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A un moment on a dit qu’on créerai un journal et qu’on
l’appellerai Double Page, parce que tous ceux qui
voudraient auraient une double-page à eux pour mettre
leurs photos, leurs textes et tout ce qu’ils voudraient
d’autre. On avait dit qu’on voulait un esprit carnet de
recherche, mais en même temps les intentions sont pas
forcément toujours très bien suivies, donc on s’est dit
que chacun ferait ce qu’il veut au final, comme d’habitude
de toute façon. C’était aussi parce que tous on avait des
images, des textes, des vidéos à ne plus savoir qu’en faire,
et qu’il fallait bien en faire quelque chose, c’est-à-dire vous
les montrer comme ça, sous forme de double page, d’où le
nom Double Page, mais je pense que vous avez compris.
Les gens qui publient dans Double Page sont des adhérents
de l’association des étudiants de l’Ecole Nationale
Supérieure de Photographie d’Arles, qu’on appelle AEENSP.
L’AEENSP organise chaque année une vente aux enchères
d’œuvres de ses adhérents au mois de mars à Arles, ainsi
qu’une exposition des travaux de ces mêmes étudiants
au moment de la première semaine des Rencontres de la
Photographie d’Arles qui s’appelle les Work In Progress, ou
plus simplement les WIP.
Les gens qui sont publiés dans ce numéro qui est le tout
premier numéro de Double Page sont : Vivien Ayrolles,
Alice Millet, Cecilia Galera, Tanguy Gatay, Amelie Blanc,
Iris Winckler, Hong Yi, Prune Phi, Camille Kirnidis, Ioanna
Chronopoulou, Lexane Laplace, Joao Basto, Linda
Caracciolo, Matthieu Frenot, Sarah Kowalczewski et Ko Lin.
Les personnes qui ont imaginé et fait Double Page
sont : Isoline Spote, Florian Da Silva, Victor Jaget, Alnfredo
Coloma, Léia Vandooren, Fanny Terno, Rémi Fernandez,
Apolline Lamoril et Marta Pareja.
Le début
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VIVI
EN A
YROL
ES
PAYSAGE ET ESPACES ANTHROPISÉSCette photo a été prise cet été en Savoie, je m’intéresse beaucoup aux cartes mais elles font rarement partie de mon travail : ici c’est l’utilisation détournée de cet objet pour se protéger du soleil qui m’a amusée.
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Je me suis rendu plusieurs fois en Ligurie ; je souhaite m’y rendre encore et pouvoir poursuivre l’observation et la documentation de cette dichotomie entre bord de mer et arrière-pays qui est matériellement et symboliquement rendue visible par le tracé de l’autoroute qui suit l’antique voie romaine.
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Deux-mille-neuf – deux-mille-treizeLa photographie est le médium que j'ai choisi pour mettre à l'épreuve le concept de féminité et étayer une tentative de recherche sur la transition entre adolescence et âge adulte.
ALIC
E M
ILLE
T
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CECI
LIA
GALE
RA
fil rouge: 1. fil conducteur d’une énigme, d’un jeu 2. idée directrice, quelque chose qui donne une cohérence à un ensemble disparate 3. élément répétitif, point de repère qui revient régulièrement dans une discussion, un récit, une présentation
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LES PAPIERSkitch: mot d’origine allemande devenu international, qualifie l’accumulation et l’usage hétéroclite, dans un produit culturel, de traits considérés comme triviaux, démodés ou populaires. Son emploi implique donc nécessairement un jugement de valeur et la norme qui le conditionne.
souvenir: 1.Elément en mémoire. Rappel du passé. 2. Objet qu’on ramène de voyage.
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TANG
UY G
ATAY
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- De tous les bons copains, il y a pas plus conMa mère c’est une juive, mon père, c’est un pigeon De Joseph le jointif, il n’y a rien à faire. Alors à la bonne vôtre, aux disciples, au Calvaire !
- S’il y en a un qui pense que je ne suis pas divinY boira pas à l’œil quand je ferai du vin. Mais de l’eau ce sera, et là j’insiste bien : C’est c’que j’fais quand le vin de l’eau claire redevient
- Adieu, adieu ! Notez le moment et le lieu. Et dites à Pierre, Paul et Jacques ma résurrection. Mes gènes, n’en doutez pas vont aider l’ascension. Ça souffle fort aux Oliviers. Adieu, adieu !
Ceci est une retranscription de la chanson de Buck
Mulligan dans Ulysse de James Joyce traduit par
Jacques Aubert. Il représente l’extrême début d’un
travail entamé avec Maura Grimaldi, photographe
brésilienne sur la (les) vue(s) que l’on peut avoir
d’un texte en en prenant en compte la traduction.
En effet, le texte est destiné à être lu à la fois en
français, anglais, espagnol, portugais et allemand.
L’idée étant de créer un corpus d’images à partir
de ces textes. Tout cela est encore bien abstrait
pour tous ces acteurs. Aucune porte n’est fermée
et tout reste à faire.
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AMEL
IE B
LANC
Au début il n’y a que des vitres.Des murs de rien.Puis le dehors, le dedans s’embrassent.Les corps se retrouvent maternés par l’opulence de la verdure estivale.Se demander ce qu’il reste de nous dans ces jardins secrets.Ce qu’il reste de ces jardins secrets en nous.
MIRAGES FUYANTSII. Identités foliées
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KO L
IN
J’étais devant le tableau « Terrasse du café le soir », Arles, j’ai fait la connaissance avec toi.
Je suis maintenant devant du café, jaune, chez toi, Arles. Miraculeux !
Je passe devant tes maisons médiévales.
J’ai trouvé des produits de la région dans ton marché local.
J’étais avec tes enfants portant leurs costumes traditionnels le 1er dimanche du juillet.
Je suis souvent chez ton amie, Saintes-Maries-de-la-Mer, où je vois la mer et le ciel, bleu.
Arles, je te remercie de m’avoir invité chez toi et de me faire connaitre ta famille, la Provence.
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Birmanie, tu me manques beaucoup.
Chaque fois, je mange, je pense à toi.
Chaque fois, j’écris, je pense à toi.
Chaque fois, je croise des fêtes, je pense à toi.
Chaque fois, j’ai des stress, je pense à toi.
Ta chaleur, ta grâce, tes sourires, tes couleurs, ta calligraphie ronde me
donnent des forces, de loin.
Merci à toi.
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IIRIS
WIN
CkLE
R
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Photogramme du film MercurialesVirgil Vernier, 2014.
“Je veux partir d’éléments réalistes etrévéler ce qu’ils ont de mystique.”
Virgil Vernier, TROIS COULEURS
Zone industrielle Fourchon, Arles.
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Hong
yi
La chambre intimeAll the subjects in this serie of photographs were my closest female friends. They were all studying in France.
With the approach of portrait-photography, I tried to represent their psychological state when they were abroad. Living with them for one day, sometimes two, I communicated with them and took their portaits with my camera. During this process, I played a role, not only as a photographer, but also as a psychiatrist. A profound communication between us encouraged them to release their inner pressure at most.
Hence, the photographic act could be regarded as a trigger. Their portaits became a mirror that reflected my own image.
In this project, I search for myself.
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PRUN
E PH
I
Blessures, 2014
Le corps est introduit dans l’image par fragments où il interagit avec ce qui l’entoure. Il expérimente la matière au risque de se blesser.
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Dans la forêt, 2013
« Beneath the trees where
nobody sees. They’ll hide and
seek as long as they please.»
John W. Bratton
Inside Timothy’s Head, 2014
« Au coeur de cette tempête, il n’y a pas de soleil, il n’y a
pas de lune, pas de repère dans l’espace ; par moments,
même, le temps n’existe plus. Il n’y a que du sable blanc
et fin comme des os broyés qui tourbillonne haut dans le
ciel. Voilà la tempête de sable que tu dois imaginer.»
Haruki Murakami
Ce projet questionne ce que nous percevons d’une personne à travers les images. Deux aspects sont
représentés : ce que nous laissons voir aux autres et ce que nous seul connaissons, ce qui reste caché en nous. Photographie et illustration fusionnent pour disséquer
- de manière fictionnelle - l’identité du sujet.
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cam
ille
kir
nidi
s
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L’Inaccessible Ouverture
Stores et rideaux ne laissent entrevoir que des bribes d’intimités inconnues,
la chaleur d’un foyer.
“ Celui qui regarde du dehors à
travers une fenêtre ouverte, ne
voit jamais autant que celui qui
regarde une fenêtre fermée. Il
n’est pas d’objet plus profond,
plus mystérieux”
Charles Baudelaire, Les fenêtres.
Petit poèmes en prose, 1869
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IOAN
NA C
HRON
OPOU
LOU
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LEXA
NE L
APLA
CE
«Lire le monde, c’est relier les choses du monde» _ Georges Didi-Huberman
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Comme un Atlas, je tente une intuition de montage qui interroge les représentations que nous avons de l’idée des “origines” de l’homme et de la sensualité qui s’en dégage.
«Lire le monde, c’est relier les choses du monde» _ Georges Didi-Huberman
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JOAO
BAS
TO
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Une série de textes sans
titres. Sans trop de mots.
Des coups de flash sur
des choses cacheés sans
sens. Dans l’obscurité, du
noir nuit, comme l’abîme
qu’est Marseille.
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LIND
A CA
RACC
IOLO
Clichés du famillial, de l’anodin qui habite des
Lieux sans mémoire ni nom
Observants des
Sombres, là où l’invisible se fait
Existence .du collecté au service d’une généalogie
Rêvée qui se rend manifeste au théâtre de la matière
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Clichés du famillial, de l’anodin qui habite des
Lieux sans mémoire ni nom
Observants des
Sombres, là où l’invisible se fait
Existence .du collecté au service d’une généalogie
Rêvée qui se rend manifeste au théâtre de la matière
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MAT
thie
u fr
enot
Dégager la chose.
Un promeneur solitaire exerce sur un territoire une archéologie du regard,
Le paysage est son miroir et lui demande une offrande :
A l’heure souriante, il met en exergue sa nymphe.
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Dégager la chose.
Un promeneur solitaire exerce sur un territoire une archéologie du regard,
Le paysage est son miroir et lui demande une offrande :
A l’heure souriante, il met en exergue sa nymphe.
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“ Les lieux de ce travail, les maisons d’arrêt, la vieille,
la neuve. Celle-ci, ni rat, ni poussière, confite dans
son béton, plus impitoyable que l’autre. Les banlieues
à parcourir en tout sens, à chercher des bus qui ne
passaient jamais (...) Ces lieux peuplés de vous, de
vos histoires. Ce que la mémoire refuse de garder et
que l’écriture refuse de délivrer.
Une façon de vivre aussi, de regarder le monde.
De regarder comment ça se broie une vie, comment
cela se confectionne un destin, ce qui ne se
commande pas. L’injustice, oui, l’injustice mais aussi
l’impuissance. La peur de toute ces violences mises
bout à bout. La vôtre aussi, elle m’irradie encore (...)
Tout est à craindre, tout le temps, et de tous,
puisque, précisément, il n’y a pas de monstres.”
Jane Sautière,
Fragmentation d’un lieu commun
un périmètre sensible
des images légales, quels usages ?
une lutte microscopique pour détourner les lieux
politiques pénales et mécanismes de la violence
Hank d’Arnaud Gaillard et Florent Vassault
11 hectares4 miradorset des murs opaques
grand chantier
sara
h ko
wal
czew
ski
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politiques pénales et mécanismes de la violence
Hank d’Arnaud Gaillard et Florent Vassault
“ Chacun de nos procès est le procès de notre vie entière, de
même que toutes les sentences sont des sentences de mort.”
Oscar Wilde, De profundis
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Vivien Ayrolles / www.vivienayroles.fr
Alice Millet / www.alicemillet.tumblr.com
Cecilia Galera / www.cargocollective.com/ceciliagalera
Tanguy Gatay / www.tanguygatay.com
Amelie Blanc
Ko Lin / linn.photos
Iris Winckler
Hong Yi
Prune Phi
Camille Kirnidis / camillekirnidis.wix.com/photographies
Ioanna Chronopoulou / ioannachronopoulou.com
Lexane Laplace / lexanelaplace.tumblr.com
Joao Basto
Linda Caracciolo / www.lindaorbac.com
Matthieu Frenot
Sarah Kowalczewski
SOMMAIRE
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Ce numéro est le premier de la revue numérique Double PageIl a été realisé au mois de décembre 2014 à Arles par l’Association des
Etudiants de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie.
La photographie de couverture est de Ioanna Chronopoulou.
facebook.com/aeensp
[email protected]@gmail.com
aeensp.com
Publication numerique
DE L’AEENSP
DEC. 2014