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Page 1: Rentabilité Des RéSeaux Sociaux

C ette semaine, Facebookfranchit le cap des 200millions d’utilisateurs – ils

sont 100 millions de plus qu’enaoût dernier. En février, 5,35 mil-liards de vidéos ont été vues surYouTube. Et 5 millions de Ter-riens utilisent Twitter pour s’en-voyer des messages de 140 carac-tères maximum. Les trois starsdu web affichent des chiffres d’au-dience impressionnants.

Côté revenus, c’est par contrele silence radio. Aucune sociéténe publie de chiffres. Et pour cau-se : les estimations des analystessont mauvaises, et aucune de cestrois firmes n’est encore en mesu-re de convertir sa formidable au-dience en bénéfices.

Après le départ, la semaine pas-sée, de son directeur financier Gi-deon Yu, en conflit avec la direc-tion, Facebook cherche un rem-plaçant « ayant l’expérienced’une société cotée en Bourse ». Lefondateur Mark Zuckerberg a vi-te exclu toute cotation rapide dela société, mais ses prévisionssont intéressantes : croissancedu chiffre d’affaires de 70 % cetteannée (donc sans doute 400 à500 millions de dollars) et, sur-tout, cash-flow positif en 2010.« Nous serons capables de finan-cer toutes nos opérations etl’achat de serveurs via le cash quenous générerons », a affirméMark Zuckerberg. Les coûts de lafirme sont certainement énor-mes. Un exemple : elle hébergedéjà plus de 10 milliards de pho-tos…

Facebook affiche déjà un peude publicité. Que faire de plus ?« Elle pourrait mieux exploitersa base d’utilisateurs, pour aiderpar exemple les responsables demarketing à comprendre leurs

clients via des sondages, des grou-pes d’utilisateurs et des commu-nautés d’intérêt », suggère Tho-mas Keitt, analyste chez Forres-ter.

Paul Lee, analyste chez Deloit-te, estime que la firme a du poten-tiel : « Les dirigeants de Face-book doivent accepter de passerdu statut de start-up à celui de so-ciété qui gagne de l’argent : ilspeuvent nettement mieux exploi-ter les tendances générées par lesinternautes, sans pour autanttoucher à leur vie privée. » Et depoursuivre : « Il pourrait y avoiraussi davantage de publicité affi-chée. Et pourquoi ne pas, pour cer-tains utilisateurs, proposer desabonnements ou services supplé-mentaires payants ? »

Malgré l’entrée de Microsoftdans son capital, Facebook re-cherche toujours de l’argent. Lafirme négocie actuellement unnouveau prêt de 100 millions dedollars.

Racheté en novembre 2006par Google pour 1,76 milliard dedollars, YouTube serait aujour-d’hui nettement déficitaire. Se-lon une analyse du Crédit Suissepubliée cette semaine, la firme gé-nérera cette année un chiffre d’af-faires de 241 millions de dollars(20 % de plus qu’en 2008) et sescharges atteindront 711 millionsde dollars, essentiellementdues aux coûts titanesques enbande passante pour faire transi-ter les vidéos. Au final, une pertecolossale de 470 millions dedollars.

Google ne communique aucunchiffre. La société a tenté de réa-gir, en affichant des publicités àcôté des vidéos ou encore en ou-verture de vidéos. « Le trafic géné-ré doit inciter Google à agir, esti-me Jeffrey Mann, analyste chezGartner. Ils peuvent le “monéti-ser” via des annonces tradition-nelles, des surimpressions ou envendant les données globalesd’utilisation à d’autres sociétés. »

Google multiplie les essais. Lafirme vient d’associer son servicede publicité à la télévision avecYouTube, pour permettre aux an-nonceurs d’être présents tant surpetit écran que sur le web.

Achètera, achètera pas ? Les ru-

meurs sur une acquisition deTwitter par Google – encore lui –se multiplient depuis un mois.Partie de rien, la start-up est adu-lée par 5 millions d’utilisateurs –surtout américains – qui en-voient, plusieurs fois par jour,des mini-messages pour dire cequ’ils font. La firme a très peu decoûts, compte moins de 50 em-ployés et des utilisateurs aussiprestigieux que Barack Obama,qui employait Twitter pour com-muniquer avec ses électeurs.Mais Twitter n’a pas non plus deréelle source de revenus.

Jeffrey Mann a plusieurs idées.« Twitter pourrait créer descomptes payants pour les sociétésqui veulent vendre via Twitter,ou l’utiliser pour communiqueren interne, avance l’analyste. Lafirme pourrait aussi vendre desanalyses à des sociétés pour leurdire ce qui est dit sur elles viaTwitter. »

Ces messages de 140 caractè-res sont en effet une mine d’orpour les annonceurs. Et l’intérêt– plausible – de Google pour la so-ciété n’y est certainement pasétranger. ■

ANOUCH SEYDTAGHIA

M on mari et moi y sommesallés un samedi soir pour

manger un vol-au-vent. Le mienétait farci avec la peau du pou-let ! » On ne s’embarrasse guèrede précautions oratoires pourpartager ses expériences de res-to, de bar ou d’épiceries fines surCityPlug, un guide communau-taire, urbain et interactif, qui ci-ble déjà treize villes belges, par-mi lesquelles Bruxelles, Charle-roi, Mons, Liège, Namur, Water-loo, Anvers ou Gand.

Chaque mois, près de170.000 visiteurs y échangentleurs bons plans pour une sortieet laissent leurs commentairesou leurs appréciations. Ouvert ily a quinze mois, le site recensedéjà plus de neuf mille lieux et af-fiche une croissance mensuellede la fréquentation qui avoisineles 10 %. Son public est majori-tairement féminin : près de65 % des visiteurs sont des fem-mes.

« On peut le décrire comme uncityguide construit par les inter-nautes eux-mêmes, explique sonfondateur, Frédéric Monet. Cha-que visiteur peut ajouter deslieux et donner son avis dans les

limites de ce qui est acceptable.Tous les nouveaux avis sont re-lus quotidiennement par un mo-dérateur, pour éviter toute déri-ve. Parfois, on débarque dansune ville pour un séjour trèscourt, pas suffisamment longpour justifier la dépense d’un ci-tyguide. CityPlug veut mettre àla disposition de ces visiteurs lespetites perles que l’on n’auraitaucune chance de trouver par ha-sard. »

Jusqu’à présent, ce sont les res-tos qui se taillent la part du lion.À Liège, par exemple, sur un mil-lier de lieux répertoriés, environquatre cents sont des restau-rants. Le reste se partage entreles petits commerces, qui vontdu fleuriste aux soins de beauté,et les bars et d’autres lieux de sor-tie.

C’est une tendance de plus enplus marquée : les internautesne cherchent plus seulement surle Net un endroit pour casser la

graine. Ils veulent égalementtrouver le bar sympa dans le voi-sinage pour prendre l’apéro jus-te avant de se mettre à table.« En se basant sur un endroitconnu, on va proposer aux visi-teurs d’autres lieux voisins quipourraient les intéresser, pour-suit Frédéric Monet. Sur le site,le resto sert également de pointd’ancrage vers d’autres activitéssur lesquelles d’autres visiteursont apporté des commentaires. »

Sans cependant viser trop lar-ge. Les cinémas ou les concertsne devraient pas vraiment trou-ver leur place sur CityPlug quin’a pas l’intention d’être un por-tail culturel universel.

Mais comment faire le tri en-tre les notes d’appréciation sincè-res et informées avec la publicitéque les restaurateurs ou leursproches pourraient s’adresser àeux-mêmes, en s’identifiantavec un pseudonyme ? Là enco-re, CityPlug tente de faire jouerà plein les ressources d’interacti-vité du web. Les utilisateurs peu-vent en effet coter la pertinencedes différents avis comme onpeut le faire sur de nombreux si-tes. Et à l’image des mécanismes

à l’œuvre sur Wikipédia, truquerest souvent contre-productif.Un commerçant qui tenterait dese donner un trop beau rôle ris-que en effet un sévère retour demanivelle le jour où des clientsmoins satisfaits s’appliqueront àcorriger son carnet de notes.

Le modèle commercial de City-Plug, site gratuit pour ses visi-teurs, c’est la pub. Les commer-çants peuvent, par exemple, of-frir des ristournes aux membresdu guide en ligne. Financière-ment, la jeune entreprise bruxel-loise affirme n’avoir mobiliséque des moyens raisonnables etespère atteindre l’équilibre dèscette année. Sa croissance passe-ra notamment par une interna-tionalisation progressive. Dès lemois de mai, c’est Maastrichtqui rejoindra Cityplug avant Lil-le, un peu plus tard dans l’année.

Cityplug a également lancéune application pour Facebook.Elle permet d’afficher pour ses

« amis » enregistrés dans le ré-seau social ses cinq meilleurs res-tos ou ses cinq meilleurs bars. Ils’agit de l’une des premières ap-plications pour Facebook à pro-

poser des informations très loca-les pour la Belgique. ■ ALAIN JENNOTTE

www.cityplug.be

« Twitter pourrait créerdes comptes payantspour les sociétés qui veulentvendre via Twitter »

A Liège, par exemple,sur un millier de lieuxrépertoriés, environ quatrecents sont des restaurants

« Facebook doit accepterde passer du statut de start-upà celui de sociétéqui gagne de l’argent »

Un commerçant qui tenteraitde se donner le beau rôlerisque un sévère retourde manivelle

Le présentateur sportif Gérard Holtz, selonle magazine « Télé 7 jours », se lance dansl’écriture d’un livre à paraître début juin.Il y réglera ses comptes avec des personnalitésdu petit écran, notamment Thierry Roland. © FR2.

STARS du web gratuit, lestrois sociétés ne parviennenttoujours pas à rentabiliserleur formidable audience.

LA LOTERIE

La Loterie nationale signale que les lots inférieurs à 1.000 euros sont payables dans les centres Lotto/Joker. Ces résultats sont donnés sous réserve. Les résultats définitifs seront disponibles dans votre centre Lotto/Joker.

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2 1 1Tirage du 7/4/2009

Tirage du 7/4/2009Kenophone : 0900/22880

Cherche rentabilité, désespérément

CityPlug, le cityguide dont vous êtes le héros

lesmédiasTechnologies / Facebook, Twitter et YouTube poursuivent un modèle viable

FACEBOOK rencontre lesuccès auprès des inter-nautes. Mais pas encoreauprès des annonceurs.© F. D. (ST.)

Technologies / Déjà présent dans treize villes belges, le site web communautaire cible à présent Maastricht, Lille et Facebook

Le Soir Mercredi 8 avril 2009

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www.lesoir.be 1NL

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