N°32 / 2011 / SOMMAIRE
maisondelasolidarité
29 rue Edmond dar∫ois92230 GennevilliersT 01 47 90 49 03F 01 47 33 60 [email protected]
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ou mal logées et de mettre en adéquation les besoins et les offres...Le SIAO se charge donc, au niveau départemental, de centraliser les possibilités d’hébergement et de logement. Toute demande d’hébergement/logement devra être adressée au SIAO par l’intermédiaire d’un rapport social établi par le (la) référent(e) (en général, assistant(e) de service social) de la personne en demande. Pour les Hauts-de-Seine, le SIAO est basé à Asnières.
Pour la Maison de la Solidarité, comme pour nombre d'autres structures du même type, le SIAO est un dispositif exempt de souplesse et qui ne nous permet plus, entre autres, de chercher des possibilités d'hébergement directement auprès de nos partenaires. Cela implique de repenser nos partenariats du secteur
" hébergement ".
Par ailleurs, bien que hautement louable dans sa finalité, le SIAO a-t-il les moyens de ses ambitions ?
Qu’est-ce que le SIAO ?par Anne Cosquer
En 2010, l’Etat a amorcé une refondation du dispositif de l’accueil, de l’hébergement et de l’insertion. Parmi les différentes réformes qu’implique cette refonda-tion, la création du Service Intégré d’Accueil et d’Orien-tation (SIAO), dans chaque département français, vise à mieux accueillir et orienter les personnes sans abri
UN ÉTÉ COMME LES AUTRES ? PAS SÛR…
Comment
l'été ?passé
avez-vous
p. 1 Qu’est-ce que le SIAO ?
p. 2/3 Témoignages de l'été
p. 3/4 Du théâtre à la
Maison de la Solidarité… ?
Horaires, remerciements
…et notre revue des titres
du Parisien de cet été
Comme tous les ans cet été, la Maison de la Solidarité a fermé ses portes pendant quatre semaines.
En effet, il faut permettre aux membres salariés, mais aussi aux bénévoles, de bénéficier d’un temps d’arrêt, dont les dates leur sont d’ailleurs imposées, pour souffler, se détendre, voyager, se passionner pour d’autres activités.
On voit bien à la lecture des interviews repris dans ce numéro que la fermeture est vécue de façons diverses, parfois sans trop de dommages par certains, proba-blement mieux armés, mais aussi plus dramatiquement par d’autres, plus isolés, avec, en plus, le handicap de la langue.
Les dates de fermeture sont décidées et décalées, dans la mesure du possible, pour tenir compte des fermetures des autres centres d’accueil. Des listes d’adresses, avec les numéros de téléphone, sont distribuées, précisant les lieux restant ouverts et les services proposés. Mais les possibilités restent très insuffisantes. Alors, comment ne pas regretter qu’en cette période d’été, les aides aux plus démunis soient remises en question, rognées, ou supprimées.
A titre d’exemples : Le logement d’abord. C’est, pour les sans-abri, la logique gouvernementale actuelle ! Pourquoi pas mais la première des conséquences depuis quelques mois a été la suppression de places d’hébergement d’urgence (chambres d’hôtel notamment), à priori 4 500 en Ile-de France, avant même de pouvoir « loger » les personnes concernées par ce projet. Ainsi, ces places ont manqué cet été.
Cet été encore, la démission de Xavier Emmanuelli, 72 ans, fondateur du Samu Social, intervenue le 19 juillet, montre à quel point les coupes budgétaires rendent la situation des intervenants ingérable et celle des plus démunis pire encore. Certes, après les expressions de mauvaises humeurs manifestées par les associations de lutte contre le mal-logement, une rallonge de 75 millions d’euros a été accordée mais le budget global de base reste amputé pour la deuxième année consécutive !
Toujours cet été, passée inaperçue, la loi de finances rectificative du 29 juillet 2011 a créé une nouvelle taxe de 35 euros au titre de la contribution pour l'aide juri-dique. Cette taxe s'applique désormais aux recours en matière sociale. Il s'agit réellement d'un obstacle supplémentaire pour l'accès au droit pour les plus pauvres, après l’ instauration l’année dernière de la
taxe de 30 euros pour la demande de l'Aide Médicale de l'Etat (A.M.E.).
Au niveau européen, comme si cela n’était pas suffi-sant, certains pays voudraient désormais que l’aide alimentaire européenne ne soit plus imputée au budget de la Politique Agricole Commune, estimant que l’agriculture européenne n’a pas vocation à intervenir dans l’aide aux plus démunis, et qu’il appartient à chaque état de la prendre en charge dans le cadre de sa politique d’aide sociale ! Aujourd’hui, cette aide concerne quelque 13 millions de personnes en Europe.
Et pourtant, les demandes, les attentes, les besoins sont immenses. Ils ne cessent d’augmenter !
Il est donc important que des maisons comme la nôtre, maillon indispensable dans la chaîne de solidarité, puissent continuer de proposer une écoute, un café, un peu de chaleur humaine, de la dignité, à toutes ces personnes.
Alors : Un été comme les autres ? Pas sûr ! Solidarité, solidarité, où es-tu ?
Régis Toulemonde, président
Les refuges d’animaux saturés13 août 2011
Comment cet été ?
La Maison de la Solidarité a fermé ses portes au mois d’août. Cela vous a-t-il gêné ? Comment avez-vous passé cette période ?
avez-vous passé
RABAH
La Maison de la Solidarité a fermé au mois d’août.
Qu’en penses-tu ? Comment as-tu vécu pendant
cette période ?
Je suis resté à Gennevilliers et j’ai continué à travailler
partiellement. Le reste du temps, je suis resté chez moi.
Dans ma maison, il n’y a pas de douche, j’ai du aller
près de la gare St-Lazare pour pouvoir en bénéficier.
Pour le petit-déjeuner, j’ai la possibilité de le prendre
chez moi.
J’ai eu un ennui cet été car des cambrioleurs sont
rentrés dans mon appartement, ont volé mes deux
portables et un peu d’argent et ont créé un grand
désordre. J’avais ramené chez moi mes papiers
importants, qui habituellement sont gardés par la
Maison de la Solidarité, heureusement les voleurs n’y
ont pas touché. J’ai porté plainte auprès de la police.
J’aurais pu aller voir ma sœur qui habite St-Etienne et
même aller au Maroc, maintenant que j’ai des papiers,
mais cela n’a pas été possible, manque d’argent.
SAMY
Je viens depuis le mois de janvier, je suis hébergé au
foyer ADOMA porte de Clignancourt. C’est un centre
d’hébergement.
Cet été, j’ai passé mes journées à faire des recherches
internet pour trouver un boulot ou une formation en
informatique. C’est mon domaine d’activité. J’ai déjà
travaillé dans l’infographie pendant deux ans. Je
travaille sur « Photoshop ».
Pendant la fermeture, ça a pas changé beaucoup, j’ai
continué mes recherches internet. Sinon, je fais mes
démarches administratives, par exemple au pôle
emploi. En fait, je viens de Tahiti. Je suis arrivé il y a un
an et demi.
Vous connaissiez quelqu’un ici ?
Non. Toute ma famille est là-bas. J’ai mal préparé ma
venue en France. Au début j’étais à la rue et puis après
j’ai connu la Maison de la Solidarité.
Cet été, je suis allé à Paris Plage et plusieurs fois à la
Villette, au cinéma. J’ai vu « Gomorra » sur la Mafia
italienne. Quand je ne suis pas dans mes recherches, je
regarde la télé sur l‘ordinateur.
Je regarde surtout les séries et je lis très peu. Je suis
plus sur l’image. Avec Photoshop, je peux tout faire,
des mises en page, des affiches.
ABDELAZIZ
La Maison de la Solidarité a fermé ses portes au mois d’août. Cela vous a-t-il gêné ? Comment avez-vous passé cette période ? Je ne suis pas dans la solitude car j’ai de la famille en France qui m’a accueilli et que je vois de temps à autre dans le courant de l’année. Ainsi, je n’ai pas été gêné par fermeture la de la Maison.
Cependant, je me sens très bien à la Maison, j’y ai des amis, je m’entends bien avec les personnes accueillantes. Je préfère donc que la Maison soit ouverte. J’y suis même mieux en comparaison aux séjours passés dans ma famille.
Je viens ici depuis neuf ans, depuis 2002. Ma situation administrative n’est pas encore réglée. J’espère qu’elle le sera un jour, le fait d’avoir de la famille définitivement installée en France, peut peut-être y aider.
Je viens régulièrement depuis un an à la Maison de la
Solidarité pour prendre le petit-déjeuner, ils m’aident
pour l’hébergement si j’ai pas, pour la douche, si j’ai
besoin pour un papier… je trouve beaucoup de choses
ici, c’est pour ça que je viens toujours ici.
Cet été, ça s’est mal passé, j’ai pas trouvé comme ici,
j’ai souffert un peu dehors, pour le petit-déjeuner, le
café avec l’argent, y a pas d’association comme ici ou
alors c’est loin et il faut payer le transport pour aller
boire un café
Comment se passaient vos journées ?
J'allais le matin dans un parc. Avant j’étais habitué
à passer le matin ici, l’après-midi j’étais programmé.
Ça a changé le programme. Je dormais dans un squatt
avec quelqu’un mais maintenant ils l’ont fermé avant-
hier, c’est pour ça que j’ai demandé l’hébergement à
Stéphane et il a trouvé, j’ai bien dormi.
Parfois, dans la journée, je cherchais du travail, je me
levais à 5 h 30, j'allais au marché. Si quelqu’un a besoin,
je gagne 25 ou 30 euros. Si je trouve pas, je viens à la
MS mais quand elle est fermée, je prends un café à
emporter dans un bar et je viens au parc.
Vous avez des choses à raconter sur cet été ?
J’espère que l’année prochaine ils nous enverront dans
d’autres associations. C’est normal qu’ils prennent des
congés mais je suis nouveau à Paris, et je connais pas
les autres associations, comme ça on tomberait pas en
panne...
MOHAMED
Comme vous vous en êtes aperçu, la Maison de la Solidarité a fermé ses portes au mois d’août, cela vous a-t-il gêné ?
Oui, beaucoup. En particulier, j’ai été privé du petit déjeuner, de la possibilité de faire régulièrement ma toilette, de me raser. Cela a été très difficile, parfois impossible, de trouver des lieux de remplacement, d’autant plus que beaucoup de maisons d’accueil ferment pour la plupart au mois d’août.Je ne connais personne qui puisse m’accueillir. Je n’ai pas de moyens financiers. Ma seule distraction, lorsqu’il fait beau, est d’aller au parc des Chantereines.
Si je comprends bien, la période d’été est pour vous présentement le moment le plus difficile à vivre ?Effectivement, c’est le vide tout autour de soi, si on a un vrai problème, il est extrêmement difficile de trouver un travailleur social pour vous aider.
La privation des services rendus par la Maison de la Solidarité est dure à supporter. On a le sentiment d’avoir perdu ses repères.
LUCIE
Trois ans que je connais la Maison. Oh c’est comme ma
maison, c’est la maison familiale, j’y suis, je m'y plais,
les gens sont gentils. Je parle de ceux qui encadrent
parce que des fois on a des couacs avec des accueillis.
Alors quand la maison a fermé au mois d’août ?
Je me suis bien occupée. A la MS, ils m’ont donné une
carte pour avoir des colis alimentaires tout le mois
d’aôut. Alors j’y allais trois fois par semaine.
Je dors à l’hôtel à Levallois, c’est cher et l’environnement
est très désagréable. Ça fait 17 ans que j’y suis. J’ai
déposé un dossier d’HLM il y a 15 ans. Une seule fois,
ils m’ont proposé de visiter un appartement et j’étais
partie voir ma mère à Madagascar, qui était en fin de
vie. Ça tombait mal, j’aurais été heureuse. J’ai dû
refaire un dossier. C’est pas près d’être arrivé.
Cet été, j’allais aussi au Secours catholique. On a fait
une belle sortie, le temps n’était pas très beau, mais on
s’est bien amusé, on a fait un pique-nique aux Invalides,
et on a assisté à la cérémonie des funérailles d’un
général français qui a participé à je ne sais quelle
guerre !.
Et puis, formidable ! on a assisté à des vrais matchs de
gens comme nous, qui sont dans la précarité. Ça a duré
une semaine, c’était formidable.
Moi, je n'ai pas de télé, j 'aime lire. J'aime surtout les
documentaires scientifiques. J’ai fait de la physique et
de la chimie à l’école. J’achète les livres au marché, pas
cher. Et parfois je vais à la Croix Rouge de Gennevilliers
et je trouve des livres. J’aime aussi les livres de
Maupassant. Parfois je relis les livres que j’ai déjà lus.
C’était un très bel été. J’ai rencontré des gens, j’ai
discuté. C’était des rencontres passagères.
EUROMILLION : 126 millions en jeu ce mardi soir
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cet été ?
UN ANONYME
La fermeture de la Maison n’a pas été très grave pour
moi car je loge dans un appartement avec mes sœurs.
Je viens ici pour rencontrer des amis et surtout pour
être aidé pour remplir des formalités nécessaires : les
papiers, le courrier, les besoins de soins…Je n’arrive pas à trouver un travail régulier mais parfois
des petits boulots, grâce aux personnes que je
rencontre à la Maison.Pendant le mois d’août, pouviez-vous partir
ailleurs, par exemple chez des amis ?Non, je ne connais personne qui puisse m’accueillir et
je n’ai pas du tout d’argent.
JÉRÉMIE
Comment s’est passé l’été pour vous. Vous connaissez la Maison depuis longtemps ?
Depuis un an, j’ai trouvé une chaleur qui est très bien. Ils m’ont beaucoup aidé. Pour le mois d’aout, ils m’ont trouvé un endroit chez Emmaüs. Mais à partir du 8, je me suis trouvé sans rien. Je pensais qu’il allait faire beau, mais non il a fait beaucoup d’orages et j’étais dehors. Le 115 était impossible à joindre. J’ai traîné comme ça, dehors. Il y a trop de gens dehors dans la rue. Je m’abritais avec un parapluie. Je prenais une bouteille d’eau et je me lavais la figure. Personne savait… tout le monde croyait que j’avais une maison. On a quand même sa dignité. J’étais comme vous me voyez.
Vous m’autorisez à prendre une photo ?
Mais moi je me laisse pas aller. Je combats. J’en vois beaucoup qui se négligent. Il y a toujours une lumière, une porte qui s’ouvre. En ce moment, je dors à la péniche, ça va être la dernière semaine. Il faut que j’attende au moins deux à trois semaines, après ça va être bon. Pour trouver un endroit où dormir, où mettre mon linge. On peut pas traîner toute la journée avec des sacs. Et puis il faut être propre, soigné. Heureu-sement qu’ils sont là, à la Maison de la Solidarité, pour laver le linge, je me le repasse.
Je vais dire au président de la République qu’il devrait prendre exemple sur les associations.
Je suis d’origine kabyle, mais ça va faire 50 ans que je suis ici. J’ai toujours travaillé. J’avais 20 ans quand je suis arrivé. C’était le 3e mois du décès d’Edith Piaf.
Alors cet été, comment se passait la journée au mois d’août ?
Il y a une association qui était ouverte, pour prendre la douche, se raser, prendre un café. Dans la journée, parfois il a fait beau mais la nuit il pleuvait. Alors va dormir dans l’eau ! J’ai plein d’amis en France mais ils sont un peu partout et je ne peux pas y aller.
Alors dites-moi, quel est le dernier métier que vous avez exercé ?
Tenez vous bien…
Les produits cosmestiques, ensuite j’étais chef caviste au pub St-Germain, et puis pâtissier à la Coupole à Montparnasse. Ensuite, dans une boîte de déménage-ment. Et puis je suis resté 10 ans à la Compagnie ban-caire mais quand ils ont fusionné ça s’est arrêté.
RABAH
La Maison de la Solidarité a fermé au mois d’août.
Qu’en penses-tu ? Comment as-tu vécu pendant
cette période ?
Je suis resté à Gennevilliers et j’ai continué à travailler
partiellement. Le reste du temps, je suis resté chez moi.
Dans ma maison, il n’y a pas de douche, j’ai du aller
près de la gare St-Lazare pour pouvoir en bénéficier.
Pour le petit-déjeuner, j’ai la possibilité de le prendre
chez moi.
J’ai eu un ennui cet été car des cambrioleurs sont
rentrés dans mon appartement, ont volé mes deux
portables et un peu d’argent et ont créé un grand
désordre. J’avais ramené chez moi mes papiers
importants, qui habituellement sont gardés par la
Maison de la Solidarité, heureusement les voleurs n’y
ont pas touché. J’ai porté plainte auprès de la police.
J’aurais pu aller voir ma sœur qui habite St-Etienne et
même aller au Maroc, maintenant que j’ai des papiers,
mais cela n’a pas été possible, manque d’argent.
HAFID
Je viens régulièrement depuis un an à la Maison de la
Solidarité pour prendre le petit-déjeuner, ils m’aident
pour l’hébergement si j’ai pas, pour la douche, si j’ai
besoin pour un papier… je trouve beaucoup de choses
ici, c’est pour ça que je viens toujours ici.
Cet été, ça s’est mal passé, j’ai pas trouvé comme ici,
j’ai souffert un peu dehors, pour le petit-déjeuner, le
café avec l’argent, y a pas d’association comme ici ou
alors c’est loin et il faut payer le transport pour aller
boire un café
Comment se passaient vos journées ?
J'allais le matin dans un parc. Avant j’étais habitué
à passer le matin ici, l’après-midi j’étais programmé.
Ça a changé le programme. Je dormais dans un squatt
avec quelqu’un mais maintenant ils l’ont fermé avant-
hier, c’est pour ça que j’ai demandé l’hébergement à
Stéphane et il a trouvé, j’ai bien dormi.
Parfois, dans la journée, je cherchais du travail, je me
levais à 5 h 30, j'allais au marché. Si quelqu’un a besoin,
je gagne 25 ou 30 euros. Si je trouve pas, je viens à la
MS mais quand elle est fermée, je prends un café à
emporter dans un bar et je viens au parc.
Vous avez des choses à raconter sur cet été ?
J’espère que l’année prochaine ils nous enverront dans
d’autres associations. C’est normal qu’ils prennent des
congés mais je suis nouveau à Paris, et je connais pas
les autres associations, comme ça on tomberait pas en
panne...
ABDILLAH
Djaffar, vous connaissez la Maison depuis longtemps ?
Non, ça fait à peu près trois mois que je suis avec la Maison alors ça va pas !
Quand la Maison a fermé au mois d’août ?Effectivement, quand c’est là qu’on vient rigoler, voir les gens, prendre son petit-déjeuner, et bien j’étais triste, je sais pas les autres parce que chacun pour soi mais franchement j’était triste. Pourquoi je suis triste, Madame ?
Parce que j’ai du mal à comprendre en fait la France, j’ai du mal à comprendre les gens qui travaillent dans l’administration, j’ai du mal à comprendre les assistantes sociales parce que vous Madame, vous ou votre collègue, vous êtes là grâce à nous, pour nous aider. J’ai du mal à comprendre et si je comprends rien, je suis obligé de vous poser la question. Comment je fais mes démarches ? Pourquoi ça me fait mal, Madame ? ça me fait mal parce que moi j’ai tous mes papiers, j’ai la nationalité française, j’ai déjà fait le service militaire en France pour défendre le peuple français, pour vous défendre vous, et je dors dehors. Ça fait honte ! Non, je regrette d’avoir pris la nationalité française.
Mon père et ma mère sont français. Ça fait 18 ans que je suis en France. Avant j’étais à l’Ile de la Réunion avec mes parents.
Un jour j’étais à la maison et j’ai vu les militaires venir. Ils m’ont dit « Tu vas faire le service militaire en métropole ». J’étais obligé de venir. J’ai fait le service militaire à Lorient. Permettez-moi, Madame, de vous dire la vérité, je regrette. Mes droits ils s’envolent !Vous dormez où ?
Vous voyez EDF, le quartier du Luth où il y a la poste ? C’est là. Je dors dans le transformateur EDF où ils ont mis « DANGER DE MORT ». Mais c’est pas possible ça !!! non, Madame, j’ai plus un matelas, j’ai plus ma valise avec mes papiers et mes habits, on me les a volés. Heureusement j’avais mon passeport dans ma poche. J’en ai marre, Madame, j’en ai marre. Je préfère mourir. Je crève de faim le soir. J’ai manifesté il y a pas longtemps sur France 3 à la télé. Il paraît que le directeur du centre 115 il a démissionné. Il paraît que les budgets sont terminés. Les journalistes sont venus, ils étaient contents, j’ai dit la vérité ! Comment ils vont faire demain les sans-abris ? Madame, j’en peux plus, j’ai des papiers, j’ai même un diplôme pour la couverture, pour les toîts des maisons et je dors dehors, dans le transformateur EDF.
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JUSQU'AUHORAIRES D’ACCUEIL D'HIVER
À partir du 12 décembre 2011 :lundi - vendredi : 8 h - 11 h 12 h - 14 h et 17 h 30 - 20 h
Nous tenons à remercier tous nos partenaires pour leur aide précieuse et leur dévouement envers la Maison de la Solidarité.
REMERCIEMENTS
Recréer du lien social, offrir un peu de soutien aux « exclus », aux « sans... » : sans domicile, sans famille, sans travail, sans papier,… : c’est un des objectifs du projet de la Maison de la Solidarité.
Mais lutter contre l’exclusion sociale, la désocialisa-tion, c’est aussi faire retrouver à chaque personne accueillie une image valorisée d’elle-même, lui redon-ner le sentiment de partager avec les autres un minimum de culture commune et d’y prendre une place reconnue.
Les activités socioculturelles et particulièrement le théâtre sont des outils intéressants, reconnus dans ce travail sur soi. C’est pourquoi nous avons tenu à mener à bien ce stage de théâtre de cinq jours, qui a abouti à une représentation de 45 minutes, stage « emmené » par les membres de l’association « cette Compagnie-là », familiarisée avec les publics en très grande difficul-té : « cette Compagnie-là » travaille en prison, en centres d’hébergement d’urgence,…
« Cette Compagnie-là » et la Maison de la Solidarité souhaitent pouvoir réitérer cette expérience enrichis-sante pour un stage d’une dizaine de jours, courant 2012. La production serait présentée lors du premier festival culturel de la Fondation Abbé Pierre, program-mé en septembre 2012.
© photos Olivier Pasquiers · le bar Floréal
ENVIE DE GRAND LARGE par Stéphane Barbanchon
Depuis deux ans, la Maison de la Solidarité et l'association cherbourgeoise « Voiles écarlates » proposent des voyages thématiques autour de la mer, des vieux gréements et des valeurs essentielles comme le respect de l'autre, la solida-rité, la complémentarité et l’épanouissement personnel... Pour mettre en lumière et en scène, Cherbourg s'est donnée dans toute sa richesse d'espace posé entre le ciel et l'eau... Au bout de ces expériences fortes en émotions, six accueillis de la Maison de la Solidarité ont décidé de poursuivre l'aventure en s'installant dans cette ville si accueillante. En l'espace de quelques jours, nos pionniers ont trouvé loge-ment et travail pour s'inscrire pleinement dans cet eldo-rado du bord de mer... Voici deux cartes postales envoyées pour conserver le lien entre ici et là-bas, entre eux et nous, et surtout pour partager les joies et les espoirs de ces nouvelles vies... Après tout, le proverbe se fait raison : « Lorsque tes yeux sont fatigués, va et regarde la mer ! »
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DU THÉÂTRE À LA MAISON DE LA SOLIDARITÉ… ?par Stéphane Barbanchon
Les marchés replongent, découragés par l’emploi aux USA et la Grèce2 s
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LES GENS DE L’OUBLI - n°32Directeur de publication et président de l’AssociationRégis Toulemonde
Comité de rédaction du n° 32 : Stéphane Barbanchon, Jeanine Boisard, Olaf Mühlmann, Benjamin Steinberg, Ghislaine Valadou.
Notre joyeuse frappeuse de textes : Michèle Maffre
Notre fidèle correctrice : Jeanine Boisard
Pour toute remarque, contactez-nous au 01 47 90 49 03.
Directrice de la Maison : Anne Cosquer
Crédits photos : D.R. Maison de la Solidarité, Olaf Mühlmann, Olivier Pasquiers · le bar Floréal
Conception graphique : © rübimann design http://www.rubimann.com
Impression : LNI
Imprimé sur papier 100% recyclé, Cyclus print 115g/m2