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La construction de la cathédrale de Milan

La construction de la cathédrale de Milan, troisième église du monde par sa taille,

prit près de 430 ans, de la pose de la première pierre en 1386 jusqu’à

l’achèvement de la façade sous Napoléon Bonaparte en 1813 (il y a été couronné

roi d’Italie le 26 mai 1805). Ses bâtisseurs s’en tinrent pourtant essentiellement au

style gothique malgré l’évolution de la mode en matière d’architecture pendant ces

quatre siècles, faisant de l’édifice la plus grande cathédrale gothique au monde.

C’est l‟archevêque de Milan, Antonio da Saluzzo, qui a initié sa construction aux

côtés du seigneur de Milan, le duc Gian Galeazzo Visconti. Ce dernier invita des architectes lombards, allemands et français à superviser les travaux et insista pour

qu’ils utilisent du marbre de Candoglia, qui fut transporté sur les navigli de

Milan, ces canaux artificiels construits entre le 12ème et le 16ème siècle.

La cathédrale est bâtie sur le site d’une ancienne église construite au 5ème siècle, où

fut baptisé Augustin d’Hippone (Saint Augustin), et de la basilique Santa Tecla. Ces

dernières furent détruites en partie par un incendie en 1075, et abattues totalement

pour la construction de l’édifice actuel.

La plus haute des flèches de la cathédrale de Milan (“Il Duomo” en italien) culmine à 108 mètres, faisant d’elle l’une des plus hautes cathédrales au monde. A son

sommet est perchée la Madonnina, une “petite Vierge” (qui mesure tout de même

4,16 mètres de hauteur) en cuivre doré qui veille sur Milan depuis 1774. Elle fut

sculptée par Giuseppe Bini. Pendant des siècles, jusqu’à la construction de la Tour

Pirelli, elle est resté la point culminant de la capitale Lombarde.

Au total, ce sont pas moins de 3500 statues qui ornent cette exceptionnelle

cathédrale. Sur son toit, ce sont 136 flèches, dont certaines encore ajoutées au

19ème siècle, qui ornent l’édifice, lui valant le surnom de

“hérisson de marbre”.

Au total, ce sont pas moins de 3500 statues qui ornent cette exceptionnelle cathédrale. Sur son toit, ce sont 136 flèches,

dont certaines encore ajoutées au 19ème siècle, qui ornent

l’édifice, lui valant le surnom de “hérisson de marbre”.

Une telle prouesse architecturale et logistique ne fut possible

que grâce à la générosité des milanais. Afin que le Duomo

puisse être construit, un grand Jubilé fut en effet proclamé en

1390 pour pousser les habitants de la ville à participer financièrement au projet ou à

y apporter leur aide manuelle. Le plan d’origine consistait à la construire en briques,

comme des fouilles au sein de la sacristie nord l’ont révélé, mais en 1387 le duc Gian Galezzo Visconti, qui voulait que la cathédrale soit vue comme un symbole de sa

puissance, demanda que le marbre soit utilisé à la place, et que la style architectural

devrait être du gothique, plus international. Le fait que la construction se soit

poursuivie durant cinq siècles résulte en un évident mélange de styles qui

caractérisent la cathédrale.

Prenons l’exemple de la façade du Duomo. Jusqu’au premier niveau de fenêtres,

cette dernière est Baroque. Elle fut achevée au 19ème siècle avec des fenêtres en forme d‟ogives néo-gothiques et des flèches supplémentaires. Entreprise en 1616,

cette façade dispose de portes en bronze et des reliefs plus récents, dont certains

datant de 1805 à 1813. Une grande opération de ravalement de la totalité du Duomo,

commencée en 2002, s’est achevée l’année dernière.

A l’intérieur, ce sont cinq nefs qui accueillent les fidèles. Elles sont séparées par 52

colonnes (représentant les 52 semaines d’une année), toutes ornées de statues de saints installées dans des niches en hauteur. Ces imposants piliers se rejoignent en

leur sommet en “entrelacs” gothiques aux voûtes des quatre nefs extérieures, sont

qui en fait des peintures en trompe-l’œil du 16ème siècle.

Derrière la façade du bâtiment, incrusté dans le sol, se trouve un méridien installé

en 1786 par les astronomes de Brera. Il servait à marquer l’heure de midi

astronomique grâce à un rayon de lumière entrant par la première baie de l’aile sud, du côté droit. A ses côté se trouve le sarcophage de „l‟archevêque Ariberto

d‟Intimiano, portant une copie du crucifix dont il fit don au monastère San Dionigi,

l’original se trouvant au Museo del Duomo. Non loin, sur la gauche, une plaque porte

la date de la fondation de la cathédrale.

Des douzaines de vitraux teintent la lumière qui pénètre dans la

cathédrale. Le plus ancien, dans le bas-côté droit, remonte à 1470.

Le plus récent fut quant à lui exécuté en 1988.

Le presbytère, au centre de la cathédrale, fut construit dans le

style imposé en 1567 par Pellegrino Pelligrini, le nouvel ingénieur en chef nommé par San Carlo Borromeo qui venait

d’accéder au trône de l’archevêque de Milan. Ce dernier fit de cette

partie du Duomo le modèle lombard typique d‟une église de

contre-réformation. Au centre, sous le ciborium derrière l’autel, se trouve le tabernacle, donné par le pape Pius IV à son neveu

San Carlo (St Charles). Devant ces derniers se trouvent deux

pupitres de cuivre doré du 16ème siècle décorés d’épisodes de

l’Ancien et du Nouveau Testament, surmontés par les orgues peints par Giovanni

Ambrogio Figini, Camillo Procaccini et Giuseppe Meda.

Derrière l’autel se trouve un chœur en bois extraordinaire comportant la Vie de Sant-

Ambrogio, gravé entre 1572 et 1620. Dans le transept de droite se trouve le

tombeau de Gian Giacomo Medici (Jean-Jacques de Médicis), le frère de Pius IV, qui fut à une époque attribué à Michel-Ange mais qui est en réalité l’œuvre de Leone

Leoni. Ce monument funéraire comporte une effigie grandeur nature du condottiere

en tenue de centurion romain.

Dans un coin se trouve une statue sortant de l’ordinaire. Elle représente Saint

Barthélémy écorché. Cette œuvre de Marco d’Agrate de 1562

montre le martyr, muscles et veines exposés, portant sa peau

jetée sur l’épaule de manière presque guillerette. Elle se situe près des escaliers descendant dans la crypte de la cathédrale,

où San Carlo Borromeo est enterré. On y trouve également

le trésor du Duomo ainsi que la Coro Jemale, une petite pièce

du 16ème siècle décorée de beaux stucs.

Dans la voûte qui surplombe le cœur de la cathédrale, une

lumière rouge marque la position d’une niche où un clou de la croix du Christ est conservé depuis 1461. Ce clou, qui fut un

temps gardé au sein de l’église médiévale Santa Maria

Maggiore, a la forme d’un fer à cheval et fut trouvé par Sainte

Hélène, qui l’offrit à son fils, l’Empereur Constantin. Il fut ensuite offert à Saint Ambroise et porté par San Carlo en

procession durant la peste de 1576. Il est montré au public chaque 14

septembre. Pour ceci, l’évêque de Milan est soulevé par des poulies invisibles jusqu’à

la niche où repose ce clou sacré dans une sorte de balcon décoré.

En dialecte milanais, la formule “la fabbrica del Duomo” (“la construction du Dôme”) désigne une entreprise qui ne paraît jamais devoir finir. L’édification de la

cathédrale demanda effectivement 427 ans, et il n’existe pas meilleur exemple de la

ténacité des milanais. Les bâtisseurs étant malgré tout restés étonnamment fidèles

au style gothique, ignorant presque complètement les sirènes de la Renaissance, du

baroque et du néoclassicisme.

De son toit en terrasses, qui demanda 10 ans de travaux, on peut se promener au

sein d’une véritable forêt de marbre couvert sur les ailes par une impressionnante

succession d‟arc-boutants. La vue sur la ville et la plaine du Pô y est superbe.

Par temps clair, on peut même voir jusqu’aux Alpes, au nord.

Article et photos par Alexandre Rosa

Lien pour voir l’original :

http://www.travelpics.fr/2010/01/il-duomo-cathedrale-milan-italie.html


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