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Les peuples de la Caraïbe redoutent particulièrement la saison cyclonique, qui s’étend dans la région du 1 er juin au 30 novembre. Cette période peut concentrer des événements hydromé- téorologiques pouvant être catastro- phiques et caractérisés par la présence de précipitations exceptionnellement fortes, accompagnées de vents extrê- mement violents. Pour les autorités haïtiennes et les structures de protec- tion civile, qui multiplient les actions de préparation, il n’est pas question de baisser la garde. La rédaction du bulletin La Protection civile est assurée par le comité thématique Éducation et Sensibilisation du public, émanation du Secrétariat permanent de gestion des risques et des désastres, sous la coordination de la direction de la Protection civile. Ont également contribué à ce numéro : les coordinations départementales de gestion des risques et des dé- sastres du Nord, de l’Ouest et du Sud-Est, l’Alliance pour la gestion des risques et la continuité des activités (Agerca), la Commission nationale haïtienne de coopération avec l’Unesco, COOPI, GOAL, Oxfam, Handicap international, le Programme des Nations unies pour le dé- veloppement et SOS Village d’enfants. Protection civile Bulletin d’information sur la réduction des risques de catastrophes M I N I S T È R E D E L I N T É R I E U R D I R E C T I O N D E L A P R O T E C T I O N C I V I L E Saison cyclonique 2016 Se préparer et maintenir la garde à tous les niveaux La 3 4 5 6 7 8 10 14 15 Voir dossier page 10 Éditorial - La Protection civile en ordre de marche Mots du SPGRD - El Niño, La Niña et la saison cyclonique Chasuble d’honneur à... - Roby Joseph un brigadier sauveteur Actualité : Mieux connaitre la sécheresse et ses impacts sur les communautés Une nouvelle équipe de recherche et sauvetage formée à Gressier Clichés et brèves Dossier Saison cyclonique 2016 : Se préparer et maintenir la garde à tous les niveaux Page des lecteurs À savoir Sommaire Contributions Exercice de simulation au centre d’opérations d’urgence communal de Camp-Perrin ©PNUD Haïti Inondations aux Gonaïves, septembre 2008 ©Minustah Une vue du centre-ville du Cap-Haïtien ©PNUD Volume 2, N o 1 | Septembre 2016

Bulletin La Protection civile volume2 no1

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Les peuples de la Caraïbe redoutent particulièrement la saison cyclonique, qui s’étend dans la région du 1er juin au 30 novembre. Cette période peut concentrer des événements hydromé-téorologiques pouvant être catastro-phiques et caractérisés par la présence

de précipitations exceptionnellement fortes, accompagnées de vents extrê-mement violents. Pour les autorités haïtiennes et les structures de protec-tion civile, qui multiplient les actions de préparation, il n’est pas question de baisser la garde.

La rédaction du bulletin La Protection civile est assurée par le comité thématique Éducation et Sensibilisation du public, émanation du Secrétariat permanent de gestion des risques et des désastres, sous la coordination de la direction de la Protection civile. Ont également contribué à ce numéro : les coordinations départementales de gestion des risques et des dé-sastres du Nord, de l’Ouest et du Sud-Est, l’Alliance pour la gestion des risques et la continuité des activités (Agerca), la Commission nationale haïtienne de coopération avec l’Unesco, COOPI, GOAL, Oxfam, Handicap international, le Programme des Nations unies pour le dé-

veloppement et SOS Village d’enfants.

Protection civileBulletin d’information sur la réduction des risques de catastrophes

MIN

ISTÈRE DE L’INTÉRIEUR

DIRECTION DE LA PROTECTIO

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Saison cyclonique 2016Se préparer et maintenir la garde à tous les niveaux

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Voir dossier page 10

Éditorial - La Protection civile en ordre de marche

Mots du SPGRD - El Niño, La Niña et la saison cyclonique

Chasuble d’honneur à... - Roby Joseph un brigadier sauveteur

Actualité : Mieux connaitre la sécheresse et ses impacts sur les communautés

Une nouvelle équipe de recherche et sauvetage formée à Gressier

Clichés et brèves Dossier Saison cyclonique 2016 : Se préparer et maintenir la garde à tous les niveaux

Page des lecteurs

À savoir

Sommaire

Contributions

Exercice de simulation au centre d’opérations d’urgence communal de Camp-Perrin ©PNUD Haïti

Inondations aux Gonaïves, septembre 2008 ©Minustah

Une vue du centre-ville du Cap-Haïtien ©PNUD

Volume 2, No 1 | Septembre 2016

2 | La Protect ion c iv i le Vol.2 No. 1

La Protect ion c iv i le Vol.2 No. 1 | 3

La Protection civile en ordre de marche

La réactivation du bulletin « La Protection civile » témoigne du désir constant du Système national de gestion des risques et des désastres (SNGRD) et de ses par-tenaires de continuer à vous informer des activités entreprises en vue de renforcer la résilience aux désastres de la population haïtienne.

Déjà paru à deux reprises en 2006, ce bulletin trimestriel refait surface aujourd’hui, comme un outil capital pour le SNGRD, dans un contexte où la vulnérabilité du pays aux risques majeurs et aux changements climatiques continue de s’intensi-fier. Les quatre cyclones de l’été 2008, le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010 et l’épidémie de choléra, pour ne retenir que ces exemples, consti-tuent autant de matérialisations catastrophiques de ces risques auxquels nous sommes exposés.

La Protection civile continuera à multiplier les efforts pour contribuer à la réduc-tion de risques de catastrophe dans le pays tant en termes de réflexion qu’en termes d’actions effectives de prévention et de réponse. Ce troisième bulletin trai-

tera autant des activités scientifiques et techniques visant une meilleure compréhension des risques et leur plus large vulgarisation, le renforcement des opérations de préparation et de secours d’urgence, mais aussi les efforts de relèvement et de reconstruc-tion des communautés touchées.

Nous recherchons constamment la synergie et des partenariats actifs entre les intervenants et les parte-naires, pour améliorer les différents programmes de réduction des risques de catastrophe, notamment en faveur des populations vulnérables.

A ce titre, La Protection civile, en tant qu’espace de mise en commun, de partage, de communication et d’échange, revient à point nommé. Couplée aux autres canaux de communication que nous utilisons, particulièrement les radios et les médias sociaux, cette publication périodique nous permettra d’être

toujours plus proche des Haïtiennes et Haïtiens afin qu’ensemble nous avancions vers l’atteinte des objectifs en matière de résilience.

L’aventure recommence avec ce premier numéro de la nouvelle cuvée qui fait la part belle à la préparation continue de la saison cyclonique 2016. Il veut déjà assurer la liaison entre acteurs étatiques et paraétatiques, partenaires de la so-ciété civile et de la communauté internationale agissant sur le terrain et se met à l’écoute de toutes et de tous...

Marie Alta Jean-Baptiste Directrice de la

Protection civile ©UNDP

Editorial

Une session de Vendredis de la protection civile ©MICT

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El Niño et La Niña sont deux phéno-mènes météorologiques hors normes. Ils constituent respectivement une ano-malie positive et une anomalie négative de la température observée sur la côte Est du Pacifique équatorial. Autrement dit, pendant le phénomène El Niño, la mer devient plus chaude que la normale à l’Ouest des Amériques. Cette situation entraine de fortes précipitations sur la côte Est du continent africain, de la sé-cheresse en Australie, des inondations en Amérique du Sud et de la sécheresse dans la Caraïbe. La Niña provoque des conséquences inverses : des eaux plus froides que la normale à l’Ouest des Amériques ; de la sécheresse sur la côte Est du continent africain, de fortes pré-cipitations en Australie, de la sécheresse en Amérique du Sud et des inondations dans la Caraïbe.

En avril dernier, l’Organisation mondiale de la météo (OMM) constatait que le puissant épisode El Niño 2015-16 per-dait rapidement de son intensité, souli-gnant cependant qu’il devrait continuer d’influencer les régimes climatiques de certaines régions jusqu’en milieu d’an-née. En effet, les modèles de prévision du climat avaient nnoncé un retour à des conditions neutres dès mai 2016,

et il semblait alors probable, toujours selon l’OMM, qu’un épisode La Niña se mette en place au troisième trimestre.

Il y a presque dix ans, en 1997 et 1998, le phénomène El Niño avait entraîné une forte sécheresse au niveau de la région caribéenne et une activité cyclonique réduite. Seulement 7 phénomènes cy-cloniques baptisés ont été enregistrés dans la zone : 4 tempêtes tropicales et 3 ouragans. Les mois d’août et de sep-tembre ont été particulièrement peu actifs avec un seul cyclone évoluant sur l’Atlantique nord.

Lorsque La Niña a suivi, la Caraïbe a connu une période très humide et une saison des pluies bien marquées, avec des excédents pluviométriques de l’ordre de 20 à 40 %. L’activité cyclo-nique s’est révélée très forte à partir de fin août 1998 avec un total de 13 phénomènes cycloniques baptisés sur l’Atlantique : 4 tempêtes tropicales et 9 ouragans dont 4 d’origine strictement cap-verdienne. Les 25 et 26 septembre 1998, pour la 1re fois au cours du siècle, 4 ouragans existaient simultanément sur l’Atlantique nord : Georges, Ivan, Jeanne et Karl. Tous les 4 nous avaient affecté

El Niño, La Niña et la saison cyclonique

Mots du SPGRD

Le Secrétariat permanent de gestion des risques et des désastres (SPGRD) est une instance de coordination tech-nique, responsable des actions de ges-tion des risques prévues dans le Plan national de gestion des risques et des désastres (PNGRD). Il est constitué de représentants d’un haut niveau tech-nique des ministères et de la Croix-Rouge haïtienne.

Présidé par le directeur général du mi-nistère de l’Intérieur et des Collectivi-tés territoriales, le SPGRD coordonne, avec les comités sectoriels et institu-tionnels, l’établissement et l’exécution de plans et stratégies en matière de ré-duction des risques de catastrophe  et assure la promotion de l’inclusion des considérations des risques le processus d’investissement public et privé.

En cas de désastres ou de probabilité de désastres imminents, le SPGRD se transforme en Centre d’opérations d’urgence national et assure, ad hoc, la promotion, la planification, le main-tien et la coordination des opérations de réponse aux urgences et aux catas-trophes, à tous les niveaux.

Nicole François Célhomme est météorologiste et prévisionniste du Centre national de météorologie en Haïti. Elle est également membre du Secrétariat permanent de gestion des risques et des désastres (SPGRD).

Le saviez-vous©DR

©DR

La Protect ion c iv i le Vol.2 No. 1 | 5

...Roby Joseph pour le sauvetage de trois pêcheurs

Roby Joseph, un sauveteur de la protection civile, a retrouvé vivants, trois pê-cheurs portés disparus à Anse d’Hainault, dans la Grand’Anse, lors des intem-péries à la fin du mois de février, plus précisément le dimanche 28. Il a conduit deux opérations de sauvetage aquatique, pour retrouver respectivement, 24 et 48 heures après leur disparition, des pêcheurs dont les embarcations avaient dérivé, en raison des fortes pluies enregistrées ayant rendu difficile la navigation.

Le premier pêcheur a été retrouvé au large de Tiburon, étendu affaibli dans son canot (Bois-Rond). Les deux autres, qui étaient partis pêcher à bord d’un « canot deux places », ont été sauvés le lendemain, au large de l’île de la Navase.

« La direction du vent et la connaissance des courants m’ont permis de conduire à bien les deux opérations », avaient alors précisé Roby Joseph, le sauveteur, qui était alors accompagné de deux autres marins et de deux proches des pêcheurs.

À côté des comités de protection civile, le Système national de gestion des risques et des désastres dispose d’un réseau de plus de 2 000 brigadiers-vo-lontaires, formés et entraînés pour des actions de premiers secours, de déblaie-ment, de sauvetage aquatique et en milieu urbain.

9/27/2016 Google Maps

https://www.google.ht/maps/@18.4240401,­74.4137974,26607m/data=!3m1!1e3 1/1

Images ©2016 DigitalGlobe, Data SIO, NOAA, U.S. Navy, NGA, GEBCO, Landsat, Données cartographiques ©2016 Google 2 km

Chasuble d’honneur à....

La chasuble est un équipement de tra-vail qui sert entre autres à identifier les volontaires dans le cadre d’opérations et assurer la sécurité du celle ou de celui qui la porte. Cette rubrique, qui porte son nom, est dédiée aux institutions et/ou personnalités qui se sont distinguées à travers une action particulière ou la mise en place d’activités menant à la réduction de risques de catastrophe.

Technicien électronicien et électricien du bâtiment de formation, Roby Joseph est à la fois un enseignant et un agent fiscal à la mairie d’Anse-d’Hainault. Il est membre du Comité communal de gestion des risques et des désastres depuis 2006, et a intégré la brigade de la protection civile, en 2011, après avoir reçu une formation en sauvetage aquatique. Roby Joseph s’investit beaucoup dans les activités sociales et culturelles à Anse-d’Hainault et ne rechigne jamais à offrir servir surtout lorsqu’il s’agit de venir en aide à la population.

Le saviez-vous

©DPC

6 | La Protect ion c iv i le Vol.2 No. 1

A cette occasion, Madame Nicole François Célhomme, mé-téorologiste et prévisionniste du Centre national de météo-rologie (CNM), et M. Franz Bellegarde, directeur de l’office régional d’Eau potable et d’Assainissement (Orepa) du Sud-est, ont animé une conférence en vue d’informer et de sen-sibiliser l’assistance sur l’aléa sécheresse et ses impacts sur l’environnement et la société. Une soixantaine de personnes - des étudiants, des techniciennes et techniciens d’institu-tions publiques et d’organisations de la société civile - ont participé aux échanges.

Pour clarifier la compréhension du phénomène, Madame Célhomme a expliqué d’emblée que la sécheresse, à sa-voir l’absence de précipitations sur une zone pendant une longue période, variait selon les pays et leur climat. « Ce phénomène peut être de différents types : soit météorologique, dû à un déficit prolongé de précipitations ; soit agricole, en rai-son d’un déficit en eau dans le sol dépendant des précipitations ainsi que de l’évapotranspiration des plantes ; soit hydrolo-gique, en raison d’un niveau bas des cours d’eau », a-t-elle précisé. Les conséquences de ce phénomène peuvent se

manifester sur la population, mais aussi sur la faune, les forêts, l’agriculture et les réserves d’eau potable. Grâce à ses prédictions, le Centre national de mé-téorologie joue un rôle clé en alertant les autorités et la population des phé-nomènes atmosphériques dangereux (sécheresse, cyclones, fortes pluies, inondations, raz-de marée etc.), et en les aidant à prendre des décisions et des mesures adaptées.

Pour sa part, le directeur de l’Orepa Sud-Est, a donné un aperçu des consé-quences de la sécheresse en 2015, notamment dans l’arrondissement de Belle-Anse, où les ressources hydriques sont déjà très limitées en temps nor-mal. « La sécheresse a provoqué un ta-rissement ou une diminution du débit des sources, la perte des récoltes et des animaux, la mort de nombreux arbres, la migration d’une partie de la popu-

lation », a indiqué M. Bellegarde avant d’annoncer que la direction nationale de l’Eau potable et de l’Assainissement était en train d’intervenir dans la zone, avec le support de différentes organisations internationales, afin d’en limiter les conséquences.

En 2015, plusieurs régions du pays ont connu des problèmes d’accès à l’eau pour l’utilisation domestique ainsi que pour la production agricole et l’élevage, en raison notamment des faibles précipitations enregistrées pendant la saison cyclonique. Cette situation de sécheresse pouvait être ex-pliquée par le phénomène El Niño, selon les experts. Avec l’avènement de La Niña, qui était prévue pour cette année, le pays pourrait connaître la situation opposée, c’est-à-dire un excès de pluies.

La conférence a été organisée avec l’appui de COOPI, Alian-za por la Solidaridad et Helpage International, dans le cadre d’un projet visant à améliorer la résilience face à la séche-resse des acteurs locaux et des familles rurales les plus vul-nérables dans la partie orientale du Sud-Est.

Mieux connaitre la sécheresse et ses impacts sur les communautés

Actualité

Compréhension du risque

En collaboration avec la Coordination départementale de gestion des risques et des désastres, la direction départe-mentale de l’Agriculture, du Développement rural et des Ressources naturelles du Sud-Est a organisé, le 28 avril à Jacmel, une foire agricole dans ses locaux.

À la baie des Moustiques, Port-de-Paix ©Minustah

La Protect ion c iv i le Vol.2 No. 1 | 7

Il s’agit de membres des structures communale et locale de pro-tection civile ainsi que des brigadiers-volontiers qui leur viennent en appui opérationnel, ayant pris part à une formation, organisée par la coordination départementale de gestion des risques et des désastres, du 18 au 22 avril dernier, avec l’appui de Goal. « Cette formation nous a permis de renforcer les capacités opérationnelles du comité communal mais aussi du comité local de Martissant. Ils sont aujourd’hui préparés à réagir notamment par rapport à la me-nace cyclonique, mais aussi face à d’autres phénomènes auxquels leurs communautés sont régulièrement exposées », a souligné Hen-rico Claude, cadre d’appui opérationnel pour le département de l’Ouest et principal animateur de cet atelier.

Durant les cinq jours qu’a duré cette formation, les participantes et les participants ont appris et expérimenté de nombreux gestes qui sauvent en situation d’urgence, selon une approche participative. Au fil des différentes sessions basées sur plusieurs scénarios, ils ont pratiqué des exercices de sauvetage en mer, l’utilisation du matériel et des équipements du dispositif d’intervention de pre-miers secours (DIPS), et le brancardage.

« Grâce à cet atelier, je pourrai mieux servir ma communauté. Tout ce que j’appris me sera utile à titre personnel et pour ma famille et mes proches. La maitrise des gestes qui sauvent peut faire la diffé-rence dans les moments difficiles. Je peux dire que je suis capable de contribuer à faire cette différence en ces moments-là », a reconnu un des bénéficairers.

L’atelier en recherche et sauvetage fait partie d’un programme plus vaste de réduction des risques de catastrophes en milieu urbain. Ce dernier est mis en œuvre avec l’appui de Goal, en partenariat avec l’organisation non gouvernementale italienne COOPI, grâce à un financement de la direction générale de l’Aide humanitaire de la Commission européenne (ECHO). Il contribue au renforcement des capacités de préparation, d’atténuation et de réponse aux catastrophes de plusieurs communautés urbaines, parmi les plus vulnérables. Trois communes du département de l’Ouest - Port-au-Prince, Gressier et Tabarre - sont couvertes.

De nouvelles formations sont programmées, toujours sous l’égide de la coordination départementale de gestion des risques et des désastres. Elles devraient permettre aux structures de protection civile d’accompagner les communautés locales dans la création et la formation créer et former des équipes d’intervention commu-nautaires, élaborer des plans d’urgence, des voies d’évacuation, et de mieux préparer les ménages à travers l’exécution d’exercices de simulation d’urgence.

Une nouvelle équipe de recherche et sauvetage formée à Gressier

Renforcement des capacités locales

La commune de Gressier peut désormais compter sur une nouvelle équipe d’une vingtaine de personnes for-mées en recherche et sauvetage et capables de mieux accompagner la population locale dans les situations d’urgence et catastrophe.

Scéance pratique de sauvetage aquatique, Gressier ©Goal

L’animateur principal en pleine scéance de formation, Gressier ©Goal

8 | La Protect ion c iv i le Vol.2 No. 1

Décès de Julie Leonard, une colla-boratrice de longue date du Sys-tème national.- Les amies et amis de la communauté humanitaire, parti-culièrement ceux de la direction de la Protection civile haïtienne ont appris avec beaucoup de tristesse la nouvelle de la mort de Julie Leonard, conseillère régionale du bureau d’USAID/OFDA LAC, survenue le 28 avril dernier, après une bataille de courte durée contre le cancer.

Julie a travaillé dans toute la région de l’Amérique latine et de la Caraïbe. En Haïti, elle était très engagée dans le renforcement des capacités à travers des organisations non gouvernemen-tales telles que la World Vision, Save the Children et World Concern. Elle a commencé à établir les contacts avec la direction de la Protection civile au début des années 2000. En 2006, avec d’autres collègues, elle a initié l’intro-duction du programme régional de formation d’OFDA en Haïti à travers

le programme d’appui au Système national de gestion des risques et des désastres (SNGRD) du PNUD. En 2008, elle a été la cheffe de l’équipe de ré-ponse aux désastres envoyée en Haïti après le passage des 4 cyclones dévas-tateurs et a appuyé la coordination de la réponse de l’USAID/OFDA particu-lièrement aux Gonaïves.

En 2009, elle a passé toute l’année en Haïti et a coordonné les différents projets de réhabilitation financés par USAID/OFDA. L’année suivante, quand survint le tremblement de terre, Julie, qui avait une parfaite connaissance du pays, était dans le premier vol vers Haïti et a joué un rôle majeur dans l’identification des besoins et dans la planification de la réponse initiale à cette catastrophe.

La direction de la Protection civile gar-dera un bon souvenir de cette collabo-ratrice et de son apport au développe-ment du SNGRD.

Une session de VPC dans une industrie.- Une trentaine d’employées et d’employés de la Brasserie nationale d’Haïti, des volontaires de la protection civile et de la Croix-Rouge haïtienne ainsi qu’une délégation du comité thématique Éducation et Sensibilisation du public ont pris part, le 3 juin, à la première session spéciale de Vendredis de la protection civile, organisée dans une entreprise privée. Plusieurs épreuves, parmi lesquelles l’initiation au matelotage et aux premiers soins, les techniques de transport de blessés, la préparation de kits d’urgence ont composé les Vendredis de la protection civile. Il s’agit d’un programme ludique, axé sur la sensibilisation et la préparation des communautés aux urgences. Depuis mai 2013, plus de 130 sessions des Vendredis de la protection civile ont été organisés à travers différents établissements scolaires et dans pluieurs communautés du pays. L’Alliance pour la gestion des risques et la continuité des activités (Agerca), une association regrou-pant une quinzaine d’entreprises du secteur privé, et le PNUD ont appuyé cette activité.

Clichés et brèves

La Journée mondiale de l’eau célébrée dans le Sud-Est.- L’office régional d’Eau potable et d’Assainissement (Orepa) du Sud-est a célébré, le 22 mars, la Journée mondiale de l’eau autour du thème «  l’eau et l’emploi ». Plusieurs partenaires, dont des structures de la protection civile, le minis-tère de la Santé publique et de la Popula-tion, la Solidarité internationale, l’Unicef, Save the Children ont contribué à la réalisa-tion de différentes activités, notamment une marche de sensibilisation à Jacmel. Celle-ci, ponctuée d’une mini-conférence publique sur l’eau potable ou potentiel vecteur de maladies, a réuni des sapeurs pompiers, des policiers, des brigadiers volontaires de la protection civile, des scouts et des élèves.

Julie Leonard, au centre ©DR

Saut d’eau dans le Centre ©VNU

Une participante en train de réaliser un nœud ©DPC

La Protect ion c iv i le Vol.2 No. 1 | 9

Soixante mètres de gabionnage pour protéger une communauté.- Des dizaines de familles de la localité de Bigarade, commune de Cité Soleil, aupara-vant très exposées aux débordements de la rivière Grise, vont connaître un répit grâce à la construction d’un gabionnage de 60 mètres de longueur et de six

mètres de haut. La réalisation de cet ouvrage, vivement souhaitée par la population locale, y compris l’équipe d’intervention communau-taire (EIC) de Bigarade-Da-mien, a bénéficié d’un appui du Bureau américain d’as-sistance aux catastrophes à l’étranger (OFDA), à travers COOPI.

SOS Villages d’Enfants fête son 67e anniversaire. L’anniversaire fut cé-lébré, le 23 juin, à travers 134 pays, en hommage au Docteur Hermann Gmeiner, le fondateur, et en l’honneur des enfants, des jeunes, des collaboratrices et colla-borateurs SOS. Les enfants et jeunes SOS ont étonné leurs invités par leurs talents de danseurs, de musiciens... dans les trois villages de SOS Villages d’Enfants Haï-ti, association membre de la Fédération internationale de SOS Villages d’Enfants. Aujourd’hui, 130  000 enfants bénéficient des 400 écoles primaires et maternelles du réseau et 16  000 jeunes de ses écoles professionnelles. En Haïti, ils sont 446 enfants à travers les 57 maisons familiales, 531 jeunes dans l’école professionnelle basée au Cap-Haïtien, 2 630 dans les trois écoles primaires, 3 662 dans les 42 écoles maternelles (centres communautaires) et 468 bénéficient des programmes pour jeunes. SOS Villages d’Enfants veut que chaque enfant ait sa place dans une famille et grandisse dans un climat d’affection, de respect et de sécurité. Sur ce point-ci, des volontaires de la protection civile leur ont appris des gestes qui peuvent sauver en situation d’urgence ou de catastrophe en marge de la fête.

Clichés et brèves

Animation d’un stand d’information et de sensibilisation à Livres en folie.- Au moins 2 000 personnes, particulièrement des enfants, accompagnés de leurs parents, des adolescentes et adolescents, ont visité un stand d’information et de sensibilisation animé par le comité thématique Éducation et Sensibilisation du public et des volon-taires de la protection civile, à l’occasion de la 22e édition des «Livres en folie», les 26 et 27 mai, au parc historique de la Canne-à-sucre, à Tabarre. De nombreux visiteuses et visiteurs se sont prêtés au jeu des ques-tions-réponses sur les risques majeurs et les conduites à tenir en cas d’urgence ou de catastrophe pour recevoir des brochures et des dépliants d’information, incluant la bande dessinée « Ti Joël al nan plaj », un album autour du risque de tsunami mettant en vedette le personnage éponyme. Une di-zaine de volontaires de la protection civile ont animé parallèlement, le vendredi 28, un stand d’information et de sensibilisation à Piéton-Ville, où Concern et HelpAge Inter-national organisaient une foire agro-artisa-nale sur la place Boyer.

Lancement de trois CDC dans le Nord, le Nord-Est et le Sud-Est.- Le Système national de gestion des risques et des désastres a procédé au lancement, dans un premier temps, de deux cellules départementales de communication (CD) lors de deux ateliers, qui se sont déroulés respec-tivement les 6 et 7 juin dans le Nord et les 8 et 9 au Nord-est. Ces cellules,

qui constituent les extensions, au ni-veau départemental, du comité thé-matique Éducation et Sensibilisation du public et du Pool de communi-cation du SNGRD, contribueront au renforcement de la coordination des actions d’éducation et de sensibilisa-tion des populations locales et à leur information en temps normal comme en situation d’urgence.

En moyenne, 25 représentantes et représentants de directions départe-mentales ministérielles, de structures de la protection civile, de médias lo-caux et d’organisations partenaires du SNGRD ont pris part à ces ateliers, qui ont été réalisés avec l’appui d’OX-FAM et du PNUD. Une troisième cel-lule a été créée dans le Sud-Est, les 11 et 12 août avec l’appui du PNUD et de COOPI.

Atelier de création de la CDC du Nord-Est, COUD ©Oxfam Animation à la foire des « Livres en folie » ©Oxfam

Construction en cours du gabionnage à Bigarade, ©COOPI

Construction en cours du gabionnage à Bigarade, ©COOPI

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Se préparer et maintenir la garde à tous les niveauxQuatre mois se sont écoulés depuis le 1er juin et le début de la saison cyclonique moyenne dans la Caraïbe et dans l’Atlantique. Celle-ci durera jusqu’au 30 novembre, avec un potentiel pic attendu en octobre. Située dans le corridor de passage des cyclones, l’île d’Haïti est souvent frappée par ces phénomènes. Rappelons que le pays a enregistré plus de 10 cyclones, qui ont été considérés comme étant catas-trophiques, au cours des 50 dernières années.

Récemment, le pays a connu un calme relatif, ayant surtout été affecté par des sécheresses anormalement sévères, de-puis le passage de l’ouragan Sandy, en 2012. Ce cyclone avait fait 54 morts et 21 disparus, et laissé plus de 39.000 fa-milles sinistrées à travers le pays, dont environ 13% dans les camps d’hébergement mis en place après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 dans l’Ouest. Cette année, les prévisions de l’université du Colorado aux Etats-unis avaient

fait état d’une saison cyclonique moyennement active, avec en moyenne 12 tempêtes nommées, 5 ouragans et 2 oura-gans majeurs. Néanmoins, « il suffit d’un seul cyclone im-portant pour que la saison soit catastrophique pour nous », met en garde la direction de la Protection civile, martelant la nécessité de renforcer chaque jour davantage la prépara-tion de la saison cyclonique et des rester mobilisés à tous les niveaux.

Madame Jean-Baptiste fait ainsi écho au ministre de l’Inté-rieur et des Collectivités territoriales, M. François Anick Jo-seph, qui, dans son message officiel à l’occasion de l’ouver-ture de la saison cyclonique, avait recommandé de « ne pas baisser la garde ». « Déjà, les pluies d’avril et de mai nous ont rappelé la grande vulnérabilité du pays qui s’est traduite par des dégâts importants dans presque tous les départements géographiques et d’un total de 32 morts et près de 15 000

Le dossier

Inondations aux Gonaïves, septembre 2008 ©Minustah

La Protect ion c iv i le Vol.2 No. 1 | 11

familles sinistrées sans compter des mil-liers de domiciles endommagés », avait-il alors souligné.

Une année particulière Au moins le tiers des 11 millions d’habitants que compte le pays sont considérés comme fortement exposés aux dangers des phénomènes hydro-météorologiques que sont les forts vents, les fortes pluies, les marées de tempête, les houles cycloniques, ainsi qu’à leurs conséquences directes, tels les inondations et les mouvements de terrain. La vulnérabilité du pays est ac-crue par divers facteurs environnemen-taux et sociaux tels que la dégradation généralisée de l’environnement ou la précarité socio-économique de la po-pulation. Les 62.000 déplacés suite au

séisme de 2010 qui vivent encore dans des camps d’hébergement sont quant à eux particulièrement exposés. Sans compter la menace bien réelle des pics de l’épidémie de choléra qui suivent en général les épisodes de pluie. Ajouté à cela que 2016 est une année particu-lière à bien des égards, du fait notam-ment du contexte électoral (les élec-tions sont prévues pour le 9 octobre) et de l’arrivée de nombreux décideurs nouvellement élus pour qui la gestion de cette saison cyclonique est un exer-cice inédit. C’est dans ce contexte que se prépare sans arrêt la saison cyclo-nique 2016.

Une préparation continueConformément aux priorités avan-cées par le Plan national de gestion

des risques et désastres, un des rôles du Système national de gestion des risques et des désastres consiste à ren-forcer les capacités de réponse en cas de désastre, à tous les niveaux, depuis le niveau local jusqu’au niveau central.

La saison cyclonique est ainsi anticipée et préparée chaque année à travers la mise à jour d’un plan de contingence et l’organisation d’exercices de simula-tion (SIMEX) hydrométéorologiques. Le principal exercice national d’envergure sur les cyclones et les inondations a mobilisé, les 9 et 10 août, pplus de 400 personnes, à travers les départements des Nippes et de la Grand’Anse et au niveau central. Organisé avec l’appui financier de l’Union européenne via le service de la Commission européenne à l’aide humanitaire et à la protection

Les cyclones ayant frappé Haïti ces 10 dernières années

NovembreOctobre

SeptembreAoût

JuilletJuin

Dean Noël

ErnestoLe cyclone s’est intensifié au stade d’ouragan le 27 septembre au matin, juste au sud des côtes d’Haïti. Il a fait 2 morts, 950 sinistrées et provoqué divers dégâts matériels.

TomasLe vendredi 5 novembre, en début de matinée, la tempête tropicale Tomas, passée au stade d’ouragan dans la nuit, se trouvait au large de la péninsule sud d’Haïti, où elle a déversé jusqu’à 250 mm de pluies. Son passage sur le pays a fait 21 morts et 9 disparus.

Une zone de perturbation, qui allait être classée tempête tropicale, le 1er juin, a provoqué, les 30 et 31 mai, des inondations qui sont à l’origine d’une dizaine de victimes au moins. L’ouragan Dean, qui atteint les catégories 3 puis 4 le 18 août, est passé au sud de la Répub-lique dominicaine et d’Haïti, où les pluies diluviennes ont fait de nombreuses victimes… La tempête tropicale Noël a provoqué plus de 100 morts ou disparus, suite aux inondations et coulées de boue.

Emily

Fay Gustav Hanna IkeEntre le 16 août et le 5 septembre, en à peine 20 jours, 4 cyclones consécutifs frappent le pays… Il s’agissait de la tempête tropicale Fay, de Gustav, devenu ouragan de catégorie 1 au Sud d’Haïti, de Hanna, un ouragan de catégorie 3 puis 4, et de Ike. Le bilan s’éleva à 793 morts et 310 disparus, plus de 165.000 ménages affectés.

Isaac SandyLes 24 et 25 août, le pays enregistre 24 morts, 3 disparus et 42 blessés en raison du passage de la tempête tropicale Isaac. Environ 16.000 personnes ont dû être évacuées et 13.500 placées dans 92 abris provisoires. Le 24 octobre, l’ouragan Sandy fait 54 morts, 21 disparus et 20 blessés.

ErikaAlors qu’il surveille la tempête tropicale Danny, le Centre national de météorologie annonce la naissance, le 25 août, de la tempête tropicale Erika, qui perdra ses caractéristiques cycloniques au Sud-Est d’Haïti le 29 août en fin de matinée.

Après de fortes inquiétudes, notamment en raison de la menace qui pesait sur Port-au-Prince et les camps qui abritaient les déplacés du séisme du 12 janvier de 2010, la tempête tropicale Emily a touché le sud du pays, où les fortes pluies ont provoqué des inondations, sans faire de mort. Bilan : 300 familles sont victimes. Des structures de traitement du choléra ont été emportées.

Zone de pertubation - dépressionTempête tropicaleOuraganOuragan majeur

2008 2012

2011

2015

2006 2010

2007

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civile (ECHO), ce SIMEX a aidé à ren-forcer les capacités opérationnelles du SNGRD aux niveaux central et décen-tralisé afin de réduire la vulnérabilité de la population haïtienne, de renfor-cer la réponse et de minimiser l’impact des désastres.

Globalement, la préparation de la sai-son cyclonique s’organise autour d’un comité de pilotage et de coordination, selon 9 axes :Le plan de contingence.- Le pays dispose d’un plan de contingence na-tional révisé, de plans de contingence cycloniques dans les 10 départements ainsi que de plans de réponse à jour dans 46 communes. Sept plans de contingence sectoriels ont également été développés, notamment par les Travaux publics, la Santé, la Police na-tionale...

La gestion de l’information.- Les aires de traitement de données au niveau des centres d’opérations d’ur-gence ont été renforcées, grâce à la

mise en place, l’année dernière et cette année, de neuf cellules départe-mentales de gestion de l’information et la formation de leurs membres. Cela porte le total des cellules fonc-tionnelles à dix. Dans les mois qui viennent, une dernière cellule de ges-tion de l’information sera mise en place dans le Sud-Est. Des exercices de table en gestion de l’information doivent également être réalisés pour tester ces cellules, comme cela a pu être le cas durant la préparation du Simex séisme et tsunami qui s’est tenu au Cap Haïtien en mai 2016.

Les exercices de simulation.- Les exercices de simulation constituent la pierre angulaire de la preparation à la saison cyclonique ; ils servent à tester les plans de contingence et à preparer les équipes à réagir en situation d’ur-gence. Le plus important exercice de table, déjà mené, a concerné le niveau central avec le Secretariat permanent de gestion des risques et des dé-sastres. Il fut suivi d’un atelier d’orien-

tation et de planification d’exercice de simulation hydrométéorologique (SPGRD et DPC). L’événement phare de la saison cyclonique s’est déroulé les 9 et 10 août avec le Simex national, mentionné plus haut.

La préparation des évacuations et abris provisoires et la protection.- Selon l’inventaire des abris provisoires, plus de 1.300 abris sont disponibles dans les 10 départements du pays et peuvent accueillir jusqu’a 340.000 personnes. L’Unite de construction de logements et de bâtiments publics (UCLBP) a construit 3 nouveaux abris provisoires. Les 10 comités départe-mentaux d’évacuation et de gestion des abris provisoires ont été mis en place. Le manuel de réponse d’abris d’urgence a été revise et 100 forma-teurs ont été formés en gestion des abris provisoires.

Enfin, il convient de rappeler que l’in-ventaire des abris provisoires doit être mis a jour chaque année.

Exercice d’évacuation à Camp-Perrin dans le Sud ©DPC

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La logistique et les telecommuni-cations.- Huit cellules départemen-tales de gestion des stocks ont été mises en place ; l’inventaire des stocks au niveau des entrepôts des centres d’operation d’urgence a été réalisé, ce qui doit permettre de les renflouer à l’avenir et de mobiliser des fonds pour leur sécurité et celle des COUD. Le ré-seau de communication du SNGRD a également été testé dans cinq dépar-tements.

L’information du public.- Le comi-té thématique Education et Sensibili-sation du public s’est mobilisé depuis plusieurs mois pour l’information du public. Avec ses partenaires, il a multi-plié les interventions en vue d’aider la population à réagir aux dangers liées à la saison cyclonique. Il s’est encore renforcé par la création de cellules de communication dans trois départe-ments.

Les actions d’attenuation.- Un groupe de travail dénommé « task force mitigation » a été formé au ni-veau gouvernemental et les actions prioritaires au niveau départemental ont été identifiées.

L’alerte precoce.- L’alerte est un élément décisif du dispositif, dont de nombreuses vies dépendent. Une in-formation transmise de façon régu-lière en temps réel est essentielle pour déclencher les dispositifs d’urgence à temps pour faire face à l’urgence. C’est déjà le cas en Haïti avec la transmis-sion des bulletins météo. L’alerte est donnée à plusieurs niveaux, notam-ment grâce à des mécanismes régio-naux et des systèmes d’alertes inclusifs au niveau de plusieurs communautés. Des emissions télévisées sur la météo (RTNH) sont également diffusées.

Une forte mobilisationLa gestion de la saison cyclonique concerne différentes institutions et tous les niveaux de l’Etat. Au niveau déconcentré et décentralisé, ce sont plus de 6.000 personnes qui peuvent être impliquées sur tout le territoire en

cas de cyclone, depuis les 2.000 briga-diers-volontaires de la protection ci-vile, les sapeurs pompiers volontaires et professionnels jusqu’aux structures institutionnelles de protection civile. Au niveau communautaire, le système peut s’appuyer sur plus de 10.000 personnes à travers les équipes d’in-tervention communautaire, les co-mités locaux de gestion des risques

et désastres, les 3.000 volontaires de la Croix-Rouge haïtienne et d’autres regroupements de volontaires pen-dant au moins les deux derniers mois de la saison cyclonique. Face à cette situation et au pire qui peut survenir, le gouvernement et les structures de protection civile maintiennent une forte mobilisation qui permettra d’at-ténuer les dégâts éventuels.

La préparation communautaire inclusive face aux risques de catastropheIl est essentiel de considérer le contexte social dans lequel est planifié un processus de préparation communautaire et d’intégrer toutes ces composantes, sans négliger la participation de toutes les communautés notamment les communautés potentielle-ment marginalisées et vulnérables : les personnes âgées, les femmes, les enfants et les personnes handicapées. La problématique de l’inclusion de ces groupes dans la pré-

vention des catastrophes a été examinée lors d’une fructueuse journée de réflexion de trois jours axée sur l’élaboration d’un système d’alerte précoce (SAP) au niveau communautaire au mois de mai dernier à Baudin, quartier de la section communale de Petite-Anse au Cap-Haïtien, dans le dé-partement du Nord.

Plusieurs discussions ont été réalisées par différents intervenants avec la parti-cipation active des membres des équipes d’intervention communautaire (EIC), de la Protection civile et la Croix Rouge haï-tienne. Cette activité a mis les personnes handicapées au devant de la scène en vue

d’attirer l’attention de la société et des différents acteurs sur les besoins réels des fa-milles vulnérables. Plus d’une dizaine de membres des communautés de Baudin et de Madeline y ont participé, dont deux personnes à mobilité réduite.

Durant cette rencontre, la place était réservée à Saintilmé Osias, 70 ans, marié et père de 10 enfants. Amputé de sa jambe droite en raison d’un problème majeur de diabète, Saintilmé fait partie de ceux qui ont été particulièrement touchés par les messages d’in-clusion véhiculés par OXFAM et son partenaire Handicap International ; une approche qui guide continuellement les actions de son Projet DIPECHO. Ces échanges en ma-tière de réduction de risques au sein de la communauté locale ont permis l’ébauche d’outils de GRD tels qu’un tableau historique des catastrophes majeures et récurrentes dans la localité, une carte artisanale des risques et des espaces exposés dans la zone, la mise en place d’un système de surveillance, un plan d’action communautaire et d’ac-compagnement des familles vulnerables.

Après cet atelier, des activités similaires seront développées en juin à Savane-au-Lait et Savane Longue dans le Nord-Est.

M. Osias sur sa chaise roulante ©Oxfam

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Pour une meilleure inclusion des enfants,des adolescentes et adolescents handicapésLa situation des enfants, des adolescentes et des adoles-cents vivant avec un handicap mental ou physique est très préoccupante en Haïti. En plus des multiples formes de discrimination qu’ils subissent régulièrement et ceci dès la naissance, ils figurent parmi les groupes les plus vulnérables aux risques de catastrophes. Sur le terrain, des combats sont menés en vue d’assurer une meilleure prise en compte des personnes handicapées dans la planification de la vie com-munautaire haïtienne. Mais, la bonne volonté ne suffit pas.

Nous avons vécu une situation particulière au moment de participer à un exercice de simulation (SIMEX) séisme et tsu-nami que le Système national de gestion des risques et des désastres a organisé, le vendredi 6 mai au Cap-Haïtien, avec notamment l’appui du Programme des Nations unies pour le développement. Alors que les activités de préparation progressaient, les directions de plusieurs écoles, croyant bien faire, ont décidé de ne pas inclure les élèves handica-pés dans les activités d’évacuation. Elles ne voulaient pas prendre de risque et entendaient ainsi protéger Santiana

Etienne, élève de CM2 à l’école Notre-Dame de Lourdes, et quatre jeunes camarades en provenance d’autres établisse-ments scolaires de la deuxième ville du pays. Santiana, âgée de 13 ans, habite à Quartier-Laboul, secteur Nord-Est du Cap-Haïtien, ville fortement exposée aux risques sismique et de tsunami. Elle vit depuis sa naissance avec une défor-mation de la jambe gauche. « Participer à cette évacuation, en compagnie de mes camarades et d’autres élèves de la ville m’a apporté joie et bonheur », nous a-t-elle confié à l’issue du SIMEX auquel elle a failli ne pas prendre part.

Il a fallu l’intervention du bureau du secrétaire d’Etat à l’In-tégration des personnes handicapées (BSEIPH), avec l’appui d’une équipe d’Oxfam et de Handicap International, à tra-vers le comité thématique Education et Sensibilisation du public, pour changer la première donne. Il a fallu surtout convaincre et sensibiliser les directions des écoles concer-nées sur l’importance de l’inclusion des élèves handica-pés et s’engager directement à les accompagner durant le SIMEX, pour que ces cinq élèves soient inclus dans les délé-gations d’une vingtaine d’établissements scolaires localisés dans l’aire d’évacuation prédéfinie.

Malgré son jeune âge, elle possède déjà des notions de base sur l’importance de l’intégration des personnes han-dicapées dans la préparation aux risques de catastrophes, un sujet qui lui tient fortement à cœur. Elle a acquis, lors du SIMEX, des informations cruciales en matière de prépa-ration aux désastres et des attitudes à adopter en cas de tremblement de terre ou de tsunami, qui peuvent aider à sauver des vies : la sienne d’abord, mais aussi celles de sa petite sœur Wilna, 10 ans, de son petit frère Stanley, 8 ans, et de sa mère Williane, avec qui elle compte partager son expérience et ses nouvelles connaissances.

Page des lecteurs

A vos plumes et claviers.- Chers lectrices et lecteurs, je prends plaisir à vous présenter, dans ce premier numéro de la nouvelle mouture du bulletin trimes-triel La Protection civile : la page des lecteurs. Autrement dit, une page qui vous est entièrement consacrée. Vous avez des questions sur la réduction des risques de catastrophes, sur les structures de protection civile ; vous avez vécu une expérience particulière avant, pendant ou après une situation d’urgence et de catastrophe ; vous avez pris une initiative pour informer et sensibilisation votre communauté sur les risques majeurs... n’hésitez surtout pas à nous envoyer vos messages, électro-niques ou non [voir contacts en quatrième de couverture] et faites de cette page votre tribune pour des communautés résilientes. Aujourd’hui pour commencer, mais exceptionnellement, nous vous proposons le témoignage d’un gestionnaire d’urgence. Il avait particité le 6 mai dernier à l’exercice de simulation séisme et tsunami, que nous avons réalisé au Cap-Haïtien et a suivi une jeune participante pendant l’évacuation de plus de 3 500 élèves : Santiana.

Témoignage

Madame Alta Jean-Baptiste, Directrice de la Protection civile ©Oxfam

Santiana Etienne ©Oxfam

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Les cyclones sont parmi les plus dévastateurs des phéno-mènes météorologiques. Ils représentent un risque majeur pour l’ensemble des zones intertropicales, y compris l’At-lantique et la Caraïbe. En raison notamment de la force du phénomène, et en dépit des progrès effectués dans sa com-préhension et dans les mesures de surveillance, les cyclones sont chaque année à l’origine de bilans humains et écono-miques catastrophiques.

Les cyclones sont des perturbations atmosphériques tour-billonnaires, de grandes échelles, associées à une zone de

basses pressions. Ils se forment dans les régions tropicales. Ils sont caractérisés par des pluies intenses et des vents très violents (supérieurs à 117 km/h), tournant dans le sens des aiguilles d’une montre (hémisphère sud) ou dans le sens in-verse ou antihoraire (hémisphère nord).

Les dangers des cyclones se caractérisent par :I. La force des vents, dont les rafales peuvent dé-

passer les 300 km/h. Les changements de di-rection et les renforcements, souvent brutaux, notamment de part et d’autre du passage de l’œil, peuvent être à l’origine de dégâts consi-dérables ; par ailleurs, le vent, lorsqu’il atteint des valeurs très élevées, transforme en véri-tables missiles les objets parfois très lourds qu’il est alors capable d’emporter ;

II. Les précipitations souvent torrentielles, source d’aléas importants : inondations, glissements de terrain et coulées boueuses en particulier ;

III. Une surélévation du niveau de la mer anor-male et temporaire qui, associée à la marée astronomique, donne ce que l’on appelle la marée de tempête ;

IV. La houle cyclonique, dont les vagues générées par le vent, hautes d’une dizaine de mètres ou plus, peuvent être observées jusqu’à 1 000 km du cyclone à l’origine de sa formation.

A savoir

Les dangers des cyclones tropicaux

Des riverains le long d’une rivière en crue après le passage de l’ouragan Sandy en 2012 ©Minustah

Le boulevard du Cap-Haïtien pendant le passage de l’ouragan Irène au nord des côtes haïtiennes ©MARNDR-Nord

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