UNIVERSITE D‟ANTANANARIVO
FACULTE DE DROIT, D‟ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE
DEPARTEMENT ECONOMIE
-------------^_^------^_^-------------
MAITRISE - Option : ADMINISTRATION
----------^_^------^_^----------
Mémoire de fin d’études pour l’obtention du diplôme
Maîtrise ès-Sciences Economiques
Présenté par: STELLA FANIRY Li Wing Hong
Sous l‟encadrement de: Monsieur SALAVA Julien
Année Universitaire : 2013-2014
Date de soutenance : 12 Mai 2015
FINANCEMENT EXTERNE DES
MICRO-ENTREPRISES ET PME A
MADAGASCAR
UNIVERSITE D‟ANTANANARIVO
FACULTE DE DROIT, D‟ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE
DEPARTEMENT ECONOMIE
-------------^_^------^_^-------------
MAITRISE - Option : ADMINISTRATION
----------^_^------^_^----------
Mémoire de fin d’études pour l’obtention du diplôme
Maîtrise ès-Sciences Economiques
Présenté par: STELLA FANIRY Li Wing Hong
Sous l‟encadrement de: Monsieur SALAVA Julien
Année Universitaire : 2013-2014
Date de soutenance : 12 Mai 2015
FINANCEMENT EXTERNE DES
MICRO-ENTREPRISES ET PME A
MADAGASCAR
i
REMERCIEMENT
Nous ne saurions nous taire face à la grandeur de notre DIEU Tout puissant, source de
tout ce qui est, nous LUI adressons nos plus vifs remerciements, de nous avoir donné la force,
le courage, et surtout la santé tout au long de nos investigations, dans les recherches que nous
avons entreprises pour la réalisation de cet ouvrage.
Nous remercions également de tout cœur :
Monsieur RAMANOELINA Panja, Professeur titulaire, président de l‟Université
d‟Antananarivo, sans qui, l‟existence même de cette université n‟a pas sa raison
d‟être ;
Monsieur RAKOTO David, Doyen de la Faculté de Droit, d‟Economie, de
Gestion et de Sociologie, pour sa gestion dans l‟organisation ;
Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimée, Chef du Département Economie,
pour l‟accord et la validation de notre travail de mémoire ;
Monsieur SALAVA Julien pour toute l‟aide qu‟il a portée à mon égard, pour tout le
temps qu‟il a bien voulu me consacrer et pour ses précieux conseils.;
Tous les enseignants sans exception de nous avoir fourni les cours nécessaires durant
les quatre années universitaires auxquelles ils ont dévoué corps et âmes afin de nous
transmettre leur savoir ;
Madame le responsable du Centre de documentation de l‟INSTAT
Madame le Coordinateur de guichet unique de l‟EDBM
Le Directeur de l‟Agence BFV-SG Anosizato
Le Responsable de l‟Agence PAMF Antsahavola
Toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce
travail et qui nous ont toujours soutenus tout au long des recherches.
Nous tenons à vous exprimer toute notre reconnaissance et notre immense gratitude, que
DIEU vous garde et vous bénisse.
ii
SOMMAIRE
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
LISTE DES ABREVIATIONS
INTRODUCTION
PARTIE I : THEORIES SUR L’IMPORTANCE DU DEVELOPPEMENT
FINANCIER DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET ETAT DE LIEU
DES MICRO-ENTREPRISES ET PME A MADAGASCAR
Chapitre 1 : DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE ECONOMIQUE
Section I : Les concepts de la croissance
I-1. Les théories sur la croissance économique
I-2. La mesure de la croissance économique
Section II : Relation entre institutions financières et croissance économique
II-1. Les institutions financières
II-2. Revue de la littérature sur la relation entre le développement
financier et croissance économique
Chapitre 2 : GENERALITE SUR LES MICRO-ENTREPRISES ET PME
A MADAGASCAR
Section I : Cadre général
I-1. Etat de lieu des micro-entreprises et PME à Madagascar
I-2. Aperçu des entreprises créées à Madagascar
Section II : Spécificités et mode financement des micro-entreprises et PME
II-1. Les caractéristiques propres aux micro-entreprises et PME
II-2. Les comportements financiers des micro-entreprises et PME
PARTIE 2 : ANALYSE DE L’IMPORTANCE DU FINANCEMENT EXTRENE
DES MICRO-ENTREPRISES ET PME
Chapitre 1 : PLACE DES MICRO-ENTREPRISES ET PETITES ET MOYENNES
ENTREPRISES A MADAGASCAR
Section I: Rôles des Micro-entreprises et PME
Section II : L‟environnement des affaires pour le secteur des micro-entreprises
et PME
II-1. L‟environnement interne des micro-entreprises et PME
II-2. L‟environnement externe des micro-entreprises et PME
Section III : Les principales contraintes des Micro-entreprises et PME
iii
Chapitre 2 : ANALYSE DU FINANCEMENT EXTERNE DES MICRO-
ENTREPRISES ET PME (CAS DE BFV-SG ET DE PAMF) ET
PROPOSITION DE SOLUTIONS
Section I : Analyse du financement externe des micro-entreprises et PME.
Cas de la BFV-SG et de la PAMF
I-1. Présentation des zones d‟étude
I-2. Les critères de sélection des dossiers de demande d‟octroi de
crédits
I-3. Procédures d‟octroi de crédits
Section II : Analyse critique du financement des micro-entreprises et PME
II-1. Les problèmes rencontrés au niveau des institutions financières
II-2. Les problèmes propres aux micro-entreprises et PME
Section III : Propositions de solutions
III-1. Solutions aux problèmes de financement des micro-entreprises
et PME
III-2. Solutions aux difficultés propres des micro-entreprises et PME
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
ANNEXE
TABLES DES MATIERES
iv
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Les théories de la croissance économique………………………………………...8
Tableau 2 : Liste des banques territoriales présentes à Madagascar…………………………..9
Tableau 3 : Différenciation des types d‟entreprises à Madagascar…………………………...20
Tableau 4: Répartition de l‟effectif total des établissements formels créés à Madagascar
par secteur d‟activité…………………………………………………………….21
Tableau 5 : Répartition de l‟effectif total des établissements formels créés à Madagascar
par branches d‟activité en2012………………………………………………….22
Tableau 6 : Répartition de l‟effectif total des établissements formels créés à Madagascar
selon la forme juridique………………………………………………………….23
Tableau 7 : Emplois nouvellement créés entre 2006 et 2008 (emploi permanent)…………...31
Tableau 8 : Structure des Chiffres d‟Affaires, de la Valeur Ajoutée et des Investissements
dans le secteur privé (Unité: Millions d‟Ariary)…………………………............32
Tableau 9: Classement et variation du classement de Madagascar selon l‟indicateur
Doing Business…………………………………………………………………...34
v
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Fonction du système financier et canaux de transmission du développement
financier à la croissance économique……………………………………………...18
Figure 2: Circuit d‟un dossier de crédit au sein de la BFV – SG……………………………..41
Figure 3: Circuit d‟un dossier de crédit au sein de la PAMF…………………………………44
vi
LISTE DES ABREVIATIONS
ASM : Avance Sur Marchandises
ASP : Avance Sur Produits
BFV – SG : Banky Fampandrosoana ny Varotra – Société Générale
COI: Commission de l‟Océan Indien
DB: Doing Business
EDBM: Economic Development Board of Madagascar
EPM : Enquête Périodique auprès des Ménages
FDGM : Fonds De Garantie Malgache
FMI : Fonds Monétaire International
FTHM : Finance, Technologie, Human ressources, Management
IDH : Indice de Développement Humain
IMF : Institutions de Microfinance
INSTAT : Institut National de la Statistique
PAMF : Première Agence de Microfinance
PIB : Produit Intérieur Brut
PME / PMI : Petites et Moyennes Entreprises / Petites et Moyennes Industries
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PNSP : Programme d‟appui National pour le Secteur Privé
RNDH : Rapport National de Développement Humain
TBB : Taux de Base Bancaire
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
VA : Valeur Ajoutée
1
INTRODUCTION
Actuellement, Madagascar semble encore avoir beaucoup de mal à sortir du sous-
développement dans lequel elle se trouve à cause des crises répétitives qui empêchent le pays
de trouver une stabilité. Cela s‟est traduit par une réduction des volumes de financement
international et la réduction aussi de bon nombre d‟investissement source de croissance
économique du pays. Par conséquent, ces changements provoquent une influence sur la
population et sur les entreprises malgaches, tant du point de vue social que du point de vue
économique.
La promotion du secteur privé est l‟un des moyens le plus efficace de redressement
économique. Les entreprises privées contribuent sans équivoque, grâce à leur valeur ajoutée, à
l‟augmentation des variables macroéconomiques. Mais ce qui nous intéresse ici, ne sont pas
les grandes entreprises mais au contraire les micro-entreprises et les PME. Malgré leur petite
taille, ces entreprises peuvent avoir une place importante dans l‟économie d‟un pays. Le cas
de l‟Allemagne nous témoigne de l‟importance de ces entreprises; ces entreprises de taille
inférieure sont l‟un des facteurs de son développement. En effet, « l‟économie allemande ne
serait rien sans son Mittelstand, cette catégorie d‟entreprises occupant jusqu‟à 500 salariés et
réalisant un chiffre d‟affaires annuel de moins de 50 millions d‟Euros. En Allemagne, plus de
trois millions d‟entreprises répondent à la définition de PME, alors qu‟on n‟y recense que
4 400 grands groupes. Autrement dit : 99,6 % des sociétés soumises à la taxe sur le chiffre
d‟affaires sont des PME. Elles occupent 70 % de tous les actifs, forment 80 % des apprentis,
engendrent la moitié environ du PIB et réalisent quelque 50 % des investissements bruts »1.
Pour le cas de Madagascar, les micro-entreprises et PME ont toujours été majoritaires,
statistiquement, elles représentent plus de 90%2 des entreprises malgaches. En dépit de leur
hétérogénéité, elles contribuent à la croissance économique du pays surtout en termes de
création d‟emplois. Cependant, elles sont plus touchées par l‟instabilité économique que les
Grandes-entreprises du fait de la vulnérabilité de leurs situations financières. Pour y remédier,
L‟Etat malgache a récemment adopté une politique rapide et durable à la croissance
économique du pays. Ainsi le régime actuel incite les opérateurs économiques pour
s‟investir dans le pays; le secteur bancaire et de la microfinance ont connu depuis quelques
1 EBERHARD Vogt, 2008. Les PME allemandes veulent une baisse des prélèvements, pas de subventions,
Regard sur l‟économie allemande, 9p
2 Insitut National de la Statistique, 2008
2
années un développement accéléré, ces institutions financières jouent un rôle très utile à
l‟échelle mondiale, mais surtout à l‟économie d‟un pays comme Madagascar suivant sa
politique rapide et durable.
Selon A. Joseph3: « les banques sont les intermédiaires financiers les plus efficaces
dans un premier temps dans les pays en développement en raison des structures productives,
du manque de fiabilité des données comptables et de l‟étroitesse des marchés. » Et selon le
Programme d‟appui National au Secteur Privé (PNSP), les entreprises de taille inférieure
constituent le moteur du développement.
Malgré le rôle-clef des micro-entreprises et l‟effort du gouvernement pour le
développement du secteur des institutions financières, ces entreprises se heurtent à des
innombrables obstacles surtout en matière de financement. En effet, à cause de la conjoncture
politico-économique actuelle, les institutions financières sont amenées automatiquement à
réduire leur appréciation du risque lors des accords de crédits aux entreprises. Pourtant, les
petites entreprises sont souvent touchées par des difficultés financières qui ne peuvent-être
réglées que par des financements externes faute de capacité d‟autofinancement. Ce qui nous
amène à traiter le thème : « Financement externe des micro-entreprises et des PME à
Madagascar».
La banque et la microfinance aident les entreprises dans leur financement en cas de
difficultés financières. Il ne faut pourtant pas oublier que ce sont aussi des entreprises
commerciales qui cherchent à faire des profits grâce à leurs activités. Ces institutions doivent
à tout moment éviter les différents risques pour ne pas déposer bilan. Par conséquent, elles
cherchent à étendre les procédures d‟octroi de crédits et les critères d‟éligibilité des
demandeurs de crédit. Pourtant, cette inflexibilité des exigences de toutes sortes décourage les
entreprises et les incite à renoncer au financement apporté par les institutions financières.
C‟est pourquoi, des théoriciens débattent sur le lien entre le développement du secteur
financier et le secteur privé et la causalité du développement. Ce qui nous pousse à poser la
problématique générale: L’octroi de crédits aux micro-entreprises et PME par les
institutions financières contribue-t-il à la croissance économique de Madagascar ?
L‟objectif de ce mémoire est de mesurer l‟importance de la relation entre les
institutions financières et les micro-entreprises et PME dans l‟économie malgache.
3 A. JOSEPH, 2000. Le rationnement du crédit dans les pays en développement : le cas du Cameroun et de
Madagascar, L‟Harmattan.
3
Nous allons ainsi poser deux hypothèses relatives à cette recherche: premièrement, les
micro-entreprises et PME ont un rôle important dans l‟économie malgache et ; deuxièmement,
les institutions financières favorisent le développement des micro-entreprises et PME par le
biais de financement externe.
Afin de mener à bien notre étude, les méthodes de travail que nous avons retenues sont
la consultation d‟ouvrages, la navigation sur internet, la consultation des centres de
documentation (INSTAT, EDBM), la descente sur terrain dans les zones d‟études (BFV-SG,
PAMF). Grace à ces méthodes, nous avons pu recueillir les informations et données
nécessaires pour la finalisation de ce travail. Nous avons choisi le cas d‟une banque primaire
et d‟une microfinance afin de faire une analyse des financements des micro-entreprises et
PME dans les deux domaines. Ainsi, pour mener à bien notre analyse et pour valoriser la
présentation du travail de recherche, nous allons subdiviser notre travail en deux grandes
parties :
Principalement, la première partie est concentrée sur les théories sur l‟importance du
développement financier et l‟état de lieu des micro-entreprises et PME à Madagascar. Elle est
constituée de deux grands chapitres. Le premier chapitre portera sur la relation entre le
développement financier et la croissance économique. Il sera subdivisé en deux sections : la
première présentera les différents concepts de la croissance économique et la deuxième
concerne la relation entre institutions financières et croissance économique. Ensuite, dans le
second et dernier chapitre de cette partie, nous allons aborder la généralité sur les micro-
entreprises et PME à Madagascar. Il s‟agit de leur état de lieu, d‟un aperçu des entreprises
créées, et de leurs comportements financiers.
La seconde partie, quant à elle, sera une approche plus analytique, c‟est une analyse de
l‟importance du financement externe des micro-entreprises et PME. Elle sera également
composée de deux grands chapitres. Dans le premier chapitre, nous allons voir la place des
micro-entreprises et PME à Madagascar notamment, leurs rôles, leurs environnements
d‟affaires et leurs principales contraintes. Quant au dernier chapitre, il portera sur l‟analyse du
financement de ces entreprises où nous prendrons le cas de la banque primaire BFV-SG et de
la microfinance PAMF. Nous allons y aborder une analyse de leur processus d‟octroi de
crédit, puis nous en déduirons les différents problèmes rencontrés au niveau de ces institutions
financières et au niveau des entreprises elles-mêmes et ; enfin, nous allons essayer de suggérer
quelques propositions d‟actions.
4
PARTIE I : THEORIES SUR L’IMPORTANCE
DU DEVELOPPEMENT FINANCIER
DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET
ETAT DE LIEU DES MICRO-ENTREPRISES
ET PME A MADAGASCAR
5
Chapitre 1 : DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE
ECONOMIQUE
Dans ce chapitre, nous allons voir la relation entre le développement financier et la
croissance économique. Il est constaté que les institutions financières jouent un rôle clef dans
le processus économique mais ce qui est important est de savoir dans quelle mesure. Ainsi,
nous allons d‟abord voir dans la première section les concepts qu‟il faut connaitre sur la
croissance économique et dans la deuxième section, nous verrons la relation entre les
institutions financières et la croissance économique.
Section I : Les concepts de la croissance
Cette section est concentrée sur les notions à savoir sur la croissance économique.
Pour avoir une bonne base de connaissance, nous allons tout d‟abord voir dans le premier
paragraphe les théories sur la croissance économique où seront cités les différents auteurs et
leurs théories. Et ensuite, nous analyserons comment mesurer de la croissance économique.
I-1. Les théories sur la croissance économique :
I-1-1. Les précurseurs :
Depuis plus de deux siècles, les économistes s‟interrogent sur les causes de la
croissance. Adam Smith, Thomas Malthus, David Ricardo et Karl Marx sont les véritables
précurseurs de cette réflexion.
La division internationale d‟Adam Smith (1776)4
Adam Smith met en évidence le rôle de la division du travail comme facteur de
croissance. Cette division du travail se trouve renforcée par la participation du pays au
commerce international (théorie des avantages absolus). L‟optimisme de Smith apparaît à
travers les traits d‟une croissance illimitée (elle dure tant que l‟on peut étendre la division du
travail et le marché).
4 SMITH Adam, 1776. Recherches sur la nature et les causes de la Richesse des Nations.
6
Le principe de population de Thomas Malthus (1796)5
Thomas Malthus considère que la croissance est limitée en raison de la démographie
galopante. Il attribue la misère en Angleterre au décalage entre deux lois : la loi de
progression arithmétique des subsistances et la loi de progression géométrique.
Les rendements décroissants de David Ricardo (1817)6
David Ricardo souligne que la croissance est limitée par la loi des rendements
décroissants. La valeur ajoutée se répartit entre trois agents : les propriétaires fonciers (rente
foncière), salariés (salaire de subsistance) et le capitaliste (profit). Lorsque la population
s‟accroît, il convient d‟augmenter la production agricole, or les nouvelles terres mises en
culture sont de moins en moins productives. L‟économie atteint la situation d‟état
stationnaire. Afin de retarder cette situation, Ricardo préconise de s‟ouvrir au commerce
international (théorie des avantages comparatifs).
I-1-2. Schumpeter (1911) et le rôle de l‟entrepreneur7
Joseph Schumpeter fait du progrès industriel la clé du changement. L‟analyse
schumpeterienne est intéressante car elle ne repose pas seulement sur le progrès technique,
sur l‟évolution des connaissances ou les grandes inventions. Schumpeter y ajoute un autre
élément clef : le chef d‟entreprise qui prend le risque de lancer un nouveau produit ou
une nouvelle façon de produire .
I-1-3. Les modèles de croissance post-keynésiens : Modèles d‟Harrod-Domar8
A la suite de la crise de 1929, de nombreux économistes inspirés par les travaux de
J.M Keynes, vont s‟interroger sur les possibilités d‟une croissance équilibrée.
Le point de départ de Domar est de considérer que l‟investissement exerce une
double influence sur l‟économie :
- Du côté de la demande, la variation de l‟investissement détermine (par le
principe du multiplicateur keynésien) le niveau de revenu et de la demande globale. C‟est
l‟effet revenu.
5 MALTHUS Robert, 1796. Essai sur le principe de population.
6 RICARDO David., 1817. Les principes de l’économie politique et de l’impôt.
7 SCHUMPETER Joseph, 1939. Business Cycles, A theorical, Historical, and statistical Analysis of the capitalist
Process. 8 HARROD Roy., 1960. Second essay in dynamic Theory, Economic Journal.
7
- Du côté de l‟offre, l‟investissement accroît la capacité de production.
C‟est l‟effet capacité et celui-ci stipule que l‟investissement doit engendrer une stimulation de
la capacité de production, par le mécanisme de l‟accélérateur.
Pour qu‟il y ait croissance équilibrée, il faut que les revenus supplémentaires
engendrés par l‟effet multiplicateur permettent d‟absorber la production supplémentaire
obtenue. Donc, l‟effet de revenu doit être égal à l‟effet de capacité.
Harrod va remettre en cause cette théorie de Domar. Selon lui, la croissance est par
nature instable; la raison de cette instabilité est que l‟effet revenu ne peut être égal à l‟effet
capacité que dans un régime de croissance équilibrée.
I-1-4. Le modèle néoclassique : l‟approche de Solow9
Le modèle de Solow repose sur des hypothèses de type néoclassique : toute
épargne est investie, les rendements sont décroissants, la substitution du capital au travail,
la concurrence empêche l‟existence de rentes de monopole. Il rend également compte de
plusieurs faits importants comme les phénomènes de rattrapage des pays qui ont commencé
leur croissance économique tardivement. C‟est la propriété de convergence (plus le niveau
de départ du PIB/habitant est faible, plus le taux de croissance attendu est élevé).
Le modèle de Solow s‟est cependant écarté de la réalité en considérant que la
croissance économique par tête devait peu à peu diminuer et finir par cesser de
progresser. Durant les années 50-60, les théoriciens ont reconnu cette limite et cherché à
surmonter cette difficulté en intégrant à côté du travail et du capital, un troisième facteur pour
expliquer la croissance à long terme : le progrès technique. Ce facteur est un peu particulier
car il accroît l‟efficacité productive des deux autres.
Afin d‟avoir une vision générale de ces différentes théories, ci-après un tableau
récapitulatif des points essentiels qui les caractérisent.
9 SOLOW Robert M., A contribution to the theory of Economic
8
Tableau 1 : Les théories de la croissance
Théorie de la croissance Origines de la croissance Caractéristiques
Adam Smith (1776) Division de travail Croissance illimitée
Robert Malthus (1798)
Réinvestissement productif
du surplus
Croissance limitée en raison
de la loi de population
David Ricardo (1817)
Réinvestissement productif
du surplus
Croissance limitée en raison
du
rendement décroissant des
terres
Joseph Schumpeter (1911),
(1939)
Rôle de l‟entrepreneur
Grappes d‟innovations
Instabilité de la croissance,
théorie explicative du cycle
long de type Kondratief
Modèle post-keynésien
Harrod (1936, 1948, 1960)
Domar (1946, 1957)
Le taux de croissance est
fonction du rapport entre le
taux d‟épargne et le taux
d‟investissement
Instabilité de la croissance
Modèle néo-classique
Solow (1956, 1957, 1966)
Population et progrès
technique exogène
Caractère transitoire de la
croissance en l‟absence de
progrès technique
Source : DIEMER, IUFM AUVERGNE ,2010
9
I-2. La mesure de la croissance
I-2-1. L‟indicateur principal de la croissance économique : le PIB
La croissance est « l'augmentation soutenue pendant une période longue d'un indicateur
de production en volume ».10
La croissance économique caractérise l'augmentation durable de la richesse produite, ou
l'accroissement de la production globale sur un territoire ou dans une économie nationale.
Cette augmentation, qui peut être irrégulière et subir des fluctuations, est un phénomène
quantitatif qui peut être mesurée en volume ou en valeur par l'évolution d'agrégats tel que le
PIB. Cette croissance quantitative se traduit notamment pour les ménages par l'augmentation
du niveau de vie.
Le PIB est donc le principal indicateur de la croissance économique ; plus précisément
l‟évolution du PIB mesure le rythme de la croissance. Le PIB est égal à la somme des valeurs
ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels augmentée des impôts moins les
subventions sur les produits. Avec Valeur ajoutée (VA) = Valeur de la production - Valeur
des consommations intermédiaires
I-2-2. Les limites du PIB :
Nombreux sont les limites qu‟on accorde au PIB du fait qu‟il ne prend pas compte de
plusieurs facteurs tels que : l'autoproduction des ménages; les activités non marchandes; les
activités illicites.
Par ailleurs, Le PIB ne peut pas mesurer la valeur monétaire de l'ensemble des
externalités (positives ou négatives) émises par les agents. La pollution détruit la valeur du
patrimoine mais la valeur de ce dernier n'est pas comptabilisée. A l'inverse le PIB intègre les
coûts liés à la dépollution.
Le PIB est également un indicateur monétaire qui ne tient pas compte de la
distribution de la richesse dans la population, donc des inégalités de répartition11
. La moyenne
statistique (le PIB/habitant) n'apporte pas d'information sur le niveau réel de revenu individuel
des habitants. D'autre part, le PIB ne renseigne pas sur la répartition sociale comme l'étendue
des services publics, ni sur les conditions de scolarisation, ni sur l'espérance de vie. Le PIB
10
PERROUX François, Théorie générale du progrès économique, 1958 11
DEMIER, La croissance économique, IUFM Auvergne, 2010
10
mesure donc la richesse monétaire totale produite par l'activité économique sur un territoire
mais ne permet pas de situer le mode de vie réel de la population.
I-2-3. Les indicateurs alternatifs de la croissance12
:
Mais si tout le monde est bien d‟accord pour souligner les limites et les insuffisances du
PIB, il est encore difficile de savoir ce que l‟on pourrait mettre à la place. Le PIB
est le résultat d‟une longue réflexion qui prend comme source, le cadre comptable
édifié par les économistes au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ce cadre a
subi quelques évolutions depuis, cependant il peine à répondre aux besoins du moment.
Les experts du PNUD (Programmes des Nations Unies pour le
Développement) utilisent l‟ Indice de Développement Humain ( IDH) . Cet indicateur
synthétique combine trois critères : le PIB par habitant, l‟espérance de vie à la naissance et le
niveau d‟instruction (taux de scolarisation et taux d‟alphabétisation). Il consiste à ramener des
grandeurs disparates sur une échelle allant de 0 à 1 puis à les additionner.
Les experts européens disposent de 155 indicateurs pour analyser le
développement durable, dont une dizaine d‟indicateurs dits de premier rang incarnent les
objectifs majeurs (le PIB par habitant doit rendre compte du développement
socioéconomique)….
En 2014, dans la lignée des conclusions de la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi
sur la mesure du progrès social, cette note propose sept indicateurs susceptibles
d‟accompagner le PIB dans un tableau de bord de la qualité de la croissance française.
Section II : Relation entre institutions financières et croissance économique
Nous allons présenter dans cette seconde section le rôle du système financier dans le
processus économique. Sur le plan théorique, la relation positive entre le développement
financier et la croissance économique est sans équivoque même si certaines études
montrent que le signe de cet effet varie en fonction de l‟échantillon de pays considérés
(pays développés versus pays en développement, marchés émergents ou pays les moins
développés, pays membres de l‟OCDE versus pays non membres…), de la période
d‟analyse retenue (période de stabilité financière ou de turbulence, années 90 ou bien
12
DEMIER, La croissance économique, IUFM Auvergne, 2010
11
avant…), de la catégorie d‟indicateurs de développement financier utilisés (indicateurs
de taille, d‟activité ou d‟efficacité du système financier) et de bien d‟autres variables.
Pour avoir une idée plus précise du rôle du système financier, nous verrons dans le premier
paragraphe les différentes institutions financières ; et ensuite dans la deuxième, la relation
entre développement financier et croissance économique.
II-1. Les institutions financières :
Les institutions financières jouent un rôle primordial dans l‟économie. Dans notre
analyse, nous avons choisi d‟étudier particulièrement le cas de la Banque et de la
Microfinance.
II-1-1. Les banques :
Définition :
Selon l'approche classique de Gurley et Shaw (1960)13
, « La banque est définie comme
un intermédiaire financier monétaire. L'activité principale de la banque est l'intermédiation
entre les agents à excédent de ressources et les agents à déficit de financements, recevant des
premiers des dépôts liquides à vue ou à terme contre rémunération, et octroyant aux
deuxièmes des crédits rémunérés à taux d'intérêt débiteurs largement supérieur aux taux
d'intérêt créditeurs dont bénéficient les déposants. »
De ce fait, les banques jouent un rôle d'intermédiation financière monétaire, par
l'acceptation de dépôts à vue et à terme et leur transformation sous forme de crédits et
d'engagements envers les emprunteurs.
Les activités d'intermédiation bancaires
Les établissements bancaires et assimilés ont des activités très diversifiées. Ils exercent
des fonctions traditionnelles d'intermédiaires qui se traduisent par les opérations de banque
avec leurs clients.
13
Gurley et Shaw, (1974) : « la monnaie dans une théorie des actifs financiers », Guigas
12
b-1. La Collecte des fonds publics :
La banque met à disposition de chaque client des comptes afin qu‟elle puisse mieux
gérer les fonds. Le compte est un ensemble cohérent d‟information mettant en relation, le
déposant (client) et le dépositaire (Banque).
b-2. L‟octroi de crédits :
C‟est une opération par laquelle la Banque faisant confiance à un client accorde à
celui-ci des crédits notamment pour agrandir ou moderniser leurs affaires, pour profiter d‟une
bonne occasion d‟achat des matériels et pour amortir la répercussion d‟une crise passagère.
Les risques bancaires
Du fait de leur complexité et de leur diversité, les activités des banques engendrent des
risques qui mal gérés, entraînent des effets néfastes non seulement pour ces institutions mais
aussi pour le système financier auquel elles appartiennent. Les risques bancaires sont
multiples, il s'agit essentiellement du : risque de contrepartie, risque de liquidité, risque de
change, risque de taux et le risque de solvabilité.
c-1. Risque de contrepartie ou de crédit
J.B.Bessis14
« le risque de contrepartie désigne le risque de défaut des clients, c'est-à-dire,
le risque des pertes consécutives au défaut d'un emprunteur face à ses obligations ».
Ce risque de contrepartie ou de crédit est le premier des risques auquel est confronté un
établissement financier. Il est dû à la défaillance possible des agents avec lesquels elles se
sont engagées et qui constituent les contreparties. Une telle défaillance peut se traduire par le
non remboursement de crédits par des emprunteurs privés nationaux en difficulté ou par le
non transfert du remboursement des crédits accordés en devises à des non résidents.
c-2. Risque de liquidité
Selon toujours J.Bessis : « le risque de liquidité est celui de disposer de liquidités
bancaires insuffisantes c'est-à-dire les actifs liquides disponibles ne semblent pas suffisant
pour faire face à des besoins inattendus. Dans cette optique la liquidité est plutôt un coussin
de sécurité pour gagner du temps en présence de difficultés ».
14
BESSIS Joel, Risk Management in Banking, 3rd
edition, 2010
13
Le risque de liquidité est donc induit par des difficultés qu'éprouvent des banques à faire
face à leurs engagements par la mobilisation de leurs actifs. Ce risque peut résulter d'un retrait
massif de dépôts qui traduit une perte de confiance dans le système bancaire.
c-3. Risque de change
Il correspond au risque de perte sur des opérations effectuées sur des devises. C'est le
risque d'observer des pertes à cause des évolutions des taux de change. La position de change
est définie comme la quantité de monnaie détenue ou cédée, exprimée dans une devise
distincte de la monnaie locale.
c-4. Risque de taux d‟intérêt
C'est le risque de perte représenté par une variation des taux d'intérêt appliqué aux
emplois et aux ressources. Il provient de l'éventualité d'une baisse de rentabilité induite pour
la variation des taux d'intérêt. Ce risque peut notamment se manifester à l'occasion
d'opérations de transformation lorsque les banques financent des crédits de long terme à taux
fixe par des ressources de court terme dont le taux d'intérêt s'accroît soudainement. Il touche
également les portefeuilles de titres que possèdent les banques et dont la valeur peut varier
brutalement à la suite d'une modification des taux d'intérêt.
c-5. Risque de solvabilité
Il s'agit du risque de ne pas disposer des fonds propres suffisants pour absorber des
pertes éventuelles, il résulte du montant des fonds propres disponibles et des risques pris
(risque de crédit, de taux de change...).
Il est à noter qu‟à Madagascar, il existe actuellement onze banques territoriales après
la liquidation de la Banque Industrielle et Commerciale de Madagascar (BICM) en 201415
.
Nous allons les citer par ordre croissant de leur date d‟inscription à l‟aide du tableau suivant :
15
Banque Centrale de Madagascar, 2014
14
Tableau 2 : Liste de banques territoriales présentes à Madagascar
Date d‟inscription Raison sociale Sigle
23 mars 1989 Banque Malgache de l‟Océan Indien BMOI
19 décembre 1991 BNI Madagascar BNI Madagascar
28 décembre 1992 The Mauritius Commercial Bank
(Madagascar) SA MCB Madagascar
28 janvier 1998 SBM Madagascar SBM Madagascar
31 décembre 1998 BFV-Société Générale BFV-SG
18 novembre 1999 Bank Of Africa Madagascar BOA-Madagascar
1er
février 2007 AccèsBanque Madagascar ABM
25 novembre 2009 BGFIBank Madagascar -
13 janvier 2010 Microcred Banque Madagascar -
25 mars 2011 BM Madagascar -
16 décembre 2014 Société d'Investissement pour la Promotion
des Entreprises à Madagascar SIPEM BANQUE
Source : Banque Centrale de Madagascar
Nous venons de voir les notions nécessaires sur les banques primaires, voyons à
présent le cas des institutions de microfinances.
II-1-2. La microfinance :
a- Définition :
La microfinance est définie comme « une activité qui offre à titre habituel de services
financiers de proximité à des personnes physiques ou morales n‟ayant généralement pas
accès au système bancaire traditionnel. Ce sont des services d'épargne et de crédit qui
sont nécessaires pour promouvoir ou soutenir des activités génératrices de revenus
permettant à cette catégorie de population d'améliorer son niveau de vie, d'atteindre une
meilleure intégration sociale et d'accéder à un développement humain durable »16
. Elle
effectue des opérations spécifiques suivant la catégorie de l‟établissement de crédit.
16
www.madamicrofinance.mg/loi2006016.pdf
15
b- Classification des Institutions de MicroFinance (IMF) :
Les IMF peuvent être tout d‟abord mutualistes ou non mutualistes. Les institutions de
microfinance mutualistes sont qualifiées comme des personnes morales fondées sur les
principes de coopération, de solidarité et d'entraide mutuelle et ayant principalement pour
objet de collecter l'épargne de ses membres et/ou de consentir du crédit à ceux-ci. Les IFM
non mutualistes ne suivent pas les principes authentique au mutualistes, c'est-à-dire qu‟il
y a des limites sur les adhésions.
Les IMF mutualistes ou non mutualistes sont classées en trois niveaux : les IMF 1, les
IMF 2 et les IMF 3. Elles sont distinguées grâce à la limite des plafonds qu‟elles peuvent
octroyer ; ce plafond est fixé par l‟instruction de l'autorité de supervision des établissements
de crédit.
A Madagascar il y a trente IMF dont quatorze (14) IMF 1, treize (13) IMF 2 et trois
(3) IMF 317
.
Quatorze IMF 1 : Mampita, Mamelasoa S.a.r.l (en cours de dissolution), ONG
Vahatra, Crédit Epargne Formation (CEFOR), Soahita (en attente liquidateur), Mutua Fide
Microfinance, Harmonisation pour la Réalisation d'un Développement Intégré (HARDI-
FINANCE), Tahiry Iombonan'ny Tantsaha Eto Madagasikara (TITEM), Organisme
Diocesain de Microcredit (ORDIMIC), Vakinankaratra Tsimisaramianakavy (VATSY),
AGRICRED, Organisation pour le Développement de la Région de Diégo Suarez (ODRD),
APEM PAIQ S.A, Programme d'Appui aux Petits Métiers (PAPM)
Treize IMF 2 : Réseau OTIV de la DIANA, Réseau OTIV Antananarivo,
Réseau OTIV Sava, Vola Mahasoa S.A, Mada Credito, Fanampiana Ivoarana S.A, Mutuelle
d‟Epargne et de crédit de l‟INSCAE, Réseau «OTIV Alaotra Mangoro», Réseau des OTIV
Toamasina zone «littoral », Réseau Tahiry Ifamonjena Amin‟ny Vola (TIAVO), Mutuelle de
Mandrare, E Entreprendre à Madagascar Finances S.a.r.l.( EAM FINANCES), OTIV BOENY
Mahajanga.
Trois IMF 3 : Société d'Investissement pour la Promotion des Entreprises à
Madagascar (SIPEM), Première Agence de MicroFinance (PAMF), Coopératives d'Epargne
et de Crédit Agricole Mutuels (CECAM).
17
Banque Centrale de Madagascar, 2014
16
II-1-3. Complémentarité entre banque et microfinance
L‟approche de G-B Richardson18
s‟inscrit dans une dimension qualitative offre une
bonne interprétation de la complémentarité entre banque et microfinance afin de bâtir des
systèmes financiers accessibles à tous. Il considère que l‟intermédiation microfinancière peut
être qualifiée de complémentaire à l‟intermédiation bancaire classique, dans la mesure où elle
fait appel à des techniques et compétences spécifiques. A cet égard, toute coopération entre
les deux secteurs sur le plan institutionnel, financier, technique ne peut qu‟être bénéfique. A
titre d‟exemple, nous pouvons noter qu‟une coopération financière entre les deux secteurs
peut contribuer à réduire le niveau de rationnement du crédit dans l‟économie : des projets
viables, qui jusqu‟alors étaient gelés, faute de financements, voient le jour.
Par ailleurs la cohabitation des deux secteurs est source d‟approfondissement financier
dans les économies en développement. L‟approche bancaire classique, dans ces pays, ne
permettant pas l‟inclusion de nombre d‟agents économiques, en particulier les micro-
entrepreneurs, les structures de microfinance en proposant des produits et services
appropriés aux besoins de ce milieu, offrent des possibilités d‟élargissement de la surface
d‟intermédiation financière.
II-2. Revue de le littérature sur la relation entre développement financier et
croissance :
La théorie économique, comme tous les domaines de connaissance a toujours été
partagée entre deux courants de pensée. Ainsi, nous pouvons observer à travers l‟histoire de la
théorie économique deux pôles sur l'importance du système financier dans la croissance
économique.
D'une part, Schumpeter19
, qui est l‟un des premiers économistes à se pencher sur
l‟importance du système financier dans le développement: «on ne peut devenir entreprise
qu’en ayant été préalablement un débiteur». Il met ici en relief, le rôle central du crédit dans
l‟aspiration à la croissance économique, à la création et à l‟innovation donc au développement
industriel. D'autre part, Robinson20
et Lucas21
sont les principaux économistes de la tendance
qui ne croit pas à l'importance de la relation entre finance et croissance économique.
18
FALL Francois-seck, La complémentarité banque /microfinance dans les économies en développement :une
perspective théorique, Revue d‟Economie Industrielle, n°133, 1er
trimestre 2011 19
SHUMPETER Joseph, La théorie de l'évolution économique», 1912 20
ROBINSON Joan, The Generalization of the general theory, 1952 21
LUCAS Robert, Human Capital accumulation, 1988
17
Malgré, les divergences de points de vue sur la question, un lien positif se dégage de
la majorité des travaux entre le volume du financement bancaire et la création de richesse
d‟une nation. D‟après les travaux de Goldsmith22
et McKinnon23
à travers l'école dite de la
répression financière, le secteur financier joue un rôle important dans le processus de la
croissance économique mais il peut être limité dans un contexte de répression financière.
Ainsi, la libéralisation financière entraîne un développement financier conduisant à une
meilleure mobilisation de l'épargne et sa répartition efficiente pour le financement des
investissements.
Dans un article publié dans un numéro du “ Journal of Economic Literature ”, Levine
[1997, 2005]24
définit le développement financier comme « le processus par lequel les
instruments, les marchés et les intermédiaires financiers améliorent le traitement de
l’information, la mise en œuvre des contrats et la réalisation des transactions, permettant
ainsi au système financier de mieux exercer ses fonctions». Levine a montré que a croissance
économique et le développement financier sont donc intimement liés ; nous allons présenter
cela dans la figure qui suit ce paragraphe (figure 1).
Le rapport sur le développement dans le monde, publié par la Banque Mondiale en
1989, présentait déjà une étude approfondie du lien entre finance et croissance en insistant sur
le développement du secteur financier dans les pays en développement pour renforcer la
croissance économique. Aussi, le rapport du FMI publié en 2006 indique que les économies
qui ont connu la croissance la plus rapide entre 1960 et 2004 parmi les pays d'Afrique
subsaharienne autres que les pays producteurs de pétrole, sont celles qui sont le plus
développées sur le plan financier.
22
GOLDSMITH Raymond W., Financial structrure and Development,1969 23
McKINNON Ronald, Money and Capital in Economic Development, 1973 24
LEVINE Ross, Financial Development and Economic Growth, 1997, 2005
18
Figure 1 : Fonctions du système financier et canaux de transmission du développement
financier à la croissance économique
Frictions financières :
- Coûts d’information
- Coûts de transaction
Marchés et intermédiaires
financiers
Les fonctions financières
Production de l’information Facilitation des échanges
Meilleure gestion des risques Gouvernance d’entreprises
financées
Mobilisation des épargnes
Les canaux de transmission
Innovation technologique Accumulation du capital
Croissance économique
Source : Levine [1997, p 691]
19
Chapitre 2 : GENERALITE SUR LES MICRO-ENTREPRISES ET PME
A MADAGASCAR
Dans ce présent chapitre, nous allons essayer de mieux connaitre les micro-entreprises
et PME se trouvant à Madagascar. Il est évident que ces entreprises peuvent se différer d‟un
pays à un autre en ce qui concerne leur définition, leur effectif, les branches d‟activités dans
lesquelles elles opèrent… Il nous semble aussi important de savoir ce qui distingue ces
entreprises de taille inférieure des Grandes- entreprises surtout en ce qui concerne leur mode
de financement. Nous allons donc, dans un premier temps, voir l‟état de lieu des micro-
entreprises et PME à Madagascar puis donner un aperçu des créations d‟entreprises à
Madagascar et dans un deuxième temps, nous analyserons les spécificités de ces entreprises et
leur comportement financier.
Section I : Cadre général :
Dans cette section, nous allons montrer comment identifier les micro-entreprises et les
PME puis nous allons voir un aperçu des entreprises créées ces dernières années.
I-1. Etat de lieu des Micro-entreprises et PME à Madagascar :
L‟Union Européenne25
apporte une définition quantitative, elle mesure la taille de
l‟entreprise par l‟effectif de ses employés : “ Sont considérées comme PME les entreprises de
moins de deux cents cinquante salariés, en micro entreprises celles qui ont un effectif de un à
neuf salariés, en petites entreprises ceux qui en ont dix à quarante neuf et en moyenne
entreprise ceux qui ont des salariés entre cinquante à deux cent neuf ”. D‟autres auteurs
apportent plutôt un critère qualitatif pour définir les PME.
Le RNDH (Rapport National pour le Développement Humain)26
propose une
catégorisation à base multicritères, aussi bien quantitatifs que qualitatifs, des micro-
entreprises. Parmi les critères quantitatifs, il y a le nombre d‟employés, le capital et les
chiffres d‟affaires ; dans les critères qualitatifs : la formalisation juridique, la qualification des
dirigeants, et le but principal poursuivi. L‟application de ces critères aboutit aux trois types de
micro-entreprises suivants : les micro-entreprises informelles de survie, les micro-entreprises
individuelles ou familiales et les micro-entreprises formelles.
25
www.cairn.info 26
Rapport National sur le Développement Humain, Miicro-entreprises, emploi et développement humain, 2010
20
Pour mieux distinguer les entreprises par rapport à leur taille, nous allons présenter
dans le tableau qui suit la différenciation des types d‟entreprises à Madagascar réalisée par le
FTHM27
en 2005.
Tableau 3 : Différenciation des types d’entreprises
Micro-E/ses (ME) PME Grandes-E/ses(GE)
Effectif < 5 5 à 100 > 100
Total du bilan < 60 MMGA 60 à 600 MMGA > 600 MMGA
< 100 fois PIB/tête 100 à 1000 > 1000
Source : Politique nationale de promotion des PME, MICDSP, réalisé par FTHM, 2005, p 17
A partir de ce tableau, nous pouvons déduire que l‟enquête de la FTHM retient comme
référence le critère quantitatif pour définir les micro-entreprises et les PME : une entreprise
est évaluée à travers 03 principaux critères : l‟effectif du personnel, le chiffre d‟affaire annuel
et l‟investissement. Est donc considérée comme:
- micro-entreprise une entreprise dont l‟effectif est inférieur à 5 employés et dont le
total de bilan est inférieure à 60 Millions MGA.
- PME une entreprise dont l‟effectif est entre 5 et 100 employés et dont le total de
bilan tourne autour de 60 Millions MGA.
I-2. Aperçu des créations d‟entreprises à Madagascar :
I-2-1. Répartition des entreprise créées par secteur d‟activité :
Nous présentons dans le tableau ci-dessous les effectifs des entreprises créées depuis
l‟année 2006 jusqu‟à 2012, regroupées par secteur d‟activité.
27
FTHM Conseils et le MICDSP, Rapport provisoires sur la « Politique nationale de promotion des PME,
Analyse de l’existant », Octobre 2006, 95p
21
Tableau 4: Répartition de l’effectif total des établissements formels créés par secteur
d'activité à Madagascar de 2006 à 2012
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Secteur primaire 143 161 222 237 229 453 1 010
Secteur secondaire 2 111 1 642 1 800 1 154 1 441 1 672 1 499
Secteur tertiaire 18 200 12 466 15 188 10 772 12 531 20 031 19 632
TOTAL 20 454 14 269 17 210 12 163 14 201 22 156 22 141
Source : INSTAT, 2014
Nous remarquons que, chaque année, une grande partie (environ 90%) des entreprises
malgaches créées se détachent de plus en plus du secteur productif et se concentrent
essentiellement dans le secteur du commerce et des services. La création d‟entreprise a connu
une forte baisse en 2009 à cause des crises économique et politique. Nous remarquons par
contre que depuis 2011, l‟environnement économique et politique devient plus favorable, ce
qui a généré une forte incitation de création d‟entreprises.
Puisque les micro-entreprises et les PME représentent la majorité des entreprises
créées dans les pays en développement comme Madagascar, nous en déduisons qu‟une des
caractéristiques des micro-entreprises et des PME est la concentration dans le secteur tertiaire.
Cette concentration se manifeste par l‟apparition de diverses entreprises centrées sur les
nouvelles technologies, sur la communication, la mode, le tourisme.etc... D‟où la saturation au
niveau des prestataires de service tels que les cybercafés, les magasins d‟appareils
technologiques, les différents centres de loisirs. Cette tertiarisation est due à la mondialisation
et les influences qu‟elle apporte au pays,
I-2-2. Répartition par branche d‟activité
La Branche d‟activité est définie selon la nomenclature des activités et des produits en
vigueur à Madagascar.
Dans le tableau suivant, nous allons présenter les effectifs des entreprises créées en
2012, regroupées selon la branche d‟activité dans laquelle elles opèrent.
22
Tableau 5 : Répartition de l’effectif des établissements formels créés selon leur Branche
d’activité en 2012
Source : INSTAT, 2012
Branche d’activité 2012
Agriculture 747
Elevage-Pèche-Chasse 131
Sylviculture-Vannerie 132
Industries extractives 93
Energie 8
Agro-industrie 1
Industries alimentaires 255
Industries de boissons 13
Industrie de tabac 1
Industrie de corps gras 7
Industrie Chimiques et pharmaceutiques 26
Industrie Textile, filature, cordes, confection 169
Tannerie – cuir 6
Industrie de bois 121
Matériaux de construction céramiques et autres
mat. 16
Industrie. Métallurgique et construction de
machines et appareils mécaniques 191
Construction et montage matériel. de transport 10
Industrie électrique 56
Papeterie, édition, imprimerie 74
Industries diverses 62
Bâtiment et TP 390
Transport marchandises 841
Transport voyageurs 2 909
Auxiliaires de transport 271
Télécommunication 137
Commerce de détail 7 867
Commerce de gros 2 899
Banques 10
Assurances 3
Organismes internationaux -
Services gouvernementaux 146
Enseignement 207
Santé 266
Services rendus aux entreprises 1 836
Services récréatifs et sociaux 256
Hôtel - Restaurant – Bar 1 079
Autres Services 905
Total 22 141
23
S‟agissant de l‟analyse selon la répartition par Branche d‟activité, l‟activité
commerciale demeure prépondérante, intéressant 7867 nouveaux opérateurs en 2012 soit
environ 36%, Viennent en deuxième position, le transport voyageurs occupant 13% des
entreprises créées et en 3ème
position se trouve le commerce de gros comptant 2899
entreprises, la quasi-totalité de ces dernières sont des PME. En 4ème et en 5ème
position se
trouvent respectivement les services rendus aux entreprises et les Hôtel - Restaurant – Bar.
Cette répartition confirme la tertiarisation de l‟économie malgache et nous en déduisons
également que la répartition des entreprises selon leur taille est en faveur des micro-
entreprises et les PME, les Grandes Entreprises comme celles qui opèrent dans l‟Agro-
industrie, dans l‟industrie extractive, dans l‟Industrie Chimiques et pharmaceutiques sont peu
nombreuses.
I-2-3. Répartition selon la forme juridique
Ci-dessous la répartition de ces entreprises créées selon leur forme juridique. La forme
juridique définit les droits et obligations de l‟entreprise du point de vue juridique relatifs aux
droits des affaires.
Tableau 6 : Répartition de l’effectif total des établissements formels créés selon la forme
juridique à Madagascar de 2006 à 2012 (en pourcentage)
Source : INSTAT, 2014
Nous déduisons à partir de ce tableau que chaque année 90% des entreprises créées, à
Madagascar sont des Entreprises Individuelles. En effet, les Grandes Entreprises ne
représentent qu‟une minorité ; les entreprises créées sont principalement des micro-entreprises
Forme
juridique 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
AUTRES 0,7 1,4 1,1 2,0 1,7 3,3 6,9
EI 91,6 87,2 88,7 88,1 88,3 90,6 86,4
SA 0,4 0,3 0,4 0,5 0,3 0,2 0,1
SARL 7,3 11,1 9,8 9,4 9,7 6,0 6,6
TOTAL
100,0
20 454
100,0
14 269
100,0
17 210
100,0
12 163
100,0
14 201
100,0
22 156
100,0
22 141
24
et des PME. Puisque l‟une des spécificités de ces dernières est l‟intégration parfois totale
entre les ressources financières de l‟entrepreneur et celles de l‟entreprise, leur forme
juridique est souvent un Etablissement Individuel, ou parfois des Sociétés par action.
Section II : Spécificités et mode financement des micro-entreprises et PME :
Beaucoup d‟ouvrages didactiques donnent les enseignements relatifs aux décisions et
actions des dirigeants des Grandes Entreprises. Le gestionnaire peut ainsi utiliser des
modèles, théories ou outils pour faciliter leur gestion. Dans le cas des micro-entreprises et
petites et moyennes entreprises, toutefois, ces ouvrages sont plutôt rares. La gestion
financière de ces entreprises ne se fait pas de la même manière que dans le contexte de la
grande entreprise exploitée dans un environnement totalement différent et souvent moins
contraignant que la petite. Ainsi, voyons dans cette section les spécificités des Micro-
entreprise et PME qui nous permettra, ensuite, de ressortir leurs comportements financiers
et les difficultés financières qu‟elles peuvent avoir.
II-1. La spécificité des Micro-entreprises et PME :
II-1-1. Les caractéristiques propres aux Micro-entreprises et PME :
Dans ses deux articles fondamentaux publiés en 1991 et 1992, Ang28
affirme que « les
petites entreprises n‟ont pas les mêmes problèmes de gestion financière que les grandes et
que, de plus, elles forment un ensemble fortement hétérogène qui empêche de les considérer
dans une catégorie unique ». Il illustre son affirmation par un ensemble de situations mettant
en évidence les caractéristiques uniques et propres aux Micro-entreprises et PME dont entre
autres les éléments suivants:
L‟intégration parfois totale entre les ressources financières de l‟entrepreneur et celles
de l‟entreprise, de sorte que le risque d‟affaire de l‟entreprise est associé au risque
personnel de l‟entrepreneur.
Une espérance de vie plus courte : une Micro-entreprise et une PME peuvent
interrompre leurs activités pour différentes raisons liées à leur fragilité (départ d‟un
employé clé, la perte d‟un client important, un arrêt de travail temporaire…)
28
ST PIERRE Josée, La gestion financière des PME, Presses de l‟Université du Quebec, 2008, pp 6-7
25
Un risque d‟erreurs très grand en raison soit d‟un manque d‟expérience, d‟un manque
d‟expertise, ou simplement d‟un optimisme exagéré de l‟entrepreneur.
LeCornu et al. (1996)29
soulignent également que les dissemblances entre les
environnements des petites et grandes entreprises sont suffisamment marquées pour susciter
des comportements différents. Par ailleurs, ils rappellent certaines caractéristiques dominantes
chez les petites entreprises qui les distinguent des grandes :
La petite entreprise est souvent le prolongement de l‟entrepreneur alors que dans la
grande entreprise, il y a une séparation naturelle et normale entre la gestion et la
propriété.
Les Micro-entreprises et PME disposent souvent de ressources limitées, et ce, à
différents niveaux.
Les Micro-entreprises et PME sont souvent susceptibles d‟éprouver des problèmes de
liquidités importants lorsqu‟elles abordent une période de croissance.
La gestion financière des Micro-entreprises et PME est fortement dépendantes des
habiletés et connaissances d‟un seul ou d‟un petit nombre d‟individus.
II-1-2. Les approches théoriques adaptées à la spécificité des PME
a- La théorie du choix managérial :
Barton et Matthews (1989)30
ont proposé trois facteurs qui peuvent influencer le choix
de la structure de financement des PME dans un contexte de décisions stratégiques qui sont
notamment :
Le rôle central du dirigeant : On pourrait aisément prévoir que les
caractéristiques personnelles du dirigeant, telles que sa formation scolaire, son expérience,
son âge, etc.…auront une influence dans ses choix de financement. Mais selon ces auteurs,
plus que l‟expérience du dirigeant, c‟est sa propension à la prise de risque ainsi ses objectifs
qui seront les plus déterminants.
Les caractéristiques de l‟entreprise : Il s‟agit de la taille de l‟entreprise, le
secteur d‟activité dans lequel elle exerce, sa situation financière, et l‟âge de l‟entreprise.
L‟environnement financier de l‟entreprise
29
Ibid., pp18-19 30
Ibid., p 94
26
b- La théorie du cycle de vie de l‟entreprise :
Selon Ang31
, une PME doit passer par plusieurs stades de développement avant de
devenir grande. En conséquence, il ne peut y avoir une théorie unique pour expliquer les
structures financières des PME. Les différents stade de développement des PME se présentent
comme suit :
- Aux premiers stades de vie de l‟entreprise (création et démarrage), la faible
crédibilité dont elle jouit étant donnée dans son manque d‟expérience.
- Aux stades intermédiaires (survie et maintien), le financement externe est
essentiellement d‟origine bancaire et commercial.
- Aux stades d‟expansion et de croissance : le financement à long terme et même un
premier appel public à l‟épargne pourront s‟avérer nécessaires afin d‟éviter une
crise de liquidité.
c- La théorie de l‟ordre hiérarchique (PECKING ORDER THEORY)
Cette théorie32
, qui a été initialement élaborée par Myers, laisse entendre que les firmes
préféreraient d‟abord l‟autofinancement. Si un financement externe se révèle nécessaire, elles
feront d‟abord appel au financement par emprunt, puis aux obligations convertibles et, enfin à
l‟émission des actions.
II-2. Les comportements financiers des Micro-entreprises et PME
II-2-1. Le financement par dettes :
Le financement par dettes lie l‟entreprise à un créancier habituellement par un contrat
de fiducie stipulant que le premier s‟engage à verser au second, à des dates prévues, soit des
paiements composés de capital et d‟intérêts, soit des intérêts seulement avec remboursement
du principal à l‟échéance.
On retrouve ainsi les dettes à court terme qui doivent être réglées dans les douze (12)
prochains mois et qui ont des origines très diverses, dont les principales sont : les dettes
bancaires et le crédit fournisseur. L‟entreprise qui doit recourir au financement bancaire doit
veiller à maintenir la qualité de ses actifs à court terme si elle veut conserver une bonne
capacité d‟emprunt.
31
Ibid., p 99 32
Ibid., p 100
27
Du coté des dettes à long terme, on retrouve une plus grande variété de contrats :
dettes participantes (participation du créancier aux résultats) ou non, les dettes garanties (actif
spécifique donné en garantie au créancier) ou non, et les dettes convertibles (en actions) ou
non.
II-2-2. Le financement par actions
Le financement par actions n‟entraine aucune obligation fixe de l‟entreprise à l‟égard
de ses actionnaires, qui ne sont pas des créanciers mais des propriétaires. Le détenteur d‟une
action ne reçoit pas, comme un prêteur, un revenu fixe. Le revenu promis d‟un titre de
propriété, telle une action, se compose en deux parties, soit :
- Le revenu en dividendes : Les dividendes sont une répartition des profits des
entreprises. Pour les détenteurs d‟actions ordinaires, les dividendes ordinaires fluctuent en
fonction des bénéfices réalisés et des liquidités disponibles.
- Le revenu en capital : il provient de la plus-value réalisée grâce au rendement obtenu
des différents investissements de l‟entreprise. Les actionnaires peuvent décider de réinvestir
les bénéfices annuels de l‟entreprise parce que celle-ci possède un portefeuille de projets
rentables qui promettront un rendement plus élevé dans le futur.
28
PARTIE 2 : ANALYSE DE L’IMPORTANCE
DU FINANCEMENT EXTERNE
DES MICRO-ENTREPRISES ET PME
A MADAGASCAR
29
Chapitre 1 : PLACE DES MICRO-ENTREPRISES ET PETITES ET
MOYENNES ENTREPRISES A MADAGASCAR
Dans ce chapitre, nous allons faire une analyse sur la place qu‟occupent les micro-
entreprises et PME à Madagascar. Pour ce faire, nous allons voir les rôles joués par ces
entreprises sur le plan économique. Ensuite, nous allons faire une étude sur l‟environnement
des affaires de ces entreprises tant dans le milieu national que international et enfin, nous
allons exposer les principaux contraintes qui empêchent les micro-entreprises et les PME de
s‟épanouir.
Section I: Rôles des Micro-entreprises et PME dans l‟économie malgache:
Dans cette section, nous allons voir le rôle joué par les Micro-entreprises et PME au
niveau économique. Nous allons porter notre analyse sur deux points de vue :
microéconomique et macroéconomique.
I-1. Rôle microéconomique :
Les Micro-entreprises et PME ont un rôle microéconomique du fait qu‟ils contribuent
à satisfaire les besoins de chaque individu. Avant de créer une entreprise, même de petite
taille, l‟entrepreneur analyse d‟abord les différents marchés possibles ainsi que les demandes
de la population.
Grâce à leur politique de distribution bien analysée, les Micro-entreprises et PME
facilitent l‟accès à leurs produits, chaque individu bénéficient d‟un gain de temps et d‟argent.
Les PME cherchent également à satisfaire la demande locale en produisant des biens
qui peuvent substituer ceux qui sont importés. Les entreprises locales confectionnant des
habillements par exemple.
I-2. Rôle macroéconomique :
De par leurs effectifs qui constituent environ 90%33
de la totalité des entreprises, les
micro-entreprises et les PME contribuent à la variation des variables macroéconomiques.
D‟abord, parce qu‟elles créent des opportunités de travailler pour les chômeurs mais aussi
33
INSTAT, 2008
30
parce qu‟elles participent grâce à leurs effectifs à la croissance économique et enfin ; parce
qu‟elles contribuent à la création des ressources collectives.
a- Création d‟emplois :
Depuis la crise politique en 2009, le taux de chômage a été exorbitant ; la population
s‟est dirigée vers le secteur informel faute d‟emploi. En 2010, selon l‟Enquête Périodique
auprès des Ménages (EPM) effectuée par l‟INSTAT, le taux de chômage a été estimé à
3,8% à Madagascar contre 2,8% en 2005 soit une hausse d‟un point. Cependant, sur une
tranche d‟âge plus restreinte de 15-64 ans, le taux de chômage a été de 3,5%34
. Néanmoins, la
création des micro-entreprises et PME a permis à ce taux d‟être plus stable. Même si les PME
ne font pas des recrutements massifs comme dans les Grandes entreprises, elles sont
suffisamment nombreuses pour donner une chance à ceux qui recherchent du travail.
L‟importance des micro-entreprises et PME dans le développement économique et
social dans les pays en développement est indiscutable. Les contributions les plus
significatives des micro-entreprises et PME sur l‟ensemble de l‟économie sont liées à la
création d‟emploi. Beaucoup d‟individus, qui étaient au chômage et qui constituaient des
lourdes charges de la société y trouvent des emplois rémunérés, ce qui atténue de façon
significative l‟incidence de la pauvreté.
Les micro-entreprises et les PME restent les plus grands pourvoyeurs d‟emploi dans
tous les secteurs. En 2005, elles ont employé plus de 89%35
de l‟ensemble des actifs occupés à
Madagascar. Cependant, la forte capacité de création d‟emplois est circonscrite à quelques
secteurs. Cette forte capacité de création d‟emplois est observée particulièrement dans deux
branches d‟activités: le commerce avec plus de 92% d‟emplois créés, et, dans une moindre
mesure, les «autres services ». Cependant, cette capacité de création d‟emploi des Micro-
entreprises et PME diminue d‟importance au fur et à mesure que le niveau d‟éducation des
catégories d‟offre de travail considéré est élevé: plus de 70% des emplois créés chez les non
instruits à moins de 14% d‟emplois créés chez les universitaires.
Les micro-entreprises et les PME jouent un rôle important dans la création d‟emplois
permanents par rapport aux grandes entreprises. Le tableau ci-dessous rapporte l‟évolution
des emplois permanents, nouvellement créés, entre 2006 et 2008, par les micro-entreprises et
34
Ministère de l‟Economie et de la Planification, Rapport de mise en œuvre des programmes, 2013 35
Rapport National sur le développement Humain, Micro-entreprises, emploi et développement humain, 2010
31
PME ainsi que les grandes entreprises. Ainsi, au cours de ces trois années, les micro-
entreprises et PME ont pu créer 77 728 emplois contre 70 149 chez les grandes entreprises.
Tableau 7 : Emplois nouvellement créés entre 2006 et 2008 (emploi permanant)
Types d’entreprises 2006 2007 2008 Total
Micro-entreprises
et PME
30 668 20 768 26 292
77 728
Grandes
Entreprises
23 517 23 115 23 517 70 149
Source : INSTAT, 2010
Même si les grandes entreprises arrivent à créer plus d‟emplois individuellement, elles
sont encore peu nombreuses pour pouvoir absorber le surplus d‟offre de travail, limitant ainsi
leur contribution dans la réduction de la pauvreté. L‟offre d‟emploi étant insuffisant, on
assiste à une prolifération des entreprises de taille inférieure mais qui, en même temps,
génèrent un nombre important d‟emplois en raison de leur effectif.
b- Facteur de croissance économique
L‟expansion et l‟augmentation en nombre des entreprises sont l‟un des indicateurs de
développement des pays. Il est évident que les entreprises contribuent à l‟augmentation du
PIB grâce aux valeurs ajoutées qu‟elles créent.
Les Micro-entreprises et PME ont une capacité confirmée de génération de valeur
ajoutée. « En 2005, le secteur privé, ensemble des entreprises identifiées au répertoire national
des établissements, a pu dégager 4 340 milliards d‟Ariary de valeur ajoutée. Au vu de la part
contributive de chaque type d‟entreprises, il ressort que les micro-entreprises et PME ont un
apport considérable. En effet, l‟effet de taille leur a permis d‟avoir un apport de 41,5% pour
les micro-entreprises et pour les PME, 42,9%, qui sont bien au-delà de celui des grandes
entreprises, 15,7%. En ce qui concerne la création de richesse nationale, l‟apport des micro-
entreprises au Produit Intérieur Brut (PIB) était de 21,1% en 2005. Le tableau ci- après
montre la répartition de ces valeurs ajoutées ». 36
36
INSTAT, 2005
32
Tableau 8 : Structure des Chiffres d’affaires, de la valeur ajoutée et des investissement
dans le secteur privé (Unité : Millions d’Ariary)
Type d‟entreprise Chiffres
d‟affaires
Valeur
ajoutée
Structure
valeur ajoutée
Investissement
Micro-entreprises 2 640 000 1 800 000 41,5% 204 000
PME/PMI 3 030 000 1 860 000 42,9% 280 000
Grandes Entreprises 1 710 000 680 000 15,7% 1 070 000
Total 7 380 000 4 340 000 100,0% 1 550 000
Source : INSTAT, 2005
Nous en déduisons que, pour le développement macroéconomique, il peut être plus
efficace de soutenir le développement des micro-entreprises et des PME. Une unité de valeur
ajoutée est générée par 1,47 unité de chiffres d‟affaires dans les micro-entreprises et par 1,63
unités de chiffres d‟affaires dans les PME contre 2,51 unités de chiffres d‟affaires dans les
grandes entreprises. D‟ailleurs, l‟ensemble du coût des investissements est moindre dans les
micro-entreprises et les PME.
Nous avons vu que les micro-entreprises et les PME participent à l‟amélioration de la
croissance économique. Cependant, la crise économique de 2009 a réellement touché les
entreprises, surtout ceux de petite taille, il a été considérablement difficile pour elles de se
sortir des différents effets néfastes engendrés par cette crise. Par ailleurs, nombreuses sont les
micro-entreprises et PME qui ont due poser leur bilan.
c- Création de ressources collectives :
Les micro-entreprises et PME contribuent à la création de ressources collectives
provenant de la valeur ajoutée créée par les entreprises. D‟une certaine manière, ces
ressources collectives ont un effet positif sur le développement humain de la population
bénéficiaire. Ces ressources collectives redistribuées aux différentes couches sociales sont de
trois catégories :
- Les taxes indirectes et versements assimilés,
- les charges sociales liées aux salaires et
- les impôts sur les bénéfices.
33
Si le montant total des ressources perçues au niveau des différents types d‟entreprise
s‟évalue à près de 584,0 milliards d‟Ariary en 2005, les PME/PMI contribuent à hauteur de
41,0% et les grandes entreprises à hauteur de 34,8%37
. Nous remarquons que les PME
contribuent vivement et plus que les Grandes entreprises à la création des ressources
collectives.
Nous venons de voir la contribution des micro-entreprises et des PME dans le
développement économique de Madagascar. Il est à présent nécessaire d‟analyser si
l‟environnement interne et externe de ces entreprises est favorable pour leur épanouissement.
Section II : L‟environnement des affaires pour le secteur des micro-entreprises et PME :
II-1. L‟environnement interne : L‟analyse de la Banque Mondiale: “Doing Business”
L‟étude Doing Business (DB)38
analyse les règlementations effectives dans 10
étapes de la vie de l‟entreprise. Ce rapport nous permet de comprendre l‟évolution de
l‟environnement des affaires pour les petites et moyennes entreprises (PME) tout au long de
leurs cycles de vie, et mesure la performance de chaque pays selon les règlementations
adoptées.
Selon le classement DB en Afrique, Madagascar se trouve au 21ème
rang sur 47
économies africaines et à l‟échelle mondiale, elle occupe le 148ème
rang parmi 189 économies
en 2014. Nous pouvons donc déduire que l‟environnement interne de ces entreprises de taille
inférieure n‟est pas suffisamment favorable pour leur développement. Voyons ainsi dans le
tableau qui suit le classement et la variation du classement de Madagascar selon l‟indicateur
Doing Business :
37
Rapport National sur le développement Humain, Micro-entreprises, emploi et développement humain, 2008 38
Banque Mondiale, Doing business : Comprendre les règlementations pour les petites et moyennes
entreprises », 11ème
édition, 2014
34
Tableau 9: Classement et variation du classement de Madagascar selon l’indicateur
Doing Business
Classement par catégorie Doing
Business
DB 2011 DB 2012 DB 2013 Variation classement
DB 2013/2012
Création d‟entreprise 20 17 29 -12
Octroi de permis de construire 131 150 157 -7
Raccordement de l‟électricité 179 183 187 -4
Transfert de propriété 146 148 155 -7
Obtention de prêts 177 182 180 +2
Protection des investisseurs 65 67 68 -1
Paiement des impôts 75 72 61 +11
Commerce transfrontalier 111 121 115 +6
Exécution des contrats 155 158 160 -2
Solutionnement de l‟insolvabilité 148 152 157 -5
Source : Doing Business 2014/ Banque Mondiale
Nous pouvons constater à partir de ce tableau que nombreux règlements appliqués à
Madagascar ces dernières années freinent les activités commerciales. Les reculs de rang dans
la dernière colonne montrent que les étapes de la vie de l‟entreprise rencontrent plusieurs
obstacles. Malgré cela, la Banque Mondiale constate que Madagascar a connu des progrès
dans quelques indicateurs du Doing Business à savoir l‟obtention de prêts, le paiement des
impôts et le commerce transfrontalier.
Pourtant, nous remarquons que ces progrès ne sont pas suffisamment significatifs,
surtout concernant l‟obtention de prêts. En effet, moins de 10%39
des entreprises ont donné
des réponses positives sur la qualité des services des réseaux bancaires en 2005. Une montée
de deux points est loin de pouvoir absorber ce problème d‟instatisfaction.
II-2. L‟environnement externe des Micro-entreprise et PME : la mondialisation
Le contexte international est caractérisé par l‟intensification des relations
transfrontalières, tendant à la disparition des barrières tarifaires et la pratique du libre-
échange. La question qui nous intéresse est : Est-ce que les micro-entreprises et les petites et
moyennes entreprises sont-elles concernées par la mondialisation ?
39
INSTAT, Enquête sur les entreprises, 2005
35
L‟enquête de la RNDH 2008 a pu montrer que les Micro-entreprises et PME se sentent
concernées par l‟environnement international actuel, non parce qu‟elles exportent ou
importent des intrants, mais plutôt par la concurrence des produits importés, de plus elles se
sentent faibles en matière de compétitivité face à la mondialisation. Madagascar fait partie de
trois espaces économiques de libre échange au niveau régional: la COI (Commission de
l‟Océan indien), la COMESA (Communauté de développement de l‟Afrique Sub-saharienne)
et la SADC. Si certains y voient des opportunités, beaucoup appréhendent la disparition des
barrières tarifaires avec scepticisme, voire méfiance, à cause des menaces que cela représente
pour les entreprises locales, surtout celles de petite taille. Mais d‟une manière générale, la
tendance à la globalisation des marchés à l‟échelle internationale peut avoir deux incidences
opposées: des avantages ou opportunités pour les unités de production compétitives (à
l‟échelle internationale) et des menaces, voire des risques de disparition, pour les unités
faibles et moins compétitives.
Ainsi, la problématique qui se pose est de savoir si les entreprises malgaches sont
compétitives, et prêtes à exploiter les opportunités internationales et si elles sont bien
armées pour affronter la concurrence internationale. La menace pour Madagascar réside
dans le manque de compétitivité de la plupart de ses produits par rapport aux autres pays
membres, surtout pour les micro-entreprises et les unités de production agricoles. Si cela
s‟applique à toutes les entreprises en général, la menace s‟avère plus forte pour les micro-
entreprises, lesquelles sont les plus vulnérables, non pas de par leur très petite taille, mais de
par leur existence non formelle, les excluant de tout système d‟appui.
Section III : Les principales contraintes des Micro-entreprises et PME :
L‟accès au crédit demeure l‟un des premiers obstacles à la création et au
développement des entreprises. Si toutes les entreprises en général y sont confrontées, cela est
plus marqué pour les entreprises de petite taille. En effet, celles-ci souffrent d‟une faible
capacité d‟endettement et de négociation auprès des établissements financiers. 55,82%40
des
PME reconnaissent avoir besoin de crédits pour améliorer leur investissement
On note également la lourdeur administrative qui pénalise plus les micro-entreprises
par rapport aux grandes (les «guichets uniques» notamment l‟EDBM mis en places ces
dernières années excluent les entreprises individuelles, la forme juridique courante des micro-
entreprises et des PME).
40
INSTAT, Enquête sur les entreprises, 2005
36
Il y a également lieu de s‟interroger dans quelle mesure l‟amélioration du climat des
affaires comme la suppression de la taxe professionnelle, les réformes dans le foncier, la
facilitation des procédures de publication, les réformes fiscales servent effectivement les
Micro-entreprises et PME.
La difficulté d‟accès aux crédits rencontrée par les micro-entreprises et les PME demeure
l‟un de leurs principales contraintes. C‟est ce qui nous amène au dernier chapitre : Analyse du
financement externe des micro-entreprises et PME et propositions de solutions. Les micro-
entreprises et les PME ont un réel besoin de financement externe pour développement de leurs
activités ou tout simplement pour pouvoir surmonter leurs difficultés financières. Ainsi, nous
allons analyser dans ce chapitre, les processus d‟octroi de crédit au niveau d‟une banque
primaire et d‟une microfinance; nous en déduirons les problèmes rencontrés au sein de ces
institutions financières. Nous y analyserons également, les problèmes propres aux micro-
entreprises et PME qui les empêchent de se développer et enfin, nous allons donner quelques
recommandations pour une meilleure coopération entre ces entreprises de taille inférieure et
les institutions financières.
37
Chapitre 2 : ANALYSE DU FINANCEMENT EXTERNE DES
MICRO-ENTREPRISES ET PME (CAS DE BFV-SG ET DE PAMF) ET
PROPOSITION DE SOLUTIONS
Dans ce dernier chapitre, nous allons faire une analyse des procédures de financement
des micro-entreprises et des PME. Pour cela, nous avons décidé de faire une descente sur
terrain. Grace à l‟aide de l‟administration du département qui nous a fourni une lettre
d‟introduction, nous avons pu obtenir plus facile des entretiens. Au moment de l‟entretien,
nous avons préparé au préalable un questionnaire (Annexe 1) pour faciliter le dialogue avec le
responsable. Pour notre étude, nous avons choisi de prendre une banque primaire et une
institution de microfinance comme zones d‟étude car il nous semble important de voir les
différents aspects des financements des micro-entreprises et PME à Madagascar, tant dans les
institutions financières traditionnelles et que dans les microfinances. Nous allons tout d‟abord
présenter un à un les cas que nous avons choisi notamment la banque primaire BFV-SG et
l‟institution de microfinance PAMF puis nous verrons leurs critères de sélection de dossiers
d‟octroi de crédits et enfin leurs procédures d‟octroi de crédits. Puis la seconde section se
concentrera sur l‟analyse critique du financement externe des PME et enfin, à la fin de ce
chapitre, nous essayerons de proposer des solutions qui puissent résoudre les problèmes des
micro-entreprises et PME.
Section I : Analyse du financement externe des micro-entreprises et PME.
Cas de la BFV-SG et de la PAMF
I-1. Présentation générale des zones d‟études :
Dans cette section, nous essayerons de mieux connaître les institutions financières
que nous avons choisies en les identifiant, en remontant dans leur historique et en découvrant
leurs différents offres et services. Nous commencerons, tout d‟abord, par la banque primaire
BFV-SG et nous poursuivrons, ensuite, par l‟institution de microfinance PAMF.
I-1-1. Présentation de la banque primaire BFV-SG :
a- Présentation :
La « Banky Fampandrosoana ny Varotra – Société Générale », plus connu sous
le sigle BFV-SG, est une banque territoriale de renommée et très compétitive dans son secteur.
38
C‟est pourquoi nous l‟avons choisie comme objet de nos recherches. De plus, la coopération
avec la banque a été plus facile grâce à un stage effectué il y a une année de cela dans son
agence qui se situe à Anosizato; cette agence constitue par ailleurs notre zone d‟étude.
La BFV-SG s‟est fixé comme objectif à long terme de s‟imposer en tant que banque
universelle et banque de référence à Madagascar. Avec ses 6 Directions Régionales et ses 46
agences réparties dans toute la Grande île, BFV-SG se place au numéro 2 41
derrière la BOA
Madagascar en termes de réseau, et numéro 3 derrière BMOI et BNI en termes de rentabilité.
La BFV-SG détient 23% de PDM, avec quatre types de clients cibles : les particuliers,
les entreprises , les professionnels, et les association.
b- Les offres et services :
Comme toute banque commerciale, les principales offres et services de la BFV-SG
sont dérivés des dépôts et des crédits.
Concernant plus particulièrement les octrois de crédits, la BFV-SG répondent aux
demandes de prêts par rapport d‟abord aux quatre types de clients, qu‟il soit particulier,
association, professionnel ou entreprise.
Ce sont les crédits accordés au type de client professionnel qui nous intéressent ici. En
effet, les micro-entreprises et PME sont catégorisées parmi ce type de client et non parmi le
type de client entreprise qui est particulièrement destiné aux Grandes-Entreprises.
BFV-SG offre au profit des entreprises des prêts à court terme destinés à l‟exploitation
courante, des prêts à moyen terme destinés à l‟investissement et des prêts à long terme
destinés à l‟équipement.
I-1-2. Présentation de l‟institution de microfinance PAMF :
a- Présentation
La Première Agence de microFinance connue sous le sigle PAMF a été créée à
Madagascar en 2006 ; nous avons choisi cette microfinance comme zone d‟étude car elle
effectue actuellement une grande promotion sur les crédits qu‟elle octroi aux PME
La PAMF a été créée à Madagascar en 2006 ; elle a comme société-mère la société
AGA KHAN DEVELOPMENT NETWORK (AKDN) basée à Genève. Depuis 60 ans, cette
dernière a offert des services de microfinance à travers un programme de développement
41
BFV-SG Anosizato, 2014
39
intégré qui a pour objectifs d‟aider les entrepreneurs à faire décoller leurs projets; de créer des
emplois et d‟améliorer le financement des besoins des particuliers et des entreprises.
Le réseau de la PAMF s‟étend actuellement à quatorze (14) agences42
. La particularité de
la PAMF est d‟avoir lancé en 2006 ses activités en milieu rural, notamment dans le grand
Nord avant de s‟installer en ville. Actuellement « Notre ambition est d’être présente à terme
sur l’ensemble du territoire » selon le Directeur Général de la PAMF43
.
Comme les banques primaires, les offres et services de la PAMF sont principalement
les dépôts et les crédits. Il y a les Prêts, l‟épargne volontaire, les formations et conseils et les
services financiers.
Notre descente à l‟agence PAMF Antsahavola nous a permis de connaitre les détails
de leurs activités.
Les dépôts sont rémunérés au taux d‟intérêt 5,5% par an
Quant aux crédits, au sein de la PAMF, il existe différents crédits correspondant aux
besoins de chaque type de clients : ceux destinés aux particuliers et ceux destinés aux
entreprises. Pour les micro-entreprises et les PME, il en existe principalement deux
types :
- Les crédits d‟équipement : il s‟agit des crédits octroyés aux entreprises pour le
financement de leurs besoins en biens mobiliers et immobiliers. Ce sont des
crédits à moyen terme
- Les fonds de roulement : il s‟agit des crédits qui servent à financer les activités
courantes des entreprises. Ce sont des crédits à court terme
A présent que nous connaissions mieux nos zones d‟études, nous allons voir dans le
paragraphe suivant les critères que ces institutions financières requièrent avant de valider la
demande de crédits des micro-entreprises et PME.
I-2. Les critères de sélection de dossiers d‟octroi de crédits aux micro-entreprises et PME :
Ce paragraphe nous permet de découvrir les critères de sélections de dossiers d‟octroi
de crédit aux micro-entreprises et PME. Les critères utilisés s‟articulent autour des
documents comptables, des documents juridiques et sans avoir oublié les autres éléments
nécessaires à l‟étude du dossier. Comme précédemment, nous allons voir en premier ces
critères au niveau de la BFV-SG et ensuite au niveau de la PAMF.
42
PAMF Antsahavola, 2015 43
Microfinance: La PAMF ouvre son premier centre régional à Antsohihy, Midi Madagascar, le 04 Mars 2014
40
I-2-1. Au niveau de la BFV-SG :
Les documents exigés par la BFV-SG pour une demande de prêts peuvent être
distingués en deux catégories : les documents nécessaires pour l‟étude du dossier et les
documents pouvant être obtenus en cours d‟étude du dossier.
a- Les documents préalables à l‟étude du dossier :
Ces documents sont principalement des documents financiers (documents comptables);
ils sont établis pour effectuer l‟analyse financière des PME. Les objectifs fondamentaux de
l‟analyse financière consistent à mesurer la rentabilité de l‟entreprise et à analyser son
équilibre financier. La rentabilité de l‟entreprise s‟avère l‟aptitude à générer un profit.
L‟indicateur de sa performance économique sera donc sa capacité à dégager les profits.
b- Les données obtenues en cours d‟étude du dossier :
Ces documents sont déduits lors de l‟étude du dossier, ce sont toujours des documents
préalables à la prise de décision de la banque. Ils sont composés par des documents juridiques
et des documents financiers. Il s‟agit du statut de l‟entreprise, de l‟extrait de registre de
commerce, le plan de trésorerie prévisionnel…
c- Une visite clientèle sur terrain :
Certains éléments sont non comptables et non administratifs mais nécessaires à
l‟analyse du dossier de crédit. L‟agent de la banque doit procéder à un entretien ou une visite
clientèle sur terrain pour obtenir des informations. Il s‟agit de vérifier les moyens
humains, les moyens de production et les moyens commerciaux afin d‟avoir une vision plus
claire de l‟activité de l‟entreprise.
I-2-2. Au niveau de la PAMF :
Au sein de la PAMF, les agents de crédits sont surtout exigeants par rapport à la
formalité des entreprises qui demandent des prêts. Comme les banques primaires, elle
requière des documents légaux, des documents comptables et des documents sur l‟activité des
micro-entreprises et PME.
Après avoir vu les critères de sélection de dossiers de demande d‟octroi de crédit pour
le cas de la BFV-SG et de la PAMF, nous allons maintenant voir dans le paragraphe qui suit
leur procédure d‟octroi de crédit afin d‟avoir plus de connaissances sur leur mode de travail et
les conditions qu‟elles exigent auprès des micro-entreprises et PME.
41
I-3. Les procédures d‟octroi de crédit :
Nous allons voir les procédures d‟octroi de crédit aux entreprises de la banque depuis
l‟émetteur vers les récepteurs et jusqu‟à l‟accord ou refus des dossiers. Chaque institution
financière a sa propre procédure. Néanmoins, ces procédures ne se diffèrent pas trop les un
des autres qu‟il s‟agit de banque primaire ou de microfinances.
Nous allons donc voir dans ce paragraphe le circuit de décision d‟une demande de crédits,
les garanties exigées par les institutions et les éléments constitutifs des crédits. Nous
commencerons comme toujours par la banque primaire BFV-SG et puis l‟institution de
microfinance PAMF.
I-3-1. Au sein de la BFV-SG :
a- Le circuit de décision :
Un dossier de crédit, après avoir été traité au niveau de l‟exploitant, suit un circuit que
nous appelons le " circuit de décision ".
Au sein de la BFV-SG, le processus d‟analyse de demande de crédits durent environ
quatre semaines. Avant de voir les détails de ce processus, nous allons tout d‟abord voir le
circuit général de décision d‟un dossier de crédit qui se présente comme suit :
Figure 2: Circuit d’un dossier de demande de crédit au sein de la BFV-SG:
Source : BFV-Société Générale Anosizato, 2015
L‟analyse du dossier de crédit se fait à trois niveaux qui sont l‟analyse effectuée à
l‟agence, celle faite par les analystes et enfin celle des décideurs. Ce passage en trois niveaux
nous prouve que le dossier de crédit passe sous les yeux de plusieurs analystes. Cela confère à
l‟analyse des dossiers de demande de crédit un aspect objectif.
AGENCE
DECIDEURS DE
DOSSIERS
ANALYSTES DE
CREDITS
42
- La BFV-SG Madagascar offre aux entreprises demandant de crédit une
optimisation sur l‟analyse du dossier. A cet effet, le dossier va être déposé par le client à
l‟agence et passe déjà à la première analyse. Ainsi, l‟agent donne son premier point de vue
sur les activités de l‟entreprise. A ce moment, avec l‟aide du banquier, l‟entreprise rectifie les
anomalies constatées sur les documents financiers présentés.
- Ensuite, l‟agence envoie le dossier instruit aux analystes de crédits pour une
deuxième analyse. Les analystes font une expertise et contre-expertise du dossier. Dans le cas
de non-conformité, l‟analyste renvoie le dossier à l‟agence pour une rectification. L‟action
corrective du dossier doit se faire suivant les recommandations et les directives des analystes.
- Ces analystes, par la suite, transmettent le dossier au décideur qui a pour rôle
de trancher pour le déblocage du crédit ou non. Puis c‟est au tour de ce dernier d‟envoyer la
réponse à la demande qu‟elle soit positive ou négative.
Cette procédure dure environ un mois : au niveau de l‟agence la réception des divers
éléments du dossier et la première analyse durent environ deux semaines, puis, au niveau du
siège, l‟étude faite par les analystes et les décideurs atteint également deux semaines. Donc, si
validation de la demande, le déblocage du crédit se fait environ en un mois mais la banque
peut accorder une avance de crédit en cas de besoin.
b- Les garanties :
En cas d‟accord de crédits, la banque constitue les garanties requises. Ces garanties
dépendent du montant de crédits demandés par l‟entreprise et des biens en sa possession.
L‟exigence de garanties est une preuve que la banque accorde une importance capitale aux
crédits qu‟elle accorde. Les garanties sont nécessaires pour montrer à la banque que
l‟entreprise est prête à collaborer avec la banque. De plus, les garanties comme son nom
l‟indique servent de garants ou de gages en cas de défaillances du client.
Il y a plusieurs types de garanties que la BFV-SG peut recevoir :
- Caution solidaire : il s‟agit d‟un tiers autre que le demandeur de crédit qui se porte
caution. Il serait le responsable à qui la banque réclamerait le remboursement du
crédit en cas de défaillance du client. C‟est la forme la plus simple de garantie car
il s‟agit seulement d‟un engagement par signature de celui qui se porte caution. La
banque exige par contre une fiche de renseignements confidentiels de cette
43
personne et le dernier bilan et compte de résultat si la personne est un commerçant
ou une société.
- Nantissement des matériels : il peut s‟agir de matériels roulants ou de matériels
immobiliers.
- Hypothèque ou promesse d‟hypothèque : il s‟agit d‟une propriété comme une
maison, un immeuble, le bateau fait également partie de ce type de garanties et
non du nantissement de matériels roulants.
c- Les éléments constitutifs du crédit:
- Le montant :
Le montant du crédit accordé dépend du type d‟octroi de crédits. S‟il s‟agit d‟une ligne
de découvert, ce montant ne peut excéder le montant de 1 mois de chiffre d‟affaires de
l‟entreprise. S‟il s‟agit d‟un prêt à moyen terme, le montant de crédits accorder peut aller
jusqu‟au chiffre d‟affaires de l‟entreprise.
- Le taux d‟intérêt44
:
D‟après notre enquête auprès de l‟Agence BFV-SG Anosizato, le taux d‟intérêt est
négociable. En effet, il existe une Association de banques primaires où toutes banques
territoriales se réunissent pour fixer un taux de base bancaire. Ce dernier est déduit à partir du
taux directeur de la banque central qui tourne autour de 9 à 10%, les banques primaires se
réunissent pour trancher le taux de base bancaire pour éviter la concurrence déloyale. Lors
d‟une validation de demande de crédits, chaque banque peut décider du taux d‟intérêt qu‟elle
utilisera. Sa décision dépend du point de vue qu‟elle a de l‟activité de l‟entreprise et/ou de sa
relation avec son client. Si par exemple une entreprise inspire confiance à la banque, elle peut
lui accorder un prêt avec un taux d‟intérêt juste un peu au-dessus du taux de base bancaire
(exemple : TBB +2). Le taux d‟intérêt peut aller de 13% à 22% au sein de la BFV-SG.
- La durée de remboursement :
Le remboursement d‟un prêt à court terme est de 0 à 12mois ; un prêt à moyen terme :
1 à 5ans et celui à long terme : plus de 5ans
44
BFV-SG Anosizato, 2015
44
I-3-2. Au sein de la PAMF :
a- Le circuit de décision :
Comme dans toutes institutions financières, l‟octroi de crédits ne peut se faire à partir
d‟une seule analyse. Au sein de la PAMF, pour arriver à une réponse de demande de crédits, la
procédure passe par plusieurs étapes. La figure suivante va nous montrer cette procédure :
Figure 4: Circuit d’un dossier de demande de crédit au sein de la PAMF:
Source : Agence PAMF Antsahavola, 2015
Au niveau des agents de crédits : ils se trouvent au sein de chaque agence
- Ce sont les agents de crédits qui donnent les renseignements nécessaires aux
clients sur les dossiers de demande de crédits.
- En deuxième lieu, ils analysent les différentes pièces du dossier de chaque
entreprise, ils les contactent en cas de rectification.
- Ensuite, ils fixent des entretiens sur place, généralement, ces entretiens se
déroulent au lieu d‟activité des entreprises. Ils font une simple approche entre le
dossier et l‟activité de l‟entreprise.
- Enfin, ils donnent leurs points de vue et font le montage du dossier qu‟ils vont par
la suite envoyer au département à risque.
Au niveau du département à risque : ils vont faire une seconde analyse et donnent
leurs remarques sur le dossier de l‟entreprise. Ils utilisent les instruments d‟analyse
financière tels que les différents ratios pour mesurer le degré des risques.
Au niveau des cadres commerciaux : ils font ce que l‟institution appelle « validation
sur terrain », il s‟agit pour ces cadres de faire des vérifications plus approfondies
AGENTS DE
CREDITS
DEPARTEMENT A
RISQUES
COMITE DE
CREDITS
CADRES
COMMERCIAUX
45
concernant le déroulement des activités, les moyens de production, les concurrents
potentiels de l‟entreprise…
Au niveau du comité de crédits : il s‟agit d‟un comité avec la direction. C‟est à ce
niveau que la demande d‟octroi de crédits est accordée ou refusée.
La durée de cette procédure dépend tout d‟abord de l‟entreprise cliente. Plus précisément
du temps qu‟elle met pour réunir tous les dossiers, s‟il y a moins de rectification et d‟éléments
incomplets, la procédure peut être effectuée plus rapidement. La durée totale des étapes de
cette procédure dure entre 15 à 20 jours au sein de la PAMF. Quant à la durée de la
formalisation de la demande en cas d‟accord de crédits, elle dépend du temps que met
l‟entreprise pour le faire et des établissements publics qui s‟en chargent.
b- Les garanties :
Les garanties sont l‟une des conditions exigées par la PAMF pour un accord de crédits.
Elles dépendent du type de crédits demandé par les micro-entreprises et les PME. Au sein de
la PAMF, les équipements comme les électroménagers ne font plus partie des garanties
exigées s‟il s‟agit d‟entreprises ; les types de garanties qu‟ils acceptent sont les mêmes que
celles des banques primaires. Il s‟agit des biens immobiliers et mobiliers, des stocks de
marchandises, de caution solidaire…
c- Les éléments constitutifs du crédit :
- Le montant :
Concernant le montant de crédits que la PAMF accorde aux micro-entreprises et PME,
il dépend de l‟analyse faite par le département à risque, le montant de crédit demandé peut
être ainsi égal ou différent du montant de crédit accordé à l‟entreprise. Le montant maximal
que la PAMF peut accorder à une micro-entreprise ou à une PME peut aller jusqu‟à
240 000 000 d‟Ariary.
Cependant, pour un montant de crédits plus de 120 000 000 d‟Ariary, la PAMF exige
une autre personne se portant caution autre que le demandeur de crédit45
. Cette autre personne
doit avoir la capacité à rembourser ce crédit. Mais si l‟entreprise ne veut engager personne
pour cela ou tout simplement, si personne ne peut se porter caution, la PAMF collabore avec
SOLIDIS GARANTIES. C‟est un établissement qui se porte caution pour des entreprises qui
45
PAMF Antasahavola, 2015
46
ont en besoin ; il coopère avec l‟entreprise et l‟institution financière avec certaines conditions
et avec contreparties.
- Le taux d‟intérêt :
Au sein de la PAMF, le taux d‟intérêt pour les crédits PME dépendent du montant du prêt
(les détails seront présentés en Annexe 4) :
o Un taux de 1,5% mensuel pour un montant de prêt entre 7 000 000 Ar et
20 000 000 Ar
o Un taux de 1,3% mensuel pour un montant de prêt supérieur à 120 000 000 Ar
- La durée de remboursement :
Pour le crédit équipement, il s‟agit d‟un prêt à moyen terme, son remboursement se
fait entre 6 mois et 36 mois au sein de PAMF. Quant au crédit fonds de roulement, la durée de
remboursement est de 6 à 18mois.
Nous venons de voir les détails de financement des micro-entreprises et des PME
auprès d‟une banque primaire et d‟une microfinance, nous avons pu connaitre les critères et
conditions exigées par ces institutions pour un accord de crédit, nous avons également pu
savoir leur procédure d‟octroi de crédit notamment leur circuit de décision. Nous avons
remarqué que ces éléments ne sont pas très différents qu‟ils s‟agissent de banque primaire ou
de microfinance. En effet, les critères de sélection de dossier de demande de crédits sont les
mêmes pour les deux institutions financières ; de même pour les garanties exigées. Ce qui les
distingue est le taux d‟intérêt et le montant de crédit accordé. La banque primaire BFV-SG
pratique un taux d‟intérêt annuel alors que la microfinance PAMF pratique un taux d‟intérêt
mensuel. Quant à la durée de la procédure, elle est plutôt longue au niveau des deux
institutions. Ainsi, nous pouvons déduire quels peuvent être les problèmes des
microrencontrés au niveau de ces institutions et les problèmes rencontrés au niveau des micro-
entreprises et PME elles-mêmes. C‟est ce qui fera l‟objet de notre analyse dans la section qui
suit.
47
Section II : Analyse critique du financement des micro-entreprises et PME
Dans cette section, nous allons voir dans le premier paragraphe, les différents
problèmes rencontrés au niveau des institutions financières. Ces problèmes tournent autour de
leur procédure d‟octroi de crédits, de leurs critères de sélection de dossiers ainsi que de leur
insuffisance d‟appréciation du risque. Cependant, la difficulté d‟accès aux crédits des micro-
entreprises et PME ne viennent pas seulement des institutions financières; ces entreprises ont
leurs propres problèmes qu‟elles doivent d‟abord résoudre pour pouvoir bénéficier d‟un
financement satisfaisant. Ces sont ces propres aux micro-entreprises et PME que nous allons
aborder dans le second paragraphe.
II-1. Problèmes rencontrés au niveau des institutions financières :
Dans ce présent paragraphe, nous allons présenter une analyse critique sur les
procédures d‟octroi de crédits des institutions financières, puis sur leurs critères d‟octroi de
crédits et enfin, sur l‟appréciation de risque de ces institutions.
II-1-1. Analyse critique sur les procédures d‟octroi de crédits :
a- Délai d‟octroi de crédit trop long :
Ce délai trop long est du à deux facteurs : l‟attente des accords et le déblocage retardé
du crédit.
L„attente des accords :
Nous avons vu dans la section précédente le circuit de décision au sein d‟une
banque primaire et d‟une microfinance. Nous avons constaté que ces institutions
suivent des principes pour mener à bien l‟analyse de la demande de crédit. Le dossier
de demande d‟octroi de crédits passe par au moins trois niveaux d‟analystes. De plus,
chacun d‟eux doivent suivre des étapes bien précis pour aucune décision ne soit prise à
la légère. Nous avons vu qu‟au sein de la BFV-SG, la procédure d‟octroi de crédit
dure deux semaines en agences et deux semaines au siège, ce qui fait un total de un
mois. Quant à la PAMF, elle dure entre 15 à 20 jours.
Malgré la différence entre ces délais, il est évident qu‟ils sont beaucoup trop
longs car il faut savoir que les entreprises doivent encore procéder à la formalisation
de leurs emprunts. Cette formalisation peut durer jusqu‟à un mois, cela est due à la
forte présence de corruption au niveau des administrations publiques à Madagascar.
48
De ce fait, les micro-entreprises et les PME peuvent avoir leurs prêts qu‟entre un mois
et demi et deux mois après leur demande.
Le déblocage retardé des crédits :
Ce n‟est qu‟après la décision du responsable de crédit et de la Direction
Générale qu‟il y a déblocage des fonds. En principe, il devrait y avoir un
entretien avec le client avant de fournir les dossiers nécessaires à la demande de
financement et surtout pour que le responsable, issu de cet entretien, puisse
proposer les types de crédits adéquats aux besoins financiers de l‟entreprise.
Quel que soit le cas, l‟analyste de crédit examine la situation financière des
clients pour évaluer la recevabilité de leur demande, leur solvabilité, l‟existence de
garanties suffisantes. Il analyse les risques et évalue la rentabilité de l‟investissement
pour la banque. Dans le cas des crédits aux entreprises, il intervient soit dans
l‟analyse des risques pour une clientèle diversifiée, soit pour l‟étude de certains
risques très spécifiques et importants.
Après avoir vérifié la recevabilité de la demande, il analyse les documents
financiers, calcule un certain nombre de ratios à partir du bilan et examine
l‟évolution du compte d‟exploitation.
Tout ceci s‟avère indispensable avant de parvenir à la décision finale. Ce qui explique
le long délai du déblocage du fonds.
b- Analyse critique sur les garanties exigées :
Les microfinances comme les banques primaires n‟accordent pas de crédits que si les
entreprises possèdent des éléments qui garantissent le remboursement de leurs prêts. Pour
éviter les différents risques, ces institutions appliquent soit de lourdes garanties soit des taux
d‟intérêt élevé.
Si l‟entreprise ne dispose pas de garantie, la banque et la microfinance peuvent couvrir
leurs prêts par les actifs de l‟entreprise. En plus du taux d‟intérêts élevés et de lourdes
garanties, les banquiers cherchent à combler l‟incertitude qu‟ils ont.
Cependant, il est possible que les micro-entreprises et les PME ne puissent pas assumer
les lourdes garanties et taux d‟intérêt que ces institutions financières imposent. Le
remboursement de leurs prêts peut alourdir leurs activités du fait du taux d‟intérêt élevé ; ce
49
qui fait qu‟au lieu de s‟épanouir ; certaines entreprises de taille inférieure s‟enfoncent dans
leur endettement.
II-1-2. Analyse critique sur les critères de sélection de
demande d‟octroi de crédits
La banque enregistre avec précaution une accumulation des éléments des dossiers
traités. Ceci entraîne un retard dans le commencement du traitement, ou une mise en attente
avant la prise en charge de chaque dossier.
Par ailleurs, les institutions financières exigent de nombreux documents financiers ;
cependant, les micro-entreprises ne possèdent pas la plupart de ces documents ; ce qui rend
leurs accès aux crédits plus difficiles.
II-1-3. Insuffisance de l‟appréciation du risque par les institutions financières :
Nous avons pu savoir, dans la première partie, les différents risques auxquels les
institutions financières font face. Nous pouvons constater que ces risques sont surtout dus à
l‟insuffisance d‟information des analystes de crédits.
Comme on a déjà exposé auparavant, l‟analyste de crédit est amené à analyser les
documents financiers annuels, le compte de résultat prévisionnel et le plan de trésorerie. Mais
il faut savoir qu‟il devra corréler ces analyses avec d‟autres informations toutes aussi
importantes comme la connaissance des dirigeants et de leurs stratégies, les garanties, la part
du marché, etc…qui lui sont nécessaires afin d‟avoir une vue globale de l‟entreprise et ainsi
être à même de porter un jugement sur le risque des crédits à mettre en œuvre.
Il est à remarquer que ni les microfinances ni les banques primaires ne financent les
entreprises en phase de décollage. C‟est leur règle d‟or. Elles n‟octroient de prêts qu‟aux
entreprises qui ont une certaine maturité financière. Nous avons vu qu‟au sein de l‟Agence
BFV-SG, les crédits ne sont accordés que si l‟entreprise a effectué au moins deux ans
d‟exercice contre un an d‟exercice au sein de la PAMF.
Nous venons donc de voir les différents problèmes que l‟on peut rencontrer au niveau
des banques et des microfinances en ce qui concerne le financement des PME. Cependant, il
est flagrant que les micro-entreprises et PME ont également leurs propres défaillances ; leur
50
accès aux crédits n‟en est que la conséquence. C‟est ce que nous allons voir dans le
paragraphe suivant.
II-2. Les problèmes propres aux micro-entreprises et PME :
Nous allons subdiviser ce paragraphe en deux parties:
- les problèmes liés à l‟environnement interne et
- les problèmes liés à l‟environnement externe.
II-2-1. Les problèmes liés à l‟environnement interne
des micro-entreprises et des PME :
Les difficultés internes que nous allons présenter se résument aux capacités techniques
et commerciales, aux capacités humains et aux capacités financières de ces entreprises de
petite taille.
a- Difficultés liées aux capacités techniques et commerciales :
Sur le plan technique et technologique, les PME malgaches rencontrent souvent
autant de nombreuses contraintes. Les PME ont un retard technologique par rapport aux
Grandes-entreprises. Ce retard est dû certainement par le manque de formation ou bien
d‟information. Leurs moyens de production ne peuvent produire des biens et services en très
grande quantité. En plus, l‟absence de maintenance de leurs outils aggravent l‟obsolescence
technologique. En effet, les mesures préventives sont insuffisantes voire inexistantes ; à cela
s‟ajoute un manque de compétence technique dans l‟entretien et la maintenance, ce qui force
à faire appel à une assistance technique étrangère coûteuse. C‟est pourquoi, on assiste souvent
à une production de qualité inférieure à des coûts élevés dus à la forte consommation
d‟énergie et aux frais de maintenance élevés.
Sur le plan commercial, les micro-entreprises et PME malgaches trouvent des
difficultés aussi bien internes qu‟externe concernant la conquête du marché. Cette situation
est peut-être due par la négligence ou même l‟inexistence de stratégie marketing efficace
au sein de ces entreprises et aussi par la difficulté d‟accès à l‟information sur les marchés.
Les majorités des dirigeants étudiées n‟appliquent pas des méthodes marketings. Par
exemple, ils ne prennent pas compte du marketing mixte : Produit-Prix-Promotion-
Distribution. Pourtant, ce sont ces méthodes qui aident l‟entreprise à mener à bien ces
activités et à vaincre la concurrence.
51
b- Difficultés liées aux ressources humaines :
Les micro-entreprises et les PME trouvent également des difficultés concernant
leurs moyens humains. Les salariés sont souvent non qualifiés et particulièrement, leurs
connaissances ne sont pas à jour. Certaines de ces entreprises ne disposent pas de
formation interne pour les salariés. Il n‟existe pas non plus une gestion des compétences qui
est nécessaire pour préserver les connaissances. C‟est pourquoi la perte d‟un employé-clef les
affecte énormément.
Quant aux qualités professionnelles du dirigeant, cela pose problème jusqu‟à présent.
En effet, les dirigeants de ces petites entreprises manquent de capacité entrepreneuriale. Ils
prennent des décisions concernant leur projet sans avoir fait des analyses du marché. Par
ailleurs, nous savons que la nomination de leur dirigeant se fait par succession et la principale
forme de formation qui y existe est l‟apprentissage par voie visuelle. De ce fait, confrontés à
un environnement hostile, ces dirigeants ne possédant pas de solides qualifications peuvent
mener à la faillite de leurs entreprises.
c- Difficultés liées aux capacités financières :
Sur le plan financier, la gestion financière doit être prise en considération. En effet,
elle est considérée comme un outil de gestion de l‟entreprise. L‟analyse financière est très
importante pour pouvoir connaitre la situation financière de l‟entreprise à n‟importe quel
moment. L‟analyse financière utilise certains instruments comme les différents ratios (nous
allons présenter en Annexe 3 leur mode de calcul) qui aident à prendre les meilleures
décisions sur le plan financier. Cependant, la quasi–totalité des micro-entreprises et PME ne
pratiquent pas l‟analyse financière. Elles ne possèdent même pas une tenue de la comptabilité
et pourtant les établissements financiers ne peuvent leur accorder des crédits que si elles en
possèdent. Les agents de crédits au sein des institutions financières prennent des décisions
concernant la validation des demandes de crédits grâce à l‟analyse qu‟ils font à partir des
éléments financiers de l‟entreprise emprunteuse. Par conséquent, en cas de difficultés
financières, ces entreprises de petite taille ne peuvent compter que sur elles-mêmes.
Auprès de l‟Agence BFV-SG Anosizato, par exemple, en un an et demi après son
ouverture, 20 demandes de crédits sur 85 ont été refusées. Le directeur de l‟Agence nous a
affirmé que la raison la plus courante d‟une réponse négative aux demandes de crédits est la
non-possession d‟une tenue de comptabilité fiable de la part des entreprises.
52
Remarque : Force est de constater que nombreuses sont les entreprises désireuses de
bénéficier du financement offert par la banque. Les entreprises qui exercent dans le secteur
informel en font partie. Cependant, la majorité institutions financières n‟accorde pas de prêts à
ces types d‟entreprises. Les cas de la BFV-SG et de la PAMF en témoignent, le formalisme
des entreprises emprunteuses est l‟une de leur condition les plus fondamentales.
Nous venons de voir que nombreuses sont les défaillances internes des micro-
entreprises et des PME. Certaines de leurs difficultés internes proviennent de leur petite taille
et certaines de leur propre négligence. Nous allons à présent voir leurs difficultés liées à leur
environnement externe.
II-2-2. Les problèmes liés à l‟environnement externe
des micro-entreprises et des PME :
Dans ce paragraphe, nous verrons quels sont les obstacles qui, malgré leurs efforts,
empêchent ces petites entreprises de s‟épanouir. Nous verrons ainsi les problèmes sur le plan
économique, sur le plan administratif et sur le plan fiscal.
a- Sur le plan économique
Comme tout domaine, l‟instabilité économique à Madagascar frappe également les
micro-entreprises et les PME. Les crises politiques répétitives les touchent plus que les
Grandes-entreprises car elles ont des difficultés à se rétablir. Le niveau élevé du taux
d‟inflation est l‟une des raisons qui empêchent les entreprises de taille inférieure de pouvoir
poursuivre dans leur expansion.
Par ailleurs, les politiques économiques adaptées par le gouvernement ont également
des impacts sur les activités des entreprises. S‟il choisit une politique de restriction, le taux
directeur de la banque centrale sera élevé et cela aura des impacts sur les demandes de crédits
des entreprises qui devront subir un taux d‟intérêt élevé.
b- Sur le plan administratif
A Madagascar, les activités des entreprises sont encore retardées par la lourdeur
administrative tant dans leur création que dans leur expansion.
53
La complication des procédures et des textes législatives est l‟une des failles qui
empêchent les entreprises de prendre les bonnes décisions. Nous avons vu précédemment que
la majorité des dirigeants des micro-entreprises et des PME n‟ont pas la capacité
entrepreneuriale suffisante, certains n‟ont même pas suivi de formation. D‟où, ils peuvent mal
interpréter les textes en vigueur et peuvent engendrer des conséquences néfastes sur leurs
activités.
Par ailleurs, la mise en place de l‟EDBM (Economic Development Board of
Madagascar) pénalise les micro-entreprises et les PME par rapport aux Grandes-entreprises.
L‟EDBM facilite la création des entreprises et l‟accès aux documents dont elles en ont besoin.
Cependant, cet établissement public ne prend pas en charge les entreprises de forme juridique
« entreprise individuelle ». Pourtant, c‟est la forme juridique la plus courante des micro-
entreprises et des PME.
c- Sur le plan fiscal
Les mesures fiscales de chaque pays peuvent inciter ou freiner les activités des
entreprises. Autrement dit, une mesure fiscale incitative applique un taux de prélèvement peu
élevé qui permettent aux entreprise d‟épargner et d‟investir, de rendre leurs produits et leurs
services accessibles au pouvoir d‟achat local et compétitifs à l‟exportation, et qui soit
transparent et stable pour leur donner confiance dans la réalisation de leurs activités
économiques.
Cependant, les micro-entreprises et les PME reprochent à l‟administration de ne pas
avoir une politique fiscale claire. En effet, la politique fiscale actuelle ne favorise pas un
environnement propice à l‟investissement car il y a toujours une menace de changement de
stratégie fiscale à tout moment. Par ailleurs, tout comme les particuliers, ces entreprises se
plaignent de ne pas recevoir une contrepartie réelle de leurs impôts.
De plus, la forte présence des entreprises informelles découragent celles qui suivent la
loi. Ces entreprises informelles sont des concurrents potentiels et pourtant, elles ne cessent
d‟élargir leurs activités.
Nous venons de voir les difficultés des micro-entreprises par rapport à leur
financement, leurs difficultés internes telles que leurs difficultés techniques et commerciales
54
et leurs problèmes au niveau des ressources humaines et enfin, leurs difficultés liées à leur
environnement externe notamment sur le plan économique, administratif et fiscal. Ainsi, nous
arrivons à présent à la dernière section qui va clore notre travail ; il s‟agit d‟apporter quelques
propositions d‟action qui peuvent résoudre ou réduire les problèmes rencontrés par ces
entreprises de petite taille.
Section III : Propositions de solutions
Dans cette section, nous allons proposer quelques recommandations pour remédier aux
problèmes rencontrés au niveau des institutions financières et au niveau des micro-entreprises
et PME.
- Le premier paragraphe portera sur les solutions aux problèmes de financement
des micro-entreprises et PME. Nous verrons dans ce paragraphe, les propositions d‟action à
entreprendre par les institutions financières et celles à entreprendre par les micro-entreprises
et PME elles-mêmes et ;
- Dans le second paragraphe, nous allons suggérer quelques propositions
d‟actions à entreprendre par les autorités publiques. Nous y verrons une solution pour les
difficultés internes des micro-entreprises et PME et des propositions d‟action pour
l‟amélioration des financements de ces entreprises.
III-1. Solutions aux problèmes de financement des micro-entreprises et PME
Dans ce paragraphe, nous allons essayer d‟apporter quelques solutions pour résoudre
le problème de financement des micro-entreprises et des PME. Pour ce faire, nous allons tout
d‟abord apporter quelques suggestions pour l‟amélioration des financements au niveau de la
banque et la microfinance. Et ensuite, nous allons proposer quelques recommandations pour
faciliter l‟accès au financement des micro-entreprises et des PME ; autrement dit, nous allons
proposer des actions que ces entreprises devraient entreprendre pour faciliter leur accès au
financement.
III-1-1.Proposition d‟actions au niveau des institutions financières :
Nous avons vu que les micro-entreprises et les PME ont un réel besoin de
financement. Ce besoin n‟est pas satisfait comme elles le désirent car les banques et les
microfinances imposent de lourdes conditions et critères lors d‟une demande de prêts. Les
solutions que nous allons proposer concernent alors l‟insuffisance d‟appréciation de risques
55
de ces institutions financières. En effet, toutes les mesures prises par ces institutions sont dues
au fait qu‟elles évitent à tout moment les risques qui peuvent survenir.
Suite à l‟analyse des problèmes rencontrés au niveau de la banque et de la
microfinance en terme d‟octroi de crédit aux entreprises, à savoir ceux relatifs à la procédure
d‟octroi de crédit, les critères de sélection des dossiers, et l‟insuffisance d‟appréciation du
risque, nous avons pu relever des solutions pour la banque et la microfinance afin de
remédier à ses problèmes.
a- Solutions concernant la procédure d‟octroi de crédits :
Nous avons vu que l‟un des problèmes rencontrés au niveau de la banque et de la
microfinance est le délai trop long de l‟octroi de crédit : ainsi, nous proposons l‟allègement de
la procédure d‟octroi de crédit surtout pour les micro-entreprises et les PME.
Pour ce faire, nous proposons comme solution la délégation du pouvoir. En effet, nous
avons vu que ce qui retarde la réponse aux demandes de prêts est l‟attente de l‟accord des
supérieurs hiérarchiques. Il serait alors avantageux, de donner le pouvoir de décision au sein
des agences jusqu‟à un certain montant parce que l‟envoi des dossiers au siège pour décision
retarde malheureusement le déblocage.
Ainsi, nous proposons que le Directeur Général devrait définir les normes de décision
ainsi que les limites des montants à décider par les agences. Nous préconisons donc le
renforcement des compétences du personnel d‟agence et d‟analyser en matière de risque à
l‟aide des formations.
Cette solution permettra aux deux parties d‟en tirer avantages :
Les micro-entreprises et PME gagneront en temps et leur inquiétude sera
réduite car elles peuvent, en cas de difficultés, discuter des éventuels
problèmes directement au responsable.
Quant aux agences, elles gagneront également en temps puisque les dossiers
sous leurs autorités seront traités sur place ; elles gagneront aussi en coût,
puisque les frais d‟envoi des dossiers seront réduits ; et en nombre et en
volume, puisque l‟accélération de la décision permettra aux agences de traiter
plus de dossiers.
56
b- Solutions concernant les critères de sélection de dossiers de
demande de crédits
Nous avons vu que la banque et la microfinance exigent de nombreux documents en
rapport avec l‟activité de l‟entreprise. Nous savons que la raison pour laquelle ces institutions
exigent ces documents est qu‟elles évitent de prendre des risques en octroyant de crédits à des
entreprises susceptibles de ne pas avoir la capacité de remboursement. Cependant, il est
possible qu‟une demande de prêts faite par une entreprise soit refusée du fait que certains
critères comptables n‟ont pas été respectés alors que leur activité est en train de prendre de
l‟essor.
Pour ce faire, la banque et la microfinance ne doivent pas se baser uniquement sur les
documents fournis par l‟entreprise, elle doit plutôt se concentrer plus à l‟étude sur terrain
de l‟entreprise afin de connaître la situation réelle de l‟entreprise. La connaissance de la
situation réelle de l‟entreprise leur permettra de donner un jugement plus objectif et plus
favorable aussi bien pour elles que pour l‟entreprise.
Cette solution est bénéfique pour les deux parties puisque d‟une part, elle va permettre
aux institutions financières d‟évaluer les risques réels qui peuvent se présenter et d‟autre part
elle permettra d‟analyser les lacunes aux besoins de financement de l‟entreprise. Ainsi, ces
institutions pourront en déduire les produits adaptés à chaque spécification d‟activité ; un
produit qui n‟affecte pas la rentabilité des institutions et qui répond aux besoins réels de
l‟entreprise.
c- Solutions pour les garanties et amélioration de l‟appréciation du risque
Nous savons que les garanties sont les moyens qu‟exigent les institutions financières
car elles ne peuvent pas prévoir l‟évolution des activités de l‟entreprise. Autrement dit, c‟est
un moyen pour montrer le degré de l‟appréciation du risque. Ainsi la solution que nous
proposons est le partage de risques.
Partage de risques :
Les banques et les microfinances trouvant difficilement des garanties sérieuses pour
couvrir leurs risques commerciaux, ont tendance à limiter leurs opérations à moyen terme. Or,
elles présentent, aujourd‟hui, l‟avantage d‟être les seuls outils financiers au contact des
entreprises pour les assister dans leurs opérations quotidiennes. C‟est pourquoi il est
important de les soulager d‟une partie du risque d‟entreprise, sans toutefois les
57
déresponsabiliser, pour les inciter à participer au financement à moyen terme des
investissements des entreprises privées.
Nous avons également que la PAMF travaille avec l‟établissement SOLIDIS
GARANTIES pour les prêts plus de 120 000 000 d‟Ariary46
. Créée le 10 décembre 2008,
cette société est un fonds de garantie agréé par la Banque Centrale de Madagascar. Son objet
est d'apporter une garantie complémentaire aux crédits accordés par la banque
prêteuse/l'institution financière pour favoriser les projets d'entreprises. En accordant son
garantie aux prêts consentis aux PME, elle veut contribuer à en faciliter l'accès au plus grand
nombre.
Un établissement de ce genre est nécessaire pour protéger les prêteur contre des
éléments économiques défavorables qui étaient imprévisibles lors des travaux d‟évaluation et
de compléter des sûretés réelles difficiles à mettre en jeu. Pour le bon fonctionnement de cet
établissement, le taux de garantie devrait être en fonction du niveau de risque des prêts
garantis et de la politique de risque adoptée par l‟établissement.
Voilà donc les recommandations que nous proposons pour remédier aux problèmes
rencontrés au niveau des institutions financières, nous allons à présent apporter quelques
propositions d‟action que les micro-entreprises et les PME devraient entreprendre pour
qu‟elles aient plus facilement accès au financement.
III-1-2. Propositions d‟actions à entreprendre par les micro-entreprises et PME
Il y a certaines mesures que les micro-entreprises et PME doivent prendre par leur
propre initiative pour pouvoir bénéficier un financement. En effet, certaines conditions sont
formellement exigées par ces institutions et ce sont ces entreprises qui doivent faire des
efforts pour les respecter. Ainsi, nous suggérons deux propositions d‟actions que ces
entreprises devraient prendre en compte afin d‟obtenir au moins un minimum de crédits :
a- Opérer dans le secteur formel
La formalité des entreprises est l‟une des fondamentales conditions que les institutions
financières exigent. En effet, elle est le premier critère de sélection lors d‟une étude de dossier
de demande d‟octroi de crédit. Sans la formalité, les autres éléments, même pertinents, ne
46
58
seront pas pris en compte. Elle représente une solide assurance pour la banque et la
microfinance car elles sont plus sures des activités réelles des entreprises.
b- Engager un comptable
La tenue de la comptabilité est exigée par les institutions financières, c‟est un moyen
pour elles d‟avoir un aperçu de la situation financière de l‟entreprise. Ni la banque ni la
microfinance n‟accorde de crédits aux entreprises qui ne tiennent pas une comptabilité.
Ainsi, nous pouvons lui proposer d‟engager un comptable professionnel sur cette
matière. Le comptable peut les aider à effectuer l‟ensemble des tâches concernant les états
financiers de leurs entreprises. De plus, dans certains cas, il serait nécessaire que les PME
travaillent ensemble avec un comptable agréé. Ce dernier aurait pour objectif de vérifier
l‟exactitude des états financiers rédigés par le comptable de l‟entreprise.
III-2. Propositions d‟action à entreprendre par les autorités publiques
Dans ce paragraphe, nous allons voir les propositions d‟action que devraient
entreprendre les autorités publiques. En premier lieu, nous verrons une solution concernant les
difficultés internes des micro-entreprises et des PME et ensuite, des propositions d‟action
pour l‟amélioration des financements des micro-entreprises et PME.
III-2-1. Solution concernant les difficultés internes :
Création d‟un centre de formation en Gestion
En ce qui concerne les facteurs de blocage internes des micro-entreprises et des PME
notamment les difficultés sur les moyens techniques, les moyens commerciaux et les moyens
humains ; nous avons constaté que ces problèmes proviennent surtout du fait que les
dirigeants de ces entreprises manquent de capacité managériale et entrepreneuriale. En effet,
toutes les décisions concernant l‟activité de l‟entreprise viennent principalement du dirigeant.
Nombreuses sont les solutions envisageables. Cependant, même si nous allons citer
respectivement les moyens respectifs pour résoudre chacun de ces problèmes, il ne serait pas
certains que ces entreprises puissent en avoir conscience.
Aussi, ce que nous proposons est de convaincre les autorités publiques de créer un
Centre de Formation en Gestion des dirigeants des micro-entreprises et des PME. L‟adhésion
à ce centre doit-être obligatoire pour toute entreprise de taille inférieure. Nous proposons que
59
dans chaque région de Madagascar se trouve un centre pour le bon fonctionnement des
formations. Les thèmes de formation devront tourner autour des techniques de management,
de la Gestion des Ressources Humaines, des techniques commerciales, des modes de
financement…Les formations peuvent se faire trimestriellement ou semestriellement selon les
accords, elles doivent juste être faire ponctuellement.
Au cours des formations, les responsables devront faire comprendre aux dirigeants des
micro-entreprises et des PME les facteurs qui les empêchent de se développer ; et par la suite,
les recommandations possibles doivent-être évoquées. Nous allons essayer de proposer
vaguement quelques une de ces solutions qu‟il faudrait exposer lors des formations:
- Sur le plan commercial, les dirigeants devront savoir l‟importance du marketing;
surtout l‟étude de marché, car c‟est le fait qu‟ils se lancent dans un nouvel marché
ou dans un nouveau projet sans avoir fait de profondes études préalables qui cause
leurs défaillances.
- Sur le plan technique, il faut faire savoir aux dirigeants la notion d‟amortissement,
la nécessité de remplacer les moyens de production obsolètes et l‟importance de
l‟entretien et maintenance des différentes machines.
- Concernant les moyens humains, les dirigeants devront comprendre la notion de la
gestion des ressources humaines notamment la gestion de compétences. Il faut les
inciter à donner des formations à leur personnel. Quant à leur qualité
professionnelle, il faut renforcer leur capacité managériale et entrepreneuriale
pour qu‟ils puissent faire face aux différentes difficultés.
- Et enfin sur le plan financier, il faut imposer lors des formations l‟importance de
la gestion financière. Aussi, il faut insister que chaque entreprise quelque soit sa
taille doit posséder un comptable car l‟analyse financière est primordiale pour
pouvoir contrôler les éventuels changements de la situation financière de
l‟entreprise.
La création d‟un Centre de Formation en Gestion des dirigeants des entreprises de
taille inférieure est la suggestion ce que nous proposons pour résoudre leurs facteurs de
blocage internes. Nous avons vu que leur difficulté la plus dominante est leur besoin de
financement externe. Nous avons déjà exposé dans le paragraphe précédent quelques
60
recommandations pour résoudre les problèmes liés à la banque et la microfinance, le prochain
paragraphe sera concentré sur des propositions d‟action qui puissent résoudre à long terme les
problèmes de financement des micro-entreprises et PME.
III-2-2. Propositions d‟action pour l‟amélioration des financements
des micro-entreprises et PME
Ce que nous allons suggérer ici sont toujours des mesures à entreprendre au niveau des
autorités publiques. Il s‟agit des solutions aux problèmes liés à l‟environnement externe de
l‟entreprise. Ce que les micro-entreprises et les PME recherchent réellement est un
établissement qui puisse répondre à leur besoin de financement. Nous proposons deux
solutions que les autorités publiques peuvent considérer:
- La promotion des établissements de crédit-bail
- La création d‟une banque de développement
a- La promotion des établissements de crédit-bail
Les autorités publiques à Madagascar doivent encourager la création des
établissements de crédit-bail pour un meilleur épanouissement des entreprises.
Le crédit-bail ou leasing est un mode de financement, d‟accompagnement et
d‟amélioration de la performance des entreprises. Il s‟agit pour le crédit-bailleur de rendre
disponibles des locaux, des matériels, des véhicules grâce à une location faite par l‟entreprise.
Plus précisément, un Crédit-bail est un contrat entre deux parties où une partie,
appelée « crédit-bailleur », loue un bien pour usage à l‟autre partie appelée « crédit preneur »,
pour une durée déterminée et moyennant des paiements convenus entre les deux parties.
L‟avantage de ce mode financement pour les entreprises de taille inférieure est qu‟il
permet de se passer plus ou moins des lourdes garanties lors de demandes de crédits auprès
des institutions financières. Il permet également à l‟entreprise de réagir plus rapidement en
cas d‟obsolescence de matériels. Par ailleurs, au lieu de dépenser ou d‟emprunter une énorme
somme pour obtenir des matériels, la location permet aux entreprises de réserver une partie
plus grande des ressources pour leur fonds de roulement.
A Madagascar, le crédit bail était opérationnel depuis l‟année 2000 et est régit par
la loi 2004-052 du 28 Janvier 2005. Cependant, les établissements de crédit-bail sont encore
61
peu nombreux à Madagascar, c‟est pourquoi nous encourageons le gouvernement à
entreprendre des actions dans l‟appui des créations des institutions de crédit-bail.
b- Création d‟une banque de développement
La banque de développement est un concept difficile à définir. Ce qui est important est
de savoir que la création de cette banque doit être sous l‟initiative nationale. Nous constatons
qu‟il n‟existe que des banques commerciales à Madagascar. Cependant, ces banques
n‟arrivent pas à satisfaire les besoins réels des entreprises faute d‟appréciation de risques et de
moyens. Ce problème ne concerne pas uniquement les entreprises mais également les
particuliers et les projets de l‟administration publique.
Aussi, ce que nous proposons est une solution à long terme et nous avons pris comme
référence la Banque de Développement du Conseil de l‟Europe. Cette banque a pour objectifs
le financement de projets sociaux et économiques. En coopérant avec les bailleurs de fonds, il
est possible une semblable banque à Madagascar.
La Banque de Développement du Conseil de l‟Europe concourt à la réalisation de
projets d‟investissement à caractère social en faveur de la cohésion sociale en Europe, au
travers de quatre lignes d‟action sectorielle.
- Le renforcement de l‟intégration sociale : pour la Banque de Développement du
Conseil de l‟Europe, contribuer au renforcement de l‟intégration sociale et
s‟attaquer ainsi aux racines de l‟exclusion signifie, sur le plan opérationnel, agir
en faveur des réfugiés, migrants et personnes déplacées, du logement social et
améliorer la qualité de vie en milieu urbain et rural.
- La gestion de l‟environnement: Prendre part à la gestion de l‟environnement se
traduit à la fois par la réponse systématique aux situations d‟urgence, en cas de
catastrophes naturelles ou écologiques, et par une action durable au service de la
prévention, de la protection de l‟environnement ou de la sauvegarde du patrimoine
historique et culturel.
- Le soutien aux infrastructures publiques à vocation sociale: ce soutien dans les
domaines clés de la santé, de l‟éducation, de la formation professionnelle et des
services publics administratifs et judiciaires favorise à terme une croissance
62
économique et sociale, à la fois plus dynamique et plus équitable, au service de
l‟épanouissement de l‟individu et du bien-être collectif.
- Le soutien aux micros, petites et moyennes entreprises : la Banque de
Développement du Conseil de l‟Europe finance les micros, petites et moyennes
entreprises dans le but essentiel de promouvoir la création et le maintien
d‟emplois viables en facilitant l‟accès au crédit. Ces prêts s‟adressent aussi à des
entités exerçant une activité artisanale ou des entreprises familiales engagées dans
une activité économique régulière.
Il est vrai que c‟est cette dernière ligne d‟action de la Banque de Développement du
Conseil de l‟Europe qui nous intéresse mais nous constatons également que la présence d‟une
banque comme celle-ci à Madagascar sera bénéfique non seulement pour les entreprises mais
pour la nation entière.
63
CONCLUSION
Dans l‟élaboration de ce travail, nous avons cherché à connaitre la relation entre le
développement financier et la croissance économique. Grace à une revue de la littérature,
nous avons pu connaitre que plusieurs auteurs ont déjà étudié cette question. Certains auteurs
affirment et démontrent que les institutions financières jouent un rôle primordial dans la
croissance alors que d‟autres auteurs ne nient pas l‟importance du rôle des institutions
financières mais ne sont pas pour autant convaincus qu‟elles apportent une grande
contribution dans la croissance économique. Ainsi, nous avons analysé les rôles des
institutions financières notamment la banque et la microfinance. Les activités de ces
institutions financières sont presque similaires; leurs principales activités tournent autour de la
collecte de dépôts et l‟octroi de crédits. Elles encourent également les mêmes risques. La
banque et la microfinance sont pourtant complémentaires ; toute coopération entre les deux
secteurs ne peut être que bénéfique, dans la mesure où elle contribue à accroître l‟efficacité du
système de financement de l‟économie.
Après avoir acquis des théories sur la croissance économique et les institutions
financières; nous avons ensuite défini notre objet d‟étude qui est l‟ensemble des micro-
entreprises et des PME. Nous rappelons que notre analyse cherche à savoir l‟impact de la
relation entre les institutions financières et les micro-entreprises et PME dans l‟économie
malgache. L‟identification de ces entreprises se diffère d‟un pays à un autre, nous avons
retenu celle de la FTHM47
; les effectifs du personnel des micro-entreprises ne doivent pas
dépasser le nombre de cinq et leur total de bilan doit être inférieur à 60 Millions d‟Ariary.
Quant aux PME ; elles ont un effectif de personnel entre 5 et 100 employés et un total de bilan
entre 60 et 600 Millions d‟Ariary. Ces entreprises de taille inférieure constituent 90%48
de
l‟ensemble des entreprises malgaches. Elles opèrent surtout, ces dernières années, dans le
secteur tertiaire, notamment dans la branche du commerce et du transport. Quant à leur forme
juridique, la majorité de ces entreprises sont des entreprises individuelles. Nous avons ensuite
étudié la spécificité de ces petites entreprises ; elles sont très différentes des Grandes-
entreprises tant dans leurs caractéristiques que dans leurs comportements financiers. Elles
disposent souvent de ressources limitées et leurs principaux modes de financement sont le
financement par actions et le financement par endettement.
47
FTHM Conseils et le MICDSP, Rapport provisoires sur la « Politique nationale de promotion des PME,
Analyse de l’existant », Octobre 2006, 95p
48
INSTAT, 2005
64
Malgré leurs difficultés financières, les micro-entreprises et les PME ont une place
considérable dans l‟économie malgache. Elles restent les plus grands pourvoyeurs d‟emploi
dans tous les secteurs, surtout dans le commerce. Elles emploient plus de la moitié des actifs
dans tout le pays. Il ressort également que les micro-entreprises et PME ont un apport
considérable ; l‟effet de taille leur a permis d‟avoir un apport considérable, elles ont généré
plus de 80%49
des valeurs ajoutés de l‟ensemble des entreprises. Il est ainsi évident qu‟elles
apportent une part non-négligeable dans le PIB. Il ne faut pas non plus oublier que ces
entreprises contribuent à la création de ressources collectives provenant de la valeur ajoutée ;
ces ressources collectives ont un effet positif sur le développement humain de la population
bénéficiaire. Par conséquent, la première hypothèse que nous avons formulée est
affirmée : les micro-entreprises et PME ont un rôle important dans l‟économie malgache.
Cependant, les contraintes qui font obstacles à ces entreprises sont très nombreuses
que ce soit sur le plan économique, social ou administratif. Mais leur principal obstacle réside
surtout dans leurs problèmes de financement. Ce sont ces derniers qui nous ont amené à
analyser les processus d‟octroi de crédit au niveau d‟une banque primaire et d‟une micro-
finance (BFV-SG et PAMF). Nous en avons déduis quelques problèmes au niveau de ces
institutions: le délai trop long des procédures, l‟inflexibilité des critères de sélection de
dossiers, la lourdeur des garanties, l‟insuffisance d‟appréciation du risque. Ces défaillances
font que les micro-entreprises et les PME sont découragées à demander des prêts auprès des
institutions financières. Cependant, les problèmes de financement des micro-entreprises et les
PME ne sont pas uniquement de la responsabilité des institutions financières. Ces entreprises
ont leurs propres difficultés auxquelles il faut d‟abord remédier. Leurs difficultés internes sont
surtout dues à l‟insuffisance de formation du dirigeant et du personnel, ce qui crée un facteur
de blocage sur le plan technique, commercial et financière. Ainsi, la seconde hypothèse est
vérifiée mais dans une moindre mesure: les institutions financières contribuent au
financement des micro-entreprises et des PME, mais pas au point de pouvoir réellement
satisfaire à leurs besoins.
Nous avons donc proposé quelques solutions pour résoudre le problème de
financement des micro-entreprises et PME. Au niveau des institutions financières, nous
suggérons la délégation du pouvoir pour éviter le délai trop long des procédures d‟octroi de
crédits dû à l‟attente d‟accord des supérieurs hiérarchiques. Quant aux lourdes conditions, les
institutions financières devraient partager les risques avec un établissement spécialiste de
49
Rapport National sur le développement Humain, Micro-entreprises, emploi et développement humain, 2008
65
cautions et de garanties comme la société SOLIDIS GARANTIES pour que les entreprises
puissent facilement avoir accès aux crédits et pour que les institutions puissent continuer leurs
activités de financement. Au niveau des micro-entreprises et PME, pour bénéficier d‟un
financement, elles doivent fournir des efforts en engageant un comptable et en opérant dans le
secteur formel. Nous suggérons également la création d‟un Centre de Formation en Gestion
des dirigeants de ces entreprises. Ce centre doit avoir pour objectif de renforcer la capacité
entrepreneuriale du dirigeant. Mais des solutions plus à long terme nous semble nécessaires
pour promouvoir l‟épanouissement des micro-entreprises et des PME. A Madagascar, la
majorité des banques sont des banques commerciales. Aussi, nous proposons la promotion des
établissements de crédit-bail pour que ces entreprises ne soient pas forcer de chercher de
lourdes garanties pour pouvoir acquérir un bien. Nous proposons également la création d‟une
banque de développement qui contribue au développement sur le plan économique et social,
comme celle de l‟Europe: Banque de développement du Conseil de l‟Europe.
Après les démarches d‟analyse que nous avons réalisées, nous pouvons à présent
répondre à la problématique posée. L‟octroi de crédits aux micro-entreprises et PME par les
institutions financières contribue à la croissance économique de Madagascar dans la mesure
où d‟une part, les micro-entreprises et PME ont un poids considérable en termes de création
de valeurs ajoutées, de création d‟emplois et de création de ressources collectives; mais que
d‟autre part, ces entreprises ont un réel besoin de financement pour le développement de leurs
activités. Ce travail de mémoire montre alors que la coopération entre les institutions
financières et les micro-entreprises et PME joue un rôle important dans l‟économie malgache.
L‟apport des micro-entreprises et PME dans le PIB, en 2005, était de 21,1%50
alors que
55,82%51
de ces entreprises reconnaissent avoir besoin de crédit pour améliorer leur
investissement. Cependant, les institutions financières ne satisfont pas réellement à ces
besoins, moins de 10%52
des entreprises ont donné des réponses positives sur la qualité des
services des réseaux bancaires. De nombreuses reformes devront ainsi être prises par les deux
parties ; mais chacune de ces entités ne peut agir à sa guise. L‟Etat doit également apporter sa
contribution pour que ces réformes soient vraiment efficaces. Qu‟en est-il alors des
responsabilités que l‟Etat devrait prendre afin que les entreprises obtiennent les financements
dont elles ont besoin sans pour autant nuire aux institutions financières?
50
INSTAT, 2005 51
FTHM Conseils et le MICDSP, Rapport provisoire sur la “ Politique nationale de promotion des PME,
Analyse de l’existant ”, Octobre 2006, 95 pages. 52
INSTAT, Enquête sur les entreprises, 2005
VII
BIBLIOGRAPHIE :
OUVRAGES
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ARTICLES
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développement : une perspective théorique, Revue d‟Economie Industrielle, n° 133, 1er
trimestre 2011
Microfinance : La PAMF ouvre son premier centre régional à Antsohihy, Midi Madagascar,
le 04 Mars 2014
VIII
WEBOGRAPHIE
www.aunege.org, Janvier 2015
www.revues.org, Janvier 2015
www.cairn.info, Janvier 2015
www.refdoc.fr, Janvier 2015
www.savoiresenpartage.auf.org, Janvier 2015
http://www.banque-centrale.mg/, Février 2015
http://www.madamicrofinance.mg/loi2005016.pdf, Février 2015
[email protected], Février 2015
www.bfvsg.mg, Février 2015
IX
LISTE ANNEXE
Annexe 1 : Questionnaire auprès des institutions financières
Annexe 2 : Ratios provenant du bilan
Annexe 3 : Ratios provenant du compte de résultat
Annexe 4 : Les éléments constitutifs du crédit PME auprès de la PAMF
X
ANNEXE 1
Questionnaire auprès des institutions financières
1- Pouvez-vous nous parler un peu de vous ?
-identification – historique – couverture - positionnement
2- Quels sont vos différents offres et services?
3- Quels sont vos critères de sélection de dossiers d‟octroi de crédits aux Micro-
entreprises et PME ?
-Les documents comptables requis – les éléments non-comptables…
4- Pouvez-vous nous décrire votre procédure d‟octroi de crédits ?
- Le circuit de décision- la durée
5- Lors d‟une réponse positive à une demande de crédits, quelles sont les conditions que
vous exigez : les garanties, le taux d‟intérêt, la durée de remboursement ?
6- Dans quelle phase de leur développement les entreprises demandent-elles le plus
souvent du financement dans votre établissement ?
7- Pouvez-vous nous dire si vous traitez les informations de la même façon pour une
première demande de crédit ou une demande ultérieure ?
8- Pouvez-vous nous donner une fourchette du montant de crédits demandés et accordés
aux Micro-entreprises et PME ?
9- Pouvez-vous nous dire combien de vos clients sont des Micro-entreprises et PME ?
Comment s‟est évolué ce chiffre depuis votre ouverture ? Et dans quelle branche
d‟activité ces entreprises opèrent-elles le plus souvent ?
Source : Auteur 2015
XI
ANNEXE 2
Ratios provenant du bilan
Source : Guide du Financement des Entreprises, Editions Francis Lefebvre, 1989
XII
ANNEXE 3
Ratios provenant du compte de résultat
Source : Guide du Financement des Entreprises, Editions Francis Lefebvre, 1989
XIII
ANNEXE 4
Les éléments constitutifs du crédit PME auprès de la PAMF
Source : Agence PAMF Antsahavola, 2015
XIV
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENT…………………………………………………………………………….i
SOMMAIRE………………………………………………………………………………… .ii
LISTE DES TABLEAUX…………………………………………………………………….iv
LISTE DES FIGURES………………………………………………………………………..v
LISTE DES ABREVIATIONS……………………………………………………………….vi
INTRODUCTION ……………………………………………………………..1
PARTIE 1 : THEORIES SUR L’IMPORTANCE DU DEVELOPPEMENT
FINANCIER DANS LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET ETAT DE
LIEU DES MICRO-ENTREPRISES ET PME A MADAGASCAR Chapitre 1 : DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CROISSANCE
ECONOMIQUE………………………………………………………………………………5
Section I : Les concepts de la croissance……………………………………………………....5
I-1. Les théories sur la croissance économique ……………………………………………….......5
I-1-1. Les précurseurs…………………………………………………………………..5
I-1-2. Schumpeter et le rôle de l‟entrepreneur…………………………………………6
I-1-3. Les modèles de croissance post-keynésiens : Modèles d‟Harrod-Domar…….....6
I-1-4. Le modèle néoclassique : l‟approche de Solow…………………………………7
I-2. La mesure de la croissance……………………………………………………………. 9
I-2-1. L‟indicateur principal de la croissance économique : le PIB……………………9
I-2-2. Les limites du PIB……………………………………………………………….9
I-2-3. Les indicateurs alternatifs de la croissance……………………………………..10
Section II : Relation entre institutions financières et croissance économique………………..10
II-1. Les institutions financières…………………………………………………………..11
II-1-1. Les banques…………………………………………………………………...11
a- Définition……………………………………………………………………..11
b- Les activités d'intermédiation bancaires……………………………………...11
c- Les risques bancaires……………………………………………………………….12
II-1-2. La microfinance……………………………………………………………….14
a- Définition…………………………………………………………………….15
b- Classification des Institutions de MicroFinance (IMF)……………………....15
II-1-3. Complémentarité entre banque et microfinance……………………………….16
II-2. Revue de la littérature sur la relation entre développement financier et
Croissance………………………………………………………………………….17
XV
Chapitre 2 : GENERALITE SUR LES MICRO-ENTREPRISES ET PME
A MADAGASCAR…………………………………………………………………….19
Section I : Cadre général……………………………………………………………………19
I-1. Etat de lieu des Micro-entreprises et PME à Madagascar…………………………..19
I-2. Aperçu des créations d‟entreprises à Madagascar…………………………………..20
I-2-1. Répartition des entreprises créées par secteur d‟activité……………………..20
I-2-2. Répartition par branche d‟activité……………………………………………21
I-2-3. Répartition selon la forme juridique………………………………………….23
Section II : Spécificités et mode financement des micro-entreprises et PME
II-1. La spécificité des Micro-entreprises et PME………………………………………..24
II-1-1. Les caractéristiques propres aux Micro-entreprises et PME …………………24
II-1-2. Les approches théoriques adaptées à la spécificité des PME………………....24
a- La théorie du choix managérial……………………………………………….25
b- La théorie du cycle de vie de l‟entreprise…………………………………….25
c- La théorie de l‟ordre hiérarchique (PECKING ORDER THEORY)…………26
II-2. Les comportements financiers des Micro-entreprises et PME……………………….26
II-2-1. Le financement par dettes…………………………………………………….26
II-2-2. Le financement par actions…………………………………………………...27
PARTIE 2 : ANALYSE DE L’IMPORTANCE DU FINANCEMENT
EXTERNE DES MICRO-ENTREPRISES ET PME A MADAGASCAR
Chapitre 1 : PLACE DES MICRO-ENTRPRISES ET PETITES ET MOYENNES
ENTREPRISES A MADAGASCAR…………………………………...…………………29
Section I: Rôles des Micro-entreprises et PME dans l‟économie malgache…………………29
I-1. Rôle microéconomique……………………………………………………………….29
I-2. Rôle macroéconomique……………………………………………………………...29
d- Création d‟emplois…………………………………………………………...30
e- Facteur de croissance économique…………………………………………...31
f- Création de ressources collectives……………………………………………32
Section II : L‟environnement des affaires pour le secteur des micro-entreprises et PME……33
II-1. L‟environnement interne : L‟analyse de la Banque Mondiale:
“Doing Business”……………………………………………………………………...33
II-2. L‟environnement externe des Micro-entreprise et PME : la mondialisation…………34
XVI
Section III : Les principales contraintes des Micro-entreprises et PME ……………………..35
Chapitre 2 : ANALYSE DU FINANCEMENT EXTERNE DES MICRO-ENTREPRISES
ET PME (CAS DE BFV-SG ET DE PAMF) ET PROPOSITION DE SOLUTIONS…..37
Section I : Analyse du financement externe des micro-entreprises et PME
Cas de la BFV-SG et de la PAMF………………………………………………..37
I-1. Présentation générale des zones d‟études ……………………………………………37
I-1-1. Présentation de la banque primaire BFV-SG…………………………………...37
I-1-2. Présentation de l‟institution de microfinance PAMF…………………………...38
I-2. Les critères de sélection de dossiers d‟octroi de crédits
aux micro-entreprises et PME……………………………………………………….39
I-2-1. Au niveau de la BFV-SG……………………………………………………….40
I-2-2. Au niveau de la PAMF………………………………………………………… 40
I-3. Les procédures d‟octroi de crédit……………………………………………………..41
I-3-1. Au sein de la BFV-SG…………………………………………………………..41
I-3-2. Au sein de la PAMF ……………………………………………………………44
Section II : Analyse critique du financement des micro-entreprises et PME………………..46
II-1. Problèmes rencontrés au niveau des institutions financières………………………..46
II-1-1. Analyse critique sur les procédures d‟octroi de crédits………………………..47
II-1-2. Analyse critique sur les critères de sélection de
demande d‟octroi de crédits……………………………………………………48
II-1-3. Insuffisance de l‟appréciation du risque par les institutions financières………49
II-2. Les problèmes propres aux micro-entreprises et PME……………………...………49
II-2-1. Les problèmes liés à l‟environnement interne
des micro-entreprises et des PME……………………………………………...49
II-2-2. Les problèmes liés à l‟environnement externe
des micro-entreprises et des PME……………………………………………...52
Section III : Propositions de solutions………………………………………………………..53
III-1. Solutions aux problèmes de financement des micro-entreprises et PME…………..54
III-1-1. Proposition d‟actions au niveau des institutions financières………………….54
III-1-2. Propositions d‟actions à entreprendre par les micro-entreprises et PME……..57
XVII
III-2. Propositions d‟action à entreprendre par les autorités publiques……..……………58
III-2-1. Création d‟un centre de formation en Gestion……………………………….58
III-2-2. Propositions d‟action pour l‟amélioration des financements
des micro-entreprises et PME………………………………………………...60
c- La promotion des établissements de crédit-bail……………………………...60
d- Création d‟une banque de développement…………………………………...61
CONCLUSION……………………………………………………………………………...63
BIBILOGRAPHIE………………………………………………………………………….VII
WEBOGRAPHIE…………………………………………………………………………..VIII
ANNEXE…………………………………………………………………………………….IX
TABLE DES MATIERES………………………………………………………………….XIV
RESUME
Noms : STELLA FANIRY
Prénoms : Li Wing Hong
Titre : Financement externe des micro-entreprises et PME à Madagascar
Nombre de pages : 65
Nombre de tableaux : 9
Nombre de figures : 3
RESUME
Madagascar est actuellement parmi les pays qui trouvent d‟énormes difficultés à sortir
du sous-développement. La promotion du secteur privé est l‟un des facteurs les plus efficaces
de redressement économique. Pourtant, les entreprises ont été les plus touchées par les crises
répétitives et l‟instabilité économique ; surtout les micro-entreprises et les PME.
Les micro-entreprises et PME jouent un rôle important dans l‟économie malgache.
Puisqu‟elles représentent la majorité des entreprises malgache, elles sont les plus grands
pourvoyeurs d‟emplois, elles ont un part considérable dans le PIB et elles participent à la
création de ressources collectives. Cependant, ces entreprises de petite taille se heurtent sur de
nombreux obstacles surtout en matière de financement; leurs difficultés d‟accès aux crédits
figurent parmi leurs principales contraintes.
Ainsi, les banques primaires comme les microfinances devraient entreprendre
quelques reformes pour que les micro-entreprises et PME ne soient pas décourager à leur
demander du financement. De leur côté, ces entreprises doivent également faire des efforts
pour aspirer confiance à ces institutions financières. Et surtout, l‟Etat aussi doit entreprendre
quelques actions pour une meilleure coopération entre ces deux entités.
Mots-clés : Micro-entreprises, PME, banque primaire, microfinance, financement externe,
croissance économique
Encadreur : Monsieur SALAVA Julien
Adresse de l‟auteur : Lot AB 217 Bis/D
Antanimenakely AMPITATAFIKA