13
Les écoles de la 2 e chance (E2C) s’adressent aux jeunes de moins de 26 ans sortis du système éduca- tif sans diplôme ni qualification professionnelle (enca- dré 1). Elles ont pour objectif l’insertion sociale et professionnelle des jeunes, en privilégiant les sorties vers la formation qualifiante. Fondées sur une péda- gogie innovante, ces écoles proposent un parcours d’accompagnement individualisé sur plusieurs mois. Ce parcours est organisé autour de l’alternance de trois volets : remise à niveau dans les savoirs de base, stages en entreprises (clé de voûte du dispositif) et temps socioculturels et sportifs. Chacun de ces trois volets tient un rôle important dans la pédagogie de l’E2C. En fin de parcours, les E2C délivrent une attes- tation de compétences acquises, qui n’a pas encore de reconnaissance officielle. Chaque école est un organisme de formation indépen- dant et a ses propres spécificités. Des enquêtes mono- graphiques réalisées auprès de huit écoles permettent de décrire finement leur fonctionnement, leur orga- nisation et l’accompagnement qu’elles mettent en œuvre (encadré 2). Un doublement des sites et des effectifs accueillis entre 2009 et 2011 En 2013, les écoles de la 2 e chance ont accueilli 14 150 jeunes sur une centaine de sites (graphi- que 1). Le dispositif s’est beaucoup développé entre 2009 et 2011, avec un doublement des sites et des effectifs accueillis. Depuis 2011, la progres- sion reste soutenue, avec une augmentation annuelle L’ÉCOLE DE LA 2 E CHANCE, LA « GRANDE ÉCOLE » DES DÉCROCHEURS MOTIVÉS En France, une quarantaine d’écoles de la 2 e chance (E2C), réparties sur une centaine de sites, proposent un accompagnement global pour favoriser l’insertion sociale et profession- nelle des jeunes sortis sans diplôme du système scolaire, les « décrocheurs ». 14 000 jeunes ont été accueillis en 2013. Afin de mieux connaître le fonctionnement et les pratiques de ces écoles de la 2 e chance, la Dares a fait réaliser en 2012 une étude qualitative. D’après cette enquête monographique, les jeunes accueillis ont connu des ruptures scolaires, souvent associées à des difficultés sociales et personnelles. Leur entrée en E2C est souvent conditionnée à leur motivation. Toutes les écoles partagent les mêmes principes d’individualisation des parcours et d’alternance en entreprise. Toutefois, chacune possède son identité avec ses propres pratiques, en rapport avec son territoire d’implantation. Dans l’école, le parcours des stagiaires est orga- nisé en alternant successivement trois volets : une remise à niveau sur les savoirs de base, des stages en entreprise et des activités d’ouverture sur l’extérieur. Deux axes forts charpentent le modèle développé par les écoles : la stabilisa- tion du parcours des jeunes et le développe- ment de liens étroits avec les acteurs économiques locaux. Il est encore difficile de mesurer le devenir des jeunes à la sortie du dispositif, les pratiques de suivi étant trop hétérogènes entre les écoles. Analyses Dares publication de la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques septembre 2014 • N° 068

Etude qualitative Ecole de la 2ème Chance Dares

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Etude qualitative Ecole de la 2ème chance DARES

Citation preview

  • 1. DaresAnalysespublication de la direction de l'animation de la recherche, des tudes et des statistiquesLcole de la 2e chance,la grande cole des dcrocheurs motivsLes coles de la 2e chance (E2C) sadressent auxjeunes de moins de 26 ans sortis du systme duca-tifsans diplme ni qualification professionnelle (enca-dr1). Elles ont pour objectif linsertion sociale etprofessionnelle des jeunes, en privilgiant les sortiesvers la formation qualifiante. Fondes sur une pda-gogieinnovante, ces coles proposent un parcoursdaccompagnement individualis sur plusieurs mois.Ce parcours est organis autour de lalternance detrois volets : remise niveau dans les savoirs de base,stages en entreprises (cl de vote du dispositif) ettemps socioculturels et sportifs. Chacun de ces troisvolets tient un rle important dans la pdagogie delE2C. En fin de parcours, les E2C dlivrent une attes-tationde comptences acquises, qui na pas encorede reconnaissance officielle.Chaque cole est un organisme de formation indpen-dantet a ses propres spcificits. Des enqutes mono-graphiquesralises auprs de huit coles permettentde dcrire finement leur fonctionnement, leur orga-nisationet laccompagnement quelles mettent enoeuvre (encadr 2).Un doublement des sites et des effectifsaccueillis entre 2009 et 2011En 2013, les coles de la 2e chance ont accueilli14 150 jeunes sur une centaine de sites (graphi-que1). Le dispositif sest beaucoup dveloppentre 2009 et 2011, avec un doublement des siteset des effectifs accueillis. Depuis 2011, la progres-sionreste soutenue, avec une augmentation annuelleEn France, une quarantaine dcolesde la 2e chance (E2C), rparties sur une centainede sites, proposent un accompagnement globalpour favoriser linsertion sociale et profession-nelledes jeunes sortis sans diplme du systmescolaire, les dcrocheurs .14 000 jeunes ont t accueillis en 2013.Afin de mieux connatre le fonctionnement etles pratiques de ces coles de la 2e chance,la Dares a fait raliser en 2012une tude qualitative.Daprs cette enqute monographique,les jeunes accueillis ont connu des rupturesscolaires, souvent associes des difficultssociales et personnelles. Leur entre en E2C estsouvent conditionne leur motivation.Toutes les coles partagent les mmes principesdindividualisation des parcours et dalternanceen entreprise. Toutefois, chacune possde sonidentit avec ses propres pratiques, en rapportavec son territoire dimplantation.Dans lcole, le parcours des stagiaires est orga-nisen alternant successivement trois volets :une remise niveau sur les savoirs de base, desstages en entreprise et des activits douverturesur lextrieur. Deux axes forts charpentent lemodle dvelopp par les coles : la stabilisa-tiondu parcours des jeunes et le dveloppe-mentde liens troits avecles acteurs conomiques locaux.Il est encore difficile de mesurer le devenir desjeunes la sortie du dispositif, les pratiques desuivi tant trop htrognes entre les coles.septembre 2014 N 068

2. de 10 % du nombre de jeunesaccueillis. Les coles sontimplantes dans lensemble duterritoire mtropolitain, exceptdans louest et le sud-ouest.Elles sont aussi prsentes dansles dpartements et territoiresultramarins (carte 1).9 jeunes sur 10 sansdiplmeLes jeunes entrs en E2C en2013 ont 19,9 ans en moyenne,avec une proportion quilibrede femmes (51 %) et dhommes(49 %), (tableau 1). La parithomme-femme observe dansles effectifs accueillis peut sex-pliquerpar labsence de ciblage16 00014 00012 00010 0008 0006 0004 0002 000de mtiers particuliers par lesE2C et par une vigilance sur ce critre ds lorien-tation.9 jeunes sur 10 nont pas de diplme deniveau V ou suprieur (niveaux VI, Vbis, V sansdiplme et IV sans diplme). 32 % habitent dansdes territoires de la politique de la Ville, cest--diredes quartiers ayant sign un contrat urbainde cohsion sociale (Cucs) ou des zones urbainessensibles (Zus).Des parcours marqus par des rupturesscolaires et personnellesLe public vis par les coles de la 2e chance seconcentre sur des franges de la population parti-culirementfragilises : des jeunes sortis sansdiplme des systmes denseignement tradition-nel(tableau 1) et qui doivent faire face des diffi-cultssociales et humaines marques.Les jeunes rencontrs pour ltude prsentent unegrande diversit de parcours avant leur entre danslE2C. Cependant, tous les parcours sont marquspar des ruptures scolaires et souvent personnelles.La plupart des jeunes ont quitt prmaturment lesystme ducatif. Certains ont dcroch progres-sivement,avec des difficults scolaires non prisesen compte. Dautres ont abandonn leur filirescolaire aprs un chec un diplme ou la suitedune orientation par dfaut ou force. proposde son orientation scolaire, une stagiaire interro-gedclarait : Moi je voulais faire compta maison ma mise en secrtariat. Le secrtariat, a neme plaisait pas .Dans les discours des jeunes, lcole classique estlargement remise en cause dans sa capacit accompagner un apprentissage et orienter. Lesruptures se retrouvent aussi sur le plan person-nelet social. Les jeunes rencontrs cumulent lesproblmes dans plusieurs domaines : financiers,2 DARES ANALYSES Septembre 2014 - N 0681 004 1 4281 9182 6693 7134 7375 7048 04911 45413 03614 1509 111526353949709610710502003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013Nombre de jeunes accueillis120100806040200Nombre de sites E2CGraphique 1 volution du nombre de jeunes accueilliset du nombre de sites E2CSource : Rseau E2CFrance.Tableau 1 Caractristiques des jeunes accueillis en E2Cen 2013 et en contact avec la mission locale*En %SexeFemme........................................................................................................ 51Homme....................................................................................................... 49ge lentreMoins de 18 ans......................................................................................... 9De 18 21 ans............................................................................................ 67De 22 25 ans............................................................................................ 2426 ans et plus............................................................................................. 0Niveau de formation lentreBaccalaurat ou suprieur (IV avec diplme ou plus).................................... 2Niveau baccalaurat sans diplme (IV sans diplme).................................... 6CAP-BEP (V avec diplme)........................................................................... 10Niveau CAP-BEP sans diplme (V sans diplme)........................................... 29Premire anne CAP-BEP, sortie de 3e (V bis)................................................ 36Sortie avant la 3e gnrale (VI)..................................................................... 17NationalitFranaise..................................................................................................... 92Autre.......................................................................................................... 8Type dhbergementHbergement autonome............................................................................. 17Chez les parents ou dans la famille.............................................................. 69En foyer, en centre dhbergement et de rinsertion sociale, lhtel.......... 5Chez des amis............................................................................................. 5Sans hbergement ou hbergement nomade.............................................. 1Autre.......................................................................................................... 3Situation familialeMari, Pacs, vie maritale............................................................................ 6Clibataire.................................................................................................. 93Divorc, spar, veuf................................................................................... 1Moyen de locomotion principalAucun......................................................................................................... 11Transport en commun................................................................................. 75Voiture, moto.............................................................................................. 7Cyclomoteur............................................................................................... 4Vlo............................................................................................................ 2Autre.......................................................................................................... 1Zone dhabitationQuartier de la politique de la ville................................................................ 32Dont zone urbaine sensible (Zus).......................................................... 25Zone de revitalisation rurale (ZRR)................................................................ 6Travailleur handicap................................................................................... 2* Le suivi par les missions locales des jeunes en E2C est htrogne suivant lesrgions. En particulier, moins dun stagiaire E2C sur deux est en contact avec lamission locale en Guadeloupe et en le-de-France.Champ : jeunes entrs en E2C en 2013 et reprs par la mission locale, soit 77 %des jeunes rellement accueillis par lensemble des E2C.Source : Parcours 3 ;traitements Dares. 3. notamment dendettement (lis des abon-nementstlphoniques, internet), de sant(addictions, malnutrition, sant dentaire, diffi-cultspsychologiques), de logement, de mobi-lit(notamment en zone rurale), de dlinquance.Chez les jeunes femmes, la rupture peut aussi fairesuite larrive dun enfant : elles ont d quit-terlcole ou leur formation pendant leur gros-sesse,puis font face des problmes de gardedenfants. Le manque de soutien familial vientsouvent sajouter aux difficults rencontres. Desjeunes migrants, matrisant mal le franais, et quidisposent parfois dune formation ou de diplmesnon reconnus en France, figurent galementparmi les jeunes accueillis en E2C. et un enchanement de petits boulotsEntre lcole et lE2C les jeunes ont souvent confileur impression de navoir rien fait , en tout casrien dutile selon eux. En ralit, ils ont souventpris de nombreuses initiatives, plus ou moinsfructueuses. La plupart des jeunes rencontrsdcrivent un processus de recherche quils jugentaprs coup erratique. Certains ont enchan despetits boulots, des formations courtes, dautresont suivi des programmes dinsertion (1). Lesexpriences en entreprise ou en formation sontpeu valorises par les jeunes, qui nen voient paslutilit. Cette priode de transition semble davan-tagesoumise aux alas et au hasard qu unematrise dun parcours personnel en vue dacc-der une situation durable.Le dclic dterminant pour linscription lE2Cprovient soit dun conseil extrieur (de la missionlocale ou dun ami), soit dune pression desparents pour trouver quelque chose , ou biendune dcision individuelle pour sortir de chezsoi et faire quelque chose .Source : Rseau E2C France.Carte 1 Implantation des sites des coles de la 2e chance en 2012(1) Dans le cadre dunservice civique, duncontrat dinsertiondans la vie sociale(Civis) ou encore delEpide, tablissementpublic dinsertion quiaccueille des jeunesdsocialiss, enmanque de repres etpour lesquels le risquede marginalisation estimportant.DARES ANALYSES Septembre 2014 - N 068 3 4. La mission locale, principal prescripteurvers les E2CQuatre coles sur les huit E2C tudies dpendenttrs fortement des prescriptions de la missionlocale (plus de 90 % des jeunes de lE2C ont torients par les missions locales). Cest un atoutpour favoriser les synergies dans lorientation et lesuivi des jeunes. Du point de vue de lcole, celaconstitue une contrainte, potentiellement dsta-bilisantequand le nombre de jeunes orients parla mission locale se rduit ou est irrgulier. Dansloffre des E2C, les missions locales apprcienten particulier la longueur de la formation et lop-portunitpour les jeunes dy entrer tout au longde lanne, contrairement dautres formations.Certains conseillers de mission locale rencontrssituent lE2C comme une offre de la dernirechance , qui serait propose la suite de prc-dentesorientations infructueuses. Daprs unconseiller de mission locale, lE2C ne doit pastre la solution premire. On essaye daborddautres choses car, aprs lE2C, si a plante onna pas grand-chose ! .En marge des orientations par les missions locales,cinq coles de lchantillon acceptent les candi-daturesspontanes de jeunes (en proposant parexemple une prinscription sur internet) ou lesorientations par dautres acteurs de linsertiondu territoire (Ple emploi, Cap emploi, le conseilgnral, les clubs de prvention, les services dela justice, les acteurs socio-ducatifs). Daprs unpermanent dune cole, un jeune qui vient delui-mme prsente une garantie plus leve entermes de motivation par rapport une orienta-tionpar un prescripteur ou une raction lapression des parents. Dans ces cas de candidaturespontane, lE2C demande aux jeunes de prendrecontact avec la mission locale.Une slection fonde sur le volontariatet la motivationLa slection des jeunes se fait aussi sur la moti-vation.La mesure de la motivation intervient dslorientation par la mission locale mais, face auxenjeux du recrutement, les coles ont galementmis en place des processus de slection trs struc-turs.Il sagit de dtecter chez les candidats unerelle volont de sengager. Daprs un perma-nentdune E2C, lun des critres, cest quondoit sentir chez le jeune quil sait o il est et quil aenvie de sen sortir . Un autre permanent donnecomme exemple : quelquun qui dit : je viensici parce que mon conseiller, a commencemal ! . La mobilisation initiale des jeunes est unecondition cl de la russite de leur parcours enE2C, lcole venant renforcer une motivation exis-tante,mme si elle est fragile au dpart. Au sujetdun candidat qui na pas russi convaincre, un4 DARES ANALYSES Septembre 2014 - N 068permanent dclare : sil ne se bouge pas, onne peut rien faire pour lui . La motivation estun gage de moindre dperdition au cours de laformation dans lE2C. Cest aussi un facteur deplus grande russite lissue du parcours car lesentreprises reprennent ce mme critre lors deleurs recrutements.La slection lentre est plus ou moins forte selonla libert de recrutement accorde par le partena-riatavec la mission locale. Les pratiques de recru-tementsont trs disparates entre les coles, selonles habitudes locales et la mise en place ou non dejurys de slection. Quelques coles qui reoiventde nombreuses candidatures peuvent slection-nerles jeunes. Pour dautres qui ont plus de mal recruter, le processus de recrutement doit assu-rerdes entres suffisamment importantes etrgulires de groupes de jeunes tout au long delanne.En guise de premier contact, les coles organisentrgulirement des runions dinformation collec-tivespour susciter le volontariat chez les jeunes.La dure de ces runions varie entre 1h et 2 h 30selon les E2C de lchantillon. Ensuite, les jeunesvolontaires suivent le processus de recrutementqui est propre chaque cole. Dans la majoritdes coles, un entretien individuel est proposaux volontaires. Cet entretien est conduit parun permanent de lcole (formateur de lquipepdagogique, responsable du recrutement, direc-teur)ou, dans une seule cole du panel tudi,par un binme de formateurs. Il a pour objectifprincipal de mesurer la motivation du jeune. Dansles coles visites, il dure de 15 45 minutes.Certaines E2C le positionnent directement lis-suede la runion dinformation collective. Quandlentretien est long, il peut permettre didentifierles difficults sociales des jeunes et de proposerun appui spcifique.Deux coles de lchantillon organisent des jurysde recrutement lentre la place de lentre-tiende motivation individuel, limage dunpremier entretien dembauche dans une entre-prise. linstar des entretiens individuels, ces jurysvaluent principalement la motivation et le volon-tariatdu jeune. Ils sont composs de permanentsde lcole, de partenaires de linsertion (missionlocale) et dacteurs conomiques locaux.Une priode dessai pour validerle recrutement dans lE2CCertains jeunes abandonnent entre lorientationet lentre relle en E2C, du fait dune motiva-tionsouvent fragile au dpart. Dans les E2C visi-tes,cet abandon concerne environ 2 jeunes sur10. Deux coles visites cherchent limiter cephnomne en rduisant le temps entre lorien-tationet lintgration. Lune accueille tous les15 jours une permanence de la mission locale 5. dans ses locaux (dans cette cole, linscription enmission locale est un pralable obligatoire pourentrer dans lE2C). Lautre simpose daccueillirles jeunes dans les 48 heures aprs lorientationpar la mission locale et propose une entre sous15 jours maximum.Dans toutes les coles, la validation du recru-tementse fait au terme dune priode dessai,appele aussi priode dintgration. Dans lescoles visites, la dure de cette priode est de2 7 semaines. Cette priode dessai permet demesurer la motivation du jeune et ltat de sesacquis sur les savoirs de base. Elle permet dob-serverle respect du rglement intrieur de lcole(horaire, assiduit, tenue vestimentaire, ) par lejeune. Un stagiaire rsume ainsi sa priode des-sai: On vient ici et le premier mois cest un moisdessai. On passe des tests pour voir notre niveauscolaire. Et il y a le comportement qui joue. Lecomportement, cest la ponctualit et bien setenir, a veut dire avoir une bonne attitude, suivreen cours. la suite du mois, on a un entretien[avec la directrice] pour savoir si on continue ouEncadr 1Les c oles de la 2e chanc eLe concept dcole de la 2e chance (E2C) est n dune initiative europenne et sinscrit dans le cadre de lEurope de la connaissance . En1995, le livre blanc Enseigner et apprendre. Vers une socit cognitive pose les principes fondateurs du dispositif. Le projet E2C a tprsent comme lun des outils promus par la Commission europenne pour investir dans lintelligence et pour rduire le nombre de jeunes nepoursuivant pas leur terme leurs tudes ou leur formation.Ces coles devaient respecter cinq principes clefs :- un public cible exclusivement compos de jeunes qui ne sont plus, en aucune manire, soumis lobligation scolaire ;- un partenariat actif des collectivits territoriales, des services sociaux, des associations sociales et du secteur priv ;- une approche pdagogique cible sur les besoins, les aspirations et les capacits de lindividu et stimulant un apprentissage actif et construc-tifavec un rle central donn lacquisition de comptences en informatique et dans les autres technologies nouvelles ;- un emploi du temps flexible permettant la combinaison de lapprentissage de qualifications de base (lire, crire, compter, sexprimer) et desmodules de formations pratiques raliss par et dans les entreprises ;- une implantation dans des quartiers dfavoriss o vivent et se rencontrent les jeunes afin de favoriser une stratgie intgre de rnova-tionurbaine qui vise donner la fois de nouvelles perspectives aux jeunes et leur environnement.Cest dans le respect de ces principes que lE2C de Marseille voit le jour en 1997, suivie par sept autres coles jusquen 2004. Ces huit E2Cforment un groupe dcoles pionnires, qui sont encore aujourdhui motrices dans la stratgie et la rflexion sur lavenir des E2C. En 2004, lescoles se fdrent autour du Rseau E2C France. Les coles cres par la suite sont nes du succs des anciennes et des volonts locales. Ellesont consolid le concept du dispositif en bnficiant de lappui des coles pionnires et sont aussi source dinnovations. En 2007, le disposi-tifentre dans le paysage institutionnel avec la loi n 2007-297 du 5 mars 2007 relative la prvention de la dlinquance et linscription dansle code de lducation. Aux termes de larticle L. 214-14 du code de lducation, les coles de la 2e chance proposent une formation despersonnes de seize vingt-cinq ans dpourvues de qualification professionnelle ou de diplme. Chacune dentre elles bnficie dun parcoursde formation personnalis. Ces coles dlivrent une attestation de fin de formation indiquant le niveau de comptence acquis de manire faciliter laccs lemploi ou une certification inscrite au rpertoire national des certifications professionnelles . Le dcret n 2007-1756 du13 dcembre 2007 relatif aux E2C prcise le cadre dapplication du dispositif et cre les articles D214-9 D214-12 du code de lducation. partir de lanne 2009, ltat sengage dans le financement de ces coles dans le cadre du Plan Espoir Banlieues, lanc en 2008, ce qui permetde favoriser lessaimage du dispositif.Pour assurer la qualit du dispositif, le Rseau des E2C met en place en 2009 un processus de labellisation. Le rfrentiel de labellisationprcise les principes et pratiques des E2C en France, sur avis conforme des ministres chargs de lducation et de la formation profession-nelle.Les structures de formation rpondant ces critres se voient dlivres le label cole de la 2e chance pour une dure de quatre ans,renouvelable.En 2012, le budget de fonctionnement de lensemble des E2C slve 65 millions deuros, hors investissement et rmunration des stagiaires(tableau A). lorigine dun tiers des financements, les rgions sont les principaux financeurs des E2C, en tant quacteurs pivots de la forma-tionprofessionnelle. Dautre part, la rgion est lunique organisme qui finance la rmunration des bnficiaires comme stagiaires de la forma-tionprofessionnelle. Ltat et le Fonds social europen (FSE) assurent respectivement 21 % et 20 % du financement des coles. Les colesbnficient aussi dapports de fonds privs via la collecte de la taxe dapprentissage et le mcnat (12 %). Le cofinancement runit en outre lescollectivits territoriales et lAgence nationale pour la cohsion sociale et lgalit des chances (Acs), qui participent respectivement hauteurde 11 % et 3 %. Pour consolider les financements des E2C, confrontes une baisse des crdits du FSE, le dcret n 2009-221 du 24 fvrier2009 permet aux coles de collecter la taxe dapprentissage.Tableau A Financement des coles de la 2e chance en 2012Part du financement(en %)Cot de fonctionnement(en milliers deuros, hors rmunrationdes stagiaires et investissement)Ensemble des E2C (France entire)......................................................... 64 870 100,0Conseil rgional.......................................................................................... 21 662 33,4tat............................................................................................................. 13 545 20,9Fonds social europen (FSE)......................................................................... 12 921 19,9Autre (dont taxe dapprentissage et mcnat)............................................. 7 587 11,7Collectivits territoriales (autres que conseil rgional)................................... 6 952 10,7Acs............................................................................................................ 2 203 3,4Source : Dlgation gnrale lemploi et la formation professionnelle (DGEFP) ; traitements Dares.Cette rpartition moyenne sur lensemble des coles masque des carts importants dans le financement de chaque cole. Ces carts sont lis lidentit de chaque cole et limplication des porteurs de projets initiaux.DARES ANALYSES Septembre 2014 - N 068 5 6. pas. On a aussi notre mot dire. a doit aussi trenotre choix .Dans la majorit des E2C, la priode dessai inclutun stage de dcouverte de lentreprise. Cestun stage court dobservation, o le jeune peutmontrer quil est prt respecter les contraintesinhrentes au monde du travail (tre lheure,tre assidu). Les jeunes les moins motivs aban-donnentpendant ce stage. Dans les coles visi-tes,entre 10 % et 25 % des jeunes narriventpas au terme de leur priode dessai. Labandonest linitiative du jeune dans la grande majoritdes cas. Les dparts peuvent survenir pour desraisons de non motivation, de refus du cadre oude comportements mettant en pril le groupe. Auterme de la priode dessai, un bilan est ralis,qui entrine ou refuse lentre en formationau sein de lE2C. Ce bilan est ralis en entre-tienindividuel ou par une commission o sontprsents plusieurs permanents, voire des conseil-lersde la mission locale. Si la priode dessai estvalide, le jeune signe son contrat dengage-menten formation. Il devient alors stagiaire de laformation professionnelle et reoit ce titre unermunration mensuelle (2), verse par la rgion.Les stagiaires qui nont jamais travaill auparavanttouchent entre 130 euros et 400 euros par mois,en fonction de leur ge. La rmunration slve 650 euros par mois pour les stagiaires ayant djtravaill ou prsentant une situation personnellespcifique (handicap, parent isol).Lindemnisation perue en tant que stagiaire dela formation professionnelle ne semble pas treun motif dattractivit pour les jeunes. Elle appa-ratcependant essentielle pour stabiliser ceuxqui ont charge de famille. Le recours la sanc-tionfinancire immdiate la suite de retards oudabsences non justifis vise responsabiliser lesjeunes et les rendre plus assidus.Un modle de formation structurantpour le jeuneLe cadre dapprentissage propos par les E2C seveut global, pour parvenir un effet structurantpour le jeune. Il intgre la fois une dimensionducative et de formation. Lapproche, la foisprofessionnelle et sociale, est favorise par le faitque le cursus est relativement long. Dans les colestudies, le parcours moyen dure de 6 8 mois, plein temps (35 heures par semaine). Dans deuxterritoires visits, il peut staler jusqu plus de30 mois : dans lun des deux cas, le parcours tho-riqueinsiste sur la formation des jeunes (jusqu24 mois), rsultant de la volont forte de lcolede dvelopper laccs la formation qualifiante ;lautre propose une phase de formation en alter-nancequi peut durer jusqu 24 mois.Le cadre est aussi trs structur, face un publicen manque de repres. Les entres rgulires6 DARES ANALYSES Septembre 2014 - N 068sous la forme de promotions de 12 18 jeunesenviron assurent des taux dencadrement levs(encadr 2). Le parcours cherche offrir aussi dela souplesse, il laisse la place au ttonnement etvalorise les essais. Il peut tre interrompu toutmoment, si le jeune a loccasion de saisir uneopportunit demploi ou de formation.Chaque cole suit son propre modle de parcourstype, avec une succession de plusieurs tapesprogressives. Les objectifs successifs de cesparcours convergent autour de quatre pointscls. En premier lieu, il sagit de stabiliser lesjeunes dans le parcours de formation en tablis-santune relation de confiance. Dans un deuximetemps, lobjectif est de consolider la motivationdu jeune et de linscrire dans une dynamique deprojet professionnel. Troisimement, cest lauto-nomiedu jeune dans son apprentissage au seinde lE2C qui est recherche. Enfin, lultime tapedu parcours est lorientation vers une forma-tionqualifiante, un contrat en alternance ou unemploi. Les coles privilgient les sorties vers laformation qualifiante, dans loptique dassurerune insertion durable des jeunes. Cependant, lesstagiaires aspirent le plus souvent travailler leplus rapidement possible pour gagner leur vie.Une individualisation des parcours,fil conducteur de la pdagogieLindividualisation du parcours est une prioritaffirme par toutes les coles et constitue unfil conducteur de la pdagogie des E2C. Ds ledpart, les coles cherchent tablir une relationde confiance entre le jeune et les permanents delcole. Chaque promotion accueillie est sous laresponsabilit dun formateur rfrent. Celui-cia donc une position privilgie pour porter cetterelation individualise. Une relation de confiancepeut aussi stablir avec un autre permanent,selon les affinits du jeune ou la spcificit dessujets abords. Laccompagnement individua-lisdans la dure se ralise par des temps rgu-liersde bilans et permet aux permanents de bienconnatre les jeunes. Lindividualisation intervientaussi dans les temps collectifs. Une attention indi-viduelleest porte aux jeunes dans le groupe. Lacomposition des groupes nest pas fige et peutvoluer selon le parcours individuel des jeunes.Nanmoins, certains permanents notent lemanque de temps formalis dentretiens indivi-duels.En effet, si les permanents disent veiller se rendre disponibles aux demandes dentretiensindividuels de la part des jeunes, certains craignentde passer ct de jeunes en difficult qui neviendraient pas spontanment les solliciter. Unepermanente expliquait : Tous les jeunes nontpas la mme capacit venir spontanment solli-citerun change. Mme si les temps en groupesont essentiels pour dautres raisons, ces temps(2) Fixe par le dcretn 88-368 du 15 avril1988. 7. en tte tte manquent, surtout que certainsjeunes sont trs diffrents pris en tte tte oudans le groupe . ce titre, la densit de len-cadrementest un facteur essentiel. Une des E2Csouligne ainsi que laccompagnement qualitatif etlindividualisation staient dtriors lorsque leportefeuille tait temporairement pass plus de20 jeunes par rfrent suite un afflux de jeunes.Les jeunes rencontrs rendent compte de laqualit de la relation noue avec les permanents.Ils se sentent soutenus, remis en confiance et nonrenvoys ou laisss seuls face leurs difficults.Ils soulignent aussi lengagement des permanentsvis--vis deux comme un vecteur de dynamisationet de motivation.Un double accompagnement,professionnel et personnelToutes les E2C ont mis en place un ple social pourrpondre au besoin dappui social des jeunes. Ilsagit de trouver des solutions aux problmes lisau logement, la sant, aux gardes denfant, la mobilit et au surendettement. LE2C laborele diagnostic des difficults rencontres et faitensuite largement appel des partenaires spci-fiquespour les traiter. Le premier moment clpour identifier les difficults est celui de lentre-tienindividuel de motivation. Laccompagnementsocial est ensuite pris en compte en continu.Pour lever les freins lis la mobilit, les colesmultiplient les antennes dans les zones rurales.Dans lune des E2C, une convention permet ses stagiaires de louer des mobylettes un tarifprfrentiel. Elle prte galement des vlos auxstagiaires pour se rendre sur leur lieu de stage.Toujours concernant la mobilit, une autre cole afix ses horaires de cours en fonction des horairesde train et a mis en place un systme de navetteentre la gare et ses diffrents sites. En matire desant, une E2C a dvelopp un partenariat avecun centre de soins de mdecins la retraite (soinsgratuits, dlivrance de mdicaments disponiblessans ordonnance, dlivrance de certificats mdi-cauxpour la pratique du sport au sein de lcole).Une autre a instaur une visite mdicale obliga-toirependant la phase dintgration. Face ausurendettement, les coles aident les jeunes dansEncadr 2Une enqute quali tative pour mieux conn atre le fonc tionn ementet les pratiques des c oles de la 2e chanc eAfin de mieux connatre les pratiques mises en oeuvre par les coles de la 2e chance, la Dares a fait raliser des enqutes monographiques au4e trimestre 2012 dans huit coles de la 2e chance. Cette tude qualitative a t ralise par le cabinet dtudes Pluricit.Lobjectif des monographies tait dapporter des lments de diagnostic, danalyse et de prconisation sur les quatre volets suivants :- la trajectoire antrieure des jeunes, leur orientation vers lcole et leur recrutement par celle-ci ;- le fonctionnement des coles : parcours au sein de lcole et organisation de laccompagnement ;- les relations que les E2C entretiennent avec les entreprises et les organisations professionnelles : mode dintermdiation des E2C, rle etattentes des entreprises ;- le suivi des jeunes aprs la sortie de lE2C (droulement du suivi, situation des jeunes).La mthodologie est celle dune enqute de terrain, combinant tude de documents et entretiens semi-directifs auprs des principaux acteursconcerns. Ltude a t ralise sur plusieurs sites de France mtropolitaine, slectionns de manire reprsenter la diversit des situationsdes coles (tableau B). Les critres de slection taient lanciennet, le nombre de sites, le type de territoire dimplantation (urbain, rural), lataille et le statut vis--vis de la labellisation.Tableau B Caractristiques des coles slectionnes pour ltudeAvant 2004OuiAgglomrationAssociationspcifiqueEntre 2 et 4Plus de 500Oui Oui Oui Oui Oui Non OuiAgglomration Rgion Dpartement Agglomration Dpartement Dpartement AgglomrationEntre 2 et 4 Plus de 4 Entre 2 et 4 Entre 2 et 4 Entre 2 et 4 Un seul site Un seul site11 12* 18* 22* 14 14* 4 12Au sein de chaque territoire, les entretiens ont t conduits auprs des principaux acteurs concerns : jeunes en cours de formation ou sortis dudispositif, personnels pdagogiques et administratifs des coles, entreprises partenaires, missions locales, organismes de formation. Au total,153 entretiens ont t raliss auprs de 54 jeunes, 54 professionnels dE2C et 45 partenaires. Les jeunes rencontrs taient tous volontaireset choisis sur proposition des coles elles-mmes. Les quipes de terrain ont rencontr des difficults pour joindre les jeunes qui avaient aban-donnou rompu avec lE2C.Entre 100et 250Plus de 500Entre 250et 500Plus de 500Entre 250et 500Moins de 100Entre 100et 250Organisme deformationOrganisme deformationOrganisme deformationAssociationspcifiqueAssociationspcifiqueAssociationparitaireOrganisme deformationAvant 2004 Avant 2004Entre 2005et 2010Entre 2005et 2010Entre 2005et 2010Aprs 2010Entre 2005Date de cration et 2010Labellise E2C en 2012TerritoireMode de portage initialNombre de sitesNombre de stagiairesen 2012Nombre de jeunespar permanents en 2012(* en 2011)cole A cole B cole C cole D cole E cole F cole G cole HSource : Dares, monographies E2C.DARES ANALYSES Septembre 2014 - N 068 7 8. leurs dmarches avec leur banque (rchelonne-mentde la dette). linverse, la plupart des E2C nont pas de solu-tionde restauration collective le midi alors quela plupart des jeunes accueillis sont sujets lamalnutrition. Une seule des coles rencontresrpond ce besoin travers son restaurant pda-gogique,lcole profitant dune spcialisation surles mtiers de bouche.Une relle stabilisation des jeunes,mais des ruptures prmaturesLa majorit des jeunes rencontrs dclarent uneconfiance et une image de soi restaures. Ilstmoignent dune progression effective dans lap-propriationde leur parcours. La mise en placede bilans ds quune action est termine (3),le recours systmatique lcrit ou la saisieinformatique facilitent cette appropriation. Lesjeunes sont la fois acteurs et relecteurs de leurparcours. Des rites de restitution obligatoires etrguliers sont mis en place : entretien de recru-tement,prsentation dun bilan de parcours.Dans certaines coles, les jeunes disposent dunportefeuille de comptences. Il sagit dun clas-seurqui retrace leur parcours, avec les tapes deleur programme de remise niveau et le bilan desstages raliss. Cependant, ces supports crits nesont pas toujours adapts au public. propos duportefeuille de comptences, un permanent dunecole souligne que les jeunes sont beaucoupdans limmdiatet et ne mesurent pas toujoursson intrt . Des mesures sont tudies pourmieux susciter ladhsion des stagiaires, en fonc-tionde limplication des coles dans le domainede la recherche pdagogique.Ladhsion des jeunes est renforce par le hautniveau de ressources mobilis, sur le plan finan-ciercomme sur les ressources humaines et mat-rielles.Dans les projets les plus avancs, la qualitdes locaux, la communication ambitieuse, le rleimportant jou par limage, et mme le sigle E2Crappellent les codes dune grande cole .Certaines des E2C visites sont implantes dansdes zones urbaines sensibles, des zones indus-triellesou danciens sites industriels rhabili-ts.Cependant, le territoire dimplantation nesemble pas constituer un facteur dterminantsur la qualit des locaux. Cest plus leur caractrevalorisant qui importe. Lide est de marquer unerupture physique (taille), spatiale (implantationexcentre des immeubles du quartier), dimage(architecture, couleurs). Ces critres sont plusen cohrence avec le projet valorisant et inno-vantdune E2C. Sur le terrain, on ressent lim-pactde ces efforts sur les infrastructures : dansdeux coles visites situes la limite dun quar-tierprioritaire de la politique de la ville, les locauxdonnent limage dun campus ou dune ambiance8 DARES ANALYSES Septembre 2014 - N 068dentreprise. Dans deux autres coles, les locauxparaissent peu valorisants, voire inadapts (une deces coles est engage dans un projet de dm-nagement).Cette situation provient dune diver-gencede point de vue entre dcideurs publics etacteurs conomiques sur le dimensionnement delE2C lors de la conception du projet.Cependant, des ruptures en cours de parcoursrestent possibles. Dans les coles visites, entre15 % et 35 % des stagiaires sortent prmatur-mentde leur parcours. Il peut sagir dabandons,de dmissions ou dexclusions. Les priodes dab-sencesont relativement frquentes et suscitentune vigilance particulire de la part des coles. Lescoles visites ragissent rapidement aux situa-tionsdabsentisme, les sanctions sont graduelleset peuvent conduire jusqu lexclusion. En plusde ces sorties prmatures, de 4 % 10 % desjeunes accueillis sortent du dispositif, selon lesE2C, pour des motifs dits non matrisables (maternit, dmnagement, incarcration, mala-die,dcs).Lmergence du projet du jeune,le dfi de lE2CLE2C a pour mission premire de renforcer lamotivation des jeunes pour consolider un ouplusieurs projets professionnels. De nombreuxjeunes arrivent sans projet professionnel dfiniou avec des projets peu ralistes. Lenjeu est deprendre en compte leurs aspirations, leurs capaci-tset leurs comptences, ainsi que les besoins etles exigences du march de lemploi local. Toutesces dimensions ne sont pas compatibles immdia-tement.Le dfi des E2C est donc de co-construireavec le jeune un projet conciliant aspirations,capacits et dbouchs rels. La dmarche estprogressive, de manire faire voluer le projetsans se dcourager.Une des premires tapes est de faire rapidementdcouvrir diffrents mtiers aux stagiaires. Daprsune permanente dune E2C, lide est de fouil-lerdans tous les mtiers, quils aient ou pas leurprojet . Certaines coles ciblent particulirementles mtiers en tensions sur le territoire. Souvent,les jeunes sont incits ne pas se focaliser sur unseul projet, afin de construire des projets profes-sionnels possibles, cest--dire ralistes et rali-sables. Dvelopper plusieurs projets en parallle,par exemple un projet de coeur et un projetde raison permet de ne pas opposer de fin denon-recevoir immdiate certains projets et de nepas apparatre comme des briseurs de rves .(3) Bilan de fin destage, bilan lissuedun enseignement. 9. La remise niveaudans les savoirs de baseLa remise niveau seffectue sur les savoirs debase : lire, crire, compter. Certaines coles dve-loppentaussi des enseignements informatiquesou dune langue trangre. Lenjeu est cemoment-l de franchir les ractions spontanesdaversion pour lcole et dviter labandon. Pourpoursuivre ces objectifs, les coles sefforcentdindividualiser la pdagogie. Les tests de posi-tionnement,effectus pendant la priode dessai,permettent dajuster les objectifs du programmeindividualis de remise niveau. Chez les jeunesrencontrs, ces temps de tests ne sont pas vcuscomme une preuve pour les mettre en difficultou les rabaisser , mais comme un moyen posi-tifde savoir de quoi ils ont besoin et de conso-liderleur motivation sur les formations venir.La progression des squences pdagogiques estaussi individualise. Ainsi, formateurs et stagiairesdisposent dun programme modulable selon leniveau du groupe et des jeunes dont les contenusintgrent et associent savoirs, savoir-faire et savoir-tre,et projets individuels. Pour favoriser lint-rtdes jeunes, les formateurs crent directementdes exercices adapts aux projets professionnelsou aux situations de vie que pourraient rencon-trerles stagiaires. Par exemple, un jeune avec unprojet de peintre devra matriser les calculs daires.Les valuations ont dabord un but de formationet constituent un levier dapprentissage suppl-mentaire.Chaque module fait aussi lobjet dunevaluation pour mesurer les acquis.La pdagogie dveloppe par les coles se veutactive et innovante. Toutefois, des pratiquesscolaires classiques , dconnectes du champprofessionnel ou utilisant des supports pdago-giquesmoins adapts de jeunes adultes existent,tout en restant minoritaires. Dans lune des colesvisites, lobjectif de matrise des savoirs de basesemblait tre dlaiss au profit de lacquisition desavoirs professionnels spcifiques.Les stages en entreprises, une approcheprogressive du monde du travailLe temps pass en entreprise reprsente entre40 et 55 % du parcours en E2C. Comme pourla remise niveau, le parcours en entreprise estprogressif et va de pair avec la construction dunou plusieurs projets professionnels. Les jeunesentrant en E2C nont pas eu de liens avec lemonde du travail ou y ont connu de mauvaisesexpriences. Daprs le rseau E2C France, prsdes deux tiers des jeunes accueillis en 2012 nontaucune exprience professionnelle. Il sagit doncde les familiariser avec le monde de lentre-prise.Un contact rapide avec lentreprise pourrapermettre de rompre avec les reprsentationsngatives de lentreprise souvent rencontres chezles jeunes. Le stage est positionn comme unerampe de lancement professionnel pour acqurirde lexprience et connatre le mtier, son langageet ses codes, pour initier un rseau professionnelet se faire remarquer. Lindividualisation se jouesur le type de stages mobiliss, leur dure et leurnombre, selon les priorits de progression parta-gespar le jeune et son rfrent.Les premiers stages, raliss la plupart du tempspendant la priode dessai, sont rgulirementutiliss comme des stages de savoir-tre en entreprise et visent dcouvrir des mtiers.Ils sont gnralement trouvs par lE2C pourcommencer rapidement lexprience en entre-prise.Un objectif port par lensemble des colesest douvrir le jeune des projets professionnelsdiffrents, notamment sur des secteurs dactiviten recrutement ou des mtiers en tension sur leterritoire. Cest une priode intense, avec beau-coupde mises en situation en entreprise ( Depuis5 mois, jai fait 5 stages ! ). Plus le parcours dujeune avance au sein de lE2C, plus les stagescontribuent construire ou confirmer son projetprofessionnel. Progressivement, le stagiaire estinvit faire lui-mme ses recherches de stage.Le cas chant, il peut bnficier de supportsmis disposition par lcole, de lappui du pleentreprise de lcole et de sa renomme. Unjeune de lE2C voque ses recherches de stages : On a nos feuilles de dmarches. On doit allervoir les entreprises. Les premires fois cest diffi-cile,aprs on shabitue et on fait comme si derien ntait daller voir des entreprises ! . Deschances pour trouver les stages peuvent trefixes pour mettre volontairement la pression surles stagiaires. Par ailleurs, les stages trouvs par lesjeunes permettent de consolider le rseau den-treprisespartenaires, en complment ou la placedune prospection plus directe.Pour dvelopper leur autonomie, les jeunesapprennent progressivement des mthodes derecherche demploi. Certaines E2C proposent desateliers de rdaction de CV et de lettres de moti-vation,dautres organisent des simulations den-tretiendembauche, parfois en prsence de chefsdentreprise volontaires. Des fiches mtiers sont utilises pour que les stagiaires dcouvrentplus prcisment un mtier, et le travail peut allerjusqu lappropriation du vocabulaire propre chaque mtier.Les stages donnent lieu un suivi en interne pardes chargs de relations ou de mission entreprisesde lE2C et en externe par un tuteur de lentre-prise.De manire gnrale, les coles ne posentpas dexigences particulires sur la mise en oeuvredu tutorat. En pratique, il sagit dun tutorat deterrain , technique, confi un salari qui peutsuivre le stagiaire au quotidien. Pour le suivi eninterne, les permanents de lE2C essaient denouer des relations de qualit avec les reprsen-tantsdes entreprises travers trois moments dansDARES ANALYSES Septembre 2014 - N 068 9 10. le stage. En dbut de stage, le charg de missionentreprise peut tre amen prsenter directe-mentle jeune lentreprise. Sinon, il peut sentre-tenirpar tlphone avec le tuteur et sassurer dela prsence du stagiaire. De la mme manire, unsuivi intermdiaire peut tre effectu soit par tl-phone,soit par un entretien sur le lieu de stage. la fin du stage, un bilan est ralis pour valuerla satisfaction du jeune suite ce temps dimmer-sion.Pour les coles ralisant un suivi distance,celui-ci est prsent comme un moyen de dve-lopperlautonomie du jeune dans sa relationavec lentreprise. En filigrane, apparat le manquede disponibilit des permanents pour assurer lesuivi in situ de lensemble des stages. En cas dedifficult dans les relations entre le jeune et sonemployeur, les employeurs interrogs apprcientquand le charg de mission entreprises assure lamdiation.Les activits socioculturelleset sportives, pas suffisammentintgres dans le parcoursLe troisime volet de laccompagnement ralisen E2C concerne louverture lenvironnementextrieur et la connaissance de soi. Lintention descoles est de rduire lcart culturel et social entreles jeunes stagiaires et les acteurs conomiquesou leurs futurs collgues. En plus dune connais-sancelimite du monde professionnel et dunfaible niveau de formation, des facteurs socio-culturelsrisquent en effet de limiter la capacitdes jeunes une insertion socioprofessionnelledurable. Les obstacles les plus souvent voqussont des relations sociales pauvres, une connais-sancelimite de soi-mme et une perceptionrduite de lenvironnement proche et plus loin-tain.Ces obstacles limitent la capacit des jeunes rechercher un emploi (moins de rseau) et sintgrer dans une quipe de travail.Les coles proposent donc des activits sociocul-turelleset sportives trs diversifies, obligatoiresou optionnelles. Lune dentre elles distingueainsi quatre axes dintervention : dcouverte dumonde, mobilit, dcouverte des mtiers et undernier axe regroupant hygine, sport et sant.Plus prcisment, on retrouve par exemple dansces activits des visites groupes en entreprise ouen centre de formation, la pratique rgulire dunsport collectif, des visites culturelles (muse, visitedune ville, court sjour ltranger) ou des activi-tsautour de la citoyennet. Quand ces activitssont bien articules avec les autres volets de lac-compagnement,avec des objectifs communs etune pdagogie cohrente, la valeur ajoute pourlinsertion des jeunes semble relle.La perception des jeunes lgard de ces acti-vitsoppose deux aspects. Certains expri-mentleur enthousiasme de dcouvrir des10 DARES ANALYSES Septembre 2014 - N 068activits nouvelles : a nous montre des chosesauxquelles on pensait mme ne pas avoir accs.a nous montre tout ce quon est capable de faireaussi. . Dautres font part de leur scepticisme surle lien entre ces activits et la recherche dinser-tionprofessionnelle : Au dbut, je me suis dit,houla ! Moi je veux de la remise niveau, pas allerme promener, je me demande ce que a apportequoi ! .De fait, la structuration et les ambitions de ce voletdactions socioculturelles varient fortement duneE2C lautre. Souvent, ces activits dpendentdes opportunits locales (prsence dun gymnase proximit) ou sont lis aux caractristiques despermanents de lE2C (leurs propres centres din-trts,leur rseau). Par ailleurs, elles manquentgnralement dune inscription plus large et plussystmatique dans les rseaux culturels ou sportifslocaux. La diversit des pratiques sexplique aussipar labsence de principes communs : les activitssocioculturelles ne sont pas prcisment dfiniesdans le rfrentiel de labellisation des E2C.Des permanentsavec des profils diversifis chacun des trois volets de laccompagnementcorrespond un profil de permanents dE2C. Ondistingue les formateurs de remise niveau (ouformateurs rfrents), les chargs de relationentreprises et les animateurs de la vie socialeet collective. Souvent, les formateurs rfrentsjouent aussi le rle danimateurs de la vie socialeet collective. Les permanents rencontrs ont djeu la plupart du temps une exprience profession-nelleantrieure, principalement dans lenseigne-mentou la formation professionnelle, le travailsocial ou lanimation, ou en entreprise dans lecommerce ou le marketing. On trouve aussi dessalaris ayant eu des parcours atypiques, ouvertssur linterculturel, la recherche pdagogique ou lacommunication, avec notamment des expriences ltranger.Le rfrentiel de labellisation attache une atten-tionparticulire la qualit du personnel desE2C. Ainsi, la majorit des salaris dispose dundiplme de bac+4 ou 5 et la quasi-totalit sont encontrat dure indtermine.Un ancrage territorial fortLa proximit des E2C avec leur territoire dimplan-tationest un autre axe fort qui ressort de ltude.Toutes les coles partagent cet objectif de bn-ficierdun ancrage territorial fort. La dimen-sionterritoriale est inhrente au projet, puisquela cration dune E2C est le rsultat dun appeldoffre de la rgion, qui est lautorit comptentesur la formation professionnelle. Une cole peut 11. tre rayonnement rgional, dpartemental ouse concentrer sur une seule ville.Chaque E2C se construit comme une rponseaux besoins des acteurs conomiques du terri-toire.Daprs un prsident dune E2C, lanalysedu territoire fait partie de lADN des coles.Ds ltude de faisabilit pour la cration dunenouvelle cole, le projet est pens pour treinsr dans le tissu local avec une analyse des vides en termes de formation et un diagnos-ticdu march du travail local. Certaines coles sepositionnent en partie sur des mtiers en tension.Par exemple, une cole visite a mis en place un plateau technique restauration en rponseaux besoins du secteur de lhtellerie-restaura-tion.Une autre cole a dvelopp un partenariatavec des acteurs du secteur de la mtallurgie, unsecteur en tension dont limplantation est histo-riquesur le territoire. Le diagnostic est ensuite mis jour en continu grce la proximit des colesavec le tissu conomique local.Lors de leur cration, la moiti des coles visi-tesont, ds le dbut t portes par des asso-ciationscres spcifiquement pour le projet. Lesquatre autres coles visites ont t construites partir de structures prexistantes, des organismesde formation ou des associations dinsertion. Auterme des interrogations ralises, il semble quele portage juridique initial ne constitue pas unfacteur primordial dans la russite du projet.Il apparat que les E2C les plus rcentes doiventcontinuer sapproprier les mthodes, outils etsupports pdagogiques crs par les E2C plusanciennes. Une meilleure coopration entre lescoles permettrait aux nouvelles coles de bnfi-cierde lexprience des coles existantes.Une place cruciale des acteursconomiques locauxLes relations avec le monde conomique secrent et se consolident de trois faons : traversla prsence dacteurs conomiques dans lesinstances de gouvernance de lE2C, les liens deschargs de relation entreprise avec les partenairesconomiques de lcole et les retours des stageset travaux raliss par les jeunes.Sept des huit coles visites ont des liens troitsavec les branches professionnelles prsentes surle territoire et avec les chambres consulaires,particulirement les chambres de commerce etdindustrie (CCI). Souvent, ces dernires sontprsentes dans les instances de gouvernance descoles, avec un haut niveau de reprsentation :dans certaines coles, le prsident de lE2C estaussi prsident de la CCI. Les CCI peuvent notam-mentmettre des locaux disposition de lE2C. Enoutre, les liens avec la CCI permettent de faciliterla prise de contact avec les entreprises, en jouantsur sa notorit et son rseau. Enfin, la prsencedes acteurs relais du monde conomique dans lagouvernance diffuse une forte culture dentrepriseau sein de lE2C, avec un impact sur la gestion(tableaux de bord, objectifs de rsultats) et surles pratiques pdagogiques (mise en place dunpointage des stagiaires). Quand cette exigencede rsultats est trop pousse, il peut y avoir unimpact ngatif sur la slection des entrants, laqualit des pratiques pdagogiques ou la fiabilitdu mode de calcul des taux de sortie.Les E2C manant de structures dinsertion socialeprexistantes semblent rencontrer plus de diffi-cultspour tablir une telle dynamique avec lesentreprises. Il semble donc important de veiller impliquer les entreprises et rseaux de profession-nelsds le projet de conception de lE2C.Des entreprises volontaires,attires par la prslectionde jeunes motivsLes entreprises partenaires des coles sont toutesvolontaires. Selon les E2C, les entreprises sontrassures par le srieux et la reconnaissance offi-cielledes coles. Les partenaires voient dans lE2Cune autre entreprise, avec des processus simi-laires, les structures sociales quelles ont puconnatre par ailleurs ne fonctionnent pas commea du tout ajoute un permanent dune E2C.Les entreprises rencontres reconnaissent unetrs bonne expertise mtier et un profession-nalismedes permanents. Elles valorisent aussi larelation personnalise noue avec le charg derelation entreprise : avoir un seul et mme inter-locuteurest un vrai plus . Le suivi des jeunesen stage est aussi apprci, toutefois certainesentreprises aimeraient tre mieux informes dessuites des stages raliss. Pour laccueil de jeunesen stage, elles font confiance la slection surla motivation exige pour lentre en E2C, untri est fait au dpart. Ce ne sont pas des jeunesqui dbarquent comme a . LE2C est aussi unmoyen de faciliter les recrutements, pour embau-cher la suite dun stage par exemple. Les entre-prisesqui cherchent recruter y voient un moyenintressant pour trouver un personnel nonqualifi mais sans problmes comportemen-taux. Un reprsentant dune grande entrepriseinterrog considre lE2C comme un expert quali-fi,pour laider gagner du temps et diversi-fierson recrutement : On est noy sous les CV.a permet dhumaniser et de prslectionner. apermet de recruter des profils que je naurais pasreus sinon . Pour les grandes entreprises, lepartenariat se concrtise souvent dans le cadredaccords nationaux sur la responsabilit socialede lentreprise (RSE).En plus de laccueil de jeunes en stages, les parte-nairesconomiques peuvent tre sollicits sousDARES ANALYSES Septembre 2014 - N 068 11 12. dautres formes, plus adaptes leur profil.Certaines entreprises militantes souhaitentsimpliquer aux cts de lE2C mais ne peuventpas toujours accueillir de stagiaires. Il sagit leplus souvent de structures de linsertion par lac-tivitconomique, de plateaux techniques dor-ganismesde formation ou dentreprises plusclassiques qui souhaitent sengager dans linser-tionprofessionnelle des jeunes. Les chargs derelations entreprises leur proposent divers modesdintervention pour concrtiser leur mobilisation :prsentation aux jeunes de leur activit et de leurenvironnement professionnel (au cours dunevisite sur site ou au sein de lE2C), participation des jurys de slection lentre, des speed-dating(4), ou une plus simple sollicitation traversdes enqutes mtiers ralises par les jeunes partlphone. Les entreprises peuvent aussi soute-nirfinancirement lE2C travers le mcnatou la taxe dapprentissage, que les coles label-lisessont habilites collecter depuis le dcretdu 24 fvrier 2009. Parmi les huit E2C visites, lamoiti reoivent un financement priv allant de4 % 40 % de leur budget total de fonctionne-ment(hors rmunration des stagiaires et inves-tissement).Les quatre coles de lchantillon nebnficiant pas de ressources prives sont portespar des structures prexistantes (organismes deformation ou associations dinsertion) ou alorstrop rcentes pour avoir dvelopp une stratgiede financement priv.Un positionnement complmentaire loffre de service du territoireLe contour des E2C sadapte leur territoire dim-plantation.Selon les stratgies rgionales, lescaractristiques des publics peuvent tre modi-fies.Ainsi, certaines coles accueillent desmineurs, dautres souvrent aux 26-30 ans. Ceschoix traduisent la fois une volont stratgiquelocale des dcideurs publics et un besoin propreau territoire. Laccueil de mineurs est souvent subipar les coles car il impacte fortement les rsultatssur les sorties vers lemploi, ncessite des adap-tationspdagogiques et implique de nouer desrelations avec les parents des jeunes. Une coleaccueillant des mineurs mne par exemple untravail plus approfondi pour proposer des sortiesvers lapprentissage. Un permanent rencon-trestime que le dispositif nest pas adapt auxmineurs et poursuit : Les mineurs, cest plusdifficile. Ce sont encore des ados. Il faut tre plusvigilant sur le respect des horaires, ils ont plus deproblmes de comportement. Le lien est plus fortavec la famille, quon est amen contacter plusieurs reprises .Parmi les sites visits, une cole prend en comptele problme de lillettrisme, une autre expri-mentelaccueil de jeunes atteints de dficiencesmentales. Une cole interroge participe la plateforme dcrocheurs sur le territoire.12 DARES ANALYSES Septembre 2014 - N 068Une attestation de fin de formationnon reconnue officiellementEn fin de formation, le stagiaire reoit une attes-tationde comptences acquises (Aca). Ce docu-mentsynthtise le nombre dheures de formationeffectues, les savoirs de base acquis et lescomptences professionnelles valides en entre-prise.Les personnels des E2C rencontrs ontexprim des avis mitigs sur lintrt de lAca.En labsence de reconnaissance officielle, lat-testationne peut pas tre valorise auprs desemployeurs. Par ailleurs, elle nest pas ncessairepour les entreprises dj partenaires de lE2C. Enoutre, parce quils la reoivent parfois plusieurssemaines aprs leur sortie, et par courrier,certaines jeunes lui accordent peu dimportance.Nanmoins, des coles saisissent lopportunitde promouvoir le jeune en organisant une cr-moniede remise de lattestation en prsence desentreprises daccueil.En dehors de lAca, deux des coles tudiesdlivrent des attestations de comptences oudiplmes reconnus par lducation nationale.Lune est habilite faire passer le Brevet infor-matiqueet internet (B2I) et les premiers niveauxdu diplme dtudes en langue franaise optionprofessionnelle (Delf). Lautre permet auxstagiaires dobtenir une attestation de comp-tencesur les gestes professionnels du ou desmtiers acquis, dlivre par le Rectorat dans lecadre du dispositif acadmique de validation desacquis (Dava).Laprs E2C, un suivi consoliderLa plupart des coles considrent que le jeune est sorti la fin de son parcours dans lE2C, cest--dire au bout de 6 8 mois aprs son entre.La sortie du jeune peut tre avance sil accde un contrat de travail dun mois ou plus ou une formation qualifiante. Ceux qui nont pastrouv demploi ou de formation au terme duparcours dans lcole sont orients vers la missionlocale. Selon la situation du jeune, il est possiblede prolonger laccompagnement au-del du dlaihabituel, sous rserve dune drogation de largion.Aprs la sortie du parcours au sein de lE2C, lerfrentiel de labellisation prvoit un suivi dujeune pendant un an. Les modalits prcises dece suivi ne sont pas clairement dfinies, et celui-ciest ralis de faon ingale dans les colesvisites.Le rfrentiel de labellisation prvoit un suivi desjeunes jusqu 12 mois aprs leur sortie de leurparcours dans lE2C. Sur le terrain, ce suivi estencore une pratique trs htrogne et encoreinsuffisamment travaill par les coles. Or, auregard des entretiens raliss (5), il semblerait(4) Le speed-datingpermet de faire serencontrer dans lecadre de salons ouforums sur lemploi,des entreprises et descandidats pour desentrevues de quelquesminutes.(5) Entretiens auprsdes jeunes sortismais dont un certainnombre a t difficile joindre. 13. quil y ait un taux dabandon significatif desjeunes dans les phases demploi ou de formationqualifiante qui suivent le parcours dans lE2C. Lesuivi mis en place par les coles apparat insuf-fisantau regard des difficults dintgration desjeunes dans leur nouveau milieu professionnel,que ce soit une entreprise ou un organisme deformation. Une dirigeante dentreprise regrettele manque de suivi pendant le contrat de 6 moisquelle avait sign avec une stagiaire de lE2C : Jaurais souhait quils suivent plus ce contrat etcette jeune fille, qui tait gentille mais pas dans laralit des choses .Deux modes de suivi sont pratiqus par les coles :un suivi dominante administrative et un suivi dominante accompagnement. Le suivi adminis-tratifest un processus systmatique et formalisvisant rendre compte de la situation du jeune des chances fixes aprs sa sortie. Les rgles deralisation sont fixes par le rseau E2C, en vuedlaborer des rsultats sur les sorties lchelonnational. Malgr ces rgles, le suivi est ralis defaon trs htrogne par les coles et ne permetpas de fournir des rsultats robustes sur leurdevenir. Il se fait gnralement par tlphone etse heurte aux changements de numros de tl-phonedes jeunes. Le mode de calcul des sortiesvarie dune E2C lautre, notamment pour dter-minerce quest une sortie positive . Un contratde travail de quinze jours suffira dans une E2C,dun mois pour une autre et de trois mois pourune troisime. De leur ct, ceux qui financent lescoles calculent habituellement des taux de sortie six mois. De mme, le recensement de la situa-tiondu jeune peut se situer des horizons diff-rents: au moment de sa sortie de lE2C, en findanne civile, puis 3, 6, 9 et 12 mois aprs sasortie. Lhomognisation des pratiques de suiviest un axe de progrs sur lequel travaille le RseauE2C.Lautre mode de suivi repr est un suivi plusqualitatif, dominante daccompagnement. Ilsagit de prvenir les ruptures quand le jeune esten emploi ou en formation ou alors de continuer encourager les jeunes quand ils rencontrentdes problmes dinsertion. Un jeune homme enemploi a fait appel la mdiation de lE2C aprssa sortie : Je leur ai dit que ctait pas top unmoment Et ils sont venus sur place. Ils ont faitune rencontre trois, a a calm les choses . Delavis de plusieurs responsables dE2C, cest pluttun axe de progrs dvelopper. Il est peu prati-quactuellement du fait dun manque de moyensddis. Ce suivi est mobilis la demande dujeune, de lentreprise ou de lorganisme de forma-tion.Les liens troits tablis entre le jeune et unpermanent jouent un rle primordial. Parfois, lejeune peut refuser un suivi par lE2C, sil sestimesuffisamment autonome. Dans lune des coles,le suivi systmatique est quasi impos auxjeunes sans solutions, dans un souci de respecterles exigences du label, ce qui nest pas toujoursbien peru par les jeunes.Enfin, le suivi en emploi ou en formation, a aussiune autre finalit : nourrir et consolider la relationavec les entreprises ou les organismes de forma-tionconcerns. Ces derniers apprcient tout parti-culirementla continuit du lien avec lcole, unefois le jeune sorti de lE2C.Pour en savoir plusWali Rostam (Dares)(1995), Enseigner et apprendre. Vers une socit cognitive , Livre blanc sur lducation et la formation, Commission europenne.Pluricit (2012), Analyse transversale des monographies des coles de la 2e chance Rseau E2C, Cahier des charges pour labelliser une cole de la 2e chance.Rseau E2C (2013), 2012 & perspectives , Rseau E2C France, avril.Rseau E2C (2014), Lactivit en 2013 , Rseau E2C France, avril.DARES ANALYSES Septembre 2014 - N 068 13DARES ANALYSES et DARES INDICATEURS sont dits par le ministre du travail, de lemploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.Direction de lanimation de la recherche, des tudes et des statistiques (Dares), 39-43, quai Andr Citron, 75902 Paris cedex 15.www.travail-emploi.gouv.fr (Rubrique tudes, Recherches, Statistiques de la Dares)Directrice de la publication : Franoise Bouygard.Rdactrice en chef : Marie Ruault. Secrtariat de rdaction : Marie Avenel, Evelyn Ferreira - Maquettistes : Guy Barbut, Thierry Duret, Bruno Pezzali.Conception graphique et impression : ministre du travail, de lemploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.Rponse la demande : [email protected] aux avis de parution de la Dares(http://travail-emploi.gouv.fr/etudes-recherches-statistiques-de,76/avis-de-parution,2063/bulletin,2064/abonnement,13777.html)Dpt lgal : parution. Numro de commission paritaire : 3124 AD. ISSN 2109 - 4128 et ISSN 2267 - 4756.