F. Menant
ENS, initiation à l’histoire médiévale
Mars 2015
Les universités au Moyen Âge
Plan du cours 1-L’enseignement avant le XIIe siècle
Les écoles monastiques Les écoles épiscopales
2-Genèse et multiplication des universités Deux directions d’étude importantes dans l’étude des universités Les sources pour l’histoire de l’université, d’après le cas de Paris
L’aube de l’université : XIIe-début XIIIe siècles Paris Bologne Oxford
La deuxième génération : les universités du XIIIe s. Les sécessions : Padoue, Cambridge, Orléans, Angers Les fondations princières et ecclésiales : Toulouse, Naples, Salamanque Le studium curiae pontifical Les études de médecine : Salerne et Montpellier
Multiplication et sclérose après le milieu du XIVe s. Les universités des petits Etats Sclérose, XIVe -XVe s. Les collèges
3- Les études et l’organisation des cursus à l’université de Paris Le programme des études Les méthodes Les enseignants L’organisation de l’université
4- La faculté des Arts a) Cursus b) Les étudiants de la faculté des Arts c) La situation par rapport aux autres facultés d) Les programmes e) Les matières effectivement les plus enseignées
5- Le problème d’Aristote Aristote « L’âge des grandes traductions » Averroès Excursus : l’ « affaire Gouguenheim », appendice à « l’affaire Aristote » Deux grands domaines de l’oeuvre d’Aristote : la logique et la métaphysique
La logique, un outil pour la scolastique La métaphysique et sa proximité avec la théologie Thomas d’Aquin. L’aristotélisme, philosophie officielle de l’Eglise La condamnation de la Physique, l’averroïsme et Siger de Brabant
Commentaire du doc. 1- Méthodes d’enseignement. Une étude de cas : cours magistral et prise de notes à la faculté des Arts de l’université de Paris (10 décembre 1355)
La lecture, ses formes, ses évolutions Vers la lecture silencieuse : les innovations matérielles de l’âge préuniversitaire Le « modèle scolastique » de la lecture : « de la ruminatio à la lectura » Lecture individuelle et lecture publique : les modèles universitaires de l’usage des textes
Oral et écrit La reportatio La dictée du cours Ecrit et mémoire dans le travail universitaire
Remarques conclusives sur cette étude de cas Commentaire du doc. 3.3. La bibliothèque d’un ancien étudiant en droit de Bologne
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Documents
Section I : Les techniques d’enseignement ............................................................................................. 3
1- Cours magistraux et prise de notes à la faculté des Arts de Paris, 1335 ............................. 3 2- Un manuscrit de la Bible glosé. Paris, XIIIe s. ................................................................... 5 3 – Un cours de droit représenté sur le tombeau d’un professeur bolonais (1346) .................. 5 3.2- Scènes de l’enseignement universitaire, représentées sur un manuscrit d’une Novelle de
Justinien ................................................................................................................................... 5 3.3 - La bibliothèque d’un ancien étudiant en droit de Bologne, reflet de sa formation
universitaire et de son activité professionnelle : juge et podestat …………..6
Section II : Les étudiants dans la ville : garanties et conflits ................................................................... 7 4 - La protection de l’université et des étudiants dans les statuts de Bologne, 1288 ............... 7 5- Trois sergents royaux font amende honorable au prieur des Augustins de Paris pour expier
leurs voies de fait contre des religieux de ce couvent, dont un maître en théologie, 1440. ..... 7
Section III : Les lieux de vie : les collèges .............................................................................................. 8 6- Carte des collèges parisiens à la fin du Moyen Âge ............................................................ 8 7- L’habitat de la rive gauche au temps de la croissance de l’université (XIIe-XIIIe s.) ...... 10 8-La vie quotidienne au collège parisien de l’Ave Maria. ..................................................... 11 9-Vestiges des collèges parisiens : le réfectoire du collège des Cordeliers ........................... 12 10- Vestiges des collèges parisiens : le réfectoire du collège des Bernardins ....................... 12
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Section I : Les techniques d’enseignement
1- Cours magistraux et prise de notes à la faculté des Arts de Paris
1335
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2- Un manuscrit de la Bible glosé. Paris, XIIIe s.
3– Un cours de droit représenté sur le tombeau d’un professeur bolonais (1346)
O. Guyotjeannin, Archives de l’Occident, I, Le Moyen Âge, Paris, 1992, doc. 185 p. 502-504.
C’est le plus remarquable des tombeaux que les professeurs de droit de Bologne se sont fait élever au XIVe
siècle, traduisant dans la pierre la conscience qu’ils éprouvent de leur place dans la société et de la valeur de leur
enseignement. Il en reste une demi-douzaine, dans les anciens cimetières des églises San Domenico et San
Francesco. Celui de Bonifacio Galluzzi, mort en 1346, se dressait dans le cloître de l’église San Domenico, et il
est l’oeuvre d’un sculpteur local, Bettino de Bologne. Le professeur est assis à sa chaire, plein de dignité. Les
étudiants, clercs (tonsurés) et laïcs, suivent sur leurs exemplaires du texte commenté et prennent des notes sur
des pupitres. L’inscription funéraire définit le défunt à la fois comme docteur en droit et comme chevalier ; elle
était autrefois flanquée des armes de la famille Galluzzi, le coq (gallo) : « Ci-gît dans ce tombeau le docteur et
chevalier Bonifatius, issu des Galluzzi. Accorde-lui ton pardon, Seigneur (1) suprême, bon Jésus ».
On a également conservé le tombeau de Rolandino Passaggeri (v. 1217-1300), célèbre professeur de notariat,
construit peu après sa mort dans le cimetière de l’église Saint-Dominique de Bologne : Rolandino y est figuré
comme Galluzzi, assis dans sa chaire magistrale, enseignant à ses étudiants qui prennent des notes.
Les tombeaux des grands professeurs de droit bolonais contemporains de Rolandino, les « glossateurs » :
Accurse et son fils Francesco, Odofredo et Rolandino dei Romanzi, sont quant à eux dans le cimetière de San
Francesco (ci-dessous, doc. 3.3).
(1) Hierarca, mot rare parfois employé pour un dignitaire ecclésiastique.
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3.2- Scènes de l’enseignement universitaire, représentées sur un manuscrit d’une Novelle de Justinien
3.3 : d’autres tombeaux de professeurs bolonais
3. 4- La bibliothèque d’un ancien étudiant en droit de Bologne, reflet de sa formation universitaire et de son activité professionnelle : juge et podestat
Primeranus de Diviciolis est un juge (iudex) de Crémone qui a occupé quelques emplois
communaux dans sa ville et a été capitaine du Popolo puis podestat de la ville voisine de
Lodi. C’est un quasi-inconnu, qui n’est mentionné que dans une poignée de sources. Mais
l’une d’elles est de premier ordre : l’inventaire de ses biens, rédigé le 19 novembre 1307, après son décès, et complété le 12 décembre suivant. On en conserve l’original, sous forme
de deux grands parchemins. Il comprend en particulier –outre des armes et armures et une
splendide garde-robe- une petite bibliothèque juridique : 1-Unum diestum vetus cum aparatu Ac[cursii]. Le « vieux Digeste » est la première partie du Digeste, édité ici
avec la glose (apparatus [glossarum]) d’Accurse, le plus influent des glossateurs.
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2-Unum codex cum aparatu Ac[cursii]. C’est le Code de Justinien.
3-Una instituta, tres libri codicis et autenticum cum aparatu Ac[cursii] in uno in uno (sic) volumine. Volumen
(ou volumen parvum) est le nom usuel du cinquième et dernier volume du corpus iuris civilis, qui comprend,
comme c’est le cas dans l’exemplaire de Primeranus, les Institutes (un court manuel composé d’extraits du Code
et du Digeste), les trois derniers livres du Code (appelés couramment, comme ici « les trois livres») et les
Novelles, généralement proposées sous la forme de l’Authentica ou Authenticum, c’est-à-dire des extraits.
4- Decretum et decretalles cum aparatu B[ernardi] in duobus voluminibus. On arrive au droit canon, avec les
deux parties du Corpus iuris canonici : le Décret (de Gratien) et les Décrétales (de Grégoire IX). Bernardus de
Botone (ou de Parme), professeur à Bologne de 1232 à sa mort en 1266, a laissé une glose des décrétales de
Grégoire IX qui a fait autorité par la suite.
5- Una soma. Il s’agit certainement d’une somma de droit civil ou de droit canon, c’est-à-dire d’un exposé du
contenu d’un des grands textes précédents. Mais laquelle ?
6-Libelli Rofredi. Rofredus de Bénévent, un des experts majeurs de la première moitié du XIIIe siècle dans l’un
et l’autre droit. Ses deux oeuvres principales, libelli iuris civilis et libelli iuris canonici, sont des traités de
procédure.
7-Librum trium parcium sine aparatu. Les trois premiers livres, ou parties, du Digeste :
8-Unum librum racionum in jure civili.
9- Unum mesale. Un missel
La bibliothèque constituée par Primeranus lui permet donc d’avoir sous la main l’essentiel du corpus iuris civilis et du corpus iuris canonici, ainsi que deux guides de procédure. Les
éditions sont celles des grands maîtres qui ont enseigné à Bologne autour de 1250, et dont
les gloses sont l’outil indispensable pour un usage effectif du droit : Accurse bien sûr, dont
l’influence se reflète dans la prédilection de Primeranus pour son oeuvre, mais aussi Rofredus de Bénévent et Bernard de Parme. Primeranus a rassemblé cette belle collection à
grands frais, probablement pendant ses études. La proximité géographique de Bologne, le
rayonnement de ses maîtres, et la qualité même des livres, rendent extrêmement
vraisemblable que ce soit dans cette capitale du droit que Primeranus a accompli sa
formation et constitué sa bibliothèque, et non à Padoue, plus éloignée de chez lui, ou dans l’une des écoles de droit moins renommées dont est parsemée l’Italie du Nord (un studium
où l’on étudie le droit est cependant attesté à Crémone par un unique document de 1292).
Section II : Les étudiants dans la ville : garanties et conflits 4 - La protection de l’université et des étudiants dans les statuts de Bologne, 1288
Ed. G. Fasoli et Q. Sella, Statuti di Bologna dell’anno 1288, Rome, 1937, I, p. 95 ; trad. ital. : R. Bordone, La società
urbana…, n° 27 p. 127.
De la protection du studium des étudiants de la ville de Bologne. Nous décidons que le podestat de Bologne et sa suite,
et le capitaine et sa suite (1) soient tenus de faire en sorte, en mettant en œuvre toute leur autorité, que le studium des
étudiants, aussi bien de droit civil que de droit canon, de grammaire, de dialectique, de physique, de poésie et des autres
disciplines enseignées, soit maintenu en bon état et à jamais dans la ville de Bologne ; et que les enseignants de ces
matières et les recteurs des étudiants et l’ensemble des étudiants et chacun d’entre eux, avec tous les droits et les biens
qui en dépendent, soient défendus tant en justice qu’autrement, partout et chaque fois que ce sera nécessaire. Tous les
statuts, normes, privilèges et réformes qu’il paraîtra opportun d’élaborer en faveur des enseignants, des recteurs et des
étudiants de l’université devront être observés de bonne foi pour le développement de l’université et la tranquillité des
étudiants. Et il faudra poursuivre et punir des peines prévues dans le statut de Bologne quiconque, citadin de Bologne
ou étranger, cherchera à faire transférer l’université ailleurs.
(1) Le podestat et le capitaine du peuple sont les deux magistrats qui composent l’exécutif des communes italiennes.
Leur « suite » est le groupe d’employés qui exécutent leurs décisions, en matière de police notamment.
5- Trois sergents royaux font amende honorable au prieur des Augustins de Paris pour expier leurs voies de fait contre des religieux de ce couvent, dont un maître en théologie, 1440.
Pierre sculptée (88x155 cm), autrefois placée rue des Grands-Augustins, près de Saint-André-des-Arts.
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Section III : Les lieux de vie : les collèges
6- Carte des collèges parisiens à la fin du Moyen Âge
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7- L’habitat de la rive gauche au temps de la croissance de l’université (XIIe-XIIIe s.)
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8-La vie quotidienne au collège parisien de l’Ave Maria.
Miniature illustrant les statuts du collège, 1387.
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9-Vestiges des collèges parisiens : le réfectoire du collège des Cordeliers
10- Vestiges des collèges parisiens : le réfectoire du collège des Bernardins