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Page 1: Outils diagnostiques de l’allergie aux venins d’hyménoptères

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Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

Revue française d’allergologie 54 (2014) 535–536

Éditorial

Outils diagnostiques de l’allergie aux venins d’hyménoptères

Diagnostic tools of hymenoptera venoms allergies

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Le diagnostic d’allergie aux venins d’hyménoptères reposeur un faisceau d’arguments cliniques et anamnéstiques (des-ription des symptômes et de leur gravité, circonstances dea piqûre, reconnaissance de l’insecte piqueur) associés à desxamens complémentaires qui prouvent une sensibilisation IgEépendante. Les tests cutanés sont les plus pratiqués car ilsnt de bonnes valeurs prédictives positive et négative de sen-ibilisation, ils sont de lecture rapide lors de la consultationllergologique et ils permettent de tester simultanément le venine 3 insectes, l’abeille (Apis mellifera) la guêpe vespula et lauêpe poliste. Les recommandations européennes préconisentes tests par voie intradermique (IDR) selon un protocole bienéfini et à concentration croissante de 0,001 �g/mL à 1 �g/mLe venin [1].

Ces tests ont des inconvénients, ils sont longs à pratiquer et leilan peut durer de 1 heure à 1 heure 30, et ils ne sont pas dénuése risques. Selon Müller, des réactions systémiques peuvent sur-enir lors des tests avec les venins dans 1 à 2 % des cas [2]. Dansa série de 3226 sujets testés, 45 avaient présenté une réactionystémique considérée comme une réaction d’hypersensibilitéux tests cutanés dont 8 réactions sévères, sans aucun décès.our limiter au maximum ces réactions (qui demeurent malgré

out exceptionnelles), il est conseillé que les tests soient pra-iqués par un opérateur entraîné ayant à sa disposition de quoiaire face à une réaction anaphylactique, avec une attention toutearticulière en cas de traitement concomitant par bêtabloquants,EC, voire sartans, ou en cas de mastocytose.

Un autre inconvénient des tests cutanés repose sur le choix desxtraits de venins disponibles qui n’inclut pas le frelon européenVespa crabro) et le bourdon (Bombus) ni les guêpes solitairese la famille des Sphécidés.

Le dosage d’IgE spécifiques pourrait donc trouver son inté-êt. Effectivement, outre le venin d’abeille, des dosages sontossibles et commercialisés pour le venin de guêpe vespula, deuêpe polistes et aussi de frelon européen et de bourdon. Cesosages sont bien sur dénués de risque anaphylactique mais ils

ont moins sensibles que les tests cutanés en IDR à la concen-ration maximale de 1 �g/mL, spécialement après la premièrennée suivant la piqûre [1]. Leur spécificité demeure difficile

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http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2014.11.001877-0320/© 2014 Publié par Elsevier Masson SAS.

apprécier car les patients peuvent se sensibiliser à la suite’une piqûre et ne jamais présenter de réaction systémique lors’une piqûre ultérieure. Ceci est du reste vrai également pour lesests cutanés. Les dosages peuvent aussi être faussement positifsu fait de la richesse des venins en déterminants carbohydratesppelés CCD. Les IgE peuvent se lier à ces déterminants sansour autant que ceci ait forcément une expression clinique. Si lesCD sont en cause l’aide biologique au diagnostic sera délicatet difficile et on pourra par exemple observer des dosages positifsour plusieurs venins, ce qui en retire toute valeur diagnostique,ais aussi pour d’autres allergènes riches en CCD, tels le latex

t les pollens. Pour déterminer si un faux positif est possible viaes CCD, il a été proposé de doser conjointement les IgE pour laroméline ou le raifort, très riches en CCD et peu sensibilisants.

Que ce soit par tests cutanés ou par dosage d’IgE spécifiquesl est difficile d’impliquer un venin plus qu’un autre si le patient’a pas clairement authentifié l’insecte piqueur, ceci en raison deéactions croisées entre les venins. Et on sait que l’interrogatoireu patient n’est pas fiable, soit il se trompe, soit il n’a pas vu’insecte [3]. Et même si on s’aide de planches ou de documentshotographiques ou numériques la reconnaissance de l’insecten cause reste source d’erreurs. Dans ces conditions, il a doncté proposé de rechercher une sensibilisation pour l’abeille et lauêpe vespula, et on y ajoute la guêpe poliste dans le sud de larance.

Plusieurs cas de figure peuvent alors se présenter. Soit le bilanbjective une monosensibilisation ou une sensibilisation très lar-ement dominante pour un venin. Dans ce cas si la clinique leustifie et est suffisamment sévère on s’oriente vers une désen-ibilisation pour ce venin. Soit, et c’est souvent le cas, le bilanontre une polysensibilisation du fait de réactions croisées. On

eut globaliser et effectuer plusieurs désensibilisations mais ceciugmente les risques de réactions anaphylactiques en cours deraitement notamment si celui-ci comporte le venin d’abeille [4],énalise le patient en multipliant les hospitalisations et majoree coût du traitement.

Le test de provocation par repiqûre en secteur hospitalier estroposé dans certains pays européens. Il n’a pas une validitéotale et n’est pas recommandé en France pour raison d’éthique.

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9, rue Maurice-Alet, 31400 Toulouse, France

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Des examens de laboratoire sophistiqués peuvent aider à dis-riminer les réactions croisées, soit par technique d’inhibitionu RAST, soit par technique d’activation des basophiles [5].es tests difficilement réalisables en pratique sont réservés àertaines équipes très spécialisées.

Il a donc été proposé de doser les IgE spécifiques pour lesllergènes moléculaires des venins. Des allergènes recombinantsont disponibles pour des allergènes majeurs mais tous les aller-ènes ne sont pas pris en compte. L’intérêt de ces dosages estue les allergènes recombinants ne portent pas de radicaux CCDe qui exclut le risque de faux positif par cette voie.

Le venin d’abeille contient de la phospholipase A2, allergèneajeur nomenclaturé Api m 1. Un dosage d’IgE spécifiques

ar technique immuno CAP-RAST est disponible. Le venin deuêpe vespula est riche en allergène 5, allergène majeur nomen-laturé Ves v 5 et le venin de poliste également un allergène 5,ol d 5. Récemment un dosage d’IgE spécifiques pour Ves v 1,

a phospholipase A1 a été mis sur le marché.Plusieurs études ont montré qu’en cas de polysensibilisation

orsque l’insecte n’est pas clairement identifié, il est possible deiscriminer les réactions au venin d’abeille et au venin de guêpen dosant les IgE pour Api m 1, spécifique de l’abeille et poures v 5 spécifique de la guêpe [6]. Ainsi le choix thérapeutiquee l’immunothérapie spécifique est facilité.

En revanche, les allergènes moléculaires ne sont d’aucuneide pour discriminer vespula et poliste car les 2 allergènes 5,es v 5 et Pol d 5, présentent des homologies de structure très

mportantes et croisent entre eux, ce que vous pourrez découvrirans les pages de ce numéro [7].

Vous lirez aussi que les sensibilisations à Api m 1’expliquent que la moitié des sensibilisations au venin’abeille. On sait en effet que de nombreux autres allergèneseuvent être en cause dans le venin d’abeille : la hyaluronidaseApi m 2), la mellitine (Api m 4), et d’allergénicité moindre, lahosphatase acide (Api m 3), une protéase (Api m 7), un poly-eptide de 71 acides aminés (Api m 6), une carboxyesteraseApi m 8), une dipeptidyl peptidase (Api m 5), une carboxy-eptidase (Api m 9) et tout dernièrement l’icaripine (Api m 10)8].

Il serait à l’heure actuelle imprudent de résumer le bilan’allergie au venin d’hyménoptères à un dosage biologique

i élaboré soit-il. En revanche dans des situations cliniquesomplexes, il est probable que le profil de réactivité IgE sera utileu diagnostic si la gamme des allergènes moléculaires s’élargit.

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Ceci justifie des travaux prospectifs également orientés versa définition d’outils pronostiques pour juger du bon résultat’une désensibilisation.

éclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

éférences

1] Bilo BM, Rueff F, Mosbech H, Bonifazi F, Oude-Elberink JN, EAACI Inter-est Group on Insect Venom Hypersensitivity. Diagnosis of hymenopteravenom allergy. Allergy 2005;60:1339–49.

2] Lockey RF, Turkeltaub PC, Olive CA, Baird-Warren JA, Olive ES, BukantzSC. The hymenoptera venom study. II: skin test results and safety of venomskin testing. J Allergy Clin Immunol 1989;84:967–74.

3] Baker TW, Forester JP, Johnson ML, Stolfi A, Stahl MC. The HIT study:hymenoptera identification test-how accurate are people at identifying stin-ging insects. Ann Allergy Asthma Immunol 2014;113:267–70.

4] Mosbech H, Müller U. Side-effects of insect venom immunotherapy: resultsfrom an EAACI multicenter study. European Academy of Allergology andClinical Immunology. Allergy 2000;55:1005–10.

5] Sainte-laudy J, Touraine F, Cluzan D, Belle Moudourou F. Application dela cytométrie en flux au diagnostic de l’hypersensibilité IgE dépendanteinduite par les venins d’hyménoptères. Comparaison des résultats observéspour les réactions systémiques et les réactions locales ou locorégionales.Rev Fr Allergol 2013;53:450–7.

6] Müller UR, Johansen N, Petersen AB, Fromberg-Nielsen J, Haeberli G.Hymenoptera venom allergy: nalysis of double positivity to honey bee andVespula venom by estimation of IgE antibodes to species-specific majorallergens Api m 1 and Ves v 5. Allergy 2009;64:543–8.

7] Lambert C, Vitte J, Sarda A, Dziga C, Groupe de travaildes insectes piqueurs, Réseau des biologistes de l’allergie descentres hospitaliers « AlleroBioNet ». Rev Fr Allergol 2014;54,http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2014.01.032.

8] Perein N, de Graaf DC, Brunain M, Bridts CH, Ebo DG, Stevens WJ, et al.Molecular cloning and expression of icaripin, a novel IgE-binding bee venomprotein. FEBS Lett 2006;580:4895–9.

F. Lavaud ∗Service des maladies respiratoires et allergiques, CHU deReims, 45, rue Cognacq-Jay, 51932 Reims cedex, France

G. Dutau

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (F. Lavaud)


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