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L’objectif affiché du gouvernement d’une croissance de 1,5 % peut donc être atteint. Les économistes pen- sent que le résultat ne sera que très légèrement inférieur aux espoirs de Bercy, du fait des incertitudes qui planent sur l’économie mondiale. Le consensussesitue à1,4 %,unrythme toutefois insuffisant pour réduire de façon significative le chômage. ( L’éditorial de Dominique Seux Page 10 ciers sur l’activité économique aux Etats-Unis ou en Chine vont-elles se propager à l’économie réelle ? « Le risque lié à un ralentissement pro- noncé des pays émergents est aujourd’hui plus fort, mais cela n’a pour l’instant pas affecté la confiance des chefs d’entreprise français »,cons- tate Vladimir Passeron. Climat des affaires et moral des ménages res- tent bien orientés en France. Les enquêtes de l’Insee sont ainsi com- patibles avec une croissance de l’ordre de 0,4 % par trimestre. année. La progression de l’activité en 2015 s’explique en effet aux deux tiers par des facteurs extérieurs, comme la baisse du prix du pétrole, la politique monétaire ultra-accom- modante de la Banque centrale européenne et la dépréciation de l’euro. Or la reprise doit devenir un phénomène autoentretenu en 2016. Il faut un moteur interne, sans quoi la performance de 2015 sera un rebond sans lendemain. L’investis- sement pourrait jouer ce rôle. Manque de confiance A ce stade, l’Insee est prudent. « Le fait que l’investissement des entrepri- ses ait été plus dynamique que prévu ne pourrait être qu’un pic ponctuel », prévient Vladimir Passeron. Pour- tant, « tous les voyants sont au vert », remarque Olivier Chemla, chef éco- nomiste à l’Association française des entreprises privées (Afep). Les taux sont bas et les marges sont remon- tées avec la chute du prix du pétrole et la mise en place du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). Le dispositif de suramortis- sement mis en place par Bercy devrait porter ses fruits. Mais la con- fiance fait toujours défaut. « Une entreprise n’investit pas parce que les taux sont bas, mais parce qu’elle en espère une rentabilité. Or, cela sup- pose que la demande soit au rendez- vous », explique Olivier Chemla. Les craintes des marchés finan- Guillaume de Calignon annoté Eric Léger Après trois années de marasme, l’économie française est enfin sortie de sa léthargie. La PIB a progressé de 1,1 % en 2015, a indiqué vendredi l’Insee. C’est un petit peu plus que ce qu’espérait le gouvernement, qui tablait officiellement sur 1 %. « 2015 a été l’année de la reprise », s’est réjoui le ministre des Finances, Michel Sapin. Avec toutefois un gros point noir : ce début d’embellie n’a pas suffi à enclencher une baisse du chô- mage. Et la France reste à la traîne, les autres grands pays européens ayant enregistré des expansions bien plus soutenues l’an dernier. En tout cas, l’économie française a résisté au terrorisme. « Les atten- tats de novembre ont affecté la consommation des ménages, mais ces effets négatifs sont restés localisés à quelques secteurs précis, comme l’hébergement ou la restauration, et ils ne seront probablement que tem- poraires », estime Vladimir Passe- ron, chef du département de la conjoncture de l’Insee. L’an passé, la consommation a tiré la croissance française, la baisse du prix du pétrole boostant le pouvoir d’achat des ménages. Et l’investissement des entreprises, dynamique sur les trois derniers mois de l’année, a donné des signes encourageants. C’est la clef pour l’économie française cette Le grand retour du « modèle social » LE FAIT DU JOUR POLITIQUE Cécile Cornudet Q uand François Hollande est en difficulté, quand la pression de la gauche pour une primaire présidentielle s’accroît, quand la « vraie gauche » lui reproche d’avoir bradé ses « valeurs », le voilà qui revient, le « modèle social », l’éternel maître étalon d’un clivage gauche-droite abîmé. « Nous sommes la gauche », a affirmé ce dimanche Stéphane Le Foll, en le justifiant par ces mots : « Est-ce qu’on a mis en cause le modèle social ? Non, nous l’avons défendu » (« Grand Rendez-vous Europe 1-iTélé- “Le Monde” »). En prise sur les « réalités », la gauche au pouvoir a dû répondre à l’attente des Français en matière de sécurité et aux difficultés économiques du pays, reconnaît le porte-parole, mais elle conserve son âme puisqu’elle a le modèle social. « La droite veut le remettre en cause, nous, nous voulons l’adapter », assure-t-il. Ouf ! Le clivage perdure, donc la gauche n’est pas morte. A un an de l’élection présidentielle, se profile ce qui sera probablement un débat majeur. Après François Fillon, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy défendent, eux aussi, l’idée d’un Etat renforcé dans ses missions régaliennes, mais allégé sur la protection sociale, même s’ils se défendent de vouloir « casser » le modèle. Ils proposent un cocktail baisse des impôts-baisse des déficits qu’ils obtiennent en rognant sur des dépenses sociales : âge de la retraite repoussé, allocations chômage diminuées, dépenses de santé coupées… Les sondages disent aujourd’hui que les Français y sont prêts, conscients que le pays a des réformes de retard sur ses concurrents. Mais, devant l’urne, qu’en sera-t-il ? Grâce au modèle social, la droite renvoie la gauche à son « immobilisme » et la gauche accuse la droite de « libéralisme ». Mais, pour les deux, le sujet est piégé. Promettre du sang et des larmes risque de faire fuir l’électeur de droite, surtout lorsque le FN, lui, se pose en défenseur des avantages acquis. La gauche brandit son sauvetage du modèle social… quand celui-ci fuit de toutes parts. C’était d’ailleurs en partie pour cela que François Hollande avait cherché l’unité nationale sur la déchéance de nationalité : il voulait détourner le regard de ses résultats économiques. Aujourd’hui, demi-tour. Seuls des résultats pourraient sauver la gauche. Annoté Eric Léger « Nous sommes la gauche » puisque nous défendons le modèle social, explique le gouvernement, quand « la vraie gauche » l’accuse d’avoir bradé ses valeurs. l Le chômage n’en bénéficie pas. l Le rebond de l’investissement doit être confirmé en 2016. La croissance revient Les prin La consommation a tiré la croissance Les dépenses de consommation des ménages affichent la plus forte hausse depuis 2011 avec une progression de 1,4 %. Cela est largement à mettre sur le compte de l’absence d’inflation (+0,2 % en janvier sur un an) en raison de la chute des prix du pétrole. Espoir de stabilisation pour l’acquisition de logement Si les investissements des ménages sont en baisse de 3 % sur l’année, l’amélioration est visible en cours d’année. Au quatrième trimestre, l’investissement en logement a progressé de 0,1 % seulement, mais c’est la première fois depuis le deuxième trimestre 2013 qu’il ne baisse pas. Les chiffres de l’inflation attireront encore en 2016 l’attention de tous les décideurs économiques et poli- tiques. L’Insee a annoncé qu’en jan- vier, les prix avaient grimpé de seu- lement 0,2 % sur un an. Pour 2016, le gouvernement table toujours sur 1 % d’inflation après zéro l’an der- nier. Les économistes prévoient, eux, en moyenne que les prix à la consommation grimperont de 0,8 %. Mais pour certains, l’infla- tion pourrait être bien plus faible. Avec un baril de pétrole autour de 35 dollars, contre 53 dollars en moyenne l’an passé, il y a de fait peu de chances à court terme que l’infla- tion rebondisse dans l’Hexagone et la zone euro en général. « Les forces extérieures pèsent sur l’inflation, explique Philippe Gudin, chef économiste de Barclays. La Chine dispose de capacités excéden- taires industrielles qu’elle exporte en dépréciant son taux de change depuis l’été dernier, ce qui a des effets massi- vement déflationnistes. Ensuite, poursuit-il, les forces intérieures sont aussi négatives. S’il baisse, le chômage reste toujours élevé dans la zone euro, Les tensions sont donc très faibles sur les salaires. » Et depuis la mi-2015, le taux de change effectif de l’euro – c’est-à-dire par rapport aux autres devises, pondérées par le poids des pays dans le commerce extérieur de la zone euro – s’est apprécié de 9 %, surtout par rap- port aux monnaies asiatiques. Là encore, c’est un facteur de baisse de l’inflation. « L’inflation va repartir en territoire négatif en zone euro à partir du mois de février », prévoit Philippe Gudin. Et « si le pétrole reste aux alentours de 30 dollars le baril, alors l’inflation sera quasi nulle, de l’ordre de 0,1 % en 2016 en France », calcule l’économiste. Il existe toutefois des signes plus positifs. « Même si elle reste inférieure à sa moyenne de long terme, l’opinion des ménages sur l’évolution future des prix se redresse et les ménages interro- gés par l’Insee estiment qu’il est de plus en plus opportun de “faire des achats importants” et, à l’inverse, de moins en moins opportun “d’épar- gner” », remarque Olivier Chemla, chef économiste à l’Association française des entreprises privées (Afep). Pour lui, « cela signale plutôt une dynamique positive à l’opposé d’une spirale déflationniste ».— G. C. L’inflation de nouveau aux abonnés absents La baisse du cours du pétrole va de nouveau peser sur l’évolution des prix en France et dans la zone euro cette année. Lundi 1 er février 2016 Les Echos

La politique sociale francaise tiraillée de toutes parts !

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L’objectif affiché du gouvernementd’une croissance de 1,5 % peut doncêtre atteint. Les économistes pen-sent que le résultat ne sera que trèslégèrement inférieur aux espoirs deBercy, du fait des incertitudes quiplanentsurl’économiemondiale.Leconsensussesitueà1,4 %,unrythmetoutefois insuffisant pour réduire defaçon significative le chômage.

(L’éditorialde Dominique SeuxPage 10

ciers sur l’activité économique auxEtats-Unis ou en Chine vont-elles sepropager à l’économie réelle ? « Lerisque lié à un ralentissement pro-noncé des pays émergents estaujourd’hui plus fort, mais cela n’apour l’instant pas affecté la confiancedeschefsd’entreprisefrançais »,cons-tate Vladimir Passeron. Climat desaffaires et moral des ménages res-tent bien orientés en France. Lesenquêtes de l’Insee sont ainsi com-patibles avec une croissance del’ordre de 0,4 % par trimestre.

année. La progression de l’activitéen 2015 s’explique en effet aux deuxtiers par des facteurs extérieurs,comme la baisse du prix du pétrole,la politique monétaire ultra-accom-modante de la Banque centraleeuropéenne et la dépréciation del’euro. Or la reprise doit devenir unphénomène autoentretenu en 2016.Il faut un moteur interne, sans quoila performance de 2015 sera unrebond sans lendemain. L’investis-sement pourrait jouer ce rôle.

Manque de confianceA ce stade, l’Insee est prudent. « Lefait que l’investissement des entrepri-ses ait été plus dynamique que prévune pourrait être qu’un pic ponctuel »,prévient Vladimir Passeron. Pour-tant, « tous les voyants sont au vert »,remarque Olivier Chemla, chef éco-nomisteàl’Associationfrançaisedesentreprises privées (Afep). Les tauxsont bas et les marges sont remon-tées avec la chute du prix du pétroleet la mise en place du Crédit d’impôtpour la compétitivité et l’emploi(CICE). Le dispositif de suramortis-sement mis en place par Bercydevraitportersesfruits.Mais lacon-fiance fait toujours défaut. « Uneentreprise n’investit pas parce que lestaux sont bas, mais parce qu’elle enespère une rentabilité. Or, cela sup-pose que la demande soit au rendez-vous », explique Olivier Chemla.

Les craintes des marchés finan-

Guillaume de Calignonannoté Eric Léger

Après trois années de marasme, l’économie française est enfin sortie desaléthargie.LaPIBaprogresséde 1,1 % en 2015, a indiqué vendredi l’Insee. C’est un petit peu plus que ce qu’espérait le gouvernement, qui tablait officiellement sur 1 %. « 2015 aétél’annéedelareprise »,s’estréjoui le ministre des Finances, Michel Sapin. Avec toutefois un gros point noir : ce début d’embellie n’a pas suffiàenclencherunebaisseduchô-mage. Et la France reste à la traîne, les autres grands pays européens ayant enregistré des expansions bien plus soutenues l’an dernier.

En tout cas, l’économie française a résisté au terrorisme. « Les atten-tats de novembre ont affecté la consommationdesménages,maisces effets négatifs sont restés localisés à quelques secteurs précis, comme l’hébergement ou la restauration, et ils ne seront probablement que tem-poraires », estime Vladimir Passe-ron, chef du département de la conjoncture de l’Insee. L’an passé, la consommation a tiré la croissance française, la baisse du prix du pétrole boostant le pouvoir d’achat desménages.Etl’investissementdes entreprises, dynamique sur les trois derniers mois de l’année, a donné des signes encourageants. C’est la clef pour l’économie française cette

Legrandretourdu« modèlesocial »

LE FAITDU JOURPOLITIQUE

CécileCornudet

Q uand FrançoisHollande esten difficulté, quand

la pression de la gauche pourune primaire présidentielles’accroît, quand la « vraiegauche » lui reproche d’avoirbradé ses « valeurs », le voilàqui revient, le « modèlesocial », l’éternel maître étalond’un clivage gauche-droiteabîmé. « Nous sommesla gauche », a affirméce dimanche Stéphane Le Foll,en le justifiant par ces mots :« Est-ce qu’on a mis en causele modèle social ? Non, nousl’avons défendu » (« GrandRendez-vous Europe 1-iTélé-“Le Monde” »). En prise surles « réalités », la gaucheau pouvoir a dû répondreà l’attente des Françaisen matière de sécurité et auxdifficultés économiques dupays, reconnaît le porte-parole,mais elle conserve son âmepuisqu’elle a le modèle social.« La droite veut le remettreen cause, nous, nous voulonsl’adapter », assure-t-il. Ouf !Le clivage perdure, doncla gauche n’est pas morte.A un an de l’électionprésidentielle, se profile ce quisera probablement un débatmajeur. Après François Fillon,

Alain Juppé et Nicolas Sarkozy défendent, eux aussi, l’idée d’un Etat renforcé dans ses missions régaliennes, mais allégé sur la protection sociale, même s’ils se défendent de vouloir « casser » le modèle. Ils proposent un cocktail baisse des impôts-baisse des déficits qu’ils obtiennenten rognant sur des dépenses sociales : âge de la retraite repoussé, allocations chômage diminuées, dépenses de santé coupées…Les sondages disent aujourd’hui que les Français y sont prêts, conscients que le pays a des réformes de retard sur ses concurrents. Mais, devant l’urne, qu’en sera-t-il ?Grâce au modèle social, la droite renvoie la gauche à son « immobilisme » et la gauche accuse la droite de« libéralisme ». Mais, pour les deux, le sujet est piégé. Promettre du sang et des larmes risque de faire fuir l’électeur de droite, surtout lorsque le FN,lui, se pose en défenseurdesavantagesacquis. La gauche brandit son sauvetage du modèle social…quand celui-ci fuit de toutes parts. C’était d’ailleurs en partie pour cela que François Hollande avait cherché l’unité nationale sur la déchéance de nationalité : il voulait détourner le regard deses résultats économiques. Aujourd’hui, demi-tour. Seuls des résultats pourraient sauver la gauche.Annoté Eric Léger

« Nous sommes la gauche » puisque nous défendonsle modèle social, explique le gouvernement, quand« la vraie gauche » l’accuse d’avoir bradé ses valeurs.

l Le chômage n’en bénéficie pas.l Le rebond de l’investissement doitêtre confirmé en 2016.

La croissance revient

Les prin

La consommation a tiré la croissanceLes dépenses de consommation des ménages affichentla plus forte hausse depuis 2011 avec une progression de 1,4 %.Cela est largement à mettre sur le compte de l’absenced’inflation (+0,2 % en janvier sur un an) en raison de la chutedes prix du pétrole.

Espoir de stabilisation pour l’acquisition de logementSi les investissements des ménages sont en baisse de 3 % sur l’année,l’amélioration est visible en cours d’année. Au quatrième trimestre,l’investissement en logement a progressé de 0,1 % seulement,mais c’est la première fois depuis le deuxième trimestre 2013qu’il ne baisse pas.

Les chiffres de l’inflation attirerontencore en 2016 l’attention de tousles décideurs économiques et poli-tiques. L’Insee a annoncé qu’en jan-vier, les prix avaient grimpé de seu-lement0,2 %surunan.Pour2016,legouvernement table toujours sur1 % d’inflation après zéro l’an der-nier. Les économistes prévoient,eux, en moyenne que les prix à laconsommation grimperont de0,8 %. Mais pour certains, l’infla-tion pourrait être bien plus faible.Avec un baril de pétrole autour de35 dollars, contre 53 dollars enmoyenne l’an passé, il y a de fait peudechancesàcourttermequel’infla-

tion rebondisse dans l’Hexagone etla zone euro en général.

« Les forces extérieures pèsent surl’inflation, explique Philippe Gudin,chef économiste de Barclays. LaChine dispose de capacités excéden-taires industrielles qu’elle exporte endépréciantsontauxdechangedepuisl’été dernier, ce qui a des effets massi-vement déflationnistes. Ensuite,poursuit-il, les forces intérieuressont aussi négatives. S’il baisse, lechômage reste toujours élevé dans lazoneeuro,Lestensionssontdonctrèsfaibles sur les salaires. » Et depuis lami-2015, le taux de change effectifde l’euro – c’est-à-dire par rapportauxautresdevises,pondéréesparlepoids des pays dans le commerceextérieur de la zone euro – s’estapprécié de 9 %, surtout par rap-port aux monnaies asiatiques. Làencore, c’est un facteur de baisse de

l’inflation. « L’inflation va repartiren territoire négatif en zone euro àpartir du mois de février », prévoitPhilippe Gudin. Et « si le pétrolereste aux alentours de 30 dollars lebaril, alors l’inflation sera quasinulle, de l’ordre de 0,1 % en 2016 enFrance », calcule l’économiste.

Il existe toutefois des signes pluspositifs.« Mêmesielleresteinférieureàsamoyennedelongterme, l’opiniondesménagessurl’évolutionfuturedesprixseredresseetlesménagesinterro-gés par l’Insee estiment qu’il est deplus en plus opportun de “faire desachats importants” et, à l’inverse, demoins en moins opportun “d’épar-gner” », remarque Olivier Chemla,chef économiste à l’Associationfrançaise des entreprises privées(Afep). Pour lui, « cela signale plutôtune dynamique positive à l’opposéd’une spirale déflationniste ». — G. C.

L’inflationdenouveauauxabonnésabsentsLa baisse du cours dupétrole va de nouveau pesersur l’évolution des prix enFrance et dans la zone eurocette année.

Lundi 1er février 2016 Les Echos

Eric LEGER
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mais reste insuffisante

cipaux indicateurs de l’économie française en 2015

L’investissement retrouve des couleursLa remontée des taux de marges des entreprises, couplée au dispositifde suramortissement et à l’embellie de la demande, a poussé les entre-prises à investir en 2015. L’investissement a grimpé de 2 % sur 2015 ets’est raffermi en cours d’année en ce qui concerne les biens manufactu-rés et les services marchands.

Nouveau recul des investissements publicsRigueur budgétaire et baisse des dotations de l’Etataux collectivités locales ont de nouveau fait baisser les investissementsdes administrations publiques de 3 % l’année dernière.Qui plus est, 2015 était une année électorale, ce qui a contribuéà geler certains projets.

3 QUESTIONS À…PHILIPPE WAECHTERChef économiste de NatixisAsset Management

« Iln’yapasencored’accélérationtrèsmarquéedel’investissementcar lademandeest indécise. »

Propos recueillis parG. C.

1 La reprise de l’activitééconomique vous semble-t-ellebien partie en France ?Oui. Le premier bon point à noterdansleschiffresduPIBde2015,c’estque la croissance est revenue aprèsune longue période de stagnation.C’était une première étape indis-pensable, que l’économie françaisea franchie, même si on peut regret-ter que le rythme soit inférieur àcelui de la zone euro en moyenne.Cettephaseapuêtreréussiegrâceàl’action de la Banque centrale euro-péenne et à la moindre austéritédécidée par Bruxelles. La Commis-sioneuropéenneacomprisqu’il fal-lait ralentir la vitesse de réductiondes déficits publics. Dans cet envi-ronnement de stagnation, il fallaitque les institutions donnent uneimpulsion pour changer les antici-pations des ménages et des entre-prises, peu enclins à dépenser ouprendre des risques. C’était le rôlede la politique monétaire et de lapolitique budgétaire. C’est fait. Etavec l’aide du prix du pétrole enchute libre depuis un an et demi,l’économie française a bénéficiéd’un soutien inespéré. La configu-ration de la conjoncture estdésormais meilleure qu’il y a un oudeux ans.

2 Avez-vous quand mêmequelques craintes pour 2016 ?Le rythme de croissance n’est pasencore satisfaisant puisqu’il restetrès en dessous de ce qui étaitobservé par le passé. Mais ce qui estinquiétant, à court terme, c’estl’accumulation de stocks dans lesentreprises aux troisième et qua-t r i è m e t r i m e s t r e s 2 0 1 5 . L ademande va devoir être suffisam-ment robuste au cours des pro-chains mois pour que les entrepri-ses produisent et ne cherchent passeulement à déstocker. Au-delà,c’est l’investissement des entrepri-

ses qui déterminera le profil de lareprise.

3 Peut-on déjà observerles résultats de la politiquede l’offre menée parle gouvernement ?Son effet reste à mon avis modéré. Globalement, les entreprises fran-çaises ont fait l’ajustement rendu nécessaire par la crise. Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi(CICE)etlepactederespon-sabilité ont justement pour objectif d’améliorer la situation des entre-prises après la crise. Mais si la situa-tion de l’économie de la zone euro continue à être incertaine, leurs

marges de manœuvre resteront limitées. Certes, l’investissement esten phase ascendante mais il n’a tou-jours pas le profil habituel qu’on luiconnaît pendant les reprises. Il n’y apas encore d’accélération très mar-quée de l’investissement car lademande est indécise. Toutefois, dès que ces incertitudes seront levées,onverraleseffetsàpleindelapolitique de l’offre. L’investissementdécollera. La crise a été longue et aexigé des ajustements violents à beaucoup d’entreprises. Les patrons ont été échaudés et il est l o g i q u e q u’ i l s s e m o n t r e n t aujourd’hui particulièrement méfiants. Ils ont tout simplement peur de perdre de l’argent. Dans ce contexte encore incertain, il est donc fondamental que le gouverne-ment garde le cap. Le besoin de sta-bilité de l’environnement fiscal et réglementairemeparaîtessentiel. n

Un rebond bienvenuDépréciation de l’euro, montée en puissance du CICE et progressionde la demande étrangère adressée à la France ont fait grimper lesexportations de 5,9 % en 2015. Mais les importations ont crû plus vite(+6,1 %). La hausse de la demande domestique a été en partie satisfaitepar des importations, signe que la compétitivité reste un problème.

Quelssontlesrisquesquipèsentsurl’économieeuropéenneetfrançaiseen 2016 ? La question mérite d’êtreposée alors que les marchés finan-ciersdepuisledébutdel’annéedon-nent l’impression de prévoir le pire.D’autant que la croissance améri-caine semble avoir connu son pic àla mi-2015. En ce qui concernel’Hexagone, « la croissance en 2016sera au mieux modérée, de l’ordre de1,4 % », a prévenu Julien Marcilly,chef économiste de Coface, lorsd’une présentation en début desemaine à Paris. Pour lui, deux fac-teurs vont empêcher l’activité éco-nomique française de véritable-ment décoller : « Le secteur de laconstruction reste le talon d’Achillede l’économie française. De plus enplusdegrandesentreprisesseretrou-vent dans des situations financièresdifficiles et cela va perdurer. » JulienMarcilly a aussi mis en avant « lapersistance de surcapacités dansl’industrie française qui se résorbenttrèslentement »,cequiresteunfreinà la hausse des investissementsdans ce secteur.

En revanche, à court terme, unralentissement prononcé de laChineneconstituepasungrandris-que à ses yeux, la France n’étant

pas un grand pays industriel expor-tateur.

L’Allemagne, de par son écono-mie beaucoup plus ouverte sur lemonde que la nôtre, serait, elle, for-tement affectée par un plongeon del’économie chinoise et des paysémergents. C’est une des menacesqui planent sur la zone euro. Ladeuxièmerésidedanslerisquepoli-tique. « Il est logique que les frustra-tions sociales apparaissent aumoment où l’économie repart. Maison assiste à un morcellement de la

scène politique, notamment dans lespaysdusuddel’Europe,remarquelechef économiste de Coface. Or, pluslenombredepartisaugmente,pluslerisque de coalition est fort, et donc laconstitutiondegouvernement,faible.Cela peut entraîner un attentisme dela part des entreprises », poursuit-il.Et la reprise de l’investissementtant espérée pourrait être encoreretardée.

Enfin, il y a le point noir du mar-ché du travail qui s’est encoredégradé en décembre, selon Pôle

emploi. Et, en raison de ce fort tauxdechômage, les salairesnesontpasdynamiques et, surtout, le tauxd’épargne des ménages reste à unniveau record (15,5 % au troisièmetrimestre). Les hausses de laconsommation sont donc tributai-res de la seule baisse du prix dupétrole.

Une activité dynamiséeEn attendant, « la croissance dans lazone euro n’est peut-être pas flam-boyante, mais elle tient bien malgrétous ces vents contraires », tempèrePhilippeGudin,cheféconomistedeBarclays. Si la baisse du prix dupétrole peut être une sourced’inquiétude pour les pays produc-teurs,ellecontribuetoutdemêmeàsoutenir la consommation dans lespays importateurs comme laFrance. La politique monétaire dela Banque centrale européennecontinue, elle aussi, à dynamiserl’activité économique. Quant à lapolitique budgétaire, elle est désor-mais expansionniste en Europe.Sauf en France. « Les années de 2011à 2013 ont été marquées par la ri-gueur budgétaire dans la zone euro.Ensuite, la politique budgétaire estdevenue neutre. Et, cette année, elleest expansionniste pour la premièrefois depuis 2010 », constate JulienMarcilly. Au moins, à court terme,cela constitue-t-il une bonne nou-velle pour la conjoncture. — G. C.

DenombreuxrisquespèsentencoresurlarepriseLe ralentissement chinoiset l’instabilité politique enEurope pourraient affaiblirle redémarrage de l’activité.

Toujours fragile, le secteur de la construction reste « le talond’Achille de l’économie française ». Photo Jean-Claude Moschetti/RÉA

« Les patronsont été échaudéset il est logiquequ’ils se montrentaujourd’huiparticulièrementméfiants. »

Les Echos Lundi 1er février 2016

Eric LEGER
Texte surligné
Eric LEGER
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