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ASSOCIATION DE SOUTIEN À L’ACTION POLITIQUE DE FRANÇOIS FILLON 1, rue Bixio - 75007 PARIS www.force-republicaine.fr D’ACCÈS À L’EMPLOI DES JEUNES FAIRE DE L’ALTERNANCE LA PRINCIPALE VOIE

Les propositions de Fillon sur l'emploi des jeunes

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1, rue Bixio - 75007 PARISwww.force-republicaine.fr

D’ACCÈS À L’EMPLOIDES JEUNES

FAIRE DE L’ALTERNANCELA PRINCIPALE VOIE

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La France ne peut se résigner à l’abandon de sa jeunesse. Le chômage massif des jeunes est socialement inacceptable.140 000 jeunes quittent chaque année le système scolaire sans diplôme ni qualification et un jeune surquatre est au chômage. Ce constat est d’autant plus révoltant que le marché de l’emploi est traversé par un paradoxeinsupportable : un chômage massif des jeunes alors que des dizaines de milliers d’emplois ne sont pas pourvus,particulièrement dans l’industrie et l’artisanat1. Ce paradoxe engendre des conséquences sociales lourdes : début 2013,près de 1,9 million de jeunes de 15 à 29 ans n’étaient ni à l’école, ni en emploi, ni en formation en France ; soit 17 % decette classe d’âge2. Plusieurs études alertent pourtant sur la pénurie de talents qui menace de frapper la France dans lesprochaines années3. Ce constat est d’autant plus préoccupant, qu’il ne peut être attribué ni uniquement à lacrise ni à une question de moyens engagés4. Alors que le candidat François Hollande avait mis la jeunesse au cœurde son programme, la situation des jeunes est aujourd’hui alarmante.

• Entre mai 2012 et mars 2015, le nombre de jeunes de moins de 25 ans inscrits à Pôle Emploi a augmenté de 10,1 %5.

• En 2014, les entrées en apprentissage ont baissé de 3,2 %, après avoir déjà reculé de 8 % en 20136.

• Depuis plusieurs années, les taux de rupture de contrats d’apprentissage dépassent les 20 %.

• Depuis les années 2000, le poids de l’origine sociale est de plus en plus prégnant dans la trajectoire scolaire. LaFrance est aujourd’hui l’Etat de l’OCDE où les origines sociales pèsent le plus lourdement sur la réussite scolaire etdonc, par ricochet, sur l’insertion professionnelle.

FAIRE DE L’ALTERNANCE LA PRINCIPALE VOIE D’ACCÈS À L’EMPLOI DES JEUNES

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(1) Guillaume Blache, Anita Bonnet, Jean-Louis Zanda, « Les offres d’emploi difficiles à satisfaire », Éclairages et synthèses n°6, Pôle Emploi, septembre 2014.(2) Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo et Klaus F. Zimmermann, L’emploi des jeunes peu qualifiés en France, note, CAE, avril 2013.(3) Mc Kinsey Global Institute, L’emploi en France : Cinq priorités d’action d’ici 2020, mars 2012 ou Manpower, Pénurie des talents, étude, juin 2014. (4) 88,07 Mds€ pour le MENESR ; 20,51 Mds€ pour la formation professionnelle ; 1,2 Md€ pour les emplois d’avenir ; 234 M€ pour les contrats degénération ; etc. Source : PLF 2015.

(5) et (6) Dares et Pôle emploi. (7) Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo et Klaus F. Zimmermann, L’emploi des jeunes peu qualifiés en France, note, CAE, avril 2013.

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La situation des jeunes en France apparaît particulièrement préoccupante : d’autres pays européens, comme l’Allemagne,la Suisse ou le Royaume-Uni, réussissent mieux que nous en dépensant moins.

Un autre parallèle international illustre cruellement les conséquences de la faible professionnalisation denos cursus : seuls 7 % des jeunes Français entre 16 et 25 ans sont en alternance – dont 5 % en apprentissage – contre 17 % en Allemagne ; 25 % des jeunes Français sont au chômage contre 8 % des jeunes Allemands.

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(8) Depp, note d’information n°12, avril 2014.(9) Voir Force républicaine, Éducation: parce que tout commence là, avril 2014. (10) Entre 2005 et 2012, les lycées professionnels ont vu leurs effectifs chuter de 9,2 %.(11) La Fabrique de l’Industrie, Formation professionnelle et industrie, Le regards des acteurs de terrain, 2014.(12) Enquête AGEFA-PME, juin 2014.(13) Ibid.

Un système scolaire quirenforce les inégalités et ne permet pas une insertionprofessionnelle réussie En 2013, 18 % des jeunes de 17 ans8 rencontraient desdifficultés pour comprendre un texte. Alors quel’éducation est le fondement d’une insertionprofessionnelle réussie, 80 % des jeunes décrocheursétaient déjà en difficulté au CP. Notre système scolaireéchoue donc à remédier aux difficultés rencontréespar les élèves. Or, les travaux de James Heckman, prixNobel d’économie, montrent que les investissementsles plus rentables en termes d’éducation sont ceuxeffectués durant la petite enfance9. Notre systèmeéducatif doit donc s'adapter, il ne peut plus fonctionnercomme une « machine à trier ». L’école devraitvaloriser avant tout l’acquisition de compétences– de toute nature – en lien avec les qualités et lesconnaissances qui seront nécessaires pour s’insérer sur lemarché du travail. Pour cela, il faut rompre avec unsystème où le diplôme est survalorisé – y comprispar les entreprises – et l’enseignement général sacralisé10.

Lutter contre les préjugés qui entourent encorel’apprentissage et l’alternance Les difficultés rencontrées par les jeunes dans leurrecherche d’emploi sont étroitement liées auxdysfonctionnements qui handicapent notre systèmeéducatif. L’un des enjeux centraux est de redonner dusens à nos formations pour lutter contre un échecscolaire endémique qui nourrit un chômage massif desjeunes. Alors que l’école a aussi pour mission de préparerà l’entrée dans l’emploi, les jeunes peinent aujourd’hui às’insérer sur le marché du travail. Ces difficultés naissenten partie de l’inadéquation des formationsdispensées au regard des besoins des bassinsd’emploi, mais aussi de l’incapacité à prendre en comptela variété des profils et des talents à former.

La perception du monde du travail véhiculée àl’école est galvaudée. Au même titre, les emplois du secteur secondaire souffrent de préjugés d’un autretemps : 85 % des 18-25 ans associent le mot « industrie » à « travail à la chaîne », 81 % à « pénibilité » et 55 % à « saleté »11. Au-delà des seules filières dites« professionnelles », cette méconnaissance du mondedu travail, profondément ancrée dans notre systèmeéducatif, est fortement perçue par les chefs d’entreprisemais aussi par les enseignants eux-mêmes : 78 % desdirigeants de PME – tous secteurs confondus – et 60 %des enseignants estiment que l'école prépare mal à la vieprofessionnelle12. Aujourd’hui, même les formationsdites « professionnelles » sont éloignées de laréalité de l’entreprise. Ainsi, parmi les jeunes ayantobtenu leur baccalauréat professionnel en 2013, 12 %seulement l’ont préparé et obtenu par la voie del’apprentissage.

Une action publique massivemais inefficace Alors que la mission Éducation nationale, Enseignementsupérieur et Recherche constitue le premier postebudgétaire de l’Etat avec 88,07 Mds€ (PLF 2015) et que32 Mds€ sont consacrés à la formation professionnelle età l’apprentissage, on peut légitimement s’interroger surl’efficience de ces dispositifs.

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Notre jeunesse mérite mieux que des parolesincantatoires. Jusqu’à présent les responsables politiquesont répondu à cette problématique par une politiqued’emplois aidés. L’échec patent de cette orientation inviteà rompre avec une politique qui a largement fait lapreuve de son inefficience. Pour inverser cettetendance, l’alternance apparaît comme la solutionnon seulement à développer, mais aussi à systématiser.Elle doit être promue comme une voie d’excellence – dusecondaire au supérieur, quelle que soit la filière suivie –qui agit comme un tremplin vers l’emploi. Laconnaissance intime de l’entreprise, de ses savoir-faire etde ses savoir-être que permet l’alternance, commandequ’elle soit placée au cœur d’un grand système deformation rénové. La France ne se redressera que sielle fait le pari des talents de sa jeunesse.

1. Changer de modèle en valorisant l’acquisition descompétences

2. Mettre fin au système des emplois aidés qui nefonctionne pas

3. Transformer la gouvernance de l’enseignementprofessionnel

4. Réinventer l’orientation en améliorant l’information etles dispositifs d’accompagnement des jeunes

5. Entreprendre une révolution pédagogique

6. Faciliter et renforcer l’engagement des entreprises

1. CHANGER DE MODÈLE EN VALORISANTL’ACQUISITION DES COMPÉTENCES

Il faut en finir avec une politique éducative pilotéeexclusivement par les taux de réussite aux examens.Soyons capables de briser un tabou : plutôt que de segargariser de mener 80 % d’une classe d’âge au baccalauréat,il vaudrait mieux réussir à former la quasi-totalité de nos jeuneset à leur donner un emploi.

Proposition 1 : Renouveler les processus de recrutement dans les entreprises.Les chefs d’entreprises veulent recruter des individus agiles,sachant s’adapter à un environnement qui évoluerapidement. Il faut pour cela promouvoir la logique,plus évolutive, de certification de compétences etarrêter de privilégier uniquement le diplôme.L’acquisition de compétences, solides et maîtrisées, est unenjeu de compétitivité pour les entreprises etd’employabilité pour les jeunes.

Le numérique, via les plateformes d’« e-testing » et lacréation de réseaux sociaux professionnels, offre denouvelles perspectives et invite les entreprises à renouvelerleurs processus de recrutement14. Ainsi, les branchesprofessionnelles pourraient – par exemple – plaider pourune attestation de compétences qui remplaceraitle diplôme. La maîtrise de ces compétences serait évaluéeà l’aune de tests, nationalement ou internationalementreconnus : toiec, certificat Voltaire, etc.

Proposition 2 : S’appuyer sur notre écosystèmenumérique pour mettre fin au « culte du diplôme »et faire du numérique un vecteur de formation etd’évolution professionnelle.L’écosystème du numérique est représentatif : l’École 42 ouSimplon sont des initiatives nées des carences des systèmesde formation « classiques ». Elles s’affranchissant desdiplômes et schémas de formation traditionnels, etdémontrent la pertinence de leur modèle. La force dunumérique réside aussi dans sa puissance inclusive :beaucoup de ces jeunes étaient en échec scolaire avant derejoindre ces formations. Le numérique, parce qu’il évoluehors logiques scolaires « classiques », affaiblit lephénomène de reproduction sociale particulièrementprégnant dans notre système éducatif.De plus, le numérique a su s’adapter aux évolutions trèsrapides du marché du travail et répondre à des besoinspatents – les entreprises françaises rechercheraient 150 000codeurs dans les prochaines années – tout en permettantl’insertion et la réussite de jeunes parfois en grandedifficulté. Aujourd’hui, les possibilités de formation enligne et d’obtention de micro-certifications (nanodegrees)offrent aux jeunes et aux entreprises la promesse d’uneadaptabilité plus grande et permettent de pallierles carences de la formation initiale.

2. METTRE FIN AU SYSTÈME DES CONTRATS AIDÉS QUI NE FONCTIONNE PAS

Proposition 3 : Mettre fin à la gabegie des emploisd’avenir et des contrats de génération pour aiderdavantage les jeunes les plus éloignés de l’emploi.L’Etat dépense des sommes considérables pour desrésultats médiocres. Un système mieux piloté etmieux évalué permettra un usage plus juste, plusraisonné et plus efficace des deniers publics.Les emplois d’avenir et les contrats de générationsont les symptômes d’un système qui ne marchepas. Ils pèsent 1,4 Md€ dans le budget de l’Etat… pour

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(14) Charles de Froment, L’ère du sur-mesure. Solutions pour l’insertion des jeunes dans une économie post-industrielle, rapport, Institut de l’Entreprise,février 2015.

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quels résultats ? Ils n’assurent pas l’insertionprofessionnelle des jeunes et ils créent des effets d’aubaineconcurrençant les dispositifs d’alternance qui, eux,permettent une réelle insertion sur le marché du travail. Ilfaut supprimer les contrats aidés à destination desjeunes et réorienter intégralement les sommesainsi dégagées vers l’alternance.Le redéploiement des fonds aujourd’hui destinés auxemplois d’avenir servira notamment à développer lesdispositifs de pré-apprentissage et d’alternance dansles écoles de la deuxième chance (100 M€), afin d’aideren priorité les décrocheurs les plus éloignés du marché dutravail, et à financer une exonération totale decharges patronales pour toutes les entreprises quiaccueillent des jeunes en alternance15.

3. TRANSFORMER LA GOUVERNANCEDE L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL

Proposition 4 : Généraliser l’apprentissage dans l’enseignement professionnel (en lycéesprofessionnels et en centres de formation).

De nombreuses études s’accordent sur le fait que lepassage par l’apprentissage favorise la réussite auxexamens, facilite l’insertion professionnelle des jeunes etleur procure un salaire plus élevé16. L’alternance doitdonc s’affirmer comme un principe de formation etêtre généralisée, pour que l’ensemble des jeunes soientmieux préparés au marché du travail. Il ne devrait plus êtrepossible d’obtenir un diplôme dit « professionnel » sansavoir effectué une partie de son cursus en alternance.

Proposition 5 : Confier la gestion des lycéesprofessionnels aux régions et aux branchesprofessionnelles, qui gèrent déjà les centres deformation des apprentis.

La décentralisation de l’enseignement professionnelparachèvera les évolutions récentes, qui ont fait de la régionle chef de file de la politique d’accès à l’apprentissage et àla formation professionnelle des jeunes comme des adultes.

Pour mettre en œuvre l’ensemble du dispositif ilfaut imaginer une gouvernance nouvelle :

5.a Pour gagner en efficacité, il apparaît nécessaire demutualiser les expériences et les ressources descentres de formation des apprentis (CFA) et deslycées professionnels.

Pour accroître leur synergie, la gestion des lycéesprofessionnels et des CFA sera confiée aux régionsqui, associant étroitement les branchesprofessionnelles, ajusteront les formations – dans le cadred’un référentiel défini à l’échelle nationale –, pour qu’elles s’adaptent davantage à la réalité des bassinsd’emplois. Les entrepreneurs et les branchesprofessionnelles sont les mieux placés pourexprimer précisément les besoins de main-d’œuvreet les compétences nécessaires pour développerl’activité. La co-construction des formations avec lesbranches professionnelles, permettra une meilleureréactivité dans la mise en adéquation de la carte desformations avec les besoins économiques locaux17.

Cette instance régionale sera responsable desfinancements en complément de la taxe d’apprentissage,versera les subventions d’équilibre aux CFA, sera garantede la bonne gestion des établissements, sera en charge deleur inspection académique mais aussi de l’ouverture et dela fermeture des formations ou de leur transformation.Cette instance allouera les moyens selon les priorités et lesbesoins du tissu économique local. Cette décentralisation,avec une plus grande cohérence de l’offre de formation,permettra de dégager certaines marges de manœuvrefinancières. Par ailleurs, les chefs d’établissementsdevront disposer d’une autonomie d’action et demoyens, dans le cadre d’objectifs fixés annuellement parla région.

Valoriser l'alternance auprès des jeunes et des entreprisesva nécessiter de lever les freins qui existent s'agissant del'hébergement. Les jeunes apprentis ou alternantséprouvent aujourd'hui des difficultés à se loger et ont

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(15) Aujourd’hui, les employeurs inscrits au répertoire des métiers (artisans) et ceux qui emploient moins de 11 salariés sont totalement exonérés decotisations salariales et patronales, à l'exception des cotisations accident du travail-maladie professionnelle (AT-MP). Pour les autres entreprises, lesexonérations se limitent aux cotisations sociales patronales de Sécurité sociale (hors AT-MP) et aux cotisations salariales légales ou conventionnelles.Le total des charges versées par les entreprises dans le cadre des contrats de professionnalisation et d’apprentissage a été d’environ 765 M€ en2014 ; soit environ 336 M€ pour les contrats de professionnalisation et 429 M€ pour les contrats d'apprentissage.

(16) Pierre Cahuc, Marc Ferracci, avec la contribution de Jean Tirole et Etienne Wasmer, L’apprentissage au service de l’emploi, CAE, note, décembre2014 ; Elodie Alet et Liliane Bonnal, « L’apprentissage : un impact positif sur la réussite scolaire des niveaux V », Économie et Statistique, mars 2013 ;DEPP, « en février 2013, 43 % des jeunes sortants de lycée ont un emploi sept mois après la fin de leurs études », note d'information, n°09, avril2014 ; DEPP, « En février 2013, 65 % des jeunes ont un emploi sept mois après la fin de leur apprentissage », note d'information, n°04, mars 2014.

(17) MEDEF, Apprentissage, Constats et propositions du MEDEF, juillet 2014.

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parfois à s'acquitter d'un double loyer. Afin de les aiderdans leurs démarches, nous proposons la créationd'une plateforme accessible sur internet quirecense dans chaque région l'ensemble despossibilités de logements sur un territoire (internatdes établissements scolaires, chambres chez les particuliers,FJT, logement social ou privé...). Notre souhait estd'associer les entreprises à travers Action logement à cettequestion de l'hébergement des alternants ainsi que lesbailleurs sociaux et privés.

5.b À ce pilotage régional, répondra une commissionnationale chargée de la définition desréférentiels de formation – et de leurcertification – et de l’évaluation du système.Cette commission, placée sous la tutelle de l’Éducationnationale, réunira également les branchesprofessionnelles et les partenaires sociaux. Pour garantir une véritable place aux branchesprofessionnelles, elles seront en charge dusecrétariat de rédaction de cette instance.

L’Etat, qui pilote la politique de la jeunesse, doit garder desoutils et des moyens d’action. Il doit pouvoirmoduler lesdotations allouées aux régions selon des critèresobjectifs, tels que le nombre d’apprentis et leur insertiondans la vie professionnelle notamment. Cette commissions’assurera également que les fonds alloués aux régionspour l’apprentissage et l’enseignement professionnel estbien utilisé à cet effet. L’Etat doit assumer un rôled’animation du système et favoriser le partage debonnes pratiques entre les régions.Aujourd’hui, il n’ya pas véritablement de pilotage du système.

4. RÉINVENTER L’ORIENTATION EN AMÉLIORANT L’INFORMATION ET LES DISPOSITIFS D’ACCOMPAGNEMENT DES JEUNES

Au moment de choisir une filière ou une formation, lesjeunes souffrent d’un dramatique déficit dehiérarchisation de l’information – parfoissurabondante – à leur disposition. Cette absence dehiérarchisation a de lourdes conséquences qui semanifestent notamment par des taux d’échec et d’abandontrès importants.

Proposition 6 : Mesurer et fournir à tous les jeunesles taux d’emploi et de rémunération pour chaquefilière et établissement, de façon à fournir à chacunune information transparente.

Pour ne plus réserver les informations relatives auxdébouchés de chaque filière à quelques « initiés » et pourmettre fin à cet immense gâchis, nous proposons la miseen place d’un portail18 présentant les opportunitésprofessionnelles à l’échelle de chaque bassin d’emploi, maisaussi une information complète, pour chaque filière etchaque établissement, sur :

• Le taux d’emploi à la sortie, à 3 ans et à 5 ans ;

• le niveau de rémunération à la sortie, à 3 ans et à5 ans ;

• la part des jeunes exerçant une activité en lienavec leur formation à la sortie, à 3 ans et à 5 ans.

L’instauration d’un « Label qualité » pour les CFAet lycées professionnels, fonction de leur taux derupture de contrat d’apprentissage et de leur tauxd’insertion professionnelle, serait également un pas versdavantage de transparence qui permettrait aux élèvesd’exercer un choix plus éclairé.

Proposition 7 : Revoir les processus d’orientationdans les établissements scolaires.

7.a Revoir le recrutement des conseillersd’orientation-psychologues (COP) pour permettreune plus grande ouverture au monde professionnel. Unrecrutement par validation des acquis et unstatut de « Conseiller d’orientation associé »permettront à des professionnels du secteur privé deconsacrer une partie de leur temps à la transmissionde leurs connaissances et à la mobilisation de leur réseau au service des jeunes19. De la mêmemanière, il faut ouvrir davantage les CIO (Centresd'Information et d'Orientation), présents dans toutesles circonscriptions d'inspection académique, auxprofessionnels.

7.b Au-delà des impératifs de transparence et dehiérarchisation, une orientation réussie seconstruit. Il est pour cela essentiel d’introduire des modules d’ « éducation aux choix » (profes-sionnels ou éducatifs), et ce, dès le collège.

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(18) Ce portail intégrera l’alternance comme un choix d’orientation à part entière ; aujourd’hui, les formations en apprentissage ne sont pas répertoriéesdans le dispositif AFFELNET (AFFectation des Élèves par le Net).

(19) Sandra Enlart, Choisir les bons leviers pour insérer les jeunes non qualifiés, Institut Montaigne, note, juillet 2012.

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7.c Une fois entré dans un cursus en alternance, tout élèveou étudiant doit voir cette orientation soutenue par desdispositifs d’accompagnement qui répondent àses besoins et à ses questionnements. Cetaccompagnement individualisé – aujourd’hui trèslargement inexistant et auquel il faut former lesenseignants – doit lui permettre de suivre à la foisdes sessions de formation à distance, en lien direct avecles gestes pratiqués en milieu professionnel, mais ausside généraliser un coaching des alternants pourpallier l’isolement que certains ressentent dans unmonde dont ils ne possèdent pas toujours les codes. Lenumérique offre la possibilité de développer cecoaching et de stimuler la proactivité desalternants : savoir identifier les besoins de l’entrepriseet être en mesure d’y répondre au bon moment. Ledéveloppement de solutions numériques de suivi etd’accompagnement individualisé pourra égalementapporter une réponse efficace aux taux élevésde rupture de contrat et permettre une insertionprofessionnelle réussie, notamment par une implicationaccrue des enseignants à distance. Pour cela, il estnécessaire de développer des solutionsd’accompagnement et de suivi en ligne, dont sedoteront les CFA et lycées professionnels et qu’ilsmettront à disposition de leurs élèves. La suppressiondes emplois d’avenir permettra de dégager 20 M€ àcet effet.

Proposition 8 : Permettre une adaptation précocedes filières, répondant aux compétences desélèves.

Notre système scolaire, tourné vers l’acquisition et larestitution de connaissances, se prête bien aux profils« déductifs » ; mais, les profils « inductifs », dontl’acquisition de connaissances se fait avant tout par desmises en situation pratiques, sont défavorisés – voireméprisés – par le système actuel.

Il faut aller au-delà des limites actuelles posées parla loi Cherpion – qui rend possible l’entrée enapprentissage d’un jeune âgé de 15 ans au cours del’année civile à condition qu’il ait achevé sa classe detroisième ou qu’il ait suivi la formation DIMA (dispositifd’initiation aux métiers) - et permettre, dès la classe de 4e,

une véritable différenciation des parcours selon le profil des élèves. Dès la classe de 4e, les élèvesinductifs doivent pouvoir bénéficier d’une ouverture plusgrande à d’autres parcours.

Par ailleurs, si le stage d’observation effectué en classe detroisième a le mérite d’exister, il se limite généralement –comme son nom l’indique – à une simple semaine« d’observation ». Il pourra être particulièrementenrichissant pour les élèves, comme pour les entreprises quiles accueillent, de remplacer ce stage par un projet menétout au long de l’année en liaison étroite avec uneentreprise ou un organisme professionnel.

Proposition 9 : Ne laisser aucun jeune sans emploi ou sans formation en développant le pré-apprentissage et en leur offrant une garantied’accès à la formation jusqu’à 18 ans.

Notre système éducatif abandonne un trop grand nombrede jeunes, qui parfois ne disposent même pas descompétences fondamentales : savoir lire, écrire et compter.Nous sommes aujourd’hui face à une doubleproblématique : prévenir le décrochage scolaire etmettre en œuvre des mécanismes capables de trouverune solution pour près de deux millions de jeunesdéjà sortis du système scolaire sans diplôme niqualification. Les dispositifs actuels rendent très difficilepour ces jeunes l’accès à l’emploi.

9.a Mettre en place des dispositifs de pré-apprentissage20

dans les écoles de la deuxième chance qui, alliés à uneremise à niveau sur les savoirs fondamentaux,permettront de replacer des jeunes parfois très éloignésdu marché de l’emploi dans une dynamique deréussite. Il faudra créer, dans chaque région, undispositif obéissant à un cahier des chargesnational et 100 M€ seront prélevés sur l’ensembledes fonds alloués aux emplois d’avenir (1,2 Md€),pour aider au développement du pré-apprentissagedans les écoles de la deuxième chance.

9.b Si la scolarisation est aujourd’hui obligatoire jusqu’à16 ans, il faut aussi accompagner les jeunes versl’emploi et leur offrir, jusqu’à 18 ans, une garantied’accès à une formation.

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(20) Bertrand Martinot, Une nouvelle ambition pour l’apprentissage : 10 propositions concrètes, Institut Montaigne, note, janvier 2014.

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5. ENTREPRENDRE UNE RÉVOLUTION PÉDAGOGIQUE

Proposition 10 : Repenser l’enseignement desmatières générales dans les filières profes-sionnelles pour assurer la pertinence d’un soclepédagogique qui garantisse l’employabilité futuredes jeunes21 et leur permette de passer davantagede temps dans un environnement professionnel.

Les enseignants des filières professionnelles accomplissent untravail formidable. Il faut leur faire confiance pour qu’ils mènentla révolution pédagogique dont les élèves ont tant besoin.

L’un des arguments généralement avancé pour s’opposerà toute évolution est le suivant : la formation des futurscitoyens doit prévaloir sur la formation des futurs salariés ;autrement dit, contrairement aux Allemands, les Français –qui accordent une place plus importante aux matièresgénérales dans leur cursus – seraient mieux armés pourleur vie future de citoyens. Cet argument ne tient pas si l’onanalyse les résultats du dernier test PISA, auquel lesapprentis allemands obtiennent de meilleurs résultats queles apprentis français. En France, 45 % des heuresd’enseignement suivies par les bacheliers professionnelssont consacrées aux enseignements généraux detronc commun, sans aucun lien avec l’activitéprofessionnelle à laquelle ils se destinent.

Il ne s’agit pas de transiger avec le socle deconnaissances fondamentales – mathématiques,culture générale, esprit critique, etc. – que tout lycéen doitmaîtriser à sa sortie du système scolaire, mais detransformer leur processus d’acquisition. Il faudra à la fois s’interroger sur le volume d’heuresd’enseignements généraux et faire entrer dans les

programmes davantage de contenu théorique en lien avec la vie professionnelle future des élèves :connaissance de l’entreprise, connaissance et usages du numérique, projets structurants, collaboration et co-innovation, droit du travail, comptabilité, gestion, droitdes conventions collectives, etc. Pour mener cette réformedes contenus et des méthodes, un véritable dialogue devras’engager, notamment en donnant largement la paroleaux anciens apprentis.

Proposition 11 : Transformer les méthodes d’apprentissage.

Dans le cadre de la refonte des enseignements généraux,les expériences et situations surgies durant la formation en milieu professionnel innerveront davantage lesenseignements dispensés en classe. Conduire des projetstransdisciplinaires et faire appel à des professionnelsdu secteur privé (coach, tuteurs) pourrait, à ce titre, êtreparticulièrement intéressant. Il pourra également êtreenvisagé de développer des modules d’e-learningpour réduire la formation en présentiel, tout en augmentantle temps passé en milieu professionnel.

11.a Promouvoir un dispositif « une tablette parapprenti » afin de permettre à chaque apprenti,quel que soit son milieu social, de suivre desenseignements à distance. Cet équipement estessentiel pour que les alternants puissent bénéficierd’un accompagnement individualisé dansl’acquisition des savoir-faire et savoir-être del’entreprise, et d’échanges – quasi immédiats –avec leur tuteur sur leur travail et leur attitude dansle cadre professionnel.

11.b Si cela existe déjà dans certains cursus en alternance,il faudra accroître la diffusion des formationsmanagériales, notamment au travers du TEPE (Titred’Entrepreneur de la Petite Entreprise), afin destimuler les vocations entrepreneuriales des jeunesFrançais.

11.c Adapter le nombre d’enseignants au nombred’étudiants par filière, en rendant un plusgrand nombre d’enseignants polyvalents. Lemode de recrutement des enseignants de lycéesprofessionnels pourra être transformé. Ils pourrontainsi être engagés via des contrats de cinq ans

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(21) Pierre Cahuc, Stéphane Carcillo et Klaus F. Zimmermann, L’emploi des jeunes peu qualifiés en France, note, CAE, avril 2013 et Pierre Cahuc, MarcFerracci, avec la contribution de Jean Tirole et Etienne Wasmer, L’apprentissage au service de l’emploi, note, CAE, décembre 2014.

(22) www.eduscol.education.fr

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Répartition des heures d’enseignement en baccalauréat professionnel

Enseignementsprofessionnels etenseignementsgénéraux liés à laspécialité

Enseignementsgénéraux

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renouvelables, ceci afin de ménager despossibilités plus grandes d’aller-retour entrecarrière dans le privé et enseignement.

Enfin, pour les enseignants des voies générale ettechnologique, un module « connaissance du mondedu travail » sera introduit dans leur formationinitiale et des stages en entreprise, tous les cinq ans parexemple, pourront aussi être systématisés23.

6. FACILITER ET RENFORCER L’ENGAGEMENT DES ENTREPRISES

Pour que tous les jeunes Français aient les mêmes chancesde réussite, les entreprises ont un rôle central à jouer auxcôtés de l’Etat. Tout programme à destination de lajeunesse ne réussira que si l’on parvient à susciterl’engagement d’entreprises de toutes tailles. Maindans la main, les acteurs politiques et économiques doiventse mobiliser pour offrir des perspectives d’avenir à lajeunesse. Mais, les entreprises ne s’impliqueront quesi elles trouvent également un intérêt économiqueà l’alternance. Plusieurs mesures peuvent rapidementêtre engagées pour les y encourager.

Proposition 12 : Rendre l’alternance attractive pourles entreprises.

Si la majorité des dirigeants d’entreprises souhaitentpouvoir contribuer à la formation d’un jeune24, denombreux freins rendent encore ce pas difficile à franchir.

12.a Revoir le rythme de l’alternance pour lerendre compatible avec celui de l’entreprise.Cette évolution, dont l’application est laissée auxbranches professionnelles, sera facilitée par laréforme des contenus et méthodes del’enseignement professionnel, qui permettra auxélèves de passer davantage de temps en entreprise.Cela permettra à la fois de dispenser aux jeunes uneformation moins hachée et de simplifierl’organisation pratique au sein des entreprises. Unmodèle ne devra pas s’imposer systématiquement àtous les acteurs mais différents formats pourrontcohabiter, laissant ainsi davantage de liberté àl’ensemble des acteurs.

12.b Un principe doit prévaloir dans la rémunérationdes alternants : si les entreprises qui les accueillentacceptent de prendre en charge une partie de leur

formation, cela ne peut se faire au détriment de leursimpératifs de rentabilité. Aujourd’hui, si larémunération dépend de l’âge et du niveau d’étudesdes alternants, elle est déjà – dans une immensemajorité des cas – inférieure au SMIC. Mais l’Etat doitencore engager une réduction du coût du travailpour inciter les entreprises à embaucher des jeunesnon qualifiés. Cela passe par la mise en placed’exonérations de charges patronales et d’unerémunération au SMIC horaire – au prorata dutemps passé dans l’entreprise – uniquement pourles alternants dont la rémunération excède ouéquivaut actuellement au SMIC. Il s’agira là d’unseuil de rémunération minimal, que lesentreprises pourront bien évidemment dépasser sielles le souhaitent.

Proposition 13 : Faciliter la gestion de l’alternancepour les entreprises.

13.a Donner à tous les contrats en alternance unsocle juridique commun, tout en laissant lapossibilité de différentes modalités d’alternance. Seulun tel rapprochement pourra accroître la lisibilitéet l’efficacité de l’alternance. Faire converger lescontrats de professionnalisation et d’apprentissage,notamment sur le droit du travail, offrirait àl’ensemble des acteurs une véritable simplificationdans la gestion de leur personnel. Pour ces deuxcontrats, il faudra aligner les conditions desécurité et les restrictions pesant sur lesjeunes en alternance sur celles exigées pourles salariés, et supprimer les restrictionsspécifiques à l’alternance : en octobre 2014, unlycée professionnel sur quatre indique avoir déjàperdu des terrains de stage du fait de l’application dela circulaire sur l’utilisation de machines dangereuses(selon le SNPDEN-Unsa). Beaucoup de chefsd’entreprise, particulièrement dans les secteurs entension, ne peuvent engager d’apprentis en raison deces règles et, pour les accueillir, ont besoin d’unevéritable simplification dans la gestion de leurpersonnel.

13.b Permettre une lisibilité accrue des dispositifspour les entreprises. Mettre en place desguichets pour l’alternance, similaires au « Centredes Formalités des Entreprises » pour la création

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(23) Propositions 2014 de l'ANDRH (Association nationale des Directeurs des ressources humaines), Emploi des jeunes et formation tout au long de lavie : quelles responsabilités ?, note, juin 2014.

(24) « 54% des entreprises déclarent « vouloir augmenter la part d’alternants » in Propositions 2014 de l'ANDRH (Association nationale des Directeursdes ressources humaines), Emploi des jeunes et formation tout au long de la vie : quelles responsabilités ?, note, juin 2014.

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d’entreprise, permettant de prendre en charge toutesles démarches administratives de l’entreprise et del’alternant pour la mise en place de leur collaboration(contrat, formalités avec l’école, avec l’OPCA, etc.).Ces guichets – facilement accessibles mais nonobligatoires – qui ne devront pas se limiter à unespace d’information, pourraient être développés parles missions locales pour l’emploi.

13.c Les entreprises se perdent souvent dans ce qu’ellesvivent comme un véritable maquis réglementaireentourant les différentes modalités d’accueil d’un jeune en alternance. Le contrat deprofessionnalisation peut être, pour desraisons de simplification, harmonisé avec lecontrat d’apprentissage. Mais il conserve sapertinence : compléter la formation initiale etpermettre – dans le cadre d’un recrutement – decombler d’éventuelles carences en termes deconnaissances ou de compétences. Ce contrat – conçucomme une aide à l’insertion professionnelle –,dont la part réservée à la formation certifiante estlimitée à 15 % à 25 % du temps total, doit continuerà être développé en parallèle à l’apprentissage.

Proposition 14 : Imaginer des dispositifs incitatifsen élargissant les possibilités d’utilisation des fondsde la taxe d’apprentissage par les entreprises.

Il faut imaginer des dispositifs plus incitatifs pourles entreprises et – si elles comptent plus de 4 % dejeunes en alternance parmi leurs effectifs – les autoriser àdépenser les fonds de la taxe d’apprentissage(0,68 % de leur masse salariale) pour créer, financer oucofinancer leurs propres centres de formation.

Cette incitation pourra aussi prendre la forme delabels venant certifier la mise en place d’un cycle deformation en alternance. Ce label pourrait être assorti d’un certificat « d’excellence » en cas de réponse à unappel d'offre, d’accueil d’un certain nombre de« décrocheurs », etc. mais il faudra également accroîtresubstantiellement la composante « bonus » quiexiste déjà dans le système actuel.

Proposition 15 : Connecter davantage universitéset entreprises en systématisant les bonnes pratiques d’alternance existantes.

15.a Encourager les bonnes pratiques dansl’enseignement supérieur. L’augmentation desentrées en apprentissage, entre 2004-2010, n’est duequ’à l’essor de l’apprentissage dans l’enseignementsupérieur (+ 24 %). Plus du quart des apprentis sont aujourd’hui des étudiants du supérieur.L’apprentissage s’est affirmé comme unpuissant vecteur d’insertion professionnelledans l’enseignement supérieur et il estnécessaire de soutenir et d’étendre cette dynamiqueaux établissements qui n’y participent pas encore.

Ainsi, dans les universités – les grandes écoles le font déjàdepuis longtemps – il faudra instaurer systéma-tiquement des stages certifiants, qui délivreront descrédits et entreront dans le processus de validation des diplômes. Les universités devront aussi se doter de conseillers capables d’aider activement lesétudiants dans leur insertion professionnelle.

Enfin, les grandes écoles devraient faire davantage deplace aux étudiants ayant suivi une formation enapprentissage dans leurs processus d’admission.

15.b Encourager des partenariats durables entreles universités et les entreprises. Les universitésdevront être soutenues dans la mise en œuvred’écosystèmes coopératifs qui favorisent l’innovation,tant dans ses processus dans le cadre de ses cursus

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(25) Pierre Cahuc, Marc Ferracci, avec la contribution de Jean Tirole et Etienne Wasmer, L’apprentissage au service de l’emploi, CAE, note, décembre 2014

Entrées en apprentissage selon le niveau dediplôme à l’entrée (en % du total des entrées)

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– évaluation ouverte, technologie de la rencontre,intelligence collective, open publication, hubscollaboratifs, co-création, etc. –, que dans uneinteraction avec le monde entrepreneurial –développement de fablabs, d’incubateurs, etc.

15.c Favoriser le cumul emploi-études qui permetl’apprentissage des savoir-faire et savoir-êtrede l’entreprise : les études montrent que, jusqu’à16 heures par semaine26, il n’y a aucun impact négatifsur la poursuite des études supérieures.

ANNEXE CHIFFRAGE DES PROPOSITIONS

Économies dégagées par la suppression des contrats aidés (proposition 3) : 1 434 M€ / an

- Suppression des emplois d’avenir : 1 200 M€ / an

- Suppression des contrats de génération : 234 M€ / an

Redéploiement des dépenses : 985,5 M€ / an

- Exonération totale des charges patronales pour toutes les entreprises sur les contrats en alternance(Proposition 3) : 765,2 M€ / an27

- Dispositif « une tablette par apprenti » (Proposition 11) : 13,3 M€ / an28

- Développement des dispositifs de pré-apprentissage (Proposition 3) : 100 M€ / an

- Tutorat renforcé (« coaching ») pour la prise de fonction des alternants (Proposition 11) : 107 M€ / an29

(26) « l’effet du travail salarié est réduit de moitié et peu significatif lorsque l’étudiant travaille moins de 16 heures par semaine » « les étudiants qui occupent un emploi salarié ont en moyenne des probabilités plus élevées de réussite aux examens : ils ne sont pas lesmoins capables, et travailler constitue pour eux le moyen de poursuivre des études qui leur apparaissent comme profitables. Cette corrélation positivepourrait s’expliquer par le fait que les étudiants qui cumulent emploi et études sont en moyenne, toutes choses égales par ailleurs, plusmotivés que les autres par leurs études. » in Magali Beffy, Denis Fougère et Arnaud Maurel, « L’impact du travail salarié des étudiants sur laréussite et la poursuite des études universitaires », Économie et Statistique n°422, 2009.

(27) Aujourd’hui, les employeurs inscrits au répertoire des métiers (artisans) et ceux qui emploient moins de 11 salariés sont totalement exonérés decotisations salariales et patronales, à l'exception des cotisations accident du travail-maladie professionnelle (AT-MP). Pour les autres entreprises, lesexonérations se limitent aux cotisations sociales patronales de Sécurité sociale (hors AT-MP) et aux cotisations salariales légales ou conventionnelles.Le total des charges versées par les entreprises dans le cadre des contrats de professionnalisation et d’apprentissage a été d’environ 765,24 M€ en2014 ; soit environ 336 M€ pour les contrats de professionnalisation et 429,24 M€ pour les contrats d'apprentissage.

(28) Coût récurrent par an estimé sur une base de 130 000 nouveaux alternants par an, et un coût complet de la tablette et des logiciels pédagogiquescorrespondant de 100 euros par alternant.

(29) Estimation réalisée sur une hypothèse de 65 000 nouveaux alternants nécessitant un tuteur spécifique, d’un ratio d’un tuteur pour 25 nouveauxalternants.

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