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in 2010 witii funding from
University of Ottawa
littp://www.arcli
ive.org/details/portefeuillevolOOparn
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PORTE-FEUILLE
V'OL.
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?Q
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
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PORTE-FEUILLE
VOL,
C
O
]N-
T E
?r
A
X
T :
1.
Le Paradis
perdu
,
pome
en
quatr-?
chants
;
2.
Les
Dlcuisesiens
de Yxus
,
tableaux:
imits
du
grec
;
3.
Les
Galanteries
de
la
Bible, sermon
en
vers.
^.^
%--%./>.
*,'^-*.
*,-^,'*.
x-'*,-^^
^ ^
A
PARIS,
Chez
A.
G.
DEBRAY
,
Libraire,
rue
Saint-
Honor,
vis--vis
celle
du
Coq.
i8o5.
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8/294
:
-.'
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
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LE
PARADIS
PERDU,
POEME
EN
QUATRE
CHANTS
CHANT
P
Pt
E
M I E
R.
E
suis {irot
,
et le
serai
toujours.
Brlez
ces
vers
o
mon
jeune dlire
A
soupir
de
profanes
amours.
Je
dois,
hlas
expier
mes
beaux jours.
Aux
chants
chrtiens
j'ai
donc vou
ina
l\Te^
A
ous
,
qui
Tairaiez
,
par
le
tems
avei lis
,
Ainsi
que moi
vous tes
convertis
,
Et j'obtiendrai
votre pieux sourire.
Le
Saint-Espril
veut qu'en
vers
ingnus
Je
vous
;racont8
Eden
,
le
premierjiomme
.
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6
r E
I>
\
R
A
r,
I s P
E
R D
T'
,
La
jolie
Eve
,
et
le
diable
et la
pomme.
Doit-on
chanter
les
biens
qu'on
a
perdus
?
L'Ange rebelle et
sa
nombreuse
arme
,
Depuis
neuf
mois
par
le
foudre
rival
Prcipits
dans
le gouffre infernal
Nus
sur
les
flots d'une
mer enflamme
,
Roulaient
encor
,
faibles
,
muets
d'horreur
,
Sans
mouvement
,
et non pas
sans
cU)aleur.
Satan
enfin
par
degrs
se
ranime
,
Ouvre
les yeux
,
contemple
sans
effroi
L'affreux
sjour
o
le
plongea
son
crime
,
Parle
,
et
sa
voix
emplit
le vaste
abme
:
Horiible
enfer, obis
ton
roi.
Il a
repris
sa force et
son
courage
;
Trois
fois
du
lac
ses
ailes
et
sa
main
Frappent les feux
;
il s'lve
soudain
,
Vole
,
et
descend sur le brlant
rivage.
Tourmens
nouveaux
et
pires
que
la
mort
Dit-il
,
cessez
.
Esprance trop
vaine
Ses pieds
tremblaient
;
il
rend
avec
effot
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c H
\
^ '
T
p
R
K
Af
r r
R
L'air
embras
qu'il aspire
avec
peine.
Il
reconnat sur
les
flots
dvorans
Ses
compagnons
tendus
,
expirans
;
De
son
destin il voit Iborreur
entire
,.
Des
pleurs
cruels humectent
sa
paupire
,
Et
de
son
cur
,
qui
se
trouble
un
moment
,
S'chappe un long
et
sourd
gmissement.
Mais
tout--coup
rappelant
son
audace
,
D'une
voix
forte il
crie
:
Esprits divins
,
Principauts
,
archanges
,
sraphins
,
Enfans
du
ciel
,
est-ce
l
votre place
?
Pour
vous ce
lit aurait-il des attraits ?
Debout
,
debout
tout l'heure
,
ou jamais
.
Il
parle encor
;
cette
voix redoute
,
Par
cent
chos
la
fois
rpte
,
Termine
enfin
leur
douloureux
sommeil.
Un
long
murmure
annonce
leur
rveil.
Leur
vol
ressemble au
bruit
sourd
de
Foraffe
o
r.ouant
au
loin
de nuage
en
nuage.
Du lac brlant
is
attii^nent
les
bords
,
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^
LlPARADIS
PERDU,
Et
sans fiayeur
,
sans
plaintes
,
sans
remords
,
Ils
s'arment
tous
:
leurs
mains
impatientes
Livrent
aux
vents
les
enseignes
brillantes.
Salan
,
pareil
la
cime d'un
mont
O
l'ouragan
tonne
et rugit
sans
cesse
,
Au
milieu
d'eux
lve
son
noble
front
Qu'a sillonn la
foudre
vengeresse
,
Et
dit
:
Amis
,
qu'en
cet
affreux
sjour
L'unit
triple
exile
sans
retour
,
Nous
mritions un
plus
heureux
partage.
Tout
ce
que
peut
l'ennui
de
l'esclavagG ,
Un
juste
orgueil par
l'orgueil
accabl
,
La
valeur
calme
,
et
l'audace
et
la
rage
y
Nous
l'avons
fait
: les
tvrans ont
trembl
j^
Ils
palissaieiit sur leur trne
branl
:
La
foudre
seule
a vaincu le
courage.
Mais
aux
vaincus
il
reste
la
fiert
,
L'horreur
du
joug
,
le
cri
de
libert
,
La
haine
enfin
consolante
et cruelle
La
haine active
,
implacable
,
tc
..clle^
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
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C H A
>-
r
P R E
M
I
E
K.
;>
Si
toutefois
des
dangers nouveaux
Vous
prfrez
la
honte du
repos
,
Parlez
sans
crainte
;
ici l'on
peut
tout
dire
;
A
d'autres
mains
je
remettrai
l'empire
,
Et
j'irai
seul
,
sans espoir
et
sans
peur
,
Dans
son
triomphe
attaquer
le
vainqueur
.
Le sage
Ammos
pour
rpondre
s'avance
:
(
Illustre
chef,
gnraux et
soldats
,
Du
triple
Dieu vous
savez
la
puissance.
Pourquoi
sur
nous
aggraver
sa
vengeance
?
Nous
payons cher l'orgueil
de
nos
combats.
Loin
d'irriter
sa
foudre
peine teinte
,
Aimons
la
nuit
qui
nous
cache
ses
yeux.
L'adresse
et
l'art peuvent changer
ces
lieux.
Que
trouvons-nous
dans cette horrible enceinte ?
Un
air
infect et
lourd
,
des rocs
brlans
,
Des mers de feu
,
des
gouffres
,
des volcans.
De
tous
ces
corps vous extrairez
sans
peine
Carbone
,
azote
,
oxigne
,
hydrogne
,
Lt
calorique
(
il
abonde aux
enfers
)
j
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lO
LEPARADISPERDU,
Recomposez
ces
lmens
divers
,
Variez-les
;
sous votre main
fconde
De
nouveaux corps
natront subitement.
Pour
tre dieux
ici
,
pour
faire
un
monde
,
\
ous
avez
tout
,
matire
et
mouvement
.
Le
dur
^lolocli
lve
sa
tte allire
,
Et
d'une
voix
qui ressemble
au tonnerre
:
A
toi
permis
,
Ammos
,
d'analyser
Ces
feux ardens
,
de
les
recomposer.
Refais
l'eiiffr
;
ce
travail
est utile.
JMais
veux-tu
donc en
chimiste
tranquille
Changer Moloch ? Autour
de
tes
fourneaux
Jlcticndras-tu
ce peuple
de
hros
.'*
Non
,
certes
,
non.
Si
ta chimie
est
bonne
,
Elle
aurait
d fondre
le fer
maudit
Qui
dans le ciel
deux
fois
te
pourfendit.
Je
connais
peii
l'azote
et
le
carbone
;
Je
sais
la
guerre
,
et
la
ferai
;
j'ai dit .
Moloch
se
tait
;
l'infernal
auditoire
De
sa
harangue
approuve
la vigueur
,
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C
H V
N
T
F R
r.
>r
X
E
R.
Il
Et
dans
les
rangs
circule un
bruit
flitteur.
De
la
chimie
Ainmos
dfend
la gloire
;
Satan
se
lve
,
et
du
fourreau
brillant
Tirant
soudain
son
glaive tincelant
,
D'un
bras
nerveux
sur
sa
tte
il
l'agite.
L'arme
entire
avec
transport
Timite :
Un
million de glaives
et
d'clairs
Jette dans
l'ombre
une
clart
subite
;
Les
tendards s'lvent
dans
les airs
;
Le
fifre aigu
,
le trombone
barbare
,
Et
des
tambours les
roulemens
divers
,
Et du
combat
la
bruyante fanfare
,
Portent au
ciel le
dfi
des
enfers.
Satan
alors
:
Vous
,
qu'on
nomme
rebelles
-
Vous ,
l'honneur
,
la
raison
fidles
,
De
l'esclavage
ternels
ennemis
,
Pour la
vengeance
jamais
runis
,
A
la
valeur alliez
la
prudence.
IS'e
livrons
point des
combats
incertains.
De
Toppresseur pions
en
silence
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l
rEPARADISPERDU,
Les
mouvemens
,
le repos
,
les
desseins.
Il peut
crer
,
mais
nous pouvons dtruire
;
Entre
nous
donc
se
partage
l'empire.
Pour
repeupler
son triste paradis
,
Je
sais
qu'il
doit
inventer
d'autres
tres
,
Moins
grands
,
moins purs
,
d'un
vil limon
ptris,
Propres
enfin
ramper
sous
des
matres.
Je
sais de
plus que ces tres
chris
Habiteront une
prison
lointaine
O quelque
tems
ils
feront
quarantaine
:
Au
Ciel
ensuite
ils
pourront
tre
admis :
La
Trinit
traite
mal
ses
amis.
Il
faut
les
voir
,
connatre
leur
nature
,
Leurs
passions
,
leurs
dfauts
et
leurs
gots.
Quel
coup
heureux
d'attirer
parmi
nous
Nos
successeurs
au
tyran
quelle
injure
Oui
,
mes
amis
,
c'est
dans
la
crature
Qu'il
faut
frapper
,
blesser
le
crateui-.
Qu'en
pensez-vous
?
Un long
brai>o
s'lve
,
Des
antres noirs
perce la
profondeur,
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c u
\
y
T
r
n
F.
m
i
e
r.
Rsonne
au
loin
,
dcrot
avec
lenteur
,
Dcrot
encore
,
et
meurt.
Satan achve
:
De ce
projet
le
succs est
douteux
,
Et
les
dangers
sont cerlains et
nombreux.
Il faut
d'abord
,
sans
clarts
et
sans
guide
,
D'un
pied
prudent
ou
d'une
aile timide
,
Sonder
,
franchir
des
abmes
nouveaux.
Des
rgions
immenses
et
dsertes
,
D'autres
encor de
ruines
couvertes
,
Et
traverser
l'empire du
chaos
;
Il
faut
ouvrir les redoutables
portes
Que du
vain(Tueur
la
main
scella
sur
nous
;
Et
l
sans doute
,
inquiet et
jaloux
,
Il a
plac
de
nombreuses
cohortes.
Far
quel miracle
chapper
leurs
yeux
,
Au
qui-va-I
des
vedettes
prudentes,
Aux
promeneurs
,
aux
patrouilles
errantes
Oui
jour
et
nuit se
croisent
dans
les
cieux ?
Ce
projet
donc
exige
un
esprit
sage
,
La
fermet
,
l'adresse
,
le
courage
;
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
18/294
4
I-E
PARADIS
PERDU,
El son
succs
change
notre
avenir.
Qui
d'entre
vous
osera
l'accoirinHr
?
Chacun
se
tait
;
ajirs
un
long
silence
,
Satan
reprend
:
Le
premier
en
puissance
Dans les
dangers
doit
le
premier
courir.
Demeurez
donc
,
et
seul
je
vais
partir
.
D'autres
ra^o
,
bien mrits
sans
doute
,
Du
vaste
enfer
branlrent
la
vote.
On se
spare
,
et
chacun
du
repos
Diversement
abrge
la
dure
L'ennui
partout
est
le
pire
des
maux.
I/un prend
sa
lyre
ou sa
harpe
dore
,
Et
dans
un
hymne en
silence
cout
Sa
noble
voix
chante la
libert.
L'autre
plus
gai ,
sur
des airs
de
cantiques
Psalmodiant
des
couplets
satyriques
,
Livre
aux
sifflets
l'auguste
Trinit.
Sur
un
coteau
sans
lieurs
et
sans
verdure
D'o
jaillissaient
des
tourbillons de
feux
,
IMili-
dmons
,
en cinq
actes
pompeux
,
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
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C II V
>
T
P
K
E M I
E
n
,
l5
Reprsentaient leur tragique aventure.
Oui
,
dans
l'enfer
naquit cet
art
charmant
De
l'homine
instruit
noble
dlassement.
De
promeneurs
on
voit
partout
des
groupes.
D'autres
dansaient
en
rond.
D'autres
par
troupe
Cherchent
au
loin
quelque
monde
meilleur
:
Des
monts
fumans
ils gravissent
les
cmes
,
Brisent
les
rocs
et
comblent les
abmes
,
Et
des
enfers
sondent
la
profondeur.
Ammos
fait
mieux
: dans
ses
calculs tranquilles
Il
cherche
,
il
trouve
un
monde
rgulier
;
Puis
,
s'entourant
d'oprateurs
habiles
,
Dans
le
creuset
il
met
l'enfer
entier.
Loin
d'eux
Satan
poursuivait
son
voyage
Plus
prilleux
que
les sanglans
combats
,
Et
sans
secours
,
seul avec
son
courage
,
Dans
le chaos
il
garait
ses
pas.
D'objets
divers
un
informe
assemblage
A
ses
regards
s'offre
confusment.
Sur
son
chemin
naissent
subitement
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20/294
G
I,
E
PARAiS
PEnoU,
Le
chaud
,
le
froid
,
et le sec
et
l'humide
,
La
flamme
et
l'onde
,
et
le
plein
et
le vide.
Contre
un
ohstacle
il
heurte
tout
moment.
Il tomhe
,
il monte
,
il
recule
,
il
avance.
A son
oreille clate
quelquefois
Un
hruit
soudain
que
suit
un
prorapt
silence;
Mais
parle-t-il
? tout
est sourd
et
sans
voix.
Il
monte
encore
,
et
des
ombres
nouvelles
,
De nouveaux
chocs le
retardent
envain
:
Des
mains
, des
pieds
,
de
la tte
et des
ailes
,
Avec effort
il
se
fraye
un chemin.
Il
traversait les
flammes
dvorantes
Les
tourbillons
et
les
trombes errantes.
L'air tout--coup
se
drobe
sous
lui
,
Et
vainement
son
bras
cherche
un
appui
;
Rapide il
tombe
,
ainsi
qu'un
mtore
Qui fend
les
airs
,
et
tomberait
encore
,
Si
le
hasard
dans ce
lieu
n'eiit
plac
De
gaz
divers
un
amas
condens.
Frappant
du
pied
l'lastique
nuage
,
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
21/294
c
:i
\ :\
T
r
R
F.
.-
I
n ^
Tel
qu'an ballon
l'archange
rebondit
,
S'lve
,
puis
retombe
^
et
s'engloutit
Da.;s
uji
inaiais
sans fond et
sans
rivage.
Autre
hasard
trop funeste
;
un volcan
Sous ce
marais
subitement
s'allume
,
Et
dans
les
airs
lance
au
loin
le
bitume
,
Les rocs
fondus
,
et;
la
boue et
Satan.
L'ruption
,
terrible
mais
utile
,
Lui
fait franchir
trois
cent milles et
plus.
Il
trouve
alors
un chemin
plus
facile
,
Traverse
en paix
des
dserts
inconnus
,
Et
voit
enfin la
centuple
barrire
Qui
doit
des
cieux
protger
la
frontire.
Il
ne
sait
pas qu'aux sept
pchs
mortels
De
Jhova
les
ordres
solennels
Ont
confi cet
important
passage.
Pour
le
forcer
,
dj
brlant
de
rage
U s'avanait
:
la Colre
et
l'Orgueil
,
Toujours
arms
et
debout
sur
le
seuil
,
Jetant
un
cri
,
sur
lui fondent ensemble.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
22/294
l8
LE
PAKADIS
PERDU,
Mais aussitt
reconnaissant
ses traits
,
A
ses
genoux
ils
tombent
satisfaits.
La
troupe
entire
ses
pieds
se
rassemLIe.
Seul autrefois il lui donna
le
jour.
I.orsqu'ennuv
de
la
cleste
cour
,
JvJorne
et
pensif,
sur
sa
fuite
prochaine
Jl
mditait
,
sept fois sa forte main
D'un coup
heureux
frappa son
front
divin
,
vt
de
ce
front
jaillirent
non
sans
peine
Les
sept
enfans
qui
,
dociles
et
doux
,
Dans ce
moment
e:nbrassent
ses
genoux.
Il
les
relve
,
et
dit
la Luxure
,
Qu'environnaient
de
lubriques
beauts :
D'o
te
vient
donc
cette progniture
?
Il n'est
point
d'ange
en
ces
lieux
carts.
Non
,
et
pourtant
je
dsire et
je
Lrle
;
Un
feu
vainqueur
dans
mes veines
circule.
Avec
ce
doigt
je
presse doucement
-Quoldonc?-mon
front;
etcliaqueatouchcmont,
Ch'que
plaisir
cs^
suivi
d'une
ilile.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
23/294
G
H \ V
T
P
K
E
3r
I
K
r.
T
^
Augmente encor
ta nombreuse
faitulie.
Moi
,
je
poursuis
mon
pnible
dessein.
Allons
,
enfans
,
secondez votre
pre
;
Ouvrons
,
brisons
ces
cent
portes d'airain
;
Et seul
je
vais
recommencer
la guerre
.
Il dit
;
bientt
sur
leurs
normes
gonds
Avec
fracas les cent portes
fatales
Roulent
;
ce
bruit dans
les
gouffres
profonds
Pntre
,
passe
aux
rives
infernales
;
Et
des
dmons
le
hurlement
joyeux
Soudain
s'lve
,
et
menace
les
deux.
V l
y
DU
PREMIER
CHAKT,
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
24/294
tE PARADIS
PERDtr.
.
-'X-'.
%J-V/-
,'.-
V--/^
%
-V/lii
C
H
A
JN^
T II.
*J
'AI
trop
souffert
clans
les Lrlans
abmes
;
Assez
long-tems
j'y
plongeai mes
lecteurs
,
Gens
dlicats
,
d'un
air
pur
amateurs
,
Et
de
mes vers
irnoceiites
victimes.
Aprs Milton
,
dans
ces
gouffres
maudits
C'est
regret que ma muse
est
tombe.
Faisons
,
messieurs
,
une
heureuse
enjamb
Et
de
l'enfer
sautons
en
paradis.
Un
Chrubin
,
c'est--dire
,
deux ailes
,
De
blonds
cheveux
,
un visage joufflu
,
Fend
comme
un
trait
les plaines
terneiles
,
Arrive
et
dit
:
Seigneur
,
mes
yeux
ont
vu
Sur
la
frontire
un
des
anges
rebelles
,
Qui
,
de
ses
fers par
la
ruse
chapp
,
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
25/294
c
i \
X
T n
r
T'
X
i:
M
E.
i
Marche
sans
bruit
,
dans
l'ombre
envelopp
*.
En
souriant
la
Trinit
l'coute
,
Et
lui
rpond avec
grce
et
bout
:
Je
sais
cela
de
toute ternit.
A'ousle saviez, Dieu
prvoyant?
Sans
doute,
>
S'il
est
ainsi
,
messeigneurs
,
de
l'enfer
A
quoi
servaient
les
cent
portes
de
fer ?
Fit-on jamais
une prison
sans
porte
?
Mais
on
la
ferme.
Aussi
la
fermait-on
,
La
gardait-on
;
bien
ou mal
, il
n'importe.
Desirez-vous
votre gros foudre ?
-
Non.
Malheur
l'homme
A
la
tentation
S'il
cde
,
il
meurt.
O sagesse
clmence
'
Pormcttez-nous du
moins
de
renverser
L'arbre fatal.
Osez-vous
y
penser
?
-
C'est
prvenir
un
grand
malheur.
Silence
Tous
le
savez
,
je
suis
le Dieu
jaloux;
Je
n'aime
pas
les
ttes qui
raisonnent.
Qu'autour
de
moi
les
louanges
rsonnent.
Point d'examen
,
ou
craignez mon
courroux
:
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
26/294
3 a
I. T. PARADIS P
F.
R
D
U
,
A
peine
il
dit
,
et
les
neuf
churs
des
anges
Saisis de
peur
,
lui braillent
des
louanges.
Le
te deiiTJi
,
l'ternel hosanna
,
L'// excelsis
,
le triste
allluia
,
Des
Triumdieux
charment
l'oreille dure,
Et
de
plaisir
ils
battent
la
mesure.
Durant ces
chants
,
du
nouvel
univers
Satan
sans peine
a
franchi
la
limite
,
Et
ses
regards dans
les
mondes
divers
Cherchent
lon^tems
le
point
que l'homme
habite.
Il voit
enfin
l'archange
radieux
Qui
dirigeait
l'astre
de
la
lumire
;
Car
le
soleil
qui
semble
roi des cieux
,
Roulait
alors
autour
de
notre terre
:
L'homme
depuis
,
changeant
l'ordre
divin,
Au
firmament
l'a
clou
de
sa main
,
Et
c'est
la terre
prsent
qui
voyage.
L'adroit
Satan
compose
son
visage
;
Il
adoucit
son moiatlen
fier
et
dur
,
Dcrot
xi'un
pied
,
el
prend
d'un
ange
obscur
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
27/294
C 11
A
X T D
E
U
X I
t
At
K.
Les
traits
,
1
habit
,
la
voix
humble
et
timide.
Noble
Azael
,
dit-il
en
s'inclinant
Vous
,
du
trs-haut
le
digne
confident
,
Apprenez-moi dans quel
astre rside
De
notre Dieu le
favori
nouveau.
Du genre humain
o
donc est le berceau
?
Volant
toujours
,
et
sans
tourner
la
vue
,
Sans saluer
cet
obscur immortel
,
Ngligemment
le seigneur
Azael
Montre
du doigt
un
point
dans
l'tendue
,
Et
dit
:
?.Ion
cher
,
c'est
l
.
Faux
et
henii
L'autre
s'incline
,
et
poursuit
son
chemin
,
En
rptant
:
De ce
faquin
peut-tre
Aurais-je
du
rabaisser la
hauteur.
Quel air
capable
et quel ton
protecteur
Prend
ce
valet
dans
l'absence du
matre
-^
Par
un vent
frais
rapidement
port
,
Sur
notre globe
enfin
Satan
arrive.
L
rien n'chappe
sa
vue attentive.
En
contemplant
ce
chef-d'uvre
vant
,
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
28/294
a4
I-E
PARxVDIS
PERDU,
Il
souriait avec
malignit.
Pourquoi
,
dit-il
,
refuser
la
lumire
Au
double
ple
,
cette
zone
entire
,
Et les
livrer
d'ternels frimats
?
I/ours
pourra
seul habiter
ces climats.
Scus
l'quateur
,
l'ardente
canicule
,
Un
ocan de
saJjle
,
et
des
dserts
,
Fout
regretter
ia
rigueur
des
hyvers.
Grand
Jhova
,
ce
globe
est ridicule
Quoi
? dans les
champs
destins aux
moissons
Biiignement
tu
smes
des
poisons
?
Quoi
?
tu te
plais
crer
les
vipres
,
Les
scorpions
,
les
serpens
,
les
panthres
,
Tigres
,
vautours
,
et
requins
dvorans ?
Quelle
douceur
que tes bienfaits
sont grands
J'aime
te voir entasser les nuages
,
Du sud
au nord
promener
les
orages
,
Et renverser
les
innocens
sapins
,
Fjute
de mieux
:
bientt
sur
les
humains
Tu
bnceras
ta
foudre
paternelle.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
29/294
C U
A
X
T
D
E
U i
I
i
.-
E
:
Je
ne
bais pas
ces
fleuves
dbords
,
De
ces
volcans
rinventiou
nouvelle
,
Ces
cbamps
fconds
de
laves
inonds.
J'annrouve aussi
la
grle meurtrire,
Les ouragans
,
les
tremblemens
de
terre
Prsens
fcheux
que
ta
sage
rigueur
Destine au juste aussi
bien qu'au
pcheur.
II
voit
Eden
: trois
remparts
de
verdure
Environnaient
ce
jarclin
enchant.
Il
les
franchit
avec
lgret.
De
ces
beaux
lieux
voulez-vous
la
peinture
?
On
y
trouvait
tout
ce
qu'on
trouve ailleurs
Des
fleurs
,
des
fruits
,
et
des
fruits et
des fleurs
De verts
gazons
,
des
grottes
,
des
bocages
,
De
mille
oiseaux les diffrens
ramages
,
Tous
les
parfums
,
un
printems
ternel
,
Un air plus
pur
,
une
plus
frache
aurore
,
De
clairs
ruisseaux
,
puis
des ruisseaux
encore
D'argent
potable
,
et
de
crme
et
de
miel.
De
ce
jardin
Eve
tait la
merveille.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
30/294
2f>
LE
P A
Tu
A
n I
S
r
E
n
D
T'
,
Auprs
d'Adam
,
l'ombre
d\in
bosquet
Ngligemment
elle
forme
un
bouquet
Le jette
ensuite,
et sa
bouche
vermeille
Laisse
chapper
un
long
soupir
d'ennui
;
Qu'avec
lenteur le teras coule
aujourd'hui
Occupons-nous.
-
Volontiers
;
mais
que
faire
?
Cueillons
des fleurs.
-Toujours des fleursI-Eiihien
Chantons
un
hvnine.
Ch
je
i ;c chante
rien.
Dormons.-Encor'-Dnous, pour nous
distraixe.
Je n'ai
pas
faim. Un
seul fruit
me plairait :
Du
Lien, du
mal il
donne la
science.
On nous
dfend
d'y
toucher.
-
La
dfense
Est
trs-formelle
;
el
Dieu nous
punirait
Si... Je
le
sais.
-Je crains
ton
imprudence.
-Mais
sous
nos
yeux,
dis-rnoi,
pourquoi
planter
L'arbre
fatal.'* est-ce
pour
nous
tenter ?
On
le
croirait.
-Je
hais
mon
ignoraice.
-
En
la
perdant,
tu
perdras
ton
bonheur.
-3Ionbonhem. -0ui.-.^'aime
autant le
malheur
.
Le
bon AduUi
riipproivc
dans
sou amc
j
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
31/294
r
H .V
r:
T
r.r.VKir.M^..
Et
hautement
il la gronde
et
la
blme.
Satan
prs
d'eux
s'tait
gliss
sans bruit
Ht
dit tout
bas
:
On
leur dfend
ce
fruit
Eon
,
je
les
tiens
;
ma
victoire
est
certaine
;
De
l'ignorance on
triomphe
sans
peine.
Quoi ?
leur hymen
et
leur
jeune
beaut
,
L'occasion
sans
cesse
renaissante
,
Ces
lits
de
fleurs,
cette
ombre bienfaisante
,
Les
bains communs,
l'entire
nudit,
N'veillent
point
leurs
sens? Quelle injustice
Du
Dieux
jaloux
quel
trange
caprice
Mais
sans amour peut-on multiplier
?
Sottise
,
erreur
j'y
veux
remdier
d.
A
quelques
pas
alors
il se
retire
Prend des lus
le gracieux
ourire
,
Et
s'entourant
d'un
cercle
radieux
,
Des deux
poux
il
blouit
les
yeux.
Adam
s'incliric
,
et dit
:
Esprit
cleste
,
Soyez
bni
;
parlez
,
qu'ordonnez-vous
?
Eve
se
tait
; mais
sa
rougeur
modeste
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
32/294
aS
LE
PARADIS
PERD
r.
Est
pour
l'archange
un
compliment plus
doux.
Il
leur
repond
:
De
Dieu
dernier
ouvrage
,
Heureux
Adam
, et vous ,
dont
les
attraits
?Janquent au
ciel
,
un
sinistre
message
M'a
prvenu
de
vos
dangers
secrets,
loin
de ces
lieux
,
loin
et
trop
prs
encore
,
On
a
cru voir
l'un
des
anges dchus.
A
D A
;\r.
Serait-il
vrai
?
Tous mes
sens sont mus.
Que chcrche-t-ii
dans
les
cieux
?
s
A
T
A
^-.
Je l'ignore
;
Mais s'il
vous
voit
,
je
tremblerai
pour
vous.
EVE.
S A T
A
:v.
Non
,
l'adresse.
EVE.
Sil
est
ainsi
,
je
crains
peu
son
courroi\x
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
33/294
r
H
A
X
T
n
E u
X
I
I.
M
E.
2y
A
n A :.r.
Eve
,
(lu
moins craignons
iictre
faiblesse.
r.
V
E.
Mais
pourquoi
donc
lant
d'immortels
esprits
Par le
seigneur
ont-iis t
proscrits
?
s A T A
>'.
A
tout
moment
il
rpte
ses
anges
:
Obissez
,
et
diantez
mes
louanges
.
Le
fier
Satan
que
fatiguaient ces mots
,
Et
qu'enrouaient
les ternels cantiques
,
Osa
former
des
projets schisraa
tiques
,
El
chaque
jour
des
prtextes
nouveaux
Le
dispensaient
du
plain-chant
moiio^cns.
Dieu le cita
deux
fois
devant son
tine.
L'ange
irrit
s'cria
:
Sous
sa loi
De
ma
raison dois-je
abjurer
l'usage
?
Non
,
le
nant
plutt
que
l'esclavage
'
Toujours
chanter,
toujours
louer
lila
foi.
Je
n'y
tiens
pas
:
compagnois
,
je
dserte
,
Et
vais
chercher
quelque
toile
dserte
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
34/294
OO
J V P
V
R
^
T>
I
s
P
F, R D
T^
,
Loin
tks tvraiis et
de
leurs
plats
lus.
J'y
serai
libre
,
et
ne
chanterai
plus.
Il
partit donc
;
des
lgions
entires
L'applaudissaient
et
suivirent
ses
pas.
Il runit
leurs
noniLreusts
bannires
Et
sans
frayeur attendit les combats.
Ils
furent
longs
,
incertains
et
terribles.
Le
pari'dis deux
fois
sur ses remparts
Des
rvolts
a
vu
les
tendards.
Comme
leur
chef
ils
semblaient.
invincible*.
La
foudre
enfin
les
a
du
haut
des
airs
Prcijiits
jusqu'au
fond
des enfers.
E
V
,
Jai
cru Satan
plus coupable.
A D
A M.
Ma
chre
A
eus
aimez
peii
le
t
liant
et
la
prire.
Je
crains
pour vous, pour
moi.
Jeune
immortel,
Pestez
encor
: votre
seule
prsence
Repoussera
l'ennemi qui
s'ayauce.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
35/294
C
H V
N T D r
II
X
I
E
M
E-
S
A
T
A
?r
Mes
fonctions
me
rappellejit
au
ciel.
ADAM.
Gotez
du
moins
ces
fruits
que sans
culture
Offre
nos
mains
la
prodigue
natme.
s
A
T A
>-.
Non
,
pour
un
ange
ils
seraient
sans
saveur.
Il
n'en est
qu'un dont
j'aime
la
douceur.
EVE.
Et c'est
celui
qu'on nous
dfend
,
je
gage.
s
A T
A
^ .
Oui
,
sa vertu
conserve
la
beaut
,
Du
crateur elle
aclive
l'ouvrage
,
Donne
l'esprit
plus
de
sagacit
,
De
l'ignorance
claircit'le
nuage,
Lt dans nos
sens
fixe
la
volupt.
EVE.
Hlas
ADAM.
Cachez
vos
regrets
et vos
larmes.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
36/294
33
l;
pahadis
PERor,
EVE.
Veut-on
aussi
nous
dfendre
les
jileuis
?
SATAN.
On
aurait du
tout
permettre
vos
ciiarnies
;
Mais
d'un
Lon
matre adorez
les
rigueurs.
EVE.
A'ous nous quittez
,
le
plus
beau
des
anges
A
D
A
31.
Portez
Dieu nos
vux...
et
nos
louanges
.
Pour
chapper
aux
piges
du
dmon
,
Le
sage
Adam
se
met
en
oraison.
Moins
effrave,
Eve
tait
moins
pieuse.
Elle
s'loigne
indolente
et rveuse,
Marche
sans
but
,
et
ne
remarque
pas
:
L'clat
des
fleurs
qui
s'ouvrent
sous
ses
pas
;
Un
papillon
trouble
sa
rverie.
Lger,
brillant,
il
amuse
ses
yeux.
Elle
suit donc
dans
la
vaste
prairie
L'insecte ail
qui ,
variant
ses
jeux
,
Fuyait
toujours
et
revenait
sans cesse
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
37/294
r. HA>-T
n
EUX
I
E:\rE.
C'est vainement qu'elle
croit
le saisir ;
De
fleur en fleur
passant
avec
vitesse
,
DEve il trompait
l'impatient
dsir.
Elle
abandonne une poursuite
vaine
Et
sur
ses
pas revient
avec
lenteur.
Un
jeune
cerf
clatant
de
blancheur
Sort
tout--coup
de la
fort prochaine.
Son
bois
est
d'or
,
et d'or son
pied
lger,
l
ralentit sa course
;
Eve
l'appelle
;
Soumis il
viejit
,
se courbe
devant elle
Et
l'imprudente
,
ignorant
le danger
A
ce
coursier
sans crainte
se
confie.
Sur
le
front
d'or
sa
blanche
main
s'appuie.
Du
cerf heureux
elle
excite
les
pas :
Dans
les
dtours
de
la
fort
obscure
Il court
,
il
vole
,
et
sa facile
allure
Ne
froisse
point
les
charmes
dlicats
Les charmes
nus
qui
doucement
le pressent,
Et
que
par
fois
ses
mouvemens
caressent.
Eve l'arrte
enfin
;
elle
descend,
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
38/294
3.
I.
F.
r
A
Pv
A
D
I
s PERDU,
legarde
,
et
voit
l'arbre heureux
et funeste.
Elle
rougit
,
rpte
en
gmissant
,
Eloignons-nous
;
et
pourtant
elle
reste.
Un beau
serpent
sur un rameau plac
,
Dressant sa
tte
et son
corps nuanc
Lui
dit :
Salut
,
aimable
souveraine.
-Quoi
vous parlez?
merveille
soudaine
.'
C'est
ce
doux
fruit
qui m'a
donn
la
voix.
Fuyons
,
fuyons
;
je
le
veux
,
je
le
dois
.
Elle fuit donc
,
en
retournant
la
lte
,
Puis
ralentit
sa
marche
,
puis
s'arrte
,
Revient
,
soupire,
et s'assied
sur
les
fleurs.
Un
bel
oiseau
dont le brillant
plumage
De
l'arc-en-ciel
runit
les couleurs
,
En
se
perchant
sur
le
plus
haut
feuillage
,
Chante ces mots :
Reine
de ce
sjour,
Ecoutez-moi
;
je
suis l'oiseau d'amour.
A'^ous
tes
belle
,
et
vous
versez
des larmes
?
Belle
, et
vos
jours
s'usent
dans
la
langueur ?
Gotez
ce fruit
,
et connaissez
vos charmes
;
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
39/294
CHANT DEUXIME.
35
Gotez
Tamour,
la
vie
et
le
bonheur.
Ou
nous dfend d'y
toucher.
Vain
scrupule
Que
l'ignorance
est timide
et
crdule
Dieu
saitpunir.
Ce
dieu
m'a-t-il puni
?
Non,
et
pourtant
je
crains.
J'ai
craint
aussi.
Ce
fruit pourrait
,
en
purant
Totre
tre
,
Nous
rapprocher
de
la
divinit,
liriser
vos
fers
;
et
,
malgr
sa
bont
,
A
oil
toujours
ce
que
prvient
un
matre
-.
Il
dit
,
descend
,
et
son bec
azur
A
Timprudente
offre
le
fruit
dor
Dont
le
parfum cause
une
douce
ivresse.
Elle
prvoit
et combat sa
faiblesse
,
Deux
fois avance
et
retire
sa
main
,
L'avance encor
,
tremJjle
,
et
reoit enfin...
Dieu protecteur
,
secourez sa
jeunesse.
Vaine
prire
Eve
,
n'achve
pas
,
Arrte
,
coute... Il
n'est
plus
tems
,
hlas
Toi
,
qui du monde
es
la
douce
merveille
,
Toi
,
qui
nous
perds
et
nous
perdras
toujours.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
40/294
3^
tEPARADIS
PERDU,
Mlange
heureux
de grces
et d'amours
,
Je
vois
l'eu fer sur ta bouche
vermeille
;
Et
tu
souris
,
comme
on
sourit
aux
cieux
Et
du
bonheur
l'aurore
est dans
les yeux
Que
maudits
soient l'arbre
de la
science
,
D'un
matre
dur
la bizarre
dfense
,
Le
fruit fatal qui peupla
l'univers
,
Et
la
Gense
,
et
Milton
,
et
mes
vers
1
N
r> u D E
u
X
I li 31 r.
c
H A
s
r.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
41/294
CHAfT
TROISIME.
CHANT
III.
l_^
>-
sort
malin
la
beaut
nouvelle
Donne
souvent
un
dmon
qui Tinsti^uit
Et
qui
bientt
lui
prsente ce
fruit
Pour lui si doux,
si dangereux pour
elle.
Toi ,
dont
le
nom
est
encor
dans mon
cur
Premier
objet
dont
j'ai
tent les charmes,
Pardonne-moi
mo
crime et mon
bonheur.
Combien
,
hlas
ils
m'ont
cot
de
larmes.
Ce
n'taient
point les
pleurs du repentu
:
De mes
pchs
j'aimais le
souvenir.
Mais
nos
adieux et
ma
vaine
constance
De
ces pchs
furent la
pnitence.
Jeunes
lecteurs
,
peut-tre
de
Satan
Vous
enviez
et
recherchez
la
gloire.
4
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
42/294
3S
T. r.
P
A
R
A
D
T s
PERDU,
Ah
1
malheureux
redoutez
sa
victoire
lit
prfrez
la
sagesse
d'Adam.
Cet honnte homme
achve
sa
prire
;
Eve
parat
,
et
sa marclie
lgre
Son
front
riant,
tonnent
son
poux.
Femme
,
dit-il
d'un ton
tranquille
et
doux
,
Dans
tes
yeux
bleus
quel
feu
naissant ptille
Au
firmament ainsi l'toile
brille.
Qui t'a
donn
cet
heureux
enjoment ?
Plus
agit
,
ton jeune
sein
rappelle
Des
flots
du
lac
le
lger
mouvement.
Que
le
souris
sur
ta
bouche
est
charmant
I
Telle
s'entrouvre une
rose nouvelle.
s
Femme
,
jamais
tu
ne
fus
aussi
belle
.
Eve
rpond
par
un vague
discours
N'ose avouer
ses
dsirs
,
sa
science
,
Met
dans
ses yeux
sa douce
impatience.
Far
des
soupirs
appelle
les
amours
,
S'offre au
baiser,
et
sa
main
caressante
Presse
d'Adam
la
main
indiffrente.
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43/294
C
H
A
^-
X
T
n
O
I
S I
i:
31
3^
La
nuit enfin les invite
au
repos.
Nus
,
et
couchs
sur
la
mme
fougre.
Ils
se
touchaient
:
pauvre Adam
les
pavots
Ferment
dj
sa
tranquille
paupire.
Eve
plus
tard
s'endort
;
du
bois
pais.
L'oiseau d'amour descend alors
prs
d'elle:
Il
la
contemple,
et
du bout
de
son
aile
Il rafrachit
et touche ses
attraits.
Elle
sourit
;
un
songe heiTreux
Tagite
,
Et
dans
ses
sens
veille
le dsir;
Ses
bras
tromps
s'ouvrent
,
son sein
palpite^
Elle
soupire
,
et
rve
le plaisir.
D'un
pas
gal
,
et
lent
et taciturne
,
Arrive enfin
le trne
Ituriel
Qui
,
dtach
du camp
de Raphal
Fait
du
jardin
la
visite nocturne.
Cet
officier
des saintes lgions
Commande
alors
vingt
dominations.
,^.^
Dans
le
bocage
o
dormait
la
jeune Eve
Sans
bruit
ii
entre
,
et
du bout de son glaiye.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
44/294
4
I-E
PARADIS
PERDtr,
Pour le chasser,
il
touche
cet
oiseau
Trop
caressant.
Sur la
poudre
en
monceau
Si vous
jetez une
mche
allume
Elle
s'enflamme
;
une
paisse
fume
Obscurcit l'air,
et
mojite
jusqu'aux cieux;
Lorsqu'au
thtre
une
trappe
nos
yeux
S'ouvre et
vomt quelque
ombre
menaante,
Le
faible enfant
,
que
saisit
l'pouvante
Tremble
et
plit
, sur sa mre pench
:
Satan
ainsi
,
lgrement
touch
,
Reprend
soudain
sa
forme
colossale
,
Son
front affreux
,
son
glaive
,
et
dit :
C'est
moi;
Que
voulez-vous
? La surprise
et l'effroi
Font
reculer la
patrouille
rivale.
Ituriel
veut cacher
sa
frayeur,
Et
d'une
voix qu'il
croyait
ferme
et
forte
:
et
Je
ne
veux rien
;
mais pourquoi
de
la
sorte
Vous
travestir?
Pouvez-vous
du
Seigneur
Braver
encor
la
colre
et
la
foudre
?
Tremblez
,
son
bras
va
vous
rduire
en
poudre.
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45/294
r H
A
f T
T
l
O I s
I
M
K
i(2
On
ui
repond
d'un ton
plus
assur :
Lche
,
trembler
n'appartient
qu'
l'esclare^
Quant
ton
matre
,
il
est
vrai
,
je le
brave
-
\'a
le
lui
dire
;
ici
je l'attendrai
.
Ainsi
parlant
,
Satan menace
et
presse
Les
bienheureux
qui
reculent
sans cesse
Tcujcurs
railleur, indvot
et
hautain
,
Il
les repousse
aux
pertes
du
jardin.
Fort propos quelques anges
arrivent
5
Deux
bataillons
s'branlent
et
les saiTent
j
Et
PLaphacl
,
leur
tctc
plac
Dit Satan :
Quel
projet insens
,
Fier
ennemi
, dans les
cieux
te
ramne i*
Mons
Raphal
,
pour
tes
lches
soldais
Garde
cet
air
et
cette
voix
hautaine.
Tu
me
connais
;
ainsi
parle
plus
bas.
s
De
mes
desseins
je
ne
rends
jamais compte,
Mais
sans
cong pourquoi
briser
tes
icrs
?
Pourquoi
sortir
dn
gouffre
des
enfers
O
tu
cachais
ta
dfaite
et
ta
hoi.tc ?
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
46/294
4l
LE
P\R*DIS
PfiRDU,
Point
de
rponse
sottes
question*.
Et
toi
,
bavard
,
avec
ces
lgions
Pourquoi
quitter
le
ciel
qui te
rclame ?
Pour
obir
aux
ordres
de mon
roi.
Des
purs
esprits
noble
et
brillant
emploi f
Garder
un
homme
,
et
veiller
sur
sa
femme
Ange
intraitable
et rebelle obstin
,
A
quels dangers ton
audace
te livre
Fuis
, ou
bientt
par mes
troupes
cern
.
.
.
Seul
l'cart
oseras-tu
me
suivre ?
Un gnral
ne
peut
combattre ainsi.
Eh bien
,
mon
cher
,
nous
nous battrons
ici
Terrible
alors
,
altr
de
vengeance
,
Il
veut
d'un
coup pourfendre
Raphal.
A
Finstant
mme
il
voit
Ituriel
Qui
bravement
par
derrire
s'avance.
Sans
retourner
la
tte,
d'un
revers
Il tranche en
deux
ce
trne
pais
et large
Dont
le cri
sourd
branle
au
loin
les
airs.
Puis
sur
l'archange
il
retombe
,
et
dcharge
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47/294
C
tt
\
N T
TROISIME.
4^
.
Un
coup affreux
,
qui
du
crne
au
menton
Ouvre
sa
tte
,
et brise
sa
raison
j
Car
la
raison
,
flie
de la
pense
,
Dans
la cervelle
est toujours
enchsse.
La
troupe
entire
aussitt
fond
sur
lui.
Mais
il
vite
un
combat
inutile.
D'un
air vainqueur, d'un
pas lent
et
tranquille
Sage
il
recule
,
et
se
dit
:
Aujourd'hui
J'ambitionne une
plus
douce
gloire
:
Je
veux
sur
l'homme
achever
ma
victoire
.
Il
tient
en l'air
son glaive
redout
,
Et
firement
aux
anges il
fait
face.
Quelquefois
mme
il
s'arrte
,
il
menace
,
Et
l'ennemi recule
pouvant.
Du
ciel
enfin
,
repassant
la
limite
Dans
ses
tats
il
rentre satisfait.
Quel changement O
merveille
subite
Des
sept
pchs
trop funeste bienfait
Plus
de
dserts
dont
l'pret
repousse
;
Slais un
chemin
spacieux
,
qui
descend
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
48/294
44
I-E
PARADIS
PERDU,
Entre les fleurs
,
et
sa pente
est
si
douce
Que
dans
l'enfer on
arrive
en
dansant.
Satan
y
vole,
et
pour lui
quel
spectacle
De
cet enfer un facile
miracle
Changea
la
face
;
il
admire
,
et
sourit.
Un
autre
azur en
vote
s'arrondit.
Au
centre
il
voit
l'immense
rverbre
Qui
jette
au
loin
des torrens
de
lumire.
Dans ce
sjour
,
les
chimistes
fconds
De la
nature ont vers tous les
dons.
Par
elle instruits
,
sur
la
rase
campagne
Ils ont
assis
cette haute
montagne.
Ses
quatre
flancs offrent quatre
saisons
Sur
le
sommet
que
l'aquilon
assige
,
Et
qui souvent
est
blanchi par la
neige
,
L'il
aime
voir
ce
volcan
ternel
Qui fume
et
tonne
,
et
lance vers
le ciel
De
longs
clairs,
de
volantes
fuses
,
D'autres
soleils
,
des
gerbes
embrases
f
Et
le
fracas
des
bruyans serpenteaux.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
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CHANT
TROISIME.
4^
Pour
varier
la
scne,
des troupeaux
Au
bas
du
mont
s'garent
et
bondissent.
Plus
bas encor
quatre
fleuves
jaillissent
Qui
sur les
fleurs
promnent
lentement
Une eau
limpide
et son
heureux
murmure
y
D'un lait
sucr
la
mousse
frache
et
pure
,
Un vin exquis,
et
le
moka
fumant.
A
l'apptit
s'offrent
incessamment
L'ortolan
gras
,
les
truffes
,
les
suprmes
,
De
Prigueux
les
succulens
pars
,
Et
ceux
encor
dans
Strasbourg
imits
,
Les
turbotins
,
les
fondus et les
crmes
,
Sorbets
et
punch
glaces
et marasquin
,
Tout
ce
qui
plat,
tout
ce
qui
damne
enfin
L
triomphaient
la
Luxure
et
ses
filles-
Sur
le
gazon
ces
danseuses gentilles
Forment
des
pas
:
leurs
souples
mouvemcns
>
Leur
nudit
,
leurs formes
arrondies
,
Ces sauts
lgers,
ces
culbutes
hardies
,
Des
spectateurs
font
toujours
des
amans.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
50/294
4(>
LE
PARADIS
PERDU,
D'autres
plus
loin attendent
sous
l'ombrage :
Leur
bouche
humide
avertit
le
dsir
Leur
voix
caresse
,
et
leur libre
langage
Offre
au
passant
l'ivresse du plaisir.
.
D'autjres
nageaient
;
mais
lgres
et
nues
,
Sur
le
cristal
avec grce
tendues
Facilement elles fendent
les
eaux.
Voyez
flotter
ces
deux globes
rivaux
Il
n'est
plus
tems
;
tout--coup
renverses
,
D'un
sein qui
s'enfle
elles
montrent
les
lis
,
Et
doucement
par
l'onde
balances
,
Livrent
l'il
des appas
plus chi'is.
Mais
il en est
qu'amour rendra sensibles.
Leur
front alors
connatra
la pudeur
:
Elles
iront
au
fond
des
bois
paisibles
Cacher
leur
trouble
et leur
premier bonheur.
Satan
parat
;
la ti^om.pette
clatante
,
L'aigre
clairon
et
le
bruyant tambour
,
Au
vaste
enfer
annoncent son retour.
Plus de
baisers
;
sous
l'enseigne flottante
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
51/294
C
II
A
>'
T T
R
O
I
S I
31
E.
Chefs
et
soldats
sont
aussitt
ranges.
II
conte
alors
son
pnible
voyage
,
Le
bel Eden
,
ses
succs
,
son
courage
;
Puis il ajoute
:
amis
,
dj
vengs
,
Nous
le
serons
encor
mieux
,
je
l'espre.
Mais
votre bras
me
devient
ncessaire
:
Il
faut
du
ciel
occuper
les
guerriers.
Suivez-moi
donc;
partageons
les
lauriers
,
Les
inviter
reprendre
les
armes
,
C'est au gourmand
offrir
un
bon
repas
,
Au
vieux
pcheur
de novices
appas
,
Et des
catins
de
robustes
Carmes.
Voyez
leur
joie
et leur avidit.
Ils sont partis
;
comme
eux
part
la
Luxure
,
Se
promettant
quelque
heureuse
aventure
:
Dans
les enfers
on
la nomme
Astart.
Partant
aussi , ses
filles libertines
,
Au
lieu
de
glaive
,
ont
des
rameaux
fleuris
,
Et
sous les fleurs
se
cachent
des
pines.
Par
fois
,
dit
oq
,
une
pine
a
son prix
.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
52/294
48
LE
PARADIS PERDU,
C'tait
l'instant
qui
prcde
l'aurore.
Le
camp
nombreux
qu'a
laiss
Raphal
Obissait
l'archange Itoel.
Sur
les
guerriers
l'ombre planait
encore
>
Et
prolongeait
leur
tranquille
sommeil.
Quel
bruit
soudain
et
quel
fcheux
rveil
Dans la
nuit
brille
,
ainsi qu'une
comte
,
Du
fier
Satan
la
lumineuse
aigrette.
De
tous
cts
la
peur, des
cri^
confus
;
De
tous
cts
des
anges perdus
,
Des
gnraux
la
voix
retentissante
,
Des
officiers
la
bravoure
impuissante
,
Les
coups
pleuvans
,
les trnes
pourfendus
Les
sraphins
sur l'arne
tendus
,
L'horreur enfin
,
l'pouvante,
la
fuite
,
Et
du vainqueur
la
sanglante
poursuite.
Brave
Moloch
,
dit
Satan
,
c'est assez
;
De
nos
guerriers
modre
la vaillance
;
Prends
poste
ici.
Les
ennemis chasss
Laissent
Eden sans garde
et
sans
dfense
j
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
53/294
e
H
A
>'
T TROISIME.
^9
J'y
vole seul
:
et
toi
, ferme
en
ce
lieu
,
N'attaque
point
;
je
reviendrai
dans
peu
.
Il
part ,
d'Adam
mditant
la
dfaite.
Le
dur
Moloch
,
affam
de
combats
,
Pourtant
s'arrte
,
ordonne
la
retraite,
Et
dans
le camp
renferme ses
soldats.
Au haut des
cieux
on
voit
alors
paratre
Des
bataillons
qu'au
secours
d'Itoel
Conduit
trop tard le
brave Gabriel.
Qui
d'entre-vous
ira les
reconnatre
?
A dit
Moloch.
Moi,
rpond
Astart
-.
Et
sur le champ
,
de
ses nlles
suivie
,
Armant
sa
main
d'une
branche fleurie
,
Elle
s'avance
avec
lgret.
En
souriant
,
la
brigade
ennemie
,
De ces
dmons
contemple
la beaut
,
Les doux regards
et
l'air
de
volupt.
Viens
,
Gabriel , Astart
te
dfie.
Lceta
,
Smiline
,
Osculette
et
Kissrale
,
Toutes enfin
,
avec
de louiis
rameaux
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
54/294
5o
LE
PARADIS
PERDU,
Frappent
gament
soldats et
gnraux.
Anges
,
fuyez
Mais
leur
dsir
dvore
La
nudit de
ces
contours
cliarmans
,
Kouveaux
pour
eux
,
et
qu'
leurs
yeux
encor:
Dveloppaient
de libres
mouvemens.
Frapps
d'abord,
attaqus
par
ces
belles
)
Kos
imprudens
attaquent
leur
tour.
Sans
les
frapper
,
ils avancent sur
elles.
Dans
leurs
regards
brille
un
coupable
amour
;
Des feux
impurs
dans
leurs
veines circulent.
Pour
achever
ce glorieux
succs,
Adroitement les
friponnes reculent
Et
bien
ou
mal
dfendent
leurs attraits.
On
les poursuit, on
les
serre
de prs.
Frappant
toujours
,
et
toujours
caresses
A
droite
,
gauche, elles
vont
disperses
,
Puis dans
la Lune,
et
Mercure
et Vnus
>
En
rengats
changent
tous
les
lus.
Gabriel
seul
combat avec
sagesse.
Sa
main
repousse
Astart
qui le
presse.
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
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r.
HATT
TROISIME.
5l
Il se
permet
quelques propos
galans
;
Biais
devant
elle
il
recule
pas
lents.
Les
deux
rivaux traversent
un
nuage
Que
dans
ce
lieu
pousse
un
heureux
hasard.
Un
seul
instant
suffit
pour
ce
passage :
Que
font-ils
donc
,
et
pourquoi
ce
retard
?
N'attendez
pas
que
ma
muse
raconte'
Ce
qu'elle
ignore.
Aprs
un
doux
traite,
Le
bel archange
au paradis
remonte
,
Et
yers
les
siens
redescend
Astart.
riJ
DU
TROISIEME
CHAfT.
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5>
LEPARADI
CHANT
IV.
JL
E
voil
donc
,
pure
et brillante
aurore
Va
,
je
maudis la rose
de
tes
doigts
Que
les
rimeurs
fanrent
tant
de
fois
;
Je
hais
les vers
que
tes
pleurs
font
clorc.
Du
bel
Eden
pourquoi
rveilles-tu
Les
possesseurs?
Ils
dormiraient
encore,
Toujours
peut-tre
,
et
n'eussent
rien
perdu.
Femme qui
dort
conserve
sa
vertu.
Mon
cher
Adam
,
vois
ces
deux
tourterelles.
Dans
leurs
baisers
quelle
vivacit
,
Quelle
tendresse et
quelle
volupt
F
C'est le
plaisir
qui fait frmir
leurs
ailes
.
Adam
regarde
,
et
dit
avec
candeur:
Je
crois
plutt , Eve
,
qu'
leur manire
7/21/2019 PARNY Le Porte-feuille Vole 1805
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CHAWr
QUATRIME.
53
Ces
oiseaux-l
bnissent
le
Seigneur.
Vois du
taureau
la fougue
et
la vigueur :
A
la gnisse
il vole...
Autre
prire.
-
Prions
comme eux.
Pour
le
louer,
ma
chre,
Dieu
nous
donna
la
parole
et
le
chant.
Offrons-lui
donc
l'hymne reconnaissant
Qu'il nous
apprit
dans
la
leon
dernire
.
Eve
,
ce
mot,
s'loigne
avec
dpit
Marche au
hasard,,
et
rveuse elle
dit
:
Si
mon
poux
garde
son ignorance
,
Que
faire
,
hlas
de
ma
vaine
science
?
Dans
ses
beaux
yeux roulent des pleurs
naissansj
Un
dsir
vague agite
tous ses
sens.
L'clat du
jour
,
cet
azur
sans
nuage
,
Ce
frais vallon
,
ces
suaves
odeurs
,
Rien
ne lui plat.
Loin des
bosquets
de
fleurs
Elle
aperoit un
lieu
triste et
sauvage
,
Des rochers
nus, des
arbres
sans
feuillage.
Eve
,
craignez
ce
pige
du
dmon.
Elle
s'assied
l'imprudente
,
et
sous
elle
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LK
PARADIS PERDU,
Satan
fait
natre
une
plante nouvelle
Dont
la
vertu
fcondera
Junon.
Prsent
fatal
Cette
fleur trangre
Des
volupts
touche
le
sajictuaire
Et par degrs
veille
une
autre
fleur.
Eve
bientt
devine
le
bonlieur.
L'oiseau
d'amour
parat
;
il
lui
prsente
Le
fruit
mortel
qu'elle
a
trouv
si
doux.
Elle
sourit,
et
sa
main
caressante
Flatte
l'oiseau
plac sur
ses
genoux.
Il
les
couvrait
d'une
aile
frmissante.
Il
ose
plus
;
de
son bec
amoureux
L'azur
effleure
un
sein
voluptueux,
El
de
la
bouche
il
entr'ouvre la rose.
Eve
soupire
,
et
dans son
trouble
heureux
Sur
une
main sa
tte
se
repose.
Ainsi
Lda se
penche mollenient
Lorsque
d'un
cygne elle
fait
un
amant.
Mais
du
plaisir,
avant
cette
aventure
,
Lda
connut
le
trait
doux
et
fa
lai
;
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ar
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Q
u
A
T
R I E
:m
K,
Eve
l'Ignore
,
et
toute
la
nature
Semble
rpondre
son cri
virginal.
L'herbe
soudain
couvre
la
roche
aride
;
L'arbre
agit
fleurit;
une
eau
limpide
En
jets
s'lance
travers
les
rameaux
;
Des
chants
lointains
veillent
les
chos.
Eve
entend
peu ce
concert
d'allgresse
-
La
volupt
pour
elle est
une
ivresse
,
Et
son
repos
est encor
le bonheur.
Faible
et
charmante
,
elle
r'ouvre
avec
peine
Des
yeux
chargs
d'une
humide
langueur
Et
ne
voit
plus
surprise
douleur
Qui peut
causer
cette
fuite
soudaine
?
Oiseau
chri
,
disait-elle
,
reviens
;
Et
tes
plaisirs
galeront
les
miens
.
Du
bon
Adam
alors la
voix
rsonne.
Eve
rougit,
elle
hsite
un moment,
Puis
se
rassure
,
et
court
lgrement
Vers
cet
poux
que
son
absence
tonne.
Elle
tenait
dans
ses
mains
le doux
fruit.
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56
LE
PARADIS
PERDU,
A
cet
aspect
,
Adam
frissonne et
fuit
S'arrte
ensuite
,
et
dit
:
Femme
coupable
f
As-tu
got
ce
poison
?
J
ai fait
mieux.
J'ai
dvor
ce
fruit
dlicieux.
O Dieu
vengeur
Ce
Dieu
si
redoutable
Me
laisse vivre.
Eh
bien
,
Eve
,
crois-moi
N'ajoute
point
la
faute
premire
,
Ne touclie
plus
Tu
me
glaces
d'effroi.
Que
crains-ludonc?
O
compagne
trop
chre
N'achve
pas,
et
d'un
matre jaloux
Par
tes
remords dsarme
le
courroux
.
Disant
ces
mots
,
sa
femme
riante
Il croit donner un
baiser
amical
:
Dans
ce
baiser,
sa bouche
imprvoyante
Du
fruit proscrit
gote le
jus fatal.
Des
sucs divins
la
secrte
puissance
Eclaire un
peu
sa profonde
ignorance
,
Et
de
ses
sens agite le
repos.
Il
se
refuse
ces
pensers
nouveaux.
Eve
sourit ;
de
sa
dent elle
touche
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C
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\
IV
t
QUATRIEME.
^7
Un
second
fruit
;
son
poux
effray
Veut
l'arrter
,
et
du
poison
sa
bouche
Dans
un
baiser
enlve
la
moiti.
Pour
lui tout
change
;
il prend un nouvel
tre
;
Il pense
enfin
,
il
sent
,
il
vient
de
natre.
Il voit
alors et
compte les appas
Qu'il
mconnut
;
des
yeux
il les
dvore ',
Brlant
d'amour,
mais
incertain
encore,
A
sa
compagne en vain
il tend les bras.
Pour
ajouter
au dsir qui
le
presse
,
Elle
recule
,
et lgre
s'enfuit.
En
l'implorant
,
son
poux
la poursuit.^
Eve
bientt
ralentit
sa vitesse
,
Et va
tomber
sous
l'arbre
dfendu.
Au
ciel
assis
,
le
souverain
du
monde
Voit leur
bonheur;
la
foudre roule
et
gronde
j'
Mais ce fracas est
peine
entendu.
Tous
deux
,
cachs sous l'ombre
hospitalire
,
Des
volupts
boivent
la
coupe
entire
,
Et
sans
remords
leur mvj\ cueille
ces
fruits
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58
tE
PAR.vniS PERDU,
Dont
la
vertu
les
a
si
bien
instruits.
N'abusons
pas
,
dit
Adam
;
la
prudenctf
Dans
le
bonheur
est ncessaire encor :
Des
volupts
mnageons le trsor.
Des
doux
baisers
l'excs
ou
l'ignorance
Voil le
mal
;
l'usage modr
De
ce plaisir
par
l'amour pur,
Voil le
bien
.
Il dit, et
recommence.
Dans
cet instant
qui
perd tous
les
humains,
Du
Dieu
jaloux la
premire
personne
Parle
en
ces
mots
:
Chez
moi
dans
mes
jardins
I
Je
pars
,
il
faut juger
ces
libertins.
J'aime
juger
;
pourtant j'ai
l'ame
bonne.
Passez-moi
donc
ma
robe,
Gabriel.
Veillez
,
mon
fils
,
veillez
:
je
vois
Michel
Du
noir Moloch
repousser
les phalanges
;
Autour
de
vous
il
reste
encor
des
anges
;
Ainsi
je
peux
un
moment
vous
laisser.
Pour
mon
retour
qu'on
prpare
un cantique.
Le
Saint-Esprit
pourra
mettre
en
musique
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C
H
A
>
T
Q
U
A
T
n
I
M E.
5(J
Le
jugement
que
je
vais
prononcer
.
Satan
,
joyeux
de sa
double
victoire.
Et
dans
le ciel
cherchant une
autre
gloire.
Sur
son
chemin
trouve
les
rengats
:
U
les
rassemble, et
les
mne
aux
combats.
A
ses
guerriers
camps
sur
la
frontire
Un
tel
renfort
devenait
ncessaire.
Devant
Michel
Baal
a
recul.
Moloch
plus
loin
,
par le
nombre accabl
Ne
fuyait pas
,
mais
il
rsiste
peine.
Du
lier
Satan
la
prsence
soudaine
Tvend aux
dmons
un
courage
infernal.
Leur
nouveau
choc
aux
anges
est fatal.
D'un coup
heureux
sur
la
cleste
plaine
Thammuz tend
le
brave
Zphoel
;
Sous
Arioch
se
dbat Abdiel
;
De Belzbut l'acier perce
Uriel
;
Baal
en
deux
tranche
net
Ophiel
;
L'affreux
Moloch
assomme
Elitoel
;
Enfin
Satan
extermine
Azael.
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^O
LE
PARADIS
PERDU,
Michel
de
loin
voit leur
chute
,
et
les venge.
Sur
Astaroth
il
tomhe
furieux.
Celui-ci
pare
,
et
riposte
:
l'archange
Pare
son
tour
,
et droit
entre
les
jeux
Frappe
et
refrappe
Astaroth
qui
chancelle.
Dagod
entre
eux
se
prcipite
, et dit :
De
ce
hazard
ton
orgueil
s'applaudit
Grand
gnral
de cour,
valet
fidle.
Ne
cherche
pas
un triomphe
nouveau
;
Ya
rassurer
le
pigeon
et
l'agneau
;
Crois-moi
,
retourne
tes
htes
;
renonce
...
L'acier
vengeur
,
que
dans
sa
bouche
enfonce
Un
bras nerveux, de ce
diable
insolent
Coupe
la
voix, perce la gorge impure
,
Et
par
la
nuque
il
ressort tout sanglant.
Avec fracas Dagod
tombe ,
exlialant
Un souffle
infect
et sa
dernire
injure.
Ce
double
exploit
qu'admirent
les lus
A
ranim
leur
mourante
vaillance
:
De
toutes
parts
le
combat
recommence.
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CHANT
Q
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A
TRI
31
F..
C
I
A
la
fureur
le
fer
ne suffit
plus.
Elle
saisit
des
armes
trangres,
Et
sans
effort lance
des
rocs
pesans
,
Des
monts entiers
,
des
arbres
fleurissans
^
Et
,
qui
mieux
est
,
des
lacs
et
des
rivires
Dj
peupls
de poissons
innocens.
Milton l'a
vu
,
l'a
dit;
il
faut
le
croire.
Michel
encore
espre la
victoire
;
Mais
tout--coup
se prsente
Satan
,
Tenant
en
main un
cdre
du
Liban.
Soudain
sur
lui
l'archange
redoutable
Jette
une
niasse au
A
suve
semblable
:
En
se
baissant
,
il
vite
le
choc;
Et
le
rocher
,
passant loin
sur sa
tte
,
Va
r