseigMC-ntcnta,dansE. B.Tytor,Ft''«'oreAM<M~theB«f~MH<ot'yc~Mf<w~M<~2'edit.70,f).S).
KXt'MKSStON DK L'AMCH!M KTC 9?t
Lossentîmenisqu'on quatre de tendres sont difScilesA
~t~yscr;ilsparaissent composésd'an'ection,dejoieet spécia-
lenient de sympathie. Ils sont en eux-mêmesd'une nature
agréable, Itormittpourtant la pitié, quand elledépasse cer-
taines ï!mites, et Qu'elfe est remplacée, par exemple,parl'hot'reur qu'on éprouve au récit de tortures innigées &un
hommeou &unanimal. Un fait à retnarquet', c'est que ces
setttunentsprovoquent très facilementl'effusiondes larmes.
Il n'est pas rare, on etfet, de voir un père et on fils pleureren Mretrouvant ensembleaprès une longueséparation, sur-
tout si leur rencontre se fait d'une façon inattendue. On a
constatéqu'unejo!e très vivetend par eUe-meme& agir sur
les glandeslucrymales;maisil est probahte aussi que, dansdes circonatances semblablesà celles dont nous venons de
parler, il passe dans l'esprit du p~re et du Stscommeune
idée vague de la doutcur qu'ils eussentéprouvées'ils ne s'é-
taient plus jamais rencontrés, et cette pensée triste active
naturellement la sécrétion des larmes. Ainsi, au retour d'U-
lysse«T~tem~uo
Se)&ve~etsejetteenMagt<'tantdanslosbrasdesonpère;Lechagrintesoppresse,etfaitcouterleurspteurs.i · 1AiMilesdeuxhéroshissenteehappt'fdetcurapaupièresdestor-
rentsdelarmes,Htlalumièredu soleilauraitdisparuavantqueleurspteHMeua.
sentcessé,S!Tétémaquen'avaitenfinretrouvelaparolepourdire.
Odyssée,tiv.XVt,st.Ï7.
Et plus loin, quand Pénélope reconnaU enfin son
époux
«Soudainteslarmess'échappentoaabondancedesespaupièresEttes'étancedesaplace,et,jetantSesbrasautourducoud't,'Iysse,ellecouvreSatêtedebaisersardents,et,6'ccrie.
~<<)iv. XXtu.st.2T.
M2 KXPKE<!K!tCKt)Ë):AMOUM.ETC.
Lesouvenir (h*la demeure où s'est écoulée notre enfance,
ou celuide jours heureux depuis longtemps disparus, se
présentant vivement A notre esprit, rend fréqacnunentnos yeux humides do tarmes:ici encore il i~ttervicntune
penséetristf. celle quec<'sjoufs m't'<i<L'hdroutj)uha!s. On
peut dire que, dans cescirconstances,nous compatissonsavec
nous-mêmes,en comparant notre présent avec ce passé. La
sympathiepour hts mathcurs des autres provoque aisément
nos laines, m~m<'s'il s'agtt df t'héroïne infortunéede quel-
que épisode attendrissant, pcfsonnagt' imaginaire pour le-
quel nous ne saurions ressentirde raH'cction. U on est de
mêmed<'la sympathif qui s'adresseau bonheur d'autrui, par
exemple&celui de l'amoureux mis en scène par un habile
romancier, et dont les voeuxsont comblés après des cuorts
et des obstaclessans nombre.
La sympathie paratt constituer une émotion séparée ou
distincte,particulièrement apte à agir sur les landes lacry-
males,aussi bien chez celui qui l'éprouve que chezceluiquila provoque.Toutle mondea remarqué avec quellefacilitéles
enfantséclatenten sanglots lorsqu'on les plaint pourquelquemal insignifiant.Chez tes aliénés mélancoliques,d'après les
renseignementsque je tiens dit docteur (IrichtonBrowne,un
simple mot aimable provoquedes accès de pleursincoerci-
bles.Lorsquenousexprimonsnotre pitié pour le chagrind'un
ami, nos yeuxse mouillent souventde larnac~.Onexpliquehabituellement le sentiment de 1&sympathie, en supposant
que, en voyantou entendant soutMr autrui, l'idéede la sout-
frances'empareassezfortf'mcntdenotre esprit pournousfah'esouffrirnous-mêmes.Toutefoiscette explication neme parait
pas suffisante,car <'Ilcne rend pas compte du lien intimequilie la sympathieil l'affection;noussympathisons sansaucun
doutebeaucoupplus vivementavecunepoMonncaiméequ'a-vec unepersonneindifférente; et nousapprécions aussi beau-
coup plus les témoiguagcs de sympathie qui nousviennent
KXPHESStON M JLAMOUn, etc. Mi)
d'unanu. TouteiMHnous pouvonscertaim'tuentcompatiraux
malheurs de quoiqu'unpour qui nous ne ressentons pas d'af-
fection.
Nous avons vu, dans un précédent chapitre, pourquoi htsouNrance, uuntomcntou nous t'éprouvons, provoque tes
larmes. Or, l'expression naturelle et universellede ta joie est
le rire, et, chez toutesles raceshumaines,le fou rire excitela
sécrétion hM:rym<deplus enet'giqucmcnt <pt<!toute autre
cause, la souffranceexceptée. H nte semble que, si ta joierend les yeux humidesd<'larmes alors m~e que ie rire
n'existepas, cephénomènepeut t'expliquer, <'nvertude l'ha-
bitude et de l'association,exactementcommenous avonsex-
ptiqueTcu'uston des pi«urs soust'innuencedu chagrin, alors
mémoqu'il n'y a pas décris. Cependant ilest très remar-
quaMeque la sympathie pour les douteursdes autres pro-
voque les tarmes plus aitoudammpntque nos propres dou-
leurs c'est i&un faitclui n'est pas douteux.Qui n'a vu par-ibis un homme, des yeux duquel ses propres souBraucesne
sauraient faire jaillir une larme, pleurer sur tes souffrances
d'un ami bicn-aime? Chose plus remarquahieencore la
sympathie pour le bonheur ou la bonne fortune de ceux
que nous chérissons tendrement provoquenos tannes, tan-
(lisqu'un bonheur semblable laissenosyeuxsecs quandc'est
nous-mûtncsqu'itintéresse. Onpourrait par conséquent sup-
poser que si nous pouvons~grâce A une habitude depuis
longtemps invétérée, résister ofncaccmcntaux pleurs sous
l'influence de la douleur physique, cette puissancede ré-
pression n'a jamais été nusc en jeu, au contraire, pour em-
pêcher la légère effusion de larmes que provoque la sym-
puthie pour le malheur ou le bonheur d'autrui.
La musique a un pouvoir merveilleux,commej'ai essayede tedemontrer aiMeurs pouriairerenaitrH,d'une manière
~t.DMMw&MceJe~MMt',trad.frança!scp<u'Mon!in!c,vc).tt,p.3<!0.
M4 ËX!'KK88tOKDt!<.AW~1"H.
vagueet indcnnio. ces émotions puisantes qui ont été rM.
sentica,dans to lointain desâges, par nos prctmers ancêtres,alorsprobabtomentqu'ils employaientles sens vocauxcomme
Moy~ d~~netiond'un~sexeàl~tM. CowtHoptusteurs denos émotions les plus puisiMmtes, cl~grin, joie vive,
amour, sympathie, absent sur la sëcrction lacrymale,il n'ostpas étonnant que la musique puisse aussi amener dM
hu'mcsdans nos yeux, surtout quandnous sontmesdéjàamot-
lis par quetqMt'sentiment tendre. La musique produit oou-
vent un autre d<Mtsingulier. Nous savons que les émotions
ouexcitations violenter, douleur extrèmt~ rage, tefreat'.
joie, passionamoureuse. –ont toutes une tendance spécialà produire du trenib!ement dans les musctes; or la musique
produit, chex les personnesqui eu ressentent puissamment
l'impression,une sorte de frisson ou de frémissementdans
rapine dorsatc et dans les tnembres. Ce phénomèneparattavoir avec tctrentbtMun'ntdu corpsdont nous partions tout
A l'heure jcs mêmes rchttions que la légère cn'usion de
larmesproduitepar la musique avecles pleurs queprovoquetoute émotion reetie et vioicnte.
~fe~. Lapieté se rapprochejusqu'A un certain point de
l'affection,tnen que son essence soit avant tout le respect,souvent mélange de crainte; aussi n'aurons-nous que quel-
duesmots &dire sur l'expression de cet état d'esprit. Certai-
nes M'êtes,tant anciennes que modernes, ont étrangement
mctangéta religion et l'amour, et on a mctno soutenu, quel-
que regrettable que soit te fait, que te saint baiser de paix(tinere Apeine de celuiqu'un hommedounc A unefemmeou
une femmea un homme La piété s'exprime principale-ment en levant le visage vers le ciel, et tournant les yeux
2j. Voirt'ctudcdeceMt dansBodyo~ M~, par tedocteurMauds.
)ey,<8?0,p.8S.
KXPOMStOK MK LA t'~TÉ 93S
en haut. Sir CharlesMettfait remarquer que, Al'approohedu
sommeit, ou d'une dôfaittance,ou de la mort, tes pupities
se dirigent en haut et en dedans; et it penseque, '<lorsquenous sommesabsorbes dans des sentimentpieux,nousievons
les yeuxpar un acte inné ou instinctif qui doit être attri-
bué a la mêmecause que dans les cas ci-dessus t) aprèsle
pfotessenrttonders, ilest certain que les yeuxse tournenten
haut pendant le sommeit.Lot~qu'un petit enfant tcttclesein
de sa nïere, ce ntonvemcntdes globes wulaires donne Mu-
vont &saphysionomie uneexpressionstupidedn ptaisirexta-
tique, et dans ce cas on peut très bienvoir que Fenfantlutte
contre une position qui est mtureite pendant tesommeil.Sir
ChartesHettrend comptede ce tait en supposantquecertains
muscles sont plus que d'autres soumis au contrôlede la vo-
lonté. D'âpres le professeur Uonders, cette explicationfMt
inexacte. Puisque les yeuxse rctevcnt fréquemment,danslu
prière, sans que l'esprit soit assez absorbé dansses pensées
pour approcherde l'état de non-conscioucequi caractérisele
sommei!,il est probableque tour mouvement est purementconventionnelet resutte de la vut~airc croyanceque le ciel,
demeurede la puissancedivine &laquelle s'adressata prière,est ptac~au-dessusde nous.
Uneposture humble, ag'cnouittec, les br&sretcveset les
mainsjointes, nous paraissent, par l'effetd'une longue habi-
tude, s'approprier s! parfnitoncnt t'Mpt'e~ionde Japieté,
(pt'oti pourMUtct'oir<'cette attitude intlae; toutefoisJHM'eu
rencontre aucune tt'acc dans diversesraces hutuuincst'xtKt-
cMropécntMS.H nepnt'attpas non plus (}ucles Romains,pen-dant t&période c!assiqucde !cm' histoire, eussentt'htthitudt'
de joindre les mains pour priet' je m'appuie ici sur
UtM'autorité pat'faitoncnt compétente. M.Henstei~h\Ved~-
a< T/M;~Mf<<om~<Rept'e<MMM,p.t0~ et MtA~Mc~ï'f«MMc(~M,<823,p.<82.
2M ËXP~RMtON OB LA t'tÉTE.
wood a donné probabtcment i'expncation vt'aiCtt'n auppo-
sant que t'attitudc CMquestion et eeHc d'une stonmi~tton <wp-
vHe « Lût~ue le ~uppHnnt, dH<H, s'agenottUte, t&ve Ïes
bM~~jwntt~ m&inH.tt représente MH&~,~n~tpr.9~Y~
«oanusaton absotne en Uvraot ses mains &!ier <tn vatnquem'.
C'est ta r<'pr6sentaHon <h) mot i<tt<n ~re maMMs, qui sijs'nMte
se somnettre. Ainsi n! les yeux ievés vers te eiet ni les
Mxuns jointes sous t'iuNHoucc df's sentiment pteux ne sont
protMtbiHtncnt des actes innés on \6rH(tb!emcnt exprcssih;
dn t'cste U devait en ôtre <t!nsi, cari! est très douteux qncles
hommes noK civitiscs des anciens Ages aient été suseeptiMes
d'éprouver de!! sentiments analogue*! A t'eux <~te nousc!<Mt-
sons dans cette catégorie.
37. T~ Ot'tow <~ LoMgM'~e,<MO, p. tt6. M.Ty!or(Eaf~ H<!t<~
of JM«Mt)Md,2' 6dK., 1870, p. t8) attribue une origine p<M&comptoxe à !a
post«on des matna pendant ta pntre.
CftAMTRElX
M~ft-KKtOK.MÈC<TAT<OX.MAUVAtSHttUMHCH. KOUt)HMK.
tt~MStOK.
FrullCUQllIlI1.dossourcil., pëpextoul'u:eOllll13gnéed'elrortaudESla1!OI'C811UOIIFMMcementdoaMurcUs.R6Neïtm<a<!eo)M)M!!tt6ed'etfortoud<:h ))eroepUottd'axeehOMdtMetteoudëMgrdabtc.~MdttattMtaMtratte. MauvatMht).
moue. MoMttM.ObtMaaUon.tMwtorte.moue. néctaiottoud~erMttxatton. ()cctt<a)ot)éner~Medela)M*u<'h'
La contraction des sonrci!icrs abaiss<'les sourcus et !cs
rappt'ochcl'un (te tantrc, en produisantsur te front les rides
verttcaîesqu'on désigne souste nomdp~rcMc~meM~des~oureth.
Sir C, Ben, qui ct'oynitAtort que le som'ctuc'rest particunerà l'espèce humaine, le considérait comme « le ptus remar-
quabledes mnsch'sdu visagehumain, Il contracte tes sourcils
avecun enort énct'p'ique,qui cxprituc ta t~ttexion,d'une ma-
nière inexplicable, mais frappante Et aittcurs it ajoute« Lorsque les sourcils sont fronces~ l'énergie intellectuelle
est rendue apparente, et itse produit abr~une expressionoù
sepeignent&la fois la pcnscf et l'émotionhumaineset labru-
talité farouchede t'animai'. Il y a beaucoupde vrai dans
<.Aî«t<<MM~o/J~pn'MtOM,p. <a7-t3H.Il n'eatpasétonnantque lesMure!)!erBsesoientdcve!oppesbeaucouppluschezt'honxnequechezles
singosanthrepoldes,caril lesfa!tag!rmeessammentet danslesotcons-tancestcsptusvarices;aussiont<i!sditsefortincrpart'UMgc,etcecarac-tërca dû setransmettrepart'hér~dite.Kousavonsvut'tntportanceduWMequ'ttsjouent,deconcertaveclesmusclesorbicutaires,et)protégeanttesyeuxcontrelesdangersd'unaMu<sanguintropconi'Merabtepen-dantdeviolentsmouvementsd'etpiration.Lorsquetesyeuxsefermentavectoutetavitesseetla forcepossibles,parexemptepouresquiveruncoup,lessourcilierssecontractent.CtMïtes sauvageset engénérâtcheztes
'M)< KRPLEX!~N.
ces remarques,maisnontoute la vérité. Ledocteur MMchenne
etappelé le sourcitier le musclede la rénexKM~ mais cette
quahucation ne peut être considérée commeexacte qu'aveccertaines restrictions.
Supposottsun hommeabsorbé dans !es pensées ïfs plus
protondes son sourci! peut rester immobilejnsqu'tm mo-
tNentoit il rencontrp~p<ci<ptcobttacto datMla suito de son
t'aisonttctncnt,ou jusqu'à cf ~u't! soit tfouMépar une intcf-
t'ttption;Acetinstant, Mnfroncementpassecomtnc une ombre
sur sonfront. Unhommeaffameréfléchit pt'ofondetnfnt at~
moyens do se procurer A manget'; mais, en ~neral, il ne
fronce!c ttOHt'cH(lues'il se trouveeu présencede que!<p<cdit-
Ncutté,soitdans le pt'q)et,soitdans t'cxecution. ou s'il h'ouvc
mauvaisela nout'rHurRqu'i!Mobtenue. J'ai t'emarqué, chez
pfesque tout ïc monde,qu'on fronceinstantanément lessour-
cils, si FonvientAt'cncontrcr.<'nmangeant, quelque saveur
<;tt'ang'condésagréable.Je priai un jour ptusienrs personnes,sans Icuf cxptiquer dans quel but, de prêter l'oreille A un
bt'uit tr~sh'~ct', dont Ja nature et ta sourceleur étaient par-faitementconnues; aucuned'cttps ne fronça !c sourcil mais
un individuquiarrivasur cest'nh'efaites,et qui ne pouvait con-
cevoir ce quenous faisionstousdans Icplus profond silence,
prié a son tour d'écouter,fronça énergiquement ses sourcils,bien qu'il ne fut pasdemauvaisehumeur, en disant qu'il ne
comprenait pas ce qoe nouscherchions.t~edocteur Pidcrit~,
honuMesdont la (ctc restehab!tue!tcmentdccouvfrtc, )es sourcilssont
continuellementabatMeset contracta pour abriter les yeuxcontreune
lumièretrop\!ve; ce mouvement,cf~ctuecf partiepar les soMrcincM,a
dAdevenirparHcuHcMn~otutile auxancêtresprimitifsde l'hommelors.
'tu'H8ontcommcncc&at!bctcr)astat!onvcrucate.Le protcsseMrDonders
a émis)'<!cemmentt'optnionque les soutcHiersag!Mentpour pousserle
globede !'a!Hon avantdanst'accommodaHonpourla vision rapprochée.(ArcA.o~JMc~c.,éd. de L.Béate,<~ vol.V,p. 94.)
2. afëMM~taede la P/t~fûMcmteA«tMatMe,Album,te~endeHt.
3.Jft'HttX<M<!PAy~Mcm!A,s. t6.
n~LEXtON
>
a:w
qui a pubhédesob~rvationsMurle mêmephénomène,ajoute
que les bcguesfroncentgénéralement lessourcHsen parlant,et qu'onenfaitautant d'ordinair*'entirant ses bottes,si f'elles-
ci sont tropserrées. Quelquespersonnesont cette habitude si
invë~ce quelc s!mptt' ef~rt<~ !ap~
jours pourprovoquer chez ellescemouvement.
D'aprèsles réponses que j'ai reçues & mes questions, les
hommesdetoutes racesfroncent lessourcilsquand ilsont l'es-
prit perplexepour une cause quelconque maisje dois avouer
que cesquestionsétaient mol rédigées, car j'avais confondu
la simpleméditationavec la perplexité.Néanmoinsil est cer-
tain que lesAustraliens~les Matais,les Hindouset les Cafres
du sudde l'Afriquefroncent les sourcilslorsqu'ilssont embar-
rassés.DobritxhoOerfait remarquer que les (iuarinisde l'A-
mériquedu Sud agissent de mêmedans les mêmescircons-
tances~.
Desconsidérationsprécédentesnous pouvonsconclurequele froncementdes sourcils n'exprime pas la simple réflexion
ni l'attention, quelque profondesousoutenuesqu'ellessoient,maisbienune difficultéou uu obstaclerencontrédansla suite
des penséesoudans l'action. Cependant, commeil est rare
qu'uneméditationprofonde puisseêtre poursuivielongtempssansquelquedifficulté,elle s'accompagneengénéral du fron-
cementdessourcils.C'estpourquoi ce froncementdonnehabi-
tuellementAla physionomie, suivant la remarque de Sir C.
Bell, une expressiond'énergie intellectuelle.Mais,pour quecet effetpuissese produire, le regard doit être clair et fixe,ou bien dirigé en bas, ce (luia lieu en elfel souvent dans la
réflexionprofonde.La physionomiene doit pas être troublée
par autre chose,commedansle casd'un hommede mauvaise
humeur ou chagrin, ou d'un homme qui manifesteles effets
4. ~<<<M'~o~the.AAtpMM,trad.angl.,vol.M,p. 59,citéparLubboctt,Of~H< C~tM~ca, 1870,p.3SS.
~0 MKFLEXtO~
d'une souffranceprotongee, le regan! éteint et la mâchoire
pendante, nu qui Mncontreuae saveur désagréable dams sa
nourriture, ouenfinqui trouvequelquedifnculté à accomplir
Mnacte mnmtieux,par à enfiler une aiguille. DatM
les conditions ci-dessus. on voit souvent paraître un froo-
cement d<' sourcils;mais il est accompagné par quelqueautre expressionqui écarte entièrement de la physionomietoute apparence d'énergie inteUectu~tt;ou de réflexion pro-fonde.
Nouspouvonsmaintenantnousdetnandercotnmentil se fait
qu'unfroncenx'htdesourcttspuisMexprimer idée dequelque.chose de difnctic ou de dosagreahte,penséeou action. Dans
l'étude <!esmouvementsde l'expression,il convientd'adopter,autant que possible,la méthodedes naturalistes, qui jugentnécessairede suivre le développementemhryonnait'c d'un
organe afin d'en comprendreparfaitement !a structure. La
première expression,!« seuleApfu pr<*squi soit visible pen-dant les pt'enueMJoHrsde l'enfance,ou elle apparaHsouvent,estcellequi semanifestependantles cris. Or,dansle premier
Ageet quelquetempsaprès, lescris sont excitéspar toute sen-
sation. toute émotiondouloureuseou déplaisante, comme la
faim,la souffrance,la colère, la jalousie, la crainte, etc. Mans
cesmoments-la,lesmusclesqui entourent lesyeuxsont forte-
mentcontractes,et ce fait explique,je crois, en grande partiele froncementdes sourcils (luipersiste pendant le reste de
notre vie. J'ai observéà plusieursreprises mes propres en-
fants, &partir de huit jours jusqu'à l'âge de deux ou trois
mois.ci j'ai remarquaque, lorsqu'unecrise de pleurs surve-
nait g'raducUentfnt,le premier signevisibleétait la contrac.
tion des sourciliers, qui produisait un léger froncement,
promptementsuivide la contractiondes autres muscles qui"ntourent lesyeux.Lorsqu'unenfantest inquiet ousouffrant,
j'ai constaté que de légers froncements de sourcils passentconstammentsur sonvisagecommedes ombres. Ils sont d'or-
~KFt.t!XiON. Mt
tC
dinaire suivis tôt outard d'une crisede pleurs; celan'arrive
pourtant pas toujours.Par exemple, j'ai souvent observéun
baby de'sept &huit semâmes, pendant qu'il suçaitdu lait
froid, qui devait évidemment lui déplâtre. Pendanttout ce
temps, un froncementde sourcils te~cr, mais bien caracté-`:
risé, ne quittait pas sonvisage; je ne l'ai pourtant pasvudé-
générer en une crise de pleurs, bien qu'on pût remarquer
par moments les diverses phases qui en annonçaient l'ap-
proche.Cettehabitude decontracterles sourcils,au conuncoccment
de chaquecrise de pleurs et de cris, s'étant maintenuecitez
les petits enfants pendant des générationsinnombrables, a
fini pars'associerfortcmenta la sensationnaissantedequelquechose de douloureuxet de désagréable, tte 1Avient que,dans lescirconstancesanalogues, cette habitude peut se con-
server pendant Fag-emût', bien qu'elle ne dégénère alorsja-mais en crise de pleurs.Oncommencede bonneheuredans
la vie Aretenir lescris et lespleurs, tandisqu'on noréprime
i~uèrele froncementdessourcilsaiaucun a~re.!1estpeut-êtrebon de remarquer que, chez les enfantsqui ont lespleurs ta-
ciles, la moindre inquiétude provoque immédiatement les
larmes, tandis que cette inquiétude n'occasionneraitqu'un
simple froncementde sourcils chez la plupart des autresen-
tants. Il en est de même dans certaines formesd'aliénation
mentale le moindre effort d'esprit donne lieu Ades pleursincoercibles,tandisqu'il n'amènerait qu'un simplefroncement
de sourcilschez un sujet ordinaire. Sil'habitude de contrac-
ter nos sourcils, quand nous nous trouvons brusquementen face d'une. impressionpénible quelconque, bienqueprisedans l'enfance, se conservependant le reste de notre vie, il
n'y a rien là qui doive nous étonner particulifrenient; ne
voyons-nouspas beaucoup d'autres habitudes associées,ac-
quisesdans lejeune a~e, persisterd'unemanièrepermanente,chez l'homme et lesanimaux? Onvoitsouvent, par exemple,
'I!
9<3 H~EXtOK.
les chats adultes, lorsftu'ilséprouventune sensationde bien-
être et de chaleur, étendre ettcofe leurs pattes de devant
en faisant saillir leurs griffes,habitude Alaquelle ils se ti-
rpa~nt dans nnbnt dé(;mlorsqa'ils tet&MntiLem'm~i'e.Une cause d'un autre ordre a probablement fot'tinéencore
l'habitude do froncer les sourcilstoutes les foisque l'esprit
s'applique à quelque sujet on se trouve en face de quelquedifneulté.Detous les sens, la vueest le plus Important aux
époques primitivet, l<tplus grande attention dut ôtt'o sans
cesse dirigée vers les objets éloignes,soit dans le but do <M*
procurer une proie, soit dans celui d'évitef un danger. Je
me rappeHenvoif été frappe, pondantmes voyageadans cer-
tainesparties de l'Amériquedu Sudque la présenced'Indiens
rendait dangereuses, do la persistance avec laquelle les
Gauchos,demi-sauvages,examinaientattentivement tous les
pointsde l'horizon, instinctivementen quelque sorte et sans
paraître en avoir conscience.Or, lorsqu'un individu ayant la
tête découverte (ce qui a dit être la condition primitive de
l'homme) s'en'orcede distingueren plein jour, surtout si teciel est brillant, un objetéloigné,il contracte presqueinvari&-
blement ses sourcils, pour empêcher l'accès d'une lumière
excessive;en mêmetempsla paupière inférieure, les joues et
la lèvre supérieurese soulèventde manière Aamoindrir l'ou-
verture des paupières. J'ai demandé, avec intention, à plu-sieurs personnes,jeunes et Agées,de t'e~rat'dcr,dans les cir-
constancesmentionnées ci*dcssus,des o!~e<séloignés, en
leur laissantcroire que mon but était uniquement d'éprouverleur vue toutesse sontcomportéescommeje viensde l'indi-
quer. Quelques-unesse sontserviesausside leur mainouverte
pour abriter leurs yeuxcontreun excèsde lumière. Cratiolet.
après avoir rapporte quelquesobservationsdu même~enro
s;.1k&tP6yaio~aom~c,p.f f:ii,14~i. â!.tfcrbertSNeaceretpliqualoS.Det<tPAy<~MM!Mt<p.<S,tH, )4C. M.HetbertSpenceretphqueteconcernentdes sourcilseMtUHVcntcntpart'habttudeque nousavons
B<t~RX«)K M~
ajoute «Cesontta desattitudesde visiondiHicite. Hconclut
que tes musclespéri~ocntairesse contractent en partie pourexclure t'exc&sde lumière (ce qui me parait on effet le point
toptus~mpo~~)~ .eup~d¡e.p-ou~'p~l'mettro,aux,soQlsl'aYQl)s.
provenantdirectemcntde l'objetexaminéde frapper ta rétine.
M.Bowman.que j'ai consultéAce sujet, penseque ia contrac-
tion de ces muscles « peut en outre venir plus ou moins <'n
aide aux mouvementssynergiques des deux yeux, en leur
donnant un point d'appui plus fixe, tandis que tes musclesde
l'orbite mettent les globes en position pour la vision binocu-
laire
Commec'est un effort Ala fois difficile et pénible que de
re~aMterattentivement,en pleine tumiere, un objet étoi~né,comme cet effort s'est, habituel temcntaccompagné pendantune suite de générations innombrables de la contractiondes
sourcits, cette contraction a dA passer A l'état d'habitude
fortement enracinée; et cependant son origine est dansdes
phénomènesd'un tout autre ordre c'est dansl'enfance qu'Hfaut la chercher, et elle a constitue d'abord un premier
moyen deprotectionpour les organesde ta vision pendanttes
cris. Il existeaaremcnt une grande analogie, au point de vue
de Fêtât de l'esprit,entre i examenattentif d'unobjet éteigne,la suite d'un enchaînementcompliquéde pensées, et l'exécu-
tion de quelque travail mécaniqueminutieuxet difficile.L'o-
pinion que l'habitude de contracter les sourcil se perpétuealors n~me qu'il n'est plus besoin d'exclure un excèsde lu-
mièreestconfirméepar certainscas que nousavonscitésplus
haut, et danslesquelstessourcits ou les paupièressont misen
mouvement,sans nécessité,en vertu de cette seule cause quecesorganesont été misantérieurement en jeu, dans des cir-
constancesanalogues, dans un but utile. t'ar exempte, nous
detescontracterafinde faireombreauxyeuxet de les protégercontreunelumièretrop ectatante.VoirPrttMtpfMof~cAo~y.~edtt.,<8?~p.SM.
Mt MKt)tTAT)0~.
fermonsvolontairement lesyeux quand nousvoulons ne paavoir unobjet, et nonssommesenctinsAtesfermeraussiquandnousrejetonsune proposition, commesi nousne pouvions ou
ne voM~onspa~ht Vôn'nM~ encore quand MouspensonsAquelquechosequi nous fait horreur. Dem<~mcnousélevons
nos sourcilsquand nousvoulonsregarder rapidement tout an-
tour de nous, et nousexécutonssouventJemêmemouvement
quand nous faisonseffort pour rappeh't' nossouvenirs; nous
agissonsalorscommesi notre recard pouvaitles chercher et
!es découvrir.
~M<fac~MM,tMpJ«a<tOM.t~orsquenotre esprit distrait est
absorbé dans ses pensées, lorsquenoussommes,commeon
le dit quelquefois, «perdus dansune. sombre rêverie ~oos
sourcils ne se froncentpas. mais notre regard semble errer
danste vide; les paupières infërieuresse retient en ~rén~'al
<'t se rident, commechez un individu myope qui fait eBbt't
pour distinguer un objet cïoignc; en mêmetctnps la partie
supérieure des nutsc!esorbicuiaircs se contractelégèrement.Le plissementdes paupières inférieuresdans cescirconstan-
ces a <'t6observechcxcertnins sauvages M.Dysontjacyt'a
constatéchez les Austratiens de Que<*ns!and,et M.'*eachra
souvent remarqué chez !csMa!aisde !'intérieurdc MaJacca.
Ucst impossiblejusqu'à présent d'en déterminer la causeou
la signification; remarquons seulementque nous trouvonslà
un nouvel exempted'un mouvement des musclespéri-ocu-laires ayant un rapport déterminé avec un état spécial de
l'esprit.
~expression vide du regard <'sttrès particulière; cUein-
dique immédiatement qu'un homme est absorbé dans ses
pensées. LeprofesseurUonders,Amademande, a bien voulu,
avec sa gracieusetéhabtiuct!e,étudier soigneusementcettr
question il a examinéc<'itoexpressionchezun certain nom-
bre de personnes,et il s'est soumistui-mcmcaux observations
MentT~Tt~. ~s
du professeur Kngcimann.tlparaît queles yeux, an lieu de se
fixer sur unobjetéloigné,commeje l'avais cru, no régalentalor!)aucun pointprécis.Souvent même les axes visuelsdes
douxglobes deviennent légèrement divergents cette diver-
gencepcutaÙer.la tête étant tenue vcrt!ëa!t'th6htet te p!nnde tftvMonétant horizontal,jusqu'à unangle maximumde 2".
(ht s'en est assuré en otjservantqu'un objet éloigné donne
alors une imagedoub!oet croisée.h arrive h'dquemtnentque,
lorsqu'unhommeest ntMOt'bédanssespensées,sa tctc M;pen-che en avant par suite de la résolutiongénérale des muscles
dansce cas,site plan visuelreste encorehorizontal, tes yeuxsont nécessairementun peu tournes eu haut, et alors la di-
vergence atteint 3*'ou :)*5~;si l'Élévationdes yeux est en-
core plus considérable, la divergence va de 6'*à *f*.Le pro-fesseur Dondersattribue cette divergence au relâchement
presque completde certains des muscles doityeux, lequelrésulterait de la contentionexcessivede l'esprit~. En etfet,
lorsque les musclesde l'œil agissent, les globes sont conver-
gents. Le professeur ttonders fait remarquer, a propos de
leur divergente dans le cas particuticr qui nous occupe,
qu'un oeil devenu aveugle se dévie presque toujours en
dehors au bout de peu de temps en eIFft, les muscles
(lui servent normalement à ramener le globe en dedans
pour permettre la vision binoculaire ne sont plus em-
ployés.La réflexion perplexes'accompagne souvent de certains
mouvements,de certainsgestes. C'estainsi, par exemple,quela main se porte soitau front, soit a ta bouche, soit au men-
ton. Je n'ai jamais rien observé d'analogue, au contraire,
lorsqu'on est simplementplongé dans une profonde médita-
)}.Gratioletremarque(JW«f'Ay<p.3~que,« toMquol'attentionest()MCsurquelqueimage!ntericurc,t'a!ttregardedanslevideets'associeautomatiquement&lacontemplationde l'esprit C'està peine,a vrai<t!rc,sicetteremarqueméritele nomd'Mptication.
M MAUVAtSKMUMKUM.
lion, sans rencontreraucune difMcutté.t'tautc, décrivantdans
une de scscomédtes~un hommeembarrasse,dit « VoyoK*le donc, le menton appuyé sut*sa main. Cemêmegcst<si
t~Ot P9UMigntHcattfen apparence, qutco a porterla main au visage, a étc retrouvé chez certains sauvages.M..t. MansciWctttcl'a observé ctK'xtes Cafresdu sud de J'A-
frique, et le chefindigène Caïkaraconteque, «dans co$cir-
constances,Ussetirent quelquefoisla barbe M.Washington
Matthcws, (lui a étudia quelques-unes des tribus indiennes
h's plus sauvages <!csrégions occidentatpsdes États-Unis,
fait rentat'qMet'qu'Ha vu ces Indiensmettr'" !<*urmain, et le
plus oKtinah'emontto pouce et l'index,en contact avecquel-
que partie de b'm' visage,le plussouventavecla Icvrcsupé-
rieure, alors qu'ils s'absot'baient dans tours pensées. Si l'on
peut comprendrepourquoi l'on se comprimeou l'on sefrotte
le front, tandis qu'une pensée profonde travaille le cerveau,
il est beaucoup moins ïacitc d'cxp!iquer pourquoion portela mainAia boucheouau visage.
~ftMMW/tuMMMr.Nousavonsvuque !e froncementdes
sourcilsest le mouvementexpressifqui se produitnaturcuc-
ment lorsque se rencontre quctquc difficulté, lorsqu'il sur-
vient que!qne penséeou quelque sensationdésagréable; une
personne (lui est souvent exposéeà des impressionsde ce
genre et qui s'y iivrc tacitement sera prédisposéeAêtre de
mauvaise humeur, irritabte. malgracieuse, et manifestera
cet état de son espritpar un froncementdessourcilshabitue!.
Cependant!'expressionmausMdequiresuttede ce froncement
peut ôtn' ucutratisecpar la douceexpressiond'uneboucheha-
bitueUcmcnt sourianteet par des yeuxbrillants et cloués.Il.en est de m<&)wsi le regard estclair et résoh),ta physiono-mie sérieuseet renéchie. !~efroncementdes soureik. accom-
7. M~MC~r~Mtact.Il,se.«.
MAUVA!8BMUMBUM. M?
pagne de ta déprcsstondes coinsdû laLouche, sij~nedu cha-
grin, donne un ah*bourru. t~orsqu'unenfant (voir~OMcAe!V,
fig. 3) fronceénergiqucmentsessoutfik en pleurant, san'<
contracter fortement, comme d'habitude, tes musclesorbi-
f'utau'es. sa n~urf premî nue expression Mcn tnafqnce deootÈMet mêmede rage, metéedesouH'rancc.
Qnandle soMK'Use fronceet s'abaisse en mctn<;tetnps for-
tetnont, paf~coatrncHca d<?stnusctespyramidauxdu Mz,ce qui produit d<~ridesouplis tfaoavcrstHtxA basede cet
organe, rexpre~ion traduit une hnmcut'morose. t<edoc-
feMfDuchennepenseque litcontractionde cesmusctcsdonne
une expression marquée de dureté a~rossive~.alors mente
<ju*cMen'est pas accompagnéedit ft'oncemcnt des sourcil.
Maî~jedoulobeaucoup que ce soit là une expressionvraie
ou naturelle. J'ai montré Aonze personnes, dont ({uctques
urttstcs, une photographiede M.nuchcnne ropréMatant Mn
,jeune hommechez lequel i<'spyramidaux étaient fortement
contractes par l'actionde !'6tectricit6 aucune ne put se ren-
dre comptede ce quecetteexpK'~ion«i~rniSait,AJ'cxcepfioM
d'une jeune fille, <;uiydécouvritavec sagacité une médi-
tation chagrine t~rsque je vis moi-même cette photo-
graphM pour ia premièrefois, sachant ce qu'cHcsignifiait,tnon imagination y ajouta, je crois, ce qui lui manquait,c'est-A-dircle plissementdu front, et d~slors rexpression tMe
parut vraieet extrêmementmorose.
Hes lèvresserrées,en mêmetempsque dessourcilsabaisses
<'t froncëft,pr&tentAta physionomieun air de décisionet par-fois ausst la rendent renfrognée et maussade.Pourquoil'oc-
clusionénergiquede la bouchedonne-t-ellecette expression
H.la photographieoriginale,parM.Kin<iern<ann,estbeaucoupptusexpressivequecettecop!e,parcequ'onydMtingueptuonettementleplissementdufront.
!t.JM~MM~mede laPhysionomieAMMaMM,~t&MM,légendetV,fig. <«-<8.
~a MOUMKtK.
d'obstïnation? Nousdiscuteronscettequestiontout&l'heMpc
!/exp!~ssionde !'obstinationchagrine a été Ma nettement
reconnuepar mes correspondantschez les naturelsdesixré-
gions dtBMrcniesde i'AustHdic.Mt'aprcsM.Scott, eHeest bien
marquet' chez les Hindous.On i arencootréechez!cs Motets.
t<*sChinois,les Cafres,tes AbyMtos,et on la tfouvea un de~ré
remarquable chez les stmvM~esde rAmert~uedu Nord,d'u-
pr~sle docteur Hotht'ock,ainsi que chezles Aymat'asdo Bo-
livi~t~,cl'uiyrus1t. 1). 1;r"orlres.dc l'nï bgalomentolysc~rv~sQchextivijc, d'aprèsM.D. Forhes. Je t'<u egatotnentobset'vécchez
tes Arancaniens du ChUintéridtonat. M. !)vsonLacya re-
m)Mt;H)5que les {ndi~èncsaustraliens,sousl'influencedecette
d!sp<t~!t!oMd'esprit, cfoisent fptctquefoistout"}bt'as sur leur
poitrine, attitude que l'on voit aussi parfoischeznous. Une
formedétct'tninatioM,allant jus~n'Arent&tetMGnt,s'oxpnmeaussi dans certains cas par l'e~vation pe<'sistantedes deux
«pautes, ~estedont nouscxpïifptcroasla significationdaBHh*
chapitre suivant.
t~'sjcnnes enfants i~moig'nentnnehtttneut'boudeuse eM
/<!«OM~famoue.Quandles coinsdela bouchesonttrèsabaissés.
ïa lèvre infot'ifuro$6fenverse et s'avanceun peu cette dis-
positionconstituecgatemcntune sortede moue.Mais!a vati6t6
de moueduatjc veuxparlerici consistedansl'avancementdes
deux lèvres enformede tube, avancement(pu leur fait attein-
dre partbM le niveau du bout dn nex, torsque cehM-dest
petit. Cettemoue s'accotnpagneordinairementdu froncenM;nt
des soaMik,et quelquefoisde l'ëmissioMd'unbruit particu-lier. Cettf expressionest remarquahte en ce qu'elleest a peu
pf~ ta setde. à niaconnais~ncc, qui se manifesteplus nette-
ment pendant L'enfanceque pendantl'âge mur, nu moins
t'hez !es Européens.Uans toutesles races cependant,les adul-
tes ont quelque tendance a avancerleslèvresquand ils sont
sousl'influence d'une grande eotere. Certainsenfants font
la moue par timidité; mais on ne peut guère appliquerAce
casparticnticr ta qualiticationdebouderie.
ROUOKtKK. Z4C
D'âpre les infot'm'dionsquej'ai prisesdans diversesfamU-
les très nombreuses,ta moueneparaît paschosefort commune
citez les enfantseuropéens;mais ette existe dans le monde
entier, et il est probable qu'ettc est très répandue et très
marquée chezta phtpartJt's races sauvages,car cttc a frapparattention d ung~randnombred'observateurs.On l'a remar-
quée da<Mhuit districts différents de l'Austratie, et la per-sonne de qui je tiens cesrenseignementsme disait qu'ette a
éM frappéedeJ'aHong~ntentdont jet)lèvres dos enfants sont
susceptiMesdanscesoccasions.Henxobservateursont retrouvé
la moueenfantinecheztesHindous;trois, chcxles Cafres,les
Fingos dn sud de l'Afriqueet les Mottentots;deux, chez les
tndicns sauvagesde rAmëriqnc septentrionale.<hti'a aussi
ottservee chez iesChinois,les Abyssins,les MataisdeMatacca,
les DyaksdeBornéo,et souventchezles indigènesde la Nou-
vcUe-Xétande.M.MansetWealem'apprend qu'il a vu un al-
ton~ement trèsprononcédes lèvreschez les Catrcs, non scn.
tctMcntsur les enfants,maisencoresur les adultes des deux
sexes. lorsqu'ilsétaientde mauvaise humeur. M.Stactta fait
quciqnefois ta même ot)scrvaiu)Mchez les hotmnes et tr~s
fréquemment chezlesfemmesde la Nouvetic-Xetande.Knnn,chez l'adulte européen tui-mcme,on reconnait parfois des
traces decette mêmeexpression.Ainsion voit que t'attongcmentdes lèvres, chez l'enfant
~n particulier,est un signe caractéristique de ia mauvaise
humeur, communà ta plupart des races humaines. Cemou-
vement résulte apparemment,surtoutpendant tajeuncsse~du
souvenir d'une habitudeprimiliveou d'un retour momentané
vers cettehabitude. Lesjcum's orangs-outangset les jeunes
chimpanzésattendent extrêmementleurs lèvres, commenous
l'avons vu précédemment,lorsqu'ilssont mécontents. légère-ment irrités ou de mauvaisehumeur; une surprise un peud'etfroietmctnc unelégère satisfactionlesfont agir de même.
Usattongeutators la t<'vr<sansdouteafiude pouvoir émettre
-!M ROUDMUK.
lesdivers sonspMtpres& ces différents états de l'esprit. La
lortuede la bouche, comnteje l'ai dit, diuerc tr&spell clwx
le chimpanzé,qu'il s'hisse de cris deplaisir ou de cris de co-
lère. Maisaussit~que~anitHM~entMeafureur, la. for~e~sa houch<*change entièrement, et !esdents sont misesà dé-
couvert.Il parait que lorsquel'orang-outang adulte est blessé,Il il pousse un cri singulier, qui con~ncncepM des notes
aigufsct se tcrMineen un mug!ssementsourd; pendant qu'i!émetles notes étcvécs, it avance les lèvres en forme d'en-
tonnoir, mais quand il arrive aux sons graves, il tiantla
houchegrande ouverte'" t! parait quetaievre infërieufe
du poMUcest susccptiMed'un très gr&nd aUongement.Si
noMsadmettons que nos ancêtres senu-Itumains avançaientleurs lèvres, quand ils étaient maussades ou un peu irrites~
commeh'!font actucllenumt les singes anthropoïdes,il n'y a
rien d'inoxpucabte &ce que nos enfants, sous l'influence
d'itupressions analogues, nous présentent des traces de la
tnemeexpression, en tnéutc temps qu'une tendanceAémet-
tre certains sons; cela n'est plus qu'un fait curieux. Il n'est
pasrare, en effet, de voir tes animaux retenir d'une manière
plus ou moinsparfaite pendant leur jeune Age,pour les per-dre plus tard, certains caractères qui ont originairementap-
partenu A leurs nucëtres adultes, et qu'on retrouve encore
dans d'autres espfecsdistinctes, leurs prochesparentes.tt es~naturelaussi que les enfants des sauvagesmanifestent
une tendanceplus forte A allonger leurs. tevres. lorsqu'ilsboudent, que les enfants des Européenscivilisés;car la ca-
ractéristiquede létat sauvage semble résider précisémentdans cette conservationd'un état primitif, conservationquise manifeste tnAmeparfois dans les qualités physiques". On
pourrait pourtant oh}ectcr A cette manièrede voir snr l'ori-
tO.MaUer,citeparMux!ey,jf«M'aMaccM<~a<K~,<8< p. M.H. J'enaidonnéplusieursexemplesdansmaDeM~xtccdefAeMme
(~$L chap.IV).
DJÈCtStON. :&<
gine de la moue, que les singesanthropoïdesallongent égn-jement leurs lèvressous !'inHU<!necdo Ï'atonnement et m&Mo
d'une légère satisfaction; chez l'hommean contraire, cette
cxpresMonn'apparaHen générâtque Iors<p)'itestde mauvaisehumeur. Maisnousverruas, dans un dos chapitres suivante
que, daas certainesraceshnntmues.ia surpriseamëttc quel-foisuaié~r avancementdes lèvres; cependantune vivesur-
prise, tan profond étonnement, se manifestent.plus commu-
nément en laissantla bouche toutegrande ouverte. Un reste,conuMCnous retirons en arrière, dansl'acte durire et du sou-
rire, les coins de notre bouche, nous avonsdtl perttre toute
tendance A avaNcer les tevres aous t'inMucuccdu plaisir, A
supposer que nos ancêtres pt'hnnifsaient pu vraiment expri-mer ainsi leur satisfaction.
Unpetit mouvementqui serencontrechcx!<"<enfants maus-
sades doit encoreêtre mentionne*.Legeste dontje parle a~jt"
crois, une auttf'M~nincationque !ehaussementde«deuxepau-
les. voici en quoi il consiste un enfantqui est de mauvaise
humeur, assis sur ïesgenouxde sonp<'reoude sa m~rc, élève
t'épaule la plus rapprochée de celuiqui ie tient, puis la re-
tire brusquement commepour se soustrairea une caresse, et
donne ensuite une secousseen arriére, commepour repous-ser quelqu'un. J'ai vu un enfant, qui était pourtant assez
éloigné de toute autre personne, exprimerclairementsesscn-
timenb: en levant une de ses épaules, lui imprimant ensuite
«a lé~er mouvem<!nt en arrière, et cnnn détournant tonh's~
pcttte personne.
JOMMtOMCM~cnMtn<r~<oM. L'occlusion énergique d<!i<t
L'Mpressionangiaisecmptoyeeici, ~«xp« coM<AoM<~<'r,!tttera!c-
ntent MOM<<w)WM<~aM~/'t~<J<n'a pasd'éqttivaknt en françah. Tu
<Mnt<Aec<~<ttAoMMcfan «MyOMecorresponda pcMprfs & la tocutiott
&<t«n'/hM'd<)gM~M'MM,qui ne reproduitpasla mêmeimage.
'yofe <<<'<;~'<t~M<(e«M.)
M t~C~tOS.
bouchetend a donner &htphysionomieuneexpressionde dé<
terminationoude décision.Onn'a probablementjamaisVMttn
hommed'un caractère rcsotugarder habituettemcntm tMu-
ch~ OMvert~Ana~i eonsid~p~t-on ~Mé~cmeat~MM~indice de faiblesse tnoratoune mâchoire infërieun' petiteet
faiblequi sembleindtquw que la bouchen'est pnsordinaire-.
mentbienctosc. UneffortpMton~< cJe<jue!qttenatnt'eqK'itsoit, phystquoou intcttcctuot, intptique une détet'tn!natton
prëataMe; si donc il est d~nontréque ta houchese ferme
énct'gtquetncQ~avantctpcndantunexcrctce vtotentctcont!nu
du systëmpmu<!cuta!pt!,en vertudu prihc!pf de l'associationt
citedoitpresqueà coMpsar~ fennerég'a!cmentà!t moment
oùl'on prend une résolution6nerg!quc.Or un grand nombt'e
d'observateursont remarqué que, lorsqu'un homme entre-
prend quct<tucexercicetnuscutaircviolent, il commenceinva-
riablementpar gonftct' d'air ses poumons, qu'i! comprimeensuiteen contractantvigoureusementsfs tnusctesthoraciqueset en maintenant sa bouche exactement fermée. En outre,
quandcet homme est forcé de reprendre hah'ine, il n'en
maintientpas moinssapoitrine aussi dilatée quepossible.On a donne de cette manière d'agir diversesexplications.
Sir C. Met!soutient que, danscescirconstances,on ~onHeta
poitrineet on !a maintient distendue pour fournir nn point
d'appuisolideaux musclesqui s'y attachent. Uetà vient, re-
mar<;ue-t-it.(ptc iorsquedeuxhommessontengagesdans âne
luttéAoutrance. il règneentre eux unsilence terrible, inter-
rompuseulementpar teur respirationpénible et étouttee.Cet
silenceprovientde ce que, enchassantt'ait' pour donnerpas-
safffà quelqueson, itsatmibtiraientle point d'appui desmus-
ctesdcsbras. Si ta lutte a licu aumitieu des ténèbres, et quel'on entende un cri, on est aussitôtaverti que l'un des deux
antagonistesa perdu l'espoir de vaincre.
ta. ~tM'omyc~J~/H'cMton.p.<9C.
oectstox. M
i~nl..1 1:1 l'I.nn.m.. rrrû ,u. InU. ,h,n-D'aprèsGfatiolet l'hommequi veut lutter rioutrancecon-
tre un autre homme, ou qui doit supporterun lourd fardeau,ou bien conserver pendant longtempsune mêmeattitude for-
cée, doiteM'cctivemcntfaired'abord uneforte inspiration,puiscesserdo rospirer; tuais, suivant lu!, l'explication donhëcparSir C. itell serait erronée. Il fait remarquct'qué tout arrêt de
la respirationagit sur la circulationdu sanget laralentit (c'est,
je crois, un fait sur lequel il ne peut subsisteraucun doute);et il invoquecct'tatnespreuvestrèscurieuses, tirées de l'orga-nisation des animaux inférieurspourdémontrerque le ralen-
tissementde la circulationest nécessaireau prolongementde
l'action musculaire, tandis nue l'exécution de mouvements
rapidesexige au contraire unesuractivité de cette fonction.
D'aprèscette manière de voir, quand nous nous disposonsà
faire un grand effort nous fermonsla boucheet nouscessons
de respirer pour ralentir la circulation du sang. Gratiolet
résumeta question en disant « C'estlà la vraie théorie de
Tett'ortcontinu; j'ignore toutefoisjusqu'à quel point cette
théorie est admise par les autres physiologistes.Ledocteur l'iderit Il, a sontour, expliquel'occlusionéner-
gique de la bouche pendant tout enort musculaireviolentde
la manière suivante l'influencede la volontés'étendAd'au-
ttes muscles que ceux qui sont nécessairementmis en ac-
tion par un effortparticulier quelconque il est donc naturel
que les muscles qui servent à la respiration, et ceux de la
bouche,qui sontsi usuellementmis en jeu, soientplus spé-cialement exposés à subir cette inûuence. !I me semble
qu'il doit y avoir quelque chosedevrai dans cette manièrede
voir; car nous avons de la tendance, en accomplissantun
exerciceviolent, à serrer les dentsavecforce, ce qui n'est
pas utilepour empêcherl'expiration,–pendant que lesmus-
clesde la poitrine secontractentvigoureusement.
13.D<« Physionomie,p.<i8-t2i.t4,AftM~MMdf'A~MyHOM~P.7$.
Mt Ï~C!S10N.
Knfin,lorsqu'un hommedoit exécuter une opération déli-
cate,difficile,maisqui n'exige aucune dépense de forces, it
ferme cependantgénéralement h boucheet cessede respirer
pendant u~nMmentTm~aMiin'agttd~cette maniaque pOMf
empêcherles mouvementsde sa poitrine d'entraver ceuxde
sesbras. C'estainsiqu'on voit, par exempte,unepersonnequienfile une aiguille serrer ses lèvres, et mêmesuspendre ?
respirationou respireraussidoucementque p~bte. Lamême
observation!tété Mte, commenousi'avousditprécédemment,sur un jeune chimpanzématade, pendant qu'it s'amusaita tuer
avecsesdoigtsles mouchesqui bourdonnaientsurlescarreaux
de la fenêtre. Kaeffet, tout acte, quelque insignifiantqu'ilsoit. nécessitetoujoursjusqu'à uu certain point, s'il présenteunecertainedinieutté, une décisionpreatabte.
En résumé, il n'y a rien d'improbable ace que lesdiverses
causesmentionnéesci-dessusaient pu intervenir a différents
degrés, soitconjointemont,soit séparément, dau&differentes
occasions. a dû en résulter une habitude invétérée, deve-
nueaujourd'hui dénnitivement héréditaire, de fermer forte-
mentta boucheau début et pendant toute ta durée de tout
effortviolentetprofondeou de touteopérationdélicate. Grâce
au principe de t association,cette habitude doit avoir une
forte tendance&se reproduire lorsque l'esprit vientde pren-dre une résolutionrelativeAquelqueacte particulier, Aquel-
que lignede conduiteAsuivre; et cette tendance peutse ma-
nifester sansqu unacte physiquequelconqueait été ou même
doiveêtreaccompli.C'estainsisans doute que l'occlusionéner-
gique habituellede !a bouchea finipar indiquer la décision
du caMetere; et l'on sait avec quelle facilité la décisiondé-
génèreen obstination.
CHAl'Ï'fhKX.
t)A<SHHT<:<t~K.
Mit))M.tureuf.sesetfetssurt'6<:<Mwt)))e.Acttondetnontrer)MdeuU. fUK'Mrchezlesa)ieM<e.CoMrcet<ttd!«HaMon.leurct(tre9!<t'))<chetles<)fveMe<M*ceah))<naf)K)o.ttteaxetMettetdé< Aethmdedfcou~rladeutcantMed'unseuleMe.
QuandMHimHvidn nous a causé votoutnit'ctnent(juchpn:
tort, Mousaoffenséfrutte nKuu~t'equelconque,OHquandnous
lui attribuonsdes!ntcnt!onshostilesAnotrecgard, nouséprou-vonspourlui de i'antipathtc, quidegén~t'eaisëtneaten haine.
Ccsst'ntimemts,ressentis A un faibtc degré, nes'exprimentdistinctement par aucun mouvement particulier du corpsOMdes traits, si ce n'est peut-être par une certaineraideur
dans l'attitude ou par les caractèresd'une mauvaisehumeur
~ége~'e.Peude gens cependant peuventarrêter longtempsleur
pensée sur une personne hâte sans éprouver et sans laisser
percer au dehors dessignes d'indignationou deeotere.Toute-
fois,si t'oMcnseurest toutAfait infirme, onne ressent(ptcde*dain et mépris. Si, au contraire, l'offenseuresttout-puissant.la hainese transforme en terreur c'estce derniersentiment.
par exempte,qu'éprouve un esclavequi pense&un mattrc
cruel, ou un sauvage qui se représente une divinitématfai-
santeet sangumaire*.Laplupart denos émotionssontsi étroi-
tement liées à leur expression qu'elles nepeuventguère exis-
<.Voirà cesujetlesobservationsdeM.Ma!o,dansTheEtHotwtM«t~tAeWïK,2"~dit.,t~S, p. H7.
MC COh&BK.
ter tantquenotreorganismedemeure inerteet passif, puisquela nature de l'expressiondépendavant tout précisémentde ta
naturedesactesquenousavonshabituellementaccomplissous!'inf!<Mne~dotet ou têt état partieati~pdeFespri~ Far c~em-
pt< unhotnmcpeut savoirquesavieestexposéeau plusgrand
danger et désirer ardemment ta sauver, et dire cependant,commeLouis XVJentouréd'une populace furieuse <' Ai-je
peur? tatez mon pouls. Il Uemctneun homme peut en bair
ardemmentun autre mais,jusqu'au momentoùsonsysMnae
physitjuc s'aticetc et réagit extérieuretnont d'une manière
quelconque,on ne saurait dire que cet hom<neest furieux.
~reMf. Jt'aidéjà eu t'occasionde parler de cetteémotion
dans le chapitre tu, eu montrantl'influencedirectede l'exci-
tation du scnfM'iutttsurTecooomie contbinécavecÏeseNets
d'actes habituellementassociés. fureur se manifestedes fa-
consles plusdiverses. Lectfur et la circntationsonttoujours
impressionnés;Je visagedevientroug'cou pourpre, et tesvei-
nesdu frontet du cou se gonflent.Cetterougeur de la peaua
été observéechezles tndicnscuivrésde t'Amériquedu Sud~,
et môme, pat'att-it, sur les cicatricesbiattctteslaisséessur ta
peau des nègres par d'anciennesblessures Lessingesrou-
gissentaussi de cotere. J'ai ot~servéAplusieursrepriseschez
un de mesenfants, Agédemoinsde quatre mois, que l'afflux
dusang,quirougissait sonpetit crânechauve,était le premier
présaged unaccèsdécolère. Quelquefois,au contraire, ta fu-
reur entrave te fonctionnementdu cu*ur,au point que le vi-
sagedevientpâte et tivide~;on a vu souventdes individusat-
2. Rengger, ~««t~~tA. fftf SoM~t~fCMt~aro~Moy, i<KM),s. 3.
:)'.Sir C.Bet~.~tM<<'myof Rtpn'sttOM,p. OC. LedocteurBargeM
(P~oto~ e~ Bh~A~, i839,p. 3<)signalela rougeurqui, chez une
nëgreMc,se produisait sur une cicatrice sousl'empire de causes mo.rales.
4. Moreauet Gratioletont discutéla couleurdu ~iMgesousi'ihBMencc
OOLÈM. aM
17
feinta de maladies du cœur tomber morts sous le coup de cette
puiaaante émotion.
La respiration est également a~ectée; la poitrine se soulève
et lea narines se diltatent et frémissent~. Tennysonadit « Le
souffle violent de la colore gonuait ses narines de fumée. » <)e
là viennent les expressions respirer la vengeance et fumer de
coMr~.
L'excitation du cerveau communique de la vigueur aux
muscles~ et en même temps affermit la volonté. Le corps est
habituellement maintenu tout droit, prêt Aagir: parfois pour-
tant il est courbé vers l'agresseur, et les membres sont plus ou
moins raidis. Ordinairement la bouche, exactement fermée,
exprime une détermination arrêtée et les dents sont serrées ou
frottent les unes contre les autres. Fréquemment les bras se
soulèvent et les poings se ferment, comme pour frapper un
agresseur. Lorsqu'on est très irrité et que l'on somme quel-
qu'un de sortir, on peut rarement s'empêcher de faire le geste
de le frapper ou de le pousser dehors avec violence. Bien plus,
d'une colèreintense.Voir t'éditionde<?? de Lavater, vol. tv, p. 282
et 300,et Gratiolet,De&tF&y«<MMm~,p.346.
B. Sir C. Bâti(AtM~oMy(~BpreMtM, p. 9t*<0?)a longuementtraité
cette.question. Moreau fait remarquer(dans l'éditionde <MOde la
PA~Mont<e,par G.Lavater, voLtv, p.237), en s'appuyantaur t'aato-
rité de Portal, que lesasthmatiques6n!sentpar présenterunedilatation
permanentede~ narines par suitede la contractionhabituellodes mus-
cles éMvateuMde l'aile du nez. Le docteur Piderit (M<m<AMM<t
PAjy<<ogtMm)f~s. 82)explique la dilatationdes narinesen disant qu'ellea pour but de permettre la reaptration,tandisque la boucheest fermée
et lesdents serrées; cette explicationneme paraitpasaussi bonnequecelle de SirC. Bell, qui attribue cet état ta sympathie(c'est'a.dife &
une synergiebabitueMe)de tous les musclesrespiratoires.Onpeut voir
un homme en colèredilater ses narines, quoiqu'ilait la boucheou-
verte.
6. M.Wedgwood(On <A<Or~<no/ Language,<M~ p. 76)fait egate-ment observerque le son produitpar uneexpirationbrusqueest rendu
par tes syMabespM~At~ wAt~orle motanglaisAM~signineprecisëmont
un accèsde cotere.
9M CULËRB.
ce désir de donner des coups devient souvent si impérieux,t
qu'on frappe ouqu'on jette par terre desobjets inanimés les
gestesdeviennent,du reste, souventcomplètementdésordon-
nés etf~nét~uM.Oua~d les jeunes on~ su fureur,:ils se roulentpar terre sur ledoset sur le ventre, criant, don-
nant des coupsdepied, égratignaut, et frappant sur tout ce
qui est &leur portée. tl en est do même, d'après les rensei.
gnementsde M.Scott, desentantshindous; nousavonsvu queles jeunes singes anthropomorphes n'agissent pas diScrem-
ment.
Cependant le système musculaire peut être impressionnéd'une manièretoutedin~rente en effet, la conséquenced'unefureur excessiveestfréquemmentle tremblement. Alorsleslè-
vres, paralysées,refusentd'obéir aux ordresdela volonté, «et
la voixs'arrête dansla gorge 7»;d'autres foiselle s'élève, de-
vient rauque et discordante si on parle longtempset avecvo-
lubilité, la bouchese remplit d'écume. Parfois les cheveuxse
hérissent; mais je reviendrai sur ce point dans un autre cha-
pitre, quand je traiterai de l'émotion mixtecomposéedéco-
lore et de terreur. Dans la plupart des cas, il se produit un
froncement des sourcils très prononcé, signe caractéristiquede la contentiondel'esprit placé en.face de quelque désagré-ment ou de quelque difËculté. Quelquefois,au contraire, la
peau du front, au lieu d'être contractée et abaissée,restelisse,
et les yeux étincelants demeurent grands ouverts. Lesyeuxsont toujoursbrillants, et, suivantl'expressiond'Homère,rem-
plis de Nammes.Danscertains cas, ils s'injectent de sang, et
sortent, commeondit, de leur orbite, cequi estévidemment
une conséquencede la congestiongénérale de la tète, conges-tion manifestée,du reste, par la distensiondesveines.D'aprèsGratiolet8, lespupillessont constammentcontractéeschezles
7. SirC.Bell(~)M~M~<~Ba!pfeM<~t,p.9S)a faitd'exceHeate<remap.quessurl'expressiondelafureur.
8. De~PA~MM~ iM~ p. M6.
COL&RE. 9M
gens furieux; le docteur Crichton Browne m'a dit qu'il en est
de même dans le détiro violent de la méningite il faut avouer
pourtant que tes mouvements de l'iris, sous l'influence des
diverses émotions, MOteincoMtrèapeuoonnws~
Shakespeare résume ainsi les caractères principaux de la
fureur
Entempsde paix,rien ne aiedmieuxà l'homme
Qu'unedoucetranquillité, qu'uneaitare medcate;Maisquand levent de ta guerre soutneà nosoreilles,
Alorsil faut fairecomme le tigreRaidirses tendons,exciter sonsang,Donnerà M9yeuxun aspectterrible,
A<!erm!rses deats, dilater ses narines~
Respirerà pleinepoitrine et tendreà la fois
Tousles ressortsde son être Sus~sus, noblesAnglais1
N<'HWV,act.H~sc.<.
Les lèvres sont quelquefois portées en avant, sous l'influence
de Ï& fureup; je ne puis comprendre la signification de ce
mouvement, à moins qu'il ne soit do Ace que nous descendons
de quelque animal analogue au singe. On en a observé des
exemples non seulement chez les Européens, mais aussi chez
les Australiens et les Hindous. Le plus souvent, au contraire,
les lèvres sont rétractées, et laissent à découvert les dents ser-
rées les unes contre les autres; c'est ce qu'ont indiqué pres.
que tous les auteurs qui ont écrit sur l'expression". Il semble
U.Sir C.Ben, AtM<cm~e/B!!BpreMfot!,p. n?. Gratiolet (Dela P~y-~a<mM<,p. 369)dit « Les dents sedécouvrent et imitent symbolique-ment l'actionde déchireret de mordre,wSi Gratiolet,au lieu d'employerle motvaguede syMto~Mcmen~avait dit quo cet acte est le vestiged'une habitudeacquiseautrefois, lorsquenos ancêtresà demi humains
se battaient à coupsdedent, commele font actuellementtesgorilleset
tes orange it eat été plusfaclle de le comprendre.Le docteurPiderit
(Mfm~,etc~ s. ?) parleaussi de la rétractionde lalèvre supérieuredu-
rant un accèsde fureur. Sur une gravure d'une des merveilleuses
COt~BE.9M
qu'on mette ainsi les dents A nu afin de les tenir prêtes A
saisirou àdéchirer un adversaire, bien qu'on n'ait peut-êtreen réalité aucune intention de ce genre. M. Dyson t~cy a
observe cette exprc~on grinçante ehe~les AmttMdietM~ioM-
qu'ils se disputent, et Gaikachez les Cafresdu sud de l'Afri'
que. CharlesDickens'~ racontant l'arrestation d'un bandit,décrit la populacefurieuse qui l'entourait, <' se précipitant,
grinçant des dents,et poussantdes hurlementsde hétes féro-
ces Tousceux qui ont l'habitude despetits enfants.savent
queMesdispositionsils ont a mordre, lorsqu'ilssont en colère.
Cetacte est, chexeux, aussi naturel, il parait, aussi instinctif
que chez les jeunes crocodiles,qui font claquer leurs petitesm&ehoireaa peine sortisde l'o'uf.
Onvoit quelquefoisseproduire une sortede rire grimaçant,en m&tnctempsque les lèvresse portent en avant. Unbon ob-
servateur raconte qu'il a été souvent a môme d'étudier la
haine (qui se confondpresque avec la fureur plus ou moins
dissimulée)sur lesOrientaux, et une fois sur une femmean-
glaiseassezâgée dans tous cescas, il existait, « non un fron-
cementde sourcils,maisun rire grimaçant; les lèvresétaient
avancées, les joues pendantes, les yeux demi-clos, le front
était parfaitementcalmeet immobile"
Cemouvement,qui rétracte les lèvreset découvreles dents,
durant lesaccèsde fureur, commepour mordre un adversaire,est tr~s remarquable, eu égard a la rareté des cas dans les-
quels, chez l'espècehumaine, les dents sont mises en usage
pour combattre; aussime suis-je adresséau docteur G.Crich-
ton Brownepour savoir si cette habitude est commune chez
les aliénés,qui s'abandonnent sans contrainteA la fouguede
peinturesdeHogarth,on voitl'expressiondela colèrereprésented'unemanièrefrappanteparles yeuxbrillantset grandsouverteto front
ptiM~ettesdentsdécouvertes.<0.OliterT~xM,w).iU,p.2St.«. fAc~cM~, « juMtetiM~p.8i9.
COt~RE. Mt
leur colère. 11me lait savoir qu'il l'a observéeen euet, Adi-
versesreprises, chez les aliénés et chez les idiots, et il m'en
cite les exemplessuivants..
Aumomento&il recevait ma lettre, il venaitd'être témoin
d'un accèsdecolèreégrenée et de jalousie sans motif, chez
unefemmefolle.Celle-ci,l'écume &la bouche,commençaparaccablersonmari de reproches; puis elle s'approchade lui,les lèvres serrées et les sourcils énergiquement contractés.
Enfinelle rétracta ses lèvres, surtout les extrémitéslatérales
de la lèvre supérieure,et montra les dents, tout en envoyantun vigoureuxcoupde poing. Secondexemple un vieuxsol-
dat, invite A se conformer aux règles de l'établissement,
donne carrière a son mécontentement, qui dégénère bientôt
en fureur. D'habitude,il commence par demanderau docteur
Brownes'il n'a pas honte de le traiter de la sorte.Hse met
alorsAjurer et à blasphémer, se promèneà grands pas, jettesesbras de côtéet d'autre, et invective tousceuxqui l'entou-
rent. Enfin, lorsqu'il est au comble de l'exaspération, il se
précipite sur le docteur Browne par un mouvementoblique
particulier, en faisant claquer sesmâchoireset proférant des
menacesde mort. A ce moment, on peut voir que sa lèvre
supérieureest soulevée,surtout versles coins,cequi découvre
ses énormes canines. Il vocifère des malédictions,les dents
serrées. et tout l'ensemblede sonexpressionrevêtuneextrême
férocité. la même description conviendrait égalementà un
troisièmeindividu,Acetteexception près qu'il écumeet cra-
che le plus souvent, tout en se livrant aux gambadeset aux
sauts les plus étranges, et criant ses malédictionsd'une voix
de fausset très aiguë.docteur Browneme communique encore l'observation
d'un idiot épileptique, incapable de mouvementsraisonnes,et qui passehabituellementsa journée entière As'amuseravec
des jouets; cependant son humeur est moroseet devient fa-
cilementfarouche.Siquelqu'un vient Atouchersesjouets, il
M< OOt~RE.
relève lentementsa tète, qu'il tient baisséed'ordinaire, at nxo
ses yeuxsur l'intrus avecun froncementde sourcilslent, mais
irrité. Sion le contrarieencore,il rétracte ses lèvresépaisses,
~t meta nu uneta,ngée sa-tU&ntcde crocsrepoussants, parnan
lesquelsse distinguentsurtout les canines, puis il avance sa
main ouverte vers celui qui t'ennuie par on mouvement
brusque et sauvage. La rapidité de ce geste, dit le docteur
Browne, contraste d'une manière frappante avec sa torpeur
ordinaire, qui est telle qu'il met ordinairetncnt quinze se-
condes pour tourner la tète d'un côté Al'autre, quand son
attentionest éveilléepar quelquebruit. Quandil est dans cet
état d'exaspération,si un objet quelconque, un mouchoir, un
livre, luitombesousla main,il le porte Ala boucheet lemord.
M.Nicolm'a fait un récitanalogue concernantdeux aliénés,
dont les lèvresse rétractentaussi pendant leurs accèsde fu-
reur.
LedocteurMaudsiey,aprèsavoir rapporté divers actes qui
rapprochent l'idiot de la brute, se demande s'il ne faut pas
y voir le retour d'instinctsprimitifs, « un échoaffaiblid'un
passélointain,qui témoigned'une parentédont l'hommes'est
presque entièrementatîranchi Il rappelle que le cerveau
humain passe, dans le cours de son développement,par di-
vers états identiquesAceuxqu'il offre chezles autres verté-
brés et, commel'état du cerveau de l'idiot constitueun ar-
rèt de développement,il est permis de supposer « qu'il doit
présenter le fonctionnementqu'il avait A l'origine, au lieu
du fonctionnementsupérieurdu cerveau do l'hommesain M.
Suivantle docteurMaudsiey,la même manière de voir peut
s'appliquer à l'état où les fonctionscérébrales sont tombées
chez certains aliénés;'<d'ou viennentchez eux~se demande-
t-il, le grognementsauvage,le désir de détruire, les propos
obscènes,les hurlementsfarouches,les habitudesdeviolence?
Commentun être humain, par cela seul qu'il est privé de
sa raison, deviendrait-il d'une humeur aussi brutale, sinon
COLÈRE. aM
parce qu'il existechez lui unevéritable nature de brute's?
Msemble qu'on doive résoudre cette question affirmative-
ment.
~o~e, tnd~M~tOM.Ces états d'esprit ne différentdo la
fureur quepar le degré, et il n'existe pas de distinction mar-
quéeentre lessignesqui lescaractérisent. Sousl'empired'une
colèremédiocrementintense, l'action do cceurse surexcitelé-
gèrement, le visage se colore et les yeux brillent. La respi-ration est aussi un peu accélérée,et, comme tousles muscles
qui servent&cettefonctionagissentsynergiquemcnt, lesailes
du nez s'élèventun peu, de manière a laisser un libre accès
&l'air c'estIAun signe très caractéristique de l'indignation.Laboucheestle plus souventfermée, et les sourcilssont pres-
que toujours contracMs.Point de gestes frénétiques comme
dans l'extrême fureur; l'homme qui est en proie A l'indi-
gnation se place seulement, sans en avoir conscience, dans
uneattitude convenablepour attaquer ou frapper sonadver-
saire. qu'il toiseparfois de la tète aux pieds d'unair de dén.
La tète estdroite, la poitrine effacée, les pieds s'appuient soli-
dement sur le sol. Les bras prennent des positionsdiverses;
tantôt ils restent étendus raides et immobiles le long du
corps, tantôt l'un des coudesou les deux coudes sont Oéchis.
Chez les Européens, on voit ordinairement les poings se
fermer 13.Les figures t et 2 de la planche VI représententtrès bien deshommesqui simulentl'indignation. Chacunpeutfaire l'expériencesuivante se placer devant un miroir et s'ef-
forcer de s'imaginerqu'on a reçu une insulte et qu'onen de-
i2. B<~<M<fiM«M<.1870,p.ot-53.<3.Danssonnvtobienconnu,Con/WN sur fezprcM~M(<aPhysio-
MOMte,parLa~r, édit.de i8'M,vol.IX,p. 268),Lebrunfaitremar-
querquelacolères'exprimeen fermantles poings. Voiraussi,surcesujet,Hoschke,Mfmù!Me<Physiognomices,FfacMte~MMtPA~M~CMtK,«M~p. 20;etencoreSirC.Bell,Anatomyo/ J~BpMM~n,p.2i9.
M4 COi~B
mande raison d'une voix irritée; on M piacera aussitôt, MM
s'en rendre compte,dans une attitude semblable Acelle quenous venonsde décrire.
La fureur, la colèreet l'indignation s'expriment dans ifLa fureur, la colèreet rindignation s'expriment daDs Jf!
monde entier d'une façonpresqueidentique; les descriptions
qui suiventne seront pas inutilespour le démontrer et pour
appuyer par des exemplesles remarques qui précèdent. Il ya pourtant une exception elleest relativeau geste qui con-
mste à fermer les poings, et qui paratt spécial aux hommes
qui combattent a coupsde poing. Chez les Australiens,par
exemple, un seul de mescorrespondantsa pu l'observer. Tous
s'accordent, du reste, à dire que le corps est tenu droit, et
tous aussi, à deux exceptionsprès, constatent le froncement
marqué des sourcils. Quelques-unsd'entre eux font mention
de l'exacteocclusiondes lèvres, de la dilatation des narines,
de l'éclat du regard. D'après le Rev. At.Taplin, la fureur
s'exprime, chez les Australiens,en avançantles lèvres, les
yeux étant grands ouverts; les femmes courent de côté et
d'autre et jettent en l'air de la poussière.Unautre observa-
teur dit que les indigènes, lorsqu'ilssontfuricux, jettent leursbras de cotéet d'autre.
J'ai recueillides récits identiques,sauf en ce qui concerne
les poings,relativementauxMalaisde la presqu'iledeMalacca,
aux Abyssinset aux naturelsdu sudde l'Afrique.Je puis citer
encore les Indiens Dakota de l'Amériquedu Nord; suivant
M. Matthews,ils tiennent la tête droite, les sourcilsfroncés,et souvent marchent A grands pas. M. Bridges a noté queles habitants de la Terre-de-Feu,sousl'influencede la fureur,
frappent souventla terre dupied, se promènent de-ci dé-là,et parfois.pleurentet pâtissent.LeRév.M.Stacha observéun
homme et une femmede la Nouvelle-Zélande,pendant qu'ilsse querellaient, et relève les notes suivantessur son porte-feuille « OEilgrand ouvert, corps porté violemmenten ar.
COt.&RB. M5
rièreet en avant, tète inclinée en avant, poings serrés, tantôt
rejetésderrière le dos, tantôt mismutuellementMusle nez. M
M.Swinhoodit que ma descriptionconcorde avec ce qu'il a
observa awles Chmots; tt fautpourtant ajouter ce détail
c'est qu'un hommeen colère se pencheordinairement vers
son antagonisteet l'accable d'une grêle de sottises.
M.JLScottm'aenvoyédernièrement,au sujet des indigènesde l'Inde,une descriptiondétaillée de leurs gestes et de leurs
expressionslorsqu'ils sont en fureur. Deux Bengalais de la
basseclassese disputaient à propos d'un prêt. Au début ils
étaientcalmes;maisbientôt ilsdevinrentfurieux et s'accablè-
rent mutuellement des plus grossièresinjures, Apropos de
leursamis et de leurs ancêtresdepuisplusieurs générations.Leursgestesétaienttrès différentsde ceuxdes Ëuropéeus; en
effet,bien qu'ils eussentla poitrine dilatée et les épaules effa-
cées, leurs bras étaient fléchis et demeuraient raides, les
coudesportésen dedans, s'ouvraientet se fermaient alternati-
vement ils levaientet baissaientlesépaules a diversesrepri-ses. Ilsfixaientl'un sur l'autre desyeuxfarouches, qu'ombra-
geaient leurs sourcilsabaisses et énergiquement froncés; ils
avançaientet serraient fortementles lèvres.Ils s'approchèrentl'un de l'autre, la tète et le cou en avant, et se mirent Ase
bousculer,a s'égratigncr et Asesecouermutuellement. Cette
attitudede la têteet du corps paraît être générale chez les
gensen fureur; je l'ai remarquée en Angleterre chez Ifs
femmesde la dernière condition, lorsqu'elles se querellentdans tes rues. En pareil cas on peut supposer qu'aucun des
deuxadversairesne s'attend 8 être frappé par l'autre.
UnBengalais,employé au Jardin Botanique, était accusé
par le surveillant indigène, en présencede M.Scott,d'avoir
voléuneplante rare. JI écouta l'accusation sans proférer une
parole et avec mépris, le corps droit, la poitrine dilatée, la
bouche fermée, tes lèvres avancées, le regard fixeet péné-trant. jl protestaensuiteavec hardiessede son innocence,les
M<t MCANEMBNT.OtFt.
bras levés et les mains fermées,la tète portée en avant, tes
yeux largement ouverts et les sourcils relevés. M. Scott a
observé aussi deux Mcchis,&Sikhim, tandisqu'ils se dispu-
taient A propos du partage deLleucaoMe;ib entrent dans
une violentefureur, et &ce momentleur corps se courba un
peu~ et leur tète se pencha en avant; ils se faisaient des
grimaces, ils avaient les épauleslovées, les bras fléchis avec
raideur et le coude eh dedans, lés mains fermées convulsi-
vement, sans toutefoisqu'Aproprementparler ils eussent les
poings serrés. Haavançaientet reculaient«ans cesse,et sou-
vent levaient les bras commepour donner des coups, mais
ils gardaient alors la main ouverte et ne frappaient pas.M. Scott a fait des observationsanalogues sur les Lopchas,
qu'il a vus souvent se quereller, et il a remarqué qu'ils te-
naient leurs bras raides et étendusle long du corps, presque
parallèlement, tandis que leurs mainsétaient un peu portéesderrière le dos et à moitiéfermées,mais sans que les pointsfussent serrés.
~«'OtMMMnt,air dedéfi,actede découvrirla <~M<canined'un
côté. –L'expression que nous allons étudier maintenant dif-
fère très peu de celles qui ont déjà été décrites, et dans
lesquelles les lèvres sont rétractées et les dents serrées mi-
ses à découvert. La seule différence tient au mode d'éiéva-
tion de la lèvre aupérieure, qui ne laisseapercevoir que la
canine d'un seul coté; en mêmetemps, le visage regarde d'or-
dinaire un peu en haut, et se détourne Il demi de l'auteur
de l'offense. Lesautres symptômescaractéristiques de la fu-
reur peuvent faire défaut. Onobserveparfois cetteexpressionchez un individu qui se moque d'un autre ou qui le dé6e,
alors même qu'il n'estpas, Aproprement parler, en colère;
on la voit, par exemple, sur le visage d'une personne qui
est, par plaisanterie, accusée de quelque chose, et qui ré-
pond « Ces imputations sont au-dessousde moi je les
MtCANEMBNT. O~t. M?
méprise. MCette expressionn'est pas fréquente; je t'ai ob-
servée pourtant très nettement sur une dame qu'on persMait.Parsonsen a fait une description qui remonte A i7M; elle
est accompagnéed'une Hguresur laquelle on. voit la dent
canine découverted'un seul côté' M.Rejlander. avant que
je lui eneusseparlé, m'ademandé sije n'avaisjamais observé
cotte expression, qui l'avait lui-même beaucoup frappé. tl
a photographie pour moi (planche!V,ng.i} une femmequi,sans y faire attention, découvreparfois ta canine d'un côté,et qui peut reproduire ce mouvement expressif volontaire-
ment, avecuneprécisionexceptionnelle.L'air a moitié enjoué d'une personne qui ricane peut dé-
générer par des transitions successivesen une expressionextrêmement féroce, si en même temps que les sourcils se
contractentfortementet que les yeux brillent, la dent canine
vient &être mise A découvert. Unenfant bengalais était ac-
cusé d'un méfait en présencede M.Scott; le petit coupablen'osait pas exhaler son courroux en paroles, mais ce senti-
ment perçait dans son attitude, et se révélait tantôt par un
froncementde sourcils hautain, tantôt par « un mouvement
particulierqui découvraitsa canine du cûté tourné vers son
accusateur; il soulevait Ace momentle coin do la lèvre quirecouvrecette canine, laquelle était chez lui grande et très
saillante M.Sir C. Bell rapporte que le grand acteur Cooke
savait exprimer la haine la plus violente, « en regardant
obliquement, et en soulevant la partie externe de la lèvre
supérieure, de manièreA découvrir une dent tranchante et
pointue »
Cetteapparitionde la dent canine, sous l'influence de cer-
tains états de l'esprit, estle résultat d'un double mouvement.
<4.ï~<.PA~<M.SM.MMM<H~nM,tt.M.!G.Ata~tomyotEscprcseïan,p. l3G.SïrG,tiellappelle(p. t3!) lemns-iS. AMMtny<B!epMM~K,p.136.SirC.BeUgrognement131)teMUM-
ctequtdécouvrelescanineste «moadedu grognementc (MMr~MMM~<).
Ma tUOANKMENT.D~Ftt
L'anglecasla commissure de la boucheest un pouattirée en
arrière, et enmême tempsunmusclevoisindu nezet parallèl)'Asa direction attire en haut !a partie externe do la lèvre su.
pérMure, et découvrela canine du coté correspondant. La
contractionde c<'muscle produit un sillon très apparent surla joue, et desrides bien accuséesau-dessousde l'œil, princi-
palementprèsde son angle interne. Cephénomèneest identi-
queAcelui que l'on observe chez un chien qui grogne un
cbienqui a envie de se battre soulèvesouvent sa lèvre du
côté qui regarde son adversaire. Lemot anglais <nMf(rica-
nement) est au fond identique au mot snaW(grognement),
qui était primitivement <n<tf la lettre qui y a été ajoutée,« indiquesimplement la continuitéd'un acte
Jesuppose que ce qu'on appcUe le sourire sardoniqueou
moqueurest un vestige de cette mêmeexpression,Ici la bou-
che reste fermée ou a peu près~mais un de sescoins est ré-
tracté du coté de la personnedont on se moque;or ce mou-
vementen arrière du coin de la boucheconstitueun desélé-
mentsdu ricanement proprement dit. Onvoit,il est vrai, des
gens qui sourient d'un cotédu visage pins que de t'autre,
cependantil n'est pas facile de comprendrepourquoile sou-
rire, si c'en était un en euet, se localiseraitsi fréquemmentd'un seul côté, dans l'expressionde la raillerie. J'ai observé
en outre un léger tressaillementdu musclequi relève la la-
vre supérieure or ce mouvement,mieuxaccusé, aurait dé-
couvert la canine et aurait amenéla véritable expressiondu
ricanement.
M.Bulmcr, missionnaire dans un district reculéde Gipp's!~and(Australie), répond a cellede mesquestionsqui est re-
lative au mouvement qui découvrela canined'un seul côté:
« J'ai remarqué que, lorsque les indigènesgrognent lesuns
16.HctMtetghWedgwood,Mett~a~<~JEM~E~mo~, t86S,vol.Ut,p. 2t0.243.
RICANEMENT, D~Ft. :<M
contre les autres, HBparlent les dents serrées, la lèvre supé-rieure tirée d'un côté, et l'ensembledes traits exprimant la
colère; maisils regardent en faceleur interlocuteur. Trois
aotres personnesqui ont ohsoryo en Australie, une autre
en Abyssinie,et une autre en Chine, répondent à ma ques-tion par l'affirmative; mais, comme cette expression est
rare et qu'elles n'entrent dans aucun détail, je n'ose
ajouter a leur tutinnation une foi entière. Il n'y a toutefois
rien d'improbaMeà ce que cette expressionsemi-bestiale
soit plus fréquente chez les sauvages que chez les races
civilisées.M.Geach,qui est un observateur digne d'une en-
tière confiance,Faconstatéeune foissur un Malais,dans l'in-
térieur de Malacca.LeRév.S. 0. Ctenieme répond « Nous
avonsobservécetteexpressionchez les indigènesde Ccyian,mais assezpeufréquemment. nornieremeut,dans l'Améri-
que du Nord,le docteurRothrockl'a rencontrée chez cer-
tains Indienssauvages, et souvent dans une tribu voisine
des Atnahs.
Ainsi,lorsqu'ongronde ou qu'on déue quelqu'un, la lèvre
supérieure se relèveparfois d'un seul coté; mais je ne puis
pourtant affirmerquecesoit Jaun faitconstant; car le visageest d'habitude &moitiédétourné, et 1 expressionest souvent
fugace. 11est possible que la limitationdu mouvement à un
seul côtéde la face nesoitpas une particularitéessentiellede
~expression,maisdépendede ceque les musclesappropriéssontincapablesde secontractersimultanémentdesdeux côtés.
Pour m'en rendre compte,je priai quatre personnesd'essayerd'exécuter le mouvementen questionvolontairement; deux
d'entre ellesne purent découvrirla dent canine que du coté
gauche, une seulementdu côtédroit, et la quatrième ne putle faire ni d'un côténi de l'autre. Maisil n'est nullement cer-
tain que ces mêmespersonnes, si elles avaientsérieusement
déné quelqu'un, n'auraient pas inconsciemmentdécouvert
leur caninedu côté, quel qu'il fat d'ailleurs, où se fut trouvé
a?c MtCANKMENT. B!~M.
leur adversaire. Nousavons vu, en effet, que certaines per-
sonnes, qui nopeuventpas rendre volontairementleurs sour-
cilsobliques, leur donnent pourtant cette positiondès qu'elles
sont aSectées nMu~ejM~ca~dôtéjréelk, qjttctquematgnMant,du reste, qu'en soit le motif. Si la faculté de découvrir vo-
lontairement la canine d'un seul côté estainsi parfoisentiè-
rement perdue, c'est qu'eue est rarement mise & profit et
constitue un geste avorte. H est, du reste, surprenant quel'hommepossèdecette faculté ou manifestequelquetendance
&en faire usage. En effet, M.Sutton n'a jamais observé, au
Jardin Zoologique, rien d'analogue sur nos parents tes plus
proches, je veuxdire les singes, et il est certain que les ba-
bouins,bien que munis de fortescanines, n'agissentjamaisde cettemanière, maisdécouvrenttoutes leursdents &la fois,
lorsqu'ils sont d'humcup faroucheet se disposentA attaquer.On ignore si les ma!esdes singes anthropomorphesadultes,
dont lescanines sont beaucoup plus grandes que celles des
femelles,les découvrent au momentde combattre.
L'expressionque nous étudionsici, qu'il s'agisse d'un rica-
nement enjoué ou d'un grognement féroce, est l'une des
plus curieusesque présente l'homme. Ellerévèleson origineanimale; car il n'est personne qui,sedébattant par terre dans
une mortelle étreinte, et essayantde mordre son ennemi,
pensâtà se servir de ses caninesplutôt que desautres dents.
Nouspouvonssupposeravec grandeprobabilité,d'aprèsnotre
ressemblanceavec les singes anthropomorphes,que, parminos ancêtres semi-humains, les n)a!espossédaientde fortes
canines; encore aujourd'hui il naît quelquefoi~des hommes
doués de canines de dimensions inusitées, avec des espaces
disposéspour leur réception sur la mâchoire opposée En-
fin nouspouvons admettre, quoiquetoute preuve nous fasse
t7. la DesccndaMMdel'homme,traductionfrançaiseparMou!tn!e,vot.p.135.
tUCASEMiSNT. t~Ft. t7t
te! detaut, que cesancêtressemt-humaiM d6eouvr<Mentleurs
caJMaesen se Réparant Acombattre, commenous Je faisons
encore maintenant, quand nous sommesd'humeur farouche,
pu simplement braque nous grondons ou dëConsqucïqu'un,sauxavoirpour cela enaucune façon l'intention de l'attaquerAcoupsde dent.
CHAPITREXt.
MÈMtN. MËPMS. CÉCOUT. CULPAMUTÉ. OROMBtL, ETC.
tMPUtSSAKCt!. PAtMSCE. At~tRMATMK n K&6AT<0!<.
M~rts. hauteur et <tMa)t) Mh6M de loura o)tpM«)<M<. sourire M)reM)h)M.
Gestes qui etprtmont )e mépfh. Mgott. CuttMM)M. foufbMto, «tgwwtt.
ctf. –Mttgnathto.fatMMMOu tmpMttMOM. paUenee.-ObxUnatton. –Maut<
sement d'MfMmtM,ee<te commun t taptupttrt des races hum~tte*. t!<a"M <*af
Cnnttt<m c< de négation.
Lahauteur et le dédata ne sedistinguentguère du mépris
que par l'irritation ptusgrande qu'ils traduisent. On ne peutMonplus les séparer nettement dessentimentsétudies dans le
chapitre précédent souslenom de ricanementet d'air de déâ.
Ledégoût est une impressiond'une nature un peu mieux dé-
finie, provoquée originellementpar un olqet qui répugnedans le domaine du sens du goût, puis,par extension,partout ce qui peut donner Meua une impressionanalogue, parl'intermédiaire de l'odorat, du toucher et mêmede la vue.
~uoiqu*Hen soit, il y a peu de différenceentre le dégoût et
le mépris pousséAsonplus haut degré, qui est parfoisappelé
réputaion. Cesdivers étatsde l'esprit sont donc très voisins,et chacun d'eux peut se manifesterde façonstrès diverses.
Lesdifférents auteurs se sont tour à tour particulièrement
appesantis sur tel ou tel des modes expressifsqu'Us com-
portent M. Lemoineest parti de là*pour soutenirque leurs
descriptions n'avaient rien de tonde. Maisnousallons voir
L De~<PA~OMOMtee<delaParole,<MS,p.80.
MÈPtUS. M
X
combien il est oatui'ct que tes sentimentsdont nous partons
pu~at s'exppttRcr de ptua!eursmantôresdMMrcntes,onvoftti
du principe de t'association,pu!sque des actes habituelsdi-
vers "Ó,g~,I,), P1.'Pp~(L,Jq'"m",u¡te.a&Qr.La.hauteur et le dédain~commele ricanement et l'air de
dén, peuvent «'exprimer en découvrant légèrement la dent
canine d'un seul coté, et ce mouvementsemble dégénéreren une sorte de sourire. D'autresfois, la raillerie se manifeste
par un sourire ou un rire véritable; c'est lorsque l'auteur
do l'offense est si intime qu'il ne peut éveiller tjue de la
gaieté; celle-ci pourtant n'est guère jamais de bon aloi.
t!aika, répondant à mes questions,fait remarquer que les
Cafres, ses compatriotes,exprimentordinairement le mépris
par un sourire; le rajah Brookefait la mêmeobservationre-
lativement aux Dyahsde Bornéo.Le rire étant Fexprcsston
primitive de la joie proprement dite. je ne croispasque les
très jeunes enfants rient jamais en signe de moquerie.L'occlusionparttello des paupières, ainsi que t'aHtrme
M.Ouchenno~,ou encore l'action de détourner les yeuxetle corps toutentier, exprimentaussitrès nettementle dédain.
Cesactes semblentsignifier que la personne méprisée n'est
pas digne d'être regardée, ou que sa vue est désagréable. La
photographie ci-jointe(plancheV,fig. i), faite par M. Rej-
lander, montre cette forme de dédain; elle représenteune
jeune femme déchirant !a photographie d'un amoureux
qu'elle dédaigne.La manièrelit plus ordinaire de manifester le mépris con-
siste dans certainsmouvementsdesrégionsnasaleet buccale;
ces derniers pourtant, lorsqu'ilssonttrès prononcés,annon-
centle dégoût. Lenez se relèveparfois un peu, ce qui pro-vientsans doute de l'ascensionde la lèvre supérieure d'au-
2. PhysionomieAHm<tïtM,A~MM~!~cndeVm,p.3! Gratiolot(D<*laPAy<tMtMt<c,iSM,p. M)parleaussidel'actequiconsiste&détournertesyeuxetlecorps.
M~PKiS.9?4
tres Censte mouvementse réduit. Aun simple plissementde
la peau du nez.Souvent les narinessont légèrementcontre.
tées,comme pour resserrer leur orince et il se produit en
m&metentpft uupetit ceniHemcnt.une~ve exptfaUon.Touscesactes sontles mêmes que ceuxque provoque!aperceptiond'une odeur désagréable, que t!ous désironséviter ou dont
nousvoûtonsnousdébu.rrafMier.Itanslescas oùcesphénomènessontle plus marqués, suivant le docteurPiderit~,nousavan-
çonset nous élevonsnos deux lèvres, on la lèvre supérieure
seulement, de manier'; à fermer les narines par une sorte de
soupape en même tfmps le nox s<:relevé. Nous avonsl'air
de donner ainsi Aentendre Al'individuque nousdédaignons
qu'il sent mauvais de même,&peu près, quenous lui signi-
fionsqu'il n'est pas digne d'attirer nosregards, lorsquenous
fermonsAdemiles yeux ouque nousdétournonsla tête. Tou-
tefois,il nefaudraitpus croire que de pareils raisonnements
traversent notreesprit au momentmêmeounousmanifestons
notre mépris. Toutes les foisque nous avonsété exposéssentir ou &voir un objet désagréable, des acte de ce j~enre
3. LedocteurW.Ogte,dansunmemo!rcintéressantsur lesensde!'o<!orat(JM~'e~t'M~tC~!~HM<!C~OM~,vol.Un, p.268),montreque,lorsquenousvoulonssavourerunparfum,au lieude raireparle nezuneprofondeinspiration,nousaspironsl'airpardepetitsrcnntomcntsrapideset rcpetes.Si&pendantcetempsonobserveles narines,onverraque, loinde seflilater,cite~éprouventunecontraction&cha-
queaspiration.CettecontractionM'apaspoursièget'ouvertureentièredesnarines,maisseulementsa nortiot)postérieure Cetauteurex-pliqueensuitela causede cemouvement. Aucontraire,toriquenousvouionséviteruneodeur,la contraction,mesembte-t'i),u'interessequela partieantérieuredes narines.
4. Jft<M~MM~P~t~noM~, s. 8t.M. Gratiolet(<tM.,p. tSS)estil peuprèsd'accordavecte docteurPideritretattventent&t'Mpressiondu mépriset dudégoût.
3. la hauteurimpliqueunefortedosedemépris;et t'uncdesracinesdumotMorM(/t<t«<eMr)veutdire,d'aprèsM.Wedgwood(Dict.ofJSn~AEtymology,vot.t!t,p. t2S),ordureouboue.Unepersonnequet'ontmitoavecnauteurestregardéecommede la boue.
OÉGOUT. ~!?S
ont été accomplis;ils sont ainsidevenus habituels. se sont
fortement nxcs, et its prenn<'ntmaintenant naissance sous
t'empirc de tout étatdit l'esprit analogue.
Mvcrs petits geste}! singuliers exprimont egaiameMt ie
mépris;je citerai cehti quiconsisteà faireclaquer ses doigts.Suivant la remarque de M.Tylor ce geste, <'tel que nous
l'observonsd'ordinaire, n'est pas très tacite a comprendre;mais réfléchissonsque ce mémo mouvement, exécuté tout
doucement, comme s'il s'agissait de rouler quoique menu
o~iet entre le pouce et l'index, où de le lancer au loin A
l'aide des mêmes doigts, constitue pour les sourds-muets
un geste très habituel et parfaitement compris, indiquant
quelque chose de petit, d'insignifiant, de méprisable; il
semble,par conséquent,que nousayons simplementexagéraet rendu conventionnelun acte parfaitement naturel, au
point de perdre entièrementde vue sa signincationprimi-tive. On trouve une mentioncurieuse de ce geste dansStra-
bon M.WashingtonMatthewsm'apprend que les Indiens
Dakota,de t'Amëriqueseptentrionale, expriment le méprisnon seulementpar des mouvements du visage, mais encore
« conventionnellement,en rapprochant d'abord la main
fermée de la poitrine, puis étendant brusquement l'avant-
bras, ouvrant la main et écartant les doigts les uns des
autres. Si l'individuaux dépens duquel ce geste est exécuté
est présent, ta main se porte vers lui, et en même tempsla tête s'éloignequelquefoisde lui Cette manifrc de lancer
vivement le bras en ouvrant la main indique peut-être l'idée
de laisser tomber ou de rejeter quelque objet sans valeur.
Le mot J<~OM~dans son acception ta plus simple, s'ap-
plique à toute sensation qui ouense le sens du goût. Mest
curieux de voir combience sentiment est provoqué avec
facilitépar tout ce qui sort de nos habitudes, dans l'aspect,
6. J&tWyMM<or~3faHtM,2' édiL,1870,p.45.
MC DEGOUT.
l'odeur, la nature de notre nourriture. A la Terre-de-Feu,
un indigène, ayant touché du doigt un f t'armentde viande
froide conservéeque j'étais en train de manger & notre bi-
voMac~mam~tale plus profond deg~At en constatant samottessc de moncôte, je ressentais no vif dégoût en voyantun sauvage nu porter tes mainssur ma nourriture, bien queses mains ne me parassent pas malpropres. UnehartM*bar-
bouillée de soupe nous parait dégoûtante, quoiqu'il n'y ait
évidemmentrien dedégoûtant dans !a soupeeneÏte-méme.Je
présumeque cephonon~ne résulte de la puissanteassociation
qm existe dans notre esprit entre la vue de la nourriture,
en toute circonstance, et l'idée de mander cette nourriture.
Puisque la sensation de dég'ont d&riveprimitivement de
l'acte de manger ou de go<Uct\il est naturelque son expres-sion consiste principatemMnten mouvementsde la houche.
Maiscomme le dégoût cause aussi de !a contrarMM, ces
mouvements s'accompagnent en gênera! du froncement des
sourcils, et souvent de gestes destinés A repousser l'objet.
qui le provoque ou Ase préserver de son contact. Dans les
deux photographies représentées planche V (ng. 2 et 3),M. Kcjhtnder a essayé, avec quelque succès, de reproduirecette expression.Sur le vtsage, le dégoût se manifeste,quandil est modéré, de diverses mamèt'es on ouvre hrgemont ta
bouche, comme pour laisser tomber le morceau qui a offensé
le goût; on crache, on souffle en avançant les lèvres; on
produit une sorte de rauïcment de ta gorge commepourt'éctaircir. Ce son guttm'at peut s'ccriro ec/< ou eugh. Son
émission est quelquefois accompagnée d'un frissonnement,en même temps que les bras se serrent contre le tronc et
que Ie~épaules se soulèvent, comme dans l'expression de
t'horreur Un dégoût extrême s'exprime par des mouve-
7. YM)~sur cephcnom&ncj,HenateighWedgwood,~tcM~Mfyo~Eo-~Mit/tJE<yMtO<c~introduction,2"édit.,t872,p. xMvt).
t~OOUT. 277
ments de ta, bouche semblablesA ceuxqui pr~pafont l'acte
(ht votnMMtneot.La bouche s'ouvcf t~ttc grnnde, ht !Avre
snp~ricurose r<!tfach'~nprgiqucnK'nt,les parties iatônth's (ht
ne:! septissfnt, hti~VMmfdt'icupcs'abaisseotserentveMcau-4~nrW rrun w~acil'YIü riwnninn ~rv»rvuenoW ,ÍOIIn In r.nnEunn_tant que possible.Ce dernier )nouv<'m''ntexige la contrac-
tion des musclesqui attirent en bas !cscoinsde !a bouche".
Mest remarquabto do voir avec qucHc facilité, chez cer-
taines pers<*nnes,la sitnpte idée de prendre une nourriture
jtnusttéc,-par exempte,de manger litclmir d'un anima! quine sert pas hahitueth'tnent Anotre atuncntation, pt'ovo-
que instantanément des natts~e*)ou des vomissements,a!ort!
nt&meque cette nourriture ne contient d'aitieurs rien qui
puisse forcer t'estotnac la rejeter. t~orsqueio vomissentent
résutte, en tant qu'acte reftexc. de qnetque cause mate-
rieHc, un excès de table, l'ingestion d'une viande gâtée,d'un em~tique, il se produit, non pas immédiatement,
mais en ~én~m! après un intcrva!!c de temps notaMe.
Aussi, pour expliquerque les nauséesau même le vomisse-
ment puissent suivre d<*si près la simple perception d'une
idée, il est permisde supposerque nosancêtresprimitifs ont
dil posséder, comme les ruminantset diversautres animaux,la faculté de rejeter volontairementla nourriture qui les
incommodait. Aujourd'hui cette factuté n disparu, en tant
que soumiseA faction de ht votonte; mais cUe est mise
involontairement en jeu, par l'effet d'une habitude invé-
térée de longue date, toutes les foisque l'esprit se révolte
contre l'idée de prendre tel ou t<'taliment, ou plus géné-ralement toutes les fois qu'il se trouve en présence d<'
quelque otjjet qui inspire le dégoût.Cette opinion est con-
firmée par un fait qui m'a été certifiépar M. Sutton les
8. te docteurUuchennecroitque,dans!orctncrsentcntde ta lèvre
infencnrc~lescommissuressontabaisséespartes (riangutaircs.tteotccroitaucontrairequec'estlecane dumenton<)uiagit(H«~~«'A<<.An< (&-<!~M~M, <tt::8,M.h s. <<).
a?a c~GOUT.
singesdu JardinXoologiquevomissentsouvent,quoiqueeu
parfaite santé.exactementcommesi cet actedépendaitdeleur volonté.Oncomprendd'ailleursquel'homme,pouvantCMumuniquer,par le langage, &ses ornants et Ases sem-blables ta connaiss<mecdes genres de nourriture qu'ils doi-
vent éviter, il aurait peu d'occasionsdemettre a profit cette
faculté d'expulsion volontaire; aussi a-t-clle du tendre il
disparaître par le défaut d'usage.Le sens de l'odorat a desrelations intimesavec celui du
goot. Aussi n'est-il pas surprenant de voir une odeur tr~s
mauvaise provoquer (les nausées ou le vomissementaussi
aisément, chezcertaines personnes, que la pensée d'un a!i-
ment répugnant; et, par suite, une odeur modérémentdesa-
gréabtc susciter les diverses manifestations expressive!)du
degoot. La disposition aux nausées provoquée par une
odeur fétide s'accrott d'atMrd d'une façon curieuse par un
certain degré d'habitude mais elle s'effaceensuite par une
plus longue accoututuance,et aussi par Finnuencerépressivede la volonté. Par exemple, je me t'appelle avoir vouluun
jour nettoyer un squelette d'oiseau qui n'avait pas suffi-
samment macéré; t'odeur qu'il répandait nous donna, A
l'aide qui m'assistaitet a moi-même, assez peu habitués A
de telles opérations, des nausées si violentes, que nous
fûmes obligés de quitter la place. Lesjours précédents,
j'avais examiné quelques autres squelettes, dont la légèreodeur ne m'avait impressionné en aucune façon; mais, &
partir de ce moment, je ne pus, pendant plusieurs jours,manier ces mêmes squelettes sans sentir mon estomacse
soulever immédiatement.
D'après les renseignetnents que m'ont transmis mes cor-
respondants, il paratt que les divers mouvements que jeviens de décrire comme expressifs du mépriset du dégoûtse retrouvent identiques dans une grande partie du monde.
Par exemple, ledocteur Rothrock répond par une affirmative
ï~OOUT. 27<t
très nette & mes questionssur ce point, retativcment à cer-
taines tribus indiennes sauvages de l'Amérique du Nord.
Crantz raconte que, lorsqu'un Groentandaisrefuse quelquechoseavec mépris ou horreur, il relève son nez et en fait
sortir un léger son' )t. ~cdtt m'a envoyéune Jcscripttbh
pittoresque de la physionomied un jeune Hindou en voyantde l'huile de castor qu'on !<'poussait Aavaler. M.Scott a
vu aussi la même expressionsur le visaged'indigènes d'une
classectevee, ioMqn'itsapprochaientde quelque objet mal-
propre. M. Bridges dit que les naturels de la 'fet're-dc-reu
« expriment le mépris en avançant leurs lèvres, en sifflant,et en relevant leur nez Plusieursde mes correspondants
signalent la tendance&souMerpar le nez, ou Aémettreun
son plus ou moins analogue à <M~Aou ~cA.
Le mépris et le dégoût paraissents'exprimer aussi pres-
que ttnivM'scttemcntpat' l'acte de cracher, qui représenteévidemment l'expulsionde quelque objet répugnant hors do
la cavité buccale. Shakespearefaitdire au duc de ?<orfolk
« Je crache sur lui; cest un lâche et misérable calomnia-
teur. Ailleurs~Faistan*dit Quoique je te dise, Haï, si
je te dis un mensonge, crache-moiau visage. ') Lcichhardt
fait remarquer que les Australiens« interrompaient leurs
harangues en crachant et émettant un sonanalogue&po«Af
jMMA~probablement pour exprimer leur dégoût ".Le capi-taine Burton parle de certains nègres qui « crachaient sur
le sol avec dégoût Le capitaine Speedy m'apprend
que le même fait s'observe chez les Abyssins. D'aprèsM.Ceach, chez les Mataisde Malacca.le dégoût '<s'exprimeen crachant et chez les indigènesde la Tcrre-de-Feu,« le signe le plus caractéristiquedu mépris pour un indi-
vidu consisteà cracher sur luit-~
&.CiteparTy!ot',i*nm<Mc<'CMHt<rt,t87<,p. t<M.10.CesdeuxcitationssontreproduitesparM.H.Wedgwood,Onthe
Or~Mori<nt~MNe,t806,p.7S.
MO CU~'ABtUT~.
Je natjamats vu texprcsston du dégoût mieux peintesur une figure que chez un de mes entants, lorsqu'onlui
mit pour la première fois dans la bouche, At'Agede cinq
mois,un peud'eau froide. et, un moisptus tard, unfragmentdocerise mûre. LesÏen'es et ta bouche entière prirent uneforme qui devait permettre au contenu de couleroude tom-
ber immédiatementau dehors; en metnetemps h languese
portait en avant. Ces mouvt'monts étaient accompagnésd'un Mgcr frctnissemcnt.C'était d'autant plus comiqueque
je doute que l'enfant rcssontMréettement du dégoût,car les
yeux et le front expnmatent A un haut degré de la surprisecidotarcMexion. L'avancement de ta tangue pour laisser
tomber un objet répugnant hors de la bouche peut expl!"
quer commenton tire universellement la langue ensignede
mépris et de haine
Ainsi, d'après ce que nous venonsde voir, le dédain, le
mépris et le dégoût s'expriment de bien des manières,pardes mouvementsspéciauxdes traits du visage et par divers
gestes; ces mouvementset ces gestes sont tes mêmesdans
toutes les parties du monde. !!s consistent tous en actes
représentant l'expulsion ou le rejet de quelque objet maté-
riel qui nous répugnerait, sans exciter d'ailleurs en nous
d'autre émotionénergique, telle que la rage ou la terreur;en vertu de la force de FbabitMdcet de FnMocmtion,ces
actes s'exécutent toutes les fois que quelque impressionde
ce ~enrc prend naissance dans notre esprit.
Jalousie, CMCte,«tKtrtC~MMCMM~MM~pOM,pCf~tC, ruse,
culpabilité,vanité, am6t«oM.orgueil,&um< etc. II est
«. CefaitestétabliparM.Tylor(&tWy~~y ~JM(M~<n<2"édit,t870,p. M),aOnnevoitpasctairemcnt,ajoule-t-il,quelleestl'originedecemouvementv
CULPAtttUT)!. M<
douteuxque le plus grand nombre des états d'esprit com-
plexes cités ci-dessusse révèle par aucuneexpressiondéter-
minée, assez distincte pour être décrite ou dessinée. Quand
Shakespearea dit J/M<wau motjfc visage~« M'rc p~
p~e ~Wt~ la ~<~otM<f,mcM~trea«.r yeuxw~< quand
Spencer a appliqué nu soupçon !<'sépithctes de difforme,
laid, refrogné, ils ont d~ l'un et l'autre avou' conscience
de cette difficulté. Cependantces sentiments peuvent, au
moinspour la plupart, se trahir par le regard; mais dans
bien des cas nous nous laissonsguider avant tout, et beau-
coup plus que nous ne le pensons, par notre connaissance
antérieure des personnesoudes circonstances.
L'expressionde la cutpabttiMet de la perfidie peut-ellese reconnaître dans les diverses races humaines? Mescor-
respondants répondent presque unanimementpar l'affirma-
tiveu cette question; j'ai d'autant plus de confiance dans
ces témoignagesqu'its s'accordenten général Areconnaître
que ta jalousie ne se manifesteau contraire par aucun signevisible. Lorsque les observationssont données avec quoiquedétail, il y est presque constammentquestion des yeux.L'hommecoupable évite le regard de son accusateur; lui-
même lance des regards furtifs. Les yeux sont dirigés
« obtiquement oubien « ils errent d'un côté A l'autre
ou bien encore « les paupièressontabaisséeset mi-closeso.
Cette dernière remarque a été faite par M.Hagen«uer sur
des Australiens, et par Gailta sur les Cafres. Les mouve-
ments incessantsdes yeux résultent probablement, comme
on le verra quand il sera questionde la rougeur, de ce quel'homme coupablene peut supporter de rencontrer le regardde son accusateur.Je puis ajouter que j'ai observé l'expres-sion de la culpabilité,sans ombre de crainte, citez quelques-uns de mes enfantsdès un âge très précoce. t'ar exemple,
j'ai vu une fois cette expressionparfaitementnette sur l'un
d*eux,âgé de deux ans et septmois, et elle me conduisita
'i'
Mï ORCUKtL.
la découvertede son petit crime. Ellese ntamfestait,d'aprèsles indications que jo retrouve clans mes notes do cette
époque, par un éclat inaccoutumé du regard et par une
a,t<Atudtoétrange~auectéc~qu'!t est imposable de décrire.
La ruse s'exprime aussi priucipalemt'nt, je crois, par des
mouvementsdes yeux ou des tégument qui les ~voisinenten effet, ces mouvements sont moinssoumis que ceuxdu
corps au contrôle de ta volonté, grâce Al'influence de l'ha-
bitude longtempsprolongée. « Quand nouaavons envie, dit
M.Herbert Spencer de regnttler quelque chose, sans en
avoir rair, dans une partie donnée du champ visuel, nous
avons de la tendance à supprimer l'inclinaison de la iëtc,
qui pourrait nous trahir, et a exécuter le mouvementnéces-
saire avec les yeux scntement, qui doivent prendre par con-
séquent une direction latérale fortement accusée. Aussi,
lorsque nos yeux se tournent par c6t<~tandis que la face
n'accompagne pas leu)' mouvement, notre physionomie
prend l'expressionde la ruse.
De toutes les émotions complexes nommées ci-dessus,
l'orgueil est peut-être celle qui s'exprime de la façonla
plus nette. Vn orgueilleuxmanifeste son sentimentde supé-riorité sur autrui en redressant la tête et le corpstout entier.
!1 est Aa< et se fait paraMrc aussi grand que possible;aussi dit-on métaphoriquement qu'il est entle ou bouffid'or-
gueil. Unpaonou un dindon, se pavanant de coté et d'autre,lesplumes hët'issécs,est cons~lere quelquefoiscommel'em-
Mètno de l'orgueil L'homme arrogant toise les autresde
haut et, les paupières abaissées, condescenda peine à les
voir; ou bien il témoigne son mépris par de légers mou-
<2.PWMCt~Mc/'J~yc/Mt~,2' edtt., i872~p. 3S2.0. Grattokt(De&<M~oMemfc,p. ?<) tàH ceue remarque,et
donne<tuc!qucsbonnesobservationssurt'eïpressiondet'orgMeit.Vo!rSirC.Bell(AMa<<!Myey .E.qMtMMM,;).itt), à proposde l'actionduM<M*CM~<MpCf~MO.
UA~SSEMRKTDESÉPAULES. 98;
vements dco narines on des lèvres, analogues&ceux quenous avons décrits plus haut. Aussi lo muscle qui ren-
verse la lèvre inférienrc a reçu le nom de MKMCM/tMsuper-~M<t.Sur quelques pitotographies de malades ailectéa Je
délire des grandeurs, que je dois au docteur Cricbton
Browne, on voit la tête et le corps raidcset ht bouche fer-
mée énergiquement. Ce dernier geste, expressifde la déci-
sion, ré8utie,j<'présume, de l'entière confianceque l'orgueil.!eux possède eu lui-même, L'enscmbtcde l'expression de
l'orgueil est en antithèse complèteavec cellede l'humilité;nussi n'avons-nous pas besoin de nous occuper ici de. ce
dernier état de l'esprit.
A<~M<t<MM,impuissance,AaMMMt~Htdesépaules. Quand
Mnhomme veut indiquer qu'i! ne peut fairequelque chose,
ou empêcherquelque chose d'être, il haussesouventles deux
épnutes d'un mouvementrapide. En mctnetemps,pour com-
pléter l'attitude, il tourne ses coudesen dedans, les bras
fléchis; il lèveses mainsouvertes, en Jes tournant en dehors
et écartant les doigts. La tête se penchesouvantun peu d'un
cote; les sourcilsse soulèvent, ce (luiproduitdes rides trans-
versales sur le front; en général la bouchecouvre. Ces di-
vers mouvementsdes traits sont complètementinconscients;il m'était arrivé souvent de hausser les épaulesvolontaire-
ment, pour observer la positionde mesbras, sans me douter
que messourcilsse soulevaientet que ma bouches'ouvrait en
mêmetemps; je ne m'en aperçus qu'en me regardant dans
un miroir; depuis lorsj'ai observécesmêmesmouvementssur
le visage des autres. Dans lay~McApYl (Sg.3 et 4), M.Rej-lander a reproduit heureusementle gestequi consistea haus-
ser les épaules.Les Anglaissont bien moinsdémonstratifsque la plupart
des autres nations européennes, et ils haussentles épaules
beaucoup moins souvent et moins énergiqucmpntque les
9M Mt~tGNATtON.
Françaisou tes MalienM.Ce geste varie d'ailleurs depuis te
mouvementcomplexedécrit ci-dessus jusqu'à une élévation
rapide et A peine perceptible des deux épaules; ou bien,
Mmtnoje r~Te~Mq~~ M~ dans un fauteuil,
jnst;u'a unsimple mouvementestdehors, tr~s léger, desmainsw.
ouvertesavecles doigts séparés. Je n'ai jamais vu le hausse-ment des &pMtte&chez des enMnts anglais très jeunes. Ce-
pendant le cas suivanta oté noté avec soin par un professcm'de médecine,excoHentotMCt'vatcMf,~mïnc t'a co)mmnniqué.
Lep&t'cdu~ûnUcmanen question était PariMen,et sa mère
Écossaise.Sa femmeest issuedoparents! anptais, et mon cor-
respondantne pense pas qu'cUe ait jamais hausséles épaulesde sa vie. Se~ enfants ont été éicvés en Ang'!cterre, et la
nourrice <'stnn<'Angtaise pur sang que t'on n'a jamais vue
lever les cpautes. Or on observa ce geste chez sa fillealnée,
entre seizeet dix-huit mois; ce qui provoquacettcexclamation
deïamoro MVoyezdonccettepetite Française,qui hausseles
épaules! » U se répéta d'abord fréquemment; en mêmetempsl'enfantrenversait quelquefoisun peu la téte en arrière et sur
un côté; mais on ne s'aperçut jamais qu'etic remuâttes cou-
deset les mains Ala façon ordinaire. Cettehabitude disparut
graduellement, et la fillette, qui a aujourd'hui un peu phtsde quatre ans, l'a complément perdue. Le père haussait
quelquefoistes épaules, particuti&rementquand il discutait
avecquelqu'un; mais H est extrêmement improbable que sa
ntte, Aun âge aussi précoce, eut agi par imitation, car elle
n'avait pu le voir bien souventtaira ce geste. Enoutre, si elle
avait eneffet.acquis cette habitude par imitation il n'est pas
probablequ*cUel'e&tbientôtperdue spontanément,alors quole père continuait Avivre avecsa famille. Je puis ajouter quecettepetite (!Horeproduit lestraits de songrand-père parisiend'une manièrepresque invraisemblable. EUeprésente aussi
aveclui une autre ressemblancetrès curieuse,qui consisteen
un tic comtnun quand eue désire impatiemmentquelque
HAUMEMBNT MRS RPAULK8. zat
chose,cite tourne sa petitemain en dehors, et frotte avec
rapidiMson pouce contre l'index et le médius; son grand-
père exécutaitsouvent te mêmegeste dans des circonstances
sembiabtes.Ltt deuxièmeRUedu tneme gentleman haussait aussi les
épaules,avant d'avoir atteintl'Age de huit mois; par la suite
elleperdit de mémocettehabitude, n se peut sansdoute quecelle-ciait imiMsa sceuratnée cependant ellecontinuaaprès
que l'autre eut cesse. Elle rc'<semhlaitmoins a son grand-
père parisien que sascour an mcm':agc; mais aujourd'huiellclui ressembledavantage. Elle possède égatement!'nabi-
tude pat'iicuUèrode frotter sonpouce contre deux des doigta
opposa, pour manifestersonimpatience.Noustrouvonsdans ce cas un bon exempte, analogue à
ceuxdonnés dans un chapitreprécèdent, de la transmission
héréditaired'un tic ou d'ungeste car personne,je suppose,n'attribuera A une simple coïncidencela communautéd'une
habitudesi particulière Aun grand-père et Ilseadeuxpctites-
filles,lesquellesne l'avaientjamais vu.
Si l'on considère toutes les circonstances de l'observation
précédente,on ne peut douter que ces enfants ne tinssent,
par hérédité, l'habitude de hausser les épaules de leurs pa-rents français, bien qu'elles n'eussent qu'un quart de sang
françaisdans les veineset, aussi, bien que cegeste ne fat pastrès fréquent chez leur grand-père. C'est un fait à coup sur
intéressant, mais non très extraordinaire, que de voir des
enfantsgarder ainsi quelque temps Aun Agetrès tendreune
habitude acquise par hérédité, pour la perdre ensuite; on
sait en effet que, dans un grand nombre d'espèces anima-
les, lesjeunes conservent pendant une périodeplus ou moins
longue certains caractères qui disparaissent ultérieurement.
Il me paraissait extrêmement peu probable qu'un gesteaussi complexeque le haussementdes épaules, avec les di-
vers mouvementsqui l'accompagnent, pût être inné. C'est
RÉS!G?:ATt(t!t.MO
pourquoij'avais unvifdésir de savoirs! t~auraBndgman, qni,
aveugle et sout~e, ne pouvait l'avoir appris par voie d'imi-
tation, l'exécutait. Or, j'ai, par l'intermédiaire du docteur
tnnw, appris,d'une fcmm<tqui nvait eu récommentA~KM~oefcette infortunée, qu'elle haussait Ifs épaules, tournait les
coudesen dedans,et otcwit ses soutftts. de ht même maniëro
que tout le monde et dans !psmarnescirconstances. Jo dësi-
rois aussi savoirsi ce geste existechez les diverses races ku-
maiocs, et en particulier c)tci!cellcs qui n'ont jamais eu de
relationsaveclcs Européens.NousaUcnsvoir qu'il en est ainsi
<'n effet; scntement, il paraM qu'il se réduit quelquefois&
une simpleélévationdesépaules, sansi'accontpagnement des
autres mouvementsdécritsci-dessus.
AMcutta, M.Scotta constatéfréquemment le haussement
des épauteschez tes Ben~ataMet les ~hangars (ces derniers
appartiennenta nnc race distincte)qui sont employés au Jar-
din Botaniqtie par exempte,torsquils dcctaraient qu*Utcurétait impossiblcd'exécuterquelque travail, de soulever quet-
que fardeau trop lourd. n donnait unjour l'ordre de grim-
per sur un arbre éteve à un Hengaia!~ qui, haussant tes
épaules et inclinant brusquement la tète par cote~ répontut
qu'il ne pourrait; et, comme M. Scott, persuade que c'était
seulementune défaiteinspirée par la paresse, insistait pour
qn'it essayât,son visagepaut, ses bras tombèrent le longdo
ses côtés,saboucheet sesyeux s'ouvrirentlargement; tout en
examinantl'arbre, il jeta un coup d'œitoblique sur M.Scott,<
haussalesépaules, renversases coudes,étendit ses mainsou-
vertes, fit quelques petits mouvements latéraux de la tête,et déclaraqu'il était incapable d'obéir. M.Il. Krskinc a vu
de même les indigènes indiens hausser les épaules; mais
il ne les a jamais vus tourner les coudes en dedans d'une
manière aussi marquéeque nous; en exécutantce ~este, ils
applicluentquelquefoisles mains sur leur poitrine, sans les
croiser.
HAUSSEMENTDES.t;<'A<'LKB. ?7
M. Geach a absent souvent le geste qui nous occupecheztesMataissauvages de l'intérieur doMatacca,et chez tes
Bugis, qui sont de véritables Matais,bien qu'ils parlent une
tanguo diitMMKte.Je présxnr~qM'it~ttttd'atM<*ttMcomptercar, dans sa réponse A mes questions et A mes descriptionsdes mouvement!!des épaules, des bras, des mains <'tdu vi-
sage, M.Geachconstateque ces mouvements« s'accompHssentd'une manière remarquable J'ai c~ar~ un extrait d'un
voyage sctcntiHqMedans lequel le haussementdes cpautesétait parfaitementdécrit, a propos de certains indigènes(Mi-
cronesicns)de l'archipel desCarotincs,dansl'océanPacifique.Le capitaine Speedy m'apprend que les Abyssinshaussent
les épaules, maissansentrer dans aucundétail. M* AsaCt'nya vuAAtcxandrieun drogmanarabe secomporterexactement
suivantta descriptionquej'avais faite dansmonquestionnaire,au momentoù un vieuxgentleman qu'il accompagnaitrefusa
de marcher dans la direction précise qu'il lui indiquait.M. Washington Matthcws, partant des tribus indiennes
sauvagesdesrégionsoccidentalesd<'si~tats-Unis,me répond« Dansun petit nombre d'occasions,j'ai vu certains indivi-
dus exécuterun légerhaussementdes épaules,en signed'im-
puissance; mais je n'ai jamais rien constatéqui répondit au
reste de votre description. » Fritz MQticrm'apprend qu'il a
vu, au Brésil, les nègres hausser les épaules; mais il estpos-stMequ'ils aient appris ce geste par imitationdes Portugais.M"' Barbern'a observérien de scmbtabtcchez les Cafresdu
sud de l'Afrique; et <!aika.,&en juger par sa réponse, n'~
pas môme compris ce que voulait dire ma description.M.Swinho*reste aussi dans l'incertitude Al'égard des Chi-
nois mais il tesa vus,dansles circonstancesqui nouseussent
fait hausser les épaules, presser leur coude droit contre leur
côté, élever tours sourcils, lever tem's mainsen tournant ta
face palmaire versleur interlocuteur, et la secouerde droite
à gauche. Enfin,relativementaux Australiens,quatre de mes
KÊ8tGNAT!ON.9M
correspondantsme répondent par une simple négation, et
un seul par unesimpleaffirmation. M.Hunnott, qui a eu d'ex-
cellentesoccasionsd'observationssur les connus de ht colonie
.doYtctor~~répoMda~~tMûMtM.~eMajoutant toute&ttsqnc le
geste en questions'exécute« d'une manière plus indéciseet
moins démonstrativequ<;chez les nationscivilisées M.Cette
circonstanceexpliquepeut-être pourquoiquatre de mescor-
respondantsne l'ont pas remarque.Les documents précédents, relatifs aux Européens, aux
Hindous,aux tribus montagnardes (le l'tnde, aux Alalais,aux
Micronésiens,auxAbyssins,aux Ambes,aux nègres, aux !n-
diens de 1 Amériqueseptentrionale, et prohnhtement aux
Australiens. races dont la plupart n'onteu a peu près au-
cune relationavec les Européens, ces documents, dis-je,sont suffisantspour détnontrerque le haussement desépautcs~
accompagne dans certains cas par d'autres mouvements
spéciaux,estungeste nature! &l'espècehumaine.
Cegeste exprimela constatationd'un fait que nousn'avons
pas voulu, quenousn'avons puéviter, ou bien de notre tm-
puissanceA accomplir un acte donné ou à empêcher une
autre personnede l'accomplir. tt accompagne des phrasestet!csque celles-ci « Ce n'est pas ma faute; il m'estUM-
possibtcd'accordercettefaveur; qu'il suive son chemin;jene puis t'arrêter. Lehaussementdes épaules exprimeaussi
ta patience, ou l'absence de toute idée de résistance. C'est
pourquoi les musclesqui étevcnt les épaules sont quelque-fois désignés~d'après ce que m'a dit un artiste, sous le
nom de « musclesde la patience M.LejuifShytock dit.:
SeigneurAntonio,&ouvt'ntet souvent,AilK!a!to,voosm'atezinjuriéAcauMdetaonargent et de mon usure;Je t'ai supporteavecun patient haussementd'cpautea.
Le~f<trcA«Kdde r<?M~c,act. t, ac. ut.
InMAUMRMËNT ?88
~PAU~R~. j axo
<9
Sir Chartes Me!t? pnMié'~ une figure frappante de venté,
représentant un homme qui fccuto devant quelque péril
ten'ihtOtet qui est sur le point de pousser !achement desc~ de t~rrenf; hes ëpautGsso reT&vehtpt'esquc Jusqu'auxoreilles, ce qui indique immédiatement l'absence de toute
penséede résistance.
St. en générât, Je haussement des épaules signifie « Je
no puis faire ceci ou cela, avec une tég~re modincationi!
sîgnine «Je ne veux pas le faire. Lemouvementindiquealors une détermination arrôtee de aie point agir. Oimsted
t'acoMte~qu'un Indien du Tesas hauss<tvigottM'uscmcnttes
épaulesenapprenant qu'une h'oupcd'hommesétait composéed'AUemandset non d'Amét'icaius, exprimant ainsi sa pensée
qu'il n'aurait rien a faireavef eux. Chexun enfant maussade
et obstiné,on peut voir les deux épaules fortementrcieveet!;
mais ce geste n'est pas associéaux autres mouvements qui
accompagnentgëneratement!c haussement verhaMc.Unro-
mancier, très bon observateur" décrivant un jeune homme
déterminéa sicpasaccéder auxdésirsde son përe, dit Jack
enfonçavigoureusementses mains dans ses poches,et haussa
!esépautesjusqu'aux oreilles, excellentemanière d'indiquer
que, a tort ou &raison, il ne céderait que lorsque le rocher
tomberait de sa base solide, et que toute remontrance à
cet égard serait inutile. Aussitôtque le filsmarchaAsongré,« il ramenases épaules Aleur situation naiureîte
La résignation s'exprimequelquefoisen p!acant les mains
ouvertes,l'une sur l'autre, sur lu partie inférieure du corps.Je n'aurais pas même cru nécessaire de signaicr ce geste peu
important, si !e docteur W. Ogte ne m'avait dit qu'it t'avaitobservé deux ou trois fois che~ tes malades qa<*t'en attoit
<4.A'M~Myo/'Rppt'eM~M.p.)<!C.<S.JoKfM~~MKgAr<'t<M,p. 3Si!.<N.M'"Ot)phaM(~TheBr~n/ctos,vo!.t!,p.2<W.
MC Mt;Stt;!<ATIO!<.
ancsthesierpar !ectuoro~rme avant de !esopérer. Ils mani-
festaient peu de crainte, et semblaient déctarcf, par cette
positionde leurs mains, qu'Us avaient aiternu leur esprit et
étaient résignés A suMrce qu'Us n&poMvaientévitée.
On peut se demander maintenant pourquoi, dans toutes
les parties du monde. l'homme (lui sent qu'il ne peut ou ne
veut pas faire une chose, ou s'opposer à une chose faite
par un autre, qu'il veuilled'aitteurs on nevcuntc pas ma-
nifesterextérieurementson sentiment, hausse ics épaules,
plie les coudesen dedans, présente ia paume des mains,
étend tes doigts, penche souvent un peu la tête d'un cote.
el~vc les sources et ouvre la bouche. Parm! les étais de
l'esprit qui s'exprimentpar cet ensemblede restes, les uns
sent simplementpassifs; tes autres impliquent tm contraire
une déterminationde ne pas agir. Aucun des mouvements
enumeres ci-dessusn'est de la plus tég'ercutitité. !t faut
enchercher l'explication,sans aucun doute, dans te principede l'antithèse inconsciente.Ce principe paratt entrer ici en
jeu d'une maMict'eaussiévidenteque dans te cas d'un chien
qui. hargneux, se placedans l'attitude convcnahtc pour atta-
quer et pour se donner une appnrcnct' ptus redoutable, et,soumisetauectucux, imprimeAson corpsentier une attitude
opposéede tout point, bien qu'elle no lui soit d'aucune uti-
tite.
Observezcommentun hommecourrouce, qui ressent vive-
mentune injure et ne t'acceptepas. redressesa tète, carre ses
épauleset dilatesapoitrine. Souvent il serre tes poings, et.
contractant tous ses musch's. il plncc un bras ou les deux
bras dans ta positionrequise pour attaquer ou se défendre. Il
froncelessourcils,c'est-à-direqu'il tescontracteet les abaisse;
enfin il serre les tfvres, indice d'uuo résolutionarrêtée. Les
restes et l'attitude d'un homme impuissant et résigné sont, a
tout pointde vue,rigoureusementinverses.Dansla p~ne~eV!,
MAUNSRMESTOKt< ËPAULBS. -Mt
w il w. .rion peut supposer que Faoc des R~tMs du cAMgauchevient dpdire « Que prétendez-vous en m'insu!tMt?
tandtNque l'une des ft~m'osdu cAt~droit dirait « Knvérité,
je n'y pouvait! nen. t/hotntne intpMhMaMtcontt~ctc, sahs çaavoir conscience,les muscle'!du front antagonistes de ceux
qui produisentle froncement dessourcils, et par suite élève
cesorganes;en m~mctemps il relâchetes musclesqui entou-
rent la bouche,de sorte que la mâchoireinférieures'abaisse.
L'antithèseestcomplètedans chaquedétail, et non seulement
danslesmouvementsdes traits, mais encore dans la positiondes membreset l'attitude du corps entier: c'est ce qu'onpeutconstatersur ta planche ci'jointe. Commel'homme qui se
désespèreou qui s'excusedésire souvent manifester l'état de
son esprit, il se comporte alors d'une manière démonstra-
tive.
Demémoque l'écartement descoudeset le crispementdes
poings,en signe d'indignation ou d'agression, ne se reucon-
trent pas universellementchez tes hommes de toutes races,
de même on voit, dans diverses parties du monde, la rési-
gnation ou le découragement se manifester par un simplehaussementdes épaules, sans que les mains s'ouvrent et quelescoudesse tournent en dedans. L'hommeou l'enfant en-
tête, aussi bien que celui qui se résigne A quelque grandmalheur, n'a, dans aucun cas, la pensée de résister active-
ment et il exprimecet état de sonesprit en gardant simple-mentses épaulesélevées; d'autres fois aussi il croiseses bras
sur sa poitrine.
Signes<<'o/~rma~o'MCM«T«ppro&n~oM,de négation OM
AMmeactesdepencherou desecouerla ~~p. J'étais curieux
desavoirjusque quel point les signesque nous employonsordinairementpour indiquer l'affirmationet la négation se
retrouventdans les diverses parties du monde. Ces signes
sont,jusque un certain point, expressifsde nossentiments
M: StGKM PAtTtMATtON
devant nosenfantsnousfaisonsune inclinaisonde ht tète de
haut en bas, en souriant, quand nous approuvonsteureon-
dmte; nous secouonsla tête latéralementquand noush MA-
mens. ChezfenMmt.le premiûfacte do <dLénégattoncoaststeA refuser !a nourriture qu'on lui présente, ce qu'il tait en
écartant latéralement son visage du sein ou do ta cuillère
danslaquelle on lui offreun alimentquelconque;s'il accepte,aucontraire, et reçoit lesalimentsdanssa bouche, il penchela tête en avant. J'ai fait bien souvent ces observationssur
mes propres enfants, et depuis torsj'ai appris quetes mêmes
faits avaient frappé Charmaet lui avaient suggéré les mêmes
conclusions'~ Remarquonsque, si l'enfant accepteou prendlitnourriture, il seproduit un mouvementunique en avant.
et que l'amrmations'exprimeaussipar unesimpleinclinaison
de tête; si an contrairel'enfant refuse, et surtoutsi on insiste,
on le voit souvent secouer sa tête plusieurs foisd'un côté a
Vautre,ce qui est exactementlegeste que nous faisons nous-
mêmesen signe de dénégation.Le refuss'exprimeaussiassez
souventen rejetant la tête en arrière, ou encore en fermant
énergiquementla bouche,de sorteque ces mouvementspeu-vent également arriver Aservir commesignes de négation.
M.Wedgwoodfait remarquer &ce sujet, que « la mise en
jeu des organes vocaux, lorsque les dents ou les lèvres sont
serrées, produit le son des lettres Mou m; ce fait peut
expliquer l'emploi de la particuleM<*pour indiquer !n néga-
tion, et peut-être aussi celui du grec, dans le même
but
Ces signes sont innés ou instinctifs, au moinschez les
AngIo-Saxons;cela parait du moins &peu près démontré
par l'exempte de l'aveugle et sourde Laura Bridgman,
<7.BMf~M!' I~M~a~2' cdtt., <M<).Jc<to;s<!esrcmerc!ement9&M!s&Wedgwood,quim'adonnécedétail,enm~netempsqu'uneanalysedel'ouvrageCMquestion.
!8. On<~eOt'<s<tt«fLa~Masc.<M6,p.9t.
KT Ot5 KBGATtON. N9
« qui accompagneconstammentson ûMtde l'inclinaison de
tète affirmativeordinaire, et son nondu mouvementrépétédo la tète qui caractérise chez nous la négation Si
M. Mehcr M'avait démontrele contraire ~j~
qu'elle avait pu acquérir ces gestesou les apprendre, en
considérant la prodigieuse perfection avec laquelle elle
appréciait par le toucher tes mouvement!;des autres. Lea
idiots microcéphatessont, connueon sait. si dégradéequ'ils
n'apprennent jamais a parler; or Vogt raconte que l'un
d'eux, lorsqu'on lui demandait s'il voulait encore mangerou boire, répondait en inclinant la t&teou en la Mcouant.
Danssa remarquable dissertationsur l'éducation des ~ourtis-
muetset des enfants&peu près idiots, Schmatzaffirme (luetes uns et les autres peuvent toujours comprendre et exé-
cuter lessignesordinaires d'affirmationet de négationSi maintenant nous considérons les diverses races hu-
mnines,nous reconnaissonsque ces modes expressifsne sont
pasaussi universeMementemployésque nous aurions pu le
croire; cependant ils paraissent trop génératement répandus
pour qu'on puisse les considérer comme entièrement con-
vontionnelsou artincie!s. Mes correspondantsafurment queles deux signes ci-dessus sont usités chez les Ilalais, les in.
digeocs de Ceylan, les Chinois, les nègres de la cote de
Humée; Gaika les a observés chez les Cafres du sud de
l'Afrique; cependant M"" Barber n'a jamais vu chez ce
dernier peuple le mouvement latéral répété de la tête em-
ployé comme signe de négation. Quant aux Australiens,
sept observateurs s'accordent a dire qu'ils se servent de
l'inclinaisonpour affirmer; cinq d'entre eux sont d'accord
«'. CM</<etoco<~ut)~û/ BfM~MaM,SmithsonianContributions,iMi,vo).H,p.«.
20. If~<t/M<Mf~M~)~c<ipA<t~,<M7,p. 27.
2<.Citépar Tyto~ JSa~ NM<o~ MoHM~,2' édit., t8' p. 38.
SËOKJKSMAPF!RMATtOKM4
aussi au sujet du mouvement do négation, accompagnéou
non de h parole; mais M. Oysont~cy n'a jamais observé
ce dernier signe à Ouceo~od, et M.llulmer dit que~
,~M~ La'tdt Ui&gatMms'exprime $n penvema~t!~êr<ment la tête en arrièr<!et tirant la langue. A !'extr6mit6
septentrionaledu continent, pr~s dit détKHtde Tonnes,les
indt~&nes« nesecouentpas la tète, en at'ticutaut une néga-
lion OMusils f~ventJt<tmain<ttwt<*et t'agitent en la faisant
totH'm't't'it'culait'etnentdeuxou h'ois fois Il paraKqucles (~'ccs moderneset les Turcs exprimentla négation en
renversant !a tûte en anncre et tMisactclaquer !n langue;et que les Turcs rendent l'affirmationpar un mouvement
nnaiogne A celui que nous exécutonsquand nous secouons
la tête Le capitaineSpeedym'infonne que les Aby~ins
expriment la négation en jettmt IlLtête sur l'épaule droite
et faisant ctaqucr iépèrement !a !anpue, la bouche étant
fpt'mëe; et la négation en t'enversantiat6te en arrière et
élevant rapidement tes soureHs.LesTa~ak de Lucon,dans
rafebipel des t'hitippines, renversent é~a~ment la tête en
disant oui, suivantce que j'ai entendu dire un docteurAdoif
Mcyer.n'après le témoignage du ra}ah Brooke, les Dyaksde Bornéo exprimentrafnrmation en étevant les sout~tts,et la négation en lescontractant !é~èrement, tout en regar-dant d'une façon particulière. le professeurAsaCrny et sa
femme disent que les Arabesdu Kit emploient rarement
l'inclinaison afurmativc,et jamais le mouvementtatcrat de
négation, dont i!s ne comprpnnentmame pas la sijpninca-tion. Cttez les Esquimaux~Mt s'exprime par une incnnai''
son de tète, et non, par un clignement.Les indigènes de la
22. M.~-B. JtukM,Lf~f~ <!M<<Re~KK;~etc.~<87~p.948.
M. F. Lieber, 0" theM<xt~Sounds,etc., p. «. Tytor, ~oe.c<<
p.S3.24. DocteurKing.jE~H&Mt'~rA)!LJoMt-Ma~,<M4!),p. 313.
KTOKNtÎGAHÛK. 29&
KoaveMe-Xolandc« lèvent ta iAte et Io menton, au lieu de
tes abaisser, en signe d'acquiescementM. Il. Erskino conclut des études faites par divers Eu'
copéena,aasst bMnque pap de~obsepvatMtrs mdtg~ne~<f<n'les Mindons,que chez eux tes signes d'afnrmation et de
négation sont variables. Quelquefoisils sont identiques A
ceuxque Mousemployons: mais la négation s'exprime pinsordinairement en renveesant brusquement la totc pM(n'nere
<!tun peu de côté, et faisant ctaquer la tangue; jf ne pni!!deviner quetto est ta significationde ce ctaquoment de ta
!aoj~uc,qui a et6 (lu reste observé citez divcfspeuples. Un
observateuf indigène prétend que Fanh'mation s'exprimeaouvont CMportant la tAteà gauche. M. Scott, que J'nvaix
prié de pot'terparticutierement son attention sur ce point.
pense, après un grand nombre d'observations,t~uctes in(li-
gènes n'<'tnpt<ticntpas habituellementune inclinaisonver-
ticale pow anirmcr, mais t'onversontd'abord ht tête, soit
ventht dt'oth',~oitvers la gauche, t't puis.lu jettent oblique-ment en avant une !!cut<*fois. Un observatom'moins atten-
tif aMt'aitpeut-être décrit ce mouvementcomme une simplesecousse latérale. M.Scott établit aussi qu< dans ta néga-
tion, tn tête est tenue ordinairement A peu près droite, et
secouéeplusieurs foisde suite.
M. Mridgcsm'informe qu<*tes natun'ts de !<t Terre-de-
rcu inclinent, commenous, ta tête de haut en bns en signe
(t'af<it'tnat!on~et la secouentde dt'oitc a gauche en signe de
négation. D'après M. Washington Matthews, les Indiens
sauvages de l'Amériqueseptentrionale ont appris des Euro-
péens ces deux mouvements, qui n'existent pas naturelle-
ment chez eux. Ils expriment < t'ufSrmation en décrivant
avec la main. tous tct doigts étant fléchis,l'index excepté,une ligne courbe en bus et en dehors a partir du corps; et
~N.Tytot',&tWy~(ory o/jf«H&tM<~tijit.~t~O, p. S~.
8!6KBSn'AFPiXMAttOK!iM
la négation en portant la main ouverte en dehors, la paume
regardant en dedans Suivant d'autres observateurs, le
signe de J'affirmation,chez ces tndiens, consiste&lever le
doigt indicateur. puis Al'abaisser vers le spl~ou Men& ba~
ïn~ccr h itnh!ncnî)~ au du visage; et le
signe de lit négationconsisteAsecouerde droite & gauchele doigt ou la main tout entière Ce dernier mouvement
supplée et représenteprobablementnotre mouvementitérât
de la tète. On dit que les Italiens lèvent de même le doiptet le secouentpour indiquer ta négation; ce j~estes'observe,du reste, aussi quelquefoischez les An~tais.
Kn somme, notMconstatons une diversité considéraMe
dans les signes du l'affirmationet de la négation, smvaut
les difterentesraces humaines. Cependant, pour ce qui con-
cerne la négation, si nous supposonsque tes secousses im-
priMéesde droite A gauche au doigt ou A ta main sont
~ymbotiqut'sdu mouvementlatéral de la tête, et si nous
udmettons que ce mouvementbrusque de la tôte représentelui-même l'un des actes accomplissouvent par l'entant quirefusede manger, nous devonsreconnattre une grande uni-
formité dans expression de la négation dans le monde
entiRt',et nouspouvonsen même temps comprendre quelleest l'origine de cette expression. Les exceptions les plus
marquées nous sont présentées par les Arabes, les Esqui-
maux, certaines tribus australienneset les Dyaks.Chez ces
derniers, la négations'indique par le frouccmeut des sour-
cils, qui, citez nous, accompagne fréquemment le mouve-
ment latéral de la tète.
Quant à rinclinaisoa de ta t~te comme signe d'afnrtna-
26.Lubboch,TheCh'~Mo/C'cWM~oM,<870,p. 2~. Tytor«'«L.
p.38. Lieberfait(~ p.H)quetqMesobser<auoMeurtessignesde
négationcheztesttattcm.
iîTOef~OATtOK. ??
Mon, les exceptions, un peu plus nombrenscs, se Mncontrent
chez certains Hindous, les Turcs, les Abyssins, tes
Oy<d<8, ics Taga!s et les NouveaMX-XdtandaM. Quet~uofots '4
i'a~Mnatien ~«Tpftm~ CMdtëvaht Ï<'s sourctk comtne une
personne MjcraKÏe natoreHement. tout en port~ut ia t~tf en
avant et en bas, l'interlocuteur auquc! eiïe s'<n!t'esM'. elle
est atom oMig~ée d'ëiever ses sourcUs, ce qui peut avoh' amené
ce nouveau signe expressif, dans uu but d'abrev!ation. Df
tn&tne, chez tes naturel de ta Nouvctte-Xotattd< t'étévation
du menton et de- !a tête on signe d'affirmation rept'osentc
peut-être, sous une forme abrégée, te mouvement de rctouf
de ta tMe après qu'ette a 6tc in''tiaee en bas et en avant.
ctiÀpmŒxn.
~MMtSE. ÉTOX~ËMEXT. CMAtSTK. HOttKECH.
i!utt')<).<~tonncmettt.S«<o'e!tst')< ttoochoouverte. t~fcs avaxct'M.Mettes<)uta<'c<)tHt)aft"Ctttfittmr)tr!-ie.At)n)tra«oo.CratMh'.Terreur.
H<'H!'t<'tne))tdf'scttMct~.(~)t'ra<:<fo))dunntMte fcaMKior.<H)atat)uttdes)'t)ttttt<"<.MotTCMr.-C"t)''tMsiM).
t~M'squel'attention est provoquée subttoncttt et vive-
ment, clle se trunsfot'mcen Stn'pr!:tcc<;Ue-ctpasse à Fëton-
MCtHent,(luiconduit iut-mëmeAlitstupétacUonet &l'effroi.
Ce derniet*t~iat d'esprit tottchf de hien pt~s Ala terrent'.
L attention, nous i'avous vu, se manifeste par une !é~'crcélévationde sout'cik; quand <'Hepasse à l'état de sm'pt'ise,ceux-cis'ë!<:ventbeaucoupplus énergiquenteat, et les yeux
s'ouvreot laf~rcment,aittsi que lu hanche. Cette élévation
dessourcits, nécessairepout'pei'ntottn' auxyeux:de s'ouvrir
tat'f.femeatet rapidement, amené la formation de rides
transversalessur le front. Le de~fe auquel s'ouvrent les
yeuxet lu bouche correspond A l'intensité de la surpfise
ressentie; ces deux mouvementsdoivent d'aiUeuMs'exécu-
ter simultunétncnt en enet, tarbouche largement ouverte,avec les sourcUs légèrement élevés, produit une grimacesans si~niHcation,comme l'a montré le docteur Jhtchenne
dans l'une de ses photographies On voit souvent, au
contraire, simuler la surprise seulement en élevant les
sourcils.
t..Mt'c«MtM)e(/e<«~<~MOM)~A~MM,i862,p.42.
~TONKMtENT. MM
L'une des photographies du docteur l~ucheuna repré-sente un viei!!arddont j[ossourcits sont relevés et arquas
par la jBfatvnnisation(h) muscle frontat, ht bouche étant
d'aineurs onvcrte voïohtairMn M~urc exprime lu
surprise avec une vërité saisissante. Je la montrai Avin~t-
quah'e personnes, sans un mot d'explication, et sur ce
nombreune seutene put découvrit'que!!e en était la si~fni-
~cation; une autre l'intitula terreur,ce qui n'était pas s*6cat'*
top beaucoupde la vét'Hé; enfin quelques-unes,au mot sur*
prise ou étonnement, ajoutërent les épithotcs suivantes
pleine d'horreur, de desotation, mcJce de tristesse, de d<}-
~oot.
AinsiJtcsyeuxet Ja bouche tar~ement ouverts constituent
une expressionuniversellement recoanue commecelle de la
«urprMeou de l'étonnement. Shakespearedit '<J~aperçu!!un forgeron debout, la bouche grande ouvct'te, a~aJuntavec
avidité les histoiresd'un iaiUeur. (J~<M~JoAM,acte tV,scène o. ) Et aiMcurs tis se regardaient les uns les autres,et leurs yeux semblaientpresque prêts il jaillir de tcurs or-
bites leur silence parlait, leurs gestes étaient pleins d'eio-
quencc; on eut <tit<~u'itsapprenaient la fin du monde.
(M~n~ ?~ acte V, scène n.)Mescorrespond&ntarépondent avec une remarquable uni-
formité&mes questions sur l'expression de lu snrprisMchez
les diuercntes races humaines: seuiement les mouvements
des traits indiques ci-dessus s'accompagnent souvent de
certainsgestesou de l'émission de sons que je decrirat tout
à l'heure. Douzeobservateurs, dans ditTérentesparties de
l'Australie, son.td'accord sur ce point. M.WinwoodHeade
a constaté cette expressioncitez ies nègres de la côte de
Guinée.Leehef~ai~aet d'autres répondent aturmativement
A mes demandes sur les Uafrcs du sud de l'Afrique divers
autres observateurs ne sont pas moins explicites au sujetdes Abyssins,des Ceylanais, des Chinois, des indigènes de
3M SURPRtSE.
la Terre-dc-FeM.de certaines tribus de l'Amérique septen-
trionale, et des naturels de la Nouvelle-Zélande.Parmi ces
derniers, d'après M.Stack, l'exp~ssion est plus nette chez
certains individus quechex 4'nMtN's. tMcnqM'HsN'oSbreenttous de dissimuler autant que possible leurs sentiments.
Suivant le rajah; Itrooh, tes Ih'akct de Bornéoouvrent lar-
gement la bouche quand ils sont étonnés; en même temps,ils balancent ta i~tc d'un côté ù l'autre et se frappent la
poitrine. M. Scott me t'acontcqu'il est formellement intet'-
dMauxouvriers du Jardin Botanique,&Calcutta, de fumer;
mais ils bravent fréquemment l'interdiction, et lorsqu'ilssont surpris en narrant dëtit, leur premier mouvomentest
d'ouvrir largement les yeux et ia bouche. Puis, quand ils
reconnaissentqu'its ne peuvent éviterd'être pris sur te fait,
ils haussent souvent les épaules, ou bien ih froncent les
sourcilset frappent le sol du pied avec dépit. Ils reviennent
bientôt de leur surprise, et la crainte servile qui les saisit
alors se manifeste parte relâchementde tous leurs muscles;
leur tête semble s'enfoncer entre leurs épaules, leur re-
gard terne erre de c6té et d'autre, et' ils balbutient des
excuses.
M. Stuart, l'explorateur bien connu de l'Australie, a
donné une relation frappante de l'enroi stupenë, melô de
terreur, que ressentiten l'apercevantun indigène qui n'avait
jamais vu nn homme à cheval. M.Stuart s'étant approchéde lui sans être aperçu et l'ayant appelé d'une petite dis-
tance Il se retourna, dit-il, et m'aperçut. Je ne sais ce
qu'il supposa que je pouvais bien être; toujours est-il que
je n'ai jamais vu une personnificationplus saisissantede la
crainte et de l'étonnement. u s'arrêta, incapablede remuer
un membre, cloué sur place, la boucheouverte et les yeuxfixes. 11resta immobilejusqu'à ce que je fusse arrivé à
3. ThePo~o< JVMtx~et-,Metbourne.dec.i8S8,p.2.
ËTONNKMBNT. Mt
quelques mètres de tut alors, jetant bas son fardeau, il
sauta par-dessusun buissonaussi haut qu'il put atteindre.
Il ne pouvait parler, et no répondait pas un mot aux ques-
tion qne I&.n~Mlui adressait maia,tremblant de la tête
aux pieds, il a~tait ses mains pour nous Poignet'.L'élévation des sourcils, soMsl'influence de la surprise,
doit être un acte inné ou instinctif; on peut le conclurede
ce §Mtque Laura Bridgntanles <U&veinvanabiem~ntquandelle est etonnce, d'âpre ce que m'a afnftné la femmequi a
été en dernier lieu chargée de la soigner. La surprise étant
pt'ovoquécpar que!quechose d'inattendu ou d'inconnu, il
est naturel que nous désirionsreconualtre aussi rapidement
que possiMela cause qui t'a fait nattre; c'est pourquoi nous
ouvrons.iMt'gcmentles yeux, de manière &augmenter le
champ de la visionet Apouvoirtacitement diriger te regardversune directionquelconque. Toutefoiscette interprétation
n'explique guère t'étovationsi prononcée des sourcils, non
plus que la nxiiésauvagedes yeux grands ouverts. !I faut
cherchct', je crois, l'explicationdo ces phénomènes dans
l'impossibilité d'ouvrir les yeux tr~s rapidement par un
simple mouvementdes paupières supérieures on n'y par-vient qu'en relevant énergiqncntent les sourcils. Essayezd'ouvrir vos yeux aussi vivementqu<:possible, en face d'un
miroir; et vous constaterezque vous exécutez en effet ce
mouvement; cette élévation énergique des sourcils ouvre
les yeuxsi largemeutqu'ilsprennent une expressionde nxité
pai'ticuliére. due A l'apparition tic la sclérotique blanche,
qui se montfc tout autour de l'iris. Cette positiondes sour-
cils constitueen outre un avantage pour regarder en haut
car tant qu'ils restent abaissés, ils interceptent ta vision
dans cette direction. Sir C. Bel!donne une preuve curieuse
du rôle que les som'cilsjouent dans l'ouverture des pau-
a. The~Ka~myc/'jE~M'MsfM~p.tOC.
SURPHtSK.~t
piercs. Chex l'hotnme abrnti par l'ivresse. tous les musoies
se relâchent, et par suite tespaupièress'abaissent exactement
comme chez t hommequi tombe do sommeil; pour lutter
t'outre cette ttisposHion,t'iyro~ne eièveses spnrc~s, ce qu~!ui donne ce regard embarrasM*.bcte, que t onvoit parfai-tement bi<*My<'pt'Mhtit(!anaun dessin de Ho~u'th. L'habi-
tude d'~tfvet' tes sourcitsune foisacquisedans te but de voir
Mussii'apittctnentqm' pos<i.i!)tctout autour de nous, ce tnou-
vcntent a dA subir comme ttUitd'autt*e8l'influence de !a
fnM<'d'ussodattoo, et H doit aujourd'hui se jpt'oduh'etoutes
les fois <;ucnous t'essentonsde t'etonnementpat*suite d'une
cause nuctconquf, tneme par l'effet d'un son bfUM)ueou
d'une idée inattendue.
Chez t bommeaduttc, torsque les sourcits s'étèvent, le
front tout entier se sillonne de rides transversales; cttex
t'enfani, et; phénomène ne se produit qu un faible de~re.
Ces rides s<*disposent en !!{fnesconcentriques,pavaU&lesa
chaque sourcil, et se confondant en partie sur la ligne.
médiane. EUes sont expressivesait premier chef de !a sur-
prise ot) de i'étonnement. (chacun <!cs soufeits devient,
<'omnM<le fait rcntarqucr M. nuchennc plus arqné en
s'ctevant.
Pom'qttoila bouche s'onvre-t-euesous rinMucnccde l'é-
tonnetMcnt?(~ctt<:question est des p!us comptexes. t'!u-
sieurs causes paraissent concourir A produire ce mouve-
ment. «n a &diverses reprises émis l'opinion~que cette
attitude favorise i'cxercicedu sens de Fouïe; j'ai cependantt
observe des personnesqui prêtaient une oreiUe attentive a
un té~cr bruit, dont elles connaissaientparfaitement !a
4..M~M~MtC~< M~S'OHMNfe..t~'MtM,p. ?.S. Voir,jtarexempte,t'cxceuentcétudedudocteurPiderit<N<m~KM~
M~to~Mm~,s. 8tt)surl'exprcssiondela surpnsc.
~TONNHMKNT. :?:)
~nfce et la nature, et je n'ai jamais vu ïa bouchos*ouvrir
dans ces conditions, C'estp«ur<{uoij'avais supposéque i'ou-
verture du ht bouche pouvait St~rvirA reconnunrode que!!cdtreetic'n p~v~~h (m Mn/cn pt'nn~ftHnf~ntxvn~Mt!~ (1.
pénétrer jusqu'à t'ordttp paria trompe d'Kustache. Maisif
docteur W. Ogle qui a en la (ft'acieuscté de consuUft'
pour moi les tneHtem'csantorités coot''mpontinps sur les
fonctions do !a trompe d'Kttstachc, ~t'apprend qu'il est A
peu pt'ësdëmonir<!q<)'e!tcne s'ouvrequ'au momentde t'xctt'
de ta déglutition; et que. chcx tMpct'sonncschcz lesquoUeseHe reste anMtnatemfnt béante, t'aud~tion des Monsexte-
neurs n'est nntlcment perfectionna euf est au contrait'e
MMaibucpar i<*sbruits df la respiration, qui deviennent
plus distincts. Pta<*Mune montre dans votre honche, sans
lui permettre d'en toucher les parois. vousentendre:!le tic-
tac beaucoup moins nettement que si vons la teniez en
dehors; citez les personnesqui ont. par suite d'un rhunu*
o~ de toute autre affection,la trempe d'Kustach<*obstruée
d'une façonpermanente ou momentanée, !<'sens de t'aud)-
tion est a8aib!i; mais cela peut s'expliquer paria présencedu muct)!taccumuié dans lit trompe et qui otnpccbe le
passade de !'air. Ainsi nous pouvons conclure que, si h<
itouchc s'ouvre sous !'inMuencedo l'étonnement, ce n'est
pns pour permettre d'entendre plus distinctemoat; il est
certain cependant que hien des sotutts gardent d'habitude
la bouche ouverte.
Toute émotion soudaine, et rétonuement en particulier,accétcre les !)attementsdu cœur, et en mcrne temps les
mouvementsde la respiration. Or nous pouvonsrespirer.comme Cratiotet le fa*t remat~uer et comme je le crois
(t. LedocteurMûriem'aaussicommuniquédiversrenseignements<tuicoaduiMntà lamêmeconchtaion,et quisont<burn!aen partiepar !'a*natonttocomparée.
7. De/«M~oMom<<t86~p.Mt.
90t ËTOXKËMMNT.
avec lui, bien plus librement & travers la bouche ouverte
qu'à travers tes narines. Aussi. lorsque nous voulons prê-ter une oreille attentive Aquelque son,ou bien nousarrêtons
noire respiraiton, ou Men respirons aus~ tt'anqMUle~ment que possible en ouvrant la bouche, touten maintenant
notre corps entier en repos. Un de mes fils fut réveille au
milieu de h nuit par un bruit particulier, dans des circon-
stances qui stimulaient vivement son attention il s'aperçutait bout de quelques minutes qu'il avait la bouche large-ment ouverte; il eut alors consciencede .t'avoirouvertedans
le but de respirer aussi silencieusementque possible.Cette
manière de voir est confirméepar le fait inverse qui se pro-duit chez les chiens lorsqu'un chien est essoufflé,aprèsun exercice violent, ou bien par une journée très chaude,il respire bruyamment maissi son attentionest subitement
éveillée, il dresse immédiatement lesoreillespour entendre,
ferme la bouche et respire silencieusementpar les narines,
ce que son organisation lui permet de faire sans difficulté.
Lorsque l'attention reste concentrée pendant longtempssur quelque ol~et ou sujet, sans s'en détourner, tous les
organes du corps sont oubliés et ne~Ii~es et, comme la
somme de t'energ-icnerveuse, chex un individu donné, est
limitée, il ne s'en transmet qu'une faibleproportiona toutes
les parties du système, sauf a celle qui actuellement est
mise énergiquement en action c*cstpourquoila plupart des
muscles tendent &se relâcher, et la mâchoiretombe par son
propre poids. Ainsi s'expliquent la mâchoireabaisséeet la
bouche ouverte de l'homme qui est stupéfieou effraye, ou
mcme qui ne subit ces impressions qu'A un faible deg-ré.J'ai remarque en effet cette manière d'être, d'après les
indications que je retrouve dans mes notes,chez des enfants
très jeunes, sous l'influence d'une surprise modërcc.
8. Voir,surcesujet,Gratiofct,Dc/«M~«MMMt!<i8< p.Mt.
'1', -~i
jÉTOXXEM~NT. jto&
20
Mexiste encore une cause, très importante, qui pro-
voque l'ouverture de la bouche, Nousl'influencede l'étonne-
ment et.plus spécialementd'une surprise soudaine. H nous
est b~MMUpph~ &eite <FMéM~une ïnspît'attdnvigou-reuse et profonde à travers ta bouche ouverte qu'à travers
les narines. Or, lorsque nous tressaillons,à l'onre de quel-
que son brusque, Al'aspect de quelque objet inattendu,
promue tous nos muscles entrent momentanément et in-
volontairement en action avec énergie, pour nous mettre
en état de repousser ou de fuir un danger, dont nous asso-
cionsd'ordinaire t'idée &toutechoseimprévue. Mais,comme
nous l'avons déjà vu, nous nous préparons toujours a un
acte énergique quelconque sans en avoir conscience, en
exécutant d'abord une profonde inspiration, et par consé-
quent nous commençonspar ouvrir largement la bouche.
Si aucun acte ne se produit et si notre étonnement dure,nous cessonsun instant de respirer, on bien nous respironsaussi doucement que possible,afin d'entendre distinctement
tout son qui pourra venir frapper nos oreilles. Ennn, si
notre attention se prolonge longtemps et que notre espritsoit entièrement absorbe, tous nosmusclesse relâchent, et
la mâchoire, qui s'était d'abord abaisséebrusquement, con-
serve cette position. Ainsi plusieurs causes concourent à
produire ce même mouvement, toutes les fois que nous
éprouvons de la surprise, de rétonncmcnt, de la stupé-faction.
Bienque les précédentes émotionsse manifestent le plus
jErénéralementen ouvrant la bouche, elles s'expriment sou-vent aussi en portant les lèvres un peu en avant; ce fait
nous rappelle le mouvement, beaucoupplus marqué cepen-
dant, qui indique l'étonnementchezle chimpanzé et l'orang.Lesdivers sons qui complotent d'ordinaire l'expression de
la surprise peuvent probablement s'expliquer par l'expira-tion énergique qui succède naturellement A la profonde
3M ~TOK!tKMKKT.
inspiration dn début, et par la positiondes Icvrcsqu~ noua
venons d'indiquer. QuelqaefoMon n'entend qu'une forto
expiration ainsi t~ura Bridgnmn, surprise, arrondit et
avance les l&vfes,les cntr'ouvre et respireénergiquementL'un des sons les pluscommuns est un profond,quirésMtte natMt'eHement,cotn~e Uctmhottzl'a expUqué, de
la forme que prennent la bottche modérémentouverte et
les lèvres avancées.AumitioMd'une nuit tranquille,on tira
&bord du ~a~, mouillé dans une petite crique do Tatti,
quelques fusées, pour amuser les indigènes; à chtMjuefusée
qui pt~'hut, le silence, d'abord absolu, était bientôt suivi
par une sorte de grognement, un o~ qui retentissait tout
autour de lu baie. M. Washington Mattbewsdit que les
Indiens de l'Amérique septentrionale expriment l'etonne-
ment par un g'rogncment; d'après M.WinwoodReade, les
ne~rfesde la cote occidentale d'Afriqueavancent les lèvres
et font entendre un son analogue &Hïe, aie. Si la bouche
ne s'ouvre pas beaucoup, tandis que les lèvres s'avancent
considérablement, il se produit un bruit de souffleon de
sifflement.M.H. Bt'ouj~hSnnth m'a raconte qu'un Austra-
lien de l'intérieur, conduit au théâtre pour voir un acro-
bate qui exécutait de rapides cabrioles~« fut profondément
étonné; il avançait les lèvres, en émettant avec la bouche
un bruit analogue à celui qu~onproduit quand oit soufue
une allumette D'après M. !tutmer, quand les Australiens
sont surpris, ils font entendre l'exclamation&o~t, « qui se
produit en allongeant la bouche comme pour siffler Les
Européens, du reste, sifflentsouvent en signe de surprise.Ainsi, dans un roman récemment publié on lit Il ici
l'homme exprima son étonnemcnt et sa désapprobationparnn sifflementprolongé. M. ManselWeale m'a raconté
9. Lieber,Oa~A<'t'<tM/8oMM<~o~LaMfaJM<~<M«H,SmithsonianCon-tUbutions,i8&i.~fot.M,p.7.
io. Wcndc~/mc.vol,M.p. !)t.
HTOKXKMRNT. :M7
qu'une jeune fille eafro, apprenant ic prix e!evé d'une
motrctMmdiso,!eva les souroits et situa exactement comme
eat fait un Knropéen M. Wedgwoodfait remarquer que
!~MnsdeM~hrc s~cnvctit~ wAetc, et qu'onles emploie comme inh'tjectionn expressivesde la surprise.
Suivant trois autres ottset~'ateuM,ks AustKttienNMmoi-
~nent souvent MtunnetneRtpar une sorte de gtoussement.
Les! Eupopëensexpriment aussi qMe!<;uetbMune M~èt'cstn'-
pr!se par un petit bruit m~taHique&peu pr6s sembiabie.
Lorsque nous tt'M8<nt!oïMde sut'pMsc,nous l'avons vu, Motre
bouche s'ouvre subitement;et si la tangue est &ce moment
omcten~nt applicluéecontre !&voAtep~tatmo. son éioig'ac-ment subit doit produifeun scn de ce genr<\ qui peut ainsi
Mfe considère commetin si~m' expressif de i'étonnctncnt.
Arrivons A Fattitudf du ct'fps. Une pct~onne sarpfisetèvMsouvent ses niainsouvertesau-dessusde sa iûte; ou bien,
croisant ses brus, eiic les porte A k hauteur de son visage.La face patmairf des mainsse dirige vers ht personne qui
provoque i'eionncment; les doigts sont étendus et sépa-res. Ce geste ai été représente par M.Rcjiander, dans la
~OM~e V!t, ngore i. Haus!n C~e, de t~ooard de Vinci.
on voit deux des apôtres qui. les bras é!evé!<,manifestent
très clairement leur surprise. ~n o!Mervat<*urdiji?nede foi.
me racontant qu'U ~'ctatt trouve dernièrementen présencede sa femme dans les circonstances les plus inattendues.
ajoute .t EUetressainit, ouvrit largementta bouche et les
yeux, et porta ses deuxbras sur sa tête. Il y a quctquf's
années, je fus surpris de voir quetqocs-uns de mes enfants
(lui, accroupis sur le soi, paraissaient portrr une attention
profonde à quelque occup&tionht distancequi me séparaitd'eux étant trop grande pour me pcrmcttt'ede demander ce
dont il s'agissait, je plarai mes moins ouvertes, les doigts
étendus, au-dessusde ma tôte ce geste était a peine fait
3)M ÉTOKNEM!!KT.
que je reconnus ce qui tes occupait ? fort; mais j'nttcndiasans dire un mot, pour voir s'ils avaient comprismon mou-
vement, et en ciFetje les vis accourir vers moi en criant<t MousavotMt!M que voua étiez surpria* J'i~noMsi ce
geste est commun aux dinercnies races ttumaim's, et j'ai
négligé de faire des recherches sur ce point. On peut con-
clurequ'il <*stinné onnaturel (tec<'fait,que LanreMr!d~ntan,
lorsqu'eUeest stupéfaite, « ctcnd les bras et lève les mains
Moétendant les dotgts il n'est pas prohahk, fn p<Ïat,
si l'on considère t{u<'la surprise est un sentimentgénérale-
tnent très court, que cette pnuvtwMUeait pu apprendre ce
geste par te sensdu toucher, quelqueparfait qu'il «oit chez
elle.
Huschhe décrit nn geste un peu dinërent, mais pour-tant de nature analogue, qui. dit-it, accompagnechez cer-
tains individus t'expK'ssionde t'étonucment. ~s individus
en question se tiennentdroits, les traits du visagetels quitsont été décrits ci-dessus,maisenétendanttes hras en arrière
et séparant tes doigts les uns des autres. Je n'ai jamais,
pour mon compte, observé ce geste; cependantMuschttea
probablement raison car, un de mes amis ayant demandé
a un nutre hommecommentit exproncraitun grand étonne-
ment, cedernier se plaça Hnméd)atent<'ntdanscette attitude.
Les différentsgestes qui précèdent peuvent s'expliquer,
je crois. par le principe de l'antithèse. Nousavons vu quel'hommeindigné levé h tête. carre ses épaules, tourne ses
coudesau dehors, serre souvent le poing, fronceh; sourcil
U. Licbcr,Oa~eeoca~SoMM'ctc.~vol.I1,p. 7.<a.ttuschke,JM'M~cMet Mt~ogwtMMM.iM), p. <8. Gratiot~
(Dela PA~M.,p.2SS)donneunefigurereprëseotantunhommedanscetteattitude,quimeparaitcependantexprimerlacraintemetëe&t'é-tonncmcnt. LeBrunsignaleaussi(Lavater,vol.tX,p.M9)les maiattouvertesd'unhommeétonné.
ë'fON!<E~8!fT. 3M
et terme la houchc, tandis que l'attitude de l'homme Mi-
puissant et résigné est en tout point l'inverse de la précé-doMte.Ici nous rencontrons «ne nouvelle application du
ménM~pp!ncîpc. t?n hoïttmedans ~n ë{at d~ ordinaire,ne faisant rien et ne pensantA rien particulièrement,laisse
ordinairement ses deux bras pendre librf~cnt &son coté,
tes mains étant à demi fennecs et les doigts rapprochés les
uns des autres. Lcvef brusquement les hras OMles avant-
hfas, ouvrir les mains, séparer les doigts, ou bien encore
raidir les bras en les étendant en arrière avec les doij~tt
separeN,constituent des mouvementsen complèteantithèse
avec ceux qui caractéMsentcet état d'esprit indifférent, et
ils doivent pat' conséquent s'imposer inconsciennncntà un
homme étonne. Souvent aussi la surprise s'accompagnedu désir de lit témoigner d'une manière manifeste; lesatti-
tudes ci-dessussont tr&spropres à remplir ce but. Onpour-rait demander pourquoi la surprise et quelquesautres états
d'esprit, en petit nombre, seraient seuls exprimés par des
mouvementsantithétiques. Je répondrai quece principe n'a
évidemmentpas du jouer un rôle important dans ïe cas des
émotionsqui, comme ta terreur, la joie, ta souffrance, ta
ra~e, conduisent naturellementAcertains types d'actes et
produisentcertains enets déterminés sur l'organisme tout
le systèmeétant affecté par avance d'une manière spéciale,ces émotions se troMVCNtdéjAexprimées ainsi avec la plus
grandtenetteté.
!t existe un autre petit geste expressifde J'étonnement,
duquelje ne puis proposeraucune explication;je veux par-ler de celui par lequel les mains se portent Aia bouche ou
sur une partie quelconque de la tête. On l'a pourtantobservé dans un si grand nombre de races humaines qu'ildoit avoir quelque origine naturelle. Un sauvage australien,
nyant été introduit dans une grande pièce rempliede papiersofficielsqui le Méprirent considérablement,se mit à crier
~C FMAYE~R.
C~McA,<<Me~c~Mc&fen phçant le dosdo samaindevant
livres. M""Barbet'<Htf~uotes Cafrcaet les~mgosexpr!-mentt'etonnetncntpar ttn regardsm'teuxet en ptacantteur
tu&'ndt'oitesur tem'~ou~ic; en m&n~te~Hcentie motM«t«'e.qm st~nttic<ner<'f<<~tf;y.Upat'att queles Bushmenportenti<'<u'tHaindroite Aleur cou, en ren-
vcMantleur tête en~rnèfe.M.WinwoodReadea nhserve
desn&~resde h cMcocfidcntntcd'Afnquequ! exprimaientta surpriseenfrappantde ta mainsur !curbouche,et it a
entendudhf quec'est ia te ~estcpar tequetils manifestent
d'hahttttdecette émotton.Le capitaïneSpeedym'informe
queles Ahyss!nsplacentteurmaindroitesor tout front,ta
paumadirig'ccen dehofs.KntmM. WashingtonMaMhew$
rapporte que le signe conventionné! de l'étonnement, chez
les tribus sauvages des t'étions occidentalesdes États-~nis,IlconsisteAporter ht main &demi fermée sur la bouche; en
m~me-temps,ta tète se penche souvent enavant, et que!quesfoisdes mots on de sourds gtrognements sont articu!és
Cattin signale aussi ce m~me geste chez les Mandanset
diversesautres tribus indiennes.
~<<Mt<r<!<MM.J'ai peu de chose A dire sur ce point.L'admiration pHratt consister en un mélange de surprise,de plnisir et d'approbation. Lorsqu'ei!e est vive, les sourcils
s'étcvent, les yeux s'ouvrent et deviennent brillants, tandis
que datts le simpleetnnncment ils restent ternes; enfin la
bouche, au lieu de s'ouvrir toute grande, s'étargit!ë~ere-ment et dessineun sourire.
Cnt<M<~terreur. Le mot fear (frayeur, crainte) paraitdériver ëtymologiquetncnt dics termes qui repondent aux
)3.Huschkc,Jf<m<«'set~A;j/~wMM<<'M,p. <8.14.A'of~~MCf/MMfMdt«tM,3' édit.,<842,vol.t, p. <OS.
pnAYtsun. ait
notionsde soudaineté et de périt celui do terreur a eu
de mêmepour origine le tremblement des cordes vocales et
desmembres. J'emploie le mot terreur commesynonyme de
frayeur cxtt'omc ccpeudaht quelquesécrivainspensent qu'ondevrait le réserver pour h' cas où l'imagination intervient
plus particulièrement. La crainte est souventprécédée d'é-
tonnement; elle est d'aiiienrsM voisinede ce dernier senti-
mentqu'ils éveillent instantanément, l'un commel'autre, les
sens de la vue et de t'outc. Dansles deuxcas, les yeux et la
bouches'ouvrent largement, et les sourcils se roievent.
L'homme eQ'rayéreste d'abord immobilecomme une statue,
retenant son souffle, ou bien il se blottit instinctivement
commepour éviter d'être aperçu.Le cfKurbat avec rapidité et violence, et soulevéla poi-
trine mais il est très douteux qu'il travaille plus ou mieux
qu'à l'état normal, c'est-à-dire qu'il envoieune pins grande
quantité de san~rdans toutes les parties de l'organisme
en effet, la peau devient pâte instantanément comme au
début d'une syncope. Cependant cette pâleur de la sur-
face cutanée est (tue probablement, en grande partie sinon
exclusivement,à t'impression reçue par le centre vaso-
moteur, qui provoquela contraction des petites artères des
téguments. L'impressionnabitiié de la peau par la frayeurintense se manifesteencore par la manière prodigieuse et
inexplicable dont cette émotion provoqueimmédiatementla
transpiration. Ce phénomène estd'autant plus remarquable
que, a ce moment, la snrtace cutanée est froide; d'où le
terme vulgaire de <M<Mr/r<M<ieordinairement, en en'et, les
glandes sudoriparesfonctionnentsurtout quandcette surface
est chaude. Lespoils se hérissent, et les musclessuperficielsfrétniiMont.En même temps que la circulation se trouble,
<&.M.WedgWMd,OM.efJï~<<~t/;(~~w,tM*~vo!.ï!,p.3S.VoiraussiGraUotet(De~ftPAy<tMtwH<e,p. 03)
surl'originedes motsVoiraussiGratiolel(Dela PA"'Ío,u,mit,p. t3S}surl'originedesmotsterror,<t<n'<w,n~tdM,/M&MM~etc.
312 FBAYEUK.
la respiration se précipite. Les landes salivaïres a~isMMt
imparfaitement; la bouche devient sècho elle s'ouvre et
se ferme fréquemment. J'ai observé aussi qu'une crainte
légère- produit un&fopiadiftpositioa Ab&illM~~'Mades C'
symptômes tes plus caractéristique de la frayeur est le
tremblement qui s'empare de tous Jes muscles du corps, et
qui s'aperçoit souvent en premier lieu sur les lèvres. Ce
tremblement, aussi bien que la sécheresse de la bouche,
altère la voix, quidevient rauqua ou indistincte, ou dispa-ratt complètement « CM~MpMt.<M<rMM~«ecoMM*,et c<M:
/OMe<&u<On trouve dans le livre de Joh une description remar-
quable et bien ronnue de la frayeur vague « Dans les
pensépsissuesdesvisions de la nuit, lorsqu'un sommeilpro-fond est tombésur les hommes, la peur vint sur moi, et un
tremblementqui fusait ctaquer tous mes os. Alorsun esprit
passa devant ma face; le poil de ma chair se hérissa. Je
m'arrêtai, mais je ne pus distinguer sa forme une imageétait devant mes yeux, et au milieu du silence, j'entendisune voix disant L'homme mortel sora-t-it plus juste queDieu? un homme sent-t-il plus pur que son Créateur?
(Job, tv, i3.)
Lorsque ta crainte croit graduellement jusqu'à l'angoissede la terreur, nous rencontrons, comme pour toutes les
émotionsviolentes,des phénomènes multiples. Le cœur bat
tumultueusement; d'autres fois il cesse de se contracter, et
la défaillancesurvient.; la pâleur est cadavérique, la respi-ration est tourmentée; les ailes du nez sont largement
<< M.Bain(r~cJ~onMsand the W(~ <MS~p.S4)expliquede lamanièresuivantela coutume«desoumettrelescrimineldansnndc,&t't'pfeHeedM L'aecMscdoitremplirsabouchede rizet lerecracherauboutd'uncourtinstant.S'itestrestetout a faitsec,onconclutà la
eutpabiiitede t'accuse,dontta mauvaiseconsciencea dû paralyserles
organessalaires, n
St9FRAYRUK.
ditatées; '<U se prodtutun mouvement convu!sifdes!èvrcs,MMtremblement des joues qui se creusent, une constriction
doutoureuse de ta prorj6re les yeux découvertset sait-
iants sont ~xës sur t'ohjët qn! provoqueÏMterreur, ou ~ieu
ils roulent incessa mrncutd'un côté A l'autre « ~Mc<~MC
oo~~MocMtoa<o<«tM~Me~~rM< M!~espupiUMsont, pu-
FSH-ii,pMdij~teuttcmentdilatées. tous tes mnsciesdu corpsdeviennent rigides, ou sont pris de convulsions.Lesmains
se ferment et s'ouvrent alternativement, 'souvent avec des
mouvementsbraques. Lesbras se portent parfoisen avant,comme ponr écarter quelque horrible danger; ou bien ils
M lèvent tumultueusement au-dessus de la tête. Le Mcve-
rend M. Ma~enauera observé ce dernier ffeste chex un
AustraiienterriMë. Dans d'autres cas, il se produit une ten-
dance subite et invincible A fuir a toutes jambes; cette ten-
dance est si fortequ'on voit les meilleurssoldatsy céder et
se laisser emporter par une panique soudaine.
Quand ta frayeur atteint une intensitéextrême, l'épou-vantabto cri de la terreur se fait entendre. Ue grosses
gouttes de sueur pertent sur la peau. Tous les musclesdu
corps se rc!achcnt. t~neprostration complète survient rapi-
dement, et les (acuités montâtes sont suspendues.Les in-
testins sont impressioïmés. Les sphincters cessentd'agir et
laissent échapper les excrétions.
Le docteur J. Crichton Brownc m'a communiqué une
relation si frappante d'une frayeur intense ressentie parune femme aliénée a~ée de trente-cinq ans, queje ne puis
m'empêcher de la reproduire. Quandses accès la saisissent,elle s'écrie Voi!&i'enfer! YoitAune femme noire! !m-
i7. VoirSirC.liell,~«M«c<~Mo/< MM.Sac.,<M2,p. 308.
AMa<omyo/'J~pt~M~)tj,p. 88etpp.<6~6)).<8.Voir,sur teroutcmentdesyeux,Moteau,dansl'édit.de i820de
Lavater,tometv~p. 2C3. Voiraussi<!ratiotet,Pc ~«oMom~p. i?.<
3t< PBAYËUM.
possiblede fuir! Il et autres exclamationsdu même ~enre.Hn même temps, elle passe alternativement d'un tremble-
ment jarénéral& des convulsions.Un !nstaut, elle ferme les
mahM.tend tes braadetnt-ftéchMdevant ett<dKnt nnc a~"
titude raid< puis elle se courbe brusquement en avant;elle se penche rapidementA droite et A gauche, elle passeses doigts dans ses cheveux,porte les mains Msou cou et
essayede déchirer cesvêtements, Losmusclessterno-cteido-
mastotdiens(qui ihclinenth tet<*sur la poitrine)deviennent,`tr~s saillants,cotametumcués. et la peau dit !a région anto-
Meuredu cou se smonnode rides profondes. La chevelure,
qui est coupéeras derrière ta tête et est iMseà t'etat nor-
mal, se hérisse, tandis que ics mains cmmetent celle quicouvre la région antérieure. La physionomieexprime une
angoisse extrêmede l'esprit. La peau rougit sur te visageet
le cou,jusqu'aux clavicules.et les veinesdu front et du cou
font sailliecomme de gros cordons, t<atevre inférieure s'a-
baisse, et quelquefoisse renverse. la houchcreste a demi
ouverte; la mâchoireinférieure se porte en avant. Lesjouesse creusent et sont profondémentsittonnëesde tignes cotir-
bcs (lui s'étendent desailes du nez aux coins de la bouche.
Lesnarines ettes-tnemcsse soulèventet se dilatent. Lesyeuxs'ouvrent iarg'cment,et au-dessous d'eux la peau semble
tumcnee; les pupilles sont dilatées. Le front est couvert de
nombreusesrides transversates; vers l'extrémitéinterne des
sourcils, il présente dessillons profondset divergents, dus
Ata contractionénergiqueet persistuntedes musclessour-
citiers.
M. Bett a décrit aussi19 une scène d'angoisse, de ter-
reur et de désespoir,dont il a été témoin A Turin, chez un
meurtrier que l'on conduisaitau supplice.« tte chaque côté
)&.(Mwn~tMMw<f~y, <M5,p. M,ctt~dansThe~M~ontyo/'J!.e-t<t'fM<'OM,p.<(?.
PRAYEUn. 9t9
de charM-tte étaient assis te« prêtres ofRciants, et au
milieule criminel tui-méme. tt était impossiblede content-
pler Fêtât de ce misérable sans cn'e saisi do terreut', et
pourtttnh commf st on f'ntob~r a quelque cmvrf'ment
étrange, on ne pouvait détourner les yeux de cet horrible
spectacle. tt paraissait avo!r trente-cinq ans environ; i!
était grand, tnuscn!eux;ïestNHts tic son viNt~eétaient ac-
centués et ftn'ouch<*s;A denu nu, pAlecomnMla mort. to)'-
tut'ôparia ten'cnr, les ntombt'ostordus d'angoisse, les mains
serrées convut~ivement,le visage inondéde sueur, te sour-
cil coMrhéet froncé, il cmbt'assait continuellementla u~urede notre Sauvem',peinte sur la banni&t'e(jui était suspenduedevant lui, mais avec une angoisse de sauvagerieet de dé-
sespoir dont nul mot ne peut donner la plus légère idée. M
Je ne citerai plus qu'un seul cas, relatif & un homme
complètementabattu par la terreur. Unscélérat, meurtrier
de deux personnes, fut porté dans un hôpital, parce qu'oncrut à tort qu'il s'était empoisonné. Le docteur W. Oglel'examina avec soin le lendemain matin, au moment ou ta
police vint t'arrêter et s'emparer de lui. Sa pateur était
extrême, et sa prostration si grande qu'il avait peine il
mettre ses vêtements. Sa peau transpirait; ses paupièresétaient si bien baisséeset sa tête si fortementpenchée,qu'ilétait impoli h!c do jeter un seul regard sur ses yeux. Sa
mâchoireinférieure pendait. Aucun musclede la face n'était
contracté, et t<;docteur Ogtc est à près sur que sescheveux
n étaientpas hérissés; car, en t'observant de près, il recon-
nut qu'ils paraissaient avoir été teints, probablementdans
un but de déguisement.
Arrivons A l'expression de la crainte chez tes diverses
races humaines. Mescorrespondante s'accordent a dire quelessignes de cette émotion sont partout tes mêmesque chez
tes Européens.Ils se manifestent d'une mcon excessivechez
HÉtUMEMJEKTM8 CMKYRUX.at6
les Hindouset les indigènes de Ceytan. M. (!each a vu des
Malaisterrines devenir pAleset trembler; M.Brough Smythraconte qu'un naturel australien, '<étant un jour extrême-
menteffraya, chftMjSfadcK'ontenretprttuneteinte analogueA la p&Ieur,autant que nous pouvonsla comprendre chez
un homme noir. M.HysonLacy a vu une extrêmefrayent'
)nan!fosté<!chez un AustraHen pat' un tremblement ner-
veux des mains, des pieds et des lèvres, par l'appari-tion de gouttes de sueur sur la peau. Ungrand nombre de
peuples sauvages ne répriment pas les signes de la crainte
autant que le font les Européens, et souvent on les voit
trembler violemment. « Chez les Cafres, dit Gaika, ie
tremblement du corps est très marqué, et les yeux s'ou-
vrent largement. Chez tes sauvages, les muscles sphinc-ters se rct&chentsouvent. Onpeut observerce mêmesymp-tôme chez les chiens, lorsqu'ils sont très effrayes,et je l'ai
constaté égalementchez les singes terrifiés auxquelson fai-
sait ta chasse.
~efMMmM~des c&~eM.r. Quetques-unsdes signes de la
frayeur méritent une étude un peu plus approfondie. Les
poètesparlent continuellementdes cheveux hérissessur la
tète; Brutus dit à t'omht'c de César « Tu glacesmon sanget fais dresser mes cheveux. Il Après le meurtre de Cto-
cester, le cardinal Meauforts'écrie « Peigne donc ses che-
veux vois, vois, ils se dressent sur sa tète. MCommejen'étais pas sur que les auteurs de fictions n'eussent pas
applique à l'homme ce qu'ils avaient fréquemment o!)-
serv<5chez les animaux/je demandai au docteur Crichton
Browne quelquesrenseignementssur tes aliénés. 11me ré-
pondit qu'il avait vu très fréquemment, chez ceux-ci, les
cheveuxse hérisser sous l'influence d'une terreur extrême
et subite. Par exemple,un<*femmefolle, & laquelle on est
parfois obligé de pratiquer des injections sous-cutanëes
M~MMBMBNTOMCHEVEUX. 3t7
de morphine, redouté extrêmement cette opération, très`
:pou douloureused'aiMeurs,parce qu'elle est persuadéequ'onintroduit dans «onsystème un poisonqui va ramollirses os
et taico tomberae~chaicaen poussière. Ritedevient pat<fcomme la mort; ses membres sont secoues par une sorte
de spasme tétanique, et sa chevelure se hérisse en partiesur le devant de la tête.
Le docteur Brownefait remarquer en outre que le héris-
sementdes cheveux,qui est si communchez les atiénés, n'est
pas toujours associé à la terreur. Ce phénomène se voit
surtout chez les individus affectésde tuante chronique,qui
extravag'uentau hasard et ont despensées de suicide; c'est
surtout pendant le paroxysme de leurs accès que ce héris-
sement estremarquable,Le fait du hérissement des cheveux
sousla double intluencede la rage et de la frayeur s'accorde
parfaitement avec ce que nous avons vu A proposdes ani-
maux. Ledocteur Brownecite plusieurs exemplesAl'appui
ainsi, chez un individuqui est actuellementà l'Asile, avant
le retour de chaque accès de manie, « les cheveux se
dressent sur son front comme la crinière d'un poney des
Shetland tl m'a envoyé les photographies de deux
femmes,prises dans les intervalles de leurs accès;et, rela-
tivementAl'une de ces deux femmes,il ajoute que « l'état
desa chevelure est une démonstration convaincanteet sufn-
sante de l'état do son esprit M.J'ai fait copier l'une de ces
photographies; ai une petite distance, la gravure donne
exactementla sensation de l'original, si ce n'est que les
cheveux paraissent un peu trop grossiers et trop crépus.L'état extraordinaire de ta chevelure, chez les aliénés, est
dû non seulement à sonhérissement, mais aussi &sa séchr.-
resso et à sa dureté, qui sont liées au défaut d'action des
glandes sous-cutanées.Le docteur BucknUl a dit 20 qu'un
20.CitéparledocteurMtmdstcy,Body«M<<Jf~, 1870,p.4i.
Mtt PRAVBUtt.
lunatique « est tuoatique ju~u'aM bout des doigts ;(
tmt'Mt pu ajouter qu'H r<~ souvent jus~n'A P<*xt)~m!<~de
ch&ctm de ses cheveux.
Le dateur BrowMQcUo te Jf<ntsujvaut, comtnc ~aCt'-
nmtton cmph'ique du rapport qm existe chex tes <dienës
<!ntt'«t'<H&tde la chevelureet i'~tatde t'espt'H.Cn médecm
so!g<mHune malacleatteinte de n~ttutcolieai~uc et aMocMe
d'une pem' tcrpibte d<'ht mot't pour eUc-memo, pour son
fijt.t!<. ÉtatdflachcvOxn*che):unefemmeatien~!d'apteeuneptMtcaMt~
mari et pour sesenfants.Ot',la ve!Uem6nte du jour oft ma
lettre lui parvint, la fetamc de ce médecin lui avait dtt
« Je crois queM' ~Mérirabientôt, caf sa chevelurede-
vient douce; j'ai constammentobservéque nos maladesvont
mieux lorsque leurs cheveuxcessentd'êtres rudes et rebelles
au pet~ne.Le docteur Browne attribue l'état persistant de rudesse
des cheveux, chez beaucoupd'aliénés, en partie au trouble
qui affecte constammentplus ou moins leur esprit, et en
partie à l'influencede l'habitude, c'e~t-A-direau hérissement
qui se produit souventet avecforcependant leurs fréquents
CONMACDOSf PU P~AU~tEH. ~t0
accès. Chezles malades dans lesquels ce symptôme est très
marque, la maladie <?stganératement incurable et mortelle;chez ceux dans lesquels il est modère, ta chevelure revient
a sa douceur normale au~ttôt~tto l'affecUon iMentaleest
gUét'ie.Nous avons vu dans un précèdent chapitre que le poil
est hérissé, chez les animaux, par la contraction des petilsmuscleslisses, involontaires, qui s'attachent A chacun dct)
follicules. ïndcpendamment de cette action, chez 1 honun<
d'âpre tes expériences tr&sconcluantes que M. Woodmo
communique, tes cheveuxde la partie antérieure de ta tête
.qui N'implantent d'arrière en avant, et ceux de ia nuque
qui s'implantent d'avant en arrière, sont entrainés en sens
inversepar la contraction de roccipito-frontal ou muscledu
cuir choveht. Ainsi ce tnusctc paraît contribuer à produirele hérissefnent de ia cheveturo chez l'homme, de même quele muscle analogue paHMtCM~cantMM, aide à l'érection
des piquantssur le dos de certains animaux, ou mêmejoncle principal rôle dans ce phénomène.
CoM<Mc<<onJ<t musclepeftMMMr. Ce muscles'étend sur
les parties latérales du cou il descend un peu au-dessous
des clavicules, et remonte jusqu'à la partie inférieuredes
joues. Dans la figure 2, on en voit une portion (M),connue
sous le nom de rMcrMM;la contraction de ce muscle attire
tes coinsde la bouche et la partie inférieure des joues en
bas et en arrière. En même temps apparaissent, sur les
sujets jeunes, des saitUesdivergentes longitudinales, bien
marquéessur les côtés du cou; citez tes vieillards amaigris,il se produit de nues rides transversales. Ona dit quelque-foisque le peaussier n'est pas soumis a t'entpire de la vo-
tonté; cependant demandez au, premier venu de tirer les
coins de sa bouche en bns et en arrière avec une grande
force, presque toujours it fera agir ce muscle. J'ai entendu
3M FRAYKMK<
parler d'un individuqui pouvait&volontéle mettre en action
d'unseulcoté.
Sir C. BeM et d'autresauteurs ont établi que le peaussier se coutfactMfortoment sous l'influence de la frayeur;te docteur BuchcnM! 1mattribue tant d'importance dans
l'expressionde cette émotion,qu'il l'appelé le <nM<efede la
frayeur H admet cependant que sa contraction est com-
I)lètement.mexpre!<s!ve,si elle n'est pas associéeA celle des
musclesqm ouvrent largement les ycax et bouche. Il a
pubMéune photogmpMe(ot-desspuscopiée avec réduction)du même vieMhn'dquenoMSavons déjà vu apparaître Adi-
veMCMreprises, avecles sourcHsfortement relevés,la bouche
ouverte, et le peaussiercontracté, le tout au moyende i'élec-
tricité.J'ai montré la photographieoriginale A vingt-quatre
personnes, en leur demandant, sans aucune explication,
quelle expressioneiie paraissait rendre:vingt ont réponduimmédiatement frayeur intenseou Aot~M~trois ont dit
e~rMt, et une malaise~~me. Le docteur Duchenne..a
donné une autre photographiedu mème vieillard, avec le
peaussiercontracte, la boucheet les yeuxouvertset les sour-
cils rendus obliques&umoyendu galvanisme, t/cxpressionainsi produite est frappante de vérité (voir pl. \'tt, fig. 2)
l'obliquitédes sourcilsajoute l'apparence d'une grande dou-
leur intellectuelle.L'original ayant été montré A quinze
personne, douzeont répondu terreur ou A<MTMtr,ettrois
<M~oM«!ou grande MM/aMce.D'après ces exempleset d'a-
près l'étude des autres photographiespubliées par le doc-
teur Duchenne,avec les remarques qui les accompagnent,on ne peut douter, je crois,que la contractiondu peaussier
n'ajoute puissammentà 1 expressionde la frayeur. Cependantil n'est guère possibled'accepter pour lui la dénomination
2t. AHatMt~RzpMMtOM,p. i68.92. M<!MM<~m<'(lelaf~s~rn~ humaine,~6MM~légendeXt.
1
OOXTHACTtON OM PBA~MtM. a~
1"" ""Ç
2t
<!c muMtode la frayeur, car ? contraction n'est certaioe-
mentpaa Mëcessiurcmanti!<;o&cet état de l'ostpnt.Uneexterne tcrpeMfpeut se manifester de ta manière !a
t~ae nette par nncpA~~m~rMto,~ !a M'ansptt'atiout!e
M(T.<M.TeMeur.u'apW~unet'hoto~raphtedadocteurttuchenae.
la peau, et par une prostration complète, tous tes muscles
du corps, y comprisle peaussier. étant completonent retA-
chë~ Ledocteur Browne, qui a vu souventchez tes aliénés
ce muscle trembler et se contracter, n'a pu cependant reKct'
son action à aucune émotion éprouvéepar eux; il a potu'-tant étudié avec un soin particulier tes mn!ades aiïcctéa
~M FRATfBUn.
d'une grande crainte. M. Nicol a observé, au contraire,
trois cas dans lesquels ce muscleparaissait contracté d'une
manièreplus oumoins permanente sous l'innuence de la mé-
tancolh!, as~eié~ &une pour intense; maisr~~n~l~ntde ces
cas, diversautres musclesdu cou et de la t6te étaient sujetsaussi à descontractionsspasmodiques.
Le docteur W. Ogle a observé, a mon intention, dans
l'un des hôpitaux de Londres, une vingtaine de malades,au moment ou on allait les soumettre Al'anesthésie' par le
chloroformepour les opérer. Usavaient un peu de tremble-
ment, mais ne manifestaientcependant pas une grande ter-
reur. Dans quatre cas seulement, le peaussier se contracta
visiblement; et il necommençait&se contracter que lorsqueles maladescommençaienta crier. Cettecontraction parais-sait se produire au momentde chaque inspiration profondeen sorte qu'il est tt'&sdouteux qu'elle dépendit en aucune
façon d'un sentiment de crainte. Mans un cinquième cas,le malade, qui n'était pas chlorbformisé, était très euirayé;son peaussier se contractaitavec plus de force et de persis-tance que chez les autres. Mais ici même il y a lien de
douter; car M.Oglevit ce muscle, qui paraissait d'aMIeurs
anormalement développé, se contracter au moment o&le
patient leva la tête de dessus l'oreiller, une fois ropérationterminée.
Étant très embarrassé do décider comment la crainte
pouvait avoir une action, dans bien des cas, sur un muscle
supornciel du cou, je m'adressai a mes nombreux et obli-
geants correspondantspour obtenir des renseignementssur
ta contraction de ce muscle se manifestant dans d'autres
circonstances. Il serait superflu de reproduire toutes les ré-
ponses que j'ai reçues. Ellesdémontrent que le peaussier
agit souventd'une manièredifférente et &des degrés divers,dans des circonstancesnombreuseset variées. Il se contracte
violemment dans l'bydrophobie, et avec un peu moins d'é*
COMTHACTtONPUt't!AUB8!M. 3M
nergie dans !o trismus; quelquefoisaussi, d'une manière
marquée, pendant l'im<ensibilitéproduite par lechloroforme.
Ledocteur W. Ogle a observé deux malades du sexe mas-
CMnn.aoM~rantd'une t~ModiMcotté do retirer qtt'ï! fallutlettr ouvrir la trachée; chez l'un et l'autre, le peaussierétttit
fortementcontracté. L'un de ces individus entendit h con-
versatijundes chîrargteas qui l'entouraient, et, quand il put
parler, il (tëctant qu'il n'avait pM eu peur. Dans d'autres
cas do gêne très grande de Ja respiration, dans lesquels on
n'eut pas recoursAla trachéotomie, cas observéspar les
docteursOgle et ~an~stan*. le peaussier n'était pas con-
tracte.
M.J. ~'ood, qui a étudié avec tant de soin, commeon le
voit par ses diverses publications,ies muscles du corps. hu
main, a vu souvent le peaussier agir dans le vomissement,les nausées, le défont; il l'a vu se contracter aussi, chez
des enfantset des adultes, sous l'inlluenco de la fureur, par
exemplechezdes femmes irlandaisesqui se querellaient et
ticprovoquaient avec des gestes de cotère. Le phénomènetenait peut-être, dans ce cas, au ton ai~u et criard de leur
voixirritée; je connais en effet une dame, excellente musi-
cienne, qui contracte constamment son muscle peaussierdans l'émissionde certaines notes élevées. J'ai constaté le
même fait chez un jeune homme, quand il tire certaines
notes de sa uùte. M.J. Wood m'apprend qu'il a trouvé le
peaussierplus développéchez les personnes qui ont le cou
mince et les épaules larges; et que, dans les familles où
.ces caractères sont héréditaires, son développement se lie
habituellement avec une puissance plus grande de la vo-
lonté sur son analogue l'occipito.frontal, qui fait mouvoir
le cuir chevelu.
Aucundes faits précédents ne parait jeter un jour quel-
.conquesur l'action de la frayeur sur le peaussier; mais il
~n est autrement, il me semble, de ceux que je vais main-
FBAY~H.M4
tenant rapporter. L'individudont j'a! déjà parlé, et qui peut
agir A volonté sur oc muscle, d'uu coté seulement, ie con-
tracte bien certainement des deux côtés toutes les fois qu'iltpessaiU&desurprise~ J'at déjà démont~papdtv~HtespMuvea
que ce muscle agit quelquefois,peut-être dans le but d'ou
vrir targcment la bouche, lorsque la respiration est rendue
difficilepar quelque maladie, ou encore pendant la profonde
inspiration des accèsde ct'm, avant une opération. Oi',tot's-
qM'nno personne tressaiHe Aquelque aspect imprévu, ou à
quelque bruit subit, elle exécute tout d'abord une respira-tion profonde; c'est ainsi que la contractiondu peaussier a
pu s'associer «u sentiment de la frayeur. Toutefoisil y a, jecrois, un lien plus efficaceeutre les deuxphénomènes. L'in-
vasion d'une sensation de crainte ou la pensée d'une chose
effrayante provoque ordinairement un frisson. Je me suis
surpris moi-même éprouvant un léger frémissementAquel-
que pensée pénible, et je percevais nettement alors quemon peaussier se contractait; il se contracte égalementsi jesimute un frisson. J'ai prié diversespersonnes d'en faire au-
tant. et j'ai vu ce muscle agir chez les unes, et non chez
les autres. L'un de mes lits. sautant un jour du lit, frisson-
natt de froid, et, ayant porté par hasard ta main à son cou,il sentit clairement que son peaussier était fortement con-
tracté. 11 frissonna volontairement, comme il t'avait fait
dans d'autres occasions;mais le peaussierne fut plusaffecté.M. J. Wooda aussi observé plusieurs ibis ïa contraction de
ce muscle chez des malades que l'on déshabUhut pour les
examiner, et qui n'étaient pas effrayés, mais frissonnaient
un peu de froid. Malheureusementje n'ai pu vériner s'il
entre en action lorsque le corps entier tremble, comme dans
la périodealgide d'un accès de nèvre. Ainsi, puisque le
peaussier se contracte fréquemment pendant le frisson, et
putsqu'un frisson ou un frémissementaccompagne souvent
le début d'une sensation de frayeur, il y a là, je crois, un
UtLATATtON DK8 PUPtLbKS. 3M
enchaînementde phonomcnett guipent nous expliquée la
contractionde ce musclesous rinflueuce de ce dernier sen-
timent Cependantcette contraction n'accpmpagno pasUtvariaMcmëhtcrtnnte~M~~ e!lc tic se produit probable-ment jamais sousl'influencede l'extrême terreut qui amené
une complèteprostration.
~t~ftOM despupilles. Cratiolct insiste & plusieurs re-
prises21sur ce fait, que les pupilles se dilatent énormé-
ment sousl'influencede la terreur. Je n'ni aucune raison do
douter de l'exactitude de cette affirmationj cependant jen'ai puon trouver de preuve confirmative que dans le seul
cas, déjà cité, d'une femme tbnc, aScctëe d'une grande
frayeur. Lorsquetesromanciers parient des yeux largement
dilatés,je présumequ'ils veulent parler des paupières. Chez
tes perroquets, d'après Muuro t'iris est impressionnépar
tes sentiments,indépendammentde nnMucneede la lumière;mais teprofesseurDonders m'informe qu'il a constatésou-
vent dans la pupille de ces oiseaux des mouvements qn*itcroit devoirrapporter aux euets de l'accommodation à di-
versesdistances; c'est ainsi que, chez nous, les pupilles se
contractentquand nos yeux convergent pour voir de près.<!ratiolcttait reMarqucr que les pupilles dilatées donnent
à l'œil la mêmeapparence qu'il présentedans une profondeobscurité; or il est certain que la frayeur a été souvent
provoquéechezl'hommedans l'obscurité pas assez souvent
cependant, ni assezexclusivement, pour que ce fait puisse
23.Ledocteurt~chenneadoptecettemanièrede voir(htcoe<Mc,p.45),puM~u'))attribuelacontractiondupeaussieraufrisson</<'lapeMr,toMtefoisi!compareaMtcuracephénomèneavecceluiffu!pMduitlehé-rtsaemcntdu )wttchezunquadrupèdeeffrayé,assimUatioMqo'Hestd!<-<!e!kd'admettrecommeparfaitementlégitime.
2t. De/<tPA~tOHM)«',pp.8~ 2SO,346.25.CitédansWhite,Ct~aMomM~o, p. :}?.
MOKREUM.M«
expliquer ta naissance et la persistance d'unt? habitude.
associée de ce genre. !t semble plus probable, en sup-
posant que l'afnrmation do Cratiolet soit exacte que ic
aetwcaH~st direcicm~NLtunpMsst~ par la pu~anto émo-tion de la crainte, et qu'il réagit sur la pupille; toutefoin
le professeur Monders ïMeprévient que c'est ta une ques-tionextrêmement complexe.Je puis ajouter, comme pouvant
jeter pcnt-~trc nn peu de lumièresur ce sujet, que le doc-
teur Fytte, de l'hôpital ~cttey, a observe, sur deux tnatades,
que les pupilles étaient nettementditatées pendant ta pério-de algide d'un accès de Mevre. t~e professent Donders a
coostaté souvent au«~i ia dilatation de la pupittc au début
de l'évanouisitetnent.
~otveMf. L'état d esprit exprimé par ce mot supposede la terreur, et, dans certains cas, ces deux termes sont
presque synonymes. Bien desmalheureux ont du ressentir,a vautla merveilleuse découvertedu chloroforme,une ho)~
reur profonde A la pensée d'une opération chirurgicate
qu'ils devaient subir. Quand on craint, quand on hait un
individu, on ressent, suivant t'exprcssionde Mittou,de l'hor-
reur pour lui. Lavue de quelqu'un, d'un enfant par exempte,
exposéA un danger pressant, nous inspire de l'horreur. !1
est aujourd'hui bien peu de personne!!chez lesquelles ce
sentiment ne se manifestât avec ta plus grande intensité, si
elles voyaient un homme misA la torture ousur le point do
la subir. Uans des cas de ce genre, nous ne courons évi-
demment aucun danger; mais, par la puissancede l'imagi-nation et de la sympathie, nous nous mettons a la placedu patient, et nous ressentons quelque chosequi ressemble
A de la crainte.
Sir C. B<*Mremarque que « l'horreur est un sentiment
S6.~M<t<(W/0/JE.qM'CMK~p. t69.
MOMK~B. 337
très ~ne~ique k corps eat dans ttn état do tension externe,
que n'a<ssc ~M~s!& f~yeur M.On doit par conséquent s'at-
tendre & voir l'hon'ctu* s'accompagnet' d<' ht contraction
~ncf~iquc des tiourcUti; mais en môme temps, comme ta
ft~. M. Herrcufet wO~aoce <'xh~t)tc. M'apnM<met'h<'t<~M)'t'iedu<)<M:t<!Uft«t<;heMt)C<
eraunte est Fun des ëMmcnts de cette émotion, tes yeux et¡
ia bouche doivent s'ouvrir et les sourcils se retever, autant
que !e permet l'action antagoniste des aourcUiers. Une pho-
tographie du docteur Dnchenne (S~. 21) nous montre le
27. JM~M~BM~C~«PAy<t«)HMM<~~~KW, pi. 0: pp. 44-~S.
Ma MOMBKUn.
vieillard dont il a déjà été question,tes yeuxfixes,tes sour-
cils un pou relevés, et très froncésen mêmetemps,abou-
che ouverte, ft le peaussier contracté, le tout par ta galva-nisation. L'expressionainsi obtenue exprime,selonM. Du-
chcnhc, une extrême terreur, accompagnéed'une douleur
horrible, d'une véritable torture. Un malheureuxmis A la
question, par exemple,ofh'irait sansdoutel'expressiond'une
horreur cxtrcMe tant que ses souMrances,laissant encore
ttattre la crainte dans son esprit, lui permettraientde songerA l'aggravation imminente de ses angoisses actuelles. J'ai
montré l'éprouve de la photographie on questionà vingt-trois personnes des deux sexes et do divers Ages; treize
d'entre ellesont immédiatement prononcéles motsd'Ao~teMr,de grande MM/yranM,de <o~Mreou d'a~oMM;trois pensèrenta une grande frayenr en tout seizeavis, qui concordaientà
peu près avec la manière de voir de M. Duchenne.Il y en
eut six ou contraire qui crurent reconnaîtreuneexpressionde colère, frappées sans doute par la forte contractiondes
sourcilset négligeant l'ouverture particulièrede la bouche.
Une autre crut y découvrir le dégoût. En somme,il est évi-
dent que nous avons iA une excellente représentation de
l'horreur et de l'angoisse. Laphotographiementionnéeplus
haut(p<. VH,ng. 3) exprime égalementl'horreur; mais la
position oblique des sourcils que l'on y remarque indique,<mlieu d'énergie, une détresse morale profonde.
~'horreur s'accompagne ordinairementde divers gestes,variables avec les individus. Si l'on s'en rapporteà certains
tableaux, le corps entier se détourneou tremble, ou bien
les bras sont violemment projetés en avant, commepour
repousser quelque objet en'rayant. Le geste qui se produitle plus souvent, si on en juge par la manièred'agir ordi-
naire de ceux qui s'eubrccnt de représenterd'une manière
frappante une scène d'horreur, c'est l'élévationdes épaules,tandis que les bras sont étroitement serrés sur les côtés ou
CONCLUStOX. 3M
au devant de lit ppitrîno. Cesmouvementssont &peu prèsles mômesque ceuxqueprovoque,en général, une extrême
sensationde froid; ils s'accompagnent urdinairemeut d'un
~Msspn,~nst que d'une pKtbB<teMpicattono<tttMp!ntttcn,suivant que ta poitrine se trouveêtre &ce moment duatée
ou contractée, Lessons qui se produisent dans ces circon-
stancespeuventse représenter plus ou moins exactementparles consonanceseuh ou eugh !ï n'est d'ai!!eurs pas facile
d'expliquer pourquoi une sensationde froid et l'expressiond'un sentimentd'horreur nousfont ëgaïcmentserrer les bras
contre notre corps, leverles épauleset frit~onaer.
Co<Mh<M<Mt.Je viens d'essayer de décrire les diverses
expressionsde la peur dans lesgradations qu'elle suit, depuisla simple attentionet le tressaillementde la surprise jusquela terreur extrême et l'horreur. Onpeut expliquer quelques-uns des modesexpressifsqui Ja revêtent au moyen des prin-
eipesderhabitude, dcrassocï<ttionetde !'hôt'edite; il enest
ainsi, par exempte,de l'acte qui consisteAouvrir tout grandsles yeux et liebouche, en relevant les sourcits de façon &
jeter le plus rapidementpossiblenosregards autour de nous,et à entendre distinctement te moindre son qui puisse frap-
per nos oreittes; c'est en euoi ainsi que nous nous sommes
misordinairementen étut de reconnattre ou d'affronter un
danger quelconque. Quetques-unsdes nutres signes de la
frayeur peuvent encore s'expliquer, en partie du moins,
par les mêmes principes. t~'puis des générations innombra-
bles, par exemple,l'homme a cherché a se soustraireà ses
ennemisou à un péri!quelconque, soit par une fuite préci-
pitée, soit par une lutte « outrance; or de pareils enoris ont
du avoir pour euct de faire battre te coeur avec rapidité,
28.VoyM!,à cesujet,)csremarquesde M.Wedgwooddansl'intro.duct'ondesonMc~Mo~o/j~a~A~mo~jy, ~c<t!t.,<8?3,p.xxxvtt.
Mo COXCLUStON.
d'accélérer la respiration, desoulever la poitrineet de dilater
les narines. Comm<*ces effort ont été souventprolongésjus-
qu'à tout<;extrémité, te résultatnnal a du être une prostra"
iioncomplûle, dolit pâleur. de ht transph'attpn, ta tremble-ment de tous les muscles ou km* complet relâchement.
Maintenant encore, chaque fois que l'on fessent vivement
un sentiment de frayeur, alors metne que ce sentiment n<'
doit provoquer aucun effort, les mêmes phénomènes ten-
dent A reparattre, en vortMdu pouvoir de l'hérédité et de
t'association.
Néanmoinsil est proJMtbte que, sinon pres<juetous, MU
moinsun ~t'andnombre des symptômesde terreur indiques
plus haut, tels que le battement du cœur, ie tremMetnent
des muscles,!a sueur froide, etc., sonten grande partie dux
directement a desperturbations survenuesdans ta transmis-
sion de la force nerveuse que le systèmecerebr«-spinatdis-
tribue aux diverses parties du corps, ou même a son in-
terruption totale,par suite de l'impressionprofondefaitesur
l'esprit de l'individu. Nouspouvons rapporter sdrement A
cette cause, entièrement indépendantede l'habitude et de
l'association, les exemples dans lesquels les sëcrétipnadu
canal intestinal sont modifiées, et ceux où les fonctionsdecertaines glandes sont abolies. Quant & l'érection involon-
taire des poils, chez tes animaux, nousavonsde bonnesrai-
sons de croire que ce phénomène, quellequ'ait étéd'ailleurs
son origine, concourt avec certains mouvementsvolontaires.
Aleur donner un aspect formidablepour leurs ennemis; or,
comme les mêmesmouvements,involontaireset volontaires,
sont accomplispar des animaux très voisinsde l'homme,
nous sommes conduit A croire que celui-ci en a conservé,
par voie héréditaire, des vestiges devenus maintenant inu-
tiles. C'estassurément un fait bien remarquable que la per-manence jusqu'à l'époque actuelle des petits muscles lisses
qui redressent les poils si clairseméssur le corps presque
COSCf.~StO'}!. 3:n
ont!<*m<'nt~tahrcde l'homme;Hn'estpasmoinstnMt'<"<sMtt
d'ohaerverque cesmasc~ssecontractentcncot'esous!'ht-
<!uonce<tcsmêmesémotions(t&terrem'et ta t'ag'e~parpxe~ph~ q~L~t hémMt' te<t ~HadManimmtxptacèt!m\
dernipt'séche!onsde t*'trdrc<mquctt'hommeappartient.
CHAPtTREXHL
ATTHSTtOXt'OHTt!t!SCttSOt'M~ME.))ONTK.T<M<MT~.NOUESTtE.
KOUCKUM.
Xaf'fcdolarougeuf.MérAdtht.PartiesducorftquiensontleplusafceMes.ta rougeurcheztesdt~cfaexraceshumaines.Gestesc<tneomttanta.Con-
fusion. Causesdela rtjmgCMr.t/attenMott~tt<!eeurfi0)*m6moenestt'eté*maMtfondameatat.–ThntdH6.–Monte,prenantdeta~t")attondetMsmont!esoudesrèglesdocon~ntion.–M<M<estte.TMoftodota Mugeut.H<cat')tu-tati'Mt.
t.a rougeur est la plus spôctatc et la plus humatMede
toutes les expressïons. les singes deviennent rouges de
coïfre, mais il nous faudrait une évidence bien irrésistible
pour nous faire croire qu'aucun animal puisse rougir, dans
le sens de ce mot qui s'applique a l'homme. La coloration
du visage qui se produit alors est due au relâchement des
parois musculaires des petites artères, qui permet aux capil-lait'es de se remplir de san~r; cette expansion vasculaire
dépend cllc-mcme de l'excitation des centres vaso-moteurs
appropriés, Il n'est pas douteux que, si ce phénomène se
produisait sousl'influence d'une grande agitation de l'esprit,la circulation générale serait troublée; mais quand le réseau
de petits vaisseauxqui couvrent le visagese gorge de sangsous une impression de honte, le cœur n'est pour rien dans
le phonom&ne.On provoque le rire en chatouillant la peau,les pleurs on le froncement des sourcils en donnant un coup,le tremblement par l'appréhension d'une douleur corpo-
MOUOËUM. 33~
relie, etc.; au contraire, suivant une remarque du docteur
Burgess i! n'est pas de moyenphysique, c'est-A-dn'ed'ac<
t!on portée sur le corps, qui puisse donner naissanceà ht
rougeur. Ette est cxch~yome~t MMS~ d~penda~
pressionnabilité de l'esprit. Non seulement. d'aineurs, la
rougeur est involontaire, mais encore le désir que nous
avons de la réprimer, en attirant notre attention sur notre
personne, nous y disposede plus belle.
La jeunesse rougit beaucoup plus tacitement que l<tvieil-
lettsc; on ne peut en dire autant de l'enfance2; particularité
remaK{uaMe,puis<{uenoussavonsque tes enfants en bas âgedeviennent rouges de colère. J'ai appris pourtant de source
très certaine que deux petites lilles rougissaient a i'ajtfede
deux et trois ans; je pourrais citer encore l'exemple d'un
autre enfant très i)npressionnah!e,d'un an plus a~e, et qui
rou~is'Mtitlorsqu'on le reprenait de quelque faute. Beaucoupd'enfants rougissent d'une maniërt*extrénicmcotmarfptéc.
lorsqu'ils ont atteint MMâge un peu plusavance, Il semble
que tes facultésintellectuellesdes jeunes enfants nesoient
pas encore sufnMunmcntdéveloppéespour leur permettrede rougir. t)e td vient aussi que tes idiots rougissent rare-
ment. Ledocteur CrichtonBrownea entrepris pour moides
observations sur ceux qui étaient confiés & sef soins; il
ne les a jamais vus rougir, à proprement parler; il a seu-
lement vu leur visage se colorer,de plaisirapparemment, à
l'aspect de leurs aliments, et parfois aussi de colère.Néan-
moins. ceux qui ne sont pas entièrement abrutis sont ça"
pabtes de rougir. C'estainsi qu'un idiot microcephato,âgede treize ans,dont le regard s'éclairait unpets lorsqu'il était
i Thel'hyriola~~orhlecha~~ismn/Nlmhïnr~,839,p.UO.J'auraisouventt. rA<* M~o~ycetouvrage"~M~M~,1830, cechapitre.
souveatt'occaa!oMdec!tercetoMWMgedaa&tecourant<!ecechapitre.
2. DocteurMurgess,tt~ p.SO.AlapageM, il remarqueégatcmottqueles temmMroMgtMcntplusaisémentqueteshommes,commenousteverronsplusloin.
ROUGEUR.334
content ou qu'il s'amusait, se mit A rougir et dcto<trn&1«
visage, au dire du docteur Bchn lorsqu'on Je déshabilla
pour lui faire subir un examen médical.
La femme t'ouvrit beaucoup plas que l'homme. J!t estrare d<<voh'r'tùgtr unvieiHard II t'est beaucoupmoinsde
voir rougir une vieille femme. Lesaveugles même ne font
pas exception A cette règle. La pauvre Laum Mridgman,
aveugle de naissaMccet complément soufde, fou~it le
ttévérend tt. H. «tair, principal du collège de Worccstor,
m'informe (pc, pnt'mi !<?sept ou huit enfants avcHgtes-nés
qui w trouvent dans cet asile, trois rougissent trea A~ci-
k'ment. !.cs avenues n'ont pas immédiatement con~ience
qu'on les observe, et une partie très importante de leur
éducation, nte dit encore M. Bhur, consisteà leur inculquercette notion l'impression qu'ils en ressententaccrolt beau-
coup chezeux la tendance tarougir, en augmentant l'habi-
tude de faire «tiôn~ionAleur personne.La tendance à rougir est héréditaire. Ledocteur Burgess
cite, par exempte, une famille composéedu père, de la
mère et de dix cnûtnts, etdont tous lesmembres saoscxcep-tion étaientportesa rougir Aun degrévéritablementpéniMe.
Lorsqueles entants furent grands, « on <'nenvoyaquelques-uns faire des voyages afin de les débarrasser, si possible,de cette sensibilitémaladive; mais rien n'y Ht Onpeutm~meItériter de certaines particularités dans la manière de
rougir. Sir James t'aget. examinant un jour le dos d'une
jeune fille, fut frappé de sn singulière manière de rougirune large plaque rou~c apparaissait d'abord sur une joue
puis venaient d'autres plaques éparscs sur le visage et sur
CitéparVogl,Ah'mott'csurlesJMtcroc~pAa~!K67,p. a«. doc-teurBurgcss(~M.,p.S6;doutequelesidiotsrougissentjamais.
t. Lieber,On twa~SoKM</<,etc.,SmithMnianContributions,t85<,vot. Il, p. s.
S.~M.,p. tM.
ROMKUB. M5
le COQ.Avantdemandé peu après Alit mère si Hafille rou-
gissaithabituellement de cette singulière façon « Oui, lui
fut-il répondu elle tient cette singularité de moi. » Sir
James ~u~s*a,pQr~t~~quac&t~<;neNtioR venait de M~
rougir la mère elle-même, et qu'elle présentoit exactement
la mêmeparticularité que sa fille.
En général, le visage, les oreilles et le cou se colorent
seuls;cependant diversespersonnes, braqu'eUes rougissent
beaucoup,sentent tout leur corps s'échautTepet frémir; ce
qui prouve que tout le tégument doit être plus ou moins
impressionné.On commencequelquefois,parait-il, à rougir
par le front, mais c'est plus ordinairementpar les joues, et
!a cotor&tiongagne ensuite les oreilleset le cou Chezdeux
albinosexamines par le docteur Burgess,!«rongeur com-
mençait par une petite taclie circonscritesur les joues, au
niveau des anastomosesnerveusesqui existent dans la ré-
gion parotidienne, et s'élargissait ensuite en cercle; entre
ce cercle et la rougeur du cou se trouvait une tigne de dé-
marcationtrès apparente, bien que la colorationde ces deux
parties eût paru simultanément. La rétine, qui, chez les
albinos, est naturellement rouge, le devenait constamment
davantage au moment oA ils rougissaient. Tout le monde
a remarqué avec quelle facilite to rougeur disparatt et re-
paratt sur le visage. Elle estprécédéed'une sensationparti-culi&reAla peau. n'aprcs le docteur Burgess,elle estordi-
nairement suivie d'une légère pâleur, ce qui prouve queles vaisseauxcapillaires se contractent après s'être dilatés7.
tl arrivequelquefois, bien que très rarement, que la pateurse produit lorsque tout, au contraire, semblerait devoir
porter&rougir. Unejeune femmeme racontait, par exemple,
que, se trouvant un jour en compagnie très nombreuse
6.Moreau,danst'cdtt.deLavaterde<?(),vol.tV,p. 3M.7. Bargess,<Md.,p. 38; sur la pateurquiaucccdc&la roH~otr,
p. m.
MO HOUCEUM.
et un peu pressée dans la foule, ses cheveuxs'accrool~rent
Mhien au bouton d'un domestique qui passait près d'elle,
qu'il lui fallut un b<tu moment avant de pouvoir les dé-
broMiHcr;d après la sensation qu'elle avait ressentie, elle
pCMatutavo!r rougi extr~ mem~ht mais une amiel'assura
que tout au contraire otte étatt deveMuctr&spAle.J'avais un vif d~sir de savoir jusqu'A quelle limite la
rougeur du corps pouvait s'étendre; pour y répondre, Sir
J. Pag'et, qui a nécessairement de fréquentes occMMn~
d'obscrvet' ce phënom&ne, a bien voulu y faiM ~ttentMU
pendantdeuxou troisans. U a reconnu que,che&les fonunes
dont le visage, les oreiUes et la nuque se couvrent d'une
rougeur mtcnse, elle ne descend, en générât, po~splus bas.
n est rat'e de !a voir s'étendrejusqu'à~ claviculeet Al'omo-
plate ce chirurgien n'a jamais, pour M part, vu la roug'euf
s'étendt'cpins Ijasque lit partie supérieure de lit poitrine.Ma remarque également que la rougeur s'atfaiMitquelque-fois à mesure qu'on descend, non pas d'une tnaniere gra-
duei!e et insensihtc,mais par taches routes et irrég'uti&rt's.docteur t~n~statTa également, sur ma demande, rf!-
cucHHdes observationssur plusieurs femmes dont le corpsne se colorait pas te moins du monde, tandis que tour vMu~eétait pourpre. Chezles aliénés, parmi lesquelsquetques-unssemblent particulièrement enclins à rougir, le docteurCri-
chtonMrownea souvent vu la rougeur s'étendre jusqu'à la
clavicule, et môme, en deux occasions,jusqu'aux seins. Il
me cite le cas d'une femme mariée, a~ee de trente-SRptans,
qui était atteinte d'épilepsie. Le lendemain matin de son
arrivée &l'Asile, le docteur Hrowne et sesaides l'examinè-
rent pendant qu'etle était encore au lit; au moment où ils
approchercut, s<'s joueset ses tempes se colorèrentvivement,et la rougeur s'étendit rapidement jusqu'aux oreilles. Elle
était extrêmement agitée et tremblante. M. Brow~e ayantdéfait le col de sa chemise pour examinerl'état des pou-
aOUOEUB 3~
M
mons, une vive rougeur «' répandit sur sapoitfine, décri-
vant une lignf courbe au-dessusde chaque soin, et descen-
dant entre les sems, pr<Mtquejusqu'au cartilage cnsitorme
Mtiéressant,ett c~ quela rougeurne se propagea vers la partie inférieurf qu'au ntouent ou
l'attcntioo de la attente se porta sur cette partM de sa
peMonnf;. fendant le com~de i'pxantenntëdica!, la matade
se cahna et. )a roogeur d!spat'ut;utajs les tnemes pMntt-m&oesse repmd~istfcnt dans mainte autre occasion.,
D'après ce q«i précède, nous pouvons établir, comme
règle génerate, que chez tes fêtante anglaises la rougeurne s'étend pas an doiAdu cou<'tde la partie supéncafe de
ia poîtrim?. Néanmoinsje tiens de S!r Paget un fait clu'onlui a cM6<h'rni&t'emcntet dont rauthentictte lui ptn*attcef-
taine il s'agit d'une petite fille qui, choquée d'un acte
qu'eUe s'imaginait être une inconvenance,se couvrit do
rougeur sur toute la surface de l'abdomen et sur ia partie
supérieure des jambes. Moreau8 raconte aussi, sur la foi
d'un peintre ccièhre,f que la poitrine, tes épaules, les
bras et tout le corps d'une jeune fille, qui ne consentit A
lui servir de modèle qu'avec répugnance, rougirent lors-
que pour la première fois elle fut dépouillée de ses vête-
ments.
!t serait curieux de savoir d'où vient que, dans la plu-
part des cas, it n'y a que t<*visage,les oreilleset le cou qui
rougissent, bien que souventla surfacedu corps tout entière
frissonne et s'échauffe. Cela parait dcpeNdresurtout de ce
que le visage et les régions voisinessont hnhitueUonentex-
posés Al'air, a la lumière et auxvariations de la tempéra-
ture par suite lesarterioics ont non seulementacquis l'ha-
bitudedo sedilater et de se contracter facilement,mais elles
semblent métne avoir pris un développementplus conside-
N.VoirLavater,édit.de<MO,vol.tV~p. 3M.
ROUOKUK.m
râbléque dans d'autres parties de la sur~ce cutanée C'es~
probaMementA ta mêmecause, ainsi que l'ont remarquéM. Morcauet le docteur Burgess, qu'il faut attribuer la
facilitéavec laquelle le visage rougit sous t'influencede cir-
constanct's diwiws, tct!ës q~*unacc~s de n~vrc, une cna-
leurmodérée,unexerciceviolent, un accès d<'co!pre, uncou?
t~er, etc.; la mëtnc raisonexplique comment il est, au con-
train', prédisposé Ap&tirpat' !'en<"tdufroid ou de la frayeur,et rend compte de sa décoloration pendant l'accouchement.
Levisageest aufMipat'ticuJi~t'cmentdisposéil subir l'atteinte
des affectionscutanées, telles que la variole, !'érysipMe,etc.
Cequi vient encoreAl'appui de cette opinion, c'est que les
hommesde certaines races, qui ont l'habitude d'aUer près*
que nus, rougissent souventjusque sur les bras, ta poitrine,et quelquefois mcrne jusqu'à la ceinture. Une dame, qui
<rougtttrèsfacilement,a dit au docteur CrîchtonBrowneque,
lorsqu'elleest confuse ou a~itce, son visage, son cou, ses
poignetset ses mains, en un tnot toutes les parties de sa
peau exposéesA l'air, se couvrent de rougeur, Il est néan-
moins permis de douter que l'exposition habituette de la
peau du visage et du cou, et ta puissance de réactionsous
l'influencede toutes sortes de stimulants qui en est ta suite,rendentun compte suffisantde ta tendance de ces partiesdu corpsà rougir plutôt que les autres, comme on t'observe
chez les femmes anglaises.En etTet,les mains sont ample-ment pourvues de nerfs et de petits vaisseaux, et ont été
exposéesA l'air tout autant que le visage ou !e cou; cepen-dant tes mains rougissent rafement. Nous verrons tout A
l'heureque ce qui fournit probablement une explicationsuf-
fisantede ce fait, c'est que l'attention de l'esprit a été di-
rigée plus souvent et plus sérieusement sur le visage quesur toute autre partie du corps.
U.Burgess,!M., pp.«4-<M. Moreau.dansLavater,!M'A,vo!.!v,p.293.
ROUGEUR. 330
jEofOM~wcAM~M~tMMMMCMAMMOtMM. L'ômotion
de !a hoMtegorge de sang tes petits vaisseauxdu visage,chez pt'esque toutes les raceshumaines; aucun changementt
de couleur bien distinct n'ë'!t cependantvisibte chez les
races au teint très foncé. La rougeur est manifeste dans
toutes les nations aryennes de l'Europe, et, jusqu'à un cer-
tain point, dans celles de t'!nde. M.Erskinene l'a pourtant
jamais vue descendre incontestablementjusqu'au cou chez
tes Hindous. M.Scott a souvent observéchez les Lepchas de
Sikhim uue légère rougeur sur les joues, à ta naissance
des oreittes, et sur les côtésdu cou, en mêmetemps que les
yeux étaient mornes et la tête baissée. Cetteexpressionap-
paraissait lorsqu'il tes surprenait en flagrant détit de mon.
songe, ou leur reprochait leur ingratitude. Le teint pâte et
Mômedeces hommesrend chez eux la rougeur beaucoupplus
apparente que chezla plupart des autres indigènesde l'tnde.
Cesderniers, d'après M.Scott, trahissent la honte, peut-êtreun peu mélangée de frayeur, en baissant ou détournant la
tête et en regardant de côté et d'autre avec inquiétude,bien ptus que par un changement de colorationquelconquede la peau.
Les races sémitiques rougissent aisément,commeon de-
vait s'y attendre d'après leur ressemblancegénérale avec
les races aryennes. Aussi est-il dit des Juifsdans le livre de
Jérémie (chap. v<, i5) « Ils n'en ont eu aucune honte, et
ils ne savent ce que c'est que rougir! M"' AsaGraya vu
un Arabe qui conduisait maladroitement un bateau sur le
Nit, « rougir jusque par derrière le cou M,aux faitteMesde
ses camarades. Lady DutTCordon a noté aussi qu'un jeuneArabe rougit en se présentant devant elle '<
M.Swinhoe a vu rougir des Chinois; mais il croit que
<0.ic~M/'MMJ~Mpt,IM5~p. ce. ladyGordonMtrompeendisant
quelesMalaiset testnutAtresnerougbseatjamais.
NM MOUGEUR.
la chose est rare; leur langue possèdecependant l'expres-sion '<rougir de honte ?. M. Coach me fait savoir que les.
Chinoisétablis A Malaccaet les Mataisindigènes sont sus-
ceptiblesde rougir. Quelques-unesde ces populations vont
A peu pr6s hues. et cet observateur"a. surtout porte sonat-
tention sur la limite inférieure de la rougeur. Sans parlerdes cas où le visage seul se coterait, il a vu la routeur de
la honte se répandre sur le visage, les bras et la poitrined'un ChinoisAge de vingt-quatre ans. Mêmefait chez un
autre Chinois,dont tout le corps se couvrit de rougeur lors-
qu'on lui demanda pourquoi son ouvra~' n'était pas mieux
fait. Chez doux Matais", il a vu se colorerJe visag< lecou,la poitrine et !<'sbras; <*tchez un troisièmeMatais(un Bugis),la rougeur s'étenditjusqu'à la ceinture.
Les Polynésiens rougissent facilement. Le Bev. M. Stack
a observe des centaines d'cxcmptfs d<'ce phénomène chez
les habitants de la NouveHc-Zéiandf.Le fait suivant m<~
rite d*ctr<'cite, parce qu'il se rapporte A un vieillard.an
teint remarquablement foncée(?tqui était en partie tatoué.
Apres avoir loué pour une pftïtf rente annuelle sa terr<'
à un Anglais,il fut saisi d'une violenteenvie d'acheter une
voiture tcgét'Mqui était depuis peu fort a lit mode cheztes
Maoris. Pour cela, il désirait' que son fermier lui payât
quatre ans d'avance, et il vint consulterM. Stach pour sa-
voir si la chos(!était faisable.Cet homme était vieux,gau-
che, pauvre, déguenillé, t't M. Stack fut tellement diverti
A l'idée de le voir s'étaler dans une voiture, qu'il n<*put
s'empêcher d'éclater de rire. Le vieillard Il rougit alors
jusqu'à la racine des cheveux JI est fréquent, dit
Forster, de voir la rougeur sur les joues des plus belles
femmesde Tahiti Ona également vu rougir les in-
«. LecapitaineO~born(OKcdaA,p. «?) dit,enparlantd'unMatais
auquelil reprochaitsacruauté,qu'ilfut satisfaitdetevoirrougir.i2. J. R. Forster(0&Mfc<~<WMt&tWMy« Vcy<t~<'MM«<<~e WofM,
nOUOEUN. M<
dignes de ptusicuM autres Mrchipcïsde l'océan PacxSquc.
JH. Washington MatthowsMvu souvent rougir les jeunes
~<MMM(femmes) appartenant aux diversestribus indiennesde rAmeriqucdu Nord. I~s indigènesdoha T~i'e-dc~t'cu~Al'extrémité opposée du continent, « rougissent beaucoup,dit M.Bridges,surtout quand ils'agitdefemmes; mais ilsrou-
gissent certainementaussiau'sujetde leur propre personnaCotte dernière assertion s'accorde avecmes propres souve-
nirs au sujet d'un indigène de la'ferre-de-Feu, Jemmy But-
ton, qui rougissaitquand on le raillait sur le soin qu'il pre-nait à cirer ses souliers et a se parer do toute autre manière.
Ouant aux Indiens Aymara des plateauxétevcsde Bolivie,
M.Forbesdit que, vn la couleurde ieurpcaa, il est impos-sible que la rougeur soit aussi nettementvisible citM euxquechez tcxraces btanches; toutefois,dans les circonstancesquinous feraient rougir, onvoit toujourschez eux la mctne
expressionde pudeur ou de confusion;et.tnemc, dans l'obs-
curité, on peut sentir sur la peau de leur viM~cune étéva-
tionde température, commechez les Européens". Chez tes
Indiens qui habitent certaines parties de l'Amérique du Sud,
oAle climat est chaud, égal et humide,litpeau neparaît pastraduire aussiaisément l'excitation morale que chez les peu-
in-t*,~778,p.239). DansunouvrageintitulétM<M~McMoMAM<Aw-
po~ (traductionanglaisede<863~vol.t, p. i3S),WaitzdonnedesMn-
seignementssurd'autresliesde l'océanPacmque. VoiraussiDam-
pier (4ntl~e~ftrshing01'~nguincsr~,vol.Il, 1).40);je n'aipasconsultécetouvrage.MMttMH~o~Ï\<M~MfHM<,voi.H,p. lesKalmouksne rou-cetouwage. Waitïdit,d'âpresBergmann,quetesKaimouksnerou-
gissentpas;mais,aprèscequenousavonsvudesChinois,il estper-miad'endouter,tt cite aussiKoth,quirefuseauxAbyssinsia facultéde rougir. Le capitaineSpecdy.quia si longtempsvécuchexles
Abyssins,n'amalheureusementpasrépondua mesquestionssurcepoint.Jedoisajouterenfinquele rajahBrochen'ajamaisremarquela
moindreapparencede rougeurcheztesDyaksdeBornée;cesderniers
prétendentau contraire,dansdes circonstancesquiamèneraientcheznousta rougeur,qu'ilssententlesangabandonnerleurvisagew.
<3.Tr<M!M«.f~<AcRAtM/<~tc<t<Soc.,<8?e,vol.Il, p. iO.
3M MUCEÙM.
ples des parties septentrionaleset méridionales du continent,
qui ont étélongtempsexposésadcgmndcs variationsdotem-
pérature; liuml)oldtcite, en effet, sans In démentir aucune-
ment, cetteparole méprisante de l'Espagnol « Comment
Se neynceny<pn n&savën~~p~ n'?'ij'o!f 'gl)ifc(~riij~
tius, parlantdesaborigènesdu Brésil, assurent qu'on no peut
pas, à proprement parler, dire qu'ils rougissent. Ce n'est
que lorsqu'ilt!eurentété longtempsen relation avec lesMânes,
et qu'ils curent reçu quelque éducation, que nous pûmes
apercevoir chez les Indiens un changetnent de couleur ex-
primant lesémotionsde leur esprit' » On ne peut cepen-dant pascroire <jnetelle ait été chez eux l'origine de ta fa-
cultédf rougir; mais sans doute l'habitude de s'occuperde
leur personne,qui résultaitde leur éducation et de leur nou-
veau genre de vie, augmenta beaucoup une tendance quidevait d'ailleurs être innée.
Plusieursobservateursdignes de foi m'ont assuréavoir vu
sur levisage des nègres quelque chose qui ressemblait il la
rougeur, sousl'influence de circonstances qui l'auraient ex-
citée chezles blancs; leur peau était pourtant d'un noir d'e-
bène. Quelques-unsdécriventce phénomène en disant quechezeux la rougeur est brune; le pins souvent oo dit queleur teinte foncéedevientalorsplusintense. H semblequ'une
plusgrande quantité desangdans la peau larende plus noire;
c'est ainsi qu'onvoit certains exanthèmes, chez les nègres,rendre les parties malades plus foncées, nu lieu de tes faire
rougir, commeil arrive cheznous" La peau, devenant plus
<4.Humbotdt,PcM<M<a<~(t~M'c,traduct.anglaise,vol. t!t,p. 92M.iH.Cttepar Prichard,Mys.A~.<~3faHJMM<<,4' édit., <85~vol.l,
p. 27i.i< VoirsurcesujetBurgess,(Md.,p.32. Yoira<MS)Waitï,Mro~M.
<MM<o~M<A<~po~,<!<ttt.angt.,vot.1,p. i3S. Moreaudonneunedes.c)r!pttondët<utMe(Lava(cr,<?«, tomeIV,p. 302)de la rougeurd'uneesclavenègredeMadagascar,forcéeparunmaltrebrutala montrersonsoinnu.
ROUGEUR. 3M
tendue lorsque les capillaires se remplissent, revêt peut-être
par cciam~me une te!nt<!diuerentcde cettequ'elle avaitpré~cédemment. Nous pouvons être snrs que tes capittait'csdu
visagedes negrc« s'injectent de sang ~uamdils ôptanveat
unsentimentde honte car, chez unenégt'esseatbinosparMite-ment caractérisée, décrite par BuKbn".on voyait unct~~reteinte cr<tmoiMcs'<5ten<!r<'sur sesjoues tcn'squ'e!!csemontrait
nue. Loscicatricesde Ja peau demeurent Manchestrès !ottg-
tempschez lesnègres, et le docteur Burgess,<}Utettt do JM.
quentesoccasionsd'observer une hatafro dece g'enre sur k
visaged'une nëgrcsse, !a vit distinctement«devenir rouge,
chaque fois qu'on lui parlait sans quctie s'y attendit, ou
qu'on l'injuriait d'une façon grossière~ on pouvait voir
la fougeur s'ëtcndre du pourtour de la cicatriceversson mi*
lieu, mais sans atteindre tout à fait le centre. Les mutatres
rougissent souventavec une grande facilité, et la rougeur
parait et (tisparattsuccessivementsur !cnt*visage.O'aprcsces
faits, on ne peut mettre en doute que les nègres fOM~<M<*n~bien qu'àproprement parler, aucunecoloration rougene soit
visiblesur leur peau.Gaikact M"~Barberm'assurent que h's Cafresde l'Afrique
méridionalene rougissentjamais maiscelapeut simplement
signifierqu'on ucpeutdistinguer chezeuxaucunchangementde couleur.Caikaajouteque, sousl'innnencedc circonstances
quiferaient rougir un Européen,ses compatriotes« n'osent,
dans leur confusion,lever la tête
Quatre de mes correspondantsm'assurent que les Austra-
liens, lesquels sont presque aussi noirs que des nègres, ne
rougissentjamais. tJn cinquième me réponddubitativement,
<?.Citépar Mchard,<'A~. M/'JM«MMM<~4*édit., <85t,vol.p. MS.
iN.Burgess,<&M.,p. 3<. Sur la rougeurchezles mulâtres,voyezp.33. J'a!reçudiversrenscignementsanaloguesrejativementà cesderniers.
3« BOUCEUH.
enfaisantremarquer qu'une très viverougeur sentepont être
aperçue, par suite de h teinte foncée de ia.peau. Trois ob-
servateursaffirment qu'ils rougissent' mais, d'après M.S.
Wnson,on ne peut s'enapercevoir que lorsque t'émotionest
t~ forte; ~toFs~~rnb~nc~ dp v~t<'meh~`.:
propretén'a pas permis & lu peau d<*prendre une couleur
trop foncée.M.Langme fait cette réponse J'ai remarqué.
quepresque toujourslithonte nmèae chez les indigènes une
roMgcurquipeut parfois s'étendre jusqu'au cou. MHajoute
qu'ilscxprinx'nt la honte « en tournant les yeux de côté. et
d'autre M.Langa étéprfjfesseurdans une école indigène;il estdonc probable qu'il a surtout observé des enfants; et
nous savons que ceux-ci rougissent plus aisément que les
adultes.M.G.Taplin a vu rougir des métis, et il ajoutequelesaborigènesont un mot pour exprimer la honte. M.Mag'c-
nauer, l'un des observatfursrqui n'ont jamais vu rougirles Austrahens,dit « qu'il les a vus, sous t'empirc de la
honte, baisser les yeux vers la terre Un missionnaire,M.Bu!mcr, écrit « Bien qu'il ne m'ait pas été possib!cde découvrirchez les indigènesadultes rien qui ressemblâta
de la honte, j'ai remarqué chez les enfants, lorsqu'ils sont
honteux, que le regard devient inquiet ot humide, et qu'Ussemblentne savoiroù h' reposer.
Lesfaitsqui précèdentprouvent surabondamment que la
fOM~M~qu'elle ait ou non pour effet d'amener une colora-
tionde laface,est un caractèrecommunAla majorité et pro-haMemcntmêmeAt'universatitë des races humaines.
J!fOMt'<MeHMgestesqui accompagnentla ~OM~CM~.Un
vifsentimentde honte amène un irrésistible désir de se ca-
cher" Onsedétourne;on détournesurtoutte visage,que i'on
<<B&rr!ngtond4tegttcmentquetesAMStratiensdela Nouvelle-GallesduSudrougissent;ciMpfu'Waitï,<tM.,p. <3!i.
M. M.Wedgwoodprétend(Wet.oy& ~y"~y, vol. i865,
HOU6BUM.
tache de soustraire&la vue d'autt'ui. Unindividuqui a honte
Mepeut guèit'e soutenirie regard dt'«assistant aussiprévue
toujouMil baisse les yeux ou regarde decoté. Mais,comme
il a en m&metempsun vtf désir ~c cacher son trou~~il ,fait""
de vainsc~oftspourre~ardt't' en faceJapcrsonucqui i'intpt'es-
stonne;MenrésuiteuneJu<tequi nousdonnetactefdeiasingu-M~remobilitédu re~afdJ'ai remat'qM<S,chezdeuxfemmesq<ti
fou~ssaicttt souvent, la bizarre habitude, pMbabtcmentcon-tfactée de cette tnanièM*,de cligner des paupi~'es avecune
extraordinaire rapidité. Parfoisune rougeur intenses'accont-
pagned'une légère effusionde larmes~; ce phénomcnept'o-
vioht, je présutne, de la participationdes glandeslacrymalesAl'affluxsanguin exagéré qui envahit alors, comme on le
sait, !escapiUah'csdes parties voisines,y comprisceuxde !a
rétine.
Beaucoupd'autcuM,ancienset modems, ont ))'cmar({uéles
tnoMvetnentsprécédents. En outre, nous avonsdéjà vu que,eh<'zlesindigènes de diverses contrées, iu honte se traduit
par le regard baisseou oMique. et par la mobilitédes yeux.Esdras s'ëct'ie (cb. tx, verset 6) « 0 mon Dieu,j'aï honte,
et je rougis trop pour oser élever, ô mon Dieu.ma facevers
toi! MOnlit dans !saïc (ch. t., versetC) « Jen'ai pointcaché
ntonvisagepar confosMn! Senèquefait remarquer (CpMH.
xt, 5) que « tesacteurs de Home,lorsqu'ilsveulent exprimer
p.~:) quefemotanglais<A<ïMc(honte) a pent-~treeu sonor:ginedansl'idéedese mettredansl'ombre,dese cacher,et ~u'cnpeutle
rapprocherdubasallemand<!cA<:m<qui ?ign!<!eombreouombragee.Gratiotot(De~'tjf'A~ pp.3S7-302étudieavecsagacitétesgestesquiaccompagnentta honte;toxhttbtaquetqucs-unesdesesremarquesme
paraissentun peufantaisistes.VoiraussiBurgcss(~M.,pp.<;C-<34)surle mêmesujet.
Xi.Burgess,~M, pp.<8i.t82. Boerhaavea egatementpignab'(citeparGratiotc),fM~f. ~t) la tendanceau larmoiementpendantune
rougeurintense. M.ttuhncr,commenoust'avonsvuptuahaut~partedes«yeuxhumidesdes enfantsaustraliensquandilssontcontus.
MC ROUGMH.
lit honte,baissentlit tête, et tiennent leurs regards fixés sur
ta terre, maissont incapables de rougir ». M'aprcsMacrobe,
qui vivaitau v''siecte(~o<ufMaM<H. VU, c. H), « les philo.
sophesnaturatistes prétendent que la nature, sous l'empirede la honte, étend devant ctte comme un voile de sang~,de
mëmpqup !'on peut voir souvent quctqM'nn qui rougit se
couvrir la facedeses mains M.Shakespeare (y~<M~tM~'oH«;«<,
act. Il, se. v) fait dire par Mu~usAsa nièce « Ah! mainte-
nant la confusionte fait détourner le visage. Unedame m'a
raconté l'anecdotesuivante. Elle retrouva a LockHospitalune jeune fille qu'elle avait cnmmo précédemment, et qui
depuis était tombée au dernier deg'rédo la misèreet do l'a-
bandon ta pauvre créature, &sonapproche, se cacha la tête
sousles couvertures,et on ne put parvenir Ala découvrir. On
voit souvent lespetits entants, timidesou confus,se détour-
ner. et, sansse baisser, cacher teur n~urf dans le jupon de
leur mère; on bien encore on tes voit se précipiter sur ses
genoux, la tAtelit première.
CoM/tMtOM.t<aplupart des gens, torsqu'iis rougissent,
éprouventun<'certaine confusiondans tours facultés intettec-
tuelles. Noustrouvonsla trace de ce fait dans des locutions
usuelles du genre de cette-ci « Elle fut couverte de confu-
sion. Danscescirconstances,on perd parfois toute présence
d'esprit, et on prononcedes parolesdépourvuesdesens. Sou-
vent onest embarrassé, on hathutie, on est, gaucho dans ses
mouvements,les traits sont grimaçants. Dans certains cas,il seproduit des trcssaincmenis dans les musclesde ]a face.
Unejeune femme,fjuiest sujette Arougir excessivement,tn'&
con~equ'en pareilcas et!c ne !Mntmême pas ce qu'eue dit.
Rtcommeje lui demandaissi cela ne tenait pas à l'embarras
causé par le sentiment de t'attention dont sa rougeur était
t'ohjet,elle répondit qu'il n'en pouvait~tre ainsi, <'car elle
s'était parfoissentietout aussi troublée lorsque, seutedans sa
MOUGKUB. !M7
chambre, elle MugissaitA une pensée qui lui traversait !'es-
pnt".Voiciun exemptedu trouble d'esprit <«cess!fauquelsont
exposes certaines peraonnesimprcsaionnabtes.Unami, q~cje pourrais citer, m'a assuréavoir été le tétnoin ocotaired';
la scène suivante, t'n petit dlner était donné en l'honneur
d'un hommetrès timide, qui, tofsqn'H<e levapour remer-
cicr, se récita à lui-même !c discoursqu'il avait visiblement
appris par cœuf, sans articuler unseul mot; cefaisant, toute-
fois,il gesticutait avec emphase. Ses amis, comprenant ce
dont il s'agissait, applaudissaient bruyamment ce prétendumorceaud'éloquence chaque foisque son attitude marquaitun temps de repos; aussi l'orateur ne s'aperçut n «Moment
qu'il n'avait pas un seul instant rompu le sUencc.An con-
traire. il se félicita ensuite auprès de m~n ami d'avoir ob-
tenu ce succès exceptionnet.
Lorsqu'une pcrsonuc confuse ou très timide rougit beau-
coup, son caourse met à battre rapidement, sa respirationest troubtee. Ces phénomènes ne peuvent guère manquefd'auecter la circulation sanguine du cerveau, et peut-êtreen
mornetemps les facultésintellectuelles.Toutefois,sit'en sere-
porte à l'influence, encore plus grande sur la circulation,de
!a colore et de ïa crainte, il est douteux que cetteexplication
puisses'appliquer au trouble de l'esprit qu'amène une ron-
geur intense.La clefdu proMèmeréside probablement dansla sympa-
thie intime qui relie la circulation capillaire superficiellede
la face et du crâne avec celle du cerveau~Je mesuis adressé
tl ceaujetau docteur J. ChrichtouBrowne, et il m'a commu-
niqué plusieurs faits qui s'y rapportent. Lorsque le nerf
grand sympathique est sectionnéd'un côté de la tête. les ca-
piMa!resde ce côtése retachent et scgorgent desang, !apeau
rougit, s'échauue, et en même temps ia températures'élève
de co même côté dans l'intérieur de la cavité crânienne.
3~ BOUURUB.
L'inflammationdes membranes qui enveloppent le cor-
veau amène la congestion de la face, des oreilles et des
yeux. Dansla première période d'une crise d'épilepsie, il
paraît exister «ne contraction des vaisseaux cérébraux,
et le synq~me inttiai est une cxtr&mepâleur des traits.
L'érysipdc de la tète se compliquefréquemment de dé-
lire. !i n'est pas jusqu'au soulagementd'une fortenngraioe,
qu'amène ta rubéfaction de la peau par une lotion ex
citante, qui no puisse,me semble-t-il,être considéré comme
un phénomènedu mêmeordre.
La docteur Brownea souvent administréà ses malades la
vapeur de nitrate d'amylc qui possèdelit singulière pro-
priété de provoquerune vive rougeur de la face au bout de
trente à soixantesecondes.Cette congestion ressembtepres-
queen touspointsà la rougeur amenéepar la confusion; elle
comtncneesur desparties diversesde la face, et s'étend jus-
qu'Acequ'elleait envahi touteia surfacede la tète, le cou et le
devantde la poitrine onne l'a vuequ'une seule fois s'étendre
jusqu'à t'abdomeu.Lesartères de la rétinesedilatent tes yeux
étincellent, et, dansun cas,on a constatéun peu de larmoïe-
ment. Lessujets se sentent d'abord agréablement excités,mais a mesureque la congestionaugmente, Us sont troubles
et commeégares. UnefemmeAqui la vapeur avait été sou-
vent administrée afnrmait qu'aussitôt qu'ettc commençait à
avoir chaud, elledevenait hébétée.Lorsquela rougeur de la
honte apparaît sur le visage, il semble d'abord, Aen juger
par l'éclat des yeuxet la vivacitéde la physionomie, qu'il yait unecertaineexcitationde l'activité intellectuelle.Co n'est
que lorsquela rougeur est portée à un degré excessifqu'ap-
paraît le troublede l'esprit. Il sembledoncque, dans la rou-
geur spontanée,aussi bien (luedans celleprovoquée par l'in-
?. VoirsurcesujetlemémoiredudocteurJ. CrichtonBrownedansW~ N«<tMOL<ma<«:~j~MtM~MtM~~f~ <M<,p. 9S.98.
KOUOBUB. StO
hatation du nitrate d'amyie, les capillaires de ta face sont
atfecMsavant<jju'itftos<Mtr!cnpas~dans !e<!parties du cer-
veau qui agissent tes facuttés intcHectucUes.Mciproqnc-
mt'n~tpt'sque le cM'vfnn~pEU~tttysme~ affecté, ~e~tatioMde la peau l'est. ensuites<'conda!rement.L<'docteur
Brownea fréquemment observé, me dit-il, des tacheset des
marbrures rouges disséminéessur la poitrine de sujets épitep-
tiques.Chezces malades, Ml'on vient à frotter doucementla
peau dn thorax ou de l'abdomen avec un emyonou un autre
objet, ou même, dans les cas les plus accusés, si seutemcnt
on la touche avecle tloigt, il se formeà sa surface,enmoins
d'une demi-minute, des tachesd'un rouge vif, qui s'étaient
~quelque distance autour du point qui a été touchéet qni
persistentplusieursminutes.ce queTrousseauappelaitles
MOCM/Mc~6f~<; elles indiquent, commelercmarquoiedoc-
tcurBrowno,unc modincationprofbndcdu systèmevasculaire
de !&peau.nonc, c'arésumé,s'itexistc, ainsi que cctane peut
gUHroôtrcmisen dout< un<*étroite sotidarité entre la circuta-
tion capillairc des parties du cerveau qui régissent!'intc!ti-
gonceetct'Uc de la peau de la face, itn'<'st point surprenant
queles causesmorales qui amènent une forte rougeurprodui-sent du mêmecoup uu trouble intellectuel profond,indépen-dammentmême de leur propre influenceperturbatrice.
Naturedes~~< l'esprit ~nt NMc~~ la fou~eMt'. Ces
états d'esprit sont la timidité, la honte, la pudeur, dont l'é-
lémentessentielest toujours l'attention portée sur soi-tneme.
Il y a bien des raisonsde croire, en effet, que la causedéter-
minante de la rougeur a été primitivement i'nmcur-propre,le soucide l'opinion d'autrui rclativetnent à notre extérieur
physique; !c même phénotnéncs'est ensuite reproduit,grâce& l'association, par l'effet de J'omour-propreéveittéa t'en-
droit de la moralité de notre conduite. Cen'est pas la simpleaction dereporter notre attention sur nous-mêmes,maisl'in-
:jtM' MOUGEUB.
quiétude de ce que les autres peuvent penser do noua qui
provoque notre rougeur; dans une complètesolitude, l'indi-
vidu le plus sensiblen'a aucun souci de sonapparence exté-
rieure. Nousressentonsle htamcou la désapprobation ptus yi-
vetncnt,quel'éloge; aussi desremarquesdéfavorablesou ma-
licieusassut'notre personneounotre conduitenousfont rougir
beaucoup plus facilementqu'une louange. n'est cependant
pas douteux que l'éloge et, l'admiration n'aient anfsl un
grand pouvoir; une jolie fillerougit lorsqu'unhomme la re-
~rardeavecinsistance,bienqu'ellesacheparfaitementque cette
attention n'a rien de malveillant. Beaucoupd'enfanttt, aussibien que certaines personnesâgées et sensibles, rougissent
lorsqu'on les comblede louanges.Nousdiscuterons plus loin
la question de savoir comment la pensée que l'on s'occupede notre personnea pu agir sur nos capillaires,enparticuliersur ceux de la face,de manière à y faire subitement affluer
le samr.
Je vais indiquer maintenant pour quelles raisonsje pense
que l'élément fondamental,dans l'acquisitionde l'habitude
de rougir, a été primitivement l'attention portée sur l'état
extérieur de l'individu, et non pas sur sa conduite morale.
Isolées, elles ont peu de poids; mais si on les rappro-
che, elles me paraissenten acquérir beaucoup. C'est un fait
notoire que rien ne fait autant rougir une personne timide
que d'entendre une remarque quelconqueait sujet de son as-
pect extérieur. On ne peut même pasavoir l'air de remar-
quer la toiletted'une femmequi rougit facilement,sans queson visagedeviennecramoisi. H sufnt, comme l'a remarqué
Coleridge,de regarder fixementcertaines personnespour les
faire rougir; « expliquecela qui pourra
23. Dansunedissertationsur le prétendumagnetiemeanimal,dansTable!'«?, vot.1.
JtOUCEUtt. 9Rt
Lesdeuxalbinosdont il adëjâ été question, observasparle docteurBurgesM,rougissaient vivement « toutes tes fois
qu'on faisait la moindre tentative pour examiner leurs
caractères pat'tteulMrsw~<Les&m!n'S soatbeaucouppl<M
impt'essionnaltlesque les hommesA l'endroit de leur per-
sonne,surtout si t'en fait ta comparaisonentre des femmes
et des hommes d'un Age avancé, et elles rougissent avec
beaucoupplus de facilité. LesjcunM gens des deux sexes
sont bien ph)s sensibles sur ce point qno les adultes, et ils
rougissentaussi beaucoup ptus facilement. Le! enfants en
bas âge Merougissent pas; ils ne manifestentpas non pluslesautressignesdoeonsciencede sa personnalité qui accom-
pagnent ordinairementla rougeur; c'est même un de tours
principaux charmes que cette indifférenceabsolue du juge-mentqu'ils inspirent.Acet âge tendre, ils peuvent regarderfixementun étranger, sans sourciUer,commesi celui-ciétait
un objet inanimé; c'est !Aune chosedont nous, leurs atnes,
serionsincapables.Tout le monde sait que les jeunes hommes ut tes jeunes
femmessont très sensibles à tours jugements réciproques,relativementauxqualités extérieures:et tem' rougeur en pré-sencedu sexeopposéest incomparablementplus prononcée
que lorsqu'elle est provoquée par des individus du même
sexe Un jeune homme, même peu sujet a roogir, rougit
jusqu'au btancdesyeux s'il croit quesa tenuepeut parattrcridiculeà une jeune fille dont te jugement,sur un point,de
quelqueimportance,lui serait absolumentindiQ'ërcnt.Dotout
tempssans doute, tes couples anioureux, aux yeux desquelsl'admirationet t'amour mutucts constituent le premier des
biens,ont maintesfoist'ougi durant leurs entretiens. H n'est
24.?<< p. 4$.ZS.M.MM(TAc~MM~otM"Md<AeWfM,<86S,p. (! parteade!atimi*
dttequeprovoquedanslesdeuxsexes. l'intluonced'unregardéchange,lacraintemutuelledesed~httre
369 ttOUCEMB.
panjusqu'aux habitants barbares de ta Terre-de-Feuqui, d'a-
près M. Bridges,ne rougissent, « surtout sous les regardsdes femmes, mais aussi par suite d'un simple retour sur
l'ëtat extérieur de leur peittonneM.Detoutes le~iparties du corps, c'est te visage tju! est
h' plus en vue et le plus exposéaux regards chosebien na-
turelle, puisquec'csUf M~c principal dcr<'xpr<KMK)nct<jURta se fait i'éMMsstoude !Hvoix.<t'st aufMisur le visttgc <Mt'-
tout que «c !oMMsc'la i<c<tMtéou!a iaidew; aussi, dans !e
tnonde cnti<'r,est-ce!a pattic dit co~ que l'on pare de pré-ïércnce Il en résHhcque te visage doit avoir 6MFot~et,
pendantdpnotnbreusesgénérations,d'une attentionbeaucoup
p!us suivie et plus sérieusequ'aucune autre partie du corpset nous pouvonspar conséquent comprendre.qu'il soit tout
spécialementpr~dispos~a rougir. L'expositionauxvariations
de température, etc., a du à coupsor augmenter la diiatabi-
nt6 et la contrapti)it6des capiMairesde ta face et des parties
voisines; toutefoisce fait sctd serait impulsant A cxpïiquerla facilitéparticulièrequ'ont ces parties &se couvrir de rou-
geur; car alors on ne comprendraitpas pourquoites mains
rougissent très rarement. Chez tes Européens, torsque le
visagese couvred unvif incarnat, !e corps tout entier ressent
un léger frénnssewnt; et dansles races humaines qni vont
ôrdinairo'tnent presque nnes, la rougeur s'étend bien plusloin que chez nous.Cesfaits sont, jusqu'à un certain pointafacilesAcomprendre,si l'on songeque chez rhommeprimi-
tif, aussi bien que chez les races actuelles qui ont conservé
l'habitude d'aller nues, l'attention nes'est pas arrêtée seule-
ment sur le visage,commechez les peuples qui portent des
vêtements.
Nous avons vu que, dana toutes les parties du monde,
26.Voir,&l'appuidecetteoptnion, Dt'M~ane''<h'~mmë, trad.
frans.parMouMnic,t. )t,p. 71,3S8.
KOUCEUM. 3M
23
~hommehonteux de quelque fauteconnnisf a de la tcndftnof
&~e détourner,Aacbaisser, ou &se la Sgttre, sansqu'il
éprouve d'aitleursa ce moment aucune préoccupation retati-
venMntà son apparenceoxténHure.Le b~t de ces divers g~s'où attitudes nepeut guère 6tredt' cachet'la rougeur, puisqu'on
tes voit se produire dans des circoostancf qui excluentpareltcs-mémcstout désir de dissimuler la honi<~quand par
exemplele couj<ab!<?se t'cpf'ntde sa faute et la confessefran-
chement. U est prohabtc qn*avantd'avoh' acquis beaucoupdedéHcatesse<not'a!c,l'hom<n<'pt'nnitifa du être tt'Cssen-
sible &l'état extérieur (!c sa personne, ou tout au moinsA
l'impression qu'il pouvait faire sm' l'autre sexe; par suite,toute remarque fâcheuse relativement A ses qualités physi-
ques devait lui Giredcsa~rëahic, et j)roduirc chez lui FuMe
des variétésde la honte. Or,le visageétant la partie du corpsla plus exposéeaux regards, on comprend qu'un individu
honteuxde sa personne,ait dtt songer d'abord &cacher cette
partie. L'habitudeune foisacquisede cette manière,ses eH'ets
ont du par la suite se reproduire natureMemcnt, sous l'in-
fluenced'une confusionprovenant de causestoutes morates.
Il me paranrait difficile d'expliquerautrement pourquoi la
honte feraitnattre te désir de cacherla Cgure plutôt qu'une
partie quctconqufdu corps.Quant &l'habitude si commune, lorsqu'on se sent hon-
teux, de baisser les yeuxou de les tournt'r sanscc~scde côté
et d'autre, eltf' vientprobablement de ce que, à chaque
regard dirigé verstes assistants, on croit s'apercevoirqu'onest l'objet de l'attentiongénérate en évitant de regarder tes
personnesprésenteset surtout de rencontrer tes regards, on
s'cIR~rced'échapperun momenta cepénib!<'sentiment.
~MMM. Cetétrange ctat d esprit, qu'on appctic aussi
parfois mauvaiseAe~e (<AoMM/oe«~M~ /«/<!<N/KfMc),paraitêtre une descausesles plus efficacesd<'la rougeur. la tiuu-
304 ROUCEUR.
arat ~p_a.. -II_& .1.
dite se manifestacsscnticUementpM une ~upe fou~ïss~Mtc,le rc~AVdfixésn)' tosolott dirigéoMiquetnent,dcsg'cstesgan-chcs et succtM~s.t'oupunefoisqu'eUcrougit peur f~tpc ren-
due coupable d'une f<uttequiten'ondvraiment honteuse, une
{pnonn MM~!tpc~-Mrccpttt o~ mitte Mss~Mt'etnpi!~ dnsentiment en qucs<")n.Latimiditésembledépendre denotre
crainte du jugement bon ou mauvais d'autrui, surtout
on ce qui regarde nos qualités physiques, Un étrangerne sait rien de notre conduiteou de notre caractère; il ne
s'en inquiètepas; maisilpeut. celase voit tons!esjouM,
critiquer notre extérieur;c'est pourquoiics personnestinudcssont particulièrement sujettes&devenir rouges et confuses
en présencedes étrangers. Hsuffit,pour porter Asoncomble
le trouble d'un individutimide,de la penséeque sa misepré-sente quelque chose de particulier ou d'inusité, ou de la
conscienced'un dëfnut insignifiantdans sa personne et sur-
tout dans son visage,toutesehoscsquUuipar<usscntpropresAattirer le regard des étrangers. Au contraire, quand il s'a-
git nonplus denotre aspectextérieur,nmisdo notre conduite,nous sommesbien plus disposésAla confusionen présencede nosconnaissances,au jugement desquellesnousattachons
quelque prix. Un médecinm'a racontéqu'un jeune duc très
riche, qu'il avait accompagnédansses voyagesen qualité de
docteur, rougissait commeune jeune fillelorsqu'il lui payaitseshonoraires; il est probablecependantquecejeune homme
n'eut pas manifestéune pareille timidité en acquittant le
compte d un commerçant. Certaines personnes pourtantsont tellement impressionnablesqu'il leursuftit d'adresser la
parole A quelqu'un pour éveiller leur timidité et amener
une légère colorationsur leur visage.La critique ou le ridicule nous trouvent toujours très
sensibles, et provoquent notre rougeur et notre confu-
sion bien plus facilementque l'éloge; il faut reconnam'o
pourtant que celui-ci a beaucoupde prise sur certains intM-
HOUGEUM, 9M
vidus. Les fats so~t rarement timides, car ils s'estiment &
trop haut prix pour s'attendre &être critiqués. Comment se
<ait-Mque ï'org~ueiïpuisse au contraire s'allier à la timidité,
eommeo~ i'obstcrvo aouveat?ne fant-î! pas adniettt'c que,
ma~ré toute sa suffisance, l'orgueilleux s'inqui&teen réaiite
beaucoup do l'opinion ~'autrui, tout en ia dédaignant? Los
personnes d'une excessive timidité la manifestent rarement
en présencede ceux aveclesquels ils sont familiers, et dont
Usconnaissentbien l'opinion favorableet la sympathie telle
par exemple une fille devant sa mère.
J'ai omis, dans ma circulaire imprimée, de demander si
Fon pouvait reconnattre la timidité chez les diverses races
humaines; maisun Hindoua afnrme a M.Frskine que cesen-
timent est reconnaissttbicchez ses compatriotes.La timidité, Fétymologio n~me du mot l'indique dans
plusieurs tangues, a d'étroites relations avec la peur;eÏ!c est cependant hion distinctedu sentiment qu'on désigned'ordinaire par ce mot. Assurémentl'homme timidecraint ie
regard des étrang'ers, mais on ne saurait dire qu'H a peur
d'eux; il peut avoir l'audace d'un héros A la guerre, et ce-
pendant sesentir intimide par des niaiseriesenprésenced'au-
truL Uest peude personnesqui puissent prendre la paroleen public pour !a première foissans éprouver une violente
émotion,et bien des orateurs ne parviennent mornejamais A
la surmonter complètement; mais cette impression paraitdevoir être attribuée A l'appréhension de ia lourde tache
qu'on entreprend, accompagnée de sa réaction oblig'ée sur
toute rcconomio, plutôt qu'Alu timidité proprement dite
27. Il. Wedgwood,HM.~~A .B~n<~<~vol. lit, i86~ 1). t8t.JIenestainsidumottath)M)~eMM</M~.
M. M.Bain(TheJ&MO~M<HK<theW~, p.M)s'estoccupede« l'ahu.riMemeotoùt'«Mest en pareilleoccasion,ainsiquede lap~ dela«~wdesactcuMnovices.M.Bainparaitn'attribuercessentimentsqu'àtasimpleappréhensionoua lacrainte.
3M HOUGELH:
il est certain pourtant qu'un homme timide souffre onpa-reille occasion infiniment plus qu'un autre. Chez les très
jeunes enfants, il estdifficilede distinguer h peur de la timi-
dité; mais il m'a souventparu que, chez eux, cedermersentimenta quelquechosede lnS!mvageried'un animalnon
apprivoise. La timiditéapparatt de très bonneheure. Cheznn
de mesenfants, Al'âge de deux ans ettrois mois, je reconnus
des signes non équivoques de timidité vis-a-vis de moi-
même, après une absencede huit jonrsapcme; il cxprimncette émotion, non en renaissant, maisen détournant légère-
ment son regard d<*moi pondantquelques minutes. J'ai re-
marque du reste, dans d'antres occasions,que la timiditéou
faussehonte, aussi hicn que lit hontevéritable, peuventêtre
exprimées par le regard d'un jeune enfant, avant qu'il ait
acquis la faculté de rougit:.
Puisque la timidité paraît reconnaître pour origine pre.mierel'attention portée sur soi-même,il est très certain qu'en
réprimandant les enfants qui y sont sujets, loin de leur être
utile, on ne fait qu'augmenter leur déthut en donnant une
forcenouvelleptla cause m~mequi l'a fait nattre. On l'a dit
avec raison « Kicnn'est funeste&l'entancecommede sentir
sessentimentscontinuellementobserves,de voir un a'il scru-
tateur surveiller ses divers mouvementset poursuivre sans
pitié l'expression changeante de ses émotions intérieures.
Sons le poids d'un pareil examen, l'enfant ne peut avoir
qu'une pensée, celle de l'attentionqui le poursuit, et qu'unsentiment, lit confusionet !a crainte
Ca!MMmorales,cM~oM/t/f. Sinous considéronsla rou-
geur qui dépend exclusivementde moti!smoraux, nous nous
trouvons en présence des mêmes causes fondamentales
2C.E~aysCMPM~tMJMMca<<oM,parMariaet H. L. Edgeworth,nouv.cd!t~vol.H, <M2,p.38. t.edocteurBurgess(?«< p. iM,insistebeaucoupsur!cM~rnppoint.
as?MOUCKUR.
que nous avonsdéjà rencontrées, en particulier le souci de
l'opiniond'autrui. €e n'est pat ta consciencequi force&rou-
gir car, si sincères que soient ses regrets d'une peccadilte
commise sans témoms, stcu~sa~ts qu~s~~ ekà
la suite d'un crime inconnu, un homme ne rougit pas. « Je
rougis, dit le docteur Hurgess en présence de mes accusa-
teurs. » Ce n'est.pas le sentiment de la culpabilité.mais la
penséequ'autrui la soupçonneou la connaît, qui fait monter
la rougeur au visage. Un homme peut, «ans rougir, etM
pénètre de honte d'avoir dit un petit mensonge;mais vient-
M supposerf{Mesa tromperie est découverte,il rougit aussi-
tôt, surtout si elle est démasquée par une personne qu')!estime.
D'autre part, un hommepeut ctre convaincuque Dieu
connait toutes ses actions, <~trepénétré de ses fautes et en
demander le pardon dans ses priAres,sans que cette penséele fassejamais rougir, quoi qu'en pense une dame de ma
connaissance qui rougit très facilement. Cette diH'érence
que nous établissonsentre la connaissancede nosactes parDieuou par les hommess'explique,me semble-t-it, par ce
fait que le blâme porté par tes hommes sur notre conduite
frise de bien près le dénigrement de notre individu; en
vertu de l'analogie que notre penséeétablit entre ces deux
actes, ils produisent sur nous une même impression.t~adé-
sapprobation divine au contraire ne saurait amener une
semblable associationd'idées.
On rougit souventquand on est accuséde quelque faute
dont on est parfaitement innocent. L'idée seule que l'on
attribue a l'une de nos parolesun sens désobligeantou dé-
placé suffit pour nous faire rougir, malgré la conscience
que nous avons d'être victimed'un malentendu;qu'un acte
soit louable ou insignifiant, une personne impressionnable
30.E~M~sCM~r<M<M<t<JMtMo«OM,~o!.H, p. !?.
ROUOKua.3M
n'en rougira pa~moins si elle suppose que d'autrespeuvent
l'interpréter autrement. Ainsi, une femme fait Faumonc&un mendiant sans ïa plus tég&rerougeut'; mais le fait-elle
devant des assistants, et peut-ene douter de leur btenveH-
tance ou penser qM'ihïtt taxent d'ostcntatiun,ausatitotetie
rougira. !t en sera de mémf si elleoffredes secours&une
femmed'une situation jadis é!cveo tombée dans la miséfc,
surtout si elle l'a connuedans des tempsplus heureux car
en pareil cas eue peut concevoit'des craintessur la manière
dont on jugera sa conduite.Maisles faits de cet ordre pour-raient aussi bien être rangés sous Je chef de la timidité.
/M/f<Mf<OMd r~MeMe. Les r~ios de J'ëtiquettoont
toujours pour objet la maniêrf de se conduire en présencedes autres ou A leur é~ard. Elles sont sans relation néces-
saire avec les régies de la morale, et parfois tout A <ait
insi~ninantes.Quoiqu'il en soit, comme ellessont le résul-
tat d'usages ëtabtis entre égauxet supérieufs, dont i'opinxona pour nous beaucoupde prix, ellessont considéréescomme
aussi impérieusesque les lois de l'honneur pour un gentil-homme.Aussile manquementauxtoisdcl'étiquette, c'eat-
a-dir<!une impolitesse on une gaucherie, un acte déplacé,un proposinconvenant,même accidentelet involontaire,
fait rougir au suprême degré. Le simplesouvenird'un acte
de ce genre, au bout deplusieursannées, provoqueunesorte
de frissonnementdans le corps entier. Tcttc est aussi la
puissancede la sympathie, qu'une personne itnpresaonnaMe
(une femme me l'a assuré) rougit parfois en voyantcom-
mettre par un inconnu une infractionIl l'étiquette,quelque
étrangère qu'elle soit cttc-mcmeAcet acte.
Ilodestie. Voiciencore une cause très efficacede la
rougeur; seulement on comprendsous ce nom de modestie
des états d'esprit très différents,tt signified'abord humilité,
BOUCRUa. 3M
et nous quatinonsda m~cato l'individu qui t'ouït d'aiaoau
moindre compliment,ou qui s'o~usque d'une louante qui lui
ptn'&Mdépasser l'humble mesure de sa vateur porsonnelle.
1~ )C<ou~MB,enparait cas. s'expHqucde ta n~mc façon que
iorsqu'ette est provoquéepar ic souct de t'optnton d'~utrut.
Souvent aussi le mot modosUese rapport A des questionstic tMenséance;or, le coM~MtaMeou t'uMOMMMaMfsont pureaC~ttft!d'étiquette, comme ccht nous est bien démonh'~~r
rexempte des peuples(jui vont nusou presque nus. Si une
YtfFSonncmodeste rou~tt facilementen f<Mcd'actes incon-
venants, c'est parce que ces actes violent les !ois sa~cset impérieuses de l'étiquette. Nousen tt'ouvonsd'aiitcuM la
preuve dans rëtymo!ojpicdu mot MtodM/c.qui dérive de
MM?M~,mesure, règtf' de conduite. La fondent' qui est due <)<
cette sorte de mode~tteest n'equcmmenttrès vive, parce
qu'cMcse tMuve ordinairement influencéepar ta ditfércnce
des sexes; or nous avons vu combien cette partictuarité
augmente duns tons les cas notre tendance A rougir. Si
nous appliquons cette même qualificationde modeste à
rhomme qui a une très humbtc id<*cde hu-tnêtnc et A
l'homme qui est tr~s impressionnépar un mot ou un acte
inconvenant, c'est simptcment, scmbte-t-i!, parce que dans
les deux cas la roulent* apparatt facilement; car, à partcette particuiarité, ces deux états d'esprit n'ont absolument
rien de commun.Onconfondde même souvent !a timidité,
pour ta m~me raison, avec lit modestie prise dans te sens
d'Jhunutité.
D'après mes propres observationset divers témoignages
~ue j'td recuciMis,certaines personnes sentent t~ chateuf
leur montet' au visage quand il tettr revient hfusquctncnt
queïquo souvenirdésagrëab!c.CepMnotn&tx'p~'att se pro-dutre surtout io~u'Ott s<'sonvicnt tout à coup que l'on n'a
pas fait pour qttehpt'MMune choseqn'ott lui av<utpromMc.Dttnsce cas. il est possible que t'csprit soit traverse, sans
3<M nOMCKUB.
h'op en avoir conscience,par cette pensée que pen«era-t-il de moi?S'il en est ainsi, cette bouCeode chaleur serait
quelque chose d'analogue A lit rongent' proprement dite. Il
est très douteux «'pendant que cette sensation soit due
dttns ïa phtpart t~c motUticàtioude la ctrcula-
tion cttpillaire. Kn eoct, nous ne devonspas oublier que
presque toutes les émotionsviolentes,commela colère ou
l'extrême joie, agissent sur le cœuret font rougir le visage.La rougeur peut survenir dans la solitude absolue; co
fait parait contredire l'opinionque je viensdedévelopper et
d'après laquelle In cause originelle de cette habitude a été
la préoccupationde l'opinionque lesautres se font de nous.
Plusieurs femmes qui rougissent facilementsont cependantunanimes sur ce point quelques-unespensent même avoir
rougi dans l'obscurité. D'après les observations sur les
Aymaras de M. Fotbes et d'après mon expérienceperson-
nelle, je ne doute pas de l'exactitude de ce dernier fait.
Shakespeares'est donc trompé quand il a fait dire A Roméo
par Juliette (acte se. n)
Tusaisquele masquedela nuitcouvremonvisage;Sanscela,unerougeurvirgiaatecoloreraitmajoueAprescequetuasentenduces<t!fdemabouche.
Toutefois tt' motif de la rougeur, quand elle se produitdans la solitude,se rattache presque,toujours au soucide
l'opinion d'autrui, c'cst-A-dirca l'idéed'actescommisen pré-sence d'autres personnesou soupçonnespar elles, ou encore
a la préoccupation de l'opinion qu'elles auraient pu avoir
de nous si citesavaientconnunotre conduite.Unou deuxde
mes correspondantspensentpourtant avoir rougi de honte à
propos de faits qui n étaientjusticiables en rien de l'appré-ciationde qui que ce fut. S'il en est ainsi,nous devons at-
tribuer ce phénomèneA l'influence d'une habitude invété-
rée, et &la force de l'associationmise en jeu par un état
MtttOUCKUM.
d'esprit très voisin de celui qui atnen<' ordinairement la
fougfur. Celane doit pas noussurprendre, puisque la seule
sympatlue éprouvée pour une personne qui se rondcoupa.
blé d'une YÏqlat!<m Hagrmtodeabienséances peu~ parais
provoquer la rougeur, ainsi que nous l'avons vu tout A
l'heure.
Je conclusdonc, en résumé,que la rougcut', duc à la
timidit6, A !n honte causée par une infraction aux lois de
t'ét!quottc, &la modestieprovenant d'un sentimentd'hunn-
Jité, A la modestie oS~usquécpar une inconvenance, dé-
pend dans toM!!les cas d'un même principe, c'est-à-dire
d'un souciinquiet de l'opinionet plus purticunerctnent de
la critique d'autt'ui; d'abord en ce qui touche ¬re aspectextérieur et particulièrement à notre visage et, en second
iicw, par la force de i associationet de l'habitude, en ce quiconcerne notre conduite.
TJ~r«' de /<t fo«~Mf. Nous utJons tttaiutunant cttcr-
cher ponKjUoila pensée que d'autres s'occupent de nous
apit sur notre circulation capillaire. U'aprèsSir C. HctP', la
rougeur «est spécialementdestinée Al'expression ce qui le
prouve, dit-il, c'est que la colorations'étend seulement au
visage, au cou et al la poitrine, qui sont les parties les
plus exposéesaux regards. Ce n'est pas un phénomène nc-
quM il a existé dO! l'origine. Le docteur Murgcsspense
que « la rougeur a été destinée par le Créateur ù donner A
l'Ame le souverain pouvoir de manifester sur nos joues nos
diverses émotionsintérieures ou nos sentiments moraux
en sorte qu'elle fut pour nous-mêmes un frein, et pourles autres un témoignage visible, si nous venons à violer
des règles qui devraient nousctre sacrées.Gratioletse borne
3i. MeH,~M«tMMyof~.cprco~oH,p. 93. Burgess,?«< p. 49.
GMtiotc~De<« F~<M~p. 94.
382 ROUGEUM.
Adire « Or, comme il est d~us l'ordre de lit nature quel'être social le plus intelligent suit aussi le plus inteltigible.cette faculté do rougeur et de pateur qui distingue l'homme
est unsigne naturel de sa haute perfection.Mest
un
signé,I
naturel
'l
de k
1'Ï<t) cfoyauccque ta MUgoura été préposée par te Créa-
teur Aun but ~c<<~ est CMcontradiction avec tu théorie
génërate de t'6vohtt!on, qui est aujourd'hui g~ndement
occeptéR;mais il serait hors do propos de discute!' ici ta
questiondans son ensemble.Mot'nons-notM&remn~uër qu'i!serait difSci!ed'expliquer. pour ceux qui croient A ce but
préëtaMi,comment la timidité est la causela plus fréquenteet la plus efficacede ta rougeur; en effet, <*ttcincommode
{ celuiqui la subit, et embarra~tcceluiqui en est témoin,sans
être de la moindreutilité à l'un ni a l'autre, tt ne serait pas
ptus aisé d'expliquer la rougeur qui su manif<~techez les
nègres et autres races de coutcur. citez qui le changementde coloration de la peau <Mtinvisibh' ou ê peu pr&s.
Il n't'st pas douteux qu'une légère rougetu' ne vienne
ajouter encoreait charmed'un jeune visage; tes Circassienne*:
qui sont capablesde rougir atteignent invariabtcment, dans
le sérail du sultan, un prix supérieur & celui des femmes
moins impressionnables Toutefois,quelque convaincuquel'on puisse être d<;la puissancede la sétectionsexuettc. on
supposeraditno tententque la rougeur ait étoacquisf comme
un ornement sexuel.Cette manière de voir serait égalementinRrtnéc par ce qui vient d'être dit au sujet des races de
couleur, dont ta rougeur n'est pas perceptible.
L'hypothèsequi me parait ta plus acceptable, bien qu'ttt
première vue elle puisse paraMt'cun peu forcée, c'est quel'attention concentrée sut une partie quelconque du corpstend à modiner la tonicité anormaledes artérioles de la
région. Par suite, ces vaisseauxsont alors plus ou moins
32.D'aprésLadyMaryWortteyMontage;voirBurgess,ibid.,p. 4~.
KOL'OKUR. M:t
ret~hés et se forgent nua-sitAtde san~ artériet. Cette ten-
dance a dA se ibrtitier considorabtementpour peu que !a
mêmepat'tie du corps ait ~t6Fohjct d'uneattentionsoutenue
pendant ptu~eurs ~énét'MtiQns:on sait, en en!&t~que la iow~horvcust' se porte bien plus aisémentdans les voic~les ptus
fréquemment }Mtrcom'M<'s,et l'on connattOt outre le pouvoirde rh~fëdttd. 'routes tes fois que nous ct'oyonsque notre
personnf est t'c~et de ia frMiqucousctucmcntdf rexanten
d'autrui, notre attention so porte vtve«)ent sur les partiesde uotf<*corps exposéesaux regards; o)', de toutes, la plus
MnpressM'nnahteest le visuge, et ceta «ans doute depuisbien des g'onëraitons.En conséquence,si l'on veut admettre
n~uence d'une attention soutenue sur Jes vaisseauxcapit-
I<Mres,on comprend que ceux de la face soient devenus
extrêmement sensihtes.Ko vertudu pouvoirde l'association~
les meutes eMctsdoiventavoir une tendance à se reproduiretoutes les fois que nous pensons que i'ou examineou quel'on déprécie notre conduite on notre caractère.
Cette théorie reposetout entière sur cette affirmationqm'l'attention peut modinerta circutation t'apittairp; il est donc
néce!<sah'ed'accumuler ici des faitsen nombre suHi~nt, qui
puissent lui servir plus ou moins d'appui. Mvers ottserva-
teurs~ dont t'opinionemprunte&leur vasteexpérience,Aleur
M. EnAngteterr~c'estSirIl.Mo!!andquialepremier,jecrois,étudiét'innuenecde l'attentionsurles diversespartiesdu corp~dans ses3f< A'c~Mand~c/!ee<«!'M~<8:t9,p. <!4.Cettectudc,augmentéedenombreuxtiMvetoppcmetua,a ctercimprimeeparSirH.HoHanddatMMO<*A«p<c<'<CMJM<'H<o~PA{/<M~j~,ttM~p.?&,d'oujetiretoujoursmescita-t!ons. Apeu pr&sitlit tnemcEpoque,et plustardencore,le profcs*seurlaycoka traitélemcrnesujet;voirJM~M~AjMfe<t<«M(<S<«'afea<~Mn<a<,juillet t83~p. n-2: VotrcNcorc,duM)0))t!auteur,T~at~eonthe:crvuusDisef,selCof 'tVomen,tM;U,p.110etû(inctuncdltmir:,vol.JI,~c~cn:MMD)~e«se!<opinions<«tu, p. t tO;etjfh«~surle mesmérisme)<«?,p. ai!?. peu t.es opinionsduconséquences.Lete mesmerismcconduiaent&peu prèsaut mêmesconséquences.Legrandphyswto.~ish!MitHers'eat occupM(~<*wea~o~'Ay~o~,trad.anglaise,vol.Il,p. 897.i08!de t'innuencede t'attentionsurtessens. Sir J. Pagel
aM MOUGRUH.
savoir étendu, une autoriié toute particxHore,se déc!areMt
convaincusque l'attention ou la MMMtMM(expressionqueSir H.MoHandpréiere comme ptus exacte), concentréesur
une partie qwkonquc du corps, amène directement en elle
tn~m~t~ation phy~t~; Cette mn~ 'dc':vÕrrs'iip"pliëJuê"aux contractionsdes muscles in~oiontaires, et des muscles
volontairesquand ils agissent, en dchofs de l'influencede
la votante, aux secrëttOM~landtdmres, à l'acuité des sens
et de !a sensihHite,enftn Ala nutf!t!ondes tissuseMe-mcrnc.
C'estun fait bien connu que Fon agit sur les mouvement
involontairesdu cœur en nxant sur eux une attentionsoute-
nue. (ïmtiotet rapporte t'observattond'utt homme qui, &
forcede surveiUersans cesseet de compter son pouls, avait
fini par présenter une intermittence sur six hattements.
D'autrepart, mon père m'a raconté !'histoirc d'un otMerva-
teur consciencieuxqui était à ce montent,&n'en pas douter,
déjà atteint d'une affectioncardiaque, dont il mourut plus
tard; il constatait d'une manière positive l'extrêmeirrégu-larité habituelle de son pou!s; et cf pendant, à sa grande
contrariété, cetui-ci recouvrait sa ré~utarite des que mon
père outrait dans sa chambre. Sir H. Mottandfait remar'
quer~' que t'dfct produit sur tacircutation (!'unc partie du
corps, lorsque !a consciencese dirige brusquementet se fixe
sur clic, est souventévidenteet immédiate Le professeur
Laycock,qui a spécialement étudié les phénomènes de cet
ordre affirmeque, « torsqnc l'attention est dirigée vers
une partie quelconque du corps, l'innervation et la circula-
(t:MMtc)'!t)t!uencedet'c~tntsurtanMtntiondesorganesdanssesMM~«MSM~MO~<t<A<tf<i853,vol.l, p. M.Jecited'aprèsla3' édittoare-vueparleprof.Turner,<X70,p.28. VoiraussiGrat!otet,Pc~«f~<Mt.,p. 2M.M7.
M. Be<a~<OM.,p.2H:t.35.CA<tj!~<OltAfM~i''Ay«o/o()ty,<8:it<,p. «t.30.JfMandBtWM~val.H, <8M,p.337.
ROUCBUR MS
tion sont ïocatemcnt surexcitées,et l'activitéfonctionnellede
ta région est accrue
On admet génératement que les mouvements péristatti-
(ju<'s de riutestm sont tnuuenc~spar rattctttiQnq~'o& portesur eux, A iiitervalles re~uners; ces mouvementssont dus
A.la contraction de musclesU&scset involontaires. L'action
anormale des musclesvolontairesdans Tépitcpsie, ht.chorée
et t'hystéric est, commeonMit, innupnc6epar l'attente d'une
attaque et par la vue d'autres sujets atteints des mêmes
auectioos tt en est de tnemedu !MU!tementet du rire, quisont des actes invoio))ia!fM.
Le ibncticnnetncnt (le cttrtMnM;gtandes suhit, d'une
façon bien manifeste, rinHuence dont nous parlons ici,
iors<ja'onporte sa penséesur ottt'sou snr les circonstances
qui le provoquent d'habitude. C'estun fait familier a tout le
monde que la sécrétion saUvaire se surexcite quand on
vient A penser, par exempte,A un fruit acide Ou a vu,
dans Hotre stxième chapitre, l'efficacité d'un désir intense
et persistant soit pour réprimer, soit pour uug'mcntcr la
sécrétion des glandes lacrymales. On a cite quelques cas
curieux rotatifs à des femtncs, touchant l'empire do l'ima-
gination sur les glandesmammaires;et d'autres faits encore
ptus retnarquahics relativementauxfonctions(le l'utérus
a?. CA«p<<f<oMJtcM~~~&)~. p. <o4-<Ct:.38.Vo:r~urcesujet,Gfat!o)et,Df/«f~OM., p. 287.38.Voir,sur cesujet,Gratiolet,Delit lhysiota.,l" 28i,3!hLedocteurJ. Crichtonurowneestconvaincu,d'aprèsse~ehserva-
UMMaurtesauénes,qu'endirigeantlonguementsonaMentionsu)'une
partiedu corpsousur unorgane(quelconque,onpeutarrivera agirsur!acirculationcapiitaireet la nutritiondecettepartieoude cet or-
gane.Cetobservateurm'arapportequelquestaits surprenants;t'und'eux,queje nepuisdonnericidansteufsesdéfaits,est relatifà unetemmemariée,agcede 50an",quiétaitdepuislongtempstourmentée
par la convictionillusoirequ'ellecta!tenceinte.L~rsqu'ettearrivaautermeattenduparettc~elleseconduisitabsotumentcommesi elleavaiten euetaccoucttc,etparutressentird'atrocesdouleurs,si bienquesonfrontétaitbaignedesueur.Enfindecompte,la menstruation,quiavait
!t<M RouoEcn.
Quand nous fixons notre,attention tout entière sur Fnh
de nos sens, «on acuité en Mtaugmentée et si cette con-
tention d'esprit est habituelle, il se produit, sonïMe-t-i!,une
sorte de perfectionnoment du sens ainsi exercé; il en est
ainsid&fente citez tes ~veup'tea,dntonehcrch~x les aveu-
~tes-sourds. On peut reconnattre en outre, eu considérant
les aptitudes df diverses races humaines, que les qualitésainsi acquisessont héréditaires. Pont*ce qui est des sensa-
tionsordinaires, on sait parfaitement que la souffranceest
accrue par l'attention que l'on y porte; Sir B.. Brodtc va
jusqu'à dire que l'on peut ressentir la douleur dans une
région quelconquedu corps en nxaut fortement l'attention
sur elle Sir M.Mottandfait e~atemcnt remarquer qu'ensoumettantà uneattention soutenue une partie quelconquede notre individu, non seulement nons acquéronsnettement
la consciencede son existence, mais encore nousy ressen-
tons diverses sensationsanormales, de la pesanteur, de la
chaleur, du froid,du fourmillement, des démangeaisons~.Enfin certains physiologistes soutiennent que l'imagina-
tion peut agir sur la nutrition des tissus.Sir J. Pa~-cta rap-
porté un curieuxexemptedu pouvoir qu~asur la couleurdes
cessédepuissixans, reparutet durapendanttroisjours. M.Uraid,danssonHvt'cinittut~.Wo~c,~pH<~&M~etc.(<8S~p. M},et dansses
autrcsoutrageB,citedestattsanatogoo),et aussidiversesobservationsquidémontrentta grandetoMuenecde la volontésur tes glandesmam.maireset nx~mesur unseuldecesorganes.
M. LedocteurMaudstoya rapporte(TheMy~o~y «s~f<t<Ao~o/'.UtN~2*édit., iM8,p. <?:),d'aprèsdes témoignagesdignesde roi,'tueiquesfaitsintéressantsrelatifsauperfectionnementdusensdutou-cherparl'exerciceet!'attention.Ilestremarquableque,lorsquecesensa ainsiété aiguiseenun pointquelconquedeta surhceducorps,parexempledansundoigt,u setrouveavoirsubiuneaugmentationana-
loguedansle pointsymétriquedol'autrecote.H. TAcJ,'Mtce<,tM8, p. ~-M~citepar le prof.Layeoc~<VerccM
~c<M<'<o/~tt~m''M,t8tO,p.HO.M.CA<tj)~MM~eH~~FA~M~,1868,p. a<)'3.
MOUGEUM :??
cheveux, non pas, A 1&vérité, rima~inatiou, mais tout au
moins !e système nerveux. Une femme, sujette Ace qu'on
appeMela nu~t'aine nerveuse, constate toujours, io matin
qmsuit un de ses acccft, que ~uc~u~m~cNdeMaehe-_ett,at .-liiüriclii.ütiet~~ëniarlerrthuudr6ex.Le clrari~ementveMX oot M&ncM1- <~ semblent poudrées. Le chan~etnent
s'estproduiten unenuit; quelquesjoursaprès,leschcvcnxreprennent~t'adu'emcnt leur codeurhrun''
Autsi nous voyons qu'une attention soutenue agit tndu-
bititMenteot sur div~fsespt~'Hes<incorps et.sMrd!vorsor-
~aaes qui ne sont pas ptac~s, A proprement parler, sous ta
dépendancede la volonté. t':u' quel mécan!smese produit
t'att~ntioo, ce phénomène inteUcct«p!qui constitue peut-~re une des facultés les plus mefveineusesd<*l'esprit?C'est
J&une question très otMcm'e.U'apres MuMor les cellules
WtMith'csdu cerveau deviendraient, sous rinNucnce de la
volouté, aptes A recevoir des intptfssions plus profondeset
plus nettes, en vertu d'un phénomènett'csanab~rueAcelui
qui se produit torsque les cellules tnotnces sontappMÏccsA
envoyer aux musctcs t'utHnxHcrven\. tt cxtstect!('ctivctncn<,sous b!cn des pohtts, ulle analogie marquée entre Faction
dps ccuuïcsscnsitivcset ccUcdcsceUuicsuu)tr!ccs;je citerai
commeexetnpicce fait bienconnuqu'une attention soutenue
portée sur l'un quelconque de nos sens amené de la fatigue,tout cotnmoi'cxepcMcproioogéde n'importe quel muscle
Par conséquent, lorsque nous concentrons volontairement
notre attention sut' une partie de notre corps, les cc!h)!es
ccrebrates qui reçoivent les impressionsou les sensations
de cette partie entrent probablement en activité, par un
M. LecturesCM~Mt'N<e(t<f(!(Aeh~, e<th.,rc~uepar!epro!~Tm'Me~<a?e,p.28~<.
H. ~cMc~ha/'P~Mc~. trad.anglaise,vol.H,p.938.4S.t~cprofesseurLaycocka traitécette<tUMtiun<t'unctnanteretrès
intéressante.Voir~ertoMSD~«)j!Mo/W~mc~)«<<p. <fO.
:M8 HOUCKUH
mécanismed'ailleurs inconnu. Cela peut pormottrcde com-
prendre comment, sans aucun changement local dansïa
partie eu question, la souttrance ou tonte antre sensation
anorntalc peut apparattre on ce point, ouaccuser plus for-
tementsreM<~yMutaitdé~
Toutefois,si in région est pourvue de muscles,ou lie peutêtro sAr, ainsi que me l'a fait remarquer M. MichaelFoster,
qnc ces musclesne reçoivent pas quelque ieg<*Mexcitation
inconsciente, qui doit prohabtetncnt éveiUer en ce pointune vague sensation.
Dansun grand nombre de cas, par exempte lorsqu'il
s'agit des landes lacrymales, du canal intestinal, etc., t'in-
t!uencede l'attention pat'aM,au moinspour Mnelarge part,
dépendre du système vaso-moteur, (lui est impressionnede
manière A permettre un aMux sanguin plus considérable
dans les capillaires de la région. Quelquefoiscette suracti-
vité des capillaires se combine avec la suractivité concomi.
tante du sensorium.
Le mode d'action de l'esprit sur le système vaso-moteur
peut se concevoirde la manière suivante. Au moment,par
exemple, of)nousgoûtons un fruit acide, une impressionest
transmise par les nerfs du goût A une certaine partie du
sensorium; celui-cirenvoie l'intiMXnerveux ait centre Vaso-
moteur, lequel permet aux tuniques musculaires des arté-
riolesqui sedistribuent aux glandes saïïvairesde se relâcher.
11en resutte qu'uneplus grande quantité de sang traverse
ces glandes, et qu'elles sécrètent une abondante quantitéde salive. Celaposé, n'est-on pas autorisé A admettre que,
lorsque nous réfléchissonsprofondément sur une sensation
déterminée, cette mcme partie du sensorium, ou une partietrès voisine,se trouve mise en activité, et que tout se passecommeau moment ounous percevions la sensation?S'il en
est ainsi, les mêmes cellulescérébrales seront excitéesde la
m&memanière,quoique &un moindre degré peut-être dans
JtOMGtSUM. M9
2t
te. premier cas, et par la vive représentation idéale d'un
~ont acide, et par sa perception réelle; dans les deux cas
ces collutes transmettront l'agent nerveux M centre vaso-
moteur, et les résultats seront identiques.Voiot Mna~utre exempte~qui~ & quelques cst
encore plus démonstratif, i~orsqu'nnhommese tient devant
un feu ardent, son visage rougit. Ce phéno)t*cneparaM
du, me dtt M. Michael Poster, on partie à l'action locale
de ia chaleur, en partie Aun phénomène réflexedépendantdes centres vaso-moteurs l<:tchaleur atl'ectc les nerfs de
ta iace; ceux-ci transmettent une impression aux cellules
sensitivesdu cerveau, qui Njiritsur le centre vaso-moteur;
ce dernier ennn réagit "tur !es artértoles de la face, les re-
lacho~,et permet au san~ de les remplir. L&encore, il est
permis de croire que, en fixant notre attention très forte-
ment et Adiverses reprises sur le souvenir de la chaleur
ressentiepar notre visage, il peut se produire une certaine
excitation de cette même partie du sensoriutn à laquellenous devons le sentiment d'une chaleur présente; par «Mite
une certaine quantité de force nerveusepeut être transmise
aux centres vaso-moteurs; d'où dilatation des capillaires de
!a face. Or, comme depuis un nombre incalcnlable de gé-nérations les hommes ont dirigé fortement leur attention
sur l'aspect extérieur de leur personne, en particulier sur
leur visage, la disposition qu'avaient des le début les ar-
térioles faciales a se laisser impressionnerde cette manière
a pu, daus la suite des temps, se fortifier considérablement
et devenir héréditaire, envertu des principesprécédemment
ibrmulés, et en particulier en vertu de la grande facinté
avec laquelle la force nerveuse s'engage dans les voiesac-
40. Consulteraussi,sur raeuoMdu système~aso-moteur,uneleçonde M.MichaelFoster&t'tnsututtonHoya!c,tfadu!tedansta AccMc</e<C~MM~<«/!?M< 2Ksept.<8<!9,p. 6M.
nt
3W ttOUGJRUR.
coutume. TeUe est, me semMe-t-H,l'explicationp!aMs!odes phénom&ncsprincipaux l'ei~ti!~ la foogeur.
~capttM~~on. Atoutesles époques, hommeset femmes
<m~&MMh6,tturtout pendant jeunesse, wn~gfandeim-
portance Il l'aspect extérieur de leurs personnes; ils ont
également porté une attention toute spéciale sur l'apparencede leurs semblal~les.Le visage a été le principal objet de
cet examen, exceptédans la période primitive, où, l'homme
allant tout nu, la surfaceentière du corps était exposée aux
regards. Si nousportonsnotre attention sur notre personne,c'est presqueuniquementpar appréhensionde l'opiniond'au-
trui car un hommevivant entièrement seul ne prendrait
guère souci de sonaspectextérieur. Noussommestous plussensibles nu Marnequ'à la louange. Or, toutes les fois quenous savons ou soupçonnons que l'on critique notre per-
sonne, notre attention se porte fortement sur nous-mêmes,
et surtout sur notre visage. Cela doit avoir très prohable-
mentpoureffet, ainsiquenous l'avonsexpliquétout&l'heure,
de mettre en jeu la portiondu sensoriumqui reçoit les nerfs
sensitifs de la face, et ce dernier réagit ensuite sur les
capillaires faciauxpar l'intermédiaire du systèmevaso-mo-
teur. t'ar suitedesa répétition incessantedurant un nombre
immense de générations,ce mécanismea du devenir telle-
ment habituel et s'associersi étroitement à l'idée que nous
sommes l'objetde l'attention d'autrui, qu'il nous suffitmain-
tenant d'appréhender une critique pour que nos capillairesse relâchent, sans que nousayons du reste conscienced'une
préoccupation quelconque relative à notre visage. Avec
certaines personnesimpressionnables,il suffit même de re-
garder leur costumepour produire un semblable résultat.
C'est encoreen vertude la forcede l'association et de l'hé-
rédité que nos capillaires se relâchent quand nous savons
uu nous supposonsque nos actions, nos pensées ou notre
noUGBUM. 371
caractère sontl'omet d'une critique, mêmemuette; il en est
do mémo enfin lorsqu'on nous comble de louanges.
L'hypothèseprécédente nous permet de comprendrecom-
ment il se fait quela face rougit beaucoup plus qu'aucuneauh'ë ttîcn "que ? snrMcccutanée tout
entière s'anecte quelquefois, en particulier chez les hommes
qui vont encore A peu près nus. Elle explique commentln
rougeur peut existerchez les races de couleur, bienqu'aucun
chaudement de coloration ne soit visiblesur leur tégument;et aussi chez tes aveugles-nés, en faisant intervenirleprin-
cipe dé t'heredite. On peut comprendre égalementpourquoi
les jeunessont plus facilement impressionnésque les vieux,les femmes plus que tes hommes; pourquoi les sexesdif-
férents provoquent si aisément leur mutueite rou~rcut' on
voit pourquoi lit rougeur est surtout provoquéepar des ob-
servations personnelles et a pour cause déterminante la
plus efncaecla timidité: en euet, la timidité est miseenjeu
par ta présenceou l'opinion d'autrui, et les gens timides
ont toujours plus ou moins consciencede leur faiblesse.S'it
s'agit de la veritttUo honte qui provient de fautes morales~nous comprenonspourquoi ce qui fait rougir n'est pas tant
le sentiment de ht culpabilité elle-même que l'idée quecelle-ci est connue de nos semblables. L'hommequi pense&un crime qu'il n commis mns témoins, quoiquebourrelé
de remords qu'il puisse être. ne rougit pas; mais il rougitau souvenir poignant d'un crime découvertou commisde-
vant des témoins, et t'intcnsité de sa rougeur est en rapportdirect avec le cas qu'il peut faire de ceux qui ont décou-
vert, vu, ou soupçonné S& conduite. Les infractions aux
règles de convention, quand nos égaux ou nos supérieurs
y attachent de l'importance, provoquent souvent une rou-
geur plus grande chez celui qui s'en est rendu coupable
que la découverte d'un crime. Au contraire, si un acte véri-
tablement criminel n'excite pas la réprobationde noségaux,
MOUGHUH.
c'est apeuM si uns joncs se colorent tegeremcnt. Ennn
modestie, dans ies deuxsens de ce terme que nous avon~
signâtes, excite une vive routeur dans les deux cas, H
s'agit ou da .tttgetucntdes autres ou d<'s coutume qu'itsont ~aMi<*<%
t'ar suite de i~h'f)!tesympathie qnt existe cnh'c ctr-
cutatton capUhurc de lu sm'fmccde la tète et cette du t'et'-
vctm, toutes tes fois que se produit uue rougeur intcuse, il
se tnanifcstt'cn t))cm<'tempsun troHhtc, parfois h'ès grand,
dans h's idées. Ce phen~m~ncs'accompagne ft'e<;uemmentd'une ceftatue gaucherie des mouvetnents, t;t p<n'fMsde
tt'e<t<MnHetncntsinvotonhuresdans quelques musctes.
Puisque ta fouffeut',d'après notre hypothèse, est un t'e-
snttat indh'octde l'attention qui, dans l'origine, Mëte uni-
quement dit'i~réesu:' notre aspect extérieur, c'cst-a'dire sur
lu surface du corps et en purticnhpr sur lit fa<'e,nous pou-vons nous t'cndre <'otnptcde ta significationdes gestes qui,dans le monde entier, accompagnentlit routeur, et qui con-
sistent &se cacher te visage, &t'abaisser vers la terre ou &
le porter de <'&<e.Leplussouventles regards sontdétournes
ou mohites; en effet, lorsqu'on regarde en face un homme
devant tcqnct on est confus ou timide, on est aussitôt pos-itedepar le sentiment insupportableque ses yeux sont nxës
sur vous. En vertu du principede t'ussociationdeshabitudes,les metnes mouvementsde ta face et des yeux s'accomplis-
sent, d'une manièrepresqueirrësMtihte,chaque foisque nousavons la certitude on te soupçon que tn moralité de notre
<'onduitcest, de la part d'autrui, l'objetde htamesou d'élogesexcessifs.
<:HAM'FMRXtV.
(~NCt.~)OKSETH~t)!tÈ.
t~iftroisprinc)pe!tfoottamcHtaux<t<t)"ot<)<'t''nMinn<<'s~fhttipammouvcmonti)<pr<"t<i!f!t.t~'nrhct~<ti«'.Mtc<(ela M'entécid<'t'att~iowttatMt'~x-~M!).))~))desdt*etMtt<')tph'M)<MM.t/fx~n'~siotttwfeconxattt)'it)it(itx;t.pr<'tti'<!fottrntcparn<'t)'<'sujut&t't<n<M'H)M'c!(i~t)e<!<'N)':)<'<homaitto..th*)'ae<)))isi)t<ttt)itte''t')t-<t!Mparhttan~tn'td<'t'homMMde*'tht'n)~«~prt-~iont.ttOftofOtnttde)'<"<.pf'SsifXt.COttCt'~t'ttt.
J'at maintenant achevé de décrire, (h*mon mieux, tes
principaux actes expressifs chez l'homme et chez <ptc!-
ques anitnaHx..t'ai aussi cssay; tt'cxptiquer rori{?ineou
te ~vetoppement de ces actes, A raM!e (h's trois prin-
cipesdéveloppesdans le premier chapitre, Je vais les rap.
peler encoreune fois. Le premier de ces principesest !e vi-
vant Lesmouvementsutiles il l'accomplissementd'un désir
ou au souta~emcntd'une sensation penibtc MnisocHt,s'ik
se rëp&tentfréquemment, par devenir si hahituetsqu'ils !?
t'eprodutsenttout<'slesfo!squ'apparaisscat ce dcsir ou cette
sensation, même à un très faibte degré, et alors même queteur uti!ite devient ou nulle ou très contestahte.
Notre second principe est celui de i'nntith~c. l'n usa~e
constant,durant notrevieentière, a aHermiennoust'habitude
d'exécutervolontairementdes mouvementsopposessousl'in.
nuence d'impulsionsqui sont cttes-metnesopposées.En con-
iféquence,par ceta seul que certains actes ont été accomplis
ré~uH&rement.en vertudo notrepremierprincipe,danstinétat
d'esprit détermine, une tendance involontaire,irresisuhic.Il
t'accomptisscmentd'actes absolument contrairesdoit se pro-
37< COKCLU8!ONS
duirc sousl'onpire d'un état d'espritinverse,indépendammentd'aiJUcursdu plus ou moinsd'utilité qui peut en résulter pourl'individu.
Enfin le troisièmeprincipe est celuide l'action directesm'
1' éeenomicdes MCttatiohsdu sjt'stethë" nerveux,action toutà fait indépendantedel'habitude. L'expériencemontre qu'unecertaine quantitéde force nerveuse est engendrée et miseen
liberté toutes les foisquele systèmecerébro-spinaiest excité.
Lavoie que suit cette forceestnécessairementdéterminéeparla sét'ie des connexionsqui renent lescellules nerveuses, soit
ontr'! eHes,soïtavcctesautrespartiesducorps. Maiscettedirec-
tion est aussitbt'tetnentinfluencéepar l'habitude cela revient
à dire que la forcenerveuseprend volontiersles voiesqu'ellea déjà fréquemmentparcourues.
Les restes frénétiqueset insensésd'un hommeen fureur
peuvent être attribués en partie aumanquede directionde la
force nervcttseproduite, en partie auxeffetsde l'habitude;
car ces gestes représentent souventvaguement l'action do
frapper. Ils rentrent ainsi dansnotre premier principe. Même
observation pour un homme indigné qui se place, sans en
avoir conscience,dans l'attitude qui serait convenablepour
attaquer son adversaire, bienqu'il n'ait nullementl'intention
de l'attaquer en euct.NousvoyonsencoreFinnuencede l'ha-
bitude dans toutes les émotionset sensationsqualinéesd'ex-
citantes; elles ont revêtu ce caractère par suite de ce fait
qu'elles ont habituellement eu pour conséquence quelqueaction énergique. Or cette action auccte indirectementles
systèmes de !a respiration et de la circulation;ceux-ci réa-
gissent ensuite sur le cerveau; mais, alors même que ces
sensations sontressentiesAun faible degréet qu'ellesne pro-
voquent aucun acte extérieur, notre économie tout entière
n'en est pas moinsébranlée, par la forcede l'habitude et de
l'association.Onqualifiede déprimantesd'autres émotionset
sensations, parce qu'ellesne donnentgénéralementpas lieu &
ETR~SUMË. 9?B
un mouvementénergique (si l'on en excepte celui qui peut
survenir, par exempte, au premier moment dans une douleur
vive, la frayeur ou le chagrin); en outre, parce que ces émo-
tionsfinissentpar amenerunépuisementcomplet aussis'expri-ment-eucssurtout par des signes itôgati~ et par ta prostm-tion. Enfin il est d'autres émotions, comme l'an'ection, quin'amènent d'ordinaire aucune espèce d'acte, et qui par suite
ne se révèlent pas par des signes extérieurs bien marqués.L'aneciionpourtant, cela va sansdire, en tant que sensation
agréable, excite lessignes ordinaires du plaisir.
JUn certain nombre d'effets dus & l'excitation du systèmenerveuxparaissent être, au contraire~ entièrement indépen-dants de l'afflux de la force nerveuse dans les voiesdont
l'exerciceantérieur de la votontélui avait donné l'habitude.
Leseffetsde cet ordre, qui révèlent souventl'état d'esprit de
l'individu, demeurentjusqu'ici inexpliqués. Je citerai comme
exemplesle changement de couleur des cheveux produit parun sentiment excessifde terreur ou de souffrance, la sueur
froideet le tremblement musculaireque provoquela crainte,
les modificationsdes sécrétionsdigestives, et l'arrêt du fonc-
tionnementdo certaines glandes.
Assurément,tout n'est pas ainsiexpliqué; toutefois les trois
principes précédents rendent compte suffisammentd'un si
grand nombre de mouvementset d'actes expressifs,que l'on
peut concevoir l'espérance de voir plus tard tous les phéno-mènesde cet ordre expliquéspar ces principes ou par d'au-
trestrèsanalogues.Toutacte, quelle que soit sanature, qui accompagnecons-
tammentun état déterminé de l'esprit, devient aussitôt ex-
pressif. C'est,par exemple, l'agitation de la queue chez le
chien, le haussement des épauleschez l'homme, le hérisse-
ment des poils, la sécrétionde la sueur, les modificationsde
la circulationcapillaire, ladiniculté de la respiration, la pro-
CONCtUStO~??
duction de sonsdiverspar Forganede la voix ou pat' d'autres
mëcattismes. t! n'est pas jusqu'aux insectesqui n'expriment
!acot6re, la terreur, la jalousieet l'amour par ïcnr bour"
donnetnent. Chcxt'hotnmo, les organes respi~toires jouent
da~s i'cxnrcs&tonjHn ~e eap~ par tcHrac-
tion directe, mais encore <'tb!pn plus d'une tMtuu~rcindi-
recte.
Le tujetdcees étudesprésentepeudepointsplusintéressants
que la série protligicusGtncntcomplexedes pMnom&nesdont
t<'dcrttu'r terme est la production do certains mouvements
exprcssits. Pt'oMons,par exemple,robti~uiMdes sourcits chex
un homme qui M)uih'eou qui se tourmente.~uand i'enfantt
pousse les hautscris. sou~rinHuenccde ta faim ou de ta dou-
teur, ia circutanonest entravëc, et lesyeuxont de la tendance
a se congestionner; par suite, les musclesqui les entourent
se contractent encrg'iqucmont pour protéger ces organes.
Cetacte. dans !<'coursde nombreusesgénérations, s'est forte-
ment enracine et a éto transmis par t'herëdité. Par la suite,
lorsque, avec le temps et les propres de la civilisation, Fha-
bitud~ de pousserdes cris s'est presqueentièrement éteinte,
il n'en est pas moins resté une tendance&la contraction des
musctes pcri-ocutaircs sous t'empire d'une contrariété m~me
Mgero. Or, parmi ces muscles, tes pyramidauxdu nez sont
moins immédiatement places que lesautressous rempire deja volonté, et leur contraction ne peut être tenue en échec
que par ceUedt's faisceauxdu frontal les plus rapproches de
la ligne tnédiane: ceux-ci aith'f'nt en haut les extrémités in-
ternes des sourcils,et plissent Je front d'une manière parti-
culière; nous reconnaissonsimmédiatementl'expression quien résuite pour celle de la douleur ou de t'anxiété. Uepetits
mouvetnents, tels quecelui qui vientdenousservird'exemptf,oucncot'f rabaissementpresque imperceptiinedes coinsde la
bouche, constituentle dernier vestige ou i'ébanche de mou-
vementt énergiquement accentués et si~nincatifs. t!s ont
HTKt&SUMË. 377
antaot d'importance pour nous, nu point de vue de t'ex-
f pMfNiou,qu'on ont pour le naturaliste it's organes rudimen-
taircs ait point de vue de la ctassincation et de ta filiation
des êtres organisés.Lesprincipauxactes de l'expression, chez thomtne et les
animaux,sont innés ou héréditaires, c'est-a.dire quils ne
sont pasun produit de l'individu, c'est t&une vérité univer-
sellementreconnue. Le t'Aiede l'éducation ou de l'imitation.
est teUementrestreint, pour henueoupde cesactes, qu'ils sont
entièrementsoustraits Anotre contrôle&partir des premiefs
jours de notre vie et pendant tonte sa durco te!s sont, par
exemple,le retAchementdes parois at'tërieUcs de la ~eaudansia rougeur,racceiération des battements du cœur dans
Mnaccèsde colère.On peut voir des enfants Apeine âgés de
deux à trois ans, ceux-là tncmes qui sont aveulies de nais.
sance, rougir de confusion; le crâne dépourvu de cheveux
d'un enfantnouveau-né devient ronge quand il se met en
coMre.Les petits enfants poussent des cris de douteur
aussitôtaprèsqu'ils sont nés, et tousleurs traits revotentalors
l'aspectqu'iis doivent offrir par lit suite. Ces seuls faits suf-
fisentpourmontrer qu'un grand nombre de nos expressionsles plus importantes n'ont pas eu besoin d'être apprises; il
est toutefoisdigne de remarque que certaines d'entre eUes,
bien qu'assurémentinnées, réclamentde chaque individu un
longexerciceavant d'en être arrivées a toute !cur perfection;il en estainsi, par exemple, des pleurs et du rire. L'héré-
ditéde la plupartde nos actes expressifs explique commentt
les avcugteis-nés,d'après les renseignements que je tiens
du Rév.R.-H. Blair, peuvent les accomplir tout aussi bien
que les personnes douée): de la vue. Cette hérédité expli-
que aussicommentjeunes et vieux, chez les races les plus
diverses, aussi bien chez l'homme que chez les animaux,
exprimentles mômes états de l'esprit par des mouvements
tdentiques.
CONCLUMOKS3M
Nous avonstellement l'habitMdedevoir les animaux, jeuneset vieux, exprimer leurs sentiments do la mêmemantère,
que nous pouvonsdifficilementcomprendretout ce qu'il y a
de remarquable dans certains faits vulgaires qu'un jeune
cMcn. ptu* ëxcïN~ë, Hg~~couteut, et
abaisse ses oreilles et découvre ses canines lorsqu'il veut se
donner un air farouche, tout commeun vieux dogue ou bien
encore qu'un petit chat courbe son échine et hérisse son
poil lorsqu'il est eu'rayé ou en colère, exactementcomme
ferait un vieuxmatou. Cependant,si dansnotre propre espècenous considérons certains gestes, moins communs que les
précédents, et que nous sommes accoutume:!a regardercommedesactes non instinctifsmais résultantd'une conven-
tion, nous reconnaissonsavecunesurprise peut-être excessive
qu'ils sont innés tel est l'acte de hausser les épaules en
signe d'impuissance, ou de lever les bras, en ouvrant les
mainset en étendant les doigts, en signe d'étonnement. Nous
pouvonsconclure &l'hérédité de cesgesteset d'autresencore,en les voyant exécuter par des enfants en bas Age, par des
aveugles-néaet par les raceshumaines les plus diverses. H
fautencore se rappeler queFoua vu seproduire chez certains
individus, et se transmettreensuite à leurs descendants,par-fois en sautant sur une ou plusieurs générations, certains
ticsd'une nature nouvcUeet tout à fait particulière, associés
à certains états d'esprit déterminés.
l~ncertain nombre d'autres gestes,qui nous semblenttelle-
lement naturels que nouspourrions aisément nous imaginer
qu'ils sont innés, paraissent pourtant avoir été appris comme
lesmots du langage. Je citerai, par exemple,celui qui con-
siste A éleverles mains jointes et à porter les yeux au ciel
lorsqu'onesteu prière il en est de mémodel'acted'embrasser
quelqu'un en signe (l'affection;toutefoisce dernier acte peutêtre regardé comme inné, en tant que résultant uniquementdu plaisir que fait éprouver le contact d'une personne aimée.
ETN~SUM~. aM
tt n'est pas parfaitement certain que FhaMtndc d'incliner
ou de hocherla t&te,en signe d'affirmation ou de négation,soit hérédituiro; car elle n'est pas universellement répandue;
ecpeadant elle est trop générale pour qu~'oapui~
qu'eUe ait été acquise isolétnentpar chacun des individus
d'un si grand nombre de races.
Kousallons maintenantnousdemander jusqu'A quel pointla volonté et la conscienceont pris part an développementdes diversmouvementsde l'expression.Autant que nouspou-vonseBJug<'r,il n'y a qu'nn tr&spetitnombre de mouvements,
tek que ceuxdont nous venonsde parier en dernier lieu, quiaient été appris individuellement,c'est-à-dire qui aient été
accomplisd'une manière conscienteet volontaire pendant tes
premières années de la vie, dans un but déterminé ou parl'imitationde nossemblables, et qui soient ensuite devenus
nanituc! L'immensemajorité des mouvementsexpressifs,et
les plus importants,sont, commenous l'avons dit, innés ou
héréditaires; on ne peut donc pas dire qu'ils sont sous I&
dépendancede la volontéde chaqueindividu. Cependanttousceux qui dériventde notre premierprincipe ont d'abord été
accomplisvolontairement dans un but déterminé, soit pour
échapper&quelque danger, soit pour soulager quelque dou-
leur ou poursatisfaircquelque désir.Par exemple, on ne peut
guère mettre en doute que les animaux qui se défendent
avec leursdents et qui ont l'habitude decoucher leurs oreilles
en arrière lorsqu'ils sont irrités, ne tiennent ce geste de leurs
ancêtres, qui se comportaientainsivolontairement pour pré-server ces organes des coups de leorsantagonistes en euet,
ie~animauxqui nesebattent pas à coupsde dent n'expriment
pas leur irritation de cette manière, tl est de mêmetrès pro-bable quenoustenonsde nosancêtresl'habitude de contracter
nos musclespén'oculaircs lorsquenouspleurons doucement,
c'esi-a-dirc s«ns pousser des cris; et cela parce que nosan-
axa COXC<<U8tOXS
nnrnmi iIu ftln"1.n; onn~lrrm/cotres ont éprouve, quand ilspleuraient,surtout pendant leurenfance, une sensation désagréable dans leurs gtobM dca-
laires. CortahMmouvementsextrêmementexpressif résultentaussi quelquefois des onorts que l'on fait pour en côprunef.
hupourenpr~ t'obliquité des souMil~
et l'ahaissemeut des coins de la bouche sont ta suite deset 1'til)nissemeiitdes coin.%de la bouctie çont la suite des
eiibrts tentas pour prévenir un acc~sde pleurs, ou pourl'arrêter s'ii dcjAcommencé,Il est évidentqu'~to~ ta.cons-
c!enccde Facte accompliet la votontésonttout d'abord mises
enjeu, ce qui ne veutpas dire que.danscescasni dans d'au-
tres analogues, nousSHûtnonsquelssontles musclesqui sont
mis en action, pasplusque quandnousaccomptissonsvoton-
hnretnenttes mouvementsusufts.
(~uantaux ntouvement~expre'Mifsduitau principe de t'an-
tithesc, il est clair que pour eux ja votontëest intervenue,
quoique d'une façonéloignéeet indirecte.Hcu est de mcmc`.
des mouvements qui rësuttent de notre troisième principe
par ce!a mémoqu'ils sont sous !a dépendancede la facilite
plus j~t'andcqu'a la force nerveusepasser dans des voies
dontelle a t'htthihtdc,ces mouvomcnisontétédéterminés part'excrcice antcrh'nr et répété de ia volonté.Les cuets dus
indirectement A cettedernière force '.ontsouvent combinés
d'une manière comptcxc, par Ja fo'ce de l'habitude et de
l'association,avec ceuxqui réstutentdirectementdo l'excita-
tion du système cér6l)M'-spmal.tl scmhtequ'il en est ainsi
lorsque l'action du cœur s'accroîtsousl'empire d'une forte
émotion. (~uandun animal hérissesonpoil,quand il prenduneattitude menaçanteet jette<iescrisperçantspour effrayerun ennemi, nous sommestémoinsd'uneintéressantecombi-
naisonde mouvementsoriginellementvolontaireset d<'mou-
vements involontaires. Il estpossiblecependantquedes actes
même absolument involontaires,commel'érecHondes poils,nient pu subir jusqu'à un certain de~ré la mystérieusein-fluencede la volonté.
HTMÉSUMÉ. Wt
Certainsmouvementsexpresses se sont peut-~tre produtts
spontanétnent,sousl'innucncedediversôtats d'esprit, comme
les t!cs dont nousavons parlé préeédemntent, pour devenir
ensuite horéditaires. Mais je ne commis aucune preuve &
Fappui de cette ttvpothesc.La faculté d'échanger ses idées au moyen du langue
entre membres d'une même tribu a joué un t'été capitaldansle développementde l'humanité; mais les mouvements
expressifsdu visageet du corps viennent singulièrement en
aide au langage. On s'en aperçoit bien vite quand on pariede quelque sujet important avecune personne dont le visage
est cache. Il n'existepourtant pas de bonne raison, autant
que j'ai pu m'en assurer, pour supposer qu'aucun muscle
ait été développéou metnc modifiéexclusivement en vuede
l'expression.Lesorganes vocaux seuls, et les autres organesAl'aide desquels se produisent divers sons expressifs, sem-
blent faire exception,en partie au moins, à cette règle: mais
je me suis efTorceailtcucs de démontrer que ces organesse
sont développés&l'origine pour des raisons relatives au
sexe, afin que l'un des deux sexespût appeler ou charmer
l'autre. Je ne voisnon plus aucun motifd'admettre qu'aucundes mouvementshéréditaires qui servent aujourd'hui connue
moyensd'expression ait été Al'origine accompli d'une ma-
mere volontaire et consciente, dans ce but spécial, à l'ins-
tar de certains gestesemployés par les sourds-muets et de
leur tangage figuréa l'aide des doigts. Au contraire, cha-
que mouvement inné on héréditaire de l'expression paraitavoir eu quelque origine indépendante et naturelle. Mais,
uue fois acquis, cesmouvementspeuvent tr6s bien être ont-
ployés d'une manière consciente et volontaire comme
moyensde rendre la pensée. Si l'on observe attentivement
des enfants, mêmetrès jeunes, on constatera qu'ils s aper-
çoiventde très bonne heure que les cris les soulagent, et
qu'ils agissent bientôt eu conséquence volontau'cmcnt. Il
3M CMttCLUStONS
n'catpas t'arcdo voirune pefsonnerotcvefMloMta!rehteMt
sessoufcHftpour expritMerde J[<tsupptise,ou sourire pour
Mmotj~nerunesatisfacttonetune approbationfeintes.DatM
telle c!rconstancedounée, noua déshonsIl iaire certaMM
gestes ,do~trexnMS8ion80ttmanifeste,~é~ 'r.$t'.i,ii'rJèi'i.:
que nous élevons au-dessus de ta tête nos bras étendus, les
doigts étant fortementheurtés, si nous voulons indiquer de
la surprise; que nous haussonslesépaulesjusqu'aux oreilles
si nous désirons montrer que nous ne pouvonsou ne voû-
Ions pas faire quelque chose. La tendance & accomplir ces
mouvements s'aCërmiraet s'augmenterad'autant plus.qu'on
s'y exercera plus freqMcmnMntd'une munière volontaire,et
ses effets pourront devenir héréditaires.
Il serait peut-être intéressant de chercher si certains
mouvements, qui étaient dans Fori~tne particuliers & un
seul ou a un petit nombre de sujets pour exprimer un état
d'esprit déterminé, n'ont pas pu se transmettre A d'autres
individus, et devenir finalement univcrseispar l'effet de
l'imitation raisonnée ou inconsciente,it est certainqu'il existe
chez l'homme, indépendammentde lu volonté consciente,
une forte tendance a l'imitation. 0)t la constate A un degréextraordinaire dans certaines annotionscérébrnies, en par-ticuHerau commencementdu ramollissementinuammaioire
du cerveau c'est ce qu'on a nommé le <yMp<dme~e ~eAo.
Lesmatadcs atteints de ces aifectionsimitent, sansles com-
prendre, !es gestes les plus absurdes exécutéson leur pré-
sence, et répètent chaque parole prononcée près d'eux,
même dans une langue étrangère Cette tendance se re-
trouve chez les animaux le chacal et le loup ont appris A
imiter l'aboiement du chien, sous l'innuencede la domes-
tication. Comment s'est produit l'aboiementdu chien lui-
<.Voirtesfaitsintéressant!'rapportesparledocteurBatemaa,~a,t8?0,p.HC.
ET RÉSUMÉ. 3M
même,qui exprime tout &la fois des émotions et des désirs
différents,et qui est si remarquable en ce qu'il n'a été ac-
quis que depuis que cet animal vit & l'état domestique,et nonmoinsremarquable par su transmission héréditaire A
"des degrés inégtntx(tans les difïerentës races? ~ousngno-
rons; mais ne nous est-il paspermis de supposer que t'uni-
tauo~ entre pour quelque chosedans l'acquisition de cette
taculté, et la longue et étroite familiarité du chien avec lui
animal aussi loquaceque l'homme ne nous en rend-elle pas
compte?Dans les remarques qui précèdent et dans te cours de
ce volume,j'ai souventéprouvé une grande difficultépourfaire une applicationexacte des mois volonté, conscience,
intention. Certains actes d'abord volontaires deviennent
bientôthabituels, finissentpar devenir héréditaires, et même
peuventalors se produire malgré l'opposition de ht volonté.
Bienqu'ilsrevotentsouventl'étatde l'esprit, un pareil résultat
n'était, en tout cas,à l'origine, ni désiré ni prévu. !1 n'est
pas jusqu'à certainesphrases, comme celle-ci par exemple« Certainsmouvementsservent comme moyens d'expres-
sion, quine prêtent&la confusion,en ce qu/eHessemblent
signifierque tel était a l'origine le but de ces mouvements.
Or il n'en est rien probablement, au moins dans la très
grande majorité des cas; les mouvements en questionont toujours été, au début, ou des actes directement utiles,
ou les résultats indirects de l'excitation du sensorium. t~n
petit enfant peut crier, soit avec intention, soit instinctive-
ment, pour montrer qu'il a besoin de nourriture; mais il
n'a pas le moindre désir ni la moindre intention de don-
ner à ses traits l'expressionparticulière qui indique si clai-
rement le besoin; cependant quelques-unes des formes les
plus caractéristiquesde l'expression, chez rhomme, déri-
vent de l'action de crier, ainsi qu'il a été expliqué précé-demment.
3M CONC~Utm~S
font le monde admet que la plupart de nos actes expres-sifs sont innés ou instinctifs; maisc'Mtt une autre questionde savoir si nouspossédonsht facutté instiMcthede nseonnattre
ces actes. Onle croit ~ëneratemcnt; cependant cette opt-
nM& 4t& &nMSMiM~M~~e< p~M temotno't-¡<
D'après les affirmations d'un observateur dij~nc de toute
confiance les singes apprennent bien viteAdist!ngMet'non
seulement les !ntonattot)!!de !&vo!xde leurs mattt'cs,mais
encore Fexpt'cssionde leur visage. Les chiots distinguentMt)S!fth'ës bien lit différence qui exMt<;entre des gestes ou
des intonationscaressantes et des restes ou des mtonatKMM
tnenac«ntes ils st'mbient même reconnattt'e des aeeentit
compatissants;mais, autant (lue j'ai pu m'en Mndre compte
après des épreuves répétées, ils ne comprennent aucun des
mouvements dn visage, Al'exception du sourire et du rir~t
qu'ils m ont pnru distinjBruerdans quelques cas an moins.
Cette science particUe des singes et des chiensn'est assure"
tneni pas instinctive, mais provient pt'obahtetuentde rasso-
ciationquc cesanimaux ont du otabHt'entre nos mouvements
et le traitement bon ou mauvais que nous leur faisonss
subir. Ue n~me. it est <:ertainque les enfants peuvent ap-
pt'endre de bonne heure A distinguer les mouvementsde
rexpression chez leurs atncs, comtne les animanx te font
chez les hommes. Lorsque l'enfant, d'aitteurs, plcure ou rit,il se rend compte, d'une manière ~cnerait', de ce qu'il fait
et de ce qu'i! éprouve; de sorte qu'U ne lui faut qu'un très
petit effort de raison pour cotnprendt'ece que les pleurs et
le rire signifient chez les autres. Maisil s'agit de savoir si
l'enfant apprend à connaUre l'expression uniquement par
t'experience, )?rAcea la puissance d<'t'associa!ion et de la
raison.
2. ~<~<eM~<t~< <M6,pp.<(~.«8.3. Ménager,~«~McA~'Atc<~&iiM~/tMf<!voitPaf«y<My,<83C,s.aS.
ETM~UM~. :M5
M
St l'on admet que la plupart des mouvements de l'ex-
pression ont étéacquis graduellementet sontensuite devenus.
instinetits, il semble jns<m'Aun certain point probable A
priori que la faculté de les rcconnaKrèest devenue institM-
<f!vc par un mécanismeidohtiquc. Mn'est pas du motusplusdifncile de le croire que d'admettre qu'une femelle de qua-
drupède qui porte pour la première fois reconnait la cri de
détresse de ses petits, ou d'admettre qu'un grand nombre
d'animaux devinentet craignent instinctivement leurs en-
nemis or, sur ces deux faits on ne peut élever raisonnable-
ment aucun doute. Quoi qu'it en soit, il est extrêmement
difncite de prouverque nos enfanta reconnaissent instincti-
vement une expression quelconque. J'ai pourtant observé.
dans ce but mon premier-né, qui n'avait par conséquentrien pu apprendre par la société d'autres enfants, et je fus
bientôt convaincuqu'il comprenait un sourire et éprouvaitdu plaisir A le voir; il y répondait en souriant lui-même
torsqu'it était encore d'un a~e beaucoup trop tendre pouravoir rien appris par l'expérience. Lorsque cet enfant fut
âgé d'environ quatre mois, je poussai en sa présence plu-sieurs cris étranges, je fis des grimaces et je m'cHorcai de
prendre un air terrible; mais ces cris, lorsqu'ils n'étaient
pas trop bruyants, ainM que les grimaces, ne faisaient quel'amuser, ce que j'attribuai Ace qu'its étaient précédés ou
suivis de sourires. A cinq mois, il parut comprendre l'into-
nation compatissantede ta voix. 11était âgé de six mois et
quelques jours, lorsquesa nourrice fit semblant do pleurer,
et je remarquai que son visage prit immédiatement une
expression mélancoliqueet que les coins de sa bouche se
déprimèrent fortement;cependant cet enfant n'avait pu quetrès rarement en voir pleurer d'autres, jamais une grande
personne, et je doute qu'A un Age aussi peu avancé il fat
capable de raisonnement.H me semble donc clue c'est en
vertu d'un sentiment inné qu'il comprit que les larmes do
M~ COXCLUStONS
sa ttourriccexprimaientle chag'rin, ce qui, par une sym-
pathtc !nsHncttve,hn causaitduchagrina !ut-m6me.Lemoine répondà celaque, st l'hommeavaHune
connaissanceinnéede l'expression,tesauteMMeUesartistes
n'aaraieHtpa<!t~tt~ém dif<!cit~dedécoreet depoindreles signes caractéristiques de chaque état particulier do
l'esprit. Maiscet «tournent ne me parait pas convaincant.
Nouspouvons,par exempte, voir l'expressionchanger d'une
manière incontestable chez un homme ou chez un animal,
et cependant être parfaitement incapables (je le saispar ex-
périence) d'analyser ta nature de ce changement. Enregar-dant les deux photographies que M. Duchenne a données
du même vieillard (p~MC~IV, ng. 5 et 6), presque tout
le mondecompritque l'une représentait un véritablesourire,
et l'autre, un sourh'e artinciel; it m'a pourtant été très
difficilede déterminer en quoi consiste la dinerence. J'ai
souventété frappé,comme d'un fait très curieux, dece qu'unsi grand nombrede nuances d'expressions soient reconnues
instantanément, sans que nous ayons la conscience d'un
enort d'analyse de notre part..te ne crois pas que personne
puisse décrire nettement une expressionmaussade on ma"
ligne cependant des observateurs on grand nombre décla-
rent unanimement que ces expressions sont reconnaissables
chez les diversesraces humaines. Presque tous ceux A qutÎ
j'ai montré la photographie de M.Duchcnncreprésentantle
jeune homme aux sourcils obliques (p~McAcIl, fig. 3),ont déclaré immédiatement qu'elle exprimait le chagrin ou
un sentimentanalogue; il est probablepourtant que pas une
de ces personnes, une sur mille peut-être, n'aurait pud'avancedonnerunesignificationprécise &l'obliquitédessour-
cils accompagnéedu froncement de tearsextrémitésinternes,
non plus qu'aux rides rectangulaires du front. Men est de
même d'un grand nombre d'autres expressions,qui m'ont
fourni l'occasiond'éprouver combien il faut se donner do
EtBttSUMË. 387
peine pour montrer aux antres quels sont les points qu'il~nt observer. Si doncune grande !gnoMncedes détails nenous empêche pas de reconnaître aveccertitude et rapiditédiversesexpressions,je ne voispas commentcette ignorance
pont'M~ 'prortvC'l'qiU,."notr'"e t 11;6,aë
reeonnaltre l'expression, quoique vague et pouprécise à la
vérité, n'est pas innée chez nous.
Jt'ai beaucoup insisté sur ce fait que les principales ex-
pressions humaines sont les mêmesdans le monde entier;
j'ai essayédo le démontrer. Cefait est intéressant il fournit
un nouvel argument en faveur de l'opinion d'après laquellelesdiverses raceshumainesdescendentd'une seuteet même
souche, d'un ancêtre primitif qui devait avoir des organes A
pea près semblablesà ceuxde l'homme, et une intelligence
presque aussi grande, antérieurement à l'époque oit ces
diversesraces commencèrent&se constituer.Sansdoute des
particularités organiques semblables, adaptées aux mômes
fonctions,ont souventété acquisespar desespècesdifférentes,
grâce à la variation et à la sélectionnaturelle. Mais cette
considération ne sufSt pas à expliquerla ressemblancepar-faite qui existe, pourune foulede détails insignifiants, dans
des espècesdistinctes.Considéronsd'une part les nombreux
détails anatomiquesqui n'ontaucunrapport avecl'expression,
et pourlesquels toutesles raceshumaines offrentune étroite
ressemblance rappelons-nousd'autre part les particularitésde structure non moinsnombreuses,parmi lesquellesquel-
ques-unes sont de la plus haute importance et beaucoupd'autres très iusigoiuantes,desquellesles mouvementsexprès*sus dépendent directementouindirectement; et demandons-
noussi une aussi grande ressemblanceou, pour mieux dire,
une telle identité d'organisationa pu être acquisepar des
moyens indépendants les uns des autres. Cela me paraitr singulièrement peu probable. C'estpourtant ce qui devrait
CONCUÏStONS3M
être Mles diversesraces d'homme descendaientde p!u-sieuMespècesdisUnctes&rorigine.!t estbienplut probaMe
<tuetespoints nombreuxd'étroite fessemMancequeron
l'cmafqucchezlesdifférentesespèce:)humainesproviennent,parvoied'!]jërëdit6;d*uhcsouchet'nîque,d~OET~v~t~cd<!acaractèresde l'humnnitc.
11serait curieux, quoique oiseux peut-être, de rccitcr-
cher Atravers lalonguesorte de nosancêtres&quoMeépoquesont apparus successivementles divers mouvementsde l'ex-
pressionque l'hommeoffre actuellement. l~esremarquesquisuivent serviront du moins A rappeler quelques-uns des
points principaux traités dans ce volume. Nouspouvons v..avancerhardiment due 1<*ripe, en tant que signe de plaisir,fut connu de nos ancêtres longtemps avant qu'ils fussent
dignesdu nom d'hommes; en effet, un grand nombre d'es-
pècesde singes font entendre, lorsqu'ils sont contents, un
son saccadé évidemment analogue ¬re rire, et souvent
accompagnédu claquement de leurs mâchoiresou de leurs
lèvres; en mêmetemps les coins de leur l~onchcsont retirés
en arrière et en haut, leurs joues se plissent et leurs yeuxbrillent.
De morne, nous pouvons croire que, des les temps les
plus reculés, la frayeur fut exprimée d'unemanière presque
identique A celle que nous connaissons encore aujourd'huichezl'homme; je veuxdire par le tremblement, les cheveux
hérissés, la sueur froide, la pAlcur. les yeux démesurément
ouverts, le relâchementd'un grand nombrede muscles, et
la tendance qu'éprouve le corps a se blottir ou Arester im-
mobile.
D~'sl'origine aussi, on a dû, sousl'ictiuenced'une grande
SQUurance,pousser des cris ou des gémissements,se tordre,
et serrer les dents. Maisles mouvementssi expressifsqui ac-
compagnent les cris et les pleurs n'ont du se montrer, chez
ËTHÉSUMË. 3fW
nos ancêtres, qu'au momentoù les organesde la circulation
et de htrespiration,ainsiquoles musclespéri'oculaires, ontut-
teint retat de développementqu'ils ont actuellement. L'habi-
tude dorejpandredestarmesparattavotr été le résultat d'une,}. :,0..,J.=. ,l, o,action réflexe, due Aune contractionçpasmodiqui».de', pau-
pières, et pcut'étre aussi&leur injectionpar l'afflux sttnguinau moment des cris.11estdoncprobableque nosancêtresne
conmenccrent qu'asseztard Apleurer; et cette conclusion
s'accorde avec le fait que nos plus proches parents, les sin-
ges anthropomorphes, ne pleurent pas. Cependantnous de-
vons ici userdoquelqueréserve;car, puisquecertainssinges,
qui ne sont pas extrêmementrapprochésde l'homme, pleu-
rent, il se peut que cette habitude ait été depuis longtemps
développée dans quelque sous'branche du groupe dont
l'homme est dérivé.NospremicMancêtres ne durent h'oncef
les soui'ci!set retirer les coins de leur houchc, quand ils
étaient chagrins ou inquiets,que lorsqu'its eurent pris l'ha-
bttude de.chercherA retenir leurscris. L'expressiondu cha-
grin et de l'inquiétudeest donc éminemmenthumaine.
La rage a dû être expriméede bonneheure par des gestes
menaçantsou forcenés, par la colorationde la peau et parl'éclat desyeux, maisnon par i<*froncementdes sourcils.Caf
l'habitudede froncerles sourcilssembleprovenirsurtoutdece
que les sourcilierssont les premiersmusclesqui secontractent
autourdesyeux, toutesles foisque l'enfantéprouvedela dou-
leur, de la colèreoudu chagrin, et estsur le point depleurer.Cette même habitude sembleaussi venir en partie de ce quele froncement des sourcilssert &protéger les yeux dans les
cas où la visionest difficileet ires attentive. Il est probable
que cette action protectrice n'est devenue habituelle que
lorsque l'homme a pris une attitude tout à fait verticale car
les«inges ne froncent pas les sourcilslorsqu'ilssont exposés
a une lumifre éblouissante.Sans doute, sous l'empire de ta
fureur, nos ancêtresprimitifsmontraientles dents beaucoup
3M CO!<CLU8tOXS8
plus fréquemment que t'bommeactuel, m&mclorsqu'ildonne
tm Kbrecours &su passion, comme cela arrive chezles ali6-
nés.Nouspouvonsaussi regarder cotnmeA peu près certain
qu'Usavançaientbeaucoup p!u~leurs lèvres, loMqu'Hsétaient `.1. "i'I'1' \I,i.¡,t,
maussadesou désappoîntos,que ne le font nos enfants, ou
mémeles enfants des races sauvages actuellementexistantes.
Nospremiers ancêtresne durent tenir la tète haute, euacer
ta poitrine, carrer leurs épaules et former !espc!ngH,eh
signe d'indignation ou d'irritation, queiorsqu'it:;eurent Mt-
teint le port et l'attitude droite de l'homme, et qu'ils eurent
appris à combattre avec leurs poings ou à coupsde bâton;
jusqu'Acetteépoque, legeste antithétique qui consiste&haus-
ser les épautes en si~ne d'impuissance ou de résignation, nedevait pas nonplus avoir pris naissance. Par la mêmeraison,
Fétonnementne devaitpas s'exprimer alors en levant lesbras,ouvrant les mains et étendant les doigts; et pas davantage,si l'on onjuge par ce que l'on voit chez les singes,en ouvrant
la bouche toute grande les yeux seulement devaient &trc
ouverts et arqués. te dégoût dut aussi se manifester,desles
temps !esplus reçûtes,Al'aide de mouvementsdansla régionde !a bouche, analoguesAceuxqui accompagnent le vomis-
sement; il en devait être ainsi, si l'interprétation quej'ai pro-
posée de l'origine de cette expression est juste, c'est-à-dire
si l'on admet quenosancêtres aient eu la facultéet l'habitude
de rejeter volontairement et rapidement toute nourriture
qni leur déplaisait. !1est probable, au contraire, que la ma-
nière la plus raffinéede témoigner !e mépris ou te dédain, en
baissantles paupièresouen détournant les yeux et le visagecommesi la personne que nousméprisons ne valait pas la
peinede fixernotre regard, n'a été acquise qu'à une époque
beaucoupplus récente.
Detoutes les expressions. la rougeur est cellequi paraît !a
pluséminemmenthumaine; aussi est-elle communeu toutes
lesracesd'hommes,que le changement decolorationsoit ou
KTB~SUMe. Mt
non visiMeaur leur peau. Lerelâchementdes petites avères
du tégument, d'où dépend la rougeur, scntMcavoir été pro-duit tout d'abord par une forteattentionportée sur l'extérieur
dj~ nofre personneet de~jMtMvtatage on particMliet'. Acette
cause sont venus s'ajouter l'habitude, l'hérédité et 1 afnax
facile de la force nerveuse dans des voies accoutumées; ce
phénomèmes'est ensuiteétendu,on vertu du pouvoir de l'as-
sociation,au casoù l'attentionde l'individuétait dirigée vers
ta moralité de sa conduite. Onnepeut mettre en doute qu'un
grand nombre d'animaux soient capables d'apprécier de
bellescouleursoumentedebellesformes;celanous est démoo-
tre par la peine que se donnentles individus de l'un des
deux sexes pour étaler tous leurs avantages devant ceux du
sexe opposé. Mais il me paraît impossible qu'un animal,
avant d'être parvenu à un état intellectuel égal ou à peu
près égal A celui de l'homme, ait porté son attention
sur son extérieur et en ait (ait !c sujet de ses préoccu-
pations. Nouspouvonsdonc conclurede là que la rougeurn'est apparue chez nos ancêtresque très tard, et après une
longue suite de générations.Desfaitsquenousvenonsde rappeleret que nousavonscités
dans le cout'sdcce volume,il résulteque, sinos organes circu-
latoires etrespiratoiresavaientétéunpeudifférentsdece qu'ilssont maintenant, il en fût résultépour la majorité de noscx-
pressionsdesmodincationsprodigieuscs.tiaurait probablementt
sufli d'un très petit changementdans le trajet des artères et
des veinesqui se distribuentà la tête pour empêcher l'accu-
mulation du sang dans les globesoculairespendant une expi-ration violente; en cuet, ce phénomènene se montre quechez un petit nombre de quadrupèdes.S'il en ent été ainsi,
quelques-unes de nos expressionsles plus caractéristiquesn'auraient pu se produire. Si l'hommeavait respiré dans l'eau!
à l'aide de branchies extérieures, qu'on nous passeÏ'étfan-
geté d'une telle supposition, au lieu d'inspirer l'air par la
SM COXCLUStO~S
bouche <itpan*les uariMS,ses traits n'&urtneutpaspluscx-"
prim6 ses sentimentsque ne le font ses mainsou ses mem-
bres. Néanmoins,!a ra~e et,le défont auraient continué& se
montrer par des mouvementsde ta région labiale oubuc<C'
~tc. <:t ï~s yeux semtcnt chcorc~d brillants outernes,
suivant l'état de la circulation. Si nos oreilles étaientrestées
mobitct~teuKimouvementsauraient été cxtc~mcmcntexpfcs-
sifs,commeils le sont chez les nnimaux<jMsebattentacoupsde dent; or, ce qm nous autorise AcroiM que nospremiëMancctfcs se battaient de la sorte, c'est que tofsquc nousraillons ou défions quotqu'un, nous découvronsencore lit
canine d'un côté de !n bouche, et aussi que nousdécou-
vrons toutesnos dentslorsquenous sommesdans uneviolente
fureur.
Les mouvementsexpressifsdu visage et du corps,queUe
que soit d'ailleurs leur origine, sont en eux-m&mesd'une
utilité très grande. Ils sont les premiers moyensde commu-
nication entre la mère et l'enfant; cite sourit en signed'ap-
probation et encouragedecette manière sonenfantAmarcher
dans la bonne voie; elle fronce le sourcil en signe de dé-
sapprobation.Nousdécouvronsbien vite la sympathiedeceux
qui nous entourent, ~racc rileur expression; nos souffrances
en sont adoucies, nosplaisirsaugmentés, et c'est ainsique se
fortifient les bons sentiments mutuels. Les mouvementsde
l'expressiondonnentde la vieet de l'énergie au discours,Ils-
révèlent parfois les pensées et les intentions d'une manière
plus vraie que les paroles, qui peuvent être menteuses.
La part de véritéqui existedaos la prétenduesciencede la
pbysio~nomonicparait dépendre, ainsi que Mallcrenafait la
remarque il y a longtemps de ce quechaque individucon-
4. Citépar Mofcaudans sonèditionde J~n«<c<,t820,tomeIV,p. ':H.
°
ETRRSUM~. 303
tracte de préférence certains musclesde son visage suivant
aesdisposition!!personnelles;!edéveloppementdecestnuselës
pottt enêtre augmenté, et par suite les lignes ou rides du
vtaage dues & leur.coj~tracMpn~plus profondeset plus appaMntes.La libre expressiond'une
émotion quelconque par des signesextérieurs ht rend plusintense. tovcMûtuent,leseubrts faits pour réprimer toute
manifestation extérieure modèrent l'émotion eûe-m&me~.
L'hommequi se laissealler Ades gestesviolentsaugmentesa
fureur; c<!tuiqui n'exerce aucun contrôtc sur les mart~uesde sa frayeur ressent une frayeur bien plus grande; celui
qui reste inerte sous le coupd'une grande douleur perd sa
meilleurechance de pouvoir réagir contre elle. Ces résultats
viennent, en partie, de la rotation intime qui existe entre
presque toutes les émotions et leur manifestationextérieure;
v en partie, dcl'innuence directe de rcubrtmuscutah'e surÏe
ccpur, et par conséquent sur Ïc cerveau. Le simple acte de
simuler une émotion tend &ta faire nattrc dansnotre esprit.
Shakespeare, que sa merveilleuseconnaiss<~nccde l'esprithumainavaitdu rendreexcellentjugeenpareiMcmatière, dit
N'est-pasmonstrueuxdevoircecotnedien,Parunesimplenctton,unr~vcpassionné,PuersonAmeauxexigencesdesonimagination,Acepoint<tue,&sonappel,lapAteuracouvertsonvisage,`LesttteursMMtvenusà sesyeuï,letroubleagagnésonmaintien,Savohs'estéteinte,et toutannêtreestmodeléSurseseoncept!onsimagtRa!res?Ettoutcelapourrien!
H.tMt.eT,acteIl, scèneo.
Nous avons vu que l'étude de la théorie de l'expressionconfirme dans une certaine mesure la conception qui fait
dériver l'hommede quoiqueanimâtinférieur, et vientAt'ap-
8. 6rat!otet(De ~{~oMOM~,!M! p. MO)inststcsur !a v~ruédecetteconetui'~n.
COXCLU8tO!:<; ET RÉSUMÉ39)
puide FopMMmJet'unKé speoMqueOMsoua-spéctRqMedes
diverse~mecs; du reste,. autant que je puis en juger, une
telle conth'mation~tait Apeine nécessaire. Nous av(MMvu
e~atemcnt qu'en eMe-mcrnerexpresstON~ou jte iangage deaembuons, ainsi qu'on t'a quelquefoisnommée, u certaine-
ment son importancepour le bien de JThumanité.Chercher
à découvrir, autant qu'il est possible, la source ou rorigioodesexpressionsdiversesqui peuventse voir A toute heuresur
le visagedeshommesqui nousentourent, sans parier de n<M:
animaux domestiques, voilà certes.une étude qui devrait
avoir pour nous un grand intérêt. Nous pouvons donc con-
clure de ces diversesconsidérationsque l'étude philosophi-
que de notre sujet méritait bien l'attention que lui ont déjàaccordée plusieurs cxccilcnts observateurs, et qu'elle serait
digne encore d'exercerla sagacitéde tous et en particulierde quoique savant physiologiste.
ACTMN!!t~fLMtM.M; tout. etefttUC-tUMt.37; ttMMvemenbtdM Museteo
<NMe(;rctW)tH!a<t~tap!tpe,37!oee<M'ebn des pauptèfes.39 ethot, « con.
ttMtten de l'iris, 49.
ÂMtXMATMS.3)0.
Afnx!<ATto!t(Stf;nead' Mt.AMMOtt(Rougeurchez <<M),Ma, 35<.
AUMM(PM'fM!!eMr),32.A<to<Tt<t«.MO.
Axace. matento!. a<! entre les deux
MM<. 83; MpremtoMde t'tmMf.
tMi le bttiMr cemme marque d'a-
mour, MO: tatnoHfpmve~Me !'<?<-
<!ottdes tannée, 23<.AKAtoMMBTwttKtMWMBde t'eïffeo'
a!en, 2.
AMMMOf<(D').t<3. MteM.
AMNtt:x,expMfMionsparticulières desanimaux, tM; <'«y.&re.MtCM.
AN)M~<;ï.<nouMmMtahaMtue~aMadMchez te<animaux tnferieuM. 4t à <!t;chezles loupset )<<ehafatft, 40 ehe!!
tc9chevaoit,47 chah, 48 poutet«,60eana<rd<t,M;<!amant<. tagus et mar-
ttn~t'<c))6MM.M.
AtMMMT(Uca)eaant). t33. note 4.
AtmTHÈM!(Mnetpe Je t'}, 52; ch!<t, )63 à M; chat. M &6< signes con-
Mxttonnets, 63. )
AMMSTÉ,Mcot a t':e!t~T, 189. <
A)'fB!<MCM<:<TA!<!e«r ~<!t!nn, <e<
cite, let.bhnpalJzé eU'orang.IOI¡t.bezche< teehttntMBzéettomn~.<0< ;che.:¡Mon,<M techten et te chat. «Ht t
les chevauxet tebetatt. <03;eh<'z)'ë* t
!an,t03;teven'a~t<M;iaetMNve-s<tM- <
He.tM:te<oi<caMt.)03;<o)Mt'!MpMa-t<!ond<'eet6feoMde pear, <M,<(?, t)M. t
AMtMTMM:MM.t07. <M. tiAMceMTt~(PaiManecdet'). 32: eïem*
pics cttés a t'appat. 3:. 3!, 34. C
At)nmo!<(.)<?.note <4.j e
A~*MMt!,MO. C
ATB<!CL)ss.tf«f tendanceAmug!f faettc- CCment. 3M. }
AZAM.t3t. note e; oa. nete7. C
MAMUtt-txcntx.t02. tt.t.it7.
MttU.HWK'VT.ne.
<tAM(St.),8. 32. 9t3.note4j3t9.nohtt6;3St. note25.
B.~MEn,tnmnnMaux Fu~!cM. Me.
M~)tM{~<'Samuet).<2<.
<tAttMtt(M'"),2t,tt4. tWtteM;M7,3tO.
t!AtmETT(M.),4?.50,)'!0.)3<.BRt)?<(t)~. 334.
B<(Si)- Charte~, 2.9, &<.tM.<:a, tM.
)a<.M7,M!t. 237.3M.3Ct.
B<!U.(M.).3t%.
BtMNKtï~G.).149.note IG.
BEM!tco!<,<M.t«)te2t.
Bt!t)!<tf(Ctau<te),30.7t. 74. note a.
Bmn(Lcn~.it.-M.).~4.377.Bt.tTH(M.),itxi.
Mo<<!<t!ome~, GAM. M6: dfaMiMoo
de cemot par un pcUt en~ot. N!M.
MoOMntB.2t7. 248.
R'wx (M.).t7o, note<t <72.note tO{tM.~3.
MBM«(M.).102.130,t47.
BntBCM(M.}.M. 264. ''79.34t.
H<t«M:W~(t~MM),9n, '!M. 2M, 202.
90!. 334.
HnMTO!<(t<et)').«M.nt'tt<MnoMB<Str 8.). 370.
!<«on)m(t<<'Rajah).9t. tM.ttMHWM(LeD'H.). <t5.Mot)!29.
~new«!(D'J. Cr!<-hton;.X.tM).noteto;t<M.<97.atO, '!<!0.3<3.3t7. 33C,3<!t.noteM.
tK:)i«)u.(D').3t7.)ttt.w<:M(M. 2t. 233. M8.3M. 344.
~~KTT (M.Tempteton).ït, t90. 2M.
tc<M:M<t(D') &.33:).3t3. n<ttetC; 3M.
knTex {Leca)'ita!t)f).27M.
tt;TT<t!<(Jetnmy).230. Mt.
~«<!t~0!t.tt9.~Mpen(Mètre), 2, et oo« 3.
!.t!<m'TAtMniWB.M.
AttfsxTKtt. Pftncit'es d<' physMoj~e
ee<HtMt~<*t4C,note t7.
ATt.M<.3tO.
INDEX.
MO tK&EX.
CAW!<(The))<tn.).to:),notett.CMMAx~K.tM.
C)tAR«t~,«?' ,expr«s)onduchagftn,!<?:
obtt<tutt<'dt'< MMfeHi!.<9< abahMe'
MM'ntdt's<!<)<??d&ta bouche,90&;chfï
t~«t)tt!<t&.CtMtMm!t'Mt.)t, t<ta,4M;
CttAT.4a, t:t&:iiettfepafant<mcomtmt.&)t)eorcsMMtton Mettre, Mi rot~rfatttSMoreittc~fn arriÈM. <t8 remMant
saquetM. t35; moMTcmenttdtaftee*
Hon. <3<t;MtOMtoxent!)de frayettr.t3C redfMMmtM<queue,M6;fthant
~eM-t«M,t37.Ct)*TOHM.KMt:'<T.3t4.
CmitAt.,<tMmt)ttaotc~ptaftant.t?.4N;H
erie tor~o'tt <:<tten dim~ef.?; M
toan~rfdccotnt'attre. t tU Mmanière
d'MprtmcrtapcMf.tet'taMr.etc.,t3&.
CMmEt'x (DecotoMUondfi), h~rt~seXMtttdca cheveux. tO?,3tC.
CMMnc~~(M<).e.
CMtt! tnouvoncn~ syntpathiqucs.7;¡toornant en rond «TantttcsaCMX'her.
44 i chiot!dar~t. )&;chtettgmUaMtta h'm'.ctc.. <C; difMrcMtttCMteiiet
mouvetnent~ ?&; abo!empntcemme
tMoycn<) eïprcMion.Vtchiense ptai-ttnant. M; rc)n''rNHtttcsar<'i))p<:en
aïrifn*. tt7; ttiffétfnttMtoa~etMenta
du chten. <;M:meuvctuenk daffec.
<!on,<M: rire. t'!<! frt"d<*doutcur.
r~ A'aUeutttn).t~ de terMNr.tM
<nûtnet<)cntsdcj''uetdnnwM<!J:«.CMt!)t'*M<tôt, <n.
CMTt!MC<M<)<HMotnesde CtteM)t}.leur
tangagepar signes, <!3.
Ct.~<;6«fUStMK.Ts.!!?'
CmTMMAMMTAX&.ttT!
CoMnA-M-Ctt't:t.L<tt'
CcHt;t<.)t<'n!iiM<'aMX<'Mitat)MftG<t<
rteMFes~~t;il Ma~t sur tecer~Mu.
73: affM-h'par tac<t)tn',77.
Co~nc. XM;chez )psstnxa'. «C.CownAT,<Mt)!&re<<dccombaHMcht'xtcs
anhnaMX, 07; tom teit carnhorM
combatte~ avec !eur<tdentxcantnes.
ttN:chieM~ctchats.<«t;eheMtt!t,
<toaMaco!i.<'tc..n9:~a". <«!p'"<
tM;M<t(;H<'r,t'~<:<'M)<ha<)t.m!r!)tt)oceros.t'!t :<«?'.<
C<MtXt.!<tMTt<t!<(PoM~r de) cNtfe ant*
maxxThant CMMcM~,Ct dM Mun!~
tntte«, <M;dM chteMet dM chat$, 6t.C~TttACTMNtdu HtMMhtpMtUttetef.SM.
CMttK (t/Mteur),
CMM''t!tt(D~U2,M<tte2!t C<« <Pnt~M<'tt~.<M.nfttest;
Cn*CMEtt,cïpreMtonde dé~ùt. 37~.
Cn~SM,97U.
CK~'H'tt.ttt.
CMs,appet au scMMra.90.
C'~u'AtMt.ntMo: fa!Mntrougir. 35C.
D*<x. teeerMahM, HO.DuwM (D'). at. note: ~8, KOte<<
MÉMt~CMKKT.?,<(?.
Mot~, 372;ctaqMCtMentdes detg<<,ï7S<
Mu (Air<!<}.:<?.t))5<:<tt;T.x?&; cracher en <~<M4e d<
H<"U.979.
~XT<t!<K(Acte <ie<!<!coMvrirta).a<!7<
MaMMttt, <a<t.
DMstts AMToo~nisde ttente. &.2S.
UËT<tT«t!<(R!tpre!t4!o))deta), 23t. 2!M.
t)tAC)tA)tMMde<)HUsc)Mdeïaface.9<,25.!)t<~E!<!)(Otfrte~, *!M.
D<LATATtOS'tMt'M)'MtM.M&.
DtMMtUTtOS.Mt.M~TOACTh't!.Stt.
t)«?:CKn!'(ProfeMfM~.t70. t77,2M.3M.
t)f'< nsm. iiignM«xt~rteMrsde (touteuf
j < hH!te~antMaux, 7a chez t'hoMMe,t 73; chez rhip~tohme. 73: h dou.
t ienr a<n<'no)a traa~:fatton. ??! Mti <:Xiviod<'p)'os<rat!ott.«5.
DMttE~B tLc D'). 5. tt. tt, <4<,<5<t.
Hote<:)!n.
KttCt!WOMK(Marhtet K..L.),3M,ce(e
` ?.
) ~H!<.t;!0.
~.ëPMA!tT, t~t; ~ettrant, t77.
K'MMtfMdes sonN.M: < Af<M<«.HwtSTft. tett'nMsion chez tM t~K<
enfants. ):<;cns. t&7i)t)et)n!.tCt.
H\OEmjt!<'<(t'MfeMcur),M5.
KK~E, 'MO.
HocMtofdMapjtCttdicescutanés, tOt &
Ht.
RR9M'«!C!t .M M.at. <M. tM. M&.
KM'ntT. confMstonde t <'<(<)ritqu! accom-
t1
pa);n<'In romccur,346.
ËT<q<!KTTe,3M.
tNMEX. 397
ÉMtNMKaT, 2M; chez!e&aingee. <S9.
f!xMMMKMt(AnatoMteet phttoMt~hiedo
t').:t! prtMctpet~nefaKi dct'etpre&'ttcn.MihaMtMdet MtitM. M;ant)-
theM.M acttand«av<t«!MteneneMt.
?.
(MayeM <<'j <'4'!<)tMt<x,N8 eMhMhM)<ic~M<)tt. fft'c-
lion t!~ ajtpettdtieeaentant, tôt;
);onM«n<!ntdu corps, tHj n'nvcrfte-Meatdes oreillesen arrit'rp. «7 rc'
dressement<!<?oreXtes,t'!9.
E]tt'ee<tMe!«t<t~c~<.esd<MaHhnaux.<99
chien, <M: ctM~ <34: chevat. t3$:des mmtnatttt. tse stages. babouins
et ehtmt'aMes,t<o.EtfMMMMK:8f~ct.~)!sdetitommc, tSit:
ttooffrance.tS<t;p)eMMchez t'eMfhnt,
<!t7{contraction des mx~M quientourent ta't! )<eMd<otles <'ft&etles pleurs, «M; sécrétion d<'t larmes,
<7< Mp)reM!onde ta Muttrance, tM
eMh~ite des sourcils, t9t <t(HM)<tde la douleur, tM; abaissementdes
coinsde la bouche, 205: expreMtoMde la joie. :t t de l'allégresse et de
la bonne humeur. 3M; de l'amour etdes sentimentstendfes. :'M de la dé-votion et de ta piété. 2:M.
P«ttnes(M.D.), 24a, 341,:MO.
PoBB(M.}.i<'M!.
FMMTBt<(Jt..K.).3<0.F(tM)!tt(M.Ntchaet),SM,M9.
F<tt'tUXE.222.
FMMfn. St.Mietf'z les singes. t5~:¡ehMune temmeath'née. at3; dilata.
t!ande< pupittM,325; dese'<t't!onde
la frayeurpafJob,:H3.Ftt~cMtUT,<87.
FNOftCeXEftTttCftMOMMt. 4; chM !M
hotnmetde inutexles races,297; ehex
l'enfant. 2 tu: froncement ~nraMerla vMon,2i2;tta iMmieroecta)at)h'.2t:<.
Pottcm. ??; tfonbtement Mt Mne
Mme<t)i<'ncede la fureur. 25C, 2C3:
dMertptien de la cotcre ~ar ShahM.
PMM.2SO;grincementdes dents, *!<M.
FtffB~).a26.
GA))tA(Christian).M. 923.27:t,~tC. :H3.
G*t.TO!t(M.P.),M,nc<eS.
(tjmaoa (M.A..M.), 77.nott 0.
ÛA~~(M""),tM,tMtM&.
Getnx(M.t~.). a <,<<?. MO.27U.M7.9M.
CetTE.M MrédH~dexgM<MMtttMeh.9t; ~ates qM<accoMttM~eMtla MM.
j;eMf,:Mi.
t!t.E~j(Left~, ~-9J, <7~ M«fo?;-}<?.
<!«'<f).ENe'<TBCMm'a,)11 c~z !a gré'
1n<M)!ttectle crapand. ttt; te catn~*
Mon,etc., H' !e<M)'tte))t<,ttx.
(:onnn?t(Ladytto ff), ??.
CoMu.c.tM.(:«)jm (M.),<<?,Mete<&.
G))At)<n.t:T(Pierfe;,0.7.3t.tM.at'MS. note 6; 9&3.M, note 9; 30t.
CttAt (t~ pfofeMeur et M*"AM), 23,
'~7. 3M.
CO)!t!X<M.),Xt.
¡
Gnw.r.n(~L),2t.
CnKMnMU.H.:<7. ttt, note t.
GH!tJt)!MTÏ«T.t:M,
Go!<'<wc(n').t7'
G<!t<THKn(U~.tM7.)H, 05. nuteW.
MAMTLOB(PubMnc<'dct').:M.HM)E?t.UM(L<'Rev.), ~M.Mt.3ii.
HAM<Fm<!m.~M,Mf:;c<'t''r<'<'ti))-
di~nathm,'!<!t r!<'anetncMt.aif dedett,
1
2<M.26' rir.anelnellt.ulr de,Iéll,
HAH.t:)t,94.
thnvt:v,t, note:t.
j tt*t;MEME!<T<tM~pautei!.;'«:
tt):t.M))uLTZ(Pmfe<i!!enr),9&,«7.
HMnEMs<~(M..t,Ht!. n"t<«.
He~n. &,note7 j taa, not<' M5. note
c;ta.tt~nttMTÉde e<ttes haMtMctx,M de ta
nm);<!Mr.:Mt.
Mt!HfMTBt(t!hMeMmon;.05. t<7.
!H)pt'ocMte.3t,Hotc3;7C.
j MMt.t.tso(8<rHenry),30,ao. 75. note8:
} M<.n<tte3~.
tta~ne,Mdc!er!ptiondMr)rc.«.i H«MK(K]tp)'Msieo)t)tpët!ateo<!et'). t5C.f H«tTe. (;e!t)e,~it; d<*i)Cfit'Httnde ta
honte chez !Mte. JMraa. etc.. :<M.
t)o!tr<:tMaMVtiM),3M.ttCM~StT~(/t(e<rc ~r<Mt«<'<'</f!<*),
1
parTytor, 27S. nete <
Hmhou'T. ti5,!ti!tttOBOtt(Hnone).'!M.
HtM<:m(.Ma)tv<ttse).<a9,2M:M)teï'
3M tNOMX.t'reMiettcetWMherMMe,2M;chez<M
ft))~, )4a:Jean<M<M-a«g<.et<Ma.MfMH~,9M.KMMMM,3<M.
H<fx<.Bv(LepraCfMOMr),3X,n«te & 37,Hbte«.
Htfixe, <:«.
tM< ctj'rcssion de ta Joie, ~<2;h's!<Mot6roH~SM'ntrarement,333.
t!t<'OMaA!«;E.a«3.
<fttH6!<ATtM~.M3.
tftNM(P'). M6.
jAK~sM,«a, aao.
JMpM(D~.)t5.J<tB.sa deseripUott.de la frayMur,:<)9.
J<nc(EtffMhtnde ta). 7a, ÏtOi chez
!'<'a<ant,<? etxt te chien.e!<eMt,60
t)i)));e!i.)4o; rife,~tt:tMnae huttK'Mf,
2M; ~tt~. ~M; amouret <e)ttimet)t<!
tendpM, MC.J<tMCt)tt«Kn)t.t.*ttM.teuMt(e<t<s,&
Jt:ttE!<(M.J..«.), xet. note M.
KtMHBot),tM.
K~MEnMA?t!<(M.).26. fsy.note t.
KtNM(Major Ro~, t'tO.
K'H.miB)t(Prof.«fn). t(t7.
LACV(Hywn~.90. Mt, 9~ MO.
L*ttt!(M.X..M.).!!t.
LANCtM.ArcMbaM).!!t.
LtMo~cepar ge<tes,M par s!((nes,M.L~StitiTAf~(U~, tS<, tM, 3M.
LAMK,89.
LmMM.aécréUoapar te rire eHat<MM,t7&:par te b)t)t<e«)<'nt,t76i acHons
ré<h)M! tXt.
UnaM KT<!ts<:MT!i,<M: chez te~ en.
faMttt, tM; chezh's MOwa~M.ttti; )tjhez tM a~e<t<'s.t<i:! cheztMfeM'
tHM.<<?.
L~~KK (G.},3. anto0.
LAtCMti(ProfeMMtr).3M.
L~Bn~it. t, 4. *!M,ttote ta.
LemMMAMnT.279.
LE))ettB(M.Atbcrt~.9«:.L6M)?t<te Laocoon.<5.note <
LKtcte. tos. t<M.
LËZAttMqui s'cnttant. tt!
LtEom(<<.P.),'<«, note ?:<.
~(:<Me.M.
LMTM(L.).<ca.ï«,nete e.
~TcaHM.c(M.},0<.LoMwewa{<<cNev S.), 93, Mte 9.
~)t*M{~eD'J'ant),77,noteC.
).ucMM:)t(Si)'Mt~. tM.~ao, neto M.
MAMMMM.(MJ. t<M.Mate9; 212,Mute4.M.t.KTM{W..L.),Ht. «G. «<t, note t7.
MtMMM,3~; =-MAtntuwit (M. WMhtanton), a). 9~e,
M&.M7,M5,8tO.MA(:eat.M(Le C*). M, noie te; 4<.
MOtet4;M'a<M.Mte40.M*t'v*;Mnumstn, M~. ~MmeMf.MA~vAMetMKTe.PA<j8<eMartre,3M.
MAt(M.A.).27.MëMOM~Rde la phystonemtehumaine,
M.note7.MÉMTATMM.2M<sèment aeeempo~t~e
docerta!na){<es,Z4&.MÉ)'«M,BËMtK.27!.
MMM())'A(<otf).aM.
M<tPMTM,NM.
)tMME.n(M.).3. 337.
Mo~MB~TS 6y)))b<tUq«<M',Ci aympa-<htque<,7.
MootMesTa habituelsait«)cté<chezles
animMX.4< chien,4 htMpet cha*
eal, <e! <:heM<,M; chat, 40; twa*tet.M;c<M)a~<a(hM'K<M.
M')wea~t. < ~OM/ &o, note t«.
M)tn~(D'terd)nand), 21.
Mmen (Ffitt). M.30, note 71, note
2: 7<,n<ttc<ZS7.M<MMsdo la docteur, <09.
Mm~e,a t. 2:M.
KÉCATM~(SttjnM<tc),29t.
NM<M.(M.Patfidf/,M.<07,:M:
0<:t.<!(t~W.).74, ootes ;M. 3t&
OKBÀM.ér~aat leurs plumes !ofs*
qt)<)<Mnt irWtes,«M; ils les M&<ef-
rcntpr~ du cortMdaMSla frayeur,«Mt.
Ot.M'MAffffM').«t. note MO.note ta.
Ou.MSTcn.M9.
OnEtu~e. teuf renteMMncNten arrièredans le coMbat chtem, ettat, ttgfe,etc.. t)8. OOjchevat. <tC;gMat)ace,etc., 110; e)an, 120; taptu. tM: «m*«Mer.<2< singes,)2< MdMMcmentdes orcmes. t2*
0)M:M:M.,Mtt.
tNDEX. SM
OwfMt(PHtf.), t(t, note t3! M. )mto3;
<M.H<Me<«.'10, note 13; 93, no'" 3;,
'1
i: PAOBT(Mt-JJ.7t.M<.9<Mt,.7, PAKe«N<(~),),Metet. 1.
PtMHM~MO.1Pnv<«tMcm<tat!)re,a.
9,~yw~
pd'expteit~M, ~f UmH~c~,6.
FttHitttt(D*).7. 2M,tOt, 2W. 239. M3.
W.
PtAOTK.MO.
IPMCtm, tM: t'ê~~uf d« teur pre-m~re appar!Hon chM t'entant <'et
waftaMc,«!3; tm Muv<~e<tpleurent,t0<; aHen~a, !<?. aM({<netttat<OMOM
<t!mtxut!oM<!<*la <hcuh<'de pleurer
tMrt'J)tbitude,t<M!:et'!<etptaeM<tesoM~att. t<M.
t'«MMcntpte;t's AdctratMte& serpette&<OMOeHc.<6.
P<mc')f:wc,Mt.i'ttCcncT(M. C.).?o. oote t.
P~aMfHMïtMXhpf~dttatM oMinsttne-
tive.at.
PNOSTtttTtOM,N5.
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!)MCnc)t.s.)curubti')uité,i9).ScunM'XMTSttMtrutta ttarant!th~e.
M, Ot, Mute3.
SoM~xE,~t7. Mt; fhpzt'cnfant, 2'chcztfs tama~. :!27.
St'EMT(le citpttaitte).M, ~TC,M7.
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