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La Semaine Religieuse d’Alger n° 6 - juin 2009 - 109ème année

Semaine Religieuse Alger N6 Juin 2009 109eme Annee

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La Semaine Religieuse d’Alger N6 - juin 2009 - 109eme annee

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La Semaine Religieuse d’Alger n° 6 - juin 2009 - 109ème année

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Prière de Benoît XVI devant le Mur des lamentations

à Jérusalem, le mardi 12 mai 2009

Dieu de tous les âges, lors de ma visite à Jérusalem, « ville de la Paix »,

demeure spirituelle commune des juifs, des chrétiens et des musulmans,

je vous apporte les joies, les espoirs et les aspirations, les épreuves, la souffrance, et la douleur de votre peuple

à travers le monde. Dieu d‘Abraham, d’Isaac et de Jacob,

entendez le cri des affligés, des apeurés, des dépouillés, envoyez votre paix sur cette Terre sainte, sur le Moyen-Orient,

sur votre famille entière, remuez les cœurs de tous ceux qui appellent en votre nom

pour marcher humblement sur le sentier de la justice et de la compassion.

« Dieu est bon avec ceux qui l’attendent, avec l’âme qui le cherche »

(livre des lamentations 3,25)

Benoît XVI

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Pentecôte

"Chacun d'eux les entendait parler sa propre langue"

(Actes 2: 5)

C hers frères et sœurs,

Cinquante jours après la fête de la Résurrection, nous célébrons aujourd'hui la fête de la Pentecôte. Mais plus exactement, qu’est ce que cette fête de la Pentecôte ? Et quel sens peut-elle avoir encore pour nous et pour nos frères les hommes? Si la fête de l'Ascension du Seigneur, ou le retour du Christ au ciel, terminait sa présence visible au milieu des hommes et concluait sa mission sur terre, donnant ainsi l'impression que Jésus quittait définitivement ce monde des hommes pour rentrer dans la gloire qui lui appartenait depuis l'éternité, Jésus cependant ne part pas en laissant les hommes seuls. Il ne les laisse pas orphelins. Il reste au mi-lieu d'eux, leur envoie l'Esprit Saint qui restera avec eux jusqu'à la fin des temps, comme il l'avait déjà promis. La Pentecôte c'est donc l'Esprit Saint, Dieu lui-même qui vient habiter parmi nous et faire sa demeure dans nos cœurs, c'est Dieu qui se rend présent au milieu des hommes, pour marcher avec eux et les accompagner sur les chemins de la vie. Dans la première lecture des Actes des Apôtres, nous avons pu constater comment cette effusion de l'Esprit Saint, cette présence de Dieu au milieu des hommes est source de communion, d'unité, de paix et d'entente entre les hommes, entre les peuples, les nations, les religions, puisque en ce jour de la Pentecôte, ils étaient venus de toutes parts et parlaient chacun sa propre langue, diffé-rente de celle des autres… Pour quelqu'un qui connait un peu la géographie et aussi l'histoire du monde de ce temps-là, il peut constater que tous les peuples, toutes les nations, étaient présents au Cénacle: "Galiléens, Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la Mer Noire, de la pro-vince d'Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l'Égypte et de la Lybie, Romains, Juifs, Crétois et

Arabes…"; malgré toutes ces différences, et grâce à cette présence de Dieu au milieu d'eux, la Parole de Dieu nous rapporte que "… chacun d'eux les entendait parler sa propre langue" (Actes 2, 5)… Au Cénacle, le jour de la Pentecôte, les hommes, les peuples, les nations… s'entendaient, se com-prenaient entre eux…Aujourd'hui, c'est différent, car chacun parle sa langue, une langue que les au-tres ne comprennent pas… et cela dure depuis la Création, depuis qu'il y a les hommes sur terre. En effet, après la Création, les hommes avaient tenté de se construire "… une ville, avec une tour dont le sommet touche au ciel" (Gen. 11, 4), mais nous savons que cette tour de Babel passa dans l'histoire des hommes comme le symbole de toutes les divisions, de toutes les différences, de tous les conflits, bref de tout ce qui sépare et oppose les hommes entre eux… et cela parce que les hommes entendaient construire leur ville, leur tour, sans Dieu ou même contre Dieu puisque le sommet de cette tour devait toucher au ciel, c'est-à-dire au trône de Dieu, à Dieu lui-même… Le jour de la Pentecôte par contre, tous ceux qui étaient présents étaient dans l'émerveillement, dans la stupéfaction, "car chacun d'eux les entendait parler sa propre langue". Aujourd'hui aussi, les hommes tentent de nouveau de se construire une ville, une culture, une civilisa-tion… dont le sommet touche au ciel, à Dieu lui-même. Notre monde est une nouvelle tour de Ba-bel, où chacun parle sa propre langue, celle de ses propres intérêts, et où personne ne réussit à com-prendre personne, et où chacun est contre tout et tous… Durant leur longue histoire, les hommes ont toujours trouvé et même inventé et fabriqué mille raisons pour se séparer, pour se différencier les uns des autres, pour tracer de nouvelles frontiè-res et construire de nouveaux murs de séparation entre eux, pour susciter la méfiance, la peur et la haine des uns contre les autres, pour se faire la guerre… Aujourd'hui les hommes s'éloignent de

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plus en plus les uns des autres, ils ont des langues différentes, leurs intérêts ne sont pas toujours les mêmes.… C'est pourquoi notre monde a besoin d'une nouvelle Pentecôte, car il a besoin de Dieu. La vie des hommes et les relations humaines ont besoin de Dieu… car Dieu seul peut rétablir l'har-monie dans notre univers, la paix et l'unité entre les hommes, l'entente et la concorde parmi les peu-ples et les nations, Dieu seul peut abaisser les murs de la peur et de la haine et nous convaincre de nous entendre, nous entraider, nous accepter réci-proquement. Dieu seul peut rendre les hommes capables de surmonter leurs différences, leurs mé-fiances, leurs craintes réciproques pour les conduire les uns vers les autres, car, au milieu des hommes, Dieu est l'Amour, cet Amour qui est le remède de toutes les divisions et de toutes les hai-nes. Il est la Vérité qui ne divise pas, mais unit et aide à faire l'unité. Il la Paix, car Lui seul peut dire "la paix soit avec vous" et seule la paix avec Dieu peut donner à l'homme la paix avec soi-même et avec ses frères les hommes. Dieu est Celui qui brise tous les murs qui séparent l'humanité, Celui qui traverse les portes fermées et apporte la paix. Dieu au milieu des hommes est Celui qui pardonne et leur donne la force de pardonner, de tendre une main et de reprendre la route avec leurs frères en humanité. Il abolit les différences, les distances, les frontières et restaure l’unité première des hom-mes. Saint Paul nous résume tout cela en décrivant les fruits de l'Esprit, de la présence de Dieu dans l'homme dans lequel Il habite:« le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi ». Toutes ces attitudes, toutes ces vertus sont tournées vers les autres, elles permettent de vivre en harmonie, en communion, en paix les uns

avec les autres, permettent à chacun d'entendre les autres parler dans sa propre langue. Hommes, pourquoi chercher ce qui vous sépare alors que vous êtes tous les enfants du même Dieu, alors que vous avez la même foi dans l'unique et seul Dieu de vous tous. Chers frères et sœurs, La Pentecôte est toujours actuelle, Dieu ne cesse pas de venir, d'envoyer son Esprit. Il est là au mi-lieu de l'Église, au milieu des hommes… Laissons-nous réveiller par l'Esprit, car cette présence de Dieu au milieu des hommes est aujourd'hui une réalité ou plutôt une nécessité qui devient de plus en plus urgente, car elle répond exactement à la soif de paix et d'entente entre les peuples qu'a l'homme aujourd'hui, elle répond exactement à son insatisfaction devant tout ce que peut lui offrir cette vie, et comble ainsi le vide qu'il sent à l'inté-rieur de lui-même et donner un sens à son exis-tence et à sa vie. Devant l'état de notre univers, devant les divisions qui séparent les hommes, demandons à Dieu d'in-tervenir, d'intervenir pour nous faire retrouver l'unité qui régnait entre eux et disons-lui: "Viens, Esprit Créateur, et renouvelle la face de la terre, et surtout renouvelle, purifie et unis les cœurs des hommes, pour qu'ils puissent vivre dans la concorde et la paix, la concorde et la paix avec Dieu, et avec leurs frères dans l'humanité". Prions pour la paix et l'entente entre les peuples et les na-tions de notre univers, dans l'espoir de les entendre parler une même langue, celle de l'amour, de la concorde, de la paix et du bien-être de tout homme. Amen

Mgr Khaleb Bader

Elle est née le jour de la Pentecôte « LA CHORALE »

Elle recrute tous ceux qui aiment chanter

Répétions le deuxième vendredi de chaque mois

à la maison Diocésaine de 10h30 à 11h30 (exception : Première répétition vendredi 19 juin 09)

Inscrivez-vous vite auprès du Père Bernard Mallet

[email protected]

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V ie du diocè se

Retour à Tibhirine

L ’émotion d’abord, pour beaucoup de ceux-là – dont je n’étais pas – qui font pèlerinage vers

ce lieu pascal, mis en route aujourd’hui par ce qu’ils en ont connu hier. Treize années dé-jà. Mémoire des sept dormants. « Il vous est bon que je m’en aille ». Vraiment ? Même de cette manière ? Par cet anti-Exode ? Sinistre-ment perpétré, de nuit certes et bâton à la main (peut-être) mais rapt sans Moïse apparent, et bri-sant d’un seul coup tant de liens, avec le voisinage qui en rien ne les asservissaient, avec toute l’É-glise d’Algérie qui en eux se reconnaissait, avec ce « peuple de priants » même si l’on sait qu’il n’est pas composé que de priants ? Nos quatre bus nous mènent donc là-haut. Épaule-ments de verdure entre des failles profondes, de-puis Médéa surtout, tour à tour denses ou transpa-rents dans la lumière commençante du matin. Ne dit-on pas que dans l’Irlande médiévale on prêtait trois couleurs au martyre, le rouge, le blanc et le vert, à savoir : le don du sang, l’offrande de la vir-ginité et de l’ascèse, le départ au loin pour la cause de l’Évangile. Faut-il vraiment ici choisir entre les trois ? Comme souhaité par le frère Jan, c’est le silence qui répand sur le cimetière, dès notre arrivée, un voile de consentement grave, d’infini respect pour les voies de Dieu, du Dieu des Évangiles et des religions qui cherchent le vrai. Silence de tombe. Plus « en creux », plus dénudé que l’inscription risquée par Clau-del sur sa tombe et qui bavarderait encore trop : « ici reposent les restes et la semence d’é-ternité de… » Fra-giles bougies allu-mées. Fleurs d’un

jour venues de la plaine. Senteurs de miel des aca-cias en pleine floraison. Si douce assurance plutôt que certitude implacable : cette éternité qui tire en avant, brûle aussi de nous éclairer sur notre au-jourd’hui. Sur notre exode en cours. L’Eucharistie, dans leur église. Tente-étable, qui gonfle ses toiles, élargit ses piquets. Sept lucioles sur le rude bois de l’autel. Ghaleb, notre archevê-que, invite à regarder devant, à trouver fidélité de-vant. Nurallah, unique petite sœur de Bethléem, pourrait-elle, même en arabe, chanter autre chose ? Tant de voix et de visages subsahariens donnent un élan d’universalité. La voix grave de Robert Fouquez, témoin du passé s’il en fut, nous annonce à tous notre acte de naissance : nous sommes nés à Thibérine, cet espace n’est rien d’autre que notre maison.

Quelques moments de réflexion préala-bles, par petits grou-pes, comme englou-tis, absorbés par l’ampleur discrète et accomplissante de ce repas pascal. Com-ment faire et rece-

voir un avenir qui nous tende les bras et nous ou-vre les mains ? Mon groupe, en guise d’ échange, insiste surtout sur la réciprocité, la réciprocité qu’imposent désormais ce lieu et son histoire : il y a des besoins de ce peuple, bien sûr, dans la me-sure où un pluralisme de sa part, autant spontané que décidé, nous ouvre les portes et veut bien se prêter aux services que nous aimerions lui rendre, mais il y a en face tout ce que nous recevons de ce peuple si malmené par l’histoire, tout ce que nos frères les moines, les premiers, ont reçu de lui, dé-couvert en lui, c’est cela que nous tenions à rappe-ler à l’Offertoire. Merci, les sept dormants ! Éveillez-nous chaque jour, vous les éveillés. Et merci à tous ceux qui ont osé cette journée.

Dominique Motte

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V ie du diocè se

Célébration de la Confirmation et de la Profession de Foi à la Cathédrale du Sacré Cœur

Le vendredi 22 mai, six confirmands et huit jeunes faisant leur profession de foi étaient rassemblés avec leurs parents et amis, à la Cathédrale du Sacré Cœur. Les confirmands avaient écrit à Mgr Bader une lettre dans laquelle ils exprimaient les raisons pour lesquelles ils demandaient la confirmation.

Mgr Teissier qui présidait la cérémonie, en remplacement de Mgr Bader, pris par le pè-lerinage à Tibhirine, a repris les principales convictions de ces jeunes pour les partager avec leurs familles et leurs amis.

Confirmer votre baptême Par les professions de foi, comme par la confirma-tion, vous allez aujourd’hui confirmer votre bap-tême, c'est-à-dire votre identité de chrétiens, de disciples de Jésus et de son évangile, c’est ce que dit l’une d’entre vous qui écrit : « La confirmation permet de dire que nous allons confirmer notre baptême, (que l’on est d’accord avec nos parents qui nous ont fait baptiser après notre naissance) et que ce ne sont pas eux qui déci-dent à notre place. Maintenant, je sais que je veux être chrétienne dans ma vie future. Je voudrais vraiment exprimer cela, car j’étais indécise sur ma religion quand j’étais petite et même jusqu’à l’an-née dernière ».

Cette confirmation de votre foi vient au terme d’une évolution personnelle. Un garçon écrit : « Si je fais ma confirmation ce n’est pas pour suivre mes amis ou parce qu’on me l’a imposé… mais c’est pour continuer mon che-min dans la vie chrétienne ». Et une fille écrit : « En Algérie, au milieu d’une culture différente, on ne peut pas suivre les co-pains sans réfléchir. On est obligé de se remettre en question et je préfère appeler cela ‘écouter son cœur’… Je me suis rendu compte que c’est mon choix et qu’il est remplacé par la présence moins envahissante d’un mouvement d’ensemble comme cela aurait été le cas en France ». Le deuxième thème que vous soulignez dans vos lettres est celui-ci :

La vie chrétienne est un don de Dieu, un don de l’Esprit de Dieu Cela aussi vous l’avez bien compris : L’une d’en-tre vous écrit : « Lors d’une séance préparatoire à

la confirmation, le P. Christian nous a parlé de l’Esprit Saint et je me suis rendue compte que l’Esprit (de Jésus) nous guide. Par exemple : − pour prendre des décisions, − pour aider des personnes, − pour partager un moment avec une personne

qu’on ne connaît pas encore. Je pense que l’Esprit-Saint est toujours là et qu’Il nous aide sur notre chemin de foi. » Un autre analyse même cette présence de l’Esprit de façon très suggestive : « On nous parle beaucoup de l’Esprit-Saint pen-dant la préparation. Pour moi, l’Esprit-Saint, est quelque chose que j’ai en moi. Je ne m’en rendais pas vraiment compte, alors que maintenant j’ai l’impression de le sentir en moi, qu’il me guide et qu’il m’aide. »

Cette découverte de la présence de Dieu, écri-vez-vous aussi, s’est faite grâce à vos rencontres de catéchèse cette année. « Pour préparer notre confirmation, nous avons parlé (entre nous) et mangé à trois reprises chez des personnes qui nous ont bien accueillis et où nous avions un thème à chaque repas. Les person-nes qui nous invitaient apportaient leur témoi-gnage. Les thèmes étaient la prière, les sept sacre-ments et la cérémonie (d’aujourd’hui). » Une autre lettre « J’avais du mal à me rendre compte que Dieu était présent avec moi tous les jours… mais nos dîners avec thèmes et les séances de catéchisme m’ont aidé à sentir Dieu plus proche de moi… Nous parlions de nos expériences (comme la musi-que ou l’écoute) et comment Dieu pouvait être

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présent à l’intérieur même de ces sujets.» Une autre écrit : « Mon année de catéchisme cette année, a été mer-veilleuse. Nous n’avons pas fait vraiment de caté-chisme comme au primaire, mais plus de l’aumô-nerie et cela m’a beaucoup plu. Par exemple, nous prenions un sujet de la vie courante et nous débat-tions. »

Vous nous dites aussi que plusieurs d’entre vous sont passés par des pays différents pour faire cette expérience de la vie chrétienne. L’un de vous écrit : « J’ai commencé ma catéchèse à Istanbul, mais c’est à Alger, après trois ans d’au-mônerie, que j’ai vraiment ressenti l’envie de (vivre) avec Jésus. » Un autre : Après avoir fait ma communion et ma profession de foi en Guadeloupe, je souhaiterais faire ma confirmation en Algérie, dans un pays musulman où il y a peu de chrétiens ».

Vous êtes plusieurs, d’ailleurs, à souligner l’im-portance de faire votre choix de vivre en chré-tiens dans un pays musulman comme l’Algérie : « Je suis un catholique parmi tous les musulmans. Je suis un représentant chrétien en Algérie parmi les gens de (religion) islamique ». « C’est important pour moi de continuer mon par-cours religieux tout en faisant attention aux autres religions qui m’entourent. » Il n’y a pas eu d’ailleurs que les rencontres de l’aumônerie pour soutenir votre foi. Il y a aussi

ce que vous avez vécu en profondeur, dans dif-férentes occasions de votre vie (hors de l’aumô-nerie). Cela est devenu aussi un soutien pour votre foi. « J’ai fait des pèlerinages en France et ce sont des souvenirs que je n’oublierai jamais : les veillées le soir, les messes, les marches à travers les bois en chantant ». Un garçon : « J’ai fait un camp chrétien cet été et c’était formidable : on disait le bénédicité, on a construit un oratoire, on allait à la messe et on a pu se confesser… Et depuis cette expérience j’ai vrai-ment envie de recevoir l’Esprit-Saint pour devenir un adulte qui sait Jésus, et avoir la force de lui être fidèle ». « Ici ma vie religieuse est plus active. J’encadre les petits loups (les louveteaux) et les grands loups. De ce fait, la présence de Dieu m’accompa-gne dans mon quotidien ». Le dernier témoignage est important. Il souligne que notre foi chrétienne est aussi responsabilité par rapport aux autres, engagement de service, ma-nifestation de foi dans la société. Je crois que tous ces témoignages nous ont mainte-nant bien préparés à notre double célébration et que nous pouvons y entrer ensemble. Et ce sont les confirmands eux-mêmes qui nous ont donné les éléments de cette préparation que je viens de vous lire.

Témoignages rassemblés par le Père Teissier

Glycines - Section Langues

Le Centre d'Études Diocésain « Les Glycines» organise des sessions d'arabe moderne et dialectal du samedi 26 septembre au jeudi 08 octobre 2009 tous les jours (sauf vendredi) dans ses locaux, 05 che-min Slimane Hocine Alger. Pour l’arabe moderne, un seul niveau est proposé : niveau 1, vrais débutants. Pour l’arabe dialectal, deux niveaux seront proposés : niveau 1 et niveau 2.

Objectifs du niveau 1 : ⋅ Acquisitions des éléments essentiels pour une conversation quotidienne simple.

Objectifs du niveau 2 : ⋅ Poursuite de l’initiation à la conversation, initiation à l’écriture arabe. ⋅ II est demandé aux personnes inscrites à la session d'arabe dialectal, qui logeront au Centre des

Glycines d'apporter s'ils en ont un, leur ordinateur portable. ⋅ Frais d'inscription : 10000 DA la session. 4500 DA pour les Religieux et personnes travaillant

pour les dioceses, a regler avant la session. ⋅ Tarifs repas et logement sont ceux des Maisons Diocésaines d'Alger ⋅ Renseignements : [email protected]

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V ie du diocè se

Confirmations à Tizi Ouzou

L e vendredi le 5 Juin 2009 fut une journée ma-gnifique à Tizi-Ouzou. La chapelle pleine du

Monde sans compté ceux qui étaient debout et à l'extérieure, la communauté de Tizi-Ouzou a eu une célébration simple, solennelle et formidable. Nos 11 frères et sœurs étudiants étrangers sont de-venus membres « officiels » de l'église catholique, par le sacrement de la confirmation, précédé pour six d’entre eux par le sacrement du baptême.

Bien vêtus en blanc, les étudiants venant d'Angola, Congo Braz-zaville, Côte d'Ivoire , Guinée Bis-sau, Mozam-bique, Niger, Togo, et un Malien de Bou merdes ont témoigné

de leur foi en recevant les sacrements d'initiation. Leur baptême et confirmation qui ont été adminis-trés par Mgr Ghaleb Abdallah Moussa Bader, fut une cérémonie vraiment touchante. Véritablement inoubliable! Beaucoup de ceux qui étaient là, ont été vraiment émus. « Je suis doublement heureux de célébrer cette cérémonie avec vous aujourd'hui. Premièrement parce que ce sont les premiers sa-crements d'initiation chrétienne que j'administre dans mon diocèse. Quoi que je sois arrivé dans ce diocèse depuis quelques mois déjà, je n'ai malheu-reusement baptisé personne encore, confirmé per-sonne, donné la première communion à personne. Or administrer les sacrements aux fidèles et les faire vivre leur foi chrétienne par ces sacrements est non seulement le premier devoir de l'évêque et de tout pasteur, mais est aussi sa consolation spiri-tuelle, consolation de faire les enfants de Dieu et de les nourrir par les sacrements, et ce sont les fruits du sacrement de l'ordre ou du sacerdoce qui lui a été conféré..... », a pu affirmer l’évêque dans son homélie. Il a aussi profondément marqué les membres pré-sents par son explication ardente du sens profond des sacrements notamment : le baptême, l'eucha-ristie et la confirmation: Quant au premier, on devrait sentir la joie qu'il y a

dans une famille lorsqu'il y a une naissance, ou une nouvelle vie. Il en est ainsi avec le baptême, notre pasteur nous a enseigné. Par rapport au deuxième, il nous a fait comprendre que celui-ci « devrait devenir notre nourriture où nous puiserons la force pour tous les devoirs de notre vie...... » Concernant la confirmation, il nous assuré qu'elle fait de nous « des témoins et des apôtres du Christ. Si au baptême, le Christ nous fait la grâce de la foi, cette foi n'est encore que comme une petite semence que nous devons cultiver et faire fructi-fier » nous a affirmé notre archevêque bien aimé. En tout cas, dans une ambiance de prière et de joie, la liturgie était soigneusement préparée avec les chants en latin, français, lingala, portugais, kis-wahili, kabyle,..... sans oublier la musique médita-tive et contemplative de Taizé. A la fin de la cérémonie tous ceux qui étaient pré-sents eurent à manger et à boire. On dirait que Jé-sus nous avait fait don de l'un des ses miracles: multiplication des pain! Toute la célébration fut somptueuse. « Toute était bien sauf l'espace », a témoigné l'un des membres présent. Un grand merci à tous ceux qui ont pu sacrifier leur temps pour être présent. Merci aux baptisés et confirmés, pour le don de leurs vie à l'église catholique. Merci aux Pères Blancs et les sœurs Salésiennes sans oublier le Centre Spirituel de Ben Smen qui les ont accompagnés. Merci au Père Michel Lom-bard qui a accompagné Simon Pierre de Boumer-dès. Merci à Mgr Ghaleb Bader pour sa présence et son ministère dans son diocèse ! Finalement, merci à tou-tes les per-sonnes qui, d'une ma-nière ou d’une autre, se sont dé-vouées pour que cette journée soit aussi splendide ! Que Dieu vous bé-nisse et qu'il vous garde dans son amour.

Vincent Kyererezi

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Pentecôte à la cathédrale La célébration de la Fête de Pentecôte à la Cathédrale le 31 Mai, sous la présidence notre Archevêque Mgr Bader, a revêtu cette année, un caractère bien particulier car nous avons fait mémoire durant cette Eu-charistie des 50 ans de sacerdoce de trois prêtres du diocèse : Jean Baptiste Climent, Dominique Motte (dominicain) et Yahya Aïssa (P.F. de Jésus). A lire les récits sui-vants, qui retracent un peu leurs chemins respectifs, il n’est pas difficile de voir à l’œuvre la diversité des dons de l’Esprit de Pentecôte dans la vie des disciples de Jé-sus !

Jean-Baptiste Climent

D ’abord et surtout, c’est un vrai d’Algérie, né à El-Biar en 1933, ayant choisi, à l’indépen-

dance, de prendre la nationalité algérienne. C’est aussi un vrai de l’église d’Algérie formé, à partir de 1945 dans le petit puis le grand séminaire d’Alger, ordonné prêtre par Mgr Duval le 29 juin 1959 en la cathédrale Saint Philippe, aujourd’hui mosquée Ketchaoua. Il a longtemps été un homme de terrain. Ce fut pour commencer la vallée du Chélif jusqu’après l’indépendance : Orléanville (actuel Chleff), Af-freville (actuel Khemis-Miliana), Duperré (actuel Aïn Déflaâ). Puis en 1963, c’est le Sahel algérois à partir d’El-Biar pour rayonner courageusement dans des circonstances difficiles sur Dély-Ibrahim, Chéraga, Ouled Fayet, Draria, El-Achour, Saoula. Il ajoutera Boufarik, Birkhadem, Staouéli, Guyot-ville (actuel Aïn-Bénian) à partir de 1964. Puis le voilà qui part pour Ténès, comme curé d’où il se dépensera aussi dans le Dahra, région montagneuse à l’extrême ouest de notre diocèse dans des conditions de vie inconfortables. Un pas-sage vers l’ouest d’Alger, tout de même, à Rouiba. Le voilà un temps économe du centre des Glycines qu’il a su gérer avec efficacité. Puis il vit avec Claude Valette à Hydra mais continue de se dé-penser vers l’intérieur, parfois jusqu’à Constantine

au volant du fourgon du diocèse, assurant égale-ment avec une grande compétence l’impression de publications diocésaines, ce qu’il ne fait plus qu’occasionnellement ces temps-ci, pris qu’il est par ses fonctions de directeur de la Maison Saint Augustin depuis 1985. J’allais oublier qu’il a été longtemps chauffeur du cardinal Duval et que ce-lui-ci le tenait en très grande estime et amitié, ce dont je fus témoin plus d’une fois. Mon cher Jean-Baptiste, j’ai du oublier beaucoup de choses ou les embrouiller, tant ta vie est riche de dévouement et d’actions multiformes. Sache que tu as l’estime, l’amitié et le respect de tous ceux qui bénéficient incessamment de ton abnéga-tion au service des autres. Que ce jubilé de tes cin-quante ans de sacerdoce soit pour nous tous et pour toi-même l’occasion d’un nouveau départ.

Jean-Pierre Henry

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Cinquante ans ?

I l s’agit donc de se présenter en quelques li-gnes ? Loin de toute prétention de bilan ? Je

constate que jusqu’ici je peux parler d’au moins quatre saisons, dans ma vie de dominicain prêtre. Quatre saisons, pensez bien sûr à Vivaldi, plutôt qu’à la pizzeria du coin. Il y a deux types de par-cours qui ne furent pas les miens, et Dieu sait pourtant que je les admire chez les autres : d’abord les hommes et les femmes d’un seul parcours, d’une seule coulée, d’un seul sillon creusé tout au long; et puis les hommes ou les femmes dont les seuils franchis, les étapes successives coïncident à chaque fois avec une vraie conversion (Mgr Riobé avouait avoir vécu quatre conversions ). Quatre saisons jusqu’ici, j’ose penser que le Seigneur me fait comme cà, me prend comme cà, et je lui en rends grâce, J’énumère donc : Un septennat d’au-mônerie d’étudiants à Lille, avec pour point d’or-gue mai 68. Puis, durant une vingtaine d’années, travail en usine et entrée en sociologie du travail et de l’emploi, en région lyonnaise, avec des alter-nances de services institutionnels dans l’Ordre do-minicain.

Ensuite, départ au Pérou, douze ans à peu près, et tiraillement – heureux tiraillement – entre travail pour le développement qui m’amené, déjà, du côté des évangéliques, et une présence passionnante dans les prisons péruviennes. Et puis l’Algérie, depuis quatre ans, avec mes quatre frères, face au grand inconnu de ce peuple, de cette église, sans en connaître ni la langue ni la culture. Le petit défi du moment, avec vous. Merci d’avoir prié pour moi à la Pentecôte, et de me laisser prier et espérer à vos côtés.

Dominique Motte

E n ce dimanche de Pentecôte, Yahya Aïssa, aîné de seize frères et sœurs, breton d’origine,

algérien d’adoption, a célébré lui aussi le 50ème anniversaire de son ordination sacerdotale à la ca-thédrale d’Alger. Il fut ordonné en février 1959 à Tamanrasset dans le Bordj que Charles de Foucauld fit bâtir quelques mois avant sa mort pour y protéger ses voisins… Nomade chamelier autour d’El Abiodh, Yahya fut auparavant un des fondateurs de la fraternité de Tazrouk au Hoggar, avant d’être conducteur de camion pour le compte de bases pétrolières du Sa-hara. Cela lui permit d’assurer le service eucharis-tique de diverses communautés spécialement à Ti-mimoun. Au seuil des années 70, Yahya se sédentarise et devient éleveur de brebis et créateur de verger dans la montagne du Bissa. Retour aux sources, puisqu’au début de sa vie de petit frère, il avait participé à l’enracinement de cette première frater-nité en milieu berbère entre Cherchell et Ténès.

En Juin 1994, suite à une attaque terroriste, il dut quitter ce lieu de vie avec frère Bruno. Il vint alors à Alger assumer les multiples petits services pratiques que demande l’accueil de la grande mai-son du Diocèse. Il continue d’y prodiguer son cha-risme propre tinté d’un esprit d’enfance qui l’em-pêche de prendre au sérieux les inévitables heurts d’une vie qui se désire toujours fraternelle.

François Xardel

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Maison de Ben Smen

C hers amis, Ci-joint vous trouverez le programme de Ben Smen pour les mois à venir… Les

retraites sont mises en évidence, au cas où vous ne seriez pas encore informés... Pour commencer à prévoir l'an prochain, nous serions heureux de recueillir votre avis : - Quelles sont les périodes où vous souhaiteriez trouver une retraite à Ben Smen ? - En dehors des retraites personnellement accompagnées que nous proposons toujours, seriez-vous intéressés par une retraite où la prière serait nourrie par quelques interven-tions quotidiennes permettant d'approfondir un thème, par exemple : la guérison ; la non-violence ; le discernement communautaire ; la gratuité... ou toute autre suggestion de votre part ? Merci de votre collaboration, et bonne fête de Pentecôte à chacun !

Damien, pour l'équipe de Ben Smen

Programme de mai à août 2009

Messe mensuelle du jeudi matin à 11h30 (demander les dates) : en particulier pour ceux qui ne peuvent pas fréquenter les rassemblements habituels, pour des raisons d’horaires ou de lieux ; occasion d’un partage à partir de la Parole de Dieu.

Parcours spirituel sur Saint Paul le vendredi 19 juin de 9h à 12h. « Rien ne pourra nous sépa-rer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ » (Rom 8, 39). (sans inscription)

Retraite personnelle soutenue par quelques temps de prière communautaire, du mercredi 24 juin soir au vendredi 3 juillet matin.

La maison sera fermée au public du 14 juillet au 16 août, mais un chantier est prévu avec la participation de quelques jeunes européens du 16 au 30 juillet.

Retraite personnelle avec des orientations de prière selon les Exercices de Saint Ignace, du vendredi 21 août soir au dimanche 30 août matin (période de début de Ramadan). Pour toutes les retraites un accompagnement personnel peut être demandé ; cet accompagne-ment est d’ailleurs possible aussi sur rendez-vous en dehors du cadre des retraites. En dehors des périodes fixées, d’autres retraites ou récollections, individuelles ou de petits groupes, sont possibles à la demande, en fonction des disponibilités de la maison.

Projets : En septembre, pendant le Ramadan, mini-session pour les étudiants chrétiens autour de l’enracinement spirituel de leur vie ici ; et week-end d’accueil et de dialogue avec des musul-mans soufis.

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V ie du diocè se

Les Sœurs des Saints Cœurs de Jésus et Marie 1964 – 2009

L orsqu’à l’indépendance de l’Algérie, les éco-les diocésaines ont accueilli des enfants algé-

riens dans toutes les places laissées libres par le départ des enfants européens, il fallut organiser l’enseignement de la langue arabe selon les nou-veaux programmes algériens. Le Cardinal Duval fit appel à la Congrégation des « Saints Cœurs » qui devaient dès la rentrée sco-laire 1964 prendre en charge la direction pédago-gique de l’enseignement de l’arabe, en assurant aussi la formation des maîtres et des cours pour adultes. Les « Sœurs libanaises » sont arrivées à Alger le 17 août 1964. On se rappelle les noms des premiè-res volontaires, Sr Atina Fadel (qui devait mourir par la suite d’un cancer), Sr Nadia Nouh, Sr Marie Melhem. Après la nationalisation des écoles en 1976, les Sœurs furent dépossédées de leur maison de la Co-lonne Voirol mais elles acceptaient de s’engager de nouveau à partir de l’appartement de Mgr Jac-quier (rue Khalifa Boukhalfa), qui venait d’être assassiné. Elles y sont encore aujourd’hui. Elles

ont partagé alors leur temps entre l’enseignement de l’arabe aux adultes dans le cadre du Centre d’É-tudes Diocésain des Glycines et des enseignements d’arabisation des cadres dans diverses structures. Aujourd’hui deux sœurs présentes travaillent, l’une au Centre des Glycines (Sœur Samira), la deuxième (Sœur Claire) au C.I.D.D.E.F. (Centre d’Information, Documentation pour les Droits de l’Enfant et de la Femme) à la Cathédrale. Malheureusement ces deux Sœurs nous annoncent leur départ. Voici ce que disait Sœur Hyam Habib qui a tra-vaillé plusieurs années dans une école privée et qui a organisé plusieurs colonies de vacances : « Notre mission en Algérie est une parole d’amour et de joie, un service fait dans le respect de l’autre et le désir de la rencontre. Elle est un signe d’es-pérance dans un pays déchiré par la violence. Elle n’est pas seulement une simple présence mais une intervention dynamique et bienfaisante entre diffé-rentes religions… ».

Julien Oumejkane

Rencontres bibliques 2009-2010

Nous étudierons cette année les épîtres qui se trouvent à la fin du Nouveau Testament, juste avant l’A-pocalypse, qui ne sont pas attribuées à saint Paul et qui sont dites

EPÎTRES « CATHOLIQUES »

Car elles n’ont pas de destinataire désigné. Elles sont reçues par toutes les confessions chrétiennes malgré le titre qu’on leur a donné qui pourrait induire en erreur.

Dates des rencontres : les vendredis 13 novembre, 18 décembre, 5 février, 5 mars, 23 avril.

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V ie du diocè se

Pot de départ d'Élisabeth Queval, le 8 juin aux Glycines

M a chère Élisabeth,

Tu es arrivée au Centre des Glycines en janvier 2003, après avoir pris ta retraite de la BNF ( Bibliothèque Nationale de France). Cela fait donc six années passées au service du diocèse d'Alger et plus particulièrement dans les bibliothè-ques des Glycines. Monseigneur Bader, notre évêque parti ce matin pour la CERNA à Tunis et Monseigneur Teissier, absent d'Alger depuis le début du mois de juin, auraient souhaité être parmi nous, avec tes collè-gues des Glycines et tes amis, pour te remercier de cet engagement et t'entourer pour ce pot, non pas d'adieu, mais « d'au revoir et à bientôt ».

Lorsque je suis revenue moi-même en Algérie le 13 mai 2007, j'ai découvert aux Glycines « toute une faune », qui entrait, sortait, buvait, man-geait...il m'a fallu un certain temps pour compren-dre et découvrir qui était qui, qui faisait quoi... Toi, malgré ta modestie, ton désir de ne pas para-ître, ma chère Élisabeth, je t'ai vite repérée, je ne pouvais pas te rater: tu es in-ra-ta-ble! Est-ce dû à ton « look de nurse anglaise »? Ou à ton si gentil sourire, ou à cette joie étonnante qui émane de toi? On n'a même pas à se demander longtemps d'où ça te vient, ta foi est si vivante, et ta sérénité conta-gieuse. J'en ai si souvent bénéficié, qu'à titre personnel, je me dois de te remercier doublement. Évidemment... c'est l'ensemble qui est charmant. Et lorsque j'ai pris mes fonctions de directrice, j'ai fait le tour de tous les services, pour en compren-

dre le fonctionnement, je reconnais avoir été heureu-sement surprise de décou-vrir la bonne ambiance de travail et le bon esprit de la bibliothèque de prêt. En-tourée de ta nuée d'hiron-delles -les étudiantes qui nous apportent leur aide- tu étais là joyeuse, et...j'ai osé, t'en arracher pour faire

de toi, la conservatrice q u i m a n q u a i t « cruellement » à nos bi-bliothèques pour repren-dre la formule du père Thierry Becker dans un article de « Rencontres » du mois d'avril 2007. « Nous manquons cruellement d'un conservateur ou d'une Conservatrice disponible à temps plein pour veiller à l'ensemble et accompagner les consultants dans leur recherche. » écrivait-il à propos de nos bibliothèques. C'est ton métier, c'est ta compétence, notre conser-vatrice était là, modestement cachée dans notre propre maison. Grâce à ton savoir-faire, outre tout le fonds Man-douze qui a été enregistré, avec les mots clé, tous les tirés à part qui ont été catalogués, c'est presque tout notre catalogue qui a été revu, corrigé...des documents extirpés de rayons où ils dormaient de-puis des années, inconnus, ont été catalogués et dernièrement, ce sont des Dictionnaires Chrétiens, qui ont été retrouvés, non catalogués aussi, faute de savoir-faire, dont un « dictionnaire d'archéolo-gie chrétienne », très demandé... Nous avons même un site maintenant, modeste encore, où le catalogue Mandouze a été mis en li-gne, l'impulsion est donnée, les bibliothécaires se lancent à fond, et nous avons prévu de rester en contact de travail et d'amitié avec toi, grâce à la webcam, dont nous allons équiper la bibliothèque, tu resteras ainsi notre conservatrice-conseil. Nous ignorons ce que l'avenir nous réserve, mais tu as prévu de revenir dans deux ans. Inch-Allah! Que Dieu te prête santé, et force, pour que tu puis-ses accomplir tes projets, en attendant nous te sa-vons engagée pour deux années auprès de ta fa-mille du Carmel, et nous t'y souhaitons le meilleur séjour possible, nous te souhaitons tout le bonheur possible, tu es douée pour cela, ce n'est pas un se-cret, c'est visible. Merci Élisabeth, pour le travail accompli, et pour ton amitié.

M.T. Mounier

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La cité de Thénia, après les malheurs, l’espoir et la vie.

V ie du diocè se

T ous, nous avons en mémoire le désastre causé par le séisme de mai 2003, particulièrement

dans la wilaya de Boumerdes. La cité de Thénia, entre autres, a alors subi d’énormes dégâts maté-riels, et surtout humains. Le retour à une vie nor-male, aujourd'hui encore, ne cesse de s’opérer que lentement, tant les problèmes à résoudre sont im-menses… La cité comprend, actuellement, environ 25.000 habitants, dont 65 % ont moins de 20 ans. L’asso-ciation locale, « Salam », soutenue par les Servi-ces Caritas, a très vite formé le projet d’édifier un Centre Culturel. Peu après la catastrophe, il s’agis-sait de faire renaître l’espoir au sein d’une jeu-nesse, le plus souvent réduite au désœuvrement, en lui offrant un lieu de rencontres, d’activités diver-ses, y compris de loisirs. Après bien des efforts, en mai 2006, le Centre Culturel était prêt à être inauguré, mais c’était sans compter avec un déplorable incident : l’incen-die du bâtiment au cours d’une émeute populaire, suite à un match de foot perdu contre l’équipe d’une cité voisine. Catalysant toutes les rancœurs suscitées par la mal-vie, la manifestation est très vite devenue aveugle et dévastatrice.

Gravement sinistré, le bâtiment est resté fermé de longs mois. Durant ce temps, les initiateurs du pro-

jet ont été amenés à beaucoup réfléchir, à prendre ainsi davantage conscience de l’importance du dia-logue avec les jeunes, et de leur implication dans toutes les étapes d’un projet initialement conçu pour eux. La réfection du toit, entreprise courant mai, vient d’être achevée. Reste encore beau-coup à faire... Mais, sans plus attendre, il a été décidé d’y célébrer la journée des enfants qui se célèbre le 1er juin. A cette occasion, répondant à une tradition populaire, des vêtements ont été offerts à 120 garçonnets et fillettes, dont beau-coup sont venus accompagnés de leurs ma-mans. Les principaux membres de l’association « Salam », étaient présents, ainsi que quelques autres responsables : le Chef de daïra, celui de la sécurité, de l’A.P.C., l’imam, un représentant des Services Caritas. Après tant d’épreuves, les défis ne sont pas tous surmontés ; mais animés par une foi toujours aussi inébranlables, des pas viennent d’être ac-complis par les initiateurs, vers la réalisation d’un projet devant servir à l’épanouissement de toute la jeunesse.

Jean-Marie Leclercq

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V ie du diocè se

Bilan de la formation chrétienne

D urant près d’une année académique, des étu-diants de différentes wilayas du centre, no-

tamment Boumerdes, Alger, Blida et Hussein Dey se retrouvaient un week-end par mois, pour une connaissance approfondie de la parole de DIEU, animée par des prêtres de différentes wilayas du centre.

Tout au long de cette formation, à laquelle ont par-ticipés huit étudiants : Édouard d’Ouganda, Mar-lon du Zimbabwe représentant la wilaya de Bab Ezzouar ; Justino de Guinée Bissau, Roger du Bur-kina Faso représentant la wilaya de Blida, Amine représentant d’Hussein Dey, Cyrille du Came-roun, Paulin de Côte d’Ivoire, Simon Pierre du Mali représentant la wilaya se Boumerdes. Les enseignements ont été donnés par les diffé-rents prêtres des dites wilayas en commençant par le père Jean Toussaint, qui a abordé le thème des Évangiles au mois de novembre , ensuite le père Jean-Pierre Henry en décembre, sur l’Ancien Tes-tament, puis le père Christian Mauvais, en jan-vier sur l’église et les sacrements , le père Michel Lombard en février pour la personne du Christ ; le père Henri Teissier en mars sur l’islam et enfin le père Jean-Paul Kaboré en avril sur la mission du chrétien.

Le contenu de l’enseignement qu’ils nous trans-mettaient était aussi édifiant que réconfortant, car d’après les dires des participants, ils ont trouvé en cette formation : - une façon de maintenir, de renforcer leur foi et leur amour pour le Christ ; - des éléments de réponse à donner à leurs frères musulmans qui les harcèlent de questions religieu-ses, étant donné qu’ils vivent dans un environne-ment musulman; - une meilleure connaissance de celui en qui ils croient et des mystères qui l’entourent. ⋅ Étant donné que la formation s’étend sur deux an-nées, ces étudiants feront une semaine de retraite, du 29 juillet au 5 aout 2009 à Chréa afin de conso-lider les connaissances reçues ; et en septembre ils passeront le flambeau aux nouveaux participants dont les intéressés commencent à se dessiner à l’instar de Raphaël de l’Angola de la wilaya de

Boumerdes. Et de ce pas, nous prions DIEU de bien vouloir nous accorder davantage de sa connaissance à tra-vers ses serviteurs.

Les étudiants de Boumerdes.

Veuillez noter :

nouveau numéro de téléphone des sœurs de la Doctrine Chrétienne : 021 23 00 57

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La Semaine Religieuse d’Alger n° 6 - juin 2009 - page 156

V ie in terdiocé sa in e

Conférence des Évêques de la Région Nord de l'Afrique (CERNA)

Communiqué final

L a Conférence des Évêques de la Région Nord de l’Afrique (CERNA) s'est réunie à Tunis, du

9 au 12 juin 2009, accueillie chaleureusement par Mgr Maroun LAHHAM, évêque de Tunis, en pré-sence de Son Excellence Mgr Thomas YEH SHENG-NAN, nonce apostolique, qui a participé à l'ensemble des travaux de la Conférence. Mgr Paul DESFARGES, nouvel évêque de Cons-tantine – Hippone, et le Père Mario LEÓN DORA-DO, Administrateur Apostolique de la Préfecture Apostolique de Laâyoune, ont été accueillis par les autres évêques de la région, tous présents. Comme d'habitude, les vicaires généraux ont participé aux travaux, à l'exception du Père Jean-Paul VESCO, vicaire général d'Oran, excusé. Mgr Martin HAPPE, évêque de Nouakchott, invité permanent, était présent lui aussi. Après un long échange sur les évolutions dans les domaines politique, économique et social de leurs différents pays, les participants ont approfondi plusieurs thèmes touchant à la vie de leurs Églises, de plus en plus marquées par la mobilité et la di-versité des chrétiens et des agents pastoraux. A propos de la pastorale des étudiants subsaha-riens, ils se sont d'abord réjouis de leur nombre et de leur vitalité : ils rajeunissent les Églises, et sou-vent constituent l'essentiel de la communauté chré-tienne. Comment pouvons-nous contribuer tou-jours davantage à la formation de ceux qui seront des cadres de leurs pays ? Comment les soutenir dans leur responsabilité d'être le visage de l'Église dans un monde universitaire essentiellement mu-sulman ? Chacun des diocèses essaie de leur offrir un accompagnement humain et spirituel, et des formations susceptibles de les aider à mûrir comme laïcs engagés dans leurs pays et leurs Égli-ses. Les Évêques ont souligné l'importance de la pré-sence et de l'engagement des communautés reli-gieuses. Nous constatons de nombreux départs dus

au vieillissement ; mais nous nous réjouissons de l'arrivée de nouvelles communautés, issues désor-mais de tous les continents ; elles acceptent de ve-nir continuer notre présence ecclésiale dans cette région : pour elles, l'inculturation au Maghreb est un défi qu'elles veulent relever. Les Évêques ont de nouveau insisté sur l'apprentissage de la langue, la connaissance de l'islam, la découverte des cultu-res plus diverses qu'il n'y paraît au premier abord, et de la tradition spirituelle de nos Églises mar-quées par Cyprien, Félicité, Perpétue, Augustin, José Antonio Lerchundi, Charles de Foucauld, Al-bert Peyriguère et tant d'autres... Tout cela ne peut se vivre qu'en acceptant de durer au Maghreb... Comme à chaque rencontre, Mgr Georger, notre délégué à la CEFTL (Commission des Évêques Francophones pour les Traductions Liturgiques) nous a fait part de l'état d'avancement de la nou-velle version française du missel romain et de la traduction liturgique de la Bible. La CERNA a préparé la participation de ses délé-gués à la deuxième assemblée spéciale pour l'Afri-que du Synode des Évêques. Elles espère que cha-cun de nos pays pourra y être représenté. Les inter-ventions des Évêques porteront sur quatre défis qui leur paraissent plus spécifiques à notre région : le dialogue islamo-chrétien, les étudiants, les mi-grants et les diversités culturelles. Un long temps d'approfondissement théologique a été conduit par Mgr Rault, Mgr Lahham et Mgr Agrelo Martinez sur la théologie de la Mission : nous sommes une Église pour le Royaume. Dès lors, la première tâche de l'Eglise, c'est de devenir de plus en plus ce qu'elle annonce : signe du Royaume de Dieu ; il n'y a aucune tâche dans l'Église qui ne soit en même temps service du Royaume ; nous vivons l'Eucharistie comme an-nonce, célébration et service de ce Royaume. « Si on fait le choix de venir dans ces pays et dans ces Églises, d'y travailler et d'y vivre, il faut aimer ces

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V ie in terdiocé sa in e

Festival Panafricain

Dans le cadre du Festival panafricain qui se déroulera du 05 au 20 juillet 09, pour aider les éventuels chrétiens qui seront présents en Algérie à vivre ce festival avec Dieu à leurs côtés, les étudiants sub-sahariens, en lien avec les autorités de l’Église catholique d’Alger, proposent deux célébrations eucha-ristiques à leur intention : ⇒ Une Méga Messe d’ouverture à l’église du Sacré-Cœur (Cathédrale d’Alger) le 04 juillet 09 à 17

H00. (pour information téléphoner : (+213) 21 74 46 27 ; 21 73 45 07 ; Archevêché : (+213) 21 63 37 18

⇒ Une Méga Messe de clôture à l’église de Hydra (Alger) le 19 juillet 09 à 18h00.

(Pour information téléphoner : (+213) 21 60 06 74 ; Archevêché 21 63 37 18)

pays, ces peuples et ces Églises et s'y trouver à l'aise, parce qu'on ne pourra jamais servir si on n'aime pas. » « Comment faire grandir la communion dans nos diversités ? » Cette réflexion pastorale a été pro-posée par Mgr Desfarges et Mgr Bader. A travers les questions qui leur ont été posées, les évêques ont partagé des points de repère pour leur mission d'accompagnement et de soutien des prêtres. L'an-née du sacerdoce proposée par le Saint Père aidera à mieux préciser la place originale du ministère presbytéral dans nos Églises en mutation. Chaque Évêque prendra des initiatives pour que les prêtres approfondissent leur vocation et la vivent dans une communion toujours plus profonde, alors qu'ils proviennent d'horizons très divers. Les membres de la CERNA espèrent approfondir ce dossier à leur prochaine assemblée. La liturgie est un lieu où s'exprime la communion : il est important qu'elle harmonise de plus en plus l'enracinement dans le pays d'accueil avec l'apport des diverses cultures d'origine. Les Évêques et l'Administrateur Apostolique de

Laâyoune ont élu leur Conseil Permanent : Mgr Vincent LANDEL, Archevêque de Rabat, a été réélu président. Mgr Maroun LAHHAM, Évêque de Tunis, a été élu vice-président, et Mgr Ghaleb BADER, Archevêque d'Alger, membre du Conseil Permanent. Le Père Daniel NOURISSAT a été confirmé comme secrétaire général de la CERNA. Afin d'améliorer la fluidité de leurs relations avec le Saint-Siège, les membres de la CERNA se sont répartis les liens avec chacun des dicastères, ainsi qu'avec les épiscopats des pays voisins. Les membres de la CERNA ont vivement apprécié d'avoir été accueillis par diverses communautés paroissiales et religieuses du diocèse de Tunis, de célébrer l'Eucharistie et de partager le repas avec elles, de percevoir ainsi le dynamisme de cette Église. La prochaine conférence de la CERNA aura lieu à Alger du 19 au 24 avril 2010.

Vincent Landel Archevêque de Rabat, président de la CERNA

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É glise u n iverselle

Retour sur un pèlerinage

« Quelle invitation pressante pour nous aussi » !

Nous faisons notre cette réflexion de Christophe Roucou à propos du pèlerinage de Be-noît XVI en Terre Sainte. Très proches de ce que vivent nos frères et sœurs de là-bas, nous ne pouvons qu’être très touchés de l’encouragement que le Saint Père a prodigué à l’Eglise au Moyen Orient, et de ses prises de positions claires contre toute injustice et toute violence, et de son engagement au service de la paix et la réconciliation. Le ton des nombreuses rencontres avec les musulmans, dans la vérité et le respect mutuel, marqueront sûrement un tournant dans les relations islamo-chrétiennes.

Difficile de faire « à chaud » un bilan du pèleri-nage du pape Benoît XVI en Jordanie, Israël et dans les territoires palestiniens ! Benoît XVI s’é-tait voulu pèlerin de la paix : il l’a été, même s’il reste aux principaux acteurs politiques à reprendre le chemin des tables de négociations. Ce voyage marque certainement un tournant dans les relations entre catholiques et musulmans : la page de Ratisbonne se tourne, même s’il reste à en informer les opinions pu-bliques musulmanes. Ces relations sont fondées non seulement sur le respect mutuel mais sur la foi au Dieu unique et créateur de l’univers et des êtres hu-mains que nous sommes. Benoît XVI a invité les chrétiens et les musulmans à témoigner ensemble de ce que la foi au Dieu unique et l’usage de la raison peuvent permettre pour le service de l’hu-manité. Chaque fois qu’il l’a pu, Benoît XVI a associé Juifs, Chrétiens et Musulmans, tant dans ses priè-res (cf. le billet glissé au Kotel) que dans ses dis-cours, soulignant la source commune qui permet la rencontre : « Chacune croit en un Dieu unique, créateur et régissant toute chose. Chacune recon-naît en Abraham un ancêtre, un homme de foi au-quel Dieu accorda une bénédiction spéciale. »1 Benoît XVI ne s’est pas contenté de paroles, il y a joint les gestes. A Jérusalem, le même matin, il a relié des lieux saints importants pour les musul-mans et pour les juifs en allant à pied du Dôme du Rocher au mur occidental. A Nazareth, il n’a pas hésité, lors de la rencontre avec des responsables

religieux, à se lever et à saisir les mains d’un rab-bin et d’un chef druze, accompagnant ainsi la psal-modie d’un autre rabbin qui implorait Dieu pour le don de la paix, en arabe, hébreu, anglais et latin. …: Qui, en effet, aurait pu imaginer un tel écho donné par Benoît XVI au geste de Jean-Paul II à Assise, le 28 octobre 1985, avec des représentants de toutes les religions du monde ? Démenti infligé

à tous ceux qui parlaient d’une rupture dans le dialo-gue interreligieux entre Jean-Paul II et Benoît XVI ! Tout au long de son voyage, le pape a conjugué la solidarité manifestée avec les chrétiens d’Orient

et la rencontre des musulmans, refusant d’opposer l’une à l’autre mais au contraire les conjuguant. Quelle invitation pressante aussi pour nous ! Ce dialogue interreligieux « trilatéral », Benoît XVI le veut au service de la paix. Cette paix Be-noît XVI l’a demandé pour les deux peuples, l’i-sraélien et le palestinien, dans la justice. Il s’est situé proche de la souffrance des palestiniens, il s’est voulu un témoin qui interpelle la communau-té internationale et, selon les mots de Mgr Fouad Twal, l’invite à sortir de son sommeil ou son indif-férence. Bref, le pape a joué son rôle de veilleur et d’éveil-leur, à nous d’œuvrer pour que les murs soient ef-fectivement abattus, ceux de pierre ou de béton mais aussi ceux qui sont dans les têtes et les cœurs là-bas mais parfois aussi ici.

P. Christophe Roucou 19 mai 2009, dans « la Croix »

1 A Jérusalem, Discours sur l’esplanade des mosquées, 12 mai 2009

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La Semaine Religieuse d’Alger n° 6 - juin 2009 - page 159

É glise u n iverselle

Un pèlerinage pour la paix et l’unité

Voici un passage du discours de Benoît XVI, au moment de son départ de Tel Aviv, le 15 Mai 2009, à la fin de son séjour en Terre Sainte. Il nous semble bien résumer le message de paix et de réconciliation que le Saint Père a voulu donner à travers son pè-lerinage, aux deux peuples vivant sur cette terre, et au monde entier.

M onsieur le Président, je vous remercie pour la chaleur de votre hospitalité, qui a été très

appréciée, et je tiens à rappeler que je suis venu pour visiter ce pays comme un ami des Israéliens, tout comme je suis un ami du peuple palestinien. Les amis aiment passer du temps en compagnie l'un de l'autre, res-sentant une profonde détresse à la souffrance de l'autre. Au-cun ami des Israéliens et des Palestiniens ne peut manquer d'être attristé par la persis-tance des tensions entre vos deux peuples. Aucun ami peut ne pas pleurer face à la souf-france et à aux pertes de vies humaines que les deux peuples ont endurées au cours des six dernières décennies. Permettez-moi de lancer cet appel à tous les habi-tants de ces terres : Plus jamais d'effusion de sang ! Plus jamais de combats ! Plus jamais de ter-rorisme ! Plus jamais de guerre ! Au contraire, bri-sons le cercle vicieux de la violence. Qu'il y ait une paix durable fondée sur la justice, qu'il y ait une véritable réconciliation et guérison. Qu'il soit universellement reconnu que l'État d'Israël a le droit d'exister et de jouir de la paix et de la sécurité au sein de frontières internationalement reconnues. Qu'il soit également reconnu que le peuple palesti-nien a droit à un pays souverain et indépendant, de vivre dans la dignité et de se déplacer librement. Que la solution des deux États devienne une réali-té, qu'elle ne reste pas un rêve. Et que la paix se propage vers l'extérieur de ces terres ; que ces ter-res servent de « lumière pour les nations » (Is 42, 6), porteuses d'espoir pour les nombreuses autres régions qui sont touchées par les conflits.

Une des vues les plus tristes pour moi lors de ma visite en ces terres a été celle du mur. Pendant que je passais à côté, je priais pour un avenir dans le-quel les peuples de la Terre Sainte puissent vivre

ensemble en paix et en harmo-nie sans avoir besoin de ces instruments de sécurité et de séparation, mais plutôt du res-pect et de la confiance des uns envers les autres, et renonçant à toute forme de violence et d'agression. Monsieur le Prési-dent, je sais combien il sera difficile d'atteindre cet objec-tif. Je sais combien votre tâche est difficile, ainsi que celle de l'Autorité palestinienne. Mais

je vous assure que mes prières et les prières des catholiques à travers le monde sont avec vous alors que vous poursuivez vos efforts pour cons-truire une paix juste et durable dans cette région. …. À vous tous, je dis : merci, et que Dieu soit avec vous. Shalom !

Benoît XVI (source Radio Vatican)

Aéroport Ben Gourion, Tel Aviv, 15 mai 2009

Brisons le cercle vicieux

de la violence.

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La Semaine Religieuse d’Alger n° 6 - juin 2009 - page 160

É glise u n iverselle

Discours du Patriarche Fouad Twal pendant la messe à Gethsémani

le vendredi 8 mai 2009

T rès Saint Père,

L’Église de Jérusalem vous accueille avec ferveur dans cette ville où Jésus Christ fut acclamé par la foule aux cris de « Hosanna au plus haut des cieux ! Béni soit celui qui vient au nom du Sei-gneur ! » (Mt 21,9) Bienvenue dans la ville où Jé-sus Christ remporta la victoire sur le péché et la mort, et obtint le salut pour ceux qui ont foi en lui. Ici, avec vous, l’Église prie et veille amoureuse-ment sur ces lieux où Notre Seigneur a accompli la merveilleuse œuvre de notre rédemption. Ces lieux sont les témoins du passé et la vérité de notre vie présente.

A quelques mètres d’ici seulement, Jésus dit à ses trois disciples : « Restez ici et veillez avec moi » (Mt 26,39). Mais ceux-ci ont fermé les yeux, sans se soucier le moins du monde de Jésus, en agonie un peu plus loin.

Très Saint Père, par bien des aspects, la situation n’a pas beaucoup changé aujourd’hui. Nous assis-tons d’un côté à l’agonie du peu-ple palestinien, qui rêve de vivre dans un État palestinien libre et indépendant, mais n’y parvient pas ; et nous assistons de l’autre côté à l’agonie du peuple israé-lien, qui rêve d’une vie normale dans la paix et la sécurité mais, malgré sa puissance médiatique et militaire, n’y parvient pas.

Quant à la communauté internationale, elle joue le rôle des disciples de Jésus : elle se tient à l’écart, les paupières lourdes d’indifférence, insensible à l’agonie par laquelle passe la Terre Sainte depuis soixante et un ans, sans vouloir vraiment se réveil-ler pour trouver une solution juste. De cette vallée de Josaphat, vallée de larmes, nous faisons monter notre prière pour que se réalisent les rêves de ces deux peuples.

Sur ce même Mont des Oliviers, Jésus pleura en vain sur Jérusalem. Aujourd’hui, il continue de

pleurer avec les réfugiés sans espoir de retour, avec les veuves dont le mari a été victime de vio-lence, et avec les nombreuses familles de cette ville qui, tous les jours, voient leurs maisons dé-molies au prétexte qu’elles ont été « construites illégalement, alors que la situation générale tout entière est illégale et ne reçoit pas de solution.

Au-dessus du lieu où nous nous tenons, Notre Sei-gneur lança ce cri : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont en-voyés ! Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants – tous tes enfants, juifs, chrétiens et musul-mans – et vous n’avez pas voulu ! » (Lc 13,34).

Cher Saint-Père, nous vous demandons de com-prendre ce que vivent ici vos pauvres enfants, et de fortifier notre foi et notre espérance. Par votre vi-site, vous nous apportez la sollicitude et la solida-rité de toute l’Église, et vous attirez l’attention du monde sur cette région, sur ces peuples, leur his-toire, leurs combats et leurs espoirs, leurs sourires et leurs larmes.

Pour quelqu’un qui souffre – un infirme, un réfugié, un prisonnier ou un tel qui porte le poids d’un injustice – la plus grande détresse est de constater qu’on l’a oublié et que personne ne voit, ne sait ni n’est ému par ce qu’il endure. Votre visite aujourd’hui est un grand réconfort pour nos cœurs et

l’occasion de dire à tous que le Dieu de compas-sion et ceux qui croient en Lui ne sont ni aveugles, ni oublieux, ni insensibles.

Votre Sainteté, vous êtes le successeur de saint Pierre, chargé par le Seigneur « d‘affermer vos frères » dans la foi (Lc 22,32). Aussi vous sup-plions-nous et crions-nous avec les Apôtres : « Augmente notre foi ! » (Lc 17,25).

Très Saint Père, vous avez devant vous un petit troupeau, et qui se réduit encore à cause de l’émi-gration, une émigration largement due aux effets d’une occupation injuste, avec son cortège d’hu-

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É glise u n iverselle

miliation, de violence et de haine. Et pourtant nous savons que « c’est notre foi qui nous a fait vaincre le monde » (Jn 5,4) et que c’est elle qui nous rend capables de voir et de reconnaître Jésus Christ dans toute personne. Avec et en Jésus, nous pou-vons goûter ici et maintenant la paix que le monde ne peut ni donner ni ôter de nos cœurs. Cette paix signifie sérénité, foi, esprit d’accueil et joie de vi-vre et de travailler sur cette terre.

C’est pourquoi nous profitons de votre présence bénie au milieu de nous pour vous crier, comme ce père souffrant qui supplia Jésus de délivrer son fils des tourments qui l’accablaient depuis longtemps : « je crois ! Viens au secours de mon in-

croyance ! » (Mc 9,24).

Très Saint Père, nous vous accueillons comme le successeur de saint Pierre : Venez au secours de notre incroyance ! Priez avec nous notre Père des cieux pour tous les habitants de Terre Sainte : in-voquez aussi la Mère des Douleurs, qui au pied de la croix de son fils souffrant ne s’est pas dérobée, afin qu’elle nous aide à avoir la même foi qu’elle dans la bonne providence de Dieu, et à tout accep-ter, même sans comprendre d’abord.

O Seigneur, fortifie notre foi ! Fouad Twal, Patriarche

Vallée de Josaphat, Jérusalem, 9 mai 2009

Décès de Jean Molle Jean Molle est décédé le 23 mai, après une opération à l’hôpital d’ Aubenas. Prêtre du Prado, Jean est arrivé en Algérie en 1964, comme prêtre Fidei Donum. Nommé à El Harrach, il a fait équipe avec Denis Gonzalez, jusqu’en 1974. Epoque après l’indé-pendance et Vatican II, où, après les dures années de guerre, chacun croyait participer à la construction d’un monde nouveau. L'exode massif de beaucoup de chrétiens, était compensé par des vagues de jeunes coopérants. L’équipe des prêtres s’accroissait de la présence de Jean Desforges, professeur au lycée, de Gérard de Be-lair, étudiant en Agro… Par manque de place, nous ne pouvons malheureusement pas mettre ici les témoigna-ges donnés par ses amis sur sa vie en Algérie. Nous avons retenu celui que le père Teissier, qui l’a bien connu depuis son arrivée, a envoyé à son évêque Mgr Blondel .

Il est arrivé à Alger, à la rentrée pastorale 1964, avec l'intention de rester avec nous pour une pé-riode de dix années, comme Fidei Donum, ce qu'il a fait. Il est donc resté dans le diocèse d'Al-ger de 1964 à 1974. Nommé à El Harrach, dans la banlieue ouvrière d'Alger, il y est resté fidèle à sa vocation de Pradosien et à son engagement dans l'apostolat en milieu ouvrier. Il a soutenu la J.O.C. qui, à l'époque, grâce à des permanents volontaires venant de France, avaient à Alger une vraie relation avec la jeunesse algérienne musul-mane des milieux populaires…. Jean devait revenir nous voir ces derniers mois et en a été empêché par les difficultés administratives à obtenir des visas et tous ceux qui l'avaient connu se réjouissaient de ces retrouvailles. En plusieurs occasions, d'ailleurs, il nous avait rejoints depuis

son départ gardant aussi une relation avec nous par lettre et échanges de nouvelles, en particulier dans la période douloureuse des attentats qui ont frappé notre communauté. Nous gardons de le lui souvenir très fort de son engagement évangélique dans les milieux défavo-risés du grand Alger, de sa participation person-nelle à notre projet de relation islamo-chrétienne pacifiée, projet qu’il servait, entre autres par un effort patient de maîtrise du parler algérien. Dans toutes ses activités et ses rencontres il mettait sa joie, sa jovialité, sa disponibilité évangélique, son aptitude à la rencontre directe et chaleureuse. Nous remercions le Seigneur pour tout ce que Jean a vé-cu parmi nous et nous communierons avec vous dans la prière de l'Église à son intention.

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É glise u n iverselle

Lancement de la Collection Tibhirine Nous donnons ci-dessous un compte rendu de la Conférence de Presse, faite par le Frère Philippe Vaneste, O.C.S.D, gérant des éditions de Bellefontaine, à la Maison de la Conférence des Évêques de France à Paris. Mgr BADER et Mgr TESSIER ont participé à cette rencontre. Frère Philippe y a présenté la nouvelle « collection Tibhirine », qui publie les écrits des sept moines de Tibhirine, et des travaux ( études, approches, biographies, thèses etc…) qui ont été faits sur eux. Quatre li-vres sont déjà parus, d’autres paraitront à l’automne. Le texte complet de la conférence de presse est disponible sur le Site de l’Église d’Algérie (www.ada.asso.dz), et à l’Archevêché en fascicule imprimé (dix pages), pour celles et ceux qui le désirent.

« Il est urgent de vivre l’amitié selon l’Évangile », cette phrase issue d’un poème de Frère Christophe, résume assez bien la teneur de ce que nous avons vécu à la Maison de la Conférence des évêques de France à l’occasion du lancement de la collection « Tibhirine ». Le message laissé par les frères est universel, révélateur d’une tolé-rance, d’un partage dont nous avons tant besoin. Il aurait été in-congru voire déplacé d’avoir envi-sagé la soirée de présentation de la collection autrement que par un moment de partage et d’amitié. Nous avions souhaité organiser cet événement dans un lieu fort, sym-bolique : nous avons été remarqua-blement accueillis à la Maison de la Conférence des Évêques de France ; d’emblée, ils ont été touchés par notre démar-che et sensibles à l’invitation au dialogue interreli-gieux laissé par les frères. Le hasard a voulu que cette soirée ait lieu le 2 juin … jour anniversaire des funé-railles des frères ... C’est un petit signe, parmi tant d’autres que ceux qui sont souvent désignés par l’ex-pression ‘les sept dormants de l’Atlas’ sont en fait de redoutables veilleurs qui nous ont accompagnés tout au long de cette aventure. Ce qui devait être une soirée plutôt intime a rassemblé près de 150 personnes pour un véritable hommage aux frères Martyrs, cérémonie en présence de Mgr. Ghaleb Bader, archevêque d’Alger et de son prédécesseur, Mgr. Henri Teissier, en charge au moment des faits. Etaient également présents les abbés des monastères dont étaient issus les frères ainsi que leurs familles. Nous avons également souhaité que cette soirée d’hommage s’inaugure par un temps de prière. Les étudiants du Séminaire des Carmes de Paris ont animé ce temps très privilégié … Colette Nys-Mazure, mar-

raine des éditions, nous fit la joie d’une lecture et nous avons ressenti une vive émotion lorsque Mgr. Bader et

Mgr. Teissier ont entonné la prière du Notre Père , chantée en arabe. Ensuite, quatre orateurs se succé-dèrent pour nous aider à entrer dans la démarche spirituelle et théologique des frères. M. Hubert de Chergé, frère de Christian qui fut prieur de Tibhi-rine, nous dévoila comment le par-cours de son frère a fortement in-fluencé sa propre vie. Il nous par-tagea quelques anecdotes familia-les et insista beaucoup sur l’im-portance des écrits de son frère. A l’instar de Christian mais dans d’autres conditions, M. de Chergé a à cœur d’agir au quotidien et par le biais de multiples activités,

dans le souci de l’autre, du pauvre, de l’étranger. En-suite, Marie-Dominique Minassian prit la parole afin de nous présenter la première partie de sa thèse consa-crée à Frère Christophe. Avec la rigueur du chercheur en théologie mais aussi avec l’implication affective indispensable à la rencontre d’une personnalité aussi riche, Mme Minassian nous proposa quelques clés pour comprendre le parcours et la théologie de Chris-tophe. Puis, Mgr. Henri Teissier nous a partagé son témoi-gnage de pasteur. Archevêque d’Alger au moment des faits, il a personnellement connu les sept Martyrs et il a aussi traversé les tempêtes violentes et sanglantes qui ont agité l’Algérie à l’époque. Profondément mar-qué, ému et au bord des larmes, l’émotion était plus que palpable … et contagieuse. Nous touchons là du doigt le fait que cette guerre fratricide, politique, a surtout touché des hommes … chrétiens et musul-mans, chrétiens ou musulmans, chacun atteint dans sa propre chair, son propre cœur. C’est par une connais-

⋅ Mgr. Bader ⋅ Dom Guillaume Jedrzejczak, Abbé du Mont

des Cats ⋅ Mgr. Teissier ⋅ Frère Philippe Vanneste, frère trappiste

responsable des éditions de Bellefontaine et de la Collection "Tibhirine".

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sance exhaustive du journal de Christophe que Mgr. Teissier nous a raconté la vie de cette communauté monastique chrétienne vivant avec les musulmans … entraide au quotidien et partage de la foi, dans le res-pect et l’amour de l’autre. Enfin, frère Didier, de l’Ab-baye de Tamié en Savoie, nous a parlé de l’amitié par-tagée au long des jours avec frère Christophe, en dépit de la distance géographique. Par de fréquents recours aux poèmes de Christophe, frère Didier nous a emme-nés, dans les pas de son ami certes, mais dans ceux d’une communauté qui a choisi délibérément de vivre jusqu’au bout du don. En tant qu’éditeur, ce n’est pas seulement un travail qui nous est confié par la publication de ces différents écrits, c’est une véritable mission : celle d’un devoir de mémoire. A charge pour nous de permettre au plus grand nombre de goûter à la richesse universelle que

peut dévoiler une vie simple, pauvre, humble, toute à la rencontre d’un Autre qui diffère mais qui est telle-ment proche, au fond.

Les éditions de Bellefontaine

Titres des ouvrages déjà parus dans la « collection Tibhirine » « Dieu pour tout jour » (Chapitres du Père Ch.de Chergé à la communauté de Tibhirine1986-1996) « L’Autre que nous attendons » (Homélies du Père Ch. de Chergé 1970-1996 « Adorateurs dans le Souffle » (Homélies du frère. Christophe Lebreton pour les fêtes et solennités 1989-1996« Frère Christophe Lebreton, moine de Tibhi-rine », de l’enfant bien-aimé à l’home tout donné.

D’autres paraitront à l’automne.

É glise u n iverselle

Activités d’été pour les étudiants subsahariens

Par ailleurs, nous informons qu’en lieu et place de l’Université d’été de cette année, il est proposé aux étu-diants sub-sahariens chrétiens une semaine dénommée « fourre-tout » pendant laquelle on vivrait pas mal de choses :

Date : du 24 au 31 juillet 09

NB. Une contribution est demandée : 500 DA / personne. Inscription auprès des aumôniers qui se chargeront de faire suivre

P. Jean Paul

Activité Lieu Nombre Responsable

Initiation à l’arabe dialectal C. Hélène Chauvin 15 Sr Jacqueline

Informatique Bordj el Kiffan 15 P. Firmin

Retraite spirituelle (3jrs) Chréa/Ben Smen 15 P. Albert

Sida info. animée Tizi Ouzou 25 P. Mariusz Sr. Bernadette

Soutien en Français Blida/Bordj el Kiffan 25 P. Jean Paul P.Christian

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M é dita tion

I l me semble que si nous sommes ici réunis une fois de plus, c’est parce que plus ou moins

confusément chacun a le sentiment que, d’une cer-taine manière, Tibhirine lui appartient. On pourrait appliquer à ce lieu ce qu’un psaume prétend du Mont Sion : « Tout homme y est né. Dieu, le Très Haut lui garde sa place. » (Ps 86). Tibhirine, c’est le bien indivis des habitants de ce village, de Médéa, de la communauté chrétienne d’Algérie, des sœurs de Bethléem qui reçoivent mission de rendre vie à ce lieu… Tibhirine, c’est un bien de famille dont nous avons hé-rité ensemble. « Tout homme y est né »… C’est pourquoi se sentir né ici, s’ac-compagne de JOIE : la joie de retrou-ver spirituellement chacun des frères dans la demeure qui fut la leur. Il y a plus cependant : c’est à leur pro-pre joie que nous pouvons communier aujourd’hui : leur joie du face-à-face avec Celui qui, aux jours de détresse, promettait de le revoir : « Je vous reverrai »… Promesse de les retrouver définitivement, tous, visages entrés dans la joie de Pâques. Qui, désormais, pourrait les sépa-rer de la joie du Christ ? Joie imprenable… Cette joie-là, replongée dans l’Eucharistie, suffit au rendez-vous d’aujourd’hui. A quoi bon, en effet, renchérir sur tout ce qu’on a pu entendre sur cet endroit : qu’il fut un « avant-poste », un « laboratoire », que « la vie contemplative est la meilleure présence possible auprès de croyants mu-sulmans »… et que les moines seraient « spécialistes de la foi à temps plein, professionnels de la contemplation » !!! Etc. etc. Devant pareille inflation, on a envie d’appeler au secours le Fr. Luc, lui qui se voulait « ni moine ni charismatique mais simplement un baptisé ». On en viendrait même à envier la sobre et bienveillante évocation des moines chrétiens faite par le Coran. Mais pourquoi donc ne pas s’en tenir à l’humble et captivante réalité ? On pense à Djalal eddine Rû-mi :

« Dieu a caché le vent et monté la poussière. Comment la poussière pourrait-elle s’élever d’elle-

même ? Tu vois pourtant la poussière et pas le vent… »

Et bien, c’est le vent qui nous intéresse ici d’abord. Le Vent, cet autre nom de l’Esprit, dont Jésus nous avertit qu’il est déconcertant. Raison de plus pour essayer de le voir à l’œuvre dans cette communauté et autour d’elle. Comment le Vent a-t-il pu soulever la poussière de

Tibhirine ? 1- C’est d’abord dans la salle commune de « lectio » que, me semble-t-il, l’Es-prit Saint opérait : chaque frère avait sa table individuelle et une passion com-mune pour la Parole de Dieu les ani-mait. Ils la « mâchaient, selon le mot de St Bernard, avec les dents de l’Es-prit ». Or, vaquer à la lecture de la Parole de Dieu (comme St Benoît y ramène obsti-

nément ses moines, c’est apprendre le cœur du Père dans le Verbe fait chair. Et tel est bien le travail de l’Esprit : ensemencer chez l’homme la Parole faite chair, comme il l’a fait pour Marie. On parle beaucoup de l’Espérance à propos de Tibhirine : « l’invincible Espérance », la « théologie de l’Es-pérance »… C’est juste et surtout justice rendue à l’Esprit qui n’ensemence que pour moissonner. 2- Autre lieu fréquenté par l’Esprit, cette autre pièce du monastère appelée « salle du chapitre ». Une sorte d’agora monastique. On y parlait beau-coup, on écoutait beaucoup et surtout on apprenait à s’écouter les uns les autres. Dans ce contexte, on imagine sans peine les allées et venues de l’Esprit visitant chacun, y compris les moins enclins à s’ex-primer. Tour à tour Esprit de Sagesse, de Paix, de Réconciliation, de Discernement. Ce serait peut-être dans cette salle de communauté que s’actualisait avec le plus d’évidence la parole du Christ : « Je ne vous laisserai pas orphelins (…) Je prierai le Père qui vous donnera l’Esprit de Vérité… et vous aussi vous témoignerez… »

Homélie de Robert Fouquez à la célébration du 22 mai à Tibhirine lors du pèlerinage diocésain

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M é dita tion

A une époque où il était difficile devoir claire et difficile d’être fidèle sans témérité, l’Esprit leur a suggéré ce qu’il est possible d’oser, quand on veut aimer comme le Christ. Par delà la concerta-tion ou la confrontation apparaissait de mieux en mieux que rien (pas même l’éventualité d’une vie tranchée) ne pouvait leur ôter la liberté d’aimer jusqu’au bout de la nuit. Concrètement, cela vou-lait dire : rester avec ceux que Dieu leur avait don-nés. On imagine difficilement l’Esprit absent d’une si grave décision. Mais on ne doit pas non plus l’imaginer absent de tout ce qui, dans un quo-tidien le plus terre-à-terre, fut inlassablement mis en œuvre pour rendre plausible une telle décision : par exemple le souci de ne pas avoir un « train de vie » trop dissonant avec celui des voisins : cela allait de la voiture à la nourriture… s’agissant – comme c’était leur volonté – de vivre une relation en vérité, l’Esprit Saint apparait on ne peut plus suggérant ! 3- Enfin, espace pour l’Esprit Saint cette chapelle, le fut aussi. Dans la prière des Heures liturgiques ou dans l’Eucharistie, Dieu s’y trouvait de vrais adorateurs. Chaque jour, les frères se rassemblaient autour du « grand désir » du Christ à l’heure de son don plénier : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous » (Lc 22,15). Chez le Christ, ce grand désir c’était l’Esprit Saint. Pour-quoi n’aurait-il pas été aussi celui qui acheminait ces moines jusqu’au don total ?... Parallèlement, appeler chaque jour l’Esprit sur les offrandes de l’autel redoublait de sens dès lors que, avec elles, on présentait l’entourage proche ou lointain dans toutes ses attentes ou ses détresses. Sur elles, on invoquait l’Esprit « qui renouvelle la face de la terre », à commencer par la terre de Tibhirine. Ceux qui ont une fois ou l’autre, partagé l’Eucha-ristie avec les moines peuvent témoigner qu’on sortait réconforté de cette chapelle. Nous aussi, à notre tour, nous allons quitter cette chapelle et chacun des lieux où l’Esprit nous a pa-ru présent. Nous sortirons de ce monastère par une porte largement ouverte sur le village, sa mosquée presque achevée et sur un vaste paysage dénudé mais non dépeuplé. C’est là que l’Esprit nous attend comme il atten-dait les frères. Frère Michel constatait : « L’Esprit nous précède sur le visage de tout être vivant ». Voisins, malades, compagnons d’un bout de che-min ou de travail : tout être vivant n’est pas étran-

ger à l’Esprit. Nous avons la certitude, dans la foi, qu’en chacun, DIEU n’en finit pas de le remodeler à son image, avec une prédilection pour les pau-vres. Ce que nous sommes invités à méditer après les moines de Tibhirine c’est que si l’Esprit de l’Annonciation a choisi une cellule pour rencontrer Marie, l’Esprit de la Visitation a poussé la jeune mère sur le chemin de Judée… Djalal eddine Rûmi, encore lui !, voyait en tout homme une hôtellerie, c'est-à-dire une capacité de tout accueillir. Oui, l’accueil est un aspect fonda-mental de notre humanité. Et un aspect encore plus fondamental de notre être chrétien. Dans la langue de la deuxième Alliance, le premier sens du verbe « aimer » c’est : accueillir à bras ouverts, recevoir chaleureusement un hôte, le fêter… Parallèlement, être accueilli, se laisse apprivoiser ou dépouiller est tout aussi important. Cela peut paraître une fo-lie, pourtant ce n’est pas facultatif. Un jour, en Espagne, Christian s’en est expliqué sans détour : « Il n’est plus possible d’installer un monastère tout construit d’avance car, plus que tout autre, la vie contemplative se découvre dépendante des conditions « humaines » de vie d’un pays, de sa culture, de son histoire, de ses habitudes, de ses traditions religieuses ». Si rien ne peut être « construit d’avance », cela signifie qu’il faudra mettre en œuvre une absolue confiance en Dieu. Et cette absolue confiance en Dieu pourrait bien être la trace la plus saisissable de l’Esprit. Notre vie, au même titre que la vie de quiconque, est capable d’être transformée par ce biais de la confiance en Dieu. « Ceux qui sont animés par l’Esprit de DIEU, Ceux-là sont fils de DIEU » (Rom) Nous le vérifions à longueur de journée autour de nous, en toutes situations, les plus banales comme les plus périlleuses. Cette confiance absolue an-nonce la joie qu’un être humain digne de son DIEU va naître dans le monde. Lorsque Christo-phe s’étonne que « la symbiose avec nos voisin, avec le pays, nous réserve de grandes choses, on peut y voir le pressentiment de ce nouvel être né de DIEU à l’œuvre dans l’Esprit. Cela advient simplement à toute personne acceptant d’être tra-versée par la bienveillance divine et de la servir. Les moines de Tibhirine, poussière autant que nous, y ont consenti. Ils nous poussent fraternelle-ment dans la même direction.

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Dia logu e

« Un pape qui a le courage moral d’agir et de parler selon sa conscience"

Amman, le 09 Mai 2009

Il nous a semblé important de citer quelques passages de ce discours d’accueil du prince Ghazi Ibn Talal, pionnier du dialogue islamo chrétien, à l’origine entre autres de la lettre des 138. Il retrace aussi l’histoire du peuple jordanien, dont la petite minori-té chrétienne est partie intégrante. C’est cette Église jordanienne qui nous a donné no-tre évêque !

"Pax Vobis". A l’occasion de cette visite histori-que à la mosquée Roi Hussein Bin Talal, ici à Am-man, je souhaite la bienvenue à Votre Sainteté, pape Benoît XVI. (…) Je vous remercie de l'affectueux accueil que vous avez fait à l’historique "Parole commune en-tre vous et nous", la lettre ouverte du 13 octobre 2007 écrite par 138 éminents spécialistes musul-mans du monde entier, dont le nombre continue à augmenter. Un résultat de cette initiative qui, en se basant sur le Saint Coran et sur la Sainte Bible, a reconnu la primauté de l'amour de Dieu et de l’amour du pro-chain à la fois dans le christianisme et dans l'islam, est que le premier séminaire du forum internatio-nal catholico-musulman a eu lieu au Vatican, sous la direction personnelle de Votre Sainteté, du 4 au 6 novembre 2008. D’ici peu nous examinerons avec l’éminent cardi-nal Tauran l'œuvre commencée lors de cette ren-contre, mais pour le moment je désire citer des propos de Votre Sainteté, tirés de votre discours de clôture de ce premier séminaire : "Le thème que vous avez choisi pour votre rencontre – amour de Dieu, amour du prochain, la dignité de la personne humaine et le respect mutuel – est particulièrement significatif. Il est tiré de la Lettre ouverte qui pré-sente l'amour de Dieu et l'amour du prochain comme le cœur aussi bien de l'islam que du chris-tianisme. Ce thème souligne encore plus claire-ment les fondements théologiques et spirituels de l'enseignement central de nos religions respectives. [...] J'ai bien conscience que les musulmans et les chrétiens ont des approches différentes sur les su-jets qui concernent Dieu. Mais nous pouvons et nous devons être des fidèles du Dieu unique qui

nous a créés et se préoccupe de chaque personne dans tous les lieux du monde. [...] Il y a un impor-tant et vaste domaine dans lequel nous pouvons agir ensemble pour défendre et promouvoir les valeurs morales qui font partie de notre héritage commun". Maintenant, je ne peux pas ne pas rappeler les pa-roles de Dieu dans le Saint Coran : "Tous ne sont pas égaux". Certaines personnes des Écritures for-ment une communauté juste, ils récitent les versets la nuit en se prosternant. Ils croient en Dieu et au dernier jour, ils aiment la décence et interdisent l'indécence, ils rivalisent entre eux de bonnes œu-vres. Ce sont des justes, et toute bonne action qu’ils accomplissent ne leur sera pas déniée parce que Dieu connaît ceux qui Le craignent. Je rap-pelle aussi ces paroles de Dieu : "Et vous trouve-rez en vérité, que les plus proches des croyants sont ceux qui disent : vraiment nous sommes chré-tiens. Cela parce que certains d’entre eux sont prê-tres et moines". Je souhaite maintenant la bienvenue à Votre Sain-teté en tant que hachémite et descendant du pro-phète Mahomet. Je vous souhaite aussi la bienve-nue dans cette mosquée de Jordanie, en rappelant que le prophète accueillit ses voisins chrétiens de Nejran à Médine et qu’il les invita à prier dans sa mosquée, ce qu’ils firent en harmonie, sans que les uns compromettent la croyance religieuse des au-tres. Cela aussi constitue une leçon d’une inesti-mable valeur dont le monde doit absolument se souvenir. Je vous souhaite encore la bienvenue en tant qu’a-rabe et descendant direct d’Ishmael Ali-Salaam, de

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Dia logu e

qui, selon la Bible, Dieu aurait fait sortir une grande nation, en restant près de lui (Genèse 21, 18-20). L’une des vertus cardinales des arabes, qui tradi-tionnellement ont survécu dans des climats parmi les plus chauds et les plus hostiles du monde, est l'hospitalité. L'hospitalité naît de la générosité, elle reconnaît les besoins des autres, elle considère ceux qui sont loin ou qui viennent de loin comme des amis. En fait cette vertu est confirmée par Dieu dans le Saint Coran par ces mots : "Et adorez Dieu et associez-lui l’homme, soyez bons avec vo-tre père, votre mère, vos parents, les orphelins, les pauvres, vos voisins proches et ceux qui sont loin-tains, les amis de chaque jour et les voya-geurs" (4,36). L ’ h o s p i t a l i t é arabe, ce n’est pas seulement aimer, donner et aider, c’est aussi être généreux d’esprit et donc savoir ap-précier. En 2000, au moment de la visite du regretté pape Jean-Paul II en Jordanie, je travaillais avec les tribus jordanien-nes et des gens ont dit qu’ils appréciaient vraiment le pape. Comme on leur demandait pourquoi, puisqu’il était chrétien et eux musulmans, ils ont répondu en souriant : "Parce qu’il nous a rendu visite". Certai-nement Jean-Paul II et vous-même, Saint-Père, auriez pu aller immédiatement en Palestine et en Israël, mais au contraire vous avez choisi de com-mencer votre pèlerinage par une visite chez nous, en Jordanie, et nous l’apprécions. Enfin, je vous souhaite la bienvenue en tant que Jordanien. En Jordanie, tout le monde est à égalité devant la loi, indépendamment de la religion, de la race, de l'origine ou du sexe, et ceux qui travaillent au gouvernement doivent faire tout le possible pour protéger tout le monde dans le pays, avec compassion et justice. Cela a été l'exemple person-nel et le message du regretté roi Hussein qui, pen-dant ses 47 ans de règne, a éprouvé pour tous les habitants du pays ce qu’il éprouvait pour ses pro-

pres enfants. C’est aussi le message de son fils, Sa Majesté le roi Abdullah II, qui a choisi, comme objectif spécifique de son règne et de sa vie, de rendre honorable, digne et heureuse la vie de tous ceux qui vivent en Jordanie et en fait, celle de tous ceux qu’il peut atteindre dans le monde, autant que le permettent les ressources limitées de la Jorda-nie. Aujourd’hui, les chrétiens de Jordanie ont droit à 8% des sièges au parlement et à des quotas sem-blables à tous les niveaux de gouvernement et de société, même si en réalité ils sont moins nom-breux que prévu. Les chrétiens, bénéficient de lois relatives à leur statut et de tribunaux religieux et, de plus, ils jouissent de la protection de l’État sur

leurs lieux saints et sur leurs écoles. Votre Sainteté a pu s’en rendre compte personnel-lement à la nou-velle université catholique de Ma-daba. Si Dieu le veut, on verra bientôt se dresser la nouvelle cathé-drale catholique et la nouvelle église melkite sur le site du baptême.

Donc, aujourd’hui, en Jordanie, les chrétiens pros-pèrent, comme d’ailleurs ils l’ont fait au cours des deux cents dernières années, dans la paix et l’har-monie, avec de la bonne volonté et des relations authentiquement fraternelles entre eux et avec les musulmans. Cela vient, en partie, du fait que les chrétiens représentaient autrefois un pourcentage de la population plus important qu’aujourd’hui. En raison de la baisse démographique chez les chré-tiens et de leur niveau plus élevé d’instruction et de prospérité qui a fait qu’ils étaient très demandés en Occident, leur nombre a diminué. Cela tient aussi à ce que les musulmans apprécient le fait que les chrétiens étaient déjà ici 600 ans avant eux. En effet, les chrétiens jordaniens sont peut-être la plus ancienne communauté chrétienne du monde. Pour la plupart, ils ont toujours été orthodoxes, attachés au patriarcat orthodoxe de Jérusalem en Terre Sainte qui est, Votre Sainteté le sait mieux que

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moi, l’Église de saint Jacques, fondée pendant la vie de Jésus. Beaucoup d’entre eux descendent d’anciennes tri-bus arabes et, au cours de l’histoire, ils ont partagé le sort et les luttes des musulmans. En effet, en 630, le Prophète étant vivant, ils sont entrés dans son armée, conduite par son fils adoptif et son cousin, et ils ont combattu contre l'armée byzan-tine des orthodoxes à la bataille de Mechtar. C’est de cette bataille qu’ils ont tiré leur nom tribal qui signifie "les renforts" et le patriar-che latin Fouad Twal lui-même descend de ces tribus. En 1099, au moment de la chute de Jérusa-lem, ils ont été massa-crés par les croisés ca-tholiques à côté de leurs compagnons d’ar-mes. Plus tard, de 1916 à 1918, pendant la grande révolte arabe, ils ont combattu contre les musulmans turcs, à côté de leurs amis mu-sulmans, sous mandat colonial protestant, et dans les guerres arabo-israéliennes de 1948, 1967 et 1973 ils ont combattu avec les musulmans ara-bes contre les juifs. Non seulement les Jordaniens chrétiens ont tou-jours défendu la Jordanie, mais ils ont contribué infatigablement et patriotiquement à sa construc-tion, jouant des rôles importants dans les domaines de l'éducation, de la santé, du commerce, du tou-risme, de l'agriculture, de la science, de la culture et dans beaucoup d’autres secteurs. Tout cela pour dire que, alors que Votre Sainteté les considère comme ses coreligionnaires chrétiens, nous les considérons comme nos compatriotes jordaniens et ils font partie de cette terre comme la terre elle-

même. J’espère que cet esprit unitaire jordanien d’harmonie interreligieuse, de bienveillance et de respect mutuel, sera un exemple pour le monde entier et que Votre Sainteté le portera à des en-droits comme Mindanao et dans certaines parties

de l'Afrique sub-saharienne, où les mi-norités musulmanes su-bissent de fortes pres-sions de la part de ma-jorités chrétiennes, et aussi en d’autres en-droits où c’est l’inverse qui se produit. (…) Je reçois en vous le pape Benoît XVI, vous dont le pontificat est caractérisé par le courage moral d’agir et de parler selon votre conscience, indépen-damment des modes du moment, vous qui êtes aussi un maître théolo-gien chrétien, auteur d’encycliques histori-ques sur les belles ver-tus cardinales de l'amour et de l’espé-rance, vous qui avez réintroduit la Messe traditionnelle en latin pour ceux qui le souhai-tent et avez en même temps fait du dialogue interreligieux et intra religieux la priorité de

votre pontificat, pour répandre la bonne volonté et la compréhension entre toutes les populations de la terre. ( …) Je reçois en vous, enfin, un simple pèlerin de paix qui vient avec humilité et gentillesse prier là où Jésus-Christ, le Messie – la paix soit avec lui ! – a été baptisé et a commencé sa mission il y a 2 000 ans. (…) Alors, bienvenue en Jordanie, Saint-Père, pape Benoît XVI ! Dieu dit dans le Coran : "Que la paix soit avec les messagers et que Dieu, le Sei-gneur des mondes, soit loué".

Par Ghazi Bin Muhammad Bin Talal

Dia logu e

Je reçois en vous le pape Benoît XVI qui avez fait du dialogue interreligieux et intra religieux la priorité de

votre pontificat. Je reçois en vous le

pèlerin de paix qui vient avec humilité et

gentillesse prier là où Jésus Christ

- le Messie - a été baptisé, il y a deux

mille ans !

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Dia logu e

« La parole du pape a eu une importance capitale dans cette partie du monde »

Interview d'Azzedine Gaci

Le Président du bureau du Conseil Régional du Culte Musulman de Rhône-Alpes est engagé dans le dialogue islamo-chrétien depuis une quinzaine d'années. Il apporte son éclairage sur le regard des Musulmans de France sur le voyage de Benoît XVI en Terre Sainte. Azzeddine Gaci est venu en Algérie, il y a deux ans, conduire une délégation islamo-chrétienne à la rencontre de l’Algérie, et spécialement de l’Église ici. Mgr Barabarin, archevêque de Lyon, faisait partie de la délégation catholique.

Q uel regard les Musulmans … portent-ils sur le pèlerinage du pape?

Les Musulmans de France sont partagés entre in-différence et espoir. Certains sont indifférents car tellement de choses se sont passées dans cette ré-gion du monde sans qu'on puisse trouver des solu-tions concrètes à ce que vivent les Palestiniens de-puis des décennies. Les autres attendent beau-coup : le pape, ce n'est pas n'im-porte quelle personne. Il pourra, s'il en a le courage politique, faire avancer le dialogue les différentes parties en vue d'une solution qui arrangerait tout le monde. J'ai re-marqué que les chrétiens, surtout les responsables catholiques se sont empressés de donner à ce voyage le nom de « pèlerinage » dont l'objectif est de répan-dre la paix entre les croyants. Ils ne voulaient pas donner un caractère politique à ce voyage. Ce fut un voyage religieux mais aussi un voyage politi-que dans le sens où la parole du pape a eu une im-portance capitale dans cette partie du monde.

Benoît XVI s'adresse à tous les croyants, qu'ils soient musulmans, juifs ou chrétiens. Comment recevez-vous ces paroles ?

Je pense qu'il est dans son rôle quand il parle aux croyants de toutes les spiritualités, surtout dans cette partie du monde, berceau de toutes les fois. Il est normal qu'il appelle au dialogue interreligieux : c'est la seule façon qui nous permette de vivre en-semble. C'est ça ou le clash des civilisations dont certains font la promotion aujourd'hui. A quoi avez-vous été particulièrement attentif ?

J'attendais essentiellement le pape sur ce qu'il al-lait dire à Bethléem, s'il aurait le courage d'être la voix de ceux qui n'ont pas de voix, de dire ce que se passe véritablement dans cette partie du monde, de parler de la souffrance des Palestiniens, de cette monstrueuse injustice qu'ils vivent depuis près de 60 ans, de la spoliation de certaines terres, des co-lonies qui ne cessent de se développer. Et dire qu'il

ne peut pas y avoir la paix sans jus-tice et que la justice veut que les Palestiniens aient un pays avec des frontières sûres pour vivre dans la dignité et le respect. Le statut de Jérusalem pourra toujours être dis-cuté mais revenir aux frontières de 1967, c'est quelque chose de très important. J'ai été sensible au fait que le pape rappelle que les Palesti-

niens ont droit à la justice, à la dignité et à la paix. C'est le message qui a et qui est toujours porté par Jésus. Ce faisant, le pape est tout simplement dans la trace de Jésus que nous respectons tous, en tant que musulmans et en tant que chrétiens. J'ai été sensible aussi au fait qu'il répète qu'il ne pouvait pas y avoir de paix sans justice, que les Palesti-niens avaient le droit d'avoir un État. Pour nous, Jérusalem est le troisième lieu saint de l'Islam. Il occupe une place très importante dans le cœur de chaque musulman, comme dans les cœurs des chrétiens et des juifs. J'ai été très ému quand il a parlé de ces murs qui séparent les uns et les autres et qu'au lieu de construire des murs, nous devrions construire des ponts qui permettent de vivre en-semble. Les Musulmans ne peuvent qu'être ravis d'avoir entendu une personnalité aussi importante rappeler un certain nombre de choses qui sont im-portantes, non seulement pour les Musulmans

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mais aussi pour les croyants du monde entier et pour les citoyens épris de justice.

Comment ce voyage contribue-t-il au dialogue islamo-chrétien …. ?

Le dialogue interreligieux dans le monde entier traverse aujourd'hui des moments difficiles. On voit ce qui se passe en Irak, en Afghanistan, l'épi-neuse question palestinienne à laquelle on n'arrive pas à trouver une solution... On vient de traverser une période difficile avec les événements de Gaza qui ont fait 1500 morts. J'ai été aussi sensible au souhait du pape qu'on mette fin au blocus de Gaza. Je suis engagé dans le dialogue islamo-chrétien mais cela devient très difficile. Que ce soit du côté chrétien ou musulman, on nous ramène à la réalité des choses : à quoi bon tout ça quand on voit ce qui se passe ? Ceci dit, il faut absolument qu'on continue dans ce sens, que le pape ait cette parole et qu'il aille encore plus loin. Je pense qu'il avait

mal commencé avec le discours de Rastibonne. Depuis, il a fait des choses qui commencent à effa-cer ce rapport avec les Musulmans : il a visité des mosquées, voyagé en Turquie, en Jordanie, avec son discours à Bethléem, tous ses discours ne peu-vent que donner un nouvel élan au dialogue inter-religieux, et notamment islamo- chrétien(…) Et en Europe en général, où la communauté musulmane est fortement représentée. Pour moi, ce discours va donner des arguments aux musulmans qui sont avec moi et aux chrétiens avec qui je discute. Il faut absolument continuer à construire les ponts, à nous retrouver, à discuter et à construire la paix. Elle ne sera peut-être ni pour demain ni pour après-demain mais elle viendra dans quelques an-nées ou décennies. Aujourd'hui, il ne faut pas bais-ser les bras. Ce que nous faisons aujourd'hui, nous ne le faisons peut-être pas pour nous mais pour les générations futures.

Dia logu e

Avancer avec d’autres dans la recherche de Dieu. Par une prière basée sur le chant, le silence.

Intense méditation personnelle.

Élargir l’espace de sa tente. Découverte de soi et de l’autre.

Service, expérience de vie communautaire.

Cadre Focolare de Tlemcen Conditions de vie agréables

Attention ! Une centaine de places disponibles Inscriptions par e-mail à l’adresse : [email protected] Frais de participation : 1000 DA Un accusé de réception vous sera envoyé avec les détails pratiques de la semaine.

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B ibliogra phie

Paul MATTEI, Le christianisme antique de Jésus à Constantin Paris, Armand Colin, 2008

L’ouvrage se présente comme un manuel pour étudiants en université (il est d’ailleurs publié dans la « Collection U » de Colin). Mais on sait que le professeur Mattei, bien connu et apprécié en Algérie, parce qu’il était déjà apprécié des grands Serge Lancel et André Mandouze, fait partie de ces universitaires enga-gés dans la mise en valeur du patrimoine chrétien antique, ce que manifeste, entre autre, son appartenance à l’équipe de recherche de la collection Sources Chrétiennes, jadis fondée par le père de Lubac. Il y a donc chez lui un double dessein : fournir aux étudiants en histoire toutes les données leur permettant d’entrer dans une compréhension nuancée de la naissance et des premiers développements du christianisme à partir de Jésus dans le contexte de l’Empire romain ; répondre aux questions tant des croyants que des incroyants contemporains sur les origines lointaines des dogmes et pratiques encore en vigueur dans les confessions chrétiennes actuelles. Tout cela en recourant souvent à l’historiographie de questions qui sont encore en dé-bat. Je me contente de proposer ici un bref extrait de la conclusion stimulante de cet ouvrage de référence. Jean-Pierre HENRY Trois siècles ont transformé une infime secte juive en religion universelle, matrice potentielle de civilisa-tions, désormais assez profondément implantée en diverses régions de l’Empire romain, et qu’aucune proscription n’était plus capable d’éradiquer. Quant aux origines, trois idées clé : aspect polymorphe du judaïsme dont aujourd’hui l’historiographie […] met toujours plus en lumière qu’il fut le terreau du christianisme naissant ; rupture par degrés, nul-lement désirée au départ, avec ce même judaïsme que les circonstance obligèrent, quant à lui, à se « recentrer » ; diversité du christianisme naissant ou plutôt « des » christianismes naissants – en raison directe de l’aspect polymorphe du milieu juif -, pluralité des courants qui, souvent, s’entrechoquent et agitent le « mouvement de Jésus ». Sur ce fond hétérogène, une longue évolution. […] Les IIè et IIIè siè-cles furent pour la catholica, la Grande Église, un temps de gestation et de construction, dans une pos-ture d’abord réactive, face aux juifs, aux païens et aux dissidents de toute espèce. Sur le plan doctrinal d’abord, où il convient de diagnostiquer la recherche, en trois directions coordonnées d’une « bonne » distance à l’égard du legs judaïque : acceptation de la révélation biblique du Dieu créateur et législateur, au prix d’une herméneutique figurative qui fait place à l’ancienne Loi dans une histoire progressive du salut ; christologie qui rend compte de la certitude que Dieu s’est communiqué authentiquement et tota-lement au faîte de cette histoire, en l’homme Jésus ; code moral où un légalisme modéré compose avec la notion de salut par la foi. Sur le plan axiomatique et institutionnel ensuite, l’orthodoxie dogmatique et éthique […] définit des critères de vérité : délimitation d’un canon scripturaire ; revendication d’une suite sans faille, depuis le Christ et les Apôtres – dont sont garants les chefs des Églises dans leur suc-cession ; elle s’appuie sur une charpente ministérielle qui, pour parer aux divers défis, connut, dans la seconde moitié du IIè siècle, une véritable mutation (émergence du « mono-épiscopat ») et dont la justifi-cation théologique et le fonctionnement pratique allèrent en se perfectionnant. Simultanément, comme par une poussée intérieure, dans une religion en passe de devenir œcuménique, et qui, de ce fait, pen-chait à proposer, sans encore y réussir ni même le vouloir, sur tous les points, une vision totalisante, les rites et le pratiques s’enrichissaient et se diversifiaient, structurant les temps du jour et de l’année, et naissait un univers de symboles, qui bientôt cristalliserait dans les arts. […] A vues humaines, pareille croissance, scandée d’accidents, n’était pas « écrite » d’avance. Pour aller à l’essentiel, quel rapport en-tre la croyance des premières générations, certes nullement fruste (il ne faut pas opposer une prétendue simplicité primitive à on ne sait quelle sophistication ultérieure) mais encore engagée dans les schémas intellectuels du judaïsme tardif, et une théologie qui peine à tenir ensemble les intuitions des « fondateurs » […] et qui, avec un bonheur inégal, fait appel à la philosophie ? Quelle permanence de-puis les communautés primitives ignorant la dichotomie clercs-laïcs et le caractère sacerdotal de leurs ministres à l’institution déjà solide, qui repose désormais sur cette dichotomie, et où se multiplient les règlements « canoniques » ?

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Photos de couvertures :

- groupe de confirmands à Tizi Ouzou avec Mgr Bader - un groupe autour de la Vierge à Tibhirine

Sommaire

Page

Éditorial 143

Vie du diocèse

Retour à Tibhirine 145 Confirmation et profession de Foi 146 Pentecôte à la cathédrale 149 Programme Ben Smen 151 Sœurs des Saints Cœurs de Jésus et Marie 152 Départ Élisabeth Queval 153 Cité de Thénia 154 Bilan formation chrétienne 155

Vie interdiocésaine CERNA 156

Église universelle

Pèlerinage du Pape en Terre Sainte 158 Collection Tibhirine 162 Méditation 164

Dialogue Discours du prince Ghazi Ibn Talal 166 Interview Azzedine Gacci 169 bibliographie 171

Administration-rédaction : Archevêché d’Alger 13 rue Khelifa BOUKHALFA - 16000 Alger Tél. : (213)[0] 21 63 35 62 & 63 37 18 - Fax: (213)[0] 21 63 38 42 E-mail : [email protected] Pour les abonnements : [email protected] Site Internet de l’Église d’Algérie : www.ada.asso.dz Le gérant : Gilles NICOLAS (Courriel : [email protected]) Coordinatrice de la rédaction/mise en page : P.S. Marie-Danièle (Courriel : [email protected]) Mise en page : Catherine Enjolras

Dépôt légal: Décembre 2007

Points de Rencontre

27/06 au 03/07 /2009 Pèlerinage à Rome

pour la remise du pallium à Mgr Bader

09/07 au 17/07/2009 Rencontre de Taizé à Tlemcen

19/06 /2009 de 9h à 12h, parcours spirituel à Ben Smen

18/06/2009 l’après midi, fête au foyer des Jeunes

à El Biar