SÉNÉGAL
Programme de réponse de la FAO
face à la crise alimentaire et nutritionnelle 2013
Mars 2013
1
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
PROGRAMME DE RÉPONSE DE LA FAO
FACE A LA CRISE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE
AU SÉNÉGAL
Titre du programme
SÉNÉGAL - Assistance à la réhabilitation des moyens d’existence et au renforcement de la résilience des ménages agro-pastoraux affectés par les aléas naturels de 2011-2012 au Sénégal et des réfugiés du Mali
Objectifs Améliorer la couverture des besoins alimentaires et promouvoir la résilience des populations vulnérables affectées par les effets résiduels des mauvaises récoltes de la campagne agricole 2011-2012 et des réfugiés du Mali
Bénéficiaires 69 000 ménages agro-pastoraux dont 60 000 vulnérables et 9 000 ménages réfugiés du Mali et populations hôtes)
Partenaires opérationnels Ministère de l’Agriculture et de l'Equipement Rural, Ministère de l’Elevage et ONG locales et internationales
Durée du programme Janvier 2013 -Décembre 2013
Budget 6 000 000 USD
Localisation Régions les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition et affectées par les mauvaises productions agricoles et pastorales et la hausse des prix des denrées alimentaires + les zones d’accueil des Réfugiés de la crise malienne
CONTEXTE ET BESOINS
Même si au niveau national, la campagne agricole 2012-2013 s’est déroulée normalement, il s’avère cependant que les
risques d’insécurité alimentaire et nutritionnelle pèsent encore sur les ménages vulnérables étant donné les effets
résiduels des mauvaises récoltes de 2011-2012, la baisse des productions localisées dans certaines communautés rurales,
les inondations observées dans certaines localités, ainsi que le déclenchement de la Péripneumonie contagieuse bovine et
l’afflux attendu des réfugiés en provenance du Mali.
En effet, l’hivernage 2012 s’est caractérisé dans l’ensemble par une bonne répartition spatio-temporelle de la
pluviométrie et une situation phytosanitaire calme. La production attendue de la plupart des cultures sera nettement
supérieure à celle de la campagne précédente et en hausse par rapport à la moyenne des cinq dernières années. En
conséquence la situation alimentaire et éventuellement les revenus d’une grande partie des ménages seront améliorés.
Malgré la bonne production agricole attendue, par rapport à la production moyenne des cinq dernières années , certaines
zones connaîtront une baisse de production à cause (i) des inondations de parcelles de cultures occasionnées par les
fortes pluies enregistrées en fin août et au courant du mois de septembre dans plusieurs régions et (ii) du démarrage
tardif et la mauvaise répartition des précipitations dans le temps et l’espace dans le nord du pays. En effet en fin août et
début septembre 2012, des pluies torrentielles ont causé des inondations localisées dans plusieurs régions du Sénégal.
Ainsi 2 900 ha de cultures ont été inondés à cause des fortes pluies et de la crue du fleuve Sénégal et près de 30 000
ménages (environ 265 000 personnes dont 14 805 femmes en âge de procréer1) ont été affectés. Les intempéries ont fait
au moins 23 morts.2 On estime que 6 524 maisons ont été détruites et 4 884 endommagées provoquant le déplacement
de plus de 5 000 familles (plus de 50% des familles déplacées proviennent des régions de Dakar et de Matam). Certains
ménages ont vu leurs stocks alimentaires détruits, d’autres leurs moyens d’existence réduits, par conséquent ils ont
1 Chiffres UNFPA Sénégal (taux de natalité 37 pour mille)
2 Note de Synthèse OCHA : Impact des inondations Afrique de l’Ouest et du Centre, 15 septembre. En Octobre 2012, les estimations
comptent plus au moins 400,000 affectés.
2
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
besoin d’une assistance alimentaire et d’un support pour ses moyens d’existence (agriculture et élevage); et cela après
une période de soudure très difficile qui a épuisé les stocks alimentaires des ménages les plus pauvres.
Le suivi rapproché de la campagne agricole 2012/2013 (septembre à octobre 2012) effectué par le Ministère de
l’Agriculture et de l’Equipement Rural (sous la coordination de la DAPSA) appuyé par le PAM et la FAO a identifié : 09
communautés rurales entières (situées dans les régions de Louga, Matam et Fatick), et 122 villages (situés dans les
régions de Louga, Saint-Louis, Matam, Tambacounda, Kaffrine, Kaolack, Fatick, Sédhiou, et Kolda) où la production agricole
a baissé à cause des inondations et de la mauvaise répartition des pluies. La population totale dans ces zones est de 252
002 personnes. Parmi elles, près de 128 521 personnes sont en insécurité alimentaire et ont donc besoin d’une assistance
alimentaire et de support pour ses moyens d’existence.
Sur le plan pastoral, la situation est meilleure qu’en 2011-2012. Toutefois, dans les départements de Podor et Dagana,
l’arrondissement de Agnam Civol (département de Matam) et les communautés rurales de Ouarkhokh, Dodji, Téssékéré,
Labgar et Yang-Yang (département de Linguère), l’état des pâturages n’est pas satisfaisant à cause du retard dans
l’installation des pluies et des pauses pluviométriques (deux décades) enregistrées. Dans ces zones, la capacité de charge
des pâturages est limitée et n’excédera pas 6 mois de pâture, ce qui laisse entrevoir une transhumance précoce.
Enfin, selon l’enquête SMART (Standardized Monitoring and Assessment of Relief and Transitions) 2012, 16 des 45
départements du Sénégal présentent une situation préoccupante à critique en termes de malnutrition aigüe. Les
départements les plus touchés sont Ranérou (19,2%) Kanel (15,8%), Podor (15,5%), Matam (14,5%), Tamba (14,5%) et
Bakel, (14,5%). Une situation critique était également rapportée par les enquêtes SMART en novembre 2011 dans les
régions de Matam (14,1% de MAG) et les régions de Diourbel (10% de MAG avec facteurs aggravants). En ce qui concerne
la malnutrition chronique les régions les plus touchées sont Kédougou (29%), Kolda (27%), Sédhiou (29%) et Kaffrine
(23%). Des résultats assez similaires étaient rapportés par EDS V (2010) et AGVSAN (2010) dans ces zones.
3
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Les prix des céréales sèches montrent une prolongation et/ou l’augmentation de la hausse des prix des produits
alimentaires (indéterminé) affectant principalement les villes ainsi que le milieu rural pauvre. Ces hausses des prix
affaiblissent d’autant le pouvoir d’achat des ménages qui, en conséquence, dépendront davantage des marchés pour
s’alimenter.
Développement des foyers de Péripneumonie Contagieuse Bovine (PPCB) aux frontières avec la Gambie et dans le département de Goudiry (zone probable d’accueil de réfugiés agro-pasteurs), pouvant entrainer de fortes pertes de cheptel bovin.
Crise Malienne et ses effets :arrivée massive de réfugiés ou de déplacés dans des zones à forte prévalence d’insécurité
alimentaire et nutritionnelle notamment la partie frontalière du Mali (indéterminé). En prévision de cette possibilité, et
étant donné l’afflux éventuel des refugiées maliens au Sénégal, un plan de contingence est préparé pour répondre
spécifiquement à cet potentiel afflux de réfugiés maliens et de réfugiés mauritaniens vivant au Mali dans l’Est du pays.
Pour faire face à cette situation de vulnérabilité, le Gouvernement a mis en œuvre depuis l’an 2000 d’importants
programmes d’amélioration, de renforcement et de modernisation de la base de la production agricole à travers les
politiques définies dans les Documents de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), de la Stratégie de Croissance
Accélérée (SCA) et de la Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP). C’est ainsi qu’ont été lancés les Programmes
spéciaux de développement des filières agricoles et le Plan de Retour Vers l’Agriculture (REVA). En plus, avec la hausse
généralisée des prix au niveau mondial en 2008 et ses conséquences sur les approvisionnements, notamment, en produits
agricoles, la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA) a été lancée en avril 2008 pour assurer
la sécurité alimentaire nationale avec, comme programmes phares, le Programme National d’Autosuffisance en Riz (PNAR)
et le Programme National d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PNASA). Cependant, pour assurer les acquis de ces politiques
et préserver les moyens d’existence des ménages peu touchés par ces programmes de développement et affectés par les
mauvaises récoltes, des interventions agricoles d’urgence sont nécessaires à l’endroit des ménages les plus vulnérables.
En conséquence, il apparaît primordial de répondre à l’insécurité alimentaire plus importante qui risque de fragiliser
davantage les ménages vulnérables du Sénégal et plus particulièrement celles des Zones à Risque qui ont été recensées
au niveau national. Le soutien des ménages vulnérables, à travers des actions de renforcement de leurs moyens
d’existence et de leur résilience, coordonnées avec les opérations d’aide alimentaire apportées par le PAM et ses
partenaires, constitue une mesure incontournable pour atténuer l’impact de l’insécurité alimentaire qui frappe
sévèrement les couches vulnérables du monde rural.
Les actions envisagées aideront 69 000 ménages dont 60 000 ménages vulnérables (dont au moins 20 pour cent de
femmes à travers les Groupements de promotion féminine). Elles prévoient aussi un plan de contingence avec un éventuel
support pour 9 000 ménages (réfugiés et populations hôtes / crise malienne) si ces évènements de crise se confirmaient
dans les zones potentielles d’accueil des réfugiés agro-pasteurs en provenance du Mali. L’aide apportée aux ménages
vulnérables vise à accroître fortement leur résilience face aux conséquences engendrés par les chocs, à restaurer et/ou
améliorer efficacement leur capacité de production, améliorer leur pouvoir d’achat et la couverture de leurs besoins
alimentaires. Les zones prioritaires seront les régions les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire et la malnutrition
affectées par les mauvaises productions agropastorales, les inondations et la hausse des prix des denrées alimentaires en
particulier au niveau des régions de Matam, Kaffrine, Kédougou, Kolda, Louga, Saint-Louis, Tambacounda, Ziguinchor,
Sédhiou. Le choix des Communautés Rurales de ces régions et les critères de ciblage des ménages les plus vulnérables
seront déterminés en concertation avec les acteurs des secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la sécurité alimentaire
afin d’éviter les doublons d’intervention, pour trouver des synergies, y compris avec le PAM et pour ne pas affecter les
programmes de développement en cours. Afin de promouvoir les réponses communautaires face aux chocs climatiques et
limiter le risque de dépendance à l’assistance humanitaire à chaque crise, les bénéficiaires du projet profiteront
également de sessions de renforcement de capacités en Gestion des Risques de Catastrophes.
4
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
ACTIVITÉS
Renforcer la résilience des ménages à travers la réduction de risques et le support aux capacités de production agro
pastorales des ménages vulnérables, des réfugiés et des populations hôtes.
Les principaux types d’activités proposées sont :
la mise à disposition de semences vivrières
sélectionnées à cycle court de mil, sorgho, riz et niébé,
d’outils agricoles et d’engrais ;
la mise à disposition de semences maraîchères, d’outils
agricoles et d’engrais aux groupements de femmes qui
s’activent dans le maraîchage ;
Fonçage et/ ou réhabilitation des puits pastoraux
Amélioration des capacités de stockage (construction
des silos)
Mise à disposition d’aliments du bétail aux éleveurs des
zones agropastorales et sylvo-pastorales et appui au
déparasitage des troupeaux.
Protection zoo sanitaire du bétail dans les zones
d’accueil des réfugiés agro-pasteurs pour limiter la propagation de la Péripneumonie Contagieuse Bovine
conseils agro météorologiques pour la mise en œuvre des itinéraires techniques de production céréalière et de la
pastèque (suivi terrain, diffusion par le biais des radios communautaires) ;
formation en techniques de production des bénéficiaires ;
information et sensibilisation des populations réfugiées d’une part, pour préserver les milieux d’accueil et
respecter les patrimoines et d’autre part aux populations d’accueil pour mieux coexister avec leurs hôtes. Les
actions porteront surtout sur la prévention des conflits entre les éleveurs et agro-sylviculteurs pour la gestion de
l’eau , des pâturages des réserves alimentaires et naturelles limitées.
sensibilisation en Gestion des Risques de Catastrophes (GRC) à l’attention des ménages bénéficiaires et des
leaders communautaires des zones d’intervention du projet (sessions de formation participative, messages à
travers les radios communautaires, etc.).
Pour renforcer la résilience des ménages et faire le lien avec le redressement et le développement, la FAO conduira sa
stratégie et ses activités dans les zones affectées (Régions de Kaffrine, Kédougou, Kolda, Louga, Matam, Saint-Louis,
Sédhiou, Tambacounda et Ziguinchor) autour des axes suivants :
Renforcement des moyens d’existence des ménages vulnérables pendant la contre saison 2013-2014 et
l’hivernage 2013 (distribution de semences, d’engrais, du petit outillage agricole et formations techniques y
compris en Gestion Intégrée de la Production et des Déprédateurs) ;
Renforcement de l’alimentation du cheptel par l’appui à la mise en place de banques d’aliments de bétail ;
Appui à la reconstitution des troupeaux des ménages pastoraux les plus vulnérables ;
Soutien au Système d’Alerte Précoce au Sénégal à travers le renforcement de capacités en : collecte
d’informations primaires ; classification intégrée des données secondaires (Cadre Harmonisé) ; élaboration de
bulletins mensuels pertinents ; techniques de communication ; plaidoyer en faveur de financements durables ;
Appui au niveau communautaire pour l’application de bonnes pratiques en Gestion/Réduction des Risques de
Catastrophes (formation ; aménagement de mares pastorales ; cordons pierreux, gabions diguettes, digues de
régulation, diguettes de séparation, etc.) ;
5
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
Renforcement des actions rapides de préservation, de restauration des terres agricoles et pastorales, et
d’amélioration de l’accès à l’eau (digues de retenue et anti-sel ; plantation d’arbres utiles ; réhabilitation de bas-
fonds et de périmètres maraîchers) ; l’amélioration de l’accès à l’eau pour l’agriculture et l’abreuvement du bétail
ainsi qu’au stockage des réserves alimentaires.
Soutien à la coordination (Groupe de coordination Sécurité alimentaire, Groupe informel Nutrition, Plateforme de
Gestion des Risques de Catastrophes ; Groupe de travail Développement rural et Sécurité alimentaire).
RÉSULTATS
— Les rendements agricoles des ménages bénéficiaires ont
substantiellement augmenté ;
— Les revenus des bénéficiaires ont augmenté ;
— Les stocks vivriers et semenciers de chaque ménage
bénéficiaire sont reconstitués;
— Le capital bétail des éleveurs vulnérables est préservé ;
— La sécurité alimentaire du cheptel est améliorée ;
— Les réfugiés et les populations cohabitent dans des
conditions favorables au développement de leurs activités
sylvo-agro-pastorales
— Le bétail des zones d’accueil des réfugiés est protégé contre
la Péripneumonie Contagieuse bovine.
— Les communautés de base et les ménages vulnérables dans la zone d’intervention du projet ont renforcé leur prise de
conscience sur la Gestion des Risques de Catastrophe (GRC) et les problèmes liés aux changements climatiques ;
— Les capacités du Système d’Alerte Précoce sont renforcées ;
— Les capacités institutionnelles en Gestion des risques de catastrophes en milieu rural sont renforcées ;
— Les ressources naturelles sont préservées ;
— La coordination entre les parties prenantes du secteur de la sécurité alimentaire et de la Gestion des risques de
catastrophes est renforcée.
PARTENAIRES
Les activités de renforcement des moyens d’existence sont menées en collaboration avec les services déconcentrés du
Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement Rural et du Ministère de l’Elevage, avec les Collectivités Locales, les
Organisations Paysannes, les ONG et l’Administration territoriale. Les activités de renforcement des capacités en
GRC/RRC/CCA sont mises en œuvre en partenariat avec les ONG, la Direction de la Protection Civile du Ministère de
l’Intérieur, la Société nationale de la Croix-Rouge du Sénégal, le Projet d'Appui à la Petite Irrigation Locale (PAPIL) et
l’Institut National de Pédologie (INP). Les activités de renforcement du Système d’Alerte Précoce sont conduites en
partenariat avec le Secrétariat Exécutif du Conseil National de la Sécurité Alimentaire qui dépend de la Primature, avec le
PAM et l’UNICEF. La FAO collabore de plus en plus étroitement avec le PAM en matière de Gestion des Risques de
Catastrophes (initiative conjointe DRR/DRM), de zonage d’interventions, de ciblage des populations bénéficiaires, de
coordination et d’animation du Groupe Sécurité alimentaire
CONTACTS
M. José Luis FERNANDEZ
Représentant a.i.
et Coordinateur
Bureau Sous-régional des Urgences et de la Réhabilitation
de la FAO – Afrique de l’Ouest/Sahel
FAO Dakar, Sénégal
Tél. : +221 33 889 16 22
Meilleure préparation et réponse efficace aux menaces et situations d’urgence alimentaires et agricoles
www.fao.org/crisis/sahel/the-sahel-crisis/fr/ www.fao.org/emergencies