Numéro du marché : MAPA 1500506459 (D10.13 du 04/08/10)
L’AMÉNAGEMENT DURABLE DES UNIVERSITÉS
BBOONNNNEESS PPRRAATTIIQQUUEESS IINNTTEERRNNAATTIIOONNAALLEESS
EETT MMOODDAALLIITTÉÉ DDEE TTRRAANNSSFFEERRTT EENN FFRRAANNCCEE ::
LL’’EEXXEEMMPPLLEE DDEE LL’’UUNNIIVVEERRSSIITTÉÉ DDEE RROOUUEENN
Rapport final - Juillet 2011
Page 2 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
RREEMMEERRCCIIEEMMEENNTTSS
Nous remercions :
- pour l’université d’Ås : Paul Telkamp, et Petter Jenssen, enseignant chercheur ;
- pour l’université libre de Bruxelles : Alexandra Demoustiez, coordinatrice environnement ainsi que
Jean Philippe Charlier du département des infrastructures et de la surveillance générale ;
- pour l’université autonome de Barcelone : Mònica Rivera du bureau d’études Albea, Pere Ysern,
responsable du bureau du développement durable ainsi que ses collaborateurs Anna Florensa,
Rafael Requena et Antero Cantador ;
- pour l’université de Lausanne : Benoît Frund, responsable de l’Agenda 21, Patrick Arnold,
responsable des parcs et jardins, José Hernandez, responsable des installations techniques et des
énergies ainsi que Philippe Gagnebin, responsable de la communication ;
- pour l’université de Rouen : Fabien Thoumire, chef de projets développement durable, ainsi que les
collaborateurs qu’il a sollicités.
Nous tenons aussi à remercie aussi Mme Hilligje Van’t Land, directrice de l’association internationale des
universités, Julie Crépin de Nobatek, Louis Bizalion, chargé de mission développement durable à l’université
de Lille 1, Jean François Vaillant, directeur du service de l’aménagement durable de l’université de Grenoble,
Benjamin Berne de Toilettes du monde et Cécile Laborderie d’Écodoméo.
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RRÉÉSSUUMMÉÉ
Dans un contexte universitaire en mouvement (loi SRU, opération campus, investissements du Grand
Emprunt…) où la question du développement durable devient de plus en plus importante depuis le Grenelle
(la loi Grenelle impose aux établissements d’enseignement du supérieur de mettre en place un Plan vert), le
présent rapport s’intéresse à diverses actions innovantes mises en place dans des universités européennes
et touchant à l’aménagement durable des campus.
Quatre universités ont été identifiées comme pionnières : l’université des sciences de la vie à Ås en Norvège,
l’université autonome de Barcelone, l’université libre de Bruxelles, et l’université de Lausanne.
Seize actions ont donné lieu à une fiche retour d’expérience : deux sur la gestion de l’eau à travers la
question de l’assainissement notamment, deux en lien avec la gestion des espaces verts et leur valorisation,
deux sur l’énergie, cinq sur la mobilité (auto et vélo-partage, attribution personnalisée des places de
parkings, portail de mobilité extra et intra-campus…) et enfin trois actions plus diverses (déchetterie
partagée, travail sur la signalétique et sur la sécurité du campus).
La seconde partie du rapport s’attache à étudier les modalités de transfert de ces actions sur les campus
français en s’appuyant sur le cas pratique de l’université de Rouen.
Les conclusions montrent que mises à part certaines contraintes techniques ou réglementaires pour des
actions très particulières, le transfert d’actions en matière d’aménagement durable d’un campus étranger à
un campus français ne pose généralement pas de difficultés majeures, notamment parce que les universités
ont très souvent, en interne, une très grande diversité de compétences. Cette grande technicité sur des
thèmes variés fait de ces établissements de réels centres d’expérimentations et d’innovations en matière de
développement durable et d’aménagement durable (entendu ici au sens plus large que le seul bâti). De
nombreuses universités françaises sont ainsi elles aussi pionnières et leurs actions mériteraient une
meilleure visibilité.
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Sommaire
Remerciements ............................................................................................................................... 2
Introduction ....................................................................................................................................... 6
Rappel du contexte ........................................................................................................................ 6
Objectif et méthodologie de l’étude .............................................................................................. 7
Chapitre I : Présentation et études d’actions innovantes ................................................................. 10
1. Gestion de l’eau et assainissement ...................................................................................... 11
Urinoirs sans eau à l’université libre de Bruxelles ................................................................................. 11
Système complet d’assainissement écologique d’une résidence universitaire à la norwegian university
of life sciences (UMB)........................................................................................................................... 13
2. Politique d’entretien des espaces verts ................................................................................ 18
Installation d’une bergerie pour l’entretien des espaces verts à l’université de Lausanne ..................... 18
Itinéraires natures à l’université autonome de Barcelone ..................................................................... 21
3. La maitrise de l’énergie ........................................................................................................ 24
Politique d’énergie renouvelable à l’Université de Lausanne ................................................................ 24
L’achat d’électricité d’origine locale et renouvelable : .......................................................................... 25
L’utilisation de l’eau du lac Léman pour le refroidissement : ................................................................ 27
4. La mobilité douce et durable ................................................................................................ 30
Politique de mobilité à l’Université de Lausanne .................................................................................. 30
« Campus Roule » : l’accès à la location de vélos en bornes libre service internes au campus et dans
toute la Suisse ...................................................................................................................................... 31
Mobility Car Sharing : un système de voitures partagées en libre service ............................................. 35
Restriction de l’accès au parking payant de l’université en fonction du lieu de résidence ..................... 39
Parking à vélo enterré à l’université autonome de Barcelone ............................................................... 42
PoMo : portail de mobilité de l’université autonome de Barcelone ...................................................... 46
5. Déchets et divers .................................................................................................................. 49
Mise en place de bornes de sécurité sur les campus de l’université libre de Bruxelles .......................... 49
Déchetterie partagée à l’université autonome de Barcelone ................................................................ 52
Signalétique unifiée et optimisée à l’UNIL ............................................................................................ 55
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 5
Chapitre deux : analyse du transfert des actions sur les campus de l’université de Rouen .............. 61
Présentation de l’université de Rouen ......................................................................................... 61
Le contexte de l’université ................................................................................................................... 61
La démarche de développement durable ............................................................................................. 64
L’analyse du transfert des actions ........................................................................................................ 65
Analyse action par action ............................................................................................................. 66
Système d’assainissement écologique .................................................................................................. 67
Urinoirs sans eau ................................................................................................................................. 77
Installation d’une bergerie pour l’entretien des espaces verts .............................................................. 80
Itinéraires natures ................................................................................................................................ 84
Restriction de l’accès au parking payant de l’université en fonction de l’accès aux transports
en commun .......................................................................................................................................... 89
Système d’auto partage pour l’université ............................................................................................. 93
PoMo : portail de mobilité de l’université autonome de Barcelone ...................................................... 98
Déchetterie partagée et bourse aux matériels .................................................................................... 102
Mise en place de bornes de sécurité sur les campus ........................................................................... 107
Conclusion...................................................................................................................................... 110
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IINNTTRROODDUUCCTTIIOONN
Rappel du contexte
Le développement durable est depuis plusieurs années une préoccupation importante pour les universités
en France et dans le monde. D’ailleurs, dès 1990, c'est-à-dire peu après le rapport Brundtland et avant
même la Conférence de Rio en 1992, des présidents d’universités se réunissaient pour signer la charte de
Talloires sur la dégradation de l’environnement. Plusieurs autres textes suivront, comme la charte d’Halifax
en 1992 ou plus récemment la charte de la conférence des présidents d’université (CPU) pour une « alliance
des universités françaises en faveur du développement durable », toutes ayant vocation à affirmer ou
réaffirmer l’engagement de ces établissements dans la protection de l’environnement et plus généralement,
dans le développement durable.
Jusqu’à récemment, ces initiatives reposaient toutes sur la présence de pionniers, de personnes engagées,
conscientes de la nécessité d’agir et de ce qu’une démarche de développement durable pourrait apporter à
leur établissement, autant en termes d’image et d’attractivité qu’en termes de cadre de vie ou qu’en termes
financiers. Or avec le Grenelle de l’environnement, un grand pas en avant a été franchi : depuis septembre
2009, les universités doivent mettre en place un « Plan vert », c'est-à-dire définir, après la réalisation d’un
diagnostic de leurs pratiques, un plan d’actions en faveur du développement durable. Cette démarche, très
proche de celle d’un Agenda 21 d’établissement, s’accompagne de plusieurs outils et d’un référentiel pour
aider les universités à relever ce qui est encore, pour beaucoup d’entre elles, un réel défi.
Actuellement, de nombreuses universités membres de la CPU se sont engagées à tester ce nouveau
référentiel développement durable dans le but de le généraliser à l’ensemble des établissements
d’enseignement du supérieur au plus vite. À ce référentiel s’ajoutera une évaluation spécifique permettant
une labellisation, c'est-à-dire une reconnaissance des établissements les plus engagés dans le
développement durable. Même si pour l’instant, aucune contrepartie n’est prévue pour les campus ne
mettant pas en place de Plan vert, il est clair que la création d’outils communs et d’une labellisation sont des
moyens forts d’inciter une majorité d’établissements à agir.
Ceci est d’autant plus vrai que ces changements interviennent dans un contexte universitaire en
transformation avec la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU), le développement des
PRES, les plans campus ou encore l’attribution de fonds liés au « grand emprunt ».
Or ces changements ne sont pas sans conséquences sur l’aménagement des campus universitaires, souvent
installés dans des locaux vétustes, qu’ils soient en plein cœur des villes ou en zones périurbaines. En effet,
outre l’autonomie qu’elle donne en termes budgétaires aux universités, la loi LRU permet notamment de
transférer la pleine propriété des bâtiments de l’État vers les universités. Le plan campus (ou opération
campus), quant à lui, vise directement à améliorer le bâti et l’aménagement de douze campus retenus pour
en faire des pôles d’excellence attractifs. Les différents regroupements d’universités au sein de PRES
imposent de revoir l’organisation et le fonctionnement des sites.
Puisqu’il s’agit bien là de projets structurants pour des décennies, il est primordial d’y intégrer une réflexion
privilégiant un aménagement des universités qui aille dans le sens du développement durable. Or, si cette
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 7
intégration de la notion de durabilité dans les projets d’aménagement commence à se développer, les
établissements français n’ont que peu d’outils ou de référentiels uniformisés sur ce sujet.
Il n’est pas question ici de dire que les universités françaises n’agissent pas, puisqu’au contraire, elles sont de
plus en plus nombreuses à mettre en place des actions innovantes et à s’interroger sur cette thématique,
mais l’absence de ressources et d’outils communs adaptés au contexte universitaire accentue les inégalités
évidentes entre les campus les plus engagés qui peuvent dégager des moyens et chercher des solutions et
ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas s’impliquer autant sur cette thématique.
Objectif et méthodologie de l’étude
Dans ce contexte, le ministère du Développement durable, à travers le PUCA (plan urbanisme construction
aménagement), s’interroge sur les moyens de favoriser le développement d’une prise de conscience et d’un
passage à l’action des universités en matière d’aménagement durable de leurs campus.
Pour cela, l’étude comporte deux phases :
1. Une analyse de l’existant à l’international afin d’identifier les pratiques innovantes qui pourraient
être appliquées en France ;
2. L’étude des conditions de transfert de ces pratiques aux campus français en s’appuyant sur le cas
concret d’une université.
Cette étude comporte de fait deux niveaux d’analyse :
- un niveau d’analyse plus général et macro qui consiste à étudier les conditions de mise en place
d’une intégration du développement durable dans la gouvernance et le fonctionnement des
universités ;
- un niveau plus micro qui se penche sur certaines actions particulières et innovantes et les conditions
pratiques de transfert.
Ce présent rapport se concentre sur le second niveau, en s’inspirant d’actions d’établissements européens,
tandis que l’approche plus globale a été réalisée en octobre 2010 par le bureau d’études « Construire le
futur » qui s’appuie sur les démarches initiées dans trois établissements anglo-saxons et dans un réseau
d’établissements nord américain.
Les études de cas présentées ici sont classées par thèmes d’actions et non pas par établissements. De plus,
cette classification est bien sûr arbitraire et ne fait que répondre à des impératifs d’opérationnalité et de
facilité de lecture. Toutefois, il est important de rappeler que le champ recouvert par le terme
d’aménagement durable est vaste et surtout, contrairement à ce qui peut être souvent imaginé, qu’il ne
concerne pas uniquement l’environnement. Certes, la prise en compte des impacts environnementaux (en
termes de production de gaz à effet de serre, de consommation d’énergie, de pollutions diverses, etc.) est
un point important, mais il ne doit pas faire oublier que sur un campus, comme à l’échelle de n’importe quel
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territoire, il faut également tenir compte des enjeux sociaux, économiques ou culturels. Cela peut se traduire
par exemple par la prise en compte des nuisances sonores, de l’accessibilité, de la mobilité sur le campus, ou
encore des impacts sur la santé, et de la qualité de vie des usagers. Même si les thèmes étudiés ici sont
fortement liés à l’environnement, les actions une fois mises en place peuvent souvent avoir des impacts
autres.
La commande initiale portait sur une étude des campus européens et des campus d’Amérique latine,
l’analyse des campus nord-américains étant faite dans le rapport précédent. Nous ne présentons ici que des
actions d’établissements européens. En effet, malgré nos recherches et la mobilisation de nombreux
réseaux, nous n’avons pu avoir aucun retour positif sur des actions innovantes sur l’Amérique latine. Et ce
malgré des contacts avec l’OIUDSMA 1 , l’association internationale des universités (AIU) et diverses
universités locales (notamment au Mexique). Globalement, nos divers échanges ont mis en avant l’absence
d’actions (du moins visibles) réellement innovantes n’existant pas déjà dans les universités européennes
étudiées. Seul l’ITESM (Instituto Tecnológico y de Estudios Superiores de Monterrey, aussi appelé TEC
Monterrey) semble avoir réellement mis en place une démarche avancée et innovante, sur plusieurs points.
Toutefois, pour des questions de disponibilité des acteurs à enquêter, nous n’avons pas réussi à avoir
suffisamment d’informations sur leurs actions les plus intéressantes. De plus, le TEC de Monterrey se
rapproche plus d’une école d’ingénieur que d’une université de par son importance et ses formations, alors
que l’étude se voulait vraiment limitée aux universités en tant que telles. Mais surtout, les actions
innovantes de l’établissement sont pour la plupart très proches, sous une forme ou une autre, d’actions
étudiées dans les universités européennes (par exemple celle relative à l’assainissement écologique).
Au final, les universités qui sont ressorties lors de nos recherches sont :
- l’université libre de Bruxelles en Belgique ;
- l’université autonome de Barcelone en Espagne ;
- l’université de Lausanne en Suisse ;
- l’université norvégienne des sciences de la vie à Ås en Norvège.
L’analyse des actions s’est faite à chaque fois que cela était possible par entretien téléphonique approfondis
d’échanges mail, sauf pour :
- l’action d’assainissement écologique de la résidence universitaire de l’université norvégienne des
sciences de la vie où il n’a pas été possible d’avoir quelqu’un de vive voix et où toutes les
informations sont issues de recherches bibliographiques et d’échanges mail ;
- les actions de l’université autonome de Barcelone pour lesquelles une rencontre in situ a été
réalisée.
1 Organización internacional de universidades por el desarrollo sostenible y medio ambiente
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 9
Enfin, dans cette étude, de nombreuses actions ont été volontairement non étudiées, car déjà de plus en
plus communes et répandues, comme tout ce qui touche à l’installation de panneaux photovoltaïques ou de
toitures végétalisées par exemple (si les installations sont encore rares sur les campus français, les projets
sont nombreux et répandus). De plus, nous n’avons pas étudié non plus en détail les actions liés à des
constructions exemplaires, comme le Forum Chriesbach à l’EAWAG de Dübendorf en Suisse par exemple. En
effet, de nombreux bâtiments nouvellement construits ou en projet intègrent l’environnement dès l’amont
de façon très performante (matériaux, formes, dispositifs innovants, énergies renouvelables…) en Europe et
dans le monde, mais c’est aussi le cas en France. La technicité, les enjeux et les réglementations sont telles
qu’il n’est pas possible ni pertinent, au sein de cette étude, d’analyser dans le détail ces bâtiments, d’autant
plus que les actions vraiment « innovantes » évoluent extrêmement rapidement dans le domaine. Il s’agit
globalement de sujets dont sont conscients tous les nouveaux porteurs de projets de construction et où les
architectes et autres spécialistes ont un rôle important à jouer, sans qu’il n’y ait nécessité d’étudier des
conditions de transfert d’un pays à un autre.
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CCHHAAPPIITTRREE II :: PPRRÉÉSSEENNTTAATTIIOONN EETT ÉÉTTUUDDEESS DD’’AACCTTIIOONNSS IINNNNOOVVAANNTTEESS
Pour ce rapport, nous avons sélectionné 16 actions qui nous ont paru pertinentes au regard des thématiques
qu’elles abordent et du degré d’innovation ou d’exemplarité qui peut leur être rattachée. Nous avons
cherché une diversité de thématiques et de complexité permettant de parcourir un éventail intéressant
d’actions.
Rappel du sommaire des thématiques
1. Gestion de l’eau et assainissement ...................................................................................... 11
2. Politique d’entretien des espaces verts ................................................................................ 18
3. La maitrise de l’énergie ........................................................................................................ 24
4. La mobilité douce et durable ................................................................................................ 30
5. Déchets et divers .................................................................................................................. 49
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1. Gestion de l’eau et assainissement
Urinoirs sans eau à l’université libre de Bruxelles Rappels sur l’université :
24 000 étudiants sur 4 campus, avec 4 931 personnels (dont 3 582 ETP)
dont 1 294 ETP administratifs et 2 288 ETP enseignants-chercheurs.
Budget 2009 : 266 M€, dont 61 % en subvention gouvernementale.
Politique de développement durable : Une politique de gestion environnementale dans 13 domaines
d’actions depuis 2003. Deux postes de coordination dédiés et un comité de suivi représentatif.
Contexte de l’action
Actuellement en projet pilote, la mise en place d’urinoirs sans eau pour la faculté des sciences de
l’information et de la communication répond à deux impératifs : un besoin d’améliorer les toilettes face à
l’augmentation des effectifs et une recherche d’économie d’eau.
Ce projet pilote vise à être étendu à d’autres bâtiments si les résultats sont concluants.
Détails sur l’action :
Au départ, 3 urinoirs sur chacun des trois étages du bâtiment pilote ont été changé, puis rapidement 6
autres ont été installé dans un autre bâtiment. Vu le succès, des urinoirs sans eaux seront aussi installés dans
un bâtiment neuf devant ouvrir bientôt. Les urinoirs sont des urinoirs Urimat à occlusion mécanique
(système de coupe odeurs). Lors de la première installation d’urinoirs, il a été nécessaire de communiquer
sur ce nouveau système pour limiter les réticences, avec la possibilité pour les usagers de faire des retours et
de donner leur avis.
Budget :
Le coût pour un urinoir Urimat est environ de 500 à 600 €, d’où un surcoût important par rapport à des
urinoirs classiques.
Contraintes techniques :
Les urinoirs sans eau s’adaptent très bien dans les locaux existants. Ils ne nécessitent pas d’arrivée d’eau et
se posent facilement en quelques minutes par les services techniques.
Selon les modèles, des changements de cartouches ou de certains éléments sont à prévoir de temps en
temps.
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Contraintes comportementales :
Les urinoirs ne nécessitent pas de changement d’habitudes, puisqu’ils s’utilisent de la même façon que les
urinoirs classiques, mais sans avoir à presser la chasse. L’absence d’odeurs permet de ne pas constituer un
frein à l’utilisation.
Toutefois, avant d’être essayé, certaines réticences peuvent apparaître, par méconnaissance et peur du
résultat. Il y a aussi des réticences financières (surcoût), d’où la volonté d’une phase pilote à l’ULB.
L’université a accompagné la phase pilote d’affiches pour communiquer sur l’intérêt et le fonctionnement et
pour proposer de faire des retours/commentaires. Une fois installés, les urinoirs sont globalement bien
acceptés et bien utilisés. Il n’y a pas de problème non plus pour l’entretien par les services d’entretien.
Acteurs impliqués dans la réalisation : Public visé :
Services techniques pour l’installation. Service
communication et la coordinatrice pour
l’information et l’écoute des retours par les
usagers.
Tous les usagers des urinoirs, à savoir étudiants et
personnel de l’université.
Compétences techniques nécessaires :
Pas de nouvelles compétences nécessaires, installation par un professionnel « classique » qui est même plus
simple (absence de d’arrivée d’eau et de robinetterie)
Impacts et rentabilité :
En diminuant de 100 % la consommation d’eau à chaque utilisation, l’impact est immédiat (des urinoirs à
eau ont une consommation allant en général de 2 à 4 L par chasse). Les urinoirs doivent être lavés comme
des urinoirs classiques. D’après le constructeur, ces urinoirs permettent d’augmenter la durée de vie des
canalisations d’évacuation (puisque c’est le mélange de l’eau et l’urine qui est agressif pour les
canalisations).
Le retour sur investissement va varier selon la fréquentation des urinoirs, le prix local de l’eau et le surcoût
des urinoirs sans eau (dépendant des modèles choisis). Il est donc assez difficile à calculer. D’autant plus
pour une université où la fréquentation peut être très variable d’un mois à un autre. Or l’ULB n’a pas encore
fait le calcul pour son installation.
Conclusion :
Action qui ne semble pas poser de difficultés a priori pour être développée en France, nécessitant tout de
même un travail de sensibilisation en amont, face aux réticences possibles, et la recherche de distributeurs
d’équipements de ce genre.
L’intérêt économique semble réel, mais il doit être chiffré plus précisément (temps de retour sur
investissement). L’action, voyante, a l’intérêt d’être une bonne action de sensibilisation aux questions de
l’eau, de son usage, et de l’assainissement.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 13
Système complet d’assainissement écologique d’une
résidence universitaire à la norwegian university of life
sciences (UMB) Rappels sur l’université :
3 800 Étudiants, 1 120 personnels dont 640 enseignants ou chercheurs sur 1
seul campus
Superficie : 600 ha au total, dont 15 % rien que pour les deux arboretums (dont un est le plus ancien de
Norvège).
Budget 2009 : 116 M€
Politique de développement durable : En 2005, l’université s’est engagée à être un campus « Zero
émission ». Une personne est en charge de la démarche, mais il ne nous a pas été possible de l’identifier ni
d’en savoir plus.
Contexte de l’action
Depuis 1997, l’UMB a équipé une résidence universitaire de 48 étudiants d’un système d’assainissement
écologique permettant de réduire les consommations d’eau de 30 % (toilettes à aspiration) et de traiter les
eaux grises et les eaux noires séparément afin de les dépolluer naturellement et de les valoriser.
Détails sur l’action :
En 1995, l’université décide la construction de nouveaux logements étudiants. Un enseignant travaillant sur
l’assainissement écologique décide d’y greffer un projet d’assainissement écologique pour expérimenter et
mettre en pratique. L’université accepte à condition que le surcoût soit pris en charge par des financeurs
externes pour ne pas affecter le prix de la location par les étudiants. L’université a convaincu les élus locaux
de la soutenir et de lui donner une subvention.
Le système repose sur la séparation des eaux noires (les eaux et déchets des toilettes) et des eaux grises
(toute l’eau courante utilisée habituellement, comme l’eau des douches, des éviers et lavabos, etc.) dans
deux circuits différents.
Les eaux grises sont filtrées par phytoépuration (traitement par des plantes) pour redevenir de bonne
qualité et sont réutilisées pour l’irrigation ou simplement rejetées pour recharger les nappes phréatiques.
Les eaux noires sont stockées puis envoyées dans un centre où, mêlées à des biodéchets ménagers, elles
produiront un compost sain qui sera ensuite utilisé en agriculture.
À ce système s’ajoute l’installation de toilettes à aspiration (qui ne consomment qu’un litre d’eau par
évacuation) plutôt que des toilettes à chasse classique (qui peuvent consommer entre 6 à 20 litres par
évacuation), ce qui permet une économie d’eau importante (30 %). L’autre avantage est de réduire le
Page 14 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
volume des eaux de toilettes : la taille des canalisations et l’espace de stockage dédiés sont de taille réduite.
Les 48 étudiants génèrent 10 m³ d’eaux noires par mois qui sont stockées dans des réservoirs, ceux-ci étant
collectés une fois par mois et transportés jusqu’au site de traitement.
Les eaux grises quant à elle passent par une fosse sceptique, un biofiltre puis un bassin de lagunage où elles
restent une semaine avant d’être épurées. L’eau n’est actuellement pas réutilisée dans le bâtiment ce qui
pourrait permettre des économies d’eau bien plus importantes. Toutefois, ces eaux n’étant pas potables,
elles serviraient principalement pour les chasses qui ne consomment que 0,5 à 1 l d’eau. Le prix de l’eau en
Norvège étant relativement faible, l’action serait contraignante sans être rentable.
Les douches ont aussi été équipées de système de réduction d’eau.
Schéma explicatif du système complet d’assainissement écologique à l’UMB. Source : UMB
Budget :
Nos interlocuteurs n’ont pas ou peu connaissance des budgets passés (construction, dimensionnement…) ou
actuels qui ne sont pas très suivis. Ce projet est issu de la volonté de mettre en pratique et d’appuyer les
recherches menées sur ces sujets par l’université, l’aspect financier n’étant du coup pas une priorité. Pour
l’entretien, il semble que le principal coût soit celui de la récupération et du transport des déchets des
toilettes qui se fait une fois par mois. Le surcoût annuel par rapport à une installation classique est estimé à
650 € par appartement (deux personnes). Toutefois, il existe aujourd’hui des toilettes à aspiration plus
efficaces qui permettraient de ne récupérer les déchets que tous les deux mois et donc de réduire ce coût.
De plus, une part importante des coûts est aussi liée aux blocages dans le système d’aspiration. Or ces
derniers étant majoritairement liés à des défauts à l’installation et à de mauvaises utilisations des usagers
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 15
(manque d’information, inattention…), ces coûts peuvent aussi être nettement réduits.
Le système d’aspiration des toilettes doit être vérifié tous les deux ans. Quant au système de traitement des
eaux grises, il n’a pas besoin d’être entretenu lors des cinq premières années. Le surcoût des toilettes à
aspiration par rapport à des toilettes classiques est faible et elles ne nécessitent que très peu d’énergie
(4 kWh par personne et par an) et les modèles les plus récents peuvent être reliés à des systèmes de petits
panneaux solaires.
Par contre, à la construction, le doublement des systèmes de plomberie d’évacuation (un circuit eaux grises,
un circuit eaux noires) génère un surcoût important, estimé à 1 130 € par appartement. Mais puisqu’il n’y a
qu’un seul réseau d’assainissement (seules les eaux grises sont traitées), il semblerait que ce système global
d’assainissement écologique puisse être économiquement compétitif, notamment dans le cas de bâtiments
situés loin d’un réseau d’assainissement collectif pour lequel le raccordement est couteux voire impossible.
De plus, le système date de 1997 et depuis, les solutions techniques ont nettement évolué ainsi que les
coûts.
Au final, le budget total de construction de ce système d’assainissement peut être estimé à 578 560 NOK,
soit environ 73 500 €. Mais sur ce montant, environ 200 000 NOK (25 500 €) ont été pris en charge par
l’entreprise JETS qui n’a pas fait payer les toilettes à aspiration et le générateur, puisqu’il s’agissait pour eux
aussi d’une expérimentation intéressante. La ville d’Ås a subventionné le projet à hauteur de 100 000 NOK
(près de 13 000 €). Le coût total par appartement (2 étudiants) est estimé à 24 000 NOK (3 000 €). Le coût
aurait pu être encore réduit, mais l’association des étudiants a exigé que le système d’évacuation des eaux
grises soit deux fois plus gros que nécessaire pour y dériver les eaux noires en cas de problème technique
avec l’aspiration.
Contraintes techniques :
Elles sont évidemment nombreuses dans le cas d’un bâtiment existant puisqu’il faut doubler la tuyauterie,
changer les toilettes existantes et aménager autour du bâtiment les espaces de stockage et de biofiltration.
Une fois installé, le système d’assainissement demande un entretien assez faible.
Il faut aussi un travail important d’étude et de dimensionnement en amont et tous les bâtiments ne
pourront pas techniquement profiter d’un tel système (bâtiment avec population trop importante ou
manque d’espaces à proximité pour la filtration de l’eau, par exemple).
Dans le cas de l’UMB, les eaux noires sont stockées puis évacuées vers un centre de compostage où elles
sont mélangées à des bio-déchets ménagers (reste de nourriture, tontes…). Dans un premier temps, les
déchets étaient envoyés à un centre pilote à 100 km de l’université, puis après quelques tests positifs, les
déchets sont maintenant envoyés dans un centre similaire mais plus proche. Le compost est testé et répond
aux exigences réglementaires norvégiennes et européennes pour une utilisation en agriculture.
D’un point de vue réglementaire, ce type d’assainissement y est plus facile, mais reste aujourd’hui soumis à
l’accord de la commune (lors de la construction du projet, la décision était du ressort du comté). De plus, le
système de traitement des eaux grises n’était pas encore un système reconnu en 1998. Il a donc fallu
convaincre le comté.
Page 16 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Contraintes comportementales :
Pour les usagers (ici, les étudiants), la seule contrainte existante repose sur les toilettes à aspiration qu’ils
considèrent comme trop bruyantes. Toutefois, le bruit est plus court que le rechargement du réservoir d’une
chasse traditionnelle et les modèles plus récents ont permis de grands progrès en la matière. Pour le reste,
aucune nuisance ou aucun changement d’habitude pour les usagers n’a été répertorié. La mise en place de
ces toilettes n’a visiblement pas généré de réticences, mais l’université étant dédiée aux sciences de la vie,
les étudiants étaient déjà plus sensibilisés. D’autant que cette rénovation s’inscrivait dans un schéma plus
général de développement de recherches et de recherches-actions sur ces thématiques.
Les étudiants sont par contre incités à utiliser des produits d’entretien biologiques pour laver les toilettes qui
aident à limiter le dépôt d’urine dans la valve et dans la tuyauterie.
Le compostage des résidus de toilettes étant dédié à l’épandage pour l’agriculture, il faut aussi une certaine
« culture » pour que l’acceptabilité sociale soit suffisante, ce qui est davantage le cas en Norvège que dans
des pays comme la France (en France, aujourd’hui, la pratique veut qu’on autorise l’utilisation du compost
des toilettes « sur la parcelle », c'est-à-dire sur le lieu de production du compost, mais pas ailleurs).
Acteurs impliqués dans la réalisation : Public visé :
L’enseignant et l’équipe de recherche associée pour le choix des
techniques à mettre en place, le bureau des étudiants et l’université
pour la validation technique et financière, l’entreprise JETS (pour le
système de toilettes à aspiration) et les représentants de la
collectivité et du comté pour le soutien et les autorisations légales.
La municipalité a aussi financé une partie de l’investissement et a
accordé une réduction sur les frais annuels de l’assainissement
collectif, puisque les eaux du bâtiment ne sont plus rejetées que
dans le réseau de l’eau pluviale et non pas dans le réseau
d’assainissement.
Usagers du bâtiment (les étudiants)
mais aussi les chercheurs et plus
généralement tous les usagers et
partenaires de l’université à travers
l’image que le bâtiment retourne.
En fin de chaîne, les eaux noires étant
compostées, elles servent à
l’agriculture qui peut donc faire partie
du public visé.
Compétences techniques nécessaires :
Les compétences nécessaires sont très particulières, nécessitent des acteurs formés à l’assainissement
écologique et supposent donc un recours obligatoire à une entreprise externe spécialisée sauf dans le cas où
ces compétences existent dans l’université (recherche et formations dédiées).
Impacts et rentabilité :
Sur la consommation d’eau, les toilettes et les douches économiques permettent une réduction immédiate
de 30 %. La consommation électrique supplémentaire pour l’aspiration des toilettes est assez limitée.
L’impact sur l’environnement et le système d’assainissement collectif local est très positif : en moyenne, les
eaux noires ne représentent que 1 % des eaux usées domestiques, mais sont responsables de plus de la
moitié de la pollution organique à traiter dans les stations d'épuration et de 80 % de la pollution minérale
(azote, phosphore...). En déchargeant l’assainissement collectif de ces résidus et en valorisant ces déchets,
l’action permet d’alléger les coûts de traitement de l’eau et de diminuer la pollution des eaux rejetées.
L’impact est tout aussi important pour les eaux grises qui sont traitées localement de façon « propre » et qui
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 17
peuvent ensuite être utilisées pour l’arrosage ou pour être rejetées dans les rivières. L’université, qui teste la
qualité de l’eau rejetée, obtient une eau de qualité nettement supérieure aux seuils nationaux et
internationaux de potabilité pour ce qui concerne la quantité d’azote et de phosphore. De plus, presque la
totalité des nutriments et matières organiques est aussi éliminée.
Les eaux noires compostées remplacent aussi l’utilisation d’engrais chimiques et une étude est en cours pour
générer de l’énergie à partir du méthane produit par le compost (biogaz).
Toutefois, en volume (le système n’est en place que pour 48 étudiants), l’impact écologique et économique
reste plus que marginal. L’intérêt pédagogique pour la sensibilisation et pour la recherche est quant à lui
important.
Conclusion :
L’action est extrêmement novatrice et avec un impact réel notamment en termes de sensibilisation, de
communication et d’enseignement et recherche. Toutefois, comme nous l’avons vu, l’impact
environnemental global et financier est assez limité puisque l’action ne concerne qu’un bâtiment avec 48
étudiants.
De plus, elle n’a pu se réaliser que parce que plusieurs éléments étaient réunis :
- un contexte de construction d’un nouveau bâtiment ;
- la présence d’un laboratoire travaillant sur les questions d’assainissement pour qui le projet
constitue un support pédagogique et un espace de travail. De plus, les équipes pouvaient apporter
une expertise technique pour le dimensionnement du projet, le choix des techniques, etc. ;
- un contexte politique et législatif favorable levant à la fois les freins psychologiques et les freins
financiers ;
- une bonne entente entre le gestionnaire des bâtiments étudiants et l’université.
Enfin, le centre de compostage qui accueille des déchets des toilettes de l’université est issu d’un prototype
créé par l’université, dans le cadre de ses recherches, ce qui là aussi, a grandement facilité la réussite de
l’action.
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2. Politique d’entretien des espaces verts
Installation d’une bergerie pour l’entretien des espaces verts à
l’université de Lausanne Rappels sur l’université :
2010 : 12 091 étudiants, 2 593 personnels en ETP sur 3 campus
Superficie : 90 ha de superficie dont 60 ha d’espaces verts
Budget 2009 : environ 289 M€
Politique de développement durable : Existence d’une politique environnementale depuis 2008, et
lancement d’un Agenda 21 en 2010. Le directeur du service bâtiment est nommé vice-recteur en charge de
la durabilité, en poste depuis le 1er septembre 2011 et il pilote l’Agenda 21 à hauteur de 30 % environ de son
temps. Le vice-recteur sera bientôt entouré d’une équipe (1,5 ETP environ). Un comité représentatif a été
constitué et l’Agenda 21 sera intégré au plan stratégique 2011-2016.
Contexte de l’action
Il s’agit d’une politique globale d’entretien écologique et de gestion différenciée des espaces verts avec
entre autres :
- choix de semis de prairies fleuries pour les surfaces herbacées pour ne pas avoir à utiliser d’engrais ;
- présence d’une bergerie avec un moutonnier pour que les moutons entretiennent les espaces verts ;
- des fruitiers hautes-tiges plantés pour favoriser la nidification ;
- refus de la monoculture et choix d’essences indigènes et de variétés résistantes aux maladies. La
fumure de ces plantes est réalisée avec de l’engrais organique ;
- recours à des méthodes biologiques pour lutter contre les
herbes indésirables et les nuisibles : brûleurs à gaz,
traitement d’hiver sur les fruitiers à base d’huile végétale
(destruction des acariens et autres hivernants par asphyxie),
prédateurs biologiques… ;
- utilisation de carburants alkylés écologiques pour les
machines d’entretien.
Nous détaillons uniquement ici l’action sur la bergerie.
Moutons devant un bâtiment de l'UNIL.
© UNIL/Axel Broquet
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 19
Détails sur l’action :
Depuis une quinzaine d’années, l’UNIL a installé sur son campus principal un troupeau de mouton pour
entretenir une grande partie des espaces verts (10 ha environ). Pour accompagner ce troupeau, un jardinier
est devenu moutonnier, propriétaire des bêtes et l’université a construit une bergerie d’environ 150 m².
L’objectif premier était de limiter les nuisances générées par les tondeuses.
Budget :
Pour l’entretien des animaux (y compris les deux ânes et le chien), il faut compter environ 5 000 € par an
(aliments, frais vétérinaires). La construction de la bergerie a coûté environ 100 000 € et tous les ans, le
jardinier moutonnier passe environ 200 heures à s’occuper des bêtes.
Contraintes techniques : Contraintes comportementales :
L’opération a nécessité la construction d’un bâtiment
dédié (la bergerie) et il a fallu former le jardinier
volontaire pour s’en occuper. Il faut aussi installer
des barrières dans certains espaces pour empêcher
les moutons d’y aller (potagers, fleurs…). Le
moutonnier ainsi que le personnel technique
installent selon les besoins des barrières amovibles,
notamment en bordure des routes, lorsque les
moutons y sont placés. Pour tout ce qui concerne
l’entretien des animaux et leur gestion, c’est le
moutonnier, devenu propriétaire des bêtes, qui s’en
charge, la gestion est donc transparente pour
l’université.
La mise en place des moutons n’a pas suscité de
réactions négatives et a été très bien acceptée aussi
bien par les services techniques que par les usagers
du campus, d’autant que cela a permis d’éliminer
une grande partie des nuisances sonores liées aux
tontes mécaniques.
L’action a permis de libérer beaucoup de temps pour
les jardiniers qui ont pu s’attarder sur des activités
jugées plus intéressantes que la tonte.
Acteurs impliqués dans la réalisation : Public visé :
Principalement les services espaces verts, ainsi que
des partenaires extérieurs liés à l’entretien des bêtes
(notamment les vétérinaires)
Services espaces verts (7 jardiniers) et tous les
usagers qui n’ont plus les nuisances sonores des
tontes mécaniques, en plus d’une action ludique qui
sensibilise et interroge.
Impacts et rentabilité :
Le premier objectif de réduction du bruit est très positif : il n’y a plus aucune tonte mécanique sur l’espace
dédié. De plus, les déjections des animaux sur les espaces verts servent d’engrais naturel et les déjections
recueillies dans les box servent de fumier pour les fruitiers, d’où une économie d’achats.
Pour la rentabilité, une étude économique avait été réalisée lors de la mise en place de l’action, mais il ne
nous a pas été possible de la consulter. D’après le responsable des espaces verts, elle montrait que le coût
d’entretien au m² était moins élevé avec les moutons (construction du bâtiment comprise) du fait de
l’économie de main d’œuvre réalisée.
Page 20 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
De plus, les moutons sont une action très visible, qui attire
beaucoup et permet une communication et une publicité aussi
bien pour l’établissement que pour la démarche de
développement durable de l’établissement, ce qui contribue
d’autant plus à leur rentabilité
Compétences techniques nécessaires :
Nécessité de former le jardinier pour qu’il devienne moutonnier.
Conclusion :
Une action très visible, qui demande tout de même un investissement conséquent au départ pour installer
une bergerie et former un berger. Il faut aussi avoir une surface suffisante. Toutefois, l’action se développe
puisqu’une université française (Lille 1) a aussi tenté l’expérience tout récemment. De plus, de nombreuses
collectivités commencent à utiliser de tels systèmes (à Lausanne par exemple, mais aussi en France).
Carte du campus de Dorigny de l'UNIL avec emplacement de la bergerie. Les moutons sont répartis sur les espaces verts tout autour de la bergerie,
selon les besoins de tonte. ©UNIL
Un mouton et ses agneaux. © UNIL/stramatakis
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 21
Itinéraires natures à l’université autonome de Barcelone Rappels sur l’université :
En 2009, plus de 30 000 étudiants, 3 566 enseignants et 2 399 personnels administratifs et techniques sur
trois campus.
Budget 2010 : 341 M€
Politique de développement durable : L’UAB fait partie des établissements les plus avancés dans les
démarches de développement durable. En effet, dès 1998, l’UAB s’est officiellement lancée dans la
construction d’un Agenda 21 avec notamment une consultation exemplaire et l’appui de consultants
extérieurs. En 2002 elle rédige son premier plan d’actions 2002-2010, qui sera réactualisé et modifié en 2006
et 2007. Aujourd’hui, l’UAB réactualise et approfondi son diagnostic initial et prépare son plan d’actions
2011-2015.
Contexte de l’action :
Une grande partie de l’université est composée d’espaces verts et non
urbanisés, y compris avec des bois et des champs (pour les filières
vétérinaires et agricoles). Afin de mettre en valeur le patrimoine local,
un réseau de sentiers pédestres deux sentiers pédestres ont été réalisés
d’environ 1 km chacun et sont ouverts à tous, usagers ou non du
campus. De plus, les sentiers sont utilisés par le réseau « Catalan
butterfly monitoring scheme » pour quantifier l’évolution de la
population de papillons en catalogne. Un livret présente les sentiers et
l’ensemble de la faune, flore et du patrimoine qui peut y être croisé.
Les sentiers permettent aussi de sensibiliser les usagers sur les risques
d’incendie du campus. Ces deux sentiers s’inscrivent dans une politique plus générale de développement
d’itinéraires pédestres fléchés sur le campus pour inciter les usagers à développer une activité physique.
Détails sur l’action :
Les sentiers ont initialement été mis en place à grâce au mécénat d’une entreprise privée (TQMA), puis plus
récemment, les sentiers ont été remis en état et mieux valorisés grâce à un partenariat avec la fondation
« Territoires et paysages ». Cette dernière a notamment financé une nouvelle signalisation et la
sensibilisation sur ces sentiers ouverts à tous. Aujourd’hui, les sentiers comptent 39 panneaux d’information
et deux panneaux plus grands au départ de chaque sentier.
Un des deux sentiers nature.
Source : UAB
Page 22 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Budget :
Le budget de la signalisation a été pris en charge par des financeurs
externes (entreprise privée au départ et une fondation ensuite). La
dernière réactualisation de la signalisation a coûté 12 000 €.
L’université confie le nettoyage et l’entretien des sentiers a une
entreprise (SELMARSA) qui vient ponctuellement, selon les besoins,
ce qui coûte en général entre 1 000 et 2 000 € par opération.
Certains employés du service environnement organisent des visites
guidées de site et dédient donc du temps homme à ces actions. Mais
le nombre de ces visites est très restreint (seulement une en 2009 et moins d’une demi-douzaine en général
les autres années).
Contraintes techniques :
Il s’agit principalement de la mise en état au départ,
la valorisation (inventaire, signalisation…) et
l’entretien. Nous n’avons pas d’information sur la
mise en état d’origine, mais toutes les autres étapes
ont été faites par des prestataires.
Pour les visites guidées, il faut des personnes ayant
des connaissances spécifiques sur les espèces
rencontrées.
Contraintes comportementales :
La principale contrainte est de faire respecter les
lieux aux personnes qui utilisent les sentiers :
l’université retrouve beaucoup de déchets et doit
faire face à plusieurs dégradations, d’où des besoins
accentués en matière d’entretien.
Il faut aussi faire connaître les sentiers. Pour cela,
l’université a édité un guide de présentation.
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Principalement le service environnement avec les
partenaires (entreprise mécène au départ, la
fondation « Territoires et paysages » et l’entreprise
SELMARSA pour l’entretien). Le « Catalan butterfly
monitoring scheme » pour l’inventaire et le suivi de
la population des papillons.
Public visé :
Tous les usagers du campus plus les habitants
alentours qui peuvent profiter des sentiers.
Impacts et rentabilité :
Des visites guidées sont proposées chaque année,
avec en moyenne une centaine de participants au
total.
Compétences techniques nécessaires :
La valorisation, la communication, l’entretien et
l’organisation de visites guidées nécessitent des
compétences particulières, mais qui sont
Panneau d'itinéraire nature. Source : UAB
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 23
Les sentiers permettent aussi de valoriser les
espaces verts du site, donc de les protéger. Ils
renvoient une image positive de l’université en
permettant de faire venir des personnes hors
campus sur le site.
Surtout, ils contribuent à la sensibilisation sur les
risques d’incendies.
généralement disponibles en interne ou qui, n’étant
pas nécessaire particulièrement techniques, peuvent
facilement être externalisées.
Conclusion :
Une telle action un bon exemple d’aménagement durable du campus, puisqu’elle est au carrefour de
plusieurs enjeux :
- par la valorisation des ressources naturelles et de la biodiversité locale ;
- par la réduction de la vulnérabilité du campus face au risque incendie notamment (sensibilisation
des usagers et entretien de sentiers) ;
- par l’ouverture du campus sur son territoire, en attirant des habitants des communes alentours à
venir visiter le campus et à profiter de son cadre agréable. Cette ouverture du campus sur son
territoire se traduit aussi par des partenariats avec des acteurs locaux, comme ceux venant
inventorier les papillons.
-
Carte des deux sentiers situés en bordure du campus, dans les espaces boisés.
Source : Google earth/UAB
Page 24 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
3. La maitrise de l’énergie
Politique d’énergie renouvelable à l’Université de
Lausanne Rappels sur l’université :
2010 : 12 091 étudiants, 2 593 personnels en ETP sur 3 campus
Superficie : 90 ha de superficie dont 60 ha d’espaces verts
Budget 2009 : environ 289 M€
Politique de développement durable : Existence d’une politique environnementale depuis 2008, et
lancement d’un Agenda 21 en 2010. Le directeur du service bâtiment est nommé vice-recteur en charge de
la durabilité, en poste depuis le 1er septembre 2011 et il pilote l’Agenda 21 à hauteur de 30 % environ de son
temps. Le vice-recteur sera bientôt entouré d’une équipe (1,5 ETP environ). Un comité représentatif a été
constitué et l’Agenda 21 sera intégré au plan stratégique 2011-2016.
Contexte de l’action :
Dans le cadre de la démarche Campus Plus, une politique globale sur l’énergie est menée à l’UNIL s’appuyant
principalement sur la maitrise des consommations (investissements techniques, sensibilisations et
modification des comportements…) et sur un approvisionnement en énergies renouvelables.
Deux actions sont ici étudiées plus spécifiquement :
- l’achat d’électricité provenant d’énergies renouvelables produites en Suisse ;
- l’utilisation de l’eau du lac Léman pour le refroidissement du campus.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 25
L’achat d’électricité d’origine locale et renouvelable : Détail de l’action :
Une réflexion sur l’origine de l’électricité consommée par l’université était en cours depuis quelques années,
appuyée par des offres « vertes » proposées par le fournisseur d’énergie de l’université.
Ces offres se traduisent par un surcoût de l’énergie achetée qui permet au fournisseur (Romande Énergie)
d’investir dans le développement des énergies renouvelables.
Suite à la politique de maitrise de l’énergie initiée, des économies ont pu être générées (même si à travers le
renchérissement de l’énergie et l’accroissement des consommations liées aux recherches scientifiques, il n’y
a pas d’économie en termes absolus, mais seulement une maitrise des coûts) et fournir un argument pour
convaincre la direction de souscrire à cette offre plus chère.
Aujourd’hui, environ 98 % des 20 MWh consommés annuellement
par l’université sont certifiés provenir d’une énergie « verte ». Cette
décision, prise fin 2009, a pu être rétroactive, ce qui fait qu’en 2009
et 2010, l’université peut dire avoir réduit l’impact environnemental
de sa consommation électrique de 97,5 %, soit une émission
d’environ 78 tonnes de CO2 par an au lieu de 2 840 tonnes
auparavant (selon le niveau d’émission moyen en Suisse calculé par
l’Office fédéral de l’énergie).
L’électricité provient en partie de l’énergie hydraulique produite par les grandes installations de
Romande Énergie situées dans le canton de Vaud et en bas Valais ainsi que d’un mix d’énergies éolienne et
hydraulique. Plus coûteuse, cette énergie bénéficie du label d’éco-courant naturemade star.
Romande Énergie verse une partie des recettes issues de la vente de ce courant vert labellisé à deux fonds
qu’elle a créés et qui sont destinés à financer des installations de production (solaire, éolien,
« minihydraulique », biomasse) et divers projets de protection de la nature. Le fournisseur s’engage
évidemment à prouver à l’université qu’elle utilise bien ces fonds pour des projets d’énergies renouvelables.
Budget :
Le surcoût représente 150 000 Francs Suisses par an, soit environ 116 000 €, pour l’université.
Page 26 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Contraintes techniques :
Mises à part les contraintes budgétaires, puisque
l’achat de cette énergie verte est surtaxé, il n’y a
aucune contrainte technique particulière : il suffit de
faire la demande au fournisseur d’énergie.
Contraintes comportementales :
Il n’y en a aucune, le changement est transparent
pour le consommateur.
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Peu d’acteurs impliqués (le service technique pour le
contrat de fourniture d’énergie)
Public visé :
Aucun directement, mais l’université communique
beaucoup à destination de tout public (étudiants,
personnels, partenaires…) pour valoriser cette
action.
Impacts et rentabilité :
En termes d’émissions carbones, l’université réduit de 97,5 % ses émissions
liées à l’électricité (78 tonnes de CO2 par an au lieu de 2 840 tonnes avant).
L’action n’est pas rentable en tant que telle, elle provoque même un surcoût
de plus de 110 000 € par an pour financer la construction de nouvelles
sources d’énergies renouvelables en Suisse, mais ce surcoût peut être
compensé en partie par une politique globale de maitrise de la
consommation.
Compétences techniques nécessaires :
Aucune.
Conclusion :
Une action simple et valorisable, mais qui n’a du sens que si elle s’inscrit dans une politique plus globale de
maitrise de l’énergie. En France, une action équivalente est faisable où des offres à peu près similaires
existent, chez EDF ou les divers autres fournisseurs d’énergie.
Panneaux solaires sur le toit d’un bâtiment de
l’UNIL, face au lac Léman.
© UNIL/stramatakis
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 27
L’utilisation de l’eau du lac Léman pour le
refroidissement : Détail de l’action :
Situées près du lac Léman, l’université de Lausanne et l’EPFL (école
polytechnique de Lausanne) utilisent depuis près de 40 ans l’eau du lac
Léman comme remplacement des systèmes de refroidissement
classiques. Grâce à trois pompes électriques (pour l’UNIL uniquement,
l’EPFL a trois autres pompes), de l’eau est pompée à 70 mètres de
profondeur et à 900 mètres des berges par des tuyaux d’un mètre de
diamètre, puis elle est distribuée dans les 20 bâtiments du campus (et
les 40 bâtiments de l’EPFL) à travers une galerie commune. Cette eau
permet le refroidissement pour les process scientifiques (salles de
culture…), les grands auditoires et quelques salles, ainsi que les salles
des serveurs informatiques.
Ensuite, l’eau est renvoyée dans deux rivières en bordure du campus et
retourne dans le lac Léman. L’eau pompée est à 6 °C, ressort à 10 °C
environ, et représente 1,5 million de m³ par an.
Parfois, il est nécessaire d’avoir recours en complément à du
refroidissement « classique », notamment pour les chambres froides qui
nécessitent des températures négatives.
Budget :
Le système a été installé il y a 40 ans, et il est difficile aujourd’hui de connaitre le coût d’une telle installation
si elle devait être refaite entièrement. Un nouveau bâtiment de 30 000 m² bruts légèrement excentré est en
cours de construction. Pour le relier (800 mètres de tuyaux), l’université a dû payer deux millions de Francs
suisses, soit environ 1,5 millions d’euros.
Le coût de fonctionnement annuel est de 120 000 francs suisses pour l’électricité des pompes plus environ
30 000 francs d’entretiens (2 centimes par m³).
Contraintes techniques :
La principale contrainte reste la présence d’un lac suffisamment important à proximité pour pouvoir installer
un tel système (sur un lac trop petit, il y aurait un risque de le réchauffer). Il existe évidemment des
L'UNIL au bord du lac Léman.
© UNIL/Nadia Welmelinger
Page 28 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
contraintes réglementaires : une concession doit être octroyée par le conseil d’État du canton pour 40 ans
après une procédure d’enquête publique. Le pompage doit respecter un débit maximal (1 150 L/s dans le cas
de l’université) et les températures des eaux rejetées doivent être contrôlées.
L’installation ne nécessite par contre pas un grand entretien : les pompes (d’une puissance de 200 kW) sont
inspectée en interne une fois par semaine, et deux fois par an plus en détails par des spécialistes. Quelques
filtres doivent être changés régulièrement.
Contraintes comportementales :
Aucune identifiées : le système est transparent pour
l’utilisateur si le confort reste identique. De plus, l’État de Vaud
où se trouve Lausanne a décidé qu’il n’y aurait pas de
climatisations « confort » dans les bâtiments publics, le
système est donc une bonne alternative. Toutefois, il n’est pas
utilisé pour les bureaux ou salles de cours.
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Peu d’acteurs internes impliqués, à part les services
techniques. Nous ne connaissons pas les acteurs impliqués
à la construction du projet.
Public visé :
Aucun directement. Action qui profite de
façon transparente à tous les usagers des
salles refroidies.
Impacts et rentabilité :
Il est difficile d’estimer le temps de retour sur investissement, n’ayant pu connaître le coût d’un tel dispositif,
mais chaque année, le coût lié à l’électricité est de 120 000 francs suisses, alors que l’équivalent en système
traditionnel est estimé entre 500 000 et 600 000 francs suisses. L’impact environnemental est d’environ 600
tonnes de CO2 économisées par rapport à un système classique.
Station de pompage de l'UNIL.
© UNIL/Stramatakis
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 29
Compétences techniques nécessaires :
Relativement faibles pour l’entretien courant.
Conclusion :
Action intéressante et relativement originale, y compris autour du lac Léman, qui implique un budget lourd
et des contraintes fortes à la construction et qui dépend entièrement de la présence d’une étendue d’eau
suffisamment grande à proximité. Sauf cas très particuliers, l’action semble donc difficilement transférable
ailleurs, y compris en France. De plus, il faudrait se pencher sur l’aspect réglementaire. L’action est par
contre très efficace en termes d’économies d’énergie.
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4. La mobilité douce et durable
Politique de mobilité à l’Université de Lausanne Rappels sur l’université :
2010 : 12 091 étudiants, 2 593 personnels en ETP sur 3 campus
Superficie : 90 ha de superficie dont 60 ha d’espaces verts
Budget 2009 : environ 289 M€
Politique de développement durable : Existence d’une politique environnementale depuis 2008, et
lancement d’un Agenda 21 en 2010. Le directeur du service bâtiment est nommé vice-recteur en charge de
la durabilité, en poste depuis le 1er septembre 2011 et il pilote l’Agenda 21 à hauteur de 30 % environ de son
temps. Le vice-recteur sera bientôt entouré d’une équipe (1,5 ETP environ). Un comité représentatif a été
constitué et l’Agenda 21 sera intégré au plan stratégique 2011-2016.
Contexte de l’action
Dans le cadre de la démarche Campus Plus, une politique globale sur la mobilité douce se développe. Trois
actions sont particulièrement remarquables :
- « Campus Roule » pour un service gratuit de vélos en bornes libre service ;
- « Mobility car sharing » pour un service de voiture en libre service aussi bien en usage professionnel
que personnel ;
- la limitation du droit d’usage des parkings (tous payants) de l’université aux seuls usagers pouvant
justifier du besoin de venir en voiture.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 31
« Campus Roule » : l’accès à la location de vélos en bornes
libre service internes au campus et dans toute la Suisse Détails sur l’action
Initiée il y a deux ans, l’idée de créer un système de vélos en libre service
en Suisse (à l’image des offres existantes dans de nombreuses villes en
France et dans le monde) est née sur le campus de l’UNIL (partagé avec le
campus de l’EPFL). Il s’agissait d’aider l’association « Lausanne Roule », qui
faisait du prêt de vélo depuis 2004, à proposer sur le campus de l’université, puis dans les collectivités
locales de Suisse, un système de vélos en libre service. Il faut noter qu’il n’existait pas alors, en Suisse,
d’entreprises ou de collectivités proposant de tels services.
Très rapidement, l’association a dû devenir une société privée : Vélopass.
Aujourd’hui, elle dispose de 45 stations dans toute la Suisse, soit plus de 600 vélos. Sur le campus, 7 stations
et une centaine de vélos sont présents à disposition de
tous les usagers.
Sur simple inscription (gratuite), chaque usager de
l’université peut avec sa carte, prendre un vélo aux
stations du campus. Un partenariat entre l’université
et vélopass permet d’assurer la gratuité du vélo pour
3 h, contre ½ h seulement pour les abonnés non
usagers du campus. Les vélos pris sur les stations du
campus sont donc gratuits 3 h, et peuvent être
déposés dans n’importe quelle station, même hors du
campus. L’heure supplémentaire est facturée un franc
suisse. Par contre, pour emprunter un vélo à une borne hors campus, il faut souscrire un abonnement
classique auprès de la société.
L’action est donc intéressante par deux aspects :
- il s’agit d’un projet d’envergure national qui est né grâce au soutien de l’université ;
- il ne s’agit pas d’un prêt de vélo étudiant pour des durées d’un mois à un an, comme on en voit déjà
beaucoup dans les universités françaises, mais bien de la mise à disposition d’un vélo à tout moment
en libre service, et gratuitement pour 3 h, avec la possibilité de l’emprunter à toute heure et de le
rendre dans toutes les stations du réseau national.
Il faut noter que l’action est une adaptation du système Bicincittà italien, ce qui a permis de profiter sous
franchise du dispositif technique de suivi de disponibilité des vélos notamment.
Exemple d'une station de vélopass. © UNIL
Page 32 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Budget :
Outre la mise à disposition de techniciens et de chercheurs pour accompagner l’association dans le
lancement de ce projet, l’investissement initial a été d’environ 500 000 francs suisses, partagés à moitié
entre l’UNIL et l’EPFL, soit un peu moins de 200 000 euros pour l’UNIL. Cela a permis de mettre en place les
bornes et d’acheter quelques premiers vélos. Aujourd’hui, l’université est toujours propriétaire des bornes,
mais c’est vélopass qui gère le parc de vélos.
L’offre privilégiée pour les étudiants (l’absence d’abonnement et les 3 h
gratuites) est issue d’une subvention que verse l’université à vélopass d’un
montant de 15 000 francs par an (un peu moins de 12 000 €). Toutefois, les
usagers du campus se servent beaucoup des vélos, mais généralement pour
moins de 3 heures, ce qui fait que l’offre n’est pas rentable pour vélopass.
L’université réfléchit actuellement à modifier l’offre (réduire le temps de gratuité ou faire participer les
étudiants et augmenter la subvention à vélopass).
Il n’y a pour l’instant eu besoin d’aucun entretien des bornes qui sont bien respectées, tout comme les vélos
(vélopass ne dénombre que très peu de casse ou de vandalisme).
Au lancement, il a aussi fallu adapter l’intranet de l’université pour créer une page d’inscription pour les
usagers et pour transmettre automatiquement certaines informations à vélopass. Ce travail n’a pas pu être
chiffré, mais il a été réalisé en interne et n’a pas nécessité de moyens importants.
Contraintes techniques :
Les principales contraintes, dans le cas présent, ont été :
- le montage et le portage du projet, en partenariat avec
l’association Lausanne roule, ce qui implique aussi la
définition du système financier et technique (quelles
bornes, etc.) à travers différentes études ;
- l’installation de bornes sur le campus (contrainte en
termes d’espace, de travaux, d’accès…) ;
- la gestion électronique (inscription en ligne).
Contraintes comportementales :
Aucune contrainte identifiée. Les usagers
doivent uniquement s’inscrire sur un site.
Le système est désormais bien répandu et
connu. Le fait de pouvoir reposer le vélo
dans une autre station est un atout
important.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 33
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Les étudiants n’ont pas directement été consultés. L’équipe de l’UNIL et de vélopass ont interrogé Pro-Vélo,
une association de promotion du vélo, sur les attentes des usagers de vélos pour un système de vélo en libre
service.
Les bornes ont été installées près du métro ou des endroits stratégiques.
Les services techniques ont supervisé les travaux lorsqu’ils étaient réalisés par des prestataires ou en ont pris
en charge directement.
Les services informatiques ont aussi été mis à contribution pour la gestion des inscriptions en ligne.
Public visé :
Tous les usagers du campus, mais principalement les étudiants.
Impacts et rentabilité :
Il est difficile pour l’UNIL de quantifier l’impact de ces vélos en
termes de report modal. Malgré tout, les enquêtes mobilité
montrent que de façon générale, le vélo est tout de même en
progression constante. L’action n’a pas vocation à être
rentable pour l’université qui subventionne vélopass pour faire
profiter ses usagers de la gratuité, même si un système moins
coûteux est en réflexion.
Compétences techniques nécessaires :
Études (préfiguration, étude de marché,
potentiel d’utilisation, emplacements et
offres optimaux, etc.)
Conclusion :
L’action est intéressante pour son volet initiateur et exemplarité : d’un projet interne au campus est née une
offre commerciale nationale avec des avantages maintenus pour les étudiants. Toutefois, un transfert pour
la France à l’identique n’a pas grand sens, puisque dans de nombreuses villes, il existe déjà des systèmes de
vélos en libre service (Vélib’, vélo’V, vélomagg’…) qui peuvent parfois déjà profiter à certains campus. Le
système étant désormais connu, il semble peu probable qu’une université d’une ville n’ayant pas un système
de vélo en libre service se lance seule, mais plutôt en partenariat avec la collectivité. Une adaptation
pourrait être un système de subventionnement pour, à l’image de ce qui se fait à l’UNIL, proposer des offres
avantageuses pour les usagers du campus. Il est à noter que des offres conjointes auto-partage/vélo-partage
pour les campus existent en France.
Page 34 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Les 7 stations réparties sur l’UNIL et l’école Polytechnique. Trois des quatre stations de l’UNIL sont situées sur la méridienne (voir infra la fiche sur la
signalétique). Source : Google et vélopass.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 35
Mobility Car Sharing : un système de voitures partagées
en libre service Détails sur l’action
À l’image de la mise à disposition de vélos en libre service, l’UNIL a souscrit une
offre avec la société Mobility, première société de partage de voiture. Le
service est opérationnel depuis le 1er avril 2009.
L’offre est la suivante :
- l’UNIL loue 7 emplacements à Mobility pour qu’ils puissent y laisser les voitures ;
- de 8h à 17h du lundi au vendredi, les 7 voitures sont mises en priorité à disposition du personnel de
l’UNIL pour les déplacements professionnels ;
- le reste du temps, les véhicules sont accessibles à tous les abonnés de Mobility, usagers ou non de
l’université. Toutefois, les usagers du campus ont, pour leur usage privé, accès à un abonnement à
tarif privilégié.
Le principe du partage de voiture est d’avoir accès en libre service à des voitures, comme pour des voitures
de fonction, mais qui n’appartiennent pas à l’université qui n’a donc pas à payer d’assurance, d’entretien ou
de carburant. Tout est pris en charge dans le montant payé à Mobility (un abonnement annuel plus une
somme en fonction du temps et la distance parcourue). Ainsi, chaque composante de l’université détient
une carte pour que son personnel puisse utiliser le véhicule en cas de besoin pour les déplacements
professionnels.
Pour l’instant, les 7 voitures servent principalement pour les déplacements ponctuels des chercheurs. Les
personnels ayant besoin de déplacements plus réguliers utilisent encore des véhicules de service de
l’université.
L’accord passé entre Mobility et l’UNIL implique que l’université
s’engage à ce que les véhicules soient au moins utilisés un certain
temps pour que l’action soit rentable pour Mobility. De fait, si les
véhicules ne sont pas assez utilisés, l’UNIL s’engage à payer la
différence à Mobility. En échange, les usagers du campus ont accès à
un abonnement à prix très avantageux (70 francs par an au lieu de
290 francs normalement).
Cette action a pour objectif d’éviter l’achat de nouvelles voitures de services, voire dans l’idéal de permettre
de ne pas en renouveler certaines.
Actuellement, l’usage est à peu près à deux tiers pour du professionnel et un tiers pour du privé.
Renault Modus : une des voitures du parc Mobility
sur le campus. Source : Mobility
Page 36 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Chaque usager du campus peut demander à profiter d’une offre d’essai gratuite de 4 mois, et par la suite
souscrire un abonnement annuel au tarif préférentiel.
Budget :
Pour les composantes, il faut prévoir :
- 90 francs par carte d’abonnement pour celles qui souhaitent l’utiliser ;
- le coût de l’utilisation qui est à la charge de la composante (pour les usages remplaçant les voitures
de services) et qui est donc variable puisque dépendant du temps et du kilométrage parcouru.
Pour l’université en tant que telle, les dépenses concernent le « plafond de déficit » à prévoir si les usagers
n’utilisent pas suffisamment les voitures pour que l’opération soit rentable pour Mobility. Chaque kilomètre
parcouru par les usagers vient en déduction de ce montant. La garantie de couverture des coûts sur laquelle
s’est engagée l’université se monte à 71 600 francs (environ 55 000 €). En 2010, les différentes utilisations
des voitures ont rapporté environ 50 000 francs, l’université a donc dû payer à Mobility 21 600 francs.
Par contre, l’université loue les emplacements au sol à 450 francs par place et par an, soit 3 150 francs par
an (2 450 €). Au final, certaines composantes qui souhaitaient s’acheter des voitures de services ont pu
utiliser ces voitures en libre service à la place, et donc réaffecter ailleurs les fonds prévus.
Contraintes techniques :
Elles sont de deux ordres :
- la mise à disposition de places de parkings ;
- un travail informatique pour que les données
d’inscription sur l’intranet puissent être
communiquées à Mobility. Tout comme pour
les vélos en libre service, ce travail a été
réalisé en interne et n’a pas nécessité
beaucoup de ressources/temps.
Contraintes comportementales :
Elles sont quasi nulles : les usagers font une
demande pour un véhicule de service. Il est
seulement nécessaire d’expliquer le fonctionnement
au départ (une carte à présenter devant le véhicule
pour l’ouvrir/fermer, utiliser la carte de la voiture
pour remettre de l’essence, ne pas oublier de bien
valider la fin de l’utilisation de la voiture pour ne pas
continuer à payer…)
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Si des étudiants et des chercheurs ont au départ proposé l’idée, le service de Campus Plus a organisé seul la
mise en place de l’action avec Mobility.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 37
Public visé :
Principalement le personnel de l’université qui a besoin de se déplacer ponctuellement pour des raisons
professionnelles. Le personnel technique ou tous ceux qui se déplacent plus régulièrement n’utilisent pas
pour l’instant ce système.
Il vise aussi plus largement l’ensemble des usagers du campus, puisqu’ils peuvent tous profiter d’un
abonnement à tarif privilégié et utiliser les véhicules pour leurs trajets personnels. Enfin, les abonnés
Mobility qui ne sont pas usagers de l’université peuvent aussi venir utiliser ces véhicules, comme tous les
véhicules mis à disposition dans les différentes stations Mobility de Suisse.
Compétences techniques nécessaires :
Aucune.
Impacts et rentabilité :
D’après l’université, l’action est rentable sur le plan économique puisque des achats de voiture ont été évités
et que tous les frais sont pris en compte. Les voitures ne coûtent donc que lorsqu’elles sont utilisées.
Malheureusement, pour l’instant l’université ne sait pas exactement combien d’abonnements Mobility elle a
généré, ni quelle est la rentabilité exacte. Il faudrait comparer le coût global de l’offre Mobility (y compris la
garantie de couverture, mais celle-ci tend à se réduire) aux coûts sans l’offre (coût d’achat, frais et
amortissement des voitures de services qui n’ont pas été achetées).
En termes d’impacts environnemental, les voitures Mobility sont récentes, bien entretenues et peu
productrices de CO2, contrairement aux voitures du parc automobile de l’université. Actuellement, Mobility
propose différentes catégories de véhicules sur le campus : Renault Mégane break, Renault Modus et une
Mercedes Vito. Les tarifs du km étant variables selon la taille et la consommation de la voiture, les
utilisateurs sont incités à utiliser la voiture la mieux adapté à leurs besoins, ce qui permet aussi d’économiser
du carburant et de réduire les pollutions associées.
Conclusion :
Une action intéressante car visible, qui peut être économique et s’adapter aux besoins de l’université. Il
reste toutefois nécessaire de calculer la rentabilité réelle. De plus, il faut se donner les moyens de s’assurer
que les véhicules seront bien utilisés.
En France, des solutions équivalentes existent, notamment avec l’entreprise d’auto-partage dans les campus
Key’Lib.
Page 38 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Les stations Mobility de l'UNIL sont situées sur les parkings d'entrée du campus et à proximité des plus gros bâtiments.
Source : Google et Mobility
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 39
Restriction de l’accès au parking payant de l’université en
fonction du lieu de résidence Détails sur l’action
Cette action, encore plus que les deux précédentes, s’inscrit dans un cadre plus global de développement
des mobilités douces. En effet, en plus d’un accès payant au parking de l’université de 1 500 places environ
(par le biais d’un abonnement), les places sont soumises à autorisation en fonction du statut (le personnel
ayant des contraintes familiales ou professionnelles étant privilégié par rapport aux étudiants, par exemple)
mais surtout du lieu de résidence et donc de l’accès à un service de transport en commun. Par exemple, tous
ceux résidants dans la proche périphérie sont éliminés d’office, et pour ceux habitant plus loin, si la venue en
voiture ne représente pas un gain de temps réel par rapport aux transports en commun , la place est
refusée.
Évidemment, les usagers handicapés ayant une voiture adaptée sont dispensés de l’abonnement et ont une
autorisation de stationnement. Pour les handicaps plus légers ou temporaires, des dérogations peuvent être
accordées.
Chaque personne demandant un abonnement pour une place
se voit donc attribuer une note en fonction des éléments ci-
dessus, calculés automatiquement par des algorithmes remis à
jour régulièrement selon les besoins (travaux, modification de
lignes de transports…). Ces algorithmes ont à la base été
réalisés par des étudiants en géographie. Ces étudiants
continuent aujourd’hui à s’occuper de la mise à jour à travers
une entreprise qu’ils ont créée. Le travail initial d’algorithme de
notation a été réalisé il y a plus de dix ans.
Il existe des places en « pool », donc non nominatives, et des places attribuées (les prix des abonnements
étant différents), ce qui permet à l’université de faire du surbooking sur les places en « pool ».
Il arrive que certaines personnes mentent sur leur lieu de résidence et que d’autres s’installent sur le parking
sans autorisation (il n’y a pas de barrières à l’entrée des parkings). Une équipe est donc chargée du contrôle
des déclarations et du respect des autorisations sur le parking. En cas de fausse déclaration, les personnes
sont mises sur liste noire et ne pourront plus demander de place. Pour les véhicules garés sans autorisation,
l’équipe de sécurité dresse un constat d’infraction assorti d’une taxe administrative de participation aux frais
de surveillance. Si la taxe n’est pas payée, le numéro de la plaque est transmis au tribunal de police qui
prend le relais pour exiger le paiement des amendes.
Il existe quelques parkings autour de l’université, mais souvent payants et bien plus chers que l’université.
De fait, cette dernière envisage d’augmenter nettement ses tarifs (il y a une différence allant de 1 à 6 entre
les tarifs de l’université et ceux pratiqués en centre ville), mais l’élasticité-prix étant très faible, cela ne
Parking de l'UNIL. © UNIL/Luis Ferreira
Page 40 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
devrait pas diminuer fortement le nombre de voitures sur le campus. Toutefois, l’augmentation des recettes
permettrait de financer de nouvelles actions pour le plan de mobilité.
Budget :
Pour les dépenses :
- une personne est dédiée à 50 % à la gestion des demandes et à la fraude sur la déclaration du lieu de
résidence ;
- une équipe de trois à quatre agents de sécurité selon les périodes surveillent les parkings et
contrôlent le respect des emplacements ;
- une personne est chargée de l’impression des macarons d’autorisation, de l’encaissement des
abonnements, de la gestion des infractions et des discussions avec les usagers.
L’équipe d’agents de sécurité et la personne en charge des infractions appartiennent à une entreprise
externe et coûtent environ 200 000 francs par an (soit un peu plus de 150 000 €).
Le coût annuel de remise à jour des algorithmes n’est pas connu, mais il est négligeable par rapport aux
autres coûts et aux recettes. Le coût initial de création du SIG n’est pas non plus connu, car il date de plus de
dix ans. Mais ce système ayant été fait par des étudiants, le coût peut-être faible voire nul.
Pour les recettes :
- les recettes liées aux abonnements pour les places. Les places sont facturées de 150 à 400 francs
selon la qualité de l’emplacement (place en « pool » ou place attribuée, etc.). Les recettes se
montent à 500 000 francs (soit environ 390 000 €) ;
- les recettes liées aux infractions, qui sont variables mais qui tournent autour de 80 000 francs par an
(soit un peu plus de 60 000 €).
Contraintes techniques :
Outre la nécessité d’avoir des places de parkings, il
faut prévoir soit un système de contrôle
automatique à l’entrée via un système de badge et
de barrière, soit une équipe de surveillance et de
gestion des contentieux comme cela est fait à l’UNIL.
Il faut aussi un système de gestion et d’attribution
des places en interne, notamment avec un système
de notation qui ne soit pas contestable.
Il peut y avoir quelques difficultés à faire respecter
Contraintes comportementales :
Dans le cas de l’UNIL, le système est devenu habituel
et accepté. D’autant plus que 80 % des usagers
viennent déjà sur le site en métro. Quelques
difficultés apparaissent chaque semestre lors des
réaffectations des places, puisque les titulaires de
place les plus mal notés peuvent alors perdre leur
droit.
Dans le cas d’un parking ouvert et gratuit qui
deviendrait payant avec emplacements réservés, les
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 41
les emplacements lorsqu’il s’agit de véhicules
étrangers, puisque la procédure pour les faire payer
une fois rentrés dans leur pays peut être
compliquée. S’il s’agit d’étudiants, les quelques cas
recensés ont pu être réglés en identifiant le
propriétaire de la voiture et en le menaçant de ne
pas pouvoir passer ses examens.
freins seraient certainement plus forts. Dans tous les
cas, l’action doit s’inscrire dans une politique plus
globale d’actions sur la mobilité, et permettre des
compensations (par exemple, la hausse du tarif du
stationnement à l’UNIL pourrait servir à financer des
tarifs préférentiels d’abonnements aux transports en
commun) pour être acceptée.
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Les étudiants ont été mobilisés au départ pour la
création de l’algorithme qui permet de noter les
lieux de résidence. Le personnel administratif peut
être mobilisé, notamment pour la gestion des
demandes. Une entreprise externe de sécurité est
engagée.
Public visé :
Tous les usagers de l’université susceptibles de venir
en voiture et indirectement tous les autres usagers
qui peuvent bénéficier d’actions financées par les
recettes du parking.
Impacts et rentabilité :
L’action est très rentable puisque les recettes
couvrent largement les dépenses et qu’il existe une
réelle marge de manœuvre pour augmenter encore
davantage les tarifs et donc dégager des moyens
supplémentaires d’actions de développement
durable.
Compétences techniques nécessaires :
Compétences pour la création de l’algorithme, mais
qui peut être fait en interne avec des étudiants en
SIG.
Conclusion :
Une action équitable qui permet de privilégier l’accès aux parkings
aux personnes qui en ont le plus besoin (handicapés et personnes
éloignées ou avec contraintes) et qui permet aussi de dégager des
fonds importants, le tout en générant assez peu de contraintes.
Mais la mise en place de l’action peut être problématique et
difficilement acceptable si elle fait passer d’un système de libre
parking à un système payant et réglementé, qui n’est pas encore
passé dans la « culture ». Il faut donc assurer une bonne
communication (système « équitable » et intégré dans un plan de
déplacement plus global).
Un campus bien desservi par le métro.
© UNIL/stramatakis
Page 42 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Parking à vélo enterré à l’université autonome de
Barcelone Rappels sur l’université :
En 2009, plus de 30 000 étudiants, 3 566 enseignants et 2 399 personnels administratifs et techniques sur
trois campus.
Budget 2010 : 341 M€
Politique de développement durable : L’UAB fait partie des établissements les plus avancés dans les
démarches de développement durable. En effet, dès 1998, l’UAB s’est officiellement lancée dans la
construction d’un Agenda 21 avec notamment une consultation exemplaire et l’appui de consultants
extérieurs. En 2002 elle rédige son premier plan d’actions 2002-2010, qui sera réactualisé et modifié en 2006
et 2007. Aujourd’hui, l’UAB réactualise et approfondi son diagnostic initial et prépare son plan d’actions
2011-2015.
Contexte de l’action :
Cette action s’inscrit dans le cadre de la politique globale de mobilité de l’UAB. Elle vise à encourager
l’utilisation du vélo sachant que l’université est confrontée à une utilisation importante de la voiture qui
provoque des embouteillages parfois conséquents pour accéder au campus. De plus, alors que le site
propose environ 7 000 places de parking, on compte habituellement 9 000 véhicules qui sont donc mal
garés.
Pour encourager l’utilisation du vélo, l’UAB a mis à disposition environ 300 places de parking à vélos
traditionnels (les barres métalliques en « u » inversé) ainsi qu’un garage à vélo enterré et sécurisé de 46
places.
Détails sur l’action :
Ce parking automatique, appelé « Biceberg » (contraction de
bicyclette et iceberg), est installé depuis 2006 et a nécessité 3 mois
de travaux. Il permet aux étudiants de garer leur vélo (et quelques
affaires comme un sac, un casque…) en toute sécurité et
rapidement. Pour le charger et le décharger, il faut utiliser une carte
électronique nominative. La surface de la cabine au-dessus du sol
est minime, les 46 places étant enterrées. Si techniquement, ces
installations peuvent fonctionner 24/24, l’université en restreint
l’accès uniquement entre 6 h du matin et 23 h 30. Partie visible du Biceberg.
Source : UAB
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 43
Budget :
Recettes : l’utilisation pour les usagers est payante : un abonnement de 12 € par mois auquel se rajoute une
tarification à l’heure (30 cts, ou 15 pour les adhérents au service d’activités physiques du campus). Mais les
trois premiers mois sont offerts, la carte d’utilisation étant livrée avec un crédit de 36 €.
Coûts : Le coût de construction est très élevé : environ 200 000 € de travaux et 300 000 € pour le parking en
lui-même. De plus, il y a des frais de maintenance de 7 000 € par an. Toutefois, l’entreprise a depuis proposé
des modèles non enterrés, donc moins chers et il est possible « d’enterrer » les parkings à moindre frais en
les installant dans des parkings voitures souterrains ou abrités. Un parking vélo de 92 places occuperait
l’emplacement de 2 places de parkings voitures souterraines.
Aujourd’hui, selon le site du constructeur, il faudrait habituellement compter 148 000 € pour un parking de
46 places plus 60 à 80 000 € supplémentaires de travaux.
Contraintes techniques :
Ce biceberg de 46 places nécessite un espace cylindrique étanche sous le sol de 7,5 m de diamètre et d’une
profondeur sous le sol de 2,5 m. Cette profondeur est variable selon les modèles qui vont de 23 à 92 vélos. Il
faut aussi prévoir entre autres une alimentation électrique et une ligne téléphonique.
Par contre, dans le cadre de l’installation présente sur le campus, de nombreux bugs ont été répertoriés et
ont fortement limité l’usage, du moins au départ.
Contraintes comportementales :
Si à priori, il n’y a pas de contraintes particulières puisque le
système est simple et sécurisé, il faut reconnaître que dans
le cas de l’université, le parking est inutilisé : seulement 4 à
5 places sont utilisées sur les 46 places disponibles.
Les causes du manque d’utilisation viennent en partie des
problèmes techniques qui ont parfois pu être rencontrés.
De plus, il peut paraître assez excessif pour des étudiants
de payer un abonnement mensuel de 12 € plus 30 cts par
heure, d’autant que de nombreuses places de parking à
vélo traditionnelles existent sur le campus. Toutefois, les
trois premiers mois sont offerts.
Enfin, l’accessibilité du campus en vélo reste à améliorer (problème de sécurité routière pour arriver de
certains villages alentour). De plus, 25 % des étudiants viennent de Barcelone (située à une vingtaine de
Un campus vallonné et difficile d'accès pour les vélos
Source : Google earth
Page 44 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
kilomètres et bien desservie en métro) et le site étant très vallonné, beaucoup d’usagers ne viennent pas en
vélo. Les freins au vélo ne sont donc pas essentiellement liés à la sécurité et ne justifient pas le recours à un
tel système (il existe par ailleurs plus d’une trentaine de parkings « traditionnels » à vélo).
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Les travaux de construction ont été faits par une entreprise extérieure, mais les services techniques de
l’université ont participé aux travaux pour le raccorder au réseau électrique et internet local. Ils ont aussi
supervisé le chantier.
Il a aussi fallu choisir le bon emplacement en fonction des contraintes techniques d’installation, et en
fonction des pratiques des cyclistes.
Public visé :
Le public visé est essentiellement étudiant, même si le parking est utilisable par tous les usagers du campus.
Un tarif préférentiel existe pour les usagers inscrits au service d’activité physique du campus.
Impacts et rentabilité :
Actuellement, le parking n’est presque pas utilisé (4 à 5 abonnés seulement) et ne rapporte donc presque
rien. L’action coûte 7 000 € par an à l’université, plus l’amortissement de l’investissement initial. L’université
souhaite d’ailleurs rendre le service totalement gratuit pour inciter d’avantage à son utilisation. Le rapport
coût/bénéfice est donc très désavantageux dans ce cas ci, l’UAB n’étant sans doute pas le campus
nécessitant le plus un tel parking.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 45
Compétences techniques nécessaires :
Il est nécessaire pour les services techniques de trouver un emplacement conforme et de pouvoir
planifier/superviser des travaux ainsi qu’y participer, mais il n’y a pas de compétences particulières.
Conclusion :
Dans le cas de l’université de Barcelone, cette action n’est pas une réussite du fait du manque de
fréquentation et d’usage du dispositif. Actuellement, l’université envisage un accès totalement gratuit, mais
ne souhaite pas faire fermer le parking. Le principe peut toutefois être plus
adapté à d’autres campus avec un terrain favorable à l’usage des vélos et où
un service de parking sécurisé des vélos serait un levier supplémentaire.
De plus, de nouveaux produits existent (Bigloo) qui permettent d’installer ces
parkings sécurisés et à rangement automatique sans les enterrer (donc à
moindre coût).
Malheureusement, pour l’instant, l’action est difficilement transposable en
France à l’identique puisque Biceberg n’a pas encore trouvé de distributeur
pour ses produits en France. D’autres systèmes de garages à vélos sécurisés
existent, mais aucun à notre connaissance en France qui permette un
rangement enterré ou un rangement automatique.
« À l'université en transport collectif et
en vélo ! ». Affiche de promotion à
l’UAB.
Page 46 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
PoMo : portail de mobilité de l’université autonome de
Barcelone Rappels sur l’université :
En 2009, plus de 30 000 étudiants, 3 566 enseignants et 2 399 personnels administratifs et techniques sur
trois campus.
Budget 2010 : 341 M€
Politique de développement durable :
L’UAB fait partie des établissements les plus avancés dans les démarches de développement durable. En
effet, dès 1998, l’UAB s’est officiellement lancée dans la construction d’un Agenda 21 avec notamment une
consultation exemplaire et l’appui de consultants extérieurs. En 2002 elle rédige son premier plan d’actions
2002-2010, qui sera réactualisé et modifié en 2006 et 2007. Aujourd’hui, l’UAB réactualise et approfondi son
diagnostic initial et prépare son plan d’actions 2011-2015.
Contexte de l’action :
Cette action s’inscrit dans le cadre de la politique globale de mobilité de l’UAB. Elle vise à informer les
personnes souhaitant se rendre sur le campus sur les différentes modalités disponibles (voiture, transport en
commun, à pied, vélo…) en calculant automatiquement les différents trajets du point de départ au point
d’arrivé voulus. De plus, le site compare automatiquement les différents moyens de transport du trajet en
présentant les temps de déplacements respectifs, leurs coûts, leurs émissions de CO2 et l’énergie nécessaire.
Détails sur l’action :
Le système de cartographie interactive est basée sur les cartes de google maps, sur lesquelles l’université a
rajouté des informations supplémentaires (notamment pour le comparatif des moyens de transports). Il est
gratuit et utilisable par tous à partir du site internet de l’université et il existe en castillan, catalan ainsi
qu’anglais. Une application pour téléphone portable va être créée, davantage d’itinéraires seront rajoutés
ainsi qu’un outil de mise en relation d’utilisateurs souhaitant covoiturer sur un même trajet.
Le site informe les utilisateurs sur les lignes de transports en commun, les horaires, tarifs, accès, stations et
parkings. Enfin, il informe aussi sur les accessibilités pour personnes à mobilité réduite. Il est basé sur le
moteur PoMo (Portal de mobilitat) de la Fundació mobilitat sostenible i segura (fondation créée en 2003 à
partir de la coopération entre le gouvernement de Catalogne, la ville de Barcelone et une ONG pour la
promotion du transport public).
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 47
Le portail est né du travail entre la fondation (en mettant à disposition les données de son portail),
l’université et DLM Solutions, une « spin-off » (c’est-
à-dire une entreprise issue de l’université) de l’UAB.
La fondation a fourni toutes les informations pour les
déplacements des communes alentours jusqu’aux
entrées du campus, et l’entreprise interne à l’UAB a
intégré les déplacements à l’intérieur du campus. Le
portail permet donc de donner le meilleur trajet pour
arriver à un bâtiment ou un service de l’université.
L’architecture du site a quant à elle été réalisée par
le service communication de l’université sous la
supervision du service mobilité du service
environnement.
Budget :
Pour l’université, le coût a été d’environ 10 000 € pour le développement de la partie externe au campus (le
calcul des trajets de n’importe quel lieu vers l’entrée du campus). La spin-off a pris en charge la numérisation
de l’ensemble des chemins internes du campus, l’identification des bâtiments et la coordination avec la
fondation. Ce travail est revenu à 7 500 €.
Pour une utilisation non commerciale comme celle-ci, l’utilisation des données de Google n’est pas payante.
Contraintes techniques :
Dans le cas présent, les contraintes n’ont pas été très
importantes puisque les ressources existaient
localement, entre les données de la fondation et
l’entreprise DLM Solutions. De fait, presque tout a
été externalisé.
Contraintes comportementales :
Il est seulement nécessaire d’être un peu habitué
aux systèmes équivalents (comme ceux de google
map), l’utilisation étant assez intuitive. Le site est
relativement bien utilisé et connu.
Acteurs impliqués dans la réalisation :
L’action a impliqué deux acteurs extérieurs : la
fundació mobilitat sostenible i segura qui avait déjà
les données nécessaires pour les accès à l’université
à travers leur portail de mobilité existant, ainsi que
l’entreprise DLM Solutions, issue des activités de
R&D de l’université.
Public visé :
Tous les usagers du campus, qu’il s’agisse
d’étudiants, d’employés ou bien de visiteurs. De
plus, étant basé sur les cartes de google map, il est
théoriquement utilisable pour n’importe quel
déplacement dans le monde, qu’il s’agisse d’aller à
l’université ou non.
Extrait du site internet de l’UAB dédié à la mobilité
Page 48 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Impacts et rentabilité :
L’université n’a pas moyen de connaître précisément l’impact du site sur les usagers et leurs déplacements,
même s’ils réalisent régulièrement une enquête déplacement. Toutefois, ils savent, par le comptage des
visites, que le site est assez fréquenté, et les retours des usagers qu’ils peuvent avoir sont globalement
positifs.
Compétences techniques nécessaires :
Outre les compétences informatiques et de communication pour développer un site internet dédié à la
mobilité, comme c’est le cas ici, ce qui a pu être fait en interne par les services communication, l’action
nécessite des compétences techniques plus poussées en SIG et informatique pour la réalisation des cartes.
Le choix a été fait d’externaliser le travail, puisque d’une part une grande part du travail avait déjà été
réalisée par la fondation partenaire et que d’autre part, une entreprise issue de l’université était capable de
réaliser le reste.
Il est aussi nécessaire de pouvoir récupérer des données précises sur l’accessibilité du campus (chemin
accessibles aux PMR notamment et cartographie de l’ensemble des routes et chemins piétons).
Conclusion :
En soi, l’action, si elle n’influence pas directement
l’aménagement du campus, permet d’en améliorer
l’accessibilité en informant les usagers sur les meilleurs modes
de déplacements possibles pour venir de l’extérieur mais aussi
et surtout pour se déplacer au sein du campus, y compris pour
les accès PMR (même si légalement, l’université doit rendre
tout ses bâtiments accessibles, ce n’est pas encore le cas).
En facilitant la préparation du trajet (prise en compte des
horaires des transports en commun), en comparant les temps
de trajet entre les différents modes et leurs impacts sur
l’environnement, le site est un élément essentiel de promotion
d’une mobilité douce sur le campus.
Surtout, cette action ne semble pas poser de trop grandes
difficultés pour un transfert en France.
Un campus excentré, surtout accessible en voiture et en
métro
Source : Google earth
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 49
5. Déchets et divers
Mise en place de bornes de sécurité sur les campus de
l’université libre de Bruxelles Rappels sur l’université :
24 000 étudiants sur 4 campus, avec 4 931 personnels (dont 3 582 ETP)
dont 1 294 ETP administratifs et 2 288 ETP enseignants-chercheurs.
Budget 2009 : 266 M€, dont 61 % en subvention gouvernementale.
Politique de développement durable :
Une politique de gestion environnementale dans 13 domaines d’actions depuis 2003. Deux postes de
coordination dédiés et un comité de suivi représentatif.
Contexte de l’action
Les campus de l’ULB sont des campus inscrits au cœur de la ville, ouverts à tous et par là même soumis à des
risques divers pour les usagers. En 1989, l’université a été la cible d’un attentat à la bombe qui a fait 3
blessés. Cet élément marquant est le déclic qui participe au développement d’une politique de sécurité plus
développée sur les campus de l’université.
Dans le cadre de cette politique, 17 bornes d’appels d’urgence ont été installées sur les trois principaux
campus. Celles-ci sont directement reliées au PC sécurité disponible 24/24.
Page 50 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Détails sur l’action :
Une quinzaine de personnes de l’université travaillent dans le service de sécurité, et 25 équivalents temps
plein appartiennent à une société extérieure.
Ces bornes d’appels servent aussi bien pour de la simple demande de renseignements que pour prévenir
l’équipe de sécurité d’un problème matériel (une voiture endommagée) ou d’un problème de santé ou de
sécurité plus grave. Elles sont disposées près des logements étudiants et dans les endroits un
peu isolés. Ces bornes servent donc principalement de moyen de communication avec le PC
sécurité et participent également au sentiment de sécurité.
Installées pour les premières il y a plus de dix ans, une seconde génération est installée depuis
moins de quatre ans et désormais, lors de la création d’un nouveau bâtiment par exemple,
l’université réfléchit systématiquement à l’installation d’une nouvelle borne si besoin.
Les bornes disposent d’une caméra vidéo pour filmer l’appelant, d’un éclairage et d’une
interface de communication avec le PC sécurité.
L’emplacement des bornes a été décidé par le service sécurité interne de l’université en
s’appuyant sur les retours des usagers, leur connaissance du campus et les besoins évidents (près des
logements étudiants, par exemple).
Budget :
chaque borne, complète et montée, revient à environ 10 000 € (selon les technologies choisies) pour les
bornes récentes. Par contre, il est très difficile de chiffrer le coût du système entier (dispatching 24/24,
gardes, etc.) puisque il est intégré dans un système de sécurité plus complet (le dispatching sert aussi pour
les appels aux portes fermés des bâtiments, etc.)
Ce prix comprend la borne finale installée, car il s’agit de bornes qu’il faut adapter aux besoins de
l’université. Cette dernière a donc fait appel à un « intégrateur », c'est-à-dire une personne qui supervise
l’achat et le montage de l’ensemble du matériel nécessaire. Les bornes sont de la marque Behnke.
L’intégrateur appartient à la société partenaire avec laquelle l’université travaille habituellement pour les
questions de sécurité.
Contraintes techniques :
Les contraintes techniques sont nombreuses si l’action ne s’inscrit pas dans un processus plus global de
système de sécurité :
- l’installation de la borne nécessite de la relier au réseau de l’université, ce qui peut être contraignant
dans le cas des lieux isolés où le premier point réseau n’est pas forcément proche. Cette contrainte
Exemple d’une borne
proposée par Benkhe.
© Benkhe
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 51
est moins vraie si les bornes sont prévues dès la construction des bâtiments ;
- l’existence d’un dispatching disponible 24/24 et de gardes mobiles qui doivent être recrutés et
formés (la législation belge impose une formation assez importante pour les agents de sécurité) ;
- la gestion de tous les flux de données (vidéo, son, monitoring…).
Dans le cadre de l’ULB, les contraintes sont plus limitées car les bornes s’inscrivent dans un schéma plus
complet de vidéo surveillance (une centaine de caméras sont installées sur les campus, une équipe de 40
personnes en tout est dédiée à la sécurité, etc.)
Contraintes comportementales :
Les bornes ont été dès le départ bien acceptées et le respect du matériel et des consignes (pas ou très peu
d’abus) viennent conforter ce ressenti. De plus, les bornes sont bien ancrées dans les habitudes des usagers,
puisque les usages, notamment pour demander des renseignements, sont nombreux.
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Seules la direction et l’équipe de sécurité sont
impliquées, avec les services techniques pour la
supervision des travaux d’installation, ainsi que
l’entreprise et l’intégrateur travaillant
habituellement avec l’université.
Public visé :
Tous les usagers du campus.
Impacts et rentabilité :
L’action ne vise pas de rentabilité, et son impact se
limite principalement à une communication sur le
campus facilitée, ainsi qu’à un meilleur sentiment de
sécurité. Les bornes ont plusieurs fois joué leur rôle
de point d’alertes pour des accidents ou des
agressions.
Compétences techniques nécessaires :
Les services techniques ont encadré l’installation,
mais les parties très techniques ont été prises en
charge par l’entreprise Benkhe et l’intégrateur.
Conclusion :
L’action est innovante puisqu’elle participe à l’aménagement d’un campus durable par l’amélioration du
confort des usagers et de la sensation de sécurité. Malgré tout, l’installation de bornes de ce type, si elle
n’est pas pensée en amont d’un projet de construction où lors d’un projet de réaménagement important,
nécessite quelques travaux et surtout l’existence d’un service de sécurité déjà existant, notamment pour la
réception des appels. Il peut toutefois exister des systèmes reliés à des PC sécurité externes et sous-traités.
Page 52 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Déchetterie partagée à l’université autonome de
Barcelone Rappels sur l’université :
En 2009, plus de 30 000 étudiants, 3 566 enseignants et 2 399 personnels administratifs et techniques sur
trois campus.
Budget 2010 : 341 M€
Politique de développement durable : L’UAB fait partie des établissements les plus avancés dans les
démarches de développement durable. En effet, dès 1998, l’UAB s’est officiellement lancée dans la
construction d’un Agenda 21 avec notamment une consultation exemplaire et l’appui de consultants
extérieurs. En 2002 elle rédige son premier plan d’actions 2002-2010, qui sera réactualisé et modifié en 2006
et 2007. Aujourd’hui, l’UAB réactualise et approfondi son diagnostic initial et prépare son plan d’actions
2011-2015.
Contexte de l’action :
Face à la grande quantité de déchets que l’université produit, cette dernière a décidé de créer une
déchetterie pouvant accueillir tous les déchets n’entrant pas dans le tri classique afin de les traiter et les
revaloriser si possible. L’originalité de ce système est que la déchetterie est partagée avec les collectivités
alentour qui peuvent venir y déposer leurs déchets. De plus, la déchetterie est associée à un système de
« bourse des matériels » : les habitants peuvent venir récupérer gratuitement des objets déposés bien que
fonctionnels, comme des ordinateurs usagés par exemple.
Détails sur l’action :
La déchetterie est ouverte depuis 1999 environ. Elle a été
financée par la Generalitat (l’organisation politique de la
Catalogne) à travers l’agence des déchets et le service
environnement de l’aire métropolitaine de Barcelone. Elle
appartient donc à la ville qui délègue sa gestion à une entreprise
privée (SIRESA).
L’université dépose majoritairement des DEEE, du bois, des
meubles, des déchets verts, piles, ampoules ou encore pneus. Au
total, 6 tonnes par mois sont déposées, majoritairement par l’université.
Un employé de la ville est présent à plein temps et un technicien de l’université est très mobilisé par la
Bennes à la déchetterie partagée. Source : UAB
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 53
ressourcerie essentiellement qui est gérée par l’université. Le technicien doit réceptionner le matériel,
estimer s’il fonctionne encore et peut être redonné, gérer les demandes d’objets et mettre à jour les
données sur le site internet.
Budget :
Coût annuel : 50 000 € environ, mais pris en charge par la collectivité. L’université a tout de même un
technicien mobilisé en grande partie par la déchetterie, notamment pour gérer la bourse aux objets.
Le coût initial de construction a aussi été pris en charge par la collectivité.
Contraintes techniques :
Pour la mise en place, construction, gestion, etc. les
contraintes pour l’université sont minimes, puisque
c’est essentiellement la collectivité locale qui s’en
occupe. Toutefois, les relations avec la ville, le
respect des consignes de sécurité, les questions
légales, etc. peuvent parfois être compliqués.
Contraintes comportementales :
Elles sont surtout liées à la nécessité d’informer sur
l’existence de la déchetterie et de la bourse aux
objets, ce qui a été fait par une campagne
d’affichage sur le campus et d’information sur le site
internet du campus. La ville s’est occupée d’informer
les habitants des communes concernées par la
déchetterie.
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Pour la gestion, l’organisation et la mise en place :
l’université à travers ses services techniques et
administratifs ainsi que le service environnement.
L’agglo de Barcelone (Àrea Metropolitana de
Barcelona) et la Generalitat de Catalogne. À l’origine,
la gestion de la déchetterie était déléguée à une
fondation à but sociale (Engrunes qui faisait de la
réinsertion avec la déchetterie), puis aujourd’hui à
l’entreprise SIRESA.
Parfois, l’université a collaboré avec le ministère de
la Justice pour faire réaliser des TIG de mineurs
délinquants sur la déchetterie.
Public visé :
Tous les usagers du campus ainsi que les habitants
de communes voisines.
De façon indirecte, elle permet aussi de toucher un
public différent de réinsertion.
Page 54 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Impacts et rentabilité :
Les quantités gérées par la déchetterie sont
croissantes et importantes et en 2010, environ 850
objets ont été redistribués (majoritairement du
matériel informatique).
L’action n’a pas vocation à être rentable pour
l’université. Les coûts sont essentiellement limités à
la mise à disposition d’un personnel technique et elle
ne perçoit aucun revenu (la ressourcerie est gratuite
et l’éventuelle revente de matériaux revalorisables
est faite par la ville)
Compétences techniques nécessaires :
Aucune compétence spécifique, l’essentiel étant
géré par la collectivité.
Conclusion :
La gestion des déchets est une des premières choses à laquelle pense généralement une université
lorsqu’elle développe une réflexion en matière de gestion durable de son campus. Ici, un ensemble de
facteurs a permis de réaliser une action très efficace et pertinente :
- l’installation d’une déchetterie sur le site du campus permet une gestion optimale des déchets
générés ;
- le fait qu’elle soit gérée par la commune permet de limiter très
fortement les coûts ;
- la mise en place de la « borsa de material » est une action sociale
et environnementale forte. En l’installant au sein de la déchetterie
partagée avec les communes voisines, elle permet de faire
profiter les populations locales de cette ressourcerie, qui autrement pourrait n’être réservée qu’aux
usagers du campus.
Il s’agit, à notre connaissance, du seul campus cumulant déchetterie
partagée et ressourcerie. Un tel projet nécessite tout de même un
important travail avec la collectivité locale et n’est pas forcément
facilement reproductible partout.
Si l'essentiel des objets de la ressourcerie
concerne du matériel informatique, on y
trouve aussi des objets du quotidien.
Source : UAB
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 55
Signalétique unifiée et optimisée à l’UNIL Rappels sur l’université :
2010 : 12 091 étudiants, 2 593 personnels en ETP sur 3 campus
Superficie : 90 ha de superficie dont 60 ha d’espaces verts
Budget 2009 : environ 289 M€
Politique de développement durable : Existence d’une politique environnementale depuis 2008, et
lancement d’un Agenda 21 en 2010. Le directeur du service bâtiment est nommé vice-recteur en charge de la
durabilité, en poste depuis le 1er septembre 2011 et il pilote l’Agenda 21 à hauteur de 30 % environ de son
temps. Le vice-recteur sera bientôt entouré d’une équipe (1,5 ETP environ). Un comité représentatif a été
constitué et l’Agenda 21 sera intégré au plan stratégique 2011-2016.
Contexte de l’action
L’UNIL est un campus situé hors de la ville, dans un cadre naturel très étendu et peu densifié. Il n’était donc
pas toujours évident de se repérer. De plus, ce campus
étendu avec des composantes assez autonomes et séparées
ne favorisait pas un sentiment d’unité et d’appartenance à
l’UNIL. L’université a alors décidé, il y a environ 6 ans et en
parallèle à un travail d’unification de l’identité visuelle (logo
unique, charte graphique unique, etc.) de créer une
signalétique spécifique, dans un but à la fois pratique
(permettre à tous les usagers de se repérer facilement,
délimiter clairement le périmètre du campus) et qui aide à
développer un sentiment d’appartenance à une même
institution.
Détails sur l’action :
Ce projet s’est traduit par la mise en place d’une signalétique complète et unifiée, aussi bien sur les espaces
extérieurs du campus qu’à l’intérieur des bâtiments :
- la répartition du campus en cinq « quartiers » : quartier Sorge, quartier Lac, quartier Dorigny, quartier
Mouline ;
- la création de grands murs bleus (couleur de l’UNIL) d’information dans les lieux stratégiques (sortie
de métro, parkings, points d’accès du campus) qui indique au piéton sa localisation actuelle, les
Un campus « champêtre » et très étendu
Photographie Alain Herzog
Page 56 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
bâtiments les plus proches, ainsi qu’un plan
complet du site et des notes historiques ou en
lien avec l’environnement local (plantes ou
arbres remarquables à proximité) ;
- la mise en place d’une dizaine de murets à
chaque carrefour, changement de quartier, etc.
qui eux aussi indiquent les bâtiments à
proximité ;
- « la Méridienne », c’est-à-dire une ligne bleue
tracée au sol et qui traverse le campus d’est en
ouest en empruntant un axe principal du campus
et qui permet de relier l’ensemble des
bâtiments. S’il ne s’agit pas toujours du chemin
le plus court, il permet d’arriver systématiquement au lieu souhaité. Des indications (bâtiments à
proximité) sont présentes sur cette méridienne à certains carrefours ;
- l’affichage en grand et repérable de loin, sur chaque bâtiment, du nom de ce bâtiment. Les bâtiments
ont d’ailleurs été rebaptisés pour passer de noms peu parlants (suite de lettres) à des « mots
valises » comme Amphimax, Batochime, Cubotron, Unithèque, etc. ;
- l’installation de panneaux fléchés permanents mais vierges permettant d’intégrer des feuilles A3
(dont un modèle type est disponible pour le personnel) pour orienter les visiteurs lors d’un
évènement particulier ;
- le changement des noms des trois stations de métro sur le campus (pour rajouter UNIL devant le
nom de la station ;
- l’utilisation de mobilier type gros cendrier en bloc béton qui sont repeints et sur lesquels des grands
affichages sont régulièrement mis-à-jour pour les étudiants (pour souhaiter bonne chance lors des
examens, pour les vœux de fin d’année, etc.) ;
- une signalétique unifiée au sein de chaque bâtiment : plan du bâtiment à l’entrée, plaque avec code
couleur (laboratoires, services, locaux techniques...), « colonne vertébrale » au plafond pour affiner
les directions…
En complément, plusieurs autres projets sont en cours :
- la création d’espaces conviviaux tous identifiés de la même manière à l’intérieur de chaque
bâtiment ;
- une meilleure information pour se repérer à l’intérieur des bâtiments (par exemple avec une
application pour téléphone mobile qui guiderait l’utilisateur jusqu’au bon bureau) ;
- une signalétique au sol (type méridienne) dans le nouveau bâtiment en construction.
Exemple de muret signalant l'arrivée dans le quartier de Dorigny
stramatakis © UNIL
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 57
Budget :
Pour l’ensemble des actions, le budget a été de l’ordre de 700 000 francs (soit moins de 580 000 € environ)
sur 6 ans.
Contraintes techniques :
Les installations peintes (méridienne, murs et murets) nécessitent une
peinture spéciale et très chère pour les protéger de l’usure (intempérie,
passage piéton, tags…).
Malgré ces précautions, il est nécessaire aujourd’hui de repeindre
certaines parties, notamment sur la méridienne.
Dans le cas de l’UNIL, il a fallu faire appel à un prestataire pour
l’installation des murs et murets, et à une agence de communication
pour l’accompagner dans la création de la signalétique.
Contraintes comportementales :
Les modifications importantes qui ont eu lieu ont généré des réticences dans une partie de la communauté
universitaire, notamment le changement de nom des bâtiments, certains estimant n’avoir pas été
suffisamment consultés.
L’unification de l’identité visuelle autour d’un logo unique a aussi rencontré quelques obstacles puisqu’un
grand nombre d’instituts avaient développé leur propre logo.
L’affichage des bâtiments, services et composantes pose aussi des problèmes, certains souhaitant parfois
être plus visible que d’autres par exemples. C’est aussi le cas pour les commerces présents sur le site.
Tous les bâtiments sont identifiables de loin
© UNIL
Plan des cinq quartiers du campus
© UNIL
Page 58 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Le travail a évidemment nécessité un travail conjoint entre la communication et le service des bâtiments
(dont le responsable est aussi le responsable développement durable). Mais pour travailler sur la réflexion et
pour le suivi de la mise en œuvre, deux agences de communication ont été associées : l’une sur la
signalétique extérieure (murs et méridienne), l’autre sur la signalétique dans les bâtiments.
Le rôle et le soutien de la direction ont été essentiels, notamment
pour ne pas céder face aux nombreuses réticences qui sont apparues.
Pour le changement des noms de stations de métro, l’université a dû
contacter l’entreprise de transports publics.
Un nouveau bâtiment est en construction. Pour définir le nom du
bâtiment, le service communication a invité tous les usagers à
proposer des noms. Deux ont été retenus puis soumis au vote par un
sondage ouvert à tous. Le nouveau nom choisi a ainsi été facilement
accepté par l’ensemble de la communauté universitaire.
La rédaction des textes informatifs sur l’histoire ou sur la biodiversité autour de la signalétique a été faite en
interne.
Public visé :
Tous les usagers du campus
Compétences techniques nécessaires
Pour un tel projet, il peut être préférable, comme l’a fait l’UNIL, d’avoir recours à une agence de
communication. Certaines compétences en génie civil ont été nécessaires et externalisées.
Méridienne tracée en bleue au sol
© UNIL
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 59
Impacts et rentabilité :
L’impact est très positif pour les usagers habituels (personnels et étudiants) qui apprécient et s’identifient
bien mieux à l’université. Par exemple, lors d’un concours du film de poche « mon UNIL à moi » (les étudiants
étant invités à réaliser des films sur l’UNIL avec leur téléphone portable), la signalétique (murs, murets,
grands numéros bleus d’étages dans les bâtiments…) revient régulièrement. Aujourd’hui, les noms des
bâtiments sont communément utilisés par tous. L’objectif de développer le sentiment d’une « appartenance
à une institution commune » est donc atteint.
Par contre, il semble que les usagers occasionnels (visiteurs, chauffeurs de taxis, livreurs) aient encore des
difficultés à se repérer : le campus de l’UNIL n’est pas situé sur la commune de Lausanne et il n’y a pas de
noms de rues sur le campus qui pourraient être renseignés sur un GPS par exemple. C’est pourquoi plusieurs
améliorations sont en projet (notamment le fait d’attribuer des noms aux chemins).
Plan de l'UNIL avec la Méridienne tracée en rouge
© UNIL
Page 60 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Conclusion :
La signalétique, en tant qu’outil d’information pour les usagers, participe à l’amélioration de la qualité de vie
sur le campus, aussi bien pour les étudiants et les salariés que pour les visiteurs plus occasionnels. Mais elle
peut aussi aider à répondre à d’autres enjeux tout aussi importants, comme le développement d’un
sentiment d’appartenance à une communauté et à une institution, ce qui n’est pas toujours le cas sur les
grands campus avec des bâtiments éloignés, souvent regroupés par filières.
Le cas de Lausanne est un bon exemple qui peut, sans contrainte technique, sociale ou réglementaire
particulière, être repris dans d’autres campus universitaires.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 61
CCHHAAPPIITTRREE DDEEUUXX :: AANNAALLYYSSEE DDUU TTRRAANNSSFFEERRTT DDEESS AACCTTIIOONNSS SSUURR LLEESS
CCAAMMPPUUSS DDEE LL’’UUNNIIVVEERRSSIITTÉÉ DDEE RROOUUEENN
Présentation de l’université de Rouen
Le contexte de l’université L’université de Rouen est composée de six sites regroupant un total de 24 044 étudiants (dont presque la
moitié sur un seul site, celui de Mont Saint Aignan), et 2 546 salariés (1 371 enseignants, 914 personnels
BIATOSS, 141 chercheurs et ITA, CNRS, INSERM et 123 personnels de recherche sur contrats).
Le parc immobilier est constitué de 55 immeubles représentant un peu plus de 275 000 m² sur l’ensemble
des sites.
Il existe six UFR au sein de l’université de Rouen, couvrant une gamme très vaste d’enseignements et de
filières :
- UFR Sciences et techniques ;
- UFR Sciences de l’homme et de la société ;
- UFR Lettres et sciences humaines ;
- UFR Sciences et techniques des activités physiques et sportives ;
- UFR Droit, sciences économiques et gestion ;
- UFR Médecine-pharmacie.
Ces six UFR sont répartis sur six sites (certains UFR étant présents sur différents sites). Ces sites sont :
Site de Mont-Saint-Aignan
Il s’agit du centre historique et administratif de l'université de Rouen. Situé sur l'un des plateaux de
l'agglomération de Rouen, surplombant la ville, ce site regroupe l'IUT de Rouen, l'UFR sciences et
techniques, l'UFR lettres et sciences humaines, l'UFR psychologie, sociologie et sciences de l'éducation, l'UFR
sciences du sport et de l'éducation physique, sur une surface de près de 16 6000 m². C’est le site le plus
important et il accueille 11 177 étudiants.
Tous les services liés à la vie étudiante y sont présents. Il s’agit du site qui servira de référence pour notre
étude.
Page 62 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
En rouge, le site de l’université de Rouen à Mont Saint-Aignan : un campus imbriqué dans la ville. Source : Google Earth
Plan détaillé du site de Mont Saint-Aignan. Source : Université de Rouen
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 63
Site Pasteur
Le Pôle Universitaire des Sciences du Tertiaire (PUST), ouvert en 2001 et situé au cœur de la ville de Rouen,
regroupe l'UFR droit, sciences économiques et gestion, les instituts IAE, IPAG, IEJ et les départements de
l'IUT de Rouen techniques de commercialisation et carrières juridiques et judiciaires.
D’une superficie d’environ 30 000 m², le PUST accueille aussi une bibliothèque universitaire disciplinaire et
un restaurant universitaire intégrés. Il est fréquenté par 5 209 étudiants.
Site de Martainville
Le site est récent puisqu’il a été inauguré en 1999. Il est proche du centre hospitalier universitaire Charles
Nicolle à Rouen et abrite l'UFR de médecine-pharmacie sur une surface de 38 000 m². Située en centre ville
de Rouen, facile d'accès, cette UFR accueille 4 626 étudiants (tous cycles confondus).
Site du Madrillet
A l'entrée de la ville de Rouen, le site universitaire du Madrillet est implanté sur une commune en plein essor
économique, Saint-Etienne-du-Rouvray, sur un parc de plus de 750 entreprises. Ce technopôle orienté vers
les technologies émergentes abrite le CORIA (COmplexe de Recherche Interprofessionnel en
Aérothermochimie) et une partie de l'UFR des sciences et techniques, ce qui représente 1 054 étudiants au
total.
Site d’Évreux
Ouvert depuis 1995, l'IUT d'Évreux accueille 1 056 étudiants dans cinq départements de formation. Évreux,
agglomération de 85 000 habitants et capitale de l'Eure est situé à une cinquantaine de kilomètres de Rouen.
Depuis 1985 et jusqu’en 1996, les sites universitaires d’Évreux appartenaient à l’université de Rouen. Mais
depuis, ceux-ci sont devenus autonomes et seul l’IUT est resté à l’université de Rouen.
Site d’Elbeuf
Appartenant à l'IUT de Rouen, le site d'Elbeuf est situé à 20 minutes de Rouen. Deux départements ont été
ouverts sur ce site : services et réseaux de communication et génie des télécommunications et réseaux,
rassemblant 286 étudiants.
Les sites de Mont-Saint-Aignan (le plus au nord) et d’Évreux (le plus au sud) sont éloignés à vol d’oiseaux de
plus de 50 km (voir carte)
Page 64 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Source : Google
La démarche de développement durable L’université de Rouen, comme de nombreuses autres universités en France, n’avait pas jusqu’à présent de
démarche structurée et portée de développement durable, même si plusieurs actions et initiatives ont pu se
développer (diagnostic sur les déchets, actions de sensibilisation à la maitrise de la demande énergétique,
etc.). Il est toutefois important de noter que politiquement, la vice-présidente du CA, Mme Carricaburu, était
en 2009 en charge des relations humaines et du développement durable et souhaitait à cette période
engager l’établissement dans une démarche d’Agenda 21.
Avec la loi Grenelle et l’obligation du Plan vert, l’université s’est engagée plus activement, notamment à
travers le recrutement à mi-temps d’un chef de projet dédié au développement durable, M. Thoumire,
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 65
rattaché à la mission HSE. Désormais, l’université souhaite s’inscrire fortement dans une démarche Plan vert
en respectant une méthodologie proche de celle d’un Agenda 21. À ce titre, une commission développement
durable a été créée et associe également les étudiants.
L’université ayant comme particularité d’avoir de nombreux sites assez éloignés, le déploiement d’une
démarche de développement durable nécessite soit un travail par étape, à l’échelle de chaque composante,
soit d’un travail de concert, à condition que des relais locaux existent. C’est vers cette option que tend
l’université.
Actuellement, différentes actions sont déjà réalisées, comme par exemple :
- une priorité donnée à la question de l’énergie dans la gestion du patrimoine bâti universitaire ;
- l’intégration de critères environnementaux et de développement durable dans les marchés publics ;
- la présence de jardins étudiants ;
- un guichet unique Modulo permettant d’éviter les déplacements des étudiants dans les différents
services/composantes du campus ;
- une politique « 0 phyto » sur l’IUT d’Elbeuf ;
- une « procédure départ congés » pour les techniciens d’Elbeuf qui vérifient toutes les sources de
consommation pouvant être coupées pendant les vacances et relèvent les compteurs pour surveiller
les fuites éventuelles pendant les vacances ;
- un important travail sur le handicap (accompagnement des projets professionnels des étudiants
handicapés avec l’association Handisup, Forum Emploi à destination des étudiants handicapés, etc.)
L’analyse du transfert des actions Avec l’aide du chef de projets Plan vert de l’université de Rouen qui a pu interroger lorsque cela était
nécessaire les personnes concernées par une action, nous avons réfléchi, pour chaque action, aux conditions
nécessaires pour la transposer sur le campus Rouennais. Sauf exception, il s’agit toujours du site principal
situé sur Mont Saint-Aignan, car c’est celui où l’information est généralement la plus disponible et où le
travail de réflexion, y compris avec les personnes impliquées, était le plus simple. Toutefois, nous nous
sommes vite aperçus que dans l’ensemble, mis à part certaines contraintes techniques, il existe relativement
peu de freins à la transposition sur les campus français des actions répertoriées. Pour certaines, l’action a
même déjà été mise en place ou initiée, de façon pilote et novatrice. Dans ce cas (notamment le pâturage
urbain) nous avons tentés de faire l’analyse directement avec l’université française qui teste l’action (ici
Lille 1).
Page 66 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Analyse action par action
Certaines actions présentées au chapitre précédent ne feront pas l’objet d’une fiche détaillée de transfert
pour les raisons suivantes :
- le parking à vélo enterré : pour l’instant, aucun distributeur n’existe pour un tel produit. Les
solutions alternatives existent, mais sont assez connues et répandues (parcs à vélo couverts et
fermés à clés, etc.) et ne nécessitent donc pas une fiche ;
- le refroidissement des locaux par recours à l’eau d’un lac : pour des raisons techniques évidentes,
l’action n’est que peu reproductible et très spécifique et ne peut donc donner lieu à une fiche ;
- la mise en place de bornes de vélos en libre service : de part le déploiement de plus en plus fréquent
de systèmes de vélos en libre service dans les villes, il ne nous semble pas pertinent de réaliser une
fiche. Il est en effet peu probable que le cas étudié à Lausanne (une association du campus qui
devient une entreprise et fournit un service nouveau sur tout le territoire) soit reproductible en tant
que telle en France où des offres de ce genre se multiplient, et où une université aurait tout intérêt à
se rapprocher de sa collectivité pour l’inciter à installer des bornes sur son territoire. L’exemple
suisse reste toutefois pertinent et une université peut avoir tout intérêt à souhaiter implanter des
stations sur son campus et à faire profiter ses usagers d’offres très avantageuses comme c’est le cas
à l’UNIL. L’action est tout de même abordée dans la fiche sur l’auto-partage, puisque des offres
conjointes auto-partage/vélo-partage existent ;
- le recours à des contrats d’énergie verte : ces offres existent déjà en France chez presque tous les
fournisseurs d’énergie, la transposition est donc toute simple. Toutefois, l’action est assez peu
répandue actuellement dans les universités françaises ;
- le travail sur la signalétique réalisé à l’UNIL, puisque cette action est parfaitement reproductible sans
freins particuliers, mais doit être adaptée au cas par cas dans chaque université.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 67
Système d’assainissement écologique Rappels sur l’action d’origine :
À l’université des sciences de la vie de Norvège, un bâtiment de 48 résidences
universitaires est équipé de toilettes à aspiration (dont les déchets sont
compostés puis utilisés en agriculture) ainsi que d’un système autonome de
traitement des eaux grises par phytoépuration.
Adaptation de l’action et différences :
Si en France, il existe plusieurs acteurs spécialistes de la phytoépuration, nous n’avons pas pu adapter
l’action au contexte de l’université de Rouen : l’emprise foncière nécessaire n’est pas disponible, notamment
sur le site de Mont Saint-Aignan et le dimensionnement aurait été très difficile à faire et peu représentatif.
De plus, en matière d’assainissement, ce sont bien les déchets des toilettes (et principalement les matières
fécales) qui sont le plus problématiques à traiter et qui génèrent l’essentiel des coûts et de la pollution.
Nous avons donc travaillé avec la société Écodoméo qui a nous aidé à examiner les conditions de mise en
place d’un système de récupération des déchets de toilettes et de compostage de ces déchets sur
l’université de Rouen.
Détails sur l’action
Écodoméo propose un système innovant de toilettes sèches séparatives. Il s’agit de toilettes sans chasse
d’eau où les urines sont récoltées d’un côté (et renvoyées vers le système d’évacuation classique des eaux
grises ou vers un système de traitement autonome) et les matières fécales de l’autre, pour être stockées et
compostées sur site (à l’aide de vers, on parle alors de
lombricompostage). L’avantage de ces toilettes sèches est
que contrairement aux systèmes individuels « classiques »
et répandus, l’entretien nécessaire est très limité, il n’y a
pas besoin de matières carbonées à rajouter (type sciure),
l’utilisateur n’a pas de vue sur les matières produites par
les usagers précédents (les matières sont immédiatement
évacuées en actionnant une manette, comme une chasse
d’eau).
Coupe latérale du dispositif et de l’aération. Source : Écodoméo
Page 68 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Budget :
Plusieurs cas sont à prévoir. Pour une installation « pilote » a minima, sur une ou plusieurs toilettes d’un rez-
de-chaussée, les coûts à prendre en compte sont :
- 1965 € HT pour une toilette écodomeo fournie avec le ventilateur et l’ensemble des éléments
nécessaires à son montage ;
- les coûts de transport et l’achat du matériel pour la construction du local de compostage. Ces coûts
sont donc variable selon le matériel souhaité pour la construction (maintenir une isolation pour un
bâtiment BBC, nécessité de s’inscrire dans une architecture ou un paysage réglementé, etc.) et la
taille nécessaire ;
- les coûts liés à la déconstruction des anciennes toilettes à eaux si nécessaire, les coûts liés aux
travaux dans le mur pour faire passer le tapis, l’installation électrique pour le ventilateur ainsi que
les frais de construction du lieu de stockage. Généralement, ces travaux peuvent être pris en charge
par le service technique, ces coûts sont donc essentiellement en temps homme ;
- le temps homme pour l’entretien. Toutefois, comme vu précédemment, il est relativement faible.
Au final, on peut chiffrer à environ 3 000 € TTC l’installation complète et opérationnelle d’une toilette,
chaque toilette supplémentaire au même endroit rajoutant 1 965 € HT supplémentaire.
Il est possible de demander l’intervention d’une personne d’écodoméo, par exemple pour faire une
présentation du système aux services techniques pour les « rassurer », auquel cas le tarif est de 600 € par
jour plus frais.
Contraintes techniques :
Elles sont nombreuses mais peuvent varier grandement d’un projet à l’autre. De plus, elles sont rarement
« insurmontables » car dans l’ensemble, elles peuvent parfaitement être prises en charge par les services
techniques. Il est important de rappeler que depuis l’arrêté du 7 septembre 2009 concernant les toilettes
sèches, ces dernières sont autorisées légalement et encadrées2. La principale contrainte reste dans le cas où
les déchets des toilettes sèches devaient être transportés avant compostage, les DDASS pouvant considérer
alors qu’il s’agit de transport de matières dangereuses, ce qui peut devenir très contraignant. C’est pourquoi
l’action initiale nécessite une adaptation : le système de compostage sur place sans transport ni contact
résout cette difficulté, alors que le système initiale de stockage des matières pour être compostées dans un
centre extérieur peut poser des problèmes.
2 Arrêté du 7 septembre 2009 fixant les prescriptions techniques applicables aux installations d'assainissement non
collectif recevant une charge brute de pollution organique inférieure ou égale à 1,2 kg/j de DBO5
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 69
Pour le reste, les contraintes techniques identifiées sont :
- l’installation de la toilette. Elle nécessite un raccord au tout à
l’égout ou au système autonome d’évacuation des eaux grises. Il
s’agit de plomberie basique et ne nécessite aucune installation
particulière lorsque les toilettes sont installées à la place de
toilettes à eaux (où la tuyauterie existante est déjà opérationnelle) ;
- l’installation du tapis d’évacuation et du ventilateur. Il faut percer
un trou dans le mur extérieur de 40x43 cm pour laisser passer le
tapis et amener l’électricité au ventilateur (consommation de 11 W). Il est aussi nécessaire de
supprimer toute ventilation préexistante dans la salle des toilettes (le ventilateur doit être la seule
évacuation d’air pour assurer l’évacuation de l’air par le bas) ;
- la construction du local de compostage. La taille du local doit être adapté au nombre de toilettes et à
leur fréquentation. La seule autre contrainte technique propre au système est que le local soit
hermétique à l’air, pour assurer une ventilation suffisante des toilettes et le bon fonctionnement du
piège à mouches. Des contraintes autres propres à l’établissement peuvent par contre exister
(limiter les ponts thermiques pour le bâtiment, constructions réglementées…) ;
- l’éventuel besoin d’un décaissement qui peut être nécessaire pour le local de compostage. En cas de
besoin mais d’impossibilité, il est possible alors de surélever les toilettes ;
- l’entretien des toilettes est relativement léger et ne change pas par rapport à des toilettes
classiques : une brosse, de l’eau (2 à 5 litres) et éventuellement des produits
d’entretien suffisent. Pour faciliter l’entretien, maintenir un accès à l’eau
dans le local est préférable pour remplir le seau ou pour installer
directement une douchette. Le tapis, en tant que partie la plus salissante,
doit être nettoyée toutes les semaines ou deux semaines pour un usage de
particuliers. Pour un usage en université, il sera sans doute préférable de le
faire plus régulièrement (ce qui est déjà le cas pour le nettoyage des
toilettes à eau). Il se fait en mettant de l’eau sur le tapis puis en brossant en
actionnant la pédale mécanique (aucun démontage nécessaire) ;
- une fois par an, un entretien plus poussé est nécessaire : nettoyage du bac à urine (qui nécessite une
opération de démontage du bac de toilette) et le nettoyage des racles présents aux extrémités du
tapis. Ces opérations sont simples et rapides ;
- l’entretien pour le compost. Un local classique comporte trois zones :
l’arrivée des matières sous l’extrémité du tapis, la première zone de
compostage, la zone de compostage final et de stockage. Les matières
doivent être déplacées d’une zone vers l’autre avec un croc à fumier.
La fréquence de déplacement des tas vers les zones dépend de la
fréquentation des toilettes. Il est aussi nécessaire d’arroser
légèrement les matières dans les zones B et C et de recouvrir le tas
de compost avec un plastique humide ou de la paille pour maintenir
l’humidité qui assure la survie des lombrics. Une fois le compost
Coupe latérale du local de
compostage. Source : Écodoméo
Nettoyage à l'eau d'une
toilette. Source : Écodoméo
Déplacement des tas de compost.
Source : Écodoméo
Page 70 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
mur, les vers migrent automatiquement vers le prochain tas à composter ;
- l’absence d’odeurs est assurée par la ventilation installée dans le local de compostage qui peut aussi
être raccordée à un système de ventilation double-flux, mais il est nécessaire de ne pas avoir
d’extraction d’air dans le local des toilettes ;
- les toilettes aux étages peuvent aussi fonctionner sur le même système, mais nécessite des
adaptations (décalage des tapis de côté ou en longueur, adaptation de la zone de stockage…) ;
- enfin, l’absence de fréquentation pendant les vacances et notamment la période estivale n’est pas
problématique : les vers se régulent très bien et s’adaptent à l’arrivée ou non de nouvelles matières
à composter.
En pratique, l’utilisation du compost de toilettes sèches est acceptée « sur la parcelle », c'est-à-dire sur les
espaces verts de l’université. Toutefois, que ce soit pour l’installation des toilettes ou pour la gestion du
compost, il semble qu’il faille travailler avec les ARS (agences régionales de santé) ou tout du moins auprès
de la DDASS concernée.
Contraintes comportementales :
En matière de toilettes sèches et d’assainissement écologique, les freins majeurs sont évidemment les freins
psychologiques, limitant l’acceptabilité du projet.
Pour lever ces freins, il est important de démarrer par une phase pilote et idéalement de l’accompagner
d’une phase de sensibilisation, de présentation et d’explication.
Des affiches dans les toilettes pour expliquer l’intérêt et le fonctionnement sont nécessaires. Le principal
atout des toilettes écodoméo est que les déchets sont évacués par le tapis et donc invisibles pour
l’utilisateur suivant.
Pour les usagers :
La solution la plus facilitatrice consiste à cibler un public étudiant pour la phase pilote, généralement plus
sensibilisé et militant qu’un public de salariés, d’autant plus quand il s’agit d’étudiants scientifiques
conscients des enjeux de l’assainissement (biologistes, écologues…) ou d’étudiants militants (association de
développement durable, d’environnement…). De plus, installer, comme c’est le cas à l’université de Norvège,
les toilettes dans les résidences étudiantes permet d’assurer un usage régulier toute l’année scolaire et plus
facilement quantifiable (le projet est plus facile à dimensionner).
Toutefois, l’installation sur des résidences universitaires nécessite un travail de sensibilisation et de
discussion avec le CROUS, alors que dans de nombreuses universités, les relations CROUS-université ne sont
pas toujours simples.
Il peut aussi être préférable de choisir un mode de lumière différent du plafonnier (éclairage sur les côté,
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 71
ambiance « tamisée » pour ne pas voir l’intérieur de la cuvette sur le tapis.)
L’expérience montre que les réticences sont essentiellement liées à une méconnaissance du système et à
des à priori non fondés (sur les odeurs et l’hygiène principalement). Ces réticences disparaissent
généralement après une première utilisation « réussie ». Mais il est donc essentiel que le système
fonctionne bien (pas de panne de la ventilation, pédale fonctionnelle…) et que les toilettes soient
correctement entretenues et lavées.
Pour les services techniques et les agents d’entretien
Il faut impliquer les agents techniques et les agents d’entretien dès l’amont du projet, car leur acceptation
est nécessaire. Outre les travaux d’installation, relativement simple, les agents techniques devront rentrer
dans le local de compostage, vérifier la bonne gestion des tas et entretenir les racles du tapis. Si possible,
une visite de l’installation avec une collectivité proche ayant un système similaire et une rencontre avec les
services techniques en charge de l’entretien peut être un bon moyen de convaincre les équipes de
l’université.
Il est aussi important de les former.
Cet entretien peut aussi être fait en partenariat avec des associations étudiantes militantes qui pourront soit
prendre entièrement en charge l’entretien et le suivi (mais cela pose des problèmes en cas de difficulté de
l’association et avec les problématique d’absences des étudiants pendant les vacances scolaires), soit
participer et réduire les appréhensions des équipes.
Pour l’acceptabilité générale d’un tel projet
Il n’est pas évident de faire accepter un tel projet.
Pour faciliter la prise de décision, il est important :
- d’insister sur les retours d’expériences existantes. Ces retours sont rares voire inexistants en
université en France, mais de nombreuses collectivités ont un système similaire pour des lieux
touristiques mais aussi pour des administrations ;
- d’insister sur l’enjeu pédagogique : les toilettes sèches peuvent être un support d’études et de
recherche intéressant, à l’image de ce qui est fait à l’université de Norvège. Un projet similaire existe
à l’université Xavier aux Philippines où la faculté de médecine utilise les déchets et le compost
comme support d’analyses, où la faculté d’agronomie utilise le compost et où la section dédiée au
design a participé au dessin et à la fabrication des toilettes ;
- de sensibiliser à l’impact environnemental : une personne utilise en moyenne 15 à 20 000 litres
d’eau potable par an pour les toilettes. Les consommations d’eau des bâtiments de cours sont
essentiellement dues à l’usage des toilettes et peuvent donc générer quelques économies à terme.
Mais la question de l’assainissement écologique va plus loin, puisqu’elle touche à des
problématiques de coûts sociaux (le traitement collectif actuel revient extrêmement cher), de
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pollution des sols et de l’eau (suite aux métaux lourds, molécules de médicaments et autres
polluants dilués qu’on ne sait pas traiter actuellement et qui retournent dans l’eau), de fertilité des
sols et d’économie de ressources rares (l’agriculture intensive actuelle épuise les sols et consomme
énormément de phosphore et d’azote, alors que l’urine et le compost des toilettes sèches peuvent
enrichir les sols). Comme nous l’avons vu, le compost produit peut-être utilisé « sur la parcelle »,
donc pour les espaces verts de l’université.
Cas pratique dans le cas de l’université de Rouen
L’adaptation de l’action à l’université de Rouen démontre toute la difficulté de mise en place d’un tel
système au contexte universitaire français.
Comme tous les campus en France, les sites de l’université de Rouen sont tous reliés au réseau
d’assainissement collectif. La mise en place d’un système d’assainissement écologique individuel ne répond
pas un besoin technique d’assainissement. Son intérêt ne peut donc être qu’à portée pédagogique et de
recherche, ainsi que d’exemplarité et dans un but de communication. Déployés à l’échelle de l’ensemble des
toilettes, le système de compostage par bâtiment est peu adapté et nécessite une multiplication des zones à
entretenir, d’où une surcharge de travail non négligeable pour les agents du service technique. Si l’entretien
pour une zone de stockage peut être assez modeste, la multiplication à tous les bâtiments complique le
travail.
En ce sens, un système plus proche de ce qui se fait à l’université de Norvège nous semblerait plus approprié
(toilettes à aspiration pouvant être reliées à un espace de stockage partagé entre plusieurs bâtiments
proches).
De plus, peu de bâtiments se prêtent à une telle installation :
- la mise en place de ce système sur des logements étudiants est du ressort du CROUS, or
actuellement à Rouen, la mise en place de projets pilotes de ce type ne fait pas partie des priorités,
d’autant plus qu’un changement de directeur est prévu à court terme ;
- dans plusieurs bâtiments, les murs derrière les salles de toilettes donnent directement sur des
parkings ou des espaces sur lesquels il n’est pas envisageable de construire un local de compostage ;
- dans d’autres bâtiments, les toilettes viennent d’être équipées de nouveaux dispositifs (comme un
détecteur de présence pour les chasses d’eau). Il n’est donc pas possible de détruire ces toilettes
pour en installer de nouvelles ;
- la performance énergétique des bâtiments est une priorité pour l’université et il est difficile de faire
accepter d’engager des travaux nécessitant de trouer un mur et d’y adosser un local de compostage
qui risquerait de créer de nouveaux ponts thermiques, surtout que de nombreux bâtiments viennent
d’être rénovés ou construits.
Au final, l’installation d’un tel équipement ne pourrait se faire qu’à une échelle très modeste, ce qui
confirme l’aspect pédagogique ou recherche et diminue l’intérêt écologique.
Il est donc techniquement peu envisageable d’installer des toilettes sèches à compost sur l’université de
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 73
Rouen. Il faut toutefois noter que plusieurs portes d’entrées existent pour favoriser la mise en place d’une
telle action si jamais les conditions techniques venaient à changer :
- une école d’ingénieurs agronomes, présente sur le site de Mont Saint-Aignan, pourrait voir dans le
système de compostage une zone d’études ;
- des projets de noues végétalisées pour les eaux pluviales : ce projet pourrait faire du lien avec la
mise en place de toilettes sèches et éventuellement même, sous réserve d’une étude préalable, être
transformées en filtres plantés d’épuration des urines ;
- le calcul des économies d’eau générées : actuellement à l’université, il n’existe pas de politique
structurée de gestion et d’économie de l’eau ;
- l’existence d’associations étudiantes spécialisées sur le volet environnement, même si pour l’instant,
peu se sont mobilisées sur le projet de Plan vert de l’université.
Toutefois, après les premiers échanges entre le chef de projet et l’université, il est clair que de nombreuses
réticences se font jour, ce qui n’est pas surprenant pour ce type de projets mais qui précisent bien toute la
difficulté de mise en œuvre.
Cas pratique au CUFR JF Champollion d’Albi
Le CUFR Champollion d’Albi (Tarn) est très certainement l’établissement le plus en avance sur
l’expérimentation de toilettes sèches en France, notamment parce qu’il cumule plusieurs facteurs
facilitateurs :
- la présence d’une association étudiante (EnviSaGe) d’un master concerné (gestion sociale de
l’environnement et valorisation des ressources territoriales) même s’il n’est pas directement en lien
avec les aspects biologiques ou agronomiques (il s’agit d’un master de sciences humaines). Cette
association est très impliquée sur les questions d’assainissement écologique et elle fait de la location
de toilettes sèches pour tout type d’évènementiels depuis plusieurs années. Elle a donc une certaine
expérience et installe régulièrement des toilettes sèches sur le campus lors des nombreux temps
forts (festival étudiant, colloques, journées portes ouvertes, etc.). De plus, le soutien d’une autre
association, l’AFEV (association étudiante d’envergure nationale qui est présente sur de très
nombreux campus français) est un levier important : cette association a des permanents salariés qui
assurent une continuité dans les projets face au turnover étudiant tout au long de l’année (y compris
pendant les vacances scolaires) ;
- une acceptabilité sociale des toilettes sèches assez forte sur le campus, y compris de la part des
administratifs et de la direction, habitué aux expérimentations en la matière et à la présence de
toilettes sèches tous les ans lors du festival étudiant. De plus, le projet s’inscrit dans une démarche
globale de développement durable d’établissement (dénommée éco-campus) relativement bien
identifiée ;
- un bâtiment dédié à la vie étudiante qui regroupe les associations étudiantes et tous les services aux
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étudiants (médecine étudiante, service des bourses, CROUS…) autogéré par l’AFEV en concertation
avec l’ensemble des usagers qui a permis une phase d’expérimentation de toilettes sèches
« classiques » (sans évacuation automatique dans un local de compostage) pendant quelques
temps ;
- un projet de réaménagement du campus qui prévoit la construction de nouveaux bâtiments et le
réaménagement du bâtiment dédié à la vie étudiante géré par l’AFEV. Les deux associations
(EnviSaGe et l’AFEV) ont profité de ce projet pour prévoir en amont la construction d’un espace de
stockage permettant d’installer des toilettes sèches.
On retrouve dans cette expérimentation l’ensemble des leviers nécessaires à la mise en place d’un tel projet
qui semble en bonne voie. Pour l’instant, lors des premières réunions avec le maitre d’ouvrage, l’AFEV a
toujours été consultée pour proposer ses idées quant à l’organisation pratique du nouveau bâtiment. La
présence de toilettes sèches semble pour l’instant bien acceptée, y compris par la direction, et la présence
d’un local de compostage devrait être intégré au projet soumis à candidature pour les architectes. En effet,
lors des premières interrogations de la DDASS sur la possibilité d’installer des toilettes sèches, ce qui posait
problème était le transport des déchets (considérés comme des matières dangereuses) vers un lieu de
compostage. En compostant sans déplacer les déchets, il ne semble plus y avoir de problèmes
réglementaires pour l’installation.
Acteurs impliqués dans la réalisation
- Services techniques et du patrimoine immobilier (étude préalable, choix de l’implantation des
toilettes et du local, construction)
- Agents d’entretien
- Éventuellement étudiants (sensibilisation, analyse des besoins…)
- L’architecte ou le maitre d’ouvrage si l’action s’inscrit dans un projet de construction ou de
réhabilitation d’un bâtiment.
Pour les acteurs extérieurs :
- L’entreprise qui fournit de matériel (ici Écodoméo) ainsi qu’éventuellement un bureau d’études pour
dimensionner un système de filtration des eaux grises ou des urines, pour un système
d’assainissement complet similaire à celui de l’université des sciences de la vie de Norvège
- L’agence régionale de santé (ARS) ou au moins la DDASS et/ou la DRASS qui pourront être consultées
en amont et émettre un avis et d’éventuelles conseils.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 75
Public visé :
Tous les usagers du bâtiment.
Compétences techniques nécessaires :
Outre les compétences « classiques » de construction/plomberie que les services techniques des universités
ont déjà, il peut être nécessaire de former les agents à la gestion du lombricompostage pour s’assurer que
celui-ci est convenablement mené. Si cette formation est très simple et peut parfaitement être faite en
interne, il est possible de faire venir une personne extérieure qui aurait alors plus de poids et de légitimité,
ce qui peut aussi faciliter l’acceptabilité.
Impacts et rentabilité :
L’impact environnemental est non négligeable :
- les consommations d’eau peuvent être fortement réduites, en fonction des lieux et du nombre
d’installation des toilettes ;
- la baisse des pollutions et des volumes à traiter en station d’épuration (même si à l’échelle d’une
ville ou d’une agglomération, l’impact seul de l’université est forcément marginal) ;
- l’utilisation de compost produit sur place plutôt que le recours à des engrais synthétiques achetés.
Le calcul de la rentabilité va évidemment être à mesurer au cas par cas : selon qu’il s’agisse de bâtiments de
cours, de bâtiments administratifs ou de résidences universitaires, les fréquences et usages seront très
différents. Toutefois, dans un bâtiment de cours uniquement, on peut estimer que la consommation d’eau
résulte à 70 % de l’usage des toilettes (le reste étant pour les lavabos et l’entretien), ce qui représente un
potentiel d’économie de 70 % d’eau si toutes les toilettes sont changées. Dans le cas de l’IUT d’Elbeuf (pour
lequel nous avons des consommations complètes et fiables), cela reviendrait à une économie de 340,55 m³
d’eau par an. Le prix moyen de l’eau à l’université est de 2,9 €/m³ soit une économie d’un peu moins de
1 000 € par an.
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Conclusion :
Il s’agit clairement d’une des actions les plus difficiles à transférer, du fait des contraintes techniques
existantes mais surtout des réticences qui apparaissent. Qu’il s’agisse d’un système type Écodoméo ou d’un
système par aspiration comme celui de l’université de Norvège, il est impératif de regrouper un ensemble
d’éléments au bon moment pour voir se développer l’action :
- un projet de rénovation important ou de construction d’un nouveau bâtiment, afin de prévoir en
amont un espace de compostage adapté (ou un système de plomberie adapté dans le cas d’une
adaptation stricte du système de l’université de Norvège) ;
- une filière d’enseignement ou un laboratoire directement concernés et qui soient moteurs dans la
demande ;
- une sensibilisation très forte sur les enjeux, le fonctionnement, les idées reçues, puisqu’il s’agit
d’une thématique « sensible » ainsi que d’un accompagnement aussi bien sur les questions
techniques que législatives ;
- un espace au sol suffisant dans le cas de la mise en place d’un traitement des eaux grises et/ou des
urines par phytoépuration ;
- l’acceptation de l’ensemble des acteurs concernés (usagers, direction, services techniques…) au
risque de voir une non utilisation ou un mauvais entretien mettant à mal l’ensemble du projet.
De plus, le système étant encore très nouveau et relativement peu connu, les freins réglementaires peuvent
exister, notamment à cause d’interprétations et de réactions différentes selon les DDASS.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 77
Urinoirs sans eau Rappels sur l’action d’origine :
Au départ, 3 urinoirs sur chacun des trois étages du bâtiment pilote ont été changé, puis
rapidement 6 autres ont été installé dans un autre bâtiment. Un nouveau bâtiment va ouvrir
dans qui sera lui aussi équipé. Les urinoirs sont des urinoirs Urimat à occlusion mécanique
(système de coupe odeurs). Lors de la première installation d’urinoirs, il a été nécessaire de
communiquer sur ce nouveau système pour limiter les réticences, avec la possibilité pour les
usagers de faire des retours et de donner leur avis.
Adaptation de l’action et différences :
Pour des raisons pratiques (connaissance des consommations notamment), l’adaptation théorique est plus
simple si elle est faite à l’échelle de l’IUT d’Elbeuf. Il n’y a pas nécessité d’adapter particulièrement l’action
d’origine qui est relativement simple.
Détails sur l’action :
Il y actuellement 42 WC à l’IUT d’Elbeuf répartis entre deux départements. Le département R&T rassemble
l’ensemble des urinoirs soit 12 urinoirs consommant 2,5 L d’eau, et l’essentiel des cuvettes traditionnelles
(20 cuvettes à 9 L environ par chasse).
Le département SRC compte 6 cuvettes équipées de bouton pressoir à 5,5 L par chasse, et deux cuvettes
traditionnelles (9 L). Un amphi est partagé par les deux départements et comporte une cuvette presto et une
cuvette traditionnelle.
Il est difficile d’estimer la consommation liée uniquement aux toilettes, et encore plus difficile pour la
consommation uniquement liée aux urinoirs. En lissant sur les quatre dernières années, la consommation
totale (1 946 m³) équivaut à 13 litres par usagers et par jour, tous usages confondus, soit à 486,5 m³ par an.
Les usages étant uniquement : lavabos, toilettes et eau pour l’entretien des bâtiments, il est clair que les
toilettes sont le principal poste de consommation.
Pour estimer la consommation d’eau des urinoirs, nous feront les hypothèses suivantes :
- 70 % de la consommation totale provient des toilettes, soit 340,55 m³ d’eau par an ;
- dans une administration (qui n’est donc pas un lieu de vie) les hommes utilisent trois fois sur quatre
les urinoirs plutôt que les cuvettes quand ils ont le choix ;
- hommes et femmes vont aussi souvent l’un que l’autre aux toilettes.
Avec ces hypothèses et les informations fournies sur la répartition des différentes toilettes à l’IUT d’Elbeuf
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ainsi que la répartition des usagers (nombres d’hommes et de femmes dans chaque département), on peut
estimer la consommation totale des urinoirs à 108 m³ environ.
Budget :
L’ULB a utilisé des urinoirs de la marque Urimat dont les prix constatés sont en général entre 400 et 500 €.
Toutefois, il existe désormais des adaptateurs « Ki » de « Vision verte » qui peuvent se fixer sur des urinoirs
classiques, si leur diamètre d’évacuation est supérieur à 48 mm. En installant
l’adaptateur et la membrane « Ki », un urinoir à eau est transformé en urinoir sec très
simplement. Adaptateur et membrane coûtent au total 67 € (des réductions sont
envisageables pour des achats groupés) ce qui porte le surcoût à 67 € seulement,
puisqu’il n’y a pas à changer les urinoirs.
Avec ce système, le budget pour l’adaptation de tous les urinoirs de l’IUT serait de 804 €, sans le temps
agent pour la pose.
Sinon, l’achat d’un urinoir neuf sans eau est de 195 € pour le modèle « Ki » le moins cher,
ce qui fait un surcoût très limité par rapport à un urinoir classique neuf.
Contraintes techniques :
Comme nous l’avons vu dans l’action d’origine,
les urinoirs sans eau s’adaptent très bien dans
les locaux existants. Ils ne nécessitent pas
d’arrivée d’eau et se posent facilement en
quelques minutes par les services techniques
Contraintes comportementales :
Les urinoirs ne nécessitent pas de changement
d’habitudes, puisqu’ils s’utilisent de la même façon que les
urinoirs classiques, mais sans avoir à presser la chasse.
L’absence d’odeurs permet de ne pas constituer un frein à
l’utilisation.
Toutefois, avant d’être essayé, certaines réticences
peuvent apparaître, par méconnaissance et peur du
résultat. Il y avait aussi des réticences financières
(surcoût), d’où la volonté d’une phase pilote à Bruxelles.
L’université y a accompagné la phase pilote d’affiches
pour communiquer sur l’intérêt et le fonctionnement et
pour proposer de faire des retours/commentaires, ce qui
semble la bonne marche à suivre. Une fois installés, les
urinoirs sont globalement bien acceptés.
Adaptateurs « Ki »
pour urinoirs à eau.
Source : Vision verte
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 79
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Les services techniques pour la pose.
Public visé :
Tous les usagers des urinoirs, à savoir étudiants et
personnel de l’université.
Impacts et rentabilité :
En diminuant de 100 % la consommation d’eau
à chaque utilisation, l’impact est immédiat et
efficace. Les urinoirs doivent être lavés à l’eau
comme des urinoirs classiques. D’après le
constructeur, ces urinoirs permettent
d’augmenter la durée de vie des canalisations
d’évacuation (c’est le mélange de l’eau et
l’urine qui est agressif pour les canalisations).
Dans le cas de l’IUT, pour un remplacement de
l’ensemble des urinoirs, et avec le calcul
effectué précédemment, il est possible
d’économiser 108 m³ par an, soit, pour un prix
moyen du m³ de 2,9 €, une économie annuelle
d’environ 313 €.
Dans l’hypothèse où les urinoirs peuvent être
adaptés à la membrane « Ki » sans les changer,
l’action est rentable en deux ans et demi.
Compétences techniques nécessaires :
Pas de nouvelles compétences nécessaires, installation par
un professionnel « classique » qui est même plus simple
(absence de d’arrivée d’eau et de robinetterie)
La mise en place des adaptateurs ne nécessitent pas non
plus de compétences techniques particulières. Il est par
contre sans doute préférable de démonter la robinetterie
de la chasse pour bien montrer qu’il s’agit d’urinoirs secs.
Conclusion :
À l’échelle d’une université, l’action permet à la fois une sensibilisation à tous les usagers tout en pouvant
avoir un impact non négligeable sur des consommations d’eau (plus de 100 m³ par an pour l’IUT d’Elbeuf qui
ne concentre que moins de 300 étudiants). L’action ne nécessite que très peu de moyens et ne modifie qu’à
la marge les habitudes des personnels techniques et d’entretien. Les réticences peuvent rapidement être
levées.
Page 80 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Installation d’une bergerie pour l’entretien des espaces
verts Rappels sur l’action d’origine :
Depuis une dizaine d’année, l’UNIL a installé sur son campus un troupeau
de mouton pour entretenir une grande partie des espaces verts (10 ha
environ). Pour accompagner ce troupeau, un jardinier est devenu
moutonnier, propriétaire des bêtes et l’université a construit une bergerie
d’environ 150 m². L’objectif premier était de limiter les nuisances
générées par les tondeuses.
Adaptation de l’action et différences :
Lille 1 ayant déjà testé cette action, nous avons donc pu identifier avec cette université les conditions de
mise en place de l’action sur un campus français. Pour information, Lille 1 dispose d’un campus de 110 ha
dont environ 30 à 40 ha d’espaces verts. Un organe pilotant la démarche développement durable existe avec
un chargé de mission dédié. La ligne budgétaire affectée à la mission DD est de 50 000 €.
L’action lilloise n’est pas exactement la même que l’action à Lausanne. Elle est plus récente (2 ans) et si à
l’origine, des moutons étaient présents, aujourd’hui l’université ne fait appel qu’à des ânes, poneys et
chevaux. De plus, l’action est externalisée (prestataire) alors qu’à Lausanne elle est entièrement réalisée en
interne, par les services de l’université. D’après le prestataire, il est préférable d’éviter de travailler avec des
moutons qui sont des animaux assez recherchés et plus facilement soumis au vol.
Détails sur l’action :
L’action s’inscrit dans un cadre plus général d’une politique de gestion différenciée des espaces verts,
comprenant entre autres l’arrêt de l’usage de produits phytosanitaires, la requalification des bassins, la
création de prairies fleuries, la pose d'abris faune, la mise en place d'un parcours
pédagogique « biodiversité » et d'un arboretum, par exemple.
En 2009, les services techniques et la mission développement durable ont chacun, en
parallèle, initié des réflexions sur une gestion différenciée des espaces verts. Ces deux
groupes ont pu ensuite travailler ensemble à la mise en place des deux principales actions :
l’arrêt des produits phytosanitaires et l’entretien de certaines parcelles par pâturages.
Pour cette action, l’université fait appel à un prestataire extérieur (écozoone) qui lui
assure :
- la fourniture du bétail ;
Logo d'Écozoone
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 81
- la gestion de la charge pastorale (c'est-à-dire la quantité d’animaux à mettre sur une parcelle pour
un temps donné et les rotations entre parcelles nécessaires au bon entretien des espaces verts) ;
- les soins vétérinaires ;
- la fourniture et l’installation des clôtures électriques.
L’université n’a à sa charge que la mise à disposition de l’eau (les abreuvoirs sont gérés par les services
techniques) et la surveillance régulière (sécurité du site, problèmes divers…). Il s’agit d’un choix, le
prestataire pouvant aussi assurer lui-même la surveillance par exemple.
Les services techniques dédiés aux espaces verts ainsi que le PC sécurité sont internes à la Cité scientifique,
nom du quartier où est installée l’université avec différents acteurs (privés ou publics, comme le CROUS, des
ruches d’entreprises, le CNED ou encore Météo-France). Ces acteurs sont réunis au sein du DUSVA (domaine
universitaire scientifique de Villeneuve d’Ascq) où Lille 1 est largement majoritaire. C’est la DUSVA qui gère
les équipes sécurité et espaces verts. Les animaux sont installés de début mai à mi-octobre sans interruption
sur un total de six parcelles représentant 3 à 4 ha. Écozoone propose une certaine diversité d’animaux afin
de s’adapter à tout type de parcelle et d’environnement (bruyant, fréquenté, etc.)
Budget :
Le montant du marché s’élève à 28 500 € HT soit 35 000 € TTC. Il faut y rajouter l’eau pour les animaux qui
est à la charge de l’université, même si le montant est faible (mais non connu). Le budget sera plus élevé
dans le cas d’une université qui ne pourrait pas assurer en interne un système de surveillance continu des
animaux. Le budget varie aussi également en fonction de la charge pastorale (c'est-à-dire la taille et le type
des parcelles à entretenir).
Contraintes techniques :
Pour l’université, les contraintes sont relativement peu nombreuses puisque pour l’essentiel, elles sont
prises en charge par le prestataire (soins vétérinaires, rotations, clôtures électriques…). De plus, le niveau de
contrainte dépend des moyens de l’université : l’entreprise peut prendre en charge différents éléments. À
Lille, la surveillance des animaux est prise en charge par le PC sécurité, et l’eau est distribuée par les agents
d’entretien des espaces verts. C’est Écozoone qui installe les clôtures.
Mais Écozoone peut prendre en charge la surveillance (jour et nuit au lancement quand l’action « surprend »
encore, puis une surveillance moindre par la suite), la distribution d’eau, etc.
Le recours à un prestataire résout aussi les problèmes d’assurance, cette dernière étant souscrite par le
prestataire qui reste responsable de ses bêtes. Il est important de savoir qu’il n’y a pas de contrainte liée à la
taille des parcelles : Lille 3 expérimente actuellement un pâturage sur des patios intérieurs de 150 m³.
Écozoone s’occupe d’estimer la bonne charge pastorale et les rotations nécessaires pour l’entretien des
parcelles, quelle que soit leur taille.
Page 82 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Contraintes comportementales :
Au lancement de l’action, l’université a dû faire face à des réticences dans les services techniques. En effet,
d’une part ces derniers ont pu craindre que l’université ne vienne leur imposer « d’en haut » de nouvelles
pratiques, d’autre part travailler avec des animaux peut a priori faire peur (« qui va faire quoi ? ») et enfin,
certains agents y ont vu une dégradation de leurs conditions de travail car la tonte, bien qu’étant une
activité répétitive et peu valorisante, était parfois vue comme une distraction, un moment agréable.
Pour limiter ces réticences, l’université a pris le temps de faire une présentation détaillée du projet et de son
fonctionnement (rôle de chacun et notamment du prestataire qui s’occupe de l’essentiel) et d’expliquer que
ce projet, issu des réflexions de la mission développement durable de l’établissement, allait dans le même
sens que les réflexions initiées en interne dans les services techniques. De plus, le projet a d’abord débuté
sous forme de projet pilote pour tester le fonctionnement et démontrer l’intérêt aux agents.
Dès la mise en place, les agents ont réalisé que le système leur permettait de dégager du temps pour des
activités souvent plus intéressantes ou valorisantes que la tonte. De plus, en parallèle, l’université
demandant aux services techniques de dégager plus de temps pour maintenir les sites plus propres, l’arrivée
des pâturages leur a permis de répondre à cette demande sans surcharger les équipes. Aujourd’hui, les
services techniques disent ne pas imaginer revenir en arrière.
Pour éviter toute réticence au niveau des étudiants, la sélection des parcelles a impliqué de ne pas retenir
les espaces habituellement utilisés par les usagers lors des pauses.
Quelques incidents ont été noté cette année (des étudiants rentrant dans les espaces clôturés pour
s’approcher des animaux) mais sans gravité et rapidement gérés par le PC sécurité.
Acteurs impliqués dans la réalisation :
- le prestataire
- les services techniques (espaces verts)
- le PC sécurité
Public visé :
Prioritairement les équipes des espaces verts qui
sont dégagés d’une tâche bruyante, répétitive et
chronophage. Mais au final, tous les usagers en
profitent : moins de bruits et de pollution de l’air,
des espaces verts plus agréables à regarder (diversité
des espaces, pas de tonte « à ras »).
De plus, l’action a permis d’attirer de nouveaux
usagers extérieurs au campus, comme des familles
qui viennent en journée ou lors des week-ends
regarder les animaux.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 83
Impacts et rentabilité :
L’impact est très positif en terme de biodiversité (les animaux sélectionnent naturellement des espèces à
manger ou à laisser pousser davantage), de pollution de l’air (les moteurs thermiques des tondeuses étant
très polluants) et de bruit (moins de tontes mécaniques). Les animaux fournissent aussi un engrais naturel
accueillant lui-même un nouveau biotope.
Sur le point de vue humain, l’impact est lui aussi très positif : les services techniques apprécient d’avoir plus
de temps pour d’autres tâches, et la surveillance des animaux a offert aux agents de sécurité une activité
plus valorisante qu’une surveillance de site habituelle. De plus, les usagers apprécient de voir des animaux
sur le campus et cette action permet de recréer du lien avec le territoire, puisque des habitants des environs
viennent eux aussi sur le campus voir les animaux.
L’université n’a pas encore réalisé d’étude sur la rentabilité. Toutefois, des économies de carburant sont
évidentes et les services techniques ont eu plus de temps pour réaliser d’autres tâches, ce qui aurait été plus
compliqué ou source de stress autrement. Il faut toutefois rapporter ce gain au coût global, à savoir le
montant de la prestation ainsi que le coût de l’eau (non comptabilisée pour l’instant). La rentabilité peut-
être totalement différente pour une université n’ayant pas déjà un PC sécurité installé, puisque dans ce cas,
il est nécessaire de sous-traiter la surveillance des animaux à la société Écozoone. Mais selon la taille des
espaces verts tondus par les agents, et en reprenant le cas de l’université de Lausanne, il semble que le
temps libéré pour les agents des espaces verts puisse rapidement rentabiliser une telle action.
Compétences techniques nécessaires :
Puisque tout peut être pris en charge par le prestataire, les compétences techniques sont quasi nulles. Dans
le cas d’un transfert à l’identique de l’action de Lausanne, il serait par contre nécessaire de former du
personnel et nécessiterait sans doute la présence d’une filière agricole et/ou vétérinaire dans l’université.
Conclusion :
L’action, dans une forme moins « intégrée » que pour l’université de Lausanne, est relativement simple à
transférer sur un campus français, comme le démontre l’exemple lillois, à condition qu’il existe un
prestataire à proximité de l’université (Écozoone est présent dans de nombreuses villes françaises et équipe
déjà des collectivités). Il n’existe de fait pas réellement de freins techniques. Quant aux freins sociaux, ils
relèvent principalement des relations de l’université avec son service d’entretien des espaces verts, de la
façon de présenter l’action et de façon plus surprenante, de l’attachement que peuvent avoir certains agents
à l’activité de tonte.
Si la rentabilité doit être plus sérieusement étudiée, c’est au final une action qui a un impact très positif aussi
bien sur l’environnement que sur les conditions de travail et de vie sur le campus. De plus, il a un impact fort
en termes d’image et de communication.
Page 84 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Itinéraires natures Rappels sur l’action d’origine :
Une grande partie de l’université autonome de Barcelone est composée d’espaces
verts et non urbanisés, y compris avec des bois et des champs (pour les filières
vétérinaires et agricoles). Afin de mettre en valeur le patrimoine local, deux
sentiers pédestres ont été réalisés d’environ 1 km chacun et sont ouverts à tous,
usagers ou non du campus. De plus, les sentiers sont utilisés par le réseau
« Catalan butterfly monitoring scheme » pour quantifier l’évolution de la population de papillons en
catalogne. Un livret présente les sentiers et l’ensemble de la faune, flore et du patrimoine qui peut y être
croisé.
Les sentiers permettent aussi de sensibiliser les usagers sur les risques d’incendie du campus.
Les sentiers ont initialement été mis en place à grâce au mécénat d’une entreprise privée (TQMA), puis plus
récemment, les sentiers ont été remis en état et mieux valorisés grâce à un partenariat avec la fondation
« Territoires et paysages ». Cette dernière a notamment financé une nouvelle signalisation et la
sensibilisation sur ces sentiers ouverts à tous. Aujourd’hui, les sentiers comptent 39 panneaux d’information
et deux panneaux plus grands au départ de chaque sentier.
Adaptation de l’action et différences :
Sur le campus de Mont-Saint-Aignan, il existe un projet de sentier biodiversité qui pourrait voir le jour.
Contrairement à l’université de Barcelone, le projet s’inscrirait dans un projet plus global de sentier initié par
la commune de Mont Saint-Aignan. Il ne s’agirait donc pas d’un sentier uniquement réalisé par l’université
sur son site, d’autant que le campus est bordé de bois qui appartiennent à la ville.
De plus, une adaptation est possible même sans grands espaces boisés ou espaces verts. C’est ce qu’a fait
Lille 1 en installant au cœur de son campus un « parcours biodiversité » avec des panneaux informatifs.
Détails sur l’action :
Concernant Lille 1, l’Université a décidé d’implanter un « parcours biodiversité » au cœur de son campus,
autour de la bibliothèque universitaire, avec 8 panneaux d’information sur les actions du campus en matière
de biodiversité, sur la biodiversité remarquable sur le campus et sur la sensibilisation générale. Ils sont
installés dans une zone « de convivialité » très fréquentée. Les huit panneaux ont pour thèmes :
1. Respecter les équilibres écologiques, abolir les phytosanitaires chimiques ;
2. Respecter les équilibres écologiques, installer le pâturage ;
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 85
3. Respecter les équilibres écologiques, aider les espèces auxiliaires et la biodiversité ;
4. Le bois mort, source de vie, source de biodiversité ;
5. Historique du campus ;
6. Respecter les équilibres écologiques, augmenter la diversité des insectes ;
7. Respecter les équilibres écologiques, augmenter la diversité des oiseaux ;
8. Respecter les équilibres écologiques, augmenter la diversité des espèces végétales.
Le contenu des panneaux a été réalisé avec l’aide
d’enseignants-chercheurs et d’étudiants spécialisés sur la
biodiversité et capables d’inventorier la faune et la flore du
campus. Le parcours fait environ 1 km de long.
Le plan du parcours est inscrit dans le plan de l’université et
dans les autres documents internes ou remis aux usagers du
campus, il est donc bien connu.
Après un premier essai, l’université a décidé de repositionner
les panneaux de façon à ce qu’à chaque panneau, l’usager
puisse voir où se trouve le panneau suivant et faciliter ainsi la
poursuite du parcours en entier.
Concernant le projet à l’université de Rouen :
Le sentier s’inscrirait dans un sentier plus général réalisé
par la ville permettant de créer du lien entre les deux
organismes. Des rencontres entre l’université et la
commune de Mont-Saint-Aignan ont déjà eu lieu et il est
probable que le projet puisse voir le jour, d’autant que le
service du patrimoine immobilier de l’université est
intéressé. Il est pour l’instant un peu tôt pour imaginer le
trajet final, les conditions de réalisation (co-
financements, partenaires, réalisation de panneaux, etc.)
n’étant pas encore définies, mais quelques pistes se
dessinent :
- les terrains les plus intéressants pour un tel
sentier sur le campus appartiennent en grande
partie au CROUS, qui devra donc être associé dès
l’amont à ce projet. Toutefois, le directeur devant changer très bientôt, il est préférable d’attendre
que le nouveau directeur prenne ses fonctions ;
Plan du campus de Lille 1 avec l'emplacement
des panneaux. Source : Université Lille 1
Page 86 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
- la ville sera évidemment un partenaire inévitable puisque cela s’inscrit dans un projet commun. Une
participation aux frais pourrait être envisagées, notamment pour assurer une cohérence visuelle
dans le sentier ;
- plusieurs enseignants du laboratoire ECODIV (études et compréhension de la biodiversité) étant
intéressés par le Plan vert de l’université en tant que source de projets professionnalisant pour leurs
étudiants, ils pourraient être eux aussi associés au projet (par exemple pour la réalisation d’études,
d’inventaires, de supports de communication, pour le choix de l’itinéraire à retenir, etc.).
De plus, il existe déjà sur le campus des jardins potagers gérés en association. Cette dernière pourrait être
impliquée aussi dans le cas où le sentier passerait à proximité.
Budget :
Pour le parcours de Lille 1, le budget est minime : moins de 500 € pour l’achat du matériel nécessaire aux
panneaux d’information. L’impression et la pose ont été réalisé en interne par les services reproduction et
techniques. Il n’y a pas eu de réel travail d’aménagement des sentiers qui étaient déjà assez bien tracés et
identifiés.
Pour le projet de l’université de Rouen, il est encore trop tôt pour évaluer un budget potentiel. Afin de
réduire les coûts, il faut évaluer dans quelle mesure les services techniques peuvent créer le sentier et
l’entretenir ou s’il est nécessaire de faire intervenir des professionnels extérieurs (ce qui semble peu
probable). Dans ce cas, la commune pourrait éventuellement mettre à disposition son personnel ou son
prestataire, ou participer financièrement.
Les étudiants et enseignants en biodiversité devront être mobilisés si possible pour réaliser les études et
inventaires (y compris pourquoi pas pour le reste du sentier sur la commune) et la rédaction de supports,
comme à l’université de Lille 1.
Contraintes techniques :
Il est nécessaire d’avoir en interne des spécialistes de la biodiversité locale, capable d’inventorier la faune et
flore du campus. En l’absence de filière écologie dans les enseignements de l’université, le travail peut-être
fait par une association d’étudiants (ou de citoyens) naturalistes, par des étudiants et enseignants d’une
autre université, ou comme à Barcelone, en partenariat avec un acteur institutionnel spécialisé (fondation).
Il est aussi préférable, pour un transfert à l’identique de l’action de Barcelone, d’avoir un espace boisé
suffisamment grand et intéressant, même si, comme à Lille 1, un sentier d’information sur la faune et la flore
du campus ainsi que sur la biodiversité en générale peut être fait n’importe où.
Il faut aussi voir dans quelle mesure le tracé et l’entretien des sentiers peuvent être réalisés en interne (cela
dépend du temps disponible des agents, de leurs compétences et de la difficulté du travail) ou externalisés,
auquel cas cela génère une dépense et des délais supplémentaires.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 87
Contraintes comportementales :
Il est peu probable qu’un tel projet puisse créer des tensions ou des réticences.
Les principales difficultés peuvent concerner les acteurs à impliquer : dans le cas de l’université de Rouen, les
terrains appartiennent en partie au CROUS qu’il faut impliquer alors qu’il s’agit souvent de services
surchargés et difficiles à mobiliser sur des projets de ce type. Il peut aussi y avoir d’éventuels conflits d’usage
(projets de construction ou de développement de nouveaux sites sur des espaces boisés existants par
exemple).
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Dans le cas de Lille 1, l’action a surtout concerné des
étudiants pour le contenu des panneaux, les services
d’impression pour la construction des panneaux et
les services techniques pour l’installation des
panneaux.
Pour Rouen, les acteurs à impliquer sont bien plus
nombreux : partenaires internes comme le service
du patrimoine immobilier, des étudiants et
enseignants, le CROUS, d’éventuelles associations
(jardin potager) et des partenaires externes comme
la ville mais aussi éventuellement d’autres acteurs
en fonction de la forme que prendra projet.
Public visé :
Comme toujours dans ce genre d’action, il s’agit de
l’ensemble des usagers du campus mais aussi les
personnes extérieures qui peuvent profiter des
sentiers.
Impacts et rentabilité :
Il n’y a évidemment pas de notion de retour sur
investissement, mais nous l’avons vu aussi bien dans
le cas de Lille 1 que dans le cas de Barcelone, l’action
peut être réalisée à un coût d’autant plus faible
qu’un maximum d’étapes sont réalisées en interne
ou en partenariat.
L’impact est lui aussi difficilement évaluable, mis à
part des retours qualitatifs sur la satisfaction des
usagers et leur diversité (personnes extérieures au
campus). Dans les deux cas (Lille 1 et Barcelone),
l’impact en matière de lien entre la ville et le campus
est clairement positif.
Compétences techniques nécessaires :
Compétences à la fois naturalistes et techniques
(débroussaillage, entretien) principalement.
Page 88 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Conclusion :
Même si selon le patrimoine naturel présent sur chaque campus, l’action peut être plus ou moins pertinente
et plus ou moins ambitieuse, il est clair qu’il s’agit là d’une action contribuant à améliorer sensiblement le
cadre de vie des usagers et la relation du campus avec la ville, tout en permettant de sensibiliser les
promeneurs aux enjeux de la protection de la biodiversité.
De plus, la trame verte du Grenelle peut être un bon levier pour impliquer les collectivités dans un tel
sentier.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 89
Restriction de l’accès au parking payant de l’université en
fonction de l’accès aux transports en commun Rappels sur l’action d’origine
En plus d’un accès payant au parking de l’université de Lausanne, l’attribution des places se fait par notation
en fonction du statut (le personnel ayant des contraintes familiales ou des besoins du véhicule pour des
raisons professionnelles étant privilégié par rapport aux étudiants, par exemple) et du lieu de résidence et
de l’accès à un service de transport en commun.
Adaptation de l’action et différences
Dans le cas du campus de Mont Saint-Aignan, l’action est peu pertinente en l’état : le campus a
suffisamment de places et il est intégré dans le centre de la commune qui dispose elle-même d’une grande
quantité de places disponibles. Même avec une restriction de l’accès aux places du campus, les usagers
pourraient assez facilement se reporter sur des places du centre ville, même si certaines ne sont pas
gratuites.
De plus, si la mise en place d’un système équivalent à la « taxe de participation aux frais administratifs » de
l’UNIL est envisageable en France (système permettant de dresser l’équivalent d’une amende sans en avoir
la compétence), il est plus difficile d’en assurer le bon fonctionnement. En effet, ce serait à l’université et à
son agent comptable d’effectuer les diligences de recouvrement des créances, mais il est peu probable
qu’un établissement aille jusqu’à l’envoi d’un huissier. Sans compter que cela supposerait de pouvoir
identifier le propriétaire du véhicule en tort, ce qui complique d’autant plus le recouvrement. Alors qu’à
Lausanne, l’université se contente d’envoyer le numéro de la plaque d’immatriculation au tribunal de police
qui se charge ensuite de récupérer les sommes dues.
Il est donc nettement préférable d’installer des barrières à l’entrée ce qui, tant que la question de la mobilité
n’est ni problématique ni prioritaire pour l’université, n’est pas envisageable vu le nombre d’entrées à
équiper et le coût engendré.
Enfin, la gratuité des parkings actuels à Rouen nécessitent une politique plus globale et volontariste sur les
déplacements pour permettre un passage vers un système payant qui puisse être accepté.
Détails sur l’action
Si l’action en tant que telle n’est pas reproductible dans l’immédiat sur le campus de Mont Saint-Aignan, il
est tout de même possible d’imaginer les éléments permettant de la mettre en place dans une université
française au contexte plus favorable.
Page 90 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
En effet, les conditions de réalisation restent les mêmes pour une université française qu’à l’UNIL. Il est par
contre nécessaire comme nous l’avons vu de limiter l’accès aux parkings dès l’entrée (par barrières ou par
surveillance par des agents) pour éviter les fraudes.
La réalisation par des étudiants d’un système de notation par géolocalisation est tout à fait possible dans le
cadre d’un projet tuteuré ou d’un stage, plutôt qu’en faisant appel à un prestataire extérieur (ce qui est
possible pour une université n’ayant pas d’étudiants en SIG ou informatique).
Par contre, la mise en place du dispositif a tout intérêt à être progressive (par l’installation sur des parkings
pilotes) et s’intégrer dans une politique plus générale de soutien aux mobilités douces par exemple
(financements d’abonnements de transports en commun, mise en place de navettes, etc.)
Un tel système impose une organisation interne pour qu’une ou plusieurs personnes soient en charge de la
gestion et de l’attribution des places ainsi que de la recherche des déclarations mensongères, mais aussi de
la relation avec les usagers et les problèmes rencontrés. Il faut aussi un système de badge et d’autorisation,
ce qui est relativement simple à déployer dans le cadre d’une politique de GTB (gestion technique des
bâtiments) mais qui peut être coûteux.
Budget :
En reprenant l’exemple suisse, il est possible d’imaginer que le fait de faire payer l’accès aux parkings suffise
à amortir très rapidement l’important investissement de départ (l’installation de barrières de contrôle) ainsi
que le coût du travail du ou des salariés nécessaires au bon fonctionnement du système.
De plus, les recettes supplémentaires, s’il y en a, devront impérativement servir à financer des actions de
promotion et de soutien à la mobilité douce.
Malheureusement, la mise en place d’un système de parking payant reste difficilement concevable dans le
cadre d’une université française (notamment à Rouen) où l’accès à un parking est vécu comme faisant partie
de l’offre du service public de l’université.
Contraintes techniques :
La principale contrainte concerne l’installation de barrières à l’entrée des parkings, ce qui peut être long et
coûteux selon le nombre d’entrées existantes sur le campus. Ce système doit être intégré à un système
centralisé (type GTB) qui permet de gérer les entrées sorties à partir de badges électroniques par exemple.
Il faut s’assurer que le système de notation soit efficace et équitable. Il peut être réalisé par des étudiants.
Il est aussi important d’inscrire cette action dans une démarche globale et non comme une action isolée. De
fait, elle viendrait donc d’un diagnostic préalable qui aurait pu faire émettre la pertinence de cette action et
chiffrer à l’avance les bénéfices et les coûts de l’action.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 91
Contraintes comportementales :
La mise en place d’emplacements réservés et limités aux usagers en ayant réellement besoin, dans le cas
d’une université souffrant d’un manque de places chronique, peut se justifier et sans doute être accepté
assez facilement.
Le passage à des parkings payants pour tous reste par contre visiblement très problématique, et il s’agit d’un
sujet très sensible. Sauf exception, l’action nous semble donc peu transférable actuellement. Elle devrait
obligatoirement passer par une période plus ou moins longue d’actions très incitatives sur le report modal
(suite à la mise en place d’un plan de déplacements et du plan d’actions associé) et venir seulement une fois
l’ensemble des actions déjà mises en place. Elle devrait aussi être mise en place de façon concertée,
progressive et avec des arguments financiers et sociaux forts (dégager de nouveaux budgets pour accroitre
les aides à la mobilité).
Il est aussi important de penser à un système alternatif pour les visiteurs, avec par exemple un parking
réservé (se pose la question du contrôle) ou un accès autorisé après identification à la borne d’accès.
Acteurs impliqués dans la réalisation :
- patrimoine immobilier pour l’installation de barrière
- services en charge de la gestion des autorisations
- étudiants et enseignants pour le système de notation
Public visé :
Tous les usagers de l’université susceptibles de venir en voiture.
Impacts et rentabilité :
Selon les contextes, l’action peut générer des revenus importants (c’est le cas à l’université de Lausanne, ce
ne serait peut-être pas le cas à l’université de Rouen où il n’y a pas de problématiques de stationnement à
Mont Saint-Aignan) et dégager des marges de manœuvre pour d’autres actions, dans le cas de parkings
payants, ce qui reste pour l’instant assez peu probable.
L’impact (qu’il soit environnemental ou social) va lui aussi dépendre du contexte et de l’existence ou non
d’une politique globale structurée concernant les déplacements.
Page 92 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Compétences techniques nécessaires :
Mise à part l’installation de barrières et d’un système de gestion centralisée du bâtiment, qui devra être
réalisée en externe, tout le reste peut théoriquement être réalisé en interne.
Conclusion :
Sur un campus où l’offre de parkings est trop faible et où il existe des solutions d’accès en transport en
commun, il s’agit d’une action équitable qui permet de privilégier l’accès aux parkings aux personnes qui en
ont le plus besoin (handicapés et personnes éloignées ou avec contraintes). Elle reste néanmoins coûteuse si
aucune installation préexistante n’existe puisque à court terme, il parait très peu probable qu’il soit possible
de rendre les parkings payants.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 93
Système d’auto partage pour l’université Rappels sur l’action d’origine
À l’image de la mise à disposition de vélos en libre service, l’UNIL a
souscrit une offre avec la société Mobility, première société de partage de
voiture.
L’offre est la suivante :
- l’UNIL loue 7 emplacements à Mobility pour qu’ils puissent y laisser les voitures ;
- de 8h à 17h du lundi au vendredi, les 7 voitures sont mises en priorité à disposition du personnel de
l’UNIL pour les déplacements professionnels ;
- le reste du temps, les véhicules sont accessibles à tous les abonnés de Mobility, usagers ou non de
l’université. Toutefois, les usagers du campus ont, pour leur usage privé, accès à un abonnement à
tarif privilégié.
Adaptation et différences
Il existe plusieurs sociétés proposant de l’auto partage en France, mais actuellement, il n’y a pas d’offre dans
la CREA (Communauté de l'Agglomération Rouen Elbeuf Austreberthe). Parmi ces sociétés, une est
spécialisée depuis sa création dans l’auto partage pour les campus : Key’lib, qui nous a permis d’étudier les
conditions de mise en place d’un système d’auto partage sur une université française. La société propose des
offres commerciales depuis octobre 2009.
Une différence importante avec l’action de l’université de Lausanne
repose sur le type d’utilisation : pour l’instant, il n’y a pas globalement
de réelle volonté des établissements de remplacer une partie du parc
automobile des établissements par de l’auto partage. Ainsi, à l’inverse
du l’utilisation qu’en a l’UNIL, l’action serait ici plus dédiée aux
étudiants : Key’lib est implanté sur 7 campus (uniquement des écoles,
mais des discussions avec des universités sont en cours) et sur aucun
de ces campus les voitures ne sont utilisées par les salariés pour leurs
déplacements professionnels (même si la encore, quelques discussions sont parfois en cours).
Logo de Key’Lib
Page 94 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Détails sur l’action
Le CROUS détient gère résidences universitaires sur le campus de Mont Saint-Aignan :
- la résidence Galois, la plus proche du cœur du campus, qui héberge environ 150 étudiants ;
- la résidence Panorama située tout à côté du cœur de campus et qui héberge un peu plus de 850
étudiants ;
- la résidence Bois, située à environ 15 minutes à pied du cœur du campus et qui héberge un peu plus
de 600 étudiants ;
- la résidence La Pléiade, située à un peu plus de 15 minutes à pied, environ 1 000 étudiants.
Il y a donc un potentiel de 1 000 étudiants situés suffisamment proche du campus pour être amenés à
utiliser un service d’auto partage, et environ 600 à 1 600 susceptibles de devenir des usagers, même s’ils
sont situés un peu loin. Or, en dessous de 800 étudiants proches de la voiture, la société estime que la mise
en place d’une voiture n’est pas rentable sans aides de la part de l’université.
Mais même si 1 000 étudiants et même près de 2 600 étudiants en tout résident à proximité, il n’est pas
certain que la demande soit suffisante puisque le campus est très urbain, intégré dans Mont Saint-Aignan et
très proche de Rouen, limitant le besoin d’un véhicule pour les résidents.
Pour que la demande soit suffisante, il est donc préférable :
- qu’il y ait un minimum d’étudiants vivants sur place (environ 800 au moins) ;
- que le campus ne soit ni trop urbain ou très bien desservi par les transports en commun, ni trop
excentré ou sans accès à des transports en commun (dans ce cas, le besoin est tel que les étudiants
ont généralement déjà une voiture).
Ainsi, la rentabilité est difficile à atteindre, notamment à cause de
longues périodes d’inactivité durant les vacances scolaire, sans
participation active de l’université. Celle-ci peut passer soit par une
subvention directe au service (c’est le cas actuellement pour un
campus qui paye le service environ 5 000 € par an pour compléter
le manque à gagner) soit par un usage professionnel des voitures
en remplacement du parc de fonction. Auquel cas, des offres
tarifaires spécifiques peuvent être aménagées et venir compléter
les besoins des étudiants. Seuls quelques campus de très grande
taille peuvent permettre au service d’atteindre la rentabilité – hors
participation de l’université.
En moyenne, trois voitures peuvent suffire une centaine
d’abonnés.
La gestion est entièrement transparente pour l’université, puisque les inscriptions et leur suivi ainsi que la
Exemple d'affichage sur les places réservées Key'Lib
Source : Key’Lib
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 95
facturation se fait à partir du site internet de l’opérateur.
Il existe aussi des offres complémentaires auto-partage, vélo-partage (avec éventuellement des vélos
électriques) et plateforme internet de co-voiturage.
Budget :
L’action peut être totalement gratuite pour les universités, puisque le service est entièrement géré par
l’entreprise et que le coût est payé par les utilisateurs.
Toutefois, afin d’assurer la pérennité du service, notamment pendant les grandes vacances, il est préférable
que l’université contribue financièrement au service, soit par une subvention, soit par l’utilisation
professionnelle des voitures. Loin d’être un coût supplémentaire, l’utilisation du service d’autopartage en
lieu et place de voitures de fonctions/taxis/remboursements kilométriques peut être une source d’économie
pour l’université.
Les tarifs publics sont :
- pour l’auto-partage : une tarification au km (0,30 €) et à l’heure (il existe plusieurs forfaits, par
exemple 30 € pour 6 heures d’utilisation), plus 39 € de frais d’inscription (mais pas d’abonnement ni
d’engagement) ;
- pour le vélo-partage, les offres sont à négocier au cas par cas selon le souhait des établissements
(nombre de vélos, type de vélos, nombres et types de bornes, etc.) ;
- pour le covoiturage : 2 500 € au lancement et 1 500 € par an pour créer et gérer un site dédié au
covoiturage sur le campus (interface en partenariat avec covoiturage.fr, ce qui permet d’avoir les
offres dédiées sur le campus mais aussi les offres nationales).
Comme à Lausanne, l’université loue le ou les emplacements à l’opérateur (généralement autour de 100 €
par an et par place).
Il est à noter que l’opérateur souhaite proposer des véhicules électriques prochainement. Ces derniers
nécessiteront l’installation de bornes de recharge (environ 4 à 5 000 € par borne).
Contraintes techniques :
Mises à part les contraintes liées à la demande potentielle et à la nécessité d’allouer un ou plusieurs
emplacements pour les véhicules, il n’y a pas de contraintes particulières puisque tout est géré par
l’opérateur.
Dans le cas d’un véhicule électrique, se pose la question de l’installation d’une borne. De même pour les le
vélo-partage qui peut nécessiter des travaux plus ou moins importants selon les modèles de bornes et de
vélos choisis.
Page 96 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Contraintes comportementales :
L’utilisation est relativement simple : tout est géré par internet et l’utilisateur reçoit sa carte chez lui (dans
les universités où les étudiants ont des cartes étudiantes munies de puces RFID, il est possible de les utiliser).
L’ouverture et la fermeture de la voiture se font avec cette carte qui enregistre automatique l’utilisation et
les coûts générés, et les réservations et paiement se font en ligne.
Il est par contre assez important de prévoir une séance d’information des étudiants sur l’arrivée de ce
nouveau service. Pour cela, l’opérateur réalise quelques journées de présence sur le campus, il demande à
l’université d’envoyer un mail d’information à tous les étudiants et de faire un rappel deux ou trois fois par
an.
Toutefois, dans les universités, il est plus difficile de faire circuler une information que dans une école
(nombre d’étudiants de filières plus important, utilisation faible des mails du nom de domaine de
l’université, pas de BDE, etc.) et il faudra peut-être prévoir un travail avec le CROUS qui pourrait relayer
l’information dans les résidences universitaires.
Sur les emplacements des voitures, un panneau Key’lib est présent et les voitures sont habillées du logo de
l’opérateur.
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Généralement uniquement l’opérateur et le
responsable développement durable s’il y en a un. Le
service des marchés peut-être sollicité notamment si
l’action passe par un appel d’offres.
Public visé :
À l’inverse de la situation suisse, les principaux
usagers restent pour l’instant les étudiants. Mais des
discussions sont en cours dans certains
établissements où est implanté Key’lib pour une
utilisation dans le cadre professionnel.
Impacts et rentabilité :
Pour l’université, si l’action est dédiée uniquement à des usages personnels, l’action ne coûte rien.
Dans le cadre d’une installation pour une utilisation professionnelle, la rentabilité doit être calculée au cas
par cas en fonction des offres souhaitées, de la revente ou du non remplacement de certains véhicules, ou
de l’arrêt de contrats de leasing par exemple.
Les voitures proposées par Key’lib sont toutes des Renault Clio III avec des rejets de moins de 115 g de
CO²/km.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 97
Compétences techniques nécessaires :
Aucune.
Conclusion :
Le développement de l’auto-partage en France sur les campus est
encore quelque chose de confidentiel et reste pour le moment limité
à un usage personnel, contrairement à l’exemple suisse. Son
développement à grande échelle sur les campus ne pourra se faire
que par l’utilisation professionnelle des voitures et la volonté de
l’administration d’en promouvoir l’usage auprès des collaborateurs.
Il peut également s’accompagner d’une politique incitative à
destination des étudiants et du personnel : par exemple, choisir en
début d’année entre une place de parking payante (même si l’étude
de cas sur les parkings payants a montré à quel point ce sujet est sensible) ou un pack comprenant réduction
pour les transports en commun + 10 h d’autopartage + accès illimité au vélo libre-service.
Et l’auto-partage se développant aussi de plus en plus dans les villes, l’action dans les campus peut être
amenée à croître elle aussi, y compris pour des usages professionnels. L’action s’inscrit dans la suite logique
d’un plan de déplacements campus ou dans un projet de réaménagement touchant aux parkings, d’autant
plus que des offres intégrées voiture/vélo/covoiturage sont proposées par Key’Lib.
Station d’auto et vélo-partage de campus
imaginée par KeyLib
Page 98 Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
PoMo : portail de mobilité de l’université autonome de
Barcelone Rappels sur l’action d’origine
Cette action s’inscrit dans le cadre de la politique globale de mobilité de l’UAB.
Elle vise à informer les personnes souhaitant se rendre sur le campus des
différentes modalités disponibles (voiture, transport en commun, à pied, vélo…)
en calculant automatiquement les différents trajets du point de départ au point
d’arrivé voulus. De plus, le site compare les différents moyens de transport
possibles en présentant les temps de déplacements respectifs, leurs coûts, et leurs émissions de CO2.
Surtout, ce portail permet de calculer les déplacements à l’intérieur même du campus, pour aller dans les
bâtiments et prend en compte l’accessibilité pour PMR (personnes à mobilité réduite).
Adaptation et différences
L’université autonome de Barcelone a pu s’appuyer sur deux acteurs locaux pour réaliser ce portail de
mobilité : une fondation publique qui avait déjà développé un outil similaire pour la ville de Barcelone et une
entreprise issue d’un laboratoire de l’université (une « spin-off ») qui a pu s’occuper de modéliser tous les
itinéraires à l’intérieur du campus.
Sans avoir l’accès à de telles ressources (l’outil de la fondation publique et l’entreprise interne), il est certain
que transférer à l’identique l’action risque d’être beaucoup plus long et compliqué à mettre en place.
Détails sur l’action :
Pour réaliser un système d’aide aux trajets aussi complet, il est nécessaire de faire appel à de nombreuses
données et acteurs :
- les données des réseaux de transports en commun, ce qui nécessite de définir le périmètre pris en
compte (dans le cas de Rouen, il s’agit de prendre en compte le réseau de la CREA et de Grand
Evreux Agglomération pour le campus d’Évreux, mais quid du réseau ferroviaire régional par
exemple ?) ;
- le réseau cyclable et pédestre, qui est théoriquement déjà existant sous Google Maps de façon
imparfaite, mais qui pourrait être amélioré avec d’éventuelles données des collectivités territoriales
concernées (et idéalement des données de relief pour le calcul du temps en vélo, ce qui ne semble
pas être encore le cas dans l’action initiale de l’université autonome), tout en prenant soin là aussi
de définir le périmètre ;
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 99
- la numérisation du réseau interne à l’université.
Sans l’aide d’une structure externe ayant déjà quelques données, le travail peut être conséquent. Toutefois,
d’après nos enquêtes, il semble que cela puisse être fait dans le cadre de projets tuteurés suivis par un
projet individuel (type stage), à condition de disposer en interne de formations adaptées, c'est-à-dire à la
fois des formations d’ingénieurs informaticiens ainsi que des formations de SIG.
Budget :
Dans le cadre d’un travail réalisé par des étudiants, le principal budget à prévoir est sans doute celui d’un
stagiaire pour amener le projet à son terme au sein de l’université. Il faut aussi prévoir du temps-homme
pour l’intégration au sein du site de l’université réalisée par les services communication et/ou informatique.
Pour l’accessibilité, si aucun diagnostic n’existe sur le campus, il est préférable d’en faire réaliser un.
Contraintes techniques :
Les contraintes peuvent être très nombreuses s’il n’existe pas un contexte favorable comme à l’université de
Barcelone. En effet, même pour une réalisation par des étudiants, il faut une bonne coordination entre
projets tuteurés, stages, et les différentes formations impliquées (l’intégration des données sur des cartes
Google mises en ligne sur un site dédié par exemple nécessite des compétences en informatique et en
programmation).
Cela implique aussi de prévoir de nombreux contacts et partenariats éventuels avec les collectivités locales
notamment pour prendre en compte tous les éléments (si à Rouen, il n’existe pas d’offre d’autopartage ou
d’offre de vélos en libre service dans la ville, il pourrait être intéressant de prendre en compte ces éléments
dans d’autres universités). Par exemple, vouloir optimiser la partie technique sur les déplacements en vélo
entraine le besoin d’identification des pistes cyclables. Or ces informations sont souvent éclatées entre
diverses communes.
Outre les données à recueillir sur le territoire, l’intérêt de ce système de portail de mobilité réside dans la
numérisation de tous les chemins existants sur le campus, les différents bâtiments ainsi que les accessibilités
PMR. Les étudiants en SIG ont là un rôle à jouer, et il possible d’imaginer la mise en place d’une mapping
party sur le campus, c’est-à-dire une journée où des étudiants cartographient l’ensemble du campus à l’aide
de GPS. Ces initiatives existent déjà dans certaines villes (notamment pour des projets de numérisation de
données géographiques libres comme Open Street Map) et peuvent donner l’occasion de réaliser un
évènementiel rattaché à la démarche développement durable de l’université, tout en faisant la promotion
du portail de mobilité à venir.
Pour l’analyse de l’accessibilité, il est préférable de faire réaliser un diagnostic par des spécialistes du
handicap, si celui-ci n’a pas déjà été fait précédemment.
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Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Contraintes comportementales :
Pour la réalisation, il n’y a pas de contraintes comportementales particulières.
Pour l’utilisation, selon la mise en forme, il est seulement nécessaire d’être un peu habitué aux systèmes
équivalents (comme ceux de google map), l’utilisation étant assez intuitive.
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Pour une action non externalisée comme à Barcelone, les acteurs impliqués sont nombreux et sont a
minima :
- les responsables de filières informatiques et SIG ainsi que certains de leurs étudiants ;
- différents partenaires et collectivités pour réunir toutes les données locales ;
- le partenaire pour la réalisation d’un diagnostic d’accessibilité si celui-ci n’existe pas ;
- les services communication et/ou informatique pour l’intégration au site internet de l’université.
Public visé :
Tous les usagers du campus, qu’il s’agisse d’étudiants, d’employés ou bien de visiteurs.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 101
Impacts et rentabilité :
Comme vu lors de l’étude de l’action initiale, celle-ci
n’a pas de vocation à être rentable. L’impact est
quant à lui difficile à estimer, mais doit participer à
une politique d’ensemble évaluée entre autres par
des enquêtes déplacements pour voir si l’université
observe des reports modaux.
Compétences techniques nécessaires
L’action nécessite en interne des compétences
informatiques et de SIG, si le travail n’est pas
externalisé à une entreprise.
Conclusion :
Sans le recours à une entreprise externe, l’action peut être compliquée à mettre en œuvre car elle nécessite
des compétences en interne qui doivent être coordonnées. De plus, le travail est conséquent et implique de
nombreux contacts avec des partenaires locaux.
Il est par contre possible de réaliser l’action de façon moins ambitieuse (ne pas mettre de comparatif des
émissions de GES ou du coût par exemple, ne pas tenir compte du relief pour le vélo…) pour alléger le travail
et le coût tout en gardant une certaine pertinence à l’action.
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Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Déchetterie partagée et bourse aux matériels Rappels sur l’action d’origine
Face à la grande quantité de déchets que l’université de Barcelone produit, cette dernière a décidé de créer
une déchetterie pouvant accueillir tous les déchets n’entrant pas dans le tri classique afin de les traiter et les
revaloriser si possible. L’originalité de ce système est que la déchetterie est partagée avec les collectivités
alentour qui peuvent venir y déposer leurs déchets. De plus, la déchetterie est associée à un système de
« bourse aux matériels » : les habitants peuvent venir récupérer gratuitement des objets déposés bien que
fonctionnels, comme des ordinateurs usagés par exemple.
Adaptation de l’action et différences
Les campus Rouennais générant suffisamment de déchets pour justifier une déchetterie près ou sur leur site
sont inscrits dans un milieu urbain et dense (Mont Saint Aignan, Rouen) où l’emprise foncière nécessaire à
une nouvelle déchetterie n’est pas forcément simple à trouver. De plus, l’université a déjà réalisé un
diagnostic déchets pour le campus de Mont Saint-Aignan en 2009 mais il ne concernant que les DIB (déchets
banals) et non pas l’ensemble des déchets. De plus, de ce diagnostic n’a pas émergé un besoin en termes de
déchetterie locale. Enfin, le diagnostic devrait dépasser le seul cadre de l’université pour s’intéresser aux
habitations voisines pour savoir si une telle déchetterie correspond à un enjeu important pour la CREA
(agglomération de Rouen) puisqu’il n’y a pas, à l’heure actuelle, de déchetterie sur la commune même de
Mont Saint-Aignan.
Toutefois, la ville a un projet de ressourcerie sur la commune et l’université de Rouen a signalé sa volonté de
travailler avec elle sur ce thème (il ne s’agit que de projets non validés pour l’instant).
De plus, si dans l’action initiale, il s’agit bien d’un partenariat avec la collectivité pour installer une vraie
déchetterie partagée intercommunale, il est envisageable pour des universités de construire, comme
certaines entreprises et sous réserve que le besoin existe, des déchetteries internes qui serviront alors à
optimiser le traitement de leurs déchets. C’est ce qui a été fait en 2005 à l’université de Grenoble et qui sera
étudié dans cette fiche.
Détails sur l’action :
Afin de justifier de la présence ou non d’une déchetterie sur un campus, il peut être nécessaire de
commencer par un diagnostic déchets. Celui-ci peut être réalisé par un bureau d’études spécialisé ou fait en
interne, avec des outils comme l’auto-diagnostic déchets que l’ADEME met a disposition pour les
entreprises.
Dans le cas de l’université de Rouen, les premiers résultats ne sont pas favorables à un tel projet : il reste
peu d’espace pour construire une déchetterie et les déchets sont ramassés quotidiennement par la CREA.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 103
Quant aux déchets dangereux et spécifiques (déchets biologiques, chimiques, de santé, etc.) ils sont traités à
part, selon la réglementation en vigueur, et de façon satisfaisante pour l’instant.
En ce qui concerne une ressourcerie propre à l’université et/ou ouverte au grand public, il est tout à fait
possible pour une université de monter un tel projet, d’autant qu’elle peut profiter des ressources internes
(matériel informatique principalement) et celles du personnel et étudiants, mais sans lieu de stockage
spécifique connu des habitants, cela risque d’être moins efficace et contraignant.
Dans le cas de la déchetterie de l’université de Grenoble, le besoin se justifiait par la taille du campus : il
s’agit du regroupement de quatre universités, de l’institut polytechnique et de l’institut d’études politiques.
Au total, cela représente une zone de 180 ha et plus de 30 000 personnes. Elle est géré au sein de la
direction de l’aménagement durable tout comme l’ensemble des services liés aux déchets (ramassage en
porte à porte, mise à disposition de matériel de tri, etc.) pour les établissements.
Si à l’origine, la commune souhaitait construire une déchetterie partagée, comme c’est le cas à Barcelone,
l’université a finalement décidé de partir seule face aux délais trop importants pour un projet commun.
L’aire de regroupement est donc réservée aux seuls établissements de l’université de Grenoble.
La déchetterie comprend en extérieur une benne pour le recyclable en mélange, une benne pour les gravats,
une pour les métaux, une pour le polystyrène, une pour le papier et carton et une pour le bois. Il existe un
plus un local pour les déchets dangereux (pour les DEEE, il s’agit principalement d’ordinateurs – 1 000 postes
par an environ, soit 40 tonnes – ainsi que des néons, piles, batteries, huiles, etc.)
Les déchets trop spécifiques (chimiques, biologiques, de santé…) restent à la charge des établissements eux-
mêmes, car il est difficile de les transporter (problème de réglementation, les établissements n’étant pas
autorisés à le faire) et ils posent des problèmes en matière de suivi et d’identification. Des possibilités pour
les prendre en charge dans la déchetterie sont à l’étude.
Chaque type de déchets est ensuite pris en charge par des prestataires pour traiter ou valoriser ces déchets.
Dans chaque établissement, une personne est en charge du ramassage et du transport des déchets vers la
déchetterie.
Budget :
Pour la déchetterie, le coût est logiquement très variable selon qu’il existe déjà ou non des espaces de
stockage, selon la taille du campus et les quantités attendues, l’organisation retenue, etc. L’ADEME, dans son
guide sur les déchetteries internes des entreprises, estime le coût moyen de la construction des
infrastructures nécessaires à 80 €/m² avec une fourchette de variation allant de 15 à 250 €/m².
Pour les coûts d’équipements, le coût moyen est de 61 €/m² avec une fourchette de variation de 20 à
300 €/m². Quant aux coûts de personnels, le coût annuel est estimé à 34,5 k€/an, avec une fourchette allant
de 15 à 100 k€/an.
Il faut de plus prendre en compte les coûts du diagnostic initial, et le coût d’élimination des déchets, le
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Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
contrat avec le prestataire, le coût de l’énergie pour le matériel, etc.
Concernant l’université de Grenoble, le budget annuel est de 420 000 €, mais il prend en compte l’ensemble
du budget lié aux déchets (collecte porte à porte, matériel de tri mis à disposition des établissements,
traitements des déchets une fois sortis de la déchetterie, etc.) Au final, le coût global est plutôt faible par
rapport à une gestion classique en collectivité, la mise en place de ce système de déchetterie est donc
économiquement efficace pour les établissements, grâce à l’effet de masse et à la mutualisation. Il est à
noter que la déchetterie n’est ouverte que trois demi-journées par semaine et qu’elle nécessite l’emploi
d’une personne à 80 %. Le budget est à peu près constant depuis 2005.
L’investissement de départ a été très limité : entre 80 et 90 000 € (le local existait déjà), mais aujourd’hui, la
déchetterie commence à manquer de place.
Chaque établissement participe sur la base de sa surface SHON.
Pour la mise en place d’une bourse aux objets, il est là aussi difficile d’imaginer un budget type. Il est
nécessaire malgré tout d’avoir sur son site un lieu de stockage pour les objets récupérés ainsi qu’une
personne chargée au moins en partie de cette ressourcerie (inventaire et gestion des arrivées et des sorties,
informations à donner pour alimenter le site internet s’il existe, etc.). C’est pourquoi l’action est intéressante
lorsqu’elle est mutualisée avec une déchetterie existante.
Il est aussi très important de prévoir une bonne communication pour informer les usagers du campus, et
idéalement des habitants, de l’existence de cette ressourcerie.
Contraintes techniques :
Dans le cas d’une déchetterie communale partagée, les contraintes concernent principalement l’existence
d’un emplacement convenant à tous les usagers et partenaires et pouvant répondre aux problématiques de
sécurité (voitures et camions qui circulent, stockage de déchets, etc.)
Mais la plupart des autres contraintes sont prises en charge par la collectivité qui va gérer la structure.
La mise en place et la gestion de la ressourcerie nécessitant par contre la présence d’un personnel de
l’université, elle impose la connaissance et le respect des consignes de sécurité ainsi qu’un partage strict des
compétences et des rôles.
Pour la gestion du matériel, il faut prévoir un plan de communication et un système d’inventaire et
d’encadrement du dépôt/retrait de matériel (charte, site internet, horaires et conditions clairs…),
notamment si cette ressourcerie s’ouvre aux habitants des communes alentours.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 105
Contraintes comportementales :
Elles sont surtout liées à la nécessité d’informer sur l’existence de la déchetterie et de la ressourcerie.
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Pour la déchetterie, la collectivité compétente pour les déchets et l’université (patrimoine immobilier,
service environnement, services techniques et service communication) doivent collaborer et ce même dans
le cas d’une déchetterie « privée » propre à l’université, si elle continue de faire enlever les déchets par la
collectivité. Sinon, elle doit faire appel à un nouveau prestataire.
Public visé :
A priori tous les usagers du campus et éventuellement les habitants de communes voisines.
Compétences techniques nécessaires :
Variable selon les cas et selon le détail souhaité pour la réalisation du diagnostic déchet à réaliser,
notamment.
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Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités
Impacts et rentabilité :
L’action peut générer des revenus ou permettre de réduire des coûts si la ressourcerie permet de valoriser
suffisamment de déchets qui autrement auraient été emportés par le prestataire, ou si les produits valorisés
sont revendus plutôt que donnés.
Mais, sauf dans le cas d’une déchetterie interne à construire entièrement, les coûts sont limités
principalement à la mise à disposition d’un personnel pour la gestion de la bourse.
Une déchetterie interne mutualisée entre plusieurs établissements, à l’image de ce qui se fait à l’université
de Grenoble, permet d’optimiser les coûts de stockage et de traitement par rapport à un traitement
décentralisé.
Conclusion :
La construction par la collectivité d’une déchetterie partagée sur le campus de l’université reste un cas rare,
nécessitant la conjonction de nombreux facteurs. Par contre, la construction d’une déchetterie interne à
l’université lui permettant de stocker en un seul endroit l’ensemble de ses déchets et donc de mieux les
suivre et les gérer peut répondre à un réel besoin, éventuellement soulevé par un diagnostic déchet complet
en amont. Cela peut permettre à l’université de mieux trier et valoriser ses déchets, et de faciliter la création
d’une ressourcerie qui joue un rôle social et écologique en permettant à des personnes à revenus modestes
(dont font notamment partie les étudiants) de récupérer des objets encore utilisables mais destinés à être
jetés. Cette action peut être menée seul ou en partenariat avec la collectivité locale.
Juillet 2011 – L’aménagement durable des universités Page 107
Mise en place de bornes de sécurité sur les campus Rappels sur l’action d’origine
Les campus de l’ULB sont des campus inscrits au cœur de la ville, ouverts à tous et par là même soumis à des
risques divers pour les usagers. En 1989, l’université a été la cible d’un attentat à la bombe qui a fait 3
blessés. Cet élément marquant est le déclic qui participe au développement d’une politique de sécurité plus
développée sur les campus de l’université.
Dans le cadre de cette politique, 17 bornes ont été installées sur les trois principaux campus. Il s’agit de
bornes d’appels d’urgences, directement reliées au PC sécurité disponible 24/24.
Adaptation de l’action et différences :
Sur les campus de l’université de Rouen, il n’existe pas de PC sécurité (toutefois, une réflexion en ce sens se
développe). De plus, les besoins en matière de sécurité sur les campus sont relativement faibles.
Il reste néanmoins envisageable, sur ce campus comme sur d’autres, d’intégrer des bornes d’appel
d’urgence même sans l’existence d’un service de sécurité en tant que tel.
Détails sur l’action :
La société Benkhe, fournisseur des bornes du campus de l’université de Bruxelles, fournit aussi des bornes
en France. Plusieurs modèles existent et tous sont personnalisables et adaptables.
Pour un modèle de base, une borne a seulement besoin d’être reliée à une ligne téléphonique analogique
pour fonctionner : elle permet de lancer un appel téléphonique sur un numéro préenregistré (par exemple
vers le portable d’un concierge, d’un agent de sécurité, etc.) L’université peut aussi décider de faire appel à
un sous-traitant réceptionnant tous les appels et pouvant répondre et agir en conséquence.
L’ajout d’éléments électroniques (qui nécessitent alors une alimentation électrique dédiée) permettent la
programmation d’une annonce vocale (la personne réceptionnant l’appel entendant en décrochant une
annonce indiquant de quelle borne provient l’appel) qui permet aussi d’informer l’appelant sur les
informations à donner, par exemple. Il est aussi possible d’ajouter une caméra, des lumières, etc.
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Budget :
Pour un modèle de base (sans électronique rajoutée) il faut compter aux alentours de 1 500 € par borne.
Selon les options et les modèles choisis, ces prix peuvent évidemment varier.
Il faut aussi rajouter à l’achat de la borne les frais pour l’intégration sur le site (travaux, raccordement…) qui
vont varier d’un campus à l’autre (selon les emplacements, les distances vis-à-vis du réseau, etc.)
Contraintes techniques :
Les contraintes techniques peuvent être moins nombreuses que dans le cadre de l’action d’origine (système
complet de sécurisation du campus), mais certaines restent vraies :
- l’installation de la borne nécessite de la relier au réseau de l’université, ce qui peut être contraignant
dans le cas de lieux isolés où le premier point réseau n’est pas forcément proche. Cette contrainte
est moins vraie si les bornes sont prévues dès la construction des bâtiments et ne concernent pas le
site de Mont Saint-Aignan déjà assez dense ;
- l’existence d’un dispatching disponible 24/24 et de gardes mobiles qui doivent être recrutés et
formés (la législation belge impose une formation assez importante pour les agents de sécurité). Il
est éventuellement possible de n’avoir qu’un système de conciergerie qui serait alors appelé, ce qui
limite la contrainte, mais limite aussi la portée de l’action (tomber directement sur un service
sécurité prêt à agir est sans doute plus efficace pour prévenir les agressions). À Rouen, des
personnes sont logées sur site et font office de gardiens ;
- il est nécessaire de bien identifier les lieux où les bornes seront les plus efficaces (proche des lieux
de vie, des lieux « à risque », etc.)
Contraintes comportementales :
Sur un campus n’ayant pas vécu de traumatismes comme l’attentat à l’université libre de Bruxelles et où le
besoin de renforcer la sécurité est moins partagé, il est sans doute nécessaire d’informer et d’associer tous
les usagers du campus à la mise en place de ces bornes pour mieux analyser les besoins existants et pour
prévenir les actes de vandalisme ou les usages abusifs qui pourraient survenir. Sur ce dernier point, la mise
en place d’un système de vidéo sur la borne peut réduire ces abus.
De plus, il faut veiller à ce que la ou les personnes vers qui seront redirigés les appels comprennent et
acceptent bien la démarche. Cela rentre dans le cadre de travail de ces personnes (rester sur place pour agir
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en cas de problème sur le campus) mais il existe aussi un risque de multiplier les fausses alertes. Là encore,
la mise en place d’un système de vidéo sur la borne peut éviter les déplacements inutiles du personnel de
surveillance en identifiant rapidement s’il s’agit d’une vraie alerte (mais la vidéo reste soumise à un système
plus complet de PC sécurité, puisqu’il faut un ordinateur ou un écran pouvant l’afficher).
Acteurs impliqués dans la réalisation :
Tout comme pour l’action d’origine, les acteurs impliqués vont être les
services techniques pour encadrer les travaux et participer aux choix des
emplacements.
L’ensemble des usagers, à commencer par les étudiants, devront aussi
être associés au choix des emplacements des bornes.
Public visé :
Tous les usagers du campus.
Impacts et rentabilité :
L’action ne vise pas de rentabilité, et son impact se limite principalement à une communication sur le
campus facilitée, ainsi qu’à un meilleur sentiment de sécurité.
Compétences techniques nécessaires :
L’installation et le raccordement au réseau nécessite souvent des compétences que n’ont pas les services
techniques d’une université. Tout comme à l’université de Bruxelles, il est recommandé voire nécessaire de
passer par un intégrateur et des installateurs.
Conclusion :
La plupart des universités peuvent logiquement mettre en place cette action en adaptant l’aspect technique
(système complet de surveillance, externalisation, etc.), qui impactera ensuite les coûts.
Même sans un réel besoin d’amélioration du sentiment de sécurité, c’est une démarche qui peut être
adaptée pour de grands campus pour accélérer et faciliter la communication.
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CCOONNCCLLUUSSIIOONN
Cette étude avait pour principal objectif de faire le point d’une part sur les conditions de développent d’une
politique globale de développement durable (et donc d’aménagement durable) sur les campus universitaires
français en s’inspirant des bonnes pratiques étrangères et d’autre part de donner certaines pistes d’actions
innovantes pouvant être développées en France.
Nous ne reviendrons pas sur l’analyse des conditions générales (gouvernance, financements, organisation…)
qui sont détaillées dans le rapport précédent et qui gardent toute leur pertinence ici (les campus étudiés qui
proposent le plus d’actions innovantes ont généralement une démarche structurée et visible, avec un
soutien politique, une implication d’acteurs variés et des fonds dédiés)
Ce que l’on peut retenir de l’analyse des quelques actions présentées ci-dessus est que finalement, s’il existe
évidemment à travers l’Europe et le monde des établissements en pointe sur les questions d’aménagement
durable, les universités françaises ne partent pas de rien. Bien au contraire, certaines actions assez
remarquées à l’international (comme le pâturage urbain à Barcelone, la politique de mobilité douce à
Lausanne, etc.) sont parfois déjà expérimentées en France, ou bien en projet. Certaines universités
françaises sont sans doute d’ailleurs pionnières sur certains domaines vis-à-vis du reste du monde, et le
problème se pose peut-être plus en matière de reconnaissance et de visibilité des projets et des actions
menées. À ce titre, l’obligation du Plan vert et le projet de labellisation joue en faveur d’une meilleure
reconnaissance des efforts engagés, et diverses initiatives comme la campagne Campus Responsable et le
guide associé sont certainement des outils pertinents pour palier au manque de visibilité.
De plus, l’aspect positif est qu’il existe bien un vivier d’expériences et d’expérimentations en Europe et dans
le monde autour d’actions innovantes et exemplaires qui pour la plupart, ne posent que très peu de
difficultés pour être diffusées en France.
Concrètement, outre certaines difficultés techniques propres à des actions très particulières (le
refroidissement des salles de l’université de Lausanne à partir de l’eau du lac Léman en est un bon exemple),
la principale difficulté à la mise en place d’actions structurantes restent qu’elles sont souvent très
pertinentes lors d’un projet de construction ou de réaménagement d’un site ou d’un bâtiment. Pensées en
amont, elles permettent de réduire les coûts et de faciliter le travail en transversalité entre services et
partenaires, point essentiel pour qu’une action soit acceptée, bien réalisée et efficace. Mais sans cette
intégration dans des projets plus globaux et structurants, la mise en œuvre de ces actions est souvent plus
compliquée que ce soit parce qu’elles nécessitent des modifications parfois importantes sur le patrimoine et
le bâti (comme le système d’assainissement écologique, la mise en place d’une déchetterie) ou bien parce
qu’elles imposent d’importants changements d’habitudes (attribution des places de stationnement et
paiement, ou installation de toilettes et urinoirs sans eau).
Des réglementations différentes entre pays peuvent aussi constituer des freins non négligeables, mais sur les
actions étudiées, ce type de difficulté est finalement relativement rare et presque jamais bloquant (il est
souvent possible de trouver des adaptations pour contourner cette problématique, comme dans le cas de
l’assainissement écologique en compostant sur place les eaux noires pour résoudre le problème du
transport).
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Cette étude espère ainsi démontrer que la question de l’aménagement durable ne s’arrête pas qu’au stade
de la réflexion sur le patrimoine bâti. Certes, entre les engagements de la France, le Grenelle et les
évènements récents dans le monde universitaire (rappelés en introduction), les enjeux en termes d’isolation,
de matériaux écologiques ou bien d’économie d’énergie et de production d’énergies renouvelables sont
centraux et sont amenés à prendre de plus en plus d’importance. Toutefois, il s’agit bien de réflexions déjà
existantes que presque tout nouveau projet de construction prend aujourd’hui en compte, et où la
technicité est telle et évolue à une telle vitesse que cela ne pouvait pas faire l’objet de cette étude. Nous
souhaitions au contraire montrer à travers cet aperçu d’actions diverses et peu répandues que les
universités étaient de véritables centres d’expérimentations et de réflexions avec de très nombreuses
ressources en interne, prêtes à innover en matière d’aménagement durable sans avoir forcément à rentrer
sur des projets aussi lourds et couteux que de la construction ou de la production décentralisée d’énergie
renouvelable.