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Pas à Pas La Belle et la Bête Dossier pédagogique

Pas à pas de La Belle et la Bête

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Pas à Pas

La Belle et la Bête

Dossier pédagogique

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Evelyne AGUILEE Conseillère pédagogique en arts visuels Coordinatrice Ecole et cinéma Essonne 1

« PAS A PAS »

Film premier trimestre

La Belle et la Bête, Jean Cocteau (1946)

Dans le catalogue des enfants de cinéma, ce film est proposé pour les cycles 2 et 3. Car ce film se prête parfaitement à différents niveaux d’analyse et d’entrées pédagogiques.

Il ne s'agit pas d'exploiter le film. Une "exploitation" intensive risquerait de dégoûter à jamais les élèves du cinéma et d'empêcher toute réflexion sur l'image.

Les pistes pédagogiques proposées sont nombreuses. A vous de choisir les axes qui vous paraissent les plus pertinents en fonction de la réception du film par vos élèves. Ces propositions sont complémentaires des deux documents fournis par l'association Les enfants de Cinéma : "Le cahier de notes sur..."(pour chaque enseignant) et la carte élève du film.

LE FILM

1. L’accès aux rubriques du cahier de notes sur :

http://www.enfants-de-cinema.com/2011/films/belle-et-bete.html

2. Des photogrammes édités par les enfants de cinéma ou disponibles sur le net :

http://www.allocine.fr/film/fichefilm-772/photos/

3. Les affiches et une bande annonce

� Les affiches sur le site des enfants de cinéma :

http://www.enfants-de-cinema.com/2011/films/belle-et-bete.html

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� Les affiches d’origine réalisées par Jean-Denis Malclès

http://www.malclesjean-denis.com/labelle.html

� A l’occasion de la ressortie du film « La Belle et la Bête » de Jean Cocteau, a été lancée dans toute la France une campagne d’affichage des deux affiches d’origine du film, datant de 1946.

Quelques vues de cette campagne d’affichage :

http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18626382.html

Ce même lien vous donne également accès à la bande annonce de l’époque, dans lequel Jean Cocteau présente son film, ses acteurs, ses inspirations en s’adressant directement au spectateur et en illustrant ses propos de quelques passages du film.

� Plus d’informations sur Jean-Denis Malclès :

Jean-Denis Malclès a aussi été créateur de costumes et de décors pour le théâtre et s’est également illustré en peinture. Si vous voulez en savoir davantage sur ses oeuvres :

http://www.malclesjean-denis.com/indexsite.html

4. Jean Cocteau

� Le site dédié à Jean Cocteau

http://www.jeancocteau.net/

� avec plus particulièrement sa filmographie

http://www.jeancocteau.net/œuvre filmographie_fr.php

� Le site de la maison que Jean Cocteau habitait à Milly-la-Forêt.

http://maisoncocteau.net/

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5. Henri Alekan, directeur de la photo

� Sa biographie sur :

http://cinema.encyclopedie.personnalites.bifi.fr/index.php?pk=13563

� Un article Des lumières et des ombres (teledoc) revient sur les fonctions de la lumière dans le film. Cet article se propose de répondre à la question du « rôle que peut jouer la lumière dans l’émergence du fantastique ».

http://www2.cndp.fr/TICE/teledoc/plans/plans_bellebete.htm

� Une interview : Henri Alekan y parle de la lumière solaire et de la lumière « anti solaire » qui permet de créer un effet fantastique. Il explique comment les jeux d’ombre et de lumière ont permis de ciseler l’image dans la Belle et la Bête.

http://www.ina.fr/video/DXC9706040708

6. Christian Bérard, directeur artistique

Même si, comme pour tous les contes, la Belle et la Bête commence par « Il était une fois », ce qui lui donne un caractère intemporel, les décors et les costumes l’inscrivent dans une certaine temporalité (vêtements très proches de la cour du XVIIe siècle) qui permettent de donner chair et vie aux personnages assez transparents du conte originel.

1

C’est à Christian Bérard (1902-1949) qu’on doit la création des costumes et des décors de la Belle et la Bête. Il était peintre, illustrateur, scénographe, décorateur et créateur de costumes.

Pour en savoir plus sur cet artiste :

http://lechatmasque.wordpress.com/2011/08/12/christian-berard-lenchanteur-neo-humaniste/

7. Le contexte du tournage

� « Un tournage difficile »2

En effet, à l’époque où ce film a été tourné, l'immédiat après-guerre (du 27 août 1945 au 11 janvier 1946), les conditions de travail n'étaient pas faciles. L'équipe connaît notamment des difficultés à trouver de la pellicule et souffre de la restriction d'électricité, des pannes de courant entraînant une absence de lumière de studio.

1 http://venetianred.net/2010/01/12/christian-berard-painter-designer-illustrator/ 2 Cahier de notes sur…p.5

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Cocteau a tenu un journal dans lequel il note ses idées et ses difficultés.

La Belle et la Bête, Jean Cocteau, Ed. Du Rocher (réédition en 2003)

Il y « raconte comment, désirant donner avec les draps qui sèchent l’impression de labyrinthe, il voulut en trouver douze de plus que les six qu’il avait déjà et comment, après de longues recherches, son assistant n’en trouva que neuf à louer ou emprunter… Plus loin, son récit est ponctué des arrêts de travail forcés dus aux pannes d’électricité incessantes, aux grèves, aux difficultés d’approvisionnement de toute sorte. […] Tournage difficile, parce que la matière résiste, manque, ou au contraire impose excessivement sa présence ; parce que le corps-malade, blessé, souffrant (voir les notations sur la propre maladie du cinéaste, et, plus impressionnantes encore, les pages décrivant les conséquences, sur le corps de Jean Marais, de son maquillage quotidien) ne se laisse jamais oublier. »3

� La maladie de peau dont souffrait Jean Cocteau au moment du tournage est évoquée par Jean Marais, interviewé au Théâtre de Paris en 1968.

http://www.ina.fr/video/I08282574/jean-marais-a-propos-du-tournage-de-la-belle-et-la-bete-video.html

� Le tournage a aussi été difficile en raison des cinq heures qu’exigeait le maquillage de Jean Marais.

« Pour son rôle de "la Bête", Jean Marais imaginait au départ une Bête à tête de cerf mais Christian Bérard lui démontra que la Bête devait effrayer et ne pouvait être en conséquence un herbivore mais un carnivore. C'est finalement le chien de Jean Marais, Moulouk, qui servit de modèle à l'élaboration du masque de la Bête.

Le fameux masque fut confectionné par un grand perruquier parisien du nom de Pontet. Chaque poil était monté sur une toile de tulle divisée en trois parties que l'on collait sur le visage du comédien. Le maquillage, très pénible, prenait cinq heures chaque jour : trois heures pour le visage et une heure pour chaque main. Certaines dents furent recouvertes de vernis noir pour leur donner un aspect pointu, et les canines pourvues de crocs tenus par des crochets en or. Ainsi déguisé, Jean Marais put seulement se nourrir de purées et de compotes durant le tournage.»4

Des photos de la séance de maquillage sur :

http://www.lesiconesdu7art.blogspot.fr/2013/03/la-belle-et-la-bete-1946-jean-cocteau.html 3 ibid 4 http://www.cin-et-toiles.com/films/fiche-la-belle-et-la-bete.htm

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� Les lieux du tournage

« Les scènes de la maison de la Belle furent tournées au Manoir de Rochecorbon en Indre-et-Loire, et les extérieurs du château de la Bête au château de Raray près de Senlis. »5

Le château de Raray6

Le moulin de Touvoie à Rochecorbon7

En dehors de ces lieux, le film a été tourné dans des studios de cinéma, celui d’Epinay-sur-Seine (scènes du parc de la Bête) et celui de Saint-Maurice (intérieurs du château et de la maison du Marchand).8 5 http://www.filmsduparadoxe.com/labellecat.html 6 http://elsaarkus.blogspot.fr/2011/12/il-etait-une-fois-la-belle-et-la-bete.html 7 http://monnaies.delcampe.fr/page/item/id,196547581,var,37-ROCHECORBON-moulin-de-touvoie,language,F.html 8 Cahier de notes sur…p.5

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8. De nombreuses inspirations plastiques parmi lesquelles : Les références à Vermeer (1662-1675) et aux peintres flamands du XVIIe siècle

La jeune fille à la perle (Huile sur toile, 45x40, La Haye)

Les références à Gustave Doré (1832-1883)

Peau d’Âne

9. Le conte

Le film La Belle et la Bête est adapté du conte de Mme Le Prince de Beaumont. Le texte intégral du conte sur : http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/arts-culture/IMG/pdf/LA_BELLE_ET_LA_BETE_Texte_de_Mme_Leprince_de_Beaumont.pdf

10. Des analyses de séquences

� La séquence vidéo qui « anime » l’analyse de séquence des Cahiers de notes sur… « La Belle se rend chez la Bête » sur le site :

http://site-image.eu/?page=film&id=19&partie=decoupage

� Trois analyses de séquences permettant de travailler la relation musique/action

http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/arts-culture/IMG/pdf/Relations_image_musique.pdfmmce

� L’analyse de la musique qui accompagne le générique http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/arts-culture/IMG/pdf/LA_MUSIQUE_DU_GENERIQUE_de_La_Belle_et_la_Bete.pdf

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11. Le(s) genre(s) du film

Le conte est un court récit d’événements imaginaires. Parmi les contes, il y a les contes fantastiques et les contes merveilleux (ou contes de fées).

Un conte merveilleux commence souvent par « Il était une fois… ». Le monde qui y est exploré comporte nécessairement des faits et des éléments surnaturels, de la magie sans intrusion de la réalité. Le merveilleux est régi par des lois qui n’appartiennent qu’au domaine du surnaturel.

Le conte fantastique joue des limites entre le rationnel et l’irrationnel, le rêve et la réalité, le présent et le passé. L’événement fantastique crée de l’angoisse soit à cause d’un personnage : monstre, vampire, sorcier…, d’un lieu particulier : vieux château, maison abandonnée, forêt, d’un décor : nuit, brouillard…

Le cinéma fantastique peut se définir par la tentative de rendre visible ou tout au moins présent l’étrange, l’anormal, la monstruosité, l’au-delà, le mystère dans un monde "ordinaire" ...

Le prologue du film de Cocteau joue de cet effet de réel : les personnages et le décor indiquent un monde probable qui s’oppose au monde magique de la Bête. Ainsi le décor en analogie avec notre monde endort notre vigilance de spectateur et l’intrusion de quelque chose d’étrange en sera inévitablement renforcée. La Belle et la Bête est un film qui tient, à la fois, du merveilleux et du fantastique. Son langage plastique permet aussi d’en faire « jaillir » toute la poésie.

Pour lire l’article qui traite de cette thématique :

http://www.filmsduparadoxe.com/belle.pdf

PISTES PÉDAGOGIQUES

1. Quelques généralités

Avant la projection :

La présentation de l’affiche, la bande annonce permettent de créer des horizons d’attente.

Sans doute, les élèves évoqueront-ils la Belle et la Bête de Walt Disney. S’appuyer sur cette connaissance pour évoquer les personnages et l’essentiel de la narration. Cela pourra constituer un point d’appui pour une comparaison avec le film de Cocteau.

Après la projection :

Avant tout, l’approche sensible.

� Faire verbaliser les élèves pour qu’ils puissent livrer leurs émotions, leurs ressentis, leurs points de vue :

- A-t-on aimé ? Pas aimé ? Pourquoi ?

- Quels passages du film ont été perçus comme les plus forts ?

- Quels passages ou détails n'ont pas été compris ou ont fait peur ?

- Qu’est-ce qui a semblé curieux, étrange ?

� L’évocation d’une scène peut également se faire par le dessin.

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2. Dans le domaine des arts visuels

� Les affiches

- Avant la projection, formuler des hypothèses à partir des deux affiches du site les enfants de cinéma : type d'histoire, personnages, relation entre les personnages, jeux de regards, les proportions, attitudes, couleurs, graphisme des lettres, signature de Jean Cocteau etc…

Cette lecture d’images, partant d’une approche descriptive pour aller vers une approche interprétative, peut être l’occasion d’aborder la question de la fonction de l’affiche de cinéma.

- En arts plastiques, réaliser une nouvelle affiche pour le film la Belle et la Bête, selon par exemple les sentiments que le film aura permis d’éprouver.

� Le langage cinématographique

- La notion d’échelle de plan (général, moyen, américain, gros plan), la notion d’angle de vue (plongée, contre-plongée), la notion de champ (champ, hors champ, contre-champ)

Pour chacune de ces notions, collecter et classer des images fixes, dessiner ou composer une scène par collage, avec la caméra ou l’appareil photo numérique, produire des images en lien avec la notion étudiée.

- Topographie des lieux du film / « Trois lieux sont représentés :

- la maison du marchand : milieu diurne, correspondant à une "réalité" analogique de notre monde - le château de la Bête : milieu nocturne, irréel - le pavillon de Diane, mi-réel, mi-imaginaire. Une première piste pédagogique pourrait consister à trouver tous les instants et les moyens de passage d’un lieu à l’autre : - utilisation d’objets inanimés aux fonctionnalités magiques : miroir, gant - utilisation de personnages magiques : le cheval le Magnifique ».9

Un quatrième lieu qu’est la forêt est un passage de transition entre le monde familier et le monde enchanté. Il éveille un sentiment d’inquiétude chez le spectateur. La forêt est un élément angoissant, omniprésent dans les contes, évoquant l’abandon, l’errance, le danger. C’est le lieu de passage qui marque le début de l’aventure, de l’épreuve où l’on doit accepter de se perdre pour grandir.

- Les décors et les costumes

• Réalisations plastiques à partir de dessins, de photomontages

• Évocation d’un prince, d’une princesse à partir de matériaux que les élèves considèrent comme précieux

• En lien avec les lieux du film et la question de la lumière, recréer une scène intérieure en deux dimensions (cf dessin de Christian Bérard) ou en trois dimensions (à l’intérieur d’un carton par exemple).

9 Dossier pédagogique « La Belle et la Bête » - Thierry DELAMOTTE – Mission Cinéma – Nov. 2003

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- La lumière

• Analyser les effets que produisent les ombres : l'ombre des feuillages dans la forêt, l'ombre indépendante et géante du père à l'arrivée du château de la bête, etc.

• Analyser les effets que produisent les parties éclairées (s’interroger sur la localisation de la lumière, sur sa nature-naturelle, artificielle) : dans la première vision de la Bête par la Belle (qui déclenche son effroi), la Bête est éclairée par dessous, ce qui la rend encore plus monstrueuse.

A partir de cet exemple, on peut travailler sur les jeux d'ombre et de lumière :

• Chercher des ombres et photographier

• Dessiner l'ombre d'une forme simple (un bol, un vase etc...) ou photographier

• Créer des ombres sur les visages en jouant avec diverses sources lumineuses (une lampe de poche)- Photographier

Référence culturelle sur le site de la DSDEN : Vermeer p. 2 du livre 2 de la frise Histoire et histoire des arts : http://www.dida91.ac-versailles.fr/frise/livre2/index.html

• Les trucages : comprendre les effets spéciaux

• Filmage à l’envers (l’envol du Prince et de la Belle à la fin, l’apparition du collier, la scène des candélabres qui s’allument les uns après les autres)

• Utilisation de fils et de ficelles (plate-forme à tirette sur laquelle la Belle parcourt le couloir, fils invisibles pour ouvrir les portes de l’écurie ou celle de la chambre)

• Utilisation de bâtonnets pour faire bouger toutes seules les oreilles de la Bête

• Ralentis (le départ de la Belle)

• Trucages associés au miroir (remplacement de la surface réfléchissante par du verre transparent)

• Trucages produits par le raccord (transformation du collier en corde fumante)

- Le générique

L’analyse du générique montre combien Cocteau est attentif à nous faire comprendre que la réalité du tournage n’est pas celle du monde réel et combien il est important d’être naïf pour pénétrer l’univers des contes.

En partant d’une description chronologique des différents plans du générique :

• Qui en sont les différents protagonistes ? (Le réalisateur : Jean Cocteau, des acteurs : Jean Marais, Josette Day, un technicien : le clapman...)

• Que font-ils ? Jean Cocteau écrit sur un tableau noir au fur et à mesure les noms des acteurs qui viennent les effacer ensuite, le clapman nous montre le dispositif de tournage.

Comment interpréter ce générique ?

Ci-dessous, texte de la fin du générique (noter la signature de Jean Cocteau avec l'étoile que l'on retrouve dans ses oeuvres picturales)

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Texte écrit en blanc sur fond noir déroulant après le générique de début du film La Belle et la Bête de Jean Cocteau.10

« L'enfance croit ce qu'on lui raconte et ne le met pas en doute. Elle croit qu'une rose qu'on cueille peut attirer des drames dans une famille. Elle croit que les mains d'une bête humaine qui tue se mettent à fumer et que cette bête en a honte lorsqu'une jeune fille habite sa maison. Elle croit mille autres choses bien naïves.

C'est un peu de cette naïveté que je vous demande et, pour nous porter chance à tous, laissez-moi vous dire quatre mots magiques, véritable "Sésame ouvre-toi "de l'enfance :

Il était une fois… » Jean Cocteau

- L’expression de la poésie du film

Cocteau dit que « la poésie doit sortir de l’organisation des images et des sons ». Faire recenser les thèmes, les images et les sons que les élèves considèrent comme poétiques. Puis évoquer les techniques utilisées par Jean Cocteau pour rendre cette poésie :

• des images nettes (contrairement à l’habitude de l’époque de tournage du film qui demandaient des images "floues").

• les bruits du quotidien, le timbre de voix des acteurs, la musique, le silence

• une valorisation des valeurs spirituelles : à la fin du film la montée au ciel de la Belle et du prince, etc.

• le ralenti de certains déplacements : la course de la Belle au ralenti, son avancée sans bouger les jambes, la traversée de la porte qui modifie ses vêtements

• des mouvements : le vent dans les voilages

• la majesté des vêtements de la Belle et de la Bête, reflet de la majesté de leur âme.

- Le merveilleux et le fantastique

De la même façon, on peut rechercher dans la Belle et la Bête ce qui relève du domaine du merveilleux et du domaine du fantastique.

Merveilleux : le miroir magique, le gant, le cheval le magnifique, le fin heureuse

Fantastique : les arbres qui s’écartent, les portes qui s’ouvrent et se referment seules, les candélabres tenus par des bras humains, les yeux des statues, la Bête dont les doigts fument, les ombres mouvantes ou ayant une vie propre (par exemple : arrivée du père au château de la Bête où son ombre est agrandie de manière démesurée), l'effet de souffle dans les cheveux du père, les fumées (qui sortent des naseaux des caryatides, des griffes de la Bête), etc.

Après avoir fait verbaliser les élèves autour de la différence, la beauté et la laideur, la monstruosité, travailler sur la métamorphose ou en particulier sur les êtres hybrides : • créer des cadavres exquis autour de l'idée de monstres

10 http://pedagogie.ac-toulouse.fr/ecoleetcinema31/films/bellebete/fiche.htm

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• créer un réseau culturel autour de l'image du monstre en utilisant des supports divers : albums de jeunesse, dessins animés, bandes dessinées, peintures (Goya, Bacon, etc.), sculpture, mythologie...

3. Dans le domaine de la littérature

� Compréhension du récit :

- A l’oral : (réseau des personnages, situation des lieux, des actions, repérage de la chronologie)

- A l’écrit : résumé du film, décrire le château de la Bête, raconter une scène, légender un photogramme

- L’évocation d’une scène peut également se faire à travers le dessin : dessiner la scène qui a paru la plus emblématique du film. La remise en ordre chronologique des dessins permettra de revenir sur les événements manquants.

� Description des personnages du film (les nommer, les décrire physiquement, décrire leur personnalité, les dessiner).

- Les lieux du film (décrire le château de la Bête et la maison de la Belle). On peut demander aux élèves de faire un plan ou une maquette des différents lieux du film. S'en servir pour matérialiser et situer les différents déplacements des protagonistes et ainsi mieux saisir l'ensemble du récit.

� Comparaison entre le film et le conte sur :

http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/arts-culture/IMG/pdf/Structure_du_conte.pdf

Un extrait de cette comparaison :

Et une fiche pédagogique complète en littérature

http://www.cddp95.ac-versailles.fr/IMG/pdf/La_belle_la_bete.pdf

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4. Dans le domaine de l’éducation musicale

Inventer une musique à l’aide de corps sonores sur une séquence (par exemple dans la forêt) en utilisant des procédés évoqués dans l’analyse filmique.

5. Mise en résonance

� avec d’autres contes :

Blanche Neige, Les frères Grimm, 1812 (Blanche Neige et autres contes, Jacob et Wilhelm Grimm Poche, 2008)

Cendrillon, Charles Perrault, 1697 (Les contes de ma Mère l’Oye)

- avec des histoires de monstres

Le petit Poucet, Charles Perrault, 1697 (Les contes de ma Mère l’Oye)

Le petit Gruffalo, Julia Donalson, Autrement Junior

Max et les Maximonstres, Maurice Sendak, 1963

� d’autres films

Peau d’âne, Jacques Demy, 1970, France

L’étrange Noël de M. Jack, Tim Burton, 1994, USA

King Kong, Merian C. Cooper/ Ernst B. Schoedsack, 1933, USA

6. Bibliographie pour les enseignants :

Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim, Robert Laffont, (1976), 2012. En particulier, lire le chapitre, le cycle du fiancé-animal dans les contes de fées p. 409