This article was downloaded by: [West Virginia University]On: 31 October 2014, At: 00:04Publisher: Taylor & FrancisInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH,UK
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Importance de l'identificationbotanique dans la démarcheethnopharmacologique; casd'une Bignoniaceae malgache,Perichlaena richardii BaillCéline Rivière a , Jean-Pierre Nicolas a , Marie-LaureCaradec a , Odile Desirea b , Diny Ahmed Hassan b ,Georges Rémy b , Annick Delelis a & Frédéric Duponta
a Laboratoire de botanique, Faculté des Sciencespharmaceutiques et biologiques , B.P. 83, F-59006 ,Lille Cedexb Faculté des Sciences , Université d'Antsiranana ,B.P.O, Antsiranana , 201 , MadagascarPublished online: 27 Apr 2013.
To cite this article: Céline Rivière , Jean-Pierre Nicolas , Marie-Laure Caradec ,Odile Desirea , Diny Ahmed Hassan , Georges Rémy , Annick Delelis & FrédéricDupont (2005) Importance de l'identification botanique dans la démarcheethnopharmacologique; cas d'une Bignoniaceae malgache, Perichlaenarichardii Baill, Acta Botanica Gallica: Botany Letters, 152:3, 377-388, DOI:10.1080/12538078.2005.10515496
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Acta Bot. Gallica, 2005, 152 (3). 377-388.
Importance de l'identification botanique dans Ia demarche ethnopharmacologique ; cas d'une Bignoniaceae malgache, Perichlaena richardii Baill.
par Celine Riviereci ), Jean-Pierre Nicolas( 1 ), Marie-Laure Caradec( 1 ), Odile DesireacZ ), Diny Ahmed HassancZ ), Georges RemycZ ), Annick Delelis( 1) et Frederic Dupont( 1)
(1) Laboratoire de botanique. Faculte des Sciences pharmaceutiques et biologiques. B.P. 83, F-59006
Litle Cedex
(2) Facu/te des Sciences, Universite d'Antsiranana. B.P. 0, Antsiranana 201. Madagascar
arrive /e 18 janvier 2005. accepte le 29 avril 2005
Resume.- L'ethnobotanique partage avec l'ethnopharmacologie l'etude des interrelations des hommes avec les plantas medicinales, mais s'interesse de far;:on plus large a toute utilisation des plantas par les hommes. Ces recants concepts scientifiques von! de pair avec notre preoccupation grandissante pour Ia preservation de Ia nature et du patrimoine cultural. La botanique est une etape incontournable dans Ia demarche ethnopharmacologique ; elle est le systeme de reference ; elle permet d'asseoir scientifiquement les recherches qui decoulent de ces nouveaux concepts. Sans une identification rigoureuse des vegetaux etudies, toute recherche future qui voudra etre appliquee ne sera pas validee scientifiquement. Ainsi, ce travail tend dans une premiere partie a justifier les interets d'une identification botanique complete et Ia place de l'herbier. Dans une seconde partie, nous prendrons l'exemple d'une plante etudiee sur le plan phytochimique et pharmacologique au laboratoire selectionnee sur Ia base d'enquetes ethnobotaniques realisees dans Ia region nord de Madagascar : Perichlaena richardii Baill. (famille des Bignoniaceae).
Mots cles : ethnopharmacologie - identification botanique - Perichlaena richardii- Bignoniaceae - Madagascar.
Abstract.- Ethnobotany shares with ethnopharmacology the study of relations between man and medicinal plants, but is interested in a wider sense in any plant usage by man. These recent concepts go hand in hand with our growing preoccupation for nature protection and cultural heritage. Botany is an essential step in the ethnopharmacological process and botany itself is the reference system. It grants credibility to establish research that follows on from new concepts. Without the rigorous identification of studied plants, all future research that would be applied would become null and void. Likewise, this work aims firstly to justify the interests of a total botanical identification and the place of the herbarium. In the second part, the example of a plant studied at a phytochemical and pharmacological level in a laboratory will be made, selected on the basis of ethnobotanical investigations undertaken in Northern Madagascar: Perichlaena richardii Baill. (Bignoniaceae)
Key words : ethnopharmacology - botanical identification - Perich/aena richardii- Bignoniaceae - Madagascar.
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I. INTRODUCTION
L'ethnopharmacologie se definit comme !'etude scientifique interdisciplinaire de !'ensemble des matieres d'origine vegetate, animate ou minerale et des savoirs ou des pratiques s'y rattachant, que les cultures vernaculaires mettent en reuvre pour modifier les etats des organismes vivants a des fins therapeutiques, curatives, preventives ou diagnostiques (Dos Santos & Fleurentin, 1990). L'ethnobotanique et l'ethnopharmacologie recouvrent le champ des interrelations entre le monde vegetal, le monde des remedes et celui des cultures et s'inspirent de l'ethnologie dans leurs methodes (Nicolas, 1999).
Dans de nombreux pays en voie de developpement, Ia population a encore difficilement acces aux medicaments occidentaux et se soigne Ia plupart du temps par les plantes. La population locale, par son experience et par les savoirs empiriques transmis par les generations precedentes, reconnait les plantes medicinales dans leur milieu nature! par differents aspects : odeur, couleur des tleurs, forme des feuilles, localisation, saison ... II peut cependant exister des risques de confusion ou de surdosage par Ia population. Lors de notre etude realisee dans Ia region d'Antsiranana, au nord de Madagascar, un medecin nous confiait que certains de ses patients montraient des cas « d'atropinisme » dus a une consommation inappropriee de certaines plantes reputees efficaces. Lors de nos enquetes ethnobotaniques, dans le village de Madirobe, certaines femmes nous disaient fumer Ia tleur (dans d'autres ouvrages- Boiteau & Allorge-Boiteau, 1993 -,on cite plus frequemment !'utilisation des feuilles) d'une espece de Datura (probablement Datura innoxia Mill., Solanaceae) afin de soigner l'asthme. Dans de nombreuses medecines traditionnelles, certains Datura sont en effet reconnus etre efficaces dans le traitement de cette pathologie (Boullard, 200 I ; Boiteau & Allorge-Boiteau, 2000). Cette action est justifiee par exemple pour Brugmansia candida Pers. ou Datura stramonium L. car ces especes renferment des composes parasympatholytiques, telle !'hyoscyamine, qui peuvent dilater les bronches. Toutefois, une consommation excessive de Datura stramonium, qui renferme egalement un peu d'atropine, peut engendrer Ia mort par asphyxie en inhibant les reflexes respiratoires. Une intoxication par ces alcaloi'des de type tropanique est decelable par !'observation d'une dilatation anormale de Ia pupille de !'rei!, nommee mydriase. II semble done necessaire dans certains cas de realiser des tests de toxicite a partir de Ia plante utilisee ou de ses ex traits totaux afin de connaitre les doses a respecter. C' est pourquoi, dans les pays en voie de developpement, on favorise de plus en plus Ia production de phytomedicaments plus accessibles aux populations et permettant un controle plus precis de Ia posologie. L'identification exacte de Ia plante est dans tous les cas bien sur indispensable.
II. INTERETS DE L'IDENTIFICATION BOTANIQUE
Nous pouvons exposer ce propos avec d'autres exemples, telle Ia production des huiles essentielles pour lesquelles on commence a reconnaitre certaines activites. L'huile essentielle de ravintsara, par exemple, produite par distillation a Ia vapeur d'eau des feuilles de l'espece Cinnamomum camphora (L.) J. Pres!. (famille des Lauraceae) poussant a Madagascar, montre une certaine efficacite sur les hepatites virales (Giraud-Robert, 2003). Cependant, afin d'utiliser cette huile dans les meilleures conditions, il faut realiser une identification exacte de l'espece vegetale et respecter Ia periode de recolte. L'utilisation therapeutique des huiles essentielles necessite en effet une origine geographique, botanique et chimique precise. Pendant de nombreuses annees, le ravintsara a ete commercia-
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lise par erreur sous le nom d'une plante d'origine malgache de prononciation proche, ravensara (Ravensara aromatica Sonn., famille des Lauraceae), dont Ia composition chimique est differente. Vapparition de cette confusion est liee probablement a l'origine du nom scientifique du ravensara. En effet, ravensara a pour origine etymologique un nom malgache, ravintsara signifiant « bonne feuille ». On utilise traditionnellement l'huile essentielle, obtenue a partir des feuilles du veritable Ravensara aromatica, arbre endemique de Madagascar et renfermant majoritairement du Iimonene, comme tonique, antistress et anti-virale. Vecorce de cet arbre, egalement fortement aromatique, permet d'obtenir une huile essentielle differente de celle obtenue a partir des feuilles, concentree en methyl chavicol, mais dont Ia production hautement destructive pour Ia plante n'est pas recommandee dans le cadre d'un developpement durable. On distingue Ravensara aromafica des autres Ravensara parses inflorescences et ses fleurs peu pubescentes (Kostermans, 1950).
Cinnanomum camphora quant a lui est connu sous le nom commun de Camphrier (ravintsara a Madagascar) et a ete introduit sur Ia Grande ile au milieu du xrxe siecle. Ses feuilles sont differentes de celles de Ravensara aromatica. Elles sont simples et alternes comme pour Ravensara, mais presentent trois nervures longitudinales, un caractere propre a Cinnamomum camphora. Le Camphrier est connu pour produire de nombreux chemotypes d'huile essentielle.
Sur l'ile de Formose, Cinnamomum camphora presente differentes varietes subdivisees en chemotypes ( camphre, cineol, linalol...) dont Ia composition chimique est tellement differente qu'ils sont presque des varietes physiologiques. Videntification de ces varietes est difficile sur le terrain. Les Cinnanomum camphora poussant a Madagascar produisent une huile essentielle avec une predominance de I ,8-cineol et pauvre en camphre, utili see dans Ies asthenies et les infections virales. C' est pourquoi certains auteurs par lent de chemotype cineol (Giraud-Robert, 2003) et parfois meme de variete cineoliferum (Sommerard, 2003) qui n'est cependant ni verifiee nijustif.jee pour cette espece. Toutefois, l'huile essentielle de Cinnamomum camphora poussant a Madagascar presente des differences chimiques notables en fonction du cycle vegetatif de Ia plante. Elle renferme une quantite importante de camphre, molecule neurotoxique, lorsqu'elle est distillee pendant l'hiver austral, Ia rendant impropre a l'usage interne eta l'application sur Ies enfants. Les differences chimiques observees dans I 'huile essentielle de ravintsara malgache pourraient done s'expliquer par des variations physiologiques entre varietes comme sur l'ile de Formose ( Sommerard, 2003 ). II faudrait alors pouvoir comparer divers echantillons de Cinnamomum camphora recoltes a divers moments de l'annee a Madagascar sur Ie plan chimique mais aussi sur le plan morphologique.
Dans nos civilisations marquees par une tradition ecrite, toutes ces connaissances liees a I 'utilisation des plantes medicinales ont ete conservees et retranscrites a travers des ouvrages nommes pharmacopees. Les documents ecrits les plus anciens mentionnant )'elaboration de remedes et Ia far;on de les utiliser datent des civilisations du Proche-Orient antique, de I'Egypte et surtout de Ia Mesopotamie. Toutefois, avant meme )'apparition de ces premiers ecrits, ces connaissances etaient apparemment deja bien etablies mais transmises oralement (Mazars, 2002).
Dans d'autres civilisations ou Ia transmission du savoir se base sur l'oralite depuis leurs origines, Ia redaction de ses ouvrages devient indispensable afin que les populations futures gardent une trace ecrite de leur medecine traditionnelle. Les Malgaches par exemple tirent parti d'une experience ancestrale dans Ie domaine des plantes medicinales,
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dont Ia connaissance a toujours permis d'assurer les soins medicaux. Ce savoir detenu par les tradipraticiens, les devins-guerisseurs ou encore les feticheurs se transmet oralement de generation en generation. Mais, actuellement, ces connaissances empiriques tendent a disparaitre, beaucoup de guerisseurs disparaissant sans avoir transmis leur savoir ni l'avoir consigne par ecrit. De plus, Ia jeune generation, tournee vers Ia modernite, delaisse de plus en plus les pratiques populaires ou ancestrales. II est done important de recueillir, des aujourd'hui, le maximum d'informations concernant !'ensemble de ces connaissances therapeutiques traditionnelles.
Ces connaissances, vitales pour les Malgaches dans l'etat actuel de leur situation, mais aussi pour de nombreuses autres populations, sont etroitement liees a Ia flore du pays. Or, on sait que l'ile a ete considerablement degradee sur le plan ecologique depuis au moins un demi-siecle. La destruction massive des forets tend a faire disparaitre de nombreuses especes vegetales. Par consequent et face a Ia degradation des ecosystemes qui se poursuit actuellement, il est egalement necessaire d'a:uvrer en faveur de Ia preservation de Ia biodiversite menacee.
Ces pharmacopees sont redigees apres avoir realise des enquetes ethnobotaniques aupres des detenteurs du savoir de Ia medecine populaire et de Ia medecine traditionnelle. Les plantes sont alors nommees bien souvent par leurs noms vernaculaires. II est important de leur faire correspondre le nom scientifique. Pour cela, il faut pouvoir les identifier. La realisation d'un herbier se revele alors etre indispensable. Les pharmacopees sont des outils en perpetuelle evolution. Elles resultent de travaux ethnobotaniques qui s'appuient sur une bibliographie prealable.
Ainsi, dans un premier temps, on realise une etude des pharmacopees preexistantes (dans certains cas, elles peuvent se reduire a quelques plantes seulement). Ces etudes bibliographiques sont suivies dans un second temps d'une enquete de terrain qui contribuera a l'enrichissement de ces pharmacopees. On pourra egalement ameliorer ces ouvrages ou les completer par des donnees phytochimiques, pharmacologiques et toxicologiques (soit par recoupement bibliographique, soit experimentalement). En cas de toxicite averee d'une plante, un retour de !'information aux populations sera envisage serieusement, de meme si on decouvrait une nouvelle propriete therapeutique interessante.
L'identification botanique a egalement un interet dans de nombreux autres domaines. Toute publication scientifique basee sur un travail phytochimique (extraction, analyse chimique des composes isoles et purifies) suivi souvent de tests biologiques ou toute application pharmaceutique ou cosmetologique d'une plante necessitent une identification precise de l'espece vegetale etudiee (identification a l'espece). II en est de meme pour toute application agro-alimentaire ou artisanale d'une plante, toute valorisation de son utilisation aupres des populations comme nous avons pu le voir precedemment, mais aussi pour Ia preservation de Ia biodiversite. A l'heure actuelle, il est done encore indispensable de former des botanistes specialises en flore tropicale, mais aussi en flore de nos regions.
L'analyse de l'ADN des plantes grace a Ia biologie moleculaire depuis ces dernieres annees tend a remodeler Ia classification botanique. Certaines families sont regroupees ensemble malgre des differences morphologiques notables entre certains elements vegetaux. La famille des Asclepiadaceae, par exemple, est desormais incluse dans Ia famille des Apocynaceae, alors qu'elle presente des fleurs plus evoluees (The Angiosperm Phylogeny Group, 2003 ). Ainsi, meme si les progres concernant les etudes de phylogenie moleculaire apportent des informations complementaires indispensables a une meilleure comprehension du monde vegetal, sur le terrain, ce sont des criteres visuels qui en premier lieu
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nous permettent de reconnaitre une famille ou un genre : plante ligneuse ou herbacee, presence ou non de latex, forme et insertion des feuilles, morphologie florale, taille et forme du fruit ... Meme si on pense avoir reconnu Ia plante du premier coup d'reil (par experience par exemple), il ne fautjamais negliger Ia realisation d'un herbier pour sa verification.
III. VHERBIER
« Les differentes classifications des Angiospermes reposent essentiellement sur /'analyse d'echanti/lons d'herbier. La valeur d'une classification depend en partie de Ia quantite et de Ia qualite des echanti/lons etudies. C 'est pourquoi une bonne reco/te constitue Ia pierre angulaire de tout edifice et enrichit /'herbier »(Lebrun, 2001).
A. La recolte La recolte des echantillons est une etape importante. Un maximum de parties bota
niques de Ia plante doit etre mis en herbier (feuilles, fleurs et fruits) afin de pouvoir par Ia suite Ia nommer scientifiquement. On s'assurera au prealable de l'abondance de Ia plante au lieu de recolte. Vepoque de recolte est done fondamentale. On rencontre ace stade une premiere difficulte. En effet, les missions botaniques ne sont pas toujours realisables a l'epoque souhaitee. De plus, Ia floraison dans les pays tropicaux a generalement lieu lors de Ia saison des pluies, periode pendant laquelle certaines zones sont quasi inaccessibles par voie routiere et parfois impraticables a pied. Si Ia recolte est possible, les conditions de sechage sont alors delicates, en raison par exemple du taux d'hygrometrie de !'air. Toutefois, meme si les conditions sont parfois difficiles, il est aussi recommande d'herboriser en toutes saisons.
Si Ia plante est petite ou annuelle, il faut Ia prelever en totalite sans oublier les racines. S'il s'agit d'un arbuste ou d'un arbre, on coupe des fragments significatifs (rameaux des feuilles, fleurs ou fruits) et on note les caracteres generaux de Ia plante perdus au sechage : taille, port, aspect general, couleurs ... Les elements vegetaux recoltes sur place sont places dans des feuilles de papier journal et de carton a l'interieur d'une presse de terrain constituee de deux grilles en bois le plus souvent (permettant Ia circulation de !'air), le tout fortement lace par de Ia corde, afin de commencer a faire secher et a aplatir les echantillons.
II est important de bien numeroter les echantillons recoltes. De preference, on prendra des notes dans un camet annexe en faisant correspondre a chaque description le numero correspondant a l'herbier. Une page du camet pourra correspondre a Ia description d'une plante. On notera alors si possible :
- le numero correspondant a l'herbier ; - le ou les noms vemaculaires de Ia plante et ses possibles utilisations en medecine tra-ditionnelle s'il s'agit d'une enquete ethnobotanique; - Ia famille et si possible le genre apres observation de Ia plante ; - une courte description des parties vegetales (nombre d'etamines, petales libres ou sou-des, gynecee, presence ou non de latex ... ); - un dessin rapide decrivant les caracteres principaux afin de garder une trace ecrite si Ia plante est perdue au sechage et de Ia memoriser ; - Ia date de recolte ; - le lieu de recolte avec si possible le point GPS et !'altitude; - une breve description du milieu (substrat du sol, formation vegetale ... ).
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On prendra en complement des photographies de chaque plante : si possible une vue generale, !'inflorescence et le fruit. On preferera aux photographies classiques les photographies diapositives ou numeriques si on souhaite par Ia suite exploiter les donnees et diffuser les informations recueillies (communications, publications, illustrations ... ).
Toutefois, lors d'enquetes ethnobotaniques, il est difficile sur le terrain de prendre le temps de tout noter et de n!aliser un croquis precis. Les guides ou les personnes interrogees sont souvent tres rapides. On note alors les elements essentiels. Le plus tot possible apres l'enquete, les plantes sont transferees vers une presse fixe pour terminer le sechage et les informations retranscrites rigoureusement, ceci de fac;on a rester le plus fidele et le plus precis vis-a-vis des donnees recueillies. On prend note des elements qui auraient ete oublies.
Lors d'enquetes ethnobotaniques ou lors de !'elaboration d'une pharmacopee, les noms vernaculaires ont une grande importance. II est done preferable d'acquerir une bonne connaissance de Ia langue parlee par les personnes interrogees ou de travailler avec de bons traducteurs. En effet, une fois les plantes identifiees scientifiquement et apres avoir realise des recherches bibliographiques, si !'on veut conseiller !'utilisation d'une plante medicinale a Ia population locale, on Ia presentera sous son nom vernaculaire et non pas sous son nom scientifique inconnu par Ia population. La encore, il est a noter qu'un meme nom vernaculaire peut parfois designer plusieurs especes vegetales differentes. On rencontre souvent ce cas a Madagascar. II faudra done verifier qu'il n'existe pas de confusions possibles par Ia population.
B. Le sechage De retour des enquetes, les herbiers sont ainsi transferes d'une presse de terrain a une
presse fixe. On change les feuilles de papier journal tousles jours jusqu'a sechage complet de Ia plante. On choisira l'endroit le plus sec et le plus aere possible. Dans les pays chauds et humides, le sechage est une etape delicate.
Dans des conditions tres humides, on pourra appliquer certaines methodes specifiques de sechage (Letouzey, 1982 ; Judd eta/., 2002).
On pourra recourir a une source de chaleur artificielle, telle sechage par chauffage avec des rechauds a petrole. Chaque echantillon, dans une feuille de papier journal pliee, est place toujours dans le meme sens entre deux plaques ondulees qui assurent !'evacuation de !'air chaud humide et on constitue un paquet termine en extremite par des presses, le tout etant serre assez fortement par deux chainettes metalliques Le paquet est place sur un cadre de bois, les feuilles de papier journal contenant les echantillons ayant toutes leur pliure vers le bas. Tous les orifices un peu larges sont bouches par des journaux plies. Les foyers du rechaud places sous le cadre de bois sont regles a feu modere. Le sechage est de preference progressif. Si on ne possede pas de rechauds a petrole, on pourra utiliser le feu de bois, des lampes tempetes, des resistances electriques, des ampoules electriques et/ou ventilateurs. Une temperature trop elevee (superieure a 45 °C) peut decolorer les specimens ou meme mettre le feu au materiel. II faut done employer cette methode avec precaution. La presse et le sechoir doivent etre agences de fac;on ace que !'air chaud puisse circuler et enlever l'humidite.
On pourra egalement utiliser provisoirement un liquide conservateur dans des bocaux de verre ou de matiere plastique a large ouverture ou en petits tubes ou flacons hermetiquement fermes afin de conserver des fruits ou des graines ou des fleurs grandes et fragiles ou charnues et fugaces. Le liquide conservateur ideal est constitue par :
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- moitie de Ia hauteur en alcool 90-95° (50%), - 1110e de cette hauteur d'alcool en glycerine (5%), - reste de Ia hauteur en eau ( 45% ), -quelques gouttes d'aldehyde formique (ou formol commercial).
A defaut de ce melange, on pourra utiliser de I'alcool a bruler a 40-45° ou alcool pharmaceutique ramene a 60-70°. Pour eviter d'eventuelles erreurs, on pourra enfermer chaque echantillon avec son etiquette numerotee dans un sac de toile, les sacs etant immerges dans les recipients renfermant le liquide conservateur. Toutefois, il est a noter que ce dernier mode de conservation tend a denaturer la plante. Toute analyse chimique sur l'echantillon sera alors par Ia suite impossible. Si le but recherche de Ia collecte est !'identification de plantes pour Ia realisation d'etudes phytochimiques, ce mode de sechage n'est alors pas conseille.
II en est de meme si !'on souhaite realiser le sequenr;:age de gimes par PCR a partir d'echantillons d'herbiers. L'efficacite de ces techniques serait liee a Ia rapidite de deshydratation du materiel. La preservation dans l'alcool, meme temporaire, conduit a une degradation de I' ADN et done a l'inexploitation du materiel pour les travaux de phylogenie moleculaire. Par contre, I' ADN n'est pas degrade dans le cas de congelation d'echantillons prealablement seches. II est done recommande lors des recoltes modernes de conserver quelques feuilles de Ia plante avec un agent dessiccateur telle silicagel pour les etudes de biologie moleculaire, independamment de l'herbier (( classique » ( comprenant les parties fertiles de Ia plante) qui permettra Ia determination botanique (Malecot & Dubuisson, 2004).
Le sechage est une operation primordiale. En effet, !'identification d'une plante sera bien souvent confirmee par comparaison de l'herbier a ceux conserves en grande partie au Museum national d'histoire naturelle de Paris. Un herbier mal conserve ou tres incomplet sera alors inutilisable.
De retour de mission, les herbiers seront desinsectises et les informations collectees analysees.
IV. IDENTIFICATION ET IMPORTANCE DE L'HERBIER
L'identification d'une plante ne doit pas reposer sur lin seul element.
A. Utilisation des flores et comparaison a I'herbier A partir de l'herbier, de Ia description botanique faite sur le terrain, du croquis, on
cherche a identifier ou a confirmer Ia famille botanique de Ia plante en reperant les criteres de reconnaissance botanique constants et specifiques a celle-ci. La famille des Apiaceae par exemple presente toujours un fruit en forme de diakene. On utilisera les clefs de Ia flore du pays si celle-ci existe. La connaissance des termes botaniques specifiques s'impose alors. Une fois Ia famille identifiee, on s'interesse alors au genre eta l'espece. Avant de realiser une comparaison d'herbiers, on tente de se rapprocher au plus pres de l'espece afin de reduire les manipulations des herbiers parfois tres anciens.
B. Dissection du materiel vegetal Dans certains cas, on aura besoin de realiser une dissection du materiel vegetal, de pre
ference apres ebullition dans l'eau.
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Lors d'une enquete realisee avec l'IMRA dans Ia foret de Lambobe, a !'ouest de Madagascar, nous pensions avoir identifie assez rapidement et sans confusion possible un Noronhia de Ia famille des Oleaceae par !'aspect des feuilles et de Ia fleur. Mais apres dissection de Ia partie florale, nous avons pu observer une multitude d'etamines incompatible avec le genre Noronhia qui ne possede que 2 a 4 etamines. Apres verification, nous avons pu identifier cette plante comme etant un Argomuel/era de Ia famille des Euphorbiaceae. De plus, cette famille se justifie par Ia presence de latex. Le nombre d'etamines ou d'ovaires, le fruit ou !'insertion des graines peuvent etre des elements indispensables pour confirmer une identification
C. Utilisation des noms vernaculaires S'il s'agit d'enquetes ethnobotaniques, Ia connaissance du ou des noms vemaculaires
pourra parfois servir a !'identification. Pour certains pays, des dictionnaires noms vemaculaires - noms scientifiques ont ete rediges. II existe par exemple un dictionnaire des noms vemaculaires des vegetaux malgaches (Boiteau et a/., 1997, 1999). Pour chaque terme cite, on aura sa signification s'il en existe une et le ou les noms scientifiques qui y correspondent. Ainsi, a partir du nom de Ia plante cite par les personnes interrogees lors de l'enquete ethnobotanique, on pourra, si le nom est recense dans le dictionnaire, avoir une premiere idee de l'espece. Toutefois, !'utilisation du nom vemaculaire peut servir de piste mais ne pourra etre en aucun cas le seul critere d'identification. En effet, tousles noms vernaculaires malgaches ne sont pas forcement recenses au sein de ce dictionnaire. Suivant les dialectes malgaches et meme au sein d'un meme dialecte, une plante pourra etre nommee par differents noms vemaculaires. D'autre part, un meme nom empirique pourra representer plusieurs especes vegetates. Dans Ia region d' Antsiranana par exemple, tsipo/itry est employe pour designer toutes les plantes qui collent aux vetements. Les noms vemaculaires sont souvent attribues en fonction de Ia forme ou de proprietes de Ia plante.
Si Ia denomination souhaitee est trouvee dans le dictionnaire, on verifiera que Ia plante a ete recoltee dans Ia meme region, car deux ethnies peuvent employer le meme terme pour designer deux plantes differentes, qui bien souvent ne font pas partie de Ia meme famille.
V. CAS DE £;IDENTIFICATION BOTANIQUE DE PERICHLAENA RICHARDII BAILL. (BIGNONIACEAE)
Suite a nos enquetes ethnobotaniques realisees dans Ia region d' Antsiranana, au nord de Madagascar, nous avons selectionne une plante malgache afin de realiser des tests phytochimiques et biologiques. Cette plante que !'on identifiera par Ia suite sous le nom de Perichlaena richardii Bail!. appartient a Ia famille des Bignoniaceae. II s'agit d'un genre monospecifique, endemique de Madagascar (Riviere eta/., 2004).
Plusieurs raisons nous ont amenes a realiser ce choix : - Ia plante est reputee efficace par Ia population locale des trois villages enquetes (Madirobe, Sadjoavato, Joffreville) pour soigner des problemes hepatiques, des plaies extemes et internes (lien avec le cancer qui est d'ailleurs cite par certaines personnes interrogees) ; - Ia plante est tres utilisee et apparemment non toxique aux doses en tout cas employees par Ia population ;
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- un interet ethnologique est note : Ia plante est non sujette a un interdit d'apres nos enquetes de terrain ; - Ia pi ante est connue dans les trois villages enquetes ainsi qu' a Antsiranana, « chef lieu » de Ia Province ; - un seul nom vernaculaire est recense au sein des villages et d' Antsiranana: antsemby (moins de risques de confusion par Ia population locale avec une autre plante qui pourrait etre nommee par le meme nom vernaculaire) ; - les feuilles (parfois les tiges et rarement les fleurs) soot les parties utilisees de Ia plante; cela permet de ne pas appauvrir les ressources naturelles, puisqu'on recolte les parties steriles ; -l'espece est plutot bien repandue dans Ia region; il est par consequent moins genant de Ia recolter ; - il s'agit d'un arbuste poussant apparemment assez facilement meme en milieu assez sec ; le fruit est dehiscent et les graines ailees soot probablement disseminees par le vent ; cette espece pourrait ainsi etre facilement cultivable ; - l'espece est assez vite definie comme appartenant a Ia famille des Bignoniaceae; cette famille est assez interessante au niveau botanique, elle semble peu etudiee a Madagascar ; de plus, bien que les Bignoniaceae representent une famille botanique relativement importante, peu d'especes ont ete etudiees chimiquement (Von Poser et a/., 2000) ; - !'identification botanique prealable nous a permis assez vite de nous diriger vers deux genres assez proches Fernandoa et Perichlaena ; aucune des quatre especes appartenant aces deux genres n'a pour !'instant ete etudiee chimiquement; - on note un interet de Ia famille des Bignoniaceae sur le plan chimique et biologique : exemple de !'action pharmacologique du catalposide, iridoi"de glycosyle isole de Catalpa ovata G. Don. (Moon eta/., 2003 ; Pae eta/., 2003).
La famille des Bignoniaceae appartient au sous-embranchement des Angiospermes, a Ia classe des Eudicots, a Ia sous-classe des Asterids I, a l'ordre des Lamiales. C'est une famille intertropicale de taille moyenne representee par 122 genres et 725 especes (Schatz, 2001). Neuf genres sont representes a Madagascar au sein de deux tribus communes au Bresil : les Tecomeae et les Crescentieae (Perrier de Ia Bathie, 1938), parmi les huit tribus referencees par Gentry ( 1980). La distinction entre ces deux tribus porte principalement sur le fruit et les graines. La tribu des Tecomeae possede des fruits capsulaires a dehiscence loculicide (dehiscence perpendiculaire au septum), des graines ailees, des feuilles opposees ou rarement alternes, un port arborescent ; cette tribu est composee de quatre genres a Madagascar : Rhigozum, Stereospermum, Perichlaena et Fernandoa anciennement Kigelianthe (Perrier de Ia Bathie, 1938 ; Sandwith eta/., 1974 ; Cronquist, 1981 ; Barroso, 1986 in Von Poser et a/., 2000). La tribu des Crescentieae quant a elle possede des fruits bacciformes, charnus et indehiscents, comme ceux du Calebassier, les graines soot sans ailes, les feuilles soot opposees ou verticillees, les especes soot des arbres ou des arbustes. A Madagascar, cette tribu est representee par cinq genres (Perrier de Ia Bathie, 1938 ; Sandwith eta/., 1974 ; Cronquist, 1981 ; Barroso, 1986 in Von Poser eta/., 2000).
Perichlaena richardii Bail!. est un arbuste grimpant des bois tropophiles et des collines arides. Les feuilles soot composees (de trois a sept folioles) et glabres (elles peuvent etre egalement pubescentes d'apres Ia litterature). I.:inflorescence, comme le montre Ia figure 1, est une cyme de six fleurs. Les bractees et bracteoles soot tres petites. Les pedicelles de 6 a 10 mm soot articules sous Ia fleur. Le calice est haut a cinq dents deltoi"des. La corol-
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Ie d'un rouge sombre presque noir presente une base et des nervures vertes. Les etamines sont exsertes, abritees sous Ia levre superieure ; les filets mesurent environ 4 em de long, les antheres sont oblongues de 7 a 8 mm .. Le fruit est une capsule comprimee oblongue-lanceolee loculicide et septicide au sommet ; Ia cloison est plate a depressions seminiferes a peine indiquees. Les graines comprimees, plus larges que hautes, sont entourees d'une aile hyaline de largeur uniforme atteignant 5 mm. Comme nous venons de le voir, les parties fertiles sont Fig. 1.- Perich/aena richardii Baill. (Madirobe) : necessaires pour pouvoir identifier cor- inflorescence. rectement les Bignoniaceae On peut considerer notre genre comme appartenant aux Tecomeae. Ainsi, sans Ia recolte du fruit et de Ia graine, il nous aurait ete difficile d'identifier avec exactitude l'espece.
Depuis notre retour en France, nous avons entame des etudes phytochimiques de cette espece. Les composes semblent se trouver principalement dans I'extrait methanolique. II s'agit done de composes assez polaires. D'apres une recente publication sur les Bignoniaceae (Von Poser eta!., 2000), les iridoi'des seraient les composes majoritaires des especes de Ia tribu des Tecomeae. Notre etude pourra par consequent affirmer ou non cette information. Nous apporterons alors notre contribution sur Ia systematique dans un prochain article. D'autre part, des tests biologiques d'inhibition de proliferation cellulaire sur des lignees cellulaires cancereuses vont egalement etre entames. Si des resultats apparaissent interessants, il serait alors bien dommage de ne pas avoir identifie correctement l'espece. De plus, si l'on souhaite valoriser )'utilisation de cette espece aupres de Ia population locale, il ne faut pas faire de confusion, d'autant plus si l'espece s'avere toxique.
VI. CONCLUSION
Grace aux donnees issues des etudes phylogenetiques basees sur les connaissances recentes de Ia biologie moleculaire, Ia botanique est un domaine en pleine mutation ou plutot en pleine restructuration. Toutefois, dans l'attente d'obtenir des outils concrets de reconnaissance des especes vegetales par le biais de I' ADN, )'identification botanique reste encore basee actuellement pour les botanistes sur des criteres de reconnaissance botanique caracteristiques, notamment visuels (a l'reil nu et microscopique). De plus, dans Ia perspective que ces outils soient mis au point (ils seront alors d'une avancee scientifique importante ), sur le terrain et notamment dans les pays en voie de developpement oil nous appliquons Ia demarche ethnobotanique, Ia population locale n'aura probablement pas acces aces outils et se servira de ses savoirs empiriques et de son experience qu'elle aura, nous I' esperons, conservee pour reconnaitre les plantes medicinales. Ainsi, ces nouveaux concepts que sont I' ethnobotanique et I' ethnopharmacologie existent pour conserver une trace ecrite des medecines traditionnelles, mais aussi pour pouvoir appliquer ces connaissances et les integrer au sein des programmes de sante afin d'ameliorer Ia situation sani-
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taire de certains pays. Comme nous l'avons souligne dans cet article, I' identification botanique reste une etape primordiale.
On observe une evolution parallele a deux vitesses de Ia science dite « occidentale » de hautes technologies (qui comprend aussi I'Inde et Ia Chine) qui se developpe a un rythme effrene, notamment dans les domaines de Ia genetique et des biotechnologies, et d'une autre science plus proche des gens qui evolue et se transmet depuis de nombreux siecles a laquelle appartiennent les medecines traditionnelles. Aucune de ces sciences n'est a exclure. Nous devons les prendre en consideration toutes les deux, sans juger ni prendre parti. L'e!aboration des pharmacopees traditionnelles prend petit a petit de l'ampleur de par le monde (programme Tramil, actions de diverses associations comme « Jardins du Monde ») ; il faut done prendre au serieux les enquetes ethnobotaniques prealables avec une identification rigoureuse des vegetaux n!coltes et etudies afin de ne pas accumuler trop d'erreurs (comme pour les noms vernaculaires) qui pourraient compliquer leur analyse et etre nefastes a Ia population. Certaines pharmacopees sont plus en avance que d'autres; en 1999, Ia premiere pharmacopee caribeenne a ete editee par exemple. Toutefois, on se retrouve confronte parfois a des incomprehensions juridiques et meme culturelles puisque les pharmaciens guadeloupeens ne peuvent pas delivrer a l'officine une grande partie de leurs plantes medicinales locales reputees efficaces car elles ne font pas partie de Ia pharmacopee fran<;aise. Seules 19 plantes d'outre-mer sont inscrites a Ia pharmacopee fran<;aise et deux sont a I' etude (Robard, 2004 ).
De plus, au-deJa de Ia realisation de ces pharmacopees basee notamment sur !'etude des plantes medicinales des medecines populaire et traditionnelle, il faut prendre aussi en compte toutes les pratiques therapeutiques associees (qui ne mettent pas forcement en reuvre !'utilisation de plantes ou leur application directe sur !'Homme), tels certains rites purificateurs du Mexique dits limpia (Motte-Florae, 2004) ou certains rites de possession a Madagascar dits tromba (Jaovelo-Dzao, 1996), souvent connus uniquement des specialistes de Ia medecine traditionnelle, afin d'integrer au mieux les medecines traditionnelles au sein des programmes de sante. Nous rappellons ici que nous entendons par medecine populaire Ia medecine connue de tous, notamment des meres de famille, influencee par Ia medecine traditionnelle, et par medecine traditionnelle Ia medecine des tradipraticiens, plus complexe, associant !'utilisation de plantes mais aussi de diverses pratiques therapeutiques ou de rites.
Ainsi, il faut rester humble par rapport a ses connaissances, observer, laisser de cote ses conceptions culturelles, ses schemas de pensee occidentale et ses prejuges, afin de retranscrire objectivement les informations recueillies. Nous devons pouvoir apprehender les pratiques therapeutiques, qui peuvent parfois etre rapprochees par analogie a certaines psychotherapies occidentales, dans leur contexte culture!, sans interpretation hative ni reductionnisme.
Remerciements - Nous remercions toutes les femmes de Sadjoavato. Madirobe et Joffreville pour leur gentillesse. leur patience et leur motivation. Nous remercions egalement M. Philippe Rasoanaivo, de l'lnstitut malgache de recherche appliquee (IMRA), et Mme Lucile Allorge, du Museum national d'histoire naturelle, pour leur aide. leur sou· lien et leurs conseils concernant nos travaux sur Madagascar. Nous remercions aussi Ires sincerement M. Armand Rakotozafy de I'IMRA pour son aide concernant les identifications botaniques.
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