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Eugène Ionesco
La cantatrice chauve ANTI-PIÈCE
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Ionesco entouré des interprètes de sa pièce le soir dela première.
© Lipnitzki - Viollet
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Présentation par Nicolas Bataille, metteur en scène
Un soir, Monica Lovinesco, qui était depuipeu notre assistante à la mise en scènem'apporta un manuscrit : "J'ai un ami qui écrit une petite pièce. Tout le monde lui dit qu
c'est injouable. J'aimerais savoir ce que tu epenses." - "Comment s'appelle ton ami ?" Ionesco."
Lorsque je lus le manuscrit de L'anglais san
eine, le premier titre de La Cantatricchauve, ce fut pour moi, jeune comédien, undécouverte : ce texte ne ressemblait en rien ce que j'avais vu ou lu jusque-là. On eprésentait des personnages anglais qu
utilisaient entre eux un langage surprenanparaissant sans suite, mais ayant tout de mêmune logique. Quelques jours plus tard, jencontrai Ionesco qui m'expliqua : "Je voulai
apprendre l'anglais, j'ai ouvert une méthod
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ssimil et j'ai découvert tout un monde qu'exprimait d'une manière étonnante. J'ai donait parler mes personnages anglais comme de
Français apprenant l'anglais". Et par le sous
itre de L'anglais sans peine, "Anti-pièce", précisait que c'était une critique du théâtrbourgeois du début du siècle.
"Alors, c'est vrai ? Vous voulez jouer m
pièce ? Mais tout le monde me dit que ce n'espas jouable !" Pour nous, elle l'était ecorrespondait tout à fait à ce que noucherchions pour notre petite troupe. Nouavons donc décidé de monter la pièce san
arder. Le seul problème (à part celui drouver un théâtre pour la jouer) c'était d
changer de titre : L'anglais sans peine nouaisait penser à la pièce de Tristan Bernar
L'anglais tel qu'on le parle. Or, un jour, pendanune répétition, le capitaine des pompierécitant l'histoire du "rhume", eut un trou d
mémoire, sauta trois lignes et au lieu de parled'une cantatrice très blonde, nous présenta uncantatrice… chauve. Ionesco s'exclama : "L
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itre est trouvé ! Ce sera La Cantatrice chauvPour justifier ce titre, j'ajouterai quelque
épliques".
Et La Cantatrice chauve fut créée le 16 ma950 au Théâtre des Noctambules grâce Jean-Claude et Pierre Leuris, les directeurs, qucrurent tout de suite à la pièce. Elle est devenuun cas unique dans l'histoire du théâtr
rançais, car après les Noctambules, nou'avons reprise en 1957 au Théâtre de l
Huchette, où elle se joue sans interruptiodepuis cette date !
Nicolas Bataille (2000)
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PERSONNAGES
M. SMITHMme. SMITHM. MARTINMme. MARTINMARY, la bonne
LE CAPITAINE DES POMPIERS
La Cantatrice chauve a été représentée poura première fois au Théâtre des Noctambules,e 11 mai 1950, par la Compagnie Nicolas
Bataille.La mise en scène était de Nicolas Bataille.
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SCÈNE I
ntérieur bourgeois anglais, avec des fauteuil
anglais. Soirée anglaise. M. SMITH, Anglaisdans son fauteuil et ses pantoufles anglaisume sa pipe anglaise et lit un journal anglaisrès d’un feu anglais. Il a des lunette
anglaises, une petite moustache grise
anglaise. À côté de lui, dans un autre fauteuianglais, M me SMITH, Anglaise, raccommodedes chaussettes anglaises. Un long moment deilence anglais. La pendule anglaise frappe
dix-sept coups anglais.Mme. SMITHTiens, il est neuf heures. Nous avons mangé da soupe, du poisson, des pommes de terre a
ard, de la salade anglaise. Les enfants ont bu d’eau anglaise. Nous avons bien mangé, ce soi
C’est parce que nous habitons dans les environde Londres et que notre nom est SMITH.
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M . SMITH, (continuant sa lecture, fait claquer sa langue.)
Mme. SMITH
Les pommes de terre sont très bonnes avec lard, l’huile de la salade n’était p a s rance
L’huile de l’épicier du coin est de bien meilleurqualité que l’huile de l’épicier d’en face, elle es
même meilleure que l’huile de l’épicier du bade la côte. Mais je ne veux pas dire qu e leuhuile à eux soit mauvaise.
M . SMITH, (continuant sa lecture, fait
claquer sa langue.)
Mme. SMITHPourtant, c’est toujours l’huile de l’épicier ducoin qui est la meilleure…
M . SMITH, (continuant sa lecture, fait claquer sa langue.)
Mme
. SMITH
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Mary a bien cuit les pommes de terre, cettois-ci. La dernière fois elle ne les avait pas bieait cuire. Je ne les aime que lorsqu’elles son
bien cuites.
M . SMITH, (continuant sa lecture, fait claquer sa langue.)
Mme
. SMITHLe poisson était frais. Je m’en suis léch é lebabines. J’en ai pris deux fois. Non, trois fois. Çme fait aller aux cabinets. Toi aussi tu en as prrois fois. Cependant la troisième fois, tu en a
pris moins que les deu x premières fois, tandqu e moi j’en a i pris beaucoup plus. J’ai mieumangé que toi, ce soir. Comment ça se faitD’habitude, c’est toi qui manges le plus. Ce n’espas l’appétit qui te manque.
M. SMITH, ( fait claquer sa langue.)
Mme SMITH
Cependant, la soupe était peut-être un peu tro
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alée. Elle avait plus de sel que toi. Ah, ah, ahElle avait aussi trop de poireaux et pas assed’oignons. Je regrette de ne pas avoir conseillà Mary d’y ajouter un peu d’anis étoilé. L
prochaine fois, je saurai m’y prendre.
M. SMITH, (continuant sa lecture, fait claquer sa langue.)
Mme. SMITHNotre petit garçon aurait bien voulu boire dea bière, il aimera s’en mettre plein la lampe,l te ressemble. Tu as vu à table , comme il
visait la bouteille ? Mais moi, j’a i versé danson verre de l’eau de la carafe. Il avait soif etl l’ a bue. Hélèn e me ressemble : elle est
bonne ménagère, économe, joue du piano.Elle ne demande jamais à boire de la bièreanglaise. C’est comme notre petite fille qui neboit que du lait et ne mange que de la bouillie.Ça se voit qu’elle n’a qu e deux ans. Elle’appelle Peggy.
La tarte aux coings et aux haricots a été
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ormidable. On aurait bien fait peut-être deprendre, au dessert, un petit verre de vin deBourgogne australien mais je n’ai pas apportée vin à table afin de ne pas donner aux
enfants une mauvais e preuve degourmandise. Il faut leur apprendre à êtreobre et mesuré dans la vie.
M. SMITH, (continuant sa lecture, fait claquer sa langue.)
Mme. SMITHMrs Parker connaît un épicier roumain,
nommé Popesco Rosenfeld, qui vient d’arriverde Constantinople. C’est un grand spécialisteen yaourt. Il est diplômé de l’école desabricants de yaourt d’Andrinople. J’irai
demain lu i acheter une grande marmite deyaourt roumain folklorique. On n’a pasouvent des choses pareilles ici, dans les
environs de Londres.
M . SMITH, (continuant sa lecture, fait
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claquer sa langue.)
Mme. SMITHLe yaourt est excellent pour l’estomac, le
eins, l’appendicite et l’apothéose. C’est ce quem’a dit le docteur Mackenzie-King qui soignees enfants de nos voisins, les Johns. C’est un
bon médecin. On peut avoir confiance en lui. I
ne recommande jamais d’autres médicamentque ceux dont il a fait l’expérien c e suui-même. Avant de faire opérer Parker, c’esui d’abord qui s’est fait opérer du foie, san
être aucunement malade.
M. SMITHMais alors comment se fait-il que le docteur s’eoit tiré et que Parker en soit mort ?
Mme SMITHParce que l’opération a réussi chez le docteur en’a pas réussi chez Parker.
M. SMITH
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lors Mackenzie n’est pas un bon docteurL’opération aurait dû réussir chez tous les deuxou alors tous les deux auraient dû succomber.
Mme. SMITHPourquoi ?
M. SMITH
Un médecin consciencieux doit mourir avec lmalade s’ils ne peuvent pas guérir ensemble. Lcommandant d’un bateau périt avec le bateaudans les vagues. Il ne lui survit pas.
Mme. SMITHOn ne peut comparer un malade à unbateau.
M. SMITHPourquoi pas ? Le bateau a aussi sesmaladies ; d’ailleurs ton docteur est aussi sainqu’u n vaisseau ; voilà pourquoi encore ildevait périr en même temps qu e l e malade
comme le docteur et son bateau.
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Mme. SMITHh ! Je n’y avais pas pensé… C’est peut-être
uste… et alors, quelle conclusion en tires-
u ?
M. SMITHC’est que tous les docteurs ne sont que de
charlatans. Et tous les malades aussi.Seule la marine est honnête en Angleterre.
Mme. SMITHMais pas les marins.
M. SMITHNaturellement.
Pause.
M. SMITH, (toujours avec son journal.)l y a une chose que je ne comprends pas.
Pourquoi à la rubrique de l’état civil, dans le
ournal, donne-t-on to u j o u r s l’âge des
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personnes décédées et jamais celui desnouveau-nés ? C’est un non-sens.
Mme. SMITH
Je ne me le suis jamais demandé !
Un autre moment de silence. La pendule sonneept fois. Silence. La pendule sonne trois fois
ilence. La pendule ne sonne aucune fois.M. SMITH, (toujours dans son journal.)Tiens, c’est écrit que Bobby Watson est mort.
Mme. SMITHMon Die u , le pauvre, quand est-ce qu’il esmort ?
M. SMITH
Pourquoi prends-tu cet air étonné ? Tu lavais bien. Il est mort il y a deux ans. Tu tappelles, on a été à son enterrement, il y a u
an et demi.
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Mme. SMITHBien sûr que je me rappelle. Je me suisappelé tout de suite, mais je ne comprends
pas pourquoi toi-même tu as été si étonné de
voir ça sur le journal.
M. SMITHÇa n’y était pas sur le journal. Il y a déjà trois
ans qu’on a parlé de son décès. Je m’en suisouvenu par associations d’idées !
Mme. SMITHDommage ! Il était si bien conservé.
M. SMITHC’était le plus joli cadavre de Grande-Bretagne ! Il ne paraissait pas son âge. PauvreBobby, il y avait quatre ans qu’il était mort et i
était encore chaud. Un véritable cadavrevivant. Et comme il était gai !
Mme. SMITH
La pauvre Bobby.
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M. SMITHTu veux dire « le » pauvre Bobby.
Mme. SMITHNon, c’est à sa femme que je pense. Elle’appelait comme lui, Bobby , Bobby Watson
Comme ils avaient le même nom, on ne
pouvait pas les distinguer l’un de l’autre quandon les voyait ensemble. Ce n’est qu’après samort à lui, qu’on a pu vraiment savoir qui était’un et qui était l’autre. Pourtant, aujourd’hui
encore, il y a des gens qui la confondent avec le
mort et lui présentent des condoléances. Tu laconnais ?
M. SMITHJe ne l’ai vue qu’une fois, par hasard, à’enterrement de Bobby.
Mme. SMITHJe ne l’ai jamais vue. Est-ce qu’elle est
belle ?
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M. SMITHElle a des trait s réguliers et pourtant on nepeut pas dire qu’elle est belle. Elle est trop
grande et trop forte. Ses traits ne sont paéguliers et pourtant on peut dire qu’elle esrès belle. Elle est un peu trop petite et trop
maigre. Elle est professeur de chant.
La pendule sonne cinq fois. Un long temps.
Mme. SMITHEt quand pensent-ils se marier, tous les
deux ?
M. SMITHLe printemps prochain, au plus tard.
Mme. SMITHl faudra sans doute aller à leur mariage.
M. SMITH
l faudra leur faire un cadeau de noces. Je me
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demande lequel ?
Mme. SMITHPourquoi n e leur offririons-nous pas un de
ept plateaux d’argent dont on nous a fait don notre mariage à nous et qui ne nous ont jamaiervi à rien ?
Court silence. La pendule sonne deux fois.
Mme. SMITHC’est triste pour elle d’être demeurée veuve eune.
M. SMITHHeureusement qu’ils n’ont pas eud’enfants.
Mme. SMITHl ne leur manquait plus que cela ! Des
enfants ! Pauvre femme, qu’est-ce qu’elle enaurait fait !
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M. SMITHElle est encore jeune. Elle peut très bien semarier. Le deuil lui va si bien.
Mme. SMITHMais qui prendra soin des enfants ? Tu saisbien qu’ils ont un garçon et une fille. Comment’appellent-ils ?
M. SMITHBobby et Bobby comme leurs parents. L’onclede Bobby Watson, le vieux Bobby Watson estiche et il aime le garçon. Il pourrait très bien
e charger de l’éducation de Bobby.
Mme. SMITHC e serait naturel. Et la tan t e de Bobby Watson, la vieille Bobby Watson pourraitrès bien, à son tour, se charger de’éducation de Bobby Watson, la fille de
Bobby Watson. Comme ça, la maman deBobby Watson, Bobby, pourrait se remarier.
Elle a quelqu’un en vue ?
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M. SMITHOui, un cousin de Bobby Watson.
Mme. SMITHQui ? Bobby Watson ?
M. SMITH
De quel Bobby Watson parles-tu ?Mme. SMITHDe Bobby Watson, le fils du vieux Bobby Watson l’autre oncle de Bobby Watson, le
mort.
M. SMITHNon, ce n’est pas celui-là, c’est un autre.C’est Bobby Watson, le fils de la vieilleBobby
Watson la tante de Bobby Watson, le mort.
Mme. SMITHTu veux parler de Bobby Watson, le
commis-voyageur ?
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M. SMITHTous les Bobby Watson sont commis-voyageurs.
Mme. SMITHQuel dur métier ! Pourtant, on y fait debonnes affaires.
M. SMITHOui, quand il n’y a pas de concurrence.
Mme. SMITH
Et quand n’y a-t-il pas de concurrence ?
M. SMITHLe mardi, le jeudi et le mardi.
Mme. SMITHh ! trois jours par semaine ? Et que fait Bobb
Watson pendant ce temps-là ?
M. SMITH
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l se repose, il dort.
Mme. SMITHMais pourquoi ne travaille-t-il pas pendant ce
rois jours s’il n’y a pas de concurrence ?
M. SMITHJe ne peux pas tout savoir. Je ne peux pa
épondre à toutes tes questions idiotes !Mme SMITH, (offensée.)Tu dis ça pour m’humilier ?
M. SMITH, (tout souriant.)Tu sais bien que non.
Mme. SMITHLes hommes sont tous pareils ! Vous restez loute la journée, la cigarette à la bouche ou bie
vous vous mettez de la poudre et vous fardevos lèvres, cinquante fois par jour, si vous n’êtepas en train de boire sans arrêt !
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M. SMITHMais qu’est-ce que tu dirais si tu voyais leshommes faire comme les femmes, fumer toutea journée, se poudrer, se mettre du rouge aux
èvres, boire du whisky ?
Mme. SMITHQuant à moi, je m’en fiche ! Mais si tu dis ç
pour m’embêter, alors… je n’aime pas ce genrde plaisanterie, tu le sais bien !
lle jette les chaussettes très loin et montre ses dents1. Elle se lève.
M. SMITH, (se lève à son tour et va vers saemme, tendrement.)
Oh ! mon petit poulet rôti, pourquoi craches-tdu feu ! tu sais bien que je dis ça pour rire ! (a pren d par la taille et l’embrasse. ) Queidicule couple de vieux amoureux nouaisons ! Viens, nous allons éteindre et nou
allons faire dodo !
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SCÈNE II
LES MÊMES ETMARY
MARY, (entrant.)Je suis la bonne. J’ai passé un après-midi très
agréable. J’ai été au cinéma avec un hommeet j’ai vu un film avec des femmes. À la sortiedu cinéma, nous sommes allés boire de’eau-de-vie et du lait et puis on a lu leournal.
Mme. SMITHJ’espère que vous avez passé un après-midrès agréable, que vous êtes allée au cinéma
avec un homme et que vous avez bu de l’eau-
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de-vie et du lait.
M. SMITHEt le journal !
MARY Mme et M. MARTIN, vos invités, sont à laporte. Ils m’attendaient. Ils n’osaient pasentrer tout seuls. Ils devaient dîner avec vous,ce soir.
Mme. SMITHh oui. Nous les attendions. Et on avait faim
Comme on n e les voyait plus venir , on allaimanger sans eux. On n’a rien mangé, de toutea journée. Vous n’auriez pas dû vou
absenter !
MARY C’est vous qui m’avez donné la permission.
M. SMITHOn ne l’a pas fait exprès !
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ary éclate de rire. Puis, elle pleure. Elleourit.
MARY Je me suis acheté un pot de chambre.
Mme. SMITHMa chère Mary, veuillez ouvrir la porte etaites entrer M. et Mme MARTIN, s’il vous
plaît. Nous allons vite nous habiller.
me et M. SMITH sortent à droite. Mar
ouvre la porte à gauche par laquelle entren. et M me MARTIN.
SCÈNE III
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MARY, LES ÉPOUX MARTIN
MARY
Pourquoi êtes-vous venus si tard ! Vous n’êtespas polis. Il faut venir à l’heure. Compris ?asseyez-vous quand même là, et attendezmaintenant.Elle sort.
SCÈNE IV
LES MÊMES, MOINSMARY
me et M. MARTIN s’assoient l’un en face d’autre, sans se parler. Ils se sourient, aveimidité.
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M. MARTIN (le dialogue qui suit doit être dit d’une voix traînante, monotone, un peuchantante, nullement nuancée)2.Mes excuses. Madame, mais il me semble, si jene me trompe, que je vous ai déjà rencontréequelque part.
Mme. MARTIN
moi aussi, Monsieur, il me semble que je vouai déjà rencontré quelque part.
M. MARTINNe vous aurais-je pas déjà aperçue,
Madame, à Manchester, par hasard ?
Mme. MARTINC’est très possible. Moi, je suis originaire de lville de Manchester ! Mais je ne me souvienpas très bien, Monsieur, je ne pourrais pas diri je vous y ai aperçu, ou non !
M. MARTIN
Mon Dieu, comme c’est curieux ! Moi aussi j
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uis originaire de la ville de ManchesteMadame !
Mme. MARTIN
Comme c’est curieux !
M. MARTINComme c’est curieux !… Seulement, moi
Madame, j’ai quitté la ville de Manchester, il ya cinq semaines, environ3.
Mme. MARTINComme c’est curieux ! quelle bizarr
coïncidence ! Moi aussi, Monsieur, j’ai quitté ville de Manchester, il y a cinq semaineenviron.
M. MARTINJ’ai pris le train d’une demie après huit lematin, qui arrive à Londres à un quart avantcinq, Madame.
Mme
. MARTIN
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Comme c’est curieux ! comme c’est bizarre ! etquelle coïncidence ! J’ai pris le même trainMonsieur, moi aussi !
M. MARTINMon Dieu, comme c’est curieux ! peut-êtrebien alors, Madame, que je vous ai vue danse train ?
Mme. MARTINC’est bien possible, ce n’est pas exclu, c’estplausible et, après tout, pourquoi pas !…Mais je n’en ai aucun souvenir, Monsieur !
M. MARTINJe voyageais en deuxième classe, Madame. In’y a pas de deuxième classe en Angleterremais je voyage quand même en deuxièmeclasse.
Mme. MARTINComme c’est bizarre, que c’est curieux, et
quelle coïncidence ! moi aussi. Monsieur, je
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voyageais en deuxième classe !
M. MARTINComme c’est curieux ! Nous nous sommes
peut-être bien rencontrés en deuxièmeclasse, chère Madame !
Mme. MARTINLa chose est bien possible et ce n’est pas dout exclu. Mais je ne m’en souviens pas trè
bien, cher Monsieur !
M. MARTINMa place était dans le wagon n° 8, sixièmcompartiment, Madame !
Mme. MARTIN
Comme c’est curieux ! ma place aussi était dane wago n n° 8, sixième compartiment, che
Monsieur !
M. MARTIN
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Comme c’est curieux et quelle coïncidencebizarre ! Peut-être nous sommes-nouencontrés d a n s le sixième compartiment
chère Madame ?
Mme. MARTINC’est bien possible, après tout ! Mais je nem’en souviens pas, cher Monsieur !
M. MARTINvrai dire, chère Madame, moi non plus je n
m’en souviens pas, mais il est possible que nounous soyons aperçus là, et si j’y pense bien, l
chose me semble même très possible !
Mme. MARTINOh ! vraiment, bien sûr, vraiment,Monsieur !
M. MARTINComme c’est curieux !… J’avais la place n° 3près de la fenêtre, chère Madame.
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Mme. MARTINOh, mon Dieu, comme c’est curieux et commec’est bizarre, j’avais la place n° 6, près de laenêtre, en face de vous, cher Monsieur.
M. MARTINOh, mon Dieu, comme c’est curieux etquelle coïncidence !… Nous étions donc vis-
à-vis , chère Madame ! C’est là que nousavons dû nous voir !
Mme. MARTINComme c’est curieux ! C’est possible mais je ne
m’en souviens pas, Monsieur !
M. MARTINvrai dire, chère Madame, moi non plus je ne
m’en souviens pas. Cependant , il est trèspossible que nous nous soyons vus à cetteoccasion.
Mme. MARTIN
C’est vrai, mais je n’en suis pas sûre du
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out, Monsieur.
M. MARTINCe n’était pas vous, chère Madame, la dame
qui m’avait prié de mettre sa valise dan s leilet et qu i ensuit e m’ a remercié e t m’a
permis de fumer ?
Mme. MARTINMais si, ça devait être moi, Monsieur ! Commec’est curieux, comme c’est curieux, et quellecoïncidence !
M. MARTINComme c’est curieux, comme c’est bizarre,quelle coïncidence ! Eh bien alors, alors, nousnous sommes peut-être connus à ce moment-à, Madame ?
Mme. MARTINComme c’est curieux et quelle coïncidence c’est bien possible, cher Monsieur ! Cependane ne crois pas m’en souvenir.
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M. MARTINMoi non plus, Madame.
Un moment de silence. La pendule sonne 2 – 1
M. MARTINDepuis que je suis arrivé à Londres, j’habiteue Bromfield, chère Madame.
Mme MARTINComme c’est curieux, comme c’est bizarre ! maussi, depuis mon arrivée à Londres j’habite ru
Bromfield, cher Monsieur.
M. MARTINComme c’est curieux, mais alors, mais alors,nous nous sommes peut-être rencontrés rue
Bromfield, chère Madame.
Mme. MARTINComme c’est curieux ; comme c’est bizarre
c’est bien possible, après tout ! Mais je ne m’e
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ouviens pas, cher Monsieur.
M. MARTINJe demeure au n° 19, chère Madame.
Mme. MARTINComme c’est curieux, moi aussi j’habite an° 19, cher Monsieur.
M. MARTINMais alors, mais alors, mais alors, mais alormais alors, nous nous sommes peut- être vudans cette maison, chère Madame ?
Mme. MARTINC’est bien possible, mais je ne m’enouviens pas, cher Monsieur.
M. MARTINMon appartement est au cinquième étage,c’est le n° 8, chère Madame.
Mme
. MARTIN
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Comme c’est curieux, mon Dieu, commec’est bizarre ! et quelle coïncidence ! moiaussi j’habite au cinquième étage, dans’appartement n° 8, cher Monsieur !
M. MARTIN, (songeur.)Comme c’est curieux, comme c’est curieuxcomme c’est curieux et quelle coïncidence
ous savez, dans ma chambre à coucher j’ai unit. Mon lit est couvert d’un édredon vert. Cettechambre, avec ce lit et son édredon vert, serouve au fond du corridor, entre les water eta bibliothèque, chère Madame !
Mme. MARTINQuelle coïncidence, ah mon Dieu, quellecoïncidence ! Ma chambre à coucher a, elleaussi, un lit avec un édredon vert et se trouveau fond du corridor, entre les water, cherMonsieur, et la bibliothèque !
M. MARTIN
Comme c’est bizarre, curieux, étrange ! alors
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Madame, nous habitons dans la mêmechambre et nous dormons dans le même litchère Madame. C’est peut-être là que nounous sommes rencontrés !
Mme. MARTINComme c’est curieux et quelle coïncidence !C’est bien possible que nous nous y soyons
encontrés, et peut-être même la nuitdernière. Mais je ne m’en souviens pas, cherMonsieur !
M. MARTIN
J’ai une petite fille, ma petite fille, ellehabite avec moi, chère Madame. Elle adeux ans, elle est blonde, elle a un œil blancet un œil rouge, elle est très jolie, elle’appelle Alice, chère Madame.
Mme. MARTINQuelle bizarre coïncidence ! moi aussi j’a i unepetite fille, elle a deux ans, un œil blanc et un
œil rouge, elle est très jolie et s’appelle aussi
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lice, cher Monsieur !
M. MARTIN, même voix traînante, monotone.Comme c’est curieux et quelle coïncidence ! e
bizarre ! c’est peut-être la même, chèrMadame !
Mme. MARTIN
Comme c’est curieux ! c’est bien possiblecher Monsieur.
Un assez long moment de silence… La pendulonne vingt-neuf fois.
. MARTIN, après avoir longuement réfléchie lève lentement et sans se presser, se dirige
vers M me MARTIN qui, surprise par l’airolennel de M. MARTIN, s’est levée, elle aussi
out doucement ;
M. MARTIN, (à la même voix raremonotone, vaguement chantante.)
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lors, chère Madame, je crois qu’il n’y a pas ddoute, nous nous sommes déjà vus et vous êtema propre épouse… Elisabeth, je t’ai retrouvée
me MARTIN s’approche de M. MARTIN sane presser. Ils s’embrassent sans expression
La pendule sonne une fois, très fort. Le coup da pendule doit être si fort qu’il doit fair
ursauter les spectateurs. Les époux MARTI ne l’entendent pas.
Mme. MARTINDonald, c’est toi, darling !
ls s’assoient dans le même fauteuil, seiennent embrassés et s’endorment. Laendule sonne encore plusieurs fois. Mary,ur la pointe des pieds, un doigt sur sesèvres, entre doucement en scène et s’adresse
au public.
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SCÈNE V
LES MÊMES ET
MARY
MARY Elisabeth et Donald sont, maintenant, tropheureux pour pouvoir m’entendre. Je pui
donc vous révéler un secret. Elisabeth n’est paElisabeth, Donald n’est pas Donald. En voici lapreuve : l’enfant dont parle Donald n’est pas laille d’Elisabeth, ce n’est pas la même personne
La fillette de Donald a un œil blanc et un autreouge tout comme la fillette d’Elisabeth. Maiandis que l’enfant de Donald a l’œil blanc à
droit e et l’œil rouge à gauche, l’enfand’Elisabeth, lui, a l’œil rouge à droite et le blan
à gauche ! Ainsi tout le systèmed’argumentation de Donald s’écroule en seheurtant à ce dernier obstacle qui anéantioute sa théorie. Malgré les coïncidence
extraordinaires qui semblent être des preuve
définitives, Donald et Elisabeth n’étant pas le
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parents du même enfant ne sont pas Donald eElisabeth. Il a beau croire qu’il est Donald, ellea beau se croire Elisabeth. Il a beau croirequ’elle est Elisabeth. Elle a beau croire qu’il es
Donald : ils se trompent amèrement. Mais quest le véritable Donald ? Quelle est la véritableElisabeth ? Qui donc a intérêt à faire durecette confusion ? Je n’en sais rien. Ne tâchon
pas de le savoir. Laissons les choses commeelles sont. (Elle fait quelques pas vers la porteuis revient et s’adresse au public.)
Mon vrai nom est Sherlock Holmes.
lle sort.
SCÈNE VI
LES MÊMES SANS MARY
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La pendule sonne tant qu’elle veut. Après denombreu x instants, M me et M. MARTIN seéparent et reprennent les places qu’ils
avaient au début.
M. MARTINOublions, darling, tout ce qui ne s’est pas passéentre nous e t , maintenant que nous nous
ommes retrouvés, tâchons de ne plus nousperdre et vivons comme avant.
Mme. MARTIN Oui,darling.
SCÈNE VII
LES MÊMES ET LES SMITH
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me et M. SMITH entrent à droite, sansaucun changement dans leursvêtements.
Mme. SMITHBonsoir, chers amis ! Excusez-nous de vousavoir fait attendre si longtemps. Nous avonspensé qu’on devait vous rendre les honneurs
auxquels vous avez droit et, dès que nousavons appris que vous vouliez bien nous faire leplaisir de venir nous voir sans annoncer votrevisite, nous nous sommes dépêchés d’allerevêtir nos habits de gala.
M. SMITH, (furieux.)Nous n’avons rien mangé toute la journée. Il ya quatre heures que nous vous attendonsPourquoi êtes-vous venus en retard ?
me et M. SMITH s’assoient en face desvisiteurs. La pendule souligne les répliques,avec plus ou moins de force, selon le cas.
Les MARTIN, elle surtou t , on t l’air
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embarrassé et timide. C’est pourquoi laconversation s’amorce difficilement e t lesmots viennent, au début, avec peine. Unong silence gêné au déb ut , puis d’autres
ilences et hésitations par la suite.
M. SMITHHm.
ilence.Mme SMITHHm, hm.
ilence.
Mme. MARTINHm, hm, hm.
ilence.
M. MARTINHm, hm, hm, hm.
ilence.
M
me
. MARTIN
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Oh, décidément.ilence.
M. MARTIN
Nous sommes tous enrhumés.
M. SMITHPourtant il ne fait pas froid.
Mme. SMITHl n’y a pas de courant d’air.
M. MARTIN
Oh non, heureusement.ilence.ilence.ilence.
ilence.
M. SMITHh, la la la la.
ilence.
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M. MARTINous avez du chagrin ?ilence.
Mme. SMITHNon. Il s’emmerde.
ilence.
Mme. MARTINOh, Monsieur, à votre âge, vous ne devriez pas
ilence.
M. SMITHLe cœur n’a pas d’âge.ilence.
M. MARTIN
C’est vrai.ilence.
Mme. SMITH
On le dit.
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ilence.
Mme. MARTINOn dit aussi le contraire.
ilence.
M. SMITHLa vérité est entre les deux.
ilence.M. MARTINC’est juste.
ilence.
Mme SMITH, (aux époux MARTIN.)ou s qui voyagez beaucoup, vous devriez
pourtant avoir des choses intéressantes à nousaconter.
M. MARTIN, (à sa femme.)Dis, chérie, qu’est-ce que tu as vu aujourd’hui ?
M
me
. MARTIN
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Ce n’est pas la peine, on ne me croirait pas.
M. SMITHNous n’allons pas mettre en doute votre
bonne foi !
Mme. SMITHous nous offenseriez si vous le pensiez.
M. MARTIN, (à sa femme.)Tu les offenserais, chérie, si tu le pensais…
Mme MARTIN, (gracieuse.)
Eh bien, j’ai assisté aujourd’hui à une chosextraordinaire. Une chose incroyable.
M. MARTINDis vite, chérie.
M. SMITHh, on va s’amuser.
Mme
. SMITH
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Enfin.
Mme. MARTINEh bien, aujourd’hui, en allant au marché pour
acheter des légumes qui sont de plus en pluschers…
Mme. SMITH
Qu’est-ce que ça va devenir !M. SMITHl ne faut pas interrompre, chérie, vilaine.
Mme. MARTINJ’ai vu, dans la rue, à côté d’un café, uMonsieu r , convenablement vêtu, âgé d’uncinquantaine d’années, même pas, qui…
M. SMITHQui, quoi ?
Mme. SMITH
Qui, quoi ?
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M. SMITH, (à sa femme.)Faut p a s interrompre, chérie, tu esdégoûtante.
Mme. SMITHChéri, c’est toi, qu i as interrompu lepremier, mufle.
M. MARTINChut. (À sa femme.) Qu’est-ce qu’il faisait , leMonsieur ?
Mme. MARTINEh bien, vous allez dire que j’invente, il avaitmis un genou par terre et se tenait penché.
M. MARTIN, M. SMITH,Mme. SMITHOh !
Mme. MARTIN
Oui, penché.
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M. SMITHPas possible.
Mme. MARTINSi, penché. Je me suis approchée de lui pourvoir ce qu’il faisait…
M. SMITHEh bien ?
Mme. MARTINl nouait les lacets de sa chaussure qui
’étaient défaits.
LES TROIS AUTRESFantastique !
M. SMITHSi ce n’était pas vous, je ne le croirais pas.
M. MARTIN
Pourquoi pas ? On voit des choses encore plus
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extraordinaires, quand on circule. Ainsi,aujourd’hui moi-même, j’ai vu dans le métro,assis sur une banquette, un monsieur qui lisaitranquillement son journal.
Mme. SMITHQuel original !
M. SMITHC’était peut-être le même !
On entend sonner à la porte d’entrée.
M. SMITHTiens, on sonne.
Mme. SMITHl doit y avoir quelqu’un. Je vais voir. (Elle va
voir. Elle ouvre et revient.) Personne.lle se rassoit.
M. MARTIN
Je vais vous donner un autre exemple…
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onnette.
M. SMITHTiens, on sonne.
Mme. SMITHÇa doit être quelqu’un. Je vais voir. ( Elle vavoir. Elle ouvre et revient.) Personne.
lle revient à sa place.M. MARTIN, (qui a oublié où il en est.)Euh !…
Mme. MARTINTu disais que tu allais donner un autreexemple.
M. MARTIN Ah
oui…onnette.
M. SMITH
Tiens, on sonne.
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Mme. SMITHJe ne vais plus ouvrir.
M. SMITHOui, mais il doit y avoir quelqu’un !
Mme. SMITH
L a première fois, il n’y avait personne. Ldeuxième fois, non plus. Pourquoi crois-tu quy aura quelqu’un maintenant ?
M. SMITH
Parce qu’on a sonné !
Mme. MARTINCe n’est pas une raison.
M. MARTINComment ? Quand on entend sonner à la portec’est qu’il y a quelqu’un à la porte, qu i sonnpour qu’on lui ouvre la porte.
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Mme. MARTINPas toujours. Vous avez vu tout à l’heure !
M. MARTIN
La plupart du temps, si.
M. SMITHMoi, quand je vais chez quelqu’un, je sonne
pour entrer. Je pense que tout le monde faitpareil et que chaque fois qu’on sonne c’est qu’iy a quelqu’un.
Mme SMITH
Cela est vrai en théorie. Mais dans la réalité lechoses se passent autrement. Tu as bien vuout à l’heure.
Mme. MARTINotre femme a raison.
M. MARTINOh ! vous, les femmes, vous vous défendez
oujours l’une l’autre.
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Mme. SMITHEh bien, je vais aller voir. Tu ne diras pas quee suis entêtée, mais tu verras qu’il n’y a
personne ! (Elle va voir. Elle ouvre la porte eta referme.)
Tu vois, il n’y a personne.lle revient à sa place.
Mme. SMITHh ! ces hommes qui veulent toujours avoir
aison et qui ont toujours tort !
On entend de nouveau sonner.
M. SMITHTiens, on sonne. Il doit y avoir quelqu’un.
Mme SMITH, (qui fait une crise de colère.)Ne m’envoie plus ouvrir la porte. Tu as vuque c’était inutile. L’expérience nous apprendque lorsqu’on entend sonner à la porte, c’est
qu’il n’y a jamais personne.
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Mme. MARTINJamais.
M. MARTINCe n’est pas sûr.
M. SMITH
C’est même faux. La plupart du temps, quandon entend sonner à la porte, c’est qu’il y aquelqu’un.
Mme. SMITH
l ne veut pas en démordre.
Mme. MARTINMon mari aussi est très têtu.
M. SMITHl y a quelqu’un.
M. MARTIN
Ce n’est pas impossible.
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Mme SMITH, (à son mari.)Non.
M. SMITHSi.
Mme. SMITHJe te dis que non. En tout cas, tu ne mdérangeras plus pour rien. Si tu veux aller voivas-y toi-même !
M. SMITH
J’y vais.
Mme SMITH (hausse les épaules.)
Mme MARTIN (hoche la tête.)
M. SMITH, (va ouvrir.)h ! how do you do ! (Il jette un regard àme SMITH et aux époux MARTIN qui
ont tous surpris.) C’est le Capitaine des
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Pompiers !
SCÈNE VIII
LES MÊMES, LE CAPITAINE DES POMPIER
LE POMPIER (Il a, bien entendu, un énorme
casque qui brille et un uniforme).Bonjour, Mesdames et Messieurs. (Les genont encore un peu étonnés. M me SMITHâchée, tourne la tête et ne répond pas à sonalut.)
Bonjour, Madame SMITH. Vous avez l’aiâché.
Mme SMITHOh !
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M. SMITHC’est que, voyez-vous… ma femme est un peuhumiliée de ne pas avoir eu raison.
M. MARTINl y a eu, Monsieu r le Capitain e des
Pompiers, une controverse entre Madame et
Monsieur SMITH.Mme SMITH, (à M. MARTIN.)Ça ne vous regarde pas ! (À M. SMITH.) Je tprie de ne pas mêler les étrangers à no
querelles familiales.
M. SMITHOh, chérie, ce n’est pas bien grave. Le Capitainest un vieil ami de la maison. Sa mère me faisai
a cour, son père, je le connaissais. Il m’avademan d é de lui donner ma fille en mariagquand j’en aurais une. Il est mort en attendant
M. MARTIN
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Ce n’est ni sa faute à lui ni la vôtre.
LE POMPIER Enfin, de quoi s’agit-il ?
Mme. SMITHMon mari prétendait…
M. SMITHNon, c’est toi qui prétendais.
M. MARTINOui, c’est elle.
Mme. MARTINNon, c’est lui.
LE POMPIER
Ne vous énervez pas. Racontez-moi ça,Madame SMITH.
Mme. SMITH
Eh bien, voilà. Ça me gêne beaucoup de vous
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parler franchement, mais un pompier estaussi un confesseur.
LE POMPIER
Eh bien ?
Mme. SMITHOn se disputait parce que mon mari disait que
orsqu’on enten d sonner à la por t e , il y aoujours quelqu’un.
M. MARTINLa chose est plausible.
Mme. SMITHEt moi, je disais qu e chaque fois qu e l’ononne, c’est qu’il n’y a personne.
Mme. MARTINLa chose peut paraître étrange.
Mme. SMITH
Mais elle est prouvée, non point par des
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démonstrations théoriques, mais par desaits.
M. SMITH
C’est faux , puisqu e le pompier est là . Il aonné, j’ai ouvert, il était là.
Mme. MARTIN
Quand ?M. MARTINMais tout de suite.
Mme
. SMITHOui, mais ce n’est qu’après avoir entenduonner une quatrième fois que l’on a trouvé
quelqu’un. Et la quatrième fois ne comptepas.
Mme. MARTINToujours. Il n’y a que les trois premières qucomptent.
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M. SMITHMonsieur le Capitaine, laissez-moi vous poser,à mon tour, quelques questions.
LE POMPIER llez-y.
M. SMITH
Quand j’ai ouvert et que je vous ai vu, c’étaitbien vous qui aviez sonné ?
LE POMPIER Oui, c’était moi.
M. MARTINous étiez à la porte ? Vous sonniez pour
entrer ?
LE POMPIER Je ne le nie pas.
M. SMITH, (à sa femme, victorieusement.)Tu vois ? j’avais raison. Quand on enten
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onner, c’est que quelqu’un sonne. Tu ne peupas dire que le Capitaine n’est pas quelqu’un.
Mme. SMITH
Certainement pas. Je te répète que je te parleulement des trois premières fois puisque l
quatrième ne compte pas.
Mme
. MARTINEt quand on a sonné la première fois, c’étaitvous ?
LE POMPIER
Non, ce n’était pas moi.
Mme. MARTINous voyez ? On sonnait e t il n’y avait
personne.
M. MARTINC’était peut-être quelqu’un d’autre ?
M. SMITH
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l y avait longtemps que vous étiez à la porte ?
LE POMPIER Trois quarts d’heure.
M. SMITHEt vous n’avez vu personne ?
LE POMPIER Personne. J’en suis sûr.
Mme. MARTINEst-ce que v o u s av e z entendu sonn e r la
deuxième fois ?
LE POMPIER Oui, ce n’était pas moi non plus. Et il n’y avaioujours personne.
Mme. SMITHictoire ! J’ai eu raison.
M. SMITH, (à sa femme.)
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Pas si vite. (Au Pompier.) Et qu’est-ce quevous faisiez à la porte ?
LE POMPIER
Rien. Je restais là. Je pensais à des tas dechoses.
M. MARTIN, (au pompier.)Mais la troisième fois… ce n’est pas v ous quaviez sonné ?
LE POMPIER Si, c’était moi.
M. SMITHMais quand on a ouvert, on ne vous a pas vu.
LE POMPIER
C’est parce que je me suis caché… pour rire.
Mme. SMITHNe riez pas, Monsieur le Capitaine. L’affaire esrop triste.
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M. MARTINEn somme, nous ne savons toujours pas sorsqu’on sonne à la porte, il y a quelqu’un o
non !
Mme. SMITHJamais personne.
M. SMITHToujours quelqu’un.
LE POMPIER
Je vais vous mettre d’accord. Vous avez un peaison tous les deux. Lorsqu’on sonne à lporte, des fois il y a quelqu’un, d’autres fois n’y a personne.
M. MARTINÇa me paraît logique.
Mme. MARTIN
Je le crois aussi.
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LE POMPIER Les choses sont simples, en réalité. (Aux époux SMITH.) Embrassez-vous.
Mme. SMITHOn s’est déjà embrassé tout à l’heure.
M. MARTINls s’embrasseront demain. Ils ont tout leemps.
Mme. SMITH
Monsieu r le Capitain e , puisque vous nousavez aidés à mettre tout cela au clair, mettez-vous à l’aise, enlevez votre casque etasseyez-vous un instant.
LE POMPIER Excusez-moi, mais je ne peux pas resterongtemps. Je veux bien enlever mon
casque, mais je n’ai pas le temps de
m’asseoir. (Il s’assoit, sans enlever son
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casque.) Je vous avoue que je suis venu chezvous pour tout à fait autre chose. Je suis enmission de service.
Mme. SMITHEt qu’est-ce qu’il y a pour votre service,Monsieur le Capitaine ?
LE POMPIER Je vais vous prier de vouloir bien excuser mondiscrétion (très embarrassé) ; euh (il montr
du doigt les époux MARTIN)… puis-je… devaneux…
Mme. MARTINNe vous gênez pas.
M. MARTINNous sommes de vieux amis. Ils nousacontent tout.
M. SMITH
Dites.
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LE POMPIER Eh bien, voilà. Est-c e qu’il y a le feu chezvous ?
Mme. SMITHPourquoi nous demandez-vous ça ?
LE POMPIER C’est parce que… excusez-moi, j’ai l’ordred’éteindre tous les incendies dans la ville.
Mme. MARTIN
Tous ?
LE POMPIER Oui, tous.
Mme SMITH, (confuse.)Je ne sais pas… je ne crois pas, voulez-vousque j’aille voir ?
M. SMITH, (reniflant.)
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l ne doit rien y avoir. Ça ne sent pas le roussi.4
LE POMPIER, (désolé.)Rien du tout ? Vous n’auriez pas un petit feu de
cheminée, quelque chose qui brûle dans legrenier ou dans la cave ? Un petit débud’incendie, au moins ?
Mme
. SMITHÉcoutez, je ne veux pas vous faire de lapein e mais je pens e qu’il n’y a rien cheznous pour le moment. Je vous promets devous avertir dès qu’il y aura quelque chose.
LE POMPIER N’y manquez pas, vous me rendriezervice.
Mme. SMITHC’est promis.
LE POMPIER, (aux époux MARTIN.)
Et chez vous, ça ne brûle pas non plus ?
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Mme. MARTINNon, malheureusement.
M. MARTIN, (au Pompier.)Les affaires vont plutôt mal, en ce moment !
LE POMPIER
Très mal. Il n’y a presque rien, quelquesbricoles, une cheminée, une grange. Rien deérieux. Ça ne rapporte pas. Et comme il n’y
a pas de rendement, la prime à la productionest très maigre.
M. SMITHRien ne va. C’est partout pareil. Le commerce’agriculture, cette année c’est comme pour leeu, ça ne marche pas.
M. MARTINPas de blé, pas de feu.
LE POMPIER
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Pas d’inondation non plus.
Mme. SMITHMais il y a du sucre.
M. SMITHC’est parce qu’on le fait venir de l’étranger.
Mme
. MARTINPour les incendies, c’est plus difficile. Tro p deaxes !
LE POMPIER
l y a tout de même, mais c’est assez rare aussune asphyxie au gaz, ou deux. Ainsi, une jeunemme s’est asphyxiée, la semaine dernière, el
avait laissé le gaz ouvert.
Mme. MARTINElle l’avait oublié ?
LE POMPIER
Non, mais elle a cru que c’était son peigne.
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M. SMITHCes confusions sont toujours dangereuses !
Mme. SMITHEst-ce que v ous êtes allé voir chez lemarchand d’allumettes ?
LE POMPIER Rien à faire. Il est assuré contre l’incendie.
M. MARTINllez donc voir, de ma part, le vicaire d
Wakefield !
LE POMPIER Je n’ai pas le droit d’éteindre le feu chez leprêtres. L’Evêque se fâcherait. Ils éteignen
eurs feux tout seuls ou bien ils le font éteindrpar des vestales.
M. SMITHEssayez voir chez Durand.
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LE POMPIER Je ne peux pas non plus. Il n’est pas Anglais. Ilest naturalisé seulement. Les naturalisés ont
e droit d’avoir des maisons mais pas celui dees faire éteindre si elles brûlent.
Mme SMITH
Pourtant , quand le feu s’y est mis l’annéedernière, on l’a bien éteint quand même !
LE POMPIER l a fait ça tout seul. Clandestinement. Oh,
c’est pas moi qui irais le dénoncer.
M. SMITHMoi non plus.
Mme. SMITHPuisque vous n’êtes pas trop pressé,Monsieur le Capitaine, restez encore un peu.
ous nous feriez plaisir.
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LE POMPIER oulez-vous que je vous raconte des
anecdotes ?
Mme. SMITHOh, bien sûr, vous êtes charmant. ( Elle’embrasse.)
M. SMITH, Mme
. MARTIN, M. MARTINOui, oui, des anecdotes, bravo !(Ils applaudissent.)
M. SMITH
Et ce qui est encore plus intéressant, c’est ques histoires de pompier sont vraies, toutes, e
vécues.
LE POMPIER
Je parle de choses que j’ai expérimentées moi-même. La nature, rien que la nature. Pas lesivres.
M. MARTIN
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C’est exact, la vérité ne se trouve d’ailleurs padans les livres, mais dans la vie.
Mme. SMITH
Commencez !
M. MARTINCommencez !
Mme. MARTINSilence, il commence.
LE POMPIER, (toussote plusieurs fois.)
Excusez-moi, ne me regardez pas comme ça.ous me gênez. Vous savez que je suis timide.
Mme SMITHl est charmant ! Elle
’embrasse.
LE POMPIER Je vais tâcher de commencer quand mêmeMais promettez-moi de ne pas écouter.
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Mme. MARTINMais, si on n’écoutait pas, on ne vousentendrait pas.
LE POMPIER Je n’y avais pas pensé !
M
me
. SMITHJe vous l’avais dit : c’est un gosse.
M. MARTIN, M. SMITHOh, le cher enfant !
(Ils l’embrassent.) 5
Mme. MARTINCourage.
LE POMPIER Eh bien, voilà . (Il toussote encore, puiscommence d’une voix que l’émotion fait rembler.) « Le Chien e t le bœuf », fable
expérimentale : une fois, un autre bœuf
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demandait à un autre chien : pourquoi n’as-u pas avalé ta trompe ? Pardon, répondit le
chien, c’est parce que j’avais cru que j’étaiséléphant.
Mme. MARTINQuelle est la morale ?
LE POMPIER C’est à vous de la trouver.
M. SMITHl a raison.
Mme SMITH, (furieuse.)Une autre.
LE POMPIER
Un jeune veau avait mangé trop de verre pilé.En conséquence, il fut obligé d’accoucher. Ilmit au monde une vache.Cependant, comme le veau était un garçon, vache ne pouvait pas l’appeler « maman ». El
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ne pouvait pas lui dire « papa » non plus, parcque le veau était trop petit. Le veau fut alorobligé de se marier avec une personne et mairie prit alors toutes les mesures édictées pa
es circonstances à la mode.
M. SMITHla mode de Caen.
M. MARTINComme les tripes.
LE POMPIER
ous la connaissiez donc ?
Mme. SMITHElle était dans tous les journaux.
Mme. MARTINÇa s’est passé pas loin de chez nous.
LE POMPIER Je vais vous en dir e une autre. « Le Coq. »
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Une fois, un coq voulut faire le chien. Mai s iln’eut pas de chance, car on le reconnut tout deuite.
Mme. SMITHPar contre, le chien qui voulut faire le coq n’aamais été reconnu.
M. SMITHJe vais vous en dir e une, à mon tour : « LSerpent et le renard. » Une fois, un serpen’approchant d’un renard lui dit : « Il memble que je vous connais ! » Le renard lu
épondit : « Moi aussi. » « Alors, dit le serpentdonnez-moi de l’argent. » « Un renard ndonne pas d’argent », répondit le rusé animaqui, pour s’échapper, sauta dans une valléprofonde pleine de fraisiers et de miel de pouleLe serpent l’y attendait déjà, en riant d’un rirméphistophélique. Le renard sortit son couteauen hurlant : « Je vais t’apprendre à vivre ! puis s’enfuit, en tournant le dos. Il n’eut pas d
chance. Le serpent fut plus vif. D’un cou p d
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poing bien choisi, il frappa le renard en pleinront, qui se brisa en mill e morceaux, tout en’écriant : « Non ! Non ! Quatre fois non ! Je nuis pas ta fille ! »
Mme. MARTINC’est intéressant.
Mme
. SMITHC’est pas mal.
M. MARTIN (il serre la main à M. SMITH).Mes félicitations.
LE POMPIER, (jaloux.)Pas fameuse. Et puis, je la connaissais.
M. SMITH
C’est terrible.
Mme. SMITHMais ça n’a pas été vrai.
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Mme. MARTINSi. Malheureusement.
M. MARTIN, (à M me SMITH.)
C’est votre tour, Madame.
Mme. SMITHJ’en connais une seule. Je vais vous la dire. Ell
’intitule : « Le Bouquet. »6
M. SMITHMa femme a toujours été romantique.
M. MARTINC’est une véritable Anglaise.
Mme. SMITHoilà : Une fois , un fiancé avait apporté un
bouquet de fleurs à sa fiancée qui lui dit merci mais avan t qu’elle lui eût dit merci, lui, sansdire un seul mot, lui prit les fleurs qu’il lui avaitdonnées pour lui donner une bonne leçon et, lu
disant je les reprends, il lui dit au revoir en les
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eprenant et s’éloigna par-ci, par-là.
M. MARTINOh, charmant ! (Embrasse ou n’embrasse
as M me SMITH.)
Mme. MARTINous avez une femme, Monsieu r SMITH,
dont tout le monde est jaloux.M. SMITHC’est vrai. Ma femme est l’intelligence mêmeElle est même plu s intelligent e que moi. En
out cas, elle est beaucoup plus féminine. On ledit.
Mme SMITH, (au Pompier.)Encore une, Capitaine.
LE POMPIER Oh non, il est trop tard.M. MARTIN
Dites quand même.
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LE POMPIER Je suis trop fatigué.
M. SMITHRendez-nous ce service.
M. MARTINJe vous en prie.
LE POMPIER Non.
Mme
. MARTINous avez un cœur d e glace. Nous sommes sudes charbons ardents.
Mme. SMITH , (tombe à ses genoux, en
anglotant, ou ne le fait pas.)Je vous en supplie.
LE POMPIER Soit.
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M. SMITH, (à l’oreille de M me MARTIN.)l accepte ! Il va encore nous embêter.
Mme. MARTINZut.
Mme. SMITH
Pas de chance. J’ai été trop polie.LE POMPIER « Le Rhume » : Mon beau-frère avait, du côtépaternel, un cousin germain dont un oncle
maternel avait un beau-père dont le grand-père paternel avait épousé en secondes nocesune j e u n e indigène dont le frère avaitencontré, dans un de ses voyages, une fille
dont il s’était épris et avec laquelle il eut un filsqui se maria avec une pharmacienne intrépidequi n’était autre que la nièce d’un quartier-maître inconnu de la Marine britannique etdont le père adoptif avait une tante parlant
couramment l’espagnol et qui était, peut-être,
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une des petites-filles d’un ingénieur, morteune, petit-fils lui-même d’un propriétaire de
vignes dont on tirait un vin médiocre, mais quiavait un petit-cousin, casanier, adjudant, dont
e fils avait épousé une bien jolie jeune femme,divorcée, dont le premier mari était le fils d’unincère patriote qui avait su élever dans le
désir de faire fortune une de ses filles qui put
e marier avec un chasseur qui avait connuRothschild et dont le frère, après avoir changéplusieurs fois de métier, se maria et eut uneille dont le bisaïeul, chétif, portait des lunettes
que lui avait données un sien cousin, beau-
rère d’un Portugais, fils naturel d’un meunier,pas trop pauvre, dont le frère de lait avait prispour femme la fille d’un ancien médecin decampagne, lui-même frère de lait du fils d’unaitier, lui-même fils naturel d’u n autre
médecin de campagne, marié trois fois de suitedont la troisième femme…
M. MARTIN
J’ai connu cette troisième femme, si je ne me
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rompe. Elle mangeait du poulet dans unguêpier.
LE POMPIER
C’était pas la même.
Mme. SMITHChut !
LE POMPIER Je dis :… dont la troisième femme était la fillede la meilleure sage-femme de la région et qui,veuve de bonne heure…
M. SMITHComme ma femme.
LE POMPIER
… s’était remariée avec un vitrier, pleind’entrain, qu i avait fait, à la fille d’un che f degare, un enfant qui avait su faire son chemindans la vie…
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Mme. SMITHSon chemin de fer…
M. MARTIN
Comme aux cartes.
LE POMPIER Et avait épousé une marchande de neuf saison
dont le père avait un frère, maire d’une petitville, qui avait pris pour femme une institutricblonde dont le cousin, pêcheur à la ligne…
M. MARTIN
la ligne morte ?
LE POMPIER … avait pris pour femme une autrenstitutrice blonde, nommée elle aussi
Marie, dont le frère s’était marié à uneautre Marie, toujours institutrice blonde…
M. SMITH
Puisqu’elle est blonde, elle ne peut être qu
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Marie.
LE POMPIER … et dont le père avait été élevé au Canada pa
une vieille femme qui était la nièce d’un curédont la grand-mère attrapait, parfois, en hivercomme tout le monde, un rhume.
Mme
. SMITHCurieuse histoire. Presque incroyable.
M. MARTINQuand on s’enrhume, il faut prendre des
ubans.
M. SMITHC’est un e précaution inutile, maisabsolument nécessaire.
Mme. MARTINExcusez-moi, Monsieur le Capitaine, mais jen’ai pas très bien compris votre histoire. À la
in , quand on arrive à la grand-mère du
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prêtre, on s’empêtre.
M. SMITHToujours, on s’empêtre entre les pattes du
prêtre.
Mme. SMITHOh oui, Capitaine, recommencez ! tout le
monde vous le demande.LE POMPIER
h ! je ne sais pas si je vais pouvoir. Je suis enmission de service. Ça dépend de l’heure qu’i
est.
Mme. SMITHNous n’avons pas l’heure, chez nous.
LE POMPIER Mais la pendule ?
M. SMITH
Elle marche mal. Elle a l’esprit de
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contradiction. Elle indique toujours lecontraire de l’heure qu’il est.
SCÈNE IX
LES MÊMES, AVEC MARY
MARY Madame… Monsieur…
Mme. SMITH
Que voulez-vous ?
M. SMITHQue venez-vous faire ici ?
MARY
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Que Madame et Monsieur m’excusent… et cesDames et Messieurs aussi… je voudrais… jevoudrais… à mon tour… vous dire uneanecdote.
Mme. MARTINQu’est-ce qu’elle dit ?
M. MARTINJe crois que la bonne de nos amis devientolle… Elle veut dire elle aussi une anecdote.
LE POMPIER
Pour qui se prend-elle ? (Il la regarde.) Oh !
Mme. SMITHDe quoi vous mêlez-vous ?
M. SMITHous êtes vraiment déplacée, Mary…
LE POMPIER
Oh ! mais c’est elle ! Pas possible.
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M. SMITHEt vous ?
MARY Pas possible ! ici ?
Mme. SMITHQu’est-ce que ça veut dire, tout ça !
M. SMITHous êtes amis ?
LE POMPIER Et comment donc !(Mary se jette au cou du Pompier.)
MARY
Heureuse de vous revoir… enfin !
M. et Mme SMITHOh !
M. SMITH
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C’est trop fort , ici, chez nou s , dans lesenvirons de Londres.
Mme. SMITH
Ce n’est pas convenable !…
LE POMPIER C’est elle qui a éteint mes premiers feux.
MARY Je suis son petit jet d’eau.
M. MARTIN
S’il en est ainsi… chers amis… ces sentimentsont explicables, humains,honorables…
Mme. MARTIN
Tout ce qui est humain est honorable.
Mme. SMITHJe n’aim e quand même pas la voir là… parm
nous…
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M. SMITHElle n’a pas l’éducation nécessaire…
LE POMPIER Oh, vous avez trop de préjugés.
Mme. MARTIN
Moi je pense qu’une bonne, en somme, bienque cela ne me regarde pas, n’est jamaisqu’une bonne…
M. MARTIN
Même si elle peut faire, parfois, un assez bondétective.
LE POMPIER Lâche-moi.
MARY Ne vous en faites pas !… Ils ne sont pas siméchants que ça.
M. SMITH
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Hu m … hum… vous êtes attendrissants,ous les deux, mais aussi un peu… un peu…
M. MARTIN
Oui, c’est bien le mot.
M. SMITH… Un peu trop voyants…
M. MARTINl y a une pudeur britannique, excusez-mo
encore une fois de préciser ma penséencomprise des étrangers, même spécialistes
grâce à laquelle, pour m’exprimer ainsi… enfine ne dis pas ça pour vous…
MARY Je voulais vous raconter…
M. SMITHNe racontez rien…
MARY
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Oh si !
Mme.SMITH
llez, ma petite Mary, allez gentiment à lacuisine y lire vos poèmes, devant la glace…
M. MARTIN
Tiens, sans être bonne, moi aussi je lis depoèmes devant la glace.
Mme. MARTINCe matin, quand tu t’es regardé dans la glace
u ne t’es pas vu.
M. MARTINC’est parce que je n’étais pas encore là…
MARY Je pourrais, peut-être, quand même vouséciter un petit poème.
M
me
. SMITH
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Ma petit e Mary, vous êtesépouvantablement têtue.
MARY
Je vais vous réciter un poème, alors, c’esentendu ? C’est un poème qui s’intitule « LFeu » en l’honneur du Capitaine.LE FEULes polycandres brillaient dans les boisUne pierre prit feuLe château prit feuLa forêt prit feuLes hommes prirent feu
Les femmes prirent feuLes oiseaux prirent feuLes poissons prirent feuL’eau prit feuLe ciel prit feu
La cendre prit feuLa fumée prit feuLe feu prit feuTout prit feu
Prit feu, prit feu.
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lle dit le poème poussée par les SMITH hors de la pièce.
SCÈNE X
LES MÊMES, SANS MARY
Mme. MARTINÇa m’a donné froid dans le dos…
M. MARTINl y a pourtant une certaine chaleur dans ces
vers.
LE POMPIER J’ai trouvé ça merveilleux.
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Mme. SMITHTout de même…
M. SMITHous exagérez…
LE POMPIER
Écoutez, c’est vrai… tout ça c’est trèsubjectif… mais ça c’est ma conception dumonde. Mon rêve. Mon idéal… et puis ça meappelle que je dois partir. Puisque vous n’avez
pas l’heure, moi, dans trois quarts d’heure et
eize minutes exactement j’ai un incendie, à’aut r e bou t de la ville. I l faut que je me
dépêche. Bien que ce ne soit pas grand-chose.
Mme. SMITHQu’est-ce que ce sera ? Un petit feu decheminée ?
LE POMPIER
Oh même pas. Un feu de paille et une
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petite brûlure d’estomac.
M. SMITHlors, nous regrettons votre départ.
Mme. SMITHous avez été très amusant.
Mme
. MARTINGrâce à vous, nous avons passé un vraiquart d’heure cartésien.
LE POMPIER (se dirige vers la sortie, pui
’arrête.)propos, et la Cantatrice chauve ?(Silence général, gêne.)
Mme. SMITHElle se coiffe toujours de la même façon.
LE POMPIER h ! Alors au revoir, Messieurs, Dames.
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M. MARTINBonne chance, et bon feu !
LE POMPIER
Espérons-le. Pour tout le monde.
Le Pompier s’en va. Tous le conduisent usqu’à la porte et reviennent à leurs
laces.
SCÈNE XI
LES MÊMES, SANS LE POMPIER
Mme. MARTINJe peux acheter un couteau de poche pour mo
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rère, mais vous ne pouvez acheter l’Irlandpour votre grand-père.
M. SMITH
On marche avec les pieds, mais on seéchauffe à l’électricité ou au charbon.
M. MARTIN
Celu i qui ven d aujourd’h u i un bœuf, demainaura un œuf.
Mme. SMITHDans la vie, il faut regarder par la fenêtre.
Mme. MARTINOn peut s’asseoir sur la chaise, lorsque lachaise n’en a pas.
M. SMITHl faut toujours penser à tout.
M. MARTIN
Le plafond est en haut, le plancher est en bas.
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Mme. SMITHQuand je dis oui, c’est une façon de parler.
Mme. MARTINchacun son destin.
M. SMITH
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendrvicieux !
Mme. SMITHLe maître d’école apprend à lire aux enfants,
mais la chatte allaite ses petits quand ils sontpetits.
Mme. MARTINCependant q u e la vache nous donne sesqueues.
M. SMITHQuand je suis à la campagne, j’aime la
olitude et le calme.
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M. MARTINous n’êtes pas encore assez vieux pour cela.
Mme. SMITHBenjamin Franklin avait raison : vous êtemoins tranquille que lui.
M
me
. MARTINQuels sont les sept jours de la semaine ?
M. SMITHMonday, Tuesday, Wednesday, Thursday,
Friday, Saturday, Sunday.
M. MARTINEdward is a clerk ; his sister Nancy is ay pist, and his brother William a shop-
assistant.
Mme. SMITHDrôle de famille !
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Mme. MARTINJ’aime mieux un oiseau dans un champ qu’unchaussette dans une brouette.
M. SMITHPlutôt un filet dans un chalet, que du lait dansun palais.
M. MARTINLa maison d’un Anglais est son vrai palais.
Mme SMITHJe ne sais pas assez d’espagnol pour me faire
comprendre.
Mme. MARTINJe te donnerai les pantoufles de ma belle-mèrei tu me donnes le cercueil de ton mari.
M. SMITHJe cherche un prêtre monophysite p our lemarier avec notre bonne.
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M. MARTINLe pain est un arbre tandis que le pain est aussun arbre, et du chêne naît un chêne, tous lematins à l’aube.
Mme SMITHMon oncle vit à la campagn e mais ça neegarde pas la sage-femme.
M. MARTINLe papier c’est pour écrire, le chat c’est poure rat. Le fromage c’est pour griffer.
Mme
. SMITHL’automobile va très vite, mais la cuisinièrprépare mieux les plats.
M. SMITH
Ne soyez pas dindons, embrassez plutôt lconspirateur.
M. MARTINCharity begins at home.
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Mme. SMITHJ’attends que l’aqueduc vienne me voir à monmoulin.
M. MARTINOn peut prouver que le progrès social est bienmeilleur avec du sucre.
M. SMITHbas le cirage !
la suit e de cet t e dernière répliqu e de
. SMITH, les autres se taisent un instanttupéfaits. On sent qu’il y a un certainénervement. Les coups que frappe la penduleont plus nerveu x aussi. Les répliques quuivent doivent être dites, d’abord, sur un ton
glacial, hostile. L’hostilité et l’énervement irone n grandissant. À la fin de cette scène, lesquatre personnages devront se trouvedebout, tout près les uns des autres, crian
eurs répliques, levant les poings, prêts à se
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eter les uns sur les autres.
M. MARTINOn ne fait pas briller ses lunettes avec du
cirage noir.
Mme. SMITHOui, mais avec l’argent on peut acheter tout
ce qu’on veut.M. MARTINJ’aime mieux tuer un lapin que de chanterdans le jardin.
M. SMITHKak at oè s, kakatoès, kakatoès, kakatoès,k ak at oès, kakatoès, kakatoès, kakatoès,kakatoès, kakatoès.
Mme. SMITHQuelle cacade, quelle cacade, quellecacade , quelle cacade, quelle cacade,
quelle cacade, quelle cacade, quelle
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cacade, quelle cacade.
M. MARTINQuelle cascade de cacades, quelle cascade de
cacades, quelle cascade de cacades, quellecascade de cacades, quelle cascade de cacades,quelle cascade de cacades, quelle cascade decacades, quelle cascade de cacades.
M. SMITHLes chiens ont des puces, les chiens ont despuces.
Mme. MARTINCactus, Coccyx ! coccus ! cocardard ! cochon !
Mme. SMITHEncaqueur, tu nous encaques.
M. MARTINJ’aime mieux pondre un œuf que voler unbœuf.
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Mme MARTIN, (ouvrant tout grand lbouche.)
h ! oh ! ah ! oh ! laissez-moi grincer des dents
M. SMITHCaïman !
M. MARTIN
llons gifler Ulysse.M. SMITHJe m’en vais habiter ma Cagna dans mescacaoyers.
Mme. MARTINLes cacaoyers des cacaoyères donnent pas decacahuètes, donnen t du cacao ! Les cacaoyerdes cacaoyères donnent pas des cacahuètesdonnent du cacao ! Les cacaoyers decacaoyères donnent pas des cacahuètesdonnent du cacao.
Mme
. SMITH
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Les souris ont des sourcils, les sourcils n’ontpas de souris.
Mme. MARTIN
Touche pas ma babouche !
M. MARTINBouge pas la babouche !
M. SMITHTouche la mouche, mouche pas la touche.
Mme. MARTIN
La mouche bouge.
Mme. SMITHMouche ta bouche.
M. MARTINMouch e le chasse-mouche, mouche lechasse-mouche.
M. SMITH
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Escarmoucheur escarmouche !
Mme. MARTINScaramouche !
Mme. SMITHSainte-Nitouche !
M. MARTINT’en as une couche !
M. SMITHTu m’embouches.
Mme. MARTINSainte Nitouche touche ma cartouche.
Mme. SMITH
N’y touchez pas, elle est brisée.
M. MARTINSully !
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M. SMITHPrudhomme !
Mme. MARTIN, M. SMITH
François.
Mme SMITH, M. MARTINCoppée.
Mme. MARTIN, M. SMITHCoppée Sully !
Mme SMITH, M. MARTIN
Prudhomme François.
Mme. MARTINEspèces de glouglouteurs, espèces dglouglouteuses.
M. MARTINMariette, cul de marmite !
Mme
. SMITH
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Khrishnamourti, Khrishnamourti,Khrishnamourti !
M. SMITH
Le pape dérape ! Le pape n’a pas deoupape. La soupape a un pape.
Mme. MARTIN
Bazar, Balzac, Bazaine !M. MARTINBizarre, beaux-arts, baisers !
M. SMITH, c, i, o, u, a, c, i, o, u, a, c, i, o, u, i !
Mme. MARTINB, c, d, f, g, 1, m, n, p, r, s, t, v, w, x, z !
M. MARTINDe l’ail à l’eau, du lait à l’ail !
Mme
SMITH, (imitant le train.)
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Teuff, teuff, teuff, teuff, teuff, teuff, teuff, teufeuff, teuff, teuff !
M. SMITH
C’est !
Mme. MARTINPas !
M. MARTINPar !
Mme. SMITH
Là !
M. SMITHC’est !
Mme. MARTINPar !
M. MARTIN!
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Mme. SMITHCi !
T o us ensembles, au comble de la fureur,hurlen t les uns aux oreilles des autres. Laumière s’est éteinte. Dans l’obscurité on
entend sur un rythme de plus en plus rapide :
TOUS ENSEMBLEC’est pas par là, c’est par ici, c’est pas par làc’est par ici, c’est pas par là, c’est par ici, c’espas par là, c’est par ici, c’est pas par là, c’es
par ici, c’est pas par là, c’est par ici 7 !
Les paroles cessent brusquement. Denouveau, lumière. M. et M me MARTIN sont assis comme les SMITH au début de la pièce.La pièce recommence avec les MARTIN, quidisent exactement les répliques des SMITHdans la première scène, tandis que le rideaue ferme doucement.
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RIDEAU
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NOTES
. Dans la mise en scène de Nicolas Bataille,Mme SMITH ne montrait pas ses dents, neetait pas très loin les chaussettes.
2. Dans la mise en scène de Nicolas Bataille, cedialogue était dit et joué sur un ton et dans untyle sincèrement tragiques.
3. L’expression « environ » était remplacée, à
a représentation , par « e n ballon », malgréune très vive opposition de l’auteur.
4. Dans la mise en scène de M. Nicolas Bataille
M. et M
me
MARTIN reniflent aussi.
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5. Dans la mise en scène de M. Nicolas Batailleon n’embrasse pas le Pompier.
6. Cette anecdote a été supprimée à laeprésentation. Mme. SMITH faisait seulemenes gestes, sans sortir aucun son de sa bouche.
7. Note : À la représentation certaines deépliques de cette dernière scène ont étupprimées ou interchangées. D’autre part ecommencement final – peut-on dire – saisait toujours avec les SMITH, l’auteu
n’ayant eu l’idée lumineuse de substituer leMARTIN au x SMITH qu’après la centièm