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Simon Chaboudez & Simon Cappelle Mai 2013 Le rapport de Brodeck Bande annonce - Analyse Suite à la réalisation d'une bande annonce pour présenter/promouvoir le livre de Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck, nous allons présenter une brève analyse servant de clef de lecture et d'explication à notre travail. Pour ce faire, nous allons simplement prendre chaque passage et détailler son rôle dans la vidéo. Le premier extrait textuel sert d'accroche et met en évidence le thème essentiel du livre : la férocité humaine. Viennent ensuite les trois coups qui marquent le début de la bande annonce et le titre du livre, toujours dans l'accroche. (NB: Le son vient de la scène de « l'ours juif » dans Inglorious Basterds, film de Quentin Tarantino qui met en scène une fiction sur le crépuscule du Troisième Reich). C'est aussi le début de la musique, une simple ambiance sonore pour l'instant, avec néanmoins un côté oppressant. Le 2ème extrait de texte est caractéristique du style Claudel et introduit la thématique de la férocité humaine, qui sert de point de départ à la vidéo. Cette thématique passe ensuite au deuxième plan pour faire place au rapport entre l'homme et cette férocité qui l'habite, comme le montre une vidéo d'archive de l'occupation allemande. On y voit un homme bien habillé se faire battre au milieu d'une foule passive, voire même participante. La vidéo n'est pas excessivement choquante - ou pas du moins pas autant qu'elle aurait pu l'être - afin de ne pas détourner le regard du spectateur et lui donner matière à réflexion sur une scène de discrimination envers les juifs. C'est avec le 3ème passage que nous abordons le thème qui nous a le plus marqué à la lecture de ce livre, à savoir la puissance de l'imagination et l'espoir qu'elle peut représenter. C'est le début d'une réflexion sur la limite entre le réel et l'irréel, entre ce que l'on peut croire et ce que l'on ne peut (ou qu'on ne veut) pas croire. C'est dans un timing bien calculé que prend forme l'évasion imaginaire sur un air de Glockenspiel échevelé, qui survole avec légèreté une trame musicale oppressante. Nous voyons alors des êtres « prisonniers » dans des bulles, volant au dessus d'un monde fantastique. Ces bulles leur permettent de s'évader, d'échapper en quelque sorte à leur condition. Elles représentent aussi leur dernière possibilité de retour à la réalité; si elles venaient à éclater, les personnages resteraient bloqués à jamais dans un autre univers. Chose qui est arrivée à Emélia et qui justifie en partie le prochain extrait. Ce passage illustre également la dimension fantastique perceptible tout au long du roman. (NB : La musique vient d'un dessin animé où le héros s'appelle Oz; il s'agit d'un extrait du film : Le monde fantastique d'Oz.) Le 4ème et dernier long extrait réunit la férocité introduite au début de la vidéo et le monde magique qui l'a suivie. Il est aussi très accrocheur par son style. La musique, assimilée auparavant à la magie, revient cette fois sur des images de la guerre. Le spectateur a alors l'impression que la musique prend le dessus sur l'atrocité soumise au regard. Comme si l'espoir, l'imagination étaient plus forts que les tristes constats de la férocité humaine. C'est comme cela que nous avons interprété les mots de Philippe Claudel, lorsqu'il parle de la reconstruction de l'homme dans son interview Brodeck, l'envoyé des ténèbres et dont il nous donne plusieurs exemples tout au long du livre. Il est aussi possible d'interpréter cette sublimation par la musique comme une preuve que ce livre ne peut pas être catalogué comme une oeuvre de la littérature contemporaine, purement tournée vers un rapport à l'image.

Rapport de bordeck - trailer vidéo - analyse

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Simon Chaboudez & Simon Cappelle Mai 2013

Le rapport de Brodeck Bande annonce - Analyse

Suite à la réalisation d'une bande annonce pour présenter/promouvoir le livre de Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck, nous allons présenter une brève analyse servant de clef de lecture et d'explication à notre travail. Pour ce faire, nous allons simplement prendre chaque passage et détailler son rôle dans la vidéo.

Le premier extrait textuel sert d'accroche et met en évidence le thème essentiel du livre : la férocité humaine. Viennent ensuite les trois coups qui marquent le début de la bande annonce et le titre du livre, toujours dans l'accroche. (NB: Le son vient de la scène de « l'ours juif » dans Inglorious Basterds, film de Quentin Tarantino qui met en scène une fiction sur le crépuscule du Troisième Reich). C'est aussi le début de la musique, une simple ambiance sonore pour l'instant, avec néanmoins un côté oppressant.

Le 2ème extrait de texte est caractéristique du style Claudel et introduit la thématique de la férocité humaine, qui sert de point de départ à la vidéo. Cette thématique passe ensuite au deuxième plan pour faire place au rapport entre l'homme et cette férocité qui l'habite, comme le montre une vidéo d'archive de l'occupation allemande. On y voit un homme bien habillé se faire battre au milieu d'une foule passive, voire même participante. La vidéo n'est pas excessivement choquante - ou pas du moins pas autant qu'elle aurait pu l'être - afin de ne pas détourner le regard du spectateur et lui donner matière à réflexion sur une scène de discrimination envers les juifs.

C'est avec le 3ème passage que nous abordons le thème qui nous a le plus marqué à la lecture de ce livre, à savoir la puissance de l'imagination et l'espoir qu'elle peut représenter. C'est le début d'une réflexion sur la limite entre le réel et l'irréel, entre ce que l'on peut croire et ce que l'on ne peut (ou qu'on ne veut) pas croire.

C'est dans un timing bien calculé que prend forme l'évasion imaginaire sur un air de Glockenspiel échevelé, qui survole avec légèreté une trame musicale oppressante. Nous voyons alors des êtres « prisonniers » dans des bulles, volant au dessus d'un monde fantastique. Ces bulles leur permettent de s'évader, d'échapper en quelque sorte à leur condition. Elles représentent aussi leur dernière possibilité de retour à la réalité; si elles venaient à éclater, les personnages resteraient bloqués à jamais dans un autre univers. Chose qui est arrivée à Emélia et qui justifie en partie le prochain extrait. Ce passage illustre également la dimension fantastique perceptible tout au long du roman. (NB : La musique vient d'un dessin animé où le héros s'appelle Oz; il s'agit d'un extrait du film : Le monde fantastique d'Oz.)

Le 4ème et dernier long extrait réunit la férocité introduite au début de la vidéo et le monde magique qui l'a suivie. Il est aussi très accrocheur par son style. La musique, assimilée auparavant à la magie, revient cette fois sur des images de la guerre. Le spectateur a alors l'impression que la musique prend le dessus sur l'atrocité soumise au regard. Comme si l'espoir, l'imagination étaient plus forts que les tristes constats de la férocité humaine. C'est comme cela que nous avons interprété les mots de Philippe Claudel, lorsqu'il parle de la reconstruction de l'homme dans son interview Brodeck, l'envoyé des ténèbres et dont il nous donne plusieurs exemples tout au long du livre. Il est aussi possible d'interpréter cette sublimation par la musique comme une preuve que ce livre ne peut pas être catalogué comme une oeuvre de la littérature contemporaine, purement tournée vers un rapport à l'image.

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La musique vient alors raconter elle même l'histoire; elle devient elle-même l'instance narrative et c'est pourquoi la scène qui suit est un simple zoom lent sur un tableau de Monet. Avec une curiosité maintenue en éveil par la dimension magique et pesante à la fois de la musique et des images, nous avons essayé d'inciter le spectateur à plonger dans l'univers offert par Philippe Claudel. Nous avons choisi un tableau qui conserve un lien étroit entre le réel et l'imaginaire. Monet travaille en effet avec des aplats de peinture, couche par couche, formant ainsi une image; comme l'Homme qui se construit peu à peu, au fil de ses expériences. Nous voyons alors deux hommes tournés vers l'horizon et à l'écart du sentier tracé, comme en marge de la scène. Le zoom sur ces deux hommes transcrit une vision de l'abîme de l'Homme dans sa solitude, dans un espace isolé. Le choix de ce tableau est aussi une mise en évidence de l'aspect poétique - élément essentiel pour nous - qui se dégage de ce livre. Cette mise en exergue n'est possible que par la pose des éléments primordiaux que sont le rapport entre la misère et l'espoir, entre le réel et l'irréel.

Constat qui ne nous laisse nécessairement pas indifférent, d'où le tableau Le Cri, pouvant représenter une crise existentielle, à laquelle Brodeck n'échappera pas. Il est intéressant de voir comment il l'affronte. Selon nous, il dépasse sa condition grâce à l'espoir, d'où un travelling vertical de bas en haut, comme une élévation, un regard plongeant dans le ciel. (NB : Edvard Munch en balade sur ce pont aurait, en se retournant, vu le ciel rouge, comme enflammé et cela aurait été l'inspiration de sa peinture. En fait, il s'agit probablement des cendres d'un volcan entré en éruption non loin de là et qui auraient pu donner cette couleur au ciel en fonction du positionnement du soleil).

Les phrases éparses qui suivent reflètent l'aspect décousu du texte. Nous voulions à la base faire une sorte d'enchaînement et de superposition de ses extraits afin de remplir tout l'écran, mais nous avons été limités par nos connaissances techniques dans le montage vidéo. Néanmoins, ces phrases rapides, courtes et fortes génèrent un suspense certain pour la fin de cette vidéo. Celle-ci se conclut avec un rappel du début afin de créer un peu de mystère avec ces trois coups indéterminés et atemporels.

Il s'agit aussi de faire la promotion du livre et de rappeler qu'il s'agit bien d'une oeuvre littéraire et non pas de la bande annonce d'un film. A cet effet, nous avons effectué un gros plan du titre sur la couverture du livre. Puis nous prenons de la distance, comme s'il fallait voir plus loin que les mots eux-mêmes, avec un dézoome et un travelling « oblique » direction « nord-est », laissant ainsi apparaître le nom de l'auteur. Puis le titre disparait, l'auteur aussi, et il ne reste plus que l'homme, ses yeux, sa mémoire, sa pensée. Référence discrète à la fin du livre. Que pouvons-nous dire d'autre sur ce travail à part qu'il fût très intéressant à réaliser, avec comme défi celui de garder le plus possible l'aspect « bande annonce» combiné à une analyse ? Ce qui se dégage pour nous de ce livre, le thème que nous avons pu formuler après analyse et tenter d'exprimer dans notre création est celui d'une poétique de l'espoir qui résiste au dur constat de la férocité humaine.

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Simon Chaboudez & Simon Cappelle Mai 2013

Réalisation

Montage vidéo : Réalisé sur IMovie

Voix :Voix de Simon Cappelle modifiée sur Garage Band

Musique : Bande son du dessin animé japonnais Pandora Hearts - "Another dimension" par Wakana, Fictionjunction, Eri Ito et/ou savage genius.

Vidéos : - Images sources tirées du documentaire : Einsatzgruppen, Les Fosses Partie une : http://www.youtube.com/watch?v=SAipcBklO-w- Extrait du film : Le Monde Fantastique d'OZ.Disponible ici : http://www.youtube.com/watch?v=4kJB0eoBDU0

Images : - 1er tableau : Neige au soleil couchant, de Claude Monet.- 2ème tableau : Le Cri, de Edvard Munch.