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Les philosophes libertins : l'envers du Grand Siècle

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Page 1: Les philosophes libertins : l'envers du Grand Siècle

Les philosophes libertins

Grandes lignes de la présentation du samedi 16 octobre 2010

INTRODUCTION

Lorsqu’on parle du XVIIe siècle en Europe, on évoque des philosophes comme Descartes, Pascal, Leibniz, Hobbes, Locke ou Spinoza

On évoque comme scientifique l’italien Galilée, l’allemand Kepler, le néerlandais Huygens, le français Pascal, l’allemand Leibniz.

On trouve néanmoins des philosophes qui vont prôner un style de vie, une façon d’être et

une manière de penser plus qu’un système philosophique. I.- LE GRAND SIÈCLE

Les historiens adorent classer les périodes, les époques, les courants, les systèmes.

Notre tendance à nommer, à classer et à classifier (mettre une hiérarchie) à une incidence forte sur notre manière d’appréhender les choses.

Ainsi le Moyen Age, la Renaissance, les Lumières, etc.

Les manuels des élèves sont fait ainsi, les étudiants dans les universités sont (futurs universitaires) sont formés ainsi,

L’appellation Grand Siècle n’échappe pas à ce XVIIe siècle européen, et plus précisément français.

Lorsqu’on donne un nom à une période, on veut lui donner aussi un sens : par ex. les Lumières

D’où viennent ses appellations ? Et il souvent difficile, voire impossible parfois de le savoir.

Un de ceux qui ont sans doute grandement contribué à ce que ce XVIIe siècle français s’appelle le Grand Siècle fut Voltaire.

En effet, Voltaire a écrit Le Siècle de Louis XIV, et même si le mot grand n’apparaît pas, le simple référence à Louis XIV amène la révérence.

Voltaire, sans doute par esprit de vengeance parce que le roi Louis XV lui rendait la vie impossible, a écrit un monumental ouvrage pour encenser l’autre roi, Louis XIV.

Voltaire nous dit que ce siècle est grand par sa diplomatie, son histoire, ses conquêtes, son régime monarchique, sa religion catholique, sa politique étrangère, son commerce.

Mais dans l’ouvrage, aucune mention n’est faite à des penseurs, sans doute subversifs, et qui ont fait aussi ce siècle.

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Aucune mention de Pierre Charron (notre prochaine conf.) qui a écrit un livre qui a De la sagesse qui fut beaucoup lu.

Rien non plus sur La Mothe Le Vayer (3ème conf), est un grands adversaires de Pascal dans ses Pensées.

Aucune mention de Pierre Gassendi (4ème conf.) qui va réintroduire le pestiféré Epicure et qui sera une des adversaires de Descartes.

Pas de mention de Cyrano de Bergerac (5ème conf.) et à son Autre Monde matérialiste ; nulle part n’apparaît le nom de Hobbes avec sa vision matérialiste et mécaniste de la société.

Et aussi rien sur Spinoza (6 et 7ème conf.)

Par contre on trouve un chapitre entier sur le jansénisme de Port-Royal.

Le jansénisme est une doctrine religieuse et morale du XVIIe siècle qui doit son nom à l'évêque d'Ypres, Cornélius Jansenius (1585-1638). Son ouvrage, l'Augustinus, publié en 1640, provoque un grave débat entre les jansénistes, partisans de cette doctrine inspirée de celle de saint Augustin (354-430), et les Jésuites.

Jansénius prétend que le péché originel a fait perdre à l'homme sa liberté, et que la grâce est uniquement accordée par la volonté de Dieu selon une prédétermination "gratuite", donnant ainsi peu de part au libre arbitre. Blaise Pascal (1623-1662) est l'un des défenseurs du jansénisme. Le pape Innocent X condamne le jansénisme comme hérésie en 1653. Le jansénisme, prônant l'austérité et une vertu rigide, influence la bourgeoisie parisienne et la noblesse de robe et devient un instrument d'opposition politique au pouvoir royal.

Tout d’abord, le terme libertin (du latin libertinus, « esclave qui vient d’être libéré », « affranchi »). Au XVIe siècle le mot commence à avoir le sens de celui qui s'affranchit des croyances et des pratiques de la religion chrétienne.

Et c’est peut-être à partir de là que la haine envers les libertins va commencer. II.- DÉNONCIATION ET CONDAMNATION DU LIBERTINAGE

Jules César Vanini, étudie la philosophie, la théologie puis le droit. Il entre dans les ordres. Il voyage en Europe, et en Angleterre il décide d’abjurer le catholicisme. Il est mis en prison pour avoir attaquer l’Église anglicane.

Il retourne en Italie, redevient catholique et s’intéresse à la physique. Il va en France et pour se disculper de l’accusation d’athéisme, il écrit un livre au titre évocateur : Amphithéâtre de l’éternelle Providence divino-magique, christiano-physique et non moins astrologico-catholique, contre les philosophes, les athées, les épicuriens, les péripatéticiens et les stoïciens.

Un autre ouvrage qu’il va publier lui vaut la condamnation à mort par la Sorbonne.

Nous sommes à Toulouse, le 9 février 1619.

Voici ce que l’on fit au philosophe libertin Jules César Vanini : « Avant de monter sur le bûcher, on lui ordonna de livrer sa langue au couteau ; il refusa ; il fallut employer des

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tenailles pour la lui tirer, et quand le fer du bourreau la saisit et la coupa, jamais on entendit un cri plus horrible. »

Il sera étranglé, son corps brûlé et ses cendres dispersées.

Quelques années plus tard, le poète Théophile de Viau connaîtra un sort tout aussi terrible

Dans son recueil le Parnasse satyrique écrit en 1622, il confesse son libertinage et deux jésuites vont s’occuper de son cas. Il sera condamné à être brûlé vif devant la cathédrale Notre Dame de Paris. La sentence a lieu en son absence et on l'exécute par contumace.

On l'arrête plus tard et avant de le jeter en prison, il meurt le 25 septembre 1626. On fait un autodafé de ses recueils de poèmes.

Les mots injurieux et péjoratifs n’ont pas manqué au XVIIe siècle en France et en Europe pour les libertins : on les accusait à la fois d’hérétiques, de mécréants, d’athées, de blasphémateurs, de dissidents ou de libres penseurs.

Et pour continuer dans les termes dévalorisants et insultants qui les montraient du doigt, on les accusait de débauchés, de matérialistes, de sodomites, de sceptiques, de démons, d’épicuriens, d’adeptes de la sorcellerie, de « voluptueux ».

L'un des représentants de cette haine des libertins, le père jésuite François Garasse écrit en 1622 : « J'appelle Libertins nos Yvrognets, moucherons de taverne, esprits insensibles à la piété, qui n'ont d'autre Dieu que leur ventre, qui sont enrôlés en cette maudite confrérie qui s'appelle la confrérie des bouteilles [...] C'est une gangrène irrémédiable, il faut couper, trancher, brusler de bonne heure, autrement l'affaire est désespérée. »

Autre exemple de dénonciation, mais ici d’un point de vue philosophique : le moine Marin Mersenne, qui était mathématicien, théologien et philosophe, et qui fut le centre d’un réseau d’échange de l’Europe des savants, publie en 1624 l'Impiété des déistes, athées et libertins de ce temps : combattue et renversée de point en point par raisons tirées de la philosophie et de la théologie,

L'année suivante, il publie la Vérité des sciences contre les Sceptiques ou Pyrrhoniens, ouvrage dans lequel le libertin est montré comme un « funeste oiseau de la nuit », est il est accusé de « ne pas supporter l'éclat de la vérité », et de limiter la connaissance « à la seule portée des sens », et le père Mersenne les accuse de ramener les hommes « à la condition la plus basse des bêtes les plus stupides. III.- DOM JUAN LE LIBERTIN

Le Tartuffe ou l’Imposteur est une comédie qui raconte comment un hypocrite et faux-croyant arrive à manipuler deux personnages de la pièce, ces deux derniers tombant dans le panneau.

Quoiqu'ayant plu au Roi, elle fut aussitôt interdite sous la pression des dévots qui accusaient Molière d'impiété et lui reprochaient de donner une mauvaise image de la dévotion et des croyants.

A la suite de Tartuffe, Molière donne le 15 février 1665 Dom Juan.

Dom Juan vient de quitter sa femme, il s’est enfuit le lendemain de sa nuit de noce pour aller séduire d’autres femmes.

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Chaque fois qu’il séduit une femme, il lui promet le mariage et il l’abandonne dès qu’il a

obtenu sa conquête.

Sganarelle, son valet, ne comprend pas son maître et tente de le ramener timidement sur le chemin de la vertu et de la religion.

Dom Juan préfère les plaisirs de la vie et de ce monde, plutôt que la promesse d’un bon repos éternel.

A un moment, Sganarelle voulait savoir ce que son maître pensait de la religion et il l’interroge sur la croyance en Dieu.

Dom Juan laisse entendre qu’il n’y croit pas. Et à l’Enfer, renchérit Sganarelle ? Réponse très évasive de son maître qui en dit long sur son incroyance.

Quant au diable, Dom Juan n’en pense pas moins. Et au sujet de la vie après la mort, Dom Juan n’y croit pas.

Mais quand Sganarelle pose la question à Dom Juan s’il croyait au Moine bourru - associé à cette époque au surnaturel et à la sorcellerie - la réponse négative de Dom Juan scandalise réellement Sganarelle.

Quand Sganarelle lui demande en quoi il croit, en fait, Dom Juan répond : « Je crois que 2 et 2 que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit. »

Il refuse le surnaturel et recherche constamment les explications naturelles, par un recours à la logique de la nature et aux phénomènes naturels. CONCLUSION

On peut retenir 4 grands traits pour caractériser les penseurs libertins

1. Ils lisent et s’inspirent beaucoup de cet écrivain et philosophe qui met l’existence an centre de l’écriture : Montaigne. Car Montaigne dans ses Essais repousse tout système quel qu’il soit, philosophique ou religieux. Il met en avant un homme qui sait, qui doute, qui se pose des questions, qui avance et parfois recule, qui n’accepte rien comme absolument vrai.

2. Les libertins sont sceptiques, utilisent le doute, comme Pyrrhon d’Elis, le fondateur de l’école sceptique au IV siècle av. l’ère commune. Pyrrhon soutenait que nous ne pouvons pas connaître la vérité, que nous ne sommes pas sûre de l’atteindre. Il faut donc suspendre son jugement. Car la sagesse repose sur le fait de ne plus être troublé par la vérité.

3. Les philosophes libertins réactivent les sagesses antiques, mais pas Platon, ni Aristote, les deux monstres utilisé par la théologie chrétienne. On s’intéresse aux sceptiques, aux cyniques Antisthène et Diogène, aux Cyrénaïques comme Aristippe qui mettait la recherche du plaisir au centre de la quête philosophique, aux sophistes comme Protagoras qui mettait l’homme au centre de toute connaissance, et enfin et surtout aux philosophes matérialistes comme Démocrite et Épicure.

4. Les libertins ne nient pas l’existence de Dieu, mais le laissent peut-être loin des hommes, comme le faisait Epicure.