Les déterminants de la manipulation des informations comptables et
financières : Le cas des entreprises Camerounaises
Bimeme Bengono Isidore
Enseignant-chercheur en Faculté des Sciences Economiques et Gestion
Université de Dschang
Um Ngouem Marie Thérèse
Professeur Agrégée en faculté des Sciences Economiques et de Gestion Appliquée
Université de Douala
Résumé
La question de la manipulation des informations comptables et financières dans les
entreprises est mise en scène dans les débats en comptabilité. Elle suscite un intérêt particulier
et représente un enjeu dans la politique comptable. L’objectif de cette étude est d’examiner les
raisons qui poussent les dirigeants d’entreprises à manipuler des états financiers communiqués
aux parties prenantes. Pour répondre à cette préoccupation, nous avons procédé en deux
méthodes d’analyse ; premièrement la méthode exploratoire basée sur un échantillon de 12
entreprises et deuxièmement, la méthode quantitative basée sur un échantillon de 210
entreprises. La régression logistique ordinale a permis de traiter les données. Les résultats de
l’étude relèvent que les motifs qui poussent les dirigeants à manipuler les informations
comptables et financières sont multiples, d’une part les choix comptables, la participation des
dirigeants à la production de celles-ci et d’autre part la pression institutionnelle.
Mots clés : Déterminants, manipulation, communication des informations comptables et
financières
Abstract
This article examines the reasons motivating business leaders to falsify financial statements
communicated to stakeholders. Two methods of analysis are implemented: the exploratory
method based on a sample of 12 companies and the quantitative method based on a sample of
210 companies. Data processing is performed by ordinal logistic regression. The main results
of the study show that accounting choices, the participation of managers in their production,
and institutional pressure, remain the major factors that justify the falsification of accounting
and financial data by business leaders.
Keywords: Determinants, manipulation, communication of accounting and financial
information
Introduction
Dans un environnement économique en perpétuel changement, le législateur
camerounais a intervenu en imposant aux entreprises de communiquer un minimum
d'informations sur leur situation financière. À cet effet, la comptabilité à travers les états
financiers annuels, se révèle être un moyen efficace de communication d'informations
comptables et financières à l’ensemble des parties prenantes, étant donné que les états financiers
annuels constituent une source d’information périodique produite par les entreprises. La
communication des informations comptables et financières, qu’elle soit interne, externe,
institutionnelle, ou organisationnelle, consiste pour une entreprise de manière générale, à
délivrer les informations à ses différents partenaires. Cette préoccupation s’est accentuée ces
dernières décennies, suite à la série des scandales financiers survenus aux États-Unis (Enron,
Worldcom, Tyco, Maxwell), en Europe (Alcatel, Alsthom, Parmalat, Ahold, Vivendi Universal,
la Générale des eaux, Elf et la Compagnie financière de Suez) et au Cameroun(Camairco,
Chronopost, Bicec, Campost, Feicom). Ces mauvais évènements sont venus rappeler
l’importance d’une information comptable complète et fiable. Après avoir examiné les
principales causes qui sont à l’origine de ces scandales financiers, (en particulier la production
d’une information de mauvaise qualité), l’attirance pour l’étude fut immédiate. Vu cette
situation, le problème de manipulation des informations comptables et financières devient une
question d’intérêt public, d’autant plus que son influence devrait se ressentir non seulement au
niveau de la performance des entreprises, mais aussi au niveau du fonctionnement de l’Etat.
Dans la littérature, plusieurs de travaux s’interrogent sur la place de la manipulation dans le
processus de communication des informations comptables et financières. C’est dans ce sens les
de travaux de Mballa(2018) montrent que la manipulation des informations comptables et
financières affecte douloureusement la pérennité des entreprises. Car celle-ci est un acte
intentionnel commis par les dirigeants qui accomplissent des manœuvres dolosives afin
d’obtenir un avantage indu ou illégal. Les actes de manipulation s’assimilent aux actes
frauduleux qui revêtent une caractéristique double : d’une part, ils procèdent d’une intention
manifeste et sont donc accomplis sciemment et, d’autre part, ils ont pour objectif de tromper et
visent à porter atteinte aux droits ou aux intérêts d’autrui. En comptabilité, la manipulation peut
se perpétrer soit par des détournements, soit par une présentation des états financiers dans le
but de dissimuler les détournements, par des moyens comme la falsification et la
comptabilisation d’opérations fictives. En scrutant la théorie d’agence, la manipulation des
informations comptables et financières met en évidence des conflits d’intérêts entre l’entreprise
et ses parties prenantes (actionnaires, salariés, Etat, banques, fournisseurs, acteurs sociaux etc.).
Ces conflits résultent notamment d’une asymétrie d’information sur la production
d’informations comptables et financières (Jensen et Meckling, 1976). Les dirigeants supposés
opportunistes, profitent de leur avantage informationnel pour maximiser leur propre bien-être,
au détriment de celui des autres acteurs de l’entreprise. Les exemples les plus illustratifs sont
ceux des scandales financiers de la Bicec, Chronopost, Camairco qui ont ébranlé les assises
institutionnelles du monde des entreprises du Cameroun. Le rapport de l’ordre national des
experts comptables du Cameroun de 2016 montre que les défaillances des entreprises sont à
l’origine de la fraude et de la manipulation dans le processus de production et de communication
des informations comptables et financières qu’elles mettent à la disposition des partenaires de
l’entreprise. Pourtant les articles 467, et 469 de l’acte uniforme OHADA présentent les
obligations en matière de gouvernance d’entreprise comme une épée de Damoclès ayant pour
rôle de discipliner les dirigeants. En effet, la vulgarisation de ce système devrait permettre aux
entreprises de sortir du maquis parce que cette voie utilisée ne leur permettra pas de s’arrimer
aux nouvelles méthodes de gestion. Les décisions comptables prises par les dirigeants sont
souvent à l’origine de diverses pressions, à l’instar de l’environnement, de la stratégie, de la
géographie du capital, de la taille de l’entreprise, de l’âge de celle-ci, du secteur d’activité, des
règlements mais aussi des comportements plus subjectifs des dirigeants. Les objectifs que
poursuivent les dirigeants sont plus frileux que ceux analysés par la théorie Néoclassique. Ils
ne visent pas toujours à rendre maximale la valeur de l’entreprise telle que prédit par les tenants
de la théorie financière. Au regard de ces préoccupations, l’objet de cette étude est d’examiner
les facteurs incitatifs à la manipulation comptable dans le processus communication des
informations comptables. De cette problématique découle la question suivante : Quels sont les
facteurs qui incitent à la manipulation des informations comptables et financières dans les
entreprises au Cameroun ? Autrement dit, quels sont les motifs de la manipulation qui
participent à l’explication de la plus ou moins forte représentativité sur la communication
des informations comptables et financières dans les entreprises au Cameroun?
Ce questionnement n’étant pas nouveau dans la littérature comptable, cet article se présente en
trois articulations dont la première partie fait le point de la littérature, la deuxième est consacrée
à l’examen méthodologique et la troisième à la discussion des résultats.
1. Revue de la littérature de la manipulation des informations comptables et financières
La réglementation comptable a laissé une certaine marge de manœuvre aux dirigeants
d’entreprises. A cet effet dans l'entreprise, du fait de leur position privilégiée, les dirigeants
disposent souvent d'informations privées sur la situation et le devenir de leur firme. Dans ce
contexte ils ont la possibilité d'utiliser ces informations dans le but de satisfaire plusieurs
objectifs non exclusifs. De ce fait, certaines théories ont été mobilisées pour décrire le
phénomène de manipulation comptable. Ainsi, il sera question dans cette section d’examiner la
théorie de l’agence, la théorie des signaux.et la théorie institutionnelle.
1.1- La manipulation des informations comptables et financières comme résultat
des problèmes d’agence
La théorie de l’agence développée par Jensen et Meckling(1976) remet en cause le postulat
représentant l'entreprise comme un acteur unique pour mettre l'accent sur les divergences
d'intérêts potentiels entre les différents partenaires (dirigeants, actionnaires et créanciers...). Le
comportement de l'entreprise résulte dès lors d'un processus complexe d'équilibrage qui
occasionne un certain nombre de coûts appelés coûts d'agence et qui sont nécessaires pour que
les dirigeants adoptent un comportement conforme à l'intérêt des actionnaires qui les ont
mandaté. Ces agents, ayant des intérêts parfois divergents, profitent de leur pouvoir
informationnel pour produire les comptes qui ne reflètent pas toujours la réalité. Les dirigeants,
supposés opportunistes, profitent de leur avantage informationnel pour faire des choix
comptables au détriment de l’intérêt des parties prenantes de l’entreprise, en présentant des états
financiers répondant à leur logique intentionnelle. Dans cette logique (Sadi,2011 ; Stolowy et
Breton,2004 ; Casta et Remond,2009, Stéphane,2009) pensent que les choix décisionnels des
dirigeants à la comptabilité créative reposent sur l’intention affichée par ces derniers lors de
l’établissement des états financiers, de l’opération, que ce soit à l’actif ou au passif. A cet effet,
il ressort que la motivation derrière la manipulation relève de la comptabilité créative où le
désir de communiquer quelque fois les informations comptables ne reflétant pas la réalité (par
exemple, des bénéfices en croissance constante).
Depuis ces dernières années, s’est développé un courant de recherche qui s’appuie sur la théorie
positive de la comptabilité pour expliquer les pratiques des entreprises. Cette théorie qui est
initiée par Watts et Zimmerman, ( 1986 et 1990) prétend explique et essaie de prédire les choix
comptables à partir de la problématique d’agence et des coûts politiques auxquels s’expose
l’entreprise. Cette théorie stipule que les entreprises adoptent des méthodes qui minorent le
résultat. Les travaux de Casta, (2009 et Bernhein,( 1993) montrent que les choix comptables
peuvent être liés au mode de communication des informations comptables et financières, à la
gestion des résultats, au type d’entreprise et aux choix organisationnels. Pour Siala (2005), les
dirigeants animent les conflits d’agence lors du transfert de richesse qui pourrait faire l’objet de
décisions opportunistes de leur part. Pour certains auteurs, comme Michèle,( 2004) ; Kaïs et
Inès, (2013), la communication des états financiers annuels est présentée selon le format de la
liasse fiscale (modèle de base des imprimés fiscaux). Pour ces auteurs les coûts d’agence liés à
la manipulation comptable par les dirigeants sont manifestes au moment de la communication
des états financiers. Les cas les plus récurrents sont : le rapport entre le total des dettes
financières et le bilan, les écarts entre l’endettement bancaire, les dettes financières et les dettes
à court terme de l’entreprise, et enfin les rapports entre les produits et les charges. . Dans comme
pays comme le Cameroun où la comptabilité et la fiscalité sont étroitement liées, les
manipulations comptables à des fins fiscales constituent probablement une motivation majeure
dans de nombreuses entreprises et, tout particulièrement, dans les PME, où les dirigeants sont
généralement les principaux actionnaires. Cette manipulation consiste à augmenter les charges.
Cette augmentation des charges est faite en vue de la réduction du résultat. Laquelle réduction
du résultat conduira à la réduction des charges fiscales. Sur ce point, Schatt (2001) signale que
les dirigeants gèrent les résultats en vue de transférer la richesse du fisc vers les actionnaires.
Il faut noter que cette manipulation fait de plus en plus naitre des conflits d’intérêt entre
l’entreprise et les autres parties prenantes en générale. Ces raisons de manipulation liées aux
choix comptables des dirigeants expliquent les scandales financiers qui ont
ébranlé le monde des entreprises. La théorie positive de la comptabilité de Watts et Zimmer-
man (1986) montre que les conflits d’intérêts entre certains partenaires (actionnaires, dirigeants,
institutionnels, pouvoirs publics) ont une influence sur les politiques financières et notamment
sur les coûts d’agence (David et Nathalie, 2005). A l’issu de ce développements, l’hypothèse
formulée est la suivante:
H1 Les choix comptables des dirigeants sont des facteurs incitatifs à la manipulation des
informations comptables et financières.
1 2 Les discours de la théorie du signal concernant la manipulation des informations
comptables et financières.
La théorie du signal présente la manipulation des informations comptables et financières dans
un contexte d’asymétrie d’information comme une alerte entre l’entreprise et ses partenaires
(Stolowy et Breton,2004). Etant donné que les normes comptables en vigueur laissent un espace
discrétionnaire aux dirigeants sous forme d'un ensemble de choix (méthodes de valorisation des
stocks, d'amortissement, etc.) ou d'évaluation (taux de provisionnement de créances, durée
d'amortissement, etc.). Cet espace discrétionnaire peut être utilisé par les dirigeants pour
influencer « la possibilité de transfert de richesse entre les diverses parties prenantes », soit dans
le respect du cadre légal, soit en transgressant les normes comptables (Stolowy et Breton, 2003,
2004). Ces informations comptables et financières manipulées connaissent les problèmes de
qualité de ce que les dirigeants proposent aux parties prenantes. Cette situation est très bien
illustrée par le célèbre exemple du marché de lemon, où l’acheteur aura de grandes difficultés
à distinguer un bon « lemon » (Akerlof, 1970). Dans ce contexte, la concurrence incite les
offreurs qui proposent un produit de qualité à communiquer aux acheteurs. Ils espèrent, à travers
ce signal, pouvoir obtenir le prix correspondant à la qualité de leur offre. Par contre ce n’est pas
le cas de la manipulation des informations comptables entre l’entreprise et ses parties
prenantes.
La notion de signal est celle pour laquelle nous nous appuyons sur (Fabier, 2013 ), pour
définir un signal comme : une action (ou une caractéristique manipulable) que les dirigeants
d’entreprises peuvent entreprendre pour communiquer aux partenaires une information sur les
états financiers alors qu’elle est fraudée ou manipuléé. À travers le signal, ceux qui détiennent
de l’information la transfère à ceux qui en ont moins. À partir de ces travaux, on considère
qu’un signal doit être plus coûteux, plus difficile à émettre pour une « mauvaise » entreprise
que pour une « bonne ». Pour Ndjama(2008), on peut identifier les signaux liés à la géographie
du capital, les signaux à la gestion des résultats, les signaux liés aux actifs de la firme, les
signaux liés aux mécanismes de contrôle et ceux liés aux opérations sur les actions financières
(introduction à la bourse, réduction du nominal de l’action). Tous ces signaux sont transmis à
l’aide de la communication des informations comptables et financières. La nature du signal de
l’information comptable trouve sa concrétisation la plus manifeste dans l’attestation de l’expert-
comptable qui accompagne les états financiers produits et dans le dispositif de signature
électronique de l’expert-comptable (Oxibar ,2003).
Par ailleurs, la recherche des sources de financement sur les places boursières est une variable
déterminant le choix de la communication des informations comptables et financières, et
constitue parmi tant d’autres un acteur de signal de l’information comptable et financière. Les
travaux de Simo (2013), montrent que la réglémentation et la cotation multiple constituent des
facteurs susceptibles de donner un signal à l’information comptable et financière. Dans ce sens,
certaines étude menées par (Mard et Schatt, 2009 ; Ndjama, 2007) soutiennent que les dirigeants
sont les acteurs fondamentaux de l’information comptable et financiére. Les coûts qui peuvent
provenir d’une information comptable et financière sont ceux engendrés par les dirigeants ;
ceux-ci pouvant être la manipulation, la fraude ou l’instrumentalisation. Ce development
permet de formuler l’hypothèse suivante:
H2 La participation du dirigeant à la production de l’information comptable est un
facteur incitatif à la manipulation des informations comptables et financières.
1.3 La manipulation des informations comptables et financières au regard de la théorie
institutionnelle
La théorie institutionnelle est celle qui explique les déterminants institutionnels des
pratiques comptables. Dans ce cadre, le comportement des dirigeants d’entreprises concernant
les choix des options comptables peut être expliqué par les pressions institutionnelles (Barbu et
Baker ,2009). Ainsi les choix comptables des organisations peuvent être subjectifs ou objectifs.
C’est dans ce sens que les travaux de Zmijnewski et Hagerman (1981) montrent que les
méthodes comptables pratiquées dans les organisations se concentrent sur des choix
comptables subjectifs ou objectifs. Les choix subjectifs s’expliquent par le fait que les
actionnaires, les banques au même titre que l’administration fiscale exercent des pressions sur
les entreprises. A cet effet, les dirigeants utilisent leurs pouvoirs discrétionnaires sur un
portefeuille de choix comptables suivant le référentiel comptable. Pour cela, les dirigeants sont
tentés de présenter une situation financière avantageuse, qui consiste notamment à faire
apparaître un risque de défaillance faible, tant pour se financer à un coût réduit que pour éviter
un rationnement du crédit. Les résultats des travaux de Healy et Wahlen (1999) considèrent que
la gestion du résultat se produit lorsque les dirigeants utilisent leurs jugements, lors de
l’établissement des différents états financiers, soit pour rendre la situation financière de
l’entreprises plus performante, soit d'influencer les contrats reposant sur les chiffres comptables
déclarés. Les travaux de Wamba et Tchamenbé (2002) expliquent aussi que la réticence des
banques dans le financement des entreprises au Cameroun est liée à la publication des états
financiers erronés. Cela est dû à la pression des banques. De même les travaux de Wanda (2010)
démontrent que les récentes dissimulations d’informations comptables dans certaines PME
Camerounaises, qui ont remis en cause la qualité des états financiers, ont pour origine la
pression de l’actionnariat. Les théories d’agence et du signal montrent que les politiques de
communication des informations comptables et financières sont des sujets encore largement
discutés à cause des suspicions des états financiers produits par les dirigeants. Les travaux
d’Essomba, (2004) montrent que les entreprises au Cameroun évoluent dans un contexte fiscal
agréssif et répressif, marqué par des difficultés d’accès aux financements bancaires. De ce fait,
on serait tenté de dire que dans cet environnement fiscal prédateur et surtout caractérisé par les
difficultés d’accès aux ressources financières, les entreprises ont développé des réflexes visant
à minimiser le transfert des richesses à destination de l’administration fiscale. En effet, ces
derniers estiment que cet environnement est peu favorable au développement de leurs activités
sur le plan administratif, juridique et financier à cause de la pression institutionnelle. En effet,
les décisions comptables sont souvent prises sous diverses pressions notamment les
actionnaires, du fisc, des banques, le secteur d’activité de l’entreprise, des règlements ainsi que
les comportements plus subjectifs des dirigeants. S’agissant des actionnaires, ils exigent des
dirigeants un certain taux de rentabilité de leurs capitaux investis. Parmi les facteurs de cet
environnement susceptible d’avoir un effet sur la gestion des résultats des sociétés on trouve
notamment l’environnement financier (institutions financières, marchés), la conjoncture
économique (Mard, 2002). L’environnement financier conditionne largement les raisons pour
lesquelles un dirigeant peut souhaiter gérer ses résultats et les objectifs de résultats qu’il se fixe.
Ainsi, Ngantchou(2013) montre que dans un environnement caractérisé par un financement par
la dette, les impôts dépendent des résultats comptables. Les difficultés conjoncturelles
constituent a priori une incitation supplémentaire à la gestion des résultats reconnus par les
praticiens. Ainsi selon Feudjo et Tchinkam (2012) dans un contexte de besoin de financement,
« la tentation est grande pour les dirigeants d'imaginer des procédés ingénieux, souvent
discutables, pour améliorer la présentation des comptes ». C’est dans ce sens que Trueman
(1990) estime que les entreprises sont davantage incitées à gérer les résultats en période de
haute conjoncture. En effet, durant ces périodes, les différences de performances entre les
bonnes entreprises et les entreprises moins compétitives sont plus sensibles. Pour les firmes
moins compétitives, la gestion des résultats constitue alors un moyen d'atténuer la visibilité des
différences de performance économique. Cette analyse permet de formuler l’hypothèse
suivante:
H3 La pression institutionnelle est un facteur incitatif à la manipulation des informations
comptables et financières.
2 Justification méthodologique des determinants de la manipulation des informations
comptables et financières.
Le protocole de vérification empirique de cette étude présente trois articulations.
Premièrement la construction de l’échantillon et de collecte des données ; deuxièmement, la
construction du modèle théorique de recherche et l’opérationnalisation des variables et
troisièmement la présentation d’outils statistiques d’analyse des données. .
2. 1 Constitution de l’échantillon et collecte des données
La spécificité de l’étude nous amène à adopter deux approches ; une approche exploratoire
basée sur l’analyse documentaire et sur les entretiens et interviews (Miles et Huberman, 2003)
et une approche quantitative basée sur les données primaires. La démarche exploratoire se
justifie par la spécificité du domaine d’application de l’étude et l’objet de l’étude. Concernant
l’analyse documentaire, celle-ci porte sur l’exploitation des rapports trimestriels des services
de crédit des banques et microfinances, des services de contentieux des impôts, des cabinets
d’audit et des tribunaux de grande instance. Les rapports de chaque service ont permis d’avoir
des informations sur les fraudes et manipulations comptables intentionnelles des informations
par les dirigeants. Concernant les informations reçues des banques et microfinances, il ressort
que les dirigeants manipulent les informations comptables pour obtenir des financements et
après obtention de ces financements elles deviennent incapables de rembourser. Concernant les
services des impôts, on a constaté que la fraude est très accentuée à cause du nombre élevé
d’entreprises rattrapées pour fraude fiscale. Selon les rapports de la Direction Générale des
Impôts depuis 2015, près de 272 entreprises font l’objet de redressements fiscaux et ce nombre
croit au fil des années. Concernant les cabinets d’audit où nous rendons services, on a constaté
que ceux-ci n’appliquent que les consignes données par les dirigeants lors de leurs missions
d’audit et les deux rapports commis à la fin de la mission concordent avec les orientations de la
manipulation des informations comptables et financières. En ce qui concerne les tribunaux de
grande instance ; ces derniers ont permis d’entrer en possession des procès-verbaux des conseils
d’administration et des assemblées générales des actionnaires. Les informations reçues de ces
procès-verbaux montrent que les licenciements et limogeages de certains dirigeants sont dus à
la communication des informations comptables et financières fraudées ou manipulées. A titre
d’exemple l’adoption des comportements différents sur les traitements des charges et produits.
Ceci semble assez sensible dans la mesure où les caractéristiques des entreprises sont
différentes (entreprise familiale, Nationale, filiale, PME et mode de gouvernance). Dans toutes
ces entreprises, les méthodes de communication et de traitement des données comptables sont
totalement différentes les unes des autres.
Cette étude porte sur un échantillon opérant dans quatre secteurs d’activité (industrie,
agriculture, commerce et service) quel que soit leur statut juridique. Elles sont localisées dans
les régions du Centre, de l’Ouest, du Littoral et de l’Est. En effet, ces quatre régions regorgent
94,6% des entreprises du Cameroun selon les sources de l’Institut National des Statistiques de
2016. La deuxième phase exploratoire de collecte des données s’est faite sur la base des
interviews et entretiens conduits à l’aide d’un guide d’entretien durant la période de décembre
2017 à janvier 2018. Cette phase explique les techniques comptables perçues comme celles de
la manipulation telles que : la gestion des provisions, des charges, des garanties, les retours sur
ventes, les méthodes d’amortissement, les méthodes de gestion des stocks, les politiques de
distribution des dividendes, la rémunération, les politiques de paiement des taxes et impôts. Les
entretiens avec chaque répondant ont duré en moyenne 40 à 50 minutes. Concernant l’analyse
du contenu, on a relevé que les mêmes mots revenaient dans les discours des répondants selon
la catégorie. L’analyse horizontale a facilité la caractérisation des techniques de manipulation
de chaque entreprise. De plus, l’analyse concomitante des techniques de manipulation a permis
à la comparaison entre les entreprises suivant chaque technique de manipulation. La deuxième
qui est la méthode quantitative a consisté à collecter des données par voie de questionnaire
répondant à l’analyse verticale. Ce questionnaire a été administré auprès de 232 entreprises
entre janvier et mars 2018. Ce choix se justifie par le fait que c’est la période où les entreprises
sont enclines dans le montage des états financiers(DSF) pour se justifier auprès des impôts, des
banques et auprès des actionnaires. En dehors de cette raison, c’est aussi la période où les
dividendes sont calculés et versés aux actionnaires. Après étude exploratoire, les items retenus
pour d’élaborer un questionnaire sur les déterminants de la manipulation des informations
comptables sont inspirés des travaux de Stolowy et Breton, (2004), Razaee, (2005), Bensabeur
(2016), Mballa, (2016). En effet, 232 questionnaires remplis ont été récupérés. Après
exploitation au regard des objectifs poursuivis, on a retenu 210 questionnaires. L’objectif étant
de confronter les résultats issus de l’analyse verticale à ceux issus de l’analyse horizontale, ainsi
il sera question de faire le point sur le contenu des variables de l’étude.
2.2 Construction du modèle et opérationnalisation des variables
Les travaux antérieurs de Bernhein,(1993) ;Casta et Ramond, (2009); Minko, (2016) nous
permettent d’apprécier les caractéristiques des choix comptables en quatre dimensions.
D’abord la dimension décisionnelle décrivant les caractéristiques de l’unité qui est
formellement chargée de produire et de diffuser les données comptables . Ensuite, la dimension
relative à la production des données comptables et enfin la dimension relative à l’utilisation de
ces données par les dirigeants. Pour Simo(2013), on peut, à côté de la dimension
organisationnelle, joindre la dimension comportementale ou subjective. Ainsi donc, le modèle
permettant de voir les éléments que nous retenons pour la suite de notre analyse est le suivant.
Figure 1: Le modèle conceptuel de la recherche
Source: Auteurs à partir de la littérature
Nous pensons que des choix comptables, les divergences d’intérêts existants entre les dirigeants
et les autres parties prenantes et la pression institutionnelle (fiscale, de financement, de
performance, de croissance etc.), peuvent expliquer la manipulation comptable dans le contexte
des entreprises au Cameroun, aussi bien pour la production des informations que pour
l’utilisation qui en est faite. Ce modèle constitue donc le résultat prédictif de notre recherche.
Le modèle économétrique présenté si dessus établit la relation entre les variables indépendantes
et la variable dépendante.
2.3 Présentation du modèle économétrique
Notre modèle économétrique s’inspire des travaux de Simo(2013) et Mballa(2016) il se
présente comme suit:
MANI= 𝜷𝟎 + 𝜷𝒊𝐱𝐢 + 𝛆i i= 1, 2, … , 7 (1)
Avec xi, les variables explicatives, 𝜷𝒊 les coefficients de Régression, 𝜷𝟎 le terme constant et
εi, le terme d’erreur. Cette équation se présente de la manière suivante:
MANI = 𝜷𝟎+ 𝜷𝟏𝐂𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬+𝜷𝟐𝑬𝒗𝒂𝒍𝒖𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒔𝒕𝒐𝒄𝒌𝒔+ 𝜷𝟑𝑷𝒐𝒍𝒊𝒕𝒊𝒒𝒖𝒆 𝒅′𝒂𝒎𝒐𝒓𝒕𝒊𝒔𝒔𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕 +
𝜷𝟒𝐋𝐨𝐢𝐬 𝐝𝐞 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐞+𝜷𝟓𝐑è𝐠𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐞𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐢𝐧𝐬𝐭𝐢+ 𝜷𝟔𝐏𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐞 𝐫é𝐦𝐮 +
𝐏𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐞 𝐝𝐢𝐯𝐢𝐝𝐞𝐧𝐝𝐞𝐬+ɛi (2)
Avec: FRQ-COM : fréquence
MANI: Manipulation des informations comptables ; RES-DE : respect de délai
Les choix comptables
Participation du dirigeant à la
production des informations
comptables ;
Pressions sur le dirigeant
(pression fiscale, besoin de
financement, objectifs de
performance et de croissance
etc.).
Manipulation
Comptable
Communication les
informations
comptables non
conformes
Dans l’équation du modèle (2) les variables explicatives correspondent respectivement :
Charges fiscales, évaluation de stocks, politique d’amortissement, Lois de finance,
Réglementation institutionnelle, politique de rémunération, politique de dividendes. Cette
équation (2) sera estimer à partir de la régression logistique ordinale car la variable dépendante
est qualitative et mesurée suivant une échelle de Likert. Cette variable prend des valeurs (1,
2,3) ; dont (1) peu d’accord, (2) d’accord, (3) tout à fait d’accord.
3.4 Opérationnalisation des variables
Nous allons opérationnaliser chacune des variables en partant des hypothèses que nous avons
émises. Ceci nous permettra de faciliter l’analyse de ces hypothèses. Ainsi donc,
l’opérationnalisation conjointe des variables de nos hypothèses est conciliée dans le tableau ci-
dessous.
Tableau 1: tableau d’opérationnalisation des variables
Source: construction des auteurs
Le tableau ci-dessus est celui de l’opérationnalisation des facteurs influençant l’importance
accordée aux informations comptables produites dans les entreprises. Il ressort que la méthode
de gestion des stocks, la politique d’amortissement, la politique de rémunération, la politique
de distribution des dividendes et le respect de la règlementation qui nous semblent plus
explicite que ceux concernant la taille de l’entreprise et le chiffre d’affaire et autres. Les
données ont été collectées par le questionnaire. Après avoir identifié et opérationnalisé les
variables, il nous importe de présenter les résultats issus du traitement économétrique des
données.
3 Résultats de la régression logistique.
Variables Définitions Mesures retenues Signes attendus Auteurs de référence
Variable dépendante : la qualité de l’information
MANI
FRQ Mesure sur une
échelle de Likert à
5 points
Positif Stolowy et Breton (2004)
Stolowy et Breton (2003)
Berhein y (1998) DEL
Variables indépendantes : le profil du dirigeant, les divergences d’intérêts et la
pression sur le dirigeant
CHA-FIS Charges fiscale Négatif
EVA-STOC Evaluation des
stocks
Mesure sur une
échelle de Likert à
5 points
Positif J-F Casta (2012)
Ngongang (2005)
Vidal (2010)
Ngantchou (2013)
Mohamed (2013)
Stlowy et Breton (2004)
POL-AMOR Politique
d’amortissement
Négatif
LOI-FIN Lois de finance Mesure sur une
échelle de Likert à
5 points
Positif
RES-REGL Respect de la
réglementation
Positif Ngongang,((2007)
Mballa (2016) ;
Simo(2013)
Chekkar et Onnee (2010),
POL-REM Politique de
rémunération
Positif
Breton et Schatt (2007)
Colasse (2011),
Leuz (2010)
Christophe B. (2000)
Minko(2016 )
POL-DIST Politique de
distribution
Positif
Lorsque la variable dépendante est sous forme qualitative ordinale, c'est-à-dire variable
hiérarchisable (exemple: échelle de Likert), la régression logistique ordinale est la mieux
adoptée pour le traitement économétrique des données. En effet c’est cette régression que nous
avons utilisé dans le cadre de cette étude, car notre variable dépendante est qualitative. Nous
avons d’abord fait la régression logistique ordinale de chaque item permettant de capter la
variable dépendante et les items permettant de capter les variables indépendantes. Ce qui nous
a permis de dresser un tableau de synthèse qui est le résumé des différents tableaux de
régressions logistiques des variables liées aux caractéristiques de l’entreprise et les items
retenues pour capter nos variables indépendantes. Ce tableau se présente comme suit:
Tableau 2: synthèse des régressions logistiques
Coef Prob Coef Prob
H1
CHA- FIS 4,337 0,037** 0,163 0,686
EV-STOCK 5,515 0,019** 2,879 0,09***
POL-AMOR 3,392 0,066** 2,775 0,096***
H2 LOI-FIN 20,317 0 ,00* 2,018 0,654
REGL 0,619 0,431 3,51 0,061***
H3 POL-REM 6,284 0,012** 3,724 0,054***
POL-DIVI 0,024 0,876 0,051 0,821
Source: Auteurs à partir du Khi-deux de Pearson
Légende : *=significativité à 1% ; **=significativité à 5% ; ***= significativité à 10%
Le tableau de régression logistique ci-dessus est la synthèse de différentes régressions
logistiques correspondantes aux items qui permettent de capter le phénomène de manipulation
comptable étudiée dans ce travail.
3.1 Interprétation des résultats de la régression logistique ordinale
Il convient, à partir du tableau de synthèse ci-dessus, de dire si les variables
indépendantes, ont une influence ou non sur la variable dépendante.
3.2 Interprétation des résultats relatifs à l’hypothèse H1
En faisant l’examen du tableau 2 ci-dessus, il ressort que les choix comptables influencent
positivement (au seuil de 5% pour le respect des délais et 10% pour la fréquence) sur les
variables captées par : les méthodes d’évaluation de stocks et d’amortissement non conforme.
Ces résultats vont en droite ligne de ceux de Stolowy et Breton (2004) qui pensent que les choix
comptables permettent d’examiner la relation entre la manipulation et le niveau de non-
conformité des informations comptables et financières. Ainsi, cette association agit sévèrement
sur la manipulation des informations comptables et financières. Ces prédictions corroborent
avec celles des travaux de Ndjama (2007), qui rappellent que les préférences sur la production
des états financiers renvoient à la dimension économique des objectifs et comportements. Ce
fut le cas de l’affaire de la Bicec Cameroun en 2016 où les dirigeants ont été rattrapés suite à la
manipulation des immobilisations. Ce qui confirme l’hypothèse qui stipule que : « les choix
comptables incitent positivement la manipulation des informations comptables et financières
». Cette hypothèse s’inscrit dans l’approche standard de la politique comptable dont les choix
comptables influencent la crédibilité de l’information comptable et financière communiquée
par l’entreprise.
3.3 Interprétation des résultats relatifs à l’hypothèse H2
Les résultats du tableau2 montrent également que la participation des dirigeants à la
production de l’information comptable influence positivement la manipulation au seuil de 10%
lorsqu’elle est appréhendée par le respect de la règlementation et la loi de finance. Ces résultats
convergent avec ceux trouvés par Mezghani et Ellouze (2007) et Minko(2016) qui ont montré
que la principale motivation de la manipulation comptable est la maximisation du bien-être des
dirigeants par le respect des lois et normes prescrites. Ainsi la participation des dirigeants dans
la production des données comptables tente notamment d’optimiser les bénéfices comptables.
Sans remettre en cause cette motivation managériale, Baïdari, (2005), estime que d’autres
raisons permettent d’expliquer les manipulations comptables. En particulier, dans les
entreprises qui disposant d’un actionnaire dirigeant de contrôle, la volonté pour celui-ci de
transférer de la richesse aux parties prenantes (Fisc, banques, salariés, clients) n’est pas réelle,
le dirigeant manipule l’information comptable visant à modifier la perception de ces parties
prenantes pour maximiser les intérêts personnels. Ce fut le cas des dirigeants de l’ancien Camair
en 2005 qui ont été rattrapés dans leur besogne de manipulations des informations comptables.
Ces analyses confirme l’hypothèse qui stipule que «La participation des dirigeants à la
production des informations comptables et financières incite positivement la
manipulation des informations comptables et financières»
3 4 Interprétation des résultats relatifs à l’hypothèse H3
A l’issu du tableau 2 faisant la synthèse de la régression logistique ordinale, force est de
constater que l’ensemble des items utilisés pour capter par la pression institutionnelle (tels que
la politique d’amortissement et la politique de distribution des dividendes) influencent
positivement la manipulation, respectivement aux seuils de 5% et 10%. Ces résultats
réconfortent la littérature en ce sens que, la manipulation des informations comptables et
financières est un enjeu dans la politique de distribution des dividendes, des amortissements et
de paiement des impôts pour ne citer que ces exemples. Cette conception est d’autant plus à
priori que les dirigeants dans le but de maximiser les dividendes des actionnaires
communiquent les informations comptables et financières non conformes aux autres parties
prenantes. Ainsi, ces résultats rejoignent ceux de JeanJean et Stolowy(2008) qui considèrent
que la norme comptable est une approche cognitive renforçant le pouvoir discrétionnaire des
dirigeants dans les pratiques comptables pouvant concourir à la manipulation des informations
comptables et financières. De plus, Leuz (2010) pense que la manipulation des informations
comptables et financières s’explique par des relations qu’entretiennent les dirigeants avec les
autres parties prenantes. Par exemple concernant le paiement des impôts et taxes au Cameroun,
les dirigeants d’entreprises expliquent que les agents de l’Etat créent des infractions même là
où il y en a pas. Par conséquent, ils sont obligés de manipuler leurs comptes avant de payer
leurs impôts et taxes. Ces résultats vont en droite ligne avec ceux de Ngantchou, (2013 ); et
Simo (2013) qui énoncent que les dirigeants jouent un rôle de gardien dans le processus de
manipulation des états financiers communiqués aux parties prenantes. Ce qui confirme
l’hypothèse H.3 qui énonce que la pression institutionnelle incite positivement la
manipulation des informations comptables et financières. Ces résultats vont en droite ligne
avec les travaux de Ngongang (2007) qui rappellent que le choix des pratiques comptable est
souvent conditionné par les pressions subies par le dirigeant ; il s’agit ici des pressions fiscales,
environnementales, concurrentielles, de recherche de financement, le souci de garantir la
pérennité de l’entité et de satisfaire les multiples besoins des actionnaires.
Conclusion
Cette étude consistait à examiner les déterminants de la manipulation des informations
comptables et financières. L’objectif étant d’évaluer les motifs qui poussent les dirigeants à
manipuler les états financiers. Les résultats de l’étude montrent que les choix comptables la
participation des dirigeants à la production et la pression institutionnelle, influencent
positivement la manipulation des informations comptables et financières. Ces résultats
enrichissent la littérature liée à la théorie positive de la comptabilité des travaux empiriques
dans une économie de petite taille comme le cas des entreprises au Cameroun ; ce qui
auparavant n’a fait l’objet d’aucune étude. Cette recherche peut être notamment utile si
possible pour l’Etat, toutes choses restant égales par ailleurs, de distinguer avec un faible risque
de se tromper, les variables qui expliquent le mieux la persistance de la manipulation des
informations comptables en vue de prendre les mesures qui s’imposent. En effet, l’Etat doit
adopter la fiscalité incitative tout en évitant le « durcissement » de la réglementation comptable,
car, elle n’est pas nécessairement la meilleure solution pour limiter le comportement
opportuniste des dirigeants. Pour les actionnaires, ils devraient instaurer des règles strictes (et
même des sanctions en cas de violation de ces règles). De plus, ceux-ci doivent s’impliquer de
manière régulière dans le renforcement des structures de gouvernance. Cette étude laisse
néanmoins une question en suspens à savoir : quelle est la relation entre les mécanismes de
gouvernance d’entreprise et les choix comptables ?
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