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Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

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Chili exportation ressources naturelles

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Page 1: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

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Les limites dune croissance fondeacutee su~ Iexportation des reSSQurces nat~relles

Octavio $uaacuterez

Cet article eacuteturue quelques-unes des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique mis en place par le reacutegime militaire chilien entre 1973-1990 et poursuivi par le gouvemement civil Lanalyse est centreacutee sur deux aspects essentiels la strateacutegie de croissance fondeacutee sur lexportation des ressources naturelles et iIe role de I Etat qui derriere une rheacutetorique laquo neacuteolibeacuterale raquo est beaucoup intervenu dans leacuteconomie Le modele a eacuteteacute appliqueacute dan s le cadre dune libeacuteralisation marqueacutee sur le plan commercial et financier qui na toutefois pas eacuteteacute deacutepourvue de quelques traits protectionnistes

Pour son application concrete sont utiliseacutes des politiques et des instruments (reacuteduction des tarifs douaniers reacuteduction des salaires reacuteels deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change) qui provoquent un processus de deacutesindustrialisation et une reacutepartition plus ineacutegalitaire du revenu Consideacuterer le gouvernement Pinochet comme une peacuteriode de laquo reacutevolution capitaliste raquo est peut-etre excessif dautant que cette peacuteriode sest distingueacutee par des taux d accumulation tres faibles

LEacutetat maintient une forte preacutesence dans I eacuteconomie Touteshyfois il utilise relativement mal I eacutenorme rente miniere ainsi que les revenus des entreprises publiques et les flux de la dette exteacuterieure Plus reacutecemment

Chargeacute d enseignemell a IIlliversileacute de Paris J (JEDES) Une Iersionpreacutelimillairede ce lexle a eacuteeeacute disculeacutee au seacuteminaire du eRE-JEDES dirigeacute par J -M Fontaille Oulre ce danier aUleur remercie loue particuieremel1l G Hitcoal pour ses (ommenaires

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Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oc t -deacutec 1993

Chuumli les limites

de la croissance

50

lEacutetat diminue sa participation dans la production miniere des lors la rente sera de plus en plus controleacutee principalement par les multinatismales Ainsi le processus d accumulation traditionnellement dirigeacute par lEtat de meme que les grandes orientations de Iactiviteacute eacuteconomique sont transfeacutereacutes a linvestissement priveacute Celui-ci malgreacute son role preacutepondeacuterant ne fait que reproduire le modele caracteacuteriseacute a la fois par une reprimarisation et par le role accru du secteur tertiaire Enfin du moment que laquo lindustrialisation reste la voie du deacuteveloppement raquo il est tres important de comparer le modele chilien ad autres expeacuteriences y compris celles des pays membres de IOCDE traditionnellement exportateurs de ressources naturelles Dans ces pays bien que la croissance soit engendreacutee par le secteur exportateur ~e produits de base sa continuiteacute est assureacutee par une participation active de 1 Etat qui deacuteploie des poli tiques commerciales voire protectionnistes en faveur du deacutevelopshypement dun secteur manufacturier deacutetenant une place centrale dans le modele Des lors on ne peut que sinterroger sur les fragiliteacutes du modele chilien que la conjoncture de 1993 a mises en eacutevidence

Les caracteacuteristiques du modele

Depuis 1973 iexclla croissance de leacuteconomie chilienne est fondeacutee sur les exportations de produits du secteur primaire L ouverture de l eacuteconomie est spectaculaire les exportations des biens et services repreacutesentent 12 des exportations totales en 1973 et 35 en 1989 bull Des le deacutepart deux eacuteleacutements caracteacuterisent le modele chilien la libeacuteralisation du commerce exteacuterieur grace a labaissement des droits de douane et labsence de controle des changes et de reacuteglementation du commerce exteacuterieur Dans un pays Ol les droits de douane eacutetaient en moyenne en 1973 de 105 les abaisser en 1979 a 10 constitue un changement fondamental 2 CeUe ouverture saccompagne dune forte baisse du taux de change reacuteel Ce qui entraiacutene une brusque deacutesindustrialisation la part de l industrie dans le PIB passe de 30 a22 de 1974 a 1981

En deacutepi de la publiciteacute faite autour des premieres privatisashytions de 1973-1977 lEtat n en conserve alors pas moins les principales entreprises notamment la grande firme Corporacioacuten nacional del cobre de Chile (CODELCO) qui avait le monopole de la quasi-totaliteacute de la production et de I exportation du cuivre Lentreprise est restructureacutee et p1aceacutee sous le controle direct du gouvernement militaire Avec I accroissement de linvesshy

l Pour une bonne preacutesentation de ce pheacutenomene ef Manuel Agosin et Ricardo Ffrench-Davis La liberalizacioacuten comercial en Ameacuterica latina RevislG de la CEPALC nU 50 aout 1993 Cf aussi Sebastian Edwards laquo Openness Trade Liberalization ami Growth in Developing Countries lolIll1al o(Ecollomic Lileraltle septembre 1993 pp 1358- 1393 2 Au deacutebut 1983 le gouvernernent a augmenteacute les droits de douane jusqu a 20 et ensuite jusqu a 35 oc En 1985 ceux-ci ont eacuteteacute reacuteduits jusqu a 30 en rnars et jusqu a 20 en juin En janvier 1988 ils ont baisseacute jusquaacute 15 Le gouvernement civil a approfondi Iouverture et les tarifs ont eacuteteacute reacuteduits jusqu u 11 en juin 1991 Bien que ce ne soit pas I objec tif de ce travail il faut signaler que le Chili est arriveacute vers la fin des anneacutees 1980 aune presque autosuffisance agro-alimentaire griice une politique de protection de la product ion interne de produits comllle le bleacute le mais les oleacuteagineux etc a partir dun meacutecanisme qui introduit dan s la pratique des tarifs douaniers plus eacuteleveacutes que pour le res te de Ieacuteconomie Cest ainsi que dans j accord de libre-eacutechange signeacute avec le Mexique en 1991 ces produits traditionnels ont eacuteteacute exclus CL J C Del Bello el al laquo Modelo econoacutemico y estrategia de relaciones econoacutemicas internacionales de Chile FundaciOacuten andina Buenos Aires 1992

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I

tissement la mise en place d une discipline de fer et dune leacutegislation peu favorable au travail production et productiviteacute augmentent progressivement Le rapport des ventes de la CODELCO au PIB passe de 86 en 1978 a 142 oc en 1989 tandis que celui des entreprises publiques passe de 242 a347 oc au cours de la meme peacuteriode (cf tableau 1) 3

Tableau 1 Les entreprises publiques par rapport au PIS

II 11 11

venlesventes ventes ventesent reprises entreprises CODELCO CODELCOpubliques publiquesen PIB en PIBen PIBen PIB

32 1 1978 242 86 1985 104 98 35419 79 255 1986 97

1987 34 7 1131980 249 89 1988 nd1981 146 199 56

n d 1982 234 1989 142 7 1 94 1990 nd 120 1983 282

1984 84 280 latine N l l

Source Larr ilaga El delici t del seClor puumlbllco y la polltlca fi scal en Chile 1978-1987 CEPALC Sanliago ocL-deacutec 19ge CODELCO Memona) anual plusieurs anneacutees

Noe pOlJr 1986 el 87 11 sagit des recelles COlrantes des entrepflses publiques

En regle geacuteneacuterale les entreprises les plus importantes qui ne sont pas privatiseacutees sont restructureacutees pour gagner ~n efficaciteacute accroiacutetre leur rentabi liteacute et surtout leur apport au budget de lEtat De 1978 a 1985 cet apport passe de 51 a96 Go clu PIB (celui de la CODELCO passe de 23 ~ a34 ) Les entreprises publiques contribuent ainsi ti alleacuteger le budget de l Etat et a reacutecluire les imp6ts directs Ce qui permet de payer les inteacuterets de la croissante dette exteacuterieure et surtout de financer les transferts et subventions au secteur priveacute qui passent durant cette peacuteriode de 29 a 8 du P[B (cf tableau 2)

Tableau 2 Chili la contribution au budget de lEacutetat de la CODELCO et des entreprises publiques

transferts et impoacutets des entreprises pub Iques en au PIB

administration centrale (en du PIB)

total CODELCO reste impoacutets d irects

non cuivre en du PIB

transferts et subventions

au secteur p riveacute

secteur public paiements

des inteacutereacutets

1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985

51 85 78 56 71 87 83 96

23 48 42 20 23 34 29 34

27 37 36 36 48 53 54 62

53 52 54 55 48 31 34 31

29 38 41 69 91 89 82 80

24 2 1 17 12 23 34 44 55

Source Larrantildeaga 1990

3 En 1980 la valeur aiouleacutee des enlreprise~ publiques repreacutesenle 142 du PIB ch iffre seulement deacutepasseacute en Ameacuterique latine par le Venezuela eL Roberl Devl in (1992) Las privalizaciones y el bieneslar soc ial raquo Relisa de la CEPALC n 49 avril 1993 lableau 1

Problemes dAmeacuterique

1993

ehl li les limiles de la crolssanc

51

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La deuxieme vague de privatisations de 1985-1989 sert pour Iessentiel a financer les deacutepenses courantes et a eacutequilibrer les finances publiques qui du reste preacutesentent un solde exceacutedentaire apartir de 1989

Comme l indique le tableau 3 de 1975 a1990 la CODELCO apporte 12 milliards de dollars aux caisses de l Etat el ne consacre qu une petite partie de ses revenus aux investissements innovants susceptibles dassurer son expansion along terme Elle est meme laquo inviteacutee ase financer grike au creacutedit exteacuterieur raquo 4

Tableau 3 CODELCO apports au budget public et investissements

m il liorlS de dollars US couran ts

I

apports CODELCO au budget

1I

investissements CODELCO

I

apports CODELCO au budget

II

investissements CODELCO

1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984

245 432 399 368 865

1007 480 524 679 557

11 6 111 100 161 178 267 307 234 201 276

1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993

411 455 599

1 467 1961 1505

870 891 493

370 378 323 345 410 331 343 425 n d

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg11

oct -deacutec 1993

Chil i les limites

de la croissance

52 Source CODELCO Memorlai anual plusieurs anneacutees Ffrench-Davis el Bande (1989) Fortin Chilean Copper PO licy International and Internal ASiJects IDS Bulletin vol 17 n 4 1986 Heclor Donoso Defensa del patrimonio nacIOnal edil Confederacioacuten minera de Chile septembre 1993

estimalion a part des deacuteclaralloos du ministre des Finances El MerCUriO ed icioacuten internac ior13l semaine du 20 au 26 janvier 1994

Au cours de cette peacuteriode l investissement public preacuteponshydeacuterantjusqu au deacutebut des anneacutees 1970 diminue par rapport al investissement priveacute dans un contexte de chute importante du taux daccumulation notamment en 1975 et 1982 anneacutees d un veacuteritable etfondrement de la capaciteacute de production 5

La reprise de Ii nvestissement perceptible apres 1987 coinshycide avec les reacutesultats du pleacutebiscite et dautres facteurs comme les nouvelles

dispositions concernant les capitaux eacutetrangers et la conversion des titres de la dette en actifs nationaux La majeure partie de ces investissements est dorigine eacutetrangere

De 1976 anneacutee ou le Chili quitte le Pacte andin a 1987 l investissement direct eacutetranger (lOE) augmente de 2095 milliards de dollars mais reste infeacuterieur acelui de la Colombie (3868 milliards de dollars) pays demeureacute dans le Pacte De 1987 a 1992 I lOE augmente de 2 104 milliards de dollars cest-a-dire davantage quau cours des douze anneacutees preacuteceacutedentes (FMI statistiques financieres internationales)

A partir de 1986 011 note eacutegalement une augmentation de Iinvestissement de portefeuille supeacuterieur a IIDE entre 1987 et 1992 Cet afflux d investissements speacuteculatifs est a mettre en rapport avec des taux

4 Jorge Bande et R Ffnnch-Davis Copper Policies iexclUld rhe Chilean Economy gtJ NOlas CIlicas nO 132 CIEPLAN 1989 p 40 5 Le taux nnn uel moyen de cro issance de I investisscment inreacute rieur brut est de 37 de 1960 ~ 1970 11 chute iexcliexcl -2 0 4 en 1970-1979 et se rCtablit quelque peu uuml 27 en 1980- 1989 (eL Eanque mondiacuteale laquo Rapporl sur le deacuteve loppement dnns le monde 1981 et 19() I raquo)

I

d inteacuteret domestiques reacuteels tres eacuteleveacutes et avec lachat d actions dentreprises nationales

Mais cest peut-etre sa reacutepartition sectorielle qui constitue la caracteacuteristiqlle la plu impOltante de I IDE Oepuis 1973 celui-ci se concentre elans les secteurs traditionnels En 1990 il se reacutepartit de la maniere suivante 50 dans le secteur primaire (les mines) 198 dans le secteur secondaire et 296 elans le secteur tertiaire Alors que I Etat abanelonne son role elirigeant et reacuteglllateur en matiere el accllmUllation que les investisshysements priveacutes nationaux se font rares la libeacuteral isation qui veut assurer la laquo meilleure reacutepartition des ressources raquo laisse I lOE reproduire le modele dexportation des produits de base Il faut noter ainsi que I indique le tableau 4 tIue le Chili est avec la Bolivie le pays de la reacutegion elont la part de I lOE elans le secteur manufacturier est la plus faible

Tab leau 4 Chili et autres pays d Ameacuterique latine Reacutepartition sectorielle du stock de Iinvestissement direct eacutetranger ()

Terliai re Primaire Secondaire Tolal

Chlll 1980 41 2 253 335 100 1990 296506 198 100

Peacuterou 1980 438 343 100 1990

219 347 34 2 31 1 100

Argenline 1980 149 223 100 1990

628 140 604 258 100

Sreacutesi l 1980 37 744 219 100 1990 29 278693 100

Mexique 1980 17451 775 100 1990 19 623 358 100

Solivie 1980 672 180 148 100 1990 714 132 154 100

Colombie 1980 707 22961 100 1990 459 424 116 100

Venezuela 1980 18 617 293 100

I 1990 50 707 163 100

Source CEPAL-Crr Tireacute de JA f uentes (1992)

Lanalyse de l IOE provenant eles Eacutetats-Unis (cf tableau 5) penne el appreacutehender un autre pheacutenomene Ce type d investissements pratiquement inexistant en 1985 (88 millions de doBars) atteint 0672 miUiard ele dollars en 1988 1876 milliard de dolJars en 1990 et 2446 milliards de dollars en 1992 En 1992 I IDE venant des Eacutetats-Unis soriente en majoriteacute vers les secteurs bancaire et financier (56 du total) C est ce qui fait que le secteur financier chilien avosation de place importante au niveau reacutegional se trouve sous le controle eles Etats-Unis Cest ainsi que trois consortiums de ce pays controlent 612 des fonds accumuleacutes dans les administradoras de fondos de pensiones (AFP) (socieacuteteacutes administratrices de caisses de retraites) 6 En 1990 ces AFP possedent pour 68 miUiards de dollars dactifs

Oacute Confederacioacuten Minera de Chile IIJ crsiaacuten extranjera en la mineriacutea ch ilena (seleccioacuten de text()s) p 7 mars 1992

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocL-deacutec 1993

ehili les limiles de la crolssance

53

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I

soit 265 du PIB Les banques chiliennes qui reyoivent a nouveau des creacutedits a long terme profitent des faibles taux dinteacuteret intemationaux pour emprunter aux banques nord-ameacutericaines et preter ensuite al Argentine au Peacuterou et a la Bolivie a des taux multiplieacutes par deux ou trois 7

Tableau 5 Stocks de Iinvestissement direct des Eacutetats-Unis en Ameacuterique latine

(en millions de dollars)

1980 1985 1988 1989 1990 1991 1992

Ameacuteri que latine a 38761 28 261 53506 62 145 70752 76 214 88860 donl Breacutesil 7704 8893 12609 14 025 14268 14 882 161 14

Mexique 5986 5088 571 2 8264 10 255 12257 13330 Argent ine 2540 2 705 2 597 22 15 2479 2767 3353

Chi li 536 88 672 1 412 1876 1 916 2446 Colomb ie 1012 2 148 2248 1660 1647 1627 2077

Venezuela 1 908 1588 1903 932 1 063 1 424 1 725 Peacuterou 1 665 1243 976 813 594 522 466

Eacutequateur 322 36 1 431 30 1 278 296 3 10

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oel deacutec 1993 Souree eacutelaboreacute aacute parl1 r de SU0iexcley 01 Currenl BUSiness (julllel 1993 el JUln 1992) US Bureau 01 Economic Analysls et Slati sllcal Abstraet o lhe United Slates 1993 US Deo 01 Commerce

e hil i a Lalin Ameriea and other Western Hemisphere les lim iles

de la croissan ce Ta bleau 6 Reacutepartition par secteurs de lOE des Eacutetats-Unis

54 en 1992 (en millions de dollars US)

total biens manushy

factureacutes peacutetrole commerce banque finanee Iserviees autres

Ameacuterique latine 88860 26 727 4 559 3 342 7 731 40537 1066 4 898 dont Breacutesi l 161 14 12014 668 197 1022 1 839 94 28 1

Mexique 13330 928 1 777 798 325 1935 Argenline 3353 1633 499 159 430 538 60 35

Chil i 2 446 257 - 191 353 1 030 408 Colombie 2077 699 596 107 10 10 -

Venezuela 1 725 1 069 179 175 111 30 Peacuterou 466 18 - 59 O 9 306

Eacutequaleur 31 0 88 154 38 5 - O

Source Survey 01 Current Business Julllet t993

- supprimeacute alin devlter la divulgatlon de ehiflres de compagn ies uniques ou peu nombreuses

Les mesures essentielles qui caracteacuterisent le modele (baisse des droits de douane deacutevaluation et baisse du salaire reacuteel) sont non seulement deacutesindustrialisantes mais aussi profondeacutement excluantes car elles aggravent les dispariteacutes dans la distribution du revenu Pablo Arellano a deacutemontreacute comment la deacutepreacuteciation reacuteelle permanente signifie que d une part s opere une redistribution des ressources favorable aux exportateurs et une plus importante reacuteattribution de ressources al expoltation et que d autre part cette deacutepreacuteciation n est pas synonyme d acceacuteleacuteration de l inflation dans la mesure Ol celle-ci est accompagneacutee dune baisse importante des revenus reacuteels de certains facteurs de production notamment du travail 8 Au deacutebut

7 Cf The Banker juin 1993 p 21 8 Pablo Arell ano laquo Crisis y recuperacioacuten econoacutemica en Chile en los alios 80 raquo Coleccioacuten de E sudios elEPLAN nO 24 juin 19R8

I

I

1992 on estime que les salaires reacuteels nont pas encore retrouveacute leur niveau de 1970 9

Ainsi a la fin du gouvernement Pinochet qui 1aisse ainsi un heacuteritage redoutable le pays compte cinq mirIions de pauvres soit pres de 40 de la population Parmi les pays pour lesquels on dispose de donneacutees le Chili est celui qui a connu la plus forte aggravation des dispariteacutes dans la distribution du revenu Alors quen 1968 la part du revenu national qui eacutechoit aux 20 les plus riches de la population est de Si4 en 1989 elle s eacuteleve a 629 De 1eur coteacute les 20 les plus pauvres voient leur part du revenu nationa1 se reacuteduire au cours de la meme peacuteriode de 44 a37 A ieacutechelle de l Ameacuterique latine seul le Breacutesil a connu en 1989 une situation plus grave Cependant depuis 1968 ce processus de deacuteteacuterioration revet au Chili une ampleur bien supeacuterieure (cf tableau 7) Les riches peuvent eacutechapper a l impct de la crise grike a la fuite de capitaux JO ala remise de leurs dettes par rEtat el ala reacuteduction de limpot direct Les pauvres sont les plus attecteacutes par la reacuteduction des deacutepenses sociales dont la part dans le budget du Problemes

dAmeacuteriquegouernement central est fortement reacuteduite de 1972 a 1989

Tableau 7 Chili et Breacutesil reacutepartition du revenu

i

ehili 1968 1989

Breacutesil 1972 1989

quintile I deuxieme le plus pauVIe 1

44 37

20 21

quintile

90 68

50 49

tro lsieacuteme quintile

138 103

94 89

quatrieacuteme quin ti le

214 162

170 168

latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

e hlli Pourcentage du revenu total les limites

cinquieacuteme qUlntile deacutecile de la croissance le plus riche le plus riche

55

514 34 8 629 489

666 506 675 513

Source Banqlle mondiale Rapport sur le deacutevelop ement dans le monde 1988 el 1993

Le modele dexportation de produits du secteur primaire n induit par ailleurs que peu d emplois dans les domaines clefs a savoir les mines et l agriculture (y compris sylviculture et peche) qui emploient en 1992 un pourcentage de population active plus faible qu en 1973 Apres 1990 Iemploi stagne dans Iagriculture et deacutecroiacutet dans les mines en termes absolus Malgreacute une progression au cours de ces dernieres anneacutees le secteur manufacturier occupe en 1992 un pourcentage de la population active moins important quen 1973 Officiellement le taux de chomage est en 1992 de 48 Mais ce chiffre masque eacutevidemment un taux de sous-emploi important qui englobe Ila pauvreteacute et surtout 1laquo extreme pauvreteacute raquo En 1994 on estime que le secteur infomlel occupe 40 de la population active du pays Un demi-million de femmes travaillent en tant qu employeacutees de maison ou domestiques 11

9 el J C Bello el al op cir p 29 10 Le montant des capitaux qui retournent au ehili de 1983 il 1990 seacuteleve a41 milJiards de dollars ef P Salama laquo Fragiliteacute des nouvelles politiques eacuteconomiques en Ameacuterique latine Problemes d Ameacuterique laline ndeg 10 1993 p 73 11 The Economisl 29 janvier 1994 En 1989 le secteur informe urbain occupe 30 de la population urbaine (presque 90 de la population totaJe) el R Infante et E Klein (1991) laquo Mercado latinoameshyricano del trabajo en 1950-1990 raquo in Relista de la CEPALC n 45 tableau ndeg 4 p 135

I

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Problemes dAmeri~e

latine Ndeg 11

oct-deacutec 1993

Chill les limites

de la croissance

56

Que le nouveau gouvemement civil de mars 1990 ait continueacute aappliquer ce modele cela ne fait aucun doute Les observateurs eacutetrangers 12

mais aussi les membres de leacutequipe deacuteconomistes gouvemementale 10nt reconnu Patrico Meller 1 actuel preacutesident de la CIEPLAN le prestigieux centre deacutetudes dont soot issus les membres de cette eacutequipe deacuteconomistes (Alejandro Foxley le ministre des Finances du gouvernement sortant a preacutesideacute cet organisme) donne [explication suivante ala suite du pleacutebiscite de 1988 devant les bons pronostics de la Concertation pour les eacutelections preacutesidentielles de 1989 la Confeacutedeacuteration de la production et du commerce la plus grande organisation patronale du pays commence a rencontrer les eacuteconomistes de cette coalition afin de deacutebattre de la nouvelle poli tique eacuteconomique laquo Leacutevolution ideacuteologique des dirigeants politiques de la Conshycertation contribue eacutegalement ace changement Devant limminence d une victoire eacutelectorale et les signes encourageants donneacutes par leacuteconomie ceux-ci optent pour une atteacutenuation de leur traditionnelle critique du modele preacuteceacuteshydent lacceptation des aspects positifs de la structure eacuteconomique en place et surtout la reconnaissance de Iimportance du role de la proprieacuteteacute priveacutee et du patronat pour le deacuteveloppement ( ) Il se produit ainsi une association d inteacuterets entre le patronat et ceux qui vont constituer le gouvernement de la Concertation raquo 13

Ainsi reprendre ce modele a son compte cest penser que laquo le moteur de la croissance reacuteside toujours dans les exportations raquo et quil est laquo indispensableraquo de conserver un taux de change baso En bref quil faut laquo maintenir les exportations a un rythme de croissance eacuteleveacute raquo 14

Cependant les exportations baissent de 7 en 1993 et pour 1994 on preacutevoit une croissance de 78 Laugmentation du PIB qui est de 103 en 1992 tombe a6 en 1993 pour atteindre selon les preacutevisions 45 en 1994 (d tableau 8) Jusqu aquel point de tels reacutesultats remettent-ils ce modele en question Le gouvernement formeacute apres les eacutelections de deacutecembre 1993 se propose datteindre une croissance moyenne de 6 par an

Depuis 1993 la diversification des exportations connaiacutet eacutegalement des limites tous les prix des principaux produits d exportation du Chili baissent Cette chute n est plus compenseacutee par une augmentation du volume exporteacute comme en 1992 L ineacutelasticiteacute des exportations jointe a la saturation des marcheacutes et au protectionnisme europeacuteen souligne la fragiliteacute d une croissance fondeacutee sur iexportation de produits de base par ailleurs menaceacutee par les difficulteacutes du marcheacute mondial Le cuivre est le seul atout stable (d infra) en termes relatif et absolu de I eacuteconomie chilienne Pour tous les autres produits (les fruits la farine de poisson et la cellulose) le

12 Tlie EIU COIIIlry Profile 993-1994 p lO indique laquo Le gouvernernent Aylwin a conserveacute sans quasiment les modifier les mesures de politique eacuteconomique qui ont fait la preuve de leur succes SOUS

le gouvcmemenl anteacuterieur raquo De son coteacute Nord Sud Expon Consultants affirme laquo De IOUS les pays dAmeacuterique latine le Chili est celui qui affiche la meilleure siluation eacuteconomique et financiere Cest le reacutesullat dun modele eacuteconornique neacuteo-Libeacuteral adopteacute sous une dictature rnilitaire et grace iexcliexcl son appareil reacutepressif puis conserveacute dans sa phase de ctoissance auto-entrelenue par la coalilion au pouvoir dcpuis mars 1990 qui a donneacute la prioriteacute au respeet des grands eacutequilibres macro-eacuteconomiques sans pour autant oublier l apurement progressif de la delle sociale Les opposants d hier ont repris 11 leur compte Ieacuteconomie de marcheacute bien conscients de la neacutecessiteacute de preacuteserver la poule aux oeufs d or raquo (Dossier Chili 4 octobre 1993pIS) 13 Osear Muntildeoz el al Chile en IlOlHiciriacuten estrategia econoacutemica y poliacutetica Coleccioacuten de Estudios CIEPLAN ndeg 37 juin 1993 p 110 14 O Muntildeoz el al op cit pp 126 et 127

I

I

Tab leau 8 Chili eacutevolution reacutecente et perspectives de Ieacuteconomie

1990 1991 1992 1993 1994

PIS reacuteel croissance en

inflation (fin danneacutee en )

exportations (mi llions de US $)

dont cuivre

importa lions (milliacuteons de dollars US)

balance commerciale (mill ions de dollars US)

compte couran t (millions de dollars US)

detre ex1eacuterieure (mill iards de dollars US)

taux de change (f in d anneacutee pesos par dOllar)

21

27 3

8310

4021

7037

1 273

-082

186

3371

61

187

8929

3617

7353

1576

93

180

374 5

103

127

9986

3886

9237

749

-583

189

3823

60

122

9215

3500

10 209

-995

-2310

202

4280

45

100

10030

3430

11 100

-1070

-2300

2 18

4600

Source The Eco omls Counlry Repar 1992 el 1993 et ler trimestre 1994 El Mercurio (20 au 26 iexclanviacuteer 1994) eacutedition imernalionale

bull pro~ct ions

Chili nest quun producteur certes doteacute d une certaine importance mais aussi tres menaceacute en ce qui concerne la demande et potentiellement l offre De plus au moins a court et moyen termes les preacutevisions d augmentation des exportations de produits manufac tureacutes proposeacutees par certains eacuteconomistes ne tiennent pas compte du processllS de deacutesindustrialisation engendreacute par ce modele Si lon assiste a une certaine reprise de linves tissement au cours de ces dernieres anneacutees on De peut se prononcer en l absence d information sur leur nature sur les possibiliteacutes dexportatioo de produits manufactureacutes Les rapports les plus connus sur leacuteconomie ehilienne ne font reacutefeacuterence qu a quelques projets de ereacuteation dentreprises relativement modestes quant aux investissements ee qui n autorise pas a eacutetablir des preacutevisions optimistes Enfin on ne doit pas oublier que le gel des salaires la restrierion du ereacutedit et de la eonsommation ainsi que des ta x d inteacuteret eacuteleveacutes eonseacutequence de la politique de refroidissement de Ieacuteco omie jouent contre la production de produits manufaetureacutes

Le role de la politique du taux de change

Le role de la politique du taux de ehange dans la promotion des exportations et dans la croissanee de Ieacuteconomie ehilienne est devenu fondamental dan s les anneacutees 1980 Pour des raisons de simpliciteacute Janalyse est diviseacutee en trois peacuteriodes Dabord la peacuteriode 1973-1981 qui se termine par une importante appreacuteciation Ensuite la peacuteriode 1982-1990 earacteacuteri seacutee par une importante deacutepreacuteei ation reacuteelle du taux de change Enfin la peacuteriode 1990-1993 OU l on constate une leacutegere appreacuteciation (ef graphique 1 et tableau 9)

lt

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chlli les limites de la crolssance

57

I

Graphique 1 Taux de change effectit reacuteel 1

(1985 = 100)

195-r-------------------------------------------------

170

145

120

Probleacutemas dAmeacuteriqMe

latine 95 N 11

oct-deacutec 1993

Chlll 70 -4--T-------r---r-------r----T-r--r----or----o--- les limItes

de la crOlssance 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993

58 Jusquen septembre 1993

Source FMI (voir tableau 9)

1 Ce taux de ctlange reacuteel mesure le oegreacute de cornpeacutetrl rvl teacute-pri x de Ieacuteconorrlle chilienne lace aux pnnclpaux pays parlerralres Un accroissemenl de Iindice tradult une appreacuteciallon reacuteelle (IIne perte de compeacutelil iviteacute ) une diminution traduit une deacutepreacuteciaton reacuteetle (1m gein de compeacutetillvl teacute )

La peacuteriode 1973-1981

Pendant ses premieres anneacutees et jusqu au deacutebut des anneacutees 1980 le gouvernement Pinochet a comme objectif central la reacuteduction de l inflation La politique du taux de change se caracteacuterise par une grande incoheacuterence application de fortes deacutevaluations (1973-1975) eacutetablissement d un taux de change unique (1976) mise en place d un systeme de mini-deacutevaluations (anneacutee 1975 et de feacutevrier 1978 ajuin 1979) et entre juin 1979 et juin 1982 applicarion d un taux de change fixe qui laquopervertitraquo 15 la libeacuteralisation Lexpeacuterience se termine par une importante appreacuteciation du taux de change qui exprime le pheacutenomene dll laquo syndrome hollandais raquo 16 En 1981 le deacuteficit en compte courant atteint un record puisquil se situe a 145 du PIB En 1982 le gouvernement reacutellssit a ramener linflation a 99 (elle a atteint presque 500 en moyenne en 1973-1974) cependant le Chili sombre dans

15 Cest ainsi que le deacutefinit Bela Balassa (1985) Chalge (Ind Chalelige ilhe Word Ecololly p 180 CEssay 8laquo Polie) Experiments in Chile raquo 1973-1983 MacMillan) 16 Lance Taylor montre comment une disponibiliteacute accrlle des ressources exteacuterieures Ce les anneacutees 1979-1981 dans le tiexcliexclbleau 9) peut eonduire a une appreacuteeiation de la monnaie et it une contraction lallt des exportations que de Iaetiviteacute eacuteeonomique interne el cela en fonction de Iarriveacutee des importmions coneurrentielles n sagit done d un cas speacutecifique delaquo Dutch disease ) qlli peut intervenir dans les pays surendetteacutes ou qui re~oivent suite ades circonstances particulieres des capitaux exteacuterieurs trop abondants Voir notammcnt L Taylor (1991)laquo Economjc Openness Problems to lhe Century s End raquo ill EcolomIacute( Liberalizaion No panacea Tario Banuri Edit Oxford and New York Oxford University Press

I

une terrible deacutepression avec les graves conseacutequences eacuteconomiques et sociales qui en deacutecoulent

La peacuteriode 1982-1990 Entre 1982 et 1988 la deacutepression reacuteelle devient linstrument pour ameacuteliorer la balance des paiements et reacutetablir leacuteconomie a partir de la croissance des exportations Le systeme de taux de change fixe est abandonneacute en 1982 apres une deacutevaluation traumatique et un systeme d ajustement quotidien par rapport au dollar est introduit Cela nempeche pas de reacutealiser une maxi-deacuteshyvaluation en 1984 ainsi que quelques mini-deacutevaluations De 1982 a 1986 la deacutepreacuteciation reacuteelle suit Iameacutelioration de la compeacutetuumliviteacute-prix du cuivre face a la chute des prix intemationaux Le Chili parvient meme aaugmenter ses recettes dexportation uuml partir dimportantes augmentations du voJume exporteacute La deacutepreacuteciation reacuteelle stimule aussi les exportations dautres produits de base 11 ne faut pas oublier que le gouvernement adepte du laisser-faire reacutealise des investissements dans les mines de cuivre et continue dencourager la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche comme l ont fait les gouvernements preacuteceacutedems

On estime que la deacutepreacuteciation reacuteelle entre 1980 et 1987 est de ordre de 60 dont plus de b moitieacute compense la chute des prix internationaux et le reste peut etre consideacutereacute comme un gain net de change pour les exportateurs

Le systeme adopteacute par [e Ch ili depuis le fin de 1982 est celui dun taux de change laquo administreacute raquo La Banque centrale fixe un laquo taux de change de reacutefeacuterence raquo qui est deacutevaJueacute chaque jour en fonction du diffeacuterentiel entre l inflation domestique du mois preacuteceacutedent et une estimation du taux moyen d inflation dans les principaux pays partenaires du Chili La Banque centrale achete (ou vend) les quantiteacutes qui sont offertes (ou demandeacutees) par les banques commerciales pour les transactions autoriseacutees ii un prix 2 au-dessous (ou au-dessus) du prix de reacutefeacuterence Le taux de change pour les transactions autoriseacutees flotte librement a I inteacuterieur de cette marge

Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir depuis 1988 colncident avec la reacutecupeacuteration des prix intemationaux et surtout avec un flux de capitaux exteacuterieuumlrs tres importam (cf tableau 9)

La peacuteriode 1990-1993 Lappreacuteciation reacuteelle du taux de change constitue un probleme qui retient lattemion du nouveau gouvernement car ce pheacutenomene affecte les ex porshytations et la croissance de Jeacuteconomie Cette situation enregistreacutee depuis 1990 ne semble avoir eacuteteacute contenue par le gouvernement que jusqu ii la fin de 1993 (cf tableau 9 et graphique 1)

Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa croissance Depuis la fin des anneacutees 1980 un important flux net de capitaux eacutetrangers en majoriteacute speacuteculatif exerce une pression a la hausse du taux de change (cf tableau 9) Leacuteconomie est affecteacutee a l instar du pheacutenomene

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les limi tes de la croissance

59

I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

I

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

I

I

Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

62

Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

I

les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

63

I

Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

64

iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

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iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

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Problemes dAmeacuterique

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oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

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Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 2: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

I

Les limites dune croissance fondeacutee su~ Iexportation des reSSQurces nat~relles

Octavio $uaacuterez

Cet article eacuteturue quelques-unes des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique mis en place par le reacutegime militaire chilien entre 1973-1990 et poursuivi par le gouvemement civil Lanalyse est centreacutee sur deux aspects essentiels la strateacutegie de croissance fondeacutee sur lexportation des ressources naturelles et iIe role de I Etat qui derriere une rheacutetorique laquo neacuteolibeacuterale raquo est beaucoup intervenu dans leacuteconomie Le modele a eacuteteacute appliqueacute dan s le cadre dune libeacuteralisation marqueacutee sur le plan commercial et financier qui na toutefois pas eacuteteacute deacutepourvue de quelques traits protectionnistes

Pour son application concrete sont utiliseacutes des politiques et des instruments (reacuteduction des tarifs douaniers reacuteduction des salaires reacuteels deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change) qui provoquent un processus de deacutesindustrialisation et une reacutepartition plus ineacutegalitaire du revenu Consideacuterer le gouvernement Pinochet comme une peacuteriode de laquo reacutevolution capitaliste raquo est peut-etre excessif dautant que cette peacuteriode sest distingueacutee par des taux d accumulation tres faibles

LEacutetat maintient une forte preacutesence dans I eacuteconomie Touteshyfois il utilise relativement mal I eacutenorme rente miniere ainsi que les revenus des entreprises publiques et les flux de la dette exteacuterieure Plus reacutecemment

Chargeacute d enseignemell a IIlliversileacute de Paris J (JEDES) Une Iersionpreacutelimillairede ce lexle a eacuteeeacute disculeacutee au seacuteminaire du eRE-JEDES dirigeacute par J -M Fontaille Oulre ce danier aUleur remercie loue particuieremel1l G Hitcoal pour ses (ommenaires

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Chuumli les limites

de la croissance

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lEacutetat diminue sa participation dans la production miniere des lors la rente sera de plus en plus controleacutee principalement par les multinatismales Ainsi le processus d accumulation traditionnellement dirigeacute par lEtat de meme que les grandes orientations de Iactiviteacute eacuteconomique sont transfeacutereacutes a linvestissement priveacute Celui-ci malgreacute son role preacutepondeacuterant ne fait que reproduire le modele caracteacuteriseacute a la fois par une reprimarisation et par le role accru du secteur tertiaire Enfin du moment que laquo lindustrialisation reste la voie du deacuteveloppement raquo il est tres important de comparer le modele chilien ad autres expeacuteriences y compris celles des pays membres de IOCDE traditionnellement exportateurs de ressources naturelles Dans ces pays bien que la croissance soit engendreacutee par le secteur exportateur ~e produits de base sa continuiteacute est assureacutee par une participation active de 1 Etat qui deacuteploie des poli tiques commerciales voire protectionnistes en faveur du deacutevelopshypement dun secteur manufacturier deacutetenant une place centrale dans le modele Des lors on ne peut que sinterroger sur les fragiliteacutes du modele chilien que la conjoncture de 1993 a mises en eacutevidence

Les caracteacuteristiques du modele

Depuis 1973 iexclla croissance de leacuteconomie chilienne est fondeacutee sur les exportations de produits du secteur primaire L ouverture de l eacuteconomie est spectaculaire les exportations des biens et services repreacutesentent 12 des exportations totales en 1973 et 35 en 1989 bull Des le deacutepart deux eacuteleacutements caracteacuterisent le modele chilien la libeacuteralisation du commerce exteacuterieur grace a labaissement des droits de douane et labsence de controle des changes et de reacuteglementation du commerce exteacuterieur Dans un pays Ol les droits de douane eacutetaient en moyenne en 1973 de 105 les abaisser en 1979 a 10 constitue un changement fondamental 2 CeUe ouverture saccompagne dune forte baisse du taux de change reacuteel Ce qui entraiacutene une brusque deacutesindustrialisation la part de l industrie dans le PIB passe de 30 a22 de 1974 a 1981

En deacutepi de la publiciteacute faite autour des premieres privatisashytions de 1973-1977 lEtat n en conserve alors pas moins les principales entreprises notamment la grande firme Corporacioacuten nacional del cobre de Chile (CODELCO) qui avait le monopole de la quasi-totaliteacute de la production et de I exportation du cuivre Lentreprise est restructureacutee et p1aceacutee sous le controle direct du gouvernement militaire Avec I accroissement de linvesshy

l Pour une bonne preacutesentation de ce pheacutenomene ef Manuel Agosin et Ricardo Ffrench-Davis La liberalizacioacuten comercial en Ameacuterica latina RevislG de la CEPALC nU 50 aout 1993 Cf aussi Sebastian Edwards laquo Openness Trade Liberalization ami Growth in Developing Countries lolIll1al o(Ecollomic Lileraltle septembre 1993 pp 1358- 1393 2 Au deacutebut 1983 le gouvernernent a augmenteacute les droits de douane jusqu a 20 et ensuite jusqu a 35 oc En 1985 ceux-ci ont eacuteteacute reacuteduits jusqu a 30 en rnars et jusqu a 20 en juin En janvier 1988 ils ont baisseacute jusquaacute 15 Le gouvernement civil a approfondi Iouverture et les tarifs ont eacuteteacute reacuteduits jusqu u 11 en juin 1991 Bien que ce ne soit pas I objec tif de ce travail il faut signaler que le Chili est arriveacute vers la fin des anneacutees 1980 aune presque autosuffisance agro-alimentaire griice une politique de protection de la product ion interne de produits comllle le bleacute le mais les oleacuteagineux etc a partir dun meacutecanisme qui introduit dan s la pratique des tarifs douaniers plus eacuteleveacutes que pour le res te de Ieacuteconomie Cest ainsi que dans j accord de libre-eacutechange signeacute avec le Mexique en 1991 ces produits traditionnels ont eacuteteacute exclus CL J C Del Bello el al laquo Modelo econoacutemico y estrategia de relaciones econoacutemicas internacionales de Chile FundaciOacuten andina Buenos Aires 1992

I

I

tissement la mise en place d une discipline de fer et dune leacutegislation peu favorable au travail production et productiviteacute augmentent progressivement Le rapport des ventes de la CODELCO au PIB passe de 86 en 1978 a 142 oc en 1989 tandis que celui des entreprises publiques passe de 242 a347 oc au cours de la meme peacuteriode (cf tableau 1) 3

Tableau 1 Les entreprises publiques par rapport au PIS

II 11 11

venlesventes ventes ventesent reprises entreprises CODELCO CODELCOpubliques publiquesen PIB en PIBen PIBen PIB

32 1 1978 242 86 1985 104 98 35419 79 255 1986 97

1987 34 7 1131980 249 89 1988 nd1981 146 199 56

n d 1982 234 1989 142 7 1 94 1990 nd 120 1983 282

1984 84 280 latine N l l

Source Larr ilaga El delici t del seClor puumlbllco y la polltlca fi scal en Chile 1978-1987 CEPALC Sanliago ocL-deacutec 19ge CODELCO Memona) anual plusieurs anneacutees

Noe pOlJr 1986 el 87 11 sagit des recelles COlrantes des entrepflses publiques

En regle geacuteneacuterale les entreprises les plus importantes qui ne sont pas privatiseacutees sont restructureacutees pour gagner ~n efficaciteacute accroiacutetre leur rentabi liteacute et surtout leur apport au budget de lEtat De 1978 a 1985 cet apport passe de 51 a96 Go clu PIB (celui de la CODELCO passe de 23 ~ a34 ) Les entreprises publiques contribuent ainsi ti alleacuteger le budget de l Etat et a reacutecluire les imp6ts directs Ce qui permet de payer les inteacuterets de la croissante dette exteacuterieure et surtout de financer les transferts et subventions au secteur priveacute qui passent durant cette peacuteriode de 29 a 8 du P[B (cf tableau 2)

Tableau 2 Chili la contribution au budget de lEacutetat de la CODELCO et des entreprises publiques

transferts et impoacutets des entreprises pub Iques en au PIB

administration centrale (en du PIB)

total CODELCO reste impoacutets d irects

non cuivre en du PIB

transferts et subventions

au secteur p riveacute

secteur public paiements

des inteacutereacutets

1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985

51 85 78 56 71 87 83 96

23 48 42 20 23 34 29 34

27 37 36 36 48 53 54 62

53 52 54 55 48 31 34 31

29 38 41 69 91 89 82 80

24 2 1 17 12 23 34 44 55

Source Larrantildeaga 1990

3 En 1980 la valeur aiouleacutee des enlreprise~ publiques repreacutesenle 142 du PIB ch iffre seulement deacutepasseacute en Ameacuterique latine par le Venezuela eL Roberl Devl in (1992) Las privalizaciones y el bieneslar soc ial raquo Relisa de la CEPALC n 49 avril 1993 lableau 1

Problemes dAmeacuterique

1993

ehl li les limiles de la crolssanc

51

I

La deuxieme vague de privatisations de 1985-1989 sert pour Iessentiel a financer les deacutepenses courantes et a eacutequilibrer les finances publiques qui du reste preacutesentent un solde exceacutedentaire apartir de 1989

Comme l indique le tableau 3 de 1975 a1990 la CODELCO apporte 12 milliards de dollars aux caisses de l Etat el ne consacre qu une petite partie de ses revenus aux investissements innovants susceptibles dassurer son expansion along terme Elle est meme laquo inviteacutee ase financer grike au creacutedit exteacuterieur raquo 4

Tableau 3 CODELCO apports au budget public et investissements

m il liorlS de dollars US couran ts

I

apports CODELCO au budget

1I

investissements CODELCO

I

apports CODELCO au budget

II

investissements CODELCO

1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984

245 432 399 368 865

1007 480 524 679 557

11 6 111 100 161 178 267 307 234 201 276

1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993

411 455 599

1 467 1961 1505

870 891 493

370 378 323 345 410 331 343 425 n d

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg11

oct -deacutec 1993

Chil i les limites

de la croissance

52 Source CODELCO Memorlai anual plusieurs anneacutees Ffrench-Davis el Bande (1989) Fortin Chilean Copper PO licy International and Internal ASiJects IDS Bulletin vol 17 n 4 1986 Heclor Donoso Defensa del patrimonio nacIOnal edil Confederacioacuten minera de Chile septembre 1993

estimalion a part des deacuteclaralloos du ministre des Finances El MerCUriO ed icioacuten internac ior13l semaine du 20 au 26 janvier 1994

Au cours de cette peacuteriode l investissement public preacuteponshydeacuterantjusqu au deacutebut des anneacutees 1970 diminue par rapport al investissement priveacute dans un contexte de chute importante du taux daccumulation notamment en 1975 et 1982 anneacutees d un veacuteritable etfondrement de la capaciteacute de production 5

La reprise de Ii nvestissement perceptible apres 1987 coinshycide avec les reacutesultats du pleacutebiscite et dautres facteurs comme les nouvelles

dispositions concernant les capitaux eacutetrangers et la conversion des titres de la dette en actifs nationaux La majeure partie de ces investissements est dorigine eacutetrangere

De 1976 anneacutee ou le Chili quitte le Pacte andin a 1987 l investissement direct eacutetranger (lOE) augmente de 2095 milliards de dollars mais reste infeacuterieur acelui de la Colombie (3868 milliards de dollars) pays demeureacute dans le Pacte De 1987 a 1992 I lOE augmente de 2 104 milliards de dollars cest-a-dire davantage quau cours des douze anneacutees preacuteceacutedentes (FMI statistiques financieres internationales)

A partir de 1986 011 note eacutegalement une augmentation de Iinvestissement de portefeuille supeacuterieur a IIDE entre 1987 et 1992 Cet afflux d investissements speacuteculatifs est a mettre en rapport avec des taux

4 Jorge Bande et R Ffnnch-Davis Copper Policies iexclUld rhe Chilean Economy gtJ NOlas CIlicas nO 132 CIEPLAN 1989 p 40 5 Le taux nnn uel moyen de cro issance de I investisscment inreacute rieur brut est de 37 de 1960 ~ 1970 11 chute iexcliexcl -2 0 4 en 1970-1979 et se rCtablit quelque peu uuml 27 en 1980- 1989 (eL Eanque mondiacuteale laquo Rapporl sur le deacuteve loppement dnns le monde 1981 et 19() I raquo)

I

d inteacuteret domestiques reacuteels tres eacuteleveacutes et avec lachat d actions dentreprises nationales

Mais cest peut-etre sa reacutepartition sectorielle qui constitue la caracteacuteristiqlle la plu impOltante de I IDE Oepuis 1973 celui-ci se concentre elans les secteurs traditionnels En 1990 il se reacutepartit de la maniere suivante 50 dans le secteur primaire (les mines) 198 dans le secteur secondaire et 296 elans le secteur tertiaire Alors que I Etat abanelonne son role elirigeant et reacuteglllateur en matiere el accllmUllation que les investisshysements priveacutes nationaux se font rares la libeacuteral isation qui veut assurer la laquo meilleure reacutepartition des ressources raquo laisse I lOE reproduire le modele dexportation des produits de base Il faut noter ainsi que I indique le tableau 4 tIue le Chili est avec la Bolivie le pays de la reacutegion elont la part de I lOE elans le secteur manufacturier est la plus faible

Tab leau 4 Chili et autres pays d Ameacuterique latine Reacutepartition sectorielle du stock de Iinvestissement direct eacutetranger ()

Terliai re Primaire Secondaire Tolal

Chlll 1980 41 2 253 335 100 1990 296506 198 100

Peacuterou 1980 438 343 100 1990

219 347 34 2 31 1 100

Argenline 1980 149 223 100 1990

628 140 604 258 100

Sreacutesi l 1980 37 744 219 100 1990 29 278693 100

Mexique 1980 17451 775 100 1990 19 623 358 100

Solivie 1980 672 180 148 100 1990 714 132 154 100

Colombie 1980 707 22961 100 1990 459 424 116 100

Venezuela 1980 18 617 293 100

I 1990 50 707 163 100

Source CEPAL-Crr Tireacute de JA f uentes (1992)

Lanalyse de l IOE provenant eles Eacutetats-Unis (cf tableau 5) penne el appreacutehender un autre pheacutenomene Ce type d investissements pratiquement inexistant en 1985 (88 millions de doBars) atteint 0672 miUiard ele dollars en 1988 1876 milliard de dolJars en 1990 et 2446 milliards de dollars en 1992 En 1992 I IDE venant des Eacutetats-Unis soriente en majoriteacute vers les secteurs bancaire et financier (56 du total) C est ce qui fait que le secteur financier chilien avosation de place importante au niveau reacutegional se trouve sous le controle eles Etats-Unis Cest ainsi que trois consortiums de ce pays controlent 612 des fonds accumuleacutes dans les administradoras de fondos de pensiones (AFP) (socieacuteteacutes administratrices de caisses de retraites) 6 En 1990 ces AFP possedent pour 68 miUiards de dollars dactifs

Oacute Confederacioacuten Minera de Chile IIJ crsiaacuten extranjera en la mineriacutea ch ilena (seleccioacuten de text()s) p 7 mars 1992

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocL-deacutec 1993

ehili les limiles de la crolssance

53

I

I

soit 265 du PIB Les banques chiliennes qui reyoivent a nouveau des creacutedits a long terme profitent des faibles taux dinteacuteret intemationaux pour emprunter aux banques nord-ameacutericaines et preter ensuite al Argentine au Peacuterou et a la Bolivie a des taux multiplieacutes par deux ou trois 7

Tableau 5 Stocks de Iinvestissement direct des Eacutetats-Unis en Ameacuterique latine

(en millions de dollars)

1980 1985 1988 1989 1990 1991 1992

Ameacuteri que latine a 38761 28 261 53506 62 145 70752 76 214 88860 donl Breacutesil 7704 8893 12609 14 025 14268 14 882 161 14

Mexique 5986 5088 571 2 8264 10 255 12257 13330 Argent ine 2540 2 705 2 597 22 15 2479 2767 3353

Chi li 536 88 672 1 412 1876 1 916 2446 Colomb ie 1012 2 148 2248 1660 1647 1627 2077

Venezuela 1 908 1588 1903 932 1 063 1 424 1 725 Peacuterou 1 665 1243 976 813 594 522 466

Eacutequateur 322 36 1 431 30 1 278 296 3 10

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oel deacutec 1993 Souree eacutelaboreacute aacute parl1 r de SU0iexcley 01 Currenl BUSiness (julllel 1993 el JUln 1992) US Bureau 01 Economic Analysls et Slati sllcal Abstraet o lhe United Slates 1993 US Deo 01 Commerce

e hil i a Lalin Ameriea and other Western Hemisphere les lim iles

de la croissan ce Ta bleau 6 Reacutepartition par secteurs de lOE des Eacutetats-Unis

54 en 1992 (en millions de dollars US)

total biens manushy

factureacutes peacutetrole commerce banque finanee Iserviees autres

Ameacuterique latine 88860 26 727 4 559 3 342 7 731 40537 1066 4 898 dont Breacutesi l 161 14 12014 668 197 1022 1 839 94 28 1

Mexique 13330 928 1 777 798 325 1935 Argenline 3353 1633 499 159 430 538 60 35

Chil i 2 446 257 - 191 353 1 030 408 Colombie 2077 699 596 107 10 10 -

Venezuela 1 725 1 069 179 175 111 30 Peacuterou 466 18 - 59 O 9 306

Eacutequaleur 31 0 88 154 38 5 - O

Source Survey 01 Current Business Julllet t993

- supprimeacute alin devlter la divulgatlon de ehiflres de compagn ies uniques ou peu nombreuses

Les mesures essentielles qui caracteacuterisent le modele (baisse des droits de douane deacutevaluation et baisse du salaire reacuteel) sont non seulement deacutesindustrialisantes mais aussi profondeacutement excluantes car elles aggravent les dispariteacutes dans la distribution du revenu Pablo Arellano a deacutemontreacute comment la deacutepreacuteciation reacuteelle permanente signifie que d une part s opere une redistribution des ressources favorable aux exportateurs et une plus importante reacuteattribution de ressources al expoltation et que d autre part cette deacutepreacuteciation n est pas synonyme d acceacuteleacuteration de l inflation dans la mesure Ol celle-ci est accompagneacutee dune baisse importante des revenus reacuteels de certains facteurs de production notamment du travail 8 Au deacutebut

7 Cf The Banker juin 1993 p 21 8 Pablo Arell ano laquo Crisis y recuperacioacuten econoacutemica en Chile en los alios 80 raquo Coleccioacuten de E sudios elEPLAN nO 24 juin 19R8

I

I

1992 on estime que les salaires reacuteels nont pas encore retrouveacute leur niveau de 1970 9

Ainsi a la fin du gouvernement Pinochet qui 1aisse ainsi un heacuteritage redoutable le pays compte cinq mirIions de pauvres soit pres de 40 de la population Parmi les pays pour lesquels on dispose de donneacutees le Chili est celui qui a connu la plus forte aggravation des dispariteacutes dans la distribution du revenu Alors quen 1968 la part du revenu national qui eacutechoit aux 20 les plus riches de la population est de Si4 en 1989 elle s eacuteleve a 629 De 1eur coteacute les 20 les plus pauvres voient leur part du revenu nationa1 se reacuteduire au cours de la meme peacuteriode de 44 a37 A ieacutechelle de l Ameacuterique latine seul le Breacutesil a connu en 1989 une situation plus grave Cependant depuis 1968 ce processus de deacuteteacuterioration revet au Chili une ampleur bien supeacuterieure (cf tableau 7) Les riches peuvent eacutechapper a l impct de la crise grike a la fuite de capitaux JO ala remise de leurs dettes par rEtat el ala reacuteduction de limpot direct Les pauvres sont les plus attecteacutes par la reacuteduction des deacutepenses sociales dont la part dans le budget du Problemes

dAmeacuteriquegouernement central est fortement reacuteduite de 1972 a 1989

Tableau 7 Chili et Breacutesil reacutepartition du revenu

i

ehili 1968 1989

Breacutesil 1972 1989

quintile I deuxieme le plus pauVIe 1

44 37

20 21

quintile

90 68

50 49

tro lsieacuteme quintile

138 103

94 89

quatrieacuteme quin ti le

214 162

170 168

latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

e hlli Pourcentage du revenu total les limites

cinquieacuteme qUlntile deacutecile de la croissance le plus riche le plus riche

55

514 34 8 629 489

666 506 675 513

Source Banqlle mondiale Rapport sur le deacutevelop ement dans le monde 1988 el 1993

Le modele dexportation de produits du secteur primaire n induit par ailleurs que peu d emplois dans les domaines clefs a savoir les mines et l agriculture (y compris sylviculture et peche) qui emploient en 1992 un pourcentage de population active plus faible qu en 1973 Apres 1990 Iemploi stagne dans Iagriculture et deacutecroiacutet dans les mines en termes absolus Malgreacute une progression au cours de ces dernieres anneacutees le secteur manufacturier occupe en 1992 un pourcentage de la population active moins important quen 1973 Officiellement le taux de chomage est en 1992 de 48 Mais ce chiffre masque eacutevidemment un taux de sous-emploi important qui englobe Ila pauvreteacute et surtout 1laquo extreme pauvreteacute raquo En 1994 on estime que le secteur infomlel occupe 40 de la population active du pays Un demi-million de femmes travaillent en tant qu employeacutees de maison ou domestiques 11

9 el J C Bello el al op cir p 29 10 Le montant des capitaux qui retournent au ehili de 1983 il 1990 seacuteleve a41 milJiards de dollars ef P Salama laquo Fragiliteacute des nouvelles politiques eacuteconomiques en Ameacuterique latine Problemes d Ameacuterique laline ndeg 10 1993 p 73 11 The Economisl 29 janvier 1994 En 1989 le secteur informe urbain occupe 30 de la population urbaine (presque 90 de la population totaJe) el R Infante et E Klein (1991) laquo Mercado latinoameshyricano del trabajo en 1950-1990 raquo in Relista de la CEPALC n 45 tableau ndeg 4 p 135

I

I

Problemes dAmeri~e

latine Ndeg 11

oct-deacutec 1993

Chill les limites

de la croissance

56

Que le nouveau gouvemement civil de mars 1990 ait continueacute aappliquer ce modele cela ne fait aucun doute Les observateurs eacutetrangers 12

mais aussi les membres de leacutequipe deacuteconomistes gouvemementale 10nt reconnu Patrico Meller 1 actuel preacutesident de la CIEPLAN le prestigieux centre deacutetudes dont soot issus les membres de cette eacutequipe deacuteconomistes (Alejandro Foxley le ministre des Finances du gouvernement sortant a preacutesideacute cet organisme) donne [explication suivante ala suite du pleacutebiscite de 1988 devant les bons pronostics de la Concertation pour les eacutelections preacutesidentielles de 1989 la Confeacutedeacuteration de la production et du commerce la plus grande organisation patronale du pays commence a rencontrer les eacuteconomistes de cette coalition afin de deacutebattre de la nouvelle poli tique eacuteconomique laquo Leacutevolution ideacuteologique des dirigeants politiques de la Conshycertation contribue eacutegalement ace changement Devant limminence d une victoire eacutelectorale et les signes encourageants donneacutes par leacuteconomie ceux-ci optent pour une atteacutenuation de leur traditionnelle critique du modele preacuteceacuteshydent lacceptation des aspects positifs de la structure eacuteconomique en place et surtout la reconnaissance de Iimportance du role de la proprieacuteteacute priveacutee et du patronat pour le deacuteveloppement ( ) Il se produit ainsi une association d inteacuterets entre le patronat et ceux qui vont constituer le gouvernement de la Concertation raquo 13

Ainsi reprendre ce modele a son compte cest penser que laquo le moteur de la croissance reacuteside toujours dans les exportations raquo et quil est laquo indispensableraquo de conserver un taux de change baso En bref quil faut laquo maintenir les exportations a un rythme de croissance eacuteleveacute raquo 14

Cependant les exportations baissent de 7 en 1993 et pour 1994 on preacutevoit une croissance de 78 Laugmentation du PIB qui est de 103 en 1992 tombe a6 en 1993 pour atteindre selon les preacutevisions 45 en 1994 (d tableau 8) Jusqu aquel point de tels reacutesultats remettent-ils ce modele en question Le gouvernement formeacute apres les eacutelections de deacutecembre 1993 se propose datteindre une croissance moyenne de 6 par an

Depuis 1993 la diversification des exportations connaiacutet eacutegalement des limites tous les prix des principaux produits d exportation du Chili baissent Cette chute n est plus compenseacutee par une augmentation du volume exporteacute comme en 1992 L ineacutelasticiteacute des exportations jointe a la saturation des marcheacutes et au protectionnisme europeacuteen souligne la fragiliteacute d une croissance fondeacutee sur iexportation de produits de base par ailleurs menaceacutee par les difficulteacutes du marcheacute mondial Le cuivre est le seul atout stable (d infra) en termes relatif et absolu de I eacuteconomie chilienne Pour tous les autres produits (les fruits la farine de poisson et la cellulose) le

12 Tlie EIU COIIIlry Profile 993-1994 p lO indique laquo Le gouvernernent Aylwin a conserveacute sans quasiment les modifier les mesures de politique eacuteconomique qui ont fait la preuve de leur succes SOUS

le gouvcmemenl anteacuterieur raquo De son coteacute Nord Sud Expon Consultants affirme laquo De IOUS les pays dAmeacuterique latine le Chili est celui qui affiche la meilleure siluation eacuteconomique et financiere Cest le reacutesullat dun modele eacuteconornique neacuteo-Libeacuteral adopteacute sous une dictature rnilitaire et grace iexcliexcl son appareil reacutepressif puis conserveacute dans sa phase de ctoissance auto-entrelenue par la coalilion au pouvoir dcpuis mars 1990 qui a donneacute la prioriteacute au respeet des grands eacutequilibres macro-eacuteconomiques sans pour autant oublier l apurement progressif de la delle sociale Les opposants d hier ont repris 11 leur compte Ieacuteconomie de marcheacute bien conscients de la neacutecessiteacute de preacuteserver la poule aux oeufs d or raquo (Dossier Chili 4 octobre 1993pIS) 13 Osear Muntildeoz el al Chile en IlOlHiciriacuten estrategia econoacutemica y poliacutetica Coleccioacuten de Estudios CIEPLAN ndeg 37 juin 1993 p 110 14 O Muntildeoz el al op cit pp 126 et 127

I

I

Tab leau 8 Chili eacutevolution reacutecente et perspectives de Ieacuteconomie

1990 1991 1992 1993 1994

PIS reacuteel croissance en

inflation (fin danneacutee en )

exportations (mi llions de US $)

dont cuivre

importa lions (milliacuteons de dollars US)

balance commerciale (mill ions de dollars US)

compte couran t (millions de dollars US)

detre ex1eacuterieure (mill iards de dollars US)

taux de change (f in d anneacutee pesos par dOllar)

21

27 3

8310

4021

7037

1 273

-082

186

3371

61

187

8929

3617

7353

1576

93

180

374 5

103

127

9986

3886

9237

749

-583

189

3823

60

122

9215

3500

10 209

-995

-2310

202

4280

45

100

10030

3430

11 100

-1070

-2300

2 18

4600

Source The Eco omls Counlry Repar 1992 el 1993 et ler trimestre 1994 El Mercurio (20 au 26 iexclanviacuteer 1994) eacutedition imernalionale

bull pro~ct ions

Chili nest quun producteur certes doteacute d une certaine importance mais aussi tres menaceacute en ce qui concerne la demande et potentiellement l offre De plus au moins a court et moyen termes les preacutevisions d augmentation des exportations de produits manufac tureacutes proposeacutees par certains eacuteconomistes ne tiennent pas compte du processllS de deacutesindustrialisation engendreacute par ce modele Si lon assiste a une certaine reprise de linves tissement au cours de ces dernieres anneacutees on De peut se prononcer en l absence d information sur leur nature sur les possibiliteacutes dexportatioo de produits manufactureacutes Les rapports les plus connus sur leacuteconomie ehilienne ne font reacutefeacuterence qu a quelques projets de ereacuteation dentreprises relativement modestes quant aux investissements ee qui n autorise pas a eacutetablir des preacutevisions optimistes Enfin on ne doit pas oublier que le gel des salaires la restrierion du ereacutedit et de la eonsommation ainsi que des ta x d inteacuteret eacuteleveacutes eonseacutequence de la politique de refroidissement de Ieacuteco omie jouent contre la production de produits manufaetureacutes

Le role de la politique du taux de change

Le role de la politique du taux de ehange dans la promotion des exportations et dans la croissanee de Ieacuteconomie ehilienne est devenu fondamental dan s les anneacutees 1980 Pour des raisons de simpliciteacute Janalyse est diviseacutee en trois peacuteriodes Dabord la peacuteriode 1973-1981 qui se termine par une importante appreacuteciation Ensuite la peacuteriode 1982-1990 earacteacuteri seacutee par une importante deacutepreacuteei ation reacuteelle du taux de change Enfin la peacuteriode 1990-1993 OU l on constate une leacutegere appreacuteciation (ef graphique 1 et tableau 9)

lt

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chlli les limites de la crolssance

57

I

Graphique 1 Taux de change effectit reacuteel 1

(1985 = 100)

195-r-------------------------------------------------

170

145

120

Probleacutemas dAmeacuteriqMe

latine 95 N 11

oct-deacutec 1993

Chlll 70 -4--T-------r---r-------r----T-r--r----or----o--- les limItes

de la crOlssance 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993

58 Jusquen septembre 1993

Source FMI (voir tableau 9)

1 Ce taux de ctlange reacuteel mesure le oegreacute de cornpeacutetrl rvl teacute-pri x de Ieacuteconorrlle chilienne lace aux pnnclpaux pays parlerralres Un accroissemenl de Iindice tradult une appreacuteciallon reacuteelle (IIne perte de compeacutelil iviteacute ) une diminution traduit une deacutepreacuteciaton reacuteetle (1m gein de compeacutetillvl teacute )

La peacuteriode 1973-1981

Pendant ses premieres anneacutees et jusqu au deacutebut des anneacutees 1980 le gouvernement Pinochet a comme objectif central la reacuteduction de l inflation La politique du taux de change se caracteacuterise par une grande incoheacuterence application de fortes deacutevaluations (1973-1975) eacutetablissement d un taux de change unique (1976) mise en place d un systeme de mini-deacutevaluations (anneacutee 1975 et de feacutevrier 1978 ajuin 1979) et entre juin 1979 et juin 1982 applicarion d un taux de change fixe qui laquopervertitraquo 15 la libeacuteralisation Lexpeacuterience se termine par une importante appreacuteciation du taux de change qui exprime le pheacutenomene dll laquo syndrome hollandais raquo 16 En 1981 le deacuteficit en compte courant atteint un record puisquil se situe a 145 du PIB En 1982 le gouvernement reacutellssit a ramener linflation a 99 (elle a atteint presque 500 en moyenne en 1973-1974) cependant le Chili sombre dans

15 Cest ainsi que le deacutefinit Bela Balassa (1985) Chalge (Ind Chalelige ilhe Word Ecololly p 180 CEssay 8laquo Polie) Experiments in Chile raquo 1973-1983 MacMillan) 16 Lance Taylor montre comment une disponibiliteacute accrlle des ressources exteacuterieures Ce les anneacutees 1979-1981 dans le tiexcliexclbleau 9) peut eonduire a une appreacuteeiation de la monnaie et it une contraction lallt des exportations que de Iaetiviteacute eacuteeonomique interne el cela en fonction de Iarriveacutee des importmions coneurrentielles n sagit done d un cas speacutecifique delaquo Dutch disease ) qlli peut intervenir dans les pays surendetteacutes ou qui re~oivent suite ades circonstances particulieres des capitaux exteacuterieurs trop abondants Voir notammcnt L Taylor (1991)laquo Economjc Openness Problems to lhe Century s End raquo ill EcolomIacute( Liberalizaion No panacea Tario Banuri Edit Oxford and New York Oxford University Press

I

une terrible deacutepression avec les graves conseacutequences eacuteconomiques et sociales qui en deacutecoulent

La peacuteriode 1982-1990 Entre 1982 et 1988 la deacutepression reacuteelle devient linstrument pour ameacuteliorer la balance des paiements et reacutetablir leacuteconomie a partir de la croissance des exportations Le systeme de taux de change fixe est abandonneacute en 1982 apres une deacutevaluation traumatique et un systeme d ajustement quotidien par rapport au dollar est introduit Cela nempeche pas de reacutealiser une maxi-deacuteshyvaluation en 1984 ainsi que quelques mini-deacutevaluations De 1982 a 1986 la deacutepreacuteciation reacuteelle suit Iameacutelioration de la compeacutetuumliviteacute-prix du cuivre face a la chute des prix intemationaux Le Chili parvient meme aaugmenter ses recettes dexportation uuml partir dimportantes augmentations du voJume exporteacute La deacutepreacuteciation reacuteelle stimule aussi les exportations dautres produits de base 11 ne faut pas oublier que le gouvernement adepte du laisser-faire reacutealise des investissements dans les mines de cuivre et continue dencourager la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche comme l ont fait les gouvernements preacuteceacutedems

On estime que la deacutepreacuteciation reacuteelle entre 1980 et 1987 est de ordre de 60 dont plus de b moitieacute compense la chute des prix internationaux et le reste peut etre consideacutereacute comme un gain net de change pour les exportateurs

Le systeme adopteacute par [e Ch ili depuis le fin de 1982 est celui dun taux de change laquo administreacute raquo La Banque centrale fixe un laquo taux de change de reacutefeacuterence raquo qui est deacutevaJueacute chaque jour en fonction du diffeacuterentiel entre l inflation domestique du mois preacuteceacutedent et une estimation du taux moyen d inflation dans les principaux pays partenaires du Chili La Banque centrale achete (ou vend) les quantiteacutes qui sont offertes (ou demandeacutees) par les banques commerciales pour les transactions autoriseacutees ii un prix 2 au-dessous (ou au-dessus) du prix de reacutefeacuterence Le taux de change pour les transactions autoriseacutees flotte librement a I inteacuterieur de cette marge

Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir depuis 1988 colncident avec la reacutecupeacuteration des prix intemationaux et surtout avec un flux de capitaux exteacuterieuumlrs tres importam (cf tableau 9)

La peacuteriode 1990-1993 Lappreacuteciation reacuteelle du taux de change constitue un probleme qui retient lattemion du nouveau gouvernement car ce pheacutenomene affecte les ex porshytations et la croissance de Jeacuteconomie Cette situation enregistreacutee depuis 1990 ne semble avoir eacuteteacute contenue par le gouvernement que jusqu ii la fin de 1993 (cf tableau 9 et graphique 1)

Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa croissance Depuis la fin des anneacutees 1980 un important flux net de capitaux eacutetrangers en majoriteacute speacuteculatif exerce une pression a la hausse du taux de change (cf tableau 9) Leacuteconomie est affecteacutee a l instar du pheacutenomene

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les limi tes de la croissance

59

I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

I

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

I

I

Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

62

Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

I

les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

63

I

Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

64

iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

65

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

66

iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

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I

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latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

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Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 3: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oc t -deacutec 1993

Chuumli les limites

de la croissance

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lEacutetat diminue sa participation dans la production miniere des lors la rente sera de plus en plus controleacutee principalement par les multinatismales Ainsi le processus d accumulation traditionnellement dirigeacute par lEtat de meme que les grandes orientations de Iactiviteacute eacuteconomique sont transfeacutereacutes a linvestissement priveacute Celui-ci malgreacute son role preacutepondeacuterant ne fait que reproduire le modele caracteacuteriseacute a la fois par une reprimarisation et par le role accru du secteur tertiaire Enfin du moment que laquo lindustrialisation reste la voie du deacuteveloppement raquo il est tres important de comparer le modele chilien ad autres expeacuteriences y compris celles des pays membres de IOCDE traditionnellement exportateurs de ressources naturelles Dans ces pays bien que la croissance soit engendreacutee par le secteur exportateur ~e produits de base sa continuiteacute est assureacutee par une participation active de 1 Etat qui deacuteploie des poli tiques commerciales voire protectionnistes en faveur du deacutevelopshypement dun secteur manufacturier deacutetenant une place centrale dans le modele Des lors on ne peut que sinterroger sur les fragiliteacutes du modele chilien que la conjoncture de 1993 a mises en eacutevidence

Les caracteacuteristiques du modele

Depuis 1973 iexclla croissance de leacuteconomie chilienne est fondeacutee sur les exportations de produits du secteur primaire L ouverture de l eacuteconomie est spectaculaire les exportations des biens et services repreacutesentent 12 des exportations totales en 1973 et 35 en 1989 bull Des le deacutepart deux eacuteleacutements caracteacuterisent le modele chilien la libeacuteralisation du commerce exteacuterieur grace a labaissement des droits de douane et labsence de controle des changes et de reacuteglementation du commerce exteacuterieur Dans un pays Ol les droits de douane eacutetaient en moyenne en 1973 de 105 les abaisser en 1979 a 10 constitue un changement fondamental 2 CeUe ouverture saccompagne dune forte baisse du taux de change reacuteel Ce qui entraiacutene une brusque deacutesindustrialisation la part de l industrie dans le PIB passe de 30 a22 de 1974 a 1981

En deacutepi de la publiciteacute faite autour des premieres privatisashytions de 1973-1977 lEtat n en conserve alors pas moins les principales entreprises notamment la grande firme Corporacioacuten nacional del cobre de Chile (CODELCO) qui avait le monopole de la quasi-totaliteacute de la production et de I exportation du cuivre Lentreprise est restructureacutee et p1aceacutee sous le controle direct du gouvernement militaire Avec I accroissement de linvesshy

l Pour une bonne preacutesentation de ce pheacutenomene ef Manuel Agosin et Ricardo Ffrench-Davis La liberalizacioacuten comercial en Ameacuterica latina RevislG de la CEPALC nU 50 aout 1993 Cf aussi Sebastian Edwards laquo Openness Trade Liberalization ami Growth in Developing Countries lolIll1al o(Ecollomic Lileraltle septembre 1993 pp 1358- 1393 2 Au deacutebut 1983 le gouvernernent a augmenteacute les droits de douane jusqu a 20 et ensuite jusqu a 35 oc En 1985 ceux-ci ont eacuteteacute reacuteduits jusqu a 30 en rnars et jusqu a 20 en juin En janvier 1988 ils ont baisseacute jusquaacute 15 Le gouvernement civil a approfondi Iouverture et les tarifs ont eacuteteacute reacuteduits jusqu u 11 en juin 1991 Bien que ce ne soit pas I objec tif de ce travail il faut signaler que le Chili est arriveacute vers la fin des anneacutees 1980 aune presque autosuffisance agro-alimentaire griice une politique de protection de la product ion interne de produits comllle le bleacute le mais les oleacuteagineux etc a partir dun meacutecanisme qui introduit dan s la pratique des tarifs douaniers plus eacuteleveacutes que pour le res te de Ieacuteconomie Cest ainsi que dans j accord de libre-eacutechange signeacute avec le Mexique en 1991 ces produits traditionnels ont eacuteteacute exclus CL J C Del Bello el al laquo Modelo econoacutemico y estrategia de relaciones econoacutemicas internacionales de Chile FundaciOacuten andina Buenos Aires 1992

I

I

tissement la mise en place d une discipline de fer et dune leacutegislation peu favorable au travail production et productiviteacute augmentent progressivement Le rapport des ventes de la CODELCO au PIB passe de 86 en 1978 a 142 oc en 1989 tandis que celui des entreprises publiques passe de 242 a347 oc au cours de la meme peacuteriode (cf tableau 1) 3

Tableau 1 Les entreprises publiques par rapport au PIS

II 11 11

venlesventes ventes ventesent reprises entreprises CODELCO CODELCOpubliques publiquesen PIB en PIBen PIBen PIB

32 1 1978 242 86 1985 104 98 35419 79 255 1986 97

1987 34 7 1131980 249 89 1988 nd1981 146 199 56

n d 1982 234 1989 142 7 1 94 1990 nd 120 1983 282

1984 84 280 latine N l l

Source Larr ilaga El delici t del seClor puumlbllco y la polltlca fi scal en Chile 1978-1987 CEPALC Sanliago ocL-deacutec 19ge CODELCO Memona) anual plusieurs anneacutees

Noe pOlJr 1986 el 87 11 sagit des recelles COlrantes des entrepflses publiques

En regle geacuteneacuterale les entreprises les plus importantes qui ne sont pas privatiseacutees sont restructureacutees pour gagner ~n efficaciteacute accroiacutetre leur rentabi liteacute et surtout leur apport au budget de lEtat De 1978 a 1985 cet apport passe de 51 a96 Go clu PIB (celui de la CODELCO passe de 23 ~ a34 ) Les entreprises publiques contribuent ainsi ti alleacuteger le budget de l Etat et a reacutecluire les imp6ts directs Ce qui permet de payer les inteacuterets de la croissante dette exteacuterieure et surtout de financer les transferts et subventions au secteur priveacute qui passent durant cette peacuteriode de 29 a 8 du P[B (cf tableau 2)

Tableau 2 Chili la contribution au budget de lEacutetat de la CODELCO et des entreprises publiques

transferts et impoacutets des entreprises pub Iques en au PIB

administration centrale (en du PIB)

total CODELCO reste impoacutets d irects

non cuivre en du PIB

transferts et subventions

au secteur p riveacute

secteur public paiements

des inteacutereacutets

1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985

51 85 78 56 71 87 83 96

23 48 42 20 23 34 29 34

27 37 36 36 48 53 54 62

53 52 54 55 48 31 34 31

29 38 41 69 91 89 82 80

24 2 1 17 12 23 34 44 55

Source Larrantildeaga 1990

3 En 1980 la valeur aiouleacutee des enlreprise~ publiques repreacutesenle 142 du PIB ch iffre seulement deacutepasseacute en Ameacuterique latine par le Venezuela eL Roberl Devl in (1992) Las privalizaciones y el bieneslar soc ial raquo Relisa de la CEPALC n 49 avril 1993 lableau 1

Problemes dAmeacuterique

1993

ehl li les limiles de la crolssanc

51

I

La deuxieme vague de privatisations de 1985-1989 sert pour Iessentiel a financer les deacutepenses courantes et a eacutequilibrer les finances publiques qui du reste preacutesentent un solde exceacutedentaire apartir de 1989

Comme l indique le tableau 3 de 1975 a1990 la CODELCO apporte 12 milliards de dollars aux caisses de l Etat el ne consacre qu une petite partie de ses revenus aux investissements innovants susceptibles dassurer son expansion along terme Elle est meme laquo inviteacutee ase financer grike au creacutedit exteacuterieur raquo 4

Tableau 3 CODELCO apports au budget public et investissements

m il liorlS de dollars US couran ts

I

apports CODELCO au budget

1I

investissements CODELCO

I

apports CODELCO au budget

II

investissements CODELCO

1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984

245 432 399 368 865

1007 480 524 679 557

11 6 111 100 161 178 267 307 234 201 276

1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993

411 455 599

1 467 1961 1505

870 891 493

370 378 323 345 410 331 343 425 n d

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg11

oct -deacutec 1993

Chil i les limites

de la croissance

52 Source CODELCO Memorlai anual plusieurs anneacutees Ffrench-Davis el Bande (1989) Fortin Chilean Copper PO licy International and Internal ASiJects IDS Bulletin vol 17 n 4 1986 Heclor Donoso Defensa del patrimonio nacIOnal edil Confederacioacuten minera de Chile septembre 1993

estimalion a part des deacuteclaralloos du ministre des Finances El MerCUriO ed icioacuten internac ior13l semaine du 20 au 26 janvier 1994

Au cours de cette peacuteriode l investissement public preacuteponshydeacuterantjusqu au deacutebut des anneacutees 1970 diminue par rapport al investissement priveacute dans un contexte de chute importante du taux daccumulation notamment en 1975 et 1982 anneacutees d un veacuteritable etfondrement de la capaciteacute de production 5

La reprise de Ii nvestissement perceptible apres 1987 coinshycide avec les reacutesultats du pleacutebiscite et dautres facteurs comme les nouvelles

dispositions concernant les capitaux eacutetrangers et la conversion des titres de la dette en actifs nationaux La majeure partie de ces investissements est dorigine eacutetrangere

De 1976 anneacutee ou le Chili quitte le Pacte andin a 1987 l investissement direct eacutetranger (lOE) augmente de 2095 milliards de dollars mais reste infeacuterieur acelui de la Colombie (3868 milliards de dollars) pays demeureacute dans le Pacte De 1987 a 1992 I lOE augmente de 2 104 milliards de dollars cest-a-dire davantage quau cours des douze anneacutees preacuteceacutedentes (FMI statistiques financieres internationales)

A partir de 1986 011 note eacutegalement une augmentation de Iinvestissement de portefeuille supeacuterieur a IIDE entre 1987 et 1992 Cet afflux d investissements speacuteculatifs est a mettre en rapport avec des taux

4 Jorge Bande et R Ffnnch-Davis Copper Policies iexclUld rhe Chilean Economy gtJ NOlas CIlicas nO 132 CIEPLAN 1989 p 40 5 Le taux nnn uel moyen de cro issance de I investisscment inreacute rieur brut est de 37 de 1960 ~ 1970 11 chute iexcliexcl -2 0 4 en 1970-1979 et se rCtablit quelque peu uuml 27 en 1980- 1989 (eL Eanque mondiacuteale laquo Rapporl sur le deacuteve loppement dnns le monde 1981 et 19() I raquo)

I

d inteacuteret domestiques reacuteels tres eacuteleveacutes et avec lachat d actions dentreprises nationales

Mais cest peut-etre sa reacutepartition sectorielle qui constitue la caracteacuteristiqlle la plu impOltante de I IDE Oepuis 1973 celui-ci se concentre elans les secteurs traditionnels En 1990 il se reacutepartit de la maniere suivante 50 dans le secteur primaire (les mines) 198 dans le secteur secondaire et 296 elans le secteur tertiaire Alors que I Etat abanelonne son role elirigeant et reacuteglllateur en matiere el accllmUllation que les investisshysements priveacutes nationaux se font rares la libeacuteral isation qui veut assurer la laquo meilleure reacutepartition des ressources raquo laisse I lOE reproduire le modele dexportation des produits de base Il faut noter ainsi que I indique le tableau 4 tIue le Chili est avec la Bolivie le pays de la reacutegion elont la part de I lOE elans le secteur manufacturier est la plus faible

Tab leau 4 Chili et autres pays d Ameacuterique latine Reacutepartition sectorielle du stock de Iinvestissement direct eacutetranger ()

Terliai re Primaire Secondaire Tolal

Chlll 1980 41 2 253 335 100 1990 296506 198 100

Peacuterou 1980 438 343 100 1990

219 347 34 2 31 1 100

Argenline 1980 149 223 100 1990

628 140 604 258 100

Sreacutesi l 1980 37 744 219 100 1990 29 278693 100

Mexique 1980 17451 775 100 1990 19 623 358 100

Solivie 1980 672 180 148 100 1990 714 132 154 100

Colombie 1980 707 22961 100 1990 459 424 116 100

Venezuela 1980 18 617 293 100

I 1990 50 707 163 100

Source CEPAL-Crr Tireacute de JA f uentes (1992)

Lanalyse de l IOE provenant eles Eacutetats-Unis (cf tableau 5) penne el appreacutehender un autre pheacutenomene Ce type d investissements pratiquement inexistant en 1985 (88 millions de doBars) atteint 0672 miUiard ele dollars en 1988 1876 milliard de dolJars en 1990 et 2446 milliards de dollars en 1992 En 1992 I IDE venant des Eacutetats-Unis soriente en majoriteacute vers les secteurs bancaire et financier (56 du total) C est ce qui fait que le secteur financier chilien avosation de place importante au niveau reacutegional se trouve sous le controle eles Etats-Unis Cest ainsi que trois consortiums de ce pays controlent 612 des fonds accumuleacutes dans les administradoras de fondos de pensiones (AFP) (socieacuteteacutes administratrices de caisses de retraites) 6 En 1990 ces AFP possedent pour 68 miUiards de dollars dactifs

Oacute Confederacioacuten Minera de Chile IIJ crsiaacuten extranjera en la mineriacutea ch ilena (seleccioacuten de text()s) p 7 mars 1992

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocL-deacutec 1993

ehili les limiles de la crolssance

53

I

I

soit 265 du PIB Les banques chiliennes qui reyoivent a nouveau des creacutedits a long terme profitent des faibles taux dinteacuteret intemationaux pour emprunter aux banques nord-ameacutericaines et preter ensuite al Argentine au Peacuterou et a la Bolivie a des taux multiplieacutes par deux ou trois 7

Tableau 5 Stocks de Iinvestissement direct des Eacutetats-Unis en Ameacuterique latine

(en millions de dollars)

1980 1985 1988 1989 1990 1991 1992

Ameacuteri que latine a 38761 28 261 53506 62 145 70752 76 214 88860 donl Breacutesil 7704 8893 12609 14 025 14268 14 882 161 14

Mexique 5986 5088 571 2 8264 10 255 12257 13330 Argent ine 2540 2 705 2 597 22 15 2479 2767 3353

Chi li 536 88 672 1 412 1876 1 916 2446 Colomb ie 1012 2 148 2248 1660 1647 1627 2077

Venezuela 1 908 1588 1903 932 1 063 1 424 1 725 Peacuterou 1 665 1243 976 813 594 522 466

Eacutequateur 322 36 1 431 30 1 278 296 3 10

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oel deacutec 1993 Souree eacutelaboreacute aacute parl1 r de SU0iexcley 01 Currenl BUSiness (julllel 1993 el JUln 1992) US Bureau 01 Economic Analysls et Slati sllcal Abstraet o lhe United Slates 1993 US Deo 01 Commerce

e hil i a Lalin Ameriea and other Western Hemisphere les lim iles

de la croissan ce Ta bleau 6 Reacutepartition par secteurs de lOE des Eacutetats-Unis

54 en 1992 (en millions de dollars US)

total biens manushy

factureacutes peacutetrole commerce banque finanee Iserviees autres

Ameacuterique latine 88860 26 727 4 559 3 342 7 731 40537 1066 4 898 dont Breacutesi l 161 14 12014 668 197 1022 1 839 94 28 1

Mexique 13330 928 1 777 798 325 1935 Argenline 3353 1633 499 159 430 538 60 35

Chil i 2 446 257 - 191 353 1 030 408 Colombie 2077 699 596 107 10 10 -

Venezuela 1 725 1 069 179 175 111 30 Peacuterou 466 18 - 59 O 9 306

Eacutequaleur 31 0 88 154 38 5 - O

Source Survey 01 Current Business Julllet t993

- supprimeacute alin devlter la divulgatlon de ehiflres de compagn ies uniques ou peu nombreuses

Les mesures essentielles qui caracteacuterisent le modele (baisse des droits de douane deacutevaluation et baisse du salaire reacuteel) sont non seulement deacutesindustrialisantes mais aussi profondeacutement excluantes car elles aggravent les dispariteacutes dans la distribution du revenu Pablo Arellano a deacutemontreacute comment la deacutepreacuteciation reacuteelle permanente signifie que d une part s opere une redistribution des ressources favorable aux exportateurs et une plus importante reacuteattribution de ressources al expoltation et que d autre part cette deacutepreacuteciation n est pas synonyme d acceacuteleacuteration de l inflation dans la mesure Ol celle-ci est accompagneacutee dune baisse importante des revenus reacuteels de certains facteurs de production notamment du travail 8 Au deacutebut

7 Cf The Banker juin 1993 p 21 8 Pablo Arell ano laquo Crisis y recuperacioacuten econoacutemica en Chile en los alios 80 raquo Coleccioacuten de E sudios elEPLAN nO 24 juin 19R8

I

I

1992 on estime que les salaires reacuteels nont pas encore retrouveacute leur niveau de 1970 9

Ainsi a la fin du gouvernement Pinochet qui 1aisse ainsi un heacuteritage redoutable le pays compte cinq mirIions de pauvres soit pres de 40 de la population Parmi les pays pour lesquels on dispose de donneacutees le Chili est celui qui a connu la plus forte aggravation des dispariteacutes dans la distribution du revenu Alors quen 1968 la part du revenu national qui eacutechoit aux 20 les plus riches de la population est de Si4 en 1989 elle s eacuteleve a 629 De 1eur coteacute les 20 les plus pauvres voient leur part du revenu nationa1 se reacuteduire au cours de la meme peacuteriode de 44 a37 A ieacutechelle de l Ameacuterique latine seul le Breacutesil a connu en 1989 une situation plus grave Cependant depuis 1968 ce processus de deacuteteacuterioration revet au Chili une ampleur bien supeacuterieure (cf tableau 7) Les riches peuvent eacutechapper a l impct de la crise grike a la fuite de capitaux JO ala remise de leurs dettes par rEtat el ala reacuteduction de limpot direct Les pauvres sont les plus attecteacutes par la reacuteduction des deacutepenses sociales dont la part dans le budget du Problemes

dAmeacuteriquegouernement central est fortement reacuteduite de 1972 a 1989

Tableau 7 Chili et Breacutesil reacutepartition du revenu

i

ehili 1968 1989

Breacutesil 1972 1989

quintile I deuxieme le plus pauVIe 1

44 37

20 21

quintile

90 68

50 49

tro lsieacuteme quintile

138 103

94 89

quatrieacuteme quin ti le

214 162

170 168

latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

e hlli Pourcentage du revenu total les limites

cinquieacuteme qUlntile deacutecile de la croissance le plus riche le plus riche

55

514 34 8 629 489

666 506 675 513

Source Banqlle mondiale Rapport sur le deacutevelop ement dans le monde 1988 el 1993

Le modele dexportation de produits du secteur primaire n induit par ailleurs que peu d emplois dans les domaines clefs a savoir les mines et l agriculture (y compris sylviculture et peche) qui emploient en 1992 un pourcentage de population active plus faible qu en 1973 Apres 1990 Iemploi stagne dans Iagriculture et deacutecroiacutet dans les mines en termes absolus Malgreacute une progression au cours de ces dernieres anneacutees le secteur manufacturier occupe en 1992 un pourcentage de la population active moins important quen 1973 Officiellement le taux de chomage est en 1992 de 48 Mais ce chiffre masque eacutevidemment un taux de sous-emploi important qui englobe Ila pauvreteacute et surtout 1laquo extreme pauvreteacute raquo En 1994 on estime que le secteur infomlel occupe 40 de la population active du pays Un demi-million de femmes travaillent en tant qu employeacutees de maison ou domestiques 11

9 el J C Bello el al op cir p 29 10 Le montant des capitaux qui retournent au ehili de 1983 il 1990 seacuteleve a41 milJiards de dollars ef P Salama laquo Fragiliteacute des nouvelles politiques eacuteconomiques en Ameacuterique latine Problemes d Ameacuterique laline ndeg 10 1993 p 73 11 The Economisl 29 janvier 1994 En 1989 le secteur informe urbain occupe 30 de la population urbaine (presque 90 de la population totaJe) el R Infante et E Klein (1991) laquo Mercado latinoameshyricano del trabajo en 1950-1990 raquo in Relista de la CEPALC n 45 tableau ndeg 4 p 135

I

I

Problemes dAmeri~e

latine Ndeg 11

oct-deacutec 1993

Chill les limites

de la croissance

56

Que le nouveau gouvemement civil de mars 1990 ait continueacute aappliquer ce modele cela ne fait aucun doute Les observateurs eacutetrangers 12

mais aussi les membres de leacutequipe deacuteconomistes gouvemementale 10nt reconnu Patrico Meller 1 actuel preacutesident de la CIEPLAN le prestigieux centre deacutetudes dont soot issus les membres de cette eacutequipe deacuteconomistes (Alejandro Foxley le ministre des Finances du gouvernement sortant a preacutesideacute cet organisme) donne [explication suivante ala suite du pleacutebiscite de 1988 devant les bons pronostics de la Concertation pour les eacutelections preacutesidentielles de 1989 la Confeacutedeacuteration de la production et du commerce la plus grande organisation patronale du pays commence a rencontrer les eacuteconomistes de cette coalition afin de deacutebattre de la nouvelle poli tique eacuteconomique laquo Leacutevolution ideacuteologique des dirigeants politiques de la Conshycertation contribue eacutegalement ace changement Devant limminence d une victoire eacutelectorale et les signes encourageants donneacutes par leacuteconomie ceux-ci optent pour une atteacutenuation de leur traditionnelle critique du modele preacuteceacuteshydent lacceptation des aspects positifs de la structure eacuteconomique en place et surtout la reconnaissance de Iimportance du role de la proprieacuteteacute priveacutee et du patronat pour le deacuteveloppement ( ) Il se produit ainsi une association d inteacuterets entre le patronat et ceux qui vont constituer le gouvernement de la Concertation raquo 13

Ainsi reprendre ce modele a son compte cest penser que laquo le moteur de la croissance reacuteside toujours dans les exportations raquo et quil est laquo indispensableraquo de conserver un taux de change baso En bref quil faut laquo maintenir les exportations a un rythme de croissance eacuteleveacute raquo 14

Cependant les exportations baissent de 7 en 1993 et pour 1994 on preacutevoit une croissance de 78 Laugmentation du PIB qui est de 103 en 1992 tombe a6 en 1993 pour atteindre selon les preacutevisions 45 en 1994 (d tableau 8) Jusqu aquel point de tels reacutesultats remettent-ils ce modele en question Le gouvernement formeacute apres les eacutelections de deacutecembre 1993 se propose datteindre une croissance moyenne de 6 par an

Depuis 1993 la diversification des exportations connaiacutet eacutegalement des limites tous les prix des principaux produits d exportation du Chili baissent Cette chute n est plus compenseacutee par une augmentation du volume exporteacute comme en 1992 L ineacutelasticiteacute des exportations jointe a la saturation des marcheacutes et au protectionnisme europeacuteen souligne la fragiliteacute d une croissance fondeacutee sur iexportation de produits de base par ailleurs menaceacutee par les difficulteacutes du marcheacute mondial Le cuivre est le seul atout stable (d infra) en termes relatif et absolu de I eacuteconomie chilienne Pour tous les autres produits (les fruits la farine de poisson et la cellulose) le

12 Tlie EIU COIIIlry Profile 993-1994 p lO indique laquo Le gouvernernent Aylwin a conserveacute sans quasiment les modifier les mesures de politique eacuteconomique qui ont fait la preuve de leur succes SOUS

le gouvcmemenl anteacuterieur raquo De son coteacute Nord Sud Expon Consultants affirme laquo De IOUS les pays dAmeacuterique latine le Chili est celui qui affiche la meilleure siluation eacuteconomique et financiere Cest le reacutesullat dun modele eacuteconornique neacuteo-Libeacuteral adopteacute sous une dictature rnilitaire et grace iexcliexcl son appareil reacutepressif puis conserveacute dans sa phase de ctoissance auto-entrelenue par la coalilion au pouvoir dcpuis mars 1990 qui a donneacute la prioriteacute au respeet des grands eacutequilibres macro-eacuteconomiques sans pour autant oublier l apurement progressif de la delle sociale Les opposants d hier ont repris 11 leur compte Ieacuteconomie de marcheacute bien conscients de la neacutecessiteacute de preacuteserver la poule aux oeufs d or raquo (Dossier Chili 4 octobre 1993pIS) 13 Osear Muntildeoz el al Chile en IlOlHiciriacuten estrategia econoacutemica y poliacutetica Coleccioacuten de Estudios CIEPLAN ndeg 37 juin 1993 p 110 14 O Muntildeoz el al op cit pp 126 et 127

I

I

Tab leau 8 Chili eacutevolution reacutecente et perspectives de Ieacuteconomie

1990 1991 1992 1993 1994

PIS reacuteel croissance en

inflation (fin danneacutee en )

exportations (mi llions de US $)

dont cuivre

importa lions (milliacuteons de dollars US)

balance commerciale (mill ions de dollars US)

compte couran t (millions de dollars US)

detre ex1eacuterieure (mill iards de dollars US)

taux de change (f in d anneacutee pesos par dOllar)

21

27 3

8310

4021

7037

1 273

-082

186

3371

61

187

8929

3617

7353

1576

93

180

374 5

103

127

9986

3886

9237

749

-583

189

3823

60

122

9215

3500

10 209

-995

-2310

202

4280

45

100

10030

3430

11 100

-1070

-2300

2 18

4600

Source The Eco omls Counlry Repar 1992 el 1993 et ler trimestre 1994 El Mercurio (20 au 26 iexclanviacuteer 1994) eacutedition imernalionale

bull pro~ct ions

Chili nest quun producteur certes doteacute d une certaine importance mais aussi tres menaceacute en ce qui concerne la demande et potentiellement l offre De plus au moins a court et moyen termes les preacutevisions d augmentation des exportations de produits manufac tureacutes proposeacutees par certains eacuteconomistes ne tiennent pas compte du processllS de deacutesindustrialisation engendreacute par ce modele Si lon assiste a une certaine reprise de linves tissement au cours de ces dernieres anneacutees on De peut se prononcer en l absence d information sur leur nature sur les possibiliteacutes dexportatioo de produits manufactureacutes Les rapports les plus connus sur leacuteconomie ehilienne ne font reacutefeacuterence qu a quelques projets de ereacuteation dentreprises relativement modestes quant aux investissements ee qui n autorise pas a eacutetablir des preacutevisions optimistes Enfin on ne doit pas oublier que le gel des salaires la restrierion du ereacutedit et de la eonsommation ainsi que des ta x d inteacuteret eacuteleveacutes eonseacutequence de la politique de refroidissement de Ieacuteco omie jouent contre la production de produits manufaetureacutes

Le role de la politique du taux de change

Le role de la politique du taux de ehange dans la promotion des exportations et dans la croissanee de Ieacuteconomie ehilienne est devenu fondamental dan s les anneacutees 1980 Pour des raisons de simpliciteacute Janalyse est diviseacutee en trois peacuteriodes Dabord la peacuteriode 1973-1981 qui se termine par une importante appreacuteciation Ensuite la peacuteriode 1982-1990 earacteacuteri seacutee par une importante deacutepreacuteei ation reacuteelle du taux de change Enfin la peacuteriode 1990-1993 OU l on constate une leacutegere appreacuteciation (ef graphique 1 et tableau 9)

lt

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chlli les limites de la crolssance

57

I

Graphique 1 Taux de change effectit reacuteel 1

(1985 = 100)

195-r-------------------------------------------------

170

145

120

Probleacutemas dAmeacuteriqMe

latine 95 N 11

oct-deacutec 1993

Chlll 70 -4--T-------r---r-------r----T-r--r----or----o--- les limItes

de la crOlssance 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993

58 Jusquen septembre 1993

Source FMI (voir tableau 9)

1 Ce taux de ctlange reacuteel mesure le oegreacute de cornpeacutetrl rvl teacute-pri x de Ieacuteconorrlle chilienne lace aux pnnclpaux pays parlerralres Un accroissemenl de Iindice tradult une appreacuteciallon reacuteelle (IIne perte de compeacutelil iviteacute ) une diminution traduit une deacutepreacuteciaton reacuteetle (1m gein de compeacutetillvl teacute )

La peacuteriode 1973-1981

Pendant ses premieres anneacutees et jusqu au deacutebut des anneacutees 1980 le gouvernement Pinochet a comme objectif central la reacuteduction de l inflation La politique du taux de change se caracteacuterise par une grande incoheacuterence application de fortes deacutevaluations (1973-1975) eacutetablissement d un taux de change unique (1976) mise en place d un systeme de mini-deacutevaluations (anneacutee 1975 et de feacutevrier 1978 ajuin 1979) et entre juin 1979 et juin 1982 applicarion d un taux de change fixe qui laquopervertitraquo 15 la libeacuteralisation Lexpeacuterience se termine par une importante appreacuteciation du taux de change qui exprime le pheacutenomene dll laquo syndrome hollandais raquo 16 En 1981 le deacuteficit en compte courant atteint un record puisquil se situe a 145 du PIB En 1982 le gouvernement reacutellssit a ramener linflation a 99 (elle a atteint presque 500 en moyenne en 1973-1974) cependant le Chili sombre dans

15 Cest ainsi que le deacutefinit Bela Balassa (1985) Chalge (Ind Chalelige ilhe Word Ecololly p 180 CEssay 8laquo Polie) Experiments in Chile raquo 1973-1983 MacMillan) 16 Lance Taylor montre comment une disponibiliteacute accrlle des ressources exteacuterieures Ce les anneacutees 1979-1981 dans le tiexcliexclbleau 9) peut eonduire a une appreacuteeiation de la monnaie et it une contraction lallt des exportations que de Iaetiviteacute eacuteeonomique interne el cela en fonction de Iarriveacutee des importmions coneurrentielles n sagit done d un cas speacutecifique delaquo Dutch disease ) qlli peut intervenir dans les pays surendetteacutes ou qui re~oivent suite ades circonstances particulieres des capitaux exteacuterieurs trop abondants Voir notammcnt L Taylor (1991)laquo Economjc Openness Problems to lhe Century s End raquo ill EcolomIacute( Liberalizaion No panacea Tario Banuri Edit Oxford and New York Oxford University Press

I

une terrible deacutepression avec les graves conseacutequences eacuteconomiques et sociales qui en deacutecoulent

La peacuteriode 1982-1990 Entre 1982 et 1988 la deacutepression reacuteelle devient linstrument pour ameacuteliorer la balance des paiements et reacutetablir leacuteconomie a partir de la croissance des exportations Le systeme de taux de change fixe est abandonneacute en 1982 apres une deacutevaluation traumatique et un systeme d ajustement quotidien par rapport au dollar est introduit Cela nempeche pas de reacutealiser une maxi-deacuteshyvaluation en 1984 ainsi que quelques mini-deacutevaluations De 1982 a 1986 la deacutepreacuteciation reacuteelle suit Iameacutelioration de la compeacutetuumliviteacute-prix du cuivre face a la chute des prix intemationaux Le Chili parvient meme aaugmenter ses recettes dexportation uuml partir dimportantes augmentations du voJume exporteacute La deacutepreacuteciation reacuteelle stimule aussi les exportations dautres produits de base 11 ne faut pas oublier que le gouvernement adepte du laisser-faire reacutealise des investissements dans les mines de cuivre et continue dencourager la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche comme l ont fait les gouvernements preacuteceacutedems

On estime que la deacutepreacuteciation reacuteelle entre 1980 et 1987 est de ordre de 60 dont plus de b moitieacute compense la chute des prix internationaux et le reste peut etre consideacutereacute comme un gain net de change pour les exportateurs

Le systeme adopteacute par [e Ch ili depuis le fin de 1982 est celui dun taux de change laquo administreacute raquo La Banque centrale fixe un laquo taux de change de reacutefeacuterence raquo qui est deacutevaJueacute chaque jour en fonction du diffeacuterentiel entre l inflation domestique du mois preacuteceacutedent et une estimation du taux moyen d inflation dans les principaux pays partenaires du Chili La Banque centrale achete (ou vend) les quantiteacutes qui sont offertes (ou demandeacutees) par les banques commerciales pour les transactions autoriseacutees ii un prix 2 au-dessous (ou au-dessus) du prix de reacutefeacuterence Le taux de change pour les transactions autoriseacutees flotte librement a I inteacuterieur de cette marge

Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir depuis 1988 colncident avec la reacutecupeacuteration des prix intemationaux et surtout avec un flux de capitaux exteacuterieuumlrs tres importam (cf tableau 9)

La peacuteriode 1990-1993 Lappreacuteciation reacuteelle du taux de change constitue un probleme qui retient lattemion du nouveau gouvernement car ce pheacutenomene affecte les ex porshytations et la croissance de Jeacuteconomie Cette situation enregistreacutee depuis 1990 ne semble avoir eacuteteacute contenue par le gouvernement que jusqu ii la fin de 1993 (cf tableau 9 et graphique 1)

Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa croissance Depuis la fin des anneacutees 1980 un important flux net de capitaux eacutetrangers en majoriteacute speacuteculatif exerce une pression a la hausse du taux de change (cf tableau 9) Leacuteconomie est affecteacutee a l instar du pheacutenomene

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les limi tes de la croissance

59

I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

I

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

I

I

Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

62

Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

I

les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

63

I

Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

64

iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

66

iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

67

I

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

68

Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

69

I

I

Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 4: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

I

tissement la mise en place d une discipline de fer et dune leacutegislation peu favorable au travail production et productiviteacute augmentent progressivement Le rapport des ventes de la CODELCO au PIB passe de 86 en 1978 a 142 oc en 1989 tandis que celui des entreprises publiques passe de 242 a347 oc au cours de la meme peacuteriode (cf tableau 1) 3

Tableau 1 Les entreprises publiques par rapport au PIS

II 11 11

venlesventes ventes ventesent reprises entreprises CODELCO CODELCOpubliques publiquesen PIB en PIBen PIBen PIB

32 1 1978 242 86 1985 104 98 35419 79 255 1986 97

1987 34 7 1131980 249 89 1988 nd1981 146 199 56

n d 1982 234 1989 142 7 1 94 1990 nd 120 1983 282

1984 84 280 latine N l l

Source Larr ilaga El delici t del seClor puumlbllco y la polltlca fi scal en Chile 1978-1987 CEPALC Sanliago ocL-deacutec 19ge CODELCO Memona) anual plusieurs anneacutees

Noe pOlJr 1986 el 87 11 sagit des recelles COlrantes des entrepflses publiques

En regle geacuteneacuterale les entreprises les plus importantes qui ne sont pas privatiseacutees sont restructureacutees pour gagner ~n efficaciteacute accroiacutetre leur rentabi liteacute et surtout leur apport au budget de lEtat De 1978 a 1985 cet apport passe de 51 a96 Go clu PIB (celui de la CODELCO passe de 23 ~ a34 ) Les entreprises publiques contribuent ainsi ti alleacuteger le budget de l Etat et a reacutecluire les imp6ts directs Ce qui permet de payer les inteacuterets de la croissante dette exteacuterieure et surtout de financer les transferts et subventions au secteur priveacute qui passent durant cette peacuteriode de 29 a 8 du P[B (cf tableau 2)

Tableau 2 Chili la contribution au budget de lEacutetat de la CODELCO et des entreprises publiques

transferts et impoacutets des entreprises pub Iques en au PIB

administration centrale (en du PIB)

total CODELCO reste impoacutets d irects

non cuivre en du PIB

transferts et subventions

au secteur p riveacute

secteur public paiements

des inteacutereacutets

1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985

51 85 78 56 71 87 83 96

23 48 42 20 23 34 29 34

27 37 36 36 48 53 54 62

53 52 54 55 48 31 34 31

29 38 41 69 91 89 82 80

24 2 1 17 12 23 34 44 55

Source Larrantildeaga 1990

3 En 1980 la valeur aiouleacutee des enlreprise~ publiques repreacutesenle 142 du PIB ch iffre seulement deacutepasseacute en Ameacuterique latine par le Venezuela eL Roberl Devl in (1992) Las privalizaciones y el bieneslar soc ial raquo Relisa de la CEPALC n 49 avril 1993 lableau 1

Problemes dAmeacuterique

1993

ehl li les limiles de la crolssanc

51

I

La deuxieme vague de privatisations de 1985-1989 sert pour Iessentiel a financer les deacutepenses courantes et a eacutequilibrer les finances publiques qui du reste preacutesentent un solde exceacutedentaire apartir de 1989

Comme l indique le tableau 3 de 1975 a1990 la CODELCO apporte 12 milliards de dollars aux caisses de l Etat el ne consacre qu une petite partie de ses revenus aux investissements innovants susceptibles dassurer son expansion along terme Elle est meme laquo inviteacutee ase financer grike au creacutedit exteacuterieur raquo 4

Tableau 3 CODELCO apports au budget public et investissements

m il liorlS de dollars US couran ts

I

apports CODELCO au budget

1I

investissements CODELCO

I

apports CODELCO au budget

II

investissements CODELCO

1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984

245 432 399 368 865

1007 480 524 679 557

11 6 111 100 161 178 267 307 234 201 276

1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993

411 455 599

1 467 1961 1505

870 891 493

370 378 323 345 410 331 343 425 n d

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg11

oct -deacutec 1993

Chil i les limites

de la croissance

52 Source CODELCO Memorlai anual plusieurs anneacutees Ffrench-Davis el Bande (1989) Fortin Chilean Copper PO licy International and Internal ASiJects IDS Bulletin vol 17 n 4 1986 Heclor Donoso Defensa del patrimonio nacIOnal edil Confederacioacuten minera de Chile septembre 1993

estimalion a part des deacuteclaralloos du ministre des Finances El MerCUriO ed icioacuten internac ior13l semaine du 20 au 26 janvier 1994

Au cours de cette peacuteriode l investissement public preacuteponshydeacuterantjusqu au deacutebut des anneacutees 1970 diminue par rapport al investissement priveacute dans un contexte de chute importante du taux daccumulation notamment en 1975 et 1982 anneacutees d un veacuteritable etfondrement de la capaciteacute de production 5

La reprise de Ii nvestissement perceptible apres 1987 coinshycide avec les reacutesultats du pleacutebiscite et dautres facteurs comme les nouvelles

dispositions concernant les capitaux eacutetrangers et la conversion des titres de la dette en actifs nationaux La majeure partie de ces investissements est dorigine eacutetrangere

De 1976 anneacutee ou le Chili quitte le Pacte andin a 1987 l investissement direct eacutetranger (lOE) augmente de 2095 milliards de dollars mais reste infeacuterieur acelui de la Colombie (3868 milliards de dollars) pays demeureacute dans le Pacte De 1987 a 1992 I lOE augmente de 2 104 milliards de dollars cest-a-dire davantage quau cours des douze anneacutees preacuteceacutedentes (FMI statistiques financieres internationales)

A partir de 1986 011 note eacutegalement une augmentation de Iinvestissement de portefeuille supeacuterieur a IIDE entre 1987 et 1992 Cet afflux d investissements speacuteculatifs est a mettre en rapport avec des taux

4 Jorge Bande et R Ffnnch-Davis Copper Policies iexclUld rhe Chilean Economy gtJ NOlas CIlicas nO 132 CIEPLAN 1989 p 40 5 Le taux nnn uel moyen de cro issance de I investisscment inreacute rieur brut est de 37 de 1960 ~ 1970 11 chute iexcliexcl -2 0 4 en 1970-1979 et se rCtablit quelque peu uuml 27 en 1980- 1989 (eL Eanque mondiacuteale laquo Rapporl sur le deacuteve loppement dnns le monde 1981 et 19() I raquo)

I

d inteacuteret domestiques reacuteels tres eacuteleveacutes et avec lachat d actions dentreprises nationales

Mais cest peut-etre sa reacutepartition sectorielle qui constitue la caracteacuteristiqlle la plu impOltante de I IDE Oepuis 1973 celui-ci se concentre elans les secteurs traditionnels En 1990 il se reacutepartit de la maniere suivante 50 dans le secteur primaire (les mines) 198 dans le secteur secondaire et 296 elans le secteur tertiaire Alors que I Etat abanelonne son role elirigeant et reacuteglllateur en matiere el accllmUllation que les investisshysements priveacutes nationaux se font rares la libeacuteral isation qui veut assurer la laquo meilleure reacutepartition des ressources raquo laisse I lOE reproduire le modele dexportation des produits de base Il faut noter ainsi que I indique le tableau 4 tIue le Chili est avec la Bolivie le pays de la reacutegion elont la part de I lOE elans le secteur manufacturier est la plus faible

Tab leau 4 Chili et autres pays d Ameacuterique latine Reacutepartition sectorielle du stock de Iinvestissement direct eacutetranger ()

Terliai re Primaire Secondaire Tolal

Chlll 1980 41 2 253 335 100 1990 296506 198 100

Peacuterou 1980 438 343 100 1990

219 347 34 2 31 1 100

Argenline 1980 149 223 100 1990

628 140 604 258 100

Sreacutesi l 1980 37 744 219 100 1990 29 278693 100

Mexique 1980 17451 775 100 1990 19 623 358 100

Solivie 1980 672 180 148 100 1990 714 132 154 100

Colombie 1980 707 22961 100 1990 459 424 116 100

Venezuela 1980 18 617 293 100

I 1990 50 707 163 100

Source CEPAL-Crr Tireacute de JA f uentes (1992)

Lanalyse de l IOE provenant eles Eacutetats-Unis (cf tableau 5) penne el appreacutehender un autre pheacutenomene Ce type d investissements pratiquement inexistant en 1985 (88 millions de doBars) atteint 0672 miUiard ele dollars en 1988 1876 milliard de dolJars en 1990 et 2446 milliards de dollars en 1992 En 1992 I IDE venant des Eacutetats-Unis soriente en majoriteacute vers les secteurs bancaire et financier (56 du total) C est ce qui fait que le secteur financier chilien avosation de place importante au niveau reacutegional se trouve sous le controle eles Etats-Unis Cest ainsi que trois consortiums de ce pays controlent 612 des fonds accumuleacutes dans les administradoras de fondos de pensiones (AFP) (socieacuteteacutes administratrices de caisses de retraites) 6 En 1990 ces AFP possedent pour 68 miUiards de dollars dactifs

Oacute Confederacioacuten Minera de Chile IIJ crsiaacuten extranjera en la mineriacutea ch ilena (seleccioacuten de text()s) p 7 mars 1992

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocL-deacutec 1993

ehili les limiles de la crolssance

53

I

I

soit 265 du PIB Les banques chiliennes qui reyoivent a nouveau des creacutedits a long terme profitent des faibles taux dinteacuteret intemationaux pour emprunter aux banques nord-ameacutericaines et preter ensuite al Argentine au Peacuterou et a la Bolivie a des taux multiplieacutes par deux ou trois 7

Tableau 5 Stocks de Iinvestissement direct des Eacutetats-Unis en Ameacuterique latine

(en millions de dollars)

1980 1985 1988 1989 1990 1991 1992

Ameacuteri que latine a 38761 28 261 53506 62 145 70752 76 214 88860 donl Breacutesil 7704 8893 12609 14 025 14268 14 882 161 14

Mexique 5986 5088 571 2 8264 10 255 12257 13330 Argent ine 2540 2 705 2 597 22 15 2479 2767 3353

Chi li 536 88 672 1 412 1876 1 916 2446 Colomb ie 1012 2 148 2248 1660 1647 1627 2077

Venezuela 1 908 1588 1903 932 1 063 1 424 1 725 Peacuterou 1 665 1243 976 813 594 522 466

Eacutequateur 322 36 1 431 30 1 278 296 3 10

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oel deacutec 1993 Souree eacutelaboreacute aacute parl1 r de SU0iexcley 01 Currenl BUSiness (julllel 1993 el JUln 1992) US Bureau 01 Economic Analysls et Slati sllcal Abstraet o lhe United Slates 1993 US Deo 01 Commerce

e hil i a Lalin Ameriea and other Western Hemisphere les lim iles

de la croissan ce Ta bleau 6 Reacutepartition par secteurs de lOE des Eacutetats-Unis

54 en 1992 (en millions de dollars US)

total biens manushy

factureacutes peacutetrole commerce banque finanee Iserviees autres

Ameacuterique latine 88860 26 727 4 559 3 342 7 731 40537 1066 4 898 dont Breacutesi l 161 14 12014 668 197 1022 1 839 94 28 1

Mexique 13330 928 1 777 798 325 1935 Argenline 3353 1633 499 159 430 538 60 35

Chil i 2 446 257 - 191 353 1 030 408 Colombie 2077 699 596 107 10 10 -

Venezuela 1 725 1 069 179 175 111 30 Peacuterou 466 18 - 59 O 9 306

Eacutequaleur 31 0 88 154 38 5 - O

Source Survey 01 Current Business Julllet t993

- supprimeacute alin devlter la divulgatlon de ehiflres de compagn ies uniques ou peu nombreuses

Les mesures essentielles qui caracteacuterisent le modele (baisse des droits de douane deacutevaluation et baisse du salaire reacuteel) sont non seulement deacutesindustrialisantes mais aussi profondeacutement excluantes car elles aggravent les dispariteacutes dans la distribution du revenu Pablo Arellano a deacutemontreacute comment la deacutepreacuteciation reacuteelle permanente signifie que d une part s opere une redistribution des ressources favorable aux exportateurs et une plus importante reacuteattribution de ressources al expoltation et que d autre part cette deacutepreacuteciation n est pas synonyme d acceacuteleacuteration de l inflation dans la mesure Ol celle-ci est accompagneacutee dune baisse importante des revenus reacuteels de certains facteurs de production notamment du travail 8 Au deacutebut

7 Cf The Banker juin 1993 p 21 8 Pablo Arell ano laquo Crisis y recuperacioacuten econoacutemica en Chile en los alios 80 raquo Coleccioacuten de E sudios elEPLAN nO 24 juin 19R8

I

I

1992 on estime que les salaires reacuteels nont pas encore retrouveacute leur niveau de 1970 9

Ainsi a la fin du gouvernement Pinochet qui 1aisse ainsi un heacuteritage redoutable le pays compte cinq mirIions de pauvres soit pres de 40 de la population Parmi les pays pour lesquels on dispose de donneacutees le Chili est celui qui a connu la plus forte aggravation des dispariteacutes dans la distribution du revenu Alors quen 1968 la part du revenu national qui eacutechoit aux 20 les plus riches de la population est de Si4 en 1989 elle s eacuteleve a 629 De 1eur coteacute les 20 les plus pauvres voient leur part du revenu nationa1 se reacuteduire au cours de la meme peacuteriode de 44 a37 A ieacutechelle de l Ameacuterique latine seul le Breacutesil a connu en 1989 une situation plus grave Cependant depuis 1968 ce processus de deacuteteacuterioration revet au Chili une ampleur bien supeacuterieure (cf tableau 7) Les riches peuvent eacutechapper a l impct de la crise grike a la fuite de capitaux JO ala remise de leurs dettes par rEtat el ala reacuteduction de limpot direct Les pauvres sont les plus attecteacutes par la reacuteduction des deacutepenses sociales dont la part dans le budget du Problemes

dAmeacuteriquegouernement central est fortement reacuteduite de 1972 a 1989

Tableau 7 Chili et Breacutesil reacutepartition du revenu

i

ehili 1968 1989

Breacutesil 1972 1989

quintile I deuxieme le plus pauVIe 1

44 37

20 21

quintile

90 68

50 49

tro lsieacuteme quintile

138 103

94 89

quatrieacuteme quin ti le

214 162

170 168

latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

e hlli Pourcentage du revenu total les limites

cinquieacuteme qUlntile deacutecile de la croissance le plus riche le plus riche

55

514 34 8 629 489

666 506 675 513

Source Banqlle mondiale Rapport sur le deacutevelop ement dans le monde 1988 el 1993

Le modele dexportation de produits du secteur primaire n induit par ailleurs que peu d emplois dans les domaines clefs a savoir les mines et l agriculture (y compris sylviculture et peche) qui emploient en 1992 un pourcentage de population active plus faible qu en 1973 Apres 1990 Iemploi stagne dans Iagriculture et deacutecroiacutet dans les mines en termes absolus Malgreacute une progression au cours de ces dernieres anneacutees le secteur manufacturier occupe en 1992 un pourcentage de la population active moins important quen 1973 Officiellement le taux de chomage est en 1992 de 48 Mais ce chiffre masque eacutevidemment un taux de sous-emploi important qui englobe Ila pauvreteacute et surtout 1laquo extreme pauvreteacute raquo En 1994 on estime que le secteur infomlel occupe 40 de la population active du pays Un demi-million de femmes travaillent en tant qu employeacutees de maison ou domestiques 11

9 el J C Bello el al op cir p 29 10 Le montant des capitaux qui retournent au ehili de 1983 il 1990 seacuteleve a41 milJiards de dollars ef P Salama laquo Fragiliteacute des nouvelles politiques eacuteconomiques en Ameacuterique latine Problemes d Ameacuterique laline ndeg 10 1993 p 73 11 The Economisl 29 janvier 1994 En 1989 le secteur informe urbain occupe 30 de la population urbaine (presque 90 de la population totaJe) el R Infante et E Klein (1991) laquo Mercado latinoameshyricano del trabajo en 1950-1990 raquo in Relista de la CEPALC n 45 tableau ndeg 4 p 135

I

I

Problemes dAmeri~e

latine Ndeg 11

oct-deacutec 1993

Chill les limites

de la croissance

56

Que le nouveau gouvemement civil de mars 1990 ait continueacute aappliquer ce modele cela ne fait aucun doute Les observateurs eacutetrangers 12

mais aussi les membres de leacutequipe deacuteconomistes gouvemementale 10nt reconnu Patrico Meller 1 actuel preacutesident de la CIEPLAN le prestigieux centre deacutetudes dont soot issus les membres de cette eacutequipe deacuteconomistes (Alejandro Foxley le ministre des Finances du gouvernement sortant a preacutesideacute cet organisme) donne [explication suivante ala suite du pleacutebiscite de 1988 devant les bons pronostics de la Concertation pour les eacutelections preacutesidentielles de 1989 la Confeacutedeacuteration de la production et du commerce la plus grande organisation patronale du pays commence a rencontrer les eacuteconomistes de cette coalition afin de deacutebattre de la nouvelle poli tique eacuteconomique laquo Leacutevolution ideacuteologique des dirigeants politiques de la Conshycertation contribue eacutegalement ace changement Devant limminence d une victoire eacutelectorale et les signes encourageants donneacutes par leacuteconomie ceux-ci optent pour une atteacutenuation de leur traditionnelle critique du modele preacuteceacuteshydent lacceptation des aspects positifs de la structure eacuteconomique en place et surtout la reconnaissance de Iimportance du role de la proprieacuteteacute priveacutee et du patronat pour le deacuteveloppement ( ) Il se produit ainsi une association d inteacuterets entre le patronat et ceux qui vont constituer le gouvernement de la Concertation raquo 13

Ainsi reprendre ce modele a son compte cest penser que laquo le moteur de la croissance reacuteside toujours dans les exportations raquo et quil est laquo indispensableraquo de conserver un taux de change baso En bref quil faut laquo maintenir les exportations a un rythme de croissance eacuteleveacute raquo 14

Cependant les exportations baissent de 7 en 1993 et pour 1994 on preacutevoit une croissance de 78 Laugmentation du PIB qui est de 103 en 1992 tombe a6 en 1993 pour atteindre selon les preacutevisions 45 en 1994 (d tableau 8) Jusqu aquel point de tels reacutesultats remettent-ils ce modele en question Le gouvernement formeacute apres les eacutelections de deacutecembre 1993 se propose datteindre une croissance moyenne de 6 par an

Depuis 1993 la diversification des exportations connaiacutet eacutegalement des limites tous les prix des principaux produits d exportation du Chili baissent Cette chute n est plus compenseacutee par une augmentation du volume exporteacute comme en 1992 L ineacutelasticiteacute des exportations jointe a la saturation des marcheacutes et au protectionnisme europeacuteen souligne la fragiliteacute d une croissance fondeacutee sur iexportation de produits de base par ailleurs menaceacutee par les difficulteacutes du marcheacute mondial Le cuivre est le seul atout stable (d infra) en termes relatif et absolu de I eacuteconomie chilienne Pour tous les autres produits (les fruits la farine de poisson et la cellulose) le

12 Tlie EIU COIIIlry Profile 993-1994 p lO indique laquo Le gouvernernent Aylwin a conserveacute sans quasiment les modifier les mesures de politique eacuteconomique qui ont fait la preuve de leur succes SOUS

le gouvcmemenl anteacuterieur raquo De son coteacute Nord Sud Expon Consultants affirme laquo De IOUS les pays dAmeacuterique latine le Chili est celui qui affiche la meilleure siluation eacuteconomique et financiere Cest le reacutesullat dun modele eacuteconornique neacuteo-Libeacuteral adopteacute sous une dictature rnilitaire et grace iexcliexcl son appareil reacutepressif puis conserveacute dans sa phase de ctoissance auto-entrelenue par la coalilion au pouvoir dcpuis mars 1990 qui a donneacute la prioriteacute au respeet des grands eacutequilibres macro-eacuteconomiques sans pour autant oublier l apurement progressif de la delle sociale Les opposants d hier ont repris 11 leur compte Ieacuteconomie de marcheacute bien conscients de la neacutecessiteacute de preacuteserver la poule aux oeufs d or raquo (Dossier Chili 4 octobre 1993pIS) 13 Osear Muntildeoz el al Chile en IlOlHiciriacuten estrategia econoacutemica y poliacutetica Coleccioacuten de Estudios CIEPLAN ndeg 37 juin 1993 p 110 14 O Muntildeoz el al op cit pp 126 et 127

I

I

Tab leau 8 Chili eacutevolution reacutecente et perspectives de Ieacuteconomie

1990 1991 1992 1993 1994

PIS reacuteel croissance en

inflation (fin danneacutee en )

exportations (mi llions de US $)

dont cuivre

importa lions (milliacuteons de dollars US)

balance commerciale (mill ions de dollars US)

compte couran t (millions de dollars US)

detre ex1eacuterieure (mill iards de dollars US)

taux de change (f in d anneacutee pesos par dOllar)

21

27 3

8310

4021

7037

1 273

-082

186

3371

61

187

8929

3617

7353

1576

93

180

374 5

103

127

9986

3886

9237

749

-583

189

3823

60

122

9215

3500

10 209

-995

-2310

202

4280

45

100

10030

3430

11 100

-1070

-2300

2 18

4600

Source The Eco omls Counlry Repar 1992 el 1993 et ler trimestre 1994 El Mercurio (20 au 26 iexclanviacuteer 1994) eacutedition imernalionale

bull pro~ct ions

Chili nest quun producteur certes doteacute d une certaine importance mais aussi tres menaceacute en ce qui concerne la demande et potentiellement l offre De plus au moins a court et moyen termes les preacutevisions d augmentation des exportations de produits manufac tureacutes proposeacutees par certains eacuteconomistes ne tiennent pas compte du processllS de deacutesindustrialisation engendreacute par ce modele Si lon assiste a une certaine reprise de linves tissement au cours de ces dernieres anneacutees on De peut se prononcer en l absence d information sur leur nature sur les possibiliteacutes dexportatioo de produits manufactureacutes Les rapports les plus connus sur leacuteconomie ehilienne ne font reacutefeacuterence qu a quelques projets de ereacuteation dentreprises relativement modestes quant aux investissements ee qui n autorise pas a eacutetablir des preacutevisions optimistes Enfin on ne doit pas oublier que le gel des salaires la restrierion du ereacutedit et de la eonsommation ainsi que des ta x d inteacuteret eacuteleveacutes eonseacutequence de la politique de refroidissement de Ieacuteco omie jouent contre la production de produits manufaetureacutes

Le role de la politique du taux de change

Le role de la politique du taux de ehange dans la promotion des exportations et dans la croissanee de Ieacuteconomie ehilienne est devenu fondamental dan s les anneacutees 1980 Pour des raisons de simpliciteacute Janalyse est diviseacutee en trois peacuteriodes Dabord la peacuteriode 1973-1981 qui se termine par une importante appreacuteciation Ensuite la peacuteriode 1982-1990 earacteacuteri seacutee par une importante deacutepreacuteei ation reacuteelle du taux de change Enfin la peacuteriode 1990-1993 OU l on constate une leacutegere appreacuteciation (ef graphique 1 et tableau 9)

lt

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chlli les limites de la crolssance

57

I

Graphique 1 Taux de change effectit reacuteel 1

(1985 = 100)

195-r-------------------------------------------------

170

145

120

Probleacutemas dAmeacuteriqMe

latine 95 N 11

oct-deacutec 1993

Chlll 70 -4--T-------r---r-------r----T-r--r----or----o--- les limItes

de la crOlssance 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993

58 Jusquen septembre 1993

Source FMI (voir tableau 9)

1 Ce taux de ctlange reacuteel mesure le oegreacute de cornpeacutetrl rvl teacute-pri x de Ieacuteconorrlle chilienne lace aux pnnclpaux pays parlerralres Un accroissemenl de Iindice tradult une appreacuteciallon reacuteelle (IIne perte de compeacutelil iviteacute ) une diminution traduit une deacutepreacuteciaton reacuteetle (1m gein de compeacutetillvl teacute )

La peacuteriode 1973-1981

Pendant ses premieres anneacutees et jusqu au deacutebut des anneacutees 1980 le gouvernement Pinochet a comme objectif central la reacuteduction de l inflation La politique du taux de change se caracteacuterise par une grande incoheacuterence application de fortes deacutevaluations (1973-1975) eacutetablissement d un taux de change unique (1976) mise en place d un systeme de mini-deacutevaluations (anneacutee 1975 et de feacutevrier 1978 ajuin 1979) et entre juin 1979 et juin 1982 applicarion d un taux de change fixe qui laquopervertitraquo 15 la libeacuteralisation Lexpeacuterience se termine par une importante appreacuteciation du taux de change qui exprime le pheacutenomene dll laquo syndrome hollandais raquo 16 En 1981 le deacuteficit en compte courant atteint un record puisquil se situe a 145 du PIB En 1982 le gouvernement reacutellssit a ramener linflation a 99 (elle a atteint presque 500 en moyenne en 1973-1974) cependant le Chili sombre dans

15 Cest ainsi que le deacutefinit Bela Balassa (1985) Chalge (Ind Chalelige ilhe Word Ecololly p 180 CEssay 8laquo Polie) Experiments in Chile raquo 1973-1983 MacMillan) 16 Lance Taylor montre comment une disponibiliteacute accrlle des ressources exteacuterieures Ce les anneacutees 1979-1981 dans le tiexcliexclbleau 9) peut eonduire a une appreacuteeiation de la monnaie et it une contraction lallt des exportations que de Iaetiviteacute eacuteeonomique interne el cela en fonction de Iarriveacutee des importmions coneurrentielles n sagit done d un cas speacutecifique delaquo Dutch disease ) qlli peut intervenir dans les pays surendetteacutes ou qui re~oivent suite ades circonstances particulieres des capitaux exteacuterieurs trop abondants Voir notammcnt L Taylor (1991)laquo Economjc Openness Problems to lhe Century s End raquo ill EcolomIacute( Liberalizaion No panacea Tario Banuri Edit Oxford and New York Oxford University Press

I

une terrible deacutepression avec les graves conseacutequences eacuteconomiques et sociales qui en deacutecoulent

La peacuteriode 1982-1990 Entre 1982 et 1988 la deacutepression reacuteelle devient linstrument pour ameacuteliorer la balance des paiements et reacutetablir leacuteconomie a partir de la croissance des exportations Le systeme de taux de change fixe est abandonneacute en 1982 apres une deacutevaluation traumatique et un systeme d ajustement quotidien par rapport au dollar est introduit Cela nempeche pas de reacutealiser une maxi-deacuteshyvaluation en 1984 ainsi que quelques mini-deacutevaluations De 1982 a 1986 la deacutepreacuteciation reacuteelle suit Iameacutelioration de la compeacutetuumliviteacute-prix du cuivre face a la chute des prix intemationaux Le Chili parvient meme aaugmenter ses recettes dexportation uuml partir dimportantes augmentations du voJume exporteacute La deacutepreacuteciation reacuteelle stimule aussi les exportations dautres produits de base 11 ne faut pas oublier que le gouvernement adepte du laisser-faire reacutealise des investissements dans les mines de cuivre et continue dencourager la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche comme l ont fait les gouvernements preacuteceacutedems

On estime que la deacutepreacuteciation reacuteelle entre 1980 et 1987 est de ordre de 60 dont plus de b moitieacute compense la chute des prix internationaux et le reste peut etre consideacutereacute comme un gain net de change pour les exportateurs

Le systeme adopteacute par [e Ch ili depuis le fin de 1982 est celui dun taux de change laquo administreacute raquo La Banque centrale fixe un laquo taux de change de reacutefeacuterence raquo qui est deacutevaJueacute chaque jour en fonction du diffeacuterentiel entre l inflation domestique du mois preacuteceacutedent et une estimation du taux moyen d inflation dans les principaux pays partenaires du Chili La Banque centrale achete (ou vend) les quantiteacutes qui sont offertes (ou demandeacutees) par les banques commerciales pour les transactions autoriseacutees ii un prix 2 au-dessous (ou au-dessus) du prix de reacutefeacuterence Le taux de change pour les transactions autoriseacutees flotte librement a I inteacuterieur de cette marge

Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir depuis 1988 colncident avec la reacutecupeacuteration des prix intemationaux et surtout avec un flux de capitaux exteacuterieuumlrs tres importam (cf tableau 9)

La peacuteriode 1990-1993 Lappreacuteciation reacuteelle du taux de change constitue un probleme qui retient lattemion du nouveau gouvernement car ce pheacutenomene affecte les ex porshytations et la croissance de Jeacuteconomie Cette situation enregistreacutee depuis 1990 ne semble avoir eacuteteacute contenue par le gouvernement que jusqu ii la fin de 1993 (cf tableau 9 et graphique 1)

Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa croissance Depuis la fin des anneacutees 1980 un important flux net de capitaux eacutetrangers en majoriteacute speacuteculatif exerce une pression a la hausse du taux de change (cf tableau 9) Leacuteconomie est affecteacutee a l instar du pheacutenomene

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les limi tes de la croissance

59

I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

I

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

I

I

Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

62

Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

I

les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

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Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

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iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

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iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

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I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

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Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 5: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

La deuxieme vague de privatisations de 1985-1989 sert pour Iessentiel a financer les deacutepenses courantes et a eacutequilibrer les finances publiques qui du reste preacutesentent un solde exceacutedentaire apartir de 1989

Comme l indique le tableau 3 de 1975 a1990 la CODELCO apporte 12 milliards de dollars aux caisses de l Etat el ne consacre qu une petite partie de ses revenus aux investissements innovants susceptibles dassurer son expansion along terme Elle est meme laquo inviteacutee ase financer grike au creacutedit exteacuterieur raquo 4

Tableau 3 CODELCO apports au budget public et investissements

m il liorlS de dollars US couran ts

I

apports CODELCO au budget

1I

investissements CODELCO

I

apports CODELCO au budget

II

investissements CODELCO

1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984

245 432 399 368 865

1007 480 524 679 557

11 6 111 100 161 178 267 307 234 201 276

1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993

411 455 599

1 467 1961 1505

870 891 493

370 378 323 345 410 331 343 425 n d

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg11

oct -deacutec 1993

Chil i les limites

de la croissance

52 Source CODELCO Memorlai anual plusieurs anneacutees Ffrench-Davis el Bande (1989) Fortin Chilean Copper PO licy International and Internal ASiJects IDS Bulletin vol 17 n 4 1986 Heclor Donoso Defensa del patrimonio nacIOnal edil Confederacioacuten minera de Chile septembre 1993

estimalion a part des deacuteclaralloos du ministre des Finances El MerCUriO ed icioacuten internac ior13l semaine du 20 au 26 janvier 1994

Au cours de cette peacuteriode l investissement public preacuteponshydeacuterantjusqu au deacutebut des anneacutees 1970 diminue par rapport al investissement priveacute dans un contexte de chute importante du taux daccumulation notamment en 1975 et 1982 anneacutees d un veacuteritable etfondrement de la capaciteacute de production 5

La reprise de Ii nvestissement perceptible apres 1987 coinshycide avec les reacutesultats du pleacutebiscite et dautres facteurs comme les nouvelles

dispositions concernant les capitaux eacutetrangers et la conversion des titres de la dette en actifs nationaux La majeure partie de ces investissements est dorigine eacutetrangere

De 1976 anneacutee ou le Chili quitte le Pacte andin a 1987 l investissement direct eacutetranger (lOE) augmente de 2095 milliards de dollars mais reste infeacuterieur acelui de la Colombie (3868 milliards de dollars) pays demeureacute dans le Pacte De 1987 a 1992 I lOE augmente de 2 104 milliards de dollars cest-a-dire davantage quau cours des douze anneacutees preacuteceacutedentes (FMI statistiques financieres internationales)

A partir de 1986 011 note eacutegalement une augmentation de Iinvestissement de portefeuille supeacuterieur a IIDE entre 1987 et 1992 Cet afflux d investissements speacuteculatifs est a mettre en rapport avec des taux

4 Jorge Bande et R Ffnnch-Davis Copper Policies iexclUld rhe Chilean Economy gtJ NOlas CIlicas nO 132 CIEPLAN 1989 p 40 5 Le taux nnn uel moyen de cro issance de I investisscment inreacute rieur brut est de 37 de 1960 ~ 1970 11 chute iexcliexcl -2 0 4 en 1970-1979 et se rCtablit quelque peu uuml 27 en 1980- 1989 (eL Eanque mondiacuteale laquo Rapporl sur le deacuteve loppement dnns le monde 1981 et 19() I raquo)

I

d inteacuteret domestiques reacuteels tres eacuteleveacutes et avec lachat d actions dentreprises nationales

Mais cest peut-etre sa reacutepartition sectorielle qui constitue la caracteacuteristiqlle la plu impOltante de I IDE Oepuis 1973 celui-ci se concentre elans les secteurs traditionnels En 1990 il se reacutepartit de la maniere suivante 50 dans le secteur primaire (les mines) 198 dans le secteur secondaire et 296 elans le secteur tertiaire Alors que I Etat abanelonne son role elirigeant et reacuteglllateur en matiere el accllmUllation que les investisshysements priveacutes nationaux se font rares la libeacuteral isation qui veut assurer la laquo meilleure reacutepartition des ressources raquo laisse I lOE reproduire le modele dexportation des produits de base Il faut noter ainsi que I indique le tableau 4 tIue le Chili est avec la Bolivie le pays de la reacutegion elont la part de I lOE elans le secteur manufacturier est la plus faible

Tab leau 4 Chili et autres pays d Ameacuterique latine Reacutepartition sectorielle du stock de Iinvestissement direct eacutetranger ()

Terliai re Primaire Secondaire Tolal

Chlll 1980 41 2 253 335 100 1990 296506 198 100

Peacuterou 1980 438 343 100 1990

219 347 34 2 31 1 100

Argenline 1980 149 223 100 1990

628 140 604 258 100

Sreacutesi l 1980 37 744 219 100 1990 29 278693 100

Mexique 1980 17451 775 100 1990 19 623 358 100

Solivie 1980 672 180 148 100 1990 714 132 154 100

Colombie 1980 707 22961 100 1990 459 424 116 100

Venezuela 1980 18 617 293 100

I 1990 50 707 163 100

Source CEPAL-Crr Tireacute de JA f uentes (1992)

Lanalyse de l IOE provenant eles Eacutetats-Unis (cf tableau 5) penne el appreacutehender un autre pheacutenomene Ce type d investissements pratiquement inexistant en 1985 (88 millions de doBars) atteint 0672 miUiard ele dollars en 1988 1876 milliard de dolJars en 1990 et 2446 milliards de dollars en 1992 En 1992 I IDE venant des Eacutetats-Unis soriente en majoriteacute vers les secteurs bancaire et financier (56 du total) C est ce qui fait que le secteur financier chilien avosation de place importante au niveau reacutegional se trouve sous le controle eles Etats-Unis Cest ainsi que trois consortiums de ce pays controlent 612 des fonds accumuleacutes dans les administradoras de fondos de pensiones (AFP) (socieacuteteacutes administratrices de caisses de retraites) 6 En 1990 ces AFP possedent pour 68 miUiards de dollars dactifs

Oacute Confederacioacuten Minera de Chile IIJ crsiaacuten extranjera en la mineriacutea ch ilena (seleccioacuten de text()s) p 7 mars 1992

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocL-deacutec 1993

ehili les limiles de la crolssance

53

I

I

soit 265 du PIB Les banques chiliennes qui reyoivent a nouveau des creacutedits a long terme profitent des faibles taux dinteacuteret intemationaux pour emprunter aux banques nord-ameacutericaines et preter ensuite al Argentine au Peacuterou et a la Bolivie a des taux multiplieacutes par deux ou trois 7

Tableau 5 Stocks de Iinvestissement direct des Eacutetats-Unis en Ameacuterique latine

(en millions de dollars)

1980 1985 1988 1989 1990 1991 1992

Ameacuteri que latine a 38761 28 261 53506 62 145 70752 76 214 88860 donl Breacutesil 7704 8893 12609 14 025 14268 14 882 161 14

Mexique 5986 5088 571 2 8264 10 255 12257 13330 Argent ine 2540 2 705 2 597 22 15 2479 2767 3353

Chi li 536 88 672 1 412 1876 1 916 2446 Colomb ie 1012 2 148 2248 1660 1647 1627 2077

Venezuela 1 908 1588 1903 932 1 063 1 424 1 725 Peacuterou 1 665 1243 976 813 594 522 466

Eacutequateur 322 36 1 431 30 1 278 296 3 10

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oel deacutec 1993 Souree eacutelaboreacute aacute parl1 r de SU0iexcley 01 Currenl BUSiness (julllel 1993 el JUln 1992) US Bureau 01 Economic Analysls et Slati sllcal Abstraet o lhe United Slates 1993 US Deo 01 Commerce

e hil i a Lalin Ameriea and other Western Hemisphere les lim iles

de la croissan ce Ta bleau 6 Reacutepartition par secteurs de lOE des Eacutetats-Unis

54 en 1992 (en millions de dollars US)

total biens manushy

factureacutes peacutetrole commerce banque finanee Iserviees autres

Ameacuterique latine 88860 26 727 4 559 3 342 7 731 40537 1066 4 898 dont Breacutesi l 161 14 12014 668 197 1022 1 839 94 28 1

Mexique 13330 928 1 777 798 325 1935 Argenline 3353 1633 499 159 430 538 60 35

Chil i 2 446 257 - 191 353 1 030 408 Colombie 2077 699 596 107 10 10 -

Venezuela 1 725 1 069 179 175 111 30 Peacuterou 466 18 - 59 O 9 306

Eacutequaleur 31 0 88 154 38 5 - O

Source Survey 01 Current Business Julllet t993

- supprimeacute alin devlter la divulgatlon de ehiflres de compagn ies uniques ou peu nombreuses

Les mesures essentielles qui caracteacuterisent le modele (baisse des droits de douane deacutevaluation et baisse du salaire reacuteel) sont non seulement deacutesindustrialisantes mais aussi profondeacutement excluantes car elles aggravent les dispariteacutes dans la distribution du revenu Pablo Arellano a deacutemontreacute comment la deacutepreacuteciation reacuteelle permanente signifie que d une part s opere une redistribution des ressources favorable aux exportateurs et une plus importante reacuteattribution de ressources al expoltation et que d autre part cette deacutepreacuteciation n est pas synonyme d acceacuteleacuteration de l inflation dans la mesure Ol celle-ci est accompagneacutee dune baisse importante des revenus reacuteels de certains facteurs de production notamment du travail 8 Au deacutebut

7 Cf The Banker juin 1993 p 21 8 Pablo Arell ano laquo Crisis y recuperacioacuten econoacutemica en Chile en los alios 80 raquo Coleccioacuten de E sudios elEPLAN nO 24 juin 19R8

I

I

1992 on estime que les salaires reacuteels nont pas encore retrouveacute leur niveau de 1970 9

Ainsi a la fin du gouvernement Pinochet qui 1aisse ainsi un heacuteritage redoutable le pays compte cinq mirIions de pauvres soit pres de 40 de la population Parmi les pays pour lesquels on dispose de donneacutees le Chili est celui qui a connu la plus forte aggravation des dispariteacutes dans la distribution du revenu Alors quen 1968 la part du revenu national qui eacutechoit aux 20 les plus riches de la population est de Si4 en 1989 elle s eacuteleve a 629 De 1eur coteacute les 20 les plus pauvres voient leur part du revenu nationa1 se reacuteduire au cours de la meme peacuteriode de 44 a37 A ieacutechelle de l Ameacuterique latine seul le Breacutesil a connu en 1989 une situation plus grave Cependant depuis 1968 ce processus de deacuteteacuterioration revet au Chili une ampleur bien supeacuterieure (cf tableau 7) Les riches peuvent eacutechapper a l impct de la crise grike a la fuite de capitaux JO ala remise de leurs dettes par rEtat el ala reacuteduction de limpot direct Les pauvres sont les plus attecteacutes par la reacuteduction des deacutepenses sociales dont la part dans le budget du Problemes

dAmeacuteriquegouernement central est fortement reacuteduite de 1972 a 1989

Tableau 7 Chili et Breacutesil reacutepartition du revenu

i

ehili 1968 1989

Breacutesil 1972 1989

quintile I deuxieme le plus pauVIe 1

44 37

20 21

quintile

90 68

50 49

tro lsieacuteme quintile

138 103

94 89

quatrieacuteme quin ti le

214 162

170 168

latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

e hlli Pourcentage du revenu total les limites

cinquieacuteme qUlntile deacutecile de la croissance le plus riche le plus riche

55

514 34 8 629 489

666 506 675 513

Source Banqlle mondiale Rapport sur le deacutevelop ement dans le monde 1988 el 1993

Le modele dexportation de produits du secteur primaire n induit par ailleurs que peu d emplois dans les domaines clefs a savoir les mines et l agriculture (y compris sylviculture et peche) qui emploient en 1992 un pourcentage de population active plus faible qu en 1973 Apres 1990 Iemploi stagne dans Iagriculture et deacutecroiacutet dans les mines en termes absolus Malgreacute une progression au cours de ces dernieres anneacutees le secteur manufacturier occupe en 1992 un pourcentage de la population active moins important quen 1973 Officiellement le taux de chomage est en 1992 de 48 Mais ce chiffre masque eacutevidemment un taux de sous-emploi important qui englobe Ila pauvreteacute et surtout 1laquo extreme pauvreteacute raquo En 1994 on estime que le secteur infomlel occupe 40 de la population active du pays Un demi-million de femmes travaillent en tant qu employeacutees de maison ou domestiques 11

9 el J C Bello el al op cir p 29 10 Le montant des capitaux qui retournent au ehili de 1983 il 1990 seacuteleve a41 milJiards de dollars ef P Salama laquo Fragiliteacute des nouvelles politiques eacuteconomiques en Ameacuterique latine Problemes d Ameacuterique laline ndeg 10 1993 p 73 11 The Economisl 29 janvier 1994 En 1989 le secteur informe urbain occupe 30 de la population urbaine (presque 90 de la population totaJe) el R Infante et E Klein (1991) laquo Mercado latinoameshyricano del trabajo en 1950-1990 raquo in Relista de la CEPALC n 45 tableau ndeg 4 p 135

I

I

Problemes dAmeri~e

latine Ndeg 11

oct-deacutec 1993

Chill les limites

de la croissance

56

Que le nouveau gouvemement civil de mars 1990 ait continueacute aappliquer ce modele cela ne fait aucun doute Les observateurs eacutetrangers 12

mais aussi les membres de leacutequipe deacuteconomistes gouvemementale 10nt reconnu Patrico Meller 1 actuel preacutesident de la CIEPLAN le prestigieux centre deacutetudes dont soot issus les membres de cette eacutequipe deacuteconomistes (Alejandro Foxley le ministre des Finances du gouvernement sortant a preacutesideacute cet organisme) donne [explication suivante ala suite du pleacutebiscite de 1988 devant les bons pronostics de la Concertation pour les eacutelections preacutesidentielles de 1989 la Confeacutedeacuteration de la production et du commerce la plus grande organisation patronale du pays commence a rencontrer les eacuteconomistes de cette coalition afin de deacutebattre de la nouvelle poli tique eacuteconomique laquo Leacutevolution ideacuteologique des dirigeants politiques de la Conshycertation contribue eacutegalement ace changement Devant limminence d une victoire eacutelectorale et les signes encourageants donneacutes par leacuteconomie ceux-ci optent pour une atteacutenuation de leur traditionnelle critique du modele preacuteceacuteshydent lacceptation des aspects positifs de la structure eacuteconomique en place et surtout la reconnaissance de Iimportance du role de la proprieacuteteacute priveacutee et du patronat pour le deacuteveloppement ( ) Il se produit ainsi une association d inteacuterets entre le patronat et ceux qui vont constituer le gouvernement de la Concertation raquo 13

Ainsi reprendre ce modele a son compte cest penser que laquo le moteur de la croissance reacuteside toujours dans les exportations raquo et quil est laquo indispensableraquo de conserver un taux de change baso En bref quil faut laquo maintenir les exportations a un rythme de croissance eacuteleveacute raquo 14

Cependant les exportations baissent de 7 en 1993 et pour 1994 on preacutevoit une croissance de 78 Laugmentation du PIB qui est de 103 en 1992 tombe a6 en 1993 pour atteindre selon les preacutevisions 45 en 1994 (d tableau 8) Jusqu aquel point de tels reacutesultats remettent-ils ce modele en question Le gouvernement formeacute apres les eacutelections de deacutecembre 1993 se propose datteindre une croissance moyenne de 6 par an

Depuis 1993 la diversification des exportations connaiacutet eacutegalement des limites tous les prix des principaux produits d exportation du Chili baissent Cette chute n est plus compenseacutee par une augmentation du volume exporteacute comme en 1992 L ineacutelasticiteacute des exportations jointe a la saturation des marcheacutes et au protectionnisme europeacuteen souligne la fragiliteacute d une croissance fondeacutee sur iexportation de produits de base par ailleurs menaceacutee par les difficulteacutes du marcheacute mondial Le cuivre est le seul atout stable (d infra) en termes relatif et absolu de I eacuteconomie chilienne Pour tous les autres produits (les fruits la farine de poisson et la cellulose) le

12 Tlie EIU COIIIlry Profile 993-1994 p lO indique laquo Le gouvernernent Aylwin a conserveacute sans quasiment les modifier les mesures de politique eacuteconomique qui ont fait la preuve de leur succes SOUS

le gouvcmemenl anteacuterieur raquo De son coteacute Nord Sud Expon Consultants affirme laquo De IOUS les pays dAmeacuterique latine le Chili est celui qui affiche la meilleure siluation eacuteconomique et financiere Cest le reacutesullat dun modele eacuteconornique neacuteo-Libeacuteral adopteacute sous une dictature rnilitaire et grace iexcliexcl son appareil reacutepressif puis conserveacute dans sa phase de ctoissance auto-entrelenue par la coalilion au pouvoir dcpuis mars 1990 qui a donneacute la prioriteacute au respeet des grands eacutequilibres macro-eacuteconomiques sans pour autant oublier l apurement progressif de la delle sociale Les opposants d hier ont repris 11 leur compte Ieacuteconomie de marcheacute bien conscients de la neacutecessiteacute de preacuteserver la poule aux oeufs d or raquo (Dossier Chili 4 octobre 1993pIS) 13 Osear Muntildeoz el al Chile en IlOlHiciriacuten estrategia econoacutemica y poliacutetica Coleccioacuten de Estudios CIEPLAN ndeg 37 juin 1993 p 110 14 O Muntildeoz el al op cit pp 126 et 127

I

I

Tab leau 8 Chili eacutevolution reacutecente et perspectives de Ieacuteconomie

1990 1991 1992 1993 1994

PIS reacuteel croissance en

inflation (fin danneacutee en )

exportations (mi llions de US $)

dont cuivre

importa lions (milliacuteons de dollars US)

balance commerciale (mill ions de dollars US)

compte couran t (millions de dollars US)

detre ex1eacuterieure (mill iards de dollars US)

taux de change (f in d anneacutee pesos par dOllar)

21

27 3

8310

4021

7037

1 273

-082

186

3371

61

187

8929

3617

7353

1576

93

180

374 5

103

127

9986

3886

9237

749

-583

189

3823

60

122

9215

3500

10 209

-995

-2310

202

4280

45

100

10030

3430

11 100

-1070

-2300

2 18

4600

Source The Eco omls Counlry Repar 1992 el 1993 et ler trimestre 1994 El Mercurio (20 au 26 iexclanviacuteer 1994) eacutedition imernalionale

bull pro~ct ions

Chili nest quun producteur certes doteacute d une certaine importance mais aussi tres menaceacute en ce qui concerne la demande et potentiellement l offre De plus au moins a court et moyen termes les preacutevisions d augmentation des exportations de produits manufac tureacutes proposeacutees par certains eacuteconomistes ne tiennent pas compte du processllS de deacutesindustrialisation engendreacute par ce modele Si lon assiste a une certaine reprise de linves tissement au cours de ces dernieres anneacutees on De peut se prononcer en l absence d information sur leur nature sur les possibiliteacutes dexportatioo de produits manufactureacutes Les rapports les plus connus sur leacuteconomie ehilienne ne font reacutefeacuterence qu a quelques projets de ereacuteation dentreprises relativement modestes quant aux investissements ee qui n autorise pas a eacutetablir des preacutevisions optimistes Enfin on ne doit pas oublier que le gel des salaires la restrierion du ereacutedit et de la eonsommation ainsi que des ta x d inteacuteret eacuteleveacutes eonseacutequence de la politique de refroidissement de Ieacuteco omie jouent contre la production de produits manufaetureacutes

Le role de la politique du taux de change

Le role de la politique du taux de ehange dans la promotion des exportations et dans la croissanee de Ieacuteconomie ehilienne est devenu fondamental dan s les anneacutees 1980 Pour des raisons de simpliciteacute Janalyse est diviseacutee en trois peacuteriodes Dabord la peacuteriode 1973-1981 qui se termine par une importante appreacuteciation Ensuite la peacuteriode 1982-1990 earacteacuteri seacutee par une importante deacutepreacuteei ation reacuteelle du taux de change Enfin la peacuteriode 1990-1993 OU l on constate une leacutegere appreacuteciation (ef graphique 1 et tableau 9)

lt

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chlli les limites de la crolssance

57

I

Graphique 1 Taux de change effectit reacuteel 1

(1985 = 100)

195-r-------------------------------------------------

170

145

120

Probleacutemas dAmeacuteriqMe

latine 95 N 11

oct-deacutec 1993

Chlll 70 -4--T-------r---r-------r----T-r--r----or----o--- les limItes

de la crOlssance 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993

58 Jusquen septembre 1993

Source FMI (voir tableau 9)

1 Ce taux de ctlange reacuteel mesure le oegreacute de cornpeacutetrl rvl teacute-pri x de Ieacuteconorrlle chilienne lace aux pnnclpaux pays parlerralres Un accroissemenl de Iindice tradult une appreacuteciallon reacuteelle (IIne perte de compeacutelil iviteacute ) une diminution traduit une deacutepreacuteciaton reacuteetle (1m gein de compeacutetillvl teacute )

La peacuteriode 1973-1981

Pendant ses premieres anneacutees et jusqu au deacutebut des anneacutees 1980 le gouvernement Pinochet a comme objectif central la reacuteduction de l inflation La politique du taux de change se caracteacuterise par une grande incoheacuterence application de fortes deacutevaluations (1973-1975) eacutetablissement d un taux de change unique (1976) mise en place d un systeme de mini-deacutevaluations (anneacutee 1975 et de feacutevrier 1978 ajuin 1979) et entre juin 1979 et juin 1982 applicarion d un taux de change fixe qui laquopervertitraquo 15 la libeacuteralisation Lexpeacuterience se termine par une importante appreacuteciation du taux de change qui exprime le pheacutenomene dll laquo syndrome hollandais raquo 16 En 1981 le deacuteficit en compte courant atteint un record puisquil se situe a 145 du PIB En 1982 le gouvernement reacutellssit a ramener linflation a 99 (elle a atteint presque 500 en moyenne en 1973-1974) cependant le Chili sombre dans

15 Cest ainsi que le deacutefinit Bela Balassa (1985) Chalge (Ind Chalelige ilhe Word Ecololly p 180 CEssay 8laquo Polie) Experiments in Chile raquo 1973-1983 MacMillan) 16 Lance Taylor montre comment une disponibiliteacute accrlle des ressources exteacuterieures Ce les anneacutees 1979-1981 dans le tiexcliexclbleau 9) peut eonduire a une appreacuteeiation de la monnaie et it une contraction lallt des exportations que de Iaetiviteacute eacuteeonomique interne el cela en fonction de Iarriveacutee des importmions coneurrentielles n sagit done d un cas speacutecifique delaquo Dutch disease ) qlli peut intervenir dans les pays surendetteacutes ou qui re~oivent suite ades circonstances particulieres des capitaux exteacuterieurs trop abondants Voir notammcnt L Taylor (1991)laquo Economjc Openness Problems to lhe Century s End raquo ill EcolomIacute( Liberalizaion No panacea Tario Banuri Edit Oxford and New York Oxford University Press

I

une terrible deacutepression avec les graves conseacutequences eacuteconomiques et sociales qui en deacutecoulent

La peacuteriode 1982-1990 Entre 1982 et 1988 la deacutepression reacuteelle devient linstrument pour ameacuteliorer la balance des paiements et reacutetablir leacuteconomie a partir de la croissance des exportations Le systeme de taux de change fixe est abandonneacute en 1982 apres une deacutevaluation traumatique et un systeme d ajustement quotidien par rapport au dollar est introduit Cela nempeche pas de reacutealiser une maxi-deacuteshyvaluation en 1984 ainsi que quelques mini-deacutevaluations De 1982 a 1986 la deacutepreacuteciation reacuteelle suit Iameacutelioration de la compeacutetuumliviteacute-prix du cuivre face a la chute des prix intemationaux Le Chili parvient meme aaugmenter ses recettes dexportation uuml partir dimportantes augmentations du voJume exporteacute La deacutepreacuteciation reacuteelle stimule aussi les exportations dautres produits de base 11 ne faut pas oublier que le gouvernement adepte du laisser-faire reacutealise des investissements dans les mines de cuivre et continue dencourager la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche comme l ont fait les gouvernements preacuteceacutedems

On estime que la deacutepreacuteciation reacuteelle entre 1980 et 1987 est de ordre de 60 dont plus de b moitieacute compense la chute des prix internationaux et le reste peut etre consideacutereacute comme un gain net de change pour les exportateurs

Le systeme adopteacute par [e Ch ili depuis le fin de 1982 est celui dun taux de change laquo administreacute raquo La Banque centrale fixe un laquo taux de change de reacutefeacuterence raquo qui est deacutevaJueacute chaque jour en fonction du diffeacuterentiel entre l inflation domestique du mois preacuteceacutedent et une estimation du taux moyen d inflation dans les principaux pays partenaires du Chili La Banque centrale achete (ou vend) les quantiteacutes qui sont offertes (ou demandeacutees) par les banques commerciales pour les transactions autoriseacutees ii un prix 2 au-dessous (ou au-dessus) du prix de reacutefeacuterence Le taux de change pour les transactions autoriseacutees flotte librement a I inteacuterieur de cette marge

Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir depuis 1988 colncident avec la reacutecupeacuteration des prix intemationaux et surtout avec un flux de capitaux exteacuterieuumlrs tres importam (cf tableau 9)

La peacuteriode 1990-1993 Lappreacuteciation reacuteelle du taux de change constitue un probleme qui retient lattemion du nouveau gouvernement car ce pheacutenomene affecte les ex porshytations et la croissance de Jeacuteconomie Cette situation enregistreacutee depuis 1990 ne semble avoir eacuteteacute contenue par le gouvernement que jusqu ii la fin de 1993 (cf tableau 9 et graphique 1)

Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa croissance Depuis la fin des anneacutees 1980 un important flux net de capitaux eacutetrangers en majoriteacute speacuteculatif exerce une pression a la hausse du taux de change (cf tableau 9) Leacuteconomie est affecteacutee a l instar du pheacutenomene

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les limi tes de la croissance

59

I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

I

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

I

I

Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

62

Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

I

les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

63

I

Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

64

iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

66

iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

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I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

67

I

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

68

Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

69

I

I

Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 6: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

d inteacuteret domestiques reacuteels tres eacuteleveacutes et avec lachat d actions dentreprises nationales

Mais cest peut-etre sa reacutepartition sectorielle qui constitue la caracteacuteristiqlle la plu impOltante de I IDE Oepuis 1973 celui-ci se concentre elans les secteurs traditionnels En 1990 il se reacutepartit de la maniere suivante 50 dans le secteur primaire (les mines) 198 dans le secteur secondaire et 296 elans le secteur tertiaire Alors que I Etat abanelonne son role elirigeant et reacuteglllateur en matiere el accllmUllation que les investisshysements priveacutes nationaux se font rares la libeacuteral isation qui veut assurer la laquo meilleure reacutepartition des ressources raquo laisse I lOE reproduire le modele dexportation des produits de base Il faut noter ainsi que I indique le tableau 4 tIue le Chili est avec la Bolivie le pays de la reacutegion elont la part de I lOE elans le secteur manufacturier est la plus faible

Tab leau 4 Chili et autres pays d Ameacuterique latine Reacutepartition sectorielle du stock de Iinvestissement direct eacutetranger ()

Terliai re Primaire Secondaire Tolal

Chlll 1980 41 2 253 335 100 1990 296506 198 100

Peacuterou 1980 438 343 100 1990

219 347 34 2 31 1 100

Argenline 1980 149 223 100 1990

628 140 604 258 100

Sreacutesi l 1980 37 744 219 100 1990 29 278693 100

Mexique 1980 17451 775 100 1990 19 623 358 100

Solivie 1980 672 180 148 100 1990 714 132 154 100

Colombie 1980 707 22961 100 1990 459 424 116 100

Venezuela 1980 18 617 293 100

I 1990 50 707 163 100

Source CEPAL-Crr Tireacute de JA f uentes (1992)

Lanalyse de l IOE provenant eles Eacutetats-Unis (cf tableau 5) penne el appreacutehender un autre pheacutenomene Ce type d investissements pratiquement inexistant en 1985 (88 millions de doBars) atteint 0672 miUiard ele dollars en 1988 1876 milliard de dolJars en 1990 et 2446 milliards de dollars en 1992 En 1992 I IDE venant des Eacutetats-Unis soriente en majoriteacute vers les secteurs bancaire et financier (56 du total) C est ce qui fait que le secteur financier chilien avosation de place importante au niveau reacutegional se trouve sous le controle eles Etats-Unis Cest ainsi que trois consortiums de ce pays controlent 612 des fonds accumuleacutes dans les administradoras de fondos de pensiones (AFP) (socieacuteteacutes administratrices de caisses de retraites) 6 En 1990 ces AFP possedent pour 68 miUiards de dollars dactifs

Oacute Confederacioacuten Minera de Chile IIJ crsiaacuten extranjera en la mineriacutea ch ilena (seleccioacuten de text()s) p 7 mars 1992

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocL-deacutec 1993

ehili les limiles de la crolssance

53

I

I

soit 265 du PIB Les banques chiliennes qui reyoivent a nouveau des creacutedits a long terme profitent des faibles taux dinteacuteret intemationaux pour emprunter aux banques nord-ameacutericaines et preter ensuite al Argentine au Peacuterou et a la Bolivie a des taux multiplieacutes par deux ou trois 7

Tableau 5 Stocks de Iinvestissement direct des Eacutetats-Unis en Ameacuterique latine

(en millions de dollars)

1980 1985 1988 1989 1990 1991 1992

Ameacuteri que latine a 38761 28 261 53506 62 145 70752 76 214 88860 donl Breacutesil 7704 8893 12609 14 025 14268 14 882 161 14

Mexique 5986 5088 571 2 8264 10 255 12257 13330 Argent ine 2540 2 705 2 597 22 15 2479 2767 3353

Chi li 536 88 672 1 412 1876 1 916 2446 Colomb ie 1012 2 148 2248 1660 1647 1627 2077

Venezuela 1 908 1588 1903 932 1 063 1 424 1 725 Peacuterou 1 665 1243 976 813 594 522 466

Eacutequateur 322 36 1 431 30 1 278 296 3 10

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oel deacutec 1993 Souree eacutelaboreacute aacute parl1 r de SU0iexcley 01 Currenl BUSiness (julllel 1993 el JUln 1992) US Bureau 01 Economic Analysls et Slati sllcal Abstraet o lhe United Slates 1993 US Deo 01 Commerce

e hil i a Lalin Ameriea and other Western Hemisphere les lim iles

de la croissan ce Ta bleau 6 Reacutepartition par secteurs de lOE des Eacutetats-Unis

54 en 1992 (en millions de dollars US)

total biens manushy

factureacutes peacutetrole commerce banque finanee Iserviees autres

Ameacuterique latine 88860 26 727 4 559 3 342 7 731 40537 1066 4 898 dont Breacutesi l 161 14 12014 668 197 1022 1 839 94 28 1

Mexique 13330 928 1 777 798 325 1935 Argenline 3353 1633 499 159 430 538 60 35

Chil i 2 446 257 - 191 353 1 030 408 Colombie 2077 699 596 107 10 10 -

Venezuela 1 725 1 069 179 175 111 30 Peacuterou 466 18 - 59 O 9 306

Eacutequaleur 31 0 88 154 38 5 - O

Source Survey 01 Current Business Julllet t993

- supprimeacute alin devlter la divulgatlon de ehiflres de compagn ies uniques ou peu nombreuses

Les mesures essentielles qui caracteacuterisent le modele (baisse des droits de douane deacutevaluation et baisse du salaire reacuteel) sont non seulement deacutesindustrialisantes mais aussi profondeacutement excluantes car elles aggravent les dispariteacutes dans la distribution du revenu Pablo Arellano a deacutemontreacute comment la deacutepreacuteciation reacuteelle permanente signifie que d une part s opere une redistribution des ressources favorable aux exportateurs et une plus importante reacuteattribution de ressources al expoltation et que d autre part cette deacutepreacuteciation n est pas synonyme d acceacuteleacuteration de l inflation dans la mesure Ol celle-ci est accompagneacutee dune baisse importante des revenus reacuteels de certains facteurs de production notamment du travail 8 Au deacutebut

7 Cf The Banker juin 1993 p 21 8 Pablo Arell ano laquo Crisis y recuperacioacuten econoacutemica en Chile en los alios 80 raquo Coleccioacuten de E sudios elEPLAN nO 24 juin 19R8

I

I

1992 on estime que les salaires reacuteels nont pas encore retrouveacute leur niveau de 1970 9

Ainsi a la fin du gouvernement Pinochet qui 1aisse ainsi un heacuteritage redoutable le pays compte cinq mirIions de pauvres soit pres de 40 de la population Parmi les pays pour lesquels on dispose de donneacutees le Chili est celui qui a connu la plus forte aggravation des dispariteacutes dans la distribution du revenu Alors quen 1968 la part du revenu national qui eacutechoit aux 20 les plus riches de la population est de Si4 en 1989 elle s eacuteleve a 629 De 1eur coteacute les 20 les plus pauvres voient leur part du revenu nationa1 se reacuteduire au cours de la meme peacuteriode de 44 a37 A ieacutechelle de l Ameacuterique latine seul le Breacutesil a connu en 1989 une situation plus grave Cependant depuis 1968 ce processus de deacuteteacuterioration revet au Chili une ampleur bien supeacuterieure (cf tableau 7) Les riches peuvent eacutechapper a l impct de la crise grike a la fuite de capitaux JO ala remise de leurs dettes par rEtat el ala reacuteduction de limpot direct Les pauvres sont les plus attecteacutes par la reacuteduction des deacutepenses sociales dont la part dans le budget du Problemes

dAmeacuteriquegouernement central est fortement reacuteduite de 1972 a 1989

Tableau 7 Chili et Breacutesil reacutepartition du revenu

i

ehili 1968 1989

Breacutesil 1972 1989

quintile I deuxieme le plus pauVIe 1

44 37

20 21

quintile

90 68

50 49

tro lsieacuteme quintile

138 103

94 89

quatrieacuteme quin ti le

214 162

170 168

latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

e hlli Pourcentage du revenu total les limites

cinquieacuteme qUlntile deacutecile de la croissance le plus riche le plus riche

55

514 34 8 629 489

666 506 675 513

Source Banqlle mondiale Rapport sur le deacutevelop ement dans le monde 1988 el 1993

Le modele dexportation de produits du secteur primaire n induit par ailleurs que peu d emplois dans les domaines clefs a savoir les mines et l agriculture (y compris sylviculture et peche) qui emploient en 1992 un pourcentage de population active plus faible qu en 1973 Apres 1990 Iemploi stagne dans Iagriculture et deacutecroiacutet dans les mines en termes absolus Malgreacute une progression au cours de ces dernieres anneacutees le secteur manufacturier occupe en 1992 un pourcentage de la population active moins important quen 1973 Officiellement le taux de chomage est en 1992 de 48 Mais ce chiffre masque eacutevidemment un taux de sous-emploi important qui englobe Ila pauvreteacute et surtout 1laquo extreme pauvreteacute raquo En 1994 on estime que le secteur infomlel occupe 40 de la population active du pays Un demi-million de femmes travaillent en tant qu employeacutees de maison ou domestiques 11

9 el J C Bello el al op cir p 29 10 Le montant des capitaux qui retournent au ehili de 1983 il 1990 seacuteleve a41 milJiards de dollars ef P Salama laquo Fragiliteacute des nouvelles politiques eacuteconomiques en Ameacuterique latine Problemes d Ameacuterique laline ndeg 10 1993 p 73 11 The Economisl 29 janvier 1994 En 1989 le secteur informe urbain occupe 30 de la population urbaine (presque 90 de la population totaJe) el R Infante et E Klein (1991) laquo Mercado latinoameshyricano del trabajo en 1950-1990 raquo in Relista de la CEPALC n 45 tableau ndeg 4 p 135

I

I

Problemes dAmeri~e

latine Ndeg 11

oct-deacutec 1993

Chill les limites

de la croissance

56

Que le nouveau gouvemement civil de mars 1990 ait continueacute aappliquer ce modele cela ne fait aucun doute Les observateurs eacutetrangers 12

mais aussi les membres de leacutequipe deacuteconomistes gouvemementale 10nt reconnu Patrico Meller 1 actuel preacutesident de la CIEPLAN le prestigieux centre deacutetudes dont soot issus les membres de cette eacutequipe deacuteconomistes (Alejandro Foxley le ministre des Finances du gouvernement sortant a preacutesideacute cet organisme) donne [explication suivante ala suite du pleacutebiscite de 1988 devant les bons pronostics de la Concertation pour les eacutelections preacutesidentielles de 1989 la Confeacutedeacuteration de la production et du commerce la plus grande organisation patronale du pays commence a rencontrer les eacuteconomistes de cette coalition afin de deacutebattre de la nouvelle poli tique eacuteconomique laquo Leacutevolution ideacuteologique des dirigeants politiques de la Conshycertation contribue eacutegalement ace changement Devant limminence d une victoire eacutelectorale et les signes encourageants donneacutes par leacuteconomie ceux-ci optent pour une atteacutenuation de leur traditionnelle critique du modele preacuteceacuteshydent lacceptation des aspects positifs de la structure eacuteconomique en place et surtout la reconnaissance de Iimportance du role de la proprieacuteteacute priveacutee et du patronat pour le deacuteveloppement ( ) Il se produit ainsi une association d inteacuterets entre le patronat et ceux qui vont constituer le gouvernement de la Concertation raquo 13

Ainsi reprendre ce modele a son compte cest penser que laquo le moteur de la croissance reacuteside toujours dans les exportations raquo et quil est laquo indispensableraquo de conserver un taux de change baso En bref quil faut laquo maintenir les exportations a un rythme de croissance eacuteleveacute raquo 14

Cependant les exportations baissent de 7 en 1993 et pour 1994 on preacutevoit une croissance de 78 Laugmentation du PIB qui est de 103 en 1992 tombe a6 en 1993 pour atteindre selon les preacutevisions 45 en 1994 (d tableau 8) Jusqu aquel point de tels reacutesultats remettent-ils ce modele en question Le gouvernement formeacute apres les eacutelections de deacutecembre 1993 se propose datteindre une croissance moyenne de 6 par an

Depuis 1993 la diversification des exportations connaiacutet eacutegalement des limites tous les prix des principaux produits d exportation du Chili baissent Cette chute n est plus compenseacutee par une augmentation du volume exporteacute comme en 1992 L ineacutelasticiteacute des exportations jointe a la saturation des marcheacutes et au protectionnisme europeacuteen souligne la fragiliteacute d une croissance fondeacutee sur iexportation de produits de base par ailleurs menaceacutee par les difficulteacutes du marcheacute mondial Le cuivre est le seul atout stable (d infra) en termes relatif et absolu de I eacuteconomie chilienne Pour tous les autres produits (les fruits la farine de poisson et la cellulose) le

12 Tlie EIU COIIIlry Profile 993-1994 p lO indique laquo Le gouvernernent Aylwin a conserveacute sans quasiment les modifier les mesures de politique eacuteconomique qui ont fait la preuve de leur succes SOUS

le gouvcmemenl anteacuterieur raquo De son coteacute Nord Sud Expon Consultants affirme laquo De IOUS les pays dAmeacuterique latine le Chili est celui qui affiche la meilleure siluation eacuteconomique et financiere Cest le reacutesullat dun modele eacuteconornique neacuteo-Libeacuteral adopteacute sous une dictature rnilitaire et grace iexcliexcl son appareil reacutepressif puis conserveacute dans sa phase de ctoissance auto-entrelenue par la coalilion au pouvoir dcpuis mars 1990 qui a donneacute la prioriteacute au respeet des grands eacutequilibres macro-eacuteconomiques sans pour autant oublier l apurement progressif de la delle sociale Les opposants d hier ont repris 11 leur compte Ieacuteconomie de marcheacute bien conscients de la neacutecessiteacute de preacuteserver la poule aux oeufs d or raquo (Dossier Chili 4 octobre 1993pIS) 13 Osear Muntildeoz el al Chile en IlOlHiciriacuten estrategia econoacutemica y poliacutetica Coleccioacuten de Estudios CIEPLAN ndeg 37 juin 1993 p 110 14 O Muntildeoz el al op cit pp 126 et 127

I

I

Tab leau 8 Chili eacutevolution reacutecente et perspectives de Ieacuteconomie

1990 1991 1992 1993 1994

PIS reacuteel croissance en

inflation (fin danneacutee en )

exportations (mi llions de US $)

dont cuivre

importa lions (milliacuteons de dollars US)

balance commerciale (mill ions de dollars US)

compte couran t (millions de dollars US)

detre ex1eacuterieure (mill iards de dollars US)

taux de change (f in d anneacutee pesos par dOllar)

21

27 3

8310

4021

7037

1 273

-082

186

3371

61

187

8929

3617

7353

1576

93

180

374 5

103

127

9986

3886

9237

749

-583

189

3823

60

122

9215

3500

10 209

-995

-2310

202

4280

45

100

10030

3430

11 100

-1070

-2300

2 18

4600

Source The Eco omls Counlry Repar 1992 el 1993 et ler trimestre 1994 El Mercurio (20 au 26 iexclanviacuteer 1994) eacutedition imernalionale

bull pro~ct ions

Chili nest quun producteur certes doteacute d une certaine importance mais aussi tres menaceacute en ce qui concerne la demande et potentiellement l offre De plus au moins a court et moyen termes les preacutevisions d augmentation des exportations de produits manufac tureacutes proposeacutees par certains eacuteconomistes ne tiennent pas compte du processllS de deacutesindustrialisation engendreacute par ce modele Si lon assiste a une certaine reprise de linves tissement au cours de ces dernieres anneacutees on De peut se prononcer en l absence d information sur leur nature sur les possibiliteacutes dexportatioo de produits manufactureacutes Les rapports les plus connus sur leacuteconomie ehilienne ne font reacutefeacuterence qu a quelques projets de ereacuteation dentreprises relativement modestes quant aux investissements ee qui n autorise pas a eacutetablir des preacutevisions optimistes Enfin on ne doit pas oublier que le gel des salaires la restrierion du ereacutedit et de la eonsommation ainsi que des ta x d inteacuteret eacuteleveacutes eonseacutequence de la politique de refroidissement de Ieacuteco omie jouent contre la production de produits manufaetureacutes

Le role de la politique du taux de change

Le role de la politique du taux de ehange dans la promotion des exportations et dans la croissanee de Ieacuteconomie ehilienne est devenu fondamental dan s les anneacutees 1980 Pour des raisons de simpliciteacute Janalyse est diviseacutee en trois peacuteriodes Dabord la peacuteriode 1973-1981 qui se termine par une importante appreacuteciation Ensuite la peacuteriode 1982-1990 earacteacuteri seacutee par une importante deacutepreacuteei ation reacuteelle du taux de change Enfin la peacuteriode 1990-1993 OU l on constate une leacutegere appreacuteciation (ef graphique 1 et tableau 9)

lt

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chlli les limites de la crolssance

57

I

Graphique 1 Taux de change effectit reacuteel 1

(1985 = 100)

195-r-------------------------------------------------

170

145

120

Probleacutemas dAmeacuteriqMe

latine 95 N 11

oct-deacutec 1993

Chlll 70 -4--T-------r---r-------r----T-r--r----or----o--- les limItes

de la crOlssance 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993

58 Jusquen septembre 1993

Source FMI (voir tableau 9)

1 Ce taux de ctlange reacuteel mesure le oegreacute de cornpeacutetrl rvl teacute-pri x de Ieacuteconorrlle chilienne lace aux pnnclpaux pays parlerralres Un accroissemenl de Iindice tradult une appreacuteciallon reacuteelle (IIne perte de compeacutelil iviteacute ) une diminution traduit une deacutepreacuteciaton reacuteetle (1m gein de compeacutetillvl teacute )

La peacuteriode 1973-1981

Pendant ses premieres anneacutees et jusqu au deacutebut des anneacutees 1980 le gouvernement Pinochet a comme objectif central la reacuteduction de l inflation La politique du taux de change se caracteacuterise par une grande incoheacuterence application de fortes deacutevaluations (1973-1975) eacutetablissement d un taux de change unique (1976) mise en place d un systeme de mini-deacutevaluations (anneacutee 1975 et de feacutevrier 1978 ajuin 1979) et entre juin 1979 et juin 1982 applicarion d un taux de change fixe qui laquopervertitraquo 15 la libeacuteralisation Lexpeacuterience se termine par une importante appreacuteciation du taux de change qui exprime le pheacutenomene dll laquo syndrome hollandais raquo 16 En 1981 le deacuteficit en compte courant atteint un record puisquil se situe a 145 du PIB En 1982 le gouvernement reacutellssit a ramener linflation a 99 (elle a atteint presque 500 en moyenne en 1973-1974) cependant le Chili sombre dans

15 Cest ainsi que le deacutefinit Bela Balassa (1985) Chalge (Ind Chalelige ilhe Word Ecololly p 180 CEssay 8laquo Polie) Experiments in Chile raquo 1973-1983 MacMillan) 16 Lance Taylor montre comment une disponibiliteacute accrlle des ressources exteacuterieures Ce les anneacutees 1979-1981 dans le tiexcliexclbleau 9) peut eonduire a une appreacuteeiation de la monnaie et it une contraction lallt des exportations que de Iaetiviteacute eacuteeonomique interne el cela en fonction de Iarriveacutee des importmions coneurrentielles n sagit done d un cas speacutecifique delaquo Dutch disease ) qlli peut intervenir dans les pays surendetteacutes ou qui re~oivent suite ades circonstances particulieres des capitaux exteacuterieurs trop abondants Voir notammcnt L Taylor (1991)laquo Economjc Openness Problems to lhe Century s End raquo ill EcolomIacute( Liberalizaion No panacea Tario Banuri Edit Oxford and New York Oxford University Press

I

une terrible deacutepression avec les graves conseacutequences eacuteconomiques et sociales qui en deacutecoulent

La peacuteriode 1982-1990 Entre 1982 et 1988 la deacutepression reacuteelle devient linstrument pour ameacuteliorer la balance des paiements et reacutetablir leacuteconomie a partir de la croissance des exportations Le systeme de taux de change fixe est abandonneacute en 1982 apres une deacutevaluation traumatique et un systeme d ajustement quotidien par rapport au dollar est introduit Cela nempeche pas de reacutealiser une maxi-deacuteshyvaluation en 1984 ainsi que quelques mini-deacutevaluations De 1982 a 1986 la deacutepreacuteciation reacuteelle suit Iameacutelioration de la compeacutetuumliviteacute-prix du cuivre face a la chute des prix intemationaux Le Chili parvient meme aaugmenter ses recettes dexportation uuml partir dimportantes augmentations du voJume exporteacute La deacutepreacuteciation reacuteelle stimule aussi les exportations dautres produits de base 11 ne faut pas oublier que le gouvernement adepte du laisser-faire reacutealise des investissements dans les mines de cuivre et continue dencourager la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche comme l ont fait les gouvernements preacuteceacutedems

On estime que la deacutepreacuteciation reacuteelle entre 1980 et 1987 est de ordre de 60 dont plus de b moitieacute compense la chute des prix internationaux et le reste peut etre consideacutereacute comme un gain net de change pour les exportateurs

Le systeme adopteacute par [e Ch ili depuis le fin de 1982 est celui dun taux de change laquo administreacute raquo La Banque centrale fixe un laquo taux de change de reacutefeacuterence raquo qui est deacutevaJueacute chaque jour en fonction du diffeacuterentiel entre l inflation domestique du mois preacuteceacutedent et une estimation du taux moyen d inflation dans les principaux pays partenaires du Chili La Banque centrale achete (ou vend) les quantiteacutes qui sont offertes (ou demandeacutees) par les banques commerciales pour les transactions autoriseacutees ii un prix 2 au-dessous (ou au-dessus) du prix de reacutefeacuterence Le taux de change pour les transactions autoriseacutees flotte librement a I inteacuterieur de cette marge

Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir depuis 1988 colncident avec la reacutecupeacuteration des prix intemationaux et surtout avec un flux de capitaux exteacuterieuumlrs tres importam (cf tableau 9)

La peacuteriode 1990-1993 Lappreacuteciation reacuteelle du taux de change constitue un probleme qui retient lattemion du nouveau gouvernement car ce pheacutenomene affecte les ex porshytations et la croissance de Jeacuteconomie Cette situation enregistreacutee depuis 1990 ne semble avoir eacuteteacute contenue par le gouvernement que jusqu ii la fin de 1993 (cf tableau 9 et graphique 1)

Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa croissance Depuis la fin des anneacutees 1980 un important flux net de capitaux eacutetrangers en majoriteacute speacuteculatif exerce une pression a la hausse du taux de change (cf tableau 9) Leacuteconomie est affecteacutee a l instar du pheacutenomene

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les limi tes de la croissance

59

I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

I

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

I

I

Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

62

Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

I

les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

63

I

Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

64

iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

66

iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

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Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

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Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 7: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

I

soit 265 du PIB Les banques chiliennes qui reyoivent a nouveau des creacutedits a long terme profitent des faibles taux dinteacuteret intemationaux pour emprunter aux banques nord-ameacutericaines et preter ensuite al Argentine au Peacuterou et a la Bolivie a des taux multiplieacutes par deux ou trois 7

Tableau 5 Stocks de Iinvestissement direct des Eacutetats-Unis en Ameacuterique latine

(en millions de dollars)

1980 1985 1988 1989 1990 1991 1992

Ameacuteri que latine a 38761 28 261 53506 62 145 70752 76 214 88860 donl Breacutesil 7704 8893 12609 14 025 14268 14 882 161 14

Mexique 5986 5088 571 2 8264 10 255 12257 13330 Argent ine 2540 2 705 2 597 22 15 2479 2767 3353

Chi li 536 88 672 1 412 1876 1 916 2446 Colomb ie 1012 2 148 2248 1660 1647 1627 2077

Venezuela 1 908 1588 1903 932 1 063 1 424 1 725 Peacuterou 1 665 1243 976 813 594 522 466

Eacutequateur 322 36 1 431 30 1 278 296 3 10

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oel deacutec 1993 Souree eacutelaboreacute aacute parl1 r de SU0iexcley 01 Currenl BUSiness (julllel 1993 el JUln 1992) US Bureau 01 Economic Analysls et Slati sllcal Abstraet o lhe United Slates 1993 US Deo 01 Commerce

e hil i a Lalin Ameriea and other Western Hemisphere les lim iles

de la croissan ce Ta bleau 6 Reacutepartition par secteurs de lOE des Eacutetats-Unis

54 en 1992 (en millions de dollars US)

total biens manushy

factureacutes peacutetrole commerce banque finanee Iserviees autres

Ameacuterique latine 88860 26 727 4 559 3 342 7 731 40537 1066 4 898 dont Breacutesi l 161 14 12014 668 197 1022 1 839 94 28 1

Mexique 13330 928 1 777 798 325 1935 Argenline 3353 1633 499 159 430 538 60 35

Chil i 2 446 257 - 191 353 1 030 408 Colombie 2077 699 596 107 10 10 -

Venezuela 1 725 1 069 179 175 111 30 Peacuterou 466 18 - 59 O 9 306

Eacutequaleur 31 0 88 154 38 5 - O

Source Survey 01 Current Business Julllet t993

- supprimeacute alin devlter la divulgatlon de ehiflres de compagn ies uniques ou peu nombreuses

Les mesures essentielles qui caracteacuterisent le modele (baisse des droits de douane deacutevaluation et baisse du salaire reacuteel) sont non seulement deacutesindustrialisantes mais aussi profondeacutement excluantes car elles aggravent les dispariteacutes dans la distribution du revenu Pablo Arellano a deacutemontreacute comment la deacutepreacuteciation reacuteelle permanente signifie que d une part s opere une redistribution des ressources favorable aux exportateurs et une plus importante reacuteattribution de ressources al expoltation et que d autre part cette deacutepreacuteciation n est pas synonyme d acceacuteleacuteration de l inflation dans la mesure Ol celle-ci est accompagneacutee dune baisse importante des revenus reacuteels de certains facteurs de production notamment du travail 8 Au deacutebut

7 Cf The Banker juin 1993 p 21 8 Pablo Arell ano laquo Crisis y recuperacioacuten econoacutemica en Chile en los alios 80 raquo Coleccioacuten de E sudios elEPLAN nO 24 juin 19R8

I

I

1992 on estime que les salaires reacuteels nont pas encore retrouveacute leur niveau de 1970 9

Ainsi a la fin du gouvernement Pinochet qui 1aisse ainsi un heacuteritage redoutable le pays compte cinq mirIions de pauvres soit pres de 40 de la population Parmi les pays pour lesquels on dispose de donneacutees le Chili est celui qui a connu la plus forte aggravation des dispariteacutes dans la distribution du revenu Alors quen 1968 la part du revenu national qui eacutechoit aux 20 les plus riches de la population est de Si4 en 1989 elle s eacuteleve a 629 De 1eur coteacute les 20 les plus pauvres voient leur part du revenu nationa1 se reacuteduire au cours de la meme peacuteriode de 44 a37 A ieacutechelle de l Ameacuterique latine seul le Breacutesil a connu en 1989 une situation plus grave Cependant depuis 1968 ce processus de deacuteteacuterioration revet au Chili une ampleur bien supeacuterieure (cf tableau 7) Les riches peuvent eacutechapper a l impct de la crise grike a la fuite de capitaux JO ala remise de leurs dettes par rEtat el ala reacuteduction de limpot direct Les pauvres sont les plus attecteacutes par la reacuteduction des deacutepenses sociales dont la part dans le budget du Problemes

dAmeacuteriquegouernement central est fortement reacuteduite de 1972 a 1989

Tableau 7 Chili et Breacutesil reacutepartition du revenu

i

ehili 1968 1989

Breacutesil 1972 1989

quintile I deuxieme le plus pauVIe 1

44 37

20 21

quintile

90 68

50 49

tro lsieacuteme quintile

138 103

94 89

quatrieacuteme quin ti le

214 162

170 168

latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

e hlli Pourcentage du revenu total les limites

cinquieacuteme qUlntile deacutecile de la croissance le plus riche le plus riche

55

514 34 8 629 489

666 506 675 513

Source Banqlle mondiale Rapport sur le deacutevelop ement dans le monde 1988 el 1993

Le modele dexportation de produits du secteur primaire n induit par ailleurs que peu d emplois dans les domaines clefs a savoir les mines et l agriculture (y compris sylviculture et peche) qui emploient en 1992 un pourcentage de population active plus faible qu en 1973 Apres 1990 Iemploi stagne dans Iagriculture et deacutecroiacutet dans les mines en termes absolus Malgreacute une progression au cours de ces dernieres anneacutees le secteur manufacturier occupe en 1992 un pourcentage de la population active moins important quen 1973 Officiellement le taux de chomage est en 1992 de 48 Mais ce chiffre masque eacutevidemment un taux de sous-emploi important qui englobe Ila pauvreteacute et surtout 1laquo extreme pauvreteacute raquo En 1994 on estime que le secteur infomlel occupe 40 de la population active du pays Un demi-million de femmes travaillent en tant qu employeacutees de maison ou domestiques 11

9 el J C Bello el al op cir p 29 10 Le montant des capitaux qui retournent au ehili de 1983 il 1990 seacuteleve a41 milJiards de dollars ef P Salama laquo Fragiliteacute des nouvelles politiques eacuteconomiques en Ameacuterique latine Problemes d Ameacuterique laline ndeg 10 1993 p 73 11 The Economisl 29 janvier 1994 En 1989 le secteur informe urbain occupe 30 de la population urbaine (presque 90 de la population totaJe) el R Infante et E Klein (1991) laquo Mercado latinoameshyricano del trabajo en 1950-1990 raquo in Relista de la CEPALC n 45 tableau ndeg 4 p 135

I

I

Problemes dAmeri~e

latine Ndeg 11

oct-deacutec 1993

Chill les limites

de la croissance

56

Que le nouveau gouvemement civil de mars 1990 ait continueacute aappliquer ce modele cela ne fait aucun doute Les observateurs eacutetrangers 12

mais aussi les membres de leacutequipe deacuteconomistes gouvemementale 10nt reconnu Patrico Meller 1 actuel preacutesident de la CIEPLAN le prestigieux centre deacutetudes dont soot issus les membres de cette eacutequipe deacuteconomistes (Alejandro Foxley le ministre des Finances du gouvernement sortant a preacutesideacute cet organisme) donne [explication suivante ala suite du pleacutebiscite de 1988 devant les bons pronostics de la Concertation pour les eacutelections preacutesidentielles de 1989 la Confeacutedeacuteration de la production et du commerce la plus grande organisation patronale du pays commence a rencontrer les eacuteconomistes de cette coalition afin de deacutebattre de la nouvelle poli tique eacuteconomique laquo Leacutevolution ideacuteologique des dirigeants politiques de la Conshycertation contribue eacutegalement ace changement Devant limminence d une victoire eacutelectorale et les signes encourageants donneacutes par leacuteconomie ceux-ci optent pour une atteacutenuation de leur traditionnelle critique du modele preacuteceacuteshydent lacceptation des aspects positifs de la structure eacuteconomique en place et surtout la reconnaissance de Iimportance du role de la proprieacuteteacute priveacutee et du patronat pour le deacuteveloppement ( ) Il se produit ainsi une association d inteacuterets entre le patronat et ceux qui vont constituer le gouvernement de la Concertation raquo 13

Ainsi reprendre ce modele a son compte cest penser que laquo le moteur de la croissance reacuteside toujours dans les exportations raquo et quil est laquo indispensableraquo de conserver un taux de change baso En bref quil faut laquo maintenir les exportations a un rythme de croissance eacuteleveacute raquo 14

Cependant les exportations baissent de 7 en 1993 et pour 1994 on preacutevoit une croissance de 78 Laugmentation du PIB qui est de 103 en 1992 tombe a6 en 1993 pour atteindre selon les preacutevisions 45 en 1994 (d tableau 8) Jusqu aquel point de tels reacutesultats remettent-ils ce modele en question Le gouvernement formeacute apres les eacutelections de deacutecembre 1993 se propose datteindre une croissance moyenne de 6 par an

Depuis 1993 la diversification des exportations connaiacutet eacutegalement des limites tous les prix des principaux produits d exportation du Chili baissent Cette chute n est plus compenseacutee par une augmentation du volume exporteacute comme en 1992 L ineacutelasticiteacute des exportations jointe a la saturation des marcheacutes et au protectionnisme europeacuteen souligne la fragiliteacute d une croissance fondeacutee sur iexportation de produits de base par ailleurs menaceacutee par les difficulteacutes du marcheacute mondial Le cuivre est le seul atout stable (d infra) en termes relatif et absolu de I eacuteconomie chilienne Pour tous les autres produits (les fruits la farine de poisson et la cellulose) le

12 Tlie EIU COIIIlry Profile 993-1994 p lO indique laquo Le gouvernernent Aylwin a conserveacute sans quasiment les modifier les mesures de politique eacuteconomique qui ont fait la preuve de leur succes SOUS

le gouvcmemenl anteacuterieur raquo De son coteacute Nord Sud Expon Consultants affirme laquo De IOUS les pays dAmeacuterique latine le Chili est celui qui affiche la meilleure siluation eacuteconomique et financiere Cest le reacutesullat dun modele eacuteconornique neacuteo-Libeacuteral adopteacute sous une dictature rnilitaire et grace iexcliexcl son appareil reacutepressif puis conserveacute dans sa phase de ctoissance auto-entrelenue par la coalilion au pouvoir dcpuis mars 1990 qui a donneacute la prioriteacute au respeet des grands eacutequilibres macro-eacuteconomiques sans pour autant oublier l apurement progressif de la delle sociale Les opposants d hier ont repris 11 leur compte Ieacuteconomie de marcheacute bien conscients de la neacutecessiteacute de preacuteserver la poule aux oeufs d or raquo (Dossier Chili 4 octobre 1993pIS) 13 Osear Muntildeoz el al Chile en IlOlHiciriacuten estrategia econoacutemica y poliacutetica Coleccioacuten de Estudios CIEPLAN ndeg 37 juin 1993 p 110 14 O Muntildeoz el al op cit pp 126 et 127

I

I

Tab leau 8 Chili eacutevolution reacutecente et perspectives de Ieacuteconomie

1990 1991 1992 1993 1994

PIS reacuteel croissance en

inflation (fin danneacutee en )

exportations (mi llions de US $)

dont cuivre

importa lions (milliacuteons de dollars US)

balance commerciale (mill ions de dollars US)

compte couran t (millions de dollars US)

detre ex1eacuterieure (mill iards de dollars US)

taux de change (f in d anneacutee pesos par dOllar)

21

27 3

8310

4021

7037

1 273

-082

186

3371

61

187

8929

3617

7353

1576

93

180

374 5

103

127

9986

3886

9237

749

-583

189

3823

60

122

9215

3500

10 209

-995

-2310

202

4280

45

100

10030

3430

11 100

-1070

-2300

2 18

4600

Source The Eco omls Counlry Repar 1992 el 1993 et ler trimestre 1994 El Mercurio (20 au 26 iexclanviacuteer 1994) eacutedition imernalionale

bull pro~ct ions

Chili nest quun producteur certes doteacute d une certaine importance mais aussi tres menaceacute en ce qui concerne la demande et potentiellement l offre De plus au moins a court et moyen termes les preacutevisions d augmentation des exportations de produits manufac tureacutes proposeacutees par certains eacuteconomistes ne tiennent pas compte du processllS de deacutesindustrialisation engendreacute par ce modele Si lon assiste a une certaine reprise de linves tissement au cours de ces dernieres anneacutees on De peut se prononcer en l absence d information sur leur nature sur les possibiliteacutes dexportatioo de produits manufactureacutes Les rapports les plus connus sur leacuteconomie ehilienne ne font reacutefeacuterence qu a quelques projets de ereacuteation dentreprises relativement modestes quant aux investissements ee qui n autorise pas a eacutetablir des preacutevisions optimistes Enfin on ne doit pas oublier que le gel des salaires la restrierion du ereacutedit et de la eonsommation ainsi que des ta x d inteacuteret eacuteleveacutes eonseacutequence de la politique de refroidissement de Ieacuteco omie jouent contre la production de produits manufaetureacutes

Le role de la politique du taux de change

Le role de la politique du taux de ehange dans la promotion des exportations et dans la croissanee de Ieacuteconomie ehilienne est devenu fondamental dan s les anneacutees 1980 Pour des raisons de simpliciteacute Janalyse est diviseacutee en trois peacuteriodes Dabord la peacuteriode 1973-1981 qui se termine par une importante appreacuteciation Ensuite la peacuteriode 1982-1990 earacteacuteri seacutee par une importante deacutepreacuteei ation reacuteelle du taux de change Enfin la peacuteriode 1990-1993 OU l on constate une leacutegere appreacuteciation (ef graphique 1 et tableau 9)

lt

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chlli les limites de la crolssance

57

I

Graphique 1 Taux de change effectit reacuteel 1

(1985 = 100)

195-r-------------------------------------------------

170

145

120

Probleacutemas dAmeacuteriqMe

latine 95 N 11

oct-deacutec 1993

Chlll 70 -4--T-------r---r-------r----T-r--r----or----o--- les limItes

de la crOlssance 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993

58 Jusquen septembre 1993

Source FMI (voir tableau 9)

1 Ce taux de ctlange reacuteel mesure le oegreacute de cornpeacutetrl rvl teacute-pri x de Ieacuteconorrlle chilienne lace aux pnnclpaux pays parlerralres Un accroissemenl de Iindice tradult une appreacuteciallon reacuteelle (IIne perte de compeacutelil iviteacute ) une diminution traduit une deacutepreacuteciaton reacuteetle (1m gein de compeacutetillvl teacute )

La peacuteriode 1973-1981

Pendant ses premieres anneacutees et jusqu au deacutebut des anneacutees 1980 le gouvernement Pinochet a comme objectif central la reacuteduction de l inflation La politique du taux de change se caracteacuterise par une grande incoheacuterence application de fortes deacutevaluations (1973-1975) eacutetablissement d un taux de change unique (1976) mise en place d un systeme de mini-deacutevaluations (anneacutee 1975 et de feacutevrier 1978 ajuin 1979) et entre juin 1979 et juin 1982 applicarion d un taux de change fixe qui laquopervertitraquo 15 la libeacuteralisation Lexpeacuterience se termine par une importante appreacuteciation du taux de change qui exprime le pheacutenomene dll laquo syndrome hollandais raquo 16 En 1981 le deacuteficit en compte courant atteint un record puisquil se situe a 145 du PIB En 1982 le gouvernement reacutellssit a ramener linflation a 99 (elle a atteint presque 500 en moyenne en 1973-1974) cependant le Chili sombre dans

15 Cest ainsi que le deacutefinit Bela Balassa (1985) Chalge (Ind Chalelige ilhe Word Ecololly p 180 CEssay 8laquo Polie) Experiments in Chile raquo 1973-1983 MacMillan) 16 Lance Taylor montre comment une disponibiliteacute accrlle des ressources exteacuterieures Ce les anneacutees 1979-1981 dans le tiexcliexclbleau 9) peut eonduire a une appreacuteeiation de la monnaie et it une contraction lallt des exportations que de Iaetiviteacute eacuteeonomique interne el cela en fonction de Iarriveacutee des importmions coneurrentielles n sagit done d un cas speacutecifique delaquo Dutch disease ) qlli peut intervenir dans les pays surendetteacutes ou qui re~oivent suite ades circonstances particulieres des capitaux exteacuterieurs trop abondants Voir notammcnt L Taylor (1991)laquo Economjc Openness Problems to lhe Century s End raquo ill EcolomIacute( Liberalizaion No panacea Tario Banuri Edit Oxford and New York Oxford University Press

I

une terrible deacutepression avec les graves conseacutequences eacuteconomiques et sociales qui en deacutecoulent

La peacuteriode 1982-1990 Entre 1982 et 1988 la deacutepression reacuteelle devient linstrument pour ameacuteliorer la balance des paiements et reacutetablir leacuteconomie a partir de la croissance des exportations Le systeme de taux de change fixe est abandonneacute en 1982 apres une deacutevaluation traumatique et un systeme d ajustement quotidien par rapport au dollar est introduit Cela nempeche pas de reacutealiser une maxi-deacuteshyvaluation en 1984 ainsi que quelques mini-deacutevaluations De 1982 a 1986 la deacutepreacuteciation reacuteelle suit Iameacutelioration de la compeacutetuumliviteacute-prix du cuivre face a la chute des prix intemationaux Le Chili parvient meme aaugmenter ses recettes dexportation uuml partir dimportantes augmentations du voJume exporteacute La deacutepreacuteciation reacuteelle stimule aussi les exportations dautres produits de base 11 ne faut pas oublier que le gouvernement adepte du laisser-faire reacutealise des investissements dans les mines de cuivre et continue dencourager la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche comme l ont fait les gouvernements preacuteceacutedems

On estime que la deacutepreacuteciation reacuteelle entre 1980 et 1987 est de ordre de 60 dont plus de b moitieacute compense la chute des prix internationaux et le reste peut etre consideacutereacute comme un gain net de change pour les exportateurs

Le systeme adopteacute par [e Ch ili depuis le fin de 1982 est celui dun taux de change laquo administreacute raquo La Banque centrale fixe un laquo taux de change de reacutefeacuterence raquo qui est deacutevaJueacute chaque jour en fonction du diffeacuterentiel entre l inflation domestique du mois preacuteceacutedent et une estimation du taux moyen d inflation dans les principaux pays partenaires du Chili La Banque centrale achete (ou vend) les quantiteacutes qui sont offertes (ou demandeacutees) par les banques commerciales pour les transactions autoriseacutees ii un prix 2 au-dessous (ou au-dessus) du prix de reacutefeacuterence Le taux de change pour les transactions autoriseacutees flotte librement a I inteacuterieur de cette marge

Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir depuis 1988 colncident avec la reacutecupeacuteration des prix intemationaux et surtout avec un flux de capitaux exteacuterieuumlrs tres importam (cf tableau 9)

La peacuteriode 1990-1993 Lappreacuteciation reacuteelle du taux de change constitue un probleme qui retient lattemion du nouveau gouvernement car ce pheacutenomene affecte les ex porshytations et la croissance de Jeacuteconomie Cette situation enregistreacutee depuis 1990 ne semble avoir eacuteteacute contenue par le gouvernement que jusqu ii la fin de 1993 (cf tableau 9 et graphique 1)

Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa croissance Depuis la fin des anneacutees 1980 un important flux net de capitaux eacutetrangers en majoriteacute speacuteculatif exerce une pression a la hausse du taux de change (cf tableau 9) Leacuteconomie est affecteacutee a l instar du pheacutenomene

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les limi tes de la croissance

59

I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

I

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

I

I

Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

62

Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

I

les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

63

I

Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

64

iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

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iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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I

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

69

I

I

Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 8: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

I

1992 on estime que les salaires reacuteels nont pas encore retrouveacute leur niveau de 1970 9

Ainsi a la fin du gouvernement Pinochet qui 1aisse ainsi un heacuteritage redoutable le pays compte cinq mirIions de pauvres soit pres de 40 de la population Parmi les pays pour lesquels on dispose de donneacutees le Chili est celui qui a connu la plus forte aggravation des dispariteacutes dans la distribution du revenu Alors quen 1968 la part du revenu national qui eacutechoit aux 20 les plus riches de la population est de Si4 en 1989 elle s eacuteleve a 629 De 1eur coteacute les 20 les plus pauvres voient leur part du revenu nationa1 se reacuteduire au cours de la meme peacuteriode de 44 a37 A ieacutechelle de l Ameacuterique latine seul le Breacutesil a connu en 1989 une situation plus grave Cependant depuis 1968 ce processus de deacuteteacuterioration revet au Chili une ampleur bien supeacuterieure (cf tableau 7) Les riches peuvent eacutechapper a l impct de la crise grike a la fuite de capitaux JO ala remise de leurs dettes par rEtat el ala reacuteduction de limpot direct Les pauvres sont les plus attecteacutes par la reacuteduction des deacutepenses sociales dont la part dans le budget du Problemes

dAmeacuteriquegouernement central est fortement reacuteduite de 1972 a 1989

Tableau 7 Chili et Breacutesil reacutepartition du revenu

i

ehili 1968 1989

Breacutesil 1972 1989

quintile I deuxieme le plus pauVIe 1

44 37

20 21

quintile

90 68

50 49

tro lsieacuteme quintile

138 103

94 89

quatrieacuteme quin ti le

214 162

170 168

latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

e hlli Pourcentage du revenu total les limites

cinquieacuteme qUlntile deacutecile de la croissance le plus riche le plus riche

55

514 34 8 629 489

666 506 675 513

Source Banqlle mondiale Rapport sur le deacutevelop ement dans le monde 1988 el 1993

Le modele dexportation de produits du secteur primaire n induit par ailleurs que peu d emplois dans les domaines clefs a savoir les mines et l agriculture (y compris sylviculture et peche) qui emploient en 1992 un pourcentage de population active plus faible qu en 1973 Apres 1990 Iemploi stagne dans Iagriculture et deacutecroiacutet dans les mines en termes absolus Malgreacute une progression au cours de ces dernieres anneacutees le secteur manufacturier occupe en 1992 un pourcentage de la population active moins important quen 1973 Officiellement le taux de chomage est en 1992 de 48 Mais ce chiffre masque eacutevidemment un taux de sous-emploi important qui englobe Ila pauvreteacute et surtout 1laquo extreme pauvreteacute raquo En 1994 on estime que le secteur infomlel occupe 40 de la population active du pays Un demi-million de femmes travaillent en tant qu employeacutees de maison ou domestiques 11

9 el J C Bello el al op cir p 29 10 Le montant des capitaux qui retournent au ehili de 1983 il 1990 seacuteleve a41 milJiards de dollars ef P Salama laquo Fragiliteacute des nouvelles politiques eacuteconomiques en Ameacuterique latine Problemes d Ameacuterique laline ndeg 10 1993 p 73 11 The Economisl 29 janvier 1994 En 1989 le secteur informe urbain occupe 30 de la population urbaine (presque 90 de la population totaJe) el R Infante et E Klein (1991) laquo Mercado latinoameshyricano del trabajo en 1950-1990 raquo in Relista de la CEPALC n 45 tableau ndeg 4 p 135

I

I

Problemes dAmeri~e

latine Ndeg 11

oct-deacutec 1993

Chill les limites

de la croissance

56

Que le nouveau gouvemement civil de mars 1990 ait continueacute aappliquer ce modele cela ne fait aucun doute Les observateurs eacutetrangers 12

mais aussi les membres de leacutequipe deacuteconomistes gouvemementale 10nt reconnu Patrico Meller 1 actuel preacutesident de la CIEPLAN le prestigieux centre deacutetudes dont soot issus les membres de cette eacutequipe deacuteconomistes (Alejandro Foxley le ministre des Finances du gouvernement sortant a preacutesideacute cet organisme) donne [explication suivante ala suite du pleacutebiscite de 1988 devant les bons pronostics de la Concertation pour les eacutelections preacutesidentielles de 1989 la Confeacutedeacuteration de la production et du commerce la plus grande organisation patronale du pays commence a rencontrer les eacuteconomistes de cette coalition afin de deacutebattre de la nouvelle poli tique eacuteconomique laquo Leacutevolution ideacuteologique des dirigeants politiques de la Conshycertation contribue eacutegalement ace changement Devant limminence d une victoire eacutelectorale et les signes encourageants donneacutes par leacuteconomie ceux-ci optent pour une atteacutenuation de leur traditionnelle critique du modele preacuteceacuteshydent lacceptation des aspects positifs de la structure eacuteconomique en place et surtout la reconnaissance de Iimportance du role de la proprieacuteteacute priveacutee et du patronat pour le deacuteveloppement ( ) Il se produit ainsi une association d inteacuterets entre le patronat et ceux qui vont constituer le gouvernement de la Concertation raquo 13

Ainsi reprendre ce modele a son compte cest penser que laquo le moteur de la croissance reacuteside toujours dans les exportations raquo et quil est laquo indispensableraquo de conserver un taux de change baso En bref quil faut laquo maintenir les exportations a un rythme de croissance eacuteleveacute raquo 14

Cependant les exportations baissent de 7 en 1993 et pour 1994 on preacutevoit une croissance de 78 Laugmentation du PIB qui est de 103 en 1992 tombe a6 en 1993 pour atteindre selon les preacutevisions 45 en 1994 (d tableau 8) Jusqu aquel point de tels reacutesultats remettent-ils ce modele en question Le gouvernement formeacute apres les eacutelections de deacutecembre 1993 se propose datteindre une croissance moyenne de 6 par an

Depuis 1993 la diversification des exportations connaiacutet eacutegalement des limites tous les prix des principaux produits d exportation du Chili baissent Cette chute n est plus compenseacutee par une augmentation du volume exporteacute comme en 1992 L ineacutelasticiteacute des exportations jointe a la saturation des marcheacutes et au protectionnisme europeacuteen souligne la fragiliteacute d une croissance fondeacutee sur iexportation de produits de base par ailleurs menaceacutee par les difficulteacutes du marcheacute mondial Le cuivre est le seul atout stable (d infra) en termes relatif et absolu de I eacuteconomie chilienne Pour tous les autres produits (les fruits la farine de poisson et la cellulose) le

12 Tlie EIU COIIIlry Profile 993-1994 p lO indique laquo Le gouvernernent Aylwin a conserveacute sans quasiment les modifier les mesures de politique eacuteconomique qui ont fait la preuve de leur succes SOUS

le gouvcmemenl anteacuterieur raquo De son coteacute Nord Sud Expon Consultants affirme laquo De IOUS les pays dAmeacuterique latine le Chili est celui qui affiche la meilleure siluation eacuteconomique et financiere Cest le reacutesullat dun modele eacuteconornique neacuteo-Libeacuteral adopteacute sous une dictature rnilitaire et grace iexcliexcl son appareil reacutepressif puis conserveacute dans sa phase de ctoissance auto-entrelenue par la coalilion au pouvoir dcpuis mars 1990 qui a donneacute la prioriteacute au respeet des grands eacutequilibres macro-eacuteconomiques sans pour autant oublier l apurement progressif de la delle sociale Les opposants d hier ont repris 11 leur compte Ieacuteconomie de marcheacute bien conscients de la neacutecessiteacute de preacuteserver la poule aux oeufs d or raquo (Dossier Chili 4 octobre 1993pIS) 13 Osear Muntildeoz el al Chile en IlOlHiciriacuten estrategia econoacutemica y poliacutetica Coleccioacuten de Estudios CIEPLAN ndeg 37 juin 1993 p 110 14 O Muntildeoz el al op cit pp 126 et 127

I

I

Tab leau 8 Chili eacutevolution reacutecente et perspectives de Ieacuteconomie

1990 1991 1992 1993 1994

PIS reacuteel croissance en

inflation (fin danneacutee en )

exportations (mi llions de US $)

dont cuivre

importa lions (milliacuteons de dollars US)

balance commerciale (mill ions de dollars US)

compte couran t (millions de dollars US)

detre ex1eacuterieure (mill iards de dollars US)

taux de change (f in d anneacutee pesos par dOllar)

21

27 3

8310

4021

7037

1 273

-082

186

3371

61

187

8929

3617

7353

1576

93

180

374 5

103

127

9986

3886

9237

749

-583

189

3823

60

122

9215

3500

10 209

-995

-2310

202

4280

45

100

10030

3430

11 100

-1070

-2300

2 18

4600

Source The Eco omls Counlry Repar 1992 el 1993 et ler trimestre 1994 El Mercurio (20 au 26 iexclanviacuteer 1994) eacutedition imernalionale

bull pro~ct ions

Chili nest quun producteur certes doteacute d une certaine importance mais aussi tres menaceacute en ce qui concerne la demande et potentiellement l offre De plus au moins a court et moyen termes les preacutevisions d augmentation des exportations de produits manufac tureacutes proposeacutees par certains eacuteconomistes ne tiennent pas compte du processllS de deacutesindustrialisation engendreacute par ce modele Si lon assiste a une certaine reprise de linves tissement au cours de ces dernieres anneacutees on De peut se prononcer en l absence d information sur leur nature sur les possibiliteacutes dexportatioo de produits manufactureacutes Les rapports les plus connus sur leacuteconomie ehilienne ne font reacutefeacuterence qu a quelques projets de ereacuteation dentreprises relativement modestes quant aux investissements ee qui n autorise pas a eacutetablir des preacutevisions optimistes Enfin on ne doit pas oublier que le gel des salaires la restrierion du ereacutedit et de la eonsommation ainsi que des ta x d inteacuteret eacuteleveacutes eonseacutequence de la politique de refroidissement de Ieacuteco omie jouent contre la production de produits manufaetureacutes

Le role de la politique du taux de change

Le role de la politique du taux de ehange dans la promotion des exportations et dans la croissanee de Ieacuteconomie ehilienne est devenu fondamental dan s les anneacutees 1980 Pour des raisons de simpliciteacute Janalyse est diviseacutee en trois peacuteriodes Dabord la peacuteriode 1973-1981 qui se termine par une importante appreacuteciation Ensuite la peacuteriode 1982-1990 earacteacuteri seacutee par une importante deacutepreacuteei ation reacuteelle du taux de change Enfin la peacuteriode 1990-1993 OU l on constate une leacutegere appreacuteciation (ef graphique 1 et tableau 9)

lt

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chlli les limites de la crolssance

57

I

Graphique 1 Taux de change effectit reacuteel 1

(1985 = 100)

195-r-------------------------------------------------

170

145

120

Probleacutemas dAmeacuteriqMe

latine 95 N 11

oct-deacutec 1993

Chlll 70 -4--T-------r---r-------r----T-r--r----or----o--- les limItes

de la crOlssance 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993

58 Jusquen septembre 1993

Source FMI (voir tableau 9)

1 Ce taux de ctlange reacuteel mesure le oegreacute de cornpeacutetrl rvl teacute-pri x de Ieacuteconorrlle chilienne lace aux pnnclpaux pays parlerralres Un accroissemenl de Iindice tradult une appreacuteciallon reacuteelle (IIne perte de compeacutelil iviteacute ) une diminution traduit une deacutepreacuteciaton reacuteetle (1m gein de compeacutetillvl teacute )

La peacuteriode 1973-1981

Pendant ses premieres anneacutees et jusqu au deacutebut des anneacutees 1980 le gouvernement Pinochet a comme objectif central la reacuteduction de l inflation La politique du taux de change se caracteacuterise par une grande incoheacuterence application de fortes deacutevaluations (1973-1975) eacutetablissement d un taux de change unique (1976) mise en place d un systeme de mini-deacutevaluations (anneacutee 1975 et de feacutevrier 1978 ajuin 1979) et entre juin 1979 et juin 1982 applicarion d un taux de change fixe qui laquopervertitraquo 15 la libeacuteralisation Lexpeacuterience se termine par une importante appreacuteciation du taux de change qui exprime le pheacutenomene dll laquo syndrome hollandais raquo 16 En 1981 le deacuteficit en compte courant atteint un record puisquil se situe a 145 du PIB En 1982 le gouvernement reacutellssit a ramener linflation a 99 (elle a atteint presque 500 en moyenne en 1973-1974) cependant le Chili sombre dans

15 Cest ainsi que le deacutefinit Bela Balassa (1985) Chalge (Ind Chalelige ilhe Word Ecololly p 180 CEssay 8laquo Polie) Experiments in Chile raquo 1973-1983 MacMillan) 16 Lance Taylor montre comment une disponibiliteacute accrlle des ressources exteacuterieures Ce les anneacutees 1979-1981 dans le tiexcliexclbleau 9) peut eonduire a une appreacuteeiation de la monnaie et it une contraction lallt des exportations que de Iaetiviteacute eacuteeonomique interne el cela en fonction de Iarriveacutee des importmions coneurrentielles n sagit done d un cas speacutecifique delaquo Dutch disease ) qlli peut intervenir dans les pays surendetteacutes ou qui re~oivent suite ades circonstances particulieres des capitaux exteacuterieurs trop abondants Voir notammcnt L Taylor (1991)laquo Economjc Openness Problems to lhe Century s End raquo ill EcolomIacute( Liberalizaion No panacea Tario Banuri Edit Oxford and New York Oxford University Press

I

une terrible deacutepression avec les graves conseacutequences eacuteconomiques et sociales qui en deacutecoulent

La peacuteriode 1982-1990 Entre 1982 et 1988 la deacutepression reacuteelle devient linstrument pour ameacuteliorer la balance des paiements et reacutetablir leacuteconomie a partir de la croissance des exportations Le systeme de taux de change fixe est abandonneacute en 1982 apres une deacutevaluation traumatique et un systeme d ajustement quotidien par rapport au dollar est introduit Cela nempeche pas de reacutealiser une maxi-deacuteshyvaluation en 1984 ainsi que quelques mini-deacutevaluations De 1982 a 1986 la deacutepreacuteciation reacuteelle suit Iameacutelioration de la compeacutetuumliviteacute-prix du cuivre face a la chute des prix intemationaux Le Chili parvient meme aaugmenter ses recettes dexportation uuml partir dimportantes augmentations du voJume exporteacute La deacutepreacuteciation reacuteelle stimule aussi les exportations dautres produits de base 11 ne faut pas oublier que le gouvernement adepte du laisser-faire reacutealise des investissements dans les mines de cuivre et continue dencourager la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche comme l ont fait les gouvernements preacuteceacutedems

On estime que la deacutepreacuteciation reacuteelle entre 1980 et 1987 est de ordre de 60 dont plus de b moitieacute compense la chute des prix internationaux et le reste peut etre consideacutereacute comme un gain net de change pour les exportateurs

Le systeme adopteacute par [e Ch ili depuis le fin de 1982 est celui dun taux de change laquo administreacute raquo La Banque centrale fixe un laquo taux de change de reacutefeacuterence raquo qui est deacutevaJueacute chaque jour en fonction du diffeacuterentiel entre l inflation domestique du mois preacuteceacutedent et une estimation du taux moyen d inflation dans les principaux pays partenaires du Chili La Banque centrale achete (ou vend) les quantiteacutes qui sont offertes (ou demandeacutees) par les banques commerciales pour les transactions autoriseacutees ii un prix 2 au-dessous (ou au-dessus) du prix de reacutefeacuterence Le taux de change pour les transactions autoriseacutees flotte librement a I inteacuterieur de cette marge

Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir depuis 1988 colncident avec la reacutecupeacuteration des prix intemationaux et surtout avec un flux de capitaux exteacuterieuumlrs tres importam (cf tableau 9)

La peacuteriode 1990-1993 Lappreacuteciation reacuteelle du taux de change constitue un probleme qui retient lattemion du nouveau gouvernement car ce pheacutenomene affecte les ex porshytations et la croissance de Jeacuteconomie Cette situation enregistreacutee depuis 1990 ne semble avoir eacuteteacute contenue par le gouvernement que jusqu ii la fin de 1993 (cf tableau 9 et graphique 1)

Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa croissance Depuis la fin des anneacutees 1980 un important flux net de capitaux eacutetrangers en majoriteacute speacuteculatif exerce une pression a la hausse du taux de change (cf tableau 9) Leacuteconomie est affecteacutee a l instar du pheacutenomene

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les limi tes de la croissance

59

I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

I

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

I

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Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

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Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

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les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

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Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

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e hili les liacutemites

de la croiacutessance

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iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

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iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

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I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

69

I

I

Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 9: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

I

Problemes dAmeri~e

latine Ndeg 11

oct-deacutec 1993

Chill les limites

de la croissance

56

Que le nouveau gouvemement civil de mars 1990 ait continueacute aappliquer ce modele cela ne fait aucun doute Les observateurs eacutetrangers 12

mais aussi les membres de leacutequipe deacuteconomistes gouvemementale 10nt reconnu Patrico Meller 1 actuel preacutesident de la CIEPLAN le prestigieux centre deacutetudes dont soot issus les membres de cette eacutequipe deacuteconomistes (Alejandro Foxley le ministre des Finances du gouvernement sortant a preacutesideacute cet organisme) donne [explication suivante ala suite du pleacutebiscite de 1988 devant les bons pronostics de la Concertation pour les eacutelections preacutesidentielles de 1989 la Confeacutedeacuteration de la production et du commerce la plus grande organisation patronale du pays commence a rencontrer les eacuteconomistes de cette coalition afin de deacutebattre de la nouvelle poli tique eacuteconomique laquo Leacutevolution ideacuteologique des dirigeants politiques de la Conshycertation contribue eacutegalement ace changement Devant limminence d une victoire eacutelectorale et les signes encourageants donneacutes par leacuteconomie ceux-ci optent pour une atteacutenuation de leur traditionnelle critique du modele preacuteceacuteshydent lacceptation des aspects positifs de la structure eacuteconomique en place et surtout la reconnaissance de Iimportance du role de la proprieacuteteacute priveacutee et du patronat pour le deacuteveloppement ( ) Il se produit ainsi une association d inteacuterets entre le patronat et ceux qui vont constituer le gouvernement de la Concertation raquo 13

Ainsi reprendre ce modele a son compte cest penser que laquo le moteur de la croissance reacuteside toujours dans les exportations raquo et quil est laquo indispensableraquo de conserver un taux de change baso En bref quil faut laquo maintenir les exportations a un rythme de croissance eacuteleveacute raquo 14

Cependant les exportations baissent de 7 en 1993 et pour 1994 on preacutevoit une croissance de 78 Laugmentation du PIB qui est de 103 en 1992 tombe a6 en 1993 pour atteindre selon les preacutevisions 45 en 1994 (d tableau 8) Jusqu aquel point de tels reacutesultats remettent-ils ce modele en question Le gouvernement formeacute apres les eacutelections de deacutecembre 1993 se propose datteindre une croissance moyenne de 6 par an

Depuis 1993 la diversification des exportations connaiacutet eacutegalement des limites tous les prix des principaux produits d exportation du Chili baissent Cette chute n est plus compenseacutee par une augmentation du volume exporteacute comme en 1992 L ineacutelasticiteacute des exportations jointe a la saturation des marcheacutes et au protectionnisme europeacuteen souligne la fragiliteacute d une croissance fondeacutee sur iexportation de produits de base par ailleurs menaceacutee par les difficulteacutes du marcheacute mondial Le cuivre est le seul atout stable (d infra) en termes relatif et absolu de I eacuteconomie chilienne Pour tous les autres produits (les fruits la farine de poisson et la cellulose) le

12 Tlie EIU COIIIlry Profile 993-1994 p lO indique laquo Le gouvernernent Aylwin a conserveacute sans quasiment les modifier les mesures de politique eacuteconomique qui ont fait la preuve de leur succes SOUS

le gouvcmemenl anteacuterieur raquo De son coteacute Nord Sud Expon Consultants affirme laquo De IOUS les pays dAmeacuterique latine le Chili est celui qui affiche la meilleure siluation eacuteconomique et financiere Cest le reacutesullat dun modele eacuteconornique neacuteo-Libeacuteral adopteacute sous une dictature rnilitaire et grace iexcliexcl son appareil reacutepressif puis conserveacute dans sa phase de ctoissance auto-entrelenue par la coalilion au pouvoir dcpuis mars 1990 qui a donneacute la prioriteacute au respeet des grands eacutequilibres macro-eacuteconomiques sans pour autant oublier l apurement progressif de la delle sociale Les opposants d hier ont repris 11 leur compte Ieacuteconomie de marcheacute bien conscients de la neacutecessiteacute de preacuteserver la poule aux oeufs d or raquo (Dossier Chili 4 octobre 1993pIS) 13 Osear Muntildeoz el al Chile en IlOlHiciriacuten estrategia econoacutemica y poliacutetica Coleccioacuten de Estudios CIEPLAN ndeg 37 juin 1993 p 110 14 O Muntildeoz el al op cit pp 126 et 127

I

I

Tab leau 8 Chili eacutevolution reacutecente et perspectives de Ieacuteconomie

1990 1991 1992 1993 1994

PIS reacuteel croissance en

inflation (fin danneacutee en )

exportations (mi llions de US $)

dont cuivre

importa lions (milliacuteons de dollars US)

balance commerciale (mill ions de dollars US)

compte couran t (millions de dollars US)

detre ex1eacuterieure (mill iards de dollars US)

taux de change (f in d anneacutee pesos par dOllar)

21

27 3

8310

4021

7037

1 273

-082

186

3371

61

187

8929

3617

7353

1576

93

180

374 5

103

127

9986

3886

9237

749

-583

189

3823

60

122

9215

3500

10 209

-995

-2310

202

4280

45

100

10030

3430

11 100

-1070

-2300

2 18

4600

Source The Eco omls Counlry Repar 1992 el 1993 et ler trimestre 1994 El Mercurio (20 au 26 iexclanviacuteer 1994) eacutedition imernalionale

bull pro~ct ions

Chili nest quun producteur certes doteacute d une certaine importance mais aussi tres menaceacute en ce qui concerne la demande et potentiellement l offre De plus au moins a court et moyen termes les preacutevisions d augmentation des exportations de produits manufac tureacutes proposeacutees par certains eacuteconomistes ne tiennent pas compte du processllS de deacutesindustrialisation engendreacute par ce modele Si lon assiste a une certaine reprise de linves tissement au cours de ces dernieres anneacutees on De peut se prononcer en l absence d information sur leur nature sur les possibiliteacutes dexportatioo de produits manufactureacutes Les rapports les plus connus sur leacuteconomie ehilienne ne font reacutefeacuterence qu a quelques projets de ereacuteation dentreprises relativement modestes quant aux investissements ee qui n autorise pas a eacutetablir des preacutevisions optimistes Enfin on ne doit pas oublier que le gel des salaires la restrierion du ereacutedit et de la eonsommation ainsi que des ta x d inteacuteret eacuteleveacutes eonseacutequence de la politique de refroidissement de Ieacuteco omie jouent contre la production de produits manufaetureacutes

Le role de la politique du taux de change

Le role de la politique du taux de ehange dans la promotion des exportations et dans la croissanee de Ieacuteconomie ehilienne est devenu fondamental dan s les anneacutees 1980 Pour des raisons de simpliciteacute Janalyse est diviseacutee en trois peacuteriodes Dabord la peacuteriode 1973-1981 qui se termine par une importante appreacuteciation Ensuite la peacuteriode 1982-1990 earacteacuteri seacutee par une importante deacutepreacuteei ation reacuteelle du taux de change Enfin la peacuteriode 1990-1993 OU l on constate une leacutegere appreacuteciation (ef graphique 1 et tableau 9)

lt

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chlli les limites de la crolssance

57

I

Graphique 1 Taux de change effectit reacuteel 1

(1985 = 100)

195-r-------------------------------------------------

170

145

120

Probleacutemas dAmeacuteriqMe

latine 95 N 11

oct-deacutec 1993

Chlll 70 -4--T-------r---r-------r----T-r--r----or----o--- les limItes

de la crOlssance 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993

58 Jusquen septembre 1993

Source FMI (voir tableau 9)

1 Ce taux de ctlange reacuteel mesure le oegreacute de cornpeacutetrl rvl teacute-pri x de Ieacuteconorrlle chilienne lace aux pnnclpaux pays parlerralres Un accroissemenl de Iindice tradult une appreacuteciallon reacuteelle (IIne perte de compeacutelil iviteacute ) une diminution traduit une deacutepreacuteciaton reacuteetle (1m gein de compeacutetillvl teacute )

La peacuteriode 1973-1981

Pendant ses premieres anneacutees et jusqu au deacutebut des anneacutees 1980 le gouvernement Pinochet a comme objectif central la reacuteduction de l inflation La politique du taux de change se caracteacuterise par une grande incoheacuterence application de fortes deacutevaluations (1973-1975) eacutetablissement d un taux de change unique (1976) mise en place d un systeme de mini-deacutevaluations (anneacutee 1975 et de feacutevrier 1978 ajuin 1979) et entre juin 1979 et juin 1982 applicarion d un taux de change fixe qui laquopervertitraquo 15 la libeacuteralisation Lexpeacuterience se termine par une importante appreacuteciation du taux de change qui exprime le pheacutenomene dll laquo syndrome hollandais raquo 16 En 1981 le deacuteficit en compte courant atteint un record puisquil se situe a 145 du PIB En 1982 le gouvernement reacutellssit a ramener linflation a 99 (elle a atteint presque 500 en moyenne en 1973-1974) cependant le Chili sombre dans

15 Cest ainsi que le deacutefinit Bela Balassa (1985) Chalge (Ind Chalelige ilhe Word Ecololly p 180 CEssay 8laquo Polie) Experiments in Chile raquo 1973-1983 MacMillan) 16 Lance Taylor montre comment une disponibiliteacute accrlle des ressources exteacuterieures Ce les anneacutees 1979-1981 dans le tiexcliexclbleau 9) peut eonduire a une appreacuteeiation de la monnaie et it une contraction lallt des exportations que de Iaetiviteacute eacuteeonomique interne el cela en fonction de Iarriveacutee des importmions coneurrentielles n sagit done d un cas speacutecifique delaquo Dutch disease ) qlli peut intervenir dans les pays surendetteacutes ou qui re~oivent suite ades circonstances particulieres des capitaux exteacuterieurs trop abondants Voir notammcnt L Taylor (1991)laquo Economjc Openness Problems to lhe Century s End raquo ill EcolomIacute( Liberalizaion No panacea Tario Banuri Edit Oxford and New York Oxford University Press

I

une terrible deacutepression avec les graves conseacutequences eacuteconomiques et sociales qui en deacutecoulent

La peacuteriode 1982-1990 Entre 1982 et 1988 la deacutepression reacuteelle devient linstrument pour ameacuteliorer la balance des paiements et reacutetablir leacuteconomie a partir de la croissance des exportations Le systeme de taux de change fixe est abandonneacute en 1982 apres une deacutevaluation traumatique et un systeme d ajustement quotidien par rapport au dollar est introduit Cela nempeche pas de reacutealiser une maxi-deacuteshyvaluation en 1984 ainsi que quelques mini-deacutevaluations De 1982 a 1986 la deacutepreacuteciation reacuteelle suit Iameacutelioration de la compeacutetuumliviteacute-prix du cuivre face a la chute des prix intemationaux Le Chili parvient meme aaugmenter ses recettes dexportation uuml partir dimportantes augmentations du voJume exporteacute La deacutepreacuteciation reacuteelle stimule aussi les exportations dautres produits de base 11 ne faut pas oublier que le gouvernement adepte du laisser-faire reacutealise des investissements dans les mines de cuivre et continue dencourager la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche comme l ont fait les gouvernements preacuteceacutedems

On estime que la deacutepreacuteciation reacuteelle entre 1980 et 1987 est de ordre de 60 dont plus de b moitieacute compense la chute des prix internationaux et le reste peut etre consideacutereacute comme un gain net de change pour les exportateurs

Le systeme adopteacute par [e Ch ili depuis le fin de 1982 est celui dun taux de change laquo administreacute raquo La Banque centrale fixe un laquo taux de change de reacutefeacuterence raquo qui est deacutevaJueacute chaque jour en fonction du diffeacuterentiel entre l inflation domestique du mois preacuteceacutedent et une estimation du taux moyen d inflation dans les principaux pays partenaires du Chili La Banque centrale achete (ou vend) les quantiteacutes qui sont offertes (ou demandeacutees) par les banques commerciales pour les transactions autoriseacutees ii un prix 2 au-dessous (ou au-dessus) du prix de reacutefeacuterence Le taux de change pour les transactions autoriseacutees flotte librement a I inteacuterieur de cette marge

Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir depuis 1988 colncident avec la reacutecupeacuteration des prix intemationaux et surtout avec un flux de capitaux exteacuterieuumlrs tres importam (cf tableau 9)

La peacuteriode 1990-1993 Lappreacuteciation reacuteelle du taux de change constitue un probleme qui retient lattemion du nouveau gouvernement car ce pheacutenomene affecte les ex porshytations et la croissance de Jeacuteconomie Cette situation enregistreacutee depuis 1990 ne semble avoir eacuteteacute contenue par le gouvernement que jusqu ii la fin de 1993 (cf tableau 9 et graphique 1)

Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa croissance Depuis la fin des anneacutees 1980 un important flux net de capitaux eacutetrangers en majoriteacute speacuteculatif exerce une pression a la hausse du taux de change (cf tableau 9) Leacuteconomie est affecteacutee a l instar du pheacutenomene

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les limi tes de la croissance

59

I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

I

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

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Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

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Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

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les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

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Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

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e hili les liacutemites

de la croiacutessance

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iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

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reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

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iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

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biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

69

I

I

Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 10: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

I

Tab leau 8 Chili eacutevolution reacutecente et perspectives de Ieacuteconomie

1990 1991 1992 1993 1994

PIS reacuteel croissance en

inflation (fin danneacutee en )

exportations (mi llions de US $)

dont cuivre

importa lions (milliacuteons de dollars US)

balance commerciale (mill ions de dollars US)

compte couran t (millions de dollars US)

detre ex1eacuterieure (mill iards de dollars US)

taux de change (f in d anneacutee pesos par dOllar)

21

27 3

8310

4021

7037

1 273

-082

186

3371

61

187

8929

3617

7353

1576

93

180

374 5

103

127

9986

3886

9237

749

-583

189

3823

60

122

9215

3500

10 209

-995

-2310

202

4280

45

100

10030

3430

11 100

-1070

-2300

2 18

4600

Source The Eco omls Counlry Repar 1992 el 1993 et ler trimestre 1994 El Mercurio (20 au 26 iexclanviacuteer 1994) eacutedition imernalionale

bull pro~ct ions

Chili nest quun producteur certes doteacute d une certaine importance mais aussi tres menaceacute en ce qui concerne la demande et potentiellement l offre De plus au moins a court et moyen termes les preacutevisions d augmentation des exportations de produits manufac tureacutes proposeacutees par certains eacuteconomistes ne tiennent pas compte du processllS de deacutesindustrialisation engendreacute par ce modele Si lon assiste a une certaine reprise de linves tissement au cours de ces dernieres anneacutees on De peut se prononcer en l absence d information sur leur nature sur les possibiliteacutes dexportatioo de produits manufactureacutes Les rapports les plus connus sur leacuteconomie ehilienne ne font reacutefeacuterence qu a quelques projets de ereacuteation dentreprises relativement modestes quant aux investissements ee qui n autorise pas a eacutetablir des preacutevisions optimistes Enfin on ne doit pas oublier que le gel des salaires la restrierion du ereacutedit et de la eonsommation ainsi que des ta x d inteacuteret eacuteleveacutes eonseacutequence de la politique de refroidissement de Ieacuteco omie jouent contre la production de produits manufaetureacutes

Le role de la politique du taux de change

Le role de la politique du taux de ehange dans la promotion des exportations et dans la croissanee de Ieacuteconomie ehilienne est devenu fondamental dan s les anneacutees 1980 Pour des raisons de simpliciteacute Janalyse est diviseacutee en trois peacuteriodes Dabord la peacuteriode 1973-1981 qui se termine par une importante appreacuteciation Ensuite la peacuteriode 1982-1990 earacteacuteri seacutee par une importante deacutepreacuteei ation reacuteelle du taux de change Enfin la peacuteriode 1990-1993 OU l on constate une leacutegere appreacuteciation (ef graphique 1 et tableau 9)

lt

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chlli les limites de la crolssance

57

I

Graphique 1 Taux de change effectit reacuteel 1

(1985 = 100)

195-r-------------------------------------------------

170

145

120

Probleacutemas dAmeacuteriqMe

latine 95 N 11

oct-deacutec 1993

Chlll 70 -4--T-------r---r-------r----T-r--r----or----o--- les limItes

de la crOlssance 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993

58 Jusquen septembre 1993

Source FMI (voir tableau 9)

1 Ce taux de ctlange reacuteel mesure le oegreacute de cornpeacutetrl rvl teacute-pri x de Ieacuteconorrlle chilienne lace aux pnnclpaux pays parlerralres Un accroissemenl de Iindice tradult une appreacuteciallon reacuteelle (IIne perte de compeacutelil iviteacute ) une diminution traduit une deacutepreacuteciaton reacuteetle (1m gein de compeacutetillvl teacute )

La peacuteriode 1973-1981

Pendant ses premieres anneacutees et jusqu au deacutebut des anneacutees 1980 le gouvernement Pinochet a comme objectif central la reacuteduction de l inflation La politique du taux de change se caracteacuterise par une grande incoheacuterence application de fortes deacutevaluations (1973-1975) eacutetablissement d un taux de change unique (1976) mise en place d un systeme de mini-deacutevaluations (anneacutee 1975 et de feacutevrier 1978 ajuin 1979) et entre juin 1979 et juin 1982 applicarion d un taux de change fixe qui laquopervertitraquo 15 la libeacuteralisation Lexpeacuterience se termine par une importante appreacuteciation du taux de change qui exprime le pheacutenomene dll laquo syndrome hollandais raquo 16 En 1981 le deacuteficit en compte courant atteint un record puisquil se situe a 145 du PIB En 1982 le gouvernement reacutellssit a ramener linflation a 99 (elle a atteint presque 500 en moyenne en 1973-1974) cependant le Chili sombre dans

15 Cest ainsi que le deacutefinit Bela Balassa (1985) Chalge (Ind Chalelige ilhe Word Ecololly p 180 CEssay 8laquo Polie) Experiments in Chile raquo 1973-1983 MacMillan) 16 Lance Taylor montre comment une disponibiliteacute accrlle des ressources exteacuterieures Ce les anneacutees 1979-1981 dans le tiexcliexclbleau 9) peut eonduire a une appreacuteeiation de la monnaie et it une contraction lallt des exportations que de Iaetiviteacute eacuteeonomique interne el cela en fonction de Iarriveacutee des importmions coneurrentielles n sagit done d un cas speacutecifique delaquo Dutch disease ) qlli peut intervenir dans les pays surendetteacutes ou qui re~oivent suite ades circonstances particulieres des capitaux exteacuterieurs trop abondants Voir notammcnt L Taylor (1991)laquo Economjc Openness Problems to lhe Century s End raquo ill EcolomIacute( Liberalizaion No panacea Tario Banuri Edit Oxford and New York Oxford University Press

I

une terrible deacutepression avec les graves conseacutequences eacuteconomiques et sociales qui en deacutecoulent

La peacuteriode 1982-1990 Entre 1982 et 1988 la deacutepression reacuteelle devient linstrument pour ameacuteliorer la balance des paiements et reacutetablir leacuteconomie a partir de la croissance des exportations Le systeme de taux de change fixe est abandonneacute en 1982 apres une deacutevaluation traumatique et un systeme d ajustement quotidien par rapport au dollar est introduit Cela nempeche pas de reacutealiser une maxi-deacuteshyvaluation en 1984 ainsi que quelques mini-deacutevaluations De 1982 a 1986 la deacutepreacuteciation reacuteelle suit Iameacutelioration de la compeacutetuumliviteacute-prix du cuivre face a la chute des prix intemationaux Le Chili parvient meme aaugmenter ses recettes dexportation uuml partir dimportantes augmentations du voJume exporteacute La deacutepreacuteciation reacuteelle stimule aussi les exportations dautres produits de base 11 ne faut pas oublier que le gouvernement adepte du laisser-faire reacutealise des investissements dans les mines de cuivre et continue dencourager la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche comme l ont fait les gouvernements preacuteceacutedems

On estime que la deacutepreacuteciation reacuteelle entre 1980 et 1987 est de ordre de 60 dont plus de b moitieacute compense la chute des prix internationaux et le reste peut etre consideacutereacute comme un gain net de change pour les exportateurs

Le systeme adopteacute par [e Ch ili depuis le fin de 1982 est celui dun taux de change laquo administreacute raquo La Banque centrale fixe un laquo taux de change de reacutefeacuterence raquo qui est deacutevaJueacute chaque jour en fonction du diffeacuterentiel entre l inflation domestique du mois preacuteceacutedent et une estimation du taux moyen d inflation dans les principaux pays partenaires du Chili La Banque centrale achete (ou vend) les quantiteacutes qui sont offertes (ou demandeacutees) par les banques commerciales pour les transactions autoriseacutees ii un prix 2 au-dessous (ou au-dessus) du prix de reacutefeacuterence Le taux de change pour les transactions autoriseacutees flotte librement a I inteacuterieur de cette marge

Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir depuis 1988 colncident avec la reacutecupeacuteration des prix intemationaux et surtout avec un flux de capitaux exteacuterieuumlrs tres importam (cf tableau 9)

La peacuteriode 1990-1993 Lappreacuteciation reacuteelle du taux de change constitue un probleme qui retient lattemion du nouveau gouvernement car ce pheacutenomene affecte les ex porshytations et la croissance de Jeacuteconomie Cette situation enregistreacutee depuis 1990 ne semble avoir eacuteteacute contenue par le gouvernement que jusqu ii la fin de 1993 (cf tableau 9 et graphique 1)

Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa croissance Depuis la fin des anneacutees 1980 un important flux net de capitaux eacutetrangers en majoriteacute speacuteculatif exerce une pression a la hausse du taux de change (cf tableau 9) Leacuteconomie est affecteacutee a l instar du pheacutenomene

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les limi tes de la croissance

59

I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

I

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

I

I

Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

62

Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

I

les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

63

I

Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

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iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

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iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

69

I

I

Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 11: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

Graphique 1 Taux de change effectit reacuteel 1

(1985 = 100)

195-r-------------------------------------------------

170

145

120

Probleacutemas dAmeacuteriqMe

latine 95 N 11

oct-deacutec 1993

Chlll 70 -4--T-------r---r-------r----T-r--r----or----o--- les limItes

de la crOlssance 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993

58 Jusquen septembre 1993

Source FMI (voir tableau 9)

1 Ce taux de ctlange reacuteel mesure le oegreacute de cornpeacutetrl rvl teacute-pri x de Ieacuteconorrlle chilienne lace aux pnnclpaux pays parlerralres Un accroissemenl de Iindice tradult une appreacuteciallon reacuteelle (IIne perte de compeacutelil iviteacute ) une diminution traduit une deacutepreacuteciaton reacuteetle (1m gein de compeacutetillvl teacute )

La peacuteriode 1973-1981

Pendant ses premieres anneacutees et jusqu au deacutebut des anneacutees 1980 le gouvernement Pinochet a comme objectif central la reacuteduction de l inflation La politique du taux de change se caracteacuterise par une grande incoheacuterence application de fortes deacutevaluations (1973-1975) eacutetablissement d un taux de change unique (1976) mise en place d un systeme de mini-deacutevaluations (anneacutee 1975 et de feacutevrier 1978 ajuin 1979) et entre juin 1979 et juin 1982 applicarion d un taux de change fixe qui laquopervertitraquo 15 la libeacuteralisation Lexpeacuterience se termine par une importante appreacuteciation du taux de change qui exprime le pheacutenomene dll laquo syndrome hollandais raquo 16 En 1981 le deacuteficit en compte courant atteint un record puisquil se situe a 145 du PIB En 1982 le gouvernement reacutellssit a ramener linflation a 99 (elle a atteint presque 500 en moyenne en 1973-1974) cependant le Chili sombre dans

15 Cest ainsi que le deacutefinit Bela Balassa (1985) Chalge (Ind Chalelige ilhe Word Ecololly p 180 CEssay 8laquo Polie) Experiments in Chile raquo 1973-1983 MacMillan) 16 Lance Taylor montre comment une disponibiliteacute accrlle des ressources exteacuterieures Ce les anneacutees 1979-1981 dans le tiexcliexclbleau 9) peut eonduire a une appreacuteeiation de la monnaie et it une contraction lallt des exportations que de Iaetiviteacute eacuteeonomique interne el cela en fonction de Iarriveacutee des importmions coneurrentielles n sagit done d un cas speacutecifique delaquo Dutch disease ) qlli peut intervenir dans les pays surendetteacutes ou qui re~oivent suite ades circonstances particulieres des capitaux exteacuterieurs trop abondants Voir notammcnt L Taylor (1991)laquo Economjc Openness Problems to lhe Century s End raquo ill EcolomIacute( Liberalizaion No panacea Tario Banuri Edit Oxford and New York Oxford University Press

I

une terrible deacutepression avec les graves conseacutequences eacuteconomiques et sociales qui en deacutecoulent

La peacuteriode 1982-1990 Entre 1982 et 1988 la deacutepression reacuteelle devient linstrument pour ameacuteliorer la balance des paiements et reacutetablir leacuteconomie a partir de la croissance des exportations Le systeme de taux de change fixe est abandonneacute en 1982 apres une deacutevaluation traumatique et un systeme d ajustement quotidien par rapport au dollar est introduit Cela nempeche pas de reacutealiser une maxi-deacuteshyvaluation en 1984 ainsi que quelques mini-deacutevaluations De 1982 a 1986 la deacutepreacuteciation reacuteelle suit Iameacutelioration de la compeacutetuumliviteacute-prix du cuivre face a la chute des prix intemationaux Le Chili parvient meme aaugmenter ses recettes dexportation uuml partir dimportantes augmentations du voJume exporteacute La deacutepreacuteciation reacuteelle stimule aussi les exportations dautres produits de base 11 ne faut pas oublier que le gouvernement adepte du laisser-faire reacutealise des investissements dans les mines de cuivre et continue dencourager la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche comme l ont fait les gouvernements preacuteceacutedems

On estime que la deacutepreacuteciation reacuteelle entre 1980 et 1987 est de ordre de 60 dont plus de b moitieacute compense la chute des prix internationaux et le reste peut etre consideacutereacute comme un gain net de change pour les exportateurs

Le systeme adopteacute par [e Ch ili depuis le fin de 1982 est celui dun taux de change laquo administreacute raquo La Banque centrale fixe un laquo taux de change de reacutefeacuterence raquo qui est deacutevaJueacute chaque jour en fonction du diffeacuterentiel entre l inflation domestique du mois preacuteceacutedent et une estimation du taux moyen d inflation dans les principaux pays partenaires du Chili La Banque centrale achete (ou vend) les quantiteacutes qui sont offertes (ou demandeacutees) par les banques commerciales pour les transactions autoriseacutees ii un prix 2 au-dessous (ou au-dessus) du prix de reacutefeacuterence Le taux de change pour les transactions autoriseacutees flotte librement a I inteacuterieur de cette marge

Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir depuis 1988 colncident avec la reacutecupeacuteration des prix intemationaux et surtout avec un flux de capitaux exteacuterieuumlrs tres importam (cf tableau 9)

La peacuteriode 1990-1993 Lappreacuteciation reacuteelle du taux de change constitue un probleme qui retient lattemion du nouveau gouvernement car ce pheacutenomene affecte les ex porshytations et la croissance de Jeacuteconomie Cette situation enregistreacutee depuis 1990 ne semble avoir eacuteteacute contenue par le gouvernement que jusqu ii la fin de 1993 (cf tableau 9 et graphique 1)

Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa croissance Depuis la fin des anneacutees 1980 un important flux net de capitaux eacutetrangers en majoriteacute speacuteculatif exerce une pression a la hausse du taux de change (cf tableau 9) Leacuteconomie est affecteacutee a l instar du pheacutenomene

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les limi tes de la croissance

59

I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

I

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

I

I

Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

62

Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

I

les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

63

I

Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

64

iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

65

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

66

iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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I

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

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I

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Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

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Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 12: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

une terrible deacutepression avec les graves conseacutequences eacuteconomiques et sociales qui en deacutecoulent

La peacuteriode 1982-1990 Entre 1982 et 1988 la deacutepression reacuteelle devient linstrument pour ameacuteliorer la balance des paiements et reacutetablir leacuteconomie a partir de la croissance des exportations Le systeme de taux de change fixe est abandonneacute en 1982 apres une deacutevaluation traumatique et un systeme d ajustement quotidien par rapport au dollar est introduit Cela nempeche pas de reacutealiser une maxi-deacuteshyvaluation en 1984 ainsi que quelques mini-deacutevaluations De 1982 a 1986 la deacutepreacuteciation reacuteelle suit Iameacutelioration de la compeacutetuumliviteacute-prix du cuivre face a la chute des prix intemationaux Le Chili parvient meme aaugmenter ses recettes dexportation uuml partir dimportantes augmentations du voJume exporteacute La deacutepreacuteciation reacuteelle stimule aussi les exportations dautres produits de base 11 ne faut pas oublier que le gouvernement adepte du laisser-faire reacutealise des investissements dans les mines de cuivre et continue dencourager la production fruiticre et forestiere ainsi que celle de la peche comme l ont fait les gouvernements preacuteceacutedems

On estime que la deacutepreacuteciation reacuteelle entre 1980 et 1987 est de ordre de 60 dont plus de b moitieacute compense la chute des prix internationaux et le reste peut etre consideacutereacute comme un gain net de change pour les exportateurs

Le systeme adopteacute par [e Ch ili depuis le fin de 1982 est celui dun taux de change laquo administreacute raquo La Banque centrale fixe un laquo taux de change de reacutefeacuterence raquo qui est deacutevaJueacute chaque jour en fonction du diffeacuterentiel entre l inflation domestique du mois preacuteceacutedent et une estimation du taux moyen d inflation dans les principaux pays partenaires du Chili La Banque centrale achete (ou vend) les quantiteacutes qui sont offertes (ou demandeacutees) par les banques commerciales pour les transactions autoriseacutees ii un prix 2 au-dessous (ou au-dessus) du prix de reacutefeacuterence Le taux de change pour les transactions autoriseacutees flotte librement a I inteacuterieur de cette marge

Les pressions ala hausse du taux de change qui se font sentir depuis 1988 colncident avec la reacutecupeacuteration des prix intemationaux et surtout avec un flux de capitaux exteacuterieuumlrs tres importam (cf tableau 9)

La peacuteriode 1990-1993 Lappreacuteciation reacuteelle du taux de change constitue un probleme qui retient lattemion du nouveau gouvernement car ce pheacutenomene affecte les ex porshytations et la croissance de Jeacuteconomie Cette situation enregistreacutee depuis 1990 ne semble avoir eacuteteacute contenue par le gouvernement que jusqu ii la fin de 1993 (cf tableau 9 et graphique 1)

Le Chi1i est victime de son succes financier et de sa croissance Depuis la fin des anneacutees 1980 un important flux net de capitaux eacutetrangers en majoriteacute speacuteculatif exerce une pression a la hausse du taux de change (cf tableau 9) Leacuteconomie est affecteacutee a l instar du pheacutenomene

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les limi tes de la croissance

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I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

I

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

I

I

Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

62

Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

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les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

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Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

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iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

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iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

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I

I

Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 13: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

I

Tableau 9 Chili mouvements nets de capitaux et taux de change reacuteel

Problemes dAmeacuterique

latine W11

oct-deacutec 1993

ehi li les limites

de la croissance

60

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

errectir reacuteel

mouvements net de capitaux

en millions de dollars US

Indice du taux de change

erfectif reel

1977 682 nd 1987 1005 784 1978 1854 1192 1988 1 107 73 3 1979 2261 1205 1989 1656 75 0 1980 3341 14 11 1990 3075 729 1981 4942 1715 199 1 1404 751 1982 1027 1550 1992 3487 795 1983 600 1263 1993 2890 802 1984 2210 1240 1985 1986

1240 883 I

1000 845

Source CEPALC FMI -IFS bull au 3 tr imestre

survenu au deacutebut des anneacutees 1980 par uneacute sorte de laquo maladie hollandaise raquo Cela constitue en reacutealiteacute une rupture de l un des piliers du modele eacuteconomigue Cest la fin de la deacutepreacuteciation reacuteelle du taux de change comme facteur d ameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-prix gui stimule les exportations Les exportations sont livreacutees aux exigences du marcheacute mondial et uuml sa compeacutetitiviteacute-cout cest-a-dire a leurs avantages comparatifs naturels

Pour contenir l appreacuteciation du taux de change et eacuteviter IIacceacuteleacuteration de linflation le gouvernement expeacuterimente toute une seacuterie de mesures concemant les flux de capitaux eacutetrangers La Bangue centrale deacutecide a la mi-1992 dutiliser un taux de change flottant dont la pariteacute nest plus le dollar mais un panier de monnaies Ce panier deacutetermine une valeur centrale par rapport au dollar gui varie dans une fourchette de 20 avec un flottement impur ou sale (dirty [loat) relativement aclif 17 Des mesures restrictives pour les capitaux speacuteculatifs 3 court terme sont prises telles laugmentation des encaissements obligatoires et l imposition de taux d inteacuteret plus faibles pour les capitaux entrant pour moins dun an o La Bangue centrale procede eacutegalement a des achats de devises gui vont augmenler les reacuteserves en monnaies eacutetrangeres Mais pour eacuteviter le gonflement de la masse moneacutelaire el les risgues dinflation on mene des actions de steacuterilisation en vendant sur le marcheacute ouvelt des titres de la dette publique (mesure suspendue en aout 1993) De la meme maniere on autorise les caisses de retraile aplacerjusgu 3

3 de teurs actifs a leacutetranger et on prend des mesures dencouragement aux investissements chiliens a leacutelranger (fin 1993 les investissements a leacutetranger repreacutesentent 1445 milliard de dollars dont 73 sonl placeacutes en Argentine)

Les chances de succes du gouvernement sont limiteacutees par les conelitions du marcheacute financier et le niveau eles taux d inteacutercl Si le marcheacute n absorbe pas la totaliteacute des liguiditeacutes disponibles aux taux en vigueur la Banque centrale eloit augmenter les taux d inteacuteret laquo Il se produit alors un conflit aacute court terme entre liincitation a l exportation el 1incitation a l investissement raquo 18

Fin 1993 la hausse du taux de change semble contenue Mais les effets de ce pheacutenomene ne se font pas sentir seulement au niveau des exportations Les importations sont eacutegalement affecteacutees Au milieu de 1993 1eacuteconomie chilienne se trouve en eacutetat de surchauffe (overheating) et d exces

17 er Agosin el Ffrench-Davis op cir p 49 18 O Mufioz el alii (1993) op cit p 117

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des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

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Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

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Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

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les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

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Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

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iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

66

iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

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Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

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Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 14: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

des deacutepenses Le gouvernement doit agir sur iexclun des postes de la deacutepense mais cela nest guere aiseacute On procede a la hausse des taux d inteacuteret et au controle de la masse moneacutetaire en vue de la limitation de la consommation et des importations

L appreacuteciation du taux de change a partir de 1990 se produit dans un contexte de chute du prix des produits pour lexportation qui en 1993 ne peut etre compenseacutee par une augmentation du volume des ex porshytations Cette anneacutee-la la valeur des exportations diminue pour la premiere fois depuis 1981

Lappreacuteciation du taux de change la croissance eacuteconomique et une baisse additionneUe des tarifs douaniers entralnent une augmentation impressionnante du volume des importations Laugrnentation des importashytions de 1990 a 1992 est le refIet de la surchauffe de l eacuteconomie Pour cette peacuteriacuteode il faut noter leacutenorme augmentation des importations de biens de consommation 1047 chiffre tres supeacuterieur acelui de l augmentation des importations de biens deacutequipement (207 ) La faiacuteble croissance du vo]ume des biens deacutequipement dans une structure eacuteconomique Ol le modele neacuteo-libeacuteral a pratiquement deacutetruit lindustrie des biens deacutequipement peut servir d indice pour mesurer Iaugmentation de Jinvestissement productif (cf tableau 10)

Tableau 10 Chili importations FOB 1987-1992 (mi llions de dollars US)

Problemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chilt les limlles de la croissance

61

augmentation 1987 1992 1990-92

(en ) 1988 1989 1990 1991

--shy

biens de consommation 584 894 826 1 136 1691 104 7 biens intermeacutediaires

563 4449 5 176 279

biens deacutequipement 2228 2822 3666 1 4046

1317 191 72130 1840 2571982 20 7 total 3774023 4924 6494 7023 7453 9670

Source Tho E u eounrl Protie e nife 1993-94 FMI-IFS novembre 1993

Le cuivre le deacutesengagement de lEacutetat et le retour des multinationales 19

1I est vrai que la part du cuivre c1ans les exportations chiliennes a diminueacute en passant de 756 en 1970-72 a479 en 1989-90 Neacuteanmoins ce produit et le secteur minier en geacuteneacuteral continuent detre le premier fournisseur de devises (55 des exportations en 1989-90) C est pour cela que l eacutevolution de l eacuteconomie reste eacutetroitement lieacutee a la fluctuation des prix du cuivre et cest ainsi que la forte hausse des prix de ce meacutetal observeacutee a partir de 1986 a aideacute d une maniere importante au processus de reacutecupeacuteration de leacuteconomie

19 Cette panie sallf mention contraire eSl baseacutee sur les sources suivantes Confederacioacuten minera de Chile 1992 op cit The El U COUl1lly Ploftle el Coulllry Report plusieurs numeacuteros Tile Mewl Bulelill plusieurs numeacuteros The Fillancia Times plllsieurs numeacuteros Latil American Economy llid Business plusieurs numeacuteros

I

I

Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

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Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

I

les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

63

I

Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

64

iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

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iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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I

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

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I

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Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 15: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

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Problemes dAmeacuterillue

latine Ndeg 11

ocl -deacutec 1993

e hili les limites

de la crOlssance

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Selon les demieres preacutevisions en 1994 le cuivre vaudra 80 centavos la livre prix infeacuterieur a la moyenne de 88 centavos en 1992 Pour le Chili chaque cent de diffeacuterence entralne a lexportation une perte de 22 millions de dollars par ano

Les probJemes structuraux du cuivre subsistent a une croissance lente de la demande mondiale viennent s ajouter une accumulation consideacuterable de stocks et les ventes laquo sauvages raquo des ex-pays socialistes Cest pourquoi en supposant me me que le Chili profite de Iameacutelioration de la situation dans les pays de IOCDE ses ventes resteront stationnaires en 1994 (cf tableau 8)

Ce nest qua partir de 1995 que Ion preacutevoit une reprise de la demande et des cours internationaux A moyen terme la production du Chili va connaltre une augmentation consideacuterable 2 millions de tonnes dici a 2001 (de 14 million a 34 millions detonnes) Le secteur priveacute reacutealisera 60 de cet accroissement La strateacutegie chilienne qui va contribuer aexercer des pressions sur l offre vise a la fenneture de mines produisant ades coCtts eacuteleveacutes dans le reste du monde mais elle risque d avoir de seacuterieuses conseacutequences pour Ientreprise publique elle-meme Alors que la consomshymation mondiale doit augmenter de 20 de 1991 a 2000 la production du Chili doit progresser de 86

Il faut noter que la quasi-totaliteacute des mines de la CODELCO se trouve dans une situation difficile a la suite de la diminution de la tencur des gisements de la chute de la productiviteacute et par conseacutequent de laugshymentation des coCtts Fin 1993 le coCtt moyen de production de la CODELCO est de 69 centavos la livre de cuivre juste au-dessous des 74 centavos prix de la livre sur le marcheacute mondia

En revanche dans les mines du secteur priveacute le coCtt de production est extremement bas (cr infra) 45 centavos pour La Escondida 52 centavos pour Zaldivar 40-45 centavos pour El Abra

Tout ceci signifie que dimportants changements se sont produits qui deacutecoulent de la privatisation de la production chilienne et de la perte de poids de la CODELCO On a sacrifieacute un programme efficace dexpansion qui aurait abandonneacute les mines moins rentables et mis progresshysivement en exploitation des gisements de reacuteserve grace ades investissements adeacutequats pour cantonner cette entreprise dans un roacutele de pourvoyeuse de rente Depuis les anneacutees 1970 la CODELCO nexploite plus de nouveaux sites bien qu elle dispose de tres riches gisements 20 Si bien que cette grande entreprise publique gere des mines produisant El des coCtts eacuteleveacutes et par conseacutequent de faible rentabiliteacute alors que les mines sous controacutele des multinationales reacutealisent I essentiel de la rente minuuml~re

En 1993 la valeur des exportations de cuivre baisse de 12 alors que l apport du cuivre aux ressources publiques chute de 447 La reacuteduction de la contribution du cuivre apartir de 1990 est due non seulement El la chute du cours monduumltl mais aussi ala difficile situation de la CODELCO et surtout a la participation des multinationales El la production et ala rente En 1993 les exportations de cuivre repreacutesentent 3420 milliards de dollars dont seuls 493 miUions reviennent aux finances publiques (soit 14 ) En 1980 alors que IEtat controacutele pratiquement toute la production de cuivre

20 Cf Heacutector Donoso Rojas Defema del patrimollio Iacional Confederacioacuten minera de Chile seprembre 1993

I

les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

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Problemes dAmeacuteriClue

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e hili les liacutemites

de la croiacutessance

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iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

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Chili les lim ites de la croissance

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les limites ~ la c roiss arcJ

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Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

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Chlh les limites de la croissa nce

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ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

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I

I

Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 16: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

les exportations de ce minerai atteignent 2153 milliards de dollars dont 1006 milliard de dollars revient a lEtaL

En 1993 I Eacutetat controle un peu plus de 54 de la production En 2000 lEtat nen controlera plus que 32 Si les joint-ventures se concreacutetisent la participation de la rente miniere aux finances publiques aura encore perdu en importance

Dans le secteur minier I IDE est stimllleacute une premiere foiacutes par la libeacuteralisation des dispositifs en vigueur depuis les anneacutees 1980 La loi 18 248 de 1983 preacutevoit une laquo concession pleine raquo qui institue des garanties exceptionnelles pour les investisseurs L eacuteventualiteacute dune nationalisation est laquo impossible raquo 21 paree que celle-ci impliquerait de payer au concessionnaire la valeur actuelle de la totaliteacute des futurs cash-flows De la meme maniere la conversion des titres de la dette en participation dentreprises nationales sert a Iachat de quelques mines petites et moyenl1es apartir du milieu des anneacutees 1980 Cependant les contrats les plus importants qui concernent les plus grandes multinationales du cuivre sont signeacutes a partir de 1988 et ne deiennent effectifs que sous le reacutegime civil

Le plus important d entre eux parapheacute en 1988 concerne la mine La Escondida 11 s agit dun projet de 14 milliard de dollars pour Iexpioitation dun immense gisement de 1 765 millions de tonnes de minerai dune teneur de l5 en cuivre Des multinationales de plusieurs pays y participent avec un financement eacutegalement multiple

La proprieacuteteacute de La Escondida se reacutepartit de la maniere suiyante Broken Hill (plus grande entreprise publique d Australie) 575 RTZ (Royaume-Uni le plus granel conglomeacuterat du secteur minier) 30 JECO (consortium japonais donl le leader est Mitsubishi) 10 lnternashytiona Financial Corporation (IFC de la Banque mondiale) 25 Cette exploitation gui reacutealise les couts de production les plus bas (45 centavos) doit produire en 2000 cavantage que le site de Chuquicamata la pLus grande mine de la CODELCO En 1993 elle a prodllit 390000 tonnes de cllivre ra fTineacute et a rapporteacute aux finances publiques environ 100 millions de dollars Ce tte meme anneacutee pour chaque tranche de 390 000 tonnes produites la e ntribution de CODELCO seacuteleve aacute 174 millions de dollars

La baisse de la rente miniere va contraindre le gouvernement il chercher dautres sources de revenus c autant plus quil ne semble pas ulo ir reacuteiser les conditions libeacuterales d exploitation failes aux capitaux eacutetrangers Pour heure cette situation se traeluit par une diminution de la ren t publique et une augmentation des services financiers en terme de compte courant eacutetant donneacute que les entreprises minieres commencent a verser a Iexleacutericur dimportants beacuteneacutefices et paiements dinteacuterets pour amortir lem financcment

Depuis 1990 le gouvemement civil na proceacutedeacute a aucune modification substantielle La CODELCO n a pas cesseacute de deacutecliner La production stagne depllis 1991 Selon les preacutevisions il en ira de meme jusquen 1997 12 Rien ne garantit une reprise posteacuterieure dans la mesure ou le gouvernement ne paraiacutet pas deacutecideacute aexploiter directement les reacuteserves de la CODELCO et OL il privileacutegie la formule du joint-venture Fin 1993 une

2 1 H Dunoso op cit 22 -meliuumlrer la compeacutelilivileacute-coGI de la CODELCO deacutepend de linrroductioll de Ilouvelles technologies que le pa~ ne produit paso Cest ainsi 4uon a appris en septembre 1993 la mise au point d un systeme Hydromet de pruduction de cuivre quiacute reacuteduit jusquiexcliexcl 60 les co(lts de production actuels

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 ocl -deacutec 1993

Chil les limles de la CrOlSSiexcliexclnCe

63

I

Problemes dAmeacuteriClue

latine N 11

ocl-deacutec 1993

e hili les liacutemites

de la croiacutessance

64

iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

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iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

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Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 17: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

Problemes dAmeacuteriClue

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e hili les liacutemites

de la croiacutessance

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iexcl

compagnie canadienne Cyprus-Amax Minerals emporte les encheres pour obtenir une participation de 51 dans lexploitation de la mine d El Abra (projet de 500 millions de dollars 120000 tonnes de cuivre par an) Une formule identique sera semble-t-il utiliseacutee dans le cas de la mine de Radomiro Tomic (projet de 450 millions de dollars 150000 tonnes par an produites aun coGt de 35 centavos la livre ) Cest en tout cas ce que Ion peut deacuteduire dune deacutec1aration de J Bande (aujourd hui vice-preacutesident de la CODELCO) laquo Les reacutesultats dEI Abra eacuteclairent dun jour nouveau Radoshymiro Tomic ( ) Cela nous conduit vraiment apenser qu il serait plus adeacutequat dutiliser la formule du joinl-venture pour ce projet raquo (Financial Times 15 octobre 1993)

Neacuteanmoins en 1989 J Bande el al eacutecrit laquo Dans le cas d une victoire de l opposition aux eacutelections la politique du cuivre subira quelques modifica~ions Le gouvemement deacutemocratique consolidera la participation de lEtat dan s lindustrie du cuivre et appuiera les projets dexpansion de la CODELCO Mais ces projets se verraient reacuteviseacutes dans le cadre d une strateacutegie eacutelectorale offensive Pour ce qui est de l investissement eacutetranger les principaux partis dopposition acceptent sa preacutesence dans lindustrie du cuivre mais ils envisagent eacutegalement deacutetab1ir des conditions pour une reacutepartition plus eacutequitable des beacuteneacutefices entre les investisseurs eacutetrangers et le pays lis pensent aussi reneacutegocier un certain nombre daccords conclus par le gouvernement militaire raquo 23

Un autre important projet dexploitation du cuivre conceme la mine La Candelaria (pour un montant de 550 millions de dollars) dans lequel la principale firme nord-ameacutericaine du cuivre Phelps Dodge actionshynaire majoritaire (80 ) esl associeacutee a Sumimoto pour produire 120000 tonnes de cuivre ratIineacute 11 s agit pratiquement du seul projet (envergure dans un des secteurs de la production chilienne qui provienne des Etals-Unis Cest la une grande diffeacuterence par rapport a la peacuteriode anteacuterieure a 1973 ou deux firmes nord-ameacutericaines contralaient lindustrie du cuivre

Projet moins important sur le plan financier mais non pas sur le plan technologique le conglomeacuterat dEtat finlandais Outokumpu participe a lexploitation de la mine de Lince (20000 tonnes) Ce dernier deuxieme producteur mondial de produits manufactureacutes de cuivre a eacutequipeacute le site de Chuquicamata dun Iype de four speacutecial (flash) La plus importante participation d Oulokumpu conceme le gisement de Zaldivar (25 millions de dollars via une conversion de la dette) qui produira 90000 tonnes en 1997

Une autre des caracteacuteristiques des plus importants projets dexploitation du cuivre attribueacutes par le Chili sous forme de concession a des entreprises multinalionales (a lexception des sites de Los Bronces el Los Pelambres) est que lous sont situeacutes sur des territoires ayant appartenu a la Bolivie et au Peacuterou jusqua la guerre du Pacifique ala fin du XIXe siec1e On ne peut pas affirmer que les effets du contlit el les tensions ont disparu notamment pour la B01ivie qui a alors perdu son acces a la mer ainsi que la province ou se trouve aujourdhui le site de La Escondida 24 De surcroiacutet le

23 J Bande el R Ffrench-Davislaquo Copper Policies and the Chilean Econorny raquo Notos teacutecnica~ nO 132 CIEPLAN 1989 p 106 24 Jorge Escobar Cusicanqui dan s son Historia diplomaacutetica de Balirio eacutetend les droits historiques de la Bolivie jusquau 25deg 37 de latitude Sud c est-a-dire jusqu au Salado (pres du Paposo) Cf pp 70 et 7 I dc la deuxieacutemc eacutedition Impresiones Unidas La Paz

I

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

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Chili les lim ites de la croissance

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les limites ~ la c roiss arcJ

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Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

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ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

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I

I

Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

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Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 18: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

reacutegime militaire chilien a fait adopter une loi toujours en vigueur stipulant que 10 des ventes reacutealiseacutees par la CODELCO reviennent aIarmeacutee laquo pour payer ses achats damlement raquo 25

Jusqua la fin du siecle la CODELCO doit faire face a une restructuration qui comprendra obligatoirement la fermeture partielle (ou meme totale) de quelques mines ta grande mine de Chuquicamata par exemple doit reacuteduire ses effectifs de 10 000 a8 500 travailleurs d ici a 1995 Cest loccasion de rappeler le faible impact du secteur minier sur lactiviteacute productrice inteacuterieure notamment en terme demploi (ce secteur repreacutesente 18 de la population active) Par ailleurs entre 1989 et 1992 le nombre de travailleurs passe dans ce meme secteur de 103 000 a87000 La mine de La Escondida nemploie que 1 000 personnes

En reacutesumeacute iexclun des changements perceptible~ dans l eacuteconoshymie chilienne conceme la reacuteduction de la participation de lEtat au secteur minier du cuivre par le biais dune forme de privatisatjon de la production Ce qui signifie une perte dimportance du monopole d Etat de ia CODELCO qui dan s le meilleur des cas s associe a des entreprises eacutetranger~s Cela entralne une baisse substantielle de la rente miniere revenant a I Etat qui O il ainsi se tarir une source importante du financement des deacutepenses publiques

La nouvelle situation rappelle quelque peu ~elle de la peacuteriode p eacutedant les anneacutees 1970 A ceci pres quaujourdhui lEtat s associe aux mulLi nationales et que les plus importants projets cIexploitation miniere sont

nt roacuteleacutes etou financeacutes par les plus granels consortiums ou syndicats miniers 1 bancaires du monde entier De maniere plus eacutevidente encare les nouvelles fonnes el investissement (NFI) 26 beacuteneacuteficient au Chili de toutes les garanties t uchant a la proprieacuteteacute et aux conelitions faites aux capitaux eacutetrangers face ad eacuteventuels changements politiques 27 La relative concentration de l IDE Ixplique essentiellcment par les avantages naturels offerts aacute savoir eles re fV s importantes el eles gisements de qualiteacute et par les faibles risques i Lants Mais elle sexplique aussi par les graves crises eacuteconomiques et

litiques qui affectent depuis longtemps les trois autres gros pays producshyleu] en voie de deacuteveloppement le Zaire la Zambie et le Peacuterou

Il faut noter aussi que la preacutesence au Chili des plus grandes multinalionales du cuivre 28 semble obeacuteir a une strateacutegie de diversification I d Iiruplantation geacuteographique et de recherche de la seacutecuriteacute en ce qui

Qn ro I s sources dapprovisionnement 29 Cest ainsi que par exemple RTZ e l implanteacute dans plus de qunrante pays et Cyprus-Amax Minerals ienl f acheter la mine de Cerro Verde lttu Peacuterou et cherche aobtenir en

Tt Efe COlnlr Report 2 trimestre 1993 26 O C1uJr les Oman L~s 11001lelles formes (illllSlisslmenl dalls les indllslries des pa)s 111

rl ItlWIII OCDE Centre de deacuteveloppcment 1989 - Lmiddot e pltritncc chilienne reacutecente ne semble pas clonner raison it Olivier Bomsel qui eacutecrit en 1990

le _rnnds projcts (minie rs NdA) pour lexportation dans le tiers monde unt selon nOlls peu dave nir crer U~ ~)reacuterations colllpeacutetitives au plan international dans des pays rent iers est devenu plus difficile raquo

1 L ltSlIHemel1lll1illier el meacutetallllrgiqlle dalls le IiexcleS lolde Lafil de grands projels p 41 OCDE Cenm de uacute eioppcment 1990 28 ccgtmpris ce lles 4ui snnL revenucs apres leur expropria tion par Allende KennecotL qlli appartient auj uro hui iI RTZ Iun des proprieacutetaircs de la mine La Escondida et Anaconda qui a acheteacute la mine de Ll Pc1Il1 re dans les anneacutees 19S0 (22 000 Lonnes en 1993) se lon la formule de dehlmiddoteqllily swaJ avant de la reemlre au groupe chilien Lusik 29 t Cannine appi Le cuire Cyciope-Economica 1990

Probleacutemes dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chili les lim ites de la croissance

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

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iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

bull 19)1

Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

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I

I

Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 19: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

oc t -deacute c 1993

ei

les limites ~ la c roiss arcJ

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iexcl

Argentine lexploitation du gisement de cuivre et dor de Bajo de la Alumbrera

5taple theory ouverture et perspectives

Les deux plus grands succes de Ieacuteconomie chilienne de ces dernieres anneacutees ont trait au controle de linflation et a Ieacutelimination des deacuteseacutequilibres des finances publiques Malgreacute les taux de croissance eacuteleveacutes obtenus reacutecemment les reacutesultats sur le long terme sont plutot modestes Sous le reacutegime de Pinochet de 1973 aacute 1989 le taux de croissance moyen annuel nest que de 29 chiffre tres infeacuterieur par exemple acelui de la Coreacutee du Sud (83 )

Les diffeacuterences entre la strateacutegie chilienne et celle des pays du Sud-Est asiatique sont connues 11 existe quelques similitudc puisqu i l sagit dexpeacuteriences de croissance fondeacutees sur les exportations el conduites par des reacutegimcs autoritaires Mais la croissance asiatique repose sur des exportations de produits manufactureacutes accompagneacutees dune restructuration permanente de la production de Iacquisition progressi~e davantages comshyparatifs dynamiques ainsi qua Iaction deacutecisive ele lEtal sur la politique commerciale et le taux de change Mesures tres souvenl foIl eacuteloigneacutees de lorthodoxie dans ces matieres l O

Comme 10bserveJ Sachs Iexpeacutericnce du Sud-Est asiatique suggere qu une politique d encouragement des exportations peut etre meneacutee abien (et ele fait telle est peuH~tre la seule maniere dy parvenir) par un gouvernement dirigiste meme si ce demier exerce un controacutelc slrict des importations et s il soumet le marcheacute des capitaux a une reacuteglcmentation rigide 11

Dans le cas du Chili on peut etre tenteacute d eacutetablir un parallele avcc les expeacuteriences el exportation de ressources naturellcs meneacutees par le Canada et IAustralie fondeacutees sur ee que Ion eleacutesigne sous le nom de stope theory du eleacuteveloppement 2 Mais iI ne faut pas oublier un certain nombre de facteurs essentiels Entre autres le role du secteur primuire pour fnvoriser l accufnulation dans d nutres secteurs (notamment l industrie) et surtout laetion de l Eacutetat en matiere de protection douaniere et de politique commershyciale dans le but d cncourager le deacuteveloppement industrie Dans la situation chilienne on ne peut meme pas invoquer la faiblesse de la population pour justifier la strateacutegie dexportation ele proeluits du secteur primaire Des pays comme la Norvcge el la Nouvelle-Zeacutelanele (le quart de la population du Chili) ont en effet suivi une politique de deacuteveloppement inelustriel malgreacute leur grande deacutependance vis-S-vis des exportations de produits du secteur primaire Actuellemenl la Nouvclle-Zeacutelande deacuteveloppe activement son industrie de

30 Sur le cas coreacuteen cL Mario Lanzaroni L Code IIu Sud ulle sonie Ju sOlls-JrliexclofJpemel PUF 1992 J Mahon laquo Was Latin Amcrica too Rich to Prosper) raquo il The fulmo o( Deeopmelt Sudies nO de janvier reproduit itl ProJiexclmes eacutecolomiltiexclles n 2289 11 novembre 1992 sous le tilre laquo Slrateacutegies dindustrialisation une comparaison entre lAmeacuterique laline et IAsie du Sud-Estraquo 3 1 Jeffrey D Sachs laquo Poliacuteticas comerciales y tipo de cambio en programas de ajuste orientados al crecimiento raquo p 79 EsuJios ecollIacutemicos L 3 nO 1 janvier-juin 1988 Mexico 32 Stephen R Lewis Jr (1989) en fail une bonne preacutesentation dans laquo Primary Exporting Countries raquo in H Chenery et al Halldhrok ol Deeopmem EcollolIics t n Elsevicr Science Publishers BV En franltais ef A Sid Ahmed Ecollomie de l industriaisaion (iexcl parir des ressources naturees (fBR) L 2 Publ isud 1989

I

I

biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

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Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

Chlh les limites de la croissa nce

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ehili les limiles

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

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le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

de [a crQlssance

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Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 20: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

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biens e1eacutequipement et son industrie automobile a produit 124000 uniteacutes en 1985 (12000 seulement au Chili en 1991)

Au Chili la reprise du modele eacuteconomique de la dictature peut eontrainelre a prenelre quelques virages theacuteoriques Au cours e1 une reacutecente intervention a Paris P Meller apres avoir prononceacute leacuteloge de la strateacutegie dexportation des ressources natureUes s intenoge laquo Quel mal y a-t-il a exporter eles ressourees naturelles 100 millions de dollars de ressources naturelles vaudraient-ils moins que 100 millions de dollars de proeluits manllfactureacutes raquo 33

La question souleveacutee par le modele ele la staple theory sans strateacutegie el industrialisation c est que la speacutecialisation ele la proeluction de ressources naturelles renel Ieacuteeonomie plus sensible ala demande mondiale Des eacutetlldes eacuteconomeacutetriques neacuteo-classiques permettent meme ele soutenir que les exportations de prodllits manufactureacutes ont un plus grand impact positif -ur la croissance que les expo11ations ele produuumls e1u secteur primaire Lcxplication reacuteside en grande partie dans labsence dexternaliteacutes favorashyble aacute (exportation de produits de base 14 Le cas e1u Chili est complexe non sell lement paree que ce pays exporte pour l essentiel eles proeluits e1u secteur primaire mais aussi paree que la part des exportations dan s le PIB est plus imp n ante que dans la majoriteacute eles nOllveaux pays industrialiseacutes (NPI) et dan - de nombrellx pays exportateurs de prodllits de base De 1970 a 1992 In part des exportations chiliennes de bien s et services e1ans le PIB passe de 1- LI 6 En revanche elle passe pour la meme peacuteriode ele 14 a29 en e I e ele 9 a 11 en Argentine et de 23 a28 en Nouvelle-Zeacutelande 35

Au Chili de 1990 a 1993 l appreacuteciation du taux de change la li eacuteralisation accrue de leacuteeonomie ainsi que les mesures meneacutees ~ COUrt t rm pour freiner linflation et la deacuteteacuterioration des comptes de lEtal ne

n tituent pas le caelre le plus adeacutequat pour envisager le passage ala phase de transformation des produits de base De tOllles les faltons l appreacuteciation eeHe e111 taux de change porte preacutejudice aux exportations non traditionneHes pmi lllierement eacutelastiqlles par rapport a leacutevolution du tallx de change 36

Dans le cas chilien le modele es a I eacutevidence deacutesindustriashyti am En 1990 ala fin du gouvememcnt Pinochet le sccteur manufacturier rep ente encore 206 du PIB Cest ainsi par exemple que le secteur de la pr uction de biens d eacutequipement a pratiquement disparu 17 Actuelleshy

nI la lransformation du cyivre raffineacute dans le pays ne repreacutesente pas meme de la production nationale

Pour toutes les raisons deacuteja mentionneacutees (baisse du taux llmulation deacutesindustrialisation explosion du secteur informel urbain

e rimarisation des exportations etc) il est difficile de souscrire au qualishyti atif de reacutevolution capitaliste raquo e10nneacute a la peacuteriode Pinochet 3~

CI nt igtn lttu seacuteminaire du GREITD a IJEDES Uni versiteacute Pariacutes l le 1I feacutevrier 1994 (enregisshy 1gt (cller e t A Foxley son l consideacutereacutes comme neacuteomiddot structurali stcs raquo par Migue l Ramiacuterez dans

llt ltituleacute Stabilization and AdjuStlllcnt in Latin America a Neostructuralist Perspective raquo ill v Eomomic Issles vol XXVII nO 4 deacutecembre 1993 CL p 1 026 et 1 029

I R Sproutlaquo E l pensamiento de Prebisch raquo p 195 Relisla de la CEPALC ndeg 46 avril 1992 B ue mondiale Rapporr 1 1) le deacutel e0PIWI(1l1 dOlls le mOllde 993

I Iana l~ se de la situation reacutecente C1U Chili reacutealiseacutee par M Lanzarotti ( 1993) laquo Les conditions ~I(ppement eacuteconomi4ue duraple un cadre de reacutetlexion raquo in L Ameacute)iqle larine leJS la

UlUCT l Ian lues-Pcreira (coord l Editions Complexe Belgique tk 19- n fiexcl 19SR la part de la branche machines et mateacuteriel de transport dans la valcur ajouteacutee du r mmufa turier a chuteacute de 1 J c uuml 4 el Ball4ue mondiale Rapporl sur le deacuteveloppernelll dans

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Problemes dAmeacuterique latine

Ndeg 11 oct-deacutec 1993

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latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

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Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

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oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

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Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 21: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

Problemes dAmeacuterique

latine Ndeg 11

ocL-deacutec1993

ehili les limiles

je la crolssance

68

Sil est vraiacute que sest produite au cours de ces dernieres anneacutees une augmentation globale du taux d accumulation riacuteen n indique (cL supra) que cela ne contribue pas a une accentuation des caracteacuteristiques du modele eacuteconomique actueL Par ailleurs il est difficile dimaginer le Chili menant une poli tique iacutendustrielle dans le contexte d une libeacuteralisation extreme du commerce_

En 1990 le gouvernement civil a deacutecideacute de suiacutevre le modele existant et ses preacuteoccupations essentielles ont eacuteteacute de maintenir les eacutequiliacutebres macro-eacuteconomiques et de reacutesoudre les probIemes poseacutes par Iexceacutedent net de capitaux eacutetrangers_ Par ailleurs grace a sa politique des salaires (notamshyment l augmentation du salaire minimum) et surtout grace a son programme social il s attaque a I une des conseacutequences essentielles du modele eacuteconoshymique et de la poli tique du reacutegime militaire le nombre de pauvres serait passeacute a4 millions a la fin de 1993 Cependant la reacuteduction du rythme de la croissance peut remettre en question Ia poursuite de ce programme qui ne vise qua combattre lun des effets de ce modele

Lanneacutee 1993 met en eacuteviacutedence les limites du modele et de la diversification des exportations Ces dernieres ne font que renforcer lellr primarisation elles sont constitueacutees a 90 par des ressources naturelles S il est vrai que le pays preacutesente les meilleurs avantages comparatifs au niveau international pour faire face aune consommation mondiale de cuivre en lente eacutevolution il est moins bien placeacute en ce qui conceme d autres produits (fruits farine de poisson en particulier) 19 car la concurrence d autres pays de lheacutemisphere Sud peut s accentuer a tout moment

La dette exteacuterieure du pays a eacuteteacute reacuteduite de 113 milliards de dollars grace a sa conversion en actifs nationaux de 1985 a 1992 mais elle augmente a nouveau pour atteindre en 1993 son niveau de 1985 soit 20 milliards de dollars La reacutecente hausse des taux dinteacuteret internationaux 40

bien que leacutegere vient rappeler que 78 de la dette [otale uuml moyen et long termes est ataux variable La situation est deacutelieate jJuisque la hausse semble bien continuer 41

Un autre probleme peut affecter ieacuteconomie chilienne la hausse du prix du peacutetrole La deacutependance du Chili sest accrue tlujollrdhui

38 CL laquo Chiliacute eacutechec dll moneacutetariacutesme peacuteripheacuterique raquo C Orniacutenami p 130 1986 in ClIpitalismes de fin de sieacutecle R Boyer PUF CroiswIIce er sIIgnarion (j1 Chili eacuteeacutemems )OlIr feacuterude de 0 reacuteguariol dans IIIl eacutecolonlir sO lls-deacuteveoppeacutee C Ominarni 1980 pp 350 et 387 Ihese de 1 cycle Univers iteacute de Paris X-Nanterre Elperimel1fos neoiberaes en Ameacuterica larilla p 91 Fondo de cultura econoacutemica Meacutexico 39 CL Cye( 993 Les marcheacutegt I1olUliaux sous la direetion de Ph ChlImin er (JI Econorniea (1993) 40 Oune maniere geacuteneacuteale Iinteacuterct que les banques penoivent sur leurs prets aux pays en deacuteveloppcment est lieacute aux taux interbancaires sur le marcheacute de Londres (London [merbank Offered Rate (LIBOR) ) ou taux dinteacutereacutet que les banques commerc iales de Londres se font rnutuellcmcnt sur leurs prets en dollars En raison de 1 arbitrage su r le marcheacute de~ actifs le LIBOR est deacutetermiacuteneacute principalemcnt par les taux d inteacuteret sur les actifs en dollars localiseacutes aux Etats-U nis Le changernent reacutecent de la politiljue nord-ameacutericaine notamrnent les hausscs des taux sur les fonds feacutedeacuteraux dc 3 ele ~ 325 du 4 feacutevrier 1994 cxerce un impact direct et au[omatiacuteque sur le LIBOR Pour un deacutevcloppcment sur ce sujet eL werna tiol1o Ecollomics Thcory l1 Polin P R Krugman et M Obsrfe ld chapo 23 third edition Harper Collins [994 41 laquo Pour assurer la poursuite dune croissance reacutegulieacutere I hi stoi re nous apprend que k s taux reacuteels i court terrne dcvraient plUlot dans I avenir augmcnter que diminucr raquo deacuteclarait reacutecemrne nt le preacutesident de la Reacuteserve feacutedeacuterale ameacutericaine el Le iliexclfond~ du 24 feacutevrier 1994 Oapreacutes les de rnieres preacutevisions de IOCDE le taux c1inteacuteret 1t COUl1lerme aux Elats-Unis passera a42 en [994 et it 5 lo en 1995 (eL Pcrspccril-es eacutecnnomiqllcs de OCDE n 54 deacutecembre 1993 tableau 131 p 172) CL pour une 3nlysc plus deacutetailleacutec sur les raisons de la hallsse laquo La FED el la reprisc raquo 1 M Chatpin in Banqul n 544 pp 10-12 janvier 1994

I

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

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Problemes dAmeacuterique

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oct -deacutec 1993

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Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 22: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

le pays importe 90 de sa consommation Le prix du peacutetrole a baisseacute consideacuterablement passant de 2205 dollars le baril en 1990 a 145 dollars en novembre 1993 Selon Elf-Aquitaine une augmentation devrait se produire a court terme qui pourrait amener le prix du bari l a l65 dollars Selon 10CDE le prix en 1995 devrait etre proche de 16 dollars 42

La signature d accords bilateacuteraux de libre-eacutechange avec diffeacuterents pays eacuteloigneacutes et adeacuteveloppement industriel supeacuterieur veut assurer des marcheacutes pour les produits chiliens Mais elle risque eacutegalement de peacuterenniser la speacutecialisation du pays dans Iexportation des ressources naturelles sur le marcheacute mondial Depuis 1976 le Chili ne participe plus a aucun accorel el inteacutegration sOlls-reacutegionale II avait deacuteclareacute n avoir aucun inteacutereacutet a adheacuterer a un quelconque ele ces regroupements 43 La position elu Chili par rapport aux accorels reacutegionaux ou sous-reacutegionaux mais surtout par rapport ad eacuteventuelles formules d inteacutegration au niveau commercial ou de la production avec ses voisins notamment lArgentine le Peacuterou et la Bolivie elevra faire l objet d une reacuteflexion attentive

Tout ce qui a eacuteteacute exposeacute montre que le Chili ne peut servir eIexemple pour conforter la these qu a deacutefenelue la Banque moneliale elurant des anneacutees asavoir que louverture du marcheacute esr le facteur essenrjel de la croisoance En 1993 S Edwarels a sou ligneacute lincapaciteacute des travaux actuels a fournir un cadre d analyse convaincant qui mette en relation poli tique commerciale reacuteglementation du commerce er croissance 44 Par ailleurs les eacutetueles empiriques et theacuteoriques confirment aujourelhui que la compeacutetitiviteacute et la croissance eacuteconomiques ne semblent pas eleacutecouler de la libeacuteralisation elu commerce Ainsi la theacuteorie traditionnd le et heacutegeacutemonique du commerce international foneleacutee essentiellement sur les avantages comparatifs dans un marcheacute de concurrence parfaite esl en perte ele vitesse On commence a accepter l ideacutee du role que peuven~ jouer les politiques commercialcs volontaristes et seacutelectives ainsi que lEtat en geacuteneacuteral 45

Lance Taylor sans doute le plus eacutemmiddotinent critique de 1laquo oushyerlure raquo a indiqueacute reacutecemment que laquo la strateacutegie de la libeacuteralisation du commerce est intellectuellement moribonele raquo Apres avoir passeacute en revue elit~r-cs expeacuteriences il souligne qulaquo on na pas tireacute ele granels profits (mais plulot quclques pertes) de l application de strateacutegies d ouverture du comshy

merce exteacuterieur et elu marcheacute eles capilaux elans les pays en voie de eleacuteveloppement pas meme dans les anneacutecs 1960 et 1970 qui apparaissent reacutetrospectivelllent tres fastes raquo Taylor conclut laquo La IC90n est eacutevielente les strateacutegies ele deacuteveloppement centreacutees sur J illteacuterieur peuvent constituer un choix sen seacute pour la fin du siecle raquo 46

42 Perspectives ~conomiques de rOCDE n 4 deacutecembrc 1)93 middotn Pos ition exprimeacutee par Ramoacuten Barceloacute re preacutesentant officie l du Chiacuteli au colloque sur linteacutegration llrgani seacute en 1992 par lInstitut des hautes eacutetudes d Arneacute rique latine (fHEAL) a Paris e t confirmeacutee par k min istre Fox lcy (Le MonJe dll 16 jllilkt 1992) ~~ Scoastian Edwars op cIacute 4) CL Paul Kru gman laquo La nueva teoria del comercio inte rnacional y los pa ises menos desarrollados raquo U JiilllSlre ec(n lIacutemico janvier-rnars 1988 Cf eacutegaJcment Robert E Baldwin laquo Are Economist s Jradi liona[ Trade lo licy Vies Still Va[id J Olllll( (JI Ecolollic Liler(llIre juin 1992 On y trOll ve la b ibliographic sur [a laquo nOllvelle theacuteorie dll comlllcrce intemational 6 LanCe Ta y[or nI ci l pp 1 [9 et [41 [991 DlI meme autellr e f une ve rsion anteacute rieure en espagno[ bull La aPltrtur (conoacutemica Probkmas hasw fines de l s iglo El hil1llsnc econoacutemico janvier-Illars 1988 11 21 7 f au~ i LVI Fanelli R Frenkcl el Lance Taylor laquo InfOlme acerca del desarrollo mundial 1991 El aluaciuumln c riacutelica )) El Trimesrre econoacutemico n(l 234 avril-juin 1992

Problemas dAmeacuterique latine Ndeg 11 oct -deacutec 1993

Chill [es I[mltes

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69

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Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso

Page 23: Limites d'une croissance fondée sur l'exportation des ressources naturelles. special chili.octavio suarez

I

Problemes dAmeacuterique

latine N 11

oct -deacutec 1993

ehili les limites

Je la croissance

70

Pour conclure le gouvemement civil a approfondi lapplishycation du modele qui a acquis un caractere plus libeacuteral dans la mesure ou l interventionnisme autoritaire tend adisparaitre Cela ressort par exemple de la reacuteduction accrue des taxes sur les importations Uusqu a lI ) et de la poursuite des privatisations Le ministre Foxley est meme alieacute jusqua suggeacuterer la privatisation de la CODELCO La situation est loin detre catastrophique mais la croissance de leacuteconomie repose sur des bases bien fragiles La balance des paiements et la situation des finances publ iques sont eacutetroitement lieacutees aleacutevolution de leacuteconomie et des finances internationales ainsi que des termes de l eacutechange Les difficulteacutes de 1993 deacutemontrent que les preacutevisions selon lesqueUes le Chili peut supporter un triple choc exteacuterieur (chute des prix du cuivre augmentation des taux dinteacuteret intemationaux et hausse du prix du peacutetrole) eacutetaient a Ieacutevidence trop optimistes 47

Pariacutes feacutevrier 1994

47 CL C Ce ledonlaquo Contexto internacional restricc ioacuten ex terna y crecimiento de la economiacutea chilena Coleccioacuten de csmdios ClEPLAN n 32 juin 1991 laquo La conclusion de eelle analyse est que Ieacuteconornie chilienne pourrait reacutesister sans trop de difficuheacutes a un choc externe qui viendrait frapper lune des variables importantes pour notre pays le prix du cuivre le prix du peacutetrole ou le taux d inteacute ret internationaL 11 en ira it de meme en cas de triple choc (p 79) ]usquilla fin de 1993 seulle prix du cuivre baisse les autres variables se maintenant aacute un niveau extretnement baso