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Journal des Maladies Vasculaires (Paris)© Masson, 2004, 29, 4, 181-188

PÉDAGOGIE

ÉDITORIAL : QUELLE FORMATION INITIALE POUR LE MÉDECIN VASCULAIRE DE DEMAIN ?

P.H. CARPENTIER (1), J.L. GUILMOT (2), H. BOCCALON (3)

(1) Président du Collège national de Médecine Vasculaire, (2) Président du Collège des Enseignants de Médecine Vasculaire,

(3) Représentant des Médecins Vasculaires au Conseil national des Universités.

Le médecin vasculaire est spécialisé dans la prise encharge des patients présentant des problèmes de santé con-cernant les maladies artérielles, veineuses, lymphatiqueset de la microcirculation. Il s’agit de vastes problèmes desanté publique, comme le montre l’épidémiologie des di-verses affections concernées (athérothrombose, maladiethrombo-embolique, insuffisance veineuse chronique,lymphœdème, acrosyndromes et maladies vasculairesprofessionnelles). Le nombre de praticiens en activité, ac-tuellement de 2 223 en France, en est également un témoi-gnage.

Le développement des connaissances et des compéten-ces pratiques dans le domaine des maladies vasculaires aété considérable au cours des deux dernières décennies, etne fait que s’accélérer, qu’il s’agisse de la compréhensionphysiopathologique et de l’explosion de la biologie vascu-laire, des explorations fonctionnelles et en particulier desperformances des examens ultrasoniques, mais aussi desthérapeutiques endovasculaires artérielles et veineuses,des traitements pharmacologiques (médicaments del’athérothrombose, nouveaux anticoagulants) et des théra-pies angiogéniques.

La culture nécessaire à l’exercice de la médecine vascu-laire est donc devenue très vaste, alliant l’approchehémodynamique cardiovasculaire classique, la connais-sance des pathologies vasculaires d’organes et la biologievasculaire. L’acquisition de la pratique des techniquesd’exploration et des techniques thérapeutiques nécessiteégalement un long apprentissage.

Ces développements rendent inadéquats les voies ac-tuelles de formation initiale en médecine vasculaire :

– la capacité d’angiologie n’offre que deux cents heu-res d’enseignement théorique et en moyenne deux semes-tres de formation pratique ;

– le DESC de médecine vasculaire comporte quatre se-mestres de formation spécifique, mais la nécessité d’unpost-internat le rend impropre à la formation d’un flux despécialistes en nombre suffisant ;

– le DES de cardiologie et maladies vasculaires necomporte au mieux qu’un semestre de médecine vascu-laire, et en pratique, ne concerne pas les pathologiesveineuses et lymphatiques chroniques, les malformationsvasculaires ni la microcirculation.

Ces insuffisances sont certes partiellement compen-sées par une formation continue dynamique et très suiviepar les médecins vasculaires, mais qui ne saurait rempla-cer une formation initiale de qualité, d’un volume et d’unedurée suffisants, dans un poste formateur avec responsa-bilités médicales, et au sein d’un environnement adapté.

Devant ce constat, les enseignants de médecine vascu-laire, au sein du CNU et de leur collège, ont mis à jour lesobjectifs pédagogiques de la formation initiale et réfléchiaux critères d’une formation pratique de qualité. Cette dé-marche a été validée par l’ensemble des professionnels ausein du Collège national de Médecine Vasculaire, et aconduit à la création d’une commission d’accréditationreprésentative de la profession sous l’égide de ce dernier.Ces objectifs pédagogiques, et les critères d’accréditationsont publiés dans ce numéro du journal. Ils serviront defondement à la création de la nouvelle maquette de forma-tion initiale des spécialistes de médecine vasculaire, quisera mise en place à l’occasion de la réforme actuellementen cours du troisième cycle des études médicales.

Tirés à part : H. BOCCALON, Service de Médecine Vasculaire, 1, avenue Jean Poulhès, TSA 50032, 31059 Toulouse Cedex 9.E-mail : [email protected]

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