Spectacle / diptyque de formes brèves pour comédiens, masques, prothèses et marionnettes, d’après H.P. Lovecraft
Création de la première partie : avril 2014
Co-‐production : Ka, Ville de Besançon, Conseil Général, Conseil Régional…et en cours
- Compagnie Ka -‐ Direct ion art is t ique Catherine Hugot -‐ 06 79 64 51 02 -‐ [email protected]
Friche Artistique de Besançon -‐ 10 avenue de Chardonnet -‐ 25 000 Besançon -‐ 03 81 88 71 14 http://www.compagnie-‐ka.com
Je suis d’ailleurs
La compagnie Ka Créée en novembre 2000 à Besançon, la compagnie est dirigée par Catherine Hugot, comédienne-‐marionnettiste formée, entre autre, au Conservatoire d'Art Dramatique de Besançon. Au sein de la compagnie Ka, Catherine Hugot travaille sur la marionnette contemporaine tout public et principalement sur sa confrontation au texte contemporain et au jeu d’acteur, tout en gardant une volonté esthétique et plastique exigeante et originale. Au fil des spectacles le travail de la compagnie s’est orienté vers une réflexion sur le monde au travers des divers prismes que sont la marionnette, l'humour et… le monstre !
Mars 2000 Anatole Felde et Cie d’après la pièce d’Hervé Blutsch, Anatole Felde
Novembre 2000 Là-‐Bas, adaptation libre du roman Là-‐Bas de Huysmans
Juin 2002 Gzion de Hervé Blutsch
Décembre 2003 Contes A Rebours, d’après les Contes Détournés de Roald Dahl
Juin 2005 Marie des Grenouilles, de Jean-‐Claude Grumberg
Mars 2009 La Vie burale d’Hervé Blutsch, commande à l’auteur
Juillet 2009 L’Araignée dans la plaie de Matéi Visniec
Septembre 2010 Désillusions marionnettiques (diptyque formé par Une Baignoire
révolutionnaire et L’Araignée dans la plaie le de Matéi Visniec)
Novembre 2012 Scènes de la vie ordinaire d’après Hervé Blutsch
Une Baignoire révolutionnaire (2010)
Note d’intention Ce diptyque comprend deux formes brèves d’environ 30 minutes chacune. La première est l’adaptation d’une nouvelle de Howard Phillips Lovecraft The Rats in the walls, et sera créée en avril 2014. La seconde est l’adaptation de The Outsider, du même auteur, et sera créée au printemps 2015. Le tout s’intitule Je suis d’ailleurs (traduction française de The Outsider). Pourquoi un diptyque de formes brèves? Parce que le précédent diptyque Désillusions marionnettiques autour de l’auteur Matéi Visniec, a connu un franc succès et parce que le format bref avec une technique assez simple permet une plus large diffusion notamment dans des lieux non théâtraux, des festivals. Pourquoi Lovecraft ? « The oldest and strongest emotion of mankind is fear, and the oldest and strongest kind of fear is fear of the unknown ». H.P. Lovecraft En bon écrivain de science-‐fiction qu’il est, H.P. Lovecraft aime avoir peur et part ainsi à la conquête de l’inconnu : le cosmos, le surnaturel, l’anormalité, mais surtout, lui-‐même. Toute l’œuvre de Lovecraft pour moi, se résume à une idée phare : l’individu, tout au long de sa vie, n’a en fait qu’une seule et même quête qui se révèle être en même temps sa peur la plus profonde : se connaître lui-‐même. Au delà des monstres fantastiques et de la peur cosmique primaire, Lovecraft apprivoise son inconnu inconscient en rêvant puis en écrivant. Cette quête-‐panique de l’inconnu à l’intérieur de soi par delà le monstrueux rejoint mon approche artistique personnelle et m’a conduit à sélectionner ces deux nouvelles. Les Rats dans les murs explore la notion d’hérédité maudite à laquelle le protagoniste ne peut échapper ; c’est l’allégorie des rats qui vont tout envahir. La seconde nouvelle, The Outsider, est plus métaphorique et résume à elle seule toute l’œuvre de Lovecraft : la quête de la connaissance de soi est terrible car d’une part elle passe par le regard d’autrui, et d’autre part, par notre propre regard, ce qui est plus terrible encore. Car pour Lovecraft, ce que nous voyons alors n’est autre que le monstre qui sommeille en nous… L’adaptation Ce choix de textes se situe dans la lignée de ma recherche artistique à plusieurs niveaux et me permet de plus la liberté absolue qui m’a bien souvent manquée avec les auteurs contemporains. Le thème du monstre est plus que récurrent dans ma recherche artistique, notamment dans le dernier spectacle Scènes de la vie ordinaire. Pour moi le monstre, du latin qui veut dire montrer, raconte et nous aide à comprendre d’une façon à la fois poétique, burlesque et effrayante, notre
humanité. Il est le miroir idéal de nos ombres, de nos peurs ; il les met à distance et nous permet de mieux les appréhender pour les transcender. Pour Lovecraft, les monstres sortis de son imagination sont les symboles de ce que nous ne voulons pas voir, c’est à dire qui nous sommes. Le monstre amène naturellement l’évidence et la nécessité de la marionnette et du masque, médias particulièrement importants dans ma recherche. Le son L’écriture de Lovecraft est une écriture très impressionniste qui fait la part belle aux sonorités, notamment au cri, quand le langage est impuissant à faire entendre l’innommable. Le son fera ainsi partie intégrante du spectacle : je collabore régulièrement depuis 2005 avec le musicien Uriel Barthélémi -‐ qui commence à se faire connaître par ses compositions pour la scène théâtrale et marionnettique -‐ et nous approfondirons cette coopération. Le spectacle comme une cérémonie cathartique La vision de Lovecraft est pessimiste et désespérée, ses personnages découvrent l’horreur de ce qu’ils sont et n’ont alors de solution que la fuite : la mort ou la folie. Car pour Lovecraft, la solution, l’exorcisme, c’était l’écriture. Dans le spectacle, nous intégrerons ce fondamental aspect cathartique en introduisant un décalage « cérémonial » qui fera office pour le personnage, et pour le spectateur, de catharsis. Ce n’est pas juste l’histoire horrible qui est racontée, c’est déjà la cérémonie qui a pour office de la dépasser. Par exemple, dans Les Rats dans les murs, le protagoniste au début de l’exposition par la voix off, pend des petits personnages dans l’arbre (généalogique) comme pour à la fois concrétiser et dépasser les terribles histoires familiales qui sont évoquées. Dans The Outsider, le héro effectue une sorte de danse avec son double noir pour à la fois l’apprivoiser et s’en détacher définitivement. Humour et marionnette Autant Lovecraft est au premier degré dans l’horreur absolue, autant l’adaptation scénique introduira un décalage humoristique dans lequel d’ailleurs le gothique de la nouvelle peut facilement glisser. Ce pas de côté, que la marionnette et le masque accompagnent, est primordial à la mise à distance nécessaire au sens et questionnement qu’induit le spectacle.
Pour la première partie de la création, mon choix s’est porté sur Les rats dans les murs, une nouvelle écrite par H.P. Lovecraft en 1923, que j’adapterai et mettrai en scène. Synopsis de départ de la première petite forme : Les Rats dans les murs Dans cette histoire, le narrateur nous confie qu’il a récemment quitté le Massachusetts pour emménager dans une vieille demeure anglaise ayant appartenue à ses ancêtres, connue sous le nom maudit du Prieuré d'Exham. Très vite et à plusieurs reprises, le protagoniste et son chat sont réveillés et terrifiés par des bruits de rats grouillant et galopant derrière les murs. Après une courageuse et brève enquête, notre héros comprend avec horreur que ses aïeux avait entretenu pendant des siècles une cité souterraine dont les habitants se nourrissaient de chair humaine, poussant même le vice jusqu'à élever du bétail humain ! Rendu immédiatement fou par cette découverte et soudainement envouté par une irrépressible et héréditaire force obscure, le narrateur se rue sur un de ses amis et entreprend de le dévorer… Du fond de son établissement psychiatrique, il continue aujourd’hui à nous clamer son innocence, répétant que ce sont « les rats, les rats dans les murs » qui ont dévoré son ami. Rats qu’il continue d’ailleurs, à entendre dans les murs de sa cellule… L’adaptation Cette forme brève conjuguera librement texte (voix off et monologues), marionnettes, masque et musique pour un comédien-‐marionnettiste seul sur scène. Le son sera une partie très importante du spectacle et pourra rendre compte de l’importance de la sonorité dans l’écriture de Lovecraft, notamment pour l’aspect cauchemardesque et oppressant de l’invasion des rongeurs. Les Rats dans les murs constitue une bonne introduction au sujet directeur du diptyque à savoir l’horreur lovecraftienne de la quête de soi. Dans la nouvelle, le protagoniste va faire les frais de la découverte de de son hérédité… Le monstrueux se décline ici sous les traits de l’individu border line. Les événements auxquels est confronté le personnage de Lovecraft ne se limitent pas à une invention de son esprit malade ; les rats infestent réellement les murs, les pulsions menacent effectivement de traverser la mince frontière mentale que l’on croit si solide et hermétique. Enfant, Lovecraft a vu son père puis sa mère « passer de l’autre côté » et se faire interner ; adulte, il n’aura de cesse que de transcrire les visions terribles qu’il endure lui même afin de les exorciser. Les rats de Lovecraft sont la fatalité génétique de l’hérédité et la négative vision lovecraftienne du subconscient. Déjà en 1923, la logique scientifique matérialiste cartésianiste contribue au polissage et à l’enterrement de pulsions et de conditionnements profonds. Pour Lovecraft c’est cette dissimulation, cette interdiction qui concourt à la rupture brusque des vannes et aux sorties de noirceur les plus abjectes du genre humain. Dans le spectacle, l’angle ludique, cathartique et lumineux de l’inconscient sera tout aussi important.
L’humour et la marionnette contribueront à créer un subtil décalage, une mise à distance de l’horreur absolue, nécessaire au sens et questionnement qu’induit le spectacle. Les marionnettes : Le chat est le second personnage principal, alter ego et miroir du héro. Il faut noter en effet que le félin est la seule créature animale à être à la fois aussi mignonne et familière et aussi redoutable prédateur carnivore et sadique ; c’est l’animal stéréotype parfait du tueur psychopathe. Le matériau de construction utilisé pour les masques sera encore le latex que j’aime pour sa ressemblance avec la peau humaine, sa résistance et sa fragilité à la fois. Un masque réaliste et monstrueux intervient à la toute fin pour monter « l’innommable » à savoir l’horreur que constitue la découverte de qui on est. Pour cette première partie du diptyque, nous suivons Lovecraft dans l’horreur sans retour ! Quelques remarques sur la scénographie Un Arbre, à la Tim Burton, irréel et mystérieux constituera un espace à la fois symbolique, imaginaire et réaliste. Tantôt arbre généalogique, tantôt espace indéterminé, tantôt espace de rêve…
Synopsis de The Outsider (1921) N'est pas mort ce qui à jamais dort Et au long des siècles peut mourir même la mort. H.P. Lovecraft L'Appel de Cthulhu The Outsider est tantôt traduit en français par Je suis d’ailleurs ou tantôt par L’Etranger. Mais ici le mot étranger est à prendre au sens lovecraftien : est étranger ce qui est radicalement étranger à la terre, incompréhensible et dont la contemplation peut conduire à la mort ou à la démence. Dans cette fable, si la noirceur est encore là, le ton est plus poétique et allégorique. Nous suivons un mystérieux narrateur -‐prisonnier-‐ qui ignore qui il est et à quoi il ressemble et qui entreprend alors dans une véritable aventure pour atteindre la lumière du jour. Il finit par découvrir qu’il est un monstre, une goule, un mort vivant, un vampire, nous ne savons pas exactement, lorsqu’il se trouve confronté aux autres, puis à son propre reflet dans un miroir. Comme dans la plupart des nouvelles et romans de Lovecraft, le héro (ou plutôt l’anti-‐héro) est envahi par un irrésistible besoin, une curiosité irrépressible et se lance dans une aventure identitaire à travers tours, donjons et forêts gothiques. Pour aller enfin « voir le jour », il doit se confronter au regard d’autrui (ce qui est terrible pour Lovecraft) avant la confrontation finale avec son double monstrueux qu’il intègre malheureusement comme seule et unique personnalité. Nous irons un peu loin que Lovecraft pour dépasser le double noir et accéder à l’individu enfin « rassemblé », ayant apprivoisé ses deux faces, la sombre et la lumineuse. La chute de la nouvelle nous fait comprendre que le narrateur est une sorte de mort vivant, un vampire qui n’a fait que revenir inconsciemment sur les lieux où il aurait vécu sa première vie humaine ; mais le vampire n’est-‐il pas justement un personnage privé d’identité et d’énergie, qui doit aller la voler aux vivants en leur suçant le sang ? Eternelle quête d’identité là encore ou faute d’identité et de force vitale, on se doit d’aller la chercher chez les autres. The Outsider commence où se finit la forme brève Les Rats dans les murs : sur le monstre. Le spectateur voit le protagoniste sous son aspect monstrueux mais au fur et à mesure, l’humain qui se cache derrière le monstre apparaît pour se confronter à son ombre et la dépasser. Les personnages secondaires, comme ceux qui ont veillé sur sa jeunesse ou ceux qui s’enfuient en criant à sa vue, sont à la fois l’Altérité dans sa totalité et la perception subjective du héro. Le miroir qui révèle l’horreur finale dans la nouvelle peut être aussi interprété librement. C’est la nudité de la naissance à soi même qui fait hurler le protagoniste, quand les masques (et les prothèses) sont tombés. Ici, nous nous éloignons du noir pessimisme de Lovecraft pour pousser l’interprétation de cette nouvelle dans ces retranchements les plus… ouverts ! Le traitement sera plus chorégraphique et musical, nous utiliserons la marionnette comme double du héro ainsi que le masque et la prothèse corporelle et faciale pour traiter du monstrueux. Le (ou les autres) comédien(s) marionnettiste(s) contribuera(ont) à animer le corps monstrueux du héro, aidera(ont) à sa métamorphose et manipulera(ont) la marionnette de « l’ombre noire ». Un très gros travail sonore accompagnera cette « cérémonie libératrice».
Quelques mots sur la scénographie Le personnage évoluera dans une sorte de cage triangulaire, ouverte vers le public et tissée de filins noirs pouvant évoquer poussière, toile d’araignée, émanations noires… (Cf iconographie ci-‐dessous pour l’inspiration) Dans le V du triangle, caché derrière des panneaux de velour noir, un (ou deux) marionnettiste peut œuvrer sur le corps truffé de prothèses du comédien, puis sur la manipulation de la marionnette du double à la fin. Catherine Hugot – 2 janvier 2014
Chiharu Shiota – Home of memory
La metteur en scène-‐ Catherine Hugot
Catherine Hugot est née en 1973.
Après ses études de Théâtre à l’Université et au Conservatoire d’Art Dramatique de Besançon, Catherine Hugot se spécialise dans l’Art de la marionnette et devient directrice artistique de « Ka » en novembre 2000. Au sein de cette compagnie bisontine, Catherine Hugot oriente ses recherches sur la marionnette qu’elle confronte à la fois au texte contemporain et au jeu d’acteur, tout en gardant une volonté esthétique et plastique très exigeante et originale.
Ainsi elle conçoit, fabrique les marionnettes et met en scène les spectacles : Là Bas (d’après Huysmans 2000), Anatole Felde et Cie (d’après Hervé Blutsch 2001), Gzion (d’Hervé Blutsch 2002), Contes à Rebours (d’après Roald Dahl 2003), Marie des Grenouilles (de Jean Paul Grumberg 2005), L’Araignée dans la Plaie (de Matéi Visniec 2009) et Une Baignoire révolutionnaire (de Matéi Visniec, 2010 ; NB : L’Araignée dans la Plaie et Une Baignoire révolutionnaire forment le diptyque Désillusions marionnettiques).
La Vie burale (2009) marque le début d’une collaboration plus étroite avec l’écrivain Hervé Blutsch qui accepte sa commande d’écriture marionnettique. En 2012, ils se mettent d’accord sur une seconde commande : Scènes de la Vie ordinaire, qui a été créé en novembre 2012 à la Scène nationale de Belfort.
Parallèlement à ce travail personnel, Catherine Hugot collabore, en tant qu’interprète ou plasticienne, avec d’autres artistes : David Girondin Moab de la compagnie rémoise Pseudonymo, Hélène Arnaud du Théâtre de l’Esquif de Parthenay, Angélique Friant de la compagnie rémoise Succursale 101 et François Rodinson de la compagnie des Transports de Nancy.
Catherine Hugot a développé également une activité de formation artistique dans plusieurs disciplines (le théâtre, la marionnette et les arts plastiques) avec des publics très variés allant des collégiens dolois aux étudiants de l’IRTS de Reims. Elle a également participé à la mise en place de deux projets semi-‐professionnels destinés à créer des liens entre la compagnie Ka et les lieux de formation de la Région : en 2008 avec le Conservatoire d'Art Dramatique, les DMA Lumières et DMA Costumes et en 2009 avec le DEUST Théâtre de Besançon.
Depuis 2010, elle se concentre plus spécialement sur son activité de metteur en scène et sur des collaborations essentiellement plastiques avec des artistes amis de longue date (ou pas).
L’auteur -‐ Howard Phillips Lovecraft Howard Phillips Lovecraft, né le 20 août 1890 et mort le 15 mars 1937, est un écrivain américain connu pour ses récits d'horreur, de fantastique et de science-‐fiction. Bien que le lectorat de Lovecraft fût limité de son vivant, sa réputation évolue au fil des décennies et il est à présent considéré comme l'un des écrivains fantastique les plus influents du XXe siècle. Stephen King va jusqu’à dire de lui qu'il était « le plus grand artisan du récit classique d'horreur du vingtième siècle ». Une des caractéristiques de son œuvre réside dans la folie de ses narrateurs confrontés à un surnaturel auquel ils refusent de croire. Une grande partie du travail de Lovecraft lui a été inspirée par ses terreurs nocturnes et c'est sans doute cet aperçu direct de l'inconscient et de son symbolisme qui explique sa résonance et sa popularité. Une autre source d'inspiration majeure fut la science et ses progrès qui lui donnent paradoxalement l'impression que l'Homme est encore plus insignifiant, impuissant et condamné dans un univers matérialiste et mécanique. Une des idées récurrentes chez Lovecraft est celle selon laquelle les descendants d'une lignée ne peuvent jamais échapper aux marques laissées par les crimes de leurs aïeux, quels que soient leur éloignement temporel et géographique: (« Les Rats dans les murs », « La peur qui rôde », « Arthur Jermyn », « L'Alchimiste », « Le Cauchemar d'Innsmouth » et « L'Affaire Charles Dexter Ward»). Selon Arnaud Fabre (Le doute et la folie dans les oeuvres écrites à la première personne de H.P. Lovecraft), l’œuvre de Lovecraft a à la fois le goût de l’obscur des profondeurs de l’âme et du monde et celui du plaisir du frisson. « Frisson qui se double d’une conscience aiguë des lacunes essentielles de notre savoir, ouvrant ainsi des perspectives effrayantes et pourtant nécessaires face au constat suivant : le monde dépasse notre connaissance. »
L’Equipe Uriel Barthélémi, batteur, électroacousticien et compositeur
Il a été formé aux conservatoires de Reims, La Courneuve et Montreuil ainsi qu’à l’IRCAM.... Développant ses propres logiciels avec Max/MSP, il crée et interprète une musique dense et polymorphe, constituée de drones complexes et d’asymétries percussives. En tant que compositeur il créé depuis 2002 des musiques pour le théâtre, la marionnette, la danse / multimédia, ainsi que pour des expositions / installations plastique et vidéos (Forced Entertainment, Cie Veronica Vallecillo, Cie Pseudonymo, Cie KA, Cie La Tramédie, Cie PunchisnotDead, les plasticiens Elise Boual, Mathieu Sanchez, Nicolas Clauss,, … ). Mélant intimement batterie et électronique, écriture souple et improvisation, il créé récemment plusieurs projets personnels (Yama’s Path -‐ 2011, Soul’s Landscapes -‐ 2011, S.E.U. -‐ 2010 , Exhaustion -‐ 2010). Il est également compositeur associé à la compagnie Soundtrack (Patricia Dallio), et travaille régulièrement avec les studios Puce Muse. Il collabore et partage la scène avec de nombreux artistes tels que Kazuyuki Kishino (KK NULL), Hélène Breschand, Tarek Atoui, Susie Ibarra, Eric Pailhé, Robert A.A. Lowe. Il a joué dans des festivals tels que Villette numérique (Paris), Irtijal (Beirut), Exodos (Lubjana), Jazzmandu (Kathmandu), Scènes ouvertes à l’insolite (Paris), The Jerusalem Show (Jerusalem Est), Les détours de Babel (Grenoble), Performa (N.Y.), La Nuit Blanche (Paris), Memory marathon (Serpentine Gallery, Londres), Sharjah Art Biennal 2013 (Emirats Arabes Unis), Ruhr Triennale (Essen, 2013). Commandes récentes : "Metricize" I performance I Sharjah Art Foundation | Sharjah, E.A.U.
(2013) "Talking with the unspoken rythm" I jeu vidéo & musical pédagogique I
PUCE MUSE, La SACEM & CDMC I France (2013-‐14) "Ilôts" | installation générative avec Nicolas Clauss I Cie SoundtrackI France (2012)
"Visiting Tarab" I pièce sonore autour du Tarab I Sharjah Art Foundation | Sharjah, E.A.U. (2011)
"Extraball" | installation interactive avec Patricia Dallio, Antoine Schmitt, Malte Martin I Cie Soundtrack "Exhaustion" I performance / tryptique sonore I Al Mamal Art Foundation | East Jerusalem. (2010)
Guillaume Clausse, comédien Après des études de Littérature, Guillaume Clausse est formé au théâtre dans "les Classes" de La Comédie de Reims sous la direction de Christian Schiaretti, puis à l'Ecole d'Acteurs de Cannes de 2002 à 2005 (avec Philippe Demarle, Alain Françon, Ludovic Lagarde, Georges Lavaudant...). Il crée à Marseille en 2005 la Cie L'Individu, avec Charles-‐Eric Petit et Elisa Voisin (Le di@ble en bouche, Notre Dallas, Le quadrille amoché). Depuis, il a travaillé notamment avec Romeo Castellucci (Tragedia Endogonidia M #.10), Alain Fourneau, Catherine Marnas (Enfants d'Eve Enfants de Lilith, Sainte Jeanne des Abattoirs, Le Dyscolos), Jean-‐Louis Benoit (Les enfances du Cid, La Nuit des Rois), Françoise Chatôt (Les Caprices de Marianne, Romeo et Juliette), Albert Simond, Catherine Hugot (Marie des Grenouilles, la Vie burale), Thomas Gonzalez (La Chouette Aveugle), Renaud-‐Marie Leblanc (Erich Von Stroheim), David Girondin-‐Moab, Nathalie Demaretz (Les Chroniques du Bonheur), et La Maison de la Poésie à Montpellier. Distribution pour la seconde partie, The Outsider, en cours (un autre comédien marionnettiste, voire deux).
Scènes de la vie ordinaire – Novembre 2012
Extraits des Rats dans les murs … Rien de mauvais ne se rattache à ma famille avant cette date, mais quelque chose d'étrange a dû arriver alors. Une chronique fait référence à un de la Poer en tant que « maudit de Dieu en 1307 », alors que le folklore villageois n'évoquait, du château qui s'était dressé sur les fondations des anciens temple et prieuré, qu'une peur mauvaise et frénétique. Les histoires qu'on se racontait au coin du feu prenaient les formes les plus épouvantables, rendues plus terribles encore par leur retenue terrifiée et leur flou évasif. Elles représentaient mes ancêtres comme une race de démons héréditaires à côté desquels Gilles de Retz et le Marquis de Sade passaient pour de simples novices, et elles suggéraient à mots couverts leur responsabilité dans les disparitions ponctuelles de villageois pendant plusieurs siècles. … … Je fus arraché à cette vision terrifiante par les mouvements de Négro (son chat), qui, comme d'habitude, dormait à mes pieds. Cette fois, je n'eus aucun doute quant à l'origine de ses grognements et feulements, ni sur la peur qui lui avait fait planter ses griffes dans ma cheville sans se préoccuper de leur effet ; car de tous côtés de la chambre, les murs étaient vivants de sons écoeurants – la reptation irréelle de rats affamés, gigantesques. Il n'y avait plus d'aurore pour distinguer la tapisserie – dont la partie qui était tombée avait été remplacée – mais je n'étais pas suffisamment effrayé pour ne pouvoir allumer la lumière. Les ampoules s'illuminant brusquement, je vis toute la tapisserie animée de mouvements hideux, formant les motifs bizarres d'une étrange danse de mort. Ce mouvement disparut presque immédiatement, et le son avec lui. … … C'est ce qu'ils affirment que j’ai dit quand ils m’ont trouvé dans les ténèbres, trois heures plus tard ; accroupi dans les ténèbres, au-‐dessus du corps replet et à moitié dévoré du Capitaine Norrys, mon propre chat me sautant à la gorge pour la déchiqueter. Maintenant, ils ont fait sauter le prieuré d'Exham, ils ont éloigné de moi mon Négro, et ils m'ont enfermé dans cette pièce close, à Hanwell, avec des chuchotements craintifs sur mon hérédité et mon expérience. Thornton est dans la pièce d'à coté, mais ils m'empêchent de lui parler. Ils tentent, aussi, d'effacer tous les faits qui concernent le prieuré. Quand ils parlent du pauvre Norrys, ils m'accusent de cette chose affreuse, mais il faut qu'ils sachent que je ne l'ai pas fait. Ils faut qu'ils sachent que c'étaient les rats, les rats rampants, filants, dont la galopade ne me laisse jamais dormir ; les rats démons qui courent derrière le capitonnage de cette pièce, et qui m'entraînent au fond des plus immenses horreurs que j'aie jamais connues ; les rats qu'ils ne peuvent jamais entendre ; les rats, les rats dans les murs.
Extraits de The Outsider Malheureux celui auquel les souvenirs d'enfance n'apportent que crainte et tristesse. Misérable celui dont la mémoire est peuplée d'heures passées dans de vastes pièces solitaires et lugubres aux tentures brunâtres et aux alignements obsédants de livres antiques, et de longues veilles angoissées dans des bois crépusculaires composés d'arbres absurdes et gigantesques, chargés de lianes, qui, en silence, poussent toujours plus haut leurs bras sinueux. M'approchant de cette arche, je perçus plus nettement cette présence, et finalement, tandis que je poussais mon premier et dernier cri -‐une ululation spectrale qui me crispa presque autant que la chose horrible qui me, la fit pousser -‐ j'aperçus, en pied, effrayant, vivant, l'inconcevable, l'indescriptible, l'innommable monstruosité qui, par sa simple apparition, avait pu transformer une compagnie heureuse en une troupe craintive et terrorisée Je ne peux même pas donner l'ombre d'une idée de ce à quoi ressemblait cette chose, car elle était une combinaison horrible de tout ce qui est douteux, inquiétant, importun, anormal et détestable sur cette terre. C'était le reflet vampirique de la pourriture, des temps disparus et de la désolation ; le phantasme, putride et gras d'égouttures, d'une révélation pernicieuse dont la terre pitoyable aurait dû pour toujours masquer l'apparence nue. Dieu sait que cette chose n'était pas de ce monde -‐ ou n'était plus de ce monde -‐ et pourtant au sein de mon effroi, je pus reconnaître dans sa matière rongée, rognée, où transparaissaient des os, comme un grotesque et ricanant travesti de la forme humaine. Il y avait, dans cet appareil pourrissant et décomposé, une sorte de qualité innommable qui me glaça encore plus.
Calendrier de création et perspectives d’exploitation Octobre 2013 à janvier 2014 : recherche de subventions et de coproductions ; adaptation de la première nouvelle (LRDLM) Janvier 2014 : construction des marionnettes et des masques (LRDLM) Février : première résidence de création (LRDLM) à Besançon – La Friche Mars : seconde résidence de création (LRDLM) à Reims au Jardin Parallèle ; création de la scénographie définitive 18 19 20 Avril : création du spectacle (LRDLM) au Festival Orbis Pictus – Reims Juin 2014 : Festival des caves de Besançon (LRDLM) Octobre 2014 : dépôt du dossier de subvention DRAC pour Je suis d’ailleurs Courant 2015 : première résidence de création pour Je suis d’ailleurs Automne 2015 : seconde résidence de création et création de Je suis d’ailleurs Pistes de diffusion : Le format, double et assez simple techniquement peut prétendre à des tournées dans des lieux non théâtraux, les spectacles peuvent aussi tourner séparément. Nous relancerons les festivals et lieux qui avaient accueilli Désillusions marionnettiques en 2010-‐2012 à savoir Mirepoix, le Théâtre de la Girandole, Avignon avec La Condition des soies, le Festival de Grenoble, de Charleville, la Scène nationale de Vandoeuvre…
Aperçu technique et financier pour une forme brève seule (Les Rats dans les murs ou The Outsider) Prix de cession représentation isolée : 2 000 euros hors défraiements pour un comédien (deux pour The Outsider), une metteur en scène et un régisseur ; location d’un camion 12m3 pour la scénographie Durée approximative du spectacle : 30 minutes Jauge de 80 personnes, public adulte et adolescent (> 15 ans) Console son et console lumière, 6 praticables de 1mx2 pour relever l’espace scénique Noir salle souhaité Aperçu technique et financier pour Je suis d’ailleurs Prix de cession représentation isolée : 3 800 euros hors défraiements pour deux comédiens, une metteur en scène et un régisseur; location d’un camion 12m3 pour la scénographie Durée approximative du spectacle : 1 heure 15 minutes (avec une brève entracte permettant le changement de décor entre les deux parties) Jauge de 80 personnes, public adulte et adolescent (> 15 ans) Console son et console lumière, 6 praticables de 1mx2 pour relever l’espace scénique Noir salle souhaité