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Page 1: Uneattaque CRISE Loup:lagrandepagaille · vingtaine de loups en Savoie. q LettreàNicolasSarkozy A lbert Darvey, conseiller généralducantonduChâ-telard (Bauges), vient d écrire

Une attaqueà Saint-Jean-d’Arvey

ne attaque s’est produite àU Saint-Jean d’Arvey dansla nuit de vendredi à samedisur le secteur de La Crouette.Un particulier qui possèdeplusieurs moutons a constatéque l’un d’eux avait été tuépar une morsure à la gorgeavant que l’animal ne croqueun gigot de sa victime. Les

agents de l’ONC (office natio-nal de la chasse) sont montéseffectuer les prélèvementsd’usage. Le propriétaire avaitdéjà vu ses bêtes subir des at-taques l’an dernier sans que lapreuve puisse être établiequ’il s’agissait bien d’unloup. q

“Un coupable sans preuves”our Gilles Rayé, présidentP de la Frapna (fédération

Rhône-Alpes de protection dela nature), “on accuse tropsouvent un coupable sanspreuves. Les seules analysesgénétiques réalisées aprèsl’attaque de Montsapey ontmontré que la crotte en ques-tion était celle d’un sanglier.Pourquoi ne l’a-t-on pas dit ?D’autre part, il n’y a pas eud’analyses sur le patou atta-qué. On ne peut pas enconclure avec certitude qu’ils’agissait d’un loup. On laisseune rumeur enfler plutôt quede jouer la transparence. Cequi ne veut pas dire qu’il nefaut rien faire. J’ai été mis encause lors de la réunion dansles Bauges alors que je m’étaisprononcé pour le tir de prélè-

vement. Mais je conditionnaiscette décision à la mise enplace de mesures de protec-tion.“Jene suispas contreunplan

de chasse efficace dans leszones de pastoralisme, plutôtque les pratiques de bracon-nage ou d’empoisonnementcomme cela a été constaté àplusieurs reprises, notam-ment dans le secteur Val-loire/Valmeinier. C’est fauxde laisser croire que l’espècee s t e n e x p a n s i o n . A ucontraire, les indices montrentqu’il n’y a eu aucune repro-duction cette année dans lesmeutes installées. Ne fantas-mons pas sur les chiffres. Il nedoit pas y avoir plus d’unevingtaine de loups en Savoie.” q

Lettre à Nicolas Sarkozylbert Darvey, conseillerA général du canton du Châ-

telard (Bauges), vient d’écrireau Président de la Républiquepour lui expliquer pourquoi“notre politique de recon-quête et d’entretien des al-pages est mise à mal par desmeutes de loups… Une di-zaine ont été répertoriées cetété… Mais les loups sont pro-tégés par la convention deBerne et la directive Habitatde 1992. La France doitprendre la présidence de l’Eu-rope en 2008. Aussi je vous de-mande de bien vouloi rprendre les dispositions né-cessaires pour abroger cestextes et permettre aux popu-lations rurales de défendre

leurs outils de travail. ”Lepréfet de Savoie devait par

ailleurs faire remonter à Parisl’exigencede la FDSEA (Fédé-ration départementale dessyndicats d’exploitants agri-coles) qui veut être reçue parNicolas Sarkozy. “A la rigueurle Premier ministre, mais nousne descendrons pas plus bas, ”lançait jeudi dernier Jean-Marc Guigue, président de laFDSEA. “Nous demandons ledéclassement du loup de laliste des espèces protégées.C’est l’avenir du pastoralismequi est en jeu. ” En attendant,les organisations profession-nelles agricoles continuent derefuser de siéger au groupe desuividuloup. q

CRISE La guerre des nerfs entre éleveurs, chasseurs, écologistes et administration

Loup : la grande pagaille

Le patouet les touristes

l va falloir nousrespecter ! Onne va pas sup-porter ça encore“I longtemps. On

va passer à des actions plusviolentes.” La menace estsérieuse, surtoût quand ellevient d’un homme à bout,qui se sait défendu par sescollègues. Luc Etellin lais-sait s’épancher sa colèresourde jeudi dernier àChambéry devant le ca-davre d’une vache tuéedans les Bauges, après plu-sieurs attaques de chèvresau même endroit. Lui-même avait perdu 480 bre-bis sur l’alpage du Montsa-pey avant de passer autribunal de police de Saint-Jean-de-Maurienne. Il étaitpoursuivi pour la divagationd’un de ses patous qui avaiteffrayé une aide maternelled’Aiton. Ces chiens de dé-fense des troupeaux ontprouvé leur efficacité, maissont de plus en plus mal ac-ceptés par le voisinage etles touristes.En 1997, le loup pointait

son nez en Savoie, au des-sus de Bramans. Premièreétape d’une colonisationqui a révélé un territoire trèsfavorable, tant par le reliefque par le garde-manger,sauvage et domestique.Mais dix ans plus tard, lessolutions mises en place nesatisfont personne. Et ali-mentent une guerre desnerfs incessante entre éle-veurs, chasseurs, écolo-gistes et administration.Une administration muse-lée par une autorité qui re-fuse de jouer la transpa-rence, réduite à mettre enplace des mesures de tirsauxquels elle ne croit paselle-même. La dernière ex-périence menée à Montsa-pey a été qualifiée de “mas-carade”, tant par leséleveurs que par les chas-seurs mobilisés sur le ter-

rain. “Il aurait fallu tombersur un loup suicidaire ! ” ré-sume Jean-Marc Guigue,président de la FDSEA (Fé-dération départementaledes syndicats d’exploitantsagricoles). Une autorisationde tir a été demandée cettefois dans les Bauges. Maisen attendant le feu vert,personne ne se précipitepour y participer si la me-sure est mise en place.Résultat : on entend tout et

n’importe quoi. Les chiffrescontradictoires fleurissentsur le nombre de loups, demeutes, d’attaques, d’em-poisonnements, de préda-teurs abattus par bracon-nage. Rumeurs encore

amplifiées par la difficultéde se prononcer avec certi-tude sur toutes les attaques.“Ne croyez pas que l’onpeut à chaque fois pratiquerdes analyses ADN pour vé-rifier qu’il s’agit bien d’unloup, ” explique BernardViu, directeur de la DDAF(direction départementalede l’agriculture et de la fo-rêt). “Il faut au moins qu’ilreste des poils, des excré-ments, ou que l’on puisseprélever de la salive. Lepassage d’autres préda-teurs ou charognards rendla tâche encore plus compli-quée. Mais les agents char-gés des constats connais-sent les modes opératoiresdes loups et les séquelles deleurs attaques. ”Le doute profite souvent

aux éleveurs. Ce qui faitdire à Gilles Rayé, présidentde la Frapna (FédérationRhône-Alpes pour la pro-

tection de la nature) que “cesystème pervers et coûteuxdevrait être remplacé parun forfait. Une sorte deprime de risque pour leszones à loup. ” L’idée vafaire hurler, tant le climatest passionnel. Mais HubertCovarel, président du syn-dicat ovin, reconnaît que laprofession ne peut pas allercontre la sensibilité “écolo”d’une population en grandepartie urbaine, sans racinesrurales. “Si l’on faisait unsondage en Savoie, une ma-jorité des gens seraient pro-loup. ”Vu de Paris ou même de

Chambéry, le désarroi deséleveurs paraît lointain. Lescitadins rêvent de le voir, lesautres voudraient enfin luifaire la peau. Mais tous onten commun de payer pourl’indemnisation des bêtesattaquées. Elle a coûté145 000Y en Savoie, payésSi le patou peut être

efficace, il sait aussi semontrer dissuasif àl’égard des promeneurs etvététistes.Plusieurs plaintes ont étéenregistrées l’an dernier àla gendarmerie deLanslebourg.Les gardiens des refugesde Bramanette et du Fondd’Aussois nous ontégalement fait part deremarques très vives detouristes apeurés par leschiens ou même poussésà rebrousser chemin.Pour Claude Ponson,directeur dudéveloppement àl’Agence touristiquedépartemental, “c’est unevraie préoccupation aumoment où l’on cherche àdévelopper ces activitésdans notre départementet à promouvoir larandonnée itinérante. ”

par la collectivité l’an der-nier. A ce titre, l’avenir duloup et du pastoralismenous concerne tous.

Jacques LELEU

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septembre

n Une convention departenariat vient d’êtrereconduite entre lesThermes nationauxd’Aix-les-Bains, l’agencelocale de l’ANPE et cellede l’Assedic afin defavoriser la poursuite d’unemploi pour lessaisonniers en fin desaison thermale. 50 %

des 300 employés ont eurecours à cetteconvention l’an dernier et70 % d’entre eux onttrouvé un job enattendant la prochainesaison de cure. Uneréussite qui a conduit lespartenaires à réitérerl’expérience.

EMPLOI THERMAL Compléterl’année des saisonniers

n Parmi tous les cartonsd’invitations que nousrecevons chaque jour,celui-ci n’est pas passéinaperçu. La HoldingTivoly, dirigée parJean-Michel et VirginieTivoly, installée à Toursen Savoie et spécialisée

dans la conception et lafabrication d’outilscoupants, nous convie eneffet à l’inauguration del’usine Tivelon. Celle-ciaura lieu le 8 décembre à9h 28 (sic) à Jiading, enChine.

ÉCONOMIE

Une société savoyardeouvre une usine en Chine

REPÈRES LE COÛT DU LOUPn Les indemnisations ontcoûté en Savoie 4 573Y en1997, 17 740Y en 1998,43 480Y en 1999, 5 882Y en2000, 11 400Y en 2001,3 403Y en 2002, 12 573Y en2003, 62 460Y en 2002,157 000Y en 2005, 145 000Y

en 2006. Source : directiondépartementale del’agriculture et de la forêt.

LE NOMBRED’ATTAQUESn On a dénombré 40 victimesen 1997 ; 1998 : 19 attaques et106 victimes ; 1999 : 45attaques et 280 victimes ;2000 : 11 attaques 31victimes ; 2001 : 14 attaqueset 73 victimes ; 2002 : 5attaques et 21 victimes ;2003 : 23 attaques (dont 2attribuées au lynx) et 79victimes ; 2004 : 74 attaqueset 395 victimes ; 2005 : 179attaques et 640 victimes ;2006 : 117 attaques (dont 1lynx) et 629 victimes.Au 5 septembre 2007, oncomptait 72 attaques et 797bêtes tuées ou blessées, dontles 480 brebis qui ont dérochéà Montsapey.

LES LIEUX D’ATTAQUESn Belledonne : 15 ;Maurienne : 37 ;Tarentaise/Vanoise : 1 ;Encombres/Lauzière : 6 ;Bauges/Beaufortain/Val d’Arly :13.

RENDEZ-VOUSÀ MATIGNONn Les représentants deséleveurs et de la Chambred’agriculture seraient reçus le27 septembre à Matignon. Ilsiront à la condition derencontrer le Premier ministreFrançois Fillon en personne.

VOTRE RÉGIONL’ACTUALITÉ DE LA SAVOIE ET DE SES ENVIRONS

Sur l’alpage du Margeriaz, dans les Bauges, plusieurs attaques ont déjà eu lieu, la dernière victime étantune vache tarine. Une autorisation de tir a été demandée, mais les chasseurs et les éleveurs sont trèssceptiques sur l’efficacité de la méthode expérimentée dernièrement à Montsapey. Photo Thierry GUILLOT

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Mercredi 19 septembre 2007 page 3Le Dauphiné Libéré

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