ORCHESTRE
- 05
- 06
1 I N T R O D U C T I O N 0 9
2 L A C U L T U R E K A R A O K É 1 1
2 . 2 L a n a i s s a n c e 1 3
2 . 3 U n e i n v e n t i o n o r i g i n a l e 1 5
2 . 4 U n l i e n s o c i a l 1 6
2 . 5 L ’ a m b i a n c e 2 4
2 . 7 L a k a r a o k é e n F r a n c e 2 7
2 . 8 L e k a r a o k é a u J a p o n 2 8
2 . 9 L e k a r a o k é e n c h i f f r e s 3 1
2 . 9 R e n c o n t r e a v e c u n p a s s i o n n é 3 4
2 . 1 0 L e s k a r a o k é s b o x 3 6
2 . 1 1 M o n e x p é r i e n c e 4 0
2 . 1 2 C o n s e i l s p o u r u n k a r a o k é 4 3
SOMMAIRE
- 07
3 A R C H I T E C T U R E
3 . 2 L ’ a r c h i t e c t u r e a u J a p o n 4 6
3 . 3 C o n c e p t s t r a d i t i o n n e l s j a p o n a i s 4 8
3 . 4 D e n o u v e a u x m a t é r i a u x 5 0
4 L E B Â T I M E N T 5 4
4 . 2 S i t u a t i o n e t c o n t e x t e 5 6
4 . 3 V i s u e l s d u l i e u 5 8
4 . 4 U n e v o l u m é t r i e p a r t i c u l i è r e 6 6
4 . 5 S o u f f l e a r c h i t e c t u r a l 6 8
4 . 6 P r o g r a m m e 7 0
4 . 7 N o t i o n s n i p p o n e s 7 1
5 S U M M A R Y 7 3
5 R E M E R C I E M E N T S 7 5
7 B I B L I O G R A P H I E E T S I T O G R A P H I E 7 6
- 08
« Si je devais écrire un livre pour communiquer ce que je pense déjà, avant d’avoir commencé à écrire, je n’aurais jamais le courage de l’entreprendre. Je ne l’écris que parce que je ne sais pas encore exactement quoi penser de cette chose que je voudrais tant penser. (...) Je suis un expérimentateur en ce sens que j’écris pour me changer moi-même et ne plus penser la même chose qu’auparavant».
« Une femme peut tout faire, elle peut penser, parler, chanter, se taire quelquefois » .
« N’ayez pas peur d’écrire ! » que tout le monde disait. Plus facile à dire qu’à faire ... Le plus handicapant selon moi dans ce travail de mémoire, c’est la volonté de beaucoup -volonté de vous jury ?- de vouloir rattacher le choix de notre bâtiment ainsi que le choix de notre programme à une expérience personnelle, à une passion ou à une activité que l’on pratique. Et pourtant, je ne suis ni passionnée (particulièrement) par le Japon et ses influences, ni une fanatique et mordue de soirées karaokés. Pour avoir franchi les portes d’un bar-karaoké lyonnais une fois dans ma vie pré-mémoire , et une seconde fois à des fins d’études suite au choix de ce programme. Pour surmonter cette peur ? une seule façon de faire : écrire et réécrire, raturer et illustrer, décrire et poser des questions, en somme, se jeter à l’eau. Finalement en commençant ce mémoire, j’ai bon espoir de croire qu’écrire me permettra non seulement d’ordonner mes idées mais aussi de les forcer à apparaître, de les forcer à s’imposer.
M I C H E L F O U C A U L T , D I T S E T É C R I T S , 1 9 7 8
S A C H A G U I T R Y
IN
TR
OD
UC
TI
ON
- 11
LE KA-RA OKE KESA KO ?
DANS LA NUIT ÉLECTRIQUE DE TOUTES LE GRANDES VILLES DU MONDE, BRILLENT LES NÉONS D'UNE MACHINE À CHANTER : LE KARAOKÉ. UNE MACHINE BRICOLÉE À RÊVE VENUE DU JAPON DANS LES ANNÉES 70 .
- 12
Le karaoké est une façon di-vertissante de chanter, habi-tuellement en suivant les pa-roles sur un écran. Ce terme est une combinaison des rac-courcis kara du mot japonais karappo (qui veut dire « vide »), et oke de orchestra ( « or-chestre »), ce qui peut signi-fier que le chanteur n’a pas besoin qu’un orchestre soit
présent pour chanter.
- 13
L A MACH IN E A CHANT E R
Très apprécié à travers le monde, vous connaissez bien sûr le karaoké. Mais où est-il né ? Que savez-vous vraiment de lui et comment a t-il conquit le monde ?
Le phénomène du karaoké serait né dans un bar de Kobe, à l’ouest du Japon.Le guitariste d’un groupe amateur ne pouvait venir ce soir-là. Le propriétaire des lieux eut alors l’idée d’enregistrer sur cassette la musique d’accompagnement : les chanteurs adorèrent çà : le karaoké était né. Il est possible que ce soit partiellement une légende, mais c’est à partir de ce moment, c’est-à-dire le milieu des années 70, que le karaoké
est devenu populaire et a commencé à croître économiquement parlant au Japon (par la production d’un matériel technologique spécifique). Le karaoké est une distraction typique pour les employés japonais qui s’est développé notamment à partir de pianos bars. Hommes et femmes vont dans un bar avec leurs collègues après le travail et, après quelques verres, le karaoké devient un véhicule d’expression et de communication. Le karaoké s’est ensuite répandu vers d’autres pays et, s’il n’est resté qu’un phénomène de mode dans certaines régions, il demeure solidement implanté dans d’autres pays.
LA N
AISS
ANCE
Photographie argentique personnelle
- 14
«Au début personne ne vou-
lait chanter, trop intimidés
de chanter devant les autres,
mais ceux qui s’y sont mis, ne
voulaient pas lâcher le micro»
DAISUKE INOUE
LE PREMIER KARAOKÉ
8 JUKE
CRÉATE
UR DU KARAO
KÉ
- 15
Il prétendra plus tard qu’il
n’allait à l’école que pour dormir, et
que c’est sa paresse qui l’a conduit à
inventer le karaoké. Daisuke Inoue n’a
jamais appris le solfège. Il apprenait les
nouveaux morceaux de musique en les
écoutant et en les imitant. Il a également
déclaré, dans un entretien accordé au
magazine Time, qu’il avait opté pour
la batterie, quand il allait à l’école à
Osaka (Japon), parce que c’est un
instrument sur lequel “il suffit de taper”.
Daisuke Inoue, ce nom ne vous
dit peut-être rien. Pourtant, cet
homme serait l’inventeur de l’un
des appareils musicaux les plus
célèbres du monde : le karaoké.
Au début des années 1970, il jouait
dans un groupe qui se produisait
dans les bars et les clubs de la ville
voisine de Kobé. La coutume japonaise
étant de proposer une animation
musicale dans les soirées, il est
tout à fait naturel pour le public de
chanter avec l’orchestre. M. Inoue a
donc eu l’idée de pré-enregistrer des
accompagnements et d’encourager les
clients à chanter, aussi inhibés et peu
musiciens fussent-ils, en suivant plutôt
qu’en menant. Grâce à quelques trucs
techniques, il couvrait ou atténuait
les chants les plus discordants.
Les choses sont devenues plus
sérieuses en 1971, lorsque le président
d’une aciérie l’invita à se joindre à un
week-end d’entreprise pour se charger
de l’animation. Dans l’impossibilité
d’accepter, M. Inoue imagina utiliser
comme solution de remplacement
de la musique enregistrée sur bande.
Les choses se passèrent à merveille.
Le système aurait pu faire de lui
un millionnaire si seulement il avait
pensé à le breveter. Mais M. Inoue
n’a pas de regrets, comme il l’a
expliqué à un journaliste du quotidien
The Independent : “Je ne suis pas un inventeur. Je n’ai fait qu’assembler des choses qui existaient déjà, c’est complètement différent. J’ai utilisé un lecteur de cassettes de voiture, un monnayeur et un petit amplificateur pour réaliser ce karaoké. Comment voulez-vous avoir ne serait-ce que l’idée de breveter une chose pareille?”
Certains y ont pensé, et l’ont fait bien
sûr, après avoir mis au point des modèles
plus élaborés. Au début, M. Inoue louait
ses appareils de karaoké avec de la
musique enregistrée sur cassette pour
une somme relativement modique (100
yens par chanson), le prix de quelques
verres en 1971. Mais des concurrents
firent leur apparition et commencèrent
à menacer ses affaires, en particulier au
moment de l’émergence des appareils
à disques compacts dans les années
80. Il finit par riposter, réussissant à
convaincre son principal concurrent,
la société Daiichikosho, de lui confier
la commercialisation de ses appareils.
En 2004, Inoue est invité à
l’université de Harvard afin d’accepter
un Prix Nobel de Paix Ig pour :
UNE
INvE
NtIo
N o
rIg
INAL
E
«L’INVENTION DU KARAOKé: LA POSSIBILITé DE FOURNIR UNE TOUTE NOUVELLE FAçON AUX GENS D ’APPRENDRE à SE TOLéRER .»
- 16 Sans distinctions de pays,
de classes, de races ou de cultures,
surfant sur toutes les vagues
technologiques et musicales,
le karaoké s’est imposé
comme un antidote au
stress, à la timidité et au
spleen que génère notre
monde. Remède contre
le stress et l’ennui,
mais aussi vecteur de
reconnaissance, le jeu
d’imitation chantée se
révèle un passionnant objet
d’étude. Nous nous intéresserons
autant à des histoires individuelles
qu’à son impact dans une époque
qui fait du divertissement un facteur
d’épanouissement personnel.
Cernés par cette culture du «tous
chantant»,même les politiques
sont sommés de s’y mettre,
de Sarkozy à Poutine.
Le karaoké est un
concept en plein
renouvellement marqué
par le croisement
d’objets sociaux à
la fois différents et
complémentaires :
sa complexité en fait
simultanément un dédale
(non un labyrinthe), un lieu de
plaisir et un espace de rencontres.
C’est un objet social très puissant,
comme l’écrit Tia De Nora :
« L’UN DES MEILLEURS LABORATOIRES NATURELS POUR OBSERVER COMMENT LES PLAGES MUSICALES SE CONVERTISSENT EN PLAGES SOCIALES ET PSYCHOLOGIQUES EST L ’HUMBLE SOIRéE DE KARAOKé »
LIEN
SoCI
AL
Soupape de sécurité face à la
pression sociale, partout dans le
monde ses adeptes se comptent
maintenant en millions. Le Karaoké
est devenu le symbole d’une
génération jeune et branchée.
C’est devenu le lieu où l’on vient
s’exposer. L’idée n’est pas de bien
chanter mais plutôt de chanter de toutes
ses forces avec autant d’émotions que
l’on peut. Un des moments fort du
karaoké est le moment où l’on peut se
planter. C’est un moment de poésie où
l’on se rend complètement disponible
et présent pour les personnes
autour de nous dans la pièce.
Le journal Le Soir synthétise cette
«innovation culturelle» de la manière
suivante :
«MAIS UN KARAOKé N ’EST PAS L ’AUTRE . SI LE PRINCIPE ET LES CHANSONS SONT IDENTIQUES PARTOUT , LA PHILOSOPHIE ET L ’AMBIANCE QUI LES ENTOURENT SONT à CHAQUE FOIS UNIQUES . OPPORTUNITé COMMERCIALE POUR LES UNS OU VéRITABLE BESOIN DE COMMUNICATION CULTURELLE POUR D ’AUTRES , LE KARAOKé ATTIRE VERS LUI UNE FOULE D ’ORIGINAUX ET DE PASSIONNéS , QUI S ’OFFRENT LE TEMPS D ’UNE CHANSON LA VIE QU ’ILS N ’ONT PAS ET QU ’ILS N ’AURONT JAMAIS»
- 17SE RÉALISER - S’AMUSER
Le karaoké offre une possibilité
inhabituelle de confronter «sa peur du
public, de parler ou de se produire en
public ou même la peur d’être rejeté».
Il offre un «monde virtuellement
découpé»: les chansons et les clips
vidéos sont des parcelles d’univers,
des morceaux de réalité transposés
dans une représentation fictive et
musicale. Ainsi, le karaoké «donne
l’illusion d’une maîtrise du temps». En
trois ou quatre minutes, le karaokeur
offre le spectacle d’une chanson
qu’il a choisie, comme s’il souhaitait
faire partager au public cette
projection de son univers intérieur.
Indirectement, le karaoké est un
substitut relevant de la culture
matérielle. En chantant, l’interprète
se réalise, mais il donne également
un reflet ou des indices sur sa culture,
sur son monde privé, familial et social
(même s’il n’en est pas conscient).
Le karaoké peut de cette manière
aider le chanteur à se définir lui-
même et simultanément lui permettre
d’ influencer les autres. Il permet
de se réaliser dans le cadre d’une
activité codée (mise en scène, texte
et musique). Les gens peuvent par
exemple comprendre qu’ils sont
moins timides qu’ils ne le pensent.
Tia De Nora, reconnaît que dans une
situation, telle celle vécue dans un
karaoké, la musique reconstruit les
perspectives de l’action individuelle :
A la base le karaoké est un endroit où on va chanter. Mais en fait c’est avant tout un endroit ou on va passer un bon moment autour de la musique.
«LE KARAOKé DéCOUVRE AINSI SA FONCTION DE «RéALISATION DE SOI»: LE KARAOKé DISTRAIT , RESTRUCTURE , RéORGANISE . SA FONCTION EST SALUTAIRE COMME LE SIGNALE UN SITE FRANçAIS SUR INTERNET à PROPOS DE LA LIAISON ENTRE LE CHANT , LE KARAOKé ET L ’ASPECT THéRAPEUTIQUE : «LA THéRAPIE PAR LE CHANT OU LA MUSIQUE CONSTITUE AINSI UN MOYEN D ’EXPRESSION ET DE COMMUNICATION LORSQUE TOUS LES AUTRES NE SUFFISENT PLUS OU SONT IMPOSSIBLES . ELLE PEUT ALORS REPRéSENTER UNE NOUVELLE APPROCHE ET FAVORISER LE DéVELOPPEMENT SENSORIEL , JOUER LE RôLE DE SOUPAPE éMOTIONNELLE , CONSTITUER UNE STIMULATION MENTALE ET UN MOYEN DE SOCIALISATION»
- 18S’AFFIRMER COMME PORTEUR D’UNE IDENTITÉ - ÊTRE RECONNU:
Les personnes qui chantent dans
un karaoké possèdent souvent leur
monde musical de référence. Cette
référence fait partie de leur identité,
provient de leur inconscient collectif
et façonne leur inconscient individuel.
Tshinyingunyingu Mukuna, socio-
psychologue à L’université Libre de
Bruxelles, constate que :
L’identification à l’ «Autre» par le
karaoké joue un rôle important: Qui n’a
jamais rêvé de prendre un jour le micro
et de se glisser, le temps d’une chanson,
dans la peau de son chanteur favori?
C O M M U N I Q U E R
Si les deux premiers facteurs poussant
quelqu’un à s’adonner au karaoké (se
réaliser et s’affirmer comme porteur
d’une identité) sont des éléments de
base, le fait de «communiquer» apparaît
comme étant également fondamental.
Etre dans un karaoké, c’est se retrouver
parmi d’autres personnes et, pendant
une prestation, face à d’autres.
Le karaoké n’est rien s’il n’est pas
réflexif: le chanteur envoie vers le
public quelque chose qui doit lui
revenir (des applaudissements, une
reconnaissance, de l’attention).
La revue Sciences et Avenir va
même plus loin : «Le karaoké serait
salutaire pour le corps et l’esprit.
Selon des médecins japonais, chanter
des mélodies lentes en respirant par
le ventre stimulerait la digestion
chez la femme et réduirait les
cas de constipation. Sans oublier
les maladies psychosomatiques
ainsi prévenues voire traitées.
Ce qui enchante particulièrement
Daisuke Inoue, c’est ce qu’il a
entendu à propos des pouvoirs de
guérison de sa trouvaille dans les
maisons de retraite, les hôpitaux,
dans le cadre des thérapies ou, d’une
manière générale, dans la vie privée
des personnes déprimées ou seules.
C’est un moyen de se laisser aller,
de se sentir mieux. Ou d’avoir une
chance de réaliser ce désir secret
d’interpréter une chanson, quels que
soient vos talents de chanteur. Il
semblerait que le karaoké soit bon
pour stimuler le cerveau, les poumons,
les intestins et même les organes
génitaux. Il semblerait cependant
que de courtes séances quotidiennes
soient meilleures que de longues
mais occasionnelles périodes.
Un pas est franchi: le karaoké n’est
plus une simple distraction, mais
également un moyen d’obtenir une
certaine «libération psychologique».
«LES CRAINTES DES GENS LIéES à LEUR PERFORMANCE(. . .) SONT OCCULTéES PAR LE DéSIR , PLUS FORT , DE SE GLISSER DANS LA PEAU DE LEUR IDOLE ET DE SE FAIRE RECONNA îTRE»
- 19Le karaoké, c’est écouter sa propre
voix (réflexivité). C’est en même
temps le fait de se projeter, ou plutôt
de projeter sa voix vers les autres
et de la projeter par soi-même.
Le karaoké c’est aussi communiquer,
pas uniquement par le fait de
chanter, mais peut-être surtout
par l’intermédiaire des contacts
qui se créent grâce au karaoké.
C’est parfois une «communication
de groupe» ou l’ «expression
d’un groupe» qui est privilégiée
par l’intermédiaire du karaoké.
Il existe certains paradoxes et
certaines contradictions en matière
de communication. La communication
est devenue une «reliance (insertion
dans un système) isolante», c’est-à-
dire que les gens communiquent en
s’isolant. Le meilleur exemple actuel
est l’utilisation d’Internet pour le
«chat» avec d’autres internautes. Les
gens communiquent mais sont seuls
devant leur écran d’ordinateur. Le
karaoké lui peut être perçu comme
une activation d’un loisir passif. Il
ne s’agit plus d’écouter une œuvre
exécutée par un artiste, mais bien
de devenir un acteur «actif» . On
peut donc parler de «reliance active»
lorsque l’on caractérise l’action de
faire du karaoké, dépassant l’audition
pour aller vers la projection hors de
soi-même d’une chanson, d’une idée,
d’un désir de communiquer avec
l’autre en lui donnant des repères.
- 20SÉDUIRE, PLAIRE
Le karaoké a pour fonction annexe
de séduire, de plaire. Plaire à un
public, à quelqu’un dans la salle
qui vous accompagne ou dont
vous souhaitez attirer l’attention.
Le choix d’une chanson peut
être effectué en liaison avec
l’atmosphère du moment, une blague
privée avec un ami mais aussi une
romance ou l’amorce d’une liaison.
Il s’agit parfois d’une «liaison virtuelle»
qui n’existe que le temps d’une
chanson, qui se voit ainsi sublimée par
le média qu’est le karaoké. Et puis quoi
de plus sexy que quelqu’un qui gère
son ridicule à la perfection ? L’humour
est l’un des plus grands atouts de
séduction alors assumer complètement
qu’on est ridicule et même en jouer
permettrait de créer quelques affinités.
Certaines organisations centrées
sur les «rencontres» ont utilisé
ou utilisent pour cette raison le
karaoké parmi d’autres activités. Ce
n’est d’ailleurs par rare de tomber
sur des scènes de séduction par
le karaoké dans plusieurs films .
Les chanteurs
SCÈNE DE KARAOKÉ - QUAND HARRY RENCONTRE SALLY
La chanteuse
SCÈNE DE KARAOKÉ - PS IOVE YOU
Le chanteur
SCÈNE DE KARAOKÉ - 500 JOURS ENSEMBLE
- 21SE METTRE EN SCÈNE - THÉÂTRALISER
Le karaoké peut être analysé par
l’intermédiaire de différentes
façons d’interpréter un titre.
P R E M I E R D E G R É :
C’est l’imitation la plus proche possible
de l’interprétation d’une chanson par
une vedette donnée. C’est le cas dans
les karaokés par exemple lorsqu’un
interprète veut «assurer», c’est-à-
dire rendre une interprétation aussi
conforme que possible à l’original.
Le cas est édifiant pour les jeunes
filles qui interprètent «Je t’aime» de
Lara Fabian ou «Fallin» d’Alicia Keys .
K I T S C H ( S E C O N D D E G R É ) :
Le karaoké peut même être
simplement perçu comme un simulacre
ou même comme un contexte
théâtralisé qui isole de la vie réelle.
Le caractère «kitsch» peut intervenir
lorsqu’une personne interprète une
chanson très ancienne ou pour des
chansons antérieures aux années
60 qui sont restées inscrites dans
la mémoire collective : «Félicie»
(Fernandel), «Mexico» (Luis Mariano),
«Salade de fruits» (Bourvil)...
L’interprète tente parfois de prendre
l’accent ou l’intonation de la vedette
ayant popularisé l’œuvre en question.
C’est particulièrement le cas pour
Bourvil et Fernandel.
Son mari
La fi l le qu’il séduit
- 22S C É N A R I S A T I O N
( T R O I S I È M E D E G R É ) :
Une scénarisation est aussi
utilisée par les «habitués» qui
ne se satisfont plus de la seule
interprétation vocale d’une chanson.
Ce ne sont pas des «mises en scène
répétées» mais bien un moyen
terme entre l’improvisation et la
recherche d’effets de scènes qui
rendent l’interprétation encore
plus convaincante car elle prend de
cette façon une dimension visuelle
complémentaire. Parfois, cette
gestuelle est la reproduction d’images
déjà vues. C’est le cas d’un mouvement
assez habituel pour l’interprétation de
«My heart will go on» (Céline Dion) où la
chanteuse lève les deux bras étendus
vers le ciel comme le fait l’actrice
Kate Winslet dans le film Titanic.
P A R O D I E O U P A S T I C H E
( Q U A T R I È M E D E G R É ) :
La parodie ou le pastiche sont des
imitations qui peuvent atteindre un côté
burlesque. C’est le cas des «chansons
inversées» qui deviennent une parodie
(parfois involontaire) car il arrive
qu’un décalage se produise entre les
paroles et la personne qui interprète
la chanson. Par exemple lorsqu’un
homme interprète «Les adieux d’un
Sex symbol» (Starmania). Des
paroles comme «quand je sors dans
la rue sans maquillage, personne ne
s’arrête sur mon passage» prêtent
à confusion et peuvent donner à
penser que l’homme qui chante met
À l’avant des valeurs transsexuelles;
Un constat : 29 % des chansons
sont «inversées», c’est-à-dire qu’une
femme interprète un succès chanté
d’habitude par un homme tandis
qu’un homme interprète une chanson
chantée d’habitude par une femme.
La parodie ou le pastiche ne se
limitent pas aux paroles : les gestes,
la gestuelle ou une certaine mise
en scène se rencontrent également.
Chanter une chanson revient à
interpréter un drame de trois minutes.
D É R I V A T I O N
( C I N Q U I È M E D E G R É ) :
Le cinéma et le théâtre mettent
parfois le karaoké à l’honneur
comme le prouvent les films cités
précédemment. La dérivation peut
être également le fait d’une nouvelle
«politique culturelle» développée par
un karaoké. C’est le cas de Chanson
(Bonnine) qui a créé un concept
récréatif plus global faisant intervenir
avant les séquences de karaoké
une série d’autres prestations : un
magicien, un humoriste, un chanteur,
des moments de danse, ou des mises
en scènes liées à des éléments
connus du public dans le domaine
plus large de la culture musicale.
- 23
FA SI LACHAN -TER
- 24
Le karaoké, c’est aussi (et peut-
être avant tout) une scène, c’est-à-
dire le lieu physique où l’on va chanter,
cet «espace vide à remplir par votre
performance». C’est un théâtre vécu
comme l’exprimait Antonin Arthaud:
Un karaoké, c’est d’abord une
Impression assez curieuse car
tout semble vous convaincre qu’il
n’y a aucun risque de monter sur
scène, que c’est facile, que le
public est prêt à vous écouter, qu’il
y a une place pour tout le monde.
Selon Rob Drew, :
Même s’il existe souvent ou toujours
la peur de chanter ou de monter sur
la scène, un karaoké c’est aussi une
«LA SCèNE EST UN LIEU PHYSIQUE ET CONCRET QUI DEMANDE QU ’ON LE REMPLISSE , ET QU ’ON LUI FASSE PARLER SON LANGAGE CONCRET».UN KARAOKé , C ’EST LA POSSIBILITé DE CASSER LA MONOTONIE DU QUOTIDIEN .DéCOUVRIR UN NOUVEAU KARAOKé, C ’EST AUSSI LA POSSIBILITé D ’EXPéRIMENTER «L ’EXCITATION ET LE DANGER DE CHANTER DANS UN NOUVEL ENVIRONNEMENT POUR LA PREMIèRE FOIS»
«LE KARAOKé, COMME EN AMOUR , LE PREMIER TEMPS EST RAREMENT GRATIFIANT . IL FAUT PERSISTER , EXPéRIMENTER DIFFéRENTES POSITIONS , TROUVER SA ZONE DE CONFORT»
L’am
bian
ce
ambiance rythmée, dansée. On danse
dans beaucoup de karaokés tandis
que dans certains cela est impossible,
par manque de place ou parce que
ce n’est pas le style de la maison.
L’important est d’oublier la scène, de
se laisser porter par l’ambiance. Cette
ambiance est également fonction du
fait que dans la plupart des karaokés
se croisent d’une part des habitués et,
d’autre part, des occasionnels. Tout le
monde ne vient pas dans un karaoké
pour chanter : certains viennent boire
un verre, passer le temps, se rencontrer.
Un karaoké libère à la fois les rêves de bonheur et de tristesse des adultes
- 25
L’ambiance peut parfois être une espèce
de mosaïque, de construction tout à fait
surréaliste qui intervient, par exemple,
dans la succession des chansons.
C’est le cas par exemple d’une chanson
de Johnny Hallyday interprétée après
une chanson de Georges Brassens et
avant une chanson de Céline Dion.
L’esthétique provient de cet ensemble
dissonant qui finit par former un tout
cohérent qu’un auteur anglais du dix-
huitième siècle (Horace Walpole) désignait
par le terme «sharawadgi» qui signifie
la beauté (parfois non intentionnelle)
d’éléments apparemment inconciliables
placés dans un même ensemble.
Dans les karaokés il existe un «esthétique
de l’ambiance» ou une «ambiance due
à l’esthétique» : chaque karaoké est
différent. Cette esthétique se compose
à partir de toutes les images que chacun
façonne à partir de l’appréhension qu’il
a de son corps et de son désir, de son
environnement immédiat, de sa relation aux
autres, ainsi que des choix qui provoquent
une projection dans l’avenir proche.
- 26
- 27
Les «Karaokés à la française»
ce sont la plupart du temps des bars-
Karaokés avec une scène, un public, et
des chanteurs en quête d’un moment
de gloire et/ou de reconnaissance.
Des soirs ou l’on chante pour nos
copains, mais aussi pour des étrangers.
La peur au ventre de se faire moquer,
ou bien les étincelles de performer.
Il est assez dur de trouver des
informations sur ce loisirs dans notre
pays avec une façon ringardisée de
percevoir le karaoké, activité connue
de tous mais pas forcément pratiquée.
Cependant les choses changent dans
l’hexagone et l’on assiste à un concept
en plein renouvellement. Le karaoké
revient et à troqué ses habits de lumière
pour un costume beaucoup plus seyant
et élégant, même s’il est encore loin d’un
phénomène central de la vie sociale,
Les jeunes entrepreneurs soucieux de
créer leur business - bar ou espace de
loisirs - ont flairé le retour de cette
tendance. On assiste à la naissance
de nouveaux espaces de chants,
calqués sur les tendances japonaises,
la création de karaoké box en France.
Certains lieux sont ouverts tous
les jours de la semaine, d’autres
ont leur planning spécifique, soit
certains jours de la semaine, soit
le week-end ou sur demande.
LE k
ArAo
ké E
N Fr
ANCE
En France, une émission présentée par Daniela Lumbroso, «la machine à chanter», puis «n’oubliez pas les paroles» présenté par Nagui, ébauchent les bases du karaoké à la télévision
- 28
D’autres pays le vénèrent au point
d’en faire un rouage essentiel de
la vie collective. Au Japon, sa
terre d’origine, il est un passage
obligé de toute existence sociale,
notamment pour les salarymen
(employés japonais) qui y voient
un sas de décompression bienvenu.
Le karaoké au Japon est ancré dans
la société comme un élément de la
culture à part entière et constitue un
loisir pratiqué très fréquemment par la
jeunesse japonaise mais aussi par les
personnes de tous âges. Le karaoké
est perçu comme porteur de multiples
significations: une étiquette, un
emblème culturel, une aide en matière
de santé, un rite de purification ou
même une activité aphrodisiaque.
À la différence de la plupart des
machines utilisées en Occident qui sont
disposées dans des espaces ouverts
(bars, cafés), les karaoké au Japon
sont généralement des établissements
qui disposent de plusieurs salles
que les clients réservent de manière
privative pour quelques heures ou
la nuit entière. Quarante millions de
pratiquants réguliers, des immeubles
de dix étages dédiés à cette pratique,
Plus de 4 milliards d’euros de chiffre
d’affaires annuel : la «machine à
chanter» y est tout autant une fierté
nationale qu’un pilier de l’industrie
des loisirs. C’est un maillon essentiel
de la société et de l’économie.
Au Japon se sont ouverts des «centres
de loisirs de karaoké» ayant jusqu’à
50 pièces différentes parfois avec des
décors différents (jungle amazonienne,
décor spatial, un habitat sous-marin,
le Far West...). Ces centres se sont
également développé à l’étranger
comme c’est le cas par exemple
pour «The Hong Kong karaoké Box»
avec 72 pièces différentes pouvant
accueillir entre 6 et 20 personnes
avec un total étonnant de 33.612
chansons (ouvert dès novembre 1992).
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JAPANE
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LOVES KARAO
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« AU JAPON IL Y A CE QU ’ON APPELLE LA NOMINICATION - OU COMMUNIQUER EN BUVANT - QUI VIENT DU MONDE DE LA NUIT , APRèS LE TRAVAIL ON VA BOIRE AVEC SES COLLèGUES ON VA DIRE DU MAL DE LA COMPAGNIE , ON VA DIRE DU MAL DE SES PATRONS , ON VA SE DéBARRASSER DE SON STRESS »
YUKIO NAKATANI – DIRECTEUR XING INC
- 29
Un français installé au Japon
nous confie son expérience :
Lors de mes diverses recherches de
documentation, il y a eu ce reportage
sur Arte que j’ai regardé trois fois.
A chaque lecture et visionnage des
séquences montrant des japonais
entrain de chanter -bien ou (souvent)
moins bien- je me suis rendu compte
que je souriais. Pas d’un sourire
moqueur mais d’un sourire joyeux et
bienveillant. C’est ça la culture du
karaoké: oser se montrer sans artifices
et sans pression, partager son plaisir
de chanter, son plaisir de performer,
et faire rire : se faire et faire plaisir.
«ON Y VA UN PEU COMME AU CINéMA , C ’EST D ’AILLEURS SENSIBLEMENT MOINS CHER SI ON EST ASSEZ NOMBREUX , ET AU MOINS AUSSI MARRANT QUE DE VOIR ‘ARMAGGEDDON ’ OU ‘GODZILLA ’ DANS LE SILENCE DE MORT CARACTéRISTIQUE DES SALLES JAPONAISES . UNE PRéCISION S ’IMPOSE : NON , CE N ’EST PAS DANS UNE GRANDE SALLE AVEC DES GENS AUTOUR DE PETITES TABLES RONDES ET QUI APPLAUDISSENT AU COMPTE GOUTTES . CE SONT DE PETITES PIèCES éQUIPéES EN GéNéRAL D ’UNE GROSSE TéLé, D ’UNE PAIRE DE MICROS , ET D ’UN BARZINGUE QUI A DANS LE VENTRE PLUS DE CHANSONS QUE VOUS N ’EN AVEZ JAMAIS ENTENDU»
FRENCH TOO
- 30
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1961 A 1966
1990
1975
2003
2004
80/90
1960
80 0002003
100
11
12 860
Mitch Miller présente «Sing Along with Mitch» : le public chante en même temps que Mitch, les parols s’affichent à l’écran et une balle rebondit sur les paroles (la bouncing ball)
Création de la machine à Karaoké à domicile mais qui manquera de succès sur le marché canadien et américain
Le Karaoké devient populaire et commence à croître économiquement au Japon
Depuis 2003 il existe un championnat du monde de Karaoké (Singapour en 2015)
Daisuke Inoue accepte le prix Nobel IG (prix parodique destinés à célébrer l’insolite, honorer l’imagination et stimuler l’intérêt dans les sciences, la médecine, et la technologie
Pioneer Electronics domine le marché i n t e r n a t i o n a l des vidéo et des musiques de karaoké
Sortent des séries de disques playback appelés «Music minus one» sur lesquels de nombreuses personnes s’exercent au chant
Finlandais ont chanté à l’unisson «Hardrock Hallelujah» après que leur représentant ait remporté l’Eurovision
Sortie de plusieurs logiciels conçus pour héberger des spectacles de karaoké et jouer des chansons de karaoké sur un ordinateur individuel.
Yens. (0,75E) Le prix du premier karaoké
Machines à karaoké montées et assemblées par Daisuke Inoue et des amis sont louées en 1971 . Une tendance est née
Minutes: le record du monde de Rally Karaoké détenu par la Chine
- 33
- 34
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E AVEC UN PA
SSI O
NNÉ
MONSIEUR BERNARD ROBERT - PROFESSEUR DE REPRÉSENTATION ARCHITECTURALEFERVENT PRATIQUANT DU KARAOKÉ
«QUELLE EST VOTRE PRATIQUE DU KARAOKéFRéQUENCE - LIEUX»
«QUELLE A éTé VOTRE PREMIèRE FOIS EN KARAOKé»
«ÉTIEZ VOUS UN GRAND CHANTEUR AVANT»
«POURQUOI FAITES VOUS DU KARAOKé»
«QUELLE EST SELON VOUS LA DISTINCTION ENTRE CHANTER ET FAIRE DU KARAOKé»
Toutes les semaines, vendredi ou samedi (parfois les deux)
A Lyon ou ses environs : Le FIESTA LOCA (Lyon) - Le MANDIE’S (St Genis
Laval) - Le CRAZY GOLF (Villefranche).
La terrasse d’un café à Hyères, puis un premier concours de chant pour Europe1
à l’age de 17ans.
Un peu de modestie... Je me débrouille plutôt pas mal, je chante depuis l’age
de 10 ans (à domicile).
C’est une véritable passion, je suis super bien sur une scène, j’ai souvent
l’impression de donner du plaisir avec mes chansons.
Malgré la connotation négative, certains chanteurs de «Karaoké» n’ont rien à
envier à des chanteurs.
- 35
«FAIRE DU KARAOKé EST CE CHANTER»
«QUE RECHERCHEZ VOUS DANS LE KARAOKé»
«FAITES VOUS DU KARAOKé SEUL DEVANT UN PUBLIC INCONNU OU VENEZ VOUS AVEC DES AMIS»
«AVEZ VOUS DéJà TESTé DES BOX PRIVATIFS»
«ALLEZ VOUS AU KARAOKé UNIQUEMENT POUR CHANTER OU PROFITEZ VOUS D ’AUTRES ACTIVITéS (BAR , RESTAURATION , ETC)»
«AVEZ VOUS PEUR DU REGARD DES AUTRES LORSQUE VOUS êTES AU KARAOKé :SI OUI POURQUOI - SI NON POURQUOI»
A partir d’un certain niveau oui. Dans les karaokés il y a un peu de tout.
A la différence il y à ceux par exemple qui viennent la plupart du temps pour
s’amuser et faire la fête: souvent en groupe, ils n’ont pas forcément l’habitude
de chanter, ni de s’exposer au public.
C’est pour moi une vraie thérapie, une sensation de bien-être. Cela donne de
l’assurance, et devient à un certain moment même un vrai besoin.
Seul, avec des amis ou avec mon épouse. Ça ne me dérange pas de fréquenter
les karaokés seul on se fait des amis, puis des affinités se créent à force de
revenir. De temps en temps je chante même en duo avec des inconnus.
Jamais. Je chante des fois chez moi (j’ai le matériel nécessaire, mais c’est plus
de l’entraînement, des répétitions de nouvelles chansons par exemple, mais
l’ambiance et le public me manquent.
Pour moi c’est clair que je n’y vais que pour chanter. Cependant des fois nous
dînons sur place.
Non. J’ai acquis une expérience avec le temps qui me permet d’être libéré et
d’avoir de l’assurance.
Anecdote : A mon premier karaoké je tremblais tellement qu’il me fallait tenir
le micro avec les deux mains - c’était il y a maintenant une vingtaine d’années.
En conclusion Bernard Robert est un habitué des karaokés et de ses scènes.
Non sans peur dans ses premières expériences, il a su tirer profit des
bien-faits de ce loisir en acquérant une certaine connaissance de la scène
et du public jusqu’à s’en nourrir et en avoir besoin pour se sentir heureux.
Ce n’est pas donné à tout les apprentis chanteurs de s’entraîner pendant
plusieurs années jusqu’à se sentir à l’aise avec un micro, heureusement il existe
d’autres concepts venus tout droit d’Asie -nouveaux pour nous européens- qui
nous permettront tout de même de nous adonner aux joies du chant entres amis.
Merci à Bernard Robert d’être passionné, et de partager cette passion avec nous
- 36 Adieu la virée réservée aux
séminaires d’entreprises, bye-bye les
estrades plantées au beau milieu du
restaurant, sayonara les clips comme
calqués sur des romans-photos.
Renouvellement des catalogues de
chansons, cadre moins kitsch, le
karaoké français à su se renouveler. Les
«bar karaokés» proposent de plus en
plus des box privatifs, s’inspirant de la
culture japonaise. Derrière des portes
insonorisées, les troupes découvrent
des pièces à l’éclairage tamisé,
encadrée de banquettes confortables
et pourvue de deux écrans: l’un tactile
pour sélectionner ses chansons,
et l’autre pour suivre les paroles.
Quelques explications sont nécessaires
en ce qui concerne les karaoké box.
La plupart des maisons japonaises
se trouvent très près les unes des
autres, avec des murs assez fins,
souvent en bois, qui offrent dans la
pièce une sonorité assez pauvre, mais
qui s’entend dans tout le quartier ! Il
serait assez désagréable de s’adonner
à cette activité le soir, surtout pour
les voisins ! Face à ce problème, des
japonais ont mis au point dès 1986
des karaoké box, c’est-à-dire des
locaux insonorisés où les interprètes
pouvaient chanter de tout leur cœur
(ou de tout leur chœur). Le premier
karaoké box serait apparu en 1984
dans un champ de riz dans la campagne
autour de la préfecture d’Okayama.
Le karaoké box était construit à
partir de la remorque d’un camion de
transport. Ce type de local pouvant
être fréquenté pendant la journée, le
karaoké devint populaire auprès des
étudiants et de la population féminine.
Ces box privatifs permettent de
se retrouver en intimité avec des
personnes que l’on connaît, ils sont
considéré comme un refuge. On a moins
peur du regard des autres - regard qui
n’est plus inconnu - et on s’ose plus
au lâché prise et au défoulement.
Tout droit arrivé d’Asie, ce concept
innove et enchante le paysage des
sorties française et lyonnaises.
Les
kara
oké
-bo
x
«AU KBOX ON CHANTE ENTRE AMIS , ENTRE COLLèGUES OU EN FAMILLE , DANS UN SALON DE KARAOKé PRIVé.PERSONNE DE L ’EXTéRIEUR POUR NOUS ENTENDRE , ON EST à L ’ABRI DES REGARDS ET DES MOQUERIES ! SEULS CEUX QUI VOUS ACCOMPAGNENT AURONT CE PLAISIR…
Kbox salons de Karaoké - Villeurbanne
Chiffre d’affaire des exploitants du Karaoké en 2010
UNE ACTIVITÉ QUE VOUS PENSIEZ FINIEENTERRÉEDÉF IN IT IVE -MENT RINGAR-DISÉE : GROSSIÈRE ER-REUR !!
- 39
Clara, Adeline, Émilie, Clémence, Marianne et Coline au Kbox Club - Photographie personnelle
- 40
MO
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LUNDI 2 MARS / KBOX KARAOKÉ / LYON
DIX NEUF HEURES TRENTE HUIT
Départ de l’appartement situé 29
rue Lanterne, direction le 2 rue de
la République à Villeurbanne pour
une expérience toute nouvelle :
l’essai d’un salon de karaoké privatif.
Nous serons 7 dans cette aventure:
Adeline, Clara, Clémence, Coline,
Émilie, Marianne et moi même.
Un groupe de filles, peu rassurées au
premier abord. Nous avons réservé
le «Petit salon» capable d’accueillir 7
personnes maximum. Le compte y est.
Concernant les détails de l’organisation,
la réservation s’effectue en ligne, on
envoie une demande afin qu’il vérifient
les disponibilités des salons, puis une
fois validée nous versons un acompte
de 50% afin de bloquer la salle.
VINGT HEURES ET DEUX MINUTES
Nous arrivons devant le KBOX, avec un
peu de retard à cause des métros. Nous
poussons la porte et v trouvons nez à nez
avec l’accueil qui fait aussi office de bar.
«Réservation au nom de Melle
Reubrecht», on nous dirige vers
notre salon en empruntant un petit
couloir éclairé de LED aux couleurs
changeantes. Nous passons devant
le Londres et le Tokyo avant d’arriver
devant Berlin, notre destination du soir.
VINGT HEURES ET SEPT MINUTES
Du «Berlin», nous ne verrons que le
nom inscrit sur la porte. Nous entrons
étonnées dans une pièce étroite (pas
plus de 9m2) assez austère: un poster
d’un groupe féminin japonnais sur le
mur, une boule disco et toujours ces
LED au plafond. Nous prenons place
sur la banquette occupant deux pans
de murs, face à laquelle se trouve
un écran plat et une borne tactile.
On nous explique le fonctionnement de
cette tablette: une recherche possible
par Artiste, par Titres ou par Années
avec possibilité de se faire applaudir.
Les filles se sentent un peu oppressées,
- 41
pas très sereines et peu rassurées.
Il nous faut déjà plusieurs dizaines de
minutes pour paramétrer les titres et la
playlist que nous chanterons en cœur.
VINGT HEURES ET VINGT MINUTES
Difficile de se mettre à chanter
immédiatement comme ça dans
cet espace petit et trop éclairé.
Nous commandons des boissons en
espérant nous mettre enfin dans
l’ambiance. Par la même occasion nous
trouvons comment éteindre ces LED
trop agressives et nous retrouvons dans
une pièce plus sombre éclairée d’une
boule disco à la lumière scintillante
et colorée. On commence déjà à se
mettre plus à l’aise même si l’ambiance
lumineuse reste tout de même pauvre.
VINGT HEURES ET TRENTE MINUTES
On chante, ça y’est, cependant
il reste quelques réfractaires.
Même dans l’ambiance, on se faite
rattraper malheureusement par le
silence instauré entre les morceaux.
Téméraires, il nous faudra plus que
ça pour nous faire abandonner.
VINGT ET UNE HEURES
ET CINQUANTE MINUTES
La fin approche et mine de rien nous
n’avons pas vu le temps passé. Les
chansons se sont enchaînées, les
cocktails moins, même pas besoin.
La salle est surchauffée tout comme
nos corps en déshydratation.
VINGT DEUX HEURES
ET DOUZE MINUTES
Nous sortons d’ici vidées, de
notre énergie mais aussi de notre
portefeuille: Environ 18E par personnes
pour deux heures avec un verre.
En conclusion, le concept de salons
privatifs à plu, les filles ont adoré
pouvoir chanter et se lâcher entre
copines, sans regards moqueurs
et dédaigneux d’une assemblée.
Même si le concept est accrocheur, ce
cas particulier mériterait de nombreuses
améliorations. La décoration est faible
et pas assez originale, l’espace est
trop étroit et nous donne l’impression
d’être enfermé(e)(s). Les salons
mériteraient d’être plus thématiques
et d’avoir chacun une identité propre.
Ici, seulement l’ambiance lumineuse
à été traité, il n’y a aucune recherche
concernant les murs, le plafond et le sol.
A cela, s’ajoute une logistique douteuse,
avec des câbles par terre, les pieds
qui se prennent dans les fils du micro,
une tablette qui manque de réactivité.
Finalement, à partir du moment où
l’on choisit de se rendre dans un lieu
pour chanter entres ami(e)s, que l’on
paye pour un service que l’on pourrait
trouver à domicile, on s’attend à un
peu plus de recherches, on s’attend à
trouver un peu plus d’exceptionnel.
Dans un lieu destiné et dessiné pour
le loisirs on aimerait trouver plus
d’ambiance. C’est ce qui péchera le
plus dans ce Kbox Club, cependant
attention à ne pas généraliser.
Merci à Adeline, Clara, Clémence, Coline, Émilie, Marianne pour leur goût de l’aventure
- 42
Photographie argentique personnelle
- 43
Quoi qu’il arrive, ce sera un bon moment
partagé entre amis. La plupart des gens
qui s’ennuient lors d’une soirée karaoké
sont ceux qui n’osent pas. Alors osez ! Si la
peur du ridicule vous tétanise, utilisez ce
que vous pensez être un défaut, comme
une qualité : vous ne savez pas chanter.
Vrai, et alors ? Vous savez vous amuser,
non ? Alors exagérez, caricaturez, imitez,
criez, chuchotez, dansez, bougez, sautez !
L’auto dérision est une qualité qui se fait
rare, et qui sera très appréciée. D’ailleurs,
on voit tellement de « chanteurs » même
à la télévision qui sont musicalement
de vraies chèvres… Avec un peu d’auto
dérision ils seraient au moins marrants !
Alors que vous soyez bons ou mauvais
chanteur, donnez tout, soyez vous-même,
et faîtes le show ! Ce sera très apprécié,
et votre bonne humeur se répandra dans
la salle. Vous passerez un bon moment
et ferez passer un bon moment aux gens
autour de vous également. Et mieux,
vous les entraînerez à chanter avec vous.
Dans tous les cas, pour s’amuser au mieux,
il est important de sélectionner les titres
que vous voulez chanter avec soin (voir
la liste des chansons karaoké). Choisissez
des chansons que vous connaissez,
et qui vous plaisent. Cela facilitera
énormément votre travail au micro.
POUR
PA S S E R
UN BON
MOMENT
AU
KARAOKÉ
- 45
- 46
A R C H I T E CT U R E Le karaoké, nous le
savons maintenant, est un loisirs
découvert au Japon. Il a depuis
voyagé et parcouru le globe.
Cependant, c’est dans ses
origines japonaises que nous
puiserons des inspirations quant à
l ‘architecture intérieur de ce lieu.
Après deux siècles d’isolement
presque total, la fin du 19ème siècle
marque l’ouverture du Japon sur le «
monde extérieur ». En effet, c’est à
cette période que le gouvernement,
estimant que les carences dans
certains domaines devenaient trop
importantes par rapport aux pays
occidentaux, décide d’envoyer une
certaine population japonaise en
Europe et en Amérique du Nord afin
de pouvoir étudier les structures
politiques et culturelles de ces pays.
C’est à la même période que des
architectes japonais vont commencer
à revenir à des principes plus
traditionnels et vont suivre l’exemple
des occidentaux en essayant de
ressortir de leurs traditions les concepts
utilisés par les architectes étrangers et
qu’ils avaient oubliés ou même rejetés
à force d’être soumis et d’avoir absorbé
de diverses façons les influences
occidentales auxquelles ils avaient été
soumis depuis le début du 19ème siècle.
Isoya YOSHIDA essaiera notamment
de retrouver la construction
traditionnelle, en séparant la forme de
la fonction, en utilisant des matériaux
modernes et cela va être possible
grâce à l’apparition à cette époque
de deux matériaux qui vont être
largement employés : l’acier et le béton.
Comme c’est souvent le cas avec
les architectes contemporains et
l’architecture mondiale actuelle,
l’architecture japonaise d’aujourd’hui
reflète une approche globale et moderne
des anciens modèles, ayant souvent que
peu de rapports avec les constructions
japonaises traditionnelles.
L ’ A R C H I T E C T U R E T R A D I T I O N N E L L E
Elle a une histoire aussi ancienne
que n’importe quel autre aspect de
la culture japonaise et que le Japon
lui-même. Fortement influencée
par l’architecture chinoise , elle se
distingue cependant par certains
aspects et différences importantes
qui sont typiquement japonaises.
Les maisons traditionnelles japonaises
étant destinées à une population «
modeste » les matériaux utilisés sont
ArCH
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JAPo
NAIS
E
- 47
la plupart du temps d’extraction locale
et naturelle : argile, bois, bambou,…
Si des maisons traditionnelles subsistent
au japon leur nombre diminue d’année
en année. Enfin, nombre de ces maisons
ont conservé leur apparence mais sont
en réalité reconstruites en béton.
L’UTILISATION DE CONCEPTSTRADITIONNELS DANS L ’ A R C H I T E C T U R EJAPONAISE CONTEMPORAINE
Jusque dans les années 60, la
politique japonaise avait pour objectif
l’industrialisation et la reconstruction
rapide du pays avec des procédés de
préfabrication et de standardisation
comme ce fut le cas en France. Il y a
donc eu durant cette période beaucoup
de bâtiments et d’expérimentations
utilisant ces nouvelles techniques et les
nouveaux matériaux (acier et béton).
La Sky House de Kiyonori KIKUTAKE
construite à Tokyo en 1958 en est un
exemple, ainsi que la Nagakin Capsule
Tower de Kisho KUROKAWA construite
elle aussi à Tokyo plus tard, en 1972.
D’autres architectes ont aussi permis
à l’architecture japonaise d’évoluer
vers une modernité propre tout en
conservant les éléments importants
de leurs traditions. Ainsi, les travaux
de Kazuo SHINOHARA se basent
sur une étude en profondeur de
l’espace traditionnel et de la structure
formelle des maisons japonaises,
et ce n’est que dans les années 80
que son style va évoluer vers des
bâtiments très originaux, toujours
dans le respect de la culture japonaise.
Nagakin Capsule Tower de Kisho KUROKAWA
Kazuo Shinohara’s house in UeharaLa Sky House de Kiyonori KIKUTAKE
- 48
L’IMPORTANCE DE LA NATURE
Le rapport à la nature des Japonais est
totalement différent du notre. Dans
notre civilisation, la nature n’est qu’un
agrément, un espace complémentaire
mais pas indispensable (du point de
vu de la conception), alors que pour
les Japonais, c’est la nature qui régule
leur vie. En effet, ils sont très marqués
par les débordements de la nature, leur
pays étant souvent en proie aux ravages
des typhons, tsunamis (raz de marée)
et autres tremblements de terre.
L’utilisation de matériaux naturels,
avec leurs couleurs sobres et leurs
textures imparfaites, est un premier
facteur de rapprochement avec la
nature. De même, la symétrie étant
une notion artificielle, qui n’existe
pas dans la nature, l’asymétrie
règne et on ne trouve pas non plus
de formes trop parfaites, qui par
définition sont figées et ne laisseraient
aucune possibilité d’évolution.
NOTION DU «MA»
Au Japon, le temps est indissociable
de l’espace, et ces deux éléments
intimement liés forment le concept du
«ma» qui représente dans une seule et
même idée l’intervalle entre deux chose .
Ainsi, pour les Japonais, le temps
et l’espace étant liés, le moindre
cheminement devient un parcours
durant lequel l’idée de rythme est très
présente. L’espace est donc pensé non
pas de façon linéaire, mais marqué
par des évènements qui imprime à la
marche du visiteur un rythme particulier
avec un jeu complexe d’écrans et de
pauses dans la progression afin de
supprimer la monotonie du parcours
et de faire perdre au visiteur la notion
de l’espace, mais aussi celle du temps.
La notion du «ma» est très présente
dans l’architecture car la forme même
des bâtiments contribue à créer
cette dynamique, ce rythme dans le
parcours et la perte de repères due à
la succession de plans verticaux qui
modifient notre perception au fur et à
mesure du cheminement. C’est aussi le
cas à l’intérieur des bâtiments où les
pièces ne sont pas agencées de manière
continue et fonctionnelle, mais dans
un mouvement discontinu, de façon à
créer une diversité dans le parcours.
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Appartement japonais par Ryue Nish
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« FONDAMENTALEMENT , LE MA EST L ’INTERVALLE QUI EXISTE OBLIGATOIREMENT ENTRE DEUX CHOSES QUI SE SUCCèDENT : D ’Où L ’IDéE DE PAUSE . » IN BERQUE, 1982
- 49
NOTION DU «EN»
Contrairement aux Européens
et aux occidentaux, la continuité
japonaise ne se caractérise pas par
un passage graduel d’un élément à
un autre, mais au contraire par une
juxtaposition d’éléments bien qu’ils
soient dissemblables ou de qualités
opposées. C’est par ce jeu d’opposition
que se crée la continuité japonaise,
chaque élément étant pensé avec
son contraire (le yin et le yang). Il
existe donc au Japon une esthétique
de la coexistence des contraires.
Cette notion du «en» est basée sur le
concept de la relation car même si les
éléments sont de nature totalement
différentes, les japonais parviennent
à les mettre en relation grâce à des
espaces «tampons» qui n’appartiennent
ni à l’un ni à l’autre des deux éléments
mais en même temps aux deux. Les
Japonais transitent d’un monde à un
autre par le biais de ces espaces.
Banq
ue à
Shim
ura de Emmanuelle Moureaux architecture + design
« CONSTITUENT DES INTERVALLES QUI SéPARENT ET CONNECTENT EN MêME TEMPS . DES INTERVALLES DE CE TYPE QUI DéLIMITENT ET RELIENT LES DIFFéRENTES PARTIES ET SCèNES , SONT UN TRAIT CARACTéRISTIQUE , NON SEULEMENT DE L ’ARCHITECTURE JAPONAISE , MAIS AUSSI DE TOUT L ’ART JAPONAIS ET PEUVENT êTRE CONSIDéRéS COMME UN SYMBOLE DE L ’ESTHéTIQUE JAPONAISE . LE RôLE PRINCIPAL EST DE PROVOQUER L ’ANTICIPATION DE LA SCèNE à VENIR . LES PARTIES RENDUES INDéPENDANTES PAR LES INTERVALLES , INTERFèRENT ET SE RECOUVRENT POUR DéVELOPPER UNE NOUVELLE SCèNE DANS L ’ENVIRONNEMENT GLOBAL . »
TADAO ANDO DANS AA N°250
- 50
Lorsque les techniques et les
matériaux modernes sont arrivés
au Japon, les Japonais ont tout de
suite essayé d’adapter au mieux les
capacités de ces nouveaux moyens
de conception à leurs attentes.
L ’ A C I E R
Lors de l’arrivée de l’acier, des architectes
comme I. YOSHIDA essayaient depuis
1923, à cause du grand tremblement
de terre qui avait secoué Kanto, de
mettre au point de nouvelles structures
en bois capables de résister aux
séismes et aux incendies fréquents
dans le pays. C’est en reprenant
et en améliorant les techniques de
construction des maisons de thé qu’il
avait réussi rendre les maisons de
villes plus résistantes et plus sures.
Avec l’arrivée d’un matériau comme
l’acier, il a pu adapter les principes
mis en place pour les constructions
en bois au nouveau matériau et
ainsi faire évoluer ces techniques
dans un registre plus moderne tout
en gardant les qualités esthétiques
de la structure légère japonaise.
Grâce à ses travaux d’autres
architectes, notamment Shuhei Endo,
ont pu faire évoluer ces principes
vers une méthodologie fondée sur
la simplification et la production
industrielle, permises par l’utilisation de
l’acier, tout en conservant le raffinement
de l’architecture traditionnelle en bois
LE BÉTON
Comme pour l’acier, l’introduction du
béton au Japon a été pour les Japonais
un moyen de faire évoluer les techniques
de leur architecture traditionnelle. Ce
matériau se prêtait en effet très bien à la
conception d’une architecture de plans
mais avec des éléments industrialisés.
On assiste donc dès les années 50 à
une série d’expérimentations visant à
développer les qualités du béton dans
noUV
eaUx
maT
éria
Ux
Rooftecture OT2 par Shuhei
EndO
Maiso
n à hyogo par shogo ArAtAni
- 51
le sens des principes traditionnels, en
composant des bâtiments constitués de
différents plans en panneaux de béton
tout en profitant des avantages du
béton en matière de préfabrication et
de mise en œuvre plus rapide et facile.
Cependant, les Japonais ont tout de
suite affirmé le matériau en tant que
tel, essayant de lui donner une certaine
légèreté et une sensualité qui n’étaient
pas du tout présentes dans les mises
en œuvre occidentales, le béton étant
souvent recouvert d’une couche visant
à masquer l’aspect brut du matériau,
pas esthétique pour un Européen.
Les meilleurs exemples de
l’aboutissement de ces recherches
sont les bâtiments de Tadao Ando,
qui est parvenu à créer un mélange de
béton qui s’accorde totalement avec
les principes japonais de coexistence
avec la nature, de jeu entre ombre et
lumière et de plans qui séparent et
relient en même temps deux espaces
M O D E R N I S A T I O N DES MATÉRIAUX
Outre l’acier et le béton, d’autres
matériaux modernes sont venus enrichir
le vocabulaire architectural japonais
tout en leur permettant de conserver
une esthétique qui leur est propre. Ainsi,
les panneaux de verre translucides ou
sablés sont devenus une alternative
dans la composition des façades et
permettent de rythmer la progression
tout en ménageant des vues et en
donnant envie d’aller voir plus avant.
Les parois en polycarbonate
permettent de cloisonner les espaces
tout en laissant filtrer la lumière à
travers pour s’infiltrer diffusément dans
l’intérieur des bâtiments. Ces nouveaux
éléments translucides permettent de
réaffirmer et de moderniser certains
espaces, notamment les espaces
tampons entre l’intérieur et l’extérieur.
Naoshima Museum and Hotel de
Tadao A
Nd
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usée
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oderne Fort Worth de Tadao ANDO
- 52
Acier, verre et béton
L E S MAT É R I AUX
- 53
L’architecture japonaise contemporaine
garde beaucoup des aspects traditionnels
de sa culture, cependant les influences
occidentales sont de plus en plus grandes
dans un pays qui parait se chercher. Ce
qui fait la force des Japonais est cette
capacité à accorder, à faire coexister
des choses qui sont opposées. Même s’ils
subissent les influences de l’extérieur
et de la société les architectes japonais
redécouvre les qualités des principes
qui ont fait leur civilisation et auxquels
ils ont parfois tendance à tourner le dos.
- 54
Plan filaire de Lyon et ses quartiers
-Bâtiment étudié14 Rue Renan69007 Lyon
Ancien garage Renan
LE
- 55IMENTBÂT-
- 56
Promenons nous dans Lyon, longeons
les quais du Rhône puis bifurquons
à gauche. La rue Renan débute
rue de l’université au croisement
de la rue Sébastien Gryphe.
La circulation se fait à sens
unique vers le Sud, sur une
route goudronnée. C’est une
rue assez étroite et légèrement
sinueuse. Il s’agit d’une petite
rue mais proche de 3 grands
axes : La rue de l’université, la
rue de Marseille, l’avenue Berthelot.
14 RUE RENAN
Elle tient son nom de Joseph Ernest Renan, un écrivain, philologue, philosophe
et historien français né le 28 février 18231 à Tréguier et mort le 2 octobre 1892 à
Paris. C’est au 14 que notre chemin s’arrête. Nous sommes face à un ancien garage
portant le même nom que sa rue d’implantation. Ce bâtiment à été construit dans le
quartier de Jean-macé, une zone industrielle de la commune de Lyon 7, un quartier
dit principalement résidentiel (88 log par Ha contre 44 pour Lyon7) du à une
forte présence de crèches, d’écoles et de lycées, 20 établissements au Km2 . Les
quelques 16000 habitants sont en majorité des jeunes cadres dynamiques avec une
Le RhôneLa Saône
HISt
oIr
E
LA SITUATION
- 57
moyenne d’Age de 36 ans. A proximité
immédiate se trouvent le bar le
Chevreul, le night-club le Loft, ainsi
que plusieurs restaurants: Il s’agit d’un
quartier -malgré son attrait résidentiel-
qui reste très animé avec environ 1
restaurant/café ou bar tous les 100m, et
5 commerçants tous les 100m (nombre
d’établissement en pleine croissance).
Le quartier est agréablement bien
desservi par les transports avec une
station de métro et un arrêt de tram
à 4minutes à pieds, plusieurs stations
de bus très proches ainsi que la 3ème
gare de Lyon à tout juste 5 minutes.
Façade actuelle du bâtiment - Il lustration personnelleLE
qUA
rtIE
r
- 58
Vue depuis le bâtimentPhotographie N&B argentique personnelle
PHOTO
GRA
PHIES
L Y O N
- 59
- 60
LE BÂTIMENT
Photographies argentiques personnelles
- 61
L A
Ç A -D E
- 62
LES OU-VERTU-R E S
- 63
Un bâtiment qui attire l’œil
par ses façades habillées
de nombreux percements.
Ouvertures à caractère
vertical , qui confèrent au
lieu un aspect très strié.
La bâtisse est plutôt vétuste et
abîmée par le temps, l’enduit
de façade se retire petit à
petit laissant apparaître les
blocs de bétons structurels.
Malgré son état plutôt décrépi
c’est un lieu qui donne à être
connu. Ces inscriptions datant
de l’ancienne utilisation du
bâtiment en tant que garage
automobile lui confère un
aspect chaleureux. On ressent
la présence d’un lieu qui a
vécu et dans lequel on vivait.
- 64
À L ’ I N T É R I E U R
- 65
À L ’ I N T É R I E U R
A l’intérieur, les ouvertures
cette fois ci vues de
l’autre côté associées
à des percements
zénithaux, apportent
cette grande luminosité à
l’espace, lui même vaste.
- 66
L’un correspondant à l’habitation
familiale des anciens propriétaires, leur
partie privée - s’élevant sur 3 étages
d’un total de 250m2 au sol et plus
de 11m de hauteur totale - semblant
être une première construction, plus
ancienne, de pierres et de tuiles.
L A V O L U M É T R I E
Vue arrière
Il s’agit d’un ancien
garage automobile (dont
on ne connaît pas la
date de construction)
que l’on sent avoir
vécu par une activité
professionnelle riche et
par la présence d’une
famille habitant les lieux.
Malgré la sensation de
ne voir qu’un seul et
unique volume depuis la
façade, il est possible de
séparer cette bâtisse
de plus de 300m2 en
deux volumes distincts:
- 67Vue façade
Vue plan
L A V O L U M É T R I E
L’autre étant un volume de 120m2.
Réparti uniquement sur un rez de
chaussée (d’une hauteur sous plafond
variant de 5,30 à 6,90m) il correspond
à la partie industrielle - et à l’activité
de garagiste, donc une partie plus
publique - et apparait comme ajouté
au premier volume d’habitation car
construit par la suite. Ce volume
semble moins pérenne d’une
structure de pierres mais protégé
seulement par une toiture de tôles.
- 68
L E S O U F F L E
- 69
A R C H I T -E C T U R A L
Il est question d’accentuer la
césure présente entre ces deux
constructions: l’une très verticale qui
tente à se trouver plus dans les « airs»,
et l’autre partie en total opposition
avec cette volumétrie horizontale
appartenant plus à la « terre ».
En s’inspirant de l’architecture
japonaise, on intègre une
forme que l’on pourrait nommer
organique à la frontière de ces
deux éléments. Il s’agira de :
1- Renforcer visuellement l’opposition
de ces deux constructions, en invitant
le jardin / l’organique à l’intérieur,
2- Réunir ces deux opposés
en créant un état transitoire,
3- Créer un filtre dans la circulation
D’un espace privé
À un espace publique.
- 70
Les Karaokés sont utilisés comme
des lieux de lâcher-prise entre amis
- connaissances. Comme un refuge.
ESPACES PRIVÉS
Intégration de salons de karaoké privatifs
et non d’une grande scène publique.
Une culture qui veut que par
manque d’espace dans leur domicile,
les japonais mange beaucoup
dans la rue, ou au restaurant.
ESPACES PUBLIQUES
Création d’un espace restauration
rapide (sushi bar) ainsi que
d’un bar à saké et whisky.
Ce lieu sera inspiré de notions
architecturales nippones ainsi que
de la culture de vivre japonaise,
aussi bien pour la restauration
que pour sa pratique du karaoké.
P ET I T S RAPP E L S
- 71I N S P I R A T I O N S N I P P O N E S
Simplicité et sobriété
Harmonie avec la nature
Notion du «MA» - Intervalle entre deux chosesNotion de «ME» - Jeu d’opposition, Elements mis en relation grâce à un espace tampon
- 72
« Je serais une reine du karaoké,
Ce n’est pas moi que tu verras.
Je vais t’emmener dans un endroit
Où je sais que tu devrais plutôt te trouver.
C’est juste une chanson de trois minutes.
Cela ne dure pas très longtemps.
Mais je vais t’emmener dans un endroit
Où je sais que tu devrais plutôt te trouver».
CATATONIA, KARAOKE QUEEN
- 75
Le karaoké s’est imposé comme un
antidote au stress, à la timidité et
au spleen que génère notre monde.
Remède contre le stress et l’ennui,
mais aussi vecteur de reconnaissance,
les salons de Karaoké privatifs
ne font qu’amplifier ces notions.
Soupape de sécurité face à la
pression sociale, c’est devenu le lieu
où l’on vient s’exposer. L’idée n’est
pas de bien chanter mais plutôt de
chanter de toutes ses forces avec
autant d’émotions que l’on peut.
Ce futur centre de Karaoké participera
à l’animation et à la vie du quartier et
répondra aux besoin des habitants,
de se libérer des tensions du
quotidien, qui auront fait le choix de
se rendre entres ami(e)s dans des
salons privatifs et personnalisés.
Proposant à la fois un espace de
restauration et des espaces privatisés,
cet ancien garage situé dans le 7ème
arrondissement de Lyon, offrira une
nouvelle approche du loisirs Karaoké.
Karaoké stands out as an antidote to
stress, shyness and melancoly which
generate our world. Cure against stress
and boredom, as well as vector of
recognition, karaoké private lounges
only amplify these notions.
A safety valve when faced with social
pressure, it has become the place where
we come to open ourselves up to others.
The idea is not to sing well but rather to
sing with all your strengthswith as much
feeling as you can.
This future karaoke center will
participate to liven the life of the district.
It will also be a solution to the needs of
the inhabitants, to release themselves
from tensions due to their daily lives.
They will have chosen to go surrounded
by friends in private and personalized
lounges.
At the same time, this karaoke center
offers food services and privatized
areas. This former garage situated in
the 7th district of Lyon, will offer a new
approach to Karaoké activitie.
R é s u mé
Summ a r y
- 76
Laurence Mariotte pour son suivi
hebdomadaire, ses avis, ses
opinions et pensées. D’être juste
et ouverte au dialogue. De m’avoir
donner l’assistance nécessaire
afin de concevoir, créer, imaginer.
Bernard Robert pour avoir
partagé son intime et sa
passion du Karaoké avec nous.
Claude Mathieu pour son soutien
bi-hebdomaire. Pour son partage
de pensées brutes et sincères.
Qui fait pousser notre pensée
qui n’était juste qu’une graine.
mer
ci à
...
- 77
Véronique Godefroy pour avoir
éveiller notre créativité au cours
de ces dernières années, pour
m’avoir permis de sélectionner
les questions essentielles.
Mes parents Denis et Fa# pour
m’avoir permis financièrement
et créativement de suivre
cette longue formation.
Au petit Chouchou d’avoir supporter
entendre parler Karaoké pendant 7
mois, d’être passé après Autocad,
Photoshop, Indesign, Illustrator,
C4D, Sketchup sans être jaloux.
- 78
S i t o g r a p h i e
B i b l i o g r a p h i e
K A R A O K É , T H E B I B L E : E V E R Y T H I N G Y O U N E E D T O K N O W A B O U T K A R A O K Éd e G o n d a T h o m a s
E T H N O - A N T H R O P O L O G I E D U K A R A O K Éd e A l a i n A n c i a u x
J A P A N E S E I N T E R I O R D E S I G N d e m i c h e l l e g a l i n d o
K A R A O K E A R O U N D T H E W O R L D : G L O B A L T E C H N O L O G Y , L O C A L S I N G I N Gd e E d w a r d J a y P e r s h e y
C O N S O M M A T I O N M U S I C A L E E TK A R A O K E : V E R S U N EO R I E N T A L I S A T I O N D E L A C U L T U R E D E SJ E U N E S D U Q U A R T I E R D E S 6 7 H Ad e R A S O L O F O Z o e l y H a n i t r i n i a i n a
K A R A O K E - K P M . F R / C O M P R E N D R E . A S P /
F R . W I K I P E D I A . O R G / W I K I / K A R A O K É /
R O C K N F O O L . N E T /
K A R A O K E S C E N E . C O M /
U L B . A C . B E / P R O J E C T / F E E R I E /P R E S S E K A R A O K E . H T M L
J A P O N I S M U S . C O M / M A I S O N - J A P O N A I S E -C A R A C T E R E . H T M L /
K E L Q U A R T I E R . C O M /
D O Z O D O M O . C O M /B E N T O / 2 0 1 0 / 0 8 / 0 6 / K A R A O K E /
r o c k n f o o l . n e t / 2 0 1 1 / 0 8 / 0 8 / 1 0 -b o n n e s - r a i s o n s - d a i m e r - l e -k a r a o k e /
i n c o n t o u r n a b l e j a p o n . c o m / n u i t s /k a r a o k e - b o x
l a - p i e r r e - e t - l e - s a b r e - i a i d o 1 8 . f r /
n a u t i l j o n . c o m / c u l t u r e /a r c h i t e c t u r e - 1 3 /
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