LES PASSIONS

LES PASSIONSFormateur : Yves LIOGIER

Collection Philosophique

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays à l’auteur. Dépôt légal : Septembre 2013

LES PASSIONS

Passion vient du latin pati qui signifie : « souffrir », « subir »,

« supporter ».

Ces sens étymologiques se retrouvent dans les deux grandes

acceptions du mot passion et dans leurs connotations.


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Etymologie

LES PASSIONS

Au sens classique,

les passions désignent tous les phénomènes passifs de l’âme

(perceptions, sentiments, émotions), phénomènes provoqués

dans l’âme par des processus physiologiques et donc qu’elle

subit.


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Etymologie

LES PASSIONS

Au sens moderne,

la passion est « une tendance d’une certaine durée accompagnée d’états affectifs et intellectuels, d’images en

particulier, et assez puissante pour dominer la vie de l’esprit » (Lalande).

On parle par exemple de la passion du jeu, de la passion amoureuse, etc.


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Etymologie

LES PASSIONSAu sens moderne :

En ce sens, le plus fréquent dans les sujets proposés, la passion apparaît comme une

forme exacerbée du DESIR, qui monopolise la vie psychique. La passion a

donc les mêmes corrélats que le désir.

On leur ajoutera toutefois la VIOLENCE (qui accompagne fréquemment la

passion), la SOCIETE (conçue comme un ordre raisonnable visant à contrôler la violence des passions individuelles) et

l’HISTOIRE (dont les passions seraient un des moteurs).


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Etymologie

LES PASSIONS[Intérêt et désir de distinction]

Dégageons l’intérêt philosophique du texte de Rousseau, en procédant à son étude

ordonnée.


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EtymologieEtude d’un texte

de Rousseau


« C’est une des singularités du cœur humain que malgré le penchant qu’ont tous les hommes à juger favorablement d’eux-

mêmes, il y a des points sur lesquels ils s’estiment encore plus méprisables qu’ils ne

le sont en effet. Tel est l’intérêt qu’ils regardent comme leur passion dominante,

quoiqu’ils en aient une autre plus forte, plus générale, et plus facile à rectifier, qui ne se

sert de l’intérêt que comme d’un moyen pour se satisfaire ; c’est l’amour des distinctions. »


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de Rousseau


« On fait tout pour s’enrichir, mais c’est pour être considéré qu’on veut être riche.

Cela se prouve en ce qu’au lieu de se borner à cette médiocrité qui constitue le

bien-être, chacun veut parvenir à ce degré de richesse qui fixe tous les yeux, mais qui augmente les soins et les peines et devient

presque aussi à charge que la pauvreté même. Cela se prouve encore par l’usage

ridicule que les riches font de leurs biens. »


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de Rousseau


« Ce ne sont point eux qui jouissent de leurs profusions et elles ne sont faites que pour attirer les regards et l’admiration des autres. Il est assez évident que le désir de

se distinguer est la seule source du luxe de magnificence, car quant à celui de

mollesse, il n’y a qu’un bien petit nombre de voluptueux qui sachent le goûter et lui

laisser la douceur et toute la simplicité dont il est susceptible. »


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de Rousseau


« C’est donc ainsi qu’on voit par le même principe toutes les familles travailler sans

cesse à s’enrichir et à se ruiner alternativement. C’est Sisyphe (1) qui sue sang et eau pour porter au sommet d’une

montagne le rocher qu’il en va faire rouler le moment d’après. »

(1) Sisyphe, fils d’Eole et roi de Corinthe, et condamné, pour ses brigandages, à rouler éternellement, dans les Enfers, une grosse pierre au sommet d’une montagne, d’où elle retombe

sans cesse.Collection

Philosophique9


de Rousseau

LES PASSIONS

1) Rousseau part d’un constat :


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de RousseauArticulation des idées

De manière générale, les hommes méprisent, condamnent l’intérêt

(c’est-à-dire pour chacun la recherche égoïste de son avantage

personnel), intérêt qu’ils considèrent comme leur « passion dominante ».

LES PASSIONS

2) Il énonce en même temps sa thèse :


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Ce mépris est excessif.

LES PASSIONS

3) Il procède ensuite à une démonstration

de cette thèse :


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a) L’intérêt se ramène à l’amour des distinctions (c’est-à-dire de la

reconnaissance sociale, au désir d’obtenir la considération des autres), qui est la passion « la plus générale ».

LES PASSIONS3) Il procède ensuite à une démonstration

de cette thèse :


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b) Un exemple : l’amour des richesses.

Ce que les hommes désirent dans l’amour des richesses, ce sont moins les richesses

pour elles-mêmes (dont, pour la plupart, ils jouissent peu ou mal) que le désir de

pouvoir en faire étalage et de susciter ainsi l’admiration d’autrui.

- Une remarque : c’est pour cette raison que les hommes dépensent, dilapident leur

fortune, qui est donc sans cesse à rebâtir.

LES PASSIONS3) Il procède ensuite à une démonstration

de cette thèse :


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c) Une conclusion implicite :

l’intérêt n’est pas une passion véritablement égoïste, puisqu’il ne se fonde pas sur une ignorance d’autrui

et ne procède pas d’un désintérêt pour lui, mais qu’il marque au contraire que

l’homme se soucie avant tout du jugement d’autrui à son égard :

l’intérêt procède en réalité de l’amour-propre.

LES PASSIONS

L’intérêt philosophique de ce texte consiste en ce qu’il remet en cause la conception commune de l’intérêt

et de l’égoïsme, et, par delà la question spécifique de l’intérêt et de

l’amour des distinctions, pose le problème de l’origine et surtout du

développement social des passions.


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Intérêt philosophique du

texte de Rousseau

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