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Quatrième salve de chantons gaiement 

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Page 1: Quatrième salve de chantons gaiement 

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Contenu

Les bouchées à la Reine ................................................................................................................................................3

Le cordonnier Pamphyle ..............................................................................................................................................4

La Chanson du Roi Albert .............................................................................................................................................5

La ceinture .........................................................................................................................................................................6

Le Duc de Bordeaux ........................................................................................................................................................7

Le Roi de Bavière .............................................................................................................................................................8

Les Stances à Sophie .......................................................................................................................................................9

Il faut boire ...................................................................................................................................................................... 10

Minuit Bourgeois .......................................................................................................................................................... 11

Nous étions cinq à six bougres ................................................................................................................................ 12

Jean-Gilles ........................................................................................................................................................................ 13

Alphonse du Gros Caillou .......................................................................................................................................... 14

Le cul de ma blonde ..................................................................................................................................................... 15

Ma femme est morte.................................................................................................................................................... 16

Caroline la putain ......................................................................................................................................................... 17

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Les bouchées à la Reine

Autre exemple du folklore souterrain, cette chanson apparaît pour la première fois à Liège vers 1939, dans le chansonnier « Les champs sont obscènes ». Il figurera encore dans le Nouveau Bitu illustré en 1970, sous l’air du Layz’m’ploré (sic), plus que probablement erroné... même si le ton de la chanson s’apparente à celle de Defêchereux, écrite en 1854, bien plus lent. Contagion postérieure ? Mystère.

Ce qui est certain, c’est que cette chanson, comme le Duc de Bordeaux, est une moquerie des « puissants ».

La caractéristique des chansons du folklore souterrain est la difficulté de datation ; il est bien complexe, en effet, de déterminer l’intervalle entre l’apparition de la chanson orale et celle de sa version écrite, parfois fortement modifiée.

Des indices conduisent Staub à la dater du milieu du 19e siècle. La Reine Victoire est en fait la Reine Victoria, couronnée le 20 juin 1837 et mariée au Prince Albert de Saxe-Cobourg Gotha en 1840. La famille royale britannique et la Maison d’Orléans étaient liées par mariages via les Cobourg. C’est d’ailleurs à Londres que Louis-Philippe s’exila entre 1848 et 1850, avec sa famille dont son fils, le Prince de Joinville... cousin donc du Prince Albert.

Le roi disait à la reine Victoire : "Si tu voulais, Entre tes doigts, réchauffer mon histoire, Je banderais. Si tu voulais, dans ta royale bouche, Prendre mon vit, Tu pourrais dire, praticienne farouche, Le roi jouit." (bis) Mais c’est en vain que la reine lui chatouille Le trou du cul. Ses doigts légers lui patinent les couilles, C’est du temps perdu. "Va", lui dit-il, "ta peine est inutile, Je suis trop vieux. Va t’en trouver mon cousin de Joinville, Il bande mieux." (bis) "Ton cousin de Joinville est un gros bande à l’aise, Qui l’autre jour, Pour m’enculer à la façon française, Me fit la cour.

Et par trois fois, s’astiquant la quéquette, Il se branla, Mais il ne put enfoncer ma rosette, Il débanda." (bis) "Tiens", dit le roi, "Tu vas voir apparaître Un gros cochon, Car à l’instant, je m’en vas te mettre Ma langue au con. Et s’installant sur la royale couche, Suce le bouton. La reine alors lui décharge dans la bouche : "Ah ! Que c’est bon !" (bis) Du trou du cul de la reine en folie, La merde sort. Le roi avale ce que la reine chie : Ca lui fait du tort. Cet excrément qu’il digère avec peine, Monte et revient, "Cré nom de dieu, les bouchées à la reine, Ca ne vaut rien." (bis)

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Le cordonnier Pamphyle

Présent dès 1939 dans un recueil de chants liégeois « Les Champs sont obscènes », le Cordonnier Pamphyle (avec Y ou I à Pamphile) peut être classé dans a catégorie des chansons ayant un fonds de gaillardise paysanne, à l’égal, par exemple, du Curé de Saint-Sauveur ou encore Jean-Gilles.

Deux couplets supplémentaires lui sont parfois ajoutés ; ils ne sont cependant pas présents dans l’Anthologie Hospitalière et latinesque parue en 1911.

Sans certitude aucune, le texte pourrait avoir été écrit à la Belle époque, durant ces années où la République impose la laïcité, n’hésitant pas à tourner l’Eglise en ridicule.

Le cordonnier Pamphyle A élu domicile Près d'un couvent de filles Et bien il s'en trouva

Ahah ! Ahah ! Et bien il s'en trouva (bis) Car la gent monastique Jetait dans sa boutique Des trognons et des chiques Restes de ses repas... Un jour la sœur Charlotte S'asticotait la motte Avec une carotte Grosse comme le bras... Mais quel qu'effort qu'ell'fasse En vain elle se masse Ell's'astiqu'la culasse Le foutre ne vient pas... Mais comm'tout a son terme, Enfin jaillit le sperme, Le con s'ouvre et se ferme Et elle déchargea... Alors toute contente Ell'retir'de sa fente La carotte écumante Et puis ell'la jeta... Par un hasard comique La carotte impudique Tomba dans la boutique Du cordonnier d'en bas...

Cré nom de dieu ! Quelle chance, Elle est à la sauce blanche, Bourrons-nous en la panse. Et il la boulotta... Cré nom de dieu Fifine, Cett'carott'sent l'urine, Elle a servi de pine Et il la dégueula...

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La Chanson du Roi Albert

Cette chanson, dont l’autre titre est « La garde de l’Yser », est représentative de ces œuvres exaltant le patriotisme qui fleurirent pendant la Première Guerre mondiale et au lendemain de celle-ci. D’après Xavier Hubaut, elle aurait été écrite vers 1920. Le même affirme qu’elle fut surtout chantée à Liège. Si on ignore la raison pour laquelle elle est passée dans le folklore estudiantin et le moment de ce passage, notons qu’elle ne figure pas dans les recueils de chansons paillardes liégeois avant les années 1980. Elle fut clairement réintroduite à Liège via le folklore calottin. In fine, on ignore quasi tout de cette chanson...

C’était un soir sur les bords de l’Yser (e) Un soldat belg’ y était de faction Vinr’nt à passer trois braves militaires Parmi lesquels se trouvait le Roi Albert. Qui vive là cria la sentinelle, Qui vive là, vous ne passerez pas, Si vous passez, craignez ma baïonnette, Retirez-vous, vous ne passerez pas (bis) Halte-là ! Le Roi Albert mit la main à sa poche : Tiens, lui dit-il et laisse-nous passer Non répondit la brave sentinelle, L’argent n’est rien pour un vrai soldat belg’. Dans mon pays, je cultivais la terre, Dans mon pays, je gardais mes brebis Mais maintenant, que je suis militaire, Retirez-vous, vous ne passerez pas (bis) Halte-là !

Le Roi Albert dit à son capitaine : Fusillons-le, c’est un mauvais sujet, Fusillons-le, passons-le par les armes ; Fusillons-le, et puis nous passerons. Fusillez-moi, cria la sentinelle, Fusillez-moi, vous ne passerez pas ; Si vous passez, craignez ma baïonnette Retirez-vous, vous ne passerez pas (bis) Halte-là ! Le lendemain, au grand conseil de guerre, Le Roi Albert l’appela par son nom : Hé, Julot ! Tiens, lui dit-il, voici la croix de guerre, La croix de guerre et la décoration. Ah ! Que dire ma bonne et tendre mère En me voyant tout couvert de lauriers ! La croix de guerre pend à ma boutonnière, Pour avoir dit : Vous ne passerez pas (bis) Halte-là !

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La ceinture

Cette chanson, aussi connue sous le titre La croisade, est présente à Liège dans le Nouveau Bitu illustré vers 1970. Si Staub la reprend dans son étude, il n’en dit hélas pas grand chose. Pour Hubaut, c’est une parodie d’une chanson attestée vers 1807, le « Départ pour la Syrie », écrite par Alexandre de Laborde. Composé par Hortense de Beauharnais, la mère de Napoléon III, ce chant fut l’hymne national non-officiel sous le Second Empire, la Marseillaise étant interdite. Le poème de Laborde avait pour titre original « Le beau Dunois » et contait l'histoire extraordinaire du croisé Dunois. Celui-ci prie la Vierge Marie avant son départ pour la Syrie de lui donner la possibilité d'aimer la plus belle des femmes et d'être lui-même le plus brave des chevaliers. Ses prières sont exaucées, et à son retour il obtient la main de la belle Isabelle. Les valeurs sont ici celles de l'amour et de l'honneur. La chanson estudiantine exalte d’autres « valeurs »... Son air est d’ailleurs tout autre que celui de l’original. Il est difficile de savoir si elle est contemporaine de l’original ou du Second Empire. Cette deuxième piste étant plus vraisemblable.

Partant pour la croisade, un Sire fort jaloux De l'honneur de son nom et de son droit d'époux, Fit faire une ceinture à solide fermoir Qu'il attacha lui-même à sa femme un beau soir. Tralalalalalère, Tralalalalala (bis) Une fois son honneur solidement bouclé, Le Sire s'en alla en emportant la clef Depuis la tendre Yseult soupire nuit et jour : "Quand donc t'ouvriras-tu, prison de mes amours ?" Elle fit la rencontr' le soir au fond d'un bois, D'un jeune troubadour, poète montmartrois, Elle lui demanda gentiment d'essayer Si d'un poèt' l'amour peut faire un serrurier. Elle était désirable et belle tant et tant,

Que le fermoir céda et qu'elle en fit autant Depuis bientôt deux ans durait leur tendre amour, Quand le sire revint avec armes et tambours. La belle étant enceint' depuis bientôt neuf mois, S'écria : "Par le ciel, quel malheur j'entrevois, En mettant la ceinture et la serrant un peu Notre sire jaloux n'y verra que du feu". Le sir' s'en aperçut et se mit en courroux, "Mais Sire, dit-ell', cet enfant est de vous ! Depuis votre départ, votre fils enfermé Attend votre retour, pour être délivré". "Miracle, cria-t-il, femme au corps vertueux, Ouvrons vite la porte au fils respectueux !" De joie, la tendre Yseult, aussitôt, enfantait Et depuis, la ceintur', c'est lui qui la mettait.

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Le Duc de Bordeaux

Cette chanson, du moins dans ses deux premiers couplets, daterait de la Restauration. Elle est clairement politique. C’est un des rares exemples de chanson contestataire apparu après la Révolution française. Digne représentante du folklore souterrain qui exprime la révolte, la négation, elle devait, originellement, être composée des deux seuls premiers couplets, les autres étant manifestement postérieurs. Staub pense que la chanson est contemporaine de l’émeute du 14 février 1832, provoquée par la présentation d’un portrait du Duc de Bordeaux, prétendant au trône de France, lors d’une manifestation légitimiste. La chanson est « copiée » d’un chant antérieur, attesté en 1733, « La fille à Dangeau », déjà contestataire et railleuse de la noblesse... Henri V (1820-1883) a régné virtuellement du 2 au 7 août 1830 à l'âge de 9 ans. Après la révolution de 1830, Louis Philippe est nommé Lieutenant-Général du Royaume par les députés insurgés. Le 2 août, Charles X, abdique en faveur de son petit fils Henri à qui il faut un régent. Charles X confie cette tâche à son cousin Louis Philippe, duc d'Orléans, lequel, devant le parlement, annonce effectivement l'abdication de Charles X, et la renonciation de Louis Antoine, mais "oublie carrément" d'annoncer que cette abdication est destinée à mettre sur le trône le jeune duc Henri. En 1871, l'assemblée élue est majoritairement royaliste, mais partagée entre légitimistes et orléanistes. En 1873, Thiers est remplacé par un président monarchiste (Mac Mahon) et tout est prêt pour l'accession au trône du duc de Bordeaux, Mac-Mahon devant le mener à l'Assemblée nationale pour l'y faire reconnaître roi par acclamation. Mais le duc de Bordeaux s'entêta a vouloir restaurer le drapeau blanc (ce qui est inacceptable pour les orléanistes)...

Le duc de Bordeaux ressemble à son frère, Son frère à son père et son père à mon cul; De là je conclus qu' le duc de Bordeaux Ressemble à mon cul comme deux gouttes d'eau. Taïaut Taïaut Taïaut!

Ferm' ta gueule, répondit l'écho.

Le duc de Chevreuse ayant déclaré Que tous les cocus devraient être noyés, Madam' de Chevreuse lui a demandé S'il était certain de savoir bien nager. Madam' la duchesse de la Trémouille, Malgré sa pudeur et sa grande piété, A patiné plus de paires de couilles Que la Grande Armée n'a usé de souliers. Le roy Dagobert a un' pine en fer, Le bon Saint-Eloi lui dit: "Eh bien! mon roi, Si vous m'enculez, vous m'écorcherez"

"C'est vrai, dit le roi, j'en f'rai faire un' de bois" J'emmerde le roy et le comt' d'Artois, Le duc de Berry et la duchesse aussi; Le duc de Nemours, j' l'emmerde à son tour Le duc d'Orléans, je l'emmerde en mêm' temps! Chasseur as-tu vu le trou de mon cul? Si tu veux le voir, tu reviendras ce soir; Moi, j'ai vu le tien, je n'en ai rien dit, Si tu vois le mien, tu n'en diras rien. La p'tite Amélie m'avait bien promis Trois poils de son cul pour en faire un tapis; Les poils sont tombés, l' tapis est foutu, La p'tite Amélie n'a plus d' poil à son cul. La bite à papa qu'on croyait perdue, C'était la p'tit' bonn' qui l'avait dans les fesses; La bite à papa n'était pas perdue, C'était la p'tit' bonn' qui l'avait dans le cul

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Le Roi de Bavière

La chanson originale dont s’inspire Le Roi de Bavière est assez ancienne, puisqu’elle est attestée dans un recueil publié en 1866, mais daterait de 1846. Elle y est intitulée « La petite bergère » et est attribuée à Gustave Lemoine, auteur français (1802-1885). La musique est de son épouse Loïsa Puget. Le texte est cependant différent, on s’en doute. Il évoque néanmoins déjà la liaison entre le Roi de Bavière et une bergère prénommée Agnèle. Le Roi de Bavière concerné semble être Louis Ier, contraint de renoncer au trône suite à son impopularité causée par sa liaison avec Lola Montez. Louis Ier de Bavière fut roi de 1825 à 1848. Marie-Dolorès Gilbert, dite « Lola Montès », était une danseuse exotique, actrice et courtisane d'origine irlandaise. Louis Ier l’aurait rencontrée chez un chambellan en 1846. Devenu impopulaire à cause de sa liaison, Louis Ier est contraint d'abdiquer le 20 mars 1848 en faveur de son fils Maximilien II.

Il était naguère Un Roi de Bavière Toujours suivi d'un long ennui Qui ne le quittait guère Un soir sous l'ombrage, Seul avec son page, Il entendit dans la forêt Une voix qui chantait : Moi je suis putain

Sacré nom d'un chien

Et pour un, écu

Je fais voir mes fesses

Moi je suis putain

Sacré nom d'un chien

Et pour un écu,

Je fais voir mon cul !

Page, quelle est cette voix de fauvette ? Sir' c'est Agnès qui se branle seulette Et qui s'en va chantant Ce refrain si charmant : Moi je suis putain

Sacré nom d'un chien

Et pour un, écu

Je fais voir mes fesses

Moi je suis putain

Sacré nom d'un chien

Et pour un écu,

Je fais voir mon cul !

Gentille bergère Ta voix sut me plaire Viens dans mon palais avec moi Mes trésors sont à toi Sir' vos trésors ne me tentent guère, Vous pouvez bien vous les foutre au derrière Et le roi l'épousa Et le soir il chanta : Ah ! petit'putain

Que tu baises bien

Ton con chauss'mon vit

Co-omme une chasse

Ah ! petit'putain

Que tu baises bien

Ton con chauss'mon vit

Comme un écrin.

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Les Stances à Sophie

Stances : en poésie, les stances sont un nombre défini de vers comprenant un sens parfait et arrangé d’une manière particulière qui s’observe dans tout le poème.

Les Stances à Sophie sont une parodie d'une chanson de Paul Marinier, auteur-compositeur-interprète français né en 1866 à Rouen et mort le 5 septembre 1953, « D'elle à lui », interprétée par Yvette Guilbert, chanteuse de café-concert.

Dans l’original, une femme se plaint de Léon qui la quitte car il se marie dans quelques jours.

Les Stances à Sophie sont signées par un certain TA-PÉ-TÉ dont nous ignorons tout. Il apparaît dans un Bitu illustré vers 1970. Le refrain semble avoir été ajouté postérieurement.

Tu m' demand' tes lettr's, ta photographie Ton épong' à cul, ton bidet d' métal Je m'en fous pas mal, ingrate Sophie Et j' te renvoie l' tout par colis postal. Refrain Sophie, je t'aimais tant J't'emmerde j't'emmerde Sophie, je t'aimais tant J't'emmerde à présent Tu veux fair' la peau, un métier d' grenouille Et me remplacer par d'autres amants, Mais vois-tu, j' m'en fous, comm' d' la peau d' mes couilles Car tu pues du bec, et t'as l' con trop grand. Je t'ai rencontrée un soir dans la rue, Où tu dégueulais tripes et boyaux, Ah! si j'avais su qu' tu n'étais qu'un' grue, J' t'aurais balancée par l' trou des gogu'nots. Mais j' t'ai ramassée, Dieu que j'étais bête! Car le lendemain, je m' suis aperçu, Qu' j'avais des morpions des pieds à la tête, Des poils du nombril jusqu'au trou du cul! Puis il a fallu qu'avec toi je couche, Mais de tout'la nuit, j'n'ai pu roupiller, Tu n'as pas voulu ma pin' dans ta bouche Et t'avais tout l'temps l'con sur l'oreiller. Puis le lendemain, t'avais tes affaires, Le sang inondait la chambre à coucher, Et j'ai consenti, pour te satisfaire, A te sucer l' con pour mieux le sécher.

En ai-je bouffé de tes pertes blanches, Mais quand j'ai voulu tirer un bon coup, Tu ne gigotais pas plus qu'une planche, Et je m'esquintais sans rien fair' du tout! Et puis tu avais des passions honteuses, J'en rougis encor, rien que d'y songer, Et pour apaiser ta chair luxurieuse, A tous tes capric's m'a fallu céder. N'as-tu point voulu que ma langu' se perde, Dans les plis profonds du trou de ton cul, Je l'ai retirée toute plein' de merde, J'en ai dégueulé, tu n'en as rien su. Tu peux t'en aller, va, tu me dégoûtes, De toi, je me fous, je sais me branler, Je ferai gicler mon sperm' goutte à goutte, Plutôt qu' revenir te caramboler. Tout est bien fini, je te l' dis sans glose N'ayant plus d' putain, je n' s'rai plus cocu, Et si, par hasard, je te r'mets quèqu'chose, Ce n' sera jamais que mon pied dans l' cul!

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Il faut boire

Souvent présentée comme une création purement liégeoise, cette chanson, œuvre de René-Pierre-Hyppolite Aquarius dit René Bidus, est en fait une modification d’une chanson bien plus ancienne. En fait, elle figure dans le tome premier de l'Album du gai chanteur paru en 1859. Elle y est attribuée à N(icolas) Brazier (1783-1838) ; si les paroles des couplets diffèrent, le refrain est identique. René Bidus, publie à compte d’auteur, en 1911, ses « Péchés de jeunesse. Chansons et poëmes de la Vie d'Etudiant ». Il a été étudiant en sciences commerciales à Liège, sous-lieutenant du 14ème de Ligne pendant la guerre 1914-1918 et ingénieur commercial après l'Armistice. L’air souvent mentionné est celui de « Turlurette »... En fait, l’Album du gai chanteur mentionne qu'elle se chante sur l'air de « Ma tante Urlurette », titre d'une folie-vaudeville (1806) de Désaugiers. A noter que dans la chanson de Brazier, les deux premiers vers ne sont pas doublés comme dans l’arrangement de Bidus, mais que le thème est déjà celui d’une chanson à boire.

Quand au monde on est venu (bis) Braillant, suintant et tout nu (bis) Une voix dit, péremptoire: Il faut boire, (bis)

Boire et toujours boire

Toute la vie durant (bis) A la fête au premier rang (bis) Pour submerger nos déboires, Dans nos goussets trop souvent (bis) Ne résonne que le vent (bis) Aux frais d'une bonne poire, Sans souci du lendemain (bis) En attendant l'examen (bis) Au diplôme aléatoire, Tant que nos femmes auront (bis) Seins jeunes, fermes et ronds (bis) Lèvr's en feu, prunelles noires, Quand la Camarde viendra (bis) Nous cueillir entre ses bras (bis) Pour finir gaiement l'histoire,

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Minuit Bourgeois

Sur l’air du Minuit Chrétien, cette chanson est un exemple typique de chanson anti ecclésiastique.

Minuit, bourgeois, c'est l'heure solennelle Madame vite est entrée au dodo. Monsieur bien vite a soufflé la chandelle, Mais dédaigneuse, elle tourne le dos Bientôt son corps tressaille d'espérance Dans cette nuit où naquit le Sauveur, Dessous les draps, elle sent qu'il avance. Noël! Noël! Voici le Rédempteur! (bis) Monsieur bien vite a brisé toute entrave Et l'oreiller en a volé en l'air Fou de désir, de passion, il en bave, Son nœud puissant est dur comme du fer A ce moment s'accomplit le mystère Madame voit les cieux s'entr'ouvrir Est-ce Jésus? Non, c'est son petit frère Noël! Noël! Je sens le Rédempteur! (bis)

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Nous étions cinq à six bougres

Connue aussi sous le titre Les Marteaux ou C’est à boire qu’il nous fout, cette chanson est assez ancienne, la première version étant attestée vers 1530. Les paroles ont bien évidemment évolué avec le temps... Ainsi, le mot godillot, terme familier, mais vieilli pour désigner une grosse chaussure, provient du nom d'un fabricant et fournisseur de l'armée française, Alexis Godillot (1816-1893). Le Robert le date de 1876. Il est fort probable que le mot godillot remplace un autre mot à trois syllabes et de consonance équivalente. Le shako a été introduit durant les guerres de la Révolution et de l’Empire. Le thème de la chanson, le retour de soldats par petits groupes, fait penser à la décomposition des Armées après Waterloo. Jarnidieu (on trouve aussi jarnibleu), sorte de juron, est attesté par Littré vers 1872.

Refrain

C'est à boire, à boire, à boire,

C'est à boire qu'il nous faut,

Oh! Oh! Oh! Oh!

C'est à boire, à boire, à boire

C'est à boire qu'il nous faut. Oh!

Nous étions cinq, six bons bougres, Revenant de Longjumeau, Nous entrâm's dans une auberge, Pour y boir' du vin nouveau. Oh! Nous entrâm's dans une auberge, Pour y boir' du vin nouveau, Nous vidâm's plus d'une fiole, Nous y bûm's plus d'un pot. Oh! Nous vidâm's plus d'une fiole, Nous y bûm's plus d'un pot, Y en a plus un qui rigole Quand il faut payer l'écot Oh! Y en a plus un qui rigole Quand il faut payer l'écot, Dans la poche du plus jeune, Il y avait un écu faux Oh! Dans la poche du plus jeune, Il y avait un écu faux, « Sacrebleu, dit la patronne, Qu'on leur prenne leurs shakos! Oh! « Sacrebleu, dit la patronne, Qu'on leur prenne leurs shakos. « Nom de Dieu, dit la servante

Leurs shakos, leurs godillots. Oh! « Nom de Dieu, dit la servante, « Leurs shakos, leurs godillots, « Quand nous fûmes en liquette, « Nous montârn's sur des tonneaux. »Oh! Quand nous fûmes en liquette, Nous montâm's sur des tonneaux, Nos liquett's étaient si courtes Qu'on nous voyait les marteaux. Oh! Nos liquett's étaient si courtes Qu'on nous voyait les marteaux. « Nom de Dieu, dit la patronne, « Qu'ils sont noirs, mais qu'ils sont beaux ! » Oh! « Nom de Dieu, dit la patronne, « Qu'ils sont noirs, mais qu'ils sont beaux ! » « Jarni Dieu, dit la p'tit' bonne, « J'en voudrais ben un morceau. » Oh! « Jarni Dieu, dit la p'tit bonne, « J'en voudrais ben un morceau. « Nom de Dieu, dit la patronne, « Tous les six il me les faut. » Oh! « Nom de Dieu, dit la patronne, « Tous les six, il me les faut! » Et depuis sur cette auberge Il y a un écriteau. Oh! Et depuis sur cette auberge, Il y a un écriteau : « C'est ici qu'on boit, qu'on verge, « Et qu'on paie à coups d'marteaux ! »

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Jean-Gilles

On ne connaît pas grand-chose de cette chanson. Staub la reprend dans son importante étude, sans nous en retracer l’historique comme il le fait si bien pour d’autres chansons. Elle appartient évidemment au folklore souterrain, plus particulièrement celui chanté dans et par des groupes. Dans des groupes car elle comporte un couplet chanté en solo et par le groupe car elle comporte un refrain repris en chœur par tous les chanteurs. On retrouve dans cette catégorie, entre autres, Le Père Dupanloup, les Trois Orfèvres, L’Artillerie de Marine, etc. Jean-Gilles a un véritable fond de gaillardise paysanne. Les sujets favoris de ces chansons sont les grossesses involontaires, le cocuage, les maladies vénériennes et, le plus souvent, les grivoiseries sous-entendues. Hubaut nous dit que la chanson semble être déjà présente avant le premier empire. On y trouve plusieurs allusions dans les œuvres d'Alexis Piron, auteur satirique français du 18e siècle. Tout le monde aura compris la signification du mot argotique « Gougnotter »...

Le gendre : "Beau-Père, mon beau père, Je viens me plaindre à vous !" (bis) Le beau-père : "De quoi vous plaignez-vous, Jean-Gilles, mon gendre ? De quoi vous plaignez-vous, Ma fille est tout à vous !" Le gendre : "Oui mais, que faut-il faire Quand nous sommes entre nous ?" (bis) Le beau-père : "Que ne la baisez-vous, Jean-Gilles, mon gendre ? Que ne la baisez-vous, Ma fille est tout à vous !" Le gendre : "Oui mais, si je la baise Des gosses elle me fout !" (bis) Le beau-père : "Que ne la pelotez-vous, Jean-Gilles, mon gendre ? Que ne la pelotez-vous, Ma fille est tout à vous !" Le gendre : "Oui mais, si je la pelote Ses nichons d’viendront mous !" (bis)

Le beau-père : "Que ne la branlez-vous, Jean-Gilles, mon gendre ? Que ne la branlez-vous, Ma fille est tout à vous !" Le gendre : "Oui mais, si je la branle On se foutra de nous !" (bis) Le beau-père : "Que n’la gougnotez-vous, Jean-Gilles, mon gendre ? Que n’la gougnotez-vous, Ma fille est tout à vous !" Le gendre : "Oui mais, si j’la gougnote Ca me laisse comme un goût !" (bis) Le beau-père : "Que ne l’enculez-vous, Jean-Gilles, mon gendre ? Que ne l’enculez-vous, Ma fille est tout à vous !" Le gendre : "Oui mais, si je l’encule Elle chiera partout !" (bis) Le beau père : "C’est vous qui me faites chier, Jean-Gilles, mon gendre, C’est vous qui me faites chier, Allez vous faire branler !

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Alphonse du Gros Caillou

Oublié par Staub, ce chant est un exemple typique de chanson d’origine littéraire transmise par des sources écrites. Ce qui est étonnant, c’est qu’il ne semble pas avoir été modifié par le temps et sa reprise dans le corpus estudiantin. Pourquoi y passa-t-il ?

Le Quartier du Gros Caillou fut le siège historique de l’Université de Paris, mais s’il y reste une Rue de l’Université, plus aucun étudiant ne devait y étudier dans la seconde moitié du 19e siècle puisque les terrains furent revendus en 1639... Le Quartier est situé entre le Champs de Mars et les Invalides, non loin de l’Ecole militaire fondée par Louis XV en 1751 et toujours présente. A-t-elle été appropriée par les militaires avant de passer dans le folklore estudiantin comme bien d’autres chansons ? C’est impossible à affirmer, mais plus vraisemblable qu’un passage immédiat dans le répertoire estudiantin.

La chanson, initialement un monologue « La famille d’Alphonse du Gros Caillou » publié en 1888, est d’Hippolyte Lacombe (1821-1889), auteur et acteur comique qui s’est produit dans de nombreux théâtres parisiens, nous dit Hubaut.

Jean-Aymar Piganiol (1673-1753) prétend qu’une maison de débauche présente dans le quartier avait un gros caillou pour enseigne. Quant à Alphonse, en argot, il désigne un homme entretenu, un maquereau. Le terme argotique, attribué Alexandre Dumas qui en a fait le titre d'une pièce, était connue depuis plus de 20 ans par la chanson de Lacombe.

J'm'appell'Alphons', j'n'ai pas d'nom de famille, Parc'que mon pèr'n'en avait pas non plus, Quant à ma mèr', c'était un'pauvre fille Qui était née de parents inconnus. On l'appelait Thérès', pas davantage, Quoiqu'non mariés, c'étaient d'heureux époux ; Et l'on disait quel beau petit ménage, Que le ménage Alphons'du Gros Caillou ! Après trois ans, ils eur'nt enfin la chance, Vu leur conduit', leurs bons antécédents, D'pouvoir ouvrir un'maison d'tolérance Et surtout cell'd'avoir eu quatre enfants. Sur quatre enfants, Dieu leur donna trois filles Qui ont servi dès qu'ell's ont pu chez nous ; C'est que c'était une honnête famille, Que la famille Alphons'du Gros Caillou ! Tout prospéra, mes sœurs aidant ma mère Car elles eur'nt vite fait leur chemin ; Moi-même aussi, et quelquefois mon père S'il le fallait, nous y prêtions la main. La clientèle était assez gentille, Car elle avait grande confiance en nous ; Ils s'en allaient disant ; quelle famille, Que la famille Alphons'du Gros Caillou ! Moi j'travaillais dans la magistrature, Le haut clergé, les gros officiants, J'avais pour ça l'appui d'la préfecture Où je comptais aussi quelques clients.

J'étais si beau qu'on m'prenait pour un'fille, Tant j'étais tendre et caressant et doux Aussi j'étais l'orgueil de la famille, De la famille Alphons'du Gros Caillou ! Y avait des jours, fallait être solide, Et le quinze août, fête de l'Empereur, C'était chez nous tout rempli d'invalides, De pontonniers, d'cuirassiers, d'artilleurs. Car ce jour-là, le militair'godille Et tous ces gens sortaient contents d'chez nous ; Ils se disaient quelle belle famille, Que la famille Alphons'du Gros Caillou ! Au-dehors nous comptions quelques pratiques Ma mèr'servait les Dam's du Sacré Coeur, Mes soeurs servaient Madam'de Metternich, Mon pèr'servait la Maison de l'Emp'reur. La clientèle était assez gentille, Puis on avait grande confiance en nous Et l'on disait : "Quelle sainte famille Que la famille Alphons'du Gros Caillou" Maint'nant ma mèr's'est r'tirée des affaires, Moi j'continue mais c'est en amateur ; Mes soeurs ont tout's épousé des notaires Mon père est membr'de la Légion d'Honneur, De notr'vertu la récompense brille Et si notr'sort a pu fair'des jaloux, On dit tout d'mêm'c'est un'belle famille, Que la famille Alphons'du Gros Caillou

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Le cul de ma blonde

D’après Xavier Hubaut, l'auteur de cette si belle chanson est Paul-Emile Debraux (1776-1831), employé à la bibliothèque de l'Ecole de Médecine de Paris, chansonnier populaire surnommé le Béranger de la canaille, habitué des goguettes, ces sociétés chantantes apparues vers 1815. On comptait jusqu'à 480 sur Paris et sa banlieue. Ce sont des lieux bachiques et d'opposition politique, elles deviennent étroitement surveillées par la police qui manipule au besoin les habitués et monte selon ses besoins des provocations. Assez étrangement, Staub n’identifie pas l’auteur et se contorsionne en analyses historiques et lexicales pour conclure que la chanson est de la seconde moitié du 18e siècle. Elle est en fait un peu plus tardive. Une version qui semble originale se retrouve dans Le Parnasse satyrique du dix-neuvième siècle (1864). Notons, dans le texte, les éléments suivants : - le vin d’Argenteuil : Alexandre Dumas lui fera mauvaise réputation... d’où l’idée que ce vin « fout la foire »... la diarrhée. - un vieux dervî : terme utilisé dans le sens d’un vieux moine, d’un vieux curé, utilisé malicieusement par Voltaire - Le paradis perdu : l’enfer et le dieu cornu : le diable auquel les allusions sont rares dans la chanson folklorique souterraine. Les évocations au diable, l’anticléricalisme et les échos au libertinage place effectivement cette chanson dans cette catégorie.

J'ai tâté du vin d'Argenteuil Et ce vin m'a foutu la foire J'ai voulu tâter de la gloire Une balle m'a crevé l'oeil Des catins du grand monde J'ai tâté la vertu Des splendeurs, revenu, Je veux tâter le cul De ma blon-on-de, de ma blon-on-de Des splendeurs, revenu, Je veux tâter le cul De ma blon-on-de, de ma blon- on-de Preux guerriers, vaillants conquérants Fi de la gloir'qui vous éclope Votr'maîtresse est une salope Qui vous pince en vous caressant ! Empoignez-moi la ronde Et la lance et l'écu De peur d'être cocu Moi j'empoigne le cul... Y a des gens qui font la grimace Quand ils voient Monsieur le Curé

Promener dedans une châsse Un bon Dieu en cuivre doré Ce bon curé se trompe Il serait mieux venu Si foutant là l'Jésus Il promenait le cul... Mon fils me dit un vieux dervî, Permettez que l'on vous le dise A baiser sans permis d'église Vous perdez le saint paradis Vous foutez-vous du monde ? Dis-je à ce noir cocu. Le paradis perdu Vaut-il un poil du cul... Puisque ici-bas, l'homme jeté, Doit mourir comme une victime Je me fous du trépas sublime, J'emmerde l'immortalité ! Puissé-je en passant l'onde Du fleuve au dieu cornu Godiller ferme et dru Et mourir dans le cul...

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Ma femme est morte

Nouvel exemple de la chanson littéraire passée dans le folklore estudiantin. Ma Femme est morte serait attestée dès 1560, dans une version assez différente cependant, contrairement à Alphonse du Gros Caillou, quasi inchangé par le temps. La chanson traversa les siècles, interprétée par de multiples chansonniers et chanteuses sur des airs parfois variés comme celui de S. Chapelier édité en 1771. On semble la chanter aujourd’hui sur un arrangement de 1935 d’un certain François Betti, mais il est complexe de vérifier ces affirmations.

Jean l'autre soir en montant l'escalier (bis) Trouva sa femme étendue sur l'palier (bis) Ohé portier ! ma femme est morte ; Venez venez vit'venez vit'la chercher, Ou bien j'la fous derrièr''la porte Car c'était ell'qui faisait le chahut à la maison La guenon, la poison, Elle est morte ! Ell'ne mettra plus de l'eau dedans mon verre La guenon, la poison, Elle est morte ! Lors Jean s'en fut réveiller les copains (bis) Fit tant d'potin, qu'il fit lever Martin : (bis) Eh les copains ! Ma femme est morte ! C'est moi qui vous paie la goutt'demain matin Si vous venez lui faire escorte Lors Jean s'en vint trouver Monsieur l'curé (bis) Qui ronflait fort sous son bonnet carré : (bis) Ohé, curé ! Ma femme est morte ! Donnez, donnez-lui toutes vos oraisons Et puis que le diable l'emporte

Lors Jean s'en fut trouver le fossoyeur (bis) Qui dans un'tomb'dormait à la fraîcheur : (bis) Oh fossoyeur ! Ma femme est morte ! Creusez, creusez vite un trou large et profond De peur que la garce n'en sorte Puis moult oignons Jean s'en fut acheter (bis) Pour qu'en son deuil on le vit bien pleurer (bis) Ohé fruitier ! Ma femme est morte ! Donnez, donnez-moi des oignons bien dorés Pour que je la pleure en la sorte Lors Jean s'en vint retrouver sa moitié (bis) Sa garc'de femme avait ressuscité : (bis) O Aglaé, tu n'es pas morte ! Ell'lui répondit, le pot d'chambre à la main "Voici la tisan'que j't'apporte" Et comm'toujours je ferai le chahut à la maison Ta guenon, ta poison N'est pas morte ! Je mettrai encor'de l'eau dedans ton verre Ta guenon ta poison N'est pas morte !

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Caroline la putain

D’après Xavier Hubaut, le thème de la chanson est assez ancien, remontant vers 1560. Les deux vers : "Le pape était fort bien à Rome Mais il était dans un boxon "font allusion à la mainmise des autorités catholiques sur la prostitution. Une version « bien-pensante » a parfois remplacé « il était dans un boxon » par « il était en Avignon »… Si l’Eglise actuelle se veut abolitionniste, elle s’est souvent, dans l’Histoire, permis d’occuper la fonction car la prostitution était source de confortables revenus. Le grand théologien dominicain, Saint Thomas d’Aquin, qui, se montrant tolérant, déclarait « que l’on peut [l’Eglise] accepter les fruits de ce commerce ». A Perpignan, au 13e siècle, des moines organisent une collecte de fonds pour ouvrir un nouveau bordel. On voit même, en 1510, le pape Jules II ordonner la construction d'un lupanar réservé aux seuls Chrétiens !... Bien plus tard, au temps de Voltaire, l’évêque de Genève administrait tous les bordels de ses terres. Nous sommes donc en présence d’une chanson anticléricale dont le caractère est confirmé par son titre originel : Marie-Madeleine que l'on retrouve dans l'Anthologie hospitalière et latinesque.

Amis, copains, versez à boire, Versez à boire et du bon vin Tintin, tintin, tintaine et tintin, Je m'en vais vous conter l'histoire De Caroline la putain Tintin, tintaine et tintin. Son père était un machiniste Au Théâtre de l'Odéon, Tonton, tonton, tontaine et tonton Sa mère était une fleuriste Qui vendait sa fleur en bouton Tonton, tontaine et tonton. Elle perdit son pucelage Le jour d'sa premièr'communion... Avec un garçon de son âge Derrièr'les fortifications... À quatorze ans, suçant des pines, Elle fit son éducation... A dix-huit ans, dans la débine, Ell's'engagea dans un boxon... À vingt-quatre ans, sur ma parole C'était une fière putain... Elle avait foutu la vérole Aux trois quarts du Quartier-Latin... Le marquis de la Couillemolle Lui fit bâtir une maison... A l'enseign'du morpion qui vole

Une belle enseign'pour un boxon... Elle voulut aller à Rome Pour recevoir l'absolution... Le pape était fort bien à Rome Mais il était dans un boxon... Et s'adressant au grand vicaire, Ell'dit : "J'ai trop prêté mon con"... "Si tu l'as trop prêté ma chère, A moi aussi prête-le donc"... Et la serrant entre ses cuisses, Il lui donna l'absolution...