Les rencontres avec la mer
font escale à Bayonne
Bayonne accueille le 12 et 13 juin cette importante manifes-tation littéraire promue par le corps des Écrivains de Marine, qui rassemble chaque année dans une ville maritime diffé-rente, des grands noms de la littérature française, unis par une même passion pour la mer et la navigation. A Bayonne, ville de confluences ouverte sur l'Océan, ces ren-contres avec la mer prennent tout leur sens : la ville se définit depuis le Moyen Age comme un port maritime et fluvial riche d'une histoire séculaire qui fonde son intérêt patrimonial et sa vocation industrielle d'aujourd'hui.Cette ville aux quatre rives, porteuse d’identités culturelles et linguistiques plurielles, est aussi depuis toujours le port d'at-tache ou de passage de nombreux écrivains voyageurs, qui, à l’instar de Pierre Loti, officier de marine et homme de lettres, nous ont laissé de nombreuses traces de leurs voyages. Les « Rencontres avec la Mer » s’installeront donc au cœur même de notre cité, sur les bords de la Nive, au pied des for-tifications, là où l’eau et la pierre se rejoignent harmonieuse-ment. Deux jours durant, sur le mail Chaho-Pelletier, treize Ecrivains de marine, animeront ces rencontres en évoquant la mer, son histoire, ses hommes et ses métiers, la vigilance environnementale, les voyages, le commerce ou l’exil, thèmes dont elle est le décor inamovible. Les conférences seront accompagnées des lectures et de signa-tures de livres, de démonstrations nautiques et de visites à bord de la goélette Belle-Poule.
En amont de ces journées, un programme de manifestations culturelles et patrimoniales se développera courant juin dans toute la ville afin de valoriser son patrimoine maritime dense et parfois méconnu : expositions, concert, lectures, visites guidées du port, autant d’activités qui s’inscrivent dans le projet mis en œuvre par Bayonne autour de sa candidature au label Ville d’Art et d‘Histoire. De nombreux partenaires y sont associés, institutions culturelles, librai-ries, associations et médias, en étroite collaboration avec la Base navale de l’Adour, ou la Chambre de Commerce et d’Industrie Bayonne Pays Basque. Qu’ils en soient ici remerciés.Cette manifestation s’annonce comme un temps fort de la saison culturelle de notre ville et de l’attractivité touristique de notre territoire.
Je vous souhaite de très belles « Rencontres avec la Mer ».
Jean Grenet, Député-Maire de Bayonne
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2 Edito du Maire5 Interview Marie Dabadie6 Présentation des Ecrivains de Marine8 Le mot du président10 Les auteurs Didier Decoin Isabelle Autissier Jean-Michel Barrault François Bellec Michel Déon Loïc Finaz Olivier Frébourg Bernard Giraudeau Hervé Hamon Titouan Lamazou Patrick Poivre d'Arvor Yann Queffélec Pierre Schoendoerffer36 Expositions42 Lectures43 Concert44 Librairies45 Le port48 La Marine Nationale50 Portfolio Raphaele de Gorostarzu58 Cinéma60 Conférences61 Rencontre Emmelenne Landon62 Animations sportives63 Les lieux64 Visites guidées65 Programme
Cultzine est une publication de Phégam CommunicationZA Jorlis - Bât. L'Alliance64600 Anglet Tél : 05 59 47 29 26Fax : 05 59 47 38 [email protected] de la publication : Marie-Christine AlexandreOnt participé : Affaires culturelles de la Mairie de Bayonne, Karine Beddouk, Lauriane Muller Graphisme : Karine Beddouk, [email protected]
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"Rencontres avec la mer" - BayonneHors-sériejuin 2010
Sommaire
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Marie Dabadie, vous êtes à l’origine des "Rencontres avec la Mer" ?L’idée vient de moi effectivement, devant le groupe de personnalités réu-nies dans le corps des Ecrivains de Marine, toutes très occupées chacune de leur côté, j’ai proposé à Jean François Deniau d’organiser une fois par an dans une ville de bord de mer, leur rencontre avec le public. Pour la première édition en 2004, nous avions choisi la Mecque de la voile, la Trinité sur Mer. Malgré la date, le 1er novembre, et la pluie, 20 000 personnes étaient au rendez-vous pendant le week-end.
Après le Havre, St Tropez, Vannes, Concarneau, pourquoi cette année Bayonne ?J’ai depuis très longtemps des attaches de cœur avec la ville, et une af-fection particulière pour le Pays basque et le rugby. C’est pourquoi, j’ai proposé Bayonne au Chef d’Etat Major de la Marine Nationale, l'Amiral Forissier. Jean Grenet a tout de suite été séduit par l’idée.
Le Port de Bayonne s’est un peu éloigné de la ville, pensez-vous qu’un tel événement peut le faire revivre dans l’esprit des habi-tants ?Nous voulons concilier, lors de ces Rencontres avec la mer, le port de Bayonne, les Ecrivains de Marine et la Marine Nationale, avec notam-ment la Goélette «La Belle Poule», tous réunis, en ce week-end, pour honorer la ville de Bayonne à quelques kilomètres de l’océan Atlantique et à cheval sur deux fleuves, l’Adour et la Nive. C’est aussi l’occasion de faire venir ici des écrivains connus , aventuriers et conteurs, qui mettront en lumière certains éléments de la ville, des traditions et du port de Bayonne lors de cette manifestation gratuite et accessible à tous.
Marie Dabadiedéléguée aux écrivains de Marineadministratrice de l'Académie Goncourt
Fondés en 2003 à l’initiative de Jean-François De-niau, ambassadeur, ancien ministre, grand reporter et député européen, les Écrivains de Marine ont pour vocation de transmettre, diffuser et préserver la culture et le patrimoine hérités de la mer.
Assurant la promotion du patrimoine littéraire et maritime, ils rassemblent 20 écrivains qui se cooptent à l'unanimité et soumettent leur choix à l'agrément du chef d'état-major de la marine. D’origines diverses, ces auteurs sont intimement liés par une connaissance et une pratique de la mer mises au service de la littérature.
Le corps des Ecrivains de Marine est constitué de personnalités hors du commun : Didier Decoin (de l’Académie Goncourt, prix Goncourt 1977 et Président du corps des Ecri-vains de Marine), Isabelle Autissier (navigatrice et écrivain), Jean-Michel Barrault (journaliste et écrivain), Amiral Bellec (de l’Académie de marine, Historien et écrivain), Michel Déon (de l’Acadé-mie française), Loïc Finaz (capitaine de vaisseau), Olivier Frébourg (romancier et éditeur), Bernard
Les écrivains de Marine
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Giraudeau, Hervé Hamon, Titouan Lamazou, Yves La Prairie (de l’Académie de Marine), Simon Leys (membre de l'Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique), Michel Mohrt (de l’Académie française), Erik Orsenna (de l’Aca-démie française, prix Goncourt 1988), Patrick Poi-vre d’Arvor, Yann Queffélec (prix Goncourt 1985), Jean Raspail (Grand prix du roman de l'Académie française 1981), Jean Rolin, Jean-Christophe Ru-fin (prix Goncourt 2001), Pierre Schoendoerffer (membre de l’Institut).
En signant la convention qui les lie à la Marine Nationale, ces auteurs se sont donc engagés collec-tivement "à servir la marine, favoriser la propaga-tion et la préservation de la culture et de l’héritage de la mer, et plus généralement la promotion de la dimension maritime de la France".
"Pour écrire sur la mer, il faut y avoir été". Jour-naliste, productrice de films et administratrice de l’Académie Goncourt, Marie Dabadie est égale-ment déléguée du corps des Écrivains de Marine. Dès sa création par Jean-François Deniau en 2003, elle s’engage dans cette aventure en lui proposant de prendre en charge l’organisation d’une réunion annuelle des écrivains : les Rencontres avec la Mer.
Cet événement culturel public créé en 2004 à la Trinité-sur-Mer a connu depuis un franc succès dans toutes les villes maritimes où il s’est déployé, le temps de rencontres littéraires autour de théma-tiques fortes liées à la mer.
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La passion de la mer,
les mots pour le dire
Entretien avec Didier Decoin, de l’Académie Goncourt, président du corps des Écrivains de marine.
ecrivains / 9
D'où vient votre attachement à la mer ?
Didier Decoin : Mes lectures de jeunesse
ont compté pour beaucoup, je me suis
passionné très tôt pour la littérature mari-
time. Pour moi, la mer était un rêve. Je ne
l’approchais qu’à très petites doses, à raison
de seulement quelques jours dans l’année.
Et chaque fois le choc était violent. Je l’ai
donc longtemps et intensément désirée,
et la lecture "iodée" compensait un peu
le manque que j’éprouvais. J’aime la mer
avec passion : ses senteurs, son chant, ses
saveurs, ses lumières, son immensité. Mais
la mer selon mon cœur n’est pas imperson-
nelle : elle est habitée par des hommes et
des femmes qui vivent et travaillent dans
de drôles de demeures toutes différentes
les unes des autres et qu’on appelle… les
bateaux ! Car mon attachement à la mer
est aussi un engouement pour les navires,
qu’ils soient grands ou petits, magnifiques
ou très moches.Quelles sont, d'après vous, les raisons du
succès des "Rencontres avec la mer" ?
D.D. : Je crois que c’est dû essentiellement
au "profil" du corps des vingt Écrivains de
marine. Certes, ils sont tous très différents
les uns des autres (et ils tiennent d’ailleurs
beaucoup à cette diversité), mais ils ont un
point commun : tous ont vécu, ou conti-
nuent de vivre, quelque chose d’authen-
tique et de très fort par rapport à la mer
– certains y ont risqué leur vie. La mer des
Écrivains de marine n’est pas abstraite : ils
l’ont éprouvée comme une amie, comme
une partenaire, parfois comme une adver-
saire, elle leur a donné de grandes joies et
de grands effrois ; et comme ils sont de
vrais auteurs, aussi gourmands de littéra-
ture que d’océan, ils ont "les mots pour le
dire". Dans l’expression Rencontres avec la
Mer, le mot Rencontre n’a pas été choisi
par hasard : ce qui fait le succès culturel
et public de ces journées, ce sont avant
tout les conférences que donnent les Écri-
vains de marine, des conférences qui sont
d’abord des confidences, des conférences
sans chichi ni tralala, à travers lesquelles les
Écrivains de marine cherchent à partager
et à transmettre leur passion pour la mer et
pour ceux qui en vivent.Après la Trinité-sur-Mer, Le Havre,…
que vous inspire cette escale à Bayonne ?
D.D. : L’histoire de Bayonne en tant que
port constitue une formidable épopée –
l’estuaire artificiel créé par Louis de Foix
au XVIe siècle, ça me fait vraiment rêver !
Et puis, à Bayonne, la Marine est tellement
légitime que le commandant de la base
navale de l’Adour est aussi le très officiel
vice-roi de l’île des Faisans, cette minus-
cule excroissance de vase desséchée au mi-
lieu de la Bidassoa où, en 1659, fut signé
le traité des Pyrénées établissant la paix
entre la France et l’Espagne – n’est-ce pas
merveilleusement romantique ? Ensuite, je
suis toujours heureux de voir réunis le ma-
ritime et le fluvial ; et à cet égard, Bayonne
est exemplaire : l’un comme l’autre ont
pour mission de relier, de transporter, d’ex-
plorer, de défendre. Ce qui change, ce sont
la "nature du terrain" et les "outils". Mais
l’engagement des hommes, lui, ne varie pas
d’une poussière d’écume.
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Didier DecoinNé en 1945 à Boulogne-Billancourtécrivain et scénariste, fils du cinésate Henri DecoinBibliographieLa femme de chambre du Titanic (Seuil, 1991)
La dernière nuit (Balland, 1978)
Les Trois vies de Babe Ozouf (Seuil, 1983)
La Route de l'aéroport (Fayard, 1997)
Avec vue sur la mer (Nil, 2005)
Henri ou Henry, Le roman de mon père (Stock, 2006)
Est-ce que les femmes meurent ainsi ? (Grasset, 2009)
Dictionnaire amou-reux de la Bible (Plon,
2009)
"Je pense que la nécessité de glisser de l’eau salée et des bateaux dans tous mes livres vient de là."
Là, c’est l’œuvre d’Edouard Peisson, le Simenon de la mer, que Didier Decoin a découvert dans sa jeunesse et qui n’est jamais trop loin de lui, comme la mer, d’ailleurs. Après des débuts en tant que journaliste à France-Soir, au Figaro, aux Nouvelles littéraires et à Europe1, il entame une carrière romanesque qui le mènera jusqu’au Goncourt, en 1977, pour John l’Enfer. Membre de l’Académie Goncourt depuis 1995, il a assuré à deux reprises la présidence des Gens de Lettres, et il est l’un des membres fondateurs de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédia).En tant que scénariste, il travaille aussi bien pour le cinéma (entre autres avec Marcel Carné, Robert Enrico, Henri Ver-neuil ou Maroun Bagdadi) que pour la télévision. Il reçoit notamment, en 1999, le Sept d’Or du meilleur scénario pour Le Comte de Monte-Cristo. Il a reçu en 2006 le prix Mer & Livre Henri Queffélec pour son roman Avec vue sur la mer (Nil, 2005).
Didier DecoinPrésident
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" Il était si noir et trapu, si laid, si couturé de partout, que ceux qui
s’étaient massés sur le quai pour le regarder manœuvrer n’auraient
pas été autrement surpris s’il avait amené son pavillon canadien pour
envoyer à la place le drapeau noir des pirates. D’abord, ce vapeur resta
immobile et silencieux comme un petit fauve sournois qui couve de
mauvaises pensées.
Jusqu’à ce jour, les navires qui nous visitaient exhalaient d’âcres
puanteurs de saumure et d’huile de morue qui étaient synonymes de
richesse. Désormais, l’odeur de la fortune serait pour longtemps indis-
sociable de celle, chaude et boisée, qui s’échappait des cales du Sable,
si dense qu’elle brouillait légèrement les lignes du bâtiment comme
l’aurait fait une buée de chaleur.
Après un moment, le navire se décida enfin à mettre une chaloupe à
la mer. Armée par six marins, elle courut jusqu’au quai de la Douane,
embarquant de l’eau à chaque coup d’avirons et menaçant presque de
sombrer à cause de tous les barils qui la chargeaient.
– Ils arrivent, dit mon grand-père en se frottant les mains, nom de Dieu!
ils arrivent. Préparez des palans, ouvrez les portes de l’entrepôt, et que
quelqu’un s’occupe d’atteler mon cheval au chariot.
– Tu n’as plus de cheval, Guiberry, tu l’as fait abattre.
– Qu’on m’en trouve un autre. Ou qu’on accroche mon chariot au cul
d’une foutue Ford, si une de ces mécaniques du diable est capable de
démarrer. Sinon, que des hommes s’y mettent et tirent eux-mêmes le
chariot jusqu’au wharf.
Pour mieux goûter le bruit d’un premier tonneau de whisky canadien
roulant sur le quai de la Douane, Gustin avait fait curer l’apponte-
ment et rejeter à la mer le varech qui le couvrait comme un tapis. Le
vacarme du tonneau dépassa ses espérances et celles des hommes qui
l’entouraient. Mon grand-père n’avait jamais entendu passer un train,
mais il se dit que ça devait ressembler à ce tintamarre: un mélange
de claquements métalliques, de chocs sourds, une résonance issue
des profondeurs d’une lourde chose qui filait. Lorsque le tonneau de
whisky fut enfin de course et s’arrêta, Gustin monta dessus. Il ôta son
bonnet et l’envoya valser :
– Longue vie au dix-huitième amendement ! "
Extrait de Louise (Seuil)
C’est l’histoire d’une petite île au large des côtes Américaines et
Canadiennes qui voit arriver un navire,
différent de ceux de d’habitude avec sur le
pont un homme qui ressemble plus à un pi-rate qu’à un commer-
çant. Il décharge des barils de Whisky, pour le plus grand bonheur
des habitants.
ConférencePierre Loti
samedi 12 juin 17h30
Mail Chaho Pelletier
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Isabelle Autissiernée en 1956 à ParisBibliographieUne solitaire autour du monde (avec Éric
Cocquerel, Arthaud,
1997)
Kerguelen, le voyageur au pays de l'ombre (Grasset, 2006)
Salut au Grand Sud, avec Erik Orsenna (Stock, 2006)
Versant océan : l'île du bout du monde (avec
Lionel Daudet Grasset,
2008)
Seule la mer s'en souviendra (Grasset,
2009)
Isabelle Autissier passe sa jeunesse à Saint-Maur en ré-gion parisienne et découvre la voile en Bretagne dès l'âge de 6 ans. En 1978, elle sort de l'École nationale supérieure agronomique de Rennes avec un diplôme d'ingénieur agro-nome (spécialisation en halieutique). De 1984 à 1990, elle enseigne à l'École maritime et aquacole de La Rochelle.En 1991, elle termine 7e au cours du BOC Challenge en réalisant l'exploit d'être la première femme à faire un tour du monde en solitaire. C'est cette réussite qui la pousse à abandonner l'enseignement pour se consacrer entièrement à la course au large.Isabelle Autissier s'est également tournée vers l'écriture. Elle est l’auteur de plusieurs récits et essais. Elle a écrit en outre un livret d'opéra, un conte fantastique sur le réchauffe-ment planétaire, Homo Loquax, sur une musique de Pascal Ducourtioux.Elle publie en 2009 son premier roman, Seule la mer s'en sou-viendra (Grasset), l'histoire d'une supercherie en mer inspirée d'un fait réel – l'affaire Crowhurst en 1969, et pour lequel elle obtient le Prix Amerigo Vespucci, remis lors du 20e Festival international de géographie. Elle a également entamé une "carrière" d'auteur et de conteuse.
Isabelle Autissier
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" Géorgie, je voudrais te parler en tête à tête. Pourquoi me fascines-tu ?
Quel est ce plaisir à venir se geler et parfois se faire peur pour un bout
de caillou austral ? Je t’ai découverte enfant, quand les voiliers aux
noms mythiques de Damien et Basile me tenaient éveillée des heures
durant, la tête à l’envers dans le lit pour qu’on ne me surprenne pas à
lire. Tu étais le bout du monde, mais quand je serai grande, j’irai en mer,
autour du monde et jusqu’en ses bouts les plus extrêmes. Je n’en parlais
pas, car à quoi bon, on ne dit pas son rêve. On ne le dit pas, on le pré-
pare. Tu étais solidement campée dans mon panthéon personnel, mais
les choses s’accomplissent en leur temps. Le rendez-vous était intime-
ment pris, il a attendu mes quarante-deux ans. C’est beaucoup et si peu
à la fois. (…) Il ne fallait pas trop écouter ce que l’on disait de toi :
« 100 noeuds au mouillage…Le vent s’est levé en moins d’un quart
d’heure.
« Il a fallu passer la nuit à arpenter la plage en pleine tempête, impos-
sible de rejoindre le bord…Et il s’est mis à neiger.
« La houle nous a piégés, plus moyen de ressortir de la baie entre les
cailloux, j’ai cru perdre le bateau.
L’année dernière, je me suis enhardie et tu m’as laissée y conduire à
mon tour, mon voilier. J’ai pris mes propres repères, aiguisé mes pro-
pres méfiances, appris à vivre sur le fil du rasoir. Est-ce du masochisme
d’aimer ton exigence et de s’affronter aux cinquantièmes hurlants pour
te mériter ? Je ne renie pas tes violences, tes airs sombres ni mes nuits
sans sommeil dans des mouillages scabreux. Je sais aussi me ravir de
tes douceurs éphémères, de tes aubes crues, de tes neiges, de tes vents,
de tes habitants insolites à plumes et à poils. Je crois que nous avons
une relation honnête maintenant, du respect mutuel en quelque sorte.
Je ne baisserais jamais la garde et je sais qu’il faudra parfois renoncer
mais en échange tu m’accueilles et chaque jour est un cadeau.
J’aime que l’on t’ignore, qu’on ne connaisse comme Géorgie que tes
cousines américaine ou caucasienne. « Ah bon, vous allez naviguer aux
Etats-Unis ? » « Tiens, on peut naviguer dans le Caucase ? » (…) "
Extrait deVersant Océan
(Grasset) Ici Isabelle Autis-sier veut partir à la découverte de la Géorgie à qui elle s’adresse et la personnifie en lui livrant des bouts
de son histoire. Dans le même
temps, elle met en avant son envie de passer sans laisser
de trace, une voca-tion écologique.
Conférence avecJean-Michel BarraultLes grandes courses
au large et les équipages
samedi 12 juin 14h30
Mail Chaho Pelletier
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J.M. Barraultné en 1927 à NantesBibliographieNavigation de plaisance. Initiation à la petite croisière (Flammarion, 1971)
Mer misère (Seghers,
1984)
Amours océanes (Galli-
mard, 1986)
La Mer et les marins (Gallimard, 1990)
Guide des ports de plaisance (Arthaud,
1992)
Ressac (Ancre de marine,
1994)
Des bateaux et des hommes : L’aventure de la voile française de 1950 à nos jours (Robert Laffont, 2002), Moitessier : Le Long Sillage d’un homme libre (Seuil, 2004)
Pirates des mers d’aujourd’hui (Galli-
mard, 2007)
Diplômé de sciences-Po et licencié en droit, il a concilié son activité professionnelle avec son goût pour l’écriture et sa passion pour la mer et la voile. Officier du mérite maritime, frère de la côte et grand-frère de la Flotte d’Isle de France, membre du Yacht Club de France, Prési-dent fondateur de l’Union des Plaisanciers français, membre fondateur des Ecrivains de marine… de quoi montrer son investissement pour le monde de la mer. Issu d’une famille de marins, Jean-Michel Barrault était prédestiné à ce métier. Il a fondé la course à la voile en solitaire du Figaro, et a na-vigué sur toutes les mers du monde. Il a notamment effectué un tour du monde et demi, en compagnie de sa femme, sur son sloop personnel. De ses voyages au Cap Horn, dans les canaux de Patagonie, les glaces du Spitzberg…, il a ramené maints récits et romans. En effet, Jean-Michel Barrault est l’auteur de trente-cinq livres, la plupart consacrés à la mer et traduits dans une dizaine de langues. Il a reçu de nombreuses distinctions (prix Louis Castex de l’Académie française, prix de l’académie de marine, prix des écrivains bretons, prix Jules Verne...). Son livre Moitessier, le long sillage d’un homme libre rend hommage à son ami disparu il y a 10 ans.Également éditeur, il a dirigé pendant dix ans la collection mer aux éditions Arthaud. Jean-Michel Barrault est aussi journaliste spécialisé. Collabo-rateur du Figaro, de Paris Match, de magazines nautiques.
Jean-Michel Barrault
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Extrait deMoitessier,
le long sillage d’un homme libre
(seuil)Le français Bernard
Moitessier a été le premier à accomplir,
avec sa femme la plus grande navigation sans escale (26 000 miles).
Le Sunday Times, propose alors en 1968
la plus impitoyable des compétitions. L’enjeu: un globe doré pour le
premier à achever cette circumnavigation, un chèque de 5000 livres
sterling pour le plus rapide.
" – Il est fou !
Le mardi 18 mars 1969, l’officier de quart du petit pétrolier British
Argosy mouillé dans la baie de Cape Town est alerté par un choc mé-
tallique. Il sort sur l’aile de passerelle, aperçoit un voilier, ce qui n’est
pas rare dans les parages. Aux jumelles, il peut lire le nom inscrit en
grosse lettres noires sur le roof blanc : Joshua. Il distingue un homme
aux longs cheveux, à la barbe grise fournie, à l’allure de sage indien, qui
bande un lance-pierres, vise le navire. Il se répète :
– Il est cinglé ce mec!
Envoyé avec adresse, un emballage de film, lesté, atterrit sur le pont
du navire. Soudain, le marin du commerce comprend : le projectile
contient un morceau de papier. Il le déplie, il lit : "Je continue sans es-
cale vers les îles du Pacifique parce que je suis heureux en mer, et peut-
être aussi pour sauver mon âme."
Le message, relayé vers la Grande-Bretagne, vers la France, déclenche
chez la plupart la même réaction :
– Il est devenu fou !
L’homme barbu qui attaque les navires au lance-pierre s’appelle Ber-
nard Moitessier. Deux ans plus tôt, Francis Chichester, le vainqueur
de la première course transatlantique, a réussi un tour du monde en
solitaire avec une escale en Australie. Il est devenu un héros national,
anobli par la reine. Dans le domaine des exploits maritimes ne reste à
accomplir qu’une circumnavigation seul à bord et sans aucune escale.
Ce suprême défi exigerait de fréquenter les quarantièmes rugissants
aux vents de tempête, aux vagues monstrueuses, de doubler les trois
caps mythiques que sont Bonne-Espérance, le cap Leeuwin, le cap
Horn ; d’embarquer l’eau douce et les vivres pour huit à dix mois de
mer ; d’éviter les avaries malgré les conditions les plus sévères. Par-
dessus tout, d’endurer la solitude, la fatigue, les risques d’épuisement
et d’instabilité physique. Pourtant, plusieurs marins songent à tenter
l’aventure. L’un d’entre eux est le Français Bernard Moitessier. A bord de
son ketch de 12 mètres en acier, Joshua, en compagnie de son épouse
Françoise, il vient d’effectuer la plus longue navigation sans escale ac-
complie par un voilier de plaisance, 26 000 miles, de Tahiti à Alicante
en doublant le cap Horn. "
Conférence avecIsabelle Autissier
Les grandes courses au large et les
équipagessamedi 12 juin
14h30Mail Chaho Pelletier
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François Bellecné en 1934 à BrestBibliographieCarnets de voyages des peintres de la marine (Ouest-France, 2002
Marchands au long cours (Le Chêne, 2003) La France des gens de mer, 1900-1950 (Le
Chêne, 2001) De la royale à la marine de France (J-P
de Monza, 2004) Les Terre-Neuvas (Le Chêne, 2004), Vanikoro, sur les traces de Lapérouse (Galli-
mard, 2006) Sauveteurs et arsenaux de la Marine de France (Glénat, 2008)
François Bellec est un contre-amiral, écrivain et peintre français. Son parcours mêle tour à tour la marine, la peinture et l’Histoire. Il en-tre à l'École navale en 1954 tout en suivant les cours des Beaux-Arts. Il connut une ac-tivité atypique d'officier de marine et de peintre à travers les mers. Dès les années 60, il expose régulièrement dans les salons de Bretagne, où il sera remarqué par la critique, puis par le ministre de la Défense. C’est ainsi qu’il deviendra, de 1975 à 1983, peintre agrée de la Marine. Dans les années 80, sa carrière prend un nouveau tournant et il est fixé à Paris en tant que conservateur et directeur du Musée national de la Marine. En 1989 il devient Peintre titulaire des Armées. Ses activités d’historien le font élire, en 1992, membre titulaire de l’Académie de Marine dans la section Histoire, Lettres et Arts. Le contre-amiral a été distingué notamment par le prix Renaissance des arts en 1992 et le prix Puvis de Chavannes en 2001. Il réalise douze films vidéo sur l'histoire maritime. Il a écrit en outre une vingtaine de livres, contribué à une trentaine d'ouvrages collectifs et encyclopédiques sur l'histoire de la navigation, des découvertes, l'exploration du monde, la peinture d'inspiration maritime et les gens de mer dont plu-sieurs ont été traduits en allemand, américain et portugais. Il est l'auteur de nombreuses conférences sur la mer et l'art en France et à travers le monde.
François BellecSecrétaire général
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" J’ai eu le privilège d’accueillir souvent Anita Conti au Musée de la Ma-
rine dont elle était une amie fidèle ; d’entrevoir son biotope, un mer-
veilleux capharnaüm dont les richesses visibles suggéraient l’ampleur
de trésors cachés. J’ai fondu sous son charme, comme tous ceux qui
succombaient à sa bonhomie joyeuse, qui admiraient son optimisme
malgré les duretés de la vie, qui saluaient son allure modeste alors
qu’elle s’imposait comme un personnage incontournable. Ambiguë
car multiple, Anita Conti était-elle une pure scientifique spécialiste
des ressources halieutiques, une généreuse économiste à la recherche
d’une optimisation de la pêche hauturière, une ethnologue de terrain,
une amie des bêtes, une humaniste chaleureuse, une écologiste exi-
geante et inquiète de la dépopulation des fonds marins, une artiste
sensible, une femme de mer assez dure à la peine pour être acceptée
dans le milieu viril de la grande pêche, ou bien un écrivain de talent ?
Elle était tout cela simultanément, avec une étonnante capacité d’as-
sumer ses contradictions. Elle haïssait jusqu’à la nausée le massacre
des morues : "On tue partout. Dans les parcs, on pique les poissons
vivants. A l’arrière, on pêche des oiseaux à la ligne pour améliorer le re-
pas du soir et on leur scie le col. Il n’y a pas ici d’autre geste avantageux
que celui de tuer. Tuer seul est rentable." Ses lignes sur la mort des faux
poissons rejetés comme inutiles, que l’on nomme châts, stymbicks ou
anarhicas selon la science et les coutumes locales, sont pathétiques :
"C’est vrai ce qu’a dit Bouboule, les morues meurent la gueule ouverte.
Il n’a pas dû regarder mourir les anarhicas, il aurait trouvé un mot pour
eux, plus fort peut-être. Les anarhicas ne veulent pas se laisser mourir
; ils sont isolés, rares parmi les morues entassées, et au milieu d’elles,
ils se tordent, monstres solitaires. " […] Elle ressentait au contraire au
même moment une estime profonde et une admiration enthousiaste
pour ceux qui étripaient vifs sous ses yeux des poissons nobles, dans
"la splendeur féroce des nuits morutières", et elle prenait un plaisir ani-
mal à leur excitation : "Ça c’est céleste ! Enfin, on est sur le métier, on
commence à vivre ! "
Extrait de Les Terre-Neuvas
(Chêne) Portrait D’Anita
Conti, femme énig-matique et ambigüe « est-elle une pure scien-
tifique spécialiste des ressources halieutiques,
une généreuse écono-miste à la recherche
d’une optimisation de la pêche hauturière …
une humaniste cha-leureuse, une écologiste
exigeante et inquiète de la dépopulation des
fonds marins, … ou bien un écrivain de
talent ? »
ConférenceLes gens de mer
samedi 12 juin 15h30
Mail Chaho Pelletier
/ ecrivains18
Michel Déon est écrivain, dramaturge et académicien. Il fait des études de droit tout en songeant déjà à une carrière litté-raire. Parallèlement, c’est en pratiquant la voile dès son plus jeune âge avec son père que Michel Déon a contracté le goût de la mer et des voyages. Fin connaisseur de la Méditerranée, il en aime les îles et la mer, qu'elle soit douce ou tourmen-tée. Il commence très tôt une vie de voyages qu'il n'arrêtera plus, et qui nourrira constamment son œuvre romanesque. Il quitte Paris en 1946 pour devenir correspondant de presse en Suisse et en Italie, avant de partir aux Etats-Unis et au Canada. Dès son retour en France, il se consacre au journalisme et commence à publier régulièrement des romans. Il poursuit son chemin entre littérature et voyages. Depuis 1969, Michel Déon partage son temps entre L'Irlande, la Grèce et Paris. Il a été distingué par de nombreux prix comme le prix Interallié en 1970 pour Les poneys sauvages (Gallimard), le grand prix de l'Académie française en 1973 pour Un taxi mauve (Gallimard) ou encore le prix Giono en 1996 pour l'ensemble de son œu-vre. Michel Déon siège à l'Académie française depuis 1978.
Michel Déon
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Michel DéonNé en 1919 à ParisBibliographieLes poneys sauvages (Gallimard, 1970)
Un taxi mauve (Gallimard, 1973)
Cavalier, passe ton chemin (Gallimard,
2005)
Quelques enchante-ments ou lettres de château (Gallimard, 2009)
Cahier Déon (L'Herne, 2009)
Journal 1948-1983 (L'Herne, 2009)
ecrivains / 19
Extrait deLes poneys sauvages
(Gallimard)Il décrit le voyage de Ben et Caulaincourt
à bord de la Déborah dirigée par son vieux
capitaine Dundee. Une navigation lente et douce à travers des bancs de méduses qui
se poursuit dans un chenal entre des îlots
en dessous d’Hodéïda.
" Quand Ben et Caulaincourt prirent le quart suivant, une brise plus
fraîche entraîna sans à-coup la Deborah qui conserva son allure toute
la nuit. Au petit matin, de nouveau, le vent tomba et ils se traînèrent
sur une mer calme semée de méduses dont l’ombrelle contractile me-
surait bien un mètre de diamètre. Les bouches mauves des méduses
s’ouvraient et se fermaient, délivrant un message de muet monté des
profondeurs abyssales. Amaro en frappa quelques unes à la gaffe, et
elles s’enfoncèrent aussitôt dans les fonds d’un bleu opalescent. Cau-
laincourt ne récriminait plus contre les lenteurs de la Deborah. Il en
avait pris son parti et souffrait seulement de n’avoir rien à faire jusqu’à
ce qu’Amaro lui apprît à pratiquer des épissures. Le vieux dundee, tout
gémissant et craquant qu’il fut, leur imposait son rythme, naviguait à
son allure, choisissait à peu près seul son cap avec l’obstination d’un
cheval rentrant à l’écurie, offrait avec confiance une à une ses blessures
à panser : rocambeau tordu, point d’écoute pourri par le sel et le vent,
clan mangé par les vers. Ce n’était pas un aventurier comme ces sa-
colévas, montés par des équipages nubiens qui glissaient furtivement
sur l’eau pendant la nuit et couraient se cacher dans les criques de la
côte, avant l’apparition du soleil, pour y débarquer des chargements
d’esclaves vendus en Arabie par les Etats de l’Afrique centrale. La Debo-
rah se contentait de jouer avec la côte, tantôt s’en rapprochant, tantôt
s’en éloignant jusqu’à ce qu’on ne vît plus qu’une poussière impalpable.
Après Turba et le détroit de Mandeb, ils aperçurent de rares villages ta-
pis au pied des hautes falaises ocres. Le troisième jour Ben commença
de prendre des relevés réguliers et de se rapprocher du Yémen. Georges
vit sur la carte l’endroit où Caulaincourt voulait être débarqué, quel-
ques milles en dessous d’Hodéïda. Aucun port n’était indiqué, mais une
multitude d’îlots et de récifs commandaient l’entrée de plusieurs pas-
ses. Enfin, Ben fit signe qu’ils arrivaient vers un chenal. La Deborah tira
un long bord buissonnier vers l’ouest et retourna sur ses pas, tous feux
éteints dès la nuit tombée. La mer devint un lac et le moteur au ralenti
engagea le dundee dans le fouillis des îlots. Ben, assis à califourchon
sur le beaupré, les pieds nus agrippés à la sous-barbe, commandait à
voix très douce Maureen qui barrait. "
ConférenceAlain Gerbault
dimanche 13 juin 11h
Mail Chaho Pelletier
/ ecrivains20
Officier de marine, Loïc Finaz a navigué sur des frégates anti-sous-marines et des sous-marins nucléaires d'atta-que. Il a commandé le Bâtiment Ecole Tigre et l'aviso Jean Moulin. Il a commandé la frégate Latouche Tré-ville. Il s’est également occupé de politique des ressour-ces humaines, de conduite des Opérations et d’affaires européennes. Loïc Finaz a publié plusieurs ouvrages.Actuellement il est Commandant du service de recrute-ment de la Marine Nationale.
Loïc Finaz
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DR
Loïc Finazné en 1962BibliographieEchouage (1995)
Des villes d'escale (1997)
Nous avions accosté à Guayaquil (2003)
L'or du soir (poèmes,
éditions des Equateurs,
2007)
ecrivains / 21
Extrait deL’Or du soir
(Editions des Equateurs)
Un livre balloté entre des errances parisien-
nes le long des quais de Seine et les louvoyages
océaniques entre Ouessant, les Açores et le venteux cap Horn.
On se laisse volontiers bercer par la prose
poétique, fragile et ins-pirée, Loïc Finaz nous
invite au voyage.
" La houle montait à la lune, et la toile claquait grand largue. Les feux
familiers dessinaient à nouveau ce royaume intimidant, abandonné
si longtemps. Ar-Men le premier s’était manifesté. A noir, E blanc, let-
tres et pierres sans mouches éclatantes ni golfes d’ombre, mais plus
qu’ailleurs écume, terreur et hurlement du vent. Et plus à l’ouest encore,
la bravoure têtue de la Bouée occidentale.
Dans le nord avec Ouessant, Molène et son archipel, brillaienr Créac’h
et la Jument. Les éclats rouges de Kéréon aussi. Et ceux du Stiff. I pour-
pre du sang des naufragés. Pour les lèvres belles il faudrait attendre
l’accostage et ses bonnes fortunes. Mais la olère et les ivresses écla-
taient quotidiennes.
Le Fromveur et la Helle rythmaient la marée. A l’orée des chaussées
les Pierres Noires, et là-haut parmi les roches d’Argenton le Four, résis-
taient à l’assaut des grands boutoirs. Citadelles maritimes hallucinées
de vagues quand le silence même est assourdissant , et que le courage
vacille comme la pierre.
A l’est sur les rives du Léon, Saint-Matthieu veillait la mer et les mânes
de ces ruines où l’on chanta autrefois la foi de nos pères. Sous le vent lui
répondaient, fidèles, Portzic et Minou.
Au mitan d’un rayon lunaire, isolé, maudit, Tévennec noyait sa peine
dans la houle., blancheur abandonnée sur son rocher sombre. Trop de
E blanc là pour sa candeur, il ne lui restait que les frissons. De solitude
et d’effroi.
Au sud, la Vieille et la Plate solidaires s ‘épaulaient dans les volutes du
Raz pour entretenir le mythe et la mémoire de ce passage, et les écrire
avec le sang des courants.
La lueur verte de Cornoc-an-Braden tenait bon aux portes d’An Ezodi.
Humilité,
U vert des cycles, des vibrements marins et des fronts studieux des
vieillards de Sein. Notre destinée.
Et sur l’île le grand phare, noir et blanc lui aussi, se dressait dans le ciel
nocturne.
Or blanc dans la nuit bleutée. O bleu, suprême clameur des océans
étranges, rayon violet des feux qui veillent l’Iroise. "
Conférence avecOlivier Frébourg
Le rôle de la Marine Nationale
dans la sociétésamedi 12 juin
11h30Mail Chaho Pelletier
/ ecrivains22
Olivier Frébourg est le fils d'un capitaine au long cours et petit-fils d'un patron pêcheur de Douarnenez. Il débute sa carrière en tant que journaliste-reporter, collaborant aux magazines Géo, Vogue, Grands reportages et Le Figaro magazine. Après avoir été, pendant douze ans, directeur littéraire aux éditions La Table Ronde, il s'est mis à son propre compte en créant les Editions des Equateurs.Il est récompensé par le prix des Deux-Magots en 1990, pour Roger Nimier, trafiquant d’insolence, ainsi que par les prix Henri Queffélec et François Mauriac pour Port d’attache.
Olivier Frébourg
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Olivier FrébourgNé en 1965 à DieppeBibliographieRoger Nimier, trafiquant d’insolence (éditions du Rocher,
1990)
Port d’attache (Albin
Michel, 1998)
Ports mythiques (Édi-
tions du Chêne, 2002)
Maupassant, le clandestin (Mercure de
France, 2000 - Galli-
mard, 2002)
Un Homme à la Mer (Mercure de France,
2004)
Souviens-toi de Lisbonne (Table ronde
2008)
ecrivains / 23
Extrait deUn homme à la mer (Mercure de France)Beaucoup de références
à la musique avec Debussy notamment,
la mer est comparée à un art absolu dont Olivier Frébourg dit que c’est le seul ordre
auquel il croit. Impli-cation d’autres artistes qui sont des amoureux de la mer (Jim Harri-
son, Bernard Cras).
" Le piano et le violon expriment le mouvement ondulatoire des vagues.
Nous le ressentons. Nous ne pouvons l’exprimer. La mer et la musique
sont l’art absolu. Pour écrire La mer, Debussy s’est accroché au mât
d’un bateau et a traversé une tempête entre Saint-Malo et Cancale.
En quittant la maison de Bernard Cras, j’ai besoin comme chaque soir,
surtout après avoir parlé de la figure de ce musicien tout en noblesse,
d’entendre le ressac. S’ouvrir au monde, à son fracas, pas d’autre issue!
La mer est la chambre d’écho de toutes les tempêtes.
Notre époque condamne les vraies ivresses. J’en ai parlé avec Jim
Harrison, que j’ai rencontré deux fois, toujours à Paris, autour d’une
bouteille de côtes-du-rhône. Sensible à la saudade, l’auteur de Légen-
des d’automne a une gueule de pirate. Il longe souvent le littoral de
la Floride. En France, à Saint-Malo c’est un pilier du Bar de l’Univers et
de la plage: «L’océan lui-même devenant une arme incroyable contre
la claustrophobie qui a terni et trop souvent contrôlé mon existence.
Toutes mes valves s’ouvrent en grand lorsque je marche sur la plage
de Saint-Malo.»
Les livres de Harrison m’ont donné la discipline de descendre chaque
jour à Sainte-Marguerite voir la mer et de résister à la folie. Aupara-
vant, je n’avais jamais pensé à cette philosophie si claire.
Je ne recherche pas un équilibre –notion physique à laquelle je n’ai
jamais cru–, je veux simplement respirer une nature que l’on nous es-
camote. Je ne tourne pas le dos au monde, mais je l’appréhende avec
recul, je l’ordonne car plus nous avançons, plus le doute nous envahit.
La mer est le seul ordre auquel je crois.
A Sainte-Marguerite, le naufrage est plus lent, plus doux aussi. Après
tout, nous sommes poussés vers des récifs sans lesquels la vie n’aurait
aucune saveur. «L’orgueil de la victoire m’est insupportable», écrivait
Chateaubriand qui, devant la mer de Bretagne, avait juré de dire la
vérité.
Je marche à la frange de la mer. La lune réfléchit les falaises sur le sable
lavé, vierge de toute trace, parcouru comme à l’origine du monde par
des filets d’eau qui se fraient une voie dans le monde minéral. Le phare
d’Ailly balaie le visage de craie des falaises. La musique résonne dans la
nuit. J’entends la sirène de mon prochain embarquement. "
Conférence avecLoïc Finaz
Le rôle de la Marine Nationale
dans la sociétésamedi 12 juin
11h30Mail Chaho Pelletier
/ ecrivains24
En 1963, à l’âge de seize ans, Bernard Giraudeau entre à l’Ecole des Apprentis mécaniciens de la flotte, dont il sort premier un an plus tard. En 1964-1965 puis 1965-1966, il participe aux deux premières campagnes du porte-hélicoptère Jeanne d'Arc. Il sera ensuite em-barqué sur la frégate Duquesne puis sur le porte-avions Clemenceau avant de quitter la Marine pour tenter sa chance en tant que comédien au Conservatoire. Il y re-çoit le premier prix de comédie moderne et classique. Il joue dans de nombreux films et se lance en 1990 dans la réalisation avec L'Autre puis Les Caprices d'un fleuve. Depuis quelques années, Bernard Giraudeau se consa-cre avec succès à l’écriture. Il publie quatre livres dont une BD illustrée par Christian Cailleaux. En novembre 2009, il se voit décerner le Prix Mac Orlan pour Cher Amour.
Bernard Giraudeau
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Bernard Giraudeauné en 1947 à La RochelleBibliographieLes hommes à terre (Métailié, 2004)
Les dames de nage (Métailié, 2007)
Air 97 les hommes à la terre (Casterman,
2008)
Cher Amour (Métailié,
2009)
ecrivains / 25
Extrait deLes Hommes à terre
(Métailié)Description du nau-frage, de la situation des matelots dans les
vagues avant le sauve-tage par des allemands
et retour au port où Ange, le barreur retrouve Jeanne, la
seule dans laquelle il veut bien se noyer.
" Après la grève des dockers et "la bataille du port", Ange arrêta le long
cours et partit pour les campagnes de pêche. Un matin de septembre,
dans Le Sémaphore de l’Ouest, on put lire que le chalutier La Françoise
avait sombré dans les eaux du golfe de Gascogne en revenant des
côtes d’Espagne. Ange y était. C’était gros temps avec des crinières
d’écume sur les vagues, des déferlantes en comètes. La Françoise avait
pris une lame de travers par tribord, avec les filets qu’on remontait et
qui tiraient sur la bordée. Le bateau s’était couché d’un coup sans un cri
de l’équipage. Tout le monde était parti dans la vague. Ange à la barre,
attaché pour le gros temps, resta pendu par la taille. Il eut le temps de
voir, impuissant, deux jeunes marins empêtrés dans les filets qui se dé-
battaient pour en sortir. Ils étaient pris au piège, la gueule écrasée par
les mailles. La nasse se referma. Ange voyait bien que c’était fini pour
les petites. Deux frères, «nom de Dieu». Au moment où La Française
s’enfonçait avec son piège à hommes, Ange se dégagea du nœud de
cabestan et n’eut que le temps de les voir disparaître. Il resta dans le
tourbillon où venait de sombrer le bateau et s’accrocha à des paniers
vides qui flottaient sur l’écume. Ils étaient douze à bord. Autour de lui,
des survivants étaient agrippés à des panneaux d’écoutille ou des tan-
gons qui avaient refusé de couler.
A cette époque, peu de marins savaient nager et Ange avait toujours
dit qu’un bateau était fait pour naviguer, pas pour sombrer. Saloperie.
Le capitaine quelque part dans le bouillon hurlait: «Comptez-vous»,
«Vos noms, bordel!» Ils étaient six, Ange compris. Le capitaine gueula
encore plus fort par-delà les montagnes d’eau, mais le vent fracassait
sa voix qui se perdait avec les rafales. Ça montait et descendait comme
dans une horreur de fête foraine. Ange détestait les foires, les balan-
çoires et la grande roue. «Les frères Chézeau?» toussait le capitaine.
«Au fond, Jean, au fond.» «Nom de Dieu!» Puis il y eut des cris et quatre
compagnons surgirent au sommet d’une vague accrochée au canot
retourné. Ça faisait le compte sans les deux mômes. Tous au canot, les
bras passés dans les lignes de vie. Il fallut en attacher trois à bout de
force qu’on avait failli perdre. Plus tard, un vapeur allemand, de Ham-
bourg, les avait recueillis et bercés jusqu’à Bordeaux. "
ConférenceLectures
dimanche 13 juin 12h
Mail Chaho Pelletier
SignatureAir 97, les hommes
à terreBernard Giraudeau Christian Cailleaux
Les caprices d'un fleuve
projection le 12 juin 18h à l'Atalante
en présence deBernard Giraudeau
/ ecrivains26
Hervé Hamon débute sa car-rière en tant que professeur de philosophie, métier qu'il exerce pendant cinq ans. Après avoir obtenu un docto-rat d'histoire sociale, il quitte l'éducation nationale pour écrire. Il commence par pu-blier des enquêtes à caractère sociologique ou historique, comme Tant qu'il y aura des profs (Seuil), Nos médecins (Seuil), Les porteurs de valise (Seuil), ou Génération (Seuil). Il se dirige ensuite vers des essais et des tex-tes plus personnels. En effet, breton d'origine, la mer occupe une place importante dans nombre de ses récits, à l’instar de Besoin de mer ou Le Livre des tempêtes. En avril 2005, il publie avec Anne Smith un livre d’art, Cargo, évoquant les "travaux et rêveries portuaires" et, en mars 2006, De l’Abeille à l’Abeille, la relève de l’Abeille Flandre, chronique de la construction d’un grand remorqueur de sauvetage. A côté de son métier d'écri-vain, Hervé Hamon collabore avec de nombreux journaux (Le Nouvel Observateur, Ouest France, Geo). En 2007, il se dirige vers d'autres horizons en publiant son premier roman, Paque-bot. L'année suivante, Demandons l'impossible témoigne des événements de Mai 68, époque à laquelle l'écrivain avait 20 ans. Sa carrière littéraire a de nombreuses fois été saluée par la critique (prix Henri Queffélec du livre maritime et prix Nadar pour Le Livre des tempêtes). Touche-à-tout, Hervé Hamon est également documentariste et scénariste pour des fictions. Il a par exemple réalisé Chasseurs de tempêtes, un documentaire qui remporta le grand prix du film d'aventures.
Hervé Hamon
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Hervé Hamonné en 1946 à Saint-BrieucBibliographieBesoin de mer (Seuil,
1997)
Le Livre des tempêtes (Seuil, 2001)
Cargo (Dialogues, 2005)
De l’Abeille à l’Abeille, la relève de l’Abeille Flandre (Seuil, 2006)
Paquebot (2007)
Demandons l'impossi-ble (2008)
Le vent du plaisir (Seuil, 2008)
Toute la mer va vers la ville (Stock, 2009)
Besoin de mer (Seuil,
2009)
Le livre des tempêtes (Seuil, 2009)
Le diagonale du traitre, nouvelles (Dialogues, 2010)
ecrivains / 27
Extrait deBesoin de mer (Seuil, 1997)Hervé Hamon
exprime son besoin de partir, de naviguer. Il explique ce qu’il
ressent alors, à quoi il pense, aux choses qui
s’effacent peu à peu. Et pourtant, l’appel de la mer est plus fort ; c’est sa définition du mot «
voyager ».
" Mais partir, ce qui s’appelle partir, j’ai besoin d’un bateau pour cela.
Même si ne pars pas loin. Et d’autant plus que je ne pars pas vite. Car
partir n’est pas seulement s’en aller, mettre de la distance entre un
point et un autre. Partir, ce qui s’appelle partir, c’est assister à la trans-
formation de ce qu’on abandonne, c’est découvrir, en partant, que le
lieu qui s’éloigne n’est pas identique à lui-même. L’émotion du départ,
en bateau, ne se réduit pas à l’appel de ces « horizons nouveaux » dont
se repaissent les histoires de partance, les contes héroïques ou enso-
leillés. L’émotion du départ, c’est avant tout l’altération progressive du
paysage connu, qui devient inconnu autant que deviendra connu le
paysage inconnu de l’autre rive. L’émotion du départ, c’est de laisser un
doute derrière soi. Finalement, on n’emporte rien, on ne possède rien,
la familiarité n’est que provisoire, elle se dilue comme la mémoire de la
nudité d’une femme dont ne subsiste, ensuite, que la silhouette pâle et
floue – ni les caresses ni le plaisir ne sont acquis, c’est justice, il faut re-
commencer. Et ce constat n’est source ni de déception ni de frustration
; c’est la plus valide des promesses : le monde est inépuisable, le plaisir
est inépuisable, cela vaut la peine d’y revenir, bien qu’il nous échappe
et parce qu’il nous échappe. Voyager, c’est ça. "
ConférenceLes métiers du port
dimanche 13 juin 16h
Mail Chaho Pelletier
/ ecrivains28
Élève d'Yvon Le Corre, autant en voile qu'en dessin, il a été l'équipier d'Yvon Fauconnier puis d'Éric Tabarly. Sa pre-mière traversée de l'Atlantique date de 1973."Peindre, raconter et naviguer", telle semble être la devise de Titouan Lamazou. Au tournant des années 1990, le navigateur remporte les trophées les plus prestigieux de la voile et peint au fil des rencontres. Il remporte, en 1990, la première édition du Vendée Globe, première course autour du monde en solitaire sans escale. Ce succès est suivi par la victoire en monocoque dans la Route du Rhum la même année.Titouan Lamazou est sacré Champion du Monde de course au large pour la période 1986-1990. En 1991, il fonde, avec Florence Arthaud, le Trophée Jules Verne, première course sans limite de taille pour les navires, et lance la construction du plus grand monocoque de course jamais réalisé en matériaux composites, le Tag Heuer. Mais lorsque le bateau fait naufrage dans l'Adriatique, il décide d'arrêter la course au large pour se consacrer à l'art de voyager, dont il livre régulièrement de fabuleux récits avec ses carnets de voyages. Il publie de nombreux ouvrages illustrés, avec pour trame de fond un très fort engagement humanitaire.
Titouan Lamazou
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Titouan Lamazouné en 1955 à CasablancaBibliographieSous les toits de terre (Faucompret, 1988) Un hiver berbère (Jeanne
Lafitte, 1989)
Carnets de voyage 1 (Gal-
limard, 1998)Carnets de voyage 2 (Gallimard, 2000)
Rêves de désert avec Raymond Depardon, (Gal-
limard 2000)Renaud par Titouan (Gallimard, 2002)
Congo Kinshasa (Gallimard 2001)
Femmes du Monde, (Gal-limard 2007)Mulheres (Gallimard, 2008)
Afghanes (Gallimard, 2009)
A paraîtreMauve avec Fatou Diome
(Arthaud, oct 10)
Femmes, photographies (Glénat, juin10).Histoire d’une exposition avec Michel Onfray (Gallimard, oct 2010)
ecrivains / 29
Extrait deDemain, je serai
tous mort (Biblio-graphie et entretien
par Patrick Le Roux)
Dans cet extrait on trouve les trois fois où
l’auteur à passer le cap Horn. La première
étant avec Pen Duick (la plus réussie des
trois), la seconde étant un flop total car il a pris un rocher en
étant déconcentré par les médias et sponsors
qui l’attendaient et la troisième qui s’est
bien passée mais à ses conditions : il faisait
comme il le sentait pour gagner la course.
"C’est la troisième fois que je passe le cap Horn. À chaque fois ça a été
quelque chose de différent. La première fois c’était avec Pen Duick. Ta-
barly-Cap Horn, ça ne pouvait pas être mieux. Le point d’orgue d’une
histoire qui allait se terminer quelques mois plus tard. Il faut être cap-
hornier quand on est marin. C’est un rendez-vous avec la mythologie
de notre enfance, même si maintenant ça se dégrade un peu avec ces
tour-opérators qui y organisent des voyages. J’ai toujours perçu le tou-
risme comme un signe de décadence. Notre passage avec Pen-Duick VI
était un événement tout à fait naturel, qui collait à l’histoire que nous
vivions. C’était une fierté, mais je ne sais pas si à l’époque ça représen-
tait vraiment quelque chose au fond de moi.
La deuxième fois, ça a été une autre paire de manches. C’était en 1987,
il y a tout juste trois ans, pendant la troisième étape du Boc. Quand
le cap Horn se profile à l’horizon, je suis en course, en solo et je sais
que des journalistes m’y attendent pour faire des images au sortir des
Quarantièmes, avant notre arrivée prévue à Rio. Ce coup médiatique
me déstabilise un peu. Je suis à l’intérieur en train de converser en VHF
avec le bateau des journalistes et des sponsors lorsque j’entends un va-
carme effroyable. Je bondis sur le pont. Je suis persuadé d’avoir démâté
ou d’être sur le point de couler après avoir heurté un caillou. Je jette un
coup d’œil sur mon sondeur qui redescend à une vitesse vertigineuse
jusqu’à soixante-dix mètres, niveau qu’il n’aurait jamais dû quitter.
Juste devant le Cap Horn, je viens bel et bien de heurter un caillou. Tous
mes planchers se sont soulevés. La quille commence à bouger dange-
reusement, suffisamment pour que je le sente quand le bateau donne
des contrecoups. Je soulève tous les planchers et affale le booster. Les
boulons qui tiennent la quille sautent comme des pistons dans leurs cy-
lindres. En faisant gîter le bateau sur un bord puis sur l’autre, je réussis à
remonter la quille et revisser les boulons un par un mais elle est voilée
dans la masse. J’ai dû laisser une bonne dizaine de kilos de plomb sur
le rocher du cap Horn. Pour ce deuxième passage, j’ai vraiment d’autres
préoccupations que de m’inquiéter du symbole que porte ce rocher. Je
pense qu’à cette époque je ne devais pas être très bien. Je n’étais pas en
tête de la course, et n’ai pas su affirmer ma personnalité en cédant au
bon vouloir médiatique. "
Rencontre avec le publicsamedi 12 juin
16h30Mail Chaho Pelletier
/ ecrivains30
Patrick Poivre-d’Arvor né en 1947 à ReimsBibliographieLes enfants de l’aube (Lattès, 1982)
Le roman de Virginie (1985)
Elle n’était pas d’ici (Albin Michel, 1995) Une trahison amou-reuse (Albin Michel,
1997) La mort de Don Juan (Albin Michel, 2004) Les aventuriers des Mers (2006)
J’ai tant rêvé de toi (2007) Petit Prince du désert (Albin Michel, 2008) Horizons lointains (Toucan, 2008) A demain ! En chemin vers ma liberté (Fayard,
2008)
Fragments d'une femme perdue (Grasset,
2009)
Présentateur du journal télévisé d'Antenne 2 de 1976 à 1983, il devient le présentateur-vedette du journal de 20 heures de TF1 de 1987 à 2008 et un personnage majeur du paysage audiovisuel français, que ce soit en tant qu'interviewer ou animateur de diverses émissions littéraires. Parallèlement à sa carrière de journaliste, Patrick Poivre-d’Arvor poursuit une brillante carrière d’écrivain.Cet auteur prolifique propose une quarantaine d’œuvres litté-raires variées. Avec d’une part une œuvre largement autobio-graphique, Patrick Poivre-d’Arvor écrit de surcroît plusieurs biographies : Saint-Exupéry, le corsaire Robert Surcouf, Vasco de Gama, Lawrence d’Arabie, Jules Verne. Il a publié en 2005 Confessions, un livre d’entretiens avec Serge Raffy. Il co-signe en 2006 le roman jeunesse Les aventuriers des mers (Albin Michel), et le roman Disparaître (Gallimard), avec son frère Olivier. Il publie récemment Fragments d’une femme perdue (Grasset, 2009) et Et puis voici mes fleurs, mes poèmes préférés (Le Cherche-Midi, 2009). Aux Presses de la Renaissance il publie en 2010 Tenir et se tenir, où l’auteur se dévoile et se confie avec pudeur et sincérité sur son cheminement intérieur et les valeurs humanistes qui fondent sa vie.
Patrick Poivre-d'ArvorVice-président
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ecrivains / 31
" En cet après-midi de mars, l’imagination débordante et les sens aigui-
sés par les ballets des figurantes, j’eus besoin une fois de plus de me
rafraîchir le corps et les idées.
Alan m’ayant abandonné pour partir à la recherche de Tadzio, je
m’éloignai de la rive en quelques brasses énergiques et j’eus soudain
l’idée de refaire, en sens inverse, le parcours accompli par Byron en son
temps. Après tout, je n’étais pas infirme comme lui et l’entreprise ne
me semblait pas hors de portée. Machinalement, je me dirigeai vers
l’aéroport Nicelli, prêt à rejoindre la place Saint-Marc par la lagune.
Mais une fois dépassés l’hôpital marin et les premières jetées, alors que
les cabines de plages n’étaient plus guère visibles, la vanité de mon en-
treprise m’apparut. Le monde de Byron n’était plus. Un siècle et demi
s’était écoulé depuis son exploit. La qualité des eaux ne s’était pas amé-
liorée. Et les avirons avaient disparu au profit d’une nuée menaçante
de vaporetti, taxis et autre hors-bord.
Je me sentis pris au piège. Au loin, des gerbes d’écume m’avertissaient
que les eaux n’étaient plus sûres. Je n’en continuai pas moins à allonger
mes mouvements pour gagner l’un de ses pieux qui balisent le chenal
des bateaux à moteur. Le souffle court, je cherchai à reprendre haleine
en m’accrochant au premier que j’atteignis, mais ma consistance vis-
queuse m’en empêcha. Les herbes folles qui avaient été fatales à l’ami
de Byron y pullulaient. Je me dégageai donc du pied et je fis un brusque
mouvement de côté qui me repoussa face à la rive. En me redressant
pour passer une main sur mes jambes et vérifier que rien ne risquait
d’entraver mes mouvements, je distinguai une fumée dans le ciel. Ce
que je ressentis alors n’avait plus rien de commun avec ces frayeurs
contrôlées qui accompagnaient si souvent mes escapades nautiques.
J’avais la sensation d’avoir voulu défier Byron, rivaliser avec lui; il me le
faisait payer. Il avait déjà pareillement vaincu le chevalier Mengaldo Di
Bassano qui avait voulu se mesurer à lui entre le Lido et le Grand Canal.
L’homme s’était vanté d’avoir traversé le Danube et la Berezina sous les
balles. Epuisé par le froid et la pestilence des eaux, il avait abandonné
sous le pont du Rialto. "
Extrait de La mort
de Don Juan (Albin Michel)
Don Juan veut égaler voire surpasser les exploits de Byron,
or, les conditions ne sont plus les mêmes et Don Juan va sombrer doucement avant que
quelqu’un ne vienne à son secours.
Rencontre avec le public
dimanche 13 juin 17h
Mail Chaho Pelletier
/ ecrivains32
Il est le fils de l'écrivain breton Henri Queffélec et le frère de la pianiste Anne Queffélec. Amoureux de la mer et de sa Bretagne il fut stagiaire dès 1962 puis moniteur à la célèbre école de voile Jeunesse et Marine et il a pu naviguer avec Éric Tabarly. "École de la mer, Jeunesse et Marine est aussi l’école de la liberté maîtrisée, donc l’école de soi. Qu’apprend-on, sans même y penser ? À se voir moins petit, à se vouloir moins frimeur. À conjurer la tendance naturelle à méjuger autrui comme à se méjuger." C'est avec ces mots qu'il préfaça le livre Jeunesse et Marine. Il évoque d'ailleurs cette école de voile - école de mer à laquelle il fut très attaché dans la biographie qu'il a consacrée à Eric Tabarly. Pendant qu’il amarrait son bateau, Françoise Verny, la "papesse de l’édition", lui tapa sur l’épaule et lui dit : "Chéri ! Tu as une tête d’écrivain, toi. Je t’invite ce soir à mon anniversaire !"La légende veut que ce soit ainsi que Yann Queffélec ait dé-cidé de se consacrer à l’écriture. Il a alors 32 ans. Françoise Verny n’avait pas tort puisque, à peine quatre ans plus tard, Yann Queffélec reçoit le prix Goncourt 1985 pour Les Noces Barbares. Un énorme succès pour cet amoureux des livres et de la mer.
Yann Queffélec
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Yann Queffélecné en 1949 à ParisBibliographieLe Soleil se lève à l’ouestToi l’horizonLa force d’aimerBoris après l’amourMoi et toiMa première femmeVents et MaréesL’Amante (2006)
L’amour est fou (2006)
Le plus heureux des hommes (2007)
Passions criminelles (co-écrit avec Mireille
Dumas, 2008)
Tabarly (Fayard,
L'Archipel)
La puissance des Corps (Fayard, 2009)
Adieu au Bugaled Breizh (Rocher, 2009)
Le Piano de ma Mère
(L'Archipel, 2009)
Les sables de Jubuland (Plon, 2010)
ecrivains / 33
Extrait deLes noces barbares
(Gallimard)Description de la vie
et des plaisirs de Ludo, un chaland solitaire : se balader en bord de
mer, ramasser tout ce que la mer rejette,
faire des feux devant la mer pour se donner le
sentiment d’appro-cher de la vérité et se réfugier à bord d’une
épave en regardant les vagues venir y claquer.
" Il marchait aussi beaucoup sur la plage. La mer basse lui prodiguait
tous les jours un nouveau trophée. Il portait en sautoir la visqueuse
laminaire imitant le dos des alligators. Il ramassait la menue monnaie
des océans que le ressac abandonne à la perplexité du flâneur : étoiles
de mer, os de seiches, tignasses de varech, méduses lacérées comme de
la gelée d'œil, branches d'arbres poncées par les vents. Il trouvait des
galets façonnés par l'usure, il trouvait l'usure des bigorneaux blanchis
dont seule avait survécu la spire, le dôme ondulé d'une tête de crabe,
guillochée sur le pourtour ainsi qu'une tartelette, le vitail flasque d'un
poisson mort. Ludo fêtait ces arrivages providentiels de colifichets
atlantiques, chaland solitaire des laisses de marée où, comme à la
décharge, il s'en allait au marché.
Le soir, sacrifiant à regret les bois d'épave, il dressait des flambées sur
le sable désert et contemplait la mer à travers le feu. C'était sa mer, au
vrai, qu'il contemplait toujours et tentait d'apprivoiser si loin qu'elle eût
disparu. Les yeux agrandis par l'hypnose il rêvait qu'elle embarquait
sur le Sanaga. Lui, à la barre du navire, était Marcus V inicius, héros de
Quo Vadis, officier romain, et c'est au glaive qu'il tranchait les amarres
pour appareiller. Il pouvait rester ainsi jusqu'à l'aube en compagnie
de sa mémoire et des flammes ; tout feu qui brûlait donnait à Ludo le
sentiment d'approcher la vérité.
Il s’amusait à défier la marée montante. Il établissait de gigantesques
barrages à l’arrière du Sanaga, d’innocentes murailles de sable qui
tenaient la mer en échec cinq ou dix minutes, et puis des infiltrations
lézardaient les parois, sapaient les bases, et les flots retrouvaient en se
ruant le lit qu’ils avaient affouillé depuis longtemps en aval du bateau.
Alors, il se réfugiait à bord et regardait les clapotis sablonneux mous-
ser autour de l’hélice et du gouvernail, cravacher la voûte, et toutes les
vagues bientôt semblaient avoir fait le vœu de franchir l’océan pour
inonder l’épave. "
ConférenceLa piraterie en Somalie
samedi 12 juin 18h30
Mail Chaho Pelletier
/ ecrivains34
Pierre Schoendoerffer est un scénariste, réalisateur et écrivain français. Après quelques mois sur un chalutier à voile, Pierre Schoen-doerffer s'engage dans le Service Cinématographique des Armées en 1952, en tant que caméraman. Fait prisonnier à Diên Biên Phu, il devient reporter-photographe de guerre après sa libération. Il se lance ensuite dans le cinéma de guerre et réalise La Passe du diable en Afghanistan, et Than le pêcheur au Vietnam. Il réalise deux adaptations des romans de Pierre Loti : Ramuntcho et Pêcheurs d'Islande. En 1963, il tourne La 317e section - adaptation de son pro-pre ouvrage sur le conflit vietnamien, Objectif 500 millions et le documentaire La Section Anderson en 1965. En 1977, Pierre Schoendoerffer adapte Le Crabe Tambour - un autre de ses romans – film interprété par Jean Rochefort et Jacques Dufilho. En 1982, le réalisateur tourne L'Honneur d'un capi-taine. Pierre Schoendoerffer s'accorde ensuite une pause d'une dizaine d'années, et revient en 1992 avec une autobiographie, Dien Bien Phu, basée sur son expérience au Vietnam. En 2003, il publie L’Aile du papillon qui obtient le prix de l’Armée de Terre, et en 2004 il publie et adapte son roman Là-haut (Grasset et Fasquelle).
Pierre Schoendoerffer
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sPierre Schoendoerfferné en 1928 dans le Puy de DômeFilmographie317è section (1963)
Objectif 500 millionsLa section Anderson (1965)
Le Crabe Tambour (1977)
L'Honneur d'un Capitaine (1982)
Là-haut (2004)
Bibliographie317è sectionLe Crabe TambourDiên Biên Phu (1992)
L'aile du Papillon (Grasset, 2003)
Là-haut (2004)
ecrivains / 35
Extrait deL’Aile du papillon
(Gallimard)Histoire de Roscanvel,
marin d’un mul-ticoque. Beaucoup de descriptions du paysage et tout ce
qu’on peut y ressentir. Un immense oiseau
apparaît, inquiète et se dit de mauvais
augures. Roscanvel a le cœur serré.
" Tout est calme, muet, tout est gris ; il n’y a ni horizon ni contour et,
comme au premier jour, nul n’aurait pu dire où commence le ciel.
La fraîcheur humide de l’air est plus intense, plus pénétrante que du
vrai froid ; en respirant on a le goût du sel et de l’iode. Il ne doit pas
être loin de l’heure de la méridienne en cette longitude du ponant, bien
qu’à la teinte sombre de toutes choses on eût cru toucher au soir… "un
soir de demi-brume !" dirait le poète. La mer obsidienne, consciente de
son propre mystère, a l’aspect vitreux d’un miroir ondoyant qui n’aurait
rien à réfléchir. Le panneau de l’abri s’ouvre ; cela fait penser à ces ni-
ches trop étroites des caveaux où on loge les morts. La tête de Roscan-
vel émerge de la cavité, tel un captif brutalement élargi. Il a l’air aussi
égaré qu’au sortir d’une nuit peuplée de mauvais rêves. Sa respiration
laisse échapper de sa bouche de petites bouffées blanches, comme s’il
avait fumé la pipe.
Le multicoque oscille faiblement sur la mer figée, ondulée du restant
des longs trains de houle de l’Atlantique Nord. Roscanvel écoute la
plainte étrange –si triste– le léger clapotement, le chuintement, le
miaulement du gréement et des coques de son voilier encalminé. Ros-
canvel a le cœur troublé.
Un immense oiseau inquiet, aux ailes immobiles, plane ; comme un
charognard au-dessus du massacre africain. Ce n’est pas une de ces
blanches frégates des quarantièmes rugissants - il n’y en a pas dans
notre hémisphère septentrional. Ce n’est pas non plus un albatros, un
fou de Bassan, un pétrel, un cormoran, ce pourrait être une mouette,
encore que nous soyons si loin des terres, un goéland d’une envergure
inusitée et, dans la clarté incertaine, il semble aussi noir que ces cor-
beaux maléfiques qu’on clouait vifs aux portes des granges. Il plonge
soudain, effleure le miroir mouvant d’un sol fantasque, comme l’hi-
rondelle troublée rase les champs avant l’orage. Il lance deux ou trois
lugubres avertissements, de ces cris déchirants dont on dit qu’ils sont
ceux des âmes errantes, des innocents marins perdus en mer ; sombres
augures présents, présageant de plus sombres augures à venir. Ros-
canvel a le cœur serré… "
ConférenceL'Afghanistan
dimanche 13 juin 15h
Mail Chaho Pelletier
Le Crabe Tambourprojection le 12 juin 20h30 à l'Atalante
en présence dePierre Schoendoerffer
/ expositions36
Les voyages de Pierre LotiMédiathèque du centre ville22 mai au 26 juinExposition en partenariat avec la Marine Nationale
La médiathèque de Bayonne vous invite à suivre les pérégrinations du célèbre Pierre Loti, marin au long cours et écrivain de l'ailleurs. A travers une présentation de cartes, éditions remarquables et extraits de journaux issus de fonds anciens, plongez dans cette exposition sur les traces d'un jeune officier devenu à travers ses différents voyages et son désir d'exotisme, un grand écrivain romantique.Un appel au voyage et une vision de l'ailleurs bien singuliers.Illustration issue du livre de Vercier et Quella-Villéger : Pierre Loti, dessinateur : une oeuvre au long cours (Bleu autour, 2009).
Les Voyages de Pierre Loti
ConférenceLoti voyageur
par Bruno Vercier, professeur de
littérature contemporaine à la Sorbonne
et spécialiste de l’écrivain
voyageur.
Jeudi 3 juin à 19h15, à la
médiathèque du Centre-ville.
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Exposition d'oeuvres des collections du musée BonnatMusée Bonnat2 au 13 juintous les jours (sauf mardi)de 10h30 à 18h30OeuvresPersée et Andro-mède (Italien 17ème)
Ulysse reconnu par sa nourrice Euryclée (Clément Belle 18ème)
Baie de Naples (André Giroux 19ème)
Venise (Ziem 20ème)
La rade de Toulon Venise (Bonnat 20ème)
Marine (Helleu 20ème)
La traversée (Sophie Pujo 20ème)
Les artistes ont inventé le paysage de la mer. Des artistes d’horizons différents pour qui le spectacle de la mer attirant, de l’océan ter-rifiant et sublime, entraîne l’excitation ima-ginative. Seront présentées 8 peintures qui puisent dans l’antiquité l’image de l’océan : monde menaçant de divinités marines, ou du retour du héros Ulysse, dans des œuvres du 17ème et 18ème siècle. Les peintres voya-geurs du 19ème, peignent la baie de Naples, Venise, avec une conception orientalisante de l’ailleurs, ou enregistrent avec précision les effets de lumière et des plans successifs d’eau et de ciel ; jusqu’au 20ème, où le pinceau du peintre traduit sans pittoresque le silence et les périls de l’océan traversé.
Vuessur Mer
Une guide conférencière du
musée commente ces
tableaux d’artistes du 17ème au 20ème siècle.
Les visites commentées,
d’une durée de ¾ d’heure, sont
gratuites.
Mer 2 juin : 15hDim 6 juin :
14h30 et 15h30Mer 9 juin : 15h
Jeu 10 : 13h
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Exposition Eliane MonninMusée Bonnat2 au 13 juintous les jours (sauf mardi)de 10h30 à 18h30
Après des études d’arts appliqués puis d’arts plastiques à la faculté de Strasbourg, elle ins-talle son atelier au pays basque en 2002. En 2007, elle découvre le travail de la terre. La fascination qu’elle éprouve envers la nature et ses abstractions organiques la pousse à créer un univers sensible et proche du vivant. Son travail évoque le monde animal marin (anémones, coraux, holothuries…). À tra-vers ces systèmes vivants primitifs, l’artiste cherche des représentations de notre propre corps. Virus sortis des abysses, bêtes molles à l’étrange épiderme, impression d’une vie grouillante, animal, végétal ou humain, elle brouille les pistes et construit un univers os-cillant entre attirance et répulsion. Ces objets improbables nés d’une mythologie person-nelle, sortis d’un cabinet de curiosité, nous renvoient aux ambivalences du corps, aux territoires du toucher et de l’effleurement.
Eliane Monnin
Cabinet de curiosités
Eliane Monnin envisage l’atelier
comme un cabinet de curiosités où
elle récolte, classe, liste, archive les
objets improbables nés d’une mytho-logie personnelle.
Mettre en scène l’espace du corps
reste pour elle l’axe le plus important
de son travail tant dans une recherche
d’installations plus globale que
dans l’idée d’une collaboration ac-tive avec d’autres
artistes.
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Carte Blanche à Aurélia ArkotxaA travers la photographie et la littérature, l’artiste nous proposera un regard sur la mer.
1er au 27 juin Salle Xokoa Musée Basque et de l’Histoire de Bayonne37 quai des Corsaires 05.59.59.28.72 tous les jours sauf le mardi,de 10h à 18h30.
Aurelia Arkotxa, écrivain et universitaire, se considère volontiers comme un auteur transfrontalier. Son appartenance au mou-vement de « géopoétique » la conduit notamment à considérer les espaces et la géographie comme le lieu véritable de l’acte littéraire.Membre de l’Académie basque depuis 2008, Aurelia Arkotxa dessine à travers cartes et mappemondes une géographie et une archéologie poétiques qui sont autant d’interrogations sur les langues en poésie, le statut de l’auteur et la crise de la société contemporaine.
AureliaArkotxa
Rencontre avec Aurelia ArkotxaLe mardi 1er juin
à 18hSalle Xokoa
Entrée libre et gratuite.
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/ expositions40
Exposition Les marins au Pays BasqueDe la station navale de la Bidassoa… à la base navale de l'Adour1er au 14 juin Librairie ElkarEn partenariat avec la base navale
En1872, des incidents entre pêcheurs fran-çais et espagnols nécessitent l’intervention de bâtiments militaires des marines des deux pays. Cette mission aboutit à la créa-tion d’une station navale sur la Bidassoa. À deux reprises (1891 et 1896) elle sera pla-cée sous le commandement du lieutenant de vaisseau Julien Viaud, plus connu pour ses écrits publiés sous le pseudonyme Pierre Loti. Dans les années 1960-1970, avec le développement des activités dans la zone frontalière et de nouvelles tensions entre pêcheurs, la décision est prise de réimplan-ter cette station dans un site possédant des capacités d’extension plus importantes. L’Adour est alors choisi et en 1979 débute à Anglet-Blancpignon la construction de la base navale de l’Adour, officiellement acti-vée en janvier 1983.
Les marins au Pays Basque
Librairie ElkarPlace de l’Arsenal
BayonneEntrée libre
lundi au samedi : 9h30-19h00
Renseignements : 05.59.59.35.14
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expositions / 41
Exposition Les activités maritimes et fluvialesDes outils de chantier naval, deux bateaux grandeur nature et des maquettes. Des peintures illustrent les relations inter-nationales générées par le port. Un plan-relief re-constitue les chan-tiers navals du Port de Bayonne en 1805…
Le Pays Basque, tourné vers l’océan, est une terre de marins. A Bayonne, cité de confluence entre « l’Adour gascon et la Nive euskarienne », le port a longtemps été au cœur de la ville, point de rencontre naturel entre les marchandises venues de l’arrière-pays et les produits des mers lointaines.A l’occasion des Rencontres avec la Mer, le Musée Basque fait redécouvrir les salles dédiées aux activités maritimes et fluviales, ainsi qu’aux activités économiques, qui il-lustrent l’impact de la vie maritime sur le commerce local.
Les activités maritimes
et fluviales
Musée Basque et de l’Histoire de
Bayonne37 Quai des
Corsaires05.59.59.28.72
Horaires d’ouver-ture du Musée
Basque : tous les jours sauf
le mardi,de 10h à 18h30
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/ lectures42
Lectures
Voyage au Pays BasqueA l'occasion de la réédition de l'anthologie Voyages au Pays Basque (édition Pimientos), le musée basque propose une lecture. L'occasion de découvrir des écrits passionnants de Théophile Gautier qui retrouve Bayonne et Vitoria quelque trente ans après son premier passage, la surprenante géographie de Jules Verne ou encore des extraits du chef d'oeuvre de Prosper Mérimée : Carmen.mer. 2 juin à 18h Musée Basque et de l’Histoire de BayonneSalle Xocoa Lectures par le groupe de lectures de la faculté de Bayonne
Goûter littéraireMise en bouche littéraire avec une douzaine d'extraits de textes, comme autant d'invitations au voyage et à l'imaginaire de la mer. De Jean-Fran-çois Deniau à Yann Queffélec…Dans un salon de thé élégant, au milieu de miroirs authentiques et de mobiliers anciens.Lecteurs : Sophie Bancon, Jean-Marie Broucaret du Théâtre des Chimères.Vendredi 4 juin à 17hMaison Cazenave19 rue Port Neuf
Lectures sur le Mail
Lectures d'extraits de romans. Imaginaire et réel conversent au fil des récits. Le monde de la mer et du grand large où l'intime croise avec le mythi-que et les îles côtières avec le cap Horn.Lecteurs : Muriel Machefer, Txomin Héguy, Guy Labadens du Théâtre des Chimères.samedi 12 juin de 20h à 21hMail Chaho Pelletier
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concert / 43
Parcours musical autour de Pierre Loti, Homme de Mer et de LettresConcert au Musée
Bonnat
Vendredi 11 juin à
20h30
* Contemporaines de
Pierre Loti, fin du
XIXème et début du
XXème siècles.
Officier de marine et homme de lettres, Pierre Loti décrit dans ses carnets de voyages les expéditions auxquelles il prend part, notamment au Moyen-Orient et en Asie… Cependant, l'Orientalisme suscite en France un véritable engouement. L’at-trait pour les contrées lointaines, doublé d’un en-thousiasme colonialiste, entraîne une production musicale foisonnante, où la sensualité le dispute à l'étrangeté.A la manière d’un concert–lecture, nous em-barquons donc pour une épopée musicale. Les mélodies* y sont autant de miniatures, dessinant les contours d’un monde lointain et idéalisé. Par alternance, les textes de l’écrivain voyageur dépeignent un univers, lui aussi, subjectif : comme Proust réinvente le temps, le regard de Loti recrée le monde qui l’entoure. Reportés sur une carte, dates et itinéraires constituent pourtant des preuves de la réalité de notre aventure…
Voyage en Terres Intérieures
chantCéline Laly
pianoNathalie Dang
narrationPascal Jouniaux
mise en scèneJacques Mazeran
lumières Dominique
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/ librairies44
Thèmes des vitrines ElkarNature et environnement + exposition avec la Base Navale : "les marins au Pays Basque"DarrieumerlouL’architecture marine et l’objet marinL'AlinéaLe bateauLa rue en PenteL’enfant et la merGallibrairieLe travail de la mer (les métiers maritimes)GribouilleLa mer dans la Bande-DessinéeJakinLa faune et la flore
L'Hegoa souffle sur les vitrines des librairies
Les pirates de BaratariaDessinsFranck BonnetscénarioMarc BourgneEditeurGlénat
Dédicaces de Franck Bonnetsamedi 12 juin stand librairie Gribouille Mail Chaho Pelletier
Lectures de textesdevant les librairies Elkar, Gribouille et Dar-rieumerlou par le Théâtre des Coulisses
Les libraires seront présents les 12 et 13 juin sur le Mail Chaho Pelletier pour accueillir sur leur stand les Ecrivains de Marine qui signeront leurs ouvrages. En amont de ces journées, dès le 1er juin, les libraires vous invitent à voyager. A l’occasion des Ren-contres avec la Mer , La Marine nationale a remis aux libraires de la ville un objet em-blématique de la mer. Avec cet "objet" et sur une thématique choisie, chaque vitrine sera animée, décorée, pour faire voyager le lec-teur-promeneur. Certaines librairies, com-me Elkar, proposeront des lectures d’extraits d’œuvres sur la mer. La librairie Gribouille recevra également Franck Bonnet pour sa série de BD Les Pirates de Barataria.
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le port / 45
Dates Importantes12ème et 13ème siècles : trafic vers l’étranger très important.Milieu du 15ème siècle : l'Adour se jette au port d’Albret (ensable-ment du lit).
16ème siècle : port de pêche important (baleine et morue)1578 : détournement de l’Adour vers l’estuaire actuel par Louis de Foix. Début d’endiguement.
Fin 17ème siècle : grande renom-mée du port, considéré comme un port de mer très actif
1664 : 9ème port de France18ème siècle : travaux d’endigue-ment et dragage du port. Toutes les représentations artistiques de Bayonne montrent le port, les bateaux.
1730-1783 : aménagement des quais sur l’Adour et la Nive.1756-1763 : guerre de sept ans, activité corsaire du port1784 : Bayonne, port franc (abolition des taxes pour les marchandises françaises).
19ème siècle : installation des Forges de l’Adour (1ère sidérurgie sur l’eau) > port industriel.
1830-1840 : les chantiers de construction navale s’effondrent et ferment.
1880 : le port passe sous l’autorité de la Chambre de Commerce.
Connu depuis le Moyen-Age, le port de Bayonne a fait l’histoire, la gloire et la richesse de la ville au cours des siè-cles. Lié aux caprices de l’Adour qui tantôt rapprochait tantôt éloignait, son estuaire de la ville, le port était surtout réputé pour le cabotage, ses chantiers navals, et ses corsaires.Les grands travaux de Louis de Foix ont définitivement mis le port à 8 km de l’Océan et l’ont classé dans les 9 plus grands ports de France. Si l’arri-vée du transport ferroviaire et l’éternel ensablement de l’estuaire ont limité le trafic, l’industrie, avec les Forges de l’Adour, a relancé l’activité.Jusque dans les années 1950 des ba-teaux accostaient mais l'activité s’est vraiment déplacée sur la rive droite et au Boucau. Il ne reste dans l’esprit bayonnais que quelques terminolo-gies, comme "les Quais de la Nive" ou ceux "de l’Adour" réalisés au 17ème
siècle, les Allées marines ou encore le Quai des Corsaires… et malheureuse-ment les Bayonnais ont oublié qu’ils ont et ont eu un grand port.
L'histoire du portextraits de l'interview de Josette Pontetuniversitaire et historienne
Glossaire
Corsaire membre d’équi-
page de navire corsaire, armé,
autorisé par une lettre de marque d’un gouverne-
ment à traquer et piller les bateaux
marchands d’autres pays.
Cabotagenavigation
marchande le long des côtes.
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Au-delà de ses aspects historiques et patrimoniaux, que re-présente le Port de Bayonne aujourd’hui ?Le Port de Bayonne, en ce début de 21ème siècle, est avant tout un formidable outil de développement économique pour notre territoire. Il est le 9ème Port de France et en 2009, il a réalisé un trafic total de plus de 4,3 millions de tonnes. Ceci implique que ce port travaille avec et au service des entreprises. En premier lieu, celles qui sont implantées sur la zone portuaire, sur les deux rives de l’Adour, mais également celles situées dans son hinterland. Par ailleurs, le Port génère aujourd’hui près de 4000 emplois directs et indirects.
Ce Port s’inscrit dans l’Histoire de Bayonne. Avez-vous des projets pour l’avenir ?Le Conseil Régional d’Aquitaine qui en a la propriété et la CCI Bayonne Pays Basque qui en est le gestionnaire, ont une ambition stratégique pour ce Port : il doit s’imposer comme un outil du report modal. Qu’est-ce- que cela signifie ? Que le transport maritime et le transport ferroviaire doivent peu à peu gagner sur le transport routier. Aujourd’hui, les infrastructures pour que ce report modal se fasse, existent. A titre d’exemple : des importations de ballast (pierres) ont eu lieu, en 2009, sur le Port destinées à la réfection des voies ferrées entre Hendaye et Bayonne : importations par la mer et acheminement sur les chantiers par voie ferrée. Ce qui est vrai pour ce trafic, le devien-dra demain pour nombre de transports.
Le port aujourd'huiInterview de Jean-Marie Berckmans président de la CCI Bayonne Pays Basque
photo : © Raphaele de Gorostarzu
le port / 47
En plein Grenelle de l’environnement, peut-on conjuguer dé-veloppement durable et Port de Bayonne aujourd’hui ?Plus que jamais. Le Port de Bayonne en lui-même est un outil de développement durable au même titre que le réseau ferré. Par ailleurs, il faut rappeler que le Port de Bayonne a été le 1er port de France ayant obtenu une triple certification Qualité (ISO 9001) – Sécurité (OHSAS 18001) et Environnement (ISO 14001). Cette triple certification est remise en question tous les 3 ans et a déjà été renouvelée une fois.
Le Port est à côté de villes importantes. Menez-vous une ac-tion auprès de ses riverains pour l’intégration du Port dans ces villes ?Il s’agit là d’un volet de la politique menée par la CCI Bayonne Pays Basque et d’un engagement pris auprès du Conseil régional d’Aquitaine. Des investissements sont effectués afin d’intégrer le Port dans le paysage urbain qui l’entoure. Par ailleurs, en 2009, des actions pédagogiques ont été menées avec les enseignants, les guides touristiques de la Ville de Bayonne ; des contacts ont été initiés avec les autres communes afin d’expliquer le Port à la population. Nous allons travailler à des circuits d’information, de présentation à côté des différentes zones portuaires. Une stra-tégie et des moyens financiers spécifiques dédiés à l’intégration du port dans les communes riveraines seront développés dans les prochaines années.
/ la marine48
Visites de La Belle PouleLa goélette quittera le port de Saint-Jean-de-Luz le 11 juin dans la jour-née pour rejoindre le quai Edmond-Foy à Bayonne à 18h accueillie par les escumayres-Talasta.
samedi 12 juin : 9h30 - 11h15h - 18h30dimanche 13 juin :10h - 12h14h - 18h
Vivante école du sens marin et de la cohésion d’équipage, la Belle Poule participe depuis 1932 à la forma-tion des officiers de la marine na-tionale. Si ce splendide voilier a été conçu sur le modèle des goélettes paimpolaises qui pratiquaient la pê-che à la morue en Islande au début du XXème siècle, le soin particulier apporté à sa construction et à ses remarquables qualités nautiques l’a préservée à travers les décennies.
Outils de formation par excellence, les goélettes ajoutent à la dimension nautique une dimension patrimo-niale unique. De leur participation à la formation des marins des Forces Navales Françaises Libres pendant la Seconde Guerre mondiale, elles ont hérité du pavillon de beaupré à croix de Lorraine. Ambassadrices de la marine royale, elles sont fré-quemment déployées sur les côtes de France et d’Europe et participent aux grands rassemblements de voi-liers traditionnels.
La Belle PouleVoilier-école
La Base Navale de l’Adour et les Rencontres avec la Mer
Quel est votre rôle dans l’Association des Ecrivains de Marine et dans les Ren-contres avec la Mer ?Les Ecrivains de Marine est une association intégrée à la marine Nationale, comme les Peintres de Marine, un «Corps», une «entité» de la Marine avec un uniforme. Ils peuvent embarquer à bord et ont un grade équi-valent au Capitaine de Fré-gate, l'équivalent du mien.Nous participons donc à plusieurs titres aux Rencon-tres avec la Mer de Bayonne; d’abord en faisant venir un bateau en escale, la goélet-te-école "La Belle Poule",
photo : © DR
la marine 49
en mettant également à la disposition de différentes librairies de la ville, des objets de décoration sur un axe "connaissance de la mer" pour animer les différentes vitrines. Nous contribuons également à l’exposition dédiée à Pierre Loti, un de mes prédécesseurs qui a com-mandé la Marine au Pays Basque en tant qu’officier et qui est mort à Hendaye. La Marine Nationale occupera un espace à la librairie El-kar lors de l’exposition sur Les marins en Pays Basque.En dehors de cette participation exceptionnelle, que propose la Base Navale de l’Adour aux jeunes de la région ?La Marine Nationale est installée à Bayonne depuis 1983 auparavant nous étions à Hendaye dans la Baie de Txingundi. 80 personnes, civiles et militaires travaillent ici, nous avons 3 bateaux, 2 pour le site des Landes de Biscarosse et un patrouilleur de gendarmerie maritime.Nous ne pouvons leur garantir un emploi sur la base de l’Adour, mais nous offrons aux jeunes de partager nos expériences, notre connaissance de la Marine et après plus si affinités ! Mais il faut accepter de quitter le pays.Nous avons de nombreuses connexions avec des lycées principalement profession-nels : le lycée maritime de Ciboure qui est dédié à la mer (Marine Nationale, pêche, commerce...) dont nous accueillons les élèves en stage dans les ateliers ou à bord des bateaux. Et nous recevons aussi régulièrement d’autres lycéens qui cherchent à faire des stages à l’atelier et font des missions d’une journée pour découvrir la vie à bord, par exemple en patrouille sur la Bidassoa (stage découverte de 3ème généralement). Des visites de la base sont aussi régulièrement proposées aux collégiens.Ensuite, s’ils le souhaitent, il y a les Préparations Militaires Marines effectuées une quinzaine de samedis, de décembre à mai, pour connaître la Marine, resserrer leur orientation, passer leur permis bateau et passer une semaine à Brest sur de plus gros bateaux… sans obligation de s’engager par la suite.En ce qui concerne le recrutement local, depuis 2006 il existe un partenariat avec l’Aviron Bayonnais Rugby sur la base : on accueille trois joueurs de l’Aviron Bayonnais Espoir qui sont le matin à l’Aviron et l’après midi sur la base ; ils ont le statut de marins volontaires pendant un an. (autres infos sur www.etremarin.fr NDLR) C’est une petite opportunité pour les locaux de venir sur la base pour travailler. Interview du Capitaine de frégate Thibaud Collin, commandant de la base navale de l'Adour
portfolio / 51
Tous droits réservés © Raphaele de Gorostarzu
www.rocanosse.com
Port, gueule du fleuve et gorge de l’océan,
souvenirs en transit, songes mouvants par les hublots
rongés,
rouille de l’homme, cargos-éléphants.
Port, gorge du large, cracheur de grumes,
Adour aux rives de ressac, les hommes de la non-terre comme
des points devant.
Lumière d’eau, ombres métal-liques, hommes de plumes et
d’écumes,
la mer a l’âme horizontale.
Laissons les flots, artères éprou-vées par leur flux émouvants,
le port gueule de tôle, cargos-métal flottants, mer des non-
hommes,
le port toute gorge étalée, ma-gistrale machine métissée par
les vents.
raphaele de gorostarzu 12 mai 2010
/ cinéma58
Projectionsamedi 12 juin 21h à l’Atalante
En présence de Pierre Schoendoerffer
L'Atalante7 rue Denis EtcheverryBayonne05 59 55 95 02 Tarif spécial pour la soirée (2 films) : 8€ adhérents/10€ plein tarif
En 1977, le Jauréguiberry va terminer sa carrière comme vedette de cinéma, en ef-fet de janvier à mars l'escorteur embarque six acteurs et une quinzaine de techniciens pour tourner à bord des scènes du film tiré du livre de Pierre Schoendoerffer le Crabe Tambour. A cette occasion de superbes ima-ges du Jauréguiberry "le nez dans la plume" seront filmées depuis un Super Frelon en mer d'Iroise. Outre l'appareillage tourné à Lorient, de nombreuses scènes seront tour-nées sur le grand banc de Terre Neuve.Le film, sorti en 1977, a reçu trois Cé-sars (meilleur acteur pour Jean Roche-fort et meilleur second rôle pour Jacques Dufilho).
Le Crabe Tambour
Fiche techniqueFrance1976 1h55
Réalisé par Pierre
Schoendoerffer Avec
Jacques PerrinClaude Rich
Jean Rochefort
phot
o : ©
DR
cinéma / 59
Projectionsamedi 12 juin 18h à l’Atalante
En présence de Bernard Giraudeau
L'Atalante7 rue Denis EtcheverryBayonne05 59 55 95 02Tarif spécial pour la soirée (2 films) : 8€ adhérents/10€ plein tarif
En 1787, après un duel, Jean-Francois de La Plaine est exilé sur les côtes d'Afrique comme gouverneur d'une minuscule co-lonie. Cette histoire raconte l'itinéraire de cet homme du XVIIIe siècle, confronté à sa propre révolution en marge de l'His-toire. Il va être confronté aux préjugés, au racisme et fera naturellement l'éloge de la différence…Les thèmes abordés par ce beau film sont ceux du droit à la différence, de l'égalité des hommes selon la conception des Lumières, et de la tolérance.
Les Caprices d'un Fleuve
Fiche techniqueFrance1996 1h51
Réalisé par Bernard
Giraudeau Avec
BernardGiraudeau
Richard BohringerAnna Galiena
phot
o : ©
DR
/ conférences60
ConférencesPrésentation du Hors-Série Bertansur la construction
navale
avec Xabier Agote
Bertan est une collection de publications mono-graphiques qui traite d'aspects en rapport avec le patrimoine culturel et paysager guipuzcoan, sous une forme à la fois attrac-tive et plaisante pour le lecteur. Pour chaque titre, il est fait appel aux contri-butions de spécialistes des thèmes proposés et d'experts professionnels de la photographie. Pu-blication multilingue - les textes sont offerts en basque, espagnol, français et anglais - sa dernière parution aborde le thème de la construction navale en Guipuzkoa.mardi 8 juin à 18h Musée Basque et de l’Histoire de BayonneSalle Xocoa - Gratuit
Les métiers du portDans le cadre des Ren-contres avec la mer, et en partenariat avec la CCI, Bayonne Centre ancien organise une conférence : « Les métiers du port de Bayonne, l’escale ».De nombreux interve-nants participent, au sujet du laminage, du remorquage, du pilo-tage, de la manutention ou encore du grutage. Autant d’activités qui participent de la vie du port de Bayonne, et que la conférence va permet-tre de faire découvrir en proposant un nouveau regard sur ce travail du port.Avec la participation de : D. Lafond, T. de Recy, B. Moutard, J.D Droneau, P. Ivandekics, P. Pagani, F. Inchausti, l’Amiral Dambier, P. Ducasse et M. Mouesca.Lundi 7 juin à 20h30 CCI Bayonne - Gratuit
Pierre LotiVoyageur
Bruno Vercier, spécialiste de l'écrivain, traduira avec en-thousiasme ce désir d'ailleurs manifesté par Pierre Loti dans ses romans, comme dans ses dessins et aquarelles moins connus.Jeudi 3 juin à 19h15Médiathèque du centre ville
rencontre / 61
RencontreEmmelene Landon évoquera l'influence de la mer dans ses ouvrages. Lecture d’extraits de ses textes.
Jeudi 10 juin 19h15 à la médiathèque centre-ville
Australienne de naissance mais vivant en France depuis 1979, cette jeune artiste touche à tout : écrivain, traductrice, peintre, photographe et ci-néaste. En 2001, elle se lance dans une aventure folle : faire le tour du monde en porte-conteneurs. Cette expérience de la solitude et du grand large inspire l'artiste qui signe une oeuvre protéiforme mêlant photo, peinture, vidéo et littérature. Ce travail est d'une part exposé dans différents mu-sées d'Europe, et d'autre part publié sous forme d'un carnet de bord intitulé Le Tour du monde en porte-conteneurs, publié en 2003. Dans cette même veine paraît Voyage à Vladivostok en 2007, dans lequel l'auteur raconte les pérégrinations au coeur de la Russie, d'une femme en quête d'amour et de liberté. Avec La Tache aveugle, roman paru en 2009, Emmelene Landon change de registre et s'interroge sur la création artistique et la beauté plastique dans un hommage au peintre Alexander Conzens.
Rencontre avec Emmelene Landon
BibliographieLe Tour du
monde en porte-conteneurs (2003)
Susanne (2006)
Le voyage à Vladivostok (2007)
La tâche aveugle (2010)
FilmographieAustralie, mère et
fille (2003)
Le fantastique voyage du
conteneur rouge (2004)
Fleuves de papier (2007)
phot
o : ©
DR
/ sport62
IbaialdeSu
r l'e
au
Aviron Bayonnais
Les Escumayres - Talasta
L’Association Ibaialde organise des promenades en barques traditionnelles sur la Nive, du ponton de l’Aviron Bayonnais jusqu’au Musée Basque. Devant l’Aviron Bayonnais, Ibaialde expose deux batelekus et une trainière : une mini-régate ainsi que des séances d’initiation seront accessibles au public.A proximité du Mail Chaho Pelletier, Ibaialde ex-pose une traînière accompagnée de rames. Des ren-seignements seront également disponibles au stand d’information de l’association sous chapiteau.
La section Surf de l’Aviron Bayonnais propose un défi de pirogue hawaïenne, par les équipages des championnats du monde, sur la Nive. Une démonstration de stand up padle aura lieu sur la Nive. Des initiations aux sports d’eau seront égale-ment possible (kayac, rame, aviron…)Un stand axé sur les sports de l’aviron et du surf sera mis en place par l’Omnisports, sous le chapi-teau tout le long du week-end. Des photos et un film court sur les sports d’eau seront exposés.
Les escumayres-Talasta accueilleront la Belle Poule lors de son arrivée dans le Port de Bayonne, en accompagnant la goélette de plusieurs couralins.Ils exposeront un kanot en cours de construction sur le Mail Chaho Pelletier.
Samedi 12 juin de 14h à 17h,
trois barques circuleront en continu. (Une
barque peut transporter 6 à 8
personnes).
Samedi 12 juin de 14h à 17h
Les couralins seront amarrés du 10 au 12 juin au ponton de l’Hôtel
de Ville.
lieux / 63
Les lieuxChapiteau Mail Chaho Pelletier Allée des Platanes
Cinéma L'Atalante 7 rue Denis Etcheverry
Médiathèque Médiathèque du centre ville 10 rue des Gouverneurs
Librairies
Elkar 1 place de l'Arsenal
Darrieumerlou 2 pl Réduit
L'Alinéa 20 rue d'Espagne
La rue en Pente 29 r Poissonnerie
Jakin 8 av Mar Foch
Gallibrairie 24, rue Sainte Catherine
Gribouille 11 r Poissonnerie
Jakin 8 avenue Foch
MuséesMusée Basque et de l'histoire de Bayonne 27 quai des Corsaires
Musée Bonnat 5 rue Jacques Laffitte
Lectures Chocolaterie Cazenave 19 rue Port Neuf
CCI 50-51 Allées Marines
La Belle Poule Quai Edmond-Foy Pont Grenet
mail Chaho Pelletier
/ visites64
Visitesguidées
Samedi 5 juin à 10h30
Vélo’ découvertede Bayonne
à l’embouchure
Découvrir le port en vélo, rive gauche de l’Adour, c’est approcher de plus près l’histoire et la vie quotidienne portuaire, un espace où se mêlent pay-sage naturel et industriel.
Inscription, R.V et billetterie
Office de Tourisme - Place
des Basques - limité à 20
personnes
5 €/ pers, gratuit pour les
moins de 12ans
Adultes : prêt de vélo gratuit
sur place, casque fourni. Se
munir d’une pièce d’identité et
d’un chèque de 150€.
Enfants : prévoir casques et
vélos.
Samedi 19 juin à 14h30
Un port enmouvement
Visite exceptionnelle en bus, afin de décou-vrir le port d’une rive à l’autre. Histoire, or-ganisation, activités, développement, métiers du port sont tour à tour évoqués.
Inscription Office de
Tourisme – Limité à 29
personnes - Départ maintenu
en fonction du nombre de
participants (minimum 15)
R.V et billetterie : Office de
Tourisme- Place des Basques
13€/ pers- 8€ pour les moins
de 12ans.
Possibilité de renouveler la
visite en bus sur demande.
Les mercredis 9, 16 et 23 juin
à 14h30
Bayonneune histoire portuaire et
maritime
Visite-jeu découverte pour le jeune public - à piedSur réservation au
05.59.46.61.59
nombre maximum : 20 personnes,
les enfants devant être accompagnés
d’un adulte
R.V. : Place de la liberté (devant
l’Hôtel de ville) Gratuit
Samedi 12 et dimanche 13 juin
à 14h30
Le port en ville
Visites accompagnées de lectures par le Théâtre des Cimes.Pour individuels Sur réservation au
05.59.46.61.59
nombre maximum : 25 personnes
R.V. : Place de la liberté (devant
l’Hôtel de ville) - Gratuit
programme / 65
Mail Chaho Pelletier - gratuit
Samedi 12 juin
10h30 Inauguration du salon
11h30 conférence Le rôle de la Marine Nationale dans la société
Olivier Frébourg Commandant Loic Finaz
14h30 conférence Les grandes courses au large et les équipages
Isabelle AutissierJean-Michel Barrault
15h30 conférence Les gens de mer L’Amiral François Bellec
16h30 Rencontre Rencontre avec le public Titouan Lamazou
17h30 conférence Pierre Loti Didier Decoin
18h30 conférence La piraterie en Somalie Yann Queffélec
Dimanche 13 juin (ouverture du salon à 10h30)
11h conférence Alain Gerbault Michel Déonde l’Académie française
12h Lectures Lectures de textes choisis Bernard Giraudeau
15h conférence L’Afghanistan Pierre Schoendoerffer
16 h conférence Les métiers du port Hervé Hamon
17h Rencontre Rencontre avec le public Patrick Poivre d’Arvor
18h30 Clôture du salon
Rencontres avec la mer
/ programme66
Date Evènement Lieu Page
22 mai au 26 juin Exposition Les voyages de Loti
Médiathèque du Centre-Ville 36
1er au 14 juin La mer s'invite chez les libraires Librairies partenires 44
1er au 14 juin Des marins en Pays Basque Librairie Elkar 40
1er au 27 juin Les activités maritimes et fluvialesMusée Basque et de l’Histoire de Bayonne 41
1er au 27 juin Carte blanche à Aurelia ArkotxaMusée basque et de l'histoire de Bayonne 39
1er juin à 18h Rencontre avec Aurelia ArkotxaMusée Basque :Salle Xokoa 39
2 au 6 juin Le secret de Moby Dick (film d'anima-tion à partir de 3 ans)
L'Autre Cinéma -
2 au 13 juin Exposition Vues sur mer Musée Bonnat 37
2 au 13 juin Exposition de céramiques d'Eliane Monnin
Musée Bonnat 38
2 juin à 18h Lecture : Voyages au Pays BasqueMusée Basque :Salle Xokoa 42
3 juin à 19h15 Conférence/visite autour de Pierre Loti par Bruno Vercier
Médiathèque du Centre-ville 36
4 juin à 17h Lecture : Goûter littéraireChocolaterie Casenave 42
Les vendredis de juin à 15h
Projection de films d’Emmelene Landon
Médiathèque du Centre-ville 61
5 juin à 10h30 Visites guidées : Vélo’découverte Place des Basques 64
7 juin à 20h Conférence : Les métiers du port CCI 60
8 juin à 18h Conférnce : Hors-série de la revue Bertan
Musée Basque : Salle Xokoa 60
Dans la villedu 1er au 19 juin
programme / 67
Date Evènement Lieu Page
Les mercredis 9, 16 et 23 juin à 14h30
Visite jeu découverte « Bayonne, une histoire portuaire et maritime »
place de la Liberté 64
10 Juin à 19h15 Rencontre avec Emmelene Landon
Médiathèque du Centre-ville 61
11 juin à fin d'après-midi Arrivée de la Goélette La Belle Poule Quai Edmond-Foy 48
11 juin 20h30 Concert : Voyage en terres intérieures Musée Bonnat
12 juin 14h30 Visite guidée : Le port en ville Mail Chaho-Pelletier 64
12 juin 14h à 17h Animations sportives
Entre les ponts Ma-rengo et du Génie 60
12 juin 18h Projection : Les caprices d'un fleuve Cinéma L'Atalante 59
12 juin 21h Projection : Le Crabe Tambour Cinéma L'Atalante 60
12 juin 20h Lectures sur le Mail Mail Chaho-Pelletier 42
13 juin 14h30 Visite guidée : Le port en ville Mail Chaho-Pelletier 64
19 juin 14h30 Visite guidée : Un port en mouvement Place des Basques 64
Sous chapiteau: + signatures de livres par les Ecrivains de marine sur les stands des libraires.+ stands : Office du tourisme, Base navale, CCI, Surfrider Foundation.+ Associations sportives de la ville : Ibaialde, les escumayres-Talasta et l’Aviron Bayonnais Animations :+ Marché Montmartre autour du chapiteau, sur le thème de la mer.
+ Animations par Ibaialde et l’Aviron Bayon-nais : Initiation à l’aviron et au surf sur la Nive – Promenades en barques traditionnelles – défi de pirogues hawaïennes – mini régate – démonstration de Stand up paddle. De 14h à 17h le samedi sur la Nive, entre le pont Marengo et le Pont du Génie.Visites :Goélette La Belle Poule - Quai Edmond FoyVisites proposées au public
Office du tourisme0820 42 64 64
Direction de la culture05 59 46 63 70
Et aussi...
Renseignements
www.bayonne.fr