Geneviève, c'est notre Véritable Eglise Perdue... Elle est la représentation, la personification de l'Elise Primitive, de l'Eglise Apostolique, de l'Eglise de la dévotion envers Denys l'Aréopagite et nos Véritables Traditions ... Geneviève est la représentation, la personnification de nos Véritables Traditions, lesquelles sont Aréopagitiques... ... Personnification de cette Véritable Tradition, Elle transpose Celle-Ci pour les siècles subséquents à l'époque Apostolique (1-325), afin de La perpétuer si possible jusqu'aujourd'hui ... .. Survient alors la Crise totale des XVIIe et XVIIIe siècles (rejet de Denys l'Aréopagite, apostasie de l'Eglise sur sa Véritable Doctrine et ses Véritables Traditions... Fin XIXe, l'Eglise persévère en son apostasie).. .. [livre reconstitué à partir de photocopies effectuées en bibliothèque]
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1.SAINT,EGENEVIVEPATRONNE DE PARISET SON INFLUENCE SU RLES
DESTINES DE LA FRANCE PARLABB VIDIEU CllAXOl:olE fiOiOR.IRF..
DOCTF.UR F.:i TII~OI.Or.IE 0) ,~. : / ....-t- ~ z ~~J~~ t---T,~ A
~:> 73. . CHAPITRE PREMIER COUP DIL SUR LA VIE PUBLIQUE
DES,I=-TE GE"EVIVE FI),de rpondre la grce de leurvocation,les
vierges sacres viventspares du monde, caches en Dieu;elles ne
recherchent pas la vie acti le,les uvres extrieures et
publiques.Elles savent que le grain de fromentdoit disparatre et
tre cach en terre,avant de produire les pis les plusprcieux; mais
Dieu, pour manifesterla gloire et la puissance des vierges, non
seulement fait venir ses (CuITesau-devant de ses saintes pouses,
mais les mle souvent aux lnements lesplus considrabls de la vie des
peuples. Et alors, avec une perslranceinfatigable, elles
remplissent la mission, dont le ciel les a charges, sansrien perdre
de lesprit intrieur. Voil pourquoi, ayant raconter lesuvres
merveilleuses qui remplissent la seconde partie de la vie de
notreSainte, nous ne craigno~s pas de donner pour titre ce deuxime
liv.re :Vie publique de saillte Genevive. La vie publique de sainte
Genevive commence avec son migration Paris, peu aprs la mort de ses
parents, cest--dire vers lan 43 environ.Il y eut peu dintervalle
entre ces derniers vnements et la conscrationqui les prcde
immdiatement. (post hc) dans la Vie latin, Nousdisons: vers lan 43,
parce quil serait tmraire, Iii o les documentsauthentiques sont peu
explicites, de fixer des dates trop prcises qui
seraient.ncessairement arbitraires. Celte nouvelle priode est
remplie tout entire par linfluence de , 7 "" 74. l: : ~1~;-. ...
50SAINTE GENEVIV, PATRONNE DE PRIS, Genevive sur les destines de a
France. La vierge de Nanterje nous apparat avec SOli ardente
charit, son esprit de prir~; sa grande sagesse et ses ";irades,
dv~lopp;nt parmi les Gallo-Romains et les Franks cet esprit
religieux et patriotique, quifer~ de la France la filleane de
lglise et la premire nation du monde. Un grand vnement frappe
surtout notre, attention" :v."." ~.".. Z f".""0:: 76. ",~; 52
SAINTE GENEVIVE, PTRONNE DE PARIS. les Bourguignons, les Allemands,
les Pannoniens. Mayence,dt autl:~ fois illustre, a t prise et
renverse, et des milliers dhommes ont t. gorgs dans son glise ;
Worms a t ruine par un lo~g sige; la puis sante ville de, Reims,
Amiens, Arras, Throuann,recule lextrmit des Gaules, Tournay, Spire,
Strasbourg, ont vu leurs hbitants transports en Gepnal:ie. Dans
lAquitaine, la Novempopulanie, la Narbo naise, tout, hormis un
petit nombre de villes, a t ravag, et encore. le glaive les
menace-t-il de dehors, tandis que la faim les consume au dedans.Tel
et t le sort de Paris, sans..la protection d~ne vierge. Les his
toriens de Genevihe rattachent le rcit de son rle tutlaire il celui
que rempErent les Saints arrtant, au moment dcisif, en Gaule et en
Italie, les fureurs dAttila. A saint Lon, changeant les rsolutions
du barbare par lascendant dune parole que Dieu fconde en
linspirant; il saint Aignan, qui fit de la cit dOrlans le centre de
la rsistance gauloise contre cs Huns, et qui disait, aprs avoir pri
et mouill de larmes les degrs de lautel: " Allez voir lit-haut si
la misricorde de Dieu ne vient point; il saint Loup qui prserva du
pillage et de la ruine la ville de Troyes, ils comparent Genevive
arrtant, elle aussi, par ses prires le Flau de Dieu.
Ellen~utr.tlisait par la vertu, dont elle tait pntre, les effets du
mal; clle pr~sentaitau soleil de justice un foyer attractif o ses
rayons pou vaient descendre~ et, ;tinsi, elle vivifia la chane
sacre, cest--dire la religion, qui tient la terre unie au ciel. Les
prophtes dclarent quil n.et fallu quune me sainte pour sauver
Jrusalem.Mais ces vierges, qui nous sauvent, qui apaisent la col~e
divine par le parfum de leurs prires, de leurs bonnes uvres et de
leurs sacrifices, qui dtournent de nous le chtiment lue mritaient
nos pchs, elles sont souvent oublies et mprises du monde. Telle
nous apparatra la vi~rge de Nant~rre, prservant ses concitoyens de
la ruine et de la mort, et ne recueillant dabod pour rcompense de
ses vertu~, de ses conseils .et de son hroque patriotisme que la
calomnie et lingratitude.Lheure du triomphe sonnera, cependant,
pour [humble et doucer. Epistol. S. !lieronin;; ad Ager., !cripl,
Franc., 1. 1. p. 7-.1, 77. l:~ - VIE PUBLIQUE l)E SAINTE GENEVIVE.
53Genevile. il vie,idra le jour o elle sera entoure de vnration par
les , Parisiens et comble dhonpeurs par les princes. Mais, pour
apprcier,comme il convient, [influence de la Sainte sur les
destines du premierroyaume chrtien et de la plus belle monarchie du
monde dans laven)r,il faut continuer rapprocher son histoire des
vnements contempo.rains. La vie dAttila, tranche par un .coup
fortuit, nest quun drameinterrompu dont le hros disparat, laissant
le soin du dnouement auxo personnages secondaires. Ce dnouement,
cest la clture de lempireromain dOccident et le dmembrement de la
moiti de lEurope parses fils, ses lieutenants, ses vassaux ou
dautres chefs barbares devenusempereurs ou rois. Les Romains, dont
la puissance tait branle detoutes parts, succombrent dans les
Gaules sous les armes des Franks,et achevrent de perdre leurs
conqutes quils avaienton~erves pendantplus de cinq cenls ans.
Seules, la confdration armoricain et la villede Paris, qui
agissaient- de concert, rsistrent aux envahisseurs, etlme de cette
rsistance fut encore Genevive. Les Parisiens, soumisun instant
Childric, ne subirent dfinitivement le joug barbarequaprs le
baptLne de Clovis. Or, tous les historiens saccordent pourattribuer
linfluence de Genevive, ses prires ferventes, cette con oversion et
les ayantages qui en rsultrent pour la socit chr.tienne,autant que
pour la patrie franaise. ~ 78. ~CHAPITRE II PARCS E)i438 VERTUS
bllETES ET ACSTRIT5 DE 5.IlE GEEVIVEEXTASEET RvL, TIO)iSEL 1. E R E
OIT DE Dr E U L fAr. C J. Tl~ DEll R EDASLES r.OSr.IECE5 ET LE
DODESLR~IES 438, Paris ne ressemblair en rien au Parisdaujourdhui
al! sentlsseOl tant dc palais, al! grondet~lnt de bruit, al!
fourmille unc popuLItian si ~lrdente; mais, cette poque, le
Illisrabk~lm~ls dc hUlles de laille qui, , loriginc, abrita
ksParisicns, al"ait fait place une xillc romainc,humblc encore,
mais dj plus rgulire. Ses dcux pOlltS (Pont au Chnnge et Petit
POOl) alaicnt t fortifis de deux grossestours (les deux Ch~telets)
et unis par une I"oix tortueuse, la plus anciennede la lille, qui
suilait lemplacement des rues de la Barillerie, d laCalandre et du
march Palu. Il y alait, dans 1< ~., ... .., " loi Q C." ~.( "
> > u ... d " .~ loi ".....C .. 7- Q ~ "T u ...,. ~ :0 . 86.
~: 62SAINTE GENEVIVE, PATRONNE DE PARIS. ~clatants : lextase, le
don des larmes et la facult surnaturelle de lire dans les
consciences? Le biographe dit que Genevive fut atteinte dune grave
maladie, peu de temps aprs son arrive Paris. Cette maladie fut-elle
dtermine par le voisinlGERL.RCHIDr.CRE D.l,;XERRE pRE:ID SA
nFr.:-ISE !.RIS EST !RI~SERn:: Ilt: pll.l..(;E ET DE 1..
Il(:LST,TIO:-; CO~I~IE:-TEST-II. S.IJI(? AI;TORlTl:: noulelle et
toujours grandissante,dont le ciel revtait Genein:,n~tait
passeulement un honneur personnel quelle rapponait il son c~lestc
~poux, ctait surtoutun bienfait dont la Providence alait pOUrlUla
ville de Paris, en vue des catastrophes qui taient prochaines.La
congrgation de Genelive lui servira de centre et de moyen daction
sur les femmes de Paris, au milieu desquelles elle va inaugurer sa
mission protectrice. Cest par elle quelle pourra conjurer linvasion
dAttila. Cette sainte et nombreuse phalange de vierges sacres
formera il son peuple un rempart surnnturel de dfense contre les
Huns, bien plus fort que les cita delles bties de ln mnin des
hommes. Attila! on ne saurait dpeindre la terreur que ce nom
ins.pirait aux populations; et, pour admirer nutant quiis le
mritent le courage et le dvouement de sainte Genevive, il nest pas
superflu de rapporter cc que nous apprend lhistoire du farouche
gu(rrier et de ses hordes sauvages. Ces dtails ne sont pas un
hors-duvre, car ils agrandissent la scne et la rendent plus
saisissante. Ils font mieux ressortir lintervention des S,lints qui
sauvrent les peuples, dont nous descendons, et le monde civilis.
102. 8SAINTE GENEVIVE, PATRONNE DE PARIS. La physionomie dAttila,
comme celle de Charlemagne, a subi cettetrallsformation que
limagination des peuples et la posie ne manquentjamais dapporter la
figure des hommes qui ont consol ou effray lemonde. Dans le pome
des Nibelungen, le vritable Attila, lAttila delhistoire, disparat
entirement: cest le roi le plus loyal, le plus dsintms, le plus
gnreux, cest mme le meilleur des poux. ?Il. Amde/TIrierry dit avec
raison: Cet Attila ressemble fort peu, 9n lavouera, aufurieux
polygame qui avait une lgion de femmes et un peuple denfants.Les
traditions latines, au contraire, nous montrent le roi des Huns
sousSOlI vrai jour: cest un messie de douleur, envoy pour chtier
les vicesdes Romains. Nous suivons les traditions latines, parce
quelles sont lavrit et quellcs compltent lhistoire; elles nous
donnent des dtailsprteicux sur les vnements des Gaules, et mellent
en lumire des persOlUlages importants simplement esquisss par
lhistoire, tels que sainteGenevive, saint Aignan dOrlans, saint
Loup de Troyes et saint NicaisedeReims. N la fin du"l sicle, Allila
alait eOiron soixante ans en :1-51, lorsdesa marche sur P,~ris. On
croit quil vint au monde sur le bord du Volga,doot il portait le
nom primitif Athis ou Allila. Il passa sa jeunesseSUIsuries borcls
du Danube o il connut Atius. Dabord owge des Romains,Anila tudia
parmi eux les vices de leur socit quil sut si bien exploiterpl;
wrd, tandis quAtius faisait ses premires armes chez les Huns.Toat
en se redoutant rciproquement et se croyant destins se
mesurerSUTles champs de bataille, ils restrent lis damiti et se
faisaient dem&luels cadeaux ". Lhistoire nous reprsente Attila
avec tous les vices propres il en faireleilau du monde: il tait dun
orgueil indoolptable, dune ambition dmesure, dune frocit sans
exemple. Aucune croyance religieuse ntait enlui;: seulement, des
sorciers, attachs sa suite, con.ultaient lavenir souss.esyeux, dans
les circonstances importantes. Plus politique que guerrier,V.
Ammien Marcellin, Prosper dAquitaine, ldace et Jornands. 1.Cene
sorte de personnification dun fleuve dans un homme a donn ,penser
que le %..Volga tait Je Reu,"c sacr des Huas ct quAttila tait n sur
ses bords.], Ac!tius fournit plusieurs secrtaires Anila, et Anita
lui enoyait des choses curieuses:un jour il lui nt prsent dun nain.
103. ", PORTRAIT DATTILA ET DES HUNS. 79la ruse et la violence lui
taient familires; le prtexte le plus futile tait,pour lui,
loccasion de querelles et de menaces incessantes lgard de
sesennemis. A ct de cela, il se montrait doux pour ceux qui
savaient sesoumettre, exorable aux prires, gnreux envers ses
serviteurs, et jugeintgre vis--yis de ses sujets .Tout, en lui,-
jusqu son extrieur, inspirait la terreur: il alait lataille courte,
la poitrine large, la tte grosse, les yeux petits, le nez cras,le
teint noir; son insolente frocit se manifestait dans sa dmarche,
sesregards et tous ses mouvements; il aimait se faire donner le
titre deFlau de Dieu; lui-mme le prenait dans ses lettres et ses
dits, il voulait,disait-il, que jamais moisson ne repousst dans les
lieux o son chevalavait pass. Ctait bien l, dit Jornands, un homme
marqu au coinde la destine, n pour pouvanter les peuples et branler
la terre. La. domination dAttila stendait de lOural et du Volga
jusq u".4. Vil" jJl concllssiolle/H gentis Ilatus hz lJwndo,
ten-arulJl omniulH metl/s. -Idem, ibidem. 104. 80 SAINTE GENEVIVE,
PATRONNE DE PARIS. humaine, viynt dans ltat des animaux. Ils ne
connaissent pour leurs aliments ni les assaisonnements, ni le feu:
des racines de plantes sauvages, de la viande mortifie entre leurs
cuisses et le dos de leurs chevaux, voil ce qui fait leur
nourriture . Jamais ils ne manient la charrue; ils nhabitent ni
maisons, ni cabanes, car toute enceinte de murailles leur parat UI1
spulcre, et ils ne se croiraiellt pas en sret sous un toit.
Toujours errants par les montagnes et les forts, changeant
perptuellement de demeures, ou plutt nen ayant point, ils sont
rompus ds lenfance il tous les maux, al! froid, la faim, la soif.
Leurs troupeaux les suiyent dans leurs migra tions, tranant des
chariots o leur famille e~t renferme. Cest l que lesfemmes filent
et c?usent les vtements des hommes, cest l quelles reoivent les
embrassements de leurs maris, quelles mettent au jour
leursenfant,;, quclics les i(;Ient jusqu la pubcrt~. Demandcl ces
hommesdolt ils Yienncnt, Oll ils ont t conus, olt ils sont ns, ils
nc vous le diront pas: ils lignorent." Leur habillement consiste en
une tunique de lin et une casaque depeaux de rats sauYages cousues
ensemble. La tuniq ue est de couleur sombreet leur pourrit sur le
corps; ils ne la changent point quelle ne les quitte.Un casCJue ou
un bonnct ct des peaux de bJuc, roul~es autour de leursjambes
lelucs, compltent leur quipclge. Leur chaussure, taill~e sansforme
ni mesure, les g~ne tellement quils ne peulent marcher, et ils
sontabsolument impropres au combat comme fantassins, tandis quon
les diraitclous sur leurs petits chevaux laids, mais infatigables
et rapides commelclair. Ils passent leur vie il cheval, tantt
califourchon. tantt assis dect, la manire des femmes: ils y
tiennent leurs assembles, ils y ach(;tent et vendent, ils ) boivent
et mangent, ils y dorment mme, inclinssur le cou de leurs montures.
Dans les batailles, ils se proEcipitent sansordre et sans taclique,
sous limpulsion de leurs dil1rents chefs et fondentsur lennemi, en
poussant des cris affreux ..... Rien ngale ladress~ aveclaquelle
ils lancent, des distances prodigieuses, leurs flchcs armes dosI.
[Il lzomillum allfl.mfigllra lierf ;lIsuavi ita visi Slm! asperi,
ut lleque iglli, }leque saporatisilldigeallt cibis, sed radicibus
/u:rbarl:m agrestilll1l et semicrllda clljusvis pecoris carne
vescalltur, quant inter femor~l sua ct equoru11l tcrga sllbsertam,
fotu calefaciwzt brevi. JOR~., R,b.Gel" 35. 105. : ~.,PORTRAIT
DATTILA ET DES HUNS.SIpointus, aussi durs et aussimeurtriers que le
fer. Ils combattent de prs,avec une pe quils tiennent dune main et
un filet quils ont dans lautre,ct dont ils enveloppent leur ennemi,
tandis quil est occup parer leurscoups. Les Huns sont inconstants,
sans foi, mobiles tous les vents, tout limptuosit du moment. Ils ne
savent pas plus que les animaux ce quiest honnte et dshonnte. Leur
langage est obscur, embrouill et pleindimages. Quant la religion,
ils nen ont aucune, ou du moins ils ne pra-tiquent aucun culte,
leur passion dominante est celle de lor.Tel tait le peuple qui
allait envahir les Gaules et menacer Paris. Attila dirigea ses
premiers coups contre son frre Blda, avec lequelil avait t oblig de
partager le commandement, et quil fit assassinerpour centraliser le
pouvoir entre ses mains; mais la barbarie des Hunstait telle que ce
crime ne souleva pas la moindre indignation, et, d,:slors, il put
agir et parler en maltre. Il commena par subjuguer le mondebarbare
tout entier, en tendant sa domination sur la Scythie et la
Ger-manie. Il attaqua ensuite lempire dOrient, et poussa ses hordes
victo-rieuses jusque sous les murs de Constantinoplc. Thodose le
Jeune,pouvant, lui fit don de G,ooo livres dor, et sengagea lui
payer untribut annuel du c1i"i~me de cette somme. Cc tribut ne [ut
pets pay.Lempereur tant mort peu de temps aprs avoir conclu cet
humilianttrait, Attila demanda il Marcien, son successeur, de tenir
les engage-ments que Thodose avait pris pour lui. lIlais lIlarcien,
vieux soldatillyrien, lui rpondit avec fiert; Jai de lor pour mes
amis, du fer pourmes ennemis. Cette rponse, appuye par des leves de
troupes, arrtacourt Attila qUI, tournant ses regards du ct de
lOccident, rassemblaune arme et envahit les Gaules. Diffrentes
raisons engagrent le roi hun il porter la guerre dans cepays: les
exhortations de Gcnsric, roi des Vandales, qui recherchait
sonalliance contre Thodoric, les instances dun prince frank des
bords duNecker, fils an de Clodion, dpossd par son frre de lhritage
paternel,et les assurances du docteur Eudoxe qui lui promettait des
auxiliaires.r. Ammien Marcellin, XXI, p. 2. O!. Quiesccnti lI1:me1a
largiturum} bel/uln minanti, viros et arma objecturum. PRISC.,
E.:rc.[eg., p. 39, Il 106. "".. 82SAINTE GENEVIVE,PATRONNE DE
PARIS,La description, q~e lhistoire nous a laisse de, son arme, est
cbmmeune rcvucelfrayant de toute li barbarie d nQrd de lAsie et de
lEurope;clle rappelle le tableau trac par H~odote, numrant les
peuples quiformaient larme de Xerxs: Rugiens (de lle de Rugen, dans
la mer Baltique), Bastarnes (de monts Krapaksj, Acatzires (des ctes
de la mer duNord, ils habitaient des~uttes portes sur des
roues),.Glons (desbotd~du Dniepr), Iazyges (de lUkraine, pays des
Cosaques); Ostrogoths, Vandales, Gpides, Sarmates, Hrules,
Allemans, et vingt autres peuples.~san"~ nom et sans pass, ayaient
t entrans,bon gr, mal gr, dans :les flots de ces hordes,Des tribus
frankes et burgondiennes des rives du Necker et de laSaale, forces
dabandonner leurs cantons, taient venucs grossir de ,leurnombre la
foule des nations sujettes du roi des Huns,On peut valuer le nombre
de ces guerriers cinq cent mille, etmme ,il sept cent mille, daprs
quelques auteurs, De lOrient .lOcci~ dent, le sol tremblait sous
les pas de leurs milliers de chevaux. Jamais invasion ne stait
prsente sous un si terrifiant aspect, elle ressemblait au passage
brlant de ces insectes innombrables qui dtruisent tout sur leur
rOLltc, ou ces immcnses incendics qui ne laissent, derrire leurs
rouges vapeurs, quun sol nu, pour longtemps aride et dsol.A son
arrive dans lc5 Gaules, Attila sy posa, comme nagure le roi de nos
modernes envahisseurs en librateurdcs populations. Il venait,
disait il, comme ami des Romains et seulement porchtier les
Visigoths, ses sujets fugitifs et les ennemis de Rome, et il
engageait les cits ii le recevoir comme un des gnraux de leur
empire. La ruine des villes quil dtruisit, pour les punir de leur
rsistance, pouvanta les autres, elles lui ouvrirent lurs l)Ortes et
ne furent pas pargnes ,davantage. Le roi barbarc entrait dans les
places fortes, et sy installait en plein carnage; en plein dsordre.
Trves, Besanon, Strasbourg, Spire, Mayence, Cologne " Tongres, ,.
rras, Metz, furent pris dassaut et brls, le peu pie et le clerg
mas1. SIDO~. APOLL. Palleg. Avit., v. 39 Cf. JOR~., Reb. Get.,
Hist. Miscell., t. XV. PdOC. lkll. Vand., t. l,p. 4. ",2. BGCH,
Hist. Be/g" p, SI2. Bolland., 6 feb., p. 792. Monachi S. Marian.,
Chron., p. 62.3. GREG. lUR., Hist. F,a:,c., t. II, "p. S. 4, PAUL.
DlAc., Epis. Mett.lls, " 107. . ~.. PORTRAIT DATTILA ET DES HUNS.
83sacrs, et cest Cologne que. furent alors martyrisessainte Ursule
et sesonze mille vierges . La grande et illustre capitale des Rmes
eut le mmesort, et son vque, saint Nicaise, fut tu avec sa sur,
pendant quil chan":tait dune voix forte le verset du psaume de
David: " :Mon me a tattache la terre; Seigneur, vivifiez-moi selon
votre parole. Ce ne futque Ie.prlude des massacres, mais la
basilique sur le seuil de laquelle ilsse passaient, ayant retenti
dun bruit soudain et inconnu, ,les Hunseffrays senfuirent, laissant
l leur butin, et quittrent bientt la ville.Laon et la cit des
Vermandins, Augusta, aujourdhui Saint-Quentin,furent ensuite pris
et pills. Ctait le tour de Paris; Attila pouvait yarriver en deux
ou trois jours de marche, et son itinraire le lui indiquait, car
cette ville tait sur la ligne quil deait parcourir pour serendre
Orlans, devenu le centre de la rsistance gauloise. Qui dfendra
Paris? Quelles taient alors ses fortifications? La villetait protge
par le double bras profond de la Seine qui entourait lle, etdfendue
par une vigoureuse population de Nautes. Camulogne y avaitsoutenu
un sige clbre contre le lieutenant de Csar. Depuis,
Constance.Chlore et plusieurs de ses descendantsy avaient tabli
unca~lp fortifi,./des arsenaux. En 406, lorsque les barbares
envahirent les Gaules etattaqurent de toute part la puissance
romaine, on construisit lenceintemilitaire qui, sur plusieurs
parties importantes de son tendue, a tdc::luverte diverses poques .
Ce mur denceinte, pais sa base de3 m ,63, tait construit en
moellons et en pierres de petites dimensions,en leves des .difices
anciens. La partie infrieure, tablie en talus etatteignant une
hauteur de 2 mtres, portait alors de gra ndes assises depierres,
poses en retour les unes sur les autres, de manire ne prsenterau
sommet quune largeur de 2 mtres.I. Il ny a rien qui doi . .e tonner
dans le nombre des vierges qui furent immoles avecsainte Ursule; ce
massacre se prsente sous un jour vraisemblable, si on le rapproche
dunedestruction en mJsse de la population. Et quant cette multitude
de personnes professantla virginit, on peut lire louvrage du
docteur Kessel: Sainte Ursule et ses onre mille vierges]ou lEurope
occidentale au V sicle.. 2. Les fouilles, opres, en J~~7, au parvis
de Notre-Dame, ont mis dcouvert une partiede la muraille romaine de
Paris, sur une longueur de 26 mtres. Elle se dirigejet criminel :
les u,?s cnseillaient de lapider Genevive, les autres, sachant bien
quelle trouverp-it des dfenseurs, et craignant damener une meute,
dans un momen~ si critique, pensaient quilvalait mieux la jeter la
Seine pour en finir plus tt .La pieuse jeune fille nignorait point
quun grand danger la menacait, ........mais les desseins des
mchants, non plus que les cruauts des barbares,navaient de prise
sur cette me forte, soumise Dieu et dvoue sesfrres jusqu mourir
pour eux. Les vierges portent lamour de lhumanitjusqu donner leur
vie avec transport, non seulement pour obtenir leurs sembibles le
salut ou le don de la grce, mais pour sauver leurscorps.Quel sera
cette fois le dtenseur de Genevive? Saint Germain, quilavait dj
justifie des fausses imputations de sos envieux, tait mortdepuis
trois ans; mais avant de rendre le dernier soupir, comme sil etprvu
les nouvelles perscutions qui attendaient sa fille spirituelle, il
avaitconfi son archidiacre Sdulius le soin de lui porter ses
eulogies .Sdulius, on ne sait pour quel motif, ne stait pas encore
acquitt deson message, mais dans ce retard on ne peut quadmirer les
dispositionsde la Providence, qui rservait notre Sainte une
ressource pour lesmauvais jours.Cest au moment oGenevive allait
mourir q~e larchidiacredAuxerre, fuyant devant les fureurs dAttila,
arriva Paris. On sem pressa au-devant du vnrable tranger, et, aprs
quil eut bni, on luiJ. Viros SilOS omuimodis admoucbaut.. Vila S.
cuovef, apud Bolland., ~ 1 J.2. TraclaulibllS aul~m civiblls ut
Genovefam alll lapidiblls obrlllam, alll vaslo gllrgtc mersam
p"uircnl ... Vila S. Genovef, ~ XIV..3. Les eulogies taient des
prsents de choses bnites quon senvoyait en signe dunionet damiti.
Celle pieuse p;"tique a t remplace par le pain bnit qui se
distribue tous lesdimanches. Selon Dubreuil, les eulogies, envoyes
dans cette circonstance sainte Genevive,consistaient en une manche
de la coule monastique qui fut conserve longtemps parmi lesreliques
de Notre-Dame de Paris. ,. 111. .l.PORTRAIT DATTILA ET DES HUNS.87"
demanda quelles nouvelles il .apportait! sil avait vu les barbares,
s"ilstaient encore loin de Paris. Je suis parti dAux~rre, dit-il,
et je" suisvenu dans votre ville, pour remplir auprb de la vier"ge
de Nemetoduruinla mission que ma confie, avant de mourir, le
gr~ndvqueGermain. En entendant ces paroles, ceux qui sapprtaient
sacrifier Genevive l~urs lches apprhensions, demeurrent interdits,
partags quils taient entre leur respect pour Germain et leur haine
pour la prtendue proph tesse. Sdulius fut bientt instruit du danger
quelle courait. Alors sadres sant au peuple: Malheureux!
scria-t-il, quel crime allez -vous com mettre! Ignorezvous lminente
saintet de cette me innocente, aont la pit avait jusqu ce jour fait
votre admiration? Avez-vous oubli les loges du saint vque dAuxerre,
ct le rcit quil vous fit de sa vertu, quand il vous raconta
comment, ds le sein de sa mre, elle fut lue et prdestine de Dieu,
pour difier toute lglise, ainsi que nous lavons nous-mme si souvent
entendu de sa bouche? Si vous voulez une preuve nouvelle de sa
vnration polir Genevive, voici les eulogies quil ma recommand en
mourant daller lui offrir de sa part . Les paroles de Sdulius, le
souvenir delv~quedAuxerre, avaient./ cOl1crti la foule, ct, par. un
de ces revirements dont lesprit franais a si souvent donn lexemple,
mais qui ntait d en ce moment quau souftle tout-puissant de la grce
den haut, la sainte fille est bnie et glorifie par ceux mmes qui
voulaient tout lheure la mettre mort. Lesprance et le calme
rentrent dans tous les curs. Les hat>itants de Paris suivent ses
conseils, et ils y trouvent leur salut et celui de leurs familles,
la conser vation de leurs biens et de leur ville mme. Genevive
inspire leur avait dit: Je vous prdis au nom du Trs Haut que votre
ville s~ra pargne, si vous restez dans vos murs; tandis que les
lieux, o vous croyez trouver votre sret, tomberont aux mains de
lennemi, et quil ny restera pas pierre sur pierre. Et la prophtie
saccomplit la lettre ..Se rapprochant du nord de la Gaule, aprs
avoi.r ravag lt:st et le centre, mais repliant tout coup les ailes
de son arme, qui, aprs avoir 1. Advelliellie a~ AlIlissio:illrellsi
Ilr~e archidiacono... Vila S. Gellovej, ~ XIV. 112. . ..1 .,.. ,
88SAINTE GENEVIVE" PATRONNE DE PARIS, pris et pill Laon et
Saint-Quentin, semblaient devoir englober Paris, Attila concentra
ses troupes innombrables dans la direction dOrlans, et il vint y
mettre le sige.Cette ville avait alors pour vque, Aignan,homme dune
minente . sagesse et dune haute saintet. Il ne perdit pas courage
et appela sur les remparts les habitants terrifis, en leur annonant
la prochaine arrive dAtius. Mais, comme le secours promis tardait
venir, la cit, trem blant au choc rpt des bliers, finit par ouvrir
ses portes. Le roi des Hu~s.entra triomphalement dans la ville, au
son des tambours tartares et des trompettes gothiques. Dj, ses
officiers procdaient au partage des cap-tifs et du butin, lorsque
arrivrent le gnral romain Atius, le roi des Visigoths Thodoric, et
le roi des Franks, Mrove. Alors les Orla nais, brisant leurs
chanes, ressaisirent leur armes, et, aprs plusieurs heures dune
lutte sanglante, Attila vaincu se retira, laissant derrire lui les
cadavres de six mille des siens. Les hordes remontrent vers le
Nord, avec lespoir dobtenir bientt une sanglante revanche. Arriv
Troyes, Attila nentra point dans la ville; lvque saint Loup, que
nous avons trouv auprs de Genevive comme le second tmoin de ses
promesses sucres, vint au-devant de lui en habits sacerdotaux, avec
son clerg. Le roi des Huns lana ses soldats sur le cortge, et le
diacre, qui portait les Saints vangiles, fut tu avec quelques
clercs, mais laspect de saint Loup, le roi barbare arrta le
massacre. Qui tes-vous, vous qui ravagez notre territoire et
troublez le monde du bruit de vos armes? lui demanda lvque. - Je
suis le flau de Dieu, rpondit Attila, comme sil et devin que ctait
en punition d,s pchs des peuples que Dieu lui avait donn le pouvoir
de ravager la terre.- Et moi, je suis Loup (Lupus), dvastJteur du
troupeau de pieu et trop digne du flau de Dieu. Si vous tes le flau
de Dieu, soyez le bien venu et chtiez-nous, autant que la main de
celui qui vous conduit vous le permettra. Attila, tonn de ce
langage, sentit sa fureur sapaiser et promit dpar gner la ville.
Ilia traversa, en effet, sans "lui faire aucun mal, mais il voulut~
113. (~eqd81i ~p Il!SS~P ~J.nol np ~~1l1)Yl~~Y,a ~SYh3anY Y.
NO~lJ.N,JYS 3dYd31~ .: 114. :.. .,...,," ......90SAINTE GENEVIVE,
PATRONNE DE PARIS.garder.en otage un pontife vnr dans la contre, et
considrable auxyeux de tous les Romains: c Vous VIendrez avec moi
Ju~quaux bords duRhin, l je vous promets de vous renvoyer libre; un
si saint personnagene peut manquer de porter bonheur rrioi et mon
arme. Il Cest alors que se livra, dans les champs Catalauniques l,
la bataille laplus sanglante peut-tre dont lhistoire fasse mention.
Rejointe prs dAr.cis-sur-Aube,de Mry-sur-Seine et de
Chlons-sur-Marne par les RomainsdAtius, les Visigoths de Thodoric
et les Franks de Mrove, larmedes Huns fut contrainte den venir aux
mains. La lutte dura trois jours,1,200,000hommes y prirent part, et
le nombre des morts et des blesssdpassa200,000. Si lon peut ajouter
foi au rapport de nos pres, dit leGoth Jornands (il crivait son
rcit un sicle plus tard, vers 552), un ruisseau, qui dans les
plaines roule de faibles ondes, gonfl par le sang quischappait. des
blessures des morts, se changea en torrent. Ceux qui,percs de
coups, furent pousss vers ce ruisseau par une soif brlante,
sevirentr:duits boire cet horrible mlange . Attila, vaincu et rsolu
ne pas tomber vivant aux mains des ainqoeurs, aait ordonn dlever,
au centre de son camp, un immensebcher avec les selles de ses
cavaliers. Il y fit placer ses trsors ct tousles objets qui lui
taient dun usage personnel; puis, aprs avoir recom mand sur lme de
leurs pres, ses plus fidles amis, dy mettre lefeu, au cas o le
rempart de chariots serait attaqu, il sy plaa luimme, revtu de sa
brillante armure, la couronne au front, et tenant la. main le
cimeterre exterminateur qui, disait-il, lui avait t envoypar les
dieux. Au matin, les allis craignirent de le pousser au dsespoir et
ne lepoursuivirent pas. Il repassa le Rhin, aprs avoir fidlement
relch saint"Loup qui, accabl doutrages par son peuple, pour avoir
accompagn~ le roibarbare, sloigna de sa ville piscopale, o il ne
revint quau bout de deux1.1. M. Arr.de Thierry place la bataille
des champs Catalauniques sur les bords de iaVesle, prs du camp de
Mourmelon,.au nord de Chlons. Si un tomboau dcouert prtsdArcis est,
comme on la prtendu, celui du roi des Visigoths, Thodoric, tu en
comb.ttant la tte des siens, il faudrait la placer prs de cette
dernire ville.2. jOR:iA~DS, De Rebus Geticis) 36-42. - GRGOR.
TURo:: .., 1 l, 7. - SIDO~IUS ApOLLI~ARIS)PllJlegyr. Aviti......
115. .,.:" PORTRAIT DATTILA ET DES HUNS.91ans, lorsque Dieu y eut
ramen les curs a~ sentiment de la reconnaissance et de la justice.
Attila, forc de quitter la Gaule jonche de llite de ses
guerriers,chercha venger sur lItalie les affronts faits son orgueil
de conqurant.Toutes les villes, lexception dAquile, lui ouvrirent
leurs remparts.Cette fois, la Yille ternelle tait menace
danantissement, pas un soldatne se prsentait pour la dfendre; lvque
de Rome, saint Lon, sortitalors des murailles, revtu de ses habits
pontificaux, il se rendit la rencontre du roi mongol, et parvint,
force dadjurations, sauver la cittremblante des souillures du Hun.
Les crivains, les moins suspects de partialit pour le
christianisme,ne peuvent se dfendre dun profond sentiment
dadmiration, en lisantcette magnifique histoire des Saints qui
arrtent, aux moments dcisifs, enGaule et en Italie, les fureurs
dAttila; en voyant un pontife et une viergeprserver de la ruine
deux cits, lune capitale dun empire qui finit, etlautre future
capitale dun grand royaume qui va tre fond. Mais peudhistoriens se
sont proccups dune question importante pour ceuxqui croient au
surnaturel: comment Paris fut-il sauv? Fut-cc par unmiracle qui
dtourna les Huns dune marche fatale, ou par une providncetoute
particulire, mais non pas prcisment miraculeuse? Nous nous tendons
sur ce point authentique autant quextraordinaire de la
misricordepersonnifie dans la Sainte, loignant la justice
personnifie dans le roi desHuns, parce que cest la fois le fait
principal et le mieux connu de la viede sainte Genevive.Lun de ses
historiens rpond ainsi cette qaestion : Au lieu decontinuer sa
marche sur Paris, comme son itinraire ly conduisait ncessairement
de ~aon et de Saint-Quentin, en ligne droite, pour parvenir ensuite
Orlans, Attila, subitement empch de Dieu et dtourn,sans sen douter,
par lintercession et les mrites de Genevive, changeatout dun coup
de direction, et, se rejetant sur sa gauche, marcha
surChlons-sur-Marne, de l sur Troyes, puis sur Sens, et, faisant un
immense circuit pour viter Paris, quil contournait ainsi de loin,
revint deSens sur Orlans quil assigea. Paris tait, dsormais, hors
de danger, et,comme on peut sen convaincre, en suivant sur une
carte gographique 116. - "!I~ SAINTE GENEVIVE, PATRONNE DE PARIS.
cet trange itinraire, Attila venait de faire un immense dtour por
viter de passer par la ville que dfendait sainte Genevive: Hemar~
quons aussi quAttila, ;uS -n ... :Il .~ ~z .:..M~..,..o" .", 118. ,
~.. -.,94SAINTE GENEVIEVE, PATRONNj:: DE PARIS. Mais pourquoi le
roi des Huns a-toi! concentr son innombrable armedans la direction
dOrlans, et repli ses ailes aprs avoir pill Laon etSaint-.Quentin ?
et comment une proie aussi riche que Paris na-t-ellepoint tent ses
hordes barbares? Comme nos rcents envahisseurs, venusdu fond mme de
la Vandalie, A ttila tait toujours bien renseign, ilstait mnag des
intelligences parmi les Alains de lOrlanais, qui gardaient les
passages de la Loire, et il apprit que saint Aignan, .vque dOrlans,
avait sollicit le secours dAtius, que les Romains, sous la
conduitede ce gnral, savanaient avec Th~doric, roi des Visigoths,
et une partiedes Franks pour sopposer ses conqutes. Alors il voulut
surprendre lacit par des mouvements soudains et prompts; cest ce
qui explique comment il fit cesser, pour linstant au moins, les
pillages des grandes villes.Selon cette seconde donne, ce nest pas
par un changement subit, oprdune manire inopine, que la Providence
sest charge daccomplir laprophtie de sainte Genevive, mais bien par
ses dcrets ternels, qui faisaient dpendre son bienfait des prires
de la Sainte et de la docilit desParisiens.Entre les deux
solutions, le lecteur peut choisir, mais quelle que soitcellcquil
adopte, il ne peut sempcher de reconnatre que Paris fut sauvpar les
prires de Genevive. Les Parisiens, eux, nen doutrent pas, etleur
vnration pour elle ne connut plus de bornes. Le salut de
Parismarque le point culminant de la mission de notre Sainte, de
son apostolatfminin. Dsormais, elle exercera une vritable autorit
sur les destinesde lglise de Paris, et une influence inconteste
auprs des rois et despeuples. De mme quautrefois la nation juive ne
cessa dhonorer la courageuse veuve qui avait triomph dHolopherne et
sauv son peuple, nul deses concitoyens noubliera jamais les
circonstances tragiques et mmorables,dans lesquelles la bergre de
Nanterre chnssa larme des Huns, par lin- Orlans, et qui lui tait
trac par leS voies romaines. Nous nindiquerons que les stations
depuis la cit des Remi: ,0 de Reims Troyes: Durocortorllm, Reims;
Dl/rOCala/aunl/m, Chlons, 27 milles; Arliaca, Arci.-sur-Aube, 33
milles; Tricasses, Troyes, 18 milles; 2 de Troyes Sens:
AlIgl/stobolla, Troyes (2); C/anllm, Villemaur, 18 milles et demi;
AgelldiCllm, Sens, 25 milles; - 30 de Sens Orlealls : Aqu Segesl,
ruines au nord de Sceaux, 34 milles; Filles, forclt dOrl.ns, enlre
CaurI-Dieu et Philissanel, 22 mille.; Gen:lb:tm, Orlans, 15
milles,. ,"" 119. ;":::PORTRAIT DATTILA ET DES HUNS. 95tercession
toute-puissante de sa prire, et prserva Paris dune ruine
inli:table. Aussi, le biographe la compare-t-il avec raison aux
saints pontifesM~rtin et Aignan, dont [e premier se mit entre deux
armes prtes envenir aux mains, sous les murs de Worms, et dont le
second obtint, par sapersvrance et le mrite de ses prires, la
dlivrance dOrlans 1; et faisantallusion [incrdulit des Parisiens,
qui avaient dabord refus de suivreles conseils de Genevive, il
remarque quon vit"saccomplir alors cetteparole de saiilt Paul: Tous
nont pas la foi, mais Dieu qui est fidle,vous gardera et vous
dlivrera du mal. .. 1. Vila S. GCIIOV., xv./ 120. ::;:".CHAPITRE VI
.SAI:iTE GENEVIVE LVE UN TE~IPLI:: A SAINT DENYSOU FUT !LT! CE
TEMPLE? PI.ERiNAGES DE L. SAINTE AU -jO;IBEAU DE SAINT DENYS/LE
FLAMIlLU MIRACULEUSEMENT RAI.LUM .. ~_I ,m l, ~"p;"., P", a
devenir, par .. ;....::..;.:..:....:: ..... . ~ifN~GeneVieve
commenant,"" "~n "les services signals de sa charit, laP;:tronne
dune capitale ct dun tat enformation, au mil]eu des bouleversements
ct des doul.eurs qui accompagnaient lenfantement de 1, plus
belledes monarchies chrtiennes. CommeNhmie reconstruisant lafois
letemple, au milieu des ruines, ct combattant les ennemis de Dieu,
ellebtit une glise en mme temps quelle prservait son peuple de la
fureurdes Huns. Il convenait que la Sainte, qui allait devenir le
conseil dufondateur de la monarchie franaise. inspirt par son
exemple lun dessuccesseurs de Clovis la pense de construire cette
autre basilique qui,pendant tant de sicles, serrit de spulture aux
rois de France. I~t aussi dans [ordre providentiel que la Patronne
de Paris levt un templeau martlf. Patron de la France: saint Denys
ct sainte Genevive, voildeux noms jamais unis dans les fastes de
lglise de Paris, deux noms ~que nos aeux nont jamais spars dans
leur vnration et leur amour.~_0-. /1Lorsquelle. mit excution ce
pieux dessein, la Sainte nobit pas un mouvement passager qe pit.
Dpuis sa plus tendre jeunesse, Geneviveavait une dvotion
particulire envers saint Denys. Souvent, quand ellegardait les
brebis sur le mont Valrien, sa pense ct ses regards se por 121. l,"
GENEVIVE LVE .UN TEMPLE A SAINT DENYS.97taient au loin sur la
montagne o les saints aptres avaient eu la tte tranche "et sur le
village de Cateuil qui possdait leurs saintes dpouilles.(Cest l
quune riche veuve, la pieuse Catulla, les avait fait enterrer,
aprsles avoir retirs des eaux de la Seine, o ils avaient t jets.
Les chrtiensstaient"empresss de btir une chapelle qui renfermt leur
tompeau, maiselle ntait quun bien modeste so~venir. Dans ces temps
de troubles ct deluttes incessantes, on naurait pu ~unir la somme
ncessaire pour leverun monument digne de ceux quil sagissait
dhonorer, et lhumble etpetit sanctuaire ntait l que pour mmoire
dune dette acquitter en desjours meilleurs, et aussi comme un appel
la gnrosit des plerins quivenaient sy agenouiller.Dj, du temps de
Genevive, la chapelle nexistait plus, mais la jeunefille aimait se
rendre sur ses ruines pour y mditer ct y prier. Or, tandisquelle
priait sur la terre arrose dun sang glorieux, son me sc
dilataitdans une pense dardente reconnaissance; qui lui fit
concevoir le projetnon seulement de relever lancien sanctuaire, de
lagrandir ct de lembellir,mais dlever une basililue. Cest un;
temple de Salomon quellc auraitvoulu difier pour ses glorieux
martyrs; il lui semblait que les Parisiens nepour~aient jamais
assez les honorer, leur tmoigner assez leur reconnais-sance.Mais,
bien quelle ft la plus haute autorit morale du diocse de Paris,et
que les prtres de la ville vinssent souvent la voir, pour sdifier
de saconversation et la consulter comme un oracle, elle ne voulut
rien com-mencer,sans stre assure de leur concours.Un jour quils
taient runis auprs delle, Genevive leur dit: Mes(vnr.ablesPres en
Jsus-Christ, veuillez, je vous en supplie, vousIIIconcerter, leffet
de construire une glise en lhonneur de saint Denys,car bien
terrible est le lieu o a t dpos son corps. - Pauvrescomme nous
sommes, rpondirent-ils, quelles ressources pouvons-nous avoir pour
cette construction? Dabord la. chaux nous manque. 1. Cette
montagne, d~~CliOlI. his!., art. SAINT DENYS), sappelait avant cet
vne-ment montagne d.e Mars (molls Marlis) ou montagne de Mercure
(mons Alercllrii), ou Jlercori,( ou Morcoris. Depuis lors, on la
nomma mon! des Afartyrs (mans }"farl)"rll"), et par cor-ruptio~
Mont-martre.13 122. i ~;..98 SAINTE GENEVIVE, PATRONNE DE PARIS.La
Sainte coutait eni1ence, mais il tait facile de voir sur son
visageque sa rsolution ntait pas branle. Rempliede lesprit
propht!gue, etles traits enflamms, ene leur dit avec une assurance
qui ne pouvait venir que den haut: Allez, je vous prie, vers le
pont de l.a ville, et~ous me(l rapporterez ce que vous aurez
entendu. D ..Les prtres, sachant que Dieu avait dj fait par elle de
grandes choses, se rendirent au dsir de Genevive; et, sortant de la
ville, ils portrent avec une sorte dinquitude leurs regards de ct
et dautre, ignorant que~ serait le rsultat de leur dmarche. Ils
taient dj arrivs au terme de leur course, et personne ne leur avait
adress la parole, ils navaient rien vu. Cependant, eomme ils
approchaient du pont, ils entendirent deux gardiens de porcs qui
sentretenaient de la sorte: Ce matin, disait le pre miel, en
poursuivant une laie qui stait gare, jai dcouvert un four chaux
dune grandeur extraordinaire. - Et moi, racontait lautre,[ jen ai
aperu galement un sous "ks racines dun arbre abattu par le vent, et
je crois quil est encore intact. "Frapps dtonnement de ce quil:;
venaient dapprendre, les prtres bnirent le Seigneur qui oprait de
si grands prodiges en faveur de son humble servante, et firent, il
linstant mme, rec~nnatre les fours a~1 donns, il ce quil parat,
depuis longtemps; ils portrent ensuite Gene vive la nouvelle de
cette prcieuse dcouverte. La Sainte les couta avec une joie
ineffable, le sourire sur les lvres, les pleurs dans les yeux;
puis, lorsquelle fut seule, elle tomba genoux, et passa la nuit en
prires, suppliant l Seigneur de lui continuer son assistance pour
lach vement de cette uvre. Le lendemain, au point du jour, bien que
trs fatigue par cette nuit de. veille, Genevive se hta daller voir
le prtreGnsius qui ne s~tait pas trouv avec les autres; elle lui
fit part de ses intentions, le pria de prsider aux travaux, et lui
raconta comment elle avait miraculeusement dcouvert la chaux
ncessaire. En entendant ce rcit, Gnsius fut sai~i dune reli_ gieuse
motion, et comme accabl par le sentiment de vnration pro fonde que
lui inspiraient les miracles de la Sainte, il tomba genoux et se1.
Cet usage de faire les fours chaux en te!:.!:.e, au milieu des bois
et au pied des grands arbres, subsiste encore dans plusieurs de nos
provinces. 123. ;.. GENEVIVE LVE UN T,EMPLE A SAINT
DENYS.99pr,ostern.a devant .elle: Comptez sur mon zle, lui ~it-il,
je mem.ploi.eraii au trava.I! que vous mordonnez dentreprendre, et
JY consacreral, sI! lefaut, les jours et les nuits. J) Un pareil
tmoignage de respect, donn une humble vierge, na rien qui doive
nous surprendre. En glorifiantGenevive et son merveilleux
apostolat, Gnsius lui donnait une marquede dfrence que le moyen ge
accorda souvent aux vierges. Dans la plupart des monastres composs
dune double communaut, le monastredes vierges avait la primaut, et
labbesse tait la suprieure des moinesaussi bien que des vierges. Do
venait ces prtres, ces moines, unetelle docilit envers une femme,
une jeune fille? Nest-ce pas que dans, cette vierge, leur
mre-spirituelle, ils voyaient la reprsentante de la Mrede Dieu et
des hommes, limage ~lI~ immacule?En mme temps, la pieuse vierge,
voulant rpondre par son zle ilcette faveur insigne de la
Providence, sadressa aux habitants de Cateuil, etles sollicita de
concourir de tous leurs moyens il une entreprise si agrable Dieu;
elle invita, aussi, un chacun des citoyens de Lutce de lui aiderde
leurs moyens parfaire un si bon uvre li. Parmi les habitants de
laville, il sen trouva beaucoup qui rpondirent son appel : I~ riche
donnait de lor, le pauvre son obole, lounier offrit son bras,
ct,son outil surlpaule, il partit gament se mettre au service de
Dieu et de saint Denys. On travaillait sans relche, on peinait, on
suait, on tait joyeux pourtant. l1ais un jour que dans une fort,
situe sur la rive droite de la Seine, ct de Paris, les charpentiers
taient occups, les uns couper les arbreset tailler le bois, les
autres transporter les matriaux dans des chariots,ve~ spulture de
saint Denys, il arriva que la boisson, destine lesrafrachir, vint
manquer, et le prtre Gnsius, qui, selon sa promesse,dirigeait
activement les travailleurs, en ressentit une peine dautant
plusgrande que la chaleur tait extrme. Il en donna avis sainte
Genevivequi ntait pas loigne, lui dit quil courait la ville pour
chercher des.~rafrachissements, et la pria dexhorter les ouvriers
la patience, jusque quil ft de retour. Genevive, touche de la
souffrance de ces bonnesgens si dvous son uvre, se fit apporter le
vase o lon avait mis lboisson, et elle ordon~a que tout le monde
sloignt. Alo~~, quand ellcfut seule, elle se mit genoux, versa des
larmes abondantes et conjura " 124. i ~j" 100SAINTE
GENEVIVE"PATRONNE DE PARIS.,le Seigneur davoir piti de ces hommes
qui travaillaiept pour la gloire de son nom. Puis, sentant que sa
prire tait exauce, elle se leva et fit le ~igne- de la cr~ix sur le
vase vide, qui se trouva aussitt rempli jusquau ~d_ Un manuscrit
ajoute que, tandis que Genevive priait, elle fut sr prise par un
sommeIl extatique, et que, dans ce sommeil, elle eut une vision.
Saint Denys lui apparut et lui demanda la caused~ ses larmes: Jel(
P~ rpondit-elle, parce que les ouvriers nont point de vin .
....:.:. Allez, reprit le pontife, faites le signe de la croix sur
le vase destin conteniy cette boisson, et il se remplira dun vin
qui sera inpuisable jusqu la fin de lounage. Quoi quil en soit de
lexactitude de ce dtail qui nous parat controuv, parce quil nest
que dans un seul manuscrit, la boisson , miraculeuse,- dont
Genevive avait rempli le vase, ne spuisa qu lachJ ouvrierstotal en
rendirent grces suffit et honneurabondamment tous les v~ment quide
la basilique, et Dieu dsaltrer la sainte fondatrice. Ainsi, SOllS
la direction et par lmfluence de sainte Genevive, futJ commenc,
construit et achev le temple de saint Denys, et il est croire J
quil eut toute la beaut convenable cc temps. Telle est la puissance
de la foi: une simple fille ose entreprendre des uvres capables
deffrayer une ville entire; elle ne sinquite pas des obstacles quil
faudra sur monter, parce quelle sait que Dieu est avec elle, dans
tout ce quelle fera pour sa gloire.O tait situ le village de
Cateuil, et sur quel point de ce village Genevie fit-elle btir une
glise en lhonneur de saint Denys?Nous pensons que le nom de vicliS
catol/iacellsis ne peut convenir quau village de Saint-Denys, et
nous basons notre opinion 0 u r les passages de la Vie primitive, o
il est question des plerinages de sainte Genevive lglise du saint
martyr~ur une tradition qui nous apprend que sainte Genevive avait
coutume de se reposer dans une localit, situe entre Paris et
Saint-Denys, quand elle faisait ces plerinages;>sur les preuves
que nous fournissent des monnaies mrovingiennes: les monnaies de ce
temps qui portent les noms de SCI DlONISII - EBREGISIIVS etCATOLACO
ou CATULLACO - EBREGISILUS ou EBREGI RUS, sont frappes par le mme
monnayeur, graves par le mme artiste au point dtre identiques;
fabriques pour la perception des redevances 125. . GENEVIVE LVE UN
TEMPLE A SAINT DENYS.IDI !: labbaye de Saint Denys, au VII sicle,
elles tabliss~nt clairement que)! le pagus catolacellsis tait
autour de Saint-Denys en France .Tille~o~t, qui combat ce
sentiment, place Cateuil Chaillot; ec il sappuie, aussi, sur deux
passages de la Vie ~e la Sainte. Dans le premier, dit-il, il est
rapport quen une certaine circonstance Gene vive se rendit lglise
Saint-Denys avec ses compagnes, pendant la nuit du samedi au
dimanche, afin dy assister loffice divin. Or, observe le savant
critique, il serait assez singulier de voir une troupe de jJ:unes
vierges se mettre en route, au milieu de la nuit, pour faire. un
pareil voyage.A cette objection, nous rpondons que ctait la dvotion
des premierslchrtiens de visiter les glises pendant la nuit,
surtout la veille des gr Vita, 1 XXII.3. Cum collectis
carpentariis, qll ad crebro dictllm dijicium de lignis oP"s erallt:
ill saltu alii inciderent ac dolarellt, alii in plallstra
conveherent, contigit ut pOtllS dejiceret Vita,l XXI.~. 126. i ~;
102 SAINTE GENEVIVE, PATRONNE DE PARIS. vin ou la cervoise qui leur
tait ncessaire; dr le texte ne dit pas queles ouvriersmanquaient
deau, mais ~e breuvage .. Daprs Godescard, il est plus probable que
Cateuil tait situ Mont-.martre o furent dcapits saint Denys et ses
compagnons, car lauteurde la Vie de sainte Genevive assure que le
lieu du martyre des trois saintsfut celui de leur spulture. Mais le
territoire du village de Cateuil pouvaitfort bien stend"re jusqu la
montagne: le mot vicus comprend non seu lement lenceinte dun
village, mais toutes les terres qui en dpendent. Or; / si on se
rappelle que la paroisse des Vertus faisait autrefois partie de
Catollaciensis, pourraiton stonner que Montmartre y ft aussi
renferm? Il est, du reste, dans la vie de sainte Genevive, un
passage qui prouvejusqu lvidence que liglise, leve saint Denys,
tait bien plus loigne de Paris que Chaillot et Montmartre; cest
celui o il est question dedouze possds, qui lui furent amens dans
la ville mme de Paris, etquelle fit conduire ft lglise de
Saint-Denys, o elle se rendit avec eux. Or, ~lIe y arriva, dit
lhistorien primitif, au bout de deux heures. Cette glisentait donc
pas aussi prs que lont prtendu les auteurs que nous rfu tons. Il
faudra donc la placer ft Saint-Denys mme, car le nom de
viCIIsCatollacicilcis ne peut convenir ft un autre
liell~lui-mQmedit qulabbaye de Dagobert, o le roi fut enterr, tait
au village de Catulle, et que l se trouvait un petit temple lev sur
la tombe des martyrs. Ce vil lage tait assez limit: on lit dans~que
la rue, qui passe devantr le prieur de ~Estre,.tait,. de t~mps
imm~orial, appele rue de Catulle, de quOI font fOI de tres ancIens
manuscrIts.. . Quant au point prcis du village de C1teuil o fut
btie lglise, nouspensons, conformment la tradition et lhistoire,
que Genevihe relevalglise des martyrs a u lieu mme o ils avaient t
ensevelis; car ce futseulement sous Dagobert que leurs reliques
furent transfres de la pre mire glise dans la seconde, et on ne
peut croire que la Sainte, si zlepour lever un temple grandiose
saint Denys, lait t si peu pour y faireplacer ses reliques. Il nest
p.as probable quon ait attendu un sicle et T. l, 8f1 3 janvier. 1.
lIIaqlle post dllas l re 1Ioras eos sllbsecllta ad crebro dictam
basilicam pervellit. Vita S. 2.Genov. i XXIX. 127. .;..GENEVIVE LVE
UN TEMPLE A SAINT DENYS. 103demi le faire, cest-.direju~quau rgne
de Dagobert,.car cest ce prince qui ordonna la translation. De
plus, :Renaut qui, auXIV. sicle, a crit en vers la vie de sainte
Genevive, rapporte que, deson temps, lglise btie par la Sainte
existait encore:A tout encore commencent la chapdeQui encore est et
granz et ble .Elle tait par consquent distincte de labbaye,
.contrairement ce quont crit plusieurs historiens.Cest leffet dune
pit patriotique que de vouloir attribu~r sainte Genevive la
construction de la basilique mme de Silint-Denys, qui devint plus
tard celle de labbaye royale; mais, dabord, le temps dans lequel la
basilique fut commence et acheve par Genevive, temps indiqu par la
suite des faits daprs le biographe, ne permet pas cette conjecture.
A peine sortait-on de la dsolation et des ruines quavait laisses
derrire lui Attila; ctait encore le temps du dsastreux passage des
bandes de Childric; les arts taient en dcadence, et les princes
dpouillaient les monUments quils trouvaient encore debout, pour
orner leurs propres palais de leurs colonnes et de leurs
bas-reliefs. Il et t bien difficile, pour ne pas dire impossible,
Genevive de construire si promptement une splendide basilique.
Ldifice bti plus tard par Clovis, sur la demande de la Sainte, en
lhonneur de saint Pierre et de saint Paul, bien que com menc en
507, ne fut achev que sous les fils de Clovis, vers lan 530. Les
longues annes, que ncessita cette construction plus modeste que(
celle de la basilique de Saint-Denys, font bien comprendre que
sainte Genevive na ni lev, ni achev celle-ci.Du reste, il existe
plusieurs documents srieux qui rapportent au roi Dagobert lhonneur
de cette fondation. Il est dit dans les Gesta Dagoberti, rdigs par
un religieux de labbaye, anonyme mais lione temporain, quun cerf
poursuivi par le jeune prince se rfugia dans un dicule (redicula)
du village de Cateuil (vicus Caltulliacus), gui passait pour. aY~ir
t ODstruit par sainte Genevive sur les corps des mar 1. Ms. f. fol.
52 verso. . M. Lebuf, M. Artaud.:.~ 128. ,, 1 4 SAINTE GENEVIVE,
PATRONNE DE PARIS.,tyrs. Cet difice tait sans valeur, par suite de
la ngligence des clercs qui en avait t confie la garde. Mais on
t:le pouvait oublier lesmiracles qui sy opraient sans cesse,
asstdua quce ibidemagebantzlI"nziracula, et les dons faits par les
derniers rois, ql/cedam ab allte/ioribus /-egibus collata (CLXIII).
Cest quelque temps aprs que Dago bert y chercha un asile contre la
colre paternelle; et lorsquil futrentr en grce, il offrit beaucop
dor et dargent pour glorifier lammoi~e des martyrs .1Ap~s son
avnement, il convertit en abbaye royale un monastrequi tait
lextr~mit du village, et il y construisit une m~ni~~ebasilique,
dont les bras avaient la largeur de la basilique actuelle leve par
Suger, Bien que les translations tmraires des corps saintsfussent
cette poque punies du ciel par des peines terribles, Dagobert
nhsita pas faire transporter dans la nouvelle basilique lesreliques
des martyrs. ~r~si elles avaient dj repos labbaye, c3.m) ) ment
expliquer cette translation? Il est vrai que lannaliste ne nommepas
le petit temple, o Dagobert prit les saints corps pour leur donner{
une plus digne demeure, mais il le met un autre endroit du villagc
ll (Dans la suite, le village de Cateuil changea son nom en celui
dulJ martr.r, dontil avait soustrait les saintes reliques la rage
du proconsulFessennius et de ses satellites; mais partir de lpoque
o vcut sainteGenevive, ce lieu si cher aux fidles par le prcieux
dpt quil renfer mait devint de plus en plus l.objet de leur
vnration: ils sy rendaienten plerinage, de toutes les parties des
Gaules, conduits par !.iJ. renommedes merveilles que Dieu y oprait
sans cesse. Ce ntaient pas seulementdes plerins dun rang obscur,
qui venaient dans leur foi nave demanderau ciel la gurison de leurs
maux ou la paix du cur, les personnagesles plus distingus donnaient
lexemple aux populations. Ce fut notreSainte qui prit linitiative
de ces pieuses visites. C) Voir le ~lan de la basiljl"e de
Dl&Q.bert dins Viollet-le-Duc: Dictio/Illaire ,.,.aisomide
farchitecture {ral/arse du x," au xv. sicle, t. IX, p. 228. -
Baronius A, 594, n" 22-,3. Ci; On trouve Ces dtails rsums dans le
Breviarium ccrl/Obii S. Dyol/isii in Francia,imprim et publi en ~o.
129. "0,J06 SAINTE GENEVIVE, PATRONNE DE PARIS. Nous aons dit
quavant la.construction de la basilique de Saint-Denys,il ntait pas
de sanctuaire plus cher la dvotion de qenevive qu0etombeau de ce
saint martyr. Mais, depuis quil a"ait plu Dieu de faireen cet
endroit de si grandes choses en sa faveur, depuis que les
saintesreliques taient dposes dans un temple digne delles, elle
venait les vnrer/plus frquemment enco,re, et elle conjurait le ciel
de ne pas laisser incom- . .pite luvre si heureusement commence par
le saint aptre, de faire disparatre de la France jusquau dernier
vestige de lidoltrie. Ctait dordinaire avant laurore que Genevive
se rendait l,glise l des martYls, et elle continuait dy prier
-longtemps aprs le coucher du soleil, sans cesser de trouver dans
cette prire si prolonge des dlices toujours nouvelles. Elle avait
surtout la dvotion, ainsi que beaucoup deIN personnes pieuses de ce
temps de foi, de passer en pieuses veilles la nuit duII samedi au
dimanche. Elle menait presque toujours avec elle les jeunes filles
qui vivaient, sous sa direction, dans la communaut quelle avait
fonde. Comme elles se mettaient en route de grand matin, il leur
fallait le plus souvent une torche pour clitirer leur marche, car
il tait loin d~tre commode et beau, le chemin qui menait de Paris
au bour;...de lEstre. Une fois, Genevive y fut surprise par un
violent or.lge : ses compagnes trem-blantes sc serraient contre
elle; chaque clat, chaque coup de tonnerre les faisait tressaillir,
elles priaient de leur mieux, mais sans pouvoir se ras surer. Pour
comble de malheur, le vent, qui se mit souffler, teignit leur
torche, et on se figure sans peine quels devaient tre le trouble et
la frayeur de ces jeunes vierges,seules au milieu dpaisses tnbres,
dans des che mins difficiles, quune pluie abondante rendait encore
plus prilleux. Elles navanaient qualiec peine; cependant il fallait
marcher, elles taient au milieu des champs, sans abri, et le froid
commenait les saisir. A la fin, la tempteces~a, mais lobscurit
autant que lorage effrayait les com pagnes de Genevive, elles ne
distinguaient plus leur route et craignaient de sgarer, Genevive
seule ~e s.e troublait pas, elle seule tait labri des terreurs pe
la nuit, des dangers des tnbres. E~dans ses mainsla torche qui se
ralluma, et la porta jusqu la basilique o elle finit de se.
consumer, en jetant u~~i;~l~mire.Les vierges mues remercirent le
ciel de sa protection, et tmoignrent Genevive ladmiration et le
respect 130. ", , ";GENEVI VE LVE UN TEM PLE A SAINT DENYS.17dont
elles taient de plus en plus pntres. Ce rcit est rappel par
plusdune prose de sainte Genevive, avec les autres faits dont le
souvenir taitcher au peuple de Paris . Les historiens de la Sainte
rapportent glle le~e prodige se renouvela maintes fois dans sa
cellule; aussi, des malades emportrent-ils souvent de cette cire
bnie, dont le contact les gurissait. r. V. la prose Genovef
solennitas dans les missels de Paris (1516, in-{"), et
dAmiens(1529, in-folio). Ira miss. alllb. ( Genovef translatio J.
EXlinC:ltl5 reaccenJilur CcrcolU9 a !Upcris. 131. ,. CHAPITRE VII
DIVERS MIRACLES ACCO~IPLlS PAR S.I:ITE GENEVIVE /ELLE GURIT L.ES
M.L!l.DESETRESSUSCITE UN MORT. - ELLE Di.IVRE LES POSSDS ~I 0 1 N S
des grandes choses accompliespa rsainte Genevive, et pleines de
confiance ensa charit, les flmes affliges se recomman-:daient ses
prires. Et Dieu lui-mme seplaisait glorifier la pit de sa servante:
Illui confiait ses secrets, Il pardonnait par elle;et, par elle
aussi, Il faisah les miracles les plusclatants. Nous allons
raconter ces miracles sans nous proccuper du reprochequon nous fera
peut-tre, et que Fleury adressait ces sicles dignorance de prfrer
le merveilleux la vrit. Pourquoi rejetterions-noussans examen un
rcit par cela seulement quil renferme des
circonstancesextraordinaires? Dieu, en faisant le monde, na pas
puis sa puissance, etil trouve assez de motifs dans sa bont
providentielle pour frapper quelq uefois de ces coups clatants, si
propres mouvoir les mes et lesinstruire.. Il se manifeste de cette
faon, surtout certaines poques delhistoire dun peuple. Or, le temps
o vivait Genevive nest-il pas lepoint de dpart de la nationalit
franais,e, et laurore de cette glise deFrance qui devait briller
dun si vif clat parmi les autres glises? Du reste,quand un auteur
judicieux rapporte un fait grave, contr~l par le tmoignage des
contemporains, il est admis par tous les" critiq ues senss quenon
seulement ce fait en lui-mme, mais les dtails qui le
circonstancient,ne laissent pas de mriter crance. Voil pourquoi, vu
le caractre du 132. ? ~j ..".MIRACLES ACCOMPLIS PAR SAINTE
GENEVIVE. 109biographe, nous nous garderons bien de supprimer les
miracles quilraconte; ce serait ravir notre sainte Patronne une
!Jartie de la gloirequil a plu il Dieu de lui accorder, et en mme
temps priver le lecteur dercits difiants propres fortifier sa foi,
et faire ressortir les clestesattraits de la personnalit illustre
et charmante que nous cherchons ilretracer. Nous avons parl de hi
coutume quavait sainte Genevive de senfermer dans sa cellule,
depuis lpiphanie jusquau Jeudi Saint, afin desentretenir avec Dieu
seul et de pouvoir plus librement vaquer la"prire, dans ce temps de
mditation et de salut. Or, il advint un jour que,~oit par curiosit,
soit quelle doutt, malgr le tmoignage de saint Germain de la
saintet de Genevive, une femme voulut voir il travers laporte ce
que faisait notre Sainte, retire ainsi dans sa cellule. Mais,
aumoment o elle sapprochait, elle devint tout il coup aveugle. Il
lui fallutpour obtenir sa gurison recourir celle dont elle avait
voulu pier laconduite; et Genevive, tant sortie de sa cellule il la
fin du carme, luirendit b vue en priant et en faisant sur elle le
signe de la c"roix . Le biographe rapporte un autre miracle peu prs
semhlable et quimet aussi en lumire fa charit~ de la vierge . Une
femme, dit-il, ayant drob il Genevive sa chaussure, fut tout coup,
en rentrant dans sa maison, frapp~e de ccit. Reconnaissant alorsla
main de la justice diine, elle se fit conduire vers Genevive, ds le
lendemain matin. Elle tenait lobjet drob, et se jeta tout il coup
au pied dela Bienheureuse, lui demandant grands cris pardon de sa
faute et bienplus encore sa gurison. Genevive, au lieu de lui
adresser les reprOchesquelle mritait, la releva en souriant avec
bont, et lui rendit la vue enlui faisant le signe de la croix sur
les yeux . Une pauvre veuve, dj dlivre de la puissance du dmon par
lesprires de Genevive, avait un fils: ctait le seul tre qui
lattacht encore la vie; il navait que quatre ans, elle le
nourrissait de son travail etrie se lassait pas" de sacrifices pour
son cher enfant. Les" caresses de ceten"fani ~taient sa rcompense,
elles taien! aussi sa seule joie. Q~nd1. Vila S. Gel/of.2. Ibidem,!
XXIII. 133. ".;.." 110 SAINTE"GENVIVE, PATRONNE DE PARIS. il tait
prs delle; elle oubliait ses ctiagtil1sei souriait de le voir
heureux et gai; quelquefors ~me, elle prenait part sesJeux et se,
faisait son tompagnon: Un jour, die ne le trouva pas en rentrant
chez elle. Inquite; elle se init sa recherche, elle alla chez ses
voisins; dIe interrogea les petits camarades de son enfant,
personne ne put lui dire o il tait. La pauvre / femme tout en
pleurs retournadans sa maison; t" cherchant de tous tts, il lui
vint la pense qu peut-tre il tait tomb dans le, puits,, Alors,
regardant au fond de la citerne, Clle aperut, hlas! une petite robe
flottant s.ur leau. Quon juge de la douleur de cette infortune,
lorsquell retira du puits le corps inanim de son enfant. Elle ne
pouvait trouver assez de cris et de larmes pour exprimer son
dsespoir, qui tait dautant plus grand que lenfant navait pas encore
reu le baptme. On tait alors en carme, et lon se proposait de le
,baptiser, la eille de Pques, avec les autres catchumnes, On
linstruisait mme des vrits de la foi, autant que sa raison tait
capable de les slisir, La pauTe mre, cependant, aprs cette
explosion de douleur bien lgitime et bien naturelle, se souvint
quelle avait dj prouv les effets de la puissance ct de la bont
divine; un clair desprance traersa alors ses larmes, elle se leva,
courut son enfant, le prit entre ses bras, lenvCloppa dans ses
vtements, ct le tenant serr contre son sein, elle alla frapper la
porte de Genevive, dans l maison de laquelle elle demeurait: Madame
Genevive, dit-elle, endposant ses pieds le corps de lenfant, et en
joignant ks mains, puisque le bon Dieu ne vous refuse jamais rien,
rendez-moi mon fils, La vierge fut mue de la grande affliction de
cette mre: Priez avec moi, rpondit~elle, et Dieu vous consolera. ,"
Cependant, elle avait couvert de son manteau le petit corps tendu
sur le pav; puis, elle sc mit en prires et versa des larmes
abondantes, Et voil tout coup, comme sil se ft rveill dun long
so,mmeil, que lenfant rouvre les yeux et appelle sa mre. Saisie,
transporte, cett bienheureuse mre aussitt court son fils, le serre
dans ses bras, le, cou~re de pleurs et de baisers, remerciant
Genevive, bn~ssant Dieu, ne sachant comment tmoigner sa joie et sa
reconnaissance la Providence et celle qui avait en t lorgane..""
134. ~lfRACLES ACCOMPLIS PAR SAINTE GENEVIVE.IIIElle retourna chez
ell~, tenant son fils par la main, et tousceux quellevoyait sur le
ch~min,elle racontait le nQveau miracle obtenu paF laSainte. Mon
enfant tait mort, disait-elle, je lai port au pied de Genevive et
elle lui a rendu la vie. Pques tait proche, On baptisa lenfant la
veille de ce jour, et onlappela Cellol1leris ou Cellomire, en
mmoire de ce quil avait retrouv lavie dans la cellule de sainte
Genevive .Paris ne fut pas la seule ville qui jouit des prcieuses
bndictions atta ches la prsence de la Sainte. Elle allait souvent
Meaux, o, commenous lavons dit, elle avait quelque bien qui lui
venait sans doute de sesparents ou de sa marraine. Or, dans lun de
ses voyages, elle vit un jourun homme dont la main et le bras
taient desschs jusquau coude; cemalheureux la suppliait instamment
de lui obtenir sa gurison. ToujoLlfscompatissante, elle lui prit la
main, ct, aprs lui avoir fait le signe de lac:oix sur le bras ct
sur les articulations des doigts, elle lui rendit, au boutdune
demi-heure, la main, aussi saine que si elle navait jamais tmalade.
Une autre fois} ctait une jeune fille qui, depuis deux ans, ne
pouvait plus marcher. Un simplc attouchement de sainte
Gcnevilcrcndit le mOUem~ntil cette inrortune. Un jour, elle tait
dans les emirons occup;e faire sa n-;oisson, lorsquun orage
pouvantable vint jeter la consternation parmi les moisson neurs.
Genevive entra aussitt dans sa tente, et, le visage contre
terre,selon son habitude, elle se mit prier avec larmes. Aux yeux
de tous, leChrist manifesta une admirable puissance; car, pendant
quaux alen tours les champs taient inonds par la pluie, pas une
goutte deau netomba sur les moissons, ni les moissonneurs de
Genevive. Comme elle retournait Paris par ,la Seine, -ctait alors
la voieordinaire, -le ciel, jusque-l serein, se couvrit tout coup
de nuagessombres, une furieuse tempte clata, et la frle nacelle qui
portait laSainte, ballotte par le vent, allait tre submerge.
Pendarlt ce temps,Genevive avait les yeux et ls mains levs vers le
ciel dont elle implorait le secours, et bientt succda lorage un
calme si su bit et si pro-I. Vit. S. GeIlOY., ! XXI.2 .. Ibid., !
XXXII. 135. ..112 SAINTE GENEVIEVE, PATRONNE DE PAlUS:fond, que
personne ne douta de lintervention divine, dans cet apaisement
subit des vents et des flots.Ces miracles firent grand bruit dans
le pays de Meaux. Frunimius,deJeIlsor de la ville, qui tait afflig;
depuis quatre ans, dune grande surdit, voulu~ voir sainte Genevive
et recourir son intercession; mais,comme la Sainte ntait dj plus
Meaux, il fit le voyage de Paris, avecla confiance que ses prires
lui rendraient le sens de loue, si ncessaire / sa prof~ssion. Son
espoir ne fut pas tromp. A peine Genevive eut-ellefait sur ses
oreilles le signe de la croix, quon entendit cet homme louer haute
v.oix le Sauveur du monde, pour le remercier de la gurison
quilvenait de lui accorder .Par ses prires, Genevive ne gurissait
pas seulement les malades,elle dlinait aussi les possds du dmon. Ce
mot de d~mon peutexciter maintenant le rire ou le blasphme des
impies; mais son existencc, reconnue mme de toute lantiquit paenne,
est un dogme defoi. Ce nest pas Dieu qui a cr le diable, cest lange
qui sest faitdmon. On sait que, enorgueilli de sa beaut, il crut
pouvoir se fairegal Dieu lui-mme. Mais ce dlire dun orgueil, aussi
insens quecoupable, neut dautre fin que de le prcipiter pour jamais
au dessousde tous les tres crs ct dans un ternel abme. Le dmon est,
en termesngatifs, lexpression de ce que Dieu est positivement, de
mme que lenant est laffirmation de ltre, et lerreur laffirmation de
la vrit.Dieu permet quelquefois au dmon dagir sur lesprit et sur le
corpsde lhomme, dagiter son sang et ses humeurs, de le renverser,
de le transporter, pour chtier les p~cheurs, prouver les justes,
exercer sa justiceet manifester, aux yeux de tous, les effets de sa
toute-puissance . SaintPaulin, dans la Vie de saillt Fli.... de
Nole,. atteste quil a vu un possd marcher contre la vote dune
glise, la tte en bas, sans que seshabits fussent drangs, et que cet
homme fut guri au tombeau desaint Flix. Jai vu, dit Sulpice Svre,
un possd qui, lapprochedes reliques de saint Martin, fut lev en
lair et y demeura suspendu1. Vil.. S. Ge>lov.,. ~ XLIV,2. Voir
notre .Maluel des Ordi>la>lds, p. 50.3. Cette vrit. t
entrevue par Ja philosophie plntonicienne. " 136. -. " ..,- . ~:
MIRACLES.ACCOMPLIS PAR SAINTE GENEVIEVE. Id pendant un~ertain temps
. Fernel, mdecin dHenri II, et Ambroise Par .tont mention. dun
possd qui parl!iit grec et latin, sans. avoir amais appris ces deux
langues. Ces phno"mnes se sont plusieurs fois renouvels dans ces
derniers temps. Or, dans ces cas, comment douter de la
possession?Les possession,s sont bien plus rares" aujourdhui
quavant ltablisse- ment de la religion ~hrtienne. Le dmon,
autrefois matre de lunivers entier vou son culte par lidoltrie, a
perdu peu peu son pouvoir. Mais au moment o la foi tait prche au
monde, il tourmentait un si grand nombre dhornmes, que lglise dut
tablir, pour les dlivrer, une classe de ministres, les Exorcistes
.. Les Saints ont aussi reu le pouvoir de commander lEsprit de
tnbres, ct sainte Genevive, en particulier, sest rendu ckbre par
[empire quelle avait acquis sur lui.. Un jour, on amena devant elle
douze personnes si horriblement tourmentes du dmon, que cette vue
lui arracha des larmes datten- drissement. Sc prosternant aussitt,
elle demanda, au nom de Jsus- Christ, la dli Tance de ces
infortuns. Elle tait encore en prires, quand on vit tout coup les
possds slele"r en lair, ct demeurer sus- pendus, sans toucher ni la
terre, ni les murailles de la chambn:. La Sainte, - ayant fini son
oraison, sc leva ct leur odon na daller en plerinage il lglise du
glorieux martyr saint Denis. ilnis ceux-ci, sefforant inuti- lement
de marcher, protestrent quil leur tait impossible de faire un pas,
cause des chanes invisibles dont ils taient environns. Genevive fit
sur eux le signe de la croix, et les possds purent sans difficult
se rendre lglise, en silence et les mains lies derrire le dos. Elle
les y suivit, et y tant arrive au bout ~e deux heures d~ marche,
elle se mit encore prier, le visage contre terre, ct en versant
dabondantes larmes". " Alors, il se passa un spectacle saisissant,
les possds jetrent de grands cris. Ils voyaient, disaient-ils, ceux
quelle avait appels son aide; (( ctaient sans doute " observe le
biographe, les anges ou les mar- tyrs, ou quelques Saints qui
venaient au secours de Genevive, ou peut- tre Notre-Seigneur
lui-mme qui est toujours proche de ceux qui linvoquent avec fidlit.
Al,! premier cri des possds, Genevive se lve, fait sur chacun des15
137. .:.. 114 ,SAINTE GENEVIVE, PATRONNE DE PARIS.nergumnes le
~jgne de lacroix, et aussitt il:; sont dlivrs. En mmetemps, le dmon
remplit le saint lieu dune insupportable puanteur,comme pour donner
une preuve de sa sortie. Mais l~s assistants, quelqueincorrfinods
quils eri fussent, ne songeaient qu bni,: le Seigneur et louer sa
servante, par lintercession de laquelle ils obtenaient de
telsbienfaits../ Ctait une grande preuve pour lhumilit de notre
Sainte que ceconcert unanime de louanges et de bndictions qui
retentissait autourdelle. Comment se cacher elle-mme les merveilles
que Dieu opraitpar ses mains, qui clataient aux yeux de tous, et
auxquelles des villesentires rendaient un si glqrieux tmoignage.
Mais, loin de prendrelil-dessus le moindre sentiment favorable
delle-mme, elle rapportaittout Dieu; chacun qui limplorait, elle
rpondait quelle ne pouvaitrie,n, mais que Dieu pouvait tout; puis,
elle se jetait aussitt genoux.,priait alcc larmes, ct quand elle
alait obtenu du ciel les grces quellesollicitait, elle semblait sc
demander avec tonnement, comme plus tardsaint Bernard, cc que
signifiaient ces miracles, ct pourquoi Dieu avaittrouv bon de faire
de telles choses par de telles mains.J. Vit. S. GCIlDV., ~ XXIX.
... 138. ~.CHAPITRE VIIISAIST SIMO:> LE STYLITE C():-INAT LA
SAI:>TET DE GE:-IEVIVEET S RECO~IMA:-lDE A SES PRIRES. LLUSTRE
par tant de ,prodiges et de vertus, lhumbleGenevi"e jouit bientt
dune grande rputation de saintet, non seulement Paris, mais dans
toutes les provinces. Partout o elle allait, on accourait sur ses
pas,on se pressait en foule autour delle. Chacun lui exposaitses
misres et ses besoins, et la priait dintercder pourlui ou pour les
siens, auprs du Seigneur. Mais ce ntaitpas assez, aux yeux du fidle
Rmunrateur de toute saintet, que le nom de son humble servante ft
honordans les Gaules; ce nom bni traversait bientt les mers,et, sur
la terre de Syrie, un Saint fameux, dont la vie paratrait
incroyablesi elle ntait pas atteste par les plus authentiques
tmoignages, redisaitaux peuples dOrient les mer"eilles opres par
Genevive .Ctait saint Simon, surnomm le Stylite cause de la colonne
sur lesommet de laquelle il vcut, et do il gouverna le monde
pendant prsde quarante ans, consult comme un oracle par les princes
et les peuples, vnr par les vques, invoqu par les faibles et les
opprims, .etprouvant par dinnombrables miracles lorigine divine de
sa vocationextraordinaire.Afin quon puis~( apprcier la valeur de
lhommage quil rendit ilGenevi~ve, du haut oe ~on tribunal arien,
nous allons retracer, enquelques trllits, sa mervliIIeuse
existence. 1. M. Kohler a, sans raison: aucune, exprim un doute sur
cc fail qui sc trouve danstous les mn,nuscrits. 2. Vila, " XXVI.
139. :.~ ~; ...116 "SAINTE GENEVIVE, PATRONNE DE PARIS.Simon tait n
Sisan, bO,urg ~e Cilicie, vers lan 387, et, dans son enfance, il
avait t, corrime Gene"five, charg de la garde des brebis de... son
pre. Un jour quil ne pouvait, cause de la ~eige, faire sortir son
troupeau, Simon alla lglise o il entendit lire ces paroles de lvan
gile: cc Bienheureux ceux qui pleurent! bienheureux ceux qui ont le
cur pur! Il demanda un saint vieillard de ~uelle manire il pourrait
arriver cette-ftlicit. Cest, lui rpondit celui-ci, en jenant, en
priant Dieu, diffrentes heures du jour et pendant la nuit, comme on
fait dans les monastres. Il fallt; mon fils, ajouta-t-il, souffrir
la soif, la nudit, les injures et les opprobres; il faut gmir,
pleurer, veiller, prendre peine un peu de sommeil, user tle la
maiadie comme de la sant, renoncer ce quon aime le plus, tre humili
et perscut par les hommes sans attendre de consolation.
Entendez-vous, mon fils, ce que je vous dis? Dieu vous donne par sa
misricorde la volont de le pratiquer. Simon navait alors que treize
ans. Cependant, ce langage enflamma son esprit et son cur, et, aprs
une vision cleste, qui lui rvlait une vocation clatante, il se
retiradal~S un monastre fameux par la pni tence des quatre-vingts
moines qui lhabitaient. Simon surpassa bientt tous ses conrr~res en
austrit, car les autres mangeaient, de deux jours lun, tandis que
lui ne prenait de nourriture quune fois la semaine. Il POuSS? plus
loin encore ses mortifications excessiles : il senfouissait demi
dans une fossepou~ sy exposer lardeur du soleil dt; il se serrait
les reins avec une corde nuds qui, pntrant dans les chairs, y avait
produit des plaies horribles. Deux fois, il fut oblig de sortir du
monastre, les moines pouvants trouvaient ces mortifications exces
sives. De l, il alla stablir dans une cabane abandonne, o il forma
le dssein dimiter le jene de Moyse, dlie et de Notre-Seigneur J
e.:sus Christ. Aprs y tre reste.: trois ans, deux autres visions
lui ayant fait com prendre le dessein de Dieu, il gravit le sommet
dune montagne situe il quinze lieues dAntioche, la fit entourer de
pierres sches,~t sen ferma dans cette enceinte, rsolu dy vivre
expos aux i1!jures de lair, , sans autre abri quune robe de cuir et
un capuchon. Sa rputatol} se rpandant de tous cts, ulle grande
multitude affluait aupr1:s de... 140. .),, -SAINT SIMON LE STYLITE.
117lui, pour le vOIr et pour toucher son vtement en signe de
vnration; on lui amenait les malades, et on le priait de les gurir.
SAINT SlxtON LE STYLITE SE RECO)I)lANDE AUX PRIRES DE SAINT.E
GENEVIVE (Biblioth4ue nationale, cabinet des e~tampes).Pou-r
sloignerdavntage du commerce des hommes,Simon~ avertipar une
nouvelle vision, monta sur une colonne fort leve o il ne 141. ;.1.
,.~ -~J 18SAI NTE GENEVIVE, PATRONNE DE PA.RIS.pouvait se te!)ir
que debout, sans Jamais sasseoir, ni se coucher,- nipresque se
remuer dans cet troitespacc. Les religieux des monastres voisins
smurent, en apprenant ce genre de vie quil menait, et,craignnnt qu~
lorgueil ne~ ft le principe~ ils lui envoyrent desdputs avec
mission de lprouver. Ils avaient ordre de lui commander, de la part
des Pres, de .descenire sur-le-champ, afin dappr.~cier la nature de
ses disposition~. Saint Simon nhsitn pas et se miten devoir dobir
aussitt. llais les dputs nen exigrent pas davantage, et lui dirent
quon lui permettait de rester sur sa colonne, parcequil [nisait
voir, li cette marque de docilit, que .lesprit de ~ieu dirigeait sa
conduite.Cette effroyable mortification a quelque chose de bien
singuliersans doute, mais ce nest pas sur nos gots et nos murs, ni
mmesur les rgles communes de la vie chrtienne, quil faut juger
lesactions extraordinaires des Saints. Les peuples nen peuvent
concevoirquune plus haute ide de ltre, que des gens sages et
vertueux adoraient. dune manire si constante et si pnible. Aussi!
voyait-on accourir, pour consulter Simon et implorer sa protection,
dinnombra~lesplerins venus des pays les pls reculs. Lempereur
Thodose le Jeunelui crivit deux lettres, pour le prier de ramener
lunit catholique leshrtiques orientaux qui soutenaient encore
lhrsie de Nestorius, aprsle concile dphse. Lempereur Marcien se
dguisa pour venir enplerinage au pied de sa colonne. Et quand il
mourut, le 1 0janvier 460,le patriarche dAntioche prsida luimme ses
funrailles, les vquesvoulurent porter le corps du Saint sur leurs
paules, avec une escortede vierges et une troupe de soldats qui
protgeaient les reliques contrela dvotion des divers peuples,
dsireux de s~ les approprier l Tel tait ce grand solitaire qui, du
haut de sa colonne, redisait auxpeuples de lEurope et de lAsie, si
avides dentendre sa parole, le nomet les vertus de sainte Genevive.
Mais comment connuti1 son mriteet sa gloire? . 1.AA, SS, Boil., 5
janvier, 1, p. 263jCommeutprvius ad Vitam S. Simeonis, ~ IV, n. t7
2.Plusieurs chroniqueurs supposent que ce fut par rvlation. Lun
deux f.it m!me remarquer de quelles grces Dieu se plait enrichir
ses seniteurs, puisquil permet ceui 142. SAINT SIMON LE STYLITE.
II~ Parmi les nombreux .plerins, qui se rendaient en foule au pied
dela colonne de saint Simon, quelquefois se trouvaient des
marchands.Ces marchands taient syriens et ex~raient leur commerce
en Europe,particulirement dans les Gaules, car, avant le
mahomtisme, ctaitlOrient qui visitait ainsi lOccident. Ils
racontrent sans doute saintSimon ce quils savaient de la vierge d~
Nanterre, ils lui parlrent deson enfance, de sa conscration Dieu,
des grces abondantes dont leciel lavait prvenue, de ses
vertlls,!des perscutions quelle avait endu res avec tant dhumilit
et. de. courage, des nombreux miracles quelleavait oprs, des
malades quelle avait guris et des morts quelle avaitrappels la vie.
Lhistorien de sainte Genevive ne nous donne, lavrit, aucun de ces
dtails, mais il permet de les supposer: il dit quelorsque saint
Simon apercevait au pied de sa colonne des marchandsoccups au
commerce lointain, il ne ngligeait jamais de leur- demander des
nouvelles de Genevj~ve.II les chargeait de la saluer en son nom,
avec des grandes margues de respect, et de le recommander
instamment ses prires. Ainsi est rsolue, dune manire conforme la
vrit historique, lobjection du protestant -Vallin qui demande
comment la vierge de Nan terre tait connue en Syrie, elle dont
parlent si peu les crilains desGaules. M. Amde Thierry y a rpondu,
en faussant lhistoire de sainte Genevive ; Nul nest prophte dans
son pays. Mais Genevive que sparent les distances et la diversit
des contrt:cs, de se connatre entre eux par le procd divin dupe vue
intrieure et spirituelle qui rvle les mes lune lautre. Bien plus,
lau teur des manuscrits-de troisime classe, pour prvenir les
objections que ne pouvaient man quer dvoquer ce sujet les esprits
incrdules, rappelle ici la connaissance queurent du trpas de saint
Martin, saint Ambroise et saint Severin, bien qu~loigns de lui. Il
cite encore saint Benoit, dont la viel dit-il,-est le miroir des
bons religicux, ct qui connut dc celte manire ln mort de saint
Germain, v.que dc Capoue. Cct exemplc porte avec lui un carac tre
manifeste dinterpolation, car la Viede saint Benot na t crite qu la
fin du VIa sicle, tundis que la Vie de sainte Genevive a t crite la
fin du mme sicle lan 59. Par consquent, bien quune semblable
rvlation ne nous paraisse ni impossible ni incroyable,. cependant,
comme les manuscrits de premire classe q~i renferment le texte
primitif ny"font aucune allusion, nous croyons que saint Simon peut
avoir conny autrement sainte Genevive. .1.De sanct Gellovel
Disquisitio, " Part.,2. Alllta, t. J, p. 156.% 143. ;~ . : ~. Ull
SAINTE GENEVIVE, PATRONN E DE PARIS..ntait pas fasse prophtesse aux
yeux des Parisiens, qui avaient vusaccomplir sa prdiction au sujet
de ~a marche dAttila, et nous verrons- encore, dans un des
chapitres suivants, quelle ne le fut pas .au jugementde Childric
qui lui tmojgn~ toujours la plus grande considration. ,. 144.
CHAPITRE IX;PARIS EST AssiG PAR LES FR.NKS SAINTE GENEYIVE DLIVRE
LE PEUPi-E DE LA FAMINE SON VOYAGE A ARCIS-SUR-AUBE ET A TROYES SES
MIRACLES DURANT LE VOYAGE. POQUE ET DURE DE CE SIGE ~~#~i1IEU
affirmaittous les jours par un s~ . 1 grand nombre de miracles la
saintet ctla puissance. de Geneiye, que les ha-bitants de Paris
recouraient elle danstoutes leurs d~tresses, et jamais ils
nen-treprenaient rien sans la consulter; labergre de Nailtsrre tait
d;,!, de son~./iyant, la protectrice de cette fire cit~qui, depuis
quinze sicles, se prosterne devant elle et ne la jamais invoque en
ain. Cette admirable confiance des Parisiens et linpuisable charit
de sainte Genevive se manifestrent avec clat dans une circonstance
mmorable.Nous avons vu trois peuples stablir dans la Gaule, vers le
temps o naquit la Sainte: ctaient les Visigoths, les Bourguignons
et les Franks, Jeunes, ardents et .pleins de sle, ils avaient tendu
lcrs conqutes, el, en 476, au moment o se dnouait honteusement le
grand dral1)e de la puissance romaine, ils se disputaient notre
riche pays. Seules, la Bretagne armoricaine, foyer dhonneur et
dinaltrable courage, les pro-~, vinees limitrophes soumises
Syagrius, comte 1e Soissons, et la ville de Paris continuaient
rsister avec une hroque, opinitret aux ten- t~tives des
envahisseurs. Cest cette poque que les Parisiens, encou- ~ags par
sainte Genevive, soutinrent contre l~s Franks un sige qui dura cinq
ans et mm~ dix ans daprs certains manuscrits, lI[ais, avant16""
145. 122SAINTE GENEVIVE, PATRONNE DE PARIS.de racon.ter cet
vnement, si glorieux pour notre illustr Patronne, ilimporte de
faire connatre le: peuple qui va jouer un "rle si important,durant
les dernires annes de sa vie.On appelait du nom de Franks,qui
signifiaitjier, il/trpide, f1oce,comme le latin ferox; une
confdration forme par les tribus situes.entre le,,yese~, le llein
et le Rhin. Les plus clbres de ces tribus,celles des Bructres,
Sicambres, Chamaves, Chrusques, Teuctres,U siptes, Saliens,
appartenaient aux Germains occidentaux; les Cauques et ~es Fris~s,
habitant les bords de la mer, taient comprisparmi les
septentrionaux. Une troisime branche, appele les Hermionesdu
centre, renfermait les Suves.,.Cest vers lan 2+0, sous lempereur
Gordien III, et loccasiondune course de .ces barbares sur la rive
gauche du Rhin, que lenom de Franks parat pour la premire fois dans
lhistoire. Depuiscette poque, soit q~ils fussent pousss par lamour
de la guerre etdu pillage, et le dsir de dominer des pays plus
riches, soit q:lilsfussent contraints p,tr ta ncessit de fuir
devant dautres tribus victorieuses qui les remplaaient, ils firent
de continuelles invasionsdans la Gaule du Nord et de lEst.D~ Probus
Thodose le Grand,il est peu dempereurs qui naient eu affaire
quelques bandes franqueset ne les aient tantt repousses, tantt
reues parmi les troupes delempire, -et leurs chefs furent plus dune
fois les vrais empereurs,- tantt tolres sur le territoire romain.
Cest ainsi quen 358, Julien,permit la tribu des Franks Saliens,
ainsi nomms de lIssel ou Sala,leur sjour ant~rieur, de demeurer
dans la Toxandrie (Brabant) o, chassspar les Saxons, ils staient
tablis depuis une vingtaine dannes. Uneautre tribu, vers Cologne,
obtint dans le mme temps le mme privilge,et sa position sur les
bords du Rhin lui fit donner le nom de FranksRipuaires.Dfenseurs
fidles mais impuissants de la frontire gauloise contr lagrande
invasion de 406, ils firent bientt comme les autres barbares,sav:
." " .~ III ~ Cl :;; ~ 155. . ..32SAINTE:ENEVIVE, PATRONNE
~EPARIS.a secourus, cest Dieu quil fat remercier. Et tous ensemble;
ils scmirent chanter les louanges du Seigneur.Cependant, il ne
suffisait pas davoir obtenu des vivres, davoir pu lesfaire entrer
dans Paris, il fallait en~ore les distribuer avec prudence:
lediscernement tait dautant plus ncessaire la charit de la Sainte,
queles besoins ntaient pas les mmes. Elle distribua ie bl ~ ceux
qui avaientla facilit de le rduire en farine, et qui, souffrant
moins de la disette, pou vaient att~ndre plus longtemps; aux
pauvres, elle donna .du pain quellefaisait souvent cuire elle-mme,
mais, comme parmi eux il sen trouvaitquelques-uns qui, loin de
supporter leurs maux avec patience, murmu raient ct offensaient
Dieu, elle leur donnait des pains entiers pour arrterle blasphme
sur leurs lvres. Les jeunes filles, qui laidaient il faire cuirece
pain, voyant que leur nombre diminuait dans le four, ne savaient
quepenser, ct recherchaient avec soin ceux qui pouvaient les avoir
drobs.Mais bientt leur inquitude se changeait en joie, elles
rencontrrentplusieurs de ces pauvres gens qui parcouraient toute la
ville, bnissant lenom de Genevive et montrant les pains tout chauds
queHe venait deleur donner. Car, dit le biographe contemporain de
la Sainte, elle avaitlespran~e non des choses visibles, mais des
invisibles , et elle comprenait la vrit de cette parole du prophte~
Celui qui donne auxpauvres prte Dieu .Cest ainsi que le dvouement
et la charit dune pauvre mais courageuse fille sau~rent les
Parisiens, dans un des danger"s les plus grandsquils eussent jamais
courus. Ils purent, grce il elle, rsister aux armesdes Franks, mais
ces derniers finirent, cependant, par semparer deParis, car nous
allons voir leur roi y exercer le pouvoir souve~ain etentrer en
rapport avec sainte Genevive. Toutefois, "ils ne paraissent passy
tre maintenus, car, lavnement de Clovis, Paris ntait plus sous1e
Joug bar bare. " ~{.I:1Sous quel roi eut lieu cigde Paris? tait-ce
sous ns. clestes; de lautre, il indiqu~ celles-ci larme. quelles
doivent meure en fuit. Des anges sonnent. de la trompette; lun deux
tire lpe; du milieu des nuages, dautres lancent de3 foudres, Ln
,ictoire est Clovs.19 ... 169. :" e faisait toujours son arrive
dans une cit, les habitants se portrent audevant delle. Parmi les
plus empresss, on remarquait les parents dune jeune fille
qui,depuis neuf ans, tait attejnte de paralysie, au point de ne
pouvoir plus faire aucn mouvement. Ils sollicitrent Gene vive de se
rendre il leur demeure. L;Sainte, cdant leurs instances et celles
des principaux. personnage:> de la ville, alla visiter la
malade, et,aprs avoir pri auprs delle, elle toucha ses membres, et
lui dit deshabiller, de se chausser elle-mme) ce que .Ia jeune
fille fit surlechamp;elle put mme, ayant recouvr toutes ses forces
et toute sa sant:, aller toutde suite 11 lglise oles habitants la
suivirent, b~issant ensemble le Seigneur Js.us davoir donn un si
grand pouvoir sa servante. Aussi,quand GeneVIve quitta ia ville,
ils voulurent la reconduire avec des crisde joie et au chant des
psaumes.lHistoire d:! lglise de_ Rdms; quant au petit, rapport~ par
Hincmar, cc ncst quun abr~g~destin rappeler les dispositions
principales du grand. Jusqucn 163d, le grand testament fut cO:lsidr
universellement comme authentique, Apartir de cette poque,
plusieurs rudits de lglise gallkane ont ni la valeur du grand
testament, lon prtendu suppos ct nont admis que lexistence du
petit. Ce sentiment a teilement prvalu quon a cess dtudier la
question; et quon la regarde comme rsolue dans unsens contraitc nos
ancicnnes traditions. Mais un savant de no~ jours ti. elCamin, lune
aprj~lautre, i?utes le$;bjecifons et pro~victorieusement
lauthenticit de ces deux pi::ces impor.tantes (Etudes ReliGieuses
pa,r Jes Pres de la compagnie de Jsus, anne 1879) Voici le passage
du testameni qui a trait la donation.-. Crusciniacum vero et Faram,
shc villas quas sanctissima -irgo Christi G~novefa a
regcch;istianissimo Ludovic"), pro compcndio itincris sui, curn
Rcmcnsem eclesiam sCpissirncvisitare solcret, adipisci promcruit,
alimoniisque ibidcm Dco famulantium dcputavit, sic utab c ordinatum
cst, ita confirmo, ut- cruseiniacus futuri episcopi successoris mei
obscquiis,et ~artatectis principalis ecclesire, deputetur. Faram
vero eidem episcop, et Sartateetisecclesire uhi jacuero
perpetualiter servire jubeo. (Maxima bibl. veterum Patru",.
LUG"apud Arussonios, p. 518, D., L.i et Brisson, de "Formulis, Iiv.
VII, p. 766, Paris 1583.)1. Saint Itemi rigea le sige piscopar de
Laon, en 497, selon IClS uns, en 499, selon lesautres. 2. Vita S.
Gello"., 1 XXIV. /.... 178. ~ :.; C. CHAPITRE XIII"PLERINAGE DE
SAINTE GENEVIVE AU TOMIlEAU DE SAINT MARTIN ELLE PASSE PAR
ORLANSMIRACLES A ORLANS ET A TOURS 11~~~G)lIENEVJ,~Es:lo!gnait
qu.elquefois de Pa~ispar 1inspiration de Dieu, pour aller fairebnir
son nom dans dautres contres.Cest ainsi que nous la voyons
entreprendre diffrents plerinages et laisser par-tout, aprs elle,
linpuisable souvenir desa charit et de son minente vertu.Nous avons
parl de sa dvotion il ./saint Denys et il ses compagnons, Rus-tique
et ~leuthre, morts pour rpandre la l~l11ire de lvangile dansla
ville de Paris. Lm~ de sainte Genevive, passionne pour toutce qui
est grand et vnrable, ne pouvait manquer dhonorer dun
culteparticulier un autre Saint, que ses nombreux miracles ont bit
appeleravec raison le grand thaumaturge des Gaules. Le lecteur a dj
nomm _saint Martin de Tours. Il est peu de Saints dans lglise, il
nen est aucun