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InterCulture Cahier 158 (2011) FIS DE L’INTERCULTUREL À LA GOUVERNANCE Raimon Panikkar (1918-2010) GOVERNANCE : CHALLENGES OF INTERCULTURALITY Institut Interculturel de Montréal Intercultural Institute of Montreal

158 défis de l'interculturel à la gouvernance. s. eastham, r. vachon, c. eberhard, a. adonon, e. le roy. (document à télécharger en format pdf, 800 kb)

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  • 1. InterCultureCahier 158 (2011)DFIS DE LINTERCULTUREL LA GOUVERNANCERaimon Panikkar (1918-2010)GOVERNANCE : CHALLENGESOF INTERCULTURALITYInstitut Interculturel de MontralIntercultural Institute of Montreal

2. InterCuturedition bilingueInterCulture est une revueinternationale de rechercheinterculturelle et transdisciplinairefonde en 1968 par Robert Vachon etpublie par lInstitut Interculturel deMontralRdactionRobert Vachon :Rdacteur en chefKalpana Das : CoordonnatriceFrdrique Apffel-Marglin : RdactriceadjointeGilles Bibeau : Rdacteur adjointLomomba Emongo : Rdacteur adjointChristoph Eberhard : Rdacteur adjointVinay Lal : Rdacteur adjointComit consultatif internationalScott Eastham : Nouvelle ZlandeGustavo Esteva : MexiqueSerge Latouche : FranceAshis Nandy : IndeDominique Perrot : SuisseMajid Rahnema : FranceJohn Spellman : CanadaAchat au cahier : partir du cahier 158,vous pouvez tlcharger gratuitement larevue InterCulture en format lectronique.Pour les cahiers parus antrieurement endition papier, vous pouvez les commanderau cahier.Les prix sont en dollars canadiensPayables par Visa/MasterCard, chquebancaire tir sur une banque canadienne oumandat internationalTPS R-118847581 TVQ 1006100976Institut Interculturel de Montral4730, avenue Papineau,Montral, QC, Canada H2H 1V3Tl. : 514 288-7229 Tlc. : 514 844-6800www.iim.qc.ca [email protected] parat 1 fois lanUne version italienne est publie parlAssociazione Interculture, via PorrattanaSud130, 40043 Marzabotto (Bo), Italie.Tl./tlc. : +(39) [email protected] en page : Ral Bathalon_________________Dpt lgal 2011Bibliothque et archives nationales duQubecBibliothque nationale du Canada 2011 Institut Interculturel de MontralTous droits rservs.Pour toute question concernant lareproduction entout ou en partie, contactez COPIBEC,1290 St-Denis, 7e tage, Montral, QCCanada H2X 3J7.Tl. : 514 288-1664 / 1-800-717-2022Tlc. : 514 288-1669www.copibec.qc.ca 3. InterCutureBilingual editionInterculture is an international journalof intercultural and transdisciplinaryresearch established in 1968 by RobertVachon and published by theIntercultural Institute of MontrealEditorial BoardRobert Vachon : Editor-DirectorKalpana Das : Co-ordonatorFrdrique Apffel-Marglin : / AssociateEditorGilles Bibeau : Associate EditorLomomba Emongo : Associate EditorChristoph Eberhard : Associate EditorVinay Lal : Associate EditorInternational ConsultativeCommitteeScott Eastham : New ZealandGustavo Esteva : MexicoSerge Latouche : FranceAshis Nandy : IndiaDominique Perrot : SwitzerlandMajid Rahnema : FranceJohn Spellman : CanadaSingle issue order : starting with the issue158, you could download for free an onlineedition of our journal in PDF format.For the past issues published in paperedition, you could order by single issue.The prices are in Canadian Dollars payableby Visa/MasterCard, by a Bank Draft drawnon a Canadian BankOr by an International Money Order.GST: R-118847581 PST: 1006100976Intercultural Institute of Montreal4730, Papineau Avenue,Montral, QC,Canada H2H 1V3Phone : 514 288-7229 Fax : 514 844-6800www.iim.qc.ca [email protected] is published once a yearAn Italian version is published by theAssociazione Interculture, via PorrettanaSud, 130, 40043 Marzabotto (Bo), ItaliaPhone/fax: +(39) [email protected] : Ral Bathalon_________________Legal deposit 2011National Library of Canada.National Library of Quebec2011 Intercultural Institute of MontrealAll rights reserved.To obtain permission to reproduce in wholeor in part, please contact : COPIBEC,1290 St-Denis, 7th floor, Montreal, QCCanada H2X 3J7.Phone. : 514 288-1664 / 1-800-717-2022Fax : 514 288-1669www.copibec.qc.ca 4. DFIS DE LINTERCULTUREL LA GOUVERNANCEGOVERNANCE : CHALLENGES OFINTERCULTURALITYInstitut Interculturel de MontralIntercultural Institute of Montreal 5. Table des matires / Table of Contents9 PrfacePar Robert Vachon et Christoph Eberhard13 PrefaceBy Robert Vachon and Christoph Eberhard17 Laprs PanikkarPar Scott Eastham27 After PanikkarBy Scott Eastham37 La gouvernance chez les peoples autochtones au MexiquePar Akuavi Adonon55 Gouverner la no-modernit africaine ?Par tienne Le Roy67 la dcouverte des notions alternatives culturelles de la gouvernancePar Robert Vachon et Christoph Eberhard79 Discovering alternative cultural notions of governanceBy Robert Vachon and Christoph Eberhard89 Prsentation des auteurs90 Introduction to the authorsInterculture 158 (2011) 7 6. DdicaceEn renonant enfin son corps le 26 aot 2010, Raimon Panikkar nous donne ainsilopportunit de lui rendre un hommage aussi amical quil se doit dtre dfrent.Nous avons la joie de ddier ce numro dInterCulture la mmoire vivante decelui qui partit chrtien, se dcouvrit hindou et en revint bouddhiste sans cesserdtre chrtien, Raimon Panikkar, qui a t une source dinspiration constantepour le leadership de lInstitut Interculturel de Montral depuis les annes 1970.Lquipe de la rdactionDedicationWe dedicate this issue of our journal InterCulture to the living memory of RaimonPanikkar who passed away on the 26th of August, 2010. He has been the constantsource of inspiration for the leadership of the Intercultural Institute of Montrealsince 1970s. We quote here one of his celebrated sayings as witness to his ownexperience of inter-religious dialogue: I left Europe (for India) as a Christian, Idiscovered I was a Hindu and I returned as Buddhist without ever having ceased tobe a ChristianEditorial Team. 7. Interculture 158 (2011), pp. 9-12PrfaceRobert Vachon et Christoph EberhardLa gouvernance est devenue ce que lon appelle en anglais un buzz word , unmot qui bourdonne partout De nombreux auteurs lui reprochent son manque deprcision scientifique. Et pourtant, on peut avoir limpression quil est devenu larfrence pour repenser actuellement les questions lies la rorganisationresponsable de notre vivre ensemble, que ce soit aux niveaux global ou local. Lagouvernance a, sinon remplac, du moins largement corn la centralit desnotions dtat de droit et de droits de lhomme qui cristallisaient encore lesdmarches jusque dans les annes 1990. On assiste bien une recomposition despaysages juridico-politico contemporains1. Et celle-ci semble donner une place deplus en plus grande tous les acteurs de la socit, redfinis de simples citoyensen stakeholders ou parties prenantes des projets de socit collectifs. Ladmocratie de reprsentative deviendrait participative. En effet, le mot dordrede la gouvernance cest la participation. En principe, toutes les parties prenantesdevraient laborer ensemble leurs projets de socit et satteler leur mise enoeuvre. On sort de la division du travail inhrente au modle classique dugouvernement entre gouvernants et gouverns et de son organisationinstitutionnelle pyramidale pour aller vers des formes dorganisation plusrseautiques, plus interdpendantes, plus dialogales . La gouvernance serait-elleune porte ouverte vers des dialogues interculturels sur les mises en forme denotre vivre ensemble ?Interculture se devait de soulever la question. Et tout de suite, de nombreusesinterrogations se firent jour : "Un cahier sur la gouvernance devait-il porter sur lesmodalits de la notion pyramidale universelle de gouvernance ? Ou sur lesquivalents homomorphes2 la notion mme de gouvernance, c. d. la mise en1 Voir Eberhard Christoph, (dir.) Traduire nos responsabilits plantaires. Recomposer nos paysagesjuridiques, Bruxelles, Bruylant, 2008, 764 p.2"La notion dhomomorphisme nimplique pas une pure et simple comparaison de concepts dunetradition avec les concepts dune autre. Je veux suggrer cette notion en tant quil sagit de lacorrlation entre les points de vue de deux systmes (ou mytho) diffrents de sorte quun aspectdonn corresponde un aspect de lautre. La mthode nimplique pas quune ralit soit meilleure(logiquement, moralement, etc.) que lautre, ni que les deux aspects soient interchangeables. Vous nepouvez demble transfrer un aspect dune ralit lautre. La mthode se borne dcouvrir lescorrlations homomorphhiquesIl faut galement prciser quun homomorphisme nest pasidentique une analogie. Lhomomorphisme ne signifie pas que les deux notions sont analogues c. d. en partie semblables et en partie diffrentes, puisque cela implique que toutes deux participent un'tertium quid' qui sert de base lhomologie. Lhomomorphisme signifie plutt que les notions jouentdes rles quivalents, quelles remplissent des fonctions quivalentes `lintrieur de leurs systmes(mytho) respectifs ou de leurs ralits. Lhomomorphisme est peut-tre une sorte danalogiefonctionnelle existentielle." (R. Panikkar 1985, Le Dialogue Intrareligieux, Aubier 1985 : p. 87)"Un exemple permettra de clarifier. Il est srement faux, par exemple, de mettre en quation le conceptde Brahman des Upanishads avec la notion biblique de Yahweh. Mais il nest pas non plus satisfaisantde dire que ces concepts nont entre eux rien de commun. En vrit, le contexte et le contenu de cesdeux concepts sont totalement diffrents ; ils ne sont pas mutuellement traduisibles, pas plus quilsnont entre eux de relation directe. Mais ils sont homomorphiques, chacun jouant un rle similaire, 8. R.Vachon et C. Eberhardforme du vivre ensemble, dans les diffrentes cultures du monde ? En effet,plusieurs des textes reus aprs un premier appel contributions sorientaient dansla premire voie. Ils nabordaient pas vraiment ou uniquement doseshomopathiques, les quivalents homomorphes la gouvernance, au droit, lamise en forme du vivre ensemble. Ils exploraient plutt des modalits de lagouvernance, du droit, de la mise en forme dans les diffrentes cultures, modalitsqui semblaient tre prsentes comme tant, voire devant tre, les notions de baseuniverselles et premires dans toutes les cultures. Or, cela est loin dtre le cas dansde nombreuses cultures du monde. Mme si la plupart dentre elles ne sopposentpas ncessairement tout ce qui est occidental, et donc aux notions occidentalestraditionnelles et modernes de gouvernance, de droit, ou de mise en forme et sontmme obliges aujourdhui par le biais de la globalisation, du systme international,du march, des tats modernes et de la nature du monde soit de les prendre enconsidration, soit de sy convertir ou mme de les substituer ce qui constitueleurs propres visions radicalement diffrentes par rapport aux notions occidentalesde gouvernance, de droit et de mise en forme quoique fonctionnellementsemblables. Dfi de linterculturel la gouvernance . On se retrouve ici confront deuxoptions dans la rflexion : on peut soit sorienter plutt vers une thorisationinterculturelle dans laquelle laccent sera mis sur un enrichissement du cadrecognitif que constitue la gouvernance et la vision du monde qui la sous-tend - onpourrait dire quil sagirait de voir comment est cuit le concept de gouvernance aufeu dune autre culture ; ou alors, on sengage dans une approche interculturelle quivise non seulement ouvrir nos thories, notre logos, mais changer nos mytho,nos horizons de pense et daction invisibles, auxquels selon Raimon Panikkar, nous croyons tellement que nous ne croyons pas que nous y croyons - onmettrait alors nos conceptions au feu clairant des autres cultures et vice versa3. Lesbien que dans des contextes culturels diffrents. Tous deux font rfrence une valeur suprieure et un terme absolu. Nous ne discutons pas de systmes, mais de ralits et de la manire dont ces ralitsse manifestent elles-mmes de sorte quelles revtent aussi une signification pour notre partenaire." (R.Panikkar . Le Dialogue Intrareligieux, Aubier 1985 : p. 175)Voir aussi pour un approfondissement : Interculture, Cahiers 127 128 129, LImpratifInterculturel, 1re partie : Les fondements interculturels de la Paix, Volet I la recherche dunlangage commun (p. 80, p. 40 41) ; Volet II Un horizon commun : accepter le mythe mergent dupluralisme de la Ralit (p. 57 58 63) ; Volet III Une nouvelle mthode : la voie interculturelle(p.47), le dialogue dialogal, la conscience mythico-symbolique, la mdiation interculturelle, au-del ducadre de la culture politique de la modernit.Voir aussi pour un approfondissement : Interculture, Cahiers 127 128 129, LImpratifInterculturel, 1re partie : Les fondements interculturels de la Paix, Volet I la recherche dunlangage commun (p. 80, p. 40 41) ; Volet II Un horizon commun : accepter le mythe mergent dupluralisme de la Ralit (p. 57 58 63) ; Volet III Une nouvelle mthode : la voie interculturelle(p.47), le dialogue dialogal, la conscience mythico-symbolique, la mdiation interculturelle, au-del ducadre de la culture politique de la modernit.3 Voir Eberhard Christoph, Towards an Intercultural Legal Theory - The Dialogical Challenge ,Social & Legal Studies. An International Journal, n 10 (2), 2001 p. 171- 201 ; Eberhard Christoph, LeDroit au miroir des cultures. Pour une autre mondialisation, Paris, LGDJ / Lextenso, 2010, Col. Droitet Socit Classics, 254 p.Eberhard Christoph, Droits de lhomme et dialogue interculturel, 2me dition revue et augmente,Paris, ditions Connaissances et Savoirs, 2011, 587 p.10 Dfis de linterculturel la gouvernance 9. Prfacedeux approches senracinent dans une dmarche dialogale et diatopique4. Si lonconsidre que nous partageons tous un monde, mais quen font partie les diffrentesperspectives quon porte sur lui et que lon peut voir comme autant de fentres surle Rel, la premire revient ouvrir plus largement sa fentre dans leffort detraduction de ce que lon a peru travers une autre fentre dans son propre monde.La seconde consiste sinterroger plus particulirement sur ce qui se passe entre lesfentres, dans la rencontre de visions du monde qui ne partagent pas forcment uncadre ou horizon dintelligibilit ultime5.Dans ce numro, Scott Eastham prsente sa perspective de la vision de RaimonPanikkar sur la Ralit et les conditions humaines actuelles ainsi que sa philosophiedu dialogue entre les religions et les cultures. Notre intention ici, est de poursuivrenotre rflexion sur la question de la gouvernance dans le contexte du pluralismeculturel du monde daujourdhui, sous linspiration de la philosophie et de lamthodologie du dialogue de Raimon Panikkar. Robert Vachon et ChristophEberhard souvrent cet horizon interculturel et suggrent la ncessitdentreprendre un dialogue interculturel sur la gouvernance. Akuavi Adononexamine dans son article la question de gouvernance dans le contexte desdynamiques sociales contemporaines complexes du Mexique, particulirement desrelations entre ltat mexicain et les peuples indignes. tienne Le Roy abordeprincipalement la situation postcoloniale de divers pays dAfrique aprslindpendance qui est marque par un dcalage entre les institutions lgues par lacolonisation et les attentes des citoyens. Il s'interroge: la gouvernance permettrait-ellede repenser cette fcheuse situation? Oser le plurivers6, quand la pyramide de gouvernance et le cercle de lcoutecontemplative des voix plurielles se rencontrent. , voici la mditation que proposece numro dInterculture ses lecteurs pour approfondir le dialogue interculturelsur la gouvernance.Bonne lecture et belles dcouvertes !4 Dia-logique : qui traverse le logos. Et diatopique: qui traverse diffrents topoi (lieux).5 EBERHARD Christoph, 2001 op. cit.6 Voir Christoph Eberhard, Oser le plurivers. Pour une globalisation interculturelle et responsable,Paris, ditions LGDJ/Lextenso, 2012.Interculture 158 (2011) 11 10. Interculture 158 (2011) pp. 13-15ForewordRobert Vachon and Christoph EberhardGovernance has become a buzz word. Many authors criticize its lack of scientificprecision. But still, it has become a reference for contemporary attempts to rethinkquestions related to responsible reorganization of our living together on global andlocal levels. Although it is not completely buried, governance has deeply erodedthe centrality of the notions of Rule of Law and human rights which were stillcentral in the 1990s. One witnesses a re-composition of the contemporary legal-politicallandscapes which gives accrued place to all actors of society, redefinedfrom simple citizens to stakeholders of the collective projets de socit1.Representative democracy is becoming participative. Indeed, governancescentral creed is participation. All stake holders should be participating in acollective elaboration of their living together. One leaves behind the labourdivision of classical government between those who govern and those who aregoverned and the institutional pyramidal organization. One enters into morenetwork-like, interdependent, dialogical approaches. Could governance be anopen door towards intercultural dialogue in shaping our living together?The journal Interculture considered that it is important to raise these questions. Andimmediately many interrogations surfaced: Should the issue deal with modalitiesof the universal notion of governance? Or should the homeomorphic2 equivalents to1 See Eberhard Christoph, (dir.) Traduire nos responsabilits plantaires. Recomposer nos paysagesjuridiques, Bruxelles, Bruylant, 2008, 764 p.2 We may use the notion of homology, which does not connote a mere comparison of concepts fromone tradition with those of another. I want to suggest this notion as the correlation between points oftwo different systems so that a point in one system corresponds to a point in the other. The methoddoes not imply that one system is better (logically, morally or whatever) than the other, nor that thetwo points are interchangeable: You cannot, as it were, transplant a point from one system to the other.The method only discovers homologous correlations. Now a homology is not identical to an analogy,although they are related. Homology does not mean that two notions are analogous, i.e., partially thesame and partially different, since this implies that both share in a tertiam quid that provides thebasis for the analogy. Homology means rather that the notions play equivalent roles, that they occupyhomologous places within their respective systems. Homology is perhaps a kind of existential-functionalanalogy (Panikkar Raimon, 1978, The intrareligious dialogue, New York, Paulist Press,104p: 33) "An example may clarify what I mean. It is quite clearly false, for instance, to equate theupanisadic concept of Brahman with the biblical notion of Yahweh. Nevertheless it is equallyunsatisfactory to say that these concepts have nothing whatever in common. True, their context andcontents are utterly different, they are not mutually translatable, nor do they have a direct relationship.But they are homologous, each plays a similar role, albeit in different cultural settings. They both referto a highest value and an absolute term. On the other hand, we cannot say that Brahman is providentand even transcendent, or that Yahweh is all pervading, without attributes, etc. Nevertheless we canassert that both function homologously within their own cultures." (Panikkar Raimon, 1978, Theintrareligious dialogue, New York, Paulist Press, 104p: 34) See also for further elaborations:Interculture, Issues 127 128 129, The Intercultural imperative, Part 1 : The Interculturalfoundations of Peace, Section I Seeking a common language (p. 80, p. 40 41) ; Section II Acommon horizon : accepting the emerging new encompassing myth : the pluralism (of truth and ofreality), and interculturalism; Section III A new method (p.47) : dialogical dialogue, mythico-symbolicconsciousness, intercultural mediation, beyond the political culture of modernity as universalframe of reference. 11. R. Vachon and C. Eberhardthe notion of governance itself , e.g. the shaping of our living together in thedifferent cultures of the world, be the focus? Indeed, a number of texts receivedafter a first call for contributions responded rather to the first. They did not reallydeal with the homeomorphic equivalents to governance, law, shaping our livingtogether. They rather explored the modalities of governance, law, shaping (miseen forme) in different cultures, these modalities being presented as being or ofhaving to be the basic universal and primordial notions in all cultures. But this is farfrom being the case in many cultures of the world. Many of them, although notnecessarily opposed to everything Western, and thus to the Western traditional andmodern notions of governance, law, or shaping the living together, findthemselves obliged today by the constraints of globalization, the internationalsystem, the market, modern states to take them into consideration, by eitherconverting to them or even by substituting them to their own radically differentvisions.Governance: challenges of interculturality. Two options open up to approach thisquestion: one can choose an intercultural theorization where the stress is on theenrichment of the cognitive framework of governance and its underlyingworldview one could say it is about seeing how the notion of governance isadopted and adapted by various cultures; or, one can chose an interculturalapproach aiming not only at opening up our theories, our logos, but to affect ourmythos, our invisible horizons of thought and action, those in which, according toRaimon Panikkar, we believe so much that we do not believe that we believe inthem we would thus put our conceptions at the enlightening fire of other culturesand vice versa3. Both options are rooted in a diatopical and dialogical approach4. Ifwe consider that we all share a world, but that our different perspectives on it arethe windows onto Reality. The first option is like opening ones own window morein the effort to translate what one has perceived ones own world through thewindow of another. The second option consists in wondering what happens in-betweenwindows, in the meeting of worldviews that do not necessarily share anultimate frame or horizon of intelligibility5.In this issue, Scott Eastham shares his perspective on Raimon Panikkars vision ofthe Reality and todays human conditions as well as his philosophy of dialoguebetween religions and cultures. Our intention here is to pursue our reflection on thequestion of governance in the context of cultural pluralism of todays world, beinginspired by the intercultural philosophy and methodology of dialogue of RaimonPanikkar. Robert Vachon and Christoph Eberhard open up that intercultural horizon3 see Eberhard Christoph, Towards an Intercultural Legal Theory - The Dialogical Challenge ,Social & Legal Studies. An International Journal, n 10 (2), 2001, p. 171- 201 & Law andAnthropology in a Glocal World. The Challenge of Dialogue, Current Legal Issues 2009 Law andAnthropology, Volume 12, 2009, p 67-88. For further developments see Eberhard Christoph, Le Droitau miroir des cultures. Pour une autre mondialisation, Paris, LGDJ / Lextenso, 2010, Col. Droit etSocit Classics, 254 p.4 Dia-logical : that goes beyond logos and diatopical : between different topoi (places).5 Eberhard, 2001 op. cit.14 Governance : challenges of Interculturality 12. Forewordand propose that we need to engage in an intercultural dialogue on governance. Thearticle by Akuavi Adonon discusses the issue of governance in the context ofcomplex contemporary social dynamics of Mexico particularly the relationshipsbetween the Mexican State and the indigenous people. In his turn Etienne Le Royspeaks mainly of the situation in various countries of Africa after independence.The citizens there most often do not recognize themselves in the indigenizedWestern Laws. Le Roy proposes to examine the question: does governance allowus to rethink this predicament?Daring the pluriverse6, when the pyramid of governance and the circle ofcontemplative listening to plural voices meet. This is the meditation that this issueof Interculture proposes to its readers in order to deepen the intercultural dialogueon governance.Good reading and good inspirations!6 See Christoph Eberhard, Oser le plurivers. Pour une globalisation interculturelle et responsable,Paris, ditions LGDJ/Lextenso, 2012.Interculture 158 (2011) 15 13. APRS PANIKKARScott Eastham1Interculture 158 (2011), pp. 17-26Si tu rencontres le Bouddha, tue-le.Il ne mappartient pas de dire quiconque comment ragir la vision de RaimonPanikkar, aussi observerai-je simplement, partir de ma propre exprience, que lestudes inspires par son oeuvre semblent sorienter dans trois directions : dedans,dehors et autour. Imaginez les cercles concentriques produits lorsque vous lancezun caillou dans un tang. Pouvons-nous nous rapprocher un peu pour observer deplus prs ces rides la surface de leau ?I Panikkar orthodoxe Aprs loeuvre dune vieLe premier cercle regarde vers lintrieur, lhomme et ses oeuvres, claircissant,valuant et poursuivant ses efforts de pionnier dans les traditions quil a faitsiennes. lautomne 2009, ma-t-on dit, Raimon Panikkar avait entirement dgag sa tablede travail, dans son bureau ltage de Can Fel Tavertet. Ctait sans doute lapremire fois que quelquun apercevait la surface de ce meuble, toujours encombrde livres, darticles et de manuscrits. Lauteur Panikkar avait pris sa retraite, posantsa plume lge de 90 ans. Ctait dans lordre des choses. Certains projets Opera Omnia, Rhythm of Being vont se poursuivre, mais sans sa participationdirecte.Maintenant que nous avons devant nous lensemble de son oeuvre ; jaimerais, biensr, voir plus de gens lire Panikkar et le lire de plus prs. Alors que nous vivons une poque 'du spectacle', o on lit moins, le verbal cdant sur tous les fronts auspectaculaire, certains dentre nous prfrent encore nager contre cette mare.Panikkar ne sera jamais un auteur populaire mais il devrait assurment tre pluslargement reconnu quil ne lest particulirement en anglais, la koindaujourdhui par un monde o la comprhension inter-religieuse est devenuequasiment aussi prcieuse quelle est rare.Mais quel Panikkar les gens devraient-ils lire ? dans quelle langue ? dans quelleversion? Sil est une attitude dont Panikkar a constamment fait preuve vis--vis deses propres crits, cest linsatisfaction. Comme il tait toujours en qute denouvelles faons de 'le' dire, on tait pass de thandrique cosmothandrique, descularit scularit sacre, dinterdpendance inter-indpendance, et ainsi desuite. Demandez-vous pourquoi la traduction a, ds les dbuts, t une dimension1 Scott Eastham, professeur Massey University, Nouvelle-Zlande. Il a t le rdacteuranglais de certaines oeuvres majeures de Raimon Panikkar incluant The IntrareligiousDialogue, Myth, Faith & Hermeneutics, The Cosmotheandric Experience, et The Rhythm ofBeing. 14. S. Easthamintgrante de son oeuvre; dimension qui a absorb ce qui ne fut pas une mince partiede son temps et de ses nergies. Parce que la traduction dans une nouvelle langue,ou mme une nouvelle dition dun texte ancien, tait une opportunit de se r-engager propos dun thme, de remanier et de repenser, et aussi de mener desdialogues de longue dure avec ses nombreux traducteurs, diteurs et collaborateurs travers le monde. Mtant trouv pendant des dcennies dans ce dernier rle, ilma sembl que son anglais se basait trop sur la voix passive; ainsi que sur delourdes locutions latines et scholastiques qui arrivaient mortes sur la page enanglais, de sorte que je me sentais oblig dactiver ses phrases par quelquesverbes transitifs anglo-saxons bien vivants. Mais ce nest l quune version, maversion, de certaines des oeuvres de Panikkar. Il y en a bien dautres. En dfinitive,a-t-il dit, La ralit est une esquisse que nous tentons tous de tracer. Malgrlaisance linguistique de Panikkar ou plutt sans doute cause delle cetteinsatisfaction propos du mot, du logos, est en fait un des traits saillants de sapense, et peut rendre compte en partie de ses tendances apophatiques persistantes.Mais o se trouve LE vrai texte? Panikkar avait coutume de rprimander lestudiants qui demandaient quelle version de la Bible ils devraient consulter :Loriginal, rpondait-il. Si lide dun 'mmorial' Panikkar est un noble idal,jai mes doutes. Il me semble que le danger de regrouper loeuvre de Panikkar enune telle dition monumentale est celui qui sattache toute orthodoxie : uneincapacit de changer, de sadapter, de redployer les ides au-del du cadre tabli,qui devient trop facilement une plate-forme dogmatique pour la publicit, lapromotion et la propagande. Le Bouddha que tu vois devant toi ne peut trequune idole; rien nest plus aveuglant quune lumire vive... Il est probable quesa rcente clbrit svanouira peu aprs lui, de sorte que lidoltrie etlhagiographie pourront tre vites. Mais il nous faut aussi prendre garde latendance, chez certains universitaires, convertir tout ce quils prennent dansloeuvre de Panikkar en un 'systme' le leur, non le sien, devrais-je souligner et une autre forme didoltrie. Il a rsist toute sa vie la puissante tentation de toutamener sous lempire dune superstructure conceptuelle souveraine, aussi commodeque cela puisse se rvler pour de futures thses de doctorat. Son travail auraitplutt le caractre dun organisme comme un arbre, avec des 'points decroissance multiples, des racines et des branches, et aussi du bois mort. Chacunedes distinctions quil a faites foi et croyance, shunyata et pleroma, et ainsi desuite est une branche bourgeonnante en puissance. Sil peut tre ncessaire pourcomprendre Panikkar dtirer en un spectre continu les couleurs varies des oeuvres,un texte fixe de lui r est peu prs un non sequitur. Au moins pouvons-nous, enattendant le texte 'parfait' , regarder toutes les chapelles et tous les ashrams sur lebord du chemin que Panikkar a visits le long de sa route, ce que nous pouvonsfaire trs facilement en revenant aux livres et aux articles qui avaient dabordtouch nos coeurs et nos esprits dans leur contexte initial. Panikkar, comme IvanIllich, tait bien conscient quinstitutionnaliser les valeurs humaines aboutit tropsouvent leur subversion : Mener bien le dialogue nest pas le final, mais uneperformance continue, nous dit-il, et encore : Le sens de la symphonie nest pasdans le final.18 Dfis de linterculturel la gouvernance 15. Laprs PanikkarAlors quelle est la meilleure faon damener aux gens les ides de Panikkar ?La faon la plus directe est de travailler en passant par les traditions quil a faitsiennes, soit pour le voir plus clairement en contexte, soit pour voir ces traditionsde faons nouvelles. Sa ligne la plus clbre est sans doute celle-ci : Je suisparti chrtien, je me suis trouv hindou et je suis revenu bouddhiste, sansavoir cess dtre chrtien. Radix, cest la racine. En ce sens, Panikkar est radicalparce quil est rest, travers tout, enracin dans sa foi chrtienne. Pourtant, jesouponne quil nous faut maintenant ajouter sa fameuse ligne le coda que, aprsses aventures multireligieuses, la chrtient ne sera plus jamais tout--fait lamme. Les travaux de Gerard Hall et de Francis D'Sa sont ici fort pertinents,lorsquils disent que les adeptes traditionnels des religions doivent rpondre delintrieur . Comment le travail de Panikkar sur les frontires et pourtantsimultanment au coeur de plusieurs traditions religieuse christianisme,hindouisme, bouddhisme les affecte-t-il en dfinitive ? Ltude de Panikkarpeut tre comprise au gnitif objectif, comme ltude de lhomme et de ses travaux;ou au gnitif subjectif, comme une continuation des tudes de lhomme lui-mme.Dans quelle mesure Panikkar sest-il engag avec ces traditions, a-t-il rpondu auxobjections et transform lauto-comprhension, disons, de chrtiens, dhindous,dathes, etc.? Cest l le vrai Panikkar orthodoxe, veillant aux transmutationsdes traditions scripturales tablies, ainsi qu leur 'fcondation mutuelle.' Ce nestpas seulement dexgse que nous avons besoin ici, mais aussi dhermneutique pour un renouvellement.' Hormis ses efforts pour sevrer les gens de lidologiepanconomique, je ne me souviens daucun cas o Panikkar ait jamais essay deconvertir quiconque quoi que ce soit dautre, aucune tradition autre que la leur.Mais le travail de sa vie entire fait penser quil esprait que les gens pourvuquils restent ouverts des ides provenant dautrui reviennent approfondir leurspropres traditions avec des yeux rafrachis et des nergies transformatrices. Est-ceque cela se produit rellement ? Voyons en davantage ce propos.II Panikkar htrodoxe Aprs la fin de lhistoireLe second cercle, inspir par les efforts de pionnier de Panikkar', part de sesoeuvres pour regarder vers lextrieur, pour largir et approfondir le dialogue entrecultures et religions disparates.La Conqute a presque toujours amen la Fin du Monde aux peuples autochtones.Un exemple : la fin du sicle dernier, il ny a pas si longtemps aprs tout, nousavons entendu parler de la vague de suicides chez les Guaran du Brsil, tragdielointaine dans un pays lointain. Au cours des neuf premiers mois de1995, 43membres de la tribu se sont suicids, et des douzaines dautres ont tent de le faire.Les anthropologues tudient les Guaran parce que leur eschatologie (histoires de laFin des Temps) est lune des plus sophistiques du monde. partir de 1740, desshamans-prophtes messianiques ont conduit des migrations de masse traverstoute lAmrique du Sud en qute du Pays sans Mal, paradis qui serait eux lorsqueles signes de la Fin seraient lgion. Les Guaran croyaient que, en jenant et endansant, leurs corps deviendraient assez lgers pour lviter jusquau Pays sans Mal.Pourtant, de cette poque jusqu maintenant, ils nont pas russi le trouver. LesInterculture 158 (2011) 19 16. S. Easthamshamans ont prtendu que la nourriture europenne les avait rendus trop lourds pourle vol des esprits. Et puis, il y a une quinzaine dannes, le dernier des shamans estmort. Ils ont perdu leurs guides et oubli les danses. Il ny avait pas dissue. Noustrouvons cela triste; bien sr, mais nous pensons que cela nest pas notre affaire.Quand nous levons la tte de nos tches quotidiennes, nous pensons avoir dautresproblmes affronter... entre autres, le rchauffement climatique et le trou dans lacouche dozone. Nous savons que la destruction des forts tropicales contribue aurchauffement global, mais cest peu prs tout le lien que nous russissons tablir.Leschatologie des Guaran parle des signes de la Fin des Temps : des matiresclestes tombent sur la Terre, et des matires terrestres sont projetes dans le ciel.Peut-tre y a-t-il un manque dozone dans le ciel, mais il y en a beaucoup danssmog au-dessus des villes industrielles. Et les carburants fossiles convertissent desmatires organiques terrestres en fume, qui pige la chaleur du soleil. Nousconnaissons les causes scientifiques de tout cela, mais nous ne savons pasvraiment ce que cela signifie. Les Guaran le savent. Cela signifie la Fin du Monde le ntre, aussi bien que le leur. Le ciel TOMBE. Un monde est pourri, et leprochain est encore venir. Il me reste vous dire comment ils se suicidaient.Des jeunes filles Guaran, parfois accompagnes de leurs mres, se pendaient enhaut des arbres en une parodie macabre de la danse vers le paradis. Ils savaient cequi, pour la plupart dentre nous, reste encore admettre : Le monde est djparvenu sa fin, au moins une sorte de monde. Nous ne pouvons rien y faire.Je suis heureux de pouvoir mentionner que les Guaran ont rcemment connucertains succs dans le domaine politique, au moins en Bolivie et au Paraguay, maislidologie de progrs qui a si longtemps opprim les traditions 'orales,' non-historiques,centres sur le local, est la mme qui anime aujourdhui Google et lesautres missionnaires Internet de la globalisation, numrisant tout le 'contenu'disponible et massacrant dans leur lance la plupart des 'vieux' mdias. Nousvoyons que cela va bien au-del de la langue et des mdias, au dveloppementcomme idologie, ce qui est peut-tre aujourdhui le plus flagrant dans les attitudesde la Chine lgard de ses propres cultures 'primitives' (Ouighours, Tibtains, etc.)et, de l, des extensions hasardeuses de la rationalit managriale telles que legnie gntique. Il ne semble pas possible de freiner lquipe biotech, ce quigarantit que ceux qui sont en vie aujourdhui apparatront leurs descendantscomme quelque chose de semblable aux derniers peuples indignes, les derniers connatre quoi ressemblait la nature sans parler de la nature humaine avantque lingnierie gntique ne commence sen mler. Nous sommes maintenanttous des Ishi, les derniers de notre espce. Ou autrement, peut-tre le dbut dequelque chose dentirement nouveau et imprvisible. Panikkar lui-mme asoulign que le caractre dominant de la technologie notre poque est sonacclration. Il pourrait avoir remarqu aussi sa tendance la miniaturisation,caractristique que Buckminster Fuller a souligne. Ces tendances sont toutes deux loeuvre dans le techno-progrs casse-cou daujourdhui. Toutes nos institutionsvacillent des tats-nations aux banques, des coles aux mdias, la musique,aux arts, ldition ...Quelles que soient les utopies que le 'progrs' peut promettre20 Dfis de linterculturel la gouvernance 17. Laprs Panikkaraux gens, de tels buts futuristes ne peuvent tre jaugs avec prcision que comme sesituant telle 'distance de la source.' Bref, la culture occidentale a rompu sesamarres. Elle nest plus une culture intacte, ni mme une structure strictement'occidentale' . Dautres traditions peuvent se rvler plus 'riches en res-sources.'Avant tout : Que pouvons-nous faire ? Et bien, nous pouvons aider les sans-voix se faire entendre.... Nous pouvons aussi faire place dans nos coeurs et nos esprits 'dautres faons de connatre', pour employer lexpression de John Broomfield.Ouvrir la vision de Panikkar pour embrasser les traditions autochtones a longtempst le travail de ce fameux Institut Interculturel de Montral, aujourdhui sous ladirection de Kalpana Das, cet IIM qui a, dans lesprit de Panikkar, cr pendant undemi-sicle un espace o des gens de cultures diverses ont pu non seulement serencontrer, mais collaborer entre eux pour articuler ces 'autres voies'. Voyez cesquarante et quelques annes de sa revue InterCulture, o le rdacteur-en-chefRobert Vachon a rellement 'cout' et communiqu ce quil entendait parexemple une histoire alternative de la Rvolution amricaine vue travers les yeuxdes ans Mohawks. Contestant la conversion de toutes les valeurs en valeursconomiques lidologie panconomique' domine maintenant mme lInternet InterCulture a offert des alternatives relles la mare apparemment irrsistible du'dveloppement.' Le point crucial nest pas un nouveau dogme, ni mme unegrande ide (mienne, videmment), cest que des tres humains rels se rencontrent tous les niveaux de pense et de sentiment et dtre quils peuvent trouver.Voici ce que la Fin de lHistoire devrait signifier le plus directement pour nous la fin de la prsomption chez une seule culture de possder 'toute lhistoire. Il nousfaut, au lieu de cela, prter oreille toutes les autres histoires que les peuplesracontent sur eux-mmes, spcialement maintenant que lhistoire 'unique' delOccident imprialiste sest pratiquement effondre. Mais que se passe-t-il lorsqueles gens du village d ct racontent une histoire radicalement diffrente? Que sepasse-t-il si mon histoire dit que la vtre est totalement fausse ? Alors on fait appelau dialogue entre les villages et tout le monde ne sera pas daccord. Cest ici que lestravaux de Panikkar sur le pluralisme peuvent aider. Lhtrodoxie recle sespropres dangers : retraite dans des lots de savoir, sauvegarde des vestigessalutaires, etc. Sans doute sommes-nous capables de tout 'diffuser' rsultats deslections, sort des baleines, et jusqu nos activits quotidiennes les plus banales dans le monde entier, en stro sur crans plasma de 56, mais trop souvent nous nesoucions pas dcouter beaucoup au-del de lcho de nos propres voix. Le momentest venu dapprendre nous occuper de cela.III Panikkar non orthodoxe Aprs lcologie, et tout cela *****Le troisime cercle des tudes post-Panikkar rsonne de ses travaux interculturelset inter-religieux, mais bondit dans de nouvelles directions que suggre sa visiondu tout.En une seule gnration nous avons vu lcologie passer de la flambe initialedanimisme exstatique qui nous a mens 'danser dans les rues' dans les annesInterculture 158 (2011) 21 18. S. Eastham60 et 70 - une simple comptabilit de cots et au commerce lucratif de crditscarbone. Le fiasco de la Confrence de Copenhague sur le climat, lan dernier, nefait que souligner quel point ce que Panikkar a appel 'linterlude cologique ' aramen une fervente histoire damour avec la vie dans toutes ses manifestations un exercice strile de logistique. Le Systme est vraiment au-del de toutepossibilit de rparation, comme lobservait Panikkar dans End of History, si lebon peuple de la Terre ne peut mme pas sentendre pour piller jusquau bout saplante jardin. Ce quil faut, cest un changement de mythe, de toute notre vision dumonde, dit Panikkar, et non un simple changement vers des tactiquesdexploitation plus douces : une intuition cosmo/th/andrique quilibre du tout, unnouveau rve. Cest dune telle vision du tout que dcoule son nologismedcosophie : sagesse de loikos, habitat appropri et, en dfinitive, perichoresis,co-habituer mutuel, de Dieu et de lHomme dans le Cosmos. Mes tudiants PeterRaine et Charlotte Sund ont appliqu chacun la 'vision' de Panikkar aux questionsdenvironnement et ils ont pu crditer des spiritualits autochtones invisibles descologistes professionnels.La vision de Panikkar nest pas un coup doeil sur quelque Shangri-laresplendissante au sommet dune colline, mais sa faon de voir les choses... letroisime oeil de Richard de St. Victor aussi bien que lajna hindoue, dit-il, la visionadvaitique/trinitaire dune relativit radicale, qui revient une notion des limitationsde lesprit humain face au Mystre infini de la vie et de la libert. Ce troisime oeilpeut sappliquer des domaines quil na pas abords lui-mme ; il nest en soi riendautre que la sagesse de la voie du milieu, le pivot, le point dquilibre. Les tudesappliques sur Panikkar prennent comme une donne linterconnexion de touteschoses, elles peuvent sembler peu orthodoxes dans larne acadmiquehyperspcialise daujourdhui, mais les tudes interdisciplinaires peuvent treauthentiquement holistes si elles visent rtablir lco-logie des relations entreDieu, lHomme et le Cosmos,et gurir ainsi lactuelle patho /logie. Il y a unetrange sensation de perte lorsque nous nous dtournons, comme nous devonsassurment le faire, des mta-narrations rates de lhistoire monolithique de rois,de reines, de guerres et dempires du 19e sicle pour nous tourner vers les petiteshistoires des vies quotidiennes qui proccupent aujourdhui les historiens. Il y aquelque chose qui manque, quelque chose qui a voir avec le sens de toutelentreprise. Panikkar comble cette lacune en proposant notre propre prsentcomme le moment transhistorique o nous pourrons tre capables de recueillir lemeilleur des deux poques, non-historique et historique. Une telle vision intgraleverra forcment que les fragments sont casss, certains irrmdiablement, mais ellepourrait pourtant voir des faons de les rapprocher sans brouiller des distinctionscruciales.Lcologie nest pas une comptabilit des cots de crdits carbone, pas plus qu4ilnest possible de trouver lamour dans les forums de discussion ou la justice dansdes actes terroristes de vengeance. Il y a une cologie des mauvaises ides, toutcomme il y a une cologie des mauvaises herbes , crivit un jour Gregory Bateson, et il est caractristique du systme que lerreur de base se propage . Les armes de22 Dfis de linterculturel la gouvernance 19. Laprs Panikkardistraction massive peuvent se rvler plus virulentes encore que les armes dedestruction massive.Quest-il advenu de lcologie de lesprit (Ecology of Mind) de Bateson ans aucours des trente annes qui se sont coules depuis son dcs ? LInternet est arriv,rendant visible pour tous ce que voyait Bateson, vraiment l devant vous. Lesmauvaises ides deviennent 'virales' du jour au lendemain, et toute intriorit estbannie dans ce monde virtuel dextrme exhibitionnisme. Pour le franc-tireur'Panikkar, la libert (moksha, libration) a toujours t lultime valeur spirituelle. Lalibert est prcisment ce qui est mis au dfi par la commodit de la vie dans unmonde branch, et pas simplement la libert de la surveillance omniprsente de noslongues queues numriques. La contemplation se fait toujours plus rare cettepoque dhyper-connectivit et de dficit dattention. Un monde dindividusbranchs sur le Net, mais toujours plus profondment alins, chacun devant sonpropre cran et pas grand chose dautre, na pas encore entendu laffirmation dudivin selon Panikkar, comme ce qui rompt mon isolement, mais respecte masolitude. Il alla jusqu appeler le Corps mystique du Christ lInternet rel.Lisez Empire of Illusion de Chris Hedges ou Distracted de Maggie Jackson, et vouspourriez pleurer: Dans un monde virtuel, simul, la seule faon de sen sortir estlentre dans ... la totalit de la Ralit. Pourtant, le discernement ncessaireaujourdhui est encore, et de loin, la plus vieille discipline de toutes : trouver votrevoie entre vrit et mensonges, ralit et illusion. Cela appelle aussi un engagementauthentique, le risque rel quil y a sengager avec les problmes du jour. Lesefforts de Diane Pendola pour raliser les ides de Panikkar dans son travail avecles femmes en cages viennent lesprit, ou encore lapplication pionnire desprincipes de Panikkar par Clemens Mendona lducation interreligieuse enInde.Quant parer la destrucion de la plante et de ses populations : o sont, de nosjours, les rsistants la guerre ? Le nouveau documentaire dEhrlich/Goldsmith surDaniel Ellsberg, The Most Dangerous Man in America, pourrait finalementcommencer conscientiser une nouvelle gnration apparemment insensibilise laguerre sans fin. Quand jai travaill avec Ellsberg la fin des annes 70,transcrivant et ditant les confrences anti-nuclaires quil allait prononcer Stanford et Berkeley, ctait un prolongement naturel de mon travail avec Panikkar,qui a comport lpoque la production de plusieurs projets de The End ofHistory. Les deux activits travail pour la paix et travail avec Panikkarntaient pas prcisment le 'mme' domaine dtude, mais elles ntaient pas'diffrentes' en un sens humain. Elles simpliquaient lune lautre, comme les facesurgentes et importantes de la mme condition humaine, exigeant la fois des choixpragmatiques et des rvisions de la thorie, lactiviste et le contemplatif oeuvrantensemble. Ce sont aussi des dimensions du dialogue intra-religieux, cest ce quevous en faites, personnellement, dans votre propre vie et votre propre conscience. Etles trois Panikkars lorthodoxe, lhtrodoxe et le non-orthodoxe vontensemble et ont besoin lun de lautre. De toute faon, lancienne doxa grecquesignifiait simplement opinion : une, multiple, ou aucune. Je crois avoir t, unmoment ou un autre, un interprte orthodoxe de ses travaux (diteur, traducteur); unInterculture 158 (2011) 23 20. S. Easthamexemple de la rencontre de Panikkar avec la contre-culture psychdlique 'alien' dela Californie dans les annes 70 et, depuis lors, un penseur libre capable deprendre mes repres dans des tudes interdisciplinaires diverses et souvent nonorthodoxes, en conservant comme lumire qui me guide lhorizon la vision nondualiste de Panikkar.De nos jours, nous sommes tous pris dans le Net, avec sa promesse domniscience,son spectacle ininterrompu, son cerveau en ruche et, depuis lavnement dubroadband, son retrait en bloc de la culture de lcrit. On le prsente comme rien demoins que la nouvelle tape de lvolution humaine. Mais, attendez un peu ... nest-cepas plutt nous qui nous adaptons bien trop facilement nos machines ?Lintelligence artificielle qui ne pourra jamais tre gnre entirement enlaboratoire ou dans le silicone pourrait bien devenir la ntre, comme Panikkarlavait en fait prdit il y a vingt ans dans ses (confrences) Gifford Lectures. Descritiques du Net, comme Nick Carr, ont rcemment cit un passage bien connu dubiologiste britannique J. B. S. Haldane:Lvolution suivra son cours. Et ce cours a gnralement t dirig vers lebas. Les espces ont en majorit dgnr ou se sont teintes ou, ce qui estpeut-tre pire, elles ont progressivement perdu beaucoup de leurs fonctions.Les anctres des hutres et des bernaches avaient une tte. Les serpents ontperdu leurs membres, tandis que les autruches et les pingouins perdaientleur aptitude voler. Lhomme pourrait tout aussi facilement perdre sonintelligence.Carr pose la question vidente : Lautomatisation du travail physique na pas rendunos muscles plus gros. Nous faut-il supposer que lautomatisation du travail mentalrendra nos cerveaux plus intelligents ? La question est rhtorique, mais lasituation laquelle notre intelligence humaine mallable est confronte lgenumrique est relle.Comme nous le rappelle Joseph Prabhu, Panikkar lui-mme fut jadis prsent parEwert Cousins comme un mutant, prcurseur dune deuxime priode axiale quiserait caractrisepar la convergence et la transformation mutuelle de cultures et dereligions jadis insulaires en une nouvelle configuration de la personnalit humaine.Mais cest l une mutation en sens inverse ... Pour aller dans ce sens, et se dtournerdune atrophie galement imminente des facults humaines essentielles, nousdevrions encourager ce que jappellerais des tudes 'non-conformistes' de Panikkar.En suivant le bon exemple de Samuel A. Maverick, leveur texan du 19e sicle, quise refusait imprimer des marques au fer rouge dans la peau de son btail, et celapour des raisons humanitaires, nous pourrions faire cho : cessons de marquer aufer rouge ! Cultivons la crativit, la spontanit, limprovisation ! Laissons tomberles tiquettes!Je donnerai un exemple parfaitement excentrique dune telle mutation nonconformiste, avec le renversement du systme de castes de lInde - brahmins,kshatriyas, vaishyas et shudras pour en faire sans doute quelque chose24 Dfis de linterculturel la gouvernance 21. Laprs Panikkardentirement nouveau. Nous savons tous quels abus menait cet ancien systme,marquant les gens pour la vie, leur attribuant un rle fix, crasant sous le poids dela tradition des secteurs entiers de la population. La sensibilit moderne se rvolte cette ide mme. Nous pourrions rinterprter le systme de castes non pas de lafaon orthodoxe, en dcoupant les catgories en sous-castes, ni dune faonhtrodoxe, en reconnaissant que dautres cultures ont gard les gens leur placeavec des systmes analogues, mais de faon non conformiste, kairo-logique pluttque sociologique, comme des tapes dans le dploiement de la destine (kairos)humaine plutt que comme une condamnation perptuit individuelle. Une teller-interprtation radicale, en dehors de toutes les catgories conventionnelles, peutsembler idiosyncratique, voire capricieuse. Elle lest probablement cest l ledanger des tudes non orthodoxes mais cela a aussi ses mrites : Des 'techniciens du sacr' rgnaient sur les premires socits dont nous avonsconnaissance. Les saints, les shamans et les sages de lre kairologique nonhistorique ont mis le theos au sommet dune pyramide htronome : lautremonde rgne sur celui-ci. Et, bien sr, ils veulent sy rendre (par des prires oupar des pyramides). Mais une socit axe sur cet objectif devient finalementhirarchise de faon rigide. Cela peut tre rituellement beau et esthtiquementgracieux, mais cela peut aussi tre statique, stagnant, voire abtissant. Les gensfinissent par sennuyer, bientt ils feront nimporte quoi pour un changement ... . Ainsi, pendant la plus grande partie de lhistoire crite, la socit est convertieen nobles guerriers qui se mettront bientt la renverser, encore et encore.Les hros et les rois et les chevaliers combattants de la deuxime poquekairologique ont mis ce monde, le kosmos, au sommet de leur chelle de valeurs.Et, bien sr, ils veulent le conqurir, leur dynamisme et la violence gardant desnations entires pratiquement dans un tat de crise constante. Les choseschangent, mais gnralement pour le pire, jusqu ce quen 1945 la bombeatomique impose soudain des limites aux ambitions de la caste militaro-politiqueelle-mme... Ainsi, depuis la Seconde guerre mondiale, la socit a t confie la classecommerante. Bien sr, les marchands, les agents de change et la classeaffaires de ce troisime moment anthropo-centrique prfrent des changesmontaires profitables sur le march aux anciennes conomies de don ou defournisseurs. Mais largent comme valeur suprme se heurte bientt sespropres limites avec le changement climatique, le quasi-effondrement dusecteur bancaire, et ainsi de suite. La mentalit selon laquelle 'lappt du gain estbon', propulse par le mirage selon lequel 'lintrt personnel' est dans lemeilleur intrt de chacun, scroulera du jour au lendemain. .. Il est donc grand temps, pouvons-nous supposer, de confier le monde auxrecycleurs, lancienne caste des intouchables qui soccupent de ce quonappelle 'dchets,' excrments, ordures et cadavres. LInternet lui-mme est unevaste opration de recyclage. Buckminster Fuller disait en plaisantant quelorsquil regardait Los Angeles, il voyait un norme tas dordures attendantInterculture 158 (2011) 25 22. S. Easthamdtre recycles. Nous navons qu regarder les ruines de la rvolutionindustrielle tout autour de nous, sans parler de luniformit abrutissante de toutcomplexe de bureaux de compagnies, pour voir ce quelle a signifi. Nous avonsdes montagnes de recyclage faire !Cest aux recycleurs quil appartiendra de rtablir lquilibre des trois mondesperdus aux trois poques antrieures. Pour ce faire, nous ne pouvons que chercherdans chacune de nos propres vies cet quilibre ontonomique de Dieu,de lHommeet du Monde que Panikkar appellerait la conqute dune nouvelle innocence. Ou, sije pouvais (seulement !) mettre cela dans un idiome non-verbal quaimait aussiPanikkar , Le sourire du Bouddha. la mmoire de Roger RappPresent le 21 juin 2010 au Symposium Dreaming a New Earth: IndigenousSpiritualities and the Vision of Raimon Panikkar, Australian Catholic University,McAuley Campus, Banyo, QLD, Australia. Les actes seront publis par MosaicPress en 2011.26 Dfis de linterculturel la gouvernance 23. AFTER PANIKKARScott Eastham1Interculture 158 (2011), pp. 27-35If you meet the Buddha, kill him.It is not for me to tell anybody how to respond to Raimon Panikkar's 'vision,' so Imay simply observe from my own experience that studies inspired by his seem tomove in three distinct directions: in, out, and all around. Think of the concentriccircles generated when you toss your pebble into the pond. Can we get a little closerview of those 'ripples'?I Orthodox Panikkar After a Life's WorkThe first circle looks inward to the man and his works, clarifying, evaluating andcontinuing his ground-breaking efforts in the traditions he made his own.In the autumn of 2009, I am told, Raimon Panikkar entirely cleared off the desk inhis upstairs study at Can Fel in Tavertet. It may be the first time anybody hasactually seen the surface of the furniture in Panikkar's study, customarily clutteredwith books, articles and manuscripts. The author Panikkar has retired, putting downhis pen at age 90. Fair enough. Some projects Opera Omnia, Rhythm of Being will go forward, but without his direct participation.Now that the whole of his work lies before us, I would of course like to see morepeople reading Panikkar more closely. While we live in a 'spectacular' age ofreceding literacy, the verbal giving way to visual spectacle on every front, some ofus may yet swim against this tide. Panikkar will never be a popular writer, but heplainly should be more widely recognized than he is particularly in English,today's koin by a world where inter-religious understanding has become justabout as precious as it is scarce.But what Panikkar should people be reading? in which language? - in whichversion? If there is one trait Panikkar consistently displayed with regard to his ownwritings, it was dissatisfaction. Ever on the lookout for new ways to say 'it,'theandric became cosmotheandric, secularity became sacred secularity,interdependence became inter-independence, and so on. Ask yourself whytranslation has from the start been an integral dimension of his work, one thatabsorbed no small part of his time and energies. Because translation into a newlanguage, even a new edition of an old text, was an opportunity to re-engage withthe themes, to redraft and rethink, and also to conduct long-term dialogues with his1 Scott Eastham, Senior Lecturer at Massey University, New Zealand, has served as EnglishEditor of some Panikkars best-known books, including The Intrareligious Dialogue, Myth,Faith & Hermeneutics, The Cosmotheandric Experience, and The Rhythm of Being. 24. S. Easthammany translators and editors and collaborators worldwide. In the latter role overthree decades, it seemed to me that his English relied too much on the passivevoice, as well as on cumbersome Latin and scholastic locutions which arrived deadon the page in English, so I felt obliged to 'activate' his sentences with a few livelyAnglo-Saxon transitive verbs and wordplays. But that's just one version, myversion, of some of Panikkar's works. There are plenty of others. In the end, hesays, Reality is a sketch we are all trying to make. Despite Panikkar's linguisticfluency - or more likely because of it - this dissatisfaction with the word, thelogos, is in fact one of the salient traits of his thinking, and may partly account forhis persistent apophatic tendencies.But where is the 'one, true text'? Panikkar used to chide students who asked whichversion of the Bible they should consult: The original, he would say. While a'memorial' edifice to Panikkar is a noble ideal, I have my doubts. It seems to me thatthe danger of consolidating such a 'monumental' edition of Panikkar's works is thedanger that dogs any orthodoxy: an inability to change, to adapt, to redeploy theinsights beyond the 'established' framework, which too easily becomes a dogmaticplatform for publicity, promotion, and propaganda. The Buddha you see beforeyou can only be an idol; nothing is more blinding than a bright light His recentcelebrity will presumably fade not long after he does, so idolatry and hagiographymay be avoided. But we must also beware the tendency amongst some academicsto turn anything they take from Panikkar's work into a 'system' - theirs, not his, Ishould emphasize, and another form of idolatry. He resisted all his life thepowerful temptation to bring everything under the sway of a sovereign conceptualsuperstructure, however convenient that might prove for future Ph.D. dissertations.His work has more the character of an organism like a tree, with multiple'growing points,' roots and branches, and some dead wood too. Every distinction heever made - faith and belief, shunyata and pleroma, and so on is a budding branchin potentia. While it may be necessary to pull the variegated colors of Panikkar'sworks into a continuous spectrum in order to understand him, a fixed Panikkar textis very nearly a non sequitur. At least while we are awaiting the 'perfect' text, wemay look into all the little wayside chapels and ashrams Panikkar visited along hispath, which we can do quite easily by reconsidering the books and articles that firsttouched our hearts and minds in their original settings. Like Ivan Illich, Panikkarwas well aware that institutionalizing human values all too often ends up subvertingthem: The completion of dialogue is not a final, but a continuous performance,says Panikkar, and again: The meaning of the symphony is not in the final.So how best to bring Panikkar's insights 'home' to people? The most direct wayis by working through the traditions he made his own, either to see him moreclearly in context, or to see those traditions in new ways. His most famous line isprobably, I 'left' as a Christian, I 'found' myself a Hindu and I 'return' a Buddhist,without having ceased to be a Christian. The radix is the root: In this sensePanikkar is radical because through it all he remains rooted in his Christian faith.Yet I suspect one must now add to his famous line the coda that after hismultireligious adventures, 'Christianity will never be quite the same.' Gerard Hall'sand Francis D'Sa's work is most pertinent here, where traditional religious adherents28 Governance : challenges of Interculturality 25. After Panikkarmust respond from 'within': How does Panikkar's work on the boundaries and yetsomehow simultaneously at the core of several religious traditions eventuallyaffect them, i.e., Christianity, Hinduism, Buddhism? The 'study of Panikkar' can beunderstood in the objective genitive as the study of the man and his works, or in thesubjective genitive, as a continuation of the studies of the man himself. Howthoroughly has Panikkar engaged with these traditions, met the objections, andtransformed the self-understanding of, say, Christians, Hindus, atheists, etc.? Thisis the real 'orthodox' Panikkar, attending to the transmutations of the establishedscriptural traditions, as well as to their 'mutual fecundation.' Here we need not onlyexegesis, but also hermeneutics to 'make it new.' Apart from his efforts to weanpeople from the 'paneconomic ideology,' I do not recall a single instance ofPanikkar ever trying to convert anybody to anything else, to any tradition other thantheir own. But his entire life's work suggests that he was hoping people would providing they stayed open to insights stemming from other cultures turn andreturn to deepen their own traditions with fresh eyes and transformative energies. Isthis in fact happening? Let's hear more about it.II Heterodox Panikkar After the End of HistoryThe second circle, inspired by Panikkar's pioneering efforts, looks outward from hisworks to widen and deepen the dialogue between disparate cultures and religions.The Conquest almost always brought the End of the World to native peoples. Oneexample: At the close of the last century, not so long ago after all, we read of therash of suicides among the Guaran in Brazil, a far-away tragedy in a far-away land.In the first nine months of 1995, 43 of the tribe killed themselves, and dozens moretried. Anthropologists study the Guaran because theirs is one of the world's mostsophisticated eschatologies (stories of the End-time). From the 1740s onward,messianic prophet-shamans led mass migrations all over South America in quest ofthe Land Without Evil, the paradise that would be theirs when the signs of the Endwere legion. The Guaran believed that by fasting and dancing, their bodies wouldbecome light enough to levitate to the Land Without Evil. Yet from that time tothis, they failed to find it. The shamans claimed European foods had made them tooheavy for the spirit-flight. And then, about fifteen years ago, the last of theshamans died. They lost their guides, and forgot the dances. There was no wayout. We find this sad, of course, but not our concern. When we look up from ourdaily business, we think we face other problems... global warming and the ozonehole among them. We are aware that destruction of their rainforests contributes toglobal warming, but that's about as much connection as we're able to make.The Guaran eschatology tells of the signs of the End-time: Sky-stuff falls to Earth,and Earth-stuff is cast into the sky. There may be a lack of ozone in the sky, butthere's plenty of it in the smog over industrial cities. And fossil fuels turn organicEarth-stuff into smoke, which traps the sun's heat. We know the scientific 'causes'of all this, but we don't really know what it means. The Guaran know: It means theEnd of the World -- ours, as well as theirs. The sky IS falling. One world is rotten,Interculture 158 (2011) 29 26. S. Easthamand the next still to come. I have yet to tell you how they were committingsuicide Young Guaran girls, sometimes accompanied by their mothers, werehanging themselves from the treetops in a macabre parody of the dance intoparadise. They knew what most of us have yet to admit: The world has alreadycome to an end, at least one kind of world. There's nowhere to go but up.I am pleased to report that the Guaran have lately had some successes in thepolitical realm, at least in Bolivia and Paraguay, but the ideology of progress whichhas so long oppressed 'oral,' non-historical, place-centered traditions is the sameideology today driving Google and the other Internet missionaries of globalization,digitizing all available 'content' and massacring most of the 'old' media in theprocess. We see that it goes beyond language and media to development as anideology, presently perhaps most blatantly evident in China's attitudes to its own so-called'primitive' cultures (Uighurs, Tibetans, et al.), and from there to freakishextensions of managerial rationality like genetic engineering. The biotechjuggernaut seems unstoppable, guaranteeing that those of us alive today will appearto our descendants as something like the last indigenous people, the last to knowwhat nature not to mention human nature was like before the genetic engineersbegan messing with it. We are all Ishi now, the last of our kind. Or else maybe thestart of something entirely new and unpredictable Panikkar himself stressed thatthe dominant character of technology in our time is its acceleration. He might alsohave noticed its tendency toward miniaturization, a characteristic BuckminsterFuller emphasized. Both are at work in today's breakneck techno-progress. All ourinstitutions are tottering from nation states to banks, from schools to media,music, the arts, publishing, etc. Whatever utopias 'progress' may promise people,such futuristic goals can only be accurately gauged as so much 'distance from thesource.' In short, Western Culture has lost its moorings. It is no longer an intactculture, nor even strictly 'western' anymore. Other traditions may prove more 're-source-full.'First of all: What can we do? Well, we can help those who don't have a voice to beheard... we can also make room in our hearts and minds for 'other ways ofknowing,' to use John Broomfield's phrase. Opening out Panikkar's vision toembrace indigenous traditions has long been the work of the famed InterculturalInstitute of Montral, today under the direction of Kalpana Das, which has, in thespirit of Panikkar, for half a century created a space where people from disparatecultures may not only meet, but collaborate with one another in articulating those'other ways'. Look at the 40-plus years of their journal InterCulture, where editorRobert Vachon has really 'listened' and passed on what he heard an alternativehistory of the American Revolution, for instance, through the eyes of the Mohawkelders. Contesting the conversion of all values into economic values the'paneconomic ideology' now dominates even the Internet InterCulture offered realalternatives to the seemingly irresistible tide of 'development.' The crux is not anew dogma, or even a great idea (mine, of course), it is real human beingsencountering one another at all the levels of thinking and feeling and being they canmuster.30 Governance : challenges of Interculturality 27. After PanikkarHere is what the End of History should mean most directly to us, the end of thepresumption of a single culture to possess 'the whole story.' We need instead to lendan ear to all the other stories people tell of themselves, especially now that the 'one'history of the imperial West has for all practical purposes collapsed. But whathappens when the people in the next village are telling a radically different story?What if my story says that yours is dead wrong? Then dialogue between thevillages is called for, and not everybody is going to agree. Panikkar's work onpluralism can help here. Heterodoxy harbors its own dangers: a retreat intoatomistic islands of knowledge, salvation for the saving remnant, etc. We may beable to 'broadcast' everything election results, the plight of the whales, even ourmost banal daily activities to the wide world in stereo on 56 plasma screens, butwe all too often don't bother to listen to much beyond the echo of our own voices.Now is the time to learn how to go about it.III Unorthodox Panikkar After Ecology, and All That****The third circle of post-Panikkar studies resonates with his cross-cultural and inter-religiouswork, but surges in new directions suggested by his vision of the whole.In a single generation we have witnessed ecology devolve from the initial flare-upof reverential animism - which got us up and 'dancing in the streets' during the '60sand '70s - to mere cost accounting and the lucrative trade in carbon credits. Thefiasco of last year's Copenhagen Climate Convention only underscores how farwhat Panikkar called 'the ecological interlude' has brought a fiery love affair withlife in all its manifestations down to a sterile exercise in logistics. The System trulyis beyond repair, as Panikkar observed in End of History, if the good people ofEarth cannot even agree not to despoil their garden planet utterly. What's needed isa change in the mythos, our entire worldview, says Panikkar, not just a shift tomilder tactics of exploitation: a balanced cosmo/the/andric intuition of the whole, anew dream. From such a vision of the whole stems his neologism of ecosophy: thewisdom of the oikos, the proper dwelling and, ultimately, the mutual indwelling,perichoresis of God and Man in this Cosmos. My own students Peter Raine andCharlotte Sund have each applied Panikkar's 'vision' to environmental issues andbeen able to credit indigenous spiritualities invisible to professional ecologists.Panikkar's vision is not a glimpse of some shining Shangri-la on a hilltop, but the'way' Panikkar saw things... the third eye of Richard of St. Victor as well as theHindu ajna, he says, the advaitic/trinitarian vision of radical relativity, which comesdown to a sense of the limitations of the human mind faced with the boundlessMystery of life and freedom. That third eye can be 'applied' to areas he did nothimself approach; it is nothing in itself but the wisdom of the middle way, the pivot,the point of balance. 'Applied' Panikkar studies take the intrinsicinterconnectedness of all things as a given; they may seem unorthodox in today'soverspecialized academic arena, but interdisciplinary studies can be genuinelyholistic if they aim to restore the eco/logy of relations between God, Man, andCosmos, and thus to heal the current patho/logy. There is an odd feeling of lossInterculture 158 (2011) 31 28. S. Easthamwhen we turn, as surely we must turn, from the failed metanarratives of themonolithic 19th Century history of kings, queens, wars and empires to the 'littlehistories' of everyday lives that preoccupy historians today. There's somethingmissing, something to do with the meaning of the whole enterprise. Panikkar's 'Endof History' spans this lacuna by proposing our own present as the 'transhistorical'moment where we may be able to garner the best of both the nonhistorical andhistorical epochs. Such an integral vision is obliged to see that the fragments arebroken, some irretrievably, yet may still see ways to bring them closer togetherwithout blurring crucial distinctions.Ecology is not carbon credit cost-accounting, any more than love can be found inchatrooms or justice in terrorist acts of vengeance. There is an ecology of badideas, just as there is an ecology of weeds, Gregory Bateson once wrote, and it ischaracteristic of the system that basic error propagates itself. Weapons of massdistraction may prove to be even more virulent than weapons of mass destruction.What has happened to Bateson's 'Ecology of Mind' in the thirty years since hispassing? The Internet has happened, rendering what Bateson could see visible toall, indeed, in your face. Bad ideas go 'viral' overnight, and all interiority isbanished in this virtual world of extreme exhibitionism. For the 'maverick'Panikkar, freedom(moksha, liberation) has always been the ultimate spiritual value. Freedom isprecisely what is challenged by the convenience of living in a wired world, and notjust freedom from the ubiquitous surveillance of our digital 'long tails.'Contemplation is ever more at a premium in this 'attention-deficit' age of hyper-connectivity.A world of Net-linked but ever more deeply alienated individuals,each facing their own screens and little else, has not yet heard Panikkar'saffirmation of the divine as That which breaks through my isolation, but respectsmy solitude. He once went so far as to call the Mystical Body of Christ, the realInternet. Read Chris Hedges' Empire of Illusion or Maggie Jackson's Distracted,and you may well weep: In a virtual, simulated world, the only way out is the wayin... to the whole of Reality. Yet the discernment required today is still very muchthe oldest discipline of all: finding your way between truth and lies, reality andillusion. It also calls for genuine commitment, the real risk of engaging with theissues of the day. Diane Pendolas efforts to realize Panikkars insights in herwork with women in cages comes to mind, or Clemens Mendonas prioneeringapplication of Panikkars principles to interreligious education in India.As for fending off the destruction of the planet and its peoples outright: Where, youmight ask, are the war protestors these days? The new Ehrlich/Goldsmithdocumentary on Daniel Ellsberg, The Most Dangerous Man in America, mayfinally begin conscientizing a new generation seemingly numbed to never-endingwar. When I worked with Ellsberg in the late 70s, transcribing and editing his anti-nuclearlectures at Stanford and Berkeley, it was a natural offshoot of my work withPanikkar, which at that time included producing several drafts of The End ofHistory. The two pursuits - peace work and Panikkar work - were not preciselythe 'same' area of study, but neither were they 'different' in any human sense. They32 Governance : challenges of Interculturality 29. After Panikkarimplied each other, as the urgent and the important faces of the same humanpredicament, requiring both pragmatic choices and revisions of theory, the activistand the contemplative working together. These too are dimensions of the intra-religiousdialogue; it is what you, personally, in your own life and awareness, makeof it. And all three Panikkars - the ortho-, the hetero-, and the un-orthodox, gotogether and need each other. The old Greek doxa just meant opinion, anyway: one,many, or none at all. I find I have been, at one time or another, an orthodoxinterpreter of his works (editor, translator); an instance of Panikkar meeting the'alien' California psychedelic counter-culture in the '70s; and since then a freerange thinker able to take my bearings in diverse and often unorthodoxinterdisciplinary studies by keeping Panikkar's nondual vision as a guiding light onthe horizon.Nowadays we are all caught up in the Net, with its promise of omniscience, itsrelentless spectacle, its hive-mind and, since the advent of broadband, its wholesaleretreat from literacy. It is promoted as nothing less than the next stage in humanevolution. But wait is it not rather we who are adapting all too easily to ourmachines? The 'artificial' intelligence that can never quite be generated in the lab orin silicon may well turn out to be our own, as Panikkar in fact predicted in hisGifford Lectures twenty years ago. Critics of the Net like Nick Carr have latelytaken to citing a well-known passage by British biologist J. B. S. Haldane:Evolution will take its course. And that course has generally been downward.The majority of species have degenerated and become extinct, or, what isperhaps worse, gradually lost many of their functions. The ancestors ofoysters and barnacles had heads. Snakes have lost their limbs and ostrichesand penguins their power of flight. Man may just as easily lose hisintelligence.Carr asks the obvious question: The automation of physical labor did not make ourmuscles bigger. Are we to assume that the automation of mental labor will makeour brains smarter? The question is rhetorical, but the predicament facing ourmalleable human intelligence in the digital age is real.As Joseph Prabhu reminds us, Panikkar himself was once heralded by EwertCousins as mutational Man a forerunner of a Second Axial Period to becharacterized by the convergence and mutual transformation of formerly insularcultures and religions in a new configuration of human personality. But that's amutation in the other direction To head that way, and to head off any suchimminent atrophy of basic human faculties, we should be encouraging what I wouldcall 'maverick' Panikkar studies following the good example of 19th C. Texasrancher Samuel A. Maverick, who objected to burning brands into the hides of hiscattle on humanitarian grounds: Ignore 'branding.' Cultivate creativity, spontaneity,improvisation. Let the labels fall where they may.Let me give a perfectly outlandish example of such a maverick mutation, by turningthe Indic caste system - brahmins, kshatriyas, vaishyas, and shudras - on its ear andInterculture 158 (2011) 33 30. S. Easthamprobably into something else entirely. We all know the abuses to which this ancientsystem has been subject, branding people for life, assigning them a fixed role,crushing entire sectors of a population under the weight of tradition. The modernsensibility revolts at the very idea. We might reinterpret the caste system not in theorthodox way, by slicing the categories into even further sub-castes, nor in theheterodox way, by recognizing that other cultures have kept people in their placeswith similar systems, but in a maverick way: kairo-logically instead ofsociologically, as stages in the unfolding of human destiny (kairos) rather than as anindividual life-sentence. Such a radical re-interpretation, outside all theconventional categories, may seem idiosyncratic, even capricious. It probably is -that's the danger of unorthodox studies - but there is also a point to it: 'Technicians of the sacred' lorded it over the earliest societies we knowabout. The saints, shamans and sages of the nonhistorical kairologicalmoment put the theos atop a heteronomic pyramid: the 'other' world rulesthis one. And of course they want to travel there (by prayers or bypyramids), but a society geared to this goal eventually becomes rigidlyhierarchical. It may be ritually beautiful and aesthetically graceful, but itcan also be static, stagnant, and stultifying. People get bored; soon they'lldo anything for a change So, for most of recorded history, society is turned over to the noble warriors- who promptly start overturning it, again and again. The heroes and kingsand clashing knights of the second kairological moment put this world, thekosmos, atop their scale of values. And of course they want to conquer it,their dynamism and violence keeping entire nations pretty much in a stateof constant crisis. Things do change, but usually for the worse, until in 1945the atomic bomb suddenly put limits on the ambitions even of themilitary/political caste So, since World War II, society has been turned over to the commercialclass. Of course the merchants, moneychangers and 'business class' of thisthird anthropo- centric moment value profitable monetary 'exchanges' inthe 'marketplace' over old-fashioned 'gift' or 'provider' economies. Butmoney as a supreme value is rapidly slamming up against its own limits in climate change, the near-collapse of the banking sector, etc. The 'greedis good' mentality, propped up by the mirage that 'self-interest' is ineverybody's best interest, just overnight came crashing down So now, we may surmise, it is high time to turn the world over to therecyclers, to the formerly untouchable caste who deal with so-called 'waste,'excrement, dirt and dead bodies. The Internet itself is one vast recyclingoperation. Buckminster Fuller used to quip that when he looked at Los34 Governance : challenges of Interculturality 31. After PanikkarAngeles, he saw an enormous pile of rubbish crying out to be recycled. Wehave only to look at the ruins of the industrial revolution all around us, notto mention the mind-numbing sameness of any corporate office complex, tosee what he meant. We have heaps of recycling to do!It will be up to the recyclers to restore the balance of the three worlds lost in theprevious epochs. In order to achieve it, we can only seek in each of our own livesthat onotonomic balance of God, Man, and World which Panikkar would call theconquest of a new innocence. Or, if I could (only!) put it in a non-verbal idiomPanikkar also favored, The Smile of the Buddha.In memory of Roger Rapp.Presented 21 June 2010, at the Symposium Dreaming a New Earth: IndigenousSpiritualities and the Vision of Raimon Panikkar, Australian Catholic University,McAuley Campus, Banyo, QLD, Australia. Proceedings to be published by MosaicPress in 2011.Interculture 158 (2011) 35 32. La gouvernance chez les peuples autochtones au MexiqueLimites conceptuelles du mtissageAkuavi AdononProfesseure chercheurUniversit Autonome Mtropolitaine CuajimalpaLaboratoire danthropologie juridique de ParisInterculture 158 (2011), pp. 37-53Encore relativement peu explor et donc gurefamilier nos esprits, le brassage des tres etdes imaginaires est appel mtissage, sansquon sache exactement ce que recouvre ceterme et sans quon sinterroge sur lesdynamiques quil dsigne. []Perue comme un passage de lhomogne lhtrogne, du singulier au pluriel, de lordreau dsordre, lide de mlange charrie donc desconnotations et des a priori dont il convient dese mfier comme de la peste.Serge Gruzinski1Rsum franaisLa notion de mtissage connat un vritable essor de la part de nombreux auteursqui refusent lalternative dichotomique entre tradition et modernit, universalismeet relativisme culturel, globalisation et localisation, pour rendre compte de lacomplexit des dynamiques sociales contemporaines, dans cette permanente etacclre rencontre de cultures. Le concept de mtissage pose cependant un certainnombre de limites et de difficults. Au Mexique, plus spcialement, le mtisreprsentait une unit dorigine, une unit de langue, une unit de devoirs, depropos et daspirations. Les peuples autochtones ont t progressivementacculturs, assimils et dissimuls derrire la citoyennet mexicaine. Dans lesannes quarante, ltat mexicain a mis en place lindignisme qui partait delanalyse et la typification de leur mode de vie pour les conduire par les tapesncessaires pour arriver leur incorporation la nation et les mener se fondrepetit petit la race mtisse mexicaine.Cette relation de base entre acculturation, intgration et mtissage au Mexiquenest pas sans poser de problmes par le paternalisme, lvolutionnisme, voire leracisme quelle vhicule vis--vis des autochtones. Dans cette coexistence delongue date il y a eu bien sr des influences mutuelles. Comment approchermthodologiquement les relations interculturelles entre ltat mexicain et les1 Serge Gruzinski, La pense mtisse, Paris, Fayard, 1999, p. 36. 33. A. Adononpeuples autochtones ? La gouvernance lie lautonomie semblerait tre placesous une double aspiration des populations, la conservation de la viecommunautaire dun ct et linsertion du groupe dans la structure politique etjuridique nationale de lautre. Derrire la description de surface du mtissage secachent des processus et des stratgies complexes des peuples qui font preuve dunegrande capacit et crativit pour garder des espaces dautonomie de facto osexprime la gouvernance interculturelle voire de la construction durable du vivreensemble.SummaryThe notion of intermixing of population or mtissage , encounters great successwith many authors who refuse the dichotomic alternative between tradition andmodernity, universalism and cultural relativism, globalisation and localisation inorder to address the complexity of contemporary social dynamics in this constantand accelerated encounter of cultures. Nevertheless, the concept bears certainproblems and difficulties. In Mexico, especially, the mixed population (mtis)represented a unity of origin, a unity of language, a unity of duties, a unity of hopesand aspirations. Indigenous people have progressively been acculturated,assimilated and hidden behind Mexican citizenship. In the 1940s, the Mexican Statehas put in place a policy of indigenism on basis of an analysis of indigenousways of life in order to lead them through the necessary steps towardsincorporation of indigenous peoples into the Nation-State and their assimilationinto the Mexican mixed race.This fundamental link between acculturation, integration and intermixing(mtissage) in Mexico poses problems of paternalism, evolutionism, and evenracism towards the indigenous people. In this long process of coexistence, therehave of course been mutual influences. How to methodologically approach theintercultural relationships between the Mexican State and the indigenous people?Governance in relationship to autonomy seems to be placed under the doubleaspiration of the population: on one hand, the conservation of their communitarianlife style, on the other hand the insertion of the group into the national legal andpolitical structure. Behind the surface description of intermixing of population(mtissage) lie complex strategies and processes of the people who demonstrate agreat capacity and creativity to secure de facto spaces of autonomy where anintercultural governance or a sustainable way of living together may emerge.38 Dfis de linterculturel la gouvernance 34. La gouvernance chez les peuples autochtones au MexiqueLe Tribunal de Paix et de Conciliation Autochtone de Zinacantn2 est unbtiment flambant neuf dont le style architectural colonial vident par lesarcades de la faade, les couleurs (crme et bordeaux), les portes en boismassif ainsi que les matriaux et le mobilier intrieur se distinguent du restedes constructions du chef-lieu municipal, en briques dargile et beaucoupplus modestes. La pice principale est la salle daudiences, une grande salleaux murs blancs et au plafond lev. Le sol marron entirement carrelreflte le mobilier en bois : sept huit ranges de deux bancs spars par unpassage au milieu permettant la circulation, une balustrade entourantlestrade en querre le long des murs du fond et de gauche et de longsbureaux destins aux juges de paix et aux Autorits traditionnelles .Deux autres petites salles sont prvues pour le secrtariat, les archives et lespermanences des juges titulaire et supplant.Il est midi. Ce jour l, ce sont le juge titulaire et un adjoint au maire duconseil municipal qui prsident laudience conciliatoire. Le commandant,3le secrtaire-greffier et un mayol, policier, sont assis dans un espace prvupour les Autorits traditionnelles .4 Treize personnes sont arrives, sixfemmes vtues de longues jupes en laine noire, de chemisiers blancs brodsde grandes fleurs en couleurs et coiffes dune paires de longues tressesavec des rubans, deux dentre elles portants un bb chacune et septhommes avec un enfant denviron six ans. Ils ont pris place de part etdautre des ranges de bancs en bois. [] Le mari (dfendeur) aligne troisbouteilles de coca-cola en face du juge et du fonctionnaire de la mairie. Ilva ensuite, vers son pouse (plaignante) et commence lui parler voixbasse, il sadresse elle en inclinant un peu la tte vers le bas. Il luidemande pardon.5 La femme est assise et lui rplique voix plus haute.Elle ne veut pas lui pardonner. Le juge parle au couple ainsi que les autrespersonnes prsentes. La plupart des hommes fument [] Les personnescirculent dans la salle, surtout des hommes qui entrent ou sortent pouracheter des cigarettes ou rpondre au portable, sans quil y ait pour autantune interruption de laudience. un moment donn, le mari sagenouilledevant sa femme [] Au fond de la salle sentendent les ronflements dunmonsieur qui sest endormi la dernire range. [] Les discussionscontinuent Le juge a pris des notes depuis le dbut de laudience, et prsent il les prend plus systmatiquement. Le pre de la femme se lve,sapproche du juge et lui donne des factures. Le juge fait laddition laide2 Commune tzotzil des montagnes du Chiapas.3 Les commandants ne sont pas des militaires lis larme, ils font partie du systme dAutoritsdes villages et sont associs comme les mayoletik, policiers, la sauvegarde de lordre dans le village.4 Zinacantn, la fonction des juges (titulaire et supplant) nest pas distingue de celle des autresAutorits, dans le rglement des conflits. Lespace destin aux juges par les architectes des tribunaux,est galement utilis par dautres Autorits qui participent laudience et la place prvue pour lesAutorits traditionnelles est souvent occupe par des personnages secondaires comme les mayoletik oules commandants.5 Linformation en italique ne dcoule pas de la simple observation mais de commentairesdinformants ou dentretiens effectus aprs laudience, compte tenu du fait que nous ne matrisionspas la langue tzotzil.Interculture 158 (2011) 39 35. A. Adonondune calculatrice. Ensuite, le pre prend deux bouteilles de coca-cola quitaient par terre ct de sa fille, et les dispose ct des trois autresbouteilles que le mari avait ranges sur la table. Signe incontestable de lasolution du conflit, en effet, la femme a fini par pardonner son mari. Lejuge donne ses notes au secrtaire-greffier qui part au bureau pour taper lamachine lacte conciliatoire. Le mayol est all ouvrir les bouteilles qui parla suite ont t distribues parmi les prsents qui les ont bu ou ont vers lecontenu dans une bouteille vide apporte pour cet effet. Une fois lesbouteilles vides, elles sont nouveau alignes face au juge. Le marireprend les cinq bouteilles vides et ce moment l, tout le monde se lve, laplupart sen vont, les autres attendent que le constat daccord leur soit lu etremis.6Les boiseries, le carrelage, la machine crire, les bouteilles de coca-cola, lesportables, les formalits judiciaires telles le constat daccord ou la prsence dusecrtaire-greffier constituent autant dlments qui semblent contraster avec lerituel du pardon ou du partage de la boisson et en gnral le contexte dun villageautochtone de paysans, et