Les investissements en installations pharmaceutiques au Canada
2
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Vue d’ensemble du marché biopharmaceutique
L’industrie mondiale des pharmaceutiques et des sciences de la vie continue d’évoluer par
rapport aux modèles initiaux qui ont alimenté la croissance et soutenu le marché pendant des
années. Les sociétés pharmaceutiques multinationales créent moins de ces médicaments-vedettes
qui stimulaient la croissance de l’industrie. Ces sociétés se tournent plutôt vers le développement
de produits biologiques et d’autres médicaments plus ciblés et nécessitant, pour bon nombre
d’entre eux, encore plus de travaux de recherche et de développement. En outre, les brevets de
médicaments populaires et rentables, dont les ventes représentent près de 60 milliards de dollars
pour leurs
fabricants,
commencent à
expirer1. Ainsi, les
manufacturiers de
médicaments
génériques et
d’autres sociétés
peuvent créer des
médicaments
équivalents afin
d’accaparer la part
de marché de
fabricants de
produits de marque
et de forcer ainsi
des sociétés
comme Pfizer, Merck et Novartis à concentrer leurs ressources sur la création de stratégies visant
à défendre leur part de marché plutôt qu’à l’élargir. Depuis la récession, le marché
pharmaceutique canadien a affiché une croissance plus forte que celle du marché mondial, mais
cette performance se traduit-elle par des investissements dans l’industrie pharmaceutique au
Canada?2
Où les sociétés investissent-elles?
Dans le contexte mondial actuel, les processus d’élaboration de produits évoluent et l’on s’attend
à ce que les pays établis traditionnels qui ont stimulé la croissance des revenus de l’industrie
jouent un rôle moins important dans la croissance du marché mondial des sciences de la vie.
1 IBIS World 2012 Global Pharmaceutical and Medicine Report
2 2012 Economist Intelligence Unit Industry Briefing
4
Les sociétés sont en quête de possibilités d’augmenter leurs revenus dans les marchés en forte
croissance comme la Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie ainsi que le Mexique et l’Afrique du Sud.
On s’attend à ce que les grands fabricants de médicaments de marque ciblent davantage leurs
ressources afin de profiter de la croissance des produits de marque et génériques dans ces
marchés3.
La poursuite de l’intégration des participants du marché sera l’un des résultats importants de la
dynamique changeante du marché. Cette intégration est prévue étant donné la nature mondialisée
des grands acteurs de l’industrie et leur besoin de consolider leurs filières de développement de
moins en moins productives et de diversifier leurs activités en délaissant les produits de marque.
Les faibles filières de développement de produits qui caractérisent aujourd’hui l’industrie sont un
facteur important de différentes acquisitions. D’autres acquisitions seront motivées par la
nécessité d’acquérir une masse critique dans un secteur donné (comme les médicaments
génériques), pour un produit donné ou à l’égard d’un type de technologie donné. Par exemple,
les fabricants de produits pharmaceutiques pourraient encore se tourner vers des sociétés de
biotechnologie afin de renforcer leur capacité en R. et D., surtout à mesure que les lignes de
démarcation entre les sociétés de médicaments de marque traditionnelles et les entreprises de
biotechnologie s’estompent4. Les fusions et les acquisitions devraient se poursuivre, mais la
tendance n’est pas nouvelle pour l’industrie. Il y a eu plus de 1 300 fusions et acquisitions entre
3 IBIS World 2012 Global Pharmaceutical and Medicine Report
4 IBIS World, 2012 Global Pharmaceutical and Medicine Report
5
1999 et 2009 totalisant plus de 690 milliards de dollars. L’année 2009 a été la plus lucrative, les
fusions et acquisitions ayant dépassé les 147 milliards de dollars5.
Il serait légitime de s’attendre à ce que cette activité engendre des entités plus grosses ayant des
parts de marché plus grandes et une réduction potentielle de la concurrence, mais aucune société
n’a jamais eu plus de 7 % du marché mondial. Depuis 1970, la plupart des fusions importantes
de sociétés pharmaceutiques n’ont pas permis à leurs acteurs d’augmenter leur part de marché à
long terme puisque le potentiel que représentaient des gammes de produits et des filières de
développement de produits plus étendues ou les avantages découlant d’un gain concret de
productivité à long terme ne se sont pas matérialisés. Par exemple, GlaxoSmithKline détient
actuellement une part de marché combiné plus petite (4,3 %) que celle que ses trois composantes
(Glaxo, Wellcome et SmithKline Beecham) détenaient dix ans plus tôt6.
Il n’y a aucun doute qu’en dépit des changements considérables survenus dans l’industrie
mondiale des produits pharmaceutiques et des soins de santé, celle-ci poursuivra sa croissance et
demeurera un facteur important dans l’économie mondiale. Financial Times, un quotidien
économique et commercial mondial de premier plan, suit dans le monde entier les annonces
d’investissements de sociétés dans toutes les industries et dans tous les secteurs d’activité au
moyen de sa base de données FDI Intelligence (FDI). Les données tirées de FDI pour un groupe
de pays sélectionnés révèlent que de janvier 2003 à septembre 2012, près de
2 570 investissements ont été
annoncés dans le secteur des sciences
de la vie. Ceux-ci totalisaient environ
130 milliards de dollars US dans le
monde entier et ont créé plus de
320 600 emplois7. Comme on peut le
voir à la figure 3, les investissements
et les annonces ont été
principalement concentrés dans
quelques économies émergentes et
marchés établis. Collectivement, les
États-Unis, la Chine, l’Inde, le
Royaume-Uni/Irlande et la France
ont reçu plus de la moitié de tous les
investissements dans des projets à
l’échelle mondiale au cours des dix dernières années dans le secteur des sciences de la vie.
Malgré un ralentissement global de la production de recettes dans les marchés traditionnellement
établis, les États-Unis reçoivent encore davantage d’annonces de projets que tout autre pays, et
ce constat est vrai pour chaque année depuis 2007. Au cours des trois dernières années, deux fois
plus de projets ont été annoncés aux États-Unis qu’en Chine et en Inde, collectivement.
5 Irving Levin and Associates
6 IBIS World, 2012 Global Pharmaceutical and Medicine Report
7 Pays sélectionnés à titre comparatif tout au long du rapport en fonction de leur statut de compétiteurs du Canada
dans les marchés émergents ou établis en matière d’investissement
6
S’il appert que les États-Unis ont récemment dominé la scène mondiale au chapitre des
investissements, une analyse du nombre d’annonces de projets par habitant révèle que le Canada
se rapproche des États-Unis. Toutefois, un pays aussi petit que l’Irlande qui a obtenu plusieurs
projets au cours des dernières années semble être le plus dominant parmi les pays sélectionnés,
comme en témoigne la figure 4.
Il semble que les sociétés investissent moins dans de nouvelles installations et exploitations,
malgré une croissance annuelle estimative de 3,5 % pour l’industrie pharmaceutique mondiale8.
Le nombre de projets, les sommes investies et la création d’emplois ont diminué année après
année depuis l’atteinte d’un sommet dans les trois catégories en 2009. Après cette date, le
nombre de projets annoncés a diminué de près de 20 % tandis que les capitaux investis et la
création d’emplois ont diminué de plus de 30 % jusqu’à la fin de 2011. La FDI fait état de
161 projets annoncés de janvier à
septembre 2012. Si ce rythme se
maintient au quatrième trimestre,
on estime qu’environ 215 projets
seront annoncés pour l’année,
soit une baisse de 22,4 % par
rapport à 2011 et de 37,7 % par
rapport à 20099. Ces indicateurs
valident les tendances générales
du marché, c’est-à-dire que les
exploitations améliorent leur
efficacité et nécessitent moins
d’investissement pour une plus
8 IBIS World, 2012 Global Pharmaceutical and Medicine Report
9 FDI Intelligence, Financial Times, janvier 2003 à septembre 2012
7
forte productivité.
Globalement, les investissements importants dans les sciences de la vie qui créent au moins
100 emplois sont plus rares. En 2011, le nombre de grands projets a diminué de 19 % par rapport
à 2010. Dans les trois premiers trimestres de 2012, 62 grands projets ont été annoncés, ce qui
permet d’extrapoler que l’année se terminera avec moins de 100 annonces de grands projets pour
la première fois depuis 200710
.
Deux tendances sont susceptibles d’entraîner une baisse des investissements. Les revenus
annuels ont peu augmenté ou ont diminué sur les deux ou trois dernières années pour un groupe
de sociétés sélectionnées11
. La baisse des revenus pourrait faire en sorte que ces sociétés
investissent moins de ressources dans leurs installations, tant existantes que nouvelles.
Ce repli des investissements pourrait aussi être un signe que les sociétés tentent d’améliorer leur
productivité globale et d’utiliser les ressources disponibles pour alimenter leur croissance future.
Il concorde aussi avec les réponses générales concernant les éléments sur lesquels les sociétés se
fondent pour choisir les endroits où investir. Ces décisions sont déterminées par plusieurs coûts
financiers et d’opportunité connexes, en particulier le fait d’avoir accès à une main-d’œuvre
qualifiée et à des marchés en forte croissance de même que la possibilité de fonctionner dans un
environnement à faible coût12
. Ce constat met en lumière le fait que les marchés émergents
continueront de jouer un rôle de plus en plus important dans la croissance du secteur des sciences
de la vie en offrant des environnements à coût réduit et une main-d’œuvre de plus en plus
compétente.
Comment les sociétés investissent-elles?
De façon générale, nous pouvons répartir les tendances des investissements mondiaux dans les
sciences de la vie entre quatre secteurs : produits pharmaceutiques, matériels médicaux,
biotechnologie et soins de santé, les investissements étant largement concentrés dans les produits
pharmaceutiques et les matériels médicaux. Pris ensemble, ces deux secteurs représentent 82 %
de tous les projets dans l’industrie et 83 % des dépenses en capital prévues depuis 2003.
L’industrie a consacré davantage d’investissements à des projets liés aux produits
pharmaceutiques puisque ce secteur a représenté plus de 55 % des projets et environ 66 % des
investissements prévus de capitaux sur cette période de dix ans. Les projets du secteur
pharmaceutique ont reçu davantage d’investissements, mais les projets de matériels médicaux
nécessitent plus de main-d’œuvre et, ce faisant, créent 16,5 % plus d’emplois par projet que le
secteur pharmaceutique13
.
10
FDI Intelligence, Financial Times, janvier 2003 à septembre 2012 11
IBIS World, 2012 Global Pharmaceutical and Medicine Report 12
FDI Intelligence, Financial Times, janvier 2003 à septembre 2012 13
FDI Intelligence, Financial Times, janvier 2003 à septembre 2012
8
De façon analogue à la segmentation des secteurs de l’industrie, nous pouvons répartir la plupart
des projets dans l’industrie pharmaceutique entre trois activités : fabrication; recherche et
développement (R. et D.); et conception, développement et essai. Ces activités représentent les
étapes du développement de nouveaux produits dans l’industrie des sciences de la vie. Les
annonces de R. et D. comprennent les projets qui seront axés sur la création de connaissances
scientifiques, de technologies et de produits. Les annonces du secteur manufacturier portent sur
des projets dans le cadre desquels des produits seront fabriqués tandis que les investissements
dans la conception, le développement et les essais sont destinés à améliorer et tester des produits
finis avant que ceux-ci soient mis en marché.
Parmi ces activités, la fabrication a reçu proportionnellement le plus grand nombre
d’investissements privés dans l’industrie, plus de deux fois le nombre de projets d’activités de R.
et D. et près de six fois le nombre de projets de conception, de développement et d’essais. Cette
tendance vaut pour le nombre d’emplois créés et les investissements en capitaux estimatifs pour
des projets de fabrication comparativement aux annonces relatives aux deux autres activités14
.
Si nous voulons mieux comprendre les catégories d’investissements mondiaux, il est utile
d’examiner les activités par rapport aux secteurs par rapport aux types de projets (c.-à-d.
nouveaux investissements, agrandissement d’installations ou colocalisation de plusieurs
installations dans un même endroit). Lorsque nous examinons les investissements tous ensemble
dans le graphique ci-dessous, la catégorie des nouvelles installations de fabrication
pharmaceutique ressort comme la catégorie d’investissement la plus privilégiée par les sociétés
dans le monde entier depuis 2010.
14
FDI Intelligence, Financial Times, janvier 2003 à septembre 2012
9
Les nouvelles installations ont tendance à dominer les investissements destinés à la conception et
à la R. et D., mais les investissements dans la fabrication semblent partagés également entre les
nouvelles installations et les agrandissements.
Aperçu du marché canadien
Malgré l’attention accordée aux marchés émergents, les États-Unis ont continué d’occuper une
place importante dans l’industrie pharmaceutique mondiale à cause de la taille de son marché et
de la présence de sièges sociaux de quelques-uns des plus grands acteurs de l’industrie. Pour sa
part, le Canada pourrait être considéré comme un acteur de soutien de l’industrie dans son
ensemble plutôt qu’un de ses chefs de file, comme nous pouvons le voir dans la figure 8. De
janvier 2003 à septembre 2012, environ
2 570 investissements de capitaux dans
l’industrie des sciences de la vie ont été
annoncés. La majorité de ces projets
visaient les États-Unis et des économies
émergentes comme la Chine et l’Inde.
Ces trois pays recueillent 472 (18,3 %),
244 (9,5 %) et 168 (6,5 %) des
annonces de projets, respectivement.
Sur cette même période de près de dix
ans, le Canada a obtenu 63 projets, soit
environ 2 % des annonces, ce qui
équivaut à environ 2,5 milliards de
dollars US d’investissements estimatifs et 5 340 nouveaux emplois. À titre comparatif, rien
qu’en 2011, 91 nouveaux projets ont été annoncés aux États-Unis pour des investissements
totalisant 3,5 milliards de dollars US et 9 150 nouveaux emplois15
. Si nous analysons ces
données sur une base plus comparable, le total des investissements pour un million d’habitants
représenterait 7,4 $US par investissement pour le Canada sur la période de dix ans dans son
ensemble et 11 $US par investissement aux États-Unis en 2011. Quant à la création d’emplois
pour 100 000 habitants, les estimations pour le Canada s’établissent à près de 1,6 emploi tandis
15
FDI Intelligence, Financial Times, janvier 2003 à septembre 2012
10
que les États-Unis obtiennent près de trois emplois pour 100 000 habitants sur ces mêmes
périodes.
Au cours des dix dernières années, l’industrie des sciences de la vie canadienne a bénéficié de sa
proximité des États-Unis, surtout dans la première moitié de cette période. Depuis 2003,
17 sociétés américaines ont annoncé 22 projets au Canada. Il n’y a toutefois eu que cinq
annonces depuis 2008. L’année la plus active du Canada en matière d’annonces de projets a été
2007 : 12 des 63 projets y ont été annoncés. Parmi ceux-ci figure le plus grand projet annoncé au
Canada, un investissement de 600 millions de dollars de Charles River Laboratories dans un
nouveau centre de recherche et développement à Sherbrooke (Québec) qui devait créer
1 000 emplois. À lui seul, ce projet représente 24 % de tous les investissements prévus au
Canada et environ 19 % de la création d’emplois depuis 2003. Cependant, les multinationales
pharmaceutiques de marque Merck (incluant Schering-Plough) et Pfizer ont fait les plus récentes
annonces d’investissements de sociétés américaines au Canada. Dans les deux cas, ces sociétés
envisagent d'agrandir leurs unités de production au Québec16
.
Bien que les grandes multinationales n’aient pas fait d’investissements récents au Canada,
quelques-unes des plus grandes sociétés biopharmaceutiques du monde en ont déjà fait. D’après
FDI, Novartis, Merck et Sanofi ont toutes fait plusieurs investissements au Canada au cours des
dix dernières années, dont Novartis qui a annoncé cinq projets et Merck/ Schering-Plough qui a
investi un montant estimatif de 180 millions de dollars US.
Merck et Pfizer ont annoncé des projets d’agrandissement d’unités de production au Québec.
L’Ontario et le Québec ont reçu l’essentiel des annonces de projets, comparativement aux autres
provinces. Comme on y trouve un grand
nombre d’unités de production actives et
d’établissements de recherche prestigieux, il
n’est pas étonnant que ces deux provinces
soient un choix populaire en matière
d’investissements. Comme nous pouvons le
voir dans la figure 9, aucune autre province
n’a reçu plus de trois investissements dans le
secteur des sciences de la vie depuis 200317
.
Les récents investissements susmentionnés de
Merck et Pfizer illustrent trois thèmes
distincts pour l’industrie pharmaceutique
canadienne.
16
FDI Intelligence, Financial Times, janvier 2003 à septembre 2012 17
FDI Intelligence, Financial Times, janvier 2003 à septembre 2012
11
Les investissements les plus fréquents sont destinés aux agrandissements d’unités de production du secteur des sciences de la vie, suivis de nouveaux investissements en R. et
D. Comme nous pouvons le voir à la figure 10, l’agrandissement d’unités de production
dans les sciences de la vie a été le domaine d’investissement le plus actif à la grandeur du
pays depuis 2003, contrairement à l’industrie mondiale qui a reçu davantage
d’investissements dans de nouvelles unités de production dans le secteur des sciences de
la vie sur cette même période.
Le secteur pharmaceutique a reçu une part disproportionnée des annonces de projets, des créations d’emplois et des investissements en capitaux prévus comparativement aux
secteurs des matériels médicaux, de la biotechnologie et des soins de santé, comme nous
pouvons le voir dans la figure 11. La tendance est préoccupante puisque tout récemment,
l’industrie a ciblé ses efforts en recherche et développement sur la biotechnologie et les
produits de la catégorie des matériels médicaux.
La figure 12 illustre les investissements selon le domaine d’activité dans le secteur des sciences de la vie. Les investissements dans la fabrication obtiennent le plus grand
12
nombre d’annonces enregistrées dans la base de données de FDI depuis 2003. Le nombre
de ces investissements a varié d’une année à une autre, mais il totalise 33 projets sur les
dix dernières années avec des pointes d’annonces en 2003, 2007 et 2011. Le nombre
d’annonces de projets de recherche et développement a été comparable à celui des
annonces de projets de fabrication, soit 26. Toutefois, seulement cinq projets de R. et D.
ont été annoncés depuis 2009, même si ces projets nécessitent plus de main-d’œuvre et de
capitaux que les projets dans le domaine de la fabrication.
Contrairement aux tendances mondiales, pour lesquelles les nouveaux investissements
représentaient la plus grande part des annonces de projets, le Canada a connu plus de succès
auprès des sociétés qui agrandissent leurs
installations plutôt qu’en attirant des
investissements en nouvelles installations18
.
Ces agrandissements prouvent que les
sociétés sont à l’aise avec le climat d’affaires
et les conditions d’exploitation générales au
pays, mais le Canada doit trouver des façons
d’attirer davantage d’investissements en
nouvelles installations. Depuis 2008, quatre
nouveaux projets seulement ont été annoncés
dans le secteur des sciences de la vie à la
grandeur du pays, comme nous pouvons le
voir dans la figure 13. Selon des participants
de l’industrie, il est à prévoir que les
nouvelles sociétés qui entreront sur le
marché seront probablement de petites
entreprises ayant une gamme de produits restreinte19
.
18
FDI Intelligence, Financial Times Ltd. , novembre 2012 19
Entrevues menées par Deloitte auprès d’acteurs du marché, décembre 2012
13
Pour attirer davantage d’investissements de grande envergure, le Canada doit améliorer sa
capacité à faire valoir ses avantages par opposition à ceux de ses concurrents. FDI fournit plus
d’information sur les décisions en matière d’investissements et recueille des renseignements
auprès de participants à son enquête sur les critères décisionnels utilisés pour sélectionner un
endroit où investir. À l’échelle mondiale, ces critères se concentrent sur les coûts d’exploitation,
la disponibilité de la main-d’œuvre et la facilité de faire des affaires dans un pays. Malgré la
présence d’universités de recherche prestigieuses, d’une main-d’œuvre très qualifiée et d’un
climat économique stable, les répondants ont majoritairement indiqué que l’appui du
gouvernement et la facilité de faire des affaires sont au nombre des facteurs qui font pencher la
balance du côté du Canada pour leurs projets. Des répondants ont mentionné que les « incitatifs
financiers, la fiscalité ou le financement » étaient un facteur décisif dans le choix du Canada, en
soulignant que les crédits d’impôt de R. et D. du Canada avaient influé sur les décisions
d’investissements. C’est préoccupant pour le Canada puisque le critère « Financement et
incitatifs » est peu prioritaire dans les décisions relatives aux investissements mondiaux. Les
répondants ont aussi fréquemment cité la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée pour
expliquer pourquoi leur société avait choisi le Canada, ce qui concorde mieux avec les tendances
mondiales.
En général, les sociétés envisageront d’investir au Canada dans des installations de grande valeur
étant donné les hauts niveaux de scolarité et le contexte opérationnel stable et peu risqué pour les
affaires qu’elles y trouvent. Dans le passé, le Canada a aussi bénéficié du taux de change
avantageux par rapport au dollar américain qui permettait de mener des opérations nécessitant un
personnel hautement qualifié à moindre coût qu’aux États-Unis. Au cours des dernières années
14
cependant, les devises canadiennes et américaines ont été presque au pair, faisant ainsi
disparaître tous les avantages connexes comme nous pouvons le voir dans la figure 1520
.
Indicateurs comparatifs
Pour mieux comprendre les décisions d’investissement des sociétés actives dans le secteur
mondial des sciences de la vie et pourquoi elles arrêteraient ou non leur choix sur le Canada,
nous devons pousser plus loin l’analyse des qualités et de l’infrastructure du Canada et faire une
comparaison entre le Canada et d’autres pays-repères qui pourraient être considérés comme des
concurrents en matière d’investissements. Nous avons retenu neuf pays en fonction de leur
population, de la taille prévue du marché pharmaceutique et des renseignements disponibles dans
la base de données FDI sur le nombre et le montant des investissements au cours des dernières
années. En examinant le Canada isolément et par comparaison avec d’autres pays, nous pourrons
cerner les avantages généraux que le Canada offre à des investisseurs de l’industrie, mais aussi
saisir les qualités qui lui font défaut. Nous analysons ici un éventail d’indicateurs afin d’évaluer
les environnements d’exploitation (infrastructure, talent, marchés) et les coûts (main-d’œuvre,
fiscalité, incitatifs). L’importance relative des catégories retenues peut varier considérablement
selon l’entreprise et le type d’exploitation, mais elles donnent une idée des indicateurs pertinents
que leurs dirigeants utilisent pour prendre des décisions d’investissement.
L’International Institute for Management Development (IMD) a créé une série de sondages et
une base de données dans laquelle sont réunis des renseignements sur l’image et les qualités de
pays aux plans du climat d’affaires et du développement de l’entreprise21
. Les pointages et les
classements comparatifs sont basés sur des données objectives (p. ex. le nombre de diplômés
20
Les données sur les taux de change proviennent de la Réserve fédérale américaine 21
IMD est une école d’administration suisse très réputée qui entretient des liens étroits avec des entreprises
mondiales. Ces entreprises y envoient souvent leurs dirigeants pour y suivre une formation poussée, d’après la
description qu’en donne The Economist. L’établissement mène annuellement des sondages et recueille d’autres
données pour l’aider à dresser un portrait des milieux d’affaires mondiaux et locaux.
15
dans un domaine donné) ou qualitatives, d’après les réponses à des sondages menés auprès de
cadres supérieurs dans le monde entier. Nous avons retenu quatre catégories extraites de la base
de données d’IMD afin d’évaluer la qualité et la réputation de la main-d’œuvre dans chaque
pays : main-d’œuvre qualifiée, relations de travail, attrait et conservation de talents et exode des
cerveaux. D’après les caractéristiques susmentionnées, les pays retenus sont les suivants :
Australie, Chine, France, Inde, Irlande, Mexique, Pays-Bas, Royaume-Uni et États-Unis. Parmi
ces pays-repères sélectionnés, le Canada se classe premier en ce qui concerne sa réputation à
l’étranger comme pays qui encourage la création d’entreprises. De fait, le pointage du Canada
dépasse celui des Pays-Bas en deuxième place par 12 %.
La qualité et la taille du bassin de travailleurs qualifiés que le Canada possède sont des facteurs
importants de cette réputation. Si le bassin de travailleurs était considéré dans le passé comme
une force du Canada, d’autres classements d’IMD révèlent que parmi les pays sélectionnés, le
Canada glisse plutôt vers le milieu du peloton.
Pour la disponibilité de travailleurs qualifiés, le Canada se classait à peu près au milieu des pays
sélectionnés, tout juste derrière les États-Unis, tandis que l’Irlande se classait en tête. La
statistique est révélatrice, étant donné que le Canada compte environ sept fois plus d’habitants
que l’Irlande, qui affiche la plus forte croissance de la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée
au cours des cinq dernières années, suivie du Mexique22
23
. Des économies émergentes comme le
Mexique commencent à être mieux perçues en ce qui concerne la disponibilité d’une main-
d’œuvre qualifiée, comme en font foi les investissements dans ces endroits24
.
Cela ne veut pas dire pour autant que le maintien d’un bassin suffisant de travailleurs qualifiés ne
doit pas être une priorité pour le Canada. De fait, le Canada n’a cédé le pas qu’à l’Australie en ce
qui concerne l’attention accordée à l’attrait et à la conservation de talents au sein des
organisations, devant d’autres pays industrialisés comme les États-Unis et le Royaume-Uni.
22
Forum économique mondial, Rapport sur la compétitivité mondiale 2011-2012 23
IMD, Global Competitiveness Rankings, 2012 24
FDI Intelligence, Financial Times, janvier 2003 à septembre 2012
16
Si cet élément demeure prioritaire, les classements d’IMD montrent qu’il faudrait commencer à
se préoccuper de la capacité de l’économie à rivaliser si des travailleurs hautement scolarisés et
qualifiés devaient décider de quitter la population active canadienne. Une fois encore, le Canada
se classe au milieu du groupe de pays en ce qui concerne l’incidence de la perte d’une population
hautement scolarisée et qualifiée, autrement dit l’exode de cerveaux, sur la compétitivité. Sur les
dix premiers pays, l’exode des cerveaux devrait toucher le moins les États-Unis tandis que la
Chine serait la plus touchée par la perte de talents de premier plan.
Dans le passé, les unités de production étaient des exploitations à forte intensité de main-d’œuvre
où les relations de travail avaient une énorme incidence sur la performance de l’unité. Le Canada
était perçu comme un pays ayant peu de problèmes de relations de travail. Selon les données
nationales, la moyenne annuelle des heures perdues par travailleur dans des conflits de travail
17
s’établit à environ une heure ou moins depuis 2006, une statistique qui affiche une baisse
radicale depuis 1976, année où elle a atteint un sommet à près de dix heures par travailleur25
.
Cependant, les classements
d’IMD pour les cinq dernières
années révèlent que les relations
de travail au Canada ne sont pas
aussi bonnes qu’elles l’ont été.
Depuis 2007, le classement du
Canada a chuté de près d’un point
complet, sur une échelle de 0
(faible) à 10 (bon), soit environ
13 % ce qui concorde avec la
situation dans d’autres pays
industrialisés26
. Toutefois, les
économies de pays plus
émergents, comme le Mexique et
l’Irlande, affichent une
amélioration de leurs relations de travail sur cette période. De fait en 2012, le Canada et le
Mexique étaient sur un pied d’égalité sur le plan des relations de travail productives.
Ces classements ne sont pas propres au secteur des sciences de la vie, mais ils fournissent un
portrait général de la façon dont le Canada est perçu par rapport à d’autres endroits. D’autres
facteurs entrent en jeu dans la prise de décisions en matière d’investissements dans la fabrication,
mais les marchés du travail seront généralement le facteur ayant le plus de poids dans le
processus décisionnel.
Coûts comparatifs
Les environnements à coûts réduits seront toujours un facteur pertinent pour les sociétés qui,
dans certains cas, ont dû composer avec une réduction de leurs ressources financières au fil de
l’évolution des marchés mondiaux et de l’expiration des brevets de leurs produits. Nous avons
consulté le 2011 Global Pay Summary de Mercer et le 2012 Construction Index de Faithful
Gould afin de déterminer comment les coûts au Canada se comparent avec ceux des pays-
repères.
Chef de file reconnu mondialement en recherche et services-conseils en ressources humaines,
Mercer fournit des renseignements sur les salaires de 50 postes dans un éventail de domaines
fonctionnels pour 67 pays. Un indice a été créé afin de comparer la rémunération totale selon le
poste pour un groupe choisi de postes du secteur manufacturier dans dix pays. Comme nous le
voyons dans le graphique ci-dessous, la rémunération totale moyenne a tendance à être plus
élevée au Canada que dans les économies émergentes, mais aussi plus élevée que dans les autres
pays industrialisés. Les employeurs canadiens offrent le salaire de base annuel le plus élevé pour
25
Ressources humaines et Développement des compétences Canada 26
IMD, Global Competitiveness Rankings, 2012
18
23 des 50 postes et la rémunération totale la plus élevée pour 22 des 50 postes. Le tableau montre
par ailleurs que le Canada paie non seulement mieux que d’autres pays des Amériques, mais
aussi que d’autres grandes nations dans le monde27
28
.
Le coût de construction est un autre indicateur financier dont les sociétés doivent tenir compte
lorsqu’elles investissent dans une nouvelle installation ou dans l’agrandissement de leurs
exploitations. Ces coûts représentent habituellement une dépense ponctuelle, mais ils peuvent
avoir une incidence radicale sur les incidences financières d’un investissement, selon l’échelle
des dépenses qui seront engagées.
Faithful Gould, un cabinet de
gestion et d’expertise-conseil en
construction de renommée
internationale, lui-même une
division de la société d’ingénierie
mondiale Atkins, présente un
indice annuel comparant les coûts
de construction dans différents
marchés/pays dans le monde entier.
Les marchés retenus dans l’enquête
sont des villes populeuses qui
représentent généralement l’un des
centres financiers du pays, sinon le
seul centre financier. Les mesures
sont comparées au marché
américain, Chicago servant de lieu-
repère. Comme nous le voyons dans la figure 21, les coûts de construction ont tendance à être
plus élevés dans des villes d’Europe de l’Ouest et, comme nous pouvions nous y attendre, ils
27
2011 Mercer Pay Summary 28
Les renseignements sur les salaires pour l’Irlande sont basés sur l’expérience de Deloitte
19
sont les plus faibles en Chine et en Inde29
. Les coûts au Canada sont plus comparables avec ceux
de villes d’Europe de l’Est que de ses vis-à-vis nord-américains, les États-Unis et le Mexique.
Ces deux indices font ressortir le fait que le coût d’exploitation au Canada peut constituer un
handicap pour des sociétés qui envisagent le Canada comme option d’investissement en
nouvelles installations.
L’environnement fiscal peut aussi largement influer sur les décisions relatives aux
investissements dans le secteur des sciences de la vie, surtout pour les unités de production et les
exploitations de remplissage/finition/distribution. Le gouvernement du Canada a activement
réduit les taux de l’impôt fédéral sur le revenu des sociétés à un taux actuellement très
concurrentiel de 15 %. Toutefois, conjugués avec les taux d’imposition provinciaux, les taux
effectifs de taxation nets peuvent varier de 25 % à plus de 30 %. Ces taux de taxation sont
concurrentiels et dans la plupart des cas plus avantageux que dans bien des pays développés,
mais des sociétés à forte marge à la recherche d’environnements fiscaux avantageux
envisageront d’abord des marchés comme l’Irlande, la Suisse, Singapour, le Costa Rica ou Porto
Rico.
Comparaison de l’environnement fiscal et de l’aide aux entreprises
Le Canada offre bien un crédit d’impôt pour la recherche et le développement bien connu, ce qui
explique probablement pourquoi beaucoup de sociétés ont cité les « incitations financières… »
comme raison d’investir au Canada. Toutefois, ce programme d’incitatifs fiscaux n’est pas
29
Faithful Gould, 2012 Construction Cost Index
20
encore concurrentiel avec les pays ayant un faible taux de taxation énumérés ci-dessus et le
Canada n’offre pratiquement aucun incitatif ayant un quelconque poids pour les unités de
production ou de distribution. Les modifications qu’on propose d’apporter au Programme
d’encouragements fiscaux à la recherche scientifique et au développement expérimental (RS-DE)
sont encore plus préoccupantes. Si nous y ajoutons la baisse proposée du taux du crédit d’impôt à
l’investissement (CII), de 20 à 15 % pour les sociétés non sous contrôle canadien, les principales
mesures d’encouragement à l’investissement du Canada seront encore moins attrayantes. En
outre, le retrait des dépenses d’immobilisation du calcul du CII ajoutera un autre obstacle aux
investissements de capitaux. Par conséquent, les centres de R. et D. peuvent avoir une certaine
motivation à s’installer au Canada, mais les modifications du programme handicaperont
davantage la compétitivité mondiale du Canada et la structure de coût actuelle du Canada
découragera de façon générale le reste de la chaîne de valeur.
Environnement opérationnel
La facilité de gérer et de faire des affaires dans un pays donné peut avoir une incidence aussi
importante sur la mise en place d’une installation que la disponibilité de la main-d’œuvre ou
l’engagement financier requis. Les pays non dotés de l’infrastructure matérielle, juridique et
publique de base ne seront probablement pas aussi attrayants pour les sociétés investisseuses qui
peuvent déterminer dans quels pays les biens peuvent être facilement transportés, les affaires
facilement et équitablement menées et la transparence des lois et des règlements facilement
comprise. C’est particulièrement vrai pour les exploitations de grande valeur dont les dirigeants
tiennent à réduire les risques, par exemple pour la biotechnologie et les produits biologiques.
En dépit de l’évolution du contexte réglementaire applicable à l’industrie pharmaceutique au
Canada, la perception générale est que le Canada est un bon endroit pour y faire des affaires. Le
Rapport sur la compétitivité mondiale 2011-2012 du Forum économique mondial (FEM) évalue
plusieurs catégories liées à la bureaucratie, aux garanties juridiques et à l’éthique en affaires30
.
Le Canada ne descend sous le 50e rang centile que dans une de ces catégories et, de façon
agrégée, il se classe dans les premiers 15 % parmi plus de 140 pays analysés. À titre de
comparaison, des pays comme les États-Unis et la Chine sont classés au 33e et au 38
e rang
centile, respectivement.
L’infrastructure globale est aussi un facteur à considérer important pour les sociétés. Comme il
est prévu que la croissance se concentre dans les marchés émergents, l’infrastructure nécessaire
(p. ex. la disponibilité et la stabilité de l’approvisionnement en électricité, l’accès à des centres
de transport et le lien physique entre différents endroits) risque de ne pas y être aussi facilement
disponible et utilisable que dans des nations établies et industrialisées. Le FEM classe
l’infrastructure globale des pays ainsi que différentes catégories d’infrastructure. Par rapport au
groupe de pays sélectionnés, le Canada ne cède le pas qu’à la France et arrive sur un pied
d’égalité avec les Pays-Bas pour la meilleure infrastructure globale. Suivent les États-Unis dont
l’infrastructure obtient une note environ 5 % inférieure à celle du Canada. Lorsque l’évaluation
porte sur la qualité de différentes infrastructures de transport, c’est-à-dire les routes, les voies
30
Le Forum économique mondial est un organisme international sans but lucratif qui réunit des chefs de file
mondiaux des milieux de la politique, des affaires et universitaires » Il a pour objectif « l’amélioration de la situation
mondiale ». Ce rapport est un recueil des données et des renseignements provenant d’enquêtes qu’il crée.
21
ferrées, le transport aérien et l’accès à des installations portuaires, de même que sur la qualité de
l’approvisionnement en électricité, la France, les Pays-Bas et le Canada se démarquent
systématiquement de leurs rivaux31
.
D’autres éléments moins tangibles de l’infrastructure d’un pays joueront un rôle crucial en ce qui
concerne l’attractivité d’un pays pour les investisseurs dans les sciences de la vie. Les lois
régissant la propriété intellectuelle (PI) et d’autres contrôles juridiques et réglementaires peuvent
avoir une incidence sur les facteurs de coûts financiers et d’options dont une société doit tenir
compte lorsqu’elle pèse ses options d’investissement.
Les États-Unis, le Canada, les Pays-Bas et l’Irlande offrent tous des contextes juridiques et
réglementaires favorisant la recherche scientifique et l’innovation tout en protégeant les actifs
incorporels de l’entreprise. Selon les classements d’IMD, tous ces pays se disputent le premier
rang au chapitre de la réglementation qui soutient le développement et l’application de
technologie, la création d’entreprises et l’innovation. En outre, le Canada et les États-Unis ont
des lois qui favorisent la recherche scientifique et l’innovation. Il n’y a probablement rien
d’étonnant dans le fait que les pays qui arrivent en tête du classement sont les pays les plus
industrialisés. Pour leur part, les grandes économies émergentes dans le groupe sélectionné, soit
la Chine, l’Inde et le Mexique, sont encore à la traîne en ce qui concerne l’élaboration et la mise
en œuvre de l’infrastructure juridique qui favorise, soutient et protège la production scientifique.
Recherche et développement
Les sociétés actives en recherche et développement cherchent souvent plus que des contextes
juridiques solides. Dans une enquête que FDI a menée auprès de cadres supérieurs, les
répondants ont dit vouloir faire partie d’une masse critique qui comprend une main-d’œuvre
qualifiée, des activités de recherche et d’innovation et un potentiel de croissance. Le Canada
offre bon nombre de ces attributs.
Des ressources financières canalisées dans un nouveau projet et de nouvelles études attireront
l’attention des sociétés du secteur des sciences de la vie. En 2009 et 2010, le Canada s’est classé
au milieu du peloton des pays qui rivalisent au chapitre des dépenses totales en R. et D. Les
économies des États-Unis et de la France consacrent entre et 2 et 3 % de leur produit intérieur
brut (PIB) à ces catégories de dépenses et se classent ainsi en tête du groupe. Les dépenses du
Canada représentent un peu moins de 2 % de son PIB, une performance très similaire à celle
d’autres pays concurrents. Lorsqu’on prend en compte les dépenses des entreprises en R. et D., le
Canada glisse au classement parce que ces dépenses représentent moins de 1 % de son PIB total.
Le Canada arrive au même rang pour les dépenses totales en R. et D. de son économie par
habitant32
. La figure 22 résume les dépenses en pourcentage du PIB et par habitant :
31
Forum économique mondial, Rapport sur la compétitivité mondiale 2011-2012 32
IMD, Global Competitiveness Rankings, 2012
22
La disponibilité de
financement par capital
de risque est un
deuxième indicateur
financier qui peut servir
d’indicateur solide des
investissements dans les
sciences de la vie et la
R. et D. Pour tous les
pays, cette disponibilité
a généralement diminué
depuis 2008 tandis que
l’économie mondiale
traversait la récession et
que le capital de risque à
investir s’est fait rare.
En 2012, les États-Unis
ressortent comme
l’endroit où le
financement par capital
de risque est le plus
disponible, suivi des
Pays-Bas et du
Aperçu d’un investissement : août 2007 – Charles River Laboratories au Canada
Charles River Laboratories (Wellington, Mass., États-Unis) a investi à Sherbrooke, au Canada, dans un projet de recherche et développement du secteur pharmaceutique. Charles River Laboratories a annoncé son intention de construire un centre de recherche à Sherbrooke, au Québec, afin de soutenir la croissance des services précliniques de la société. L’établissement fournirait des services essentiels de découverte et de développement de médicaments aux industries pharmaceutiques et biopharmaceutiques internationales. L’annonce mentionnait un immeuble d’environ 300 000 pieds carrés. À terme, le centre de Sherbrooke devrait employer 1 000 personnes. « Notre objectif était de trouver un endroit ressemblant à Montréal, tout aussi commode pour nos clients, où nous pourrions installer ce nouveau centre. Sherbrooke est idéale pour plusieurs raisons, notamment sa proximité d’établissements d’enseignement de calibre mondial qui produisent des diplômés bien formés au travail de laboratoire et dans les sciences de la vie, de même que les possibilités de collaboration et d’accès à une technologie de pointe, a dit Christopher Perkin, vice-président principal et président, Services précliniques canadiens. Nous apprécions grandement l’aide du gouvernement du Québec qui appuie ce projet tout comme nous appuyons les efforts que nos clients déploient pour mettre des médicaments en marché plus rapidement et à meilleur coût. »
Emplois créés : 1 000 Investissement : 601,3 millions de dollars US Type de projet FDI : Nouvelle installation
23
Canada33
. Ce type de financement est important pour les petites sociétés du secteur des sciences
de la vie en quête de capitaux pour financer le développement de produits, soutenir leur
croissance ou se préparer à des acquisitions. Dans plusieurs marchés inclus dans cette
comparaison, ce type de ressource financière n’est pas facilement accessible.
Le financement et les considérations financières peuvent influer sur les décisions relatives à
l’emplacement, mais la main-d’œuvre et l’infrastructure de recherche ont généralement plus de
poids. Le bassin de chercheurs compétents qui exécutent des recherches reconnues, partagé par
le milieu universitaire et les entreprises, aide le Canada et les États-Unis à se distinguer de
plusieurs autres pays concurrents. Ces deux pays ressortent pour ce qui est de l’attrait qu’ils
exercent pour les scientifiques et les chercheurs et le développement de recherches
internationales reconnues. Ils obtiennent des pointages au moins 13 % plus élevés pour l’attrait
qu’ils exercent sur les chercheurs et de 6 % plus élevés pour la qualité de la recherche
universitaire que ceux des huit autres pays inclus dans la comparaison. Le Canada se distingue
même encore plus en se classant au premier rang pour la disponibilité d’ingénieurs qualifiés dans
la population active, comme nous pouvons le voir dans la figure 23.
La coopération entre les secteurs public et privé joue un rôle encore plus important comme
source d’innovations et de percées dans l’industrie des sciences de la vie que dans d’autres
industries. Une fois encore, le Canada et les États-Unis se démarquent parmi les pays où les
rapports de coopération de cette nature contribuent au développement de technologies et au
transfert réussi des connaissances entre les universités et les sociétés34
.
Le Canada a occupé une position enviable en matière d’investissements en R. et D., mais des
pressions s’exercent sur les entreprises du monde entier pour qu’elles augmentent leur
production d’innovations, ce qui change le modèle d’investissement traditionnel en R. et D. Les
investisseurs en R. et D. s’intéressent principalement à la qualité des innovations, à la nouveauté
33
IMD, Global Competitiveness Rankings, 2012 34
IMD, Global Competitiveness Report, 2012
24
et aux applications pratiques de la R. et D. Par conséquent, les investissements en R. et D. sont
généralement fondés sur la disponibilité de talents et, plus récemment, sur l’accès à des idées
novatrices. L’essor actuel de la « rétroinnovation » est un exemple. Les sociétés ont toujours
concentré leurs investissements et leurs activités de R. et D. dans les pays développés comme les
États-Unis, le Canada et l’Europe de l’Ouest où elles pouvaient trouver le plus de talent. Les
produits développés en Occident étaient ensuite commercialisés dans le monde entier, y compris
dans les pays autrefois en développement. Aujourd’hui, ces pays, dont l’Inde, la Chine et le
Brésil, possèdent une infrastructure d’éducation et de recherche bien établie, et surtout, ils offrent
des perspectives exceptionnelles en recherche et développement. Par exemple en Inde, des
recherches sont en cours sur la médecine ayurvédique ancestrale dans le but de trouver des
applications thérapeutiques novatrices qui pourraient être commercialisées dans le monde entier.
Ce modèle de R. et D. nouveau ajoutera de la pression sur la recherche dans des pays comme les
États-Unis et le Canada où le développement de nouveaux médicaments a ralenti au cours des
dernières années.
Remplissage/finition/distribution
La taille du marché local et les dépenses moyennes en soins de santé sur le marché intérieur
peuvent avoir une incidence sur les décisions relatives à l’emplacement d’unités de
remplissage/finition/distribution. Les dépenses en soins de santé du Canada sont inférieures à
celles de pays comme les États-Unis et la France, mais elles ont continué d’augmenter par
habitant au cours des cinq dernières années.
Certaines économies, dont les États-Unis, consacrent un pourcentage considérable de leur
économie totale à des dépenses en santé, soit près de 18 % ou 8 400 $ par habitant. Le Canada,
les Pays-Bas et la France composent le groupe suivant de pays, en fonction des montants
comparables qu’ils consacrent à ces dépenses. Les trois pays ont consacré entre 11 et 12 % de
leur PIB et environ 5 000 à 6 000 $ par habitant aux soins de santé en 2010. Comme nous
pouvons le voir dans la figure 24, les économies émergentes du Mexique, de la Chine et de
l’Inde consacrent une part beaucoup moins grande de leur PIB aux dépenses de santé35
:
35
IMD, Global Competitiveness Report, 2012
25
L’analyse de l’augmentation des dépenses par habitant de 2007 à 2010 montre que la Chine et
l’Inde ont affiché la plus forte augmentation sur cette période, soit 92 % et 40 % respectivement.
Sur la même période, les dépenses du Canada ont augmenté de 21 %, sur un pied d’égalité avec
les Pays-Bas et derrière l’Australie, à 27 %36
. L’augmentation soutenue des dépenses à l’échelon
national au Canada montre que le pays est un bon candidat pour les sociétés qui veulent investir
là où les coûts en santé augmentent de façon appréciable.
L’Economist Intelligence Unit (EIU),
une source de données créée par la
publication mondiale The Economist,
suit ces mêmes renseignements qui
concordent très bien avec les
estimations d’IMD. L’EIU fournit
aussi des projections des dépenses en
soins de santé en pourcentage du PIB
et par habitant. En pourcentage du
PIB, l’EIU prévoit des dépenses
relativement stables en soins de santé
dans tous les pays sélectionnés. Dans
la plupart des pays, la croissance
annuelle prévue se situe entre 0 et
0,2 %.
36
IMD, Global Competitiveness Report, 2012
Aperçu d’un investissement : juillet 2012 - Pfizer au Canada
Pfizer (NYC, New York, États-Unis) investit à Saint-Laurent, au Canada, dans un projet de fabrication du secteur pharmaceutique. Pfizer, société pharmaceutique basée aux États-Unis, a investi 32 millions de dollars canadiens pour agrandir son unité de production à Saint-Laurent, au Canada. La capacité de l’usine est passée à 4,4 milliards de comprimés de multivitamines grâce à de nouvelles lignes d’embouteillage et d’emballage et de nouvelles machines d’enduction. La société a bénéficié d’une aide financière de 2,7 millions de dollars canadiens d’Investissement Québec. Emplois créés : 65 (estimation) Investissement : 31,52 millions de dollars US Type de projet de FDI : Agrandissement
26
Par habitant, cette augmentation peut paraître plus spectaculaire puisque des pays comme l’Inde,
le Mexique et la Chine devraient voir leur PIB augmenter à un rythme supérieur à la moyenne,
soit plus de 7 %. Il convient de souligner que l’EIU prévoit que les dépenses en soins de santé
par personne au Canada augmenteront de 18 % d’ici 2016, soit plus que dans tous les autres pays
industrialisés37
.
Une partie de cette croissance prévue des dépenses en soins de santé sera probablement
consacrée à des produits
pharmaceutiques, en particulier des
médicaments d’ordonnance et sans
ordonnance payés par des régimes
d’assurance publics ou privés ou par les
consommateurs eux-mêmes. Comme
nous pouvons le voir dans la figure 26,
dans tous les pays sauf la France et
l’Irlande, l’augmentation des ventes de
produits pharmaceutiques devrait être
supérieure à 10 % au cours des cinq
prochaines années, tout comme
l’augmentation des dépenses totales en
soins de santé par personne.
Le fait que ces prévisions de
l’augmentation des ventes de produits
pharmaceutiques n’englobent pas
37
Economist Intelligence Unit, Industry Briefing. Nous utilisons cette source en raison de la profondeur des
renseignements qu’elle renferme sur plusieurs industries et d’autres facteurs économiques, de même que pour ses
données historiques et ses projections provenant d’une publication mondialement reconnue et fiable.
27
d’autres produits connexes de l’industrie, par exemple les matériels médicaux, rendent celles-ci
potentiellement plus attrayantes pour le Canada38
. D’après des renseignements provenant de
l’EIU qui révèlent que la population des plus de 65 ans au Canada augmentera de près de 15 %
au cours des cinq prochaines années, il y a de fortes chances qu’une prévision de l’augmentation
des ventes de produits pharmaceutiques et de matériels médicaux dépasse l’estimation actuelle
de 40 %.
Si l’augmentation substantielle du marché suscite l’optimisme, certaines appréhensions seraient
aussi justifiées par rapport à des considérations réglementaires qui pourraient limiter
l’augmentation réelle. Les tendances et les changements en cours dans les provinces sont une
incidence sur les remboursements. Des modifications en cours touchant les remboursements
approuvés par les régimes provinciaux suscitent des préoccupations chez les principaux acteurs
du marché. Les pressions qui s’exercent sur les coûts continueront sans doute d’avoir une
incidence sur les remboursements, mais les représentants du gouvernement du Canada et des
administrations publiques locales devraient être conscients des répercussions potentielles en aval
sur les investissements dans le marché.
Actuellement, chaque province établit sa propre liste des médicaments remboursés et peut
imposer des restrictions aux médicaments ainsi approuvés. Les provinces semblent réduire les
remboursements consentis pour les nouveaux médicaments et pourraient n’accepter de
rembourser que si des produits comparables n’ont pas fonctionné pour un patient. Ainsi, les
médecins prescripteurs n’ont à peu près pas d’autre choix que de prescrire davantage de
médicaments génériques ou peu coûteux aux patients plutôt que des médicaments de marque ou
même des médicaments nouveaux sur le marché.
En outre, les médicaments d’ordonnance génériques sont aussi soumis à des pressions sur les
prix et les fabricants n’ont pas le droit d’offrir des concessions commerciales aux pharmaciens.
Dans le passé, les médicaments d’ordonnance génériques entraient sur le marché à environ 80 %
du prix du médicament de marque et les fabricants ont fait des concessions commerciales afin de
garantir que les pharmaciens n’offrent que leurs produits aux consommateurs. Des provinces
comme l’Ontario et le Québec prennent des mesures législatives afin de réduire le prix des
produits génériques lors de leur lancement à 25 % du prix du produit de marque et interdire les
concessions commerciales autrefois acceptées. En outre, de grandes sociétés pharmaceutiques
sont incapables de faire inscrire leurs médicaments de marque sur la liste des médicaments
remboursés des régimes provinciaux à cause des prix qu’ils pratiquent, lesquels doivent être fixés
à ce niveau pour leur permettre de recouvrer leurs investissements en R. et D. Si une
augmentation considérable des ventes de produits pharmaceutiques est prévue, les pressions que
les institutions publiques exercent sur les prix pourraient limiter l’ampleur de cette augmentation
et rendre le Canada moins attrayant pour les nouveaux investisseurs39
. Les pressions sur les prix
sont répandues dans l’ensemble des marchés mondiaux et on prévoit qu’elles seront
considérables aussi aux États-Unis dans les années à venir. Cependant, on se doit de reconnaître
que les modifications proposées des modalités de remboursement au Canada sont importantes
puisqu’elles sont suivies de près par les sociétés mondiales du secteur des sciences de la vie.
38
Les données économiques provenant de l’EIU sur les ventes de produits pharmaceutiques n’englobent que le prix
des médicaments d’ordonnance et sans ordonnance pour les consommateurs. 39
Deloitte, entrevues auprès d’acteurs du marché, décembre 2012
28
Forces, faiblesses, possibilités et menaces (FFPM)
Le Canada possède plusieurs forces reconnues dans des classements et des pointages
indépendants. Le Canada est réputé pour son infrastructure globale, tant physique
qu’institutionnelle ou juridique. Une infrastructure physique solide permet aux fabricants de se
fier à leurs services publics et à leur accès au marché et, au bout du compte, de livrer les produits
finis aux consommateurs. La disponibilité d’une infrastructure juridique et réglementaire fiable
réduit le risque en donnant aux sociétés l’assurance que le gouvernement et les institutions
soutiennent un climat d’affaires équitable et concurrentiel dans lequel les sociétés du secteur des
sciences de la vie peuvent connaître le succès scientifique et financier. La possibilité d’obtenir
des crédits d’impôt pour la recherche et le développement crée pour les sociétés d’autres
incitatifs financiers pour qu’elles envisagent de s’installer au Canada.
En plus d’une structure juridique qui favorise la concurrence, les relations symbiotiques entre les
chercheurs universitaires et les sociétés privées au Canada aident chacun d’eux à se concentrer
sur leur objectif premier. Le fait de savoir qu’il existe un intérêt commun à transférer le savoir
entre les parties aide à garantir que les chercheurs peuvent continuer à se concentrer sur le
développement de technologies et que les sociétés peuvent se concentrer sur la
commercialisation et la vente de ces technologies et médicaments aux consommateurs.
Le nombre de travailleurs qualifiés qui décident de rester ou de venir au Canada est un attribut
important pour l’industrie locale des sciences de la vie. Forte d’une concentration de chercheurs,
d’ingénieurs et d’autres membres d’une main-d’œuvre qualifiée, l’industrie étaye sa propre thèse
sur la nécessité de créer des centres de recherche, des lois et des règlements et des incitatifs
financiers qui, collectivement, stimuleront la croissance et la prospérité de l’industrie locale.
29
Bien que le Canada possède des forces considérables, l’absence de nouveaux investissements
majeurs est révélatrice de problèmes pressants également. Cependant, ces forces ne permettent
pas de façon générale au Canada de se distinguer des États-Unis et des pays d’Europe de l’Ouest
qui se vantent aussi de posséder une infrastructure solide, de grandes réserves de talent et des
environnements opérationnels stables.
Il serait légitime d'imputer le ralentissement des investissements à la concurrence avec les États-
Unis. Bon nombre des forces que le Canada possède sont aussi des forces des États-Unis. Notre
voisin possède aussi une infrastructure très développée et une réserve de talent offrant une
structure du coût généralement similaire et souvent plus avantageuse. Les États-Unis ont aussi un
avantage disproportionné par la taille de leur marché et, selon l’État, des encouragements
généralement énergiques pour attirer des entreprises. Étant donné les similitudes opérationnelles
du Canada et des États-Unis et les avantages supplémentaires que représentent la taille du
marché et les encouragements disponibles chez notre voisin, les sociétés optent souvent pour
faire leurs investissements au sud de la frontière. En outre, les coûts de la main-d’œuvre et de la
construction au Canada sont plus élevés qu’au Mexique et que dans bien des régions des États-
Unis ce qui complique encore davantage la tâche de justifier la construction ou l’agrandissement
d’installations au Canada.
Résumé de la comparaison des facteurs cruciaux selon le pays
Bien que le nombre et la taille des investissements soient moins enviables que ceux d’autres
pays-repères, le secteur des sciences de la vie au Canada offre des raisons d’être optimiste. Trois
facteurs en particulier justifient les espoirs de gains financiers et d’attractivité du marché. 1) Au
30
cours des cinq prochaines années, il est prévu que le vieillissement de la population se poursuive
et gonfle considérablement la cohorte des 65 ans et plus; 2) les dépenses en soins de santé
devraient augmenter; et 3) les ventes de produits pharmaceutiques devraient afficher une forte
croissance. Ces trois facteurs sont intimement liés, mais isolément, chacun d’eux peut justifier la
perspective d’une amélioration de l’industrie des sciences de la vie au Canada.
Les forces du secteur des sciences de la vie au Canada continueront aussi de créer des
possibilités. Le Canada sera toujours un endroit propice à la recherche dans les établissements
d’enseignement et d’être un endroit attrayant pour des avancées scientifiques et technologiques.
Les sociétés qui reconnaîtront cet état de choses pourront continuer de bénéficier des crédits
d’impôt offerts par le gouvernement du Canada.
Le bassin de main-d’œuvre scientifique et qualifiée du Canada inspire l’optimisme, mais il
engendre aussi ses propres inconvénients. La main-d’œuvre coûte cher au Canada. Il deviendra
de plus en plus difficile de rivaliser avec les États-Unis et d’autres économies émergentes. En
outre, les relations de travail se sont détériorées au cours des dernières années. Les grèves sont
rares, mais l’existence d’un bassin de main-d’œuvre coûteuse et l’impression selon laquelle les
relations de travail pourraient donner des maux de tête à l’avenir.
Étant donné la valorisation du dollar canadien par rapport au dollar américain, une bonne raison
d’investir au Canada s’est estompée. Les économies émergentes et à coût réduit joueront un rôle
plus important dans l’industrie et seront une plus grande source de croissance. Par ailleurs, ces
pays et d’autres qui cherchent à attirer davantage d’investissements directs étrangers offriront des
structures fiscales plus favorables aux affaires qui pourraient convaincre des entreprises
d’investir dans d’autres pays que le Canada.
Enfin, le gouvernement du Canada et les provinces continuent de prendre des mesures
réglementaires qui auront une incidence sur la concurrence et limiteront la capacité des
médicaments de marque de rivaliser sur le marché. Si les pressions sur les prix se maintiennent,
de plus en plus de fabricants de médicaments et de produits de marque pourraient voir leurs
rendements diminuer en opérant et en essayant de vendre sur le marché canadien. Il faudrait
travailler davantage de concert avec tous les participants du marché et éviter de limiter les
possibilités d’offrir de meilleurs produits aux citoyens canadiens.
Possibilités du Canada par rapport à la chaîne de valeur des sciences de la vie
31
Tout au long de la chaîne de valeur du secteur des sciences de la vie, le Canada s’en tire bien sur
la plupart des conditions d’exploitation. La main-d’œuvre et l’environnement réglementaire au
Canada sont des forces importantes et des attributs positifs tout au long de la chaîne de valeur.
Cependant, le Canada s’en tire moins bien par rapport aux coûts, vu les coûts élevés de la main-
d’œuvre et de construction et les programmes d’encouragement qui favorisent la recherche et le
développement. Les coûts ont tendance à exercer la plus grande influence sur les décisions en
matière de fabrication, les sociétés étant disposées à payer une prime pour la R. et D. et l’accès
au marché. Étant donné l’environnement opérationnel actuel, le Canada semble mieux placé pour
tirer parti des possibilités en R. et D. et en remplissage/finition/distribution. Le taux d’imposition
global des sociétés au Canada a baissé, mais le Canada n’a pas la réputation d’offrir un
environnement fiscal aussi favorable que l’Irlande, le Costa Rica, Singapour ou d’autres. Par
conséquent, si le taux de taxation est avantageux lorsqu’il s’agit de rivaliser avec les États-Unis,
les sociétés à forte marge et sensibles aux coûts de la fiscalité privilégieront souvent des
environnements dont le fardeau fiscal est moins lourd.