Université Paris 12 – Val de Marne
UFR des Lettres et sciences
Département de Communication politique et publique
QUELLE PLACE POUR INTERNET
DANS LA COMMUNICATION EUROPEENNE « DE PROXIMITE » ?
LE ROLE DU PORTAIL FRANÇAIS D’ INFORMATION EUROPEENNE
WWW.TOUTELEUROPE.FR
- Session de septembre 2006 -
Mémoire de deuxième année de Master de Communication politique et publique en France et en Europe
Stage au Centre d’information sur l’Europe
Etudiant : Mihaela Gafitescu Promotion 2005-2006
Tuteur universitaire : Anne Granger Maîtres de stage : Alexandra Lessur, Ronan Le Goff, Benoit Thieulin
REMERCIEMENTS
Je souhaite exprimer mes remerciements à :
Madame Anne Granger, ma tutrice universitaire, pour la pleine confiance qu’elle m’a accordée et qui m’a permis d’élaborer un plan de mémoire personnel et propre à mes aspirations;
Monsieur Benoit Thieulin, l’administrateur du Centre d’information sur l’Europe, pour l’opportunité d’effectuer ce stage et d’avoir cru en mes capacités;
Mademoiselle Alexandra Lessur, rédactrice, et Monsieur Ronan Le Goff, le rédacteur-en-chef du site Touteleurope.fr, pour leur disponibilité, leur aide permanente, la confiance qu’ils m’ont fait, leur patience de corriger toutes mes erreurs;
Mes professeurs pour leur précieux enseignements ;
Toute l’équipe du Centre d’information sur l’Europe pour leur générosité, leur ouverture d’esprit et leur gentillesse ;
Mes collègues de cours, de stage et de travail, qui m’ont accompagné avec bienveillance tout au long de cette expérience ;
Diane, mon amie, pour son intérêt envers mon travail, sa gentillesse et l’important travail de relecture et correction qu’elle fait ;
Ma famille et Dacian, mon compagnon, pour leur soutien moral et financier, leur amour et leur patience.
SOMMAIRE
INTRODUCTION ............................................................................................................ 4
I. PROXIMITE POLITIQUE ET INTERACTIVITE MEDIATIQUE : Q UELS RAPPORTS ?................................................................................................................... 7
1. La proximité institutionnelle et politique ......................................................................................................... 8 1.1. Le concept de la proximité en politique ...................................................................................................... 8 1.2. Proximité et actualité européenne : état de lieux ......................................................................................... 9
2. La proximité communicationnelle ................................................................................................................... 19 2.1. Le concept et les usages dans la communication ...................................................................................... 19 2.2. La proximité journalistique et l’actualité : les choix rédactionnels ........................................................... 21 2.3. Internet et la mise en proximité : la technique et la politique ................................................................... 24
II. PROXIMITE ET INTERACTIVITE : LES CLES D’UNE COMMUN ICATION POLITIQUE ET PUBLIQUE DE SUCCES ? ................................................................. 28
1. Rapprocher l’Europe des Français par Internet: étude de cas .................................................................... 29 1.1. Le Centre d’information sur l’Europe (CIE) ............................................................................................. 29 1.2. Le site Touteleurope.fr et ses contenus ..................................................................................................... 33
2. Quel type de journalisme sur www.touteleurope.fr ? .................................................................................... 51 2.1. La revue de presse de Touteleurope.fr : un exemple de mise en place des propositions communicationnelles du dispositif .......................................................................................................................... 52 2.2. Réussir la rencontre avec le public français : opportunités et limites de l’Internet ................................... 63
CONCLUSION .............................................................................................................. 67
BIBLIOGRAPHIE ET RESSOURCES DOCUMENTAIRES .......................................... 69
ANNEXES ..................................................................................................................... 73
TABLE DE MATIERES ............................................................................................... 124
Introduction Deux mythes de la société européenne du XXIe siècle ont été en permanence visés par notre
démarche d’analyse : celui de l’Internet vu comme solution de communication magique pour la
crise de représentativité des institutions politiques démocratiques et la devise, toujours en quête
d’un sens concret, « rapprocher l’Europe de ses citoyens ». Bien évidemment, ce mémoire n’a
ni le but de « désenchanter » cette société de l’information, ni l’ambition de « contribuer à la
période de réflexion sur l’avenir de l’Europe ». Nous resterons dans les sphères neutres d’une
analyse ponctuelle, à partir d’une étude de cas précis, fournis par l’expérience des quatre mois de
stage : le « portail français de référence sur les questions européennes Touteleurope.fr ».
Nous nous interrogeons principalement sur comment Internet, en tant que support de
communication visant à créer la proximité dans le cadre d’une politique de communication
spécifique, arrive à répondre aux exigences d’une communication nationale à vocation
européenne. Nous commencerons par placer cet objet d’étude dans la situation de communication
et d’énonciation caractéristiques, en raccordant le dispositif analysé à la situation politique,
française et européenne, ainsi qu’à l’état actuel d’interrogation et de débat autour de l’idéal
européen. Nous n’oublierons pas non plus les conditions engendrées par la révolution
communicationnelle, elle-même provoquée par les nouvelles technologies et les nouveaux
médias, tel que l’Internet.
En considérant Internet non pas comme un canal de communication « hors médias »1, mais
comme un « média informatisé », selon l’acception du terme employé par Yves Jeanneret, nous
avons formulé une hypothèse de départ : celle qu’Internet, malgré ses spécificités, n’est pas un
média créateur de communication de proximité en soi. Nous cherchons donc à vérifier si ce ne
sont pas plutôt les genres et les scénarios discursifs déployés à la suite des choix éditoriaux
stratégiques, qui pré-construisent et encadrent la relation de proximité de façon à gérer la
construction (sociale, politique, institutionnelle, communicationnelle) de la distance. Tout en
s’appuyant, mais non pas exclusivement, sur la principale caractéristique de l’Internet : la
symétrie de la relation émetteur – récepteur, construite à travers l’interactivité proposée par le
support (des conditions techniques qui favorisent l’échange bidirectionnel d’information).
1 « Hors média » ou Below the line (marketing/ advertising) : tous les autres canaux et supports de communication qui ne sont pas des médias « traditionnels » (ces derniers sont ressemblés sous l’expression ATL – above the line).
5
Théoriquement et méthodologiquement, nous nous détachons des approches classiques de
l’innovation technologique (centrées sur le moment de la conception des objets techniques) ou de
la diffusion des innovations. Nous préférerons l’approche de l’appropriation, c'est-à-dire de la
« mise en usage » de l’Internet dans la vie sociale. Cependant, en situant l’objet d’étude (le site)
dans la situation de communication et d’énonciation qui le définissent au centre des échanges
interdiscursifs spécifiques au web, notre analyse vise à décrypter seulement « le formatage du
processus de communication par le média »1 informatisé dans le but de créer certains
comportements chez les lecteurs - utilisateurs et non pas les comportements des usagers liés au
dispositif ou au support en général. En se situant dans la direction de recherche ouverte par
Emmanuel Souchier par la notion d’ « écrit d’écran » en tant qu’objet polysémique et en même
temps matériel, dont le potentiel de signification est lié au support mais également à un espace
communicationnel et discursif plus large, nous viserons donc uniquement les stratégies
éditoriales et communicationnelles visant à créer la proximité, sans calculer leur impact sur les
internautes.
La première partie est centrée autour du concept de « proximité ». Tout d’abord, nous traitons
de l’appropriation du concept par la politique, en tant que stratégie employée dans le but de
rétablir le lien entre gouvernants/élus et gouvernées/citoyens, tant au niveau national
qu’européen. En passant par ses rapports avec l’actualité et son rôle devenu stratégique dans la
politique de communication, nous décrirons enfin les espoirs liés à l’Internet en tant qu’outil
(communicationnel, politique) de mise en proximité. Pour entreprendre cette démarche plutôt
exploratoire, de documentation, nous nous appuyons sur un corpus constitué en grande partie
d’études et de documents publics d’institutions françaises et européennes.
La deuxième partie est entièrement consacrée à l’étude de cas du site Touteleurope.fr. La
posture adoptée est celle de l’observation participative à travers l’expérience de stage. Un
premier chapitre, traite du point de vue institutionnel et interdiscursif de ce site web, et part d’une
analyse de plusieurs supports de communication externe, de documents internes, d’entretiens
avec les responsables et, enfin, du décryptage du site lui-même. Le second chapitre se penche sur
l’analyse au niveau discursif de la revue de presse de Touteleurope.fr, en tant qu’expression
synthétique des promesses communicationnelles du site comme dispositif. A la fin de cette
1 Emmanuel Souchier, Yves Jeanneret, Joelle Le Marec (dir.) - Lire. Ecrire. Réécrire. Objets, signes et pratiques des médias informatisés, BPI Centre Pompidou, Paris, 2003.
6
partie, nous tenterons de proposer des améliorations afin de mieux transposer ces promesses dans
les choix éditoriaux et les contenus rédactionnels.
En ce qui concerne la communication de l’Union européenne, nous partageons l’opinion d’Eric
Dacheux qui considère que la communication n’est pas la solution à la crise démocratique de
l’Union, et que seul un projet politique d’envergure engendrera une communication efficace.
Nous signalons également les prévisions faites au début des années 2000, par Peter Dahlgren :
« (…) les mass médias nationaux continueront à dominer les espaces publics des États membres,
même pour le traitement des question concernant l'UE. Si nous nous tournons vers l'Internet,
nous pouvons nous attendre à des événements significatifs, qui concerneront cependant, du
moins pour la plupart d'entre eux, plutôt les élites. »1
Est-ce qu’Internet sera capable de créer le vrai « espace public européen » dont certains
spécialistes déplorent l’absence ? Est-ce que la « sphère publique européenne » ou l’ « opinion
publique européenne » verront le jour sans l’appropriation d’une culture civique et politique
européenne reconnue en tant que telle au niveau national ? Les citoyens de l’Europe se
transformeront-ils bientôt en « sitoyens de l’Europe », selon l’expression de Dominique Reynié2 ,
afin de participer à ce type de décision délocalisée engendrée par la politique européenne ? Ce
sont des questions dont les réponses restent à découvrir et cet ouvrage n’a pour ambition que
d’examiner un état de lieux afin de contribuer à ce débat.
1 Peter Dahlgren – « L’espace public et l’Internet », p. 181, dans Réseaux n°100 – CENT/Hermès Science Publications – 2000, pp. 159-186. 2 Professeur aux Sciences Po, Directeur de l’OIP. Voir son blog http://reynie.typepad.fr .
7
I. Proximité politique et interactivité médiatique : quels rapports ?
« Police de proximité », « justice de proximité », « démocratie de proximité », « communication
de proximité » : on pourrait affirmer qu’au XXI e siècle on agit localement ou on n’existe pas.
Alors que la rhétorique de la proximité est ancienne, cette nouvelle quête de la proximité, au
moins au niveau déclaratif, influence non seulement le discours politique (l’expression employée
par l’ancien Premier ministre J.-P. Rafarin « la France d’en bas » versus « la France d’en haut »
en est un bon exemple), mais également l’action des élus (locaux surtout, pour lesquels la
proximité constitue une idéologie) et des gouvernants : elle devient à la fois une exigence et une
preuve de la démocratie. Osons le dire : « le terme proximité fait l’objet d’un véritable fétichisme
dans le champ politique »1.
Dans ce chapitre, nous allons montrer comment ce concept est défini par la politique et par la
communication, ainsi que par les usages du terme dans les discours concernant la solution
communicationnelle à la crise de l’Union européenne : une mise en proximité à l’aide des
nouvelles technologies et de l’Internet.
1 C’est le constat des journées d’études La « proximité » dans le champ politique: usages, rhétoriques, pratiques, organisées les 18-19 septembre 2003 à l’Université Lille 2.
8
1. La proximité institutionnelle et politique
1.1. Le concept de la proximité en politique
Selon Philippe Genestier, « la proximité constitue un cadre - registre de compréhension et de
construction des problèmes et, par conséquent, un échelon - moyen de préfiguration des solutions
pouvant être apportées »1. L’auteur réalise ainsi un inventaire des significations du vocable
« proximité » dans le discours politique: « être proche des gens », avoir « un esprit pratique » et
une « capacité à concevoir et à appliquer de ‘mesures concrètes’ », « une volonté de s’adapter
aux situations et aux publics visés » et de « privilégier une approche concrète, précise et nuancée
‘des réalités’ » « qui touchent les gens », c’est-à-dire une préférence pour « le terrain ». En fait,
souligne-t-il, la proximité sert également d’argument de communauté (nous sommes une
communauté car nous coexistons) et d’argument analogique (l’appartenance à un même territoire
créateur d’une identité propre homogénéise les problèmes et, en conséquence, les solutions).
Toutefois, malgré la plurivalence de la thématique de la proximité en tant qu’argument politique,
les risques existent : l’électeur pourrait retenir d’un discours politique qui prône la proximité
uniquement son implicite, c’est-à-dire le manque de proximité actuelle. Car, c’est parce qu’il y a
un déficit de proximité qu’on en veut plus. Le risque à la suite d’un tel discours, c’est d’obtenir
exactement le contraire de ce que l’on attend. Ce phénomène est celui de l’effet pervers :
l’éloignement, à cause du rejet de cette « proximité forcée ». Le public cible y voit une politique
comme les autres, qui vient s’imposer d’en haut vers le bas et qui n’est qu’artificiellement créée
pour servir les élites et leur image. Bref, ce n’est que de la démagogie ! D’autre part, il existe
également un danger de dérapage idéologique, car le discours qui cultive la spécificité du local
peut aller de « l’identité du terroir », à travers le « particularisme », jusqu’à « l’exception
culturelle nationale ». D’ici à la prolifération des propos nationalistes et racistes, il n’y a qu’un
pas, que certains hommes politiques ont déjà franchi, profitant justement de la popularité (voir du
populisme) de cette thématique de proximité.
Comment donc reconstruire la distance sociale qui sépare les élites des masses, les élus de leurs
électeurs, les gouvernants de leurs gouvernés, de manière à les rapprocher, à apporter des
bénéfices aux deux parties, sans créer, dans le même temps, des discriminations ? Les médias qui
véhiculent les discours des hommes politiques et se font l’écho de l’opinion publique, semblent
1 Philippe Genestier – « La thématique de la proximité. Composante d'une épistémè, expression d'une idéologie ou bien symptôme d'une certaine vision du monde? », p. 290, dans Christian Le Bart et Rémi Lefebvre (dir.), La proximité en politique. Usages, rhétoriques, pratiques, Presses Universitaires de Rennes, 2005, pp. 287-305.
9
être l’outil le plus utilisé. Réunions publiques, audiences, rencontres avec les élus, bains de foule,
référendums, sont remis en question à une époque où l’intérêt pour la politique se manifeste très
peu, y compris aux moments électoraux. Car, du point de vue de la communication politique, un
contact direct réussi est un contact qui améliore l’image de l’homme politique et qui lui apporte
des voix. Or, se laisser « défigurer » par un public critique ou sceptique, à une heure de grande
audience sur un plateau de télévision ou sur une place publique, reste un exercice que peu
d’hommes politiques osent accepter. Cependant, « rien ne va plus » si les représentants ne vont
pas se confronter aux problèmes directement sur le terrain et s’ils n’apportent pas des réponses
« hic et nunc » aux préoccupations des représentés.
Une solution « de crise » trouvée par les communicants a été d’interposer entre les deux
participants un canal de communication accessible, plus flexible du point de vue du contenu,
assez ouvert pour faciliter l’échange réciproque et spontané d’information, donc une
communication efficace : Internet. Alors que des dérapages télévisuels vont dans la direction
d’une dépolitisation de l’information politique, commandée par l’impératif de l’audience, des
« talk-shows » de moins en moins diffusés en direct et qui miment une certaine interactivité avec
le public à travers les SMS, envahissent le petit écran. Une autre pratique incontournable, étant la
présence des hommes politiques dans des émissions de pur divertissement, voire de télé-réalité. Il
semble que nous soyons arrivés à une époque où l’on assiste à « la fin de la télévision » (J.-L.
Missika) et au passage des mass media aux self media. Internet regagne le terrain perdu par les
autres médias en terme d’audience, mais aussi en termes de facilité d’accès (le phénomène de
« la fracture numérique » deviendra bientôt caduc, en se déplaçant du niveau technique au niveau
de l’utilisation) et de capacité de répondre de façon personnalisée aux besoins de communication
et d’information du public (voir l’offre VOD1 sur Internet, opposée à la télévision programmée
traditionnelle). Un public qui ne cherche plus à partager, mais plutôt à apprivoiser pour son
propre bien-être. Un public atomisé transformé en un électorat dispersé et hétérogène, et qui ne
peut plus être mis facilement « ensemble ». En effet, si se placer « en réseau » parait ainsi être
une solution facile et faisable, selon Missika, « le risque de la désintégration de l’espace public »2
à travers cette « démédiation » est toujours là.
1.2. Proximité et actualité européenne : état de lieux Le leitmotiv du discours de la Commission Prodi au début des années 2000, cet objectif de
« rapprocher l’Europe des citoyens », est revenu sur le devant de la scène avec la nouvelle
1 Video On Demand 2 Jean-Louis Missika, La fin de la télévision, Seuil, 2006, p. 105
10
politique de communication de la Commission Barroso. Tandis que, selon P. Dahlgren, « La
consommation des médias par les citoyens demeure très dépendante du cadre national et les
efforts réalisés au cours de ces dernières années pour produire des espaces médiatiques ‘pan-
européens’ via la radiodiffusion n’ont pas rencontré beaucoup de succès. »1, la construction d’un
espace public européen s’avère difficile et reste même une utopie de l’Union européenne. Eric
Dacheux va plus loin et affirme2 que cet objectif de créer la proximité reste intangible (alors qu’il
n’y a aucun projet derrière) et absurde (car les citoyens sont l’Europe). Il pointe également du
doigt3 l’absence d’un espace public européen et le manque d’utopie comme étant responsables de
la crise de légitimité de l’Union européenne. Un an après le référendum français sur la
Constitution européenne, l’animateur de l’équipe « Espace public européen » du laboratoire
« Communication et Politique » du CNRS va même jusqu’à dénoncer la crise des démocraties
européennes1 : « Il est temps de penser l’Europe en se détachant des analyses dépassées de la
démocratie française. En réalité, ce sont toutes les démocraties européennes qui patinent. ».
Où en est-on de l’émergence d’un tel espace public « pan-européen » ? Quels ont réellement été
les essais politiques au niveau européen et les efforts nationaux effectués dans ce sens ? Nous
allons présenter dans ce sous-chapitre quelques-unes de ces démarches, mais nous nous
garderons de les évaluer ou de juger leur impact.
1.2.1. Un impératif de la nouvelle stratégie de communication de la Commission européenne
La préoccupation de l’UE pour une meilleure communication n’est pas récente : après le « choc »
de la difficile adoption du traité de Maastricht, en 1992, la volonté de rendre l’activité de ses
institutions plus transparente et de se rapprocher du grand public, est exprimée par la Déclaration
interinstitutionnelle sur la démocratie, la transparence et la subsidiarité, d’octobre 1993, suivie
par le Livre blanc de Jaques Delors, Croissance, compétitivité, emploi – Les défis et les pistes
pour entrer dans le 21e siècle. Ce dernier document met l’accent sur l’importance et l’urgence du
développement d’une infrastructure paneuropéenne d’information afin de ressusciter la
croissance économique et la compétitivité, et de dynamiser le marché de travail.
1 Peter Dahlgren – « L’espace public et l’Internet », p. 180, dans Réseaux n°100, CENT/Hermès Science Publications, 2000, pp. 159-186. Voir aussi l’article de Jerome Bourdon sur « les expériences ratées » concernant la mise en place d’une télévision européenne, « Une communauté inimaginable : l’Europe et ses politiques de l’image », dans Mots, les langages du politique n° 67, décembre 2001 – La politique à l’écran : l’échec ? , pp. 150-167. 2 Voir les articles publiés sur le site www.europlusnet.info: Europe, la mal communicante – entretien par Stephen Bunard et Rapprocher l’Europe des citoyens, une absurdité ?, par Eric Dacheux (15/12/2004). 3 Eric Dacheux (dir.) – L’Europe qui se construit. Réflexion sur l’espace public européen, Publications de l’ Université de Saint Etienne, Saint Etienne, 2003.
11
Alors que les critiques dénonçaient un « déficit de représentativité » et le faible niveau de
confiance accordé par les citoyens aux institutions européennes, ces mêmes institutions
commencent à parler de la nécessité de « combler le fossé » et de « rapprocher l’Europe de ses
citoyens ». Un besoin qui s’est avéré majeur lors du processus de ratification du Traité
constitutionnel. Et, tandis que les dirigeants européens s’efforcent depuis longtemps d’y
répondre, les stratégies qu’ils ont proposé ou employé n’ont pas rencontré beaucoup de succès :
les Eurobaromètres montrent, au cours des années, un déclin de la confiance envers les
institutions communautaires, jusqu’à juger l’UE, en proportion de 43%, comme « inefficace », en
20062. Cette dernière enquête montre également que le degré d’intérêt pour les questions
européennes est devenu assez faible et met au jour l’effet du « désenchantement » face à la
politique en général et la « connaissance médiocre et floue des domaines d’action de l’Union »3:
« Si 63% des répondants au sein de l’Union européenne se disent intéressés par la politique dans
leur pays, ils ne sont qu’une minorité à partager cet avis en ce qui concerne la politique
européenne (47%). Notons ici, que 30% des personnes qui montrent un intérêt pour les affaires
nationales se désintéressent des questions européennes »4- souligne le rapport de cette enquête.
C’est en avril 2000 que l’UE décrit sa politique de gestion de l’Internet et deux ans plus tard, en
2002, qu’une communication de la Commission européenne, approuvée ensuite par le Conseil et
par le Parlement européen, définit la stratégie d’information et de communication de l’Union et
lance le défi eEurope 2005 : une société d’information pour tous. En 2003 un nouvel outil de
communication sur Internet, multilingue, le portail Europa (www.europa.eu.int ) est lancé dans sa
formule actuelle, afin de répondre aux exigences de transparence et d’accessibilité de
l’information. En août 2004, à la suite des élections pour le Parlement européen qui ont été très
visiblement marquées par la faible participation et le manque d’intérêt croissant des citoyens
pour les affaires européennes, un nouveau poste de Vice-président chargée des Relations
institutionnelles et des Communications est créé par la Commission Barroso. Une création qui
rend compte de l’importance accordée à ce domaine. Margot Wallström est nommée à ce poste et
commence la préparation d’un nouveau plan d’action.
1 Eric Dacheux, « Les Européens dans un mortel pas de deux », Le Monde, 25 mai 2006. 2 Eurobaromètre Spécial 251 / Vague 65.1 – TNS Opinion & Social, « Le Futur de l’Europe », terrain février - mars 2006, rapport mai 2006. http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb65:eb65_fr.htm , visité le 15.08.2006. 3 Rapport Etude qualitative – Optem, Eurobaromètre Spécial 251, p. 10, http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb65:eb65_fr.htm , visité le 15.08.2006. 4 Eurobaromètre Spécial 251 / Vague 65.1 – TNS Opinion & Social, « Le Futur de l’Europe », terrain février - mars 2006, rapport mai 2006, p. 13, http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb65:eb65_fr.htm, visité le 15.08.2006
12
En juin 2005, à la suite des « non » français et néerlandais à la Constitution européenne, le
Conseil européen a appelé à une « période de réflexion » sur l’avenir de l’Europe. La nécessité
d’une nouvelle stratégie de communication s’est ainsi imposée. Son rôle serait celui de « renouer
le dialogue avec les citoyens ». Elle s’appuie sur trois principes 1:
- être à l’écoute des citoyens et tenir compte de leurs opinions et préoccupations ;
- expliquer quels sont les effets des politiques de l’UE sur la vie quotidienne de ses citoyens et
quelle est leur valeur ajoutée ;
- créer la proximité, c’est-à-dire adapter les messages au public de chaque État membre
(médias préférés, la langue du pays).
Depuis, cette stratégie de communication et information a été complétée et actualisée,
successivement par plusieurs documents - cadre:
- Le Plan d’action relatif à l’amélioration de la communication sur l’Europe, publié le 20
juillet 2005, qui comprend 50 actions programmées sur plusieurs années;
- Le Plan D – comme Démocratie, Dialogue et Débat, lancé le 13 octobre 2005 et qui
représente la contribution de la Commission européenne à la période de réflexion sur
l’avenir de l’Europe. Conçu pour participer à l’émergence d’une « sphère publique
européenne », il établit un cadre structuré pour de grands débats nationaux et présente 13
initiatives pour renforcer le dialogue, déterminer les principaux acteurs, définir les thèmes de
réflexion, ainsi que les délais pour organiser des débats dans les 25 États membres. Ses
objectifs officiellement déclarés ont été les suivants : rétablir la confiance du public via la
promotion d’une communication plus claire sur les activités de l’UE et l’engagement de la
responsabilité des États membres concernant la prise de décision et la mise en œuvre des
politiques européennes ; associer au débat « tant les citoyens, la société civile, les partenaires
sociaux, les parlements nationaux, que les partis politiques » pour s’exprimer à travers les
médias, en particulier la télévision et Internet ; écouter les citoyens et leur accorder
l’occasion de s’exprimer et, enfin, construire un consensus sur le projet européen.
- Le livre blanc sur la nouvelle politique de communication de l’UE, qui a ouvert, en février
2006, une période de consultation de 6 mois (sur Internet, un site multilingue2 lui étant
spécialement consacré) concernant cette politique et la nécessité d’une charte/code de
conduite européen en communication. Plus d’un million de citoyens européens s’y sont déjà
1 Source : RAPID– communiqué de presse de la Commission européenne au lancement du Plan d’action relatif à l’amélioration de la communication sur l’Europe, 20/07/2005 2 http://europa.eu.int/comm/communication_white_paper/index_fr.htm
13
exprimés, selon les chiffres avancés mi-juillet par la DG Communication1. La Commission
européenne propose d’agir conjointement dans cinq domaines : la définition de principes
communs concernant la communication (l’élaboration d’une Charte), l’implication des
citoyens, la collaboration avec les médias au niveau national, régional et local et l’utilisation
des nouvelles technologies (« combler la fracture numérique »), la compréhension de
« l’opinion publique européenne »2 (l’analyser) et, enfin, l’action en commun (renforcer la
coopération entre les niveaux national et européen).
La mise en œuvre de cette stratégie est illustrée par la manière dont les institutions européennes,
les États membres et la société civile se mobilisent, depuis juin 2005, pour organiser des débats
nationaux afin de raccorder les priorités de l’UE aux exigences de ses citoyens.
Quelques jours avant le début du Conseil européen de juin 2006, dans son discours tenu devant
les eurodéputés réunis à Strasbourg, Margot Wallström, la Vice-présidente de la Commission
européenne chargée des Relations institutionnelles et des Communications, souligne que, lors de
la période de réflexion et à travers les débats nationaux qui se sont déroulés dans le cadre du Plan
D, trois « leçons importantes » se sont révélées à la Commission européenne. Les citoyens se
sont montrés particulièrement préoccupés par la protection sociale et par la nécessité et les enjeux
de l’élargissement de l’UE. Ils attendraient également de voir les résultats des politiques
européennes. La Commission qui vient de mener ce grand exercice d’écoute que représente le
Plan D, dont les conclusions devraient nourrir la réflexion des décideurs politiques européens,
déclare souhaiter répondre aux attentes et aux préoccupations des citoyens. Les conclusions de la
présidence du Conseil européen des 15 et 16 juin 20063 présentent une première évaluation de
cette période de réflexion : « Malgré les inquiétudes et les préoccupations exprimées lors de tous
les débats publics, les citoyens demeurent attachés au projet européen. Un dialogue renforcé avec
ces derniers requiert des moyens et un engagement adéquats. Les citoyens attendent de l’Union
qu’elle démontre sa valeur ajoutée en prenant des mesures pour relever les défis et saisir les
occasions qui se présentent : garantir la paix, la prospérité et la solidarité, renforcer la sécurité,
favoriser le développement durable et promouvoir les valeurs européennes dans un
environnement qui se mondialise rapidement ». C’est pourquoi le Sommet européen de juin 2006
a lancé un nouveau défi pour 2008 : une Europe des projets et des résultats. Le sujet du traité
1 Voir le communiqué de presse du service de presse de la Commission européenne, RAPID, réf. IP/06/989, du 13 juillet 2006. Cependant, au moment de la rédaction de ce texte voir un mois après la fin officielle de la consultation sur ce Livre blanc, les résultats de cette expression en ligne ne sont toujours pas publiés. 2 Voir les recherches Dominique Reynié sur l’existence, ou non, d’une opinion publique européenne. 3 Conclusions de la Présidence - 15/16 juin 2006, 10633/06, Bruxelles, le 16 juin 2006, p. 2, www.eu2006.at/fr/News/Council_Conclusions/1606EuropeanCouncil.pdf , visité le 13.09.2006
14
constitutionnel, autour duquel se sont agrégés tous les commentaires concernant la crise
européenne, mais aussi l’intérêt de la presse1, a été repoussé après les élections françaises et
britanniques, et la période de réflexion a été prolongée.
1.2.2. Une exigence des Français à l’égard de l’information européenne
Selon l’Eurobaromètre Flash « Quelle Europe ? La construction européenne vue par les
Français », 50% des Français n’accordent pas leur confiance à l’UE et 82% considèrent la
construction européenne trop éloignée de leurs préoccupations. Cette enquête réalisée en France
début 20062 à la demande de la Représentation de la Commission européenne à Paris, souligne
également les besoins d’information des citoyens français sur les questions européennes: 87%
des personnes interrogées attendent que les hommes politiques leur parlent davantage de l’Union
européenne et 57% pensent que les élus locaux et régionaux devraient être les premiers à animer
des discussions publiques sur l’Europe. Les médias passent en deuxième, après les hommes
politiques, quand il s’agit des sources préférées d’information européenne (80%), mais les débats
télévisés restent le moyen d’information privilégié par la moitié des Français.
La surprise de ce sondage est, évidement, ce besoin d’information de proximité, personnalisée et
directe. C’est d’ailleurs ce qui ressort en premier : les Français souhaitent que leur député-maire
ou leur préfet, les représentants du Conseil régional, leur parlent de l’Europe et des effets de ses
politiques sur leur région ou localité, c’est-à-dire sur leur vie quotidienne. Penser globalement
même au niveau local, et penser au local quand on agit globalement, serait le défi de cette
communication attendue.
a. Les initiatives prises au niveau institutionnel et politique
L’engagement des États membres et leur responsabilisation sont souvent cités parmi les solutions
à la crise européenne. Alors que Bruxelles ne devrait plus servir de « bouc émissaire » pour les
crises politiques, sociales ou économiques nationales, un renouvellement de l’engagement3 des
1 Voir l’article d’Euractiv, Sommet européen : le prolongement de la période de réflexion fait les gros titres (http://www.euractiv.com/fr/avenir-europe/sommet-européen-prolongement-reflexion-gros-titres/article-156194) qui souligne que « le Sommet a suscité peu d'intérêt au sein de la presse » et « la plupart des commentateurs se sont concentrés sur l'avenir incertain de la constitution ». 2 Flash Eurobaromètre 178 / TNS Sofres c/o EOS Gallup Europe, terrain 16-23 janvier 1006, rapport 15 mars 2006 - http://europa.eu.int/comm/public_opinion/index_fr.htm 3 Voir la proposition de la Commission européenne, du juin 2006, d’un renouvellement de l’engagement des États membres, par une déclaration commune, à l’occasion de la 50ème anniversaire de la signature du Traité de Rome, le 25 mars 2007, l'UE célèbrera.
15
États membres pour le projet européen est exigé afin de pouvoir suivre des objectifs communs et
mener une politique commune.
État fondateur, la France a également imposé son point de vue à l’occasion du référendum sur la
Constitution européenne, le 29 mai 2005. Malgré son résultat, il a montré qu’un tel débat sur un
sujet de politique européenne peut avoir un important impact et obtenir une grande audience
auprès des Français.
Après cet événement, qui a eu des résultats tangibles sur la politique de l’UE (le Conseil
européen de juin 2005 ouvre « la période de réflexion » sur l’avenir de l’Europe, qui est
prolongée en juin 2006 jusqu’à la fin du mandat de la Commission Barosso), loin d’abandonner
sa responsabilité dans la gestion des politiques européennes, la France choisit d’agir afin de
renforcer sa position au sein de la communauté européenne par une contribution importante à la
« période de réflexion » et à la stratégie pour sortir de la crise institutionnelle européenne. Le
gouvernement français encourage ainsi l’amélioration de l’information sur l’Europe, les
consultations et les débats au niveau local, régional, national. Plusieurs outils ont été mis en
place, comme, par exemple :
- Les comités interministériels sur l’Europe1. Présidés par le Premier ministre, ces réunions
sont organisées chaque mois et permettent de définir au plus haut niveau de l’Etat les
positions françaises sur les enjeux européens.
- « Mieux informer les Français sur l’Europe et mieux les associer aux processus de
décision européens »- tel est le programme auquel le gouvernement travaille, à la demande
du Président de la République en août 2005. Dans ce cadre, le gouvernement a pris toute une
série d’initiatives concernant différents publics - cibles: les parlementaires, les collectivités
locales, les partenaires sociaux, la société civile. La mise en place d’un nouveau site Internet,
www.touteleurope.fr, ainsi que l’idée de faire de la Journée de l’Europe (9 mai) une véritable
fête et une occasion de débat, participent officiellement de cette volonté de mieux associer
les Français aux questions européennes2.
Un an après le référendum qui a divisé la France et l’Europe, la ministre déléguée aux Affaires
étrangères, Catherine Colonna, dresse un bilan de l’action du gouvernement français en la
matière, dans un document intitulé « La France et l’Europe, relever les défis du présent et
1 http://www.premier-ministre.gouv.fr/thematique/europe_m100/ 2 Mieux informer les Français sur l’Europe et mieux les associer aux processus d décision européens, le 15.12.2005, http://www.europe.gouv.fr/actualites_1/dossiers_3/action_gouvernementale_39/les_français_347.html
16
préparer l’avenir » 1. Elle montre tout d’abord que le gouvernement a fondé dernièrement sa
politique européenne autour de trois priorités essentielles:
- « appliquer une nouvelle méthode de travail pour gagner en efficacité et mieux associer
les Français à la construction européenne »;
- « relever les défis du présent pour faire avancer la vision française de l’Europe et mettre
en place des projets et des politiques efficaces au service des citoyens »;
- « préparer l’avenir en proposant d’avancer sur les deux sujets majeurs que sont les
institutions et l’élargissement ».
Parmi les actions à destination du grand public menées pour « mieux dialoguer et mieux informer
la société civile » se trouve le lancement du site Touteleurope.fr2: « Un nouveau site Internet
interactif www.touteleurope.fr a été ouvert le 2 mai 2006. Réalisé par le Centre d’information sur
l’Europe (« Sources d’Europe »), organisme cofinancé par le ministère délégué aux Affaires
européennes et la Commission, ce nouveau site présente une information pédagogique et claire
sur l’Europe, son histoire, son fonctionnement, les politiques qu’elle conduit, et offre aux
Françaises et aux Français le moyen de s’exprimer sur les grands enjeux européens et donc de
prendre ainsi la parole. Une première ‘expression en ligne’ a été lancée par la ministre déléguée
le 9 mai à l’occasion de la Journée de l’Europe. Elle concernait les attentes des Français à l’égard
de l’Europe. Chacun est invité à y participer ».
b. Des initiatives de la part de la société civile
L’expression libre d’une diversité d’opinions et de points de vue reste la caractéristique la plus
importante d’une démocratie3, ce qui, au niveau transnational, européen, n’est pas assez visible.
Préoccupés par la construction politique et institutionnelle de l’UE, les dirigeants européens
n’ont pas considéré, ou, plus vraisemblablement, n’ont pas pensé, que donner la parole aux
représentants de la société civile était important. Mais les séismes référendaires de 2005 ont mis
en avant la nécessité d’écouter plus attentivement ces voix.
Cependant, les signaux d’alarme concernant « le déficit de communication » dont souffre l’UE
n’ont pas manqué. En octobre 2004, trois acteurs de la société civile, bien connus au niveau
1 La France et l’Europe, relever les défis du présent et préparer l’avenir , juin 2006, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/europe_828/france-europe-relever-les-defis-du-present-preparer-avenir_37671.html 2 idem 1. 3 Prenons aujourd'hui l'exemple de la République communiste de Chine, qui, ayant un système économique de plus en plus libre et une économie de marché, n'est pas pour autant considérée comme un démocratie à cause des multiples attentats au droits de l'homme et au droit de libre expression surtout – voir le cas Yahoo!
17
européen, Les Amis de l’Europe, Euractiv et Gallup Europe ont publié conjointement un rapport
intitulé « Can EU Hear Me? »1 qui signale que l’UE est perçue en étant « distante et peu
aimable ». A cette occasion, ils proposent à la nouvelle commissaire chargée de Communication,
Margot Wallstrom, « 30 idées pratiques » pour sortir de cette crise. Parmi ces idées, citons : des
visites de la part des commissaires dans tous les États membres pour recueillir des opinions des
citoyens, rencontrer les représentants des médias nationaux et les dirigeants politiques, la
diffusion d’un message simple, d’idées clés sur l’UE, tout en soulignant les avantages liés à
l’appartenance à cette Union. Côté logistique, ils recommandent la réduction des obstacles
administratifs à la communication et l’utilisation d’une approche décentralisée en rendant les
gouvernements nationaux plus responsables, et en encourageant les médias nationaux à couvrir
l’actualité de l’UE.
Entre novembre 2005 et mars 2006, la Représentation de la Commission européenne en France a
organisé les travaux du Cercle de réflexion « Communication sur l’Europe ». Sa mission a
consisté à « identifier et définir les actions à mettre en oeuvre au niveau local pour rapprocher
l’Europe du citoyen, en favorisant des échanges réguliers, via l’ensemble des relais intéressés à la
construction européenne »2. Ce cercle informel, a réuni régulièrement plus de 200 personnalités
françaises fortement engagées dans la construction européenne, et provenant de tous les milieux
(enseignement, média - communication, culture, entreprise, université, associations, syndicats,
responsables politiques - anciens commissaires européens, anciens ministres délégués aux
Affaires européennes ou élus européens, nationaux, régionaux et locaux), autour des 5 thèmes de
réflexion: « Les Jeunes et l’Europe », « Le Monde de l’Enseignement et l’Europe », « Le Monde
du Travail », « Le processus décisionnel en Europe » et « Le rôle des Hommes de l’art ». Des
comptes rendus de ces réunions sont rendus publics et une consultation est ouverte aux
internautes sur le site de la Représentation.
Le 28 avril 2006, la Représentation de la Commission européenne en France a présenté le
Rapport3 de synthèse du Cercle de réflexion sur la communication européenne intitulé A l’écoute
des français, lequel fait, tout d’abord, plusieurs constats : la méconnaissance des questions
européennes due à la communication insuffisante avec la société civile et à une faible implication
des journalistes et des responsables politiques ; une perception de l’UE comme éloignée, qui
s’explique partiellement par le désenchantement vis-à-vis de la politique en général ; des attentes
1 Les Professionnels des affaires européennes soumettent leurs recommandations à Margot Wallstrom, Euractiv, publié le 22 octobre 2004, mis à jour le 21 décembre 2005, http://www.euractiv.com/fr/agenda2004/professionnels-affaires-européennes-soumettent-recommandations-margot-walstrom/article-131369 , visité le 15.08.2006. 2 http://ec.europa.eu/france/listen/comm/index_fr.htm 3 http://ec.europa.eu/france/pdf/cercle_synth_finale_fr.pdf
18
qui visent une « Europe du concret » et le souhait de participer au débat autour de ce sujet. Les
propositions pour l’amélioration de ces déficits se référent notamment à :
- la professionnalisation accrue de la communication (notamment un ciblage plus fin) et la
simplification des messages;
- une communication de proximité par la décentralisation plus poussée à tous les niveaux
(national, régional, local), en utilisant les relais Europe Direct et les collectivités territoriales
comme partenaires privilégiés;
- le renforcement de la participation de la société civile.
Le chapitre sur la communication de proximité décrit tout d’abord le manque de symboles, par
exemple des lieux de rencontre sur l’Europe en France. Le rapport déplore la fermeture au public
du Centre d’information sur l’Europe – Source d’Europe, vu comme l’endroit le plus approprié
pour s’informer ou pour parler des questions européennes : « Depuis le départ de Sources
d’Europe de La Défense, certains regrettent l’absence de lieu clairement identifié symbolisant
l’Europe et où il soit, par exemple, possible d’amener une classe ». La visibilité, mentionne le
rapport, peut également passer par les sites qui ont bénéficié de financements communautaires
(panneaux d’information, drapeau européen) ou par des « lieux de vie » (CIDJ, CIO etc.). Les
dates sont également importantes, comme la fête de l’Europe, le 9 mai. Le Cercle propose même
qu’elle devienne un jour férié. Selon le rapport, la proximité peut être invoquée également, par la
diffusion des messages ciblés et crédibles (l’utilisation des témoignages) et par l’utilisation de
supports d’information plus accessibles (la carte interactive des projets européens en France,
mise en ligne par le Centre d’information sur l’Europe est donnée comme un exemple allant dans
ce sens).
Mais, pour connaître l’état de l’opinion sur l’Europe à un moment donné, les enquêtes d’opinion
(sondages enrichis par des études qualitatives), notamment les Eurobaromètres, constituent une
importante base de données comparables dans le temps (certains questions se répètent
régulièrement depuis de nombreuses années) et dans l’espace (en général les indicateurs sont
similaires dans tous les États membres). Ils ont d’ailleurs signalé, et cela bien avant l’épisode
référendaire, la méconnaissance et le faible intérêt des citoyens vis-à-vis des questions
européennes. Sans réaliser ici la synthèse de toutes ces données, après avoir exemplifier, ci-
dessus, par l’Eurobaromètre Flash « Quelle Europe ? La construction européenne vue par les
Français », réalisé début 2006, nous voulons seulement présenter quelques chiffres du dernier
Eurobaromètre standard, daté printemps 2006, révélateurs pour notre sujet et pour la situation
19
française. Le chapitre « L’opinion publique dans l’Union européenne » de ce rapport confirme1 la
faible connaissance qu’ont les Français du fonctionnement de l’Union européenne (23% croient
que l’UE est actuellement composée de 15 membres, et, moins d’un Français sur deux, sait que
les parlementaires européens sont élus au suffrage universel). Leur souhait est d’être mieux
informés, notamment par la télévision (70%), les journaux quotidiens (37%) et la radio (32%).
Internet arrive à la quatrième place (31% - une hausse de 4 points par rapport à l’enquête
précédente), mais en 2e position chez les moins de 40 ans, alors que parmi les étudiants
l’information en ligne (60%) fait concurrence à la télévision.
D’autres sondages ont tracé un profil des Français par rapport à la connaissance des questions
européennes et leur investissement vis-à-vis de l’Europe. L’enquête TNS Sofres pour l’EPIQ
« Les Français et l’Europe. Les enjeux du quotidien – vague 2 »2, rendue publique un an après le
referendum français sur la Constitution européenne, le 29 mai 2006, décrit une relation directe
entre le niveau d’information et les sentiments vis-à-vis de l’Europe. Tandis que les 52% qui se
sentent mal informés sur le sujet sont en général les moins investis, c’est-à-dire les plus
sceptiques ou les plus opposés à la construction européenne, et ceux qui ont voté « non » au
référendum, les 47% qui se déclarent bien informés (remarquons que seulement 3% se disent très
bien informés) sont également les plus investis, enthousiastes et/ou favorables à la construction
européenne. C’est-à-dire ceux qui ont voté « oui » au référendum3. La conclusion serait donc que
plus on est mal informé, plus on est sceptique ou hostile à l’idée d’une Union européenne.
2. La proximité communicationnelle
2.1. Le concept et les usages dans la communication
On comprend en général par « communication de proximité », celle qui s’opère au plus près de
son public de destination. Il s’agit d’une communication décentralisée, appelée aussi
communication « de terrain » ou « locale ». Elle privilégie la mise en relation directe des
interlocuteurs, sans médiation extérieure. Cependant, on parle également de « médias de
proximité » pour désigner un journal de mairie ou un poste de radio local, les seuls qui auront
« la capacité à appréhender les attentes et les besoins en information de proximité et de
1 Eurobaromètre standard 65/ Printemps 2006 – TNS Opinion & Social, pp. 29 – « L'opinion publique dans l'Union européenne » – Rapport national France - http://ec.europa.eu/france/pdf/eb65f-final_fr.pdf . 2 http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/290506_europe.htm 3 En terme de régions françaises, il s'agit surtout des habitants d'Auvergne, Midi-Pyrénées, PACA et Corse qui se sont déclarés mal informés, tandis que les citoyens d'Alsace et de Bretagne e sentent le mieux informés.
20
service »1. Le type de relation qui se construit est la même, sauf que cela se produit à une autre
échelle. On rend compte d’une connaissance directe du milieu de vie du public, on parle aux gens
de leurs préoccupations et de leurs rêves, dans un langage familier, on répond à leurs questions,
on leur rend service en proposant des solutions ou des astuces personnalisées, on leur donne des
exemples qu’ils puissent repérer facilement et on leur offre la possibilité de réagir à ce qui se
passe à côté de chez eux. Consacrée dernièrement en tant que « clé » d’une communication
réussie, qu’il s’agisse du domaine individuel, politique, social, culturel, ou médiatique, la
communication de proximité devient à la fois, quand elle fait défaut ou quand elle est jugée
comme insuffisante ou maladroite, le bouc émissaire de tout échec de management ou de
marketing : on a perdu les élections, car on n’a pas pris assez de bains de foules, notre journal ne
se vend pas car il traite d’une actualité trop éloignée de citoyen, la politique qu’on a implémentée
n’obtient pas de résultats positifs parce que nous n’avons pas assez demandé l’avis des citoyens
avant, mes étudiants ne me respectent pas car je ne leur donne pas la parole, l’image de la marque
s’est détériorée car notre produit ne répond plus aux besoins exprimés par les gens.
La caractéristique de ce type de communication est d’instaurer une relation basée sur l’écoute, la
confiance mutuelle et le partage des mêmes valeurs (faire partie d’une même communauté :
territoriale, de destin, culturelle, de valeurs, d’idées, etc.). Elle propose ainsi un contrat de
communication2 où les participants ont des statuts égaux et réagissent en permanence (et, si
possible, spontanément) à ce que l’autre lui transmet. De ce point de vue, la communication de
proximité est beaucoup plus proche d’une simple conversation que de la communication de
masse.
En s’inspirant de l’Ecole de Palo Alto, Daniel Bougnoux 3 opère une distinction importante entre
la communication (la relation) et l’information (le contenu) en soulignant la primauté de la
communication avant tout échange d’information. Cependant, selon Charles de Laubier, « Avec
le web, la frontière entre information et communication devient virtuelle. L’information est à la
démocratie ce que la communication est à l’économie »4. Car Internet crée une situation de
communication spéciale : nous parlons à quelqu’un qui habite parfois à des milliers de kilomètres
de distance, « comme si » il était à côté de nous. L’abolition de l’espace dans une communication
avec double sens, interactive, est l’une des principales caractéristiques de la Toile. Cependant, la
proximité ainsi construite est exclusivement virtuelle.
1 Philippe Robinet, Serge Guerin – La presse quotidienne, Dominus/Flammarion, 1999, p. 64. 2 Selon le terme employé par P. Charaudeau dans l’analyse du discours. 3 Daniel Bougnoux – La communication contre l'information, Hachette, 1997 4 Charles De Laubier, La presse sur Internet, Que sais-je n° 3582, PUF, 2000, p. 23.
21
2.2. La proximité journalistique et l’actualité : les choix rédactionnels
Il est évident que l’une des principales règles sur laquelle les rédactions s’appuient pour
sélectionner un sujet, surtout lorsqu’il s’agit de la première page ou d’un média local/régional,
c’est la proximité1. Les manuels de journalisme avertissent les apprentis de l’importance et des
multiples composantes de cette exigence journalistique : l’actualité, les « grands instincts », la
géographie, les groupes d’appartenance socio-culturelle et socio-professionnelle et la vie
quotidienne2. Ce que les journalistes appellent « lois de proximité », sont en fait des critères
d’évaluation de l’importance et de l’intérêt que les sujets pourraient avoir auprès les lecteurs : un
reportage doit créer à la fois ou au moins une proximité chronologique, géographique,
psychoaffective ou humaine, culturelle, sociologique ou politique, existentielle, pratique ou
spécifique, en fonction des caractéristiques de ce même public3. On se sent donc concernés
surtout par les événements qui se produisent près de chez nous, au présent ou prochainement, qui
touchent les gens. C’est pourquoi, par exemple, le média régional met l’accent sur l’événement
qui se passe dans le voisinage, sur le fait divers, et, pour plus de crédibilité, souhaite amener son
lecteur à se positionner comme participant ou témoin de ce qui vient de se passer.
Néanmoins, G. Lochard et H. Boyer ont remarqué que la proximité spatiale, un principe de
sélection évident pour la presse locale et régionale, « est également présent dans la presse
d’information générale écrite et audiovisuelle, qui a tendance de plus en plus à privilégier les
faits ayant pour cadre le territoire national » 4. Les événements qui se passent à l’étranger tendent
à être traités de plus en plus, soit dans des pages/rubriques/émissions particulières, régulières ou
occasionnelles, soit par des médias spécialisés en actualité internationale (Courrier International,
Le Monde diplomatique, Euronews, BBC). Surnommée (cyniquement) « la loi du mort –
kilomètre » la loi de proximité géographique est ainsi définie par J.-L. Martin–Lagardette dans
son ouvrage Le guide de l’écriture journalistique : « Un mort dans votre domicile, même s’il
vous est indifférent, a infiniment plus d’impact que deux morts dans votre rue, trois morts dans la
commune avoisinante, cinq dans la capitale, dix dans un pays voisin, cinquante à l’autre bout du
1 Voir José Broucker, Manuel. Pratique de l’information et écritures journalistiques, Les Editions du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ), Paris, 1995 notamment le chapitre « Se risquer de choisir », pp.49-70 et Jean-Luc Martin-Lagardette, Le guide de l’écriture journalistique, La Découverte, 2003 (5ème édition mise à jour et enrichie), pp. 31-38. 2 Yves Agnès, Manuel de journalisme. Ecrire pour le journal, Editions de la Découverte & Seyros, 2002, pp. 36-39 3 José de Broucker, op.cit., p. 60 ; Claude Furet – Le titre. Pour donner envie de lire, Les Guides du CFPJ, Editions du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ), 1995,p. 39-44. 4 Guy Lochard, Henri Boyer - La communication médiatique, Seuil, 1998, p. 30
22
monde »1. Bien évidement, il s’agit à la fois d’une proximité affective, si « le mort » est
quelqu’un qui nous est proche.
Mais il y a aussi des astuces que les journalistes peuvent utiliser pour « réduire les distances »,
s’ils tiennent à signaler des faits intéressants ou importants qui se sont passés ailleurs ou il y a
longtemps. José Broucker dans son manuel de Pratique de l’information et écritures
journalistiques énonce quelques unes2:
- pour réduire la distance géographique en relatant un événement, on peut « mettre en
évidence les conséquences possibles pour les gens d’ici, de l’événement qui s’est produit
là-bas »; « mettre en relief la participation de gens d’ici à ce qui s’est passé là-bas »;
« faire expliquer ou commenter l’événement lointain par une personnalité d’ici »;
rapprocher, par comparaison ou analogie, l’événement qui s’est produit ailleurs,
d’événements ou situations vécus ici.
- pour créer la proximité chronologique, surtout dans les titres et les accroches, il faut
valoriser les conséquences pour le futur et utiliser le plan chronologique inverse (en
remontant du présent au passé);
- pour rapprocher un événement de point de vue psychoaffectif, la rédaction doit mettre en
évidence « les aspects ou les implications les plus humains de l’information », le concret,
le particulier et le social.
Bref, presque toute information peut devenir « de proximité » dès lors qu’on lui applique une
grille de lecture « zoomée », qu’on la présente de manière à abolir la distance sociale,
géographique, temporelle. L’exemple le plus représentatif est, très certainement, la présentation
des situations catastrophiques. En France, les médias nous ont présenté le tsunami asiatique de
fin 2004 à travers les yeux des touristes français qui l’ont vécu et la récente guerre israélo -
libanais sous l’angle de la contribution de la diplomatie française à la résolution du conflit. De
même, le débat autour de la directive Bolkestein sur la libéralisation des services au niveau
européen, a été illustrée via les positions des divers hommes politiques et entrepreneurs français,
mais aussi à travers les éventuelles conséquences sur les travailleurs immigrés en France ou sur
les expatriés français3. Car, aux yeux des journalistes, « Les grandes questions humaines
passionnent toujours, à la condition d’être traitées de façon très concrète »4, si possible à travers
1 Jean-Luc Martin –Lagardette, op.cit., p. 31 2 José de Broucker, op.cit., p. 60. 3 Cependant, nous remarquons que ce dernier angle a été moins utilisé, comme si ce qui se passe sur le territoire national passe toujours en premier. 4 Idem 1, p. 34.
23
des témoignages et en évitant les théories, les déclarations d’intention, la langue de bois ou le
langage trop abstrait.
P. Charaudeau nous met en garde sur l’application de cette loi de proximité spatiale, car, au-delà
des manuels, en pratique c’est plutôt « le mode de traitement de la nouvelle qui rendra ce lieu
événementiel proche ou lointain. »1. Une critique que l’on retrouve également chez C. Restier-
Melleray qui insiste sur le fait que, alors que « parler de proximité c’est envisager prioritairement
le travail journalistique du point de vue de celui qui recevra le message », « cette loi consacre la
prééminence de l’individu, un individu présenté comme décontextualisé et psychologisé2 ». Elle
souligne que cette relation est créée à travers le discours rapporté qui est « la clé du journalisme
de proximité, avec un large recours aux dialogues (échanges d’arguments), témoignages des gens
ordinaires3. En effet, cette approche est du ressort de ce que l’on appelle public journalisme ou
« journalisme civique », dont la déclinaison serait le consequence journalism, à savoir la
démarche qui propose de « centrer reportages et analyses sur ceux qui subissent les décisions,
donc sur des gens ordinaires qui sont amenés à juger les mesures dont ils sont les destinataires
(…) »4.
Dans une perspective discursive, R. Ringoot et Y. Rochard parlent encore de l’émergence des
certains « genres journalistiques de proximité ». Le reportage, l’interview, l’enquête, le compte
rendu sont des genres liés au terrain, ou, selon la distinction opéré par E. Neveu dans sa
Sociologie du journalisme, des genres « debout », à la différence des « genres assis », qui
supposent de rester au bureau et de rédiger à partir de documents (l’éditorial, le commentaire, la
chronique). Les deux auteurs proposent une catégorisation des genres en fonction de l’ethos, plus
précisément « à partir des stratégies énonciatives mettant en scène la figure du journaliste »5:
- les genres « corporalisants » (l’interview, qui induit une mise en scène du journaliste qui "a
été là", donc une proximité physique de l’événement);
- les genres « caractérisants » (l’éditorial, le commentaire qui proposent au lecteur une
proximité plutôt intellectuelle, d’opinion et émotionnelle);
1 Patrick Charaudeau , Le discours d’information médiatique. La construction du miroir social, Nathan/INA, 1997, p. 153 2 Christiane Restier- Melleray , « La proximité dans les médias: retour sur une loi », pp. 254 et 259, dans La proximité en politique. Usages, rhétoriques, pratiques – Christian Le Bart et Rémi Lefebvre dir., Presses Universitaires de Rennes, 2005 , p. 251-270 3 Christiane Restier-Melleray , « Mise en proximité du politique. Les ‘Carnets de campagne’ du Monde (19 mars-2 juin 2002) » , p. 70, dans Mots. Les langages du politique : Proximité – n° 77 mars 2005, ENS Editions, pp. 59-72 4 Idem.2, p. 262. 5 Roselyne Ringoot, Yves Rochard – « Proximité éditoriale : normes et usages des genres journalistiques », dans Mots. Les langages du politique: Proximité – n° 77 mars 2005, ENS Editions, pp. 73 – 90
24
- les genres « dépersonnalisants » (la brève, la dépêche, la mouture qui font disparaître le
journaliste en tant que médiateur et laissent le lecteur seul face à l’information, en créant une
proximité fonctionnelle, ou d’utilité).
« Partage, identification, complicité, adhésion, communion circularité, séduction,
communautarisation, socialisation, intériorisation, sont autant d’expressions traduisant des
matières d’être proches, issues de l’interaction entre la proximité induite par les genres
(émotionnelle, physique, intellectuelle, fonctionnelle) et la proximité travaillée par la ligne
éditoriale, quelle que soit l’appartenance revendiquée »1. En effet, la gestion de la distance entre
le média et son public représente ainsi un enjeu majeur qui fait preuve à la fois du
professionnalisme et du respect de la déontologie journalistique. Car, la « proximité à tout prix »
afin de se pouvoir féliciter pour « l’ouverture de l’espace public à la parole profane » (la large
audience des reality-shows et de l’infotainment ou des soft news y compris) risque, selon C.
Restier-Melleray, de tomber dans le populisme ou dans la pure course à l’audience, de jouer sur
les affects plutôt que d’expliquer ce qui se passe, de focaliser sur les « témoignages
exceptionnels », plutôt que de se fonder sur des documentaires réalisés à travers des statistiques
et des rapports.
2.3. Internet et la mise en proximité : la technique et la politique
Sur Internet la mise en proximité spatiale se fait automatiquement, car le réseau crée une distance
virtuelle flexible qui peut être réglée par l’utilisateur lui-même, selon ses besoins et ses envies. Je
peux sans problèmes partager mes opinions de Paris sur un forum japonais, tout en déclarant que
je me trouve à New York. L’anonymat est ainsi garanti, les traces de l’identité n’étant pas
perceptibles pour l’utilisateur ordinaire (mais, ils le sont, en revanche, pour les services policiers
spécialisés). C’est également de cette particularité que vient le grand succès du web : de la
possibilité de se mettre en relation sans s’exposer, d’émettre des opinions sans les signer, de
pouvoir être n’importe qui, quand on veut. Et les psychologues le confirment : dans ces
conditions, établir des relations avec d’autres individus devient plus facile. Internet n’est donc
pas seulement un outil de mise en proximité spatiale immédiate, spontanée, mais, en même
temps, un facilitateur de la mise en proximité affective, émotionnelle, intellectuelle. Etant
données ces caractéristiques, quel est l’impact de l’Internet sur la communication politique et sur
la sphère publique en France et en Europe ?
1 Roselyne Ringoot, Yves Rochard, op.cit., p. 70.
25
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont été identifiées au
Conseil européen de mars 2000 à Lisbonne comme ayant un rôle capital à jouer dans ce qui est
connu depuis sous le nom de « la stratégie de Lisbonne ». Celle-ci a pour objectif de construire
une Union européenne plus compétitive et plus dynamique d’ici 2010. La Commission
européenne a alors lancé dans ce sens l’initiative eEurope, qui s’est achevée fin 2005. Quel en est
le bilan ? L’étude Eurostat sur l’"Utilisation d’Internet par les particuliers et les entreprises"1
montre qu’en 2005 presque la moitié des ménages de l’UE des 25 a accès à Internet à la maison2
(un quart disposent même d’une connexion large bande), que le pourcentage moyen d’entreprises
de dix salariés ou plus, ayant accès à Internet en janvier 2005, était de 91% et, que 43% de
particuliers ont accédé à Internet en moyenne une fois par semaine en 2005 (les étudiants étant
ceux qui utilisent le plus régulièrement le Web). Pourtant, « le coût élevé, l’accès, l’accessibilité,
les compétences et la motivation sont autant d’obstacles pour les quelques 30% - 40%
d’Européens qui ne profitent pas des avantages de la société de l’information »3. Plus d’un tiers
de la population de l’UE des 25 n’a pas de connaissances de base en informatique et il existe de
grandes différences entre les générations les plus jeunes et les plus âgées4. L’autre paramètre
essentiel étant le niveau général d’éducation (le niveau d’analphabétisme informatique diminuant
avec l’augmentation du niveau d’instruction). Conscients de ce qu’on appelle depuis longtemps
« la fracture numérique », les ministres de 34 pays européens, réunis à Riga les 11-13 juin 2006,
ont approuvé une action paneuropéenne visant l’«e-inclusion». L’objectif est de « réduire de
moitié le nombre de personnes n’utilisant pas l’Internet dans les groupes menacés par
l’exclusion, d’assurer à au moins 90 % du territoire européen un accès à l’Internet haut débit et
de rendre accessibles tous les sites web publics d’ici à 2010 »5.
Quant à la France, une récente étude de l’INSEE 6 révèle qu’en 2005, un Français sur quatre s’est
connecté quotidiennement sur Internet, surtout pour la recherche d’information et pour la
messagerie électronique. Mais en communication politique, Internet a fait ses preuves pendant la
campagne référendaire de 2005. Il a été sans doute le lieu du débat politique alternatif. L’étude
1 Ottens, Morag- EUROSTAT. Utilisation d'Internet par les particuliers et les entreprises. Statistiques en Bref. Décembre 2006, sur http://europa.eu.int/eurostat. Voir également le communiqué de presse EUROSTAT STAT/06/45, du 6 avril 2006. 2 Des données non-disponible sur la France, Malte et l'Irlande. 3 Communiqué de presse IP/06/769 - L'internet pour tous: les ministres européens s'engagent en faveur d'une société de l'information accessible fondée sur l'inclusion, Bruxelles, le 12 juin 2006 http://europa.eu.int:rapid/pressReleaseAction.do?reference=IP/06/775&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=fr 4 Eurostat, Statistiques en bref, Industrie, commerce et services, 17/2006, « Utilisation de l'informatique et d'Internet: quel est le niveau de compétence des Européens? ». La publication est disponible gratuitement en format PDF sur le site Internet d’Eurostat, http://ec.europa.eu/eurostat/ 5 Idem. 3. 6 Yves Frydel, Internet au quotidien : un Français sur quatre, dans INSEE Première, N° 1076 - MAI 2006
26
cartographique1 réalisée par le RTGI (le groupe Réseau Territoires et Géographie de
l’Information de l’Université de Technologie de Compiègne) sur 5000 sites qui ont participé au
débat, souligne le rôle détenu par le Web dans l’issue du scrutin. Tandis que le comptage fait par
l’émission Arrêt sur image2 sur les trois principales chaînes hertziennes révélait que plus de 70%
du temps de parole consacré au débat, avait été utilisé par des représentants du camp du oui, sur
le Net 67% des sites ont fait campagne pour le « non », dont 82% étaient des sites de gauche. Les
chercheurs ont ainsi émis l’hypothèse que « le Web a servi de tribune publique à nombre de ceux
qui se sentaient écartés des plateaux de télévision ou des grands médias, transformant ainsi en
quelque sorte le Web en un négatif, au sens photographique, de la télévision ».
« Ne cherchez pas le pouvoir à l’Elysée ou au Palais Bourbon: il est chez les techniciens – labos,
firmes, agences, centres de recherche et développement, opérateurs multimédia. Internet mène le
bal » – disait Régis Debray, l’inventeur de la médiologie, en paraphrasant ainsi des propos de
Balzac, tenus il y a 150 ans, sur le pouvoir des journalistes3. Alors que sur Internet, les sites
d’information à caractère politique se sont développés en France à partir de 19974, à la suite
d’initiatives privées, en 2006 des classements des meilleurs blogs politiques ont vu le jour dans
les médias traditionnels et « les députés blogueurs » du Parlement européen utilisent Internet
comme tribune politique à la place des médias nationaux dont ils se sentent exclus5. Si l’idée que
les techniques de communication peuvent constituer un outil de progrès politique provient déjà
du XIXe siècle, les technologies de l’information et de la communication ont suscité, à la fin du
XXe des projets comme « la démocratie électronique », « le e-gouvernement », « les cités
numériques ». Pour certains, il s’agit d’une conséquence de la crise de légitimité que traversent
les institutions politiques représentatives : elles sont actuellement à la recherche de nouvelles
méthodes afin d’inciter les citoyens à participer politiquement et socialement. C’est pourquoi
l’Internet représente pour beaucoup l’espoir d’un renouveau du dialogue élus – citoyens, même si
des études ont montré que, pour l’instant, « l’avènement d’une démocratie plus participative est
très peu vérifiée empiriquement »6 et la mobilisation reste toujours faible, malgré « l’effet
d’annonce » d’une société d’information (politique) globale.
1 http://www.utc.fr/rtgi/index.php?rubrique=1&sousrubrique=0 2 France 5, 10 avril 2005. 3 Régis Debray – Intervention à l'Assemblée Nationale, le 27 février 1998, introduction au séminaire de travail « Anciennes nations, nouveaux réseaux », http://www.regisdebray.com/content.php?pgid=medioint 4 Voir Marin Ledun – La démocratie assistée par ordinateur. Du sujet politique au consommateur à caractère politique, éditions Connaissances et Savoirs, 2005, pp. 440-441. 5 Voir l’article « Elus et lus : les députés blogueurs », REF. : 20060331STO06933, publié sur le site du Parlement européen le 10.04. 2006, http://www.europarl.eu.int/news/public/story_page/039-6934-089-03-13-906-200603..., visité le 18.04.2006. 6 Bernard Corbineau, Gérard Loiseau, Stéphanie Wijcik – « L’invariance de al démocratie électronique municipale », dans Francis Jauréguiberry, Serge Prouls (éds.) – Internet, nouvel espace citoyen ?, L’Harmattan, Paris, 2003, p. 103.
27
Ce nouvel espace politique, même virtuel, n’a pas échappé aux journalistes et un nouveau
support médiatique est ainsi né. Mais le passage de la diffusion à l’interactivité présente
également des risques. Car, Internet est-il vraiment un support favorable à l’information, alors
que, sur le Net, tout le monde peut se décréter journaliste ? On s’interroge ainsi sur la crédibilité
de l’information que l’on peut trouver sur Internet et sur le rapport « information » (qui est
l’objet du métier de journaliste) et « communication » (qui va au-delà de l’information, en
présentant une opinion afin de transmettre un message pour atteindre un but communicationnel :
influencer une décision, persuader etc.). Dépendant eux aussi des recettes publicitaires, les
médias en ligne ne sont pas non plus à l’abri de l’influence économique, politique etc. C’est
pourquoi, selon C. de Laubier1, la question déontologique s’impose, interférant avec la question
politique de la protection des droits d’auteur. En même temps, des pratiques de coproduction de
l’information, à travers ce qu’on appelle « l’Internet citoyen » prend la forme des ‘webzines’ tel
que www.agoravox.fr où n’importe qui peut devenir rédacteur à la condition de publier des
informations inédites et que son article arrive au comité de rédaction, laquelle avoue et assume,
sans pouvoir effectivement contrôler, les risques de désinformation. Car, selon J.L. Missika, « La
dispersion de sources d’information, soutenues à la fois par les nouvelles technologies et par de
puissantes demandes sociétales, risque de conduire à une nouvelle situation : celle d’un espace
public bavard et inattentif, où chacun veut être émetteur, auteur, journaliste, mais où peu
choisissent d’écouter ensemble et de se rendre aux rendez-vous de prescripteurs fiables, peu
nombreux et puissants. » 2
1 Christian de Laubier – op.cit. 2 J.-L. Missika – op.cit., p. 105.
28
II. Proximité et interactivité : les clés d’une communication politique et publique de succès ?
Afin de faciliter la diffusion d’information auprès de ses citoyens, l’Union européenne dispose
d’un réseau d’information sur les questions communautaires appelé Europe DIRECT. Il
comprend des relais d’information européenne au niveau local et/ou régional dans chaque État
membre (environ 40 en France), des centres de documentation européenne (aujourd’hui il y en a
600 centres dans les États membres et des pays tiers), 3 centres nationaux d’information sur
l’Europe (à Paris, Lisbonne et Rome), ainsi qu’un réseau de conférenciers indépendants de la
Commission européenne, Team Europe.
Les Centres nationaux d’information ouverts dans les années ’90 en France (Centre
d’information sur l’Europe – CIE - « Sources d’Europe », 1992), Portugal (Centro de informação
Euopeia Jaques Delors de Lisbonne,1994) et Italie (Centro Nazionale d’Informazione e di
documentazione europeo – Cide, 2000) sont situés dans les capitales des pays d’accueil. Ils ont
été créés à l’initiative de ces derniers et placés initialement sous la tutelle conjointe de la
Commission européenne et des autorités gouvernementales (les Ministères des Affaires
étrangères) des pays d’accueil. Leurs objectifs communs sont de renseigner le grand public, de
« répondre aux questions de publics spécialisés » et de « créer un lieu de rencontres, de formation
et d’animation permanente sur l’Europe » 1. Mais, ces dernières années, le centre français a été
obligé de réviser ses objectifs en renonçant à son ouverture au public, ainsi qu’à une bonne partie
de la logistique, et contraint de restructurer son activité et de la restreindre à l’Internet. Ce pas
une fois franchi, est-ce que le CIE arrivera à accomplir sa mission ? Le présent chapitre essaie de
suivre ces changements et de distinguer, dans la ligne éditoriale du nouveau portail
Touteleurope.fr, le rôle qu’il assume auprès de son public et l’adéquation de ses promesses
communicationnelles aux objectifs prévus par la nouvelle stratégie de communication
européenne, en quête de proximité .
1 http://ec.europa.eu/comm/relays/ni_fr.htm, visité le 10.09.2006.
29
1. Rapprocher l’Europe des Français par Internet: é tude de cas
1.1. Le Centre d’information sur l’Europe (CIE)
Fondé en 1992 par le gouvernement français (le Ministère des Affaires étrangères) et la
Commission européenne, le Centre d’information sur l’Europe (CIE) est un groupement d’intérêt
économique qui a commencé son activité sous le nom de « Sources d’Europe ». Créé « pour
« répondre aux questions sur l’Union européenne », le centre de Paris a eu des jumeaux : l’un à
Rome, l’autre à Lisbonne. Si le CIE français a restreint en 2005, son activité uniquement à
l’Internet (info-europe.fr, puis touteleurope.fr), les deux autres centres d’information nationaux
continuent de développer des activités de formation et de documentation (bibliothèque,
médiathèque).
Selon les documents de présentation, sa mission était « d’aider [les Français] à mieux
comprendre les enjeux de la construction communautaire » et de répondre à « toutes » leur
questions sur l’Union européenne, ses politiques, ses pays membres, ses apports dans la vie
quotidienne1.
Situé au début dans le sous-sol de l’Arche de la Défense, le CIE disposait d’un vaste espace
d’accueil (4500m2) avec médiathèque, auditorium, centre de documentation, libre distribution de
brochures, etc.. L’envergure du projet initial a placé le GIE sous contrainte financière et
budgétaire importante. Pour continuer son activité, le Centre d’information sur l’Europe a été
obligé de déménager (dans le 7e arrondissement, dans le même immeuble que les bureaux de la
Représentation du Parlement européen et de la Commission européenne, et à côté du Quai
d’Orsay), de réduire l’effectif du personnel et de restreindre son activité : depuis la rentrée 2004
Sources d’Europe n’est plus ouvert au public et le fond documentaire est désormais consultable à
la Documentation française. A partir de 2007, le financement de la Commission européenne
cessera définitivement.
Afin de mettre en évidence l’importance de cette institution pour la communication européenne
en France, dans ce chapitre nous appuyons notre analyse sur un corpus de présentation du site (le
1 Dépliant de présentation Sources d’Europe – info-europe.fr, annexe 12.
30
dossier de presse du lancement, les points de vue exprimés à cette occasion par divers acteurs et
pas les médias), sur des rapports et sur des entretiens avec le personnel.
1.1.1. Le passage sur Internet
Alors que depuis 1993 le Centre d’information sur l’Europe s’occupait de la gestion électronique
des documents, en 1997 une partie de l’activité d’information développée par le CIE passe sur
Internet, et en avril 1998 le site www.info-europe.fr est lancé. L’équipe rédactionnelle s’est mis à
travailler sur le fond des produits d’information / documentation du CIE en fournissant des
contenus assez variés à destination du grand public, mais aussi une information spécialisée de
base sur les questions européennes (droit communautaire, politiques etc.).
En 2005, le contenu du site www.info-europe.fr1 se présentait ainsi sous deux volets2 :
a. Des contenus stables, froids, dont le but est documentaire et utilitaire : depuis
1998, une collection de fiches pratiques (« Fiches Europe ») sur les programmes, les
politiques de l’UE, les institutions, l’histoire de l’Europe et les fondateurs, les plus
importants textes de droit communautaire, les droits des citoyens européens et les
démarches à suivre (« L’Europe au quotidien »), avec un contenu très concret et une
information adaptée au sujet « la France en Europe ». Cette partie occupait en 2005
plus de deux tiers de l’information publiée sur le site. Un Guide des sources, créé en
1993, comprenant les coordonnées des relais et des centres d’informations sur
l’Europe en France, des ONG, des associations et des institutions européennes ou
françaises à vocation européenne, est aussi mis en ligne.
b. Des contenus flexibles, en suivant l’actualité européenne, et qui poursuivent un
but informatif : une revue de la presse française axée sur les articles traitant de
l’actualité communautaire (en place depuis 1993 et dans une nouvelle version depuis
2002) et des brèves d’actualité rédigées à partir de communiqués de presse officiels
des instances communautaires et nationales, ainsi que des forums thématiques. En
fonction de l’actualité, le site s’est enrichi de nouvelles rubriques et de mini-sites
(« Elargissement», par exemple), Sources d’Europe, en assurant la gestion et
1 Page d’accueil site www.info-europe.fr, annexe 6. 2 Voir « Activité de l’équipe rédactionnelle du Centre d’information sur l’Europe » 01/06/2004, màj 31/01/06, annexe 3.
31
l’actualisation du site spécialement dédié à la Constitution européenne
www.constitution-européenne.fr.
1.1.2. La naissance du nouveau portail Touteleurope.fr
Après le vote négatif des Français du 29 mai 2005, le réseau d’information sur l’Union
européenne en France s’est vu obligé de relever des nouveaux défis. En novembre 2004,
préoccupé par le fort taux d’abstention des Français aux dernières élections européennes, le
Premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin, a confié au député Michel Herbillon une
mission ayant deux objectifs importants. Premièrement, de dresser un bilan des actions en
matière d’information sur l’Europe menées par tous les acteurs français (état, société civile,
médias, ONG etc.). Ensuite, de faire des propositions « de nature à renforcer la conscience
européenne » des Français. Dans sa « lettre de mission », Sources d’Europe était cité comme
ayant un rôle de « tête de réseau, correspondant des partenaires décentralisés qui contribuent à
l’information des Français sur les sujets européens ». Rendu public après le référendum, le
rapport intitulé « 40 recommandations pour mieux informer les Français sur l’Europe » a signalé
au gouvernement français « l’échec patent des politiques d’information et de communication sur
l’Europe » et « la dispersion » des relais d’information, citant ainsi Source d’Europe : « Au
niveau national, le Gouvernement, la Représentation de la Commission, le Bureau d’information
du Parlement européen et le Groupement d’intérêt économique Sources d’Europe (géré et financé
à parité par la Commission et le Gouvernement français), se partagent la charge de l’information
des Français sur l’Europe. »1. En analysant l’activité du CIE (pp. 84-85 et 174-179 du rapport), le
député recommande (recommandation numéro 10) que Sources d’Europe soit « transformé en un
service propre du ministre délégué aux affaires européennes » qui « servirait de tête de réseau des
relais d’information sur l’Europe », et qui « sera chargé d’assurer la permanence de l’information
sur l’Europe, au-delà des campagnes ponctuelles menées à l’occasion de tel ou tel événement ».
Même s’il reste un GIE, son activité devrait ainsi se développer, selon le député, autour de 5
pôles : « information et communication sur l’Europe » (une nouvelle direction interministérielle,
s’il est intégré au gouvernement), « dialogue permanent sur l’Europe » (qui prendrait la forme
d’une conférence permanente sur l’Europe), «animation du réseau national » (en partenariat avec
la Commission européenne), un pôle « formation » (en partenariat avec le Centre d’études
européennes de Strasbourg et avec le ministère de l’Éducation nationale), et, le dernier,
«Recherche et publications » (en partenariat avec la Documentation française).
32
Pour l’instant, l’avenir du CIE reste incertain, alors qu’une décision concernant son statut est
attendue pour septembre 2006. Depuis janvier 2006, avec la nomination d’un nouvel
administrateur, le Centre d’information sur l’Europe a commencé a développer ses activités
majoritairement sur Internet. Le CIE a, néanmoins, poursuivi l’action de réponse au téléphone et
par messagerie électronique aux questions visant l’Europe communautaire et un serveur vocal
interactif, ainsi qu’un logiciel de traitement semi - automatisé des courriers électroniques font
partie de ce projet. L’équipe a été partiellement changée en concordance avec cette nouvelle
orientation de l’activité : un poste de veille Internet a été créé et un nouveau rédacteur en chef,
spécialisé dans la rédaction Web, a été nommé. Remarquons le fait que les deux nouveaux
coordinateurs de l’activité de CIE, l’administrateur et le rédacteur en chef, proviennent du secteur
gouvernemental, ce qui pourrait marquer profondément le futur positionnement de cette
institution : le premier a été le chef du Département multimédia du SIG et l’autre, faisant partie
de la Cellule éditoriale du même service gouvernemental, a été rédacteur pour le site du Premier
ministre. D’autre part, dépourvu des moyens de l’accueil direct du public, la mission principale
du Centre devient ainsi celle « d’informer les citoyens français sur l’Union européenne » à
travers « un nouveau portail de référence »: www.touteleurope.fr. Une nouvelle relation reste à
construire avec son public et un nouveau support doit être mis en place pour un nouveau type
d’interactivité, créée cette fois dans un monde virtuel : le CIE ne reçoit plus « chez soi » dans les
salles de lecture, ni dans les amphithéâtres, mais sur des forums et consultations en ligne.
Le lancement du nouveau portail était cité parmi les mesures prises par le gouvernement français
pour « mieux informer la société civile sur les questions européennes et dialoguer avec elle »2.
En présence de la commissaire européenne en charge de la Politique régionale, Danuta Hubner, à
l’occasion du lancement de Touteleurope.fr, le 2 mai 2006, la ministre déléguée aux Affaires
européennes, Mme Catherine Colonna, a formulé le vœu que l’ouverture du site soit un moment
important pour la France « pour faire vivre le dialogue sur l’Europe », en soulignant son rôle de
répondre à l’« immense besoin d’information [simple et accessible] sur la construction
européenne» et « d’expression et d’échange »1. La présence à l’événement des représentantes
des deux tutelles devient ainsi symbolique, en renforçant l’image partagée du CIE en tant que
1 Rapport HERBILLON, Résumé, p. 9, http://lesrapports.ladocumentationfrançaise.fr/BRP/054000424/0000.pdf 2 Mieux informer les Français sur l’Europe et mieux les associer aux processus d décision européens, le 15.12.2005, http://www.europe.gouv.fr/actualites_1/dossiers_3/action_gouvernementale_39/les_français_347.html
33
prescripteur de l’information sur l’Europe pour les Français, et d’outil d’agrégation de l’opinion
française concernant les questions européennes.
1.2. Le site Touteleurope.fr et ses contenus A travers son positionnement d’interface entre les sources d’informations européennes et ceux
qui les cherchent, même au-delà d’Internet, ce site grand public vise à :
- devenir l’outil de référence en France pour obtenir toute information sur l’Europe ;
- offrir une plateforme de dialogue et d’échange pour les Français sur l’Europe.
L’administrateur de CIE, Benoit Thieulin, résume en quelques mots le rôle de
www.touteleurope.fr : « C’est à la fois une clef d’accès, une carte, et une boussole pour naviguer
sur une toile européenne... et un baromètre sur l’opinion ‘européenne’ des Français. L’Europe
2.0, en somme... » 2.
Notre démarche ne sera pas d’analyser le site en tant qu’objet sémiotique, mais plutôt de le
considérer dans une situation de communication qui s’organise autour de lui et qui comporte
plusieurs éléments : Touteleurope.fr et ses promesses, donc l’usage qu’il prescrit et anticipe de
soi-même, et les sites médiateurs qui proposent leur représentation de Touteleurope.fr. Ce qui
nous intéresse également ce sont les prescriptions d’usage afin de transformer leur propre
utilisateur en visiteur de ce site. Comme nous avons fait le choix de ne pas nous aventurer dans
une analyse de la réception, malgré l’intérêt d’une telle recherche, à travers l’analyse des profils
des visiteurs des sites médiateurs, nous ne nous lancerons pas sur cette voie. Nous nous
interrogerons surtout sur la concordance entre l’image crée par le CIE autour du site
Touteleurope.fr et celle qui se crée à travers certains discours dont il fait l’objet, entre les
promesses de ce dispositif de communication, son ethos pre-discursif, et son image créée dans la
situation de communication, à savoir son ethos discursif.
1.2.1. L’adresse et le nom de domaine du site : les marques d’une identité spécifique
L’URL contient entièrement le nom du site. Il exprime tout d’abord sa promesse d’être « un
portail de référence sur les question européennes/ sur l’Europe », donc d’apporter une
1 Allocution de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux Affaires européennes, à l’occasion d lancement du site Internet www.touteleurope.fr, à la Tour Eiffel, le 2 mai 2006, http://www.rpfrance.eu.article.php3?id_article=449 , visité le 25 août 2006. 2 Entretien avec Benoit Thieulin publiée sur le site de SIG, le 8 juin 2006, visité le 10.09.2006. http://www.internet.gouv.fr/information/inormation/rencontres/avec-benoit-thieulin-281.htm.
34
information exhaustive, à la fois fondamentale et d’actualité sur ce qui se passe sur le vieux
continent. Cependant, cette appellation peut porter à la confusion, car le site ne traite que les
questions en lien avec l’Union européenne, en excluant toute information extra - communautaire
(exception faite des pays adhérents ou en cours d’adhésion, mais, en ce qui les concerne, seule
l’information communautaire est publiée).
D’autre part, « touteleurope.fr » ne correspond pas à un seul nom et son orthographe n’est pas
compatible avec les règles de la langue française, il est donc peu probable qu’un internaute qui
fait des recherches sur Internet tape dans le moteur de recherche « touteleurope », sans avoir
entendu ce syntagme avant dans d’autres contextes. C’est pourquoi, afin d’assurer sa notoriété, le
site s’appuie sur l’achat de mots clés et sur la promotion du nom du site. D’ailleurs, cette
appellation, entièrement reproduite par le logo, contient qu’il s’agit, soit de texte, soit d’image et
sur tous les supports de promotion et de présentation, la particule qui correspond au nom du
domaine : « .fr ». Cette stratégie de communication est utilisée afin de renforcer son image
d’abord en tant que site Internet, puis en tant qu’outil de communication entièrement consacré
aux Français. Il s’agit aussi d’une métaphore de la proximité, qui envisage de créer un lien
(virtuel) entre l’Europe et la France : « Toute l’Europe pour les Français » ou « Toute l’Europe
made in France » semble être le message ainsi porté.
Contrairement à ce que certains attendaient (un journaliste a posé une question à ce sujet pendant
la conférence de presse du lancement), le CIE n’a pas choisi pour son portail le nom de domaine
en « .eu ». Selon l’administrateur du centre, alors qu’il a acheté aussi le nom de domaine
www.touteleurope.eu, ce choix s’explique par la volonté de faire de ce site un portail français, en
s’adressant directement aux Français et, donc, un site qui doit être tout d’abord sur les moteurs de
recherche en « .fr ». Alors que « (…) le domaine, au sens de terroir, donne un style aux
productions de ses habitants »1, le choix fait par le CIE devrait signaler, entre autres, l’adoption
du discours de type français sur la Toile. En même temps, pour réaffirmer son indépendance, le
domaine « .gouv.fr », la marque des sites gouvernementaux, a été également exclu.
1 Valérie Beaudouin, Serge Fleury, Marie Pasquier, Benoit Habert, Christian Licoppe – « Décrire la toile pour mieux comprendre les parcours. Sites personnels et sites marchands » pp. 21- 49, dans Réseaux n°116 – FT R&D/Hermes Science Publications, 2002, p. 39.
35
Selon P. Stockinger, « un critère très important est le nom et le renom, donc la réputation de
l’institution propriétaire d’un site »1 . Mais, le CIE était connu surtout en tant que « Sources
d’Europe », nom auquel il a définitivement renoncé au moment du lancement de
www.touteleurope.fr, cela l’empêche donc de récupérer le déficit d’image dû aux dernières
changements. En ce qui concerne le Web, tandis que la notoriété de l’ancien site du CIE,
www.info-europe.fr, était incontestablement élevée, celle du nouveau nom se construit
progressivement : un lancement assez bien médiatisé et une campagne d’achat de mots clés sur
Google afin de lui permettre un meilleur référencement (perdu une fois qu’on a renoncé à son
ancien nom), sont les premiers pas faits dans cette direction.
1.2.2. Touteleurope.fr : une image à construire
En termes discursifs, « L’énonciateur doit légitimer son dire : dans son discours, il s’octroie une
position institutionnelle et marque son rapport à un savoir. »2. Pour repérer quelques traits de
l’ethos préalable3 que se construit Touteleurope.fr, nous avons analysé « les promesses »4 de ce
dispositif, à travers les documents d’auto-présentation (papier et en ligne). Les objectifs déclarés
de ce nouveau portail seraient, selon le dossier de presse5 et la présentation en ligne (rubrique
« Qui sommes nous ? »6), très audacieux. Ils viennent légitimer le nom du portail (TOUTE
l’Europe), traduisant également les ambitions d’un nouveau départ, d’un nouveau projet.
a. Exhaustivité et intégralité
Tout d’abord, nous remarquons la promesse d’apporter une information exhaustive (aborder
« tous les aspects des questions européennes») pour « tous les publics » (français et francophone,
car la seule langue utilisée sur le site est le français), le grand public y compris. Tandis que les
spécialistes de la communication recommandent, en général, la segmentation de l’information
selon les divers publics et l’adaptation du message afin de garantir de meilleurs résultats, vouloir
s’adresser à tout le monde peut paraître une démarche utopique. Cependant, il faut remarquer
qu’Internet permet déjà un premier ciblage sur un public (les internautes) qui, pour l’instant, est
évidemment beaucoup moins vaste que celui des médias de masse (par rapport à la télévision, par
1 Peter Stockinger – Les sites web. Conception, description, évaluation, Hermes Science/Lavoisier, Paris 2005. 2 P. Charaudeau, D. Maingueneau (dir.)– Dictionnaire de l’analyse du discours, Seuil, 2002,p. 239 3 Adam 1999, Amossy éd., 1999,2000 4 François Jost – « Les promesses des genres », dans Réseaux no 81 CENT, 1997 5 Voir le dossier de presse de Touteleurope.fr, annexe 12. 6 Voir page Qui sommes nous ? du site Touteleurope.fr, annexe 10.
36
exemple). En fait, « tout le monde » représente déjà « ceux qui ont les moyens d’accéder à
Internet » et qui connaissent la langue française (puisque la langue unique du site). Il s’agit donc
de rendre l’information européenne intéressante pour les Français et la présenter sous une forme
adaptée au support web. Ensuite, Internet est un média qui permet à l’utilisateur, non seulement
une certaine autonomie, mais qui le transforme d’un consommateur passif de l’information
(comme dans le cas de la télévision ou de la radio), dans un consommateur avisé et en quête
d’information. C’est pourquoi il faut rajouter un critère de segmentation pour la cible de ce
portail : « tous les internautes qui comprennent le français et qui s’intéressent aux questions
européennes ».
Malheureusement, il est impossible d’aller plus loin dans cette segmentation et il faut souligner
que la concurrence est rude : la toile européenne de langue française compte aujourd’hui des
milliers de sites et de portails, sans compter les blogs. Pas facile donc de se faire repérer et de
fidéliser les visiteurs afin de devenir « un portail de référence sur les questions européennes». En
même temps, cette promesse oblige à un grand travail rédactionnel de « vulgarisation » de
l’information provenant des institutions européennes, en gardant non seulement la rigueur d’un
documentaliste, mais aussi la même préoccupation pour l’actualité que peut avoir un journaliste.
Car viser « tous publics » et « grand public », c’est aussi proposer des contenus susceptibles
d’intéresser, à la fois ou séparément, diverses catégories sociales, professionnelles, politiques,
économiques, à la fois les « eurosceptiques » que les « europhones » et les « europhobes » ; les
étudiants, les hommes politiques, les universitaires, les think-tanks mais aussi les touristes, les
entrepreneurs, les retraités, les travailleurs, les jeunes, les fonctionnaires, les enseignants etc. En
effet, confronté à sa double personnalité (à la fois institutionnelle et indépendante, plutôt
d’organisme parapublic) et à sa mission « d’informer les citoyens français », le CIE mise sur
l’interactivité de ces nouveaux outils. Le but est d’adapter l’information en fonction des intérêts
des destinataires et d’offrir aux « récepteurs » les moyens pour leur permettre de personnaliser
cette information qui est mise à leur disposition, selon leurs préférences. Une très claire et
rigoureuse organisation du contenu devrait ainsi permettre à l’internaute de trouver facilement
sur le même site l’information qu’il lui faut, qu’il y accède en tant qu’entrepreneur, en tant que
touriste, en tant que père qui cherche de l’information pour faire les devoirs de son fils, ou encore
en tant que candidat aux élections européennes.
Par ailleurs, il faut aussi souligner le fait que la promesse du dispositif en tant que portail n’est
pas de présenter lui-même cette information très vaste de façon exhaustive, mais
37
« d’orienter » les internautes vers les sources d’information disponibles et appropriées. Le rôle
que le CIE assume n’est donc pas celui d’un producteur ou d’un fournisseur d’information, mais
d’un facilitateur, d’un multiplicateur de l’information, d’une interface entre les institutions et les
citoyens, relayant la communication dans les deux sens, grâce à l’interactivité du support. Il
s’engage ainsi à faire de Touteleurope.fr, un carrefour de l’information sur les questions
européennes et non pas la source même de cette information.
b. Interactivité et libre expression
Ce souhait de faciliter le feedback est plus clairement exprimé par une autre promesse, celle de
créer plus d’interactivité : « ouvrir aux internautes plusieurs espaces d’expression qui leur
permettent de livrer leur point de vue sur l’Union européenne et ses politiques, de faire part de
leur témoignage, de leur expérience ou simplement de poser leurs questions sur tel ou tel point ».
Il s’agit d’organiser le débat autour des question européennes ou plutôt de mettre à la disposition
d’internautes une agora pour confronter leurs opinions sur ce sujet.
c. Veille et analyse
L’engagement est d’offrir « un poste d’observation sur tout ce qui se dit et sur tout ce qui se
pense en matière européenne » (débats, vie intellectuelle, sondages d’opinion etc.). Les rubriques
de recueil de divers commentaires et positions (Tribunes), d’analyse des sondages et présentation
d’études, des débats intellectuels, des grandes tendances médiatiques, de livres et de revues qui
font référence aux questions européennes, jusqu’à la cartographie des sites « européens » de la
toile française, réalisée en partenariat avec l’Université de Technologie de Compiègne – RTGI,
sont des approches qui visent justement à répondre à la promesse d’offrir un poste d’observation,
d’explication et d’analyse « de tout ce qui se dit et de tout ce qui se pense en matière de questions
européennes ».
d. Simplicité, clarté et utilitarisme
Le CIE souhaite proposer aux internautes « une information pédagogique sur l’Union
européenne, son histoire, son fonctionnement, ses politiques et son actualités », ainsi que sur les
démarches à effectuer pour bénéficier de ses droits de citoyen européen. Cette intention de
vulgariser l’information sur l’Europe ou, selon la ministre la déléguée aux Affaires européennes,
38
Mme Catherine Colonna, d’offrir une information « simple et accessible », « qui ne soit pas
réservée aux spécialistes » 1, reste difficile à réaliser pour certains contenus, comme ceux
concernant le droit communautaire. Néanmoins, le développement et la mise en ligne des
supports « pédagogiques » (animations, illustrations, schémas, présentations synoptiques, comme
par exemple les cartes interactives et les infographies), facilitent beaucoup la compréhension.
Deux niveaux de lecture sont ainsi proposés : un pour le public avisé, l’autre pour le grand
public.
Pour honorer toutes ces promesses, le site devrait à la fois incarner le rôle du « médiateur », du
« modérateur », de l’« observateur –analyste » et du « pédagogue ». Ce type de discours
autoréférentiel montre la volonté de l’institution de transmettre une image de soi polyvalente
mais qui renvoie vers un positionnement unique, celui de « facilitateur ». Le contrat de
communication (P. Charaudeau) mis en place par ce dispositif n’est donc pas celui d’informer,
mais bien de faciliter l’accès à un certain type d’information. Le rédacteur en chef du site, Ronan
Le Goff, confirme cette vision : « Touteleurope n’est pas un ‘webzine’ mais bien un portail. Son
objectif premier consiste à proposer une information accessible, simple, synthétique et
pédagogique sur l’Europe et ce en dépit de la richesse et de la diversité des ressources existantes.
Le site a donc un rôle d’agrégation des contenus »2.
Une synthèse de tous ces promesses est réalisée par le slogan « Toute l’Europe en un clic »,
exprimant les mêmes ambitions d’exhaustivité, mais incluant la promesse de faciliter au
maximum l’accessibilité à l’information. Alors que l’Union européenne est perçue en général
comme éloignée et incompréhensible, nous découvrons ici la promesse d’un changement
d’image : le site souhaite rendre l’Europe plus proche et compréhensible pour tous. Car un
unique et simple geste (« le clic » c’est la marque de l’action internaute de base) suffirait pour
apprendre tout sur l’Europe. N’oublions pas que le site est exclusivement en français, pour
marquer une fois de plus les frontières nationales et le ciblage d’un public français (à part la
France et la Belgique, aucun autre pays francophone, susceptible d’être intéressé par le site, ne
fait partie de l’Union européenne). Nous observons ainsi que ces choix viennent en effet à la
rencontre des préférences des internautes français, saisies par certains analystes de la Toile :
« Les internautes résidants en France consultent majoritairement des contenus dans la langue du
1 Allocution de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux Affaires européennes, à l’occasion d lancement du site Internet www.touteleurope.fr, à la Tour Eiffel, le 2 mai 2006 , http://www.rpfrance.eu.article.php3?id_article=449 2 Voir Entretien avec Ronan Le Goff - 12.07.2006., annexe 4.
39
pays. (…) Cette préférence pour la proximité se lit aussi dans la manière dont les sites sont
visités. Les internautes marquent une très nette préférence pour ce qui est à portée de clic et s’ils
naviguent de lien en lien, c’est rarement pour explorer les sites dans leurs profondeurs et dans
toutes leurs ramifications. »1.
En conclusion, si on adapte le triangle de F. Jost2 qui classifie les genres télévisuels en fonction
du mode d’énonciation dont il se sert, on pourrait dire que le site Touteleurope.fr peut être placé
à mi-chemin entre le mode informatif et le mode ludique, correspondant au genre télévisuel de
« talk-show », qui mêle à la fois l’information, l’interactivité, l’échange d’opinons et le débat.
1.2.3. Les rubriques : Un site – une institution
La réorganisation institutionnelle du Centre d’information sur l’Europe a été beaucoup influencée
par la structure du nouveau site Touteleurope.fr. Les divers « cellules » ou « unités » (rédaction,
veille, etc.) sont organisées en fonction des rubriques, mais avec des taches complémentaires et
en disposant d’une intercommunication permanente. Leurs contributions à chaque rubrique se
repartissent de manière suivante :
1. « Actualité européenne » - La cellule « Rédaction » (qui comprend trois
rédacteurs sans carte de journaliste, ayant fait des études de droit ou
histoire/lettres) est responsable du suivi de l’actualité des institutions
communautaires ou françaises à vocation européenne à travers les Eurofils RSS,
Brèves, Articles, Dossiers d’actualité, Revues de presse, Questions - Réponses ,
Agenda (législative, politique, événementielle, médiatique), Quiz. La sous-
rubrique Suivi législatif est alimentée par les spécialistes en droit communautaire,
ces derniers faisant eux-mêmes partie de l’unité « Veille stratégique et
consultations publiques ».
2. «Vos droits et démarches » - La rubrique, d’une logique utilitaire, contient des
fiches pratiques concernant les droits des citoyens européens et les démarches à
suivre pour bénéficier de certains services ou pour financer son projet. La cellule
« Rédaction » en partenariat avec La Documentation française – Service public
s’occupent de la mise à jour de toutes les sous-rubriques : Exercer ses droits
1 Valérie Beaudouin, Serge Fleury, Marie Pasquier, Benoit Habert, Christian Licoppe –op.cit, p. 45 2 François Jost, op.cit.
40
(Voter et être éligible aux élections européennes, Bénéficier de la protection
consulaire etc.), Bénéficier de la mobilité (Vivre, circuler, résider dans l’UE,
Etudier et se former dans l’UE , Travailler dans l’UE etc.), Financer son projet
(Les règles de base , Les secteurs financés par l’UE).
3. « L’Union européenne » – une rubrique sur un ton pédagogique très accentué,
très accessible, pour découvrir tout d’abord qu’est ce que c’est l’UE : L’UE au fil
du temps (son histoire, présentée à travers une frise historique interactive, les
élargissements successifs, les biographies des personnages-clés). Puis, pour
expliquer comment ça marche (les traités fondateurs et le droit communautaire,
les institutions et les organes de l’Union européenne, son budget, la prise de
décision communautaire, etc.), pour présenter l’essentiel sur les États membres et
sur les pays adhérents ou candidats, ainsi que la contribution et le rôle de la
France dans l’UE. Des animations et des cartes interactives apportent un fort
caractère ludique et de vulgarisation à cette partie du site.
4. « L’UE en action » - une rubrique sur les stratégies, la politique et les politiques
de l’UE, ainsi que sur les grands projets européens en Europe et en France (une
carte présente les projets par région). L’équipe de la Rédaction s’occupe de la
mise à jour de cette rubrique, dont une partie est réalisée en partenariat avec le
DIACT.
5. « Parlons d’Europe ! » - c’est la rubrique dont se charge l’unité Veille
stratégique et consultation. Elle contient, selon une logique interactive, des
forums, un répertoire des expressions en ligne (dont « Vous et l’Europe »,
organisé par le CIE, représente une façon originale d’en visualiser les résultats, à
travers « l’arbre thématique »).
6. « Observatoire de l’Europe » - c’est une rubrique centrée exclusivement sur la
veille (médiatique et Internet) des opinions et des tendances, rédigée par l’unité
correspondante. Elle présente une cartographie de la Toile européenne (en
partenariat avec le RTGI), un recensement des résultats des principaux sondages
d’opinion sur les questions européennes publiées en France (les Eurobaromètres y
compris), des entretiens et des comptes rendus des ouvrages, des tribunes, des
revues, et des études sur les questions européennes.
41
Ces six rubriques qui supposent un important travail de rédaction, mises à part, une autre partie
du site est surtout « utilitaire », fonctionnelle. Elle est consacrée aux questions techniques
(impression, envoie d’articles, abonnements aux newsletters, appels d’offres, recherche, logiciels
nécessaires etc.) et aux information sur le site, ainsi que l’institution qui le gère. Une rubrique
spéciale est également dédiée aux jeunes internautes. Elle comprend des outils pédagogiques sur
l’Europe (L’Europe pour les Juniors). Une autre a la fonctionnalité d’un annuaire des institutions
et des associations à vocation européenne (françaises ou bruxelloises), ainsi que des documents
sur les questions européennes publiés en français. L’interactivité est assurée grâce à la possibilité
d’adresser des questions en ligne, à l’aide d’un formulaire pré- formaté.
1.2.4. La page d’accueil
Selon M. Bonhomme et P. Stalder, les pages d’accueil méritent une analyse spécifique : « Non
seulement elles forment une hyperstructure complexe reflétant l’organisation tant globale que
détaillée du site, mais elles sont une carte de visite souvent décisive pour le bon succès de son
exploration »1. D’autre part, P. Stockinger propose six types fonctionnels de scénarios qui
composent un site web : à fonction paratextuelle, textuelle, hypertextuelle, métatextuelle,
peritextuelle et épitextuelle2.
En suivant les modèles d’analyse proposés par ces auteurs, nous allons tout d’abord examiner le
système de navigation de la page d’accueil (qui est également la page d’entrée dans le site) de
Touteleurope.fr1 structurée dans quatre colonnes: nous constatons qu’il s’agit en fait de la page
d’accueil de la rubrique Actualités (indiquée également par la couleur bleu du menu de
navigation dans la rubrique, situé à gauche), ce qui renvoie directement à la mission
d’information que le site souhaite exercer. Nous observons tout d’abord que la région du haut de
l’écran est réservée à l’identification et la circonscription du site (nom, logo, slogan, ainsi que
des lieux d’accès vers les rubriques « Infos site », « Qui sommes nous ? », « Plan du site »), cette
composante paratextuelle étant fortement marquée par la graphique qui définit également la
charte graphique du site. Dans la même zone haute un mélange de scénarios à fonction textuelle
et hypertextuelle est présent : une partie est consacrée à l’accès direct (menu déroulant) aux
1 Marc Bonhomme, Pia Stalder – « Analyse sémiolinguistique des pages d’accueil des sites politique suisses sur Internet » dans Mots. Les langages du politique, ENS Editions, no. 80 mars 2006 – « La Politique mise au Net », pp. 11-23, p. 11. 2 Peter Stockinger, op.cit., pp. 120-121.
42
« prestations2 » du site liées aux divers services d’information (annuaires, ressources) et de
communication (abonnement aux newsletters etc.) et une autre contient des régions réservés à
l’interaction entre le site et son public : le menu, un moteur de recherche interne.
Alors que ce mix des composants est également maintenu dans la partie centrale, nous pouvons
remarquer ici la place importante consacrée au textuel : des lieux d’accès vers des documents en
ligne et même des informations structurées. Car le premier paragraphe de la colonne centrale
ouvre l’accès direct vers l’article du jour et les widgets situés à droite de l’écran font le tour des
sous - rubriques d’actualité : les brèves (synthétisées par leur titre) et les autres articles (datés, en
menu déroulant) sous le titre « Dans l’actualité », l’Agenda du jour, le Chiffre du jour
(remarquons l’accent mis sur la pertinence et la fiabilité de l’information en employant
l’expression « du jour ») et les fils RSS. D’autres rubriques dont le contenu est régulièrement
renouvelé (le Quiz, E-Toile, Vient de paraître, entretiens, Tribunes, les consultations) sont
présentés à partir de cette page, ce qui permet à l’internaute d’aller directement vers elles.
A l’inverse, la partie gauche de l’écran est dominée par l’hypertextuel : à partir du menu fixe on
peut accéder aux autres sous-rubriques d’actualité (les dossiers d’actualité, le suivi législatif etc.)
et un menu graphique permet la navigation à l’intérieur du site, rubrique par rubrique. Une
couleur correspond à chaque rubrique et la souris posée sur l’un de ces boutons fait apparaître la
présentation très succincte (par des mots clés) de la rubrique : par exemple, « 03. L’Union
européenne. Fonctionnement des institutions, histoire de l’Europe, États membres » ; « 06.
Observatoire de l’Europe. L’opinion dans les sondages et sur la toile. Actualité du débat
intellectuel. ».
Nous remarquons la pauvreté des régions à fonction peritextuelle (qui rend compte du
positionnement du site – référencement et références d’autres acteurs, institutions) et épitextuelle
(liens et références à d’autres sites ou publicité). Cependant, cela paraît tout à fait normal pour
une page d’accueil qui ne doit pas renvoyer vers d’autres sites, afin de ne pas éloigner
l’internaute de son contenu. Exception fait la rubrique « E-Toile », dont la fonction est de
présenter régulièrement les nouveaux sites du même domaine. Au contraire, on y trouve des
1 Page d’accueil de Touteleurope.fr, annexe 7. 2Voir la définition donnée par P. Stockinger à la « prestation », c'est-à-dire des prestations d’information, de communication etc. qui désigne l’objet du site.
43
divers widgets promotionnels pour d’autres contenus du site (pour la frise historique, pour les
consultations).
Malgré cette mise en scène complexe et riche en propositions, ce qui met en difficulté
l’utilisateur est le faible « monitorat de l’appropriation de la prestation du site »1, c’est-à-dire une
certaine insuffisance des scénarios à fonction métatextuelle qui proposent des assistants d’aide,
conseil de navigation, FAQ, consignes ou règles pratiques qui faciliteraient la navigation sur le
site. Même si l’internaute peut se faire une idée du contenu du site en explorant le menu
graphique à gauche, il peut difficilement se rendre compte de la façon d’arriver à l’information
dont il a besoin.
Nous allons trouver quelques aides à la navigation en passant au niveau discursif, même s’ils ne
rendent pas compte de toute la complexité de l’information qui se trouve sur ce portail.
Remarquons les éléments qui ont le rôle de créer les opportunités d’interaction, d’inciter
l’internaute à participer, de le faire se transformer de simple lecteur, à acteur voire contributeur
(dans le cas des forums ou des consultations) : des énoncés de type métacommunicatif (« Posez
vos questions », « Abonnez-vous », « Prenez la parole »), d’autres qui indiquent les
manipulations à effectuer afin de trouver plus d’information ou de participer aux débats
organisés sur le site (« Voir tous les flux », « Toutes les tribunes », « Accéder au quiz »,
« Accéder aux forums »). Leur rôle est important car, comme le soulignent M. Bonhomme et P.
Stalder, « Ancrant par avance la réception dans le discours, un tel dialogisme vise à compenser la
dimension fugace et aléatoire de la communication politique par Internet »2. C’est donc le
discours, à travers l’interactivité spécifique à l’Internet, qui arrive à créer de la proximité : les
distances s’évanouissent et on nous offre un espace (public) où l’on peut prendre la parole,
débattre et s’exprimer sans limites.
1.2.5. La crédibilité de l’information
Pour 77% des internautes français l’usage le plus courant d’Internet est la recherche
d’informations, selon l’enquête « Technologies de l’information et de al communication »
d’octobre 2005, de l’INSEE3. En plus de ses incontestables avantages, l’utilisation d’Internet
1 Peter Stockinger, op.cit., p. 121. 2 Marc Bonhomme, Pia Stalder, op.cit., p. 14. 3 Yves Frydel – Internet au quotidien : un français sur quatre, le Bulletin de l’INSEE, n° 1076 – mai 2006
44
comporte aussi des risques pour ceux qui l’utilisent dans le but de s’informer sans connaître ses
règles : le risque de désinformation, d’une part, à cause de la multiplication des sources
alternatives, non –officielles, qui présentent un point de vue personnel ou de groupe, et, d’autre
part, celui de se retrouver dans un océan d’information sans pouvoir déterminer laquelle est
pertinente.
Dans son guide Internet pour les journalistes, Serge Courrier énonce les indices de crédibilité
d’un site, d’une page et d’un texte1. Nous avons déjà fait quelques commentaires à propos de
l’identité de l’institution qui gère le site : la réputation de la source, le nom du domaine, la
finalité du site, l’identification de l’auteur – logo, adresse etc. A part ceux-ci, Courrier inventorie
des critères qui tiennent de la forme (le design, l’organisation, la facilité à l’usage, la mise à jour,
l’interactivité des pages). Nous allons en utiliser pour la suite de notre analyse, surtout ceux qui
portent sur ce qu’on pourrait appeler « l’hypercontenu » du site comme les citations « par une
source digne de crédit » (qu’il s’agit de citations directes, d’autorité ou de web index factor 2) et
les liens hypertexte (vers des sites réputés).
En effet, alors que la crédibilité de l’information constitue l’un des plus importants critères pour
juger un site, la validation et la transparence des sources restent, pour les éditeurs de contenus
web, un moyen de certifier, de rassurer l’usager de la fiabilité de leurs productions éditoriales.
Une question qui s’impose dans le cas du site Touteleurope.fr, est celle de savoir si l’image de
l’institution qui le gère a des conséquences sur la crédibilité de l’information publiée sur le site.
Le fait que l’identité (les logos, les noms etc.) du CIE et des institutions qui l’encadrent n’est pas
rendue visible sur le site (sauf dans la partie « Qui sommes-nous ? », qui raconte l’histoire du
Centre et son « parrainage ») peut provoquer une certaine réticence chez l’internaute3 : il pourrait
se demander qui est l’auteur de toute cette information publiée, comment il la produit et dans
quel but. Tandis que le « garant » de la véracité de l’information publiée n’est pas identifiable, et
que la notoriété du site est encore très réduite à cause de son lancement récent (d’autant qu’aucun
lien ne se fait, ni dans la communication ni sur le site actuel, avec l’ancien site www.info-
europe.fr, qui n’existe plus, mais qui était très connu), l’usager est obligé de se poser des
questions sur les sources, la fiabilité et la crédibilité de cette information. D’ailleurs, toujours
1 Serge Currier –Internet pour les journalistes, Victoires Editions, 2004, pp. 310-315 2 Web index factor = l’indice de citation du site sur Google 3 Il est évident que la présence du « logo de la Marianne », qui crée l’identité des sites gouvernementaux, représente le garant d’une information officielle, publique, vérifiée, correcte, émanant directement de la source – l’institution publique concernée.
45
soucieux de clamer son indépendance, CIE tient même à préciser, dans la rubrique
« Responsabilités », que les informations ont été produites par le Centre d’information sur
l’Europe et que « Elles ne représentent pas la position officielle de la Commission européenne ou
du Gouvernement Français, ni davantage n’engagent leur responsabilité ».
Le rédacteur en chef du site lui-même souligne1 que « La double tutelle légitime le traitement
objectif des questions européennes par le Centre d’information sur l’Europe (CIE). Les positions
du Gouvernement français et de la Commission européenne pouvant diverger, le CIE n’est pas
contraint de véhiculer les opinions de l’une ou de l’autre partie. ». D’où une information qu’il
apprécie générale, précise, rigoureuse et également neutre « puisqu’elle tend à présenter les
politiques et les réalisations de l’Union européenne, dans leur ensemble. », provenant des sources
d’information officielles (européennes ou françaises), et crédible grâce aux mises à jour
régulières. A l’inverse, il existe certaines rubriques pour lesquelles les partenaires2 dans la
création des contenus, des institutions publiques, sont identifiés régulièrement au moins par leur
logo « la Marianne » : « Vos droits et démarches » est développée en partenariat avec le portail
gouvernemental Service public, la veille sur les « Ressources documentaires » avec la
Documentation française, « Projets d’Europe » avec la DIACT3, selon la rubrique : Qui sommes
nous ? / Partenaires et prestataires).
Un autre indicateur pour mesurer cette crédibilité ou pour la vérifier, est l’analyse des citations
car, selon D. Maingueneau, la citation « n’est jamais neutre et renvoie aux fondements
idéologiques et textuels du discours citant »4. Dans le cas du web, il s’agit d’une « médiation
structurale » : des « sites médiateurs » renvoient au site analysé et proposent ainsi un certain
usage de celui-ci. Selon la définition donnée par J. Davallon, N. Noel-Cadet et D. Brochu5, dans
le cadre de leur recherche sur Gallica. « (…) le site médiateur proposera une interprétation du
site de référence : il en donnera une image ; il en sélectionnera certains éléments vers lesquels il
orientera l’usager potentiel ; éventuellement, il les commentera. En tout état de cause, il
soumettra le site de référence à son regard et à son discours, adoptant ainsi une position
métacommunicationnelle. Ce regard et ce discours seront orientés par l’intention du producteur
1 Entretien avec Ronan Le Goff - 12.07.2006., annexe 4. 2 Se rapporter à la rubrique du site: « Qui sommes nous ? » / « Prestataires et partenaires ». 3 Délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires. 4 D. Maingueneau – L’analyse du discours, op.cit., p. 136. 5 Jean Davallon, Nathalie Noel-Cadet, Danièle Brochu - L’usage dans le texte : les « traces d’usage » du site Gallica dans « Lire, écrire, récirre. Objets, signes et pratiques des médias informatisés », Emmanuel Souchier, Yves Jeanneret, Joelle Le Marec (dir.) , BPI/Centre Pompidou, 2003, pp. 46-90
46
qui est à l’origine du site médiateur ; ils dépendront aussi de l’usage que ce producteur a eu lui-
même du site de référence »1.
Dans notre cas, nous avons fait une recherche sur Google pour www.touteleurope.fr et nous
avons sélectionné la tâche « Trouver les pages contenant le terme www.touteleurope.fr ». Nous
avons analysé les 150 premiers résultats (considérés par le moteur les plus pertinents pour notre
recherche) sur un total d’environ 61 000 (le 12 juillet 2006)2.
En regardant quels sont les sites qui citent www.touteleurope.fr, nous observons qu’il s’agit en
général de deux types de citation qui renvoient vers deux types d’ethos construits à travers ces
discours :
- une qui renvoie vers l’institution média Touteleurope.fr, car nous trouvons surtout des
annonces ou des articles concernant le lancement du site et les discours politiques et
promotionnels qui vont avec (ethos institutionnel);
- l’autre qui fait référence au rôle, à l’utilité de www.touteleurope.fr , en recommandant un
certain usage du site (ethos fonctionnel).
Les premiers résultats de la recherche sont, évidement (car Google ordonne les résultats de la
recherche en fonction de leur pertinence), des autocitations : la page d’accueil du site et l’une de
ses pages internes, la section Forums. Cette dernière rubrique du site a fait l’objet d’une action de
promotion et de référencement spéciale pour marquer le lancement de la première consultation en
ligne, inaugurée le 9 mai 2006, à l’occasion de la fête de l’Europe, par la ministre déléguée aux
Affaires européennes, suivie par la consultation organisée à la demande du commissaire
européen Siim Kallas, sur son initiative concernant la transparence. En troisième position, c’est
www.constitution-europeenne.fr, un mini-site qui fait partie de la « constellation » créée par le
CIE (à l’occasion du référendum français) mais qui reste, pour l’instant, partiellement désaffecté,
car sa mise à jour ne compte plus parmi les priorités de l’équipe rédactionnelle.
Les résultats suivants représentent des sites d’institutions publiques françaises (le site du
ministère des Affaires étrangères, des sites d’ambassades de France et le portail d’information
1 Jean Davallon, Nathalie Noel-Cadet, Danièle Brochu , op.cit., p. 53 2 Annexe 11 : résultats de la recherche.
47
gouvernementale www.service-public.fr1) ou parapublics, s’il s’agit de ceux à vocation
européenne (un des relais français du réseau d’information européenne Europedirect et le groupe
des Verts brestois). Quant aux contextes de citation, en général, il s’agit de l’annonce du
lancement du « nouveau portail d’expression sur l’Union www.touteleurope.fr ». Chacune
faisant souvent référence à l’allocution de Madame la ministre déléguée aux Affaires
européennes pour l’occasion.
Nous découvrons aussi qu’une annonce concernant l’inauguration du site Touteleurope.fr a été
publiée (et signée) par le SIG (le Service d’information du gouvernement) sur le blog de
communiqués de presse gratuits Publiciblog. Publié avant la date prévue pour le lancement, il
contient une grosse erreur, puisqu’il annonce la présence de la vice-présidente de la Commission
européenne, Margot Wallstrom, à la festivité de lancement2.
Nous avons classifié et compté ces sites selon leur propriétaire/producteur :
Type de producteur/ propriétaire de site
Exemples Nombre de résultats correspondants3
Structures publiques et parapubliques françaises
Ministères, Premier ministre, collectivités territoriales, Chambres de Commerce, Représentation Permanente de la France auprès l’UE, Maison de Français à l’étranger, feteleurope.fr, INJEP, Service public, Vie publique, Place publique, FIFAS, Espaces transfrontalières etc.
61, dont : - 12 en « .gouv.fr » - 17 sites des ambassades de France à l’étranger
Institutions, organisations, associations à vocation européenne
Maison de l’Europe, centres Europe Direct, la, Fondation Robert Schuman
7
Associations (politiques et apolitiques), fondations, ONG
Brest ou Vert, FEN, Horizon Etudiant, Villes Internet, Eveil, Assemblée des Français à l’étranger.
11
Productions individuelles (blogs) Observatoires présidentiels, Service-doc, le blog de Libération, Eric Raoult, Geopolitologue, Europablues
13
Médias Le Centre d’accueil de la presse étrangère (CAPE), Le Figaro,Economie Matin, Le Peit Journal, EurActiv, Europeus, Eurosph-r (webradio)
9
Auto référencements, prestataires et collaborateurs à la création du site ou de ses contenus
www.touteleurope.fr/fr/parlonsdeurope/.. , www.constitution-européenne.fr, l’Agence Wellcom, SID, OneXT etc
14
Universités, encyclopédies, annuaires, portails
Université de Nancy2, Université de Limoge, URFIST, le web pédagogique, villes du monde, doc.diplomatie, IUSSEEK.eu,.com, guichetdusavoir
18
1 À noter que sur le site www.service-public.fr, www. touteleurope.fr est cité dans la rubrique : « Actualité des particuliers/ Europe », pour renforcer son image de site non - gouvernemental. 2 La Commission européenne a été représentée au lancement par la commissaire européenne Danuta Hubner. L’annonce erroné a été repris, dans cette forme, par quelques d’autres sites : Dico du net, Insert-export etc. 3 Il ne s’agit pas du nombre des sites, mais du nombre des résultats correspondant à chaque type de site. Il arrive donc qu’un site, qui a cité deux fois Touteleurope.fr, soit compté deux fois.
48
Destination jeunes/étudiants CRIJ, Studyrama/ vive à l’étranger, Capcampus, yonet etc
9
Informatique/ Internet dicodu net, actu-sécurité, mag-securs 5
Non identifiés1 3
Parmi les 150 résultats de la recherche, la catégorie de sites la plus répandue, qui citent donc
www.touteleurope.fr, est celle des sites des institutions publiques et parapubliques françaises : 61
références, parmi lesquels douze en « .gouv.fr » (le Ministère des affaires étrangères étant le plus
courant), 17 sites d’ambassades françaises. Font également partie de cette catégorie, les sites
Service public, Vie publique, Place publique, Espaces transfrontalières et des Chambres de
Commerce, des sites de certaines institutions décentralisées au niveau local (mairies et conseils
régionaux, www. étoile-région-centre.fr, Synapse, INJEP, etc.) ou visant l’international (la
Maison de Français à l’étranger, feteleurope.fr, Représentation de la France auprès l’UE, etc.).
Dans ces citations, le plus fréquent contexte est celui du lancement du site, mais il s’agit
également de listes de ressources d’information sur l’Europe. Cette proposition à usage
documentaire du site « Touteleurope.fr » passe d’ailleurs en deuxième position selon sa
fréquence : 18 références, dont 10 de la part d’universités.
En effet, ces deux grandes catégories de sites médiateurs deviennent ainsi, pour l’internaute, les
garants de la crédibilité de l’information trouvée sur le site : alors que www.touteleurope.fr est
cité sur les sites des ministères, des ambassades (d’ici sa valeur francophone ajoutée), il est
également recommandé à la lecture par des professeurs universitaires. De fait, le lecteur a plutôt
tendance à apprécier l’information publiée comme étant fiable et correcte.
En troisième position nous trouvons, presque à l’égalité, les autoréférences (les « autocitations »
ou les annonces publiées par des sites de partenaires ou de prestataires2) et les blogs. Nous
remarquons qu’il s’agit souvent de blogs de documentation ou dédiés à la recherche
(Observatoires presidentielles, Service-doc, le blog de Libération etc.), mais aussi de blogs
d’hommes politiques (le blog du vice-président de l’Assemblée nationale, Eric Raoult ou
Geopolitologue, signé par le député européen Pierre Verluise1). Il est bien connu que ce genre
d’écriture web devrait être, par définition, très personnelle et intime. Par conséquent, cette touche
1 3 des 150 résultats n’ont pas été validés car les URL renvoient vers des sites cachés, très probablement des pages personnelles. 2 Nous n’avons pas inclus dans cette catégorie le site Service public.fr car nous avons trouvé plus importante, pour prouver la crédibilité du site, sa qualité de portail de référence concernant l’information publique, donc il peut être trouvé dans la première catégorie analysée.
49
de discours institutionnel qui caractérise les blogs citant Touteleurope.fr, contribue d’autant plus
au renforcement de sa crédibilité en tant que source et à son image de « référentiel » dans le
domaine de l’information européenne.
Dans la liste des sites médiateurs nous remarquons aussi 11 référencements de la part
d’associations, politiques ou apolitiques, et 9 de la part de la presse nationale ou à vocation
européenne. Les moins représentés sont les sites du domaine informatique/Internet et
commercial. Une catégorie différente est constitué par les sites jeune public (CRIJ, Studyrama/
vive à l’étranger, etc.), car ces annonces sont l’écho d’une action de communication d’été qui
visait à attirer les visiteurs jeunes à la recherche d’information sur des stages, des diplômes ou
des job d’été dans les États membres.
Remarquons, en passant, la confusion créée par le site www.ext.upmc.fr/urfist/cies_droit2.htm,
visité le 18 juillet 2006, page contenant les références des sites web pour les Travaux dirigés sur
Internet en Droit. Elle cite des sections de www.touteleurope.fr mais en utilisant le descriptif :
« le site de Sources d’Europe, représentation en France de la Commission européenne »2.
1.2.6. L’ethos pré-discursif du site Touteleurope.fr
Nous avons remarqué en passant les différents types de texte qui évoquent le site dans ces
citations (le nom, l’URL, l’adresse ou des combinaisons de ces unités de texte), mais, sans
contester l’intérêt d’analyser à travers une perspective sémiotique ces unités de texte, nous avons
choisi d’accorder plus d’attention aux discours construits autour d’elles. Ces discours qui
contribuent à la construction de l’ethos discursif du site en tant que média et à la production du
site en tant qu’institution, sont de plusieurs types :
1. performatifs (« découvrez le nouveau portail français sur les question européennes –
www.touteleurope.fr », « voir en ligne : http//www.touteleurope.fr », « découvrez la carte de
la toile européenne sur www.touteleurope.fr », « consultez le portail « touteleurope.fr »,
etc.) ;
2. informatifs (« OneXT est heureux de vous annoncer la sortie du nouveau portail français
d’information sur l’Europe www.touteleurope.fr », « le 2 mai 2006 a été lancé le nouveau site
1 Le site d’un autre député européen, Alain Lamassure, est parmi les résultats, mais nous l’avons inclus dans la partie sites semi-publics, car, vu ses caractéristiques, il ne peut pas entrer dans la catégorie « blog ». 2 Voir la réponse à la question no. 18
50
Touteleurope.fr. Catherine Colonna… », « le site www.touteleurope.fr bientôt disponible »,
« Les Français prennent la parole sur www.touteleurope.fr », « pour participer au forum :
http://... », Brèves.02-05-2006 : Lancement du site www.touteleurope.fr »,
« http://www.touteleurope.fr Le service d’Information du Gouvernement a mis en ligne un
site d’information spécialement dédié à l’Europe... », etc.);
3. prescriptif (« Touteleurope.fr : pour trouver un stage en… », « (…) des projets européens
financés dans les régions françaises peuvent être téléchargés. http://www;touteleurope.fr »,
« accès direct au site : http://wwwtouteleurope.fr », « à noter, la rubrique « Vos droits et
démarches » http://... », www.touteleururope.fr . Site fondé par le gouvernement français et la
Commission européenne. En ligne: des informations sur l’UE, des textes de droits...,
« Source : http://www.tuouteleurope.fr. Selon lui, il faut poursuivre… », Centre
d’information sur l’Europe : wwww.touteleurope.fr rubrique Vos droits et démarches >
Bénéficier de la mobilité. », « Pour en savoir plus : http://... », « Voir aussi le site du … et les
sites www.touteleurope.fr et www.feteleurope.fr. », « Cartes de l’Europe cartes animés des
États membres de 1957 à nos jours www.touteleurope.fr », « Pour ceux qui désirent
s’informer sur la construction de l’Europe : http://... », « Le site www.touteleurope.fr est une
mine d’informations »)
4. descriptifs (« Portail « touteleurope.fr » : http://www.touteleurope.fr: Centre d’information
sur l’Europe : Adresse, coordonnés et sites Internet du Centre… », URL du site :
http://www.touteleurope.fr. Thèmes : Union européenne. Langues de travail : français… »,
« un an après le référendum sur la Constitution européenne, www. Touteleurope.fr, nouveau
portail de référence sur les questions européennes », « Touteleurope.fr, le portail des
questions européennes, se penche sur les liens entre foot et droit communautaire. », « Europe
– portail Internet français d’information et de débat – http://.. ».)
Nous remarquons que ces types discursifs de prescription d’usage faite par les sites médiateurs
correspondent très bien aux principes qui définissent la ligne éditoriale même de touteleurope.fr,
tels qu’ils sont décrits par le rédacteur en chef du site, R. Le Goff1:
- découper et structurer l'information le plus possible (le discours prescriptif);
- renvoyer vers d’autres contenus sur le même sujet (le discours performatif);
- s'appuyer sur l'actualité française (le discours informatif);
1 Entretien avec Ronan Le Goff - 12.07.2006., annexe 4.
51
- rédiger dans un langage simple et précis, expliquer les termes techniques/juridiques (le
discours pédagogique).
Selon ces types de discours, nous pouvons déterminer la prédominance d’un usage documentaire
et informatif du site, ce qui correspond à ses promesses et ambitions. Il faut aussi remarquer le
faible accent mis sur le contenu d’actualité du site, en faveur du contenu type fiche, carte ou
consultation. Car, même s’il est un site disons « branché » à l’actualité européenne, en la
traduisant pour le public français, il ne s’agit tout de même pas d’un « magazine en ligne ».
2. Quel type de journalisme sur www.touteleurope.fr ? En ce qui concerne l’Actualité européenne, le site Touteleurope.fr assume à la fois deux rôles :
- Informer : « suivre l’actualité au jour le jour »1 et disséminer l’information, en tant que
multiplicateur et en même temps facilitateur/ médiateur de la transmission de l’information
sur l’Europe. Il est à la fois un porte-parole des institutions (en tant que ces sources directes)
qui vulgarise, qui traduit cette information pour tous les publics. Cette fonction est évidente à
travers les articles, les entretiens, les brèves, les RSS, les agendas et les Questions-réponses
de la partie Actualités, bien qu’elle soit également présente dans les fiches pratiques « Vos
droits et démarches » ou dans « l’UE en action »
- Communiquer : faire de la veille et analyser l’information, faire remonter les opinions,
offrir une image (non exhaustive) de l’opinion (politique, médiatique, publique) française
telle qu’elle s’exprime dans les médias nationaux. Et c’est bien le cas de la revue de presse,
qui vient compléter le feedback décrypté par la rubrique de consultations publiques ou par
l’« Observatoire de l’Europe».
Analyse des discours de la presse française écrite et en ligne, centrée sur l’actualité européenne,
la revue de presse du CIE est un produit journalistique inédit, hybride, qui rend compte à la fois
de l’agenda médiatique français lié aux sujets européens et de la ligne éditoriale, exprimée à
travers les diverses propositions communicationnelles du site Touteleurope.fr. Puisqu’il reste,
pour la suite, au cœur de notre étude de cas, nous proposons comme hypothèse que ce produit
1 Voir le dossier de presse, la page correspondant à la rubrique 01 Actualités, annexe 13.
52
rédactionnel crée, à travers son discours spécifique, un ethos de synthèse qui reflète l’image du
site dans toute sa complexité et son intégralité.
2.1. La revue de presse de Touteleurope.fr : un exemple de mise en place des propositions communicationnelles du dispositif
Arrivés à ce point de l’analyse, nous voulons tout d’abord attirer l’attention sur les limites qui se
sont imposées à notre approche analytique. Le discours de la revue de presse du CIE sur les
discours des journaux sur les sujets européens nous apparaissait tout à fait intéressant à étudier,
dans le but de mettre en évidence la pluralité et la diversité des énonciateurs (journalistes,
journaux, Touteleurope.fr d’une part, et les instances européennes, les principaux
acteurs/personnalités politiques français et européens d’autre part), ainsi que des niveaux et des
types de discours (institutionnel- médiatique, politique- informatif, national –européen etc.).
Afin de pouvoir comparer comment Touteleurope.fr a géré l’actualité à travers ses dispositifs mis
en place, nous avons choisi une variable extérieure : l’événement. Notre premier projet était de
réaliser une analyse du discours des stratégies discursives mobilisées par la rédaction autour de
deux événements importants de l’agenda institutionnel et politique français et/ou européen : le 29
mai 2006 – soit un an après le référendum français sur la Constitution européenne, un événement
national, français, ayant une portée européenne - et le Conseil européen de 15-16 juin 2006 – un
événement européen ayant des conséquences sur les politiques françaises, sur le quotidien des
Français. Mais, pour pouvoir comparer les stratégies discursives mises en œuvres nous aurions
dû aller au-delà des cadres énonciatifs, au niveau du contenu des synthèses. Malgré le fait qu’une
telle approche ait été initialement prévue, nous nous sommes rendus compte que l’objectivité de
la recherche pourrait être remise en question. Car, en tant que participants à la conception et à la
rédaction de la revue de presse, lors du stage effectué au sein de l’équipe rédactionnelle de
Touteleurope.fr, nous nous sommes trouvés dans l’impossibilité de prendre la distance exigée par
une telle démarche, l’objet de la recherche étant bel et bien un contenu dont nous sommes co-
auteurs1.
C’est d’abord échapper à ces contraintes d’ordre épistémologique et méthodologique que nous
nous sommes contentés d’analyser plutôt la partie qui représente la mise en place du dispositif
(historique, principes, procédure, structure) et le cadrage fait par les rubriques et le choix des
53
sujets, et des références, afin de voir s’ils répondent aux promesses du genre. Et nous avons
découvert que, dans sa logique de « portail de référence », donc de recenseur d’information de
plusieurs sources, le site Touteleurope.fr arrive à imposer son choix rédactionnel justement au
niveau de ces recadrages, à travers un processus de sélection et de catégorisation qui construit
des formations discursives originales. C’est donc à l’aide de ces cadres que Touteleurope.fr
construit sa propre façon de répondre aux exigences de proximité et d’interactivité, en proposant
son propre agenda.
2.1.1. Le genre revue de presse
La revue de presse est un genre relevant plutôt du domaine des relations publiques. Il peut servir
en interne ou bien pour la communication externe d’une institution/ organisation. En général, il
s’agit d’un bulletin signalétique de références, accompagné ou non par des résumés ou par la
reproduction intégrale des articles cités. Plusieurs types existent, classés en fonction du rapport
entre le degré de reproduction du texte original et la contribution du réalisateur de la revue de
presse : la revue de presse purement documentaire, surtout sous la forme de panorama de presse
(qui reproduit exactement les articles sélectionnés selon les critères établis) ou la revue de presse
signalétique (une liste de références qui a pour but de signaler la présence du référent dans
certains articles, sans les citer). Il y a également la revue de presse journalistique, qui est
analytique, mais dans laquelle l’analyse des articles ou le commentaire, ne dispense pas le lecteur
de recourir au texte évoqué. Une revue de presse peut être également thématique ou exhaustive.
En général, la règle est de citer clairement l’auteur, le titre de l’article et la source. De même, il
faut que la revue de presse soit un produit rédactionnel original, représentant un apport
intellectuel2.
Pour les questions européennes, il existe une revue de presse (trans)européenne: Eurotopics,3 une
offre du Centre fédéral pour l’éducation politique d’Allemagne (Bundeszentrale für politische
Bildung). Elle est élaborée par Perlentaucher Medien GmbH en collaboration avec le Courrier
International (Paris) et diffusée sous la forme d’une lettre d’information électronique. Eurotopics
1 En tant que stagiaire au CIE nous avons quotidiennement participé à la réalisation de la revue de presse, y compris des synthèses. 2 Voir la réglementation lié à la reproduction de l’information dans une revue de presse dans la revue Actualités du droit de l’information, no. 4, publiée par l’Association des professionnels de l’information et de la documentation, juin 2000, p. 4. 3 http://www.eurotopics.net/fr/presseschau/aktuell.html
54
traduit en trois langues et résume des articles, des interviews et des commentaires traitant des
questions européennes, dénichés dans « les meilleurs journaux des 26 pays européens (pays de
l’UE et la Suisse) ». D’autres institutions publiques, tels que la Représentation de la Commission
européenne ou le Bureau du Parlement européen en France, réalisent une revue de presse sur le
même principe, sans analyse de presse, mais avec une diffusion interne.
2.1.2. Les principes de la revue de presse de CIE
La revue de presse du CIE a été mise en place en 1993, avec une nouvelle version en août 2002.
Elle est publiée gratuitement sur le site www.info-europe.fr et envoyée aux abonnés par courrier
électronique. Selon le document interne intitulé « Activité de l’équipe rédactionnelle du Centre
d’information sur l’Europe »1 , ce produit rédactionnel comprend, d’une part, un relevé des
articles de la presse française traitant de l’actualité communautaire et, d’autre part, des « relevés
des principales informations de ces résumés ». Il mobilisait, à l’époque, l’activité de 8 rédacteurs
du centre et de 5 rédacteurs externes de la part des relais et réseaux d’information. La même
source précise que la revue de presse avait 3770 abonnés au 1er janvier 2006 (un millier de plus
qu’un an avant) parmi les particuliers, les institutions publiques françaises et européennes, les
médias, les administrations régionales. A l’époque, la revue de presse se présentait sous forme de
références et de petits résumés pour chacun des articles sélectionnés et de références, si
nécessaire avec des précisions, pour les brèves. Son objectif déclaré était « savoir comment est
traitée l’Europe dans les médias français »2, un objectif plutôt de recherche que de
communication. Les titres sont classés par thème, la liste des thèmes correspondant au
classement de politiques de l’UE sur le site Europa, proposés par ordre alphabétique
(Agriculture, Commerce, Consommation, Construction européenne, etc.) .
2.1.3. Structure et procédure de réalisation de la revue de presse de Touteleurope.fr
La nouvelle revue de presse du Centre d’information sur l’Europe a été lancée le 3 mai 2006.
Avec environ 5300 abonnés fin juin 2006, la nouvelle formule jouit, apparemment, de la fidélité
des anciens et du bouche-à-oreille des nouveaux inscrits à la réception de la newsletter. La revue
de presse s’appuie, chaque jour, à la fois sur la presse écrite (7 quotidiens et 5 hebdomadaires) et
1 Activités de l’équipe rédactionnelle du Centre d’information sur l’Europe, CIE-Unité rédaction, 01/06/04 màj 31/01/06, annexe 3. 2 Revue de presse de Sources d’Europe et des relais, Sources d’Europe, juillet 2002, p. 1, annexe 1.
55
sur celle en ligne (les sites des journaux dépouillés et 5 portails de news)1. Le dépouillement des
journaux papier (procurés sous abonnement) et la veille Internet se font à trois ou quatre pour les
« Autres titres ». Une fois les articles qui traitent de l’actualité communautaire repérés, une
réunion fait ressortir les 2-3 sujets à traiter « A la Une », sous la forme de synthèses. Le choix
final est effectué par la responsable de la RP, « en fonction du nombre d’articles par sujet, de
l’actualité, du type d’article (tribune, dossiers…) », selon la procédure. C’est également elle qui
valide les contenus de la revue de presse rédigés par les autres rédacteurs (des stagiaires).
La promesse du dispositif, telle qu’elle est présentée dans le dossier de presse2, est celle de
régularité (tous les matins), de facilité d’accès (nous venons vers vous – « dans votre boîte aux
lettres » virtuelle), de « traduction » de l’actualité vue par la presse écrite française, nationale et
régionale (« une analyse du traitement de l’actualité par la PQN/PQR »). Ces propositions de
communication rendent compte à la fois de celles de la rubrique « Actualités » du site, dont la
revue de presse fait partie, et du site en général. Ce que nous nous proposons par la suite c’est
d’analyser dans quelle mesure le dispositif mis en place répond, à travers les cadres3 énonciatifs
qu’il a choisi de construire, au contrat de communication mis en place par le site4.
Trois5 blocs (rubriques) composent le produit « Revue de presse quotidienne » du CIE, afin de
permettre au lecteur qu’il ait le choix entre plusieurs niveaux de lecture des journaux :
1. Un chapeau accrochant qui, selon les procédures mises en place, a pour rôle de « donner
une idée des sujets du jour traités par la presse analysée, annoncer une manifestation ou
une consultation »6. Le but est d’annoncer les sujets qui dominent l’actualité du jour ou
de mettre en avant un contenu du propre site jugé « d’actualité » ou important d’un point
de vue communicationnel pour l’institution. Il peut donc remplir deux fonctions :
1 Voir la liste dans la Procédure de la Revue de presse màj 21/06/06, annexe 2, p.1. A noter que les revues sont recensées dans la rubrique Observatoire de l’Europe/Europe en idées/ Etudes et revues. 2 Voir le dossier de presse, annexe 12. 3 Nous nous appuyons ici sur la notion de « cadre » adaptée aux « recadrages médiatiques » proposée par J.-P. Esquenazzi qui affirme que « Les médias ont affaire aux cadres communs pour construire leurs propres cadres » - L’écriture de l’actualité. Pour une sociologie du discours médiatique, PUG, pp. 33-35 et 46-50. 4 On peut se demander si le choix de ces cadres dépend plutôt de la situation de production de l’énonciation ou de l’ancrage dans l’actualité, et, dans le cas de Touteleurope.fr de quelle actualité s’agirait-t-il : nationale, européenne ? Mais seulement une analyse de discours approfondie, qui n’a pas pu faire partie de notre recherche pour les raisons énoncés au début de ce chapitre, pourrait répondre à cette question. 5 Selon le modèle de l’ancienne revue de presse, un bloc sur l’actualité européenne en région reste à développer, comprenant résumés d’articles à vocation régionale réalisés par les relais d’information européenne en région. 6 Voir la Procédure de la revue de presse màj 21/06/06, p. 2, annexe 2.
56
- d’information, l’objet de son discours étant l’actualité communautaire rapportée par
les journaux du jour, ou bien
- de promotion, en se focalisant sur l’offre rédactionnelle du site Touteleurope.fr.
Si dans le premier cas il agit en tant que miroir pour le monde extérieur et renvoie vers
d’autres sources d’information en gardant le ton informatif, dans le deuxième, le discours
institutionnel, sur un ton performatif (« répondez aux questions du Quizz », « donnez
votre avis sur… », « participez à la consultation … », « visitez la rubrique X »), devient
prédominant.
1. Le bloc « A la Une » comprend 2-3 synthèses suivies par les références correspondantes,
sur les sujets considérés « du jour ». Mais cette « Une » de la revue de presse ne comprend
pas nécessairement des titres trouvés dans les premières pages des journaux dépouillés.
Alors que dans le cas de la presse écrite, « Tout information qui accède à la Une est
implicitement reconnue comme importante par le journal. », selon les propos de C. Jamet et
A-M. Jannet1, le CIE accorde effectivement le même rôle à cette rubrique, à travers laquelle
il fait son propre choix éditorial : sa « Une » est circonscrite à ses propres critères de
sélection de l’information. Chaque jour, environ 3 sujets sont déterminés par les rédacteurs
qui ont réalisé le dépouillement des journaux et la veille des portails. Selon Alexandra
Lesur, la responsable de la revue de presse, pour la sélection des sujets des synthèses,
« trois critères sont pris en compte : l’importance accordée par les médias au sujet ; le
calendrier prévisionnel [des événements de l’actualité européenne]; et, enfin, si le sujet a
déjà été traité la veille »2. Car l’ordre dans lequel les sujets sont présentés n’est pas
hiérarchique, mais alphabétique, selon le thème auquel le sujet est circonscrit,
conformément à la liste des thèmes correspondant aux politiques européennes. En
journalisme, la première page est non seulement « la vitrine » du journal, celle qui crée son
identité et le vend, mais elle affiche aussi un vrai choix rédactionnel qui rend compte de la
politique éditoriale du média. Du côté du lecteur, elle se prête à une lecture globale et offre
une image générique de ce qui est jugé comme le plus important dans l’actualité, ce qui fait
partie de l’agenda du jour. Dans notre cas, il s’agit de l’actualité communautaire vue par la
presse écrite française et filtrée encore une fois par le choix éditorial fait par la rédaction du
CIE. La responsable de la revue de presse du Centre, A. Lesur, souligne que « L'objectif est
1 Claude Jamet, Anne-Marie Jannet - La mise en scène de l’information, L’Harmattan, 1999, p. 16 2 Entretien avec Alexandra Lesur, rédactrice et responsable de la revue de presse de CIE, réalisé le 3 août 2006, annexe 5.
57
de comparer le traitement du sujet par les médias, la place importante ou peu importante
accordée par tel journal, tel portail. Il permet au lecteur d'obtenir en un coup d'œil l'essentiel
de l'actualité. Ce principe est celui sur lequel repose le site touteleurope.fr : plusieurs
niveaux de lecture ont été mis en place afin de permettre à l'internaute d'obtenir une
première information puis d'aller plus loin et d’en savoir plus s'il le souhaite. »1
Ces « synthèses » sont, plus précisément, des analyses de presse qui comparent la façon
dont les journaux traitent l’information européenne. Elles deviennent des unités discursives
tout à fait autonomes grâce à toutes ces grilles de lecture superposées. En effet, ces produits
rédactionnels recomposent, reconstruisent l’information déjà proposée par d’autres sources.
Cependant, les noms des journaux et les références sont soigneusement précisés, ainsi que
le nom des journalistes ou des auteurs des tribunes, dans le cas où ses paroles ou son point
de vue est plus particulier. Il s’agit en fait de créer une nouvelle unité discursive, en
utilisant l’intertextualité (la citation, la paraphrase, le hyperlien selon certains règles),
l’analyse (la comparaison et le commentaire) et la synthèse (le résumé). Selon la typologie
de D. Maingueneau2, nous distinguons à la fois une intertextualité interne de ces produits
(ils renvoient explicitement à des articles des journaux, qui font partie du même champ
discursif) qui se manifeste de manière directe, explicite et une intertextualité externe (ils
renvoient vers les discours politiques et institutionnels nationaux et européens) qui est
plutôt indirecte et implicite. D’un point de vue paratextuel, nous remarquons que cette
rubrique est au centre de la revue de presse, dans la colonne la plus importante en taille, ce
qui renforce son importance aux yeux du lecteur. Il faut également signaler que chaque
synthèse est suivie des références des articles sur lesquels elle s’appuie et des liens vers les
sites des journaux sont proposés si les articles sont accessibles gratuitement en ligne. Cette
stratégie confère plus de crédibilité au contenu car on permet au lecteur à la fois de vérifier
ou de comparer l’analyse de presse avec le texte original, et de compléter l’information sur
le sujet à travers plusieurs sources. Ici le rôle de guide est doublé d’une promesse
pédagogique, d’expliciter et de rendre compréhensible le sujet et, en même temps, d’offrir
une pluralité de points de vue sur le même sujet - ce qui est, en général, une caractéristique
du discours journalistique de type enquête. Tandis que l’exigence éditoriale est de
recomposer une nouvelle, si possible avec tous ses termes, d’extraire des articles – sources
1 Entretien avec Alexandra Lesur, rédactrice et responsable de la revue de presse de CIE, réalisé le 3 août 2006, annexe 5. 2 Dominique Maingueneau – Les termes clés de l’analyse du discours, Seuil, 1996, p. 52.
58
de réponses aux questions que se pose un journaliste pour rapporter un événement (qui ?
quand ? quoi ? où ? comment ? dans quel but ? avec quels effets ? quelle est la prochaine
étape ?), le rédacteur ne tire jamais la conclusion de l’analyse. Malgré son effort de
présentation équidistante et de vulgarisation de l’information, il laisse au lecteur cette tâche,
en le sollicitant ainsi en qualité de co-énonciateur, en l’incitant à construire sa propre
opinion sur le sujet en question. En conséquence, cette démarche d’analyse, loin de livrer
une interprétation toute faite, sollicite la réactivité de la part du lecteur, l’incite à
l’interactivité, à la participation.
2. La partie « Les autres titres » est destinée à accueillir et à catégoriser par thème les
références des articles recensés selon les critères spécifiques, les sources correspondant aux
synthèses mises à part. Des liens (signalés par un triangle bleu devant le titre) vers les sites
des journaux sont créés, quand les articles sont disponibles gratuitement en ligne. C’est
évidement une promesse de veille et d’offrir un panorama complet de la presse du jour,
donc d’exhaustivité. Nous pouvons même dire que l’information ainsi offerte est également
personnalisée, car le classement par thème permet au lecteur de lire seulement les articles
mentionnés dans la catégorie qui l’intéresse. Classer les articles par thème s’avère parfois
une tâche difficile, surtout parce qu’il s’agit de les ranger dans une liste de thèmes
préconstruite, correspondant aux domaines des politiques de l’UE. Nous nous trouvons
donc ici devant un re-recadrage des productions médiatiques nationales du point de vue de
l’intérêt communautaire, dans un effort implicite d’européanisation du discours des médias
nationaux.
Le ton du discours est toujours incitatif, accrochant, afin d’attirer l’attention du lecteur sur
certains aspects, mobilisant une scénographie1 discursive de guide. Piloter, conseiller et
accompagner le lecteur dans « le vaste océan d’information » de la presse écrite ou du site
Touteleurope.fr, tel serait le contrat communicationnel proposé par la revue de presse du CIE.
Regardons par la suite comment ce contrat est honoré à travers d’autres procédures qui tiennent
de la politique éditoriale.
1 Sur les scénographies et les scènes voir Dominique Maingueneau – Analyser les textes de communication, Nathan /HER, 2000, p. 75
59
2.1.4. Les critères de sélection de l’information
Jean-Pierre Esquenazi remarque le double choix fait par le média qui propose de l’information :
« il établit les régions de la réalité dont il veut rendre compte, ainsi que l’optique retenue à cet
effet. Ce choix précisera l’identité discursive du média et sa place dans l’espace social. »1
L’application de la politique éditoriale menée par une rédaction qui traite de l’information
d’actualité, l’effet d’ « agenda setting »2, ainsi que les conséquences des contraintes spécifiques à
la situation de communication, peuvent être observés d’abord au niveau de la catégorisation
thématique des sujets dans des cadres préconstruits (rubriques, sous rubriques, thèmes etc.), mais
aussi par rapport à l’importance donnée à certains sujets de presse. Une des cinq maximes visant
le discours des médias, formulées par J.P. Esquenazi est que « Tout imaginaire médiatique agit
comme un opérateur de sélection »3. Nous avons donc considéré qu’à partir de ces choix
éditoriaux réalisés par la rédaction de la revue de presse, il est possible de déchiffrer les cadres
énonciatifs construits, les grilles de lecture de l’actualité proposées.
Les rédacteurs qui travaillent sur des contenus d’actualité s’engagent tout d’abord à observer les
lois de tout discours4, qu’il soit informatif ou non : mettre à la disposition de leur public une
information correcte, objective, complète, qui est pertinente et présente un intérêt. Dans le cas de
Touteleurope.fr , puisqu’il ne s’agit pas d’un seul interlocuteur, mais d’un public de masse, ils
ont une démarche qui est très proche de celle du journaliste, sans pourtant s’y substituer : un
rédacteur d’information d’actualité n’est pas un journaliste par définition, mais un journaliste est
toujours un rédacteur d’information d’actualité, ayant en plus des objectifs et des contraintes
spécifiques à l’exercice de son métier (l’exigence du terrain, parfois du direct etc.). Malgré les
évolutions apparues dans ce métier avec le « cyberjournalisme » (la multiplicité des sources,
l’effacement des contraints liés aux temps et à l’espace etc.), « trois impératifs » « contraignent
immanquablement le rédacteur : l’actualité, l’intérêt du lecteur et la ligne éditoriale de la
publication. », alors que « sélectionner, hiérarchiser les informations, c’est l’acte de base du
journalisme», selon Le guide de l’écriture journalistique.1 P. Charaudeau fait quant à lui le point
sur la question de la sélection de l’information faite par « l’informateur » en disant : « On le voit,
1 J.P.Esquenazi, op.cit., p.43. 2 « (…) les médias, en sélectionnant les informations et en les présentant comme "ce qui s’est réellement passé", empêchent que d’autres événements arrivent à la connaissance du citoyen. Les médias imposeraient donc le menu événementiel du jour. » - P. Charaudeau – Le discours d’information médiatique, op.cit., p. 155 3 Idem 1, p. 69 4 Sur les lois du discours (pertinence, sincérité, informativité, exhaustivité et modalité/clarté), voir D. Maingueneau , Analyser les textes de communication, op.cit., pp. 20-23.
60
parler, communiquer, informer, tout est choix. Non pas seulement choix de contenus à
transmettre, non pas seulement choix des formes adéquates pour être conforme à des normes de
bien parler et de clarté, mais choix d’effets de sens pour influencer l’autre, c’est-à-dire, au bout
du compte de stratégies discursives. ».2
C’est pourquoi nous avons jugé adéquat, d’un point de vue méthodologique, de présenter
également les critères de sélection des articles des journaux qui font partie de la revue de presse
de Touteleurope.fr. Le but est de mettre en évidence les choix éditoriaux de premier rang opérés
par la rédaction, ou tout au moins les traces les plus visibles de cette stratégie discursive, qui
organisent la façon dont ce dispositif rapporte les événements et joue son rôle de médiateur de
l’information. Nous allons trouver ces critères de sélection (les mêmes pour tous les supports)
dans la procédure de réalisation de l’ancienne revue de presse « de Sources d’Europe et des
relais »3. Selon celle-ci, doivent être sélectionnés :
- « les articles traitant spécifiquement de l’Union européenne » ;
- « les articles avec une thématique plus générale mais dans lesquels on retrouve la position
de l’Union européenne » ;
- « les articles donnant des exemples de projets réalisés à partir de subventions européennes
(fonds structurels, programmes divers…) » ;
- « les articles présentant l’avis d’une personnalité ou d’une entreprise sur l’UE » ;
- « les articles présentant la position d’un Etat membre vis-à-vis de l’Europe (…) et les
articles traitant d’un Etat membre et de son incidence sur la politique européenne » ;
- « les interviews de personnalités ayant une fonction européenne (…) ou d’experts sur
l’Europe » ;
- « les articles de politique intérieure française en lien avec une politique communautaire ».
Ce que nous pouvons remarquer, c’est une hiérarchisation des « filtres » pour la sélection
d’articles, en fonction de la couverture et de l’espace qu’ils accordent au sujet « UE »:
a. Sur le premier niveau se trouve l’information purement communautaire : « les
articles traitant spécifiquement de l’Union européenne »;
b. Un deuxième niveau est occupé par les avis et les positions vis-à-vis de l’UE et ses
politiques.
1 Jean-Luc Martin –Lagardette, op.cit. 2 Patrick Charaudeau , Le discours d’information médiatique. op.cit.,p.38 3 Revue de presse de Sources d’Europe et des relais, Sources d’Europe, juillet 2002,màj 03/11/05 », p. 1. , annexe 1.
61
c. Un troisième vise la proximité : à dépouiller les articles qui traitent des politiques
intérieures française ou d’un autre Etat membre étant « en lien avec », ou ayant
« d’incidence sur » les politiques et les projets communautaires.
Cette hiérarchie correspond donc au degré de proximité face à l’Union européenne que l’article
présente. Nous remarquons que l’actualité française est traitée, en effet, de la même façon que
celle de tout autre Etat membre : c’est parce que la France fait partie de l’UE et que ce qui se
passe sur son territoire pourrait avoir un intérêt pour le lecteur de la revue de presse. C’est en
appliquant cette grille de lecture communautaire à un agenda médiatique national, que le
recadrage se réalise de façon à créer un produit rédactionnel original dont l’effet n’est plus de
rendre compte des échos médiatiques sur le sujet communautaire, mais de créer l’image d’une
Union européenne au cœur du débat en France. Ce qui est assez faux, car il n’arrive pas souvent
que les thèmes de l’agenda politique et médiatique français correspondent aux thèmes
communautaires (le référendum sur la Constitution étant un cas tout à fait à part) ou que les
journalistes français cherchent à enrichir leurs commentaires en proposant l’angle européen sur la
question traitée1.
Nous trouvons également intéressant ce qu’il faut exclure de cette revue de presse :
- « les articles de politique internationale dans lesquels n’apparaît pas clairement la position de
l’UE ou vis-à-vis de l’UE » ;
- « les articles de politiques internes sans lien direct avec l’UE » ;
- les rubriques « Courrier des lecteurs ».
Sans doute, ici le critère est tout d’abord la proximité : tout ce qui est international ou interne
n’est pas toujours européen. Ce qui surprend, par contre, c’est l’exclusion de la rubrique
« Courrier des lecteurs », car, pour un site qui se met à l’écoute des Français à travers ses
consultations et qui souhaite rendre compte de tous les débats sur les questions européennes,
toute opinion devrait être importante, alors qu’elle exprime une position sur ce sujet2.
1 Pourtant, ça arrive dans certains dossiers publiés dans le quotidien « La Croix ». 2 Normalement, les propos des anonymes ne peuvent pas faire partie d’une analyse de presse (même si leur publication et aussi un choix rédactionnel). Cependant, une rubrique occasionnelle, genre « forum », qui pourrait accueillir également les opinions des lecteurs de la revue de presse (donc également intéressés par le sujet et lecteurs de presse), aurait complété l’image d’une France néanmoins intéressée par les questions européennes et désirante de participer au débat.
62
Souvent, s’il s’agit d’une sélection thématique, c’est l’aspect socio – psycho - affectif de la
proximité qui joue. « La notion d’actualité est tellement centrale dans le contrat médiatique
(propos) que l’on peut dire que c’est elle qui guide les choix thématiques »1, affirme Patrick
Charaudeau en analysant le discours d’information médiatique. Mais qu’est ce que « l’actualité »
sinon ce qui est proche sous le plus grand nombre d’aspects possibles à la fois :
chronologiquement, géographiquement, psychologiquement ou socialement ? C’est ce que nous
confirme également la responsable de la revue de presse du CIE, Alexandra Lesur, quand elle
remarque la façon de traiter l’actualité européenne par les journaux français : « La place accordée
à l’actualité varie énormément en fonction des événements (les sommets européens sont toujours
énormément traités) et des thèmes. La concurrence, les relations extérieures, l’élargissement,
l’agriculture et les transports sont les thèmes favoris des médias. En revanche, la culture, la
citoyenneté, la consommation et l’éducation n’occupent pas une grande place dans les journaux
et sur Internet. »2
La revue de presse de Touteleurope.fr reste donc un produit rédactionnel qui répond parfaitement
aux promesses faites par le site (d’exhaustivité, interactivité, veille, analyse etc.) avec à la fois le
rôle de communiquer sur l’image de l’UE en France afin de rendre visible son activité pour les
Français. En appliquant avec persévérance un filtre de proximité journalistique au niveau
communautaire sur les productions médiatiques françaises, loin de se perdre dans un va-et-vient
schizophrénique national – européen – communautaire - national, le dispositif mis en place à
travers la réalisation de la revue de presse, arrive à construire un nouvel agenda médiatique dont
le centre de gravité n’est pas national, mais transnational – ce qui représente l’idéal d’une vrai
communication européenne. Malgré cette initiative salutaire, le grand public français ne semble
pas convaincu. En effet, pour l’instant, les abonnés de la revue de presse de Touteleurope.fr
représentent surtout un public avisé, travaillant dans des institutions publiques, organisations et
associations, médias, universités, centres de recherche. Mais pour dépasser les limites d’une
communication institutionnelle et aller à la rencontre du grand public français, la ligne éditoriale
devrait probablement changer dans la direction d’un franco - centrisme évident. Nous pensons
que la procédure de réalisation de la revue de presse et l’angle de vue, le re-cadrage éditorial
devrait prendre un virage à 360 degrés et, en fonction de l’agenda médiatique et politique
français, rendre compte des effets des politiques européennes.
1 P. Charaudeau – Le discours d’information médiatique., op.cit., p.151 2 Entretien avec Alexandra Lesur, réalisé le 3 août 2006, annexe 5.
63
2.2. Réussir la rencontre avec le public français : opportunités et limites de l’Internet
Nous estimons que le CIE, en tant qu’administrateur du site Touteleurope.fr, et afin de traiter les
sujets européens pour un public national conformément à sa mission, devrait maintenir, en termes
de forme et de contenu, et d’un point de vue institutionnel, technique et rédactionnel à la fois,
l’équilibre des trois rapports :
- actualité/proximité - Une contrainte éditoriale qui tient à la fois d’une proximité
géographique (puisqu’il s’agit d’un site pour les Français) et thématique (les sujets
européens qui intéressent les Français ou qui visent la France) s’impose, avec des
conséquences sur le contenu du site et le choix des sujets. « Un débat se construit par une
couverture durable et régulière des événements qui le nourrissent. Un cadrage n’est pas
instantané, il suppose des points d’appui, des références, un certain capital collectif
d’information. »1, souligne J.-L. Missika. Chercher ou créer ces références européennes
dans l’actualité française devrait devenir l’une des missions du CIE.
- national/européen - Le médiologue Régis Debray remarquait : « (…) les ‘netoyens’
n’ont pas de patrie, parait-il. Ils cultivent des sentiments mi-communautaires mi-
planétaires. Clivé entre local et global, ce curieux villageois court-circuite l’échelon
moyen où s’exerçait jusqu’à aujourd’hui la vie démocratique."2 En naviguant sur
Touteleurope.fr, l’internaute est connecté à la fois aux événements du « village global »
du Net, mais aussi à un espace national (français) qui fait lui-même partie d’un territoire
politique (européen). En analysant des journaux bretons du point de vue des régularités
thématiques et discursives, R. Ringoot et Y. Rochard remarquent la complexité des
rapports de proximité issus de ces périodiques qui « revendiquent d’une identité bretonne,
ce qui induit une proximité qui n’est pas strictement territoriale»3. Selon nous, ce statut
est également celui du site Touteleurope.fr. En effet, puisqu’il revendique une identité
européenne, le contenu rédactionnel du site devrait construire une proximité qui n’est pas
uniquement nationale, à travers les moyens techniques spécifiques offerts par Internet.
1 J.-L. Missika, op.cit, p. 99. 2 Régis Debray – Intervention , op.cit. 3 Roselyne Ringoot, Yves Rochard, op.cit., p. 74: « Si la ligne éditoriale de ces magazines postule un lien communautaire régional, le rapport au territoire ne se construit pas comme dans la presse dite « de proximité » qui quadrille son périmètre e diffusion en micro territoires locaux (villes, communes, cantons, départements, en presse quotidienne ou hebdomadaire régionale) ».
64
Mais les risques de dérapage sont également importants. J.-L. Missika désigne ainsi le
cadrage médiatique des événements européens, tel que les sommets ou le débat
référendaire sur la Constitution, comme étant « le récit canonique de ‘la France’ contre
‘Bruxelles’ ». Il parle dans ce contexte de l’incapacité des médias classiques à organiser
« une délibération crédible et légitime » 1. En effet, ces déficiences ont ouvert la voie aux
contre-courants d’opinion sur Internet qui est devenu le média contestataire par
excellence. L’article de P. Dahlgren le confirme, « c’est la politique nationale qui a
tendance à former l’ordre du jour politique de l’UE » car, dans chaque Etat membre,
l’espace public est formé « de médias nationaux (…) fonctionnant en tandem avec des
élites nationales politiques. ».2 Pierre-Yves Le Priol, réclame également, dans sa
chronique publiée par La Croix du 22 juin 2006 et intitulée « L’Europe, mais vue de
Paris » que les journalistes essayent de comprendre l’Union européenne telle qu’elle est
vue et vécue à Bruxelles. En d’autres termes, qu’ils aillent sur le terrain et qu’ils
rencontrent les gens là-bas ou dans les autres États membres, afin de présenter d’autres
points de vue au public français.
- information/communication - Si l’on considère qu’informer c’est relater de façon neutre
et exacte des faits et que communiquer c’est commenter et analyser ces faits afin de faire
passer un message, la mission d’un média tel que source d’Europe est fondée : si inciter le
public à passer de son statut de lecteur/spectateur à celui de commentateur/acteur est
parfois difficile à gérer, cet objectif obtient de bons résultats. Pourtant, il est évident que
la question des conséquences que peuvent avoir ces opinions plus ou moins3 librement
exprimées se pose. Est-ce que les dirigeants écoutent notre opinion et, s’ils l’entendent,
dans quelle mesure compte-t-elle dans la prise de décision (politique) ? Des outils
communicationnels qui rendent compte de cet aspect restent encore à découvrir4, mais la
boucle du feedback communicationnel, dans le cas de la communication publique, devrait
être en permanence bouclée, et l’échange d’idées entre les gouvernants et les gouvernés
en permanence assuré.
1 J.-L. Missika , op.cit, p. 98-100. 2 Peter Dahlgren, op.cit, p. 180. 3 Un sondage par questions fermées ou un chat dirigé par un modérateur/animateur font partie de cette catégorie. 4 Dans le cas du lobbying, par exemple, le grand public ne connaît pas grâce aux quelles actions de communication/ de pression la décision politique a été prise. Dans le cas d’une grève, par contre, pour ceux qui sont concernés, le feed-back de leur contestation est évident. Pourtant, des fois, des décisions politiques cherchent néanmoins le support (l’argumentaire) dans les résultats des sondages d’opinion.
65
- public utilisateur / non - utilisateur d’Internet – Tandis que « la fracture numérique»
devient un concept de plus en plus désuet, avec l’appropriation croissante de l’utilisation
d’Internet, ce nouveau média reste un outil de communication parmi d’autres. En d’autres
termes, il ne peut pas assumer le rôle d’unique support efficient dans une stratégie/action
de communication. Toucher de façon répétitive ou complémentaire les internautes, ou
bien intégrer d’autres publics à l’aide d’autres médias, devient une nécessité de plus en
plus évidente (l’une des raisons est de ne pas faire de la Toile le lieu de contestation des
messages que l’on veut transmettre, mais un canal de diffusion de ces messages).
En partant de la gestion de ces rapports nous allons faire, de façon transversale, une suggestion
de communication pour Touteleurope.fr, dans le but que ce portail accomplisse mieux sa
mission :
- Faire du « journalisme public » plutôt que « de la communication », c’est-à-dire
expliquer et analyser davantage les conséquences des politiques européennes sur la
France et sur la vie quotidienne des Français, à travers une démarche journalistique pure,
qui présente les faits et non pas seulement les discours (institutionnels, politiques ou
médiatiques) sur les faits. Passer du rôle de porte-parole à un rôle plus actif de médiation,
afin de faciliter non pas seulement l’accès à l’information du public, mais également la
compréhension et l’appropriation de cette information européenne jugée trop souvent
illisible et éloignée des préoccupations des citoyens. Produire donc de l’information en
allant directement à la source, au lieu de re-produire (en l’adaptant) celle déjà « mâchée »
par les journaux, ou par les services de relations publiques des institutions. Conséquence
directe sur l’institution : employer/collaborer avec des journalistes, accrédités à Bruxelles,
mais aussi en France, à Paris et dans plusieurs régions.
- Dépasser les limites d’une proximité territoriale dans le traitement de l’information,
mais en même temps en se revendiquant d’une identité européenne, c’est-à-dire utiliser
plus souvent des genres journalistiques qui induisent, par exemple, une proximité
affective (témoignages, entretiens etc.) ou des thèmes qui dégagent la proximité sociale
par l’intérêt qu’ils suscitent actuellement dans la société française (le chômage,
l’immigration, la santé, la vie quotidienne des gens). Opérer donc des choix rédactionnels
plus clairs et établir son propre agenda, sa propre hiérarchie des sujets d’actualité
européenne, en fonction de ce qui intéresse, à un moment donné, les Français. Construire
66
« l’actualité européenne pour les Français » et non pas se laisser totalement porter dans le
choix des sujets et des angles de vue par l’actualité créée par les institutions européennes
à travers les communiqués de presse. Utiliser au maximum la spécificité de l’Internet,
l’interactivité et encadrer l’actualité de manière à créer la proximité souhaitée entre les
citoyens français et l’Europe.
- Faire d’Internet un outil de communication complémentaire et non pas unique, soit
en développant l’activité du CIE dans plusieurs directions (reprendre l’activité avec le
public ou organiser des événements ; développer son activité éditoriale sur d’autres
supports ou renforcer la contribution de l’actuel support dans la direction d’une web TV
par exemple), soit en devenant « le département Internet » d’une institution tutélaire qui
communique sur l’Europe d’une façon plus complexe. Sur un plan institutionnel le
problème des fonds se pose, sans oublier que tout dépend du futur statut du Centre : une
intense activité de fundraising s’impose dans le premier cas, celui de l’extension de son
activité au-delà d’Internet ; sa dépendance budgétaire (et éditoriale également) vis-à-vis
de la tutelle serait incontournable dans le deuxième.
- Cibler plus précisément et plus nettement sa communication autour de questions
européennes, à travers ses contenus : indiquer à qui s’adresse l’information publiée en
orientant mieux l’utilisateur (en lui proposant une aide, via des guides et conseils de
navigation dès la page d’accueil) ou en créant des espaces spécifiques où les diverses
catégories d’internautes pourraient se retrouver plus facilement, en fonction de leurs
intérêts. En d’autres termes, il s’agit de passer de « tous publics » à « divers publics, tel
que… » (entrepreneurs, universitaires, étudiants, voyageurs, employés, fonctionnaires,
agriculteurs etc.). Adapter son message en fonction du public visé reste, évidemment,
indispensable pour une communication efficace. Pour l’instant, le vocabulaire et le style
restent « institutionnels », malgré le souhait évident de se rapprocher du « grand public »
et les grands efforts déployés pour expliquer les termes les plus ésotériques et les actions
ou politiques des institutions les plus controversées (tel que la prise de décision ou le
principe de subsidiarité).
67
Conclusion
Si l’on considère, comme le fait E. Dacheux, qu’il ne s’agit pas d’une crise de communication au
niveau communautaire, est-ce que l’émergence d’« une Europe des résultats », prônée lors du
dernier Sommet européen de juin 2006, pourrait alors La Solution pour que l’Union européenne
sorte de la crise de légitimité où elle se trouve actuellement ? Cela paraît peu probable, et
d’autant moins probable si l’on suit la logique de P. Magnette, selon qui la légitimation des
institutions n’a rien à voir avec les résultats de l’action politique. Car, alors que la légitimité est
le résultat de « l’adéquation entre les attentes populaires et les politiques publiques », l’espace
public lui-même se définit comme « lieu où le pouvoir est contraint de se justifier devant le corps
des citoyens »1.
En d’autres termes, rendre compte de ce que l’on fait au niveau politique pour répondre aux
besoins exprimés par les citoyens lors des consultations publiques organisées antérieurement,
semble être plus pertinent et plus efficace pour motiver les gens à s’intéresser à la politique
européenne. Car, à quoi servent tous les débats, les sondages, les référendums et autres élections,
si les citoyens ne disposent d’aucune preuve que leur voix a été non seulement entendue, mais
également réellement prise en compte ? De quels résultats parle-t-on, si les représentants ne
montrent pas que des solutions ont été trouvées et mises en place pour répondre précisément aux
problèmes soulevés par leurs électeurs ? En effet, les citoyens demandent le pouvoir d’influencer
plus profondément l’agenda politique, la liste des priorités des politiques, et les décisions. A quoi
sert l’Europe et qu’est-ce qu’elle m’apporte de plus ? – est la question qu’ils se posent. Et s’ils
ont renoncé à l’exercice direct de leurs droits politiques en faveur d’un système représentatif,
c’est justement dans le but que leurs intérêts se retrouvent effectivement dans les résultats des
actions de leurs élus. Or, l’écart est souvent trop visible entre agenda politique et agenda citoyen,
et les coulisses de la scène politique trop souvent fermées. L’impression que tout se passe là-
haut, sans que nous, en bas, puissions réagir ou nous exprimer, est plus forte que l’image créée
par l’organisation via des actions souvent controversées (et de plus en plus nombreuses), des
consultations publiques et de spectaculaires (en fonction des protagonistes) débats nationaux.
1 Paul Magnette – « L’Union européenne en quête d’un principe de légitimité », dans E. Dacheux (dir.) – L’Europe qui se construit. Réflexions sur l’espace public européen, Publications de l’Université de Saint-Etienne, Saint-Etienne, 2003, pp.25-37.
68
Est-ce que l’Internet à un rôle à jouer dans cette nouvelle approche ? Et lequel ? Nous pensons
qu’il serait d’abord nécessaire d’arrêter d’attendre de ce média une solution politique ou
communicationnelle « miracle ». Toutefois, son rôle de facilitateur du dialogue reste
incontournable pour les années à venir, dans les conditions de développement d’une société de
l’information « pour tous ». Internet devient ainsi un outil de médiation et d’échange
d’information entre les citoyens de l’Europe, pour qu’ils se connaissent mieux, mais aussi un lien
entre eux et les institutions européennes, afin qu’ils participent à la décision politique. Un outil
de communication parmi d’autres, mais disposant d’une audience grandissante et de
fonctionnalités plus appropriés aux nouveaux objectifs de la stratégie de communication au
niveau européen : la création de la proximité à travers le dialogue permanent et efficace, selon le
modèle du réseau. Le risque est qu’il devienne soit un instrument de la démagogie politique et du
populisme, soit l’unique agora des toutes les opinions contestataires. Ou les deux à la fois.
N’oublions pas non plus que la « citoyenneté européenne » suppose elle aussi de défendre et de
jouir de certains droits (comme le droit d’accès à l’Internet dans tous les États membres ou de
pouvoir lire l’information dans sa propre langue), mais aussi d’accomplir certains devoirs (tel
qu’assumer la responsabilité de ses propos mis en ligne, ou protéger les droits intellectuels de
tous les auteurs, même au moment de la traduction). Citons ici les propos de l’administrateur du
Centre d’information sur l’Europe, Benoit Thieulin : « les TIC engendrent de nouveaux ‘effets
pervers’ qui ne jouent pas en faveur de leur renforcement : diffusion virale de fausses
informations, brouillage des frontières entre le privé et le public, limitation de l’accès de ces
nouveaux savoirs aux seuls ‘connectés’, voire aux mieux ‘éduqués’, etc. Au final, elles la
transforment plus qu’elles ne la renforcent : au citoyen donc de s’adapter avec vigilance tout en
contribuant à inventer de nouvelles pratiques politiques. »1
Ajoutons que, une fois tirée la sonnette d’alarme, il reste également aux responsables politiques,
aux représentants des associations, aux médias et autres leaders d’opinon, de tenir les discours et
de prendre les décisions politiques adéquates. Le but serait d’engendrer les conditions nécessaires
pas spécialement à la création d’une « sphère publique européenne », mais tout d’abord à
l’appropriation d’une culture civique et politique européenne qui légitimerait un espace politique
paneuropéen à juste titre – la scène des permanentes mutations, un espace (pas exclusivement
virtuel) qui reste toujours à développer.
1 Entretien publiée sur le site de SIG, le 8 juin 2006, visité le 10.09.2006. http://www.internet.gouv.fr/information/inormation/rencontres/avec-benoit-thieulin-281.htm.
69
Bibliographie et ressources documentaires
Amossy, Ruth (éd.) – Images de soi dans le discours. La construction de l’éthos, Delacheux et
Niestlé, Lausanne, 1999
Agnès,Yves - Manuel de journalisme. Ecrire pour le journal, Editions de la Découverte &
Seyros, 2002
Le Bart, Christian ; Lefebvre, Rémi (dir.) - La proximité en politique. Usages, rhétoriques, pratiques, Presses Universitaires de Rennes, 2005
Broucker, José de– Manuel. Pratique de l’information et écritures journalistiques, Les Editions
du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ), Paris, 1995
Charaudeau, P. – Le discours d’information médiatique. La construction du miroir social,
Nathan/INA, 2003
Charaudeau, P. ; Maingueneau, D. (dir.) – Dictionnaire d’analyse du discours, Seuil, 2002
Currier, Serge–Internet pour les journalistes, Victoires Editions, 2004
Dacheux, Eric (dir.)- L’Europe qui se construit. Réflexion sur l’espace public européen, Publications de l’Université de Saint –Etienne, Saint –Etienne, 2003
Esquenazi, J.-P. – L’écriture de l’actualité, PUG, 2002
Furet, Claude – Le titre. Pour donner envie de lire, Les Guides du CFPJ, Editions du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes (CFPJ), 1995
Jamet, Claude ; Jannet, Anne-Marie- La mise en scène de l’information, L’Harmattan, 1999
Jauréguiberry, Francis ; Prouls, Serge (éds.) – Internet, nouvel espace citoyen ?, L’Harmattan, Paris, 2003
De Laubier, Charles- La presse sur Internet, Que sais-je n° 3582, PUF, 2000
Ledun, Marin– La démocratie assistée par ordinateur. Du sujet politique au consommateur à
caractère politique, éditions Connaissances et Savoirs, 2005
Lochard, G. ; Boyer, H. – La communication médiatique, Seuil, 1998, troisième chapitre.
Maingueneau, Dominique - Les termes clés de l’analyse du discours, Seuil, 1996
Maingueneau, Dominique – Analyser les textes de communication, Nathan /HER, 2000
Martin –Lagardette, Jean-Luc - Le guide de l’écriture journalistique, La Découverte, 2003 (5ème
édition mise à jour et enrichie).
Mauillaud, Maurice ; Tétu, J.-F. – Le journal quotidien, Presse Universitaires de Lyon, 1989
Missika, Jean-Louis – La fin de la télévision, Seuil, 2006
Robinet, Philippe ; Guerin, Serge – La presse quotidienne, Dominus/Flammarion, 1999
Souchier, Emmanuel ; Jeanneret, Yves ; Le Marec, Joelle (dir.) - Lire. Ecrire. Réecrire. Objets, signes et pratiques des médias informatisés, BPI Centre Pompidou, Paris, 2003
70
Stockinger, Peter – Les sites web. Conception, description, évaluation, Hermes Science/ Lavoisier, Paris 2005
Articles - Revues: Beaudouin, Valérie ; Fleury, Serge ; Pasquier, Marie ; Habert, Benoit ; Licoppe, Christian – « Décrire la toile pour mieux comprendre les parcours. Sites personnels et sites marchands » pp. 21- 49, dans Réseaux n°116 – FT R&D/Hermes Science Publications, 2002
Bonhomme, Marc, Stalder, Pia– « Analyse sémiolinguistique des pages d’accueil des sites politique suisses sur Internet » dans Mots. Les langages du politique, ENS Editions, no. 80 mars 2006 – La Politique mise au Net, pp. 11-23
Bourdon, Jerome - « Une communauté inimaginable : l’Europe et ses politiques de l’image » , dans Mots, les langages du politique n° 67 , décembre 2001 – La politique à l’écran : l’échec ? , pp. 150-167
Dahlgren, Peter – « L’espace public et l’Internet », dans Réseaux n°100 – CENT/Hermès Science Publications – 2000, pp. 159-186.
Jost, François – « Les promesses des genres », dans Réseaux no 81 CENT, 1997
Restier-Melleray, Christiane - « Mise en proximité du politique. Les « Carnets de campagne » du Monde (19 mars-2 juin 2002) », p. 70, dans Mots. Les langages du politique : Proximité – n° 77 mars 2005, ENS Editions, pp. 59-72
Ringoot, Roselyne ; Rochard, Yves – « Proximité éditoriale : normes et usages des genres journalisitiques », dans Mots. Les langages du politique : Proximité – n° 77 mars 2005, ENS Editions, pp. 73 – 90
Actualités du droit de l’information, no. 4, revue publiée par l’Association des professionnels de l’information et de la documentation, juin 2000.
- Journaux Dacheux, Eric- « Les Européens dans un mortel pas de deux », dans Le Monde, 25 mai 2006.
Le Priol, Pierre-Yves - « L’Europe, mais vue de Paris », La Croix, 22 juin 2006
- En-ligne Bunard, Stephen : entretien avec Eric Dacheux - Europe, la mal communicante –http://www.europeplusnet.info/impart.php3?id_article=402, visité le 20 août 2006
Dacheux, Eric - Rapprocher l’Europe des citoyens, une absurdité ?, article publié le 15/12/2004, http://www.europlusnet.info:article486.html, visité le 20 août 2006.
Debray, Régis – Intervention à l'Assemblée Nationale, le 27.02.1998, introduction au séminaire de travail « Anciennes nations, nouveaux réseaux », http://www.regisdebray.com/content.php?pgid=medioint
71
Elus et lus : les députés blogueurs , REF. : 20060331STO06933, publié sur le site du Parlement européen le 10.04. 2006, http://www.europarl.eu.int/news/public/story_page/039-6934-089-03-13-906-200603..., visité le 18.04.2006.
Entretien avec l’administrateur du CIE, Benoit Thieulin, publiée sur le site de SIG, le 8.06.2006, http://www.internet.gouv.fr/information/inormation/rencontres/avec-benoit-thieulin-281.htm , visité le 10.09.2006.
Sommet européen : le prolongement de la période de réflexion fait les gros titres - Euractiv, publié le 19.06.2006 http://www.euractiv.com/fr/avenir-europe/sommet-européen-prolongement-reflexion-gros-titres/article-156194, visité le 15.08.2006.
Les Professionnels des affaires européennes soumettent leurs recommandations à Margot Wallstrom, Euractiv, publié le 22 octobre 2004, mis à jour le 21 décembre 2005, http://www.euractiv.com/fr/agenda2004/professionnels-affaires-européennes-soumettent-recommandations-margot-walstrom/article-131369 , visité le 15.08.2006.
Ressources électroniques - Etudes, enquêtes : Frydel, Yves – Internet au quotidien : un français sur quatre, Bulletin INSEE, n° 1076/mai 2006 http://www.insee.fr/ffc/docs_ffc:IP1076.pdf#search=%22Internet%20au%20quotidien%3A%20un%20fran%C3%A7ais%22 , visité le 16 août 2006
Le Futur de l’Europe - Eurobaromètre Spécial 251 / Vague 65.1 – TNS Opinion & Social, publié mai 2006 http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb65:eb65_fr.htm , visité le 15.08.2006
Flash Eurobaromètre 178 / TNS Sofres c/o EOS Gallup Europe, terrain 16-23 janvier 2006, rapport 15 mars 2006 - http://europa.eu.int/comm/public_opinion/index_fr.htm
Ottens, Morag - Utilisation d'Internet par les particuliers et les entreprises. EUROSTAT Statistiques en Bref. Décembre 2006, sur http://europa.eu.int/eurostat, visité le 15 août 2006
L'opinion publique dans l'Union européenne – Rapport national France - Eurobaromètre standard 65/ Printemps 2006 – TNS Opinion & Social http://ec.europa.eu/france/pdf/eb65f-final_fr.pdf , visité le 15 août 2006.
Utilisation de l'informatique et d'Internet: quel est le niveau de compétence des Européens? Eurostat - Statistiques en bref, Industrie, commerce et services, 17/2006, http://ec.europa.eu/eurostat/
Les Enjeux du quotidien – vague 2. Les Français et l’Europe – TNS Sofres, publié le 29.05. 2006 http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/290506_europe.htm, visité le 13 septembre 2006. Le web et le débat sur la constitution européenne en France, UTC&RTGI Recherche, 2005 http://www.utc.fr/rtgi/index.php?rubrique=1&sousrubrique=0 , visité le 13.09. 2006
72
- Documents : La fracture européenne (rapport Herbillon), http://lesrapports.ladocumentationfrançaise.fr/BRP/054000424/0000.pdf
L'internet pour tous: les ministres européens s'engagent en faveur d'une société de l'information accessible fondée sur l'inclusion, Communiqué de presse IP/06/769, Bruxelles, le 12 juin 2006 http://europa.eu.int:rapid/pressReleaseAction.do?reference=IP/06/775&format=HTML&aged=0&language=FR&guiLanguage=fr , visité le 15 août 2006
Allocution de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux Affaires européennes, à l’occasion d lancement du site Internet www.touteleurope.fr, à la Tour Eiffel, le 2 mai 2006, http://www.rpfrance.eu.article.php3?id_article=449 , visité le 25 août 2006
Communiqué de presse de la Commission européenne au lancement du Plan d’action relatif à l’amélioration de la communication sur l’Europe, RAPID – 20/07/2005, IP/05/995, http://europa.eu.int/rapid/pressReleasesAction.do?reference=IP/05/995&format=HTML&aged0&language=FR&guiLanguage=fr , visité le 13 septembre 2006.
Mieux informer les Français sur l’Europe et mieux les associer aux processus d décision européens, le 15.12.2005, http://www.europe.gouv.fr/actualites_1/dossiers_3/action_gouvernementale_39/les_français_347.html
La France et l’Europe, relever les défis du présent et préparer l’avenir, juin 2006, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/europe_828/france-europe-relever-les-defis-du-present-preparer-avenir_37671.html , visité le 13 septembre 2006
Conclusions de la Présidence - 15/16 juin 2006, 10633/06, Bruxelles, le 16 juin 2006, p. 2, www.eu2006.at/fr/News/Council_Conclusions/1606EuropeanCouncil.pdf , visité le 13.09.2006
- Sites : http://www.touteleurope.fr Site Touteleurope.fr
http://ec.europa.eu/public_opinion/index_fr.htm Site des Eurobaromètres.
http://www.rpfrance.eu Site de la Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne.
http://europa.eu.int/comm/communication_white_paper/index_fr.htm Site de la consultation sur le Livre blanc de la Commission européenne sur une politique de communication de la Commission européenne
http://ec.europa.eu/france/listen/comm/index_fr.htm Page du Cercle de réflexion « Communication sur l’Europe », sur le site de la représentation de la Commission européenne en France.
73
Annexes
Liste des annexes
A. Documents internes 1:
1. Revue de presse de Sources d’Europe et des relais, Sources d’Europe, juillet 2002 (6 pages)
2. Procédure de la Revue de presse, CIE – Unité rédactionnelle, màj 21/06/06 (4 pages)
3. Activités de l’équipe rédactionnelle du Centre d’information sur l’Europe, CIE - Unité rédaction, 01/06/04 màj 31/01/06. (2 pages)
B. Entretiens :
4. Entretien avec M. Ronan le Goff, rédacteur en chef de Touteleurope.fr, réalisée le 12
juillet 2006.
5. Entretien avec Alexandra Lesur, rédactrice et responsable de la revue de presse de CIE, réalisée le 3 août 2006.
C. Pages Internet :
6. Page d’accueil site www.info-europe.fr
7. Page d’accueil de www.touteleurope.fr
8. Plan du site www.touteleurope.fr
9. Page de la Revue de presse sur www.touteleurope.fr
10. Page Qui sommes nous ? sur www.touteleurope.fr
11. Résultats recherche Google : www.touteleurope.fr, le 12 juillet 2006
D. Matériaux de communication externe :
12. Dépliant de présentation Sources d’Europe – info-europe.fr
13. Dossier de presse Touteleurope.fr
1 Ces documents sont soumis à une clause de confidentialité, selon leur usage.
74
A. Documents internes
75
Annexe 1 - Revue de presse de Sources d’Europe et des relais
76
77
78
79
80
81
82
Annexe 2 : Procédure de la Revue de presse
83
Centre d'information sur l'Europe Unité rédaction MAJ 21/06/06
Procédure de la Revue de presse
La nouvelle revue de presse du Centre d'information sur l'Europe a été lancée le 3 mai 2006. Il existe actuellement 4953 abonnés (chiffres au 22/05/06 : 5781 abonnés - 828 supprimés). Plusieurs blocs composent la page de la Revue de presse : - éventuellement un chapeau - Le bloc "A la Une" (les synthèses) - le bloc "Les autres titres" - le bloc sur les synthèses régions (à développer) 1 – Recherche et sélection d'articles Chaque matin, une personne s'occupe d'aller chercher les journaux au kiosque bd st germain. Le travail de dépouillement s'appuie sur la revue de presse interne de la Représentation. Une veille est également réalisée sur les portails Internet.
a) Journaux
Alexandra Les Echos Courrier international Le Canard enchaîné
Clara Aujourd'hui en France (MV
édition du we)
Libération (+ édition du we) Le Nouvel Observateur Le Point
Mihaela Le Figaro (AL le Figaro du
we)
La Croix (+ édition du we) Le Figaro magazine
Muriel
Le Monde
(+ édition du we)
L'Humanité (+ édition du we)
b) Portails Yahoo Europe : http://fr.news.yahoo.com/union_europeenne.html MSN : http://www.msn.fr/news/default.asp Euronews : http://www.euronews.fr/
84
Le Nouvel Obs : http://permanent.nouvelobs.com/europe/
Le Monde en ligne (pas le même contenu que l'édition papier) : http://www.lemonde.fr/web/sequence/0,2-3214,1-0,0.html France 2 : http://info.france2.fr/europe/ Liste à compléter avec Matthieu. c) Revue de presse de la Représentation La Représentation de la Commission européenne envoie tous les matins sa revue de presse réalisée par un prestataire extérieur à destination interne uniquement. Au CIE, seules 2 personnes en sont destinataires : AL et BT. Dès réception, AL transfère cette revue de presse aux autres participants de la RP. Pour faciliter la sélection des articles, ce produit est utilisé comme base de travail. Mais attention, la sélection n'est pas toujours exhaustive et parfois incomplète. Des articles non communautaire sont souvent sélectionnés. Il faut donc compléter cette sélection et être vigilants. d) Recherche de liens Seuls certains sites des journaux proposent des liens non payants vers les articles : www.liberation.fr www.lefigaro.fr www.humanite.fr www.lemonde.fr Attention, il est parfois nécessaire de faire une recherche dans Google pour retrouver un article en ligne (difficilement repérable sur le site). 2 – Rédaction des synthèses En fonction du nombre d'articles par sujet, de l'actualité, du type d'article (tribune, dossiers…), en général 3 sujets sont déterminés. Ils font chacun l'objet d'une synthèse. Les participants s'échangent via MSN les articles disponibles en ligne ou les articles papier issus des journaux qu'ils dépouillent. Les productions sont enregistrées sous publics afin d'être relues : N:\Actualité\Nouvelle revue de presse Une fois que le valideur les a relues, les participants enregistrent leurs données sous typo 3 dans le bloc "A la Une". 3 - Références Chaque participant enregistre ses références dans les blocs "A la Une" et "Les autres titres". Ex : - Colonna se rend à Lyon [Les Echos, p. 3] Attention de respecter les espaces, notamment entre p. et le numéro de la page. S'il est disponible, le lien est posé derrière le titre. Ex : Pas d'accord entre les ministres de l'UE sur la pêche [MSN actualités]
85
5 - Le chapeau Créer un bloc à partir au dessus du bloc "A la Une". Le Chapeau est utilisé : - pour donner une idée des sujets traités par la presse et les portails. Ex : Aujourd'hui le référendum sur le Monténégro et l'affaire Barroso font la "Une" de l'actualité ; - annoncer une manifestation ; - annoncer une consultation (dans ce cas ne pas mettre le logo sinon toute la présentation est écrasée". 6 - Mise en ligne et envoi aux abonnés a) Mise en ligne de la revue de presse sur le site Sous typo 3, dans l'arborescence (mode liste), aller dans le dossier "Portail français sur les questions européennes" (page d'accueil), ensuite aller dans la page "revue de presse" : - supprimer la revue de presse de la veille ; - copier et coller la revue de presse du jour qui se trouve dans Newsletter (contenu structuré) et coller dans la revue de presse qui se trouve sous le dossier "Portail sur les questions européennes". Attention, penser à changer dans le bloc de contenu approprié la date de la veille : Revue de presse du 23 mai 2006 b) L'envoi aux abonnés - Sous typo 3, dans l'arborescence (mode liste), aller dans le dossier de la revue de presse du jour ; - Prévisualiser la rdp, enregistrer l'URL sous note pad - dans l'arborescence, aller dans "Envoi ciblé" ; - Aller dans http://newsletter.touteleurope.fr/typo3/alt_main.php - sélectionner dans la liste bulletin "bulletins" ; - "Créer un bulletin basé sur une URL externe" - Copier coller l'URL de la prévisualisation en ajoutant &type=99 uniquement pour l'envoi texte - Créer un nouveau bulletin et modifier le champ sujet comme suit : [Revue de presse du 23 mai 2006] Sommet UE-USA – Grippe avaire - enregistrer le doc ; - Ensuite, aller dans "Sélectionner l'action", dans le déroulé sélectionner "préparer pour l'envoi massif" ; nouvelle ligne, "préparer le bulletin" - Puis dans "Sélectionner l'action", sélectionner "déclencher l'envoi massif" ; - Ensuite dans choisissez une liste de distribution, sélectionner "all subsribers" ; - Sélectionner ensuite "envoyez à tous les membres ; - Dans "Bulletin", sélectionner "Etat des envois massifs" ; - Cliquer sur "Initier les envois" jusqu'à ce que l'envoi soit complété (1 click = 50 envois). Attention, l'envoi peut parfois continuer alors que le nombre d'abonnés a été atteint, il faut donc s'arrêter. Vérifier et comparer avec l'envoi de la veille.
86
7 - La participation des relais Pour l'instant, les 7 structures participent à partir de l'ancien système. Ne doivent être sélectionnés uniquement les articles traitant de l'actu européenne en région (Ex : déplacement de Colonna à Lille). Relais Europe Direct Champagne-Ardenne (Reims), Relais Europe Direct Alsace (Strasbourg), Relais Europe Direct Franche-Comté (Besançon), Relais Europe Direct Picardie (Amiens), Maison de l'Europe Rennes, Relais Europe Direct NPDC (Saint Laurent Blangy), Relais Europe Direct Bourgogne 8 - Gestion des abonnés Il n'existe qu'un seul moyen de s'abonner, se rendre sur la page du site : http://www.touteleurope.fr/francais/pages-speciales/abonnement-newsletter.html BUG CORRIGE :A savoir : lorsqu'une personne qui est déjà abonnée entre son adresse mèl., un message d'erreur apparaît " Vous DEVEZ remplir ce champ par un courriel valide ! "
Pour supprimer ou modifier une adresse mèl. : sous typo3, aller dans outils / vérification BD / Search Whole Database / advanced query / select a table / adress / make query / sélectionner par exemple le champ "nom" pour effectuer la requête et entrer le nom de l'abonné. Dans la messagerie d'AL, dans le dossier RP - 2 sous dossiers : . NEW VERSION qui regroupe les sous dossiers "commentaires", "éditions", "problèmes techniques", "suppression d'abonnés" - Nouveaux abonnés (classement mensuel)
87
Annexe 3 : Activités de l’équipe rédactionnelle du Centre d’information sur l’Europe, CIE - Unité rédaction
88
89
90
B. Entretiens
91
Annexe 4 : Entretien avec M. Ronan le Goff, rédacteur en chef de Touteleurope.fr
92
ENTRETIEN AVEC M. RONAN LE GOFF REDACTEUR EN CHEF DE TOUTELEUROPE .FR REALISEE LE 12 JUILLET 2006 1. Tout d’abord, quelle est la politique éditoriale du site Touteleurope.fr ?
Il existe en France un véritable espace public de débat sur les questions européennes. Chaque jour s’ouvrent de nouveaux blogs et l’on ne compte plus les messages dans les forums qui alimentent le débat sur l’Europe au quotidien. C’est le plus souvent sur le réseau que s’expriment les positions des acteurs de la société civile sur les enjeux européens. Sur touteleurope.fr, nous prenons part à cet espace de débat en proposant aux internautes de faire entendre leur voix sur les principales questions européennes dans notre espace d'expression en ligne.
Pour aider les internautes à s’y retrouver, nous assurons sur touteleurope.fr un suivi quotidien de l’état de l’opinion sur les questions européennes, et nous présentons de nombreux éclairages sur les productions intellectuelles liées à l’Union européenne.
Les principes de base concernant la ligne éditoriale de touteleurope.fr sont les suivants :
- découper et structurer l'information le plus possible afin de favoriser la lecture en ligne
- proposer aux Internautes des renvois entre les contenus d'un même sujet pour mieux cerner le domaine traité ;
- s'appuyer sur l'actualité pour mieux répondre aux préoccupations des Français ;
- rédiger dans un langage simple et précis, tout en multipliant les explications sur les termes techniques/juridiques inhérents à la matière communautaire.
Aussi, la nature des informations proposées sur touteleurope.fr est à la fois :
- générale : la rubrique "L'Union européenne" invite les Internautes à découvrir les bases de l'Union européenne ;
- précise : les fiches pratiques donnent des informations précises sur les droits et démarches des citoyens dans leur vie quotidienne ;
- rigoureuse : les contenus rédigés sont systématiquement validés par des experts lors de mises à jour substantielles. Le partenariat de coproduction que nous avons mis en place avec La Documentation française et le site service-public.fr pour traiter des fiches "Vos droits et démarches" (Exercer ses droits /Mobilité) ; il nous semble que cette coproduction et les règles de validation qu'elle exige sont un gage de rigueur.
Le Centre d’information sur l’Europe a une double tutelle : MAE français et la Commission européenne. Quels sont les conséquences de cette double tutelle sur la sélection, la hiérarchisation et le traitement de l’information sur Touteleurope.fr ?
La double tutelle légitime le traitement objectif des questions européennes par le Centre d'information sur l'Europe (CIE). Les positions du Gouvernement français et de la Commission européenne pouvant diverger, le CIE n'est pas contraint de véhiculer les opinions de l'une ou l'autre partie.
93
2. Dans quelle mesure l’information publiée sur Touteleurope.fr serait-elle : neutre - une information officielle - une information crédible ?
L'information est neutre puisqu'elle tend à présenter les politiques et les réalisations de l'Union européenne, dans leur ensemble.
Les sources d'information sont officielles : le CIE se base toujours sur la réglementation communautaire ou nationale, ou sur des documents de vulgarisation réalisées par les institutions européennes ou françaises.
Les sources officielles et les mises à jour régulières des informations publiées sur Touteleurope.fr rendent l'information crédible.
3. Dans le traitement de l’information d’actualité, le site Touteleurope.fr semble avoir pour
l’instant surtout le rôle de disséminer l’information provenant des institutions européennes, et moins de produire information sur les questions européennes. De ce point de vue, comment voyez vous le rôle de ce site ?
L’essor d’Internet a multiplié les sources d’information sur les affaires et l’actualité européenne. On trouve sur la toile aussi bien des blogs, forums, sites d’associations et de think tanks cohabitent dorénavant avec les sites des institutions européennes, les sites des médias en ligne. Touteleurope, en tant que ‘portail’ de référence sur les questions européennes se doit de renvoyer vers les sources officielles des sites communautaires (Europa, Parlement européen).
Touteleurope n’est pas un ‘webzine’ mais bien un portail. Son objectif premier consiste à proposer une information accessible, simple, synthétique et pédogogique sur l’Europe et ce en dépit de la richesse et de la diversité des ressources existantes. Le site a donc un rôle d’agrégation des contenus.
Toutefois, en tant que site d’information, touteleurope.fr propose ses propres contenus. Régulièrement, nous proposons des dossiers d’actualité. Nous essayons dans la mesure du possible de proposer des interviews pour illustrer les dossiers. Quotidiennement, nous proposons des articles qui permettent de suivre l’actualité européenne. Enfin, le traitement de l’actualité sur le site va prochainement évoluer. A partir de la rentrée prochaine, nous souhaitons proposer des Chats réguliers avec des personnalités politiques, des spécialistes des questions européennes… Des entretiens et reportages vidéos seront également proposés prochainement. Le site va lui-même connaître des changements importants au cours des prochains mois (mise en place de nouvelles fonctionnalités : 2.0, Appels à commentaires etc…). Ces développements auront très certainement pour conséquence de « repenser » le traitement de l’actualité.
4. Comment gérez-vous le rapport national/européen dans le traitement de l’information ? Quels seraient les critères de sélection et de hiérarchisation de l’information de ce point de vue ?
Tout contenu rédigé sur touteleurope.fr part d'un texte communautaire, afin de présenter le cadre de base du sujet. La question est ensuite enrichie de l'angle national, afin de connaître le mode d'application en France. Cette démarche favorise la prise de conscience de l'implication des politiques de l'Union européenne dans le champ national.
94
Annexe 5 : Entretien avec Alexandra Lesur, rédactrice et responsable de la revue de presse
95
ENTRETIEN AVEC MLLE ALEXANDRA LESUR RESPONSABLE REVUE DE PRESSE DE CIE REALISEE LE 3 AOUT 2006 1. Après 5 ans d’édition de la revue de presse du CIE, quelles seraient vos remarques concernant l’attention accordée par les médias français à l’actualité européenne ? Pendant la campagne sur le référendum sur le traité constitutionnel, nous avons pu assister à une place prépondérante de l'actualité européenne. Depuis, le nombre d'articles consacrés à l'UE a beaucoup baissé mais le nombre de tribunes sur l'UE reste tout de même plus élevé qu'avant la campagne.
La place accordée à l'actualité varie énormément en fonction d’événements (les sommets européens sont toujours énormément traités) et des thèmes. La concurrence, les relations extérieures, l'élargissement, l'agriculture et les transports sont les thèmes favoris des médias. En revanche la culture, la citoyenneté, la consommation et l'éducation n'occupent pas une grande place dans les journaux et sur Internet.
Le traitement de l'actualité européenne diffère selon les journaux. Certains, comme Le Figaro, Les Echos et Le Monde, accordent une place plus importante aux sujets européens. On peut noter également que les quotidiens ont en général leurs thèmes favoris. Par exemple, La Croix accorde plus d'importance à la citoyenneté, la liberté, la sécurité et la justice. L'Humanité traite davantage les sujets sociaux et les relations extérieures.
La diffusion des brèves d'agences de presse sur Internet permet d'obtenir quasiment en temps réel l'actualité et de traiter dans la revue de presse des informations parues en milieu de matinée.
2. Votre revue de presse n’est pas exhaustive : pourquoi seulement la presse écrite et les portails Internet ? Selon quels critères avez-vous choisi les journaux, les magazines et les portails à dépouiller ? L’objectif de la revue de presse est de savoir comment est traitée l’Europe dans les médias français en recensant tous les articles parus dans la presse : articles, interviews, éditoriaux, opinions, tribunes, brèves, extraits de la presse étrangère…
Initialement, le Centre souhaitait traiter le maximum de médias. Le nombre de rédacteurs étant insuffisant pour réaliser le dépouillement, nous avons été obligé de limiter le corpus de la revue de presse. Les journaux et les portails qui ont été sélectionnés sont ceux qui recueillent le plus de lectorat en France. Nous avons également essayé de faire en sorte que toutes les tendances politiques soient représentées (ex : L'Humanité, Le Figaro, Libération).
Certains quotidiens de la presse régionale quotidienne sont également dépouillés, en fonction de la participation volontaire des relais d'information. Nous espérons à l'avenir obtenir plus de contributeurs en provenance des régions.
96
3. Vous avez mis en place, pour le nouveau site Touteleurope.fr, une nouvelle formule de revue de presse. Pourquoi ? L'ancienne revue de presse présentait plusieurs défauts que nous avons souhaité corriger dans la nouvelle version en y apportant des améliorations. Un questionnaire envoyé aux abonnés de la revue de presse a permis d'identifier plus précisément ces défauts : - les liens vers l'URL de l'article référencé n'existaient pas ; - les résumés n'étaient pas assez explicites ; - il manquait des synthèses plus longues sur des sujets fondamentaux ; - la présentation rendait le contenu insuffisamment lisible. 4. Pourquoi le lecteur serait-il intéressé plus par une telle synthèse et non pas des simples séries de citations d’articles ? Qu’est-ce que lui apporte ce type de traitement de l’information ? La synthèse permet de montrer comment un sujet a été traité le matin même par les médias. L'objectif est comparer le traitement du sujet par les médias, la place importante ou peu importante accordée par tel journal, tel portail. Il permet au lecteur d'obtenir en un coup d'œil l'essentiel de l'actualité.
Ce principe est celui sur lequel repose le site touteleurope.fr : plusieurs niveaux de lecture ont été mis en place afin de permettre à l'internaute d'obtenir une première information puis d'aller plus loin et dans savoir plus s'il le souhaite.
5. Il s’agit en fait d’une analyse des discours des journaux sur certains sujets. Dans ce cas, est-ce que l’information que la revue de presse propose reste neutre et objective ? Comment gérez-vous les risques de déformation de l’information ? L'exercice de la revue de presse est de rendre compte de l'information diffusée dans les médias en évitant bien entendu la désinformation. Pour cela, les propos "engagés" des journalistes sont toujours repris entre guillemets. Il s'agit de relever l'information et de l'analyser en toute objectivité. Une fois réalisée, la relecture de la revue de presse permet de corriger un éventuel "dérapage" des rédacteurs. 6. Selon quels critères choisissez-vous les articles des journaux qui devraient faire partie de la revue de presse du site Touteleurope.fr ? Doivent être sélectionnés :
- les articles traitant spécifiquement de l’Union européenne ; - les articles avec une thématique plus générale mais dans lesquels on retrouve la position
de l’Union européenne (Institutions communautaires et ses représentants), par ex : « L’immunité américaine devant la Cour pénale internationale » (position des experts de la Commission) ;
- les articles donnant des exemples de projets réalisés à partir de subventions européennes (fonds structurels, programmes divers…) ;
- les articles présentant l’avis d’une personnalité ou d’une entreprise sur l’UE ; - les articles présentant la position d’un Etat membre vis-à-vis de l’Europe (ex : « Les
incertitudes de la politique européenne du nouveau gouvernement néerlandais ;
97
- les interviews de personnalités ayant une fonction européenne (par ex. : « Colonna : un consensus se dessine sur une constitution européenne ») ou d’experts sur l’Europe (par ex. : Interview d’Alfred Grosser sur l’Allemagne) ;
- les articles de politique intérieure française en lien avec une politique communautaire, par ex. : « Les contrats territoriaux d’exploitation ont-ils un avenir ? » (PAC) ;
Ne doivent pas être sélectionnés :
- les articles de politique internationale dans lesquels n’apparaît pas clairement la position de l’UE ou vis-à-vis de l’UE, par ex : compte rendu général du Sommet de la Terre ;
- les articles de politiques internes sans lien direct avec l’UE, par ex. : « Harry Wijnschenk, nouvel homme clé des populistes » (politique interne néerlandaise), en revanche, prendre « Klaus Zwinckel : « l’Allemagne n’est pas à restructurer de fond en comble » » (position vis-à-vis de la politique de la BCE).
- les rubriques « Courrier des lecteurs ». 7. Comment sélectionnez-vous les sujets qui sont traités dans la partie « à la Une » de la revue de presse ? Selon quels critères et/ou principes ? Chaque jour, en moyenne, 3 sujets sont déterminés. Ils sont choisis par le comité de rédaction qui se réunit après le dépouillement des journaux et la veille des portails. Trois critères sont pris en compte :
- l'importance accordée par les médias au sujet ; - le calendrier prévisionnel ; - si le sujet a déjà été traité la veille.
98
C. Pages Internet
99
Annexe 6 : Page d’accueil site www.info-europe.fr
100
101
Annexe 7 : Page d’accueil site www.touteleurope.fr
102
103
104
Annexe 8 : Plan du site www.touteleurope.fr
105
106
107
108
109
110
Annexe 9 : La Revue de presse
111
112
113
114
115
116
117
Annexe 10 : Page Qui sommes nous ?
118
119
Annexe 11 : Résultats recherche Google : www.touteleurope.fr
120
D. Matériaux de communication externe
121
Annexe 12 : Dépliant de présentation Sources d’Europe
122
123
Annexe 13 : Dossier de presse Touteleurope.fr
124
TABLE DE MATIERES
REMERCIEMENTS ......................................................................................................... 2
SOMMAIRE ..................................................................................................................... 3
INTRODUCTION ............................................................................................................. 4
I. PROXIMITE POLITIQUE ET INTERACTIVITE MEDIATIQUE : Q UELS RAPPORTS ? ........................................ ......................................................................... 7
1. La proximité institutionnelle et politique ......................................................................................................... 8 1.1. Le concept de la proximité en politique ...................................................................................................... 8 1.2. Proximité et actualité européenne : état de lieux ......................................................................................... 9
1.2.1. Un impératif de la nouvelle stratégie de communication de la Commission européenne .................... 10 1.2.2. Une exigence des Français à l’égard de l’information européenne ...................................................... 14
2. La proximité communicationnelle ................................................................................................................... 19 2.1. Le concept et les usages dans la communication ...................................................................................... 19 2.2. La proximité journalistique et l’actualité : les choix rédactionnels ........................................................... 21 2.3. Internet et la mise en proximité : la technique et la politique ................................................................... 24
II. PROXIMITE ET INTERACTIVITE : LES CLES D’UNE COMMUN ICATION POLITIQUE ET PUBLIQUE DE SUCCES ? ................. ................................................ 28
1. Rapprocher l’Europe des Français par Internet: étude de cas .................................................................... 29 1.1. Le Centre d’information sur l’Europe (CIE) ............................................................................................. 29
1.1.1. Le passage sur Internet ......................................................................................................................... 30 1.1.2. La naissance du nouveau portail Touteleurope.fr ................................................................................. 31
1.2. Le site Touteleurope.fr et ses contenus ..................................................................................................... 33 1.2.1. L’adresse et le nom de domaine du site : les marques d’une identité spécifique ..................................... 33 1.2.2. Touteleurope.fr : une image à construire ................................................................................................ 35 1.2.3. Les rubriques : Un site – une institution ............................................................................................... 39 1.2.4. La page d’accueil ................................................................................................................................. 41 1.2.5. La crédibilité de l’information ............................................................................................................. 43 1.2.6. L’ethos pré-discursif du site Touteleurope.fr ....................................................................................... 49
2. Quel type de journalisme sur www.touteleurope.fr ? .................................................................................... 51 2.1. La revue de presse de Touteleurope.fr : un exemple de mise en place des propositions communicationnelles du dispositif .......................................................................................................................... 52
2.1.1. Le genre revue de presse ...................................................................................................................... 53 2.1.2. Les principes de la revue de presse de CIE .......................................................................................... 54 2.1.3. Structure et procédure de réalisation de la revue de presse de Touteleurope.fr.................................... 54 2.1.4. Les critères de sélection de l’information............................................................................................. 59
2.2. Réussir la rencontre avec le public français : opportunités et limites de l’Internet ................................... 63
CONCLUSION .............................................................................................................. 67
BIBLIOGRAPHIE ET RESSOURCES DOCUMENTAIRES ......... ................................. 69
125
ANNEXES ..................................................................................................................... 73
Liste des annexes ........................................................................................................................................................ 73
A. Documents internes ............................................................................................................................................... 74 Annexe 1 - Revue de presse de Sources d’Europe et des relais .............................................................................. 75 Annexe 2 : Procédure de la Revue de presse ........................................................................................................... 82 Annexe 3 : Activités de l’équipe rédactionnelle du Centre d’information sur l’Europe, CIE - Unité rédaction ..... 87
B. Entretiens ............................................................................................................................................................... 90 Annexe 4 : Entretien avec M. Ronan le Goff, rédacteur en chef de Touteleurope.fr ............................................. 91 Annexe 5 : Entretien avec Alexandra Lesur, rédactrice et responsable de la revue de presse ................................. 94
C. Pages Internet ....................................................................................................................................................... 98 Annexe 6 : Page d’accueil site www.info-europe.fr ................................................................................................ 99 Annexe 7 : Page d’accueil site www.touteleurope.fr ............................................................................................ 101 Annexe 8 : Plan du site www.touteleurope.fr ........................................................................................................ 104 Annexe 9 : La Revue de presse ............................................................................................................................. 110 Annexe 10 : Page Qui sommes nous ? ................................................................................................................... 117 Annexe 11 : Résultats recherche Google : www.touteleurope.fr .......................................................................... 119
D. Matériaux de communication externe ............................................................................................................... 120 Annexe 12 : Dépliant de présentation Sources d’Europe ...................................................................................... 121 Annexe 13 : Dossier de presse Touteleurope.fr ..................................................................................................... 123