L’a-borddusujet.
Réflexionsurlesfondementsdynamiquesdelathéorieetdelacliniquepsychanalytiques.
A-bordingthesubject.
Reflectiononthedynamicalfoundationsofpsychoanalyticaltheoryandpractice.
J.Guillén–D.Reniers–C.Pinel
JulioGUILLEN
DocteurenPsychologieCliniqueetPsychopathologie
LaboratoireSHS-CEC–UnitédeRechercheenPsychologieOCeS(Organisation,CliniqueetSujet)
UniversitéCatholiquedeLille–FacultéLibredesLettresetsciencesHumaines
60BdVaubanBP109.F–59016LilleCedex
EPSMAgglomérationLilloise–CMPFrancoBasaglia
239,RueduFaubourgdeRoubaix-59800Lille
DominiqueRENIERS
ProfesseurHDRenPsychologieCliniqueetPsychopathologie
LaboratoireSHS-CEC–UnitédeRechercheenPsychologieOCeS(Organisation,CliniqueetSujet)
UniversitéCatholiquedeLille–FacultéLibredesLettresetsciencesHumaines
60BdVaubanBP109.F–59016LilleCedex
CarolePINEL
DocteurenPsychologieCliniqueetPsychopathologie
LaboratoireSHS-CEC–UnitédeRechercheenPsychologieOCeS(Organisation,CliniqueetSujet)
UniversitéCatholiquedeLille–FacultéLibredesLettresetsciencesHumaines
60BdVaubanBP109.F–59016LilleCedex
J.Guillén–D.Reniers–C.Pinel,L’a-borddusujet.Réflexionsurlesfondementsdynamiquesdelathéorieetdelacliniquepsychanalytiques.,InternationalPsychology,PracticeandResearch,Piper8,2018
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Résumé
Dans cet article, nous proposons de revisiter la notion de «dynamique» en psychanalyse afind’étudiersonrôlefondateurpour l’émergencedusujet.Engénéral,cettenotionsetrouveréduiteàl’idéeplusoumoinsvaguede«conflit»dansunesphèreintrapsychique.Cecin’estpassansavoirdesconséquencessurlathéoriemaisaussisurlacliniquequisetransformeenunetechniquecentréesurl’analysedesdéfenses.Or,commenous lemontrerons, il s’agit,autantpourFreudquepourLacan,d’un conceptà labasede la construction subjective commeémergeantde la rencontre entredeuxchamps:l’individuetlacultureouplusprécisémentlevivantetlelangage.Leconceptde«pulsion»se présentera comme le point nodal de nos réflexions pourmettre en dialogue la dynamique avecl’énergétique tout en précisant les différences entre ces deux approches qui ouvriront la voie pourl’introductiondusujetetsonlienàl’Autreàpartirdesnotionsd’intervalleetdechamp.Finalement,nous présenterons une séquence clinique concernant la distinction de scènes dans le discours d’unpatient afin de souligner l’intérêt d’une analyse inspirée de la dynamique. Ceci nous permettrad’ouvrirlaquestiondelastructurecliniqueentermesde«modalitésdynamiques».
Mots-clefs
Psychanalyse,sujet,dynamique,pulsion,limite.
A-bordingthesubject.Areflectiononthedynamicalfoundationsofpsychoanalyticaltheoryandpractice.
Abstract
Inthispaper,werevisittheconceptof“dynamics”inpsychoanalysistostudyitsfundamentalrolefortheemergenceofthesubject.Usually,thisconceptisreducedtoarathervagueideaof“conflict”intheintra-psychicsphere.Thispositionhasadirectconsequenceontheoryandclinicalpracticewhichbecomesthenatechnicaldeviceusedtomanagedefenses.WewillshowthatbothforFreudandforLacan,dynamicsstandsasakeyconceptthatfoundsthesubjectiveconstructionastheemergenceofthemeetingoftwodistinctfields:individualandcultureor,moreprecisely,thelivingandlanguage.The notion of “drive” is the nodal point of our analysis that will concentrate on the link betweendynamics and energetics and will specify the differences between these two approaches. This willopen the way to introduce the subject and its binding to the Other starting from the notions ofintervaland field.Finally,wepresentaclinical sequenceconcerning thedistinctionof scenes in thediscourseofapatientsoastoshowthe importanceofadynamicalanalysis.Thiswill introducethequestionabouttheclinicalstructureintermsof“dynamicmodalities”.
Keywords
Psychoanalysis,Subject,dynamics,drive,limit.
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A-bordarelsujeto.Unareflexiónsobrelosfundamentosdinámicosdelateoríaylaprácticapsicoanalítica.
Resumen
Enesteartículo,proponemosrevisitarlanociónde“dinámica”enpsicoanálisisparaestudiarsurolfundamentalenlaemergenciadelsujeto.Engeneral,estanociónsereduceaunaideamásomenosvagade“conflicto”en laesfera intrapsíquica.Estotieneconsecuenciastantoparalateoríacomoparalaprácticaclínicaquesevereducidaaunatécnicacentradaenelanálisisdelasdefensas.Sinembargo,comolomostraremos,setrata,tantoparaFreudcomopara Lacan, de un concepto básico en la construcción subjetiva como emergente delencuentroentredoscampos:el individuoy la culturao,másprecisamente,el vivienteyellenguaje. El concepto de “pulsión” aparece como el punto nodal de nuestra reflexiónpermitiendo poner en diálogo la dinámica y la energética precisando de este modo lasdiferenciasentreestosdosenfoquesloqueabrirálavíaparalaintroduccióndelsujetoysulazoalOtroapartirdelasnocionesdeintervaloydecampo.Finalmente,presentaremosunasecuenciaclínicaapropósitodeladistinciónentreescenaseneldiscursodeunpacientepararesaltarelinterésdeunanálisisinspiradoenladinámica.Estonospermitiráabrirlacuestióndelaestructuraclínicaentérminosde“modalidadesdinámicas”.
Palabrasclave:psicoanálisis,sujeto,dinámica,pulsión,límite.
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C’estl’undessortsinévitablesquel’onpeutréserverauxconceptspsychanalytiquesdeles
soumettreàune lectureobjectivantedephénomènespsychiques, surtoutdans cemonde
contemporain où le savoir revient au vérifiable en délaissant le véritable. Ainsi la
psychanalyse risque-t-elle toujours de devenir, à partir par exemple d’un enseignement
universitairequisesuffiraitd’unesimpledispensedeconcepts,l’équivalentd’uneespècede
«psychologieindividuelle»consistantàidentifierpourlestravaillerlanatureparticulièredu
conflitenplaceainsiquelesdéfensesdéployéesàsonendroit.Unetelleapprochegagnede
làsontitrede«psychologiedynamique»ensedonnantpourobjet,enparfaiteconformité
en apparence avec la façon dont Freud entendait l’approche dynamique au sein de sa
métapsychologie(Freud,1915-17).C’estbienlà,onlesait,leressortessentieldontapuse
réclameretseréclameencorel’egopsychologyaméricaine.
S’y entend en tout cas le principe d’un «déjà-là» en termes d’instances psychiques
localisables qui composent un appareil qui semble se suffire à lui-même dans son
fonctionnement et dans son développement. Cependant, à saisir la dynamique en son
essence,pareilleconceptionpeutêtrerenversée.Leconflitpeuteneffetêtreentendunon
pas comme repérable entre instances psychiques préexistantes, mais comme ce qui
détermine l’existence-même de celles-ci. Il s’agirait alors de revenir, avec la rigueur
nécessaire, sur ce que Freud entendait révéler avec l’acception substantivée du terme
«dynamique»,quitteàreprendrecertainstextesquisonttropsouventconsidéréscomme
appartenant à la «préhistoire» de la psychanalyse (tel par exemple, l’Esquisse d’une
psychologiescientifique(Freud,1895).
Pareilrenversementdepointdevueplaceforcémentaupremierrangcequi,dela«sorcière
métapsychologie», renvoie le plus nettement au principe de la dynamique, à savoir le
conceptdepulsionqui,commeFreudlerappelaiten1915«n’estjamaiscommeuneforce
d’impact momentané (eine momentane Stosskraft) mais toujours comme une force
constante (eine konstante Kraft)» (Freud, 1915). Partir de la pulsion, entendue comme
énergiepotentielledonc, et absolumentpas commeentité substantielle, c’estdépasser la
dimensiond’objectivationdanslaquelleonréduitsouventlapsychanalyseaujourd’hui.C’est
également revenir aux sources épistémologiques dont celle-ci, à propos de la dynamique
précisément, et comme le souligne la référence par Freud à la notion d’énergie, s’est
réclaméeavant tout, à savoir laphysique (Assoun,1981).C’est enfinadmettre lapossible
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remise en question de la nosographie, ou plus exactement l’aborder non plus à partir de
l’existantmorbidemaisdecettedynamiquedontilestpossiblededéplierlalogiquepropre.
Leprésenttravailreposeradoncsurdeuxhypothèses:
Entantque«forceconstante»,lapulsionestindissociabled’unécartdéfinissantunespace
sui generis qui ne peut être identifié que comme «intervallaire». Cet intervalle est
caractériséparl’impossibilitéfoncièrederejoindrel’étatzérodontseréclamelasatisfaction
première (la jouissance) en quoi il admettrait cette «exigence de travail» que Freud
rattachefondamentalementàlapulsion.Cetintervallenepeuteneffetêtreréduitàl’idée
d’un simple écart, tel celui par exemple entre soma et psychè, ou entre soi et monde
extérieur.C’estpourquoicetespace intervallaire reposefondamentalementsur leprincipe
d’uncontingentconsacrantlelieudel’Autreautitredenécessairelogique.
C’estencesensprécisqueladynamiquechezFreuddoitêtreentendue.Carlesurgissement
del’Autredontilestquestionnepeutêtrelimité,sansl’excluretoutefois,àquelquethèse
développementale soumiseàquelqueprocèsmaturatif.CetAutre, consacréennécessaire
logique sur la base d’un contingent, ne relève surtout d’aucune référence à
l’intersubjectivité.Ilestàentendreentantquelieu,celuidulangage.
Lapriseencomptede lapulsionaucentrede l’économiedésirante forceàréinterroger la
cliniqueenluifournissantunfondementdynamiquequinerelèvepastantdel’observable
sémiologiquequede la logiquedont se réclameun lieu psychiquequi en constitue avant
tout le produit. Cette seconde hypothèse sera mise à l’épreuve à partir d’une séquence
clinique.
Laδύναμις(dynamis):d’unau-delàduconflitpartesextrapartes
Lorsque,dans«Pulsionsetdestinsdespulsions»,Freudveutsavoircombiennouspouvons
poserdepulsions,ilsoulèveleproblèmeessentielquiserattacheàlapulsion.Lerisqueest
grandeneffet,lorsqu’unetelletentatived’identificationseprésenteàproposdecelle-ci,de
subvertirgravementlechampauquelelleappartientfondamentalement,àsavoirceluidela
dynamique.Ilestvraique,pourunconceptqueFreudérigeracomme«mythologie»dela
psychanalyse, pareille tentation devient légitime (Freud, 1932). Elle oublie cependant le
statut proprement «limite» dont la pulsion se réclame avant tout, que cette limite soit
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entendue au niveau de ce qui fait nouage entre somatique et psychique, entre corps et
langage, entre sujet et Autre, ou plus radicalement encore sur un plan strictement
épistémologique.Enquoil’arbitraire,Freudlesouligneclairement,auralechamplibrepour
dressertelleoutelle listedecequidèslorsnerépondraitplusdescritèresdéfinitoiresqui
reviennent à lapulsion.Onpeut trouverune illustrationexemplaired’une telledémarche
subversive chez Murray par exemple, qui dresse, sur la base d’une simple enquête, la
fameuse liste des «Needs» qui servira debase théorique à la grille interprétative de son
Thematic Aperception Test (Murray,1957) et pour lesquels les traducteurs français ont eu
l’heureuse initiative d’ailleurs de retenir, pour ces Needs, le terme plus approprié de
«besoins». Hormis cette classification de besoins, on pourrait d’ailleurs évoquer celle
proprementpsychiatriquequiatoujoursprévaluauchapitredesperversions(Lanteri-Laura,
1979).Au-delàdel’initiativevisantàrépertorierlespulsions,initiativequigarderaittoutesa
valeurtantqu’ellerestedansleslimitesdel’analysepsychologique,ilfaut,ditFreud,retenir
les seules pulsions qui, en tant qu’originaires et insécables, peuvent avoir dans le champ
analytiqueuneréelleimportance.
Laquestionest essentielle, carune telle initiativededresserun listingdespulsions sur la
seulebasedel’observation(quipourraitadmettre,commeleditFreud,unepulsiondejeu,
unepulsiongrégaireouunepulsiondedestruction)donneinévitablementàcelles-cistatut
de substantia, c’est-à-dire d’entités isolables les unes des autres, chacune étant dotée en
parfaite autonomie d’une origine et d’un but particuliers. Or, il est frappant de voir que
Freud,quivise lapulsiondansson insécabilité, retientnontelleoutellepulsion,maisune
dualité,celleentrepulsionsdumoi(oud’autoconservation)d’unepart,etpulsionssexuelles
d’autre part (Freud, 1905), et plus tard entre pulsions de vie et pulsion de mort (Freud,
1920).Soninsistanceàmaintenir lapulsiondans l’enceinted’uneradicaleet incontestable
dualité, forcément conflictuelle, lui coûtera,on le sait, l’adhésionetmême l’amitiéde ses
plus proches collaborateurs, Jung en tête. De fait, cette conception fondamentalement
dualistesouligneavanttoutleregistre,leseul,auquellapulsionpeutseréférersouspeine
deperdresavaleurépistémologiquepremière,àsavoirleregistredynamique.Carl’essentiel
danscedualisme,semble-t-il,revientàcequis’institueavanttoutcommetensionentreles
deuxpulsions,etnonausimpleniveaudedeuxcatégoriespulsionnellesdûmentidentifiées
l’unefaceàl’autre.
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Il faut cependant s’entendre sur le sens précis du terme «dynamique» ici employé. Sur
cettemiseau clairdéfinitoire reposent toutes les réflexionsqui vont suivre.Dans le texte
freudien, lanotionde«dynamique» recouvre ladéfinitionet le jeuréciproquedes forces
quirèglentledéroulementdesprocessuspsychiques.Incontestablement,toutel’intelligence
analytique trouve ici son assise. C’est dans cette perspective en effet que prennent leur
consistancepremière lareconnaissancede l’inconscient lui-mêmeetcelledurefoulement,
véritablespilierssurlesquelsreposelathéoriepsychanalytique.L’idéedeconflitseprésente
encelacommeindissociabledeladynamique.Freudparlera,àproposdel’approchequien
relève, d’une vie psychique qui doit être considérée comme «un champ de bataille où
luttentdestendancesopposées»(Freud,1915-1917).Ils’agitdonc,dansunetelleacception
duterme«dynamique»,derepérerlesforcesenprésence,c’est-à-diredesaisirlesenjeux
d’un conflit qui caractérise la vie psychique dans tous ses états, normal et pathologique.
QuellesquesoientlesproductionspsychiquesqueFreudanalyse,lerêve,lemotd’esprit,le
lapsus et même le symptôme, il s’agit toujours d’une approche qui considère ces
phénomènes commedes indicesd’un jeude forces, commeuneexpressionde tendances
aspirantàunbut,quitravaillentdeconcertoulesunescontrelesautres.
Delà,toutsembleraitdit…Partieprenanted’unemétapsychologiequiadmetàsoncôtéles
approches économique (qui considère l’appareil psychique comme animé de forces
quantifiablesquoiquenonmesurables)ettopique (quientend l’appareilpsychiquecomme
constituédelieuxparticuliersdisposésdansunordreprécislesunsparrapportauxautres1),
l’approche dynamique serait donc, pour Freud, fondée sur la tentative de décrire un
processuspsychiqueselonl’identificationdespartiesenprésenceetdelanatureduconflit.
Etpourtant,àmoinsdetomberdanslepiègequenouspointionsplushaut, ilsemblebien
que la pulsion ne trouve que très partiellement sa place dans une telle définition de la
dynamique.C’estcequerévèlel’étudedel’étymologiedeceterme.
Le substantif latinDynamis évoque l’idée d’une «grande quantité», d’une «abondance»
(Gaffiot,1934).C’estlàunsensusuelquilaissedansl’ombreceàquoiilrenvoieavanttout
dèslorsqu’onseréfèreàlaracinegrecque,àsavoirl’idéed’une«puissance»,àentendreici
au sens mathématique du terme. Dynamis signifie en effet avant tout le «carré d’un
1 Pour rappel, Freud a établi deux topiques, la première distinguant « Perception-Conscience, Préconscient et Inconscient » (Freud, 1900) et la seconde qui, en plus des instances compris dans la première, admet « le Moi, le Ça et le Surmoi » (Freud, 1923)
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nombre», soit un nombre élevé à la puissance deux. Le terme grec δύναμις (dunamis)
contientcetteidéedepuissanceenexcluantd’ailleurstouteidéed’abondance.Ilsignifieen
effet 1) faculté de pouvoir; 2) puissance, dans les deux sens d’avoir la faculté, d’être
capable,etd’êtrepuissant,d’avoirducrédit.Ilestintéressantdenoterqueleverbeδύναμαι
(dunamai) peut être employé dans un sens impersonnel, situant le «possible» en totale
indépendanced’unagent(«Ilestpossible»).Auchapitrede lapulsion,celavalait lapeine
d’êtrementionné.
Freud mesurait-il l’étendue épistémologique susceptible d’être déployée à partir de
l’étymologieduterme«dynamique»?Lafaçondontilentendaitl’approchedynamiquequi,
commeon l’a vu, procèdenécessairementd’un tempsd’isolationdes forces enprésence,
sembleparlerenfaveurducontraire.Atraverssesréférencesprincepsà laphysique,celle
d’HelmoltzetdeFechnernotamment,Freuddemeuraitaristotélicien,enlocalisantleconflit
commemouvementtributaired’unagentpré-identifiénécessairement(Aristote,Physique).
Etpourtant,certainesdesesanalyses,parmilesplusimportantesdesonœuvre,denature
métapsychologiquesansenporter lenom,montrentquela logiqueinhérenteàlaδύναμις
était opérante chez lui très tôt, notamment dans l’Esquissed’une psychologie scientifique
(Freud,1895).
Avantdel’aborder,soulignonsunedernièrefoiscequiressortd’essentieldecetteapproche
deladynamis.Freudsemblerester,àproposdecelle-ci,àuneconceptionciblantunconflit
entrepartiesdéfiniesaupréalable.Mais laquestiondoitêtreposée:ceconflitdoit-ilêtre
nécessairementrattachéauxdeuxbordsquiendéterminentleparcours,sacauseetsonbut
par exemple?Ce serait forcémentadmettre l’idéed’unmouvement entre cesdeuxbords
préalablementposés.Or,lemouvementneselimitepasàlanotiondedéplacement(ausens
évidemment non freudien du terme). Il ne renvoie pas, autrement dit, restrictivement, à
l’idéedupassageobjectifpourunélémentd’unlieuàunautrelieu.C’estlàqu’ilsembleque
Freudaitavancéuncertainnombredethèsesessentiellesdès1895.
L'ένέργεια(energeia)àdistinguer.Versl’énergiepotentielle.
Le texte de l’Esquisse semble en première approximation au-moins, assez éloigné de
l'enceinte épistémologique dans laquelle la pulsion trouve sa place. Point de «concept-
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limite» ici. Au contraire, le neurologique est en 1895 la seule assise sur laquelle tous les
développements freudiens vont reposer. Freud d'ailleurs annonce d'emblée la couleur: il
cherche à faire entrer la psychologie dans le cadre des Sciences naturelles, c'est-à-dire à
représenter les processus psychiques comme des états quantitativement déterminés de
particulesmatériellesdistinguables.Pointn'estbesoinalorsdes'interroger,commeillefera
en1915,surcequijustifieraitlechoixdetelleoutellepulsion,carcesparticulesmatérielles
sont confondues dans le parfait anonymat des neurones (Freud, 1915). Et pourtant, il
apparaîtclairementqueceux-cin'ontdeplacedansladémonstrationfreudiennequ'autitre
de«support»àcequiconstitue l'essentiel,àsavoir leprinciped'unecirculationd'énergie
sur la base d'une opposition «activité / repos». Et à ce titre, ce ne sont pas tant les
neurones en tant que tels qui vont importer que l'espace d'un entre-deux, à savoir ces
espaces«entre»neuronesquiontlapropriétéremarquabledeséparer(enétantentreles
neurones) tout en assurant la seule possibilité d’un contact entre eux. Essentielles, ces
«barrièresdecontact»lesontavanttoutdanslamesureoùc’estavecellesquel’appareil,
disons psychique, admettra dans sa dynamique la notion essentielle de trace, c’est-à-dire
d’unemémoire. Cette mémoire prend ici un statut tout-à-fait extraordinaire qui tourne
résolumentledosauxconceptionspsychologiquesquienfontquelqueréservoirsusceptible
decomporterl’ensembleouunepartieduvécuindividuel,ouquelquefonctionisolabledans
le traitement d’informations. Ici, dans l’analyse que Freud propose, la mémoire est
indissociabledudestinparticulierdecequiconstitueun«entre-deux»neuronal,entermes
demodificationetd’articulation, suiteaupassagede l’excitation. Lesbarrièresdecontact
subissent un changement durable suite à l’excitation neuronale. Elles vont admettre une
variation de leur imperméabilité, ce que Freud nomme «degré de frayage». Une telle
conception,detouteévidence,tournerésolumentledosàlaconsidérationd’unemémoire
entenduecommesimple lieupositivéde stockage, tellequ’elle s’entenddans les sciences
cognitives.
Il faut prendre la mesure de l'originalité du schéma que propose ici Freud. Car s'il est
questionde trace,cen'estpas fonctionde cequi«reste»une foisque cequi l'a fondéa
disparu,mais au contraire fonction de ce qui «ne restepas», de cequi a perduplusou
moinssadimensionderésistance.Latrace,autrementdit,commeindicedecettemémoire
dontparleFreud,n'estpascequiestsusceptiblederenvoyeràcequil'aétablie.Elleestce
quin'estplus.C'estvoirtoutelacomplexité,toutelarichesseaussi,decequienressortau
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niveaude l'économiedésirantedans laquelle la pulsion vaprendreplace au titre d'action
premièreautitrecettefoisdel'ένέργεια(énergia)qui,signifieavanttout«forceenaction»
(Bailly,1950).
Ilestclaireneffetqueladimensionénergétiquen’estpasliéeiciàlacirculationelle-même
delaquantitélelongdesneurones,cequimaintiendraitl’idéed’unmouvementausensde
déplacementd’unlieuàunautre.CommelesoulignaitLacan,ilnes’agitpasdanslapulsion
d’énergiecinétique.«Ilnes’agitpasdequelquechosequivaseréglerdansdumouvement»
(Lacan, 1964a). Nous l’avons vu plus haut: c’est sous la forme essentielle d’une force
constante(einekonstanteStosskraft)etnonsouscelledeforced’impactmomentané (eine
momentaneStosskraft)queFreudconsidéraitlapulsion.C’estencelaque,loinderéférerà
ce qui relève de l’ordre dukinétique, la pulsion renvoie fondamentalement, sur le terrain
énergétique,àuneénergiepotentielle.
Pourcomprendrelelienentrepulsioneténergiepotentielle,ilfautserappelerque,soussa
formepremière,cequ’onappellera«l’appareilpsychique»fonctionne«nonpascommeun
systèmede relations,mais commeun systèmedestiné à assurer une certaine homéostase
destensionsinternes»ouappeléesàêtreainsi localisées.C’est iciquel’idéede«champ»
s’impose,quidonneàlanotiond’énergiesavéritableportée.Lacan,danssonséminairede
1963-64,affirmequeleTriebreiz–excitationpulsionnelle–estceparquoicertainséléments
de ce champ sont investis pulsionnellement, plus précisément «occupés» par la Trieb
(Triebbesetzt: occupés par la pulsion). Dans ce sens on peut penser à une «charge»
pulsionnelle, comme on conçoit une charge électrique, sauf que, dans le cadre d’une
approcheénergétique,onassocieracetinvestissementnonpasàunequantitésubstantielle
quis’ydépose,maisplutôtàunepropriétédifférentiellelocale,soitunpotentiel.Donc,pour
ce qui est de l’investissement, il ne s’agit pas d’une «substance fluide» quelconque qui
seraitenplusoumoinsgrandequantitédanschaqueélément,maisdelavaleurduchamp
en fonction de la position. C’est ce dont peut rendre compte la traduction deBesetzung
comme «occupation» (Gottschalk W. et Bentot G., 1968) plutôt que comme
«investissement»(LaplancheetPontalis.1964).
Il est intéressant de s’arrêter un instant encore sur la référence à l’électricité, domaine
fondateurdelanotiondechamp.Pourlechampélectriqueils’agitd’unespacecontinu–ce
quipermetlecalculdifférentiel.PourcequiconcerneleTriebreizparcontre,l’espaceoùle
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champest défini estdiscontinu.Dans cette approche, le fait quequelque chosepuisse se
mettreenmouvementdansuntelchamp,estl’effetdeladifférencedepotentiel.
En cela, la question du lien entre l’énergie potentielle et la pulsion se voit transformée en
celledulienentrelapulsionetlechamp.
Etc’estlàjustementqu’ildevientpossiblederetrouverlapulsiondanssalogiquepremière,
notamment au niveau du but qui lui est propre, au-delà de la poussée sur laquelle on
s’arrête leplussouvent.Cebut,ditFreuddans le texte«Pulsionsetdestindespulsions»,
«esttoujourslasatisfaction,quinepeutêtreobtenuequ'ensupprimantl'étatd'excitationà
lasourcedelapulsion».Celaressembleaucircuitclosdubesoin,quiimpliqueraitl'idéed'un
rythme, ou d'un cycle. Freud a beau ajouter la remarque essentielle que l'expérience
autoriseaussiàparlerdepulsions«inhibéesquantaubut»,quiadmettentunesatisfaction
seulementpartielle,ondoitàLacand'avoir souligné,danssonséminairede l’année1964,
l'ambiguïté qui se rattache au terme de but pulsionnel (Lacan, 1964a). Le but visé (aim),
souligne-t-ilens’appuyant surunedistinctionpropreà la langueanglaise,n'estpas lebut
que l'onmarque (goal), en quoi la visée et le but que serait la satisfaction ne coïncident
absolumentpas.C'est,onlesait,cequijustifiel'écritureducircuitdelapulsionenformede
trajectoire qui ne se boucle jamais sur elle-même,marquant un écart entre le départ et
l'arrivée.ClergetreprendralemotdeLacanqu'untel«tour»pulsionnelpeutêtreentendu
audoublesensdecequicontourne(turn)etdutourd'escamotage,deruse(Trick),que la
pulsion impose à notre savoir confronté à l'indestructibilité du désir, source de toute
angoisse(Clerget,2000).C'estencela,semble-t-il,quelapulsionpeutêtreentenduedanssa
logique fondamentale, à savoir d'être une force constante, dégagée de toute référence à
l'idéed'unmouvementetd'unrythme.Entantqu'énergiepotentielle,ilfautdoncentendre
que l’energeia est radicalement subordonnée à la dynamis (l’un et l’autre de ces termes
devantêtreentendusdansleursenspremier).La«forceenaction»estsubordonnéeàune
puissanceausensdelapotentialité.Pointdoncdekinesis,de«déplacement»,d’unbordà
un autre, parce que l’essentiel revient à l’idée d’un champ, seule à rendre lisible cette
konstanteKraftinhérenteàl’économiepulsionnelle.
Lesujetextrait
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Le montage de la pulsion sera donc entendu comme rencontre de deux champs
hétérogènes. Il s’agira de voir à présent en quoi, sur une telle base2, peut émerger la
constructionsubjective.Onretrouveicicedangeressentieldefairedelapsychanalyseune
«psychologieindividuelle»,enfaisantdecetteconstructionsubjectivelesimpleeffetd’une
interaction ou plus largement d’une relation (précoce, par exemple), entre deux lieux
objectifs.Admettreunetellethéorisationreviendraitàcontrediretouslesdéveloppements
métapsychologiquesquiprécèdent.
Ilestclaireneffetquec’estàpartirdesconditionsdynamiquessurgiesdelamiseenrapport
decesdeuxchampshétérogènesquelesujetpourraémerger.L’instancedel’Autresevoitici
convoquée,entantévidemmentquenonréductibleàquelqueautreidentifiabledanscequi
prendraitformederelationinterindividuelle.Lacanlemartèledanssonséminaireconsacré
auxquatreconceptsfondamentaux:«Lesujetnaîtentantqu’auchampdel’Autresurgitle
signifiant»(Lacan,1964a).Cesignifiantpremier,unaire,c’estceluiqui,auchampdel’Autre
représente le sujetpourunautre signifiant, lequelautre signifiantapoureffet l’aphanisis
(l’évanouissement) du sujet. Il faut entendre par là que lorsque le sujet apparaît quelque
partcommesens,ailleursilsemanifestecommefading,commedisparition.Ontouchelàle
pointdesurgissementdusujetabinitio.Lesignifiantunaire(S1)vienteneffetconstituerle
point central de l’Urverdrängung (refoulement originaire) qui constituera le point
d’Anziehung (attraction), le point d’attrait par où seront possibles tous les autres
refoulements. Cet «attracteur» admet plusieurs formes selon la dynamique en jeu,
permettantdereposerlaquestiondes«structurescliniques»(GuillénetBeaune,2003).
Cependant,certainspointsessentielsrestentàapprofondir.
On a vu que l’appareil psychique, tel que Freud l’a toujours présenté quelle qu’en soit la
forme,fonctionnefondamentalementsurunmodehoméostasique.Ilfautpréciseràprésent
quelesexuelprendraplacedanscesystèmesurleseulmodequiluirevienne,àsavoircelui
de l’exclusion. Il s’extraitd’untel fonctionnementdès lorsque lapulsionseconformeà la
structuredebéancequiestcelledel’inconscient.Commentcomprendrecela?Toutd’abord
parcequ’onnepeutparlerquedepulsions«partielles»auregarddelafinalitébiologique
de la sexualité. Freud l’avait indiqué clairement dès 1905 (si toutefois on respecte la
traduction du substantif «Anlehnung» qui renvoie essentiellement à l’idée d’un
2 Rappelons que le terme basis (βασιβ) signifie « l’action de marcher » avant de renvoyer à ce qui, en tant que
base, est en mesure de le permettre
J.Guillén–D.Reniers–C.Pinel,L’a-borddusujet.Réflexionsurlesfondementsdynamiquesdelathéorieetdelacliniquepsychanalytiques.,InternationalPsychology,PracticeandResearch,Piper8,2018
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adossement, etnond’unétayage)3 (Freud,1905).Maisaussi,onvientdevoirqu’ab initio
surgit au lieu de l’Autre un signifiant unaire, ce qui représente le sujet pour un autre
signifiant.Lapulsion,delà,n’ad’autrefonctionquecelledereprésentance.Ellenefaitque
représenter,etpartiellement,lacourbedel’accomplissementdelasexualitéchezlevivant.
C’estàcetitrequeLacan, lorsdufameuxcongrèsdeBonneval,parlaitde la libidocomme
d’unorganequin’existepasmaisquin’enestpasmoinsorgane,àsavoir la lamelle,etqui
correspond à ce qui s’est soustrait à l’être vivant de ce qu’il est soumis au cycle de la
reproductionsexuée(Lacan1964b).Lesfiguresdel’objetaseposentbienlàpoursouligner
ce qui, dans la perte, renvoie fondamentalement à l’idée d’uneextraction dont seul peut
surgirlesujet,sitoutefoisonserappellebienqu’àtraverschacunedescesfiguresdea,c’est
toujoursunepartiedusujetquiseperd.
C’estlàunpointessentielàsoulignercaronytrouvel’occasiond’interrogerlanotiond’écart
sur lequel Freud n’a cessé d’insister dans son approche économique. Parce qu’il s’agit
fondamentalementde laperted’unepartiede soi,uneexigencede structure seprésente
qui fait que jamais le système ne peut, une fois excité, revenir à l'état inerte4. Reste
forcément un différentiel, un écart, qui constitue justement ce dans quoi l’énergie
potentielleet lechampprendront leurauthentiquevaleur.«Ça»rateà revenirauniveau
zéro absolu. C’est unequestion de principe, celui duNirvanaque Freud évoquedans son
texte«Au-delàduprincipeduplaisir».Letermed’écartneparaîtcependantpasvraiment
appropriépourrendrecomptedecedifférentielqui,ilfautinsister,seposebiencommeune
exigence de structure. Il reste dans l’ordre du descriptif. On retiendra plutôt le terme
d’intervalle qui, à être attentif à ses racines étymologiques, ne se limite pas à indiquer la
distanceentredeuxpoints,maispointel’occurrencedelimitesproprementdynamiquesqui
présentent lapropriété remarquabled’assurerunecirculation incessanteentreelleset les
composants du système.5 Le terme d’intervalle, en cela, est propre à rappeler que la
3 C’est ainsi que Jacques Schotte, grand ami de Lacan, estimait opportun de traduire le substantif allemand Anlehnung que Freud retenait dans ses Trois essais de 1905 (Fédida, 1990)
4 Pour éviter toute confusion avec l'acception proprement physique du terme « inertie », on emploiera le qualificatif « inerte »
5 L’image d’Okéanos de la mythologie grecque, ce fleuve qui ceinture le monde tout en étant en rapport constant
avec la moindre source d’eau vive, serait assez appropriée pour rendre compte de la logique de l’intervalle
J.Guillén–D.Reniers–C.Pinel,L’a-borddusujet.Réflexionsurlesfondementsdynamiquesdelathéorieetdelacliniquepsychanalytiques.,InternationalPsychology,PracticeandResearch,Piper8,2018
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dynamique n’est pas à localiser au sein d’un espace séparant deux bords. Il renvoie
fondamentalementàcesansquoicesbordsn’auraientaucuneconsistance.6
C’estvoirentoutcaslecaractèred’extractiondontsesoutientlesurgissementdusujet,qui
nesauraitdetouteévidenceêtreconfonduaveclanotionusuelled’individu(dulatinindivis,
indivisible).Maisc’estvoiraussilepointdejonctionentrelacatégorieduNécessaire,propre
à ces conditions dynamiques qui fondent dans l’universel la conditionde sujet parlant, et
celleduContingentquisoulignelapartqu’yprendinévitablementl’historiquedechacun.La
constitution de la pulsion comme rencontre entre deux champs hétérogènes sera
déterminéeetdétermineraenmêmetempsunedynamique«toujoursparticulariséeparle
contingent».Eneffet,toutenétantnécessaireencequ’elleconstituel’humaincommesujet
parlantparrapportàladynamiquedansn’importequellestructureclinique7,elledépendra
delaparticularitédelarencontrededeuxchampsdanslafigurecomplexedel’Autrecomme
pointde(dis)jonction,entrelechamporganisédulangage(A)etleprinciped’incarnationdu
pointcontingentdecontactavecA(l’Autre).Elledépendraainsidelacontingencedecette
rencontrepourdéterminerlesparamètresquidéciderontdesonmodedefonctionnement.
C’estàpartirdelàqu’ildevientpossibled’interrogerlaclinique…
Séquenceclinique.Aproposdesscènesetdeleurslimites.
Uneséquencecliniquepeutserviràillustrernospropos.Ils’agitd’unpatient8suivienCMP
demanièrehebdomadairependant trois ansqu’onappelleraM.B.Nousneprésenterons
passoncasendétail,maisuneséquenceenparticuliernousaideraàréfléchirsurlanotion
d’«intervalle»dansuncontextedynamique.
M.B. a étéhospitaliséàplusieurs reprisespourdes épisodesd’alcoolismeaiguet
tentatives de suicide. Au moment du suivi il est dans une période d’abstinence.
Pendant les entretiens, M. B. parle d’une voix monocorde en faisant souvent la
remarque qu’il est fatigué. Depuis le début il exprime qu’un de ses problèmes,
presqueinsupportablepourlui,estl’impossibilitéd’arrêterdepenserauxtortsqu’il6 Il est impossible de déployer dans le présent travail toute la richesse qu’il y a à tirer d’un concept tel que ce lui d’intervalle. Cela fera l’objet d’un travail ultérieur
7 Ce qui n’est pas soulever la question du rapport entre psychose et langage. Le sujet psychotique ne peut être « hors langage ». On l’entendra davantage comme sujet « hors parole »
8 L’initiale de son nom a été changée par souci de confidentialité
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a eus dans son passé. Ces pensées se rapportent fondamentalement à la relation
avec son ex-femme, plus précisément à l’impossibilité de s’en séparer quand il
«auraitdû lefaire»etdecontester lesproposqu’elleavaitcontinuellementvis-à-
visde luien lequalifiantd’«obsédésexuel»parcequ’ilvoulait faire l’amourtous
lessoirsouencorede«fainéant».Cesqualificatifs le laissenttoujoursperplexeet
font l’objet de ruminations obsédantes principalement au moment d’aller se
coucher.C’estunmoment importantpour luivuqu’ila«toujourseuunbesoinde
dormirplusimportantquelesautres»àquoiilajoute:«quandils’agitd’unbesoin,
on n’y est pour rien». Le moment d’aller au lit est particulièrement angoissant
puisquel’impératifpourluidedormirunnombrebiendéterminéd’heuresseheurte
àladifficultéd’êtresûrdepouvoir«arrêtersescogitations».Iln’arrivepasalorsà
«se laisseraller»et chaqueminutequ’il passeéveilléau lit faitmonter l’anxiété.
Selonlui,quandilestsurlepointdes’endormir,c’estcommes’ilperdaitlecontrôle,
il dit: «mon cerveau devient totalement vide et je risque… comme simon cœur
allaits’arrêterdebattre,commesi j’allaisarrêterderespirer.Jemeparalyse…ou
suis-jeentraindem’endormir?»
Decettethématiqueducoucherquiserépèteau longdesséances,sedégageune
question essentielle qui se profile comme un point énigmatique: que craint-il au
moment précis de s’endormir, au moment précis, dans ses propres mots, « de
passerdel’autrecôté»?
Aucoursd’uneséance,aprèsunsilencedequelquesminutes,ilaffirmesoudain,en
repensant à la crainte de s’endormir, se souvenir d’un épisode qui l’a terrifié. Il
racontealorsque lorsd’unaprèsmidioù ilsesentaitparticulièrementfatigué, ila
décidé de s’allonger sur le canapé du salon et s’est endormi presque
instantanément,sansavoirprisdemédicamentcommeàsonhabitude.Ilseréveille
après ce qu’il perçut comme d’une durée de quelques minutes. Mais, à son
étonnement, il était paralysé. Il ne pouvait bouger aucune partie de son corps. Il
étaitconscient,sonespritétaitclair,ilvoyaitcequil’entourait,ilentendaitlessons
autourdelui,ilavaitmêmeaperçusafemmequipassait,maisilétaitincapablede
bouger.Celaaétépourluiunmomentdeterreur,encequ’ilcrutêtrevictimed’une
paralysiegénéraleetqu’ilallaitresterdanscetétatpourtoujours.Alors, ilaffirme
s’êtreditintérieurement:«Ilfautquejemedéplace,defaçonàtomberducanapé
J.Guillén–D.Reniers–C.Pinel,L’a-borddusujet.Réflexionsurlesfondementsdynamiquesdelathéorieetdelacliniquepsychanalytiques.,InternationalPsychology,PracticeandResearch,Piper8,2018
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etàmeréveiller».Ilpoursuit:«Ensuitej’aifaitlegestededéplacermonbraspar-
dessusmoncorps,et,mêmeenayant l’impressionde l’avoir fait, j’aivumonbras
inerteàcôtédemoncorps».Justeàcemoment,unbruitdanslesalonlesortdecet
état.
Il est important de souligner qu’il ne dit pas que le bruit l’a réveillé puisqu’il
n’arrivaitpasàqualifieruntelétatdesommeil.Plustard,aumomentderencontrer
sa femme il luidemandesipendantqu’ildormaitelleest rentréedans lesalon, à
quoiellerépondparlanégative.
SelonlesdiresdeM.B.cetyped’incidents’estprésentéseulementdeuxoutroisfois
dans sa vie et, même s’il provoque toujours un sentiment d’angoisse, il
«comprend» qu’il s’agit alors de rester calme et d’attendre simplement que
quelquechosedel’extérieurinterrompecetétat.
Cetépisode,telqueracontéparM.B.,estparticulièrementéclairantpourlaquestiondela
dynamiquedel’intervalleévoquéeplushaut.Onpeutdégagerdanscecas,àproposdecette
dynamique,l’élémentessentield’unedistinctiondeprincipeentrescènes.
Qu’est-cequipermetendernièreinstancededistinguerlerêvedelaréalité?Parailleurs,au
moment de «passer de l’autre côté», qu’est-ce qui assure que nous en reviendrons?
Qu’est-cequiassurequecetempsquel’onpasseradel’«autrecôté»nedurerapaspour
toujours? Pour M. B. il semble ne pas y avoir, le temps de cet épisode qu’il décrit, de
distinctionpossible.Aumomentd’êtredanscetétatintermédiairequ’onnepeutréduireà
un simple«entredeux», il est assujetti, a-sujet. Il nepeutqu’attendre.Cen’estpasà lui
qu’appartient le pouvoir de séparer les deux scènes. Seulement le bruit qui vient de
l’extérieur–etilfaudraitpouvoircaractériserqu’est-cequel’extérieurpourlui–permetle
changementd’état.L’extérieurs’impose,ilnefaitpaspartied’uneconstructionqu’ilpuisse
s’approprier.Danscecontexte,laquestionsurl’apparitiondesafemmelorsdelasieste,par
exemple, restera toujours un fait inqualifiable qui n’est pas repris dans les arguments
postérieurs.
Dansnotrecadreformel, l’énoncé«j’aivumafemmedanslesalon»,associéàlaréponse
négativedesafemme,estfigéetsanssenspuisqu’ilnepeutpass’inscriredansledialogue.
En effet, le sens se constitue dans le contexte d’une parole adressée à quelqu’un d’autre
dansundialogueoùcertainsprincipes,notammentceluideladistinctiondescènesdoivent
J.Guillén–D.Reniers–C.Pinel,L’a-borddusujet.Réflexionsurlesfondementsdynamiquesdelathéorieetdelacliniquepsychanalytiques.,InternationalPsychology,PracticeandResearch,Piper8,2018
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opérer.Bienquelelienàl’Autreducodepuisseêtreétabliparlefaitqu’ils’agitd’unénoncé
grammatical,sonfonctionnementauplandel’énonciationresteindéterminé.
Parlasuiteils’avèreimpossibledereprendreledialogueàpartirdecettephrase–«j’aivu
ma femme dans le salon» – par exemple en demandant «qui est ce «je» qui a vu sa
femme?» S’agit-il du «je» de la réalité ou du «je» du rêve? La vacillation associée à
l’utilisationdudéictique«je»estdanscecasuneperturbationquibriselelien(Le«je»est-
il lieu de l’énonciation supportant la phrase? Le «je» est-il l’autre dans un discours
rapporté?Le«je»est-ilceluidurêvequinecoïncidepasexactementavecmoi?
CecineveutévidemmentpasdirequeM.B.nepuissejamaisutiliser«je»pourconstruire
desphrasesdansuncontextededialogue,ouqu’ilconfondeconstammentrêveetréalité.
Ce qui se présente ici, c’est l’impossibilité de fixer un point de transition entre veille et
sommeil(avantj’étaiséveillé,aprèsjedormais).
CequiestainsirepérédanslecasdeMB.instanciecequipeutêtretenucommeélémentde
structure, à savoir la possibilité de traversées soumises à la nécessité de bordures pour
fonder la logique de l’intervalle. L’intervalle est indissociable d’une loi qui accrédite cette
bordured’unevaleur.
DanslecasdeM.B.,lamenaceconsisteenl’infinitisationdutempsdesommeiloudeveille
cequiseprésentecommelepointcentraldesonsymptôme.Lerapprochementaupointde
transitiondevientimpossiblecommedanslesparadoxesdeZénon;àchaquefoisquel’onse
rapprochedupointdetransition,ilrestetoujoursunpetitboutdecheminàparcourir.
L’effet sur le discours est la fixation du caractère vide de sens d’une signification qui
nécessitejustementladistinctionentrescènespourquel’interactionpuissesepoursuivre.
Mêmes'ilestévidemmentimpossibleicid'envisageruneanalyseexhaustiveducasdeMrB,
présenté ici au seul niveau de la séquence clinique témoignant de l'efficace d'une scène
dissociée d'une continuité qui lui aurait donné possibilité de récit, il est clair que celle-ci
fournitunéclairagedécisifquantàcequenoustentonsdesaisiravecletermed'intervalle.
Notre analyse, sur un plan théorique, aboutissait à une relecture du concept majeur de
«pulsion»entendueentermesdedifférencedepotentiel.Aceniveauprécis,selonnous,
prendtoutesavaleurladynamiquetellequeFreudl'instanciaitdanssamétapsychologie.
L'épisodedeMrB (qualifions-lad'oniroïde)estexemplaireà révélercequipeutêtre tenu
commeunefailledestructure.Onavueneffetque l'intervalle (contrairementà lanotion
d'écart) présente ceci de particulier et d'essentiel, d'établir une limite proprement
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dynamique sous la forme d'unmouvement incessant entre elle et chaque composant du
systèmequ'elleafonctionjustementdedélimiter.C'estàpartird'ellefondamentalement,et
àpartir d'elle seulement, que leprincipedebordurepeutprendre corps, selon la logique
difficilement imaginarisable d'une béance qui précéderait ce qui la délimiterait. On peut
toujoursévoquerl'idéed'untrousansbords.Quantàluidonnertexturereprésentative,cela
donneàtravaillersansfin,sansbordsjustement...
On a pu voir l'occurrence d'une telle approche à propos de l'économique freudienne (le
systèmenerevientjamaisàl'étatinerte).OnlaretrouvedanslecasdeMrBauniveaude
l'impossibilité foncière deborder la scène qu'il énonce de sa paralysie, cette impossibilité
prenantcorpsdansl’échecd’uneproductiondesignificationauseind’unpossibledialogue.
La dynamique, celle d'une traversée (qui admet, dans notre analyse et contrairement à
l’acception courante du terme, une entrée et une sortie dans la configuration originale
qu’aucunbordn’enpuissejustifierlaformulation)sembleiciimpossible,figéedanslamise
en vertige d'un sujet de l'énoncé qui n'est plus subordonné à la logique de renvoi que la
logique du signifiant impose pourtant en reposant sur l’hypothèse d’un sujet de
l'énonciation soutenu par sa foncière extériorité. Tout devient donc figé, un peu sous la
formed'unecollectiondescènes,cellequilesituecommeparalyséetcelleoùilenparleàsa
femmeen luidemandantsielleesteffectivementpasséedevant lui,voireégalementcelle
oùill'évoqueàsonanalyste.Onpourraitdireque,justement,seprésenteunepurelogique
d'écart en lieuetplacede celled'intervalle, tant il semble ressortir avant tout ladistance
objectivée dans le discours de Mr B entre une scène et les autres. A la différence d’un
intervalle instancié par le caractère dynamiquedes éléments en présence, donnant lieu à
unepositionsubjectiveaucarrefourentredeuxchamps,lepatientrestefigé,erratiquement
scindé d'un autre qui lui succède sur les coordonnées d'une temporalité qui ne relève
absolument plus du sujet désirant, autrement dit à ce qui admet le champ de l'Autre au
momentoùçaparle…9
Il est clairqu'une telle réflexionexigeraitundéveloppement conséquent. Seules lesbases
d'uneapprochedynamiquerevisitéefigurentici.Onretiendracependant,aveclaséquence
clinique qui la supporte, combien elle mène à réinterroger en son fond le savoir
9 On rappellera ici le caractère foncièrement sexuel et injurieux des propos de son ancienne épouse, propres à
soulever la question du sexuel indissociable de la question de l’Autre
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psychopathologiquedanssaprétentiondiagnostiquequi lasoutienttropsouventdefaçon
précisémentfigéeetexclusive.As'enteniràladimensionpétrifiantequicaractériseleplus
souventletableaunosographiquedepsychose(surlaquelleseposeclassiquementtoujours
laquestiondelachronicité,defaçonautrementpressanteentoutcasquepourlanévrose),
une réflexion sur la logique propre à l'intervalle donne amplement matière à revisiter la
choseenadmettantun retouressentielà ladynamique tellequ'elle sevoit régulièrement
oubliée,etcemêmedanscertainstravauxquiseréclamentdel'intelligenceanalytique.
Il ne s'agira évidemment pas de se limiter à interroger la valeur éventuellement
«psychotique» de l'épisode énoncé parMr B. Les éléments avancés dans notre vignette
clinique sont trop lacunaires pour s'autoriser quelque affirmation arrêtée en ce sens. On
souligneraacontrarioqu'iln'estd'approchepertinentedelastructurequedynamique.Trop
souventeneffet,ilestpossibled'entendreicioulà,danscertainscerclesanalytiquesquise
disent autorisés à le faire, des formulations qui flirtent avec l'idée d'une normalisation
d'autantplusdifficileàadmettrequ'elles reposentsurunsavoirsur l'inconscient,oubliant
l'authentiqueportéequ'il faut reconnaîtreausavoirde l'inconscient.Ainsiparexemple, la
métaphore du Nom-du-père est-elle posée parfois comme la clef de quelque «équilibre
psychique» sa forclusion entrainant simplement la psychose, comme si pareille opération
métaphoriqueétaitl'affaired'unmomentessentielisolabledansquelquedéveloppementde
la psyché. On connaît trop les dérives qu'une telle lecture, qui fait fi gravement de la
dynamiqueperpétuellementautravaildanslapenséedeLacan,peutentraîner.
Rappelons-nous l’image d’Okéanos dans lemythe homérique.Okéanos entoure lemonde
d’une ceinturequi n’estqu’incessante circulation.Cela est connu.Cequ’onendéduira ici
d’essentiel,c’estqu’ainsiposé,Okéanosn’apasdedébutnidefin.Celaneveutabsolument
pasdirequelecontingent,danslastructure,n’apassaplace.Seulement,etc’estlàlavaleur
premièredel’intervalle,leprincipedynamique,celuid’unmouvementincessantetbordant,
rappelle qu’en aucun cas, d’une part ce contingent peut être pris au titre de facteur
simplement causal10, d’autre part que la structure ne saurait être entendue au titre de
systèmeenéquilibre,établidanslaforcedesaconstanceàpartirdequelquemomentque
cesoitdanslatramehistoriqueindividuelle.
10 Ce serait revenir à cette neurotica sur laquelle bon nombre de pratiques contemporaines achoppent.
J.Guillén–D.Reniers–C.Pinel,L’a-borddusujet.Réflexionsurlesfondementsdynamiquesdelathéorieetdelacliniquepsychanalytiques.,InternationalPsychology,PracticeandResearch,Piper8,2018
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Le rapport à l’Autre n’est pas établi une fois pour toutes, il ne cesse pas de s’écrire.
Commententendrions-nous sans cela l’authentiquevaleurde la répétition (Wiederholung)
aucœurdel’économiedésirante?
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