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Page 1: Migrations, santé et soins en Guyane : résultats d’une enquête en population générale

recourir aux généralistes ou aux spécialistes. Après ajustement sur lesconditions socioéconomiques, le recours aux soins des immigrés n’est plussignificativement différent de la population francaise. L’analyse en décomposi-tion montre que les principales barrières à l’accès aux soins des immigrés sontleur faible accès à la complémentaire santé, leurs plus faibles revenus et niveauxd’éducation.Discussion.– Les résultats montrent que le principe d’équité horizontale dansl’accès aux soins n’est pas respecté en France et appellent la mise en œuvre depolitiques de santé publique visant à améliorer l’accès aux soins des populationsd’origine étrangère en simplifiant, par exemple, l’accès aux droits à l’aidemédicale d’État et de la couverture-maladie universelle.

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Migrations, sante et soins en Guyane : resultats d’uneenquete en population generaleA. Jolivet, E. Cadot, S. Florence, S. Lesieur, J. Lebas, P. Chauvin

UMRS 707, Inserm-UPMC, equipe de recherche sur les determinants sociaux

de la sante et du recours aux soins, Paris, France

Introduction.– Les liens entre migration et santé sont complexes. La santé peutêtre un déterminant de la migration et la migration peut affecter la santé de ceuxqui émigrent. Nos objectifs étaient :– estimer le poids des déterminants sanitaires dans l’ensemble des déterminantsde la migration vers la Guyane ;– comparer l’état de santé des populations vivant en Guyane en fonction de leurstatut migratoire.Methodologie.– Une enquête transversale en population générale a été conduiteen 2009 auprès d’un échantillon aléatoire de 1027 adultes, résidant à Cayenne etSaint-Laurent-du-Maroni (SLM). La santé a été mesurée par trois indicateurs :la santé percue (SP), la déclaration de maladies chroniques (MC) et delimitations fonctionnelles (LF).Les caractéristiques recueillies incluaient le statut et la durée de résidence desimmigrés et leur pays d’origine. Des modèles de régression logistiques ont étéconduits.Resultats.– Les immigrés représentaient 40,6 % de la population à Cayenne et57,8 % à SLM. Parmi eux, 3,1 % ont déclaré avoir migré et/ou s’être installés enGuyane pour une raison de santé. Les étrangers en situation irrégulièreprésentaient les plus mauvais indicateurs de santé (par rapport aux francais nésen Guyane, OR = 3,18 [1,21–7,84] pour la SP, OR = 2,79 [1,22–6,34] pour lesMC et OR = 2,17 [1,00–4,70] pour les LF). Ces différences étaientpartiellement expliquées par des facteurs socioéconomiques et psychosociaux.Le pays de naissance et la durée de résidence en Guyane avaient également unimpact sur les indicateurs de santé.Discussion.– Les migrations pour soins ne représentent qu’une minorité desmouvements migratoires vers la Guyane. Les problématiques de santé desimmigrés y sont peu prises en compte dans les politiques de santé alors qu’ellesy constituent un enjeu majeur pour les inégalités sociales de santé du fait del’importance numérique de cette population.

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L’accord entre patients et medecins generalistes sur la priseen charge des facteurs de risque cardiovasculaire a la sortiede la consultation est-il lie au contexte social du patient ?A.-C. Schieber a,b, M. Kelly-Irving a, C. Rolland a, A. Afrite c, C. Cases d,

P. Dourgnon c, P. Lombrail e, J. Pascal f, T. Lang a,b, le groupe INTERMEDEa UMR 1027, Inserm, universite de Toulouse 3, Toulouse, Franceb Service d’epidemiologie, CHU de Toulouse, Toulouse, Francec Institut de recherche et de documentation en economie de la sante (Irdes),

Paris, Franced Institut national d’etudes demographiques (Ined), Paris, France

e Laboratoire de sante publique, CHU de Nantes, Nantes, Francef Service d’information medicale, CHU de Nantes, Nantes, France

Introduction.– L’objectif de l’étude est d’analyser la concordance entre patientset médecins généralistes sur la prise en charge des facteurs de risquecardiovasculaire et de rechercher si la discordance éventuelle des déclarationsest liée au contexte social du patient. Ce travail vise à apporter des éléments decompréhension sur le rôle joué par l’interaction médecin–patient dans laformation des inégalités sociales de santé.Methodologie.– L’étude s’appuie sur les données quantitatives du projetmultidisciplinaire INTERMEDE qui explore l’interaction de 585 pairespatient–médecin au travers de questionnaires en miroir à la sortie de laconsultation. Les concordances médecin-patient sont analysées avec lecoefficient kappa, puis par une analyse multivariée multiniveaux.Resultats.– De fortes concordances sont observées pour la mesure du poids, laprise de tension (k = 0,84 � 0,04), l’information sur la présence d’unehypertension artérielle (k = 0,66 � 0,04) et les conseils relatifs à la réductionvoire à l’arrêt de la consommation de tabac et d’alcool (k = 0,66 � 0,04). Enrevanche, patients et médecins sont rarement en accord pour les conseilsdonnés sur la pratique d’une activité physique, la nutrition (k = 0,36 � 0,04)et la perte de poids (k = 0,56 � 0,04) ; en cas de désaccord, les médecinsdéclarent plus souvent avoir donné des conseils à des patients qui disent nepas les avoir entendus (p < 0,05). L’accord entre patients et médecinsdiminue avec le niveau d’éducation, avec un minimum pour les personnesnon diplômées (p < 0,05). Les patients âgés de l’échantillon sontmajoritairement sans diplôme (p < 0,05) et l’ajustement sur l’âge dans lesmodèles efface le lien significatif du niveau d’éducation, bien qu’un gradientsemble persister.Discussion.– Les conseils sur la nutrition semblent être sources de malentendusplus nombreux. Les désaccords médecin–patient sont plus forts pour les patientsâgés et/ou sans diplôme, ce qui pourrait être source d’incompréhensions etcompromettre la qualité des soins.

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Le renoncement aux soins pour raisons financieres dansl’agglomeration parisienne : une analyse des donnees de lacohorte SIRS de 2005 et 2010E. Renahy a, I. Parizot b, A. Quesnel-Vallee c, P. Chauvin d

a St-Michael’s Hospital, CRICH, Toronto, Canadab Equipe de recherche sur les inegalites sociales (ERIS), centre Maurice-

Halbwachs (CNRS-E HESS-ENS), Paris, Francec McGill University, Montreal, Canadad UMRS 707, Inserm-UPMC, equipe de recherche sur les determinants sociaux

de la sante et du recours aux soins, Paris, France

Introduction.– Dans le contexte actuel de crise économique et des mesuressuccessives augmentant la participation financière des patients, le renoncementaux soins pour raisons financières risque d’augmenter.Methodologie.– Nous avons utilisé les données de la cohorte santé, inégalitéset ruptures sociales (SIRS), représentative de la population majeurefrancophone dans l’agglomération parisienne. Plus de 3000 individus ontété interrogés en 2005 et 2010. Des modèles logistiques multiniveaux ont étéestimés.Resultats.– La proportion de renoncement aux soins pour raisons financières estrestée stable en passant de 16,9 % à 15,7 % entre 2005 et 2010. Nous avons misen évidence des inégalités sociales et psychosociales. Ainsi, le renoncementétait plus fréquent chez les femmes, les Francais nés de parents étrangers, lespersonnes n’ayant pas de couverture complémentaire privée, percevant leursituation économique comme mauvaise ou se sentant seules. Alors qu’en2005 les bénéficiaires de la CMUc avaient significativement moins de risques derenoncer aux soins que les personnes couvertes par une mutuelle (OR = 0,63,IC95 % : [0,41–0,97]), la différence n’était plus significative en 2010(OR = 1,26, IC95 % : [0,84–1,91]). Cela traduit une dégradation de la situationdes récipiendaires de la CMUc : si la proportion de renoncement aux soins estrestée stable chez les personnes couvertes par une complémentaire privée

3e Colloque thematique de l’Adelf / Revue d’Epidemiologie et de Sante Publique 61S (2013) S107–S117S116

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