DIMANCHE 6 MAI 2012 40Région
Cultiver des légumessur l’espace publicpour tendrevers l’autonomiealimentaire : c’estle but du mouvementdes Incroyablescomestibles,qui veut ainsi allerau-devant de la criseet du repli sur soi.
Des fraises et des tomates dansles bacs à fleurs, des potirons surles gazons, des salades en bordu-res et des récoltes à la dispositionde tous, gratuitement : un rêve ?« Non, une utopie qui est déjà réali-té à Todmorden, en Grande-Breta-gne, et dans une quarantaine devilles anglo-saxonnes [lire ci-des-sous], dit François Rouillay, deColroy-la-Roche. Une initiativeque nous voulons reproduire en Al-sace. »
Avec son collègue de travail Jean-Michel Herbillon, il a découvertcette expérience au fil de leursrecherches professionnelles deconsultants en développementlocal et en sécurité alimentaire.
Face au spectre de la crise écono-mique et écologique, face à lapeur du manque, ces deux con-sultants voient là un outil simpleet efficace pour retrouver l’auto-nomie alimentaire locale, pour« passer de la pénurie à l’abondan-ce », pour tisser des liens entre leshabitants.
À Frélandet Colroy-la-Roche
Partageant l’éthique des Colibrisinitiée par Pierre Rabhi, ces con-sultants ne se contentent pas deprôner un concept, mais veulentfaire chacun leur part. Ils se lan-cent concrètement dans l’aventu-re : « Nous engageons le processusdes Incroyables comestibles à Fré-
land et Colroy-la-Roche. » Ils vontsemer et planter fruits et légumessur l’espace privé de leurs mai-sons respectives, ouvert à l’espacepublic. Et afficheront la pancarte« Nourriture à partager ». Ils enparlent aux voisins et passantsdans l’espoir de « polliniser » leurvillage et « de rallier un jour des éluslocaux pour passer à l’espace pu-blic ».
« C’est une initiative pilote en Fran-ce, entièrement citoyenne, apoliti-que, non marchande, ouverte à toutle monde », précisent-ils.
« Reconnecter les gensentre eux et à la terre »
Une initiative qu’ils portent avecenthousiasme : « Nous sommesspécialistes de la prospective des terri-toires en quête d’alternatives à lacrise économique et écologique. ÀTodmorden, chômage et délinquan-ce ont diminué, les habitants sontpassés de la posture de victimes de lacrise à celle d’acteurs de leur vie. Ilsont appris à se connaître, à coopérer,à inventer ensemble. Ils ont redécou-
vert la convivialité. » Leurs motiva-tions ? Fournir l’accès à unenourriture locale de qualité pourtous, impliquer les enfants, trans-mettre des savoir-faire, dynami-ser l’économie locale, engager latransition vers une société sanspétrole, moins gaspilleuse de res-sources… « Un changement de pa-radigme, un nouveau modèle dedéveloppement fondé non plus sur lacompétition mais la coopération, oùle profit n’est plus le but mais lemoyen de parvenir à l’abondancepartagée. »
Une expérience qu’ils initient parla base, sans attendre ni décisionpolitique ni subvention. « Pourreconnecter les gens entre eux et à laterre, qui est vie et abondance. »Connectés à internet, ils ont éga-lement créé un site pour faireessaimer leurs généreuses idées.
Élisabeth Schulthess
FCONTACTER Tél. 03.88.47.66.54 ;courriels : [email protected] [email protected] ; site internet :www.incroyables-comestibles-fre-land.fr
Alimentation Les « Incroyables comestibles »ou l’abondance partagée
À Fréland, François Rouillay (le barbu) et Jean-Michel Herbillon avec sa famille, initiateursdumouvement des Incroyables comestibles en Alsace et… en France. Photo Dominique GutekunstFServez-vous, c’est gratuit !
L’idée des « Incroyables comestibles » est née en 2008à Todmorden, ville britannique près de Manchester.Confrontée à la désindustrialisation et au chômage, cette citéa transformé l’ensemble de son espace public en jardin potageravec ses 14 000 habitants. Chaque volontaire s’occuped’un carré de légumes et de fruits, sur une place publique,dans une cour d’école ou d’hôpital. Quand vient le tempsde récolter, chaque habitant peut se servir gratuitement.Résultat : les gens cultivent leurs aliments, discutent avecleurs voisins, organisent des fêtes… L’agriculture localese développe, les marchés, commerces et entreprises aussi. Leslycées enseignent les méthodes bio et le concept d’agriculturelocale. On vient du monde entier visiter Todmorden pours’inspirer de ce nouveau modèle de développement local.Site internet : www.incredible-edible-todmorden.co.uk
Mode d’emploi en cinq étapesH L’action des Incroyablescomestibles se veut citoyenne,simple et accessible à toutun chacun. Jean-Michel Herbillonet François Rouillay proposentun mode d’emploi en cinq étapes.H 1 : constituer une équipe localeavec d’autres familles. Se lancerseul si on ne trouve personned’autre dans sa commune.H 2 : chaque membre prendune bêche en main et le groupeva poser devant la pancartede la commune en tenant le visuel« Incroyables comestibles France »pour donner de la force
au mouvement global et enracinerl’action sur son territoire.H 3 : chaque foyer réalise uneplantation sur son espace privé,en bordure non fermée de l’espacepublic.H 4 : l’équipe crée son blog,met les photos en ligne avec descommentaires. Penser à associerdes musiciens, organiser des petitsrepas de fête, associer les enfants,mettre en ligne des clips vidéos…H 5 : sensibiliser les voisins, rallierle conseil municipal pour ouvrirl’espace public à la co-créationdes Incroyables comestibles.
lustratrice NoëlleLeGuillouzic.Ils pourront être acquis enavant-première lors de deuxjournées « timbres premierjour » samedi 12 mai et diman-che 13 mai de 10 h à 17 h, auCentre d’initiation à la nature età l’environnement (Cine) LeMoulin à Lutterbach, et samedi13 mai de 9 h 30 à 17 h 30, auCine La Ferme Bussierre àStrasbourg.Enveloppes timbrées avec le ca-chet « premier jour », docu-ments philatéliques, gravures,animations et expositions se-ront aussi au programme decette manifestation d’envergu-re nationale. L’avant-premièreaura lieu de façon simultanéedans 21 autres villes de France,à l’occasion de la Fête de laNature.
La Ligue pour la protectiondes oiseaux célèbre cetteannée son centenaire. LaPoste édite à cette occasionun bloc de quatre timbresreprésentant les oiseauxemblématiques de la LPO.
La Ligue pour la protection desoiseaux a été créée en 1912pour mettre un terme au mas-sacre du macareux moine enBretagne, oiseau marin devenudepuis son symbole, et qui res-te aujourd’hui encore en dan-ger. C’est la raison pourlaquelle il figure sur le bloc desquatre timbres qui seront émis,au même titre que le balbuzardpêcheur, l’outarde canepetièreet la gorgebleue à miroir, toutestrois des espèces au statut fragi-le (voir illustration). Ces tim-bres, vendus au prix unitaire de0,57 €, ont été réalisés par l’il-
Trois des quatre timbres représentant des oiseauxemblématiques de la LPO. DR
Philatélie Quatre timbres pourle centenaire de la LPO
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