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Le Mouvement syndical international Guide du syndicaliste actif Il y a un siècle on aurait pu passer toute sa vie active sans se préoccuper de ce qui arrivait dans les autres pays, ce n’est plus vrai car, les économies nationales sont de plus en plus interconnectées. Des organismes internationaux qui n’existaient même pas il a dix ans, prennent des décisions qui ont un impact sur les travailleurs partout dans le monde. Les systèmes de communication permettent à des personnes habitant aux antipodes de communiquer aussi facilement que si elles habitaient deux villages voisins. Les marchandises sont expédiées d’un point à un autre puis à un autre encore, plus vite que jamais. Pendant ce temps des trillions (à savoir des milliards de milliards) de dollars voyagent quotidiennement d’un marché financier à l’autre autour du monde et à des vitesses toujours plus grandes. Tout le monde, du « technicien » aux États-Unis au fermier du Zimbabwe, est concerné. Dans la dernière partie du XIXe siècle les travailleurs décidèrent qu’ils avaient besoin de se protéger des effets de l’industrialisation. Ils savaient qu’en attendant que les gouvernements et employeurs adoptent des lois sur la santé et la sécurité, une réglementation sur le salaire minimum et d’autres protections, ils attendraient … pour toujours. Ils ont donc créé les syndicats. Ces syndicats, pour la plupart des syndicats nationaux, ont lutté pour des droits de négociation collective et ont fait

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Le Mouvement syndical international

Guide du syndicaliste actif

Il y a un siècle on aurait pu passer toute sa vie active sans se préoccuper de ce qui arrivait dans les autres pays, ce n’est plus vrai car, les économies nationales sont de plus en plus interconnectées. Des organismes internationaux qui n’existaient même pas il a dix ans, prennent des décisions qui ont un impact sur les travailleurs partout dans le monde. Les systèmes de communication permettent à des personnes habitant aux antipodes de communiquer aussi facilement que si elles habitaient deux villages voisins. Les marchandises sont expédiées d’un point à un autre puis à un autre encore, plus vite que jamais. Pendant ce temps des trillions (à savoir des milliards de milliards) de dollars voyagent quotidiennement d’un marché financier à l’autre autour du monde et à des vitesses toujours plus grandes. Tout le monde, du « technicien » aux États-Unis au fermier du Zimbabwe, est concerné.

Dans la dernière partie du XIXe siècle les travailleurs décidèrent qu’ils avaient besoin de se protéger des effets de l’industrialisation. Ils savaient qu’en attendant que les gouvernements et employeurs adoptent des lois sur la santé et la sécurité, une réglementation sur le salaire minimum et d’autres protections, ils attendraient … pour toujours. Ils ont donc créé les syndicats. Ces syndicats, pour la plupart des syndicats nationaux, ont lutté pour des droits de négociation collective et ont fait pression pour obtenir de nouvelles législations et de nouvelles formes de représentation politique. Tout en étant attaqués pour être des organisations avides, inutiles et servant leurs propres intérêts.

Il arrive la même chose aujourd’hui, sauf qu’aujourd’hui la question essentielle n’est pas l’industrialisation, mais la mondialisation. Les travailleurs luttent pour comprendre les nouveaux phénomènes les affectant et savoir (comment) y réagir.Par l’intermédiaire de leurs syndicats et fédérations nationales et ils construisent de nouvelles organisations mondiales (ou en revitalisent d’anciennes), en se battant pour les droits internationaux du travail et en exigeant de nouvelles formes de représentation politique qui soient plus appropriées au XXIe siècle qu’au XIXe siècle. Tout cela en étant attaqués pour être des organisations avides, inutiles et servant leurs propres intérêts. Cela vous rappelle quelque chose ?Malheureusement toutefois, une grande partie de la discussion concernant le mode de réaction des travailleurs à la mondialisation ne dit rien à nombre de syndicalistes. Lisez cette phrase : Qu’est-ce que l’OMC et pourquoi la CISL travaille-t-elle avec les FSI pour négocier des accords-cadres avec les EMN tout en étant concernée par les ZFE et les DSRP ?

Si vous avez compris cette phrase alors cet article pourrait ne pas vous être destiné. Il s’adresse à des syndicalistes actifs qui recherchent un guide concis sur le

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mouvement syndical international. Il va de soi qu’un article de cette taille ne peut couvrir tout le sujet, il peut cependant l’introduire.

***

Tout commence là où les problèmes du travail les plus graves éclatent toujours : sur le lieu de travail. L’employeur vient d’exiger une réduction des salaires car les produits de la société sont produits à meilleur marché par une autre compagnie à des milliers de kilomètre. Ou bien une agricultrice s’entend dire que sa production est refusée car elle en veut trop (bien qu’elle essaie de la vendre à perte, simplement pour obtenir de l’argent pour les médicaments de ses enfants). Ou bien encore un travailleur meurt à cause de l’utilisation par l’usine de produits chimiques mortels.

Naturellement, l’employeur ne dit pas que les travailleurs de cette usine éloignée ne gagnent que quelques dollars par jour. L’agricultrice n’est pas non plus informée que la raison pour laquelle sa production est jugée trop chère, est que les pays riches subventionnent leurs entreprises agricoles avec des milliards de dollars. Le travailleur décédé n’avait jamais été informé, que la raison pour laquelle la compagnie avait été délocalisée dans son pays, était que cela lui permettait de faire usage de produits chimiques interdits dans les pays développés.

Aucun de ces problèmes – et bien d’autres similaires- ne peut être envisagé au seul plan national. Ils doivent être abordés au plan mondial par des organisations luttant en faveur des droits fondamentaux du travail pour tous les travailleurs et par des nouvelles formes de représentation politique internationale.

Syndicats et fédérations nationales

Le fondement du mouvement syndical est le syndicat local ou section locale. Les membres de la section locale peuvent aller eux-mêmes à la table des négociations, cependant ils ont le plus souvent recours à l’aide du syndicat national auquel ils adhèrent. Ce dernier peut fournir un appui sous forme d’assistance par des négociateurs syndicaux qualifiés, de recherche ou d’une couverture par des accords négociés par secteur (l’ensemble des travailleurs du textile par exemple) ou par employeurs (toutes les filiales d’une compagnie spécifique). La section locale contribue au contrôle du syndicat national en envoyant des délégués à ses conventions et en votant avec les autres sections locales pour ses administrateurs et ses politiques.

Les syndicats nationaux ont le même type de problèmes que les syndicats locaux en ce qu’ils peuvent avoir besoin d’effectuer des recherches pour faire face à une question ou à un employeur particulier. Ils peuvent également avoir besoin d’aide pour négocier des accords avec des employeurs multiples à l’échelon national, afin que différents groupes de travailleurs ne soient pas montés les uns contre les autres. Ils pourraient encore souhaiter collaborer avec d’autres syndicats nationaux à la confrontation de certaines questions. C’est pourquoi ils s’affilient à des centrales nationales qui sont des organisations de syndicats nationaux travaillant ensemble, ces

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derniers contrôlent ces fédérations en envoyant des représentants aux conventions qui décident des politiques et élisent les administrateurs.

On n’en reste toutefois pas là, en effet la mondialisation conduit de plus en plus les syndicats et les centrales nationales à traiter de problèmes internationaux, c’est pourquoi elles s’adressent aux organisations internationales du travail. Ce faisant les centrales nationales s’affilient aux confédérations internationales, tandis que les syndicats nationaux s’affilient directement aux fédérations syndicales internationales actives dans des secteurs particuliers de l’emploi, comme la chimie, l’agriculture, la métallurgie, l’industrie ou les services publics. La section suivante traite des confédérations internationales, tandis que celle d’après examine les fédérations syndicales internationales.

Les Confédérations internationales

C’est une histoire longue et compliquée dont voici une tentative de résumé : en 1920 en Europe (essentiellement) des syndicats à orientation chrétienne fondèrent la Fédération des syndicats chrétiens. En 1945 un plus grand nombre de syndicats du monde entier fondèrent la Fédération syndicale mondiale (FSM), laquelle se divisa rapidement, du fait des tensions dues à la guerre froide, en syndicats des pays alignés sur l’Union soviétique et ceux du reste du monde. L’année 1949 vit la fondation d’une nouvelle centrale nommée Confédération internationale des syndicats libres (CISL), composée de syndicats hors de la sphère d’influence de l’Union soviétique, d’où le nom de syndicats libres.

Au cours des années 1950, les trois centrales, malgré leurs mauvaises relations, se sont efforcées d’organiser les travailleurs dans les syndicats. La Fédération internationale des Syndicats Chrétiens a commencé rapidement à perdre du terrain en Europe, son lieu naissance et à concentrer ses efforts d’organisation dans les pays du Tiers Monde, en 1968 elle changeait son nom en Confédération mondiale du travail (CMT).

La FSM et la CISL devaient ensuite se transformer en profondeur après le début de l’effondrement de l’Union soviétique en 1989. La première qui avait été principalement active dans les pays alignés sur l’Union soviétique, a commencé à perdre énormément d’adhérents, tandis que la seconde gagnait progressivement un certain nombre de syndicats préexistants ou nouvellement créés. En novembre 2000 la CISL affilie par exemple les trois centrales syndicales nationales de Russie à savoir  la Fédération des syndicats indépendants de Russie (FNPR), la Confédération panrusse du Travail (VKT) et la Confédération du Travail de Russie (KTR). Puis, au cours des années 1990 la CISL affilie également nombre de syndicats d’Afrique, laquelle connaît une démocratisation accrue après la période de mouvements d’indépendance nationale ainsi que la fin de la guerre froide.

Aujourd’hui la CISL est de loin la plus grande et la plus influente fédération internationale du travail avec 158 millions d’adhérents dans le monde, tandis que la CMT est essentiellement active en Amérique latine avec quelques concentrations d’adhérents en Asie et en Afrique et que la FSM survit malgré d’importantes pertes d’adhérents, dont

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les chiffres actuels sont difficilement accessibles.

La Confédération internationale des syndicats libre - CISL

La CISL est une organisation comprenant la plupart des grandes fédérations nationales de syndicats du monde, elle compte 231 organisations affiliées dans 150 pays et territoires sur les cinq continents, le nombre total des adhérents aux organisations affiliées étant de 158 millions de travailleurs et travailleuses.

Le siège de la CISL est à Bruxelles, elle a par ailleurs des bureaux à Genève ; Moscou, New York, Washington, Vienne, Sarajevo, Zagreb, Vilnius, Hong- Kong, Rome et en Jordanie. Au siège de Bruxelles on compte les départements de l’emploi et des normes internationales du travail, de l’égalité, des multinationales, de l’organisation et du recrutement, des droits syndicaux et des campagnes, et des communications, à cela s’ajoutent les comités ou unités sur des thèmes comme l’éducation.

Le président de la CISL est élu par les représentants des fédérations nationales affiliées réunis en congrès de l’organisation, le Secrétaire général est nommé par le Conseil exécutif, il est responsable des affaires courantes de l’organisation ; le Conseil exécutif désigne également parmi les fédérations affiliées, deux secrétaires généraux adjoints.

Le Conseil exécutif comprend 100 représentants des fédérations affiliées, désignés aux congrès de l’organisation, il se réunit une fois par an. Le Comité exécutif du Conseil, appelé le Comité de pilotage qui comprend 20 membres, a pour responsabilité de diriger l’organisation entre les réunions du Comité exécutif et du Congrès.

Tous les quatre ans la CISL tient son Congrès réunissant l’ensemble des représentants de ses organisations affiliées. Le nombre de représentants est déterminé proportionnellement au nombre d’adhérents aux organisations affiliées, les grandes fédérations ont donc plus de représentants que les petites. Les fédérations nationales ont leurs propres modes de désignation des délégués qu’elles envoient aux Congrès. Le dernier Congrès de la CISL s’est tenu à Durban en Afrique du Sud en 2000, tandis que le prochain se tiendra au Japon en décembre 2004.

Tous les quatre ans la CISL organise une Conférence mondiale des femmes entre chaque congrès, la dernière édition s’est tenue en Australie en 2002.

La CISL organise et dirige des campagnes sur des thèmes tels que :

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· respect et défense des droits syndicaux et des travailleurs,

· éradication du travail forcé et du travail des enfants,

· promotion de l’égalité des droits des travailleuses,

· environnement,

· programmes d’enseignement destinés aux syndicalistes dans le monde entier,

· encourager l’organisation des jeunes travailleurs.

Lors de son 16ème Congrès mondial à Bruxelles en 1996, la CISL à fixé cinq priorités  d’action :

· emploi et normes internationales du travail,

· faire face aux multinationales,

· droits syndicaux

· égalité, femmes, race et migrants,

· organisation et recrutement syndical

Les organisations régionales de la CISL

La CISL possède trois organisations régionales principales, l’AFRO pour l’Afrique, l’APRO pour l’Asie et le Pacifique et l’ORIT pour l’Amérique du Nord et du Sud. Chaque organisation régionale jouit d’une indépendance considérable dans la conduite de ses affaires.

AFROL’Organisation régionale africaine de la CISL (AFRO) compte 13 millions

d’adhérents et 53 organisations affiliées dans 44 pays. Pendant les années 1990, le nombre d’adhérents a augmenté de façon spectaculaire, il a doublé entre 1993 et 1996 en passant de trois à six millions, puis il a plus que doublé entre 1996 et 2000. Cette augmentation fulgurante était en grande partie due à deux facteurs : la fin de la guerre froide qui a décidé nombre de syndicats à adhérer à la CISL et le pluralisme démocratique croissant du continent lié à la maturation des mouvements d’indépendance nationale.

Le Conseil exécutif de l’AFRO est élu par les représentants des organisations affiliées, le Comité exécutif qui est composé de membres du Conseil, du

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Président, du Secrétaire général et de membres africains du Conseil exécutif de la CISL, dirige l’organisation entre les Congrès. Le Secrétaire général a pour responsabilité d’assurer la gestion des affaires courantes de l’organisation.

La direction de la CISL-AFRO est à Nairobi au Kenya, elle comprend sept unités : droits de l’homme et droits syndicaux, politique économique et sociale, éducation, questions de genre et égalité, presse et information, finance et administration, organisation et secteur informel. L’organisation a également un responsable de la jeunesse et des comités spécialisés comme sur l’éducation.

ORIT

L’organisation régionale de la CISL pour l’Amérique du Nord et du Sud s’appelle La Organización Regional Interamericana de Trabajadores (ORIT). Elle comprend 33 centrales syndicales et fédérations dans 29 pays et représente 45 millions de travailleurs. Sa couverture géographique s’étend à l’Amérique latine et aux Caraïbes, au Canada et aux États-Unis.

La direction de l’ORIT's est à Caracas, au Venezuela, elle comprend deux départements principaux, tous deux constitués d’unités. Le département activité syndicale et formation comprend des unités pour les jeunes travailleurs, les femmes, le secteur informel et les négociations. Le département social et économique possède des unités sur le travail des enfants, la mondialisation, les droits du travail, la sécurité sociale, les conditions de travail et d’emploi.

Les représentants des organisations affiliées à l’ORIT se réunissent en Congrès tous les quatre ans en vue d’adopter leurs politiques et d’élire un Conseil exécutif y compris un président. Le Secrétaire général est chargé de la gestion des affaires courantes de l’organisation. APRO

L’organisation de la CISL pour l’Asie et le Pacifique est connue sous le sigle d’APRO. Elle compte 40 organisations affiliées et 30 millions de travailleurs adhérents.

Au siège de Singapour, l’APRO possède des départements ou unités des droits de l’homme et des droits syndicaux, de la formation et des projets, de la politique sociale et économique, des relations institutionnelles et externes, des femmes, de l’information, de la jeunesse, et de l’administration et des finances.

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Le Confédération mondiale du travail - CMT

La Confédération mondiale du travail (CMT) est une autre fédération syndicale, elle compte 26 millions d’adhérents.

Créée en premier lieu comme une confédération de syndicats chrétiens,elle s’est transformée en une organisation à orientation plus laïque. En 1968, au moment de l’adoption du nom de CMT, elle a proclamé une déclaration de principes qui stipulait qu’elle était guidée soit par « un concept spirituel fondé sur la conviction que l’homme et l’univers ont été créé par Dieu, soit par d’autres concepts qui conduisent avec le premier à un effort commun pour la construction d’une communauté humaine unie dans la liberté, la dignité, la justice et la fraternité. »

LA CMT compte 144 organisations affiliées dans 166 pays. Bien qu’elle ait débuté en Europe, son activité n’y est plus significative, ses quelques organisations européennes sont affiliées à la Confédération européenne des syndicats (CES). Elle a quelques adhérents en Afrique (gagnés lorsque les mouvements d’indépendance commencèrent à arriver au pouvoir) et en Asie (notamment en Indonésie et aux Philippines). Une bonne partie des ses adhérents viennent d’Amérique latine, cependant les plus grosses fédérations de syndicats d’Argentine, du Brésil, du Chili et du Mexique sont affiliées à la CISL.

La direction de la CMT est à Bruxelles, mais elle a également des bureaux à Genève, Washington, Rome, Paris et Bucarest. Le siège comporte quatre départements :droits de l’homme et normes internationales du travail, femmes et travail, information et finance. L’organisation possède également plusieurs commissions de travail comme la Commission mondiale des travailleuses.

Un conseil confédéral de 38 membres est élu par un congrès qui se tient tous les quatre ans. Le conseil élit un comité exécutif qui comprend le président, deux vice-présidents, le secrétaire général, deux secrétaires généraux-adjoints, sept vice-présidents, et six vice-présidents adjoints et le trésorier.

La CMT a quatre organisations régionales :

· Central Latinoamericana de Trabajadores (CLAT) a sa direction à Caracas et possède des organisations sous-régionales dans la zone Sud (CTCS), en Amérique centrale (CCT), aux Caraïbes (CTC) et dans les Andes (CSTA). Elle assure le fonctionnement de l’Université des travailleurs d’Amérique latine (UTAL) à Caracas.

· La Fraternité des syndicalistes d’Asie (BATU) basée à Manille· L’Organisation Démocratique Syndicale des Travailleurs Africains (ODSTA)

dont la direction est à Lomé au Togo.· L’Alliance nationale des employés fédéraux et de la poste, pour l’Amérique

du Nord.

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La CMT possède également plusieurs fédérations internationales du commerce pour : les services publics, l’enseignement, le transport, le travail du bois et la construction, le textile et l’habillement, l’industrie, l’agriculture, l’agroalimentaire, l’hôtellerie et le tourisme, les employés et les sports professionnels. Elle a également deux organisations sectorielles : FLATEC (Federación Latinoamericana de Trabajadores de la Educación y la Cultura) et Eurofedop (Fédération européenne des employés des services publics qui fait partie de la Fédérations internationale des employés des services publics de la CMT ).

La Fédération syndicale mondiale -FSM

La FSM a été fondée comme fédération syndicale internationale, après la seconde guerre mondiale, cependant en 1949 les syndicats des pays non-soumis à l’influence de l’Union soviétique s’en sont séparé pour former la CISL. Pourtant jusqu’en 1989 la FSM était numériquement plus importante, car tous les travailleurs des pays comme l’URSS étaient automatiquement considérés membres. Aujourd’hui il est difficile de donné un chiffre précis d’adhérents pour la FSM, sur son site Web il est indiqué qu’à sa convention de l’année 2000 à New Delhi « ont participé quatre cent vingt délégués et observateurs de 74 pays représentant 407 million d’adhérents dans le monde entier ».

La direction de la FSM est à Prague, elle a des bureaux à Genève, New Delhi, Dakar, Cuba et Damas.

L’organisation a réuni un congrès en 1994 et en 2001. Un Conseil général représentant toutes les organisations affiliées élit un Conseil présidentiel qui comprend le Président, le Secrétaire général et 20 vice-Présidents. Le secrétariat est composé du Secrétaire général et de six Secrétaires généraux adjoints.

Les Fédérations syndicales internationales - FSI

Très proche de la ligne de la CISL on trouve les Fédérations syndicales internationales qui représentent les travailleurs de secteurs particuliers de l’emploi. Elles étaient précédemment connues sous le nom de Secrétariats professionnels internationaux (SPI), mais vers la fin des années 1990 elles ont adopté cette nouvelle dénomination en reconnaissance de leurs responsabilités croissantes pour négocier avec les entreprises multinationales (EMN) et représenter les droits des travailleurs face à des organismes internationaux comme la Banque mondiale.

Les FSI visent des activités telles que :

· La négociation et le suivi des accords mondiaux avec les compagnies multinationales, · La mise en réseau des représentants syndicaux à l’intérieur des sociétés mondiales, · La coordination de la solidarité et du soutien des syndicats adhérents pendant les

conflits, · L’édification de syndicats dans des pays où ils sont faibles ou non-existants, · Dispenser information et compétences sur des thèmes allant de la négociation

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collective aux normes de santé et de sécurité,· Représenter les intérêts des travailleurs au sein de l’ONU, de ses organisations et

d’autres organismes intergouvernementaux,· La formation et développement des compétences pour les employés syndicaux et les

adhérents de base,· La mise sur pied de campagnes et la promotion des campagnes des syndicats affiliés.

Les syndicats membres des FSI sont également membres de fédérations nationales affiliées à l’ICFU. Les FSI approximativement classées par ordre de grandeur sont les suivantes :

IE - Internationale de l’éducation FIOM - Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgieICEM - Fédération internationale des syndicats des travailleurs de la chimie, de

l'énergie, des mines et des industries diversesSPI - Services publics internationauxUNI - Union Network InternationalFITTHC - Fédération internationale des travailleurs du textile, de l'habillement et du cuirFITBB - Fédération internationale des travailleurs du bâtiment et du boisUITA - Union internationale des travailleurs de l'alimentation, de l'agriculture, de

l'hôtellerie - restauration, du tabac et des branches connexesITF - Fédération internationale des ouvriers du transportFIJ - Fédération internationale des journalistes

IE – L’Internationale de l’éducation

L’Internationale de l’éducation est une organisation syndicale mondiale du personnel de l’enseignement, dont les 26 millions de membres représentent tous les secteurs de l’enseignement du niveau préscolaire au niveau universitaire. Elle comprend 310 syndicats et associations nationales dans 159 pays et territoires

Le siège de l’IE est à Bruxelles, elle a des bureaux régionaux en Afrique (Lomé, Togo), Asie-Pacifique (Kuala Lumpur, Malaysia et Fidji ), Amérique latine (San José, Costa Rica) et Amérique du Nord et Caraïbes (St Lucie).

FIOM - Fédération internationale des organisations de travailleurs de la métallurgie

Fondée en 1893, la FIOM est l’une des plus ancienne organisation syndicale sectorielle, elle compte aujourd’hui plus de 25 millions de membres et 200 syndicats affiliés dans 100 pays.

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Sa direction est à Genève, elle a des bureau régionaux à New Delhi, Selangor Darul Eshan (Malaysia), Santiago (Mexique), Johannesbourg et Moscou.

La FIOM a été à la tête de la création des conseils d’entreprises mondiaux, qui rassemblent les syndicats regroupant les travailleurs de compagnies multinationales particulières, telles que General Motors, Siemens et Caterpillar. Elle a été très active dans la négociation d’accords-cadres internationaux (ACI) qui sont utilisés par elle et d’autres fédérations syndicales mondiales pour établir les règles opérationnelles des compagnies multinationales.

D’autres centrales regroupant des syndicats actifs dans l’industrie métallurgique sont affiliées à la FIOM, elles comprennent la Fédération Européenne des métallurgistes (FEM), le syndicat nordique des métallurgistes -Nordiska MetallsNOrdic et FIOM-CJ – Conseil japonais des syndicats des métallurgistes.

ICEM – Fédération internationale des syndicats des travailleurs de la chimie, de l'énergie, et des mines

L’ICEM compte 20 millions de travailleurs qui sont membres de 399 syndicats dans 108 pays. Ces membres travaillent dans les secteurs de l’énergie, de la mine et de l’extraction, de la chimie et des biosciences, de la pâte à papier et du papier, du caoutchouc, du diamant et de la production de bijoux, du verre, des industries de la céramique et du ciment et des services de l’environnement tels que l’élimination des déchets et le recyclage.

L’ICEM est également à la tête de la négociation d’accords-cadres, en 2003 elle avait négocié des accords avec six multinationales. Les réseaux de communications de l’ICEM pour les représentants des travailleurs fonctionnent dans chacune de ces multinationales.

Le siège de l’organisation est à Bruxelles.

ISP - Internationale des services publics

L’ISP unit 20 millions de travailleurs du secteur public dans plus de 600 syndicats et plus de 140 pays. Elle a des adhérents dans tous les domaines du secteur public à l’exception de l’enseignement, y compris l’administration, les services publics, les travaux publics, la santé et les services sociaux, la police, la justice, les loisirs et la fiscalité.

L’ISP se concentre sur la mise sur pied de campagnes pour ses membres, soit à long terme comme celle sur les droits des syndicats ou bien à court terme comme

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les campagnes pour l’amélioration de parties spécifiques des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT).

UNI - Union Network International

L’UNI est une fédération syndicale internationale des compétences et des services comptant plus de 900 syndicats affiliés dans 140 pays dans le monde entier, elle représente plus de 15 millions d’adhérents.

UNI a été constituée en janvier 2000 par la fusion des quatre fédérations internationales suivantes : FIET (Fédération internationale des employés et techniciens et cadres), CI (l’Internationale des communications), la Fédération Graphique internationale et MEI (l’Internationale des médias et du spectacle).

Les membres d’UNI travaillent dans de nombreux secteurs y compris le commerce, la finance, les télécommunications, l’électricité, les services postaux, l’industrie, la technologie de l’information, le secteur graphique, les médias et les loisirs, les assurances sociales et les services de santé privés, la coiffure et les soins de beauté, les casinos, les services liés aux immeubles (nettoyage et sécurité) et le tourisme.

La fédération a négocié des accords-cadres avec les quatre compagnies multinationales suivantes :

· TELEFONICA - télécommunications mondiales· CARREFOUR - commerce · OTE - télécommunications, mobile et Internet · ISS - groupe de services liés aux immeubles (nettoyage, entretien, etc.)UNI a quatre organisations régionales : UNI-Afrique, UNI-Amériques, UNI-Europe et UNI-Asie & Pacifique ; son siège est à Nyon, Suisse (près de Genève).

FITTHC - Fédération internationale des travailleurs du textile, de l'habillement et du cuir

La FITTHC a 217 syndicats affiliés actifs dans 106 pays et un nombre d’adhérents total dépassant 10 millions.

La fédération a été pendant très longtemps particulièrement active dans la négociation de codes de conduite, qui sont des documents négociés avec une société qui mettent en valeur des principes selon lesquels celle-ci accepte de travailler. Le code de conduite avec Adidas, une multinationale de l’habillement et de la chaussure, stipule

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comment la compagnie, ses filiales et sous-traitants se conduiront par rapport aux normes de l’emploi, à la santé et la sécurité, à l’environnement et à la participation de la communauté.Les questions traitées dans la partie sur les normes de l’emploi comprennent le travail forcé, le travail des enfants, la discrimination, les salaires et indemnités, le temps de travail, les pratiques disciplinaires, la liberté syndicale et la négociation collective. Des codes de conduites ont été négociés avec des compagnies comme Bata, Benetton, Fruit of the Loom, The Gap, Levis Strauss, Nike, Walmat et Reebok. Cependant contrairement aux accords-cadres, les codes de conduite ressemblent plus à des orientations selon lesquelles la compagnie accepte de travailler. Un grand nombre de codes de conduites sont rédigés par les compagnies elles-mêmes.

FITBB - Fédération internationale des travailleurs du bâtiment et du bois

La FITBB a plus de 10 millions d’adhérents et 287 syndicats dans 124 pays dans le monde entier. Ces adhérents travaillent dans les industries du bâtiment, des matériaux de construction, du bois, de la sylviculture et industries connexes.

Les Comités professionnels sectoriels traitent des domaines d’intérêt spécifique des syndicats affiliés à l’organisation tels que le bâtiment, le bois et la sylviculture, et la santé et la sécurité au travail. Il existe également des comités pour les régions de l’Asie et du Pacifique, de l’Afrique, de l’Amérique latine et des Caraïbes, et de l’Europe. Le Comité international des femmes dispense des conseils sur les politiques, la mise en oeuvre et les mesures pratiques pour promouvoir une participation effective des femmes et les programmes d’action positive.

Le siège de la Fédération est à Genève.

UITA - Union internationale des travailleurs de l'alimentation, de l'agriculture, de l'hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes

L’UITA est composée de 336 syndicats dans 120 pays représentant ensemble plus de 12 millions de travailleurs.

Cette fédération représente des syndicats dans :

· l’agriculture et les plantations· la préparation et la fabrication d’aliments et de boissons · l’hôtellerie, la restauration et leurs services · la transformation du tabac à tous les stades

Les compagnies qu’elle suit et avec lesquelles elle négocie comprennent des multinationales telles que Coca-Cola, Del Monte, Nestlé, Pepsi Cola, Sodexho et Unilever.

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L’UITA a été particulièrement active dans la négociation d’accords-cadres, à ce jour elle en a négocié avec :

· Accor (un des groupes mondiaux les plus importants de l’hôtellerie et du tourisme)

· Danone (produits laitiers, eau en bouteille, biscuits et autres produits)

· Chiquita (le plus gros employeur de travailleurs syndiqués du secteur bananier en Amérique latine)

· Fonterra, Nouvelle-Zélande, (la quatrième compagnie mondiale de produits laitiers).

La fédération a des bureaux à Nairobi, Sydney, Bridgetown, Montevideo (Uruguay), Tokyo et Moscou. Son siège est à Genève ( ?)

ITF - Fédération internationale du transport

L’ITF est une fédération de 621 syndicats du transport dans 137 pays, elle représente environ cinq millions d’adhérents dans les secteurs suivants : transport ferroviaire, routier et de passagers, maritime et fluvial ; les ports, la pêche, le tourisme et l’aviation civile.

Les récentes campagnes internationales de l’ITF, comportent des actions à l’échelon mondial des cheminots pour la sécurité, des travailleurs de l’aviation contre “la rage de l’air ”, des travailleurs du transport routier contre les heures excessives de travail et des travailleurs luttant contre la violation des syndicats dans les ports. La campagne la plus ancienne et la plus connue est celle contre la navigation sous pavillon de complaisance (un bateau battant pavillon de complaisance porte un pavillon autre que celui du pays du propriétaire).

Le siège de l’organisation, qui compte neuf bureaux régionaux, est à Londres.

FIJ - Fédération internationale des journalistes

La FIJ est une fédération de syndicats de journalistes qui a environ 500.000 adhérents dans 100 pays.

La fédération s’occupe des questions telles que les droits d’auteur, la sécurité des journalistes, la liberté de la presse, les droits de l’homme et les droits des journalistes travaillant pour des sociétés mondiales. Elle fait également des campagnes pour l’établissement de normes internationales dans les sociétés à l’échelon national, sur les codes de conduite internationaux, les conventions et les droits des syndicats.

La politique de l’IFJ est décidée par son Congrès qui se réuni tous les trois ans, entre chaque Congrès le travail est mené par le Secrétariat sous la direction d’un Comité exécutif. Le dernier congrès s’est tenu à Séoul du 11 au 15 juin 2001.

L’organisation a son siège à Bruxelles et des bureaux régionaux à Dakar, Sydney, et Caracas.

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Organisations régionales

Outre les confédérations internationales comme la CISL et les fédérations syndicales internationales (FSI), le mouvement syndical possède également des organisations qui travaillent dans des régions internationales spécifiques comme l’Europe, l’Afrique ou l’Asie et le Pacifique. Ces organisations comprennent :

La Confédération européenne des syndicats - CES

La CES a été fondée en 1973 faire contrepoids aux forces économiques issues de l’intégration européenne en un Marché commun. Elle a récemment crû substantiellement grâce aux nouveaux adhérents d’Europe centrale et orientale, aussi la CES compte-elle aujourd’hui 77 fédérations nationales de 35 pays européens au total, ainsi que 11 fédérations européennes de l’industrie, le nombre total de ses adhérents s’élève à 60 millions. Nombre de ses syndicats nationaux sont également affiliés à la CISL ou la CMT, tandis que d’autres structures syndicales comme Eurocadres (Le Conseil des Cadres européens), et la Fédération Européenne des Retraités et des Personnes Âgées (FERPA) fonctionnent sous les auspices de la CES. De plus, cette dernière coordonne l’activité de 38 Conseils Syndicaux Interrégionaux (CSI) lesquels organisent la coopération syndicale entre pays voisins.

La CES a mis en place trois instituts spécialisés qui sont gérés indépendamment par leurs propres comités de gestion, ce sont :

L’Institut syndical européen (ISE) qui est le centre d’étude et de recherche de la CES spécialisé dans la l’économie sociale et les relations professionnelles,

L’Académie syndicale européenne (ASE) qui dispense la formation syndicale et l’enseignement sur le travail aux adhérents de la CES.

Le Bureau Technique Syndical (BTS) qui est chargé des questions comme

la sécurité, l’hygiène et la protection de la santé au travail.

Le Secrétaire général de la CES dirige l’organisation et en est le porte- parole, tandis que son président préside les organes de direction.

Organisation de l'unité syndicale africaine - OUSA

L’OUSA a été fondée en 1973 pour coordonner les activités des syndicats

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africains à mesure que progressait l’intégration économique du continent, elle a été constituée sous les auspices de l’Organisation de l’unité africaine (connue sous l’appellation Union africaine), organisation créée par les gouvernements du continent. Toutefois, les deux principales confédérations syndicales qui se sont alliées pour constituer l’OUSA divergeaient sur l’opportunité de permettre aux membres d’adhérer également à des confédérations internationales comme la CISL ou la CMT. En 1986 l’OUSA a connu une division entre différents pays soutenant des partis opposés, puis est intervenue une réconciliation qui fait qu’aujourd’hui de nombreuses fédérations d’OUSA sont également affiliées à la CISL ou à la CMT.

L’OUSA compte aujourd’hui 73 membres dans 50 pays, ses organisations régionales sont les suivantes : l’Organisation des syndicats de l’Afrique de l’Ouest (OSAO), Le Conseil de coordination des syndicats d’Afrique australe (SATUCC) et l’Organisation des Syndicats du Maghreb arabe (OSMA). Elle possède aussi une série d’organisations spécialisées pour chaque secteur industriel.

L’OUSA a son siège au Ghana.

Conseil des syndicats du Pacifique Sud et de l’Océanie - SPOCTU

SPOCTU est l’organisation regroupant les centrales syndicales de la région du Pacifique Sud couvrant les 14 pays suivants : Australie, Iles Cook , Fiji, Polynésie française, Kiribati, Nouvelle Calédonie, Nouvelle Zélande, Papua Nouvelle Guinée, Iles Solomon, Tonga, Tuvalu, Vanuatu, Wallis et Futana et Samoa occidentales

SPOCTU a été fondé en 1990 par la CISL, jusqu’en 1998 l’organisation avait son bureau principal à Brisbane en Australie, mais en 2002 le coordinateur régional de l’Internationale des services publics (ISP) a été désigné pour gérer l’activité de l’organisation depuis Wellington en Nouvelle Zélande.

Autres organisations

Il existe beaucoup d’autres organisations qui travaillent au sein du mouvement syndical international ou qui y sont associées, certaines sont des organisations syndicales avec un passé commun, comme le Conseil syndical du Commonwealth (CTUC) qui compte 30 millions d’adhérents dans le monde.

D’autres sont liées à des organismes internationaux particuliers, il y a par exemple la Commission syndicale consultative (CSC) de l’OCDE – l’Organisation de coopération et de développement économique. L’OCDE est un groupe de 30 pays les plus avancés économiquement du monde. Les membres de la CSC comprennent 56 fédérations syndicales nationales qui ensemble représentent quelque 70 millions de travailleurs. Les fédérations nationales financent les activités de la CSC, décident des priorités et des politiques et élisent les administrateurs.

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Le Réseau syndical Asie-Pacifique (APLN) est une organisation semblable, elle a été fondée par la CISL en 1995 pour donner une voix aux syndicats dans les activités de l’APEC – une organisation pour le commerce et la libéralisation de l’investissement et pour la coopération économique, qui rassemble les pays autour du bassin du Pacifique, allant de Singapour aux États-Unis.

Il existe aussi des fondations qui ont été créées par des fédérations syndicales nationales ou des gouvernements pour travailler avec les syndicats à l’échelon international, notamment dans les pays en développement ou émergeants et leurs marchés.

La Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) est par exemple, une fondation allemandequi se consacre à encourager la formation politique et sociale, à faciliter l’accès à l’enseignement universitaire, et à contribuer à la coopération internationale. Un de ces buts consiste à consolider les syndicats libres. Environ 50 pour cent de son budget de € 110 millions sont dépensés à l’international. FES a 70 bureaux dans le monde entier.

La Fondation internationale du travail au Japon (JILAF) travaille également pour aider les syndicats dans le monde, elle a été fondée par la Confédération japonaise des syndicats (RENGO) en 1989, en tant qu’organisation visant à promouvoir l’échange et la coopération au sein du mouvement syndical. Ce qu’elle réalise en offrant des possibilités de formation aux syndicalistes au Japon, en soutenant les activités de formation et de développement social dans les pays en développement, en contribuant financièrement aux déplacements à l’étranger de jeunes syndicalistes pour s’y former, et en menant des recherches sur les questions du travail.

L’AFL-CIO, la fédération syndicale des États-Unis, a créé en 1997 le Centre américain pour la solidarité syndicale internationale. Le Centre de solidarité aide les travailleurs partout dans le monde qui essaient de mettre en place des syndicats démocratiques et indépendants, il le fait en dispensant formation et enseignement, recherche, appui juridique, assistance à l’organisation, et d’autres ressources. Les programmes d’enseignement du Centre comportent de la formation sur les droits élémentaires de l’homme et du travailleur, les compétences syndicales, la défense des droits, la sécurité et la santé au travail, les connaissances de base en économie et l’instruction civique et de l’électeur. Ses programmes sont conçus pour les travailleurs, les syndicats et les organisations communautaires des sociétés en développement, notamment celles qui encouragent la démocratie dans leur pays. Le Centre de solidarité travaille dans 60 pays grâce à un réseau de 26 bureaux sur le terrain.

Il existe d’autres fédérations syndicales ayant des fondations internationales ou des programmes de soutien aux syndicats dans le monde entier, parmi elles le Conseil danois des syndicats de LO/FTF pour le développement de la coopération internationale ; la Fédération nationale suédoise LO qui travaille à travers ses centres de solidarité à savoir le Secrétariat pour le développement des syndicats de LO-TCO et le Centre international Olof Palme.

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L’Organisation internationale du Travail - OIT

L’OIT ne fait pas partie du mouvement syndical international, mais offre un forum capital au sein duquel les syndicats peuvent lutter pour protéger les droits syndicaux dans le monde entier. Elle est l’organisation spécialisée des Nations Unies qui déclare légalement les droits syndicaux de base que les pays doivent respecter. La CISL fait campagne pour que l’OIT soit reconnue comme « un pilier fondamental de l’économie sociale mondiale ».

Le mandat de l’OIT s’étend à la question plus ample du travail dans le monde, d’où la présence du mot « travail » dans son appellation. Elle s’occupe des questions telles que la protection des droits et principes fondamentaux au travail, la création de conditions d’emplois décentes, l’amélioration des protections sociales comme les régimes de retraite et le renforcement du dialogue entre les « partenaires sociaux », -gouvernements, associations d’employeurs et syndicats.

L’Organisation est atypique parmi les organismes internationaux, car elle donne un rôle substantiel aux syndicats dans la détermination de ses politiques et opérations. Toutes les fédérations syndicales internationales et la plupart des fédérations syndicales nationales du monde sont représentées, d’une manière ou d’une autre, dans le fonctionnement de l’OIT.

L’OIT comporte 174 États membres, son mode de fonctionnement est « tripartite », ce qui signifie que les trois partenaires sociaux partagent le contrôle de l’organisation, lequel est exercé lors de la Conférence internationale du Travail de l’Organisation qui se tient chaque mois de juin à Genève. La Conférence est l’organe de décision suprême de l’Organisation, chaque pays y envoie 4 délégués (et parfois des suppléants) dont deux du gouvernement, un des employeurs et un des syndicats. Les délégués des employeurs et des syndicats peuvent s’exprimer et voter indépendamment de leur gouvernement et le font souvent.

Entre les Conférences l’OIT est dirigée par son Conseil d’administration, lequel est composé de 28 membres des gouvernements, 14 délégués des employeurs et 14 représentants des syndicats. Agissant comme une sorte de comité exécutif, le Conseil d’administration qui se réunit trois fois par an, prend des décisions sur les actions d’exécution des politiques de l’OIT, prépare un projet de programme et de budget à soumettre à la Conférence pour adoption, et élit le Directeur général de l’Organisation. Les représentants des travailleurs au Conseil d’administration sont élus par la Convention sur une liste présentée par la CISL, la CMT et l’OUSA.

Les délégués des syndicats à la Convention forment ensemble le Groupe des travailleurs, lequel leur sert de forum pour débattre des politiques de l’OIT, présenter la position des syndicats à la Conférence et guider le travail de l’Organisation ayant trait aux syndicats. Le Groupe élit un président dans ses rangs et choisit un secrétaire qui représente le Groupe des travailleurs entre les réunions de la Conférence et du Conseil d’administration et communique avec le secrétariat de l’Organisation.

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Ce secrétariat se nomme le Bureau international du Travail. (ce qui est quelquefois source de confusions car son sigle en anglais –ILO- est le même que celui de l’Organisation). Le secrétariat comprend les administrateurs élus et un personnel de 2500 personnes qui travaillent au siège de l’Organisation à Genève et dans plus de 40 bureaux décentralisés dans le monde. Il est dirigé par un Directeur général élu pour une période de quatre ans renouvelable.

Le Bureau des activités pour les travailleurs du BIT est organisé au sein de la section Dialogue social du Secrétariat, il travaille principalement sous l’acronyme français –ACTRAV- et est responsable de la coordination de toutes les activités de l’OIT en rapport avec les organisations de travailleurs. Il vise principalement à :

· Développer et consolider des organisations syndicales représentatives, démocratiques et indépendantes,

· Renforcer la capacité des organisations syndicales à participer aux prises décisions politiques, économiques et sociales, et aux négociations,

· encourager une participation active des syndicats dans les activités de l’OIT.

Le Bureau est dirigé par un directeur et possède un personnel cadre de 37 personnes (18 à Genève et 19 dans les bureaux régionaux de l’OIT) auquel s’ajoute le personnel de soutien.

La branche formation d’ACTRAV est le Programme d’activités pour les travailleurs du Centre international de formation de L’OIT à Turin. Ce Programme dispense des cours résidentiels d’un mois, des formations à distance par communication informatique et organise des ateliers dans différentes régions, presque exclusivement pour les organisations travaillant dans les pays/marchés en développement et les pays/marchés émergeants.

Le “travail décent” étant son principe fondamental de fonctionnement, l’OIT s’implique dans la recherche sur les questions de l’emploi, le contrôle des conditions de travail, la création de stratégies de l’emploi, le développement des compétences, la reconstruction des économies, l’amélioration des conditions des femmes, le développement des systèmes de protection sociale, la promotion du dialogue entre partenaires sociaux et d’autres encore.

Cependant son activité d’origine et la plus essentielle est de définir et veiller à l’application des normes internationales du travail (NIT) qui prennent la forme de conventions et de recommandations. Les conventions sont des traités internationaux soumis à la ratification des États membres. Une fois ratifiées, elles sont intégrées à l’ordre juridique de chaque pays et entraînent des obligations impératives. Les recommandations sont des instruments sans effet obligatoire – traitant souvent des mêmes sujets- qui définissent des orientations pour les actions et politiques nationales. Recommandations et conventions visent un impact concret sur les conditions et pratiques de travail dans chaque pays du monde.

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Depuis sa création en 1919, l’OIT a adopté plus de 180 conventions et 190 recommandations. Le Conseil d’administration de l’OIT a identifié huit conventions faisant partie des droits fondamentaux des être humains, lesquelles sont applicables quel que soit le niveau de développement du pays. Lorsque la CISL et d’autres organisations syndicales font référence aux droits fondamentaux du travail dans le monde ils se réfèrent aux huit conventions fondamentales ou (centrales) qui, classées par thèmes principaux, sont les suivantes :

Liberté syndicale

Convention (no 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948

Convention (no 98) sur le droit d'organisation et de négociation collective, 1949

Abolition du travail forcé

Convention (no 29) sur le travail forcé, 1930

Convention (no 105) sur l'abolition du travail forcé, 1957

Egalité

Convention (no 111) concernant la discrimination (emploi et profession), 1958

Convention (no 100) sur l'égalité de rémunération, 1951

Élimination du travail des enfants

Convention (no 138) sur l'âge minimum, 1973

Convention (no 182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999

On considère que ces huit conventions sont la base sur laquelle les conditions de travail des gens dans la monde peuvent être améliorées, toutefois elles n’ont pas été ratifiées par tous les membres de l’OIT (ce qui les rendraient juridiquement obligatoires). Les États-Unis n’en ont par exemple ratifié que deux (n°105 et n°182), la Chine n’a par exemple pas ratifié les conventions sur le travail forcé et la liberté syndicale, il y a également les pays qui ont ratifié les conventions mais n’ont pas l’intention de les appliquer en pratique. Par exemple le Myanmar (Burma) qui a la triste notoriété d’utiliser le travail forcé et de supprimer les syndicats indépendants, a adopté les conventions sur le travail forcé et la liberté syndicale.

L’OIT contrôle constamment l’application des normes. Chaque pays est

ainsi tenu de présenter des rapports périodiques sur les mesures qu’il a prises pour appliquer en droit et en pratique, chaque convention adoptée. Ces rapports sont vérifiés par la Commission d’experts pour l’application des conventions et recommandations qui soumet un rapport annuel à la Conférence international du Travail. Les organisations d’employeurs et les syndicats peuvent également entamer des poursuites (appelées « représentations ») à l’encontre d’État membres pour non-respect d’une convention qu’ils ont ratifiée.

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Il existe également une procédure spéciale en rapport direct avec la liberté syndicale, en effet les organisations syndicales peuvent se plaindre qu’un État membre ne permet pas la liberté syndicale même si cet État n’a pas ratifié les conventions correspondantes. Cela est possible, car en devenant membre de l’OIT, un État doit respecter le principe de liberté syndicale établi dans la Constitution de l’Organisation. Deux commissions de l’OIT sont chargées de suivre les questions de liberté syndicale : la première est la Commission d’investigation et de conciliation qui requiert l’accord du gouvernement concerné et la seconde est la Commission de la liberté syndicale, un organe tripartite nommé par le Conseil d’administration de l’OIT. Cette dernière a été saisie de plus de 2200 cas, couvrant un large éventail de questions comprenant : l’arrestation et la disparition de syndicalistes, les législations contraires aux principes de la liberté syndicale et l’interférence dans les activités des syndicats.

Vers la fin des années 1990 l’OIT a redoublé d’efforts pour faire reconnaître par les organisations internationales et les pays, que la mondialisation et la libéralisation du commerce avaient des effets graves et néfastes sur les travailleurs. Elle a amplifié ses activités visant à consolider son soutien en faveur de normes du travail internationalement reconnues, tout particulièrement en 1998 où l’OIT a adopté la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail qui a renouvelé l’engagement des États de l’Organisation à respecter, encourager et mettre en pratique les principes qui sous-tendent les droits fondamentaux au travail dans quatre catégories :

· la liberté syndicale et la négociation collective· l’élimination du travail forcé· l’abolition du travail des enfants · l’élimination de la discrimination en matière d’emploi et de profession

La Déclaration a souligné le fait que les États membres de l’OIT ont l’obligation de respecter les principes fondamentaux liés aux droits au travail, qu’ils aient ratifié ou pas les conventions correspondantes.

L’OIT a ensuite publié un Suivi de la Déclaration dont le but était de soutenir ses objectifs de deux façons : en premier lieu était mis en place une vérification annuelle des pays n’ayant pas ratifié une ou plus des quatre catégories liées aux droits fondamentaux. En second lieu, était lancé une série de rapports annuels décrivant la situation relative aux quatre catégories dans tous les pays.

Au fur et à mesure qu’augmente l’allure et les effets de la mondialisation, l’OIT devient une organisation encore plus importante, par laquelle le mouvement syndical peut affirmer ses revendications en faveur des droits fondamentaux, tout en insistant sur l’établissement d’un lien entre le développement économique et le progrès social.

Le Mouvement syndical international

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Ces dernières années on a beaucoup parlé du déclin du mouvement syndical, les chiffres sont en effet à la baisse, cependant la raison n’en est pas uniquement la désindustrialisation des pays économiquement avancés, dans leur transformation en « pays électronique ». Une bonne partie du déclin peut être attribué aux attaques constantes et brutales menées par les reaganiens et les thatcheriens, aidés par des médias serviles et leurs alliés tels que le Fonds Monétaire international (FMI), lesquels profitent des puissants changements économiques causés par la mondialisation pour refaire l’économie mondiale à leur guise (c’est à dire sans ces fichus syndicats). Une partie du phénomène peut être attribué à la progression d’organisations non-gouvernementales (ONG) non-élues, qui on repris certaines questions dont seuls le mouvement syndical et ses partis politiques alliés s’occupaient. Il faut également le dire, les organisations syndicales ont leur part de responsabilité, certaines sont tombées dans l’autosatisfaction et ont oublié les besoins essentiels comme le contact avec les adhérents et la formation syndicale.

Cependant, malgré tout cela, le mouvement syndical demeure un fervent et puissant phénomène social et économique, il regroupe quelque 200 millions d’adhérents dans le monde, ses organisations varient d’organismes internationaux se confrontant à des institutions mondiales non-démocratiques, à des comités des délégués syndicaux discutant des revendications sur le lieu de travail au niveau local. L’existence de sociétés économiquement, technologiquement et socialement avancées ayant également des taux de syndicalisation dépassant les 90 pour cent, comme les pays nordiques, prouvent que le lien établi entre désindustrialisation et déclin syndical est erroné.

L’inutilité des syndicats dans les pays économiquement avancés est démentie chaque fois qu’une grande entreprise fait faillite et renvoie les employés avec une faible indemnisation et pas de retraite. De plus la nécessité pour les syndicats de combattre les plus mauvais effets de l’industrialisation n’a jamais été plus d’actualité, car l’industrialisation s’est transférée aux pays en développement, où l’écrasante majorité de l’humanité vit et essaie de trouver un travail décent.

Les mouvements syndicaux nationaux ont forcé les gouvernements et les entreprises à accepter une dimension sociale aux économies capitalistes nationales, il se pourrait bien que ce soit le mouvement syndical international et ses alliés qui les forcent à accepter une dimension sociale à l’économie mondialisée.

Marc BélangerProgramme d’activités pour les Travailleurs (ACTRAV)Centre international de formation de l’OIT -Turin

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