Université d’Antananarivo ---------------------------------
Faculté de Droit d’Economie, de Gestion et de Sociologie
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Département Droit ---------------------------------
GRAND ORAL ---------------------------------
L’éthique de la responsabilité et l’éthique de la conviction en politique de Max Weber
Présenté par : RAZAFIARISON Ando Lova Année d’étude : 4ème Année
Option : Sciences Politiques
Date de soutenance : 15 Novembre 2011
Anneé Universitaire : 2010-2011
Introduction :
Ce présent grand oral se présente sous forme d’analyse, plus précisément, il s’agit de suivre les traces de la pensée
politique de Max Weber, ce grand sociologue et économiste allemand né à Erfurt en 1864 et mort à Munich en 1920.
Cette analyse aura pour principal support et référence un de ses ouvrages, sans doute l’un des plus célèbres intitulé
« Le Savant et Le Politique » qui est la traduction en français de deux textes de Max Weber lui-même issus d’une
conférence qu’il a prononcée en 1919 à l’Université de Munich à propos d’une part, de la vocation de savant
« Wissenschaft als Beruf » dans lequel Weber traite de l’épistémologie de la science , du jugement et du rapport aux
valeurs et d’autre part, de la vocation de politique « Politik als Beruf » dans lequel Weber traite de l’action politique, de
son fonctionnement, de sa légitimation , et donne sa célèbre définition de l’Etat.
De ce fait, il est alors nécessaire de mettre en concert le thème avec cet ouvrage clé.
Dans le souci de cerner le thème « Ethique de la responsabilité et éthique de la conviction en politique », laissons de
côté la question de vocation de savant puisque le thème se situe dans la rubrique vocation de politique ou pour être
plus précis, dans la deuxième partie du « Savant et le Politique » ayant comme titre « Le Métier et la Vocation d’homme
politique ».
En effet, dans « Le savant et le Politique » avant d’en arriver au problème décisif de l’éthique de la responsabilité et
celle de la conviction, Weber s’arrête quelques pages sur les notions de politique et d’éthique.
Ainsi, à l’instar de la politique, par exemple, au commencement, il la défini de façon générale comme « L’ensemble des
efforts que l’on fait en vue de participer au pouvoir ou d’influencer la répartition du pouvoir, soit entre les Etats, soit
entre les divers groupes à l’intérieur d’un même Etat » puis l’Etat contemporain caractérisé par le monopole de la
violence légitime. C’est toujours dans le cadre de la politique qu’il esquisse aussi la distinction tripartite des formes de
légitimité à savoir la légitimité traditionnelle, charismatique et légale-rationnelle.
Il réfléchit ensuite à la notion d’éthique et constate qu’elle peut être invoquée a posteriori par l’homme infidèle ou le
vaincu pour donner un caractère légitime à ce qui ne l’était pas. Aussi, recourir à l’éthique pour donner raison ou à ses
intérêts moraux ou matériels est indigne.
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Compte tenu de la spécificité du champ politique qui insère les individus dans des relations de violences inconciliables
avec une éthique absolue non violente, le défi est de trouver une éthique relative au politique ; une éthique qui puisse
apporter des repères à des individus qui, à la première action politique se rendent compte que les préceptes du saint ne
leur sont d’aucun secours au moins de changer la totalité des règles du jeu. En vérité, Weber cherche une conception
autonome du politique.
Weber se posait la question de la manière suivante : serait-il plus juste au contraire de dire que la même éthique est
valable aussi bien pour l’action politique que pour n’importe quelle autre espèce d’action ?
La réponse qu’il fournit sera notamment notre sujet d’étude qui concerne « l’éthique de la conviction et l’éthique de la
responsabilité en politique ».
La problématique qui se pose est la suivante : qu’est ce qu’un homme politique ?est-ce un homme politique
responsable ou un homme politique de conviction ? Ce qui nous permettra d’examiner au prime abord la question
d’éthique en politique et la particularité de cette dernière(première partie) pour ensuite la structuration de deux pôles
de l’éthique en politique(deuxième partie).
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Partie I : la question d'éthique en politique et la particularité de cette
dernière.
Effectivement, un homme politique se trouve confronté par le problème fondamental des rapports
de l'éthique et de la politique.
Chapitre I : les relations entre éthique et politique.
L'éthique et le politique constituent deux domaines sui generis pourtant, il n’y a pas de
véritable politique sans éthique.
Section 1 : morale, éthique et politique.
§ 1 : la distinction entre morale et éthique.
Faut-il distinguer morale et éthique? A vrai dire, tous 2 renvoient à l'idée de mœurs mais on peut en
décerner une nuance.
Ainsi la morale peut être comprise en un discours normatif et impératif qui résulte de l'opposition du
Bien et du Mal considérés comme valeurs universelles et absolues. C'est l'ensemble de nos devoirs. La
morale répond à la question "Que dois-je faire ?". Elle se veut une et universelle.
Tandis que l'éthique elle aussi est un discours normatif mais non impératif qui résulte de l'opposition du
bon et du mauvais considérés comme valeurs relatives. C'est l'ensemble réfléchi de nos désirs. Une
éthique répond à la question "Comment vivre ?" Elle est toujours particulière à un individu ou à un
groupe. C'est un art de vivre. Elle tend le plus souvent vers le bonheur et culmine dans la sagesse.
Par ailleurs, la morale a une connotation religieuse, elle comporte une notion de contrôle imposée de
l'extérieur. Elle porte sur le bien et le mal, nous interpelle et crée des obligations.
En revanche, l'éthique est plutôt de nature laïque et elle part de l'intérieur de la personne .Elle nous fait
réfléchir et surtout nous responsabilise.
Aussi lorsque nous nous interrogeons sur les tenants et aboutissants de la morale, cette réflexion
théorique n'est autre que l'éthique générale. A ce titre l'éthique est la science de la morale. Donc
l'éthique se sépare des mœurs en interrogeant la légitimité des règles que ces mœurs prescrivent.
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§2 : Intersection entre politique et éthique.
Si la politique en est un concept, l'éthique en est aussi un autre ; leur intersection est possible selon Paul
Ricœur.
« Afin d'éviter toute approche moralisante du problème, ni préjuger de l'ordre de préséance entre
éthique et politique, je propose que l'on parle en termes d'intersection plutôt que de subordination du
rapport de l'éthique a la politique. Je vois là deux foyers décentrés l'un par rapport a l'autre, posant
chacun une problématique originale et créant un segment commun précisément par leur intersection1. »
(Paul Ricœur, Du texte à l'action, Essai d'herméneutique, II, 1986, p. 393).
Ainsi, Ricœur pose que l'éthique et la politique forment deux noyaux décentrés qui ne se
recoupent que partiellement.
Section2 : le terme politique dans la pensée wébérienne.
Après avoir définit le concept de politique, on peut remarquer que la réflexion de Weber sur ce même
concept est teintée de réalisme politique.
§1 : Définition du mot politique.
Bien que le terme politique soit androgyne (c'est-à-dire peut être employé tant au féminin
comme science ou art de diriger les affaires publiques, de gouverner un État tant au masculin
comme la personne qui gouverne par exemple) reprenons le sens que Weber a donné à ce
terme. Weber soulève immédiatement la difficulté d'étudier le politique tant il existe une
multiplicité sémantique du terme de « politique ». Ce terme semble renvoyer de façon très
vague et très vaste à toutes les espèces d'activités directives autonomes.
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En effet on peut parler de la politique d'une banque, de la politique d'un syndicat, de la
politique scolaire d'une commune urbaine ou rurale ou encore de la politique d'une femme qui
cherche à gouverner son mari.
Ainsi, Weber est immédiatement contraint de limiter le champ de son sujet et les acceptions du
terme qu'il se propose d'étudier d'où la définition suivante : « Nous entendrons uniquement par
politique la direction du groupement politique que nous appelons aujourd'hui « Etat », ou
l’influence que l'on exerce sur cette direction. »
Mais, la difficulté semble repoussé tant, ayant défini le « politique » par « groupe politique » il
faut désormais spécifier ce que la notion de groupement apporte à l'idée de politique. Qu'est-ce
qu'un groupement politique qui est l'Etat? Et bien ce dernier se laisse définir
sociologiquement par le moyen spécifique qui lui est propre, ainsi qu'à tout autre groupement
politique, à savoir la violence légitime. » Mais cette violence n'est évidemment pas l'unique
moyen normal de l'État, cela ne fait aucun doute mais elle est son moyen spécifique toujours
selon Weber.
Après avoir définit l'Etat contemporain comme une communauté humaine qui, dans les limites
d'un territoire déterminé revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la
violence légitime il redéfinit le terme politique comme « l'ensemble des efforts que l'on fait en
vue de participer au pouvoir ou d'influencer la répartition du pouvoir, soit entre les États, soit
entre les divers groupes à l'intérieur d'un même État. »
Ainsi, on peut en déduire alors que le but de la politique réside dans la direction du
groupement politique qu'est l'Etat (avec comme moyen essentiel la force et la violence).
§2 : Dans la lignée du réalisme politique.
La pensée de Max Weber nous permet de revenir à Machiavel. Celui-ci soutient un
humanisme réel en politique qui repose sur deux points très précis : une compréhension très
aiguë de la spécificité du politique et un sens tout aussi aigu de la responsabilité politique.
Cette pensée de Machiavel est développée en long et en large dans son ouvrage « Le Prince ».
En effet, selon Machiavel, dans l’ouvrage précité, le Prince ne doit pas se préoccuper de ce qui
devrait se faire mais de ce qui se fait.
Le Prince préfère le bien mais il se résout au mal s'il est obligé et il y est souvent contraint. En
outre, il a appris à ne pas être bon au milieu d'hommes mauvais.
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Machiavel écarte délibérément au Prince toute chose étrangère à la politique. Ainsi est une
chose étrangère à la politique par son aspect l'affirmation que le Prince doit être pieux pour
gagner la vie éternelle (caractéristique de l'éthique de conviction) car cela relève dit-il de la
théologie.
Weber empruntait sans doute à Machiavel l'idée selon laquelle les moyens de la politique
incluent inévitablement la violence mais aussi l'éloge des citoyens de Florence qui préféraient la
grandeur de leur cité au salut de leur âme. On voit bien là la distinction entre le paroissien qui
se souci uniquement de son âme à sauver et le citoyen qui préfère la grandeur de sa cité pour
qui le bien commun passe avant les intérêts personnels.
En ce qui concerne son action, pourvu que le Prince arrive au résultat, il n'y a pas de moyens qui
ne soient considérés comme honorables et à en croire Weber « pour atteindre des fins bonnes,
nous sommes la plupart du temps obligés de compter avec, d'une part des moyens
moralement malhonnêtes ou du moins dangereux et d'autre part la possibilité ou encore
l'éventualité de conséquences fâcheuses» Et « qu'aucune éthique au monde ne peut nous dire à
quel moment et dans quelle mesure une fin moralement bonne justifie les moyens et les
conséquences moralement dangereuses. »
C'est là que divergent fondamentalement les deux éthiques car c'est bien le problème de la
justification des moyens par la fin qui voue en général l'éthique de conviction. Le partisan de
l'éthique de la conviction est convaincu que le bien ne peut engendrer que le bien et le mal ne
peut engendrer le mal alors que s'il en est ainsi, il n'y aurait plus de problème selon Weber.
En résumé, Weber est l'héritier de toute une tradition attachée à souligner la spécificité et la
difficulté de l'action politique où la qualité maîtresse est l'art et non la science d'opérer des
choix toujours incertains entre des solutions plus ou moins probables.
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Chapitre II : la spécificité du concept de pouvoir politique et l'énigme de la violence légitime.
II s'agit de voir la spécificité du pouvoir politique par rapport aux autres pouvoirs en ce qu'il
détient le monopole de la violence légitime.
Section l : le pouvoir politique et le concept de domination.
A part que le pouvoir politique revendique le monopole de la contrainte physique, il implique
également le concept de domination.
§1 : La notion de pouvoir.
De manière classique, il y a trois significations du terme de pouvoir.
Dans un 1er sens, le pouvoir est assimilé à une sorte de capital que l'on acquiert, que l'on
accumule et que l'on peut dilapider.
Dans un 2 sens, le pouvoir est une expression qui sert soit à désigner l'Etat par rapport aux
citoyens soit les gouvernants ou encore l'ensemble des institutions politique d'où l'expression
pouvoir politique.
Le 3ème sens semble le plus pertinent car plus politique (se rapproche de la définition du
concept de politique de Weber) dans la mesure où le pouvoir se caractérise par la mobilisation
des ressources pour obtenir d'un tiers afin qu'il adopte un comportement qu'il n'aurait pas
volontairement adopté en dehors de ces ressources mobilisables.
Ce type de pouvoir repose sur l'alternative suivante : ou bien l'assujetti à la relation de pouvoir
s'incline devant l'ordre qui lui est donné et dans ce cas il évite la sanction ou bien il ne s'incline
pas et il encourt une sanction dont l'effectivité ultime est garantie par l'emploi de la contrainte
physique. C'est ici que la notion de pouvoir rejoint l'exercice de l'autorité au niveau de l'Etat.
§2 : Du pouvoir politique au concept de domination.
II faut tout d'abord préciser que le terme pouvoir politique est spécifique par rapport aux autres
pouvoirs (pouvoir au niveau de la famille ou au niveau des clans par exemple) car il s'exerce sur
l'ensemble de la société et sa détention permet d'édicter des lois et des règlements qui
s'appliquent à tous et également d'arbitrer les affrontements qui peuvent survenir entre des
individus au sein de la société.
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De ce faite, le pouvoir politique revendique le monopole de la contrainte physique (que
nous aborderons dans le §2 suivant).
Le pouvoir politique, c'est la domination exercée par une personne ou un groupe de personnes
dans une société, dans le but d'organiser celle-ci. La question qui se pose immédiatement est de
savoir pourquoi les hommes se soumettent-ils ?
En effet, il existe trois fondements ou légitimations possibles à cette domination, c'est-à-dire
trois explications à la soumission :
-Le pouvoir traditionnel. Nous avons ici, un pouvoir se commuant en autorité du fait d'une
habitude trans-générationnelle. Il y a un « éternel hier » qui s'impose à nous : parce qu'il en fut
toujours ainsi, parce que Ton ne sait pas qui a organisé ainsi le pouvoir, et pourquoi cela a été
ainsi fait, les individus se soumettent, sans critique, à des personnes investies d'un pouvoir
ancestral. Ces personnes sont par exemple les patriarches ou les Rois.
-Le pouvoir charismatique. Ce pouvoir est fondé sur des qualités personnelles possédées
(réellement ou imaginairement) par des individus particuliers. Que ce soit, le prophète, le
démagogue, le chef de guerre, le chef départi... nous avons là des individus qui sont d'abord,
aux yeux des autres, investis de pouvoirs prodigieux et/ou de qualités héroïques « on a foi en
eux ». Ces qualités dites « naturelles » l'investissent d'un pouvoir politique : il passe pour un
chef, tant les sujets ont pour lui un « dévouement personnel ». Le pouvoir est ainsi confié à un
homme qui voit sa « cause » épousée par tous. En fait, ces êtres, « exceptionnels » dans les
yeux des sujets, « passent pour être intérieurement appelés au rôle de conducteur d'hommes »,
ils ont la vocation de chef.
- Pouvoir légal-rationnel. L'obéissance ici, est fondée sur la croyance en un « statut établi » qui
détermine droits et devoirs. La soumission est ainsi immédiatement limitée. Les individus ont
confiance, en un « statut légal » organisé (constitution, loi...), et en un ensemble de
compétence positive fondée sur des règles établie rationnellement (C'est-à-dire rôles politiques
prédéterminés par la raison et limités par la loi). C'est là le propre des Etats modernes, et de
leurs serviteurs (ministres, présidents, chanceliers... c'est-à-dire des représentants élus).
Il convient ici de faire deux remarques d’une part Weber a décrit « types idéaux » en mettant en
évidence les trois types de domination mais dans la réalité, il peut y avoir combinaison entre les
différents types de domination et d’autre part il reconnait lui même le caractère précaire et
instable de chaque type-idéal.
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Section 2 : Violence légitime et non-violence.
Même si le moyen décisif en politique est la violence légitime, la non violence s'avère aussi
efficace.
§1 : L’énigme de la violence légitime.
Puisque le moyen décisif en politique est la violence légitime, il s'agit désormais de
comprendre ce que cela implique concrètement.
La violence légitime, c'est la violence qui est reconnue par tous comme légitime, c'est à dire
nécessaire au bon fonctionnement de la communauté. S'il n'y avait pas de violence dite
"légitime", n'importe qui pourrait se faire justice soi-même et la loi du plus fort, ou encore du
"chacun pour soi" régnerait.
Par "violence", il ne s'agit pas que d'agression physique, mais aussi et surtout de violence
symbolique (exemple : un redressement fiscal ne se règle pas avec des coups de bâton...).
Donc, l'armée, la police, la justice, sont des instruments de cette "violence légitime", qui permet
d'empêcher ou de punir les cas de violence individuelle (interdire de se faire justice soi-même,
c'est lutter contre la Loi du plus fort). Mais ils doivent être utilisés dans un cadre juridique, sans
quoi ils deviennent, également, illégitimes. Ainsi, ce pouvoir implique, naturellement, qu'un
policier qui fait un usage abusif de son arme soit puni.
Par ailleurs, la contrainte physique ou la violence légitime constitue l'ultime recours du
pouvoir politique quand les autres moyens sont épuisés,
§2 : Notion de non-violence : sur les traces de Martin Luther King et de Gandhi.
Max Weber tend à sous-estimer la non-violence en privilégiant dans ses analyses la violence
physique.
Il donne l'exemple des quakers américains qui auraient refusé de se battre par conviction pour
des idéaux qui étaient les leurs, situation qu'il estime tragique.
Il s'agit là peut-être d'une critique qu'on peut adresser à l'endroit de ses développements car les
luttes non-violentes, éminemment politiques, sont très appréciables et à titre d'exemple on peut
citer celle Gandhi personnage fort indien qui fut le principal artisan de l'indépendance de l’Inde
; lutte qu'il entreprit d'obtenir de la Grande Bretagne par la non violence active ou encore celle
l'apôtre américain de la non violence Martin Luther King qui luttait contre la ségrégation raciale
et la lutte pour les droits civiques des Noirs aux États-Unis de son époque en s'inspirant de
Gandhi.
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Mais cette non-violence, il faut le comprendre est tout à fait particulière. Elle est désignée sous
les labels de « résistance passive »ou encore par ce qu'on appelle « la désobéissance civile ».La
non violence ici ne signifie pas que « la souris est clémente parce qu'elle se laisse dévorer par le
chat » mais que d'autres moyens d’actions non violents sont envisageables comme les sit-in
(Martin Luther King) ou le refus de payer les impôts(Gandhi) par exemple contrairement à la
non-violence dans l'éthique de la conviction qui interdit les sit-in, la grève, la révolution bref
toute forme d'opposition à l'autorité en place (car celui qui s'oppose à l'autorité résiste à
l'ordre de Dieu et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes)
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Partie II : la structuration de 2 pôles de l'éthique en politique.
« Toute activité orientée selon l'éthique peut être subordonnée à deux maximes totalement
différentes et irréductiblement opposées. Elle peut s'orienter selon l'éthique de la
responsabilité ou selon l'éthique de la conviction. »
Chapitre I : éthique de la conviction et éthique de la
responsabilité, deux orientations de l'action.
Un homme politique est par définition un homme d'action et à chaque action correspond une
éthique bien distincte.
Section 1 : aperçu général puis opposition des 2 éthiques.
§1 : Aperçu général de l'éthique de la conviction et l'éthique de la responsabilité.
L'éthique de Conviction concerne les choix de conduite et d'engagement de l'individu en
fonction de ce qu'il croit être une valeur suprême à laquelle il adhère par un mouvement de foi.
La conviction, c'est agir en fonction de ses croyances, dans le domaine de la famille, du travail
ou de la politique : l'engagement dans une résistance, le respect de la parole donnée, le souci de
sincérité, la grandeur, l'honneur, la fidélité, l'amitié, etc.…
La conviction est une obligation interne en fonction de soi, comme s'il s'agissait de suivre une
voix venue de l'intérieur. Une obligation ayant la force du devoir intime : « Je me dois de ». Il
s'agit bien d'un principe qui est posé au départ de nos conduites et qui se veut universel. Mais il
peut être édicté par un groupe, et il devient alors le principe auquel adhèrent tous les membres
du groupe, et qui guide leur conduite. C'est le cas du serment d'Hippocrate pour les médecins.
Les individus qui en font parti se doivent d'en suivre les préceptes ou tout au moins un précepte
principal : « sauver la vie ».
L'éthique de Responsabilité concerne les choix de conduite et d'engagement de l'individu (ou
du groupe) en fonction de données extérieures, plus ou moins objectives (c’est-à-dire réelles),
qui contraignent ses actions, et en fonction des effets que sa conduite peut produire sur les
autres. L'éthique de la responsabilité agit donc selon une obligation externe («je dois faire en
fonction de ») qui implique de considérer que nos actes et nos comportements ont toujours une
incidence sur les autres par un enchaînement causal que l’on ne maîtrise pas en totalité, et dans
lequel on est partie prenante sans même le savoir.
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On peut donc être responsable sans être coupable comme on l'entendit dire dans l'affaire du «
sang contaminé », et comme cela est répété lors de certains actes de remords.
§2 : L’opposition des deux éthiques : l'éthique de la responsabilité, l'ethos de l'homme politique authentique.
En effet, l'éthique de la conviction et l'éthique de la responsabilité sont radicalement
antithétiques pour diverses raisons.
Si un parfum éthique doit accompagner l'action du politique organisé sous sa forme d'Etat, cette
éthique devrait être logée dans notre sens de la responsabilité et non dans nos convictions
personnelles ou religieuses.
Weber pose la distinction entre éthique de conviction et éthique de la responsabilité comme suit:
« il est indispensable que nous nous rendions compte du fait suivant : toute activité orientée
selon l'éthique peut être subordonnée a deux maximes totalement différentes et
irréductiblement opposées. Elle peut s'orienter selon l'éthique de responsabilité ou selon
l'éthique de conviction……» et plus loin «… il y a une opposition abyssale entre l'attitude de
celui qui agit selon les maximes de l'éthique de conviction……Et l'attitude de celui qui agit
selon l'éthique de responsabilité ».
L'éthique de la conviction nous demande d'agir par devoir, c'est-à-dire sous la contrainte des
principes ou des valeurs préétablies et de nos convictions. Elle se soucie exclusivement de ne
pas trahir une valeur, de ne pas transgresser une norme (par exemple, la vérité et dire la vérité, la
bonté et ne jamais user de la force, etc.). C'est très logiquement que le salut de l'âme peut exiger
le sacrifice du corps.
Ainsi, la responsabilité des résultats heureux ou malheureux de notre action sont toujours à
imputer à ces valeurs à priori qui s'exercent sur elle de l'extérieur et de façon contraignante. Ces
valeurs agissent donc en nous sans nous, et leur point d'ancrage ontologique est la société ou
Dieu. Le vrai responsable, ce n'est jamais nous mais la société ou Dieu. Son adepte n’est
responsable que de sa propre conduite vis à vis de ces lois et ces valeurs et non de celle des
autres membres de sa collectivité ou de son obédience religieuse. A travers le respect de la loi,
c'est son âme qu'il veut sauver et non la cité, la grandeur d'âme étant pour lui au-dessus de
celle de l'Etat. Par ailleurs, le partisan de l'éthique de la conviction prône en toute circonstance
la non-violence et ce, par devoir ou par fidélité aux valeurs qu'il estime absolues (celle de
l'évangile par exemple), quelle que soit la situation historique qui prévaut.
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Elles sont hétéronomes c'est-à-dire dont la conduite est régie par des lois reçues de l'extérieur et
s'imposent à nous de façon impérative : « Ne résiste pas au mal par la force » commande l'une
des maximes de l'Evangile. Or le partisan de l'éthique de la responsabilité recommandera
plutôt : « Tu dois t'opposer au mal par la force, sinon tu e responsable de son triomphe ». La
maxime de l'Evangile est d'autant pacifiste qu'elle impose : « Présente l'autre joue !
Immédiatement sans demander à l'autre pourquoi il croit devoir te frapper ».
Cette éthique de la conviction, telle qu'elle se donne à voir à travers ses maximes, si elle a une
dignité pour les saints, elle ne l'a pas pour l'homme politique par vocation car pacifique
inconditionnel, le partisan de l'éthique de la conviction ne peut faire la grève, la révolution, la
guerre, bref tout mouvement de masse qui implique l'utilisation des moyens violents (alors que
la politique on l'a vu fait commerce avec la violence).
Etant donné que son adepte est tenu à refuser par devoir, par bonté et justesse mêmes de ce
devoir, en toute circonstance les armes, même s'il est dans une situation offensive, le sujet de
l'éthique de la conviction ne saurait faire recours à la violence pour se défendre légitimement.
D'après lui, le refus des armes face à l'ennemi armé semble être la condition appropriée pour
retrouver la paix.
Mais l'éthique de conviction peut aussi être aussi celle du soldat pour qui le devoir reste
essentiel. Il agit parce que c'est son devoir, et rien ne lui importe plus que de respecter ce devoir.
L'éthique de la conviction réclame la pureté absolue des moyens et s'accommode de
l'indifférence à l'égard des conséquences. Ce n'est donc pas l'efficacité qui prime, c'est-à-dire le
triomphe matériel d'une valeur, mais son respect par celui qui agit et tout au long de son action.
Le fidèle à cette éthique n'a pas à se soucier des conséquences, pourvu que son intention soit
pure. Il n'est responsable que de celle-ci, c'est-à-dire de la qualité de sa volonté, le reste est
affaire de hasard ou de providence.
« À vrai dire, s'il existe un problème dont l'éthique absolue ne s'occupe pas, c'est bien celui qui
concerne les conséquences », écrit Weber.
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Quant à l'éthique de la responsabilité elle se caractérise par l'attention aux moyens dans un
double perspective : en ce qui concerne leur efficacité pratique, opératoire (car c'est bien la fin
qui justifie les moyens) d'une part, en ce qui concerne les conséquences, d'autre part.
Elle demande à l'agent de compter avec lui-même lorsqu'il agit, d'assurer pleinement la
responsabilité de ses actes, donc de ne pas l'imputer à un agent extérieur à lui, fut-il la société ou
Dieu car sa responsabilité est justiciable de son libre engagement c'est-à-dire encore prendre en
charge les moyens et les conséquences prévisibles ou imprévisibles. L'attention aux
conséquences implique que l'on prenne en considération les effets de l'action sous ses divers
aspects et aussi eu égard à tous les intéressés. L'éthique de la responsabilité est extravertie au
sens où elle s'inquiète des conséquences concrètes de l'action sur les autres et afin de tenir
compte des conséquences, il faut les prévoir.
Ensuite, l'éthique de la responsabilité exclut la soumission aux préceptes catégoriques de toute
morale formelle comme celle de l'Evangile. Si l'agent a des règles à observer avant toute
action, celles-ci ne sont pas des lois absolues mais des principes conventionnels dont
l'observation ou la transgression est toujours possible selon la conjoncture (circonstance,
contexte, situation) historique dans laquelle l'on se trouve. Autrement dit, c'est une éthique de
l'homme d'Etat conscient des antinomies de l'action humaine.
Une éthique en politique doit tenir compte du fait que toute politique recourt à l'usage de la «
violence légitime ». Le moyen spécifique de la politique reste la force. La question ici est bien
le moyen, car sur les fins, tous les adversaires revendiquent avec la même sincérité subjective, la
noblesse de leurs intentions ultimes.
Contrairement à l'adepte de « l'éthique absolue » qui ne supporte pas l'irrationalité éthique du
monde (le bien n'engendre pas toujours le bien et inversement) le partisan de l'éthique de
responsabilité prend en charge les conflits possibles entre la fin, les moyens et les
conséquences en fonction du contexte concret ou il se trouve. Ce qui est souhaitable de faire
idéalement n'est pas toujours réalisable pratiquement. Selon ses évaluations, il est prêt à faire
des sacrifices, des concessions mais au nom du bien commun.
De ces développements, l'on peut dire que, Max Weber, face aux particularités de chacune de
ces deux éthiques choisi l'éthique de responsabilité qui, pour peu glorieuse qu'elle peut être
parfois (en particulier quant à l'usage des moyens), est la plus efficace et par conséquent,
l'éthique de la responsabilité est et doit être celle de l'homme d'action, plus précisément celle
de l'homme politique au regard de ses caractéristiques.
Chapitre II : De l'antagonisme vers la complémentarité des 2
éthiques.
L'homme politique authentique vit de façon féconde la tension entre les deux éthiques ;
cependant, chacune d'elles appliquée de façon unilatérale engendre des problèmes.
Section 1 : les problèmes liés à la distance des 2 pôles.
§1 : Basculement de l'éthique de la responsabilité vers le cynisme amoral.
La politique est le règne de la force. Comme le montre Machiavel, l'efficacité des moyens
repose sur une certaine amoralité que justifie la moralité des fins. Afin de préserver la paix et la
sécurité, tous les moyens sont bons. Mais, il n'existe plus aucune limite à l'action politique dès
lors qu'on en appelle à une fin morale pouvant justifier toutes les transgressions de la moralité.
Cela est d'autant pertinent que le moyen spécifique du politique soit la violence et le recours à la
violence ou à tout autre moyen moralement répréhensible ne souffre pas de délais lorsque
l'acteur s'avise qu'il agit au nom du bien commun. Ce faisant, les mensonges, dol, vol, voire
même crimes, assassinats ....etc. peuvent servir les intérêts collectifs. Car la grandeur d'un
homme politique ne se mesure pas par l'idéalisation de la pureté des moyens mais par son
efficacité ; l'essentiel c'est que ces mensonges et ces assassinats soient au service de toute la
communauté et non à celui de ses intérêts égoïstes, car tous les moyens sont bons quand ils sont
efficaces sauf ceux qui altèrent la fin poursuivie ce qui causera une vraie catastrophe
notamment par exemple par l'indifférence aux libertés les plus fondamentales comme le droit à
la vie. En effet, si par réalisme, il décide, la fin justifiant les moyens, il en oubliera ses buts
humanistes et plus rien ne lui distinguera du cynique amoral. Dans cette perspective, l'éthique de
la responsabilité impliquerait un accroissement sans limites des moyens du pouvoir efficace et
sûr dans tous les domaines.
§2 : L’éthique de la conviction ou le pacifisme inconditionnel.
Pour l'idéaliste partisan de cet éthos, les moyens sont moralement bons au départ et il en fait
littéralement usage ou bien ils ne le sont pas et il les rejette intégralement. Le critère de bonté,
de pureté et de justesse est inconditionnel. 15
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Bien que fondamentalement individuelle et introvertie, l'éthique de la conviction ne limite pas
nécessairement ses effets au seul acteur moral qui l'applique. Elle peut avoir des conséquences
néfastes pour autrui, voire des effets collectifs catastrophiques.
Si le fidèle à cette ethos adopte des principes religieux et se prononce pour une interprétation
littérale des textes sacrés, il exterminera les hommes c'est-à-dire « chasser les méchants sur
terre. » au nom de Dieu sans aucun souci des conséquences, des dégâts occasionnés ou selon
l'expression de Guy Haarscher sans souci « des fleurs écrasées par la route de la providence ».
Cette attitude est aussi celle des terroristes modernes en l'occurrence des extrémistes
musulmans.
Les terroristes violemment anti-occidentaux (Al-Qaïda par exemple) sont prêts à tout faire pour
dénigrer les gouvernements occidentaux.
Par leurs commandos suicide, ils visent les lieux les plus fréquentés et leur cible sont les simples
citoyens qui sont largement plus vulnérables que les personnalités officielles dans la mesure où
ces dernières bénéficient d'une sécurité plus ou moins garantie alors que les gouvernements
occidentaux ne peuvent pas par exemple mettre à l'arrière de chaque citoyen un policier.
En effet selon les extrémistes musulmans, mener la « Djihad » en faisant le plus de victimes
possible conduit directement au paradis.
Toujours dans la ligne de mire de cette « violence inconditionnelle » Hannah Arendt avait
écrit un ouvrage révolutionnaire intitulé « Eichmann à Jérusalem, rapport sur la banalité du
mal ».I1 fait suite au procès d'Adolf Eichmann, le fonctionnaire nazi reconnu comme
responsable de la logistique de la Solution finale pendant la deuxième guerre mondiale,
procès qui s'est déroulé en 1961 et 1962 à Jérusalem.
La question qui s'été posée Arendt était de savoir : Comment des hommes ordinaires
peuvent-ils devenir des bourreaux?
Et bien simplement en exécutant les ordres, expliquait Hannah Arendt.
Elle y démontra dans cet essai qu'Eichmann n'avait rien d'un monstre, mais qu'il était un
homme s'exonérant de toute considération quant aux conséquences de ses actes. Ce qui lui
importait, c'était d'être à l'origine de ce qui lui avait été ordonné, et de faire de son mieux.
Arendt introduisit ainsi la notion de « banalité du mal », signifiant qu'avec la meilleure volonté,
autrement dit en pensant agir correctement ou conformément à ce qui est reconnu comme
devant être fait, on peut tout à fait faire le mal.
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Il suffit pour cela de se concentrer exclusivement sur l’intention en écartant toute attention à
propos des conséquences. Cette assertion d'Arendt rejoint les concepts produits par Max
Weber au sujet de l’éthique de conviction et de l'éthique de responsabilité. La
première consiste pour l’homme à poser un principe et à s'y tenir absolument ce qui le
dispense de toute culpabilité dès lors qu’il agit en conformité avec ce principe et qui
correspond à l'attitude d'Adolf Eichmann. On peut commettre des actes violents sans forcément
être poussé par la haine. II suffit d’être sous l'emprise d'ordres impérieux.
Ici on peut voir les « perversions » de la bureaucratie poussée à son extrême et par
conséquent les dangers que provoque l'éthique de la conviction.
Section 2 : la complémentarité des 2 éthiques.
§1 : Fondement de la nécessité de mariage entre les 2 éthiques.
Weber insiste sur l'opposition irréductible entre les deux éthiques et pourtant, il refuse de les
présenter comme exclusives l'une de l'autre et conclut que : « l'éthique de conviction et
l'éthique de responsabilité ne sont pas contradictoires mais elles se complètent l'une l'autre et
constituent ensemble l'homme politique authentique, c'est-à-dire l'homme qui peut prétendre à
la vocation du politique »
L'homme de conviction et l'homme de responsabilité ne sont pas des individus réels mais des «
Types-idéaux » permettant de comprendre la logique spécifique des divers comportements
humains: ils coexistent à des degrés variables dans les personnages de la vraie vie. (Cette notion
de «Types-idéaux »a déjà été évoquée supra notamment au §2 intitulé Du pouvoir politique au
concept de domination).
L'éthique de conviction renvoie ainsi évidemment à la «passion » indispensable à l'homme
politique, faute de laquelle il ne serait qu'un opportuniste, l'un de ces «hommes
politiques professionnels sans vocation ».
En effet, il n'est pas possible de parler de responsabilité là où la cause donc la conviction est
absente car à quoi se jaugerait la responsabilité de l'homme politique s'il était en vérité sans
principe et sans objectif?
Donc si l'éthique de la responsabilité n'est pas exempte de toute conviction, la conviction
impliquée dans l'éthique de la responsabilité est la croyance en la réalisation éventuelle du but
qu'on s'est proposé et la passion raisonnée, soutenue et nécessaire à cette réalisation et Weber
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énonce trois conditions dont la réunion est nécessaire pour un exercice adéquat de la
politique : principe, lucidité, responsabilité c'est à dire « Principe »qui renvoie à celle de
l'éthique de la conviction et « Responsabilité » à celle de l'éthique de la responsabilité.
Entendue dans ce sens, la conviction et la responsabilité se complètent nécessairement l'une et
l'autre dans une action politique authentique : « L'éthique de la conviction et l'éthique de la
responsabilité, affirme Weber, ne sont pas contradictoires, mais elles se complètent l'une l'autre
et constituent ensemble l'homme authentique, c'est-à-dire un homme qui peut prétendre à la
vocation politique »
Dans ce sens alors, l'éthique de conviction renvoie ainsi évidemment à la « passion »
indispensable à l'homme politique.
§2 : Vers une violence modérée : le juste camusien.
Même si l'éthique de la responsabilité est plus préférée en politique que celle de la conviction,
les deux éthos ne sont donc pas contradictoires; elles se complètent l'une l'autre et constituent
ensemble un homme qui peut prétendre à la vocation politique.
Si pour Max Weber, celui qui veut faire de la politique sa vocation doit prendre conscience des
paradoxes éthiques, le juste d'Albert Camus peut constituer un bon exemple.
Ici, il convient de distinguer le terrorisme anti-despotique du terrorisme anti-démocratique. Ce
dernier est le type de terrorisme des extrémistes musulmans actuel (voir supra §2 sur l'éthique
de la conviction ou le pacifisme inconditionnel) tandis que le terrorisme anti-despotique est
incarné dans un ouvrage intitulé « les justes »d'Albert Camus par un russe nommé Kaliyev.
« Les justes » est une pièce de théâtre en cinq actes écrite par Albert Camus. Cette pièce
théâtrale est inspirée d'événements historiques réels ayant lieu en 1905 en Russie.
L'histoire se passe à Moscou en 1905 : Kaliyev fait partie des nihilistes russes qui lutte contre
le tsarisme et qui attend avec ses partisans un carrosse dans lequel est supposé se trouver le
grand duc Serge, oncle du tsar de toutes les Russies qui règne en despote dans le pays. Mais à
l'arrivée du carrosse, Kaliyev ne jette pas la bombe. Pourquoi ? En effet, à bord du carrosse se
trouvait 2 enfants ce qui l'a poussé à y renoncer.
Ce nihiliste possède le sens de la mesure. Oui il est prêt à tuer, à terroriser les despotes qui
oppriment le peuple russe (car «Tu dois t'opposer au mal par la force sinon tu es responsable de
son triomphe »selon les termes de Weber) mais dans des circonstances précises (absence des
enfants innocents) et à défaut il renonce.
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Une telle réserve caractérise l'éthique de celui qui est capable de s'autocritiquer : même au
sein de la violence ; il analyse son acte et le contrôle et évite la démesure. Comme l'a précisé
Weber, c'est celui qui est capable de dire : « je ne puis faire autrement. Je m'arrête là ! ».
Notons toutefois que lors des actes de violence et de sabotage, il y a toujours des innocents
mais seulement à titre de dommages collatéraux car les innocents ne sont pas les cibles à titre
principal.
A vrai dire, toute est ici question de mentalité et la mauvaise conscience de ce nihiliste
notamment par le commerce avec la violence est la marque de « sa dignité » car c'est le sens de
la mesure qui caractérise la bonne forme d'action violente.
Conclusion :
Pour conclure, à travers notre analyse d’une part, nous avons pu aborder la politique par son
côté abrupt à savoir con commerce avec sa puissance, la violence et la domination.
C’est un compte rendu de la réalité politique plutôt que de lui opposer une représentation
idéalisée de ce qu’elle devrait être. On découvre alors la différence entre l’idéalisme et le
réalisme politique. D’autre part, un accent est également mis sur la sécularisation c’est-à-
dire l’exclusion de toute référence au sacré et à la volonté divine dans la gestion du système
politique. En d’autres termes, tout ce qui se rapporte au sacré et à la religion ne font pas
toujours bon ménage avec la politique. En outre, si un parfum éthique doit accompagner
l’action politique, l’éthique se casse en deux à savoir en éthique de la responsabilité et
éthique de la conviction pour en choisir la première comme l’éthique de l’homme politique
authentique mais aussi que l’éthique de la responsabilité n’exclut pas celle de la conviction
nécessaire pour faire de la politique.
Par ailleurs, si les bases théoriques ont été jetées à travers cette étude, ne faut-il à présent
descendre sur terrain en posant à nos politiciens malgaches la question suivante : «
Monsieur ou Madame, préfériez-vous que l’on dise de vous : c’est un homme/une femme
politique responsable ou bien c’est un homme/une femme politique avec de fortes
convictions ? » comme Erwan Autès l’a fait en posant la même question aux acteurs
publiques de Liepzig en 2004 ? Ce serait sans doute une enquête intéressante.
BIBLIOGRAPHIE :
Ouvrages :
-ARENDT, Hannah "Eichmann à Jérusalem" Folio histoire, 2004, p.440.
-GRAWITZ Madeleine et Jean LECA « Traité de Science Politique », tome III, « l'action
politique » Presses Universitaires de France, 1985.
-HAARSCHER Guy « Les démocraties survivront-elles au terrorisme ? «Édition Cortex,
2008.
-KREMER Marietti (Angèle) « L'Ethique » Presses Universitaires de France, 1987.
-LESCUYER Georges « Histoires des Idées Politiques », Dalloz 2001,4è édition.
- RICOEUR Paul, « Lecture I, Autour du politique », édition Du Seuil, 1991.
-SHLOREDT Valérie et Pam BROWN « Martin Luther King » édition Le Sénevé, Paris
1995.
-WEBER Max, « Le savant et le politique », édition Pion, collection 10 18,1959, 187p.
- WEBER Max, « Le savant et le politique », une nouvelle traduction, préface traduction et
note de Catherine Colliot-Thelène, édition La Découverte, Paris 2003.
Articles, revues et périodiques:
-Erwan AUTES « Éthique de conviction, éthique de responsabilité, et utopie dans le champ
politique allemand actuel (Leipzig) », Mémoire de fins d'études, Institut d'Etudes Politiques
de Lyon, 2004.
-Article de Gilbert HOTTOIS « Éthique de la responsabilité et éthique de la conviction » in
Laval théologique et philosophique, vol. 52, n° 2, 1996, p. 489-498.
Christian de RABAUDY et Béatrice ROLLAND, recueil de textes philosophiques, tome 111,
édition Hatier, Paris 1974.
-WEBER Max - Le savant et le politique. (Wissenschaft aïs Beruf.Politik aïs Beruf),
traduction de Julien Freund. Introduction de Raymond Aron in Revue française de science
politique, Année 1959, Volume 9, Numéro 4, p. 1047 - 1052.