1
L es évolutions des marchés du droit vont très vite et les forces émergentes qui pro- voquent ces transformations aussi, économie numérique oblige. De nouveaux fournisseurs de services juridiques ou quasi- juridiques sont des nouveaux concurrents féroces : ces legal startup ont des modèles écono- miques très rentables avec des prestations à bas coûts, intégrant celles parfois d’une nouvelle génération d’avocats intervenant via ces plateformes numériques. Nos clients dis- posent aussi et utilisent les outils technologiques qui réduisent, selon eux, leurs besoins de recourir aux services d’un avocat ou d’une assistance juridique. Bref, ces concur- rences vont-elles atomiser les prestations juridiques et les cabinets d’avocats ? Certainement pas ! D’abord parce que l’intel- ligence artificielle, les lo- giciels et algorithmes appliqués aux problé- matiques juridiques ont des limites. Télécharger un code ne permet pas de rédiger une assigna- tion. Remplir un formulaire n’assure pas la saisine du bon tribunal. Acheter un kit de contrats de disposer de celui correspondant à ses besoins. Enfin, jamais l’ordinateur ne remplacera l’avocat, en tous les cas le bon praticien du droit. Il faut donc valoriser nos compétences juridiques en tenant compte de ces nouveaux paradigmes. Pour cela, encore une fois, nos confrères du continent américain ont pensé des solutions innovantes avec le Justice Entrepreneurs Pro- ject du barreau de Chicago ou le CBA legal futures initiatives du barreau du Canada. Leurs objectifs : fédérer les confrères par un espace commun d’échanges de connaissances, de compé- tences avec les besoins des clients connectés ; mettre en sy- nergie les forces juridiques que sont les entités Pro Bono, les universités, les agitateurs au service des clients ; et assurer l’intermédiation avec les parti- culiers, les TPE/TPI, par des solutions en lignes innovantes, labellisées par les barreaux en conformité avec leurs règles et leurs déontologies. Agir au lieu de subir la transformation. L’incubateur du barreau de Paris, animé par de jeunes confrères, a remis cinq pistes de réflexions au conseil de l’Ordre des avocats de Paris en juillet dernier pour évoluer en ce sens, visant nos activités commerciales, l’ouverture de nos capitaux, la publicité et le démar- chage, l’assouplissement de nos modes de rému- nérations et la promotion de l’acte d’avocat né du rapport Darrois. Mais il faut aller vite pour promouvoir le nouvel avocat « mieux connecté », favoriser les structures partagées et bientôt l’avocat à l’ère de l’interprofessionalité. Nos multiples commissions professionnelles ont assurément déjà écrit le cahier des charges de ces nouveaux sites, ces nouvelles solutions en ligne qui seront impulsées, fédérés et labélisés par nos Ordres. Il ne reste plus qu’à conduire enfin le projet comme d’autres et ainsi valoriser nos compétences, assurer le lien entre les avocats et celui avec les clients au lieu de lais- ser la place libre à des sites commerciaux. Il faut agir et vite ! Cette semaine Fiscal : Scotto recrute une équipe de Latham & Watkins (p2) Weinberg Capital Partners s’empare de l’ADIT : six cabinets sur le dossier (p3) Cinq cabinets sur l’acquisition de Flexi- tech par Sun Capital (p4) Avocats Actions Conjointes, quand l’Ordre facilite l’accès aux conten- tieux de masse (p5) Nouvelles concurrences pour les services juridiques des avocats : à quand nos plateformes dédiées et fédérées par nos barreaux ? Point de vue « L’ignorance coûte plus cher que l’information » John F. Kennedy Jamais l’ordinateur ne remplacera l’avocat, en tous les cas le bon praticien du droit 93 % C’est la proportion de jeunes pousses du web qui utilisent des instru- ments de capital pour motiver leurs salariés. Source : Baromètre France Digitale 2015 cité par Cohen & Gresser dans son étude sur « La France, paradis des start-up ? », Nov. 2015 La Lettre des juristes d’affaires 16 novembre 2015 - N°1231 - Chaque lundi depuis 1990 - ISSN 1143-2594 Par Anne Salzer, avocate

Nouvelles concurrences pour les services juridiques des avocats : à quand nos plateformes dédiées et fédérées par nos barreaux ?

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Nouvelles concurrences pour les services juridiques des avocats : à quand nos plateformes dédiées et fédérées par nos barreaux ?

Les évolutions des marchésdu droit vont très vite et lesforces émergentes qui pro-

voquent ces transformationsaussi, économie numériqueoblige.

De nouveaux fournisseurs deservices juridiques ou quasi-juridiques sont des nouveauxconcurrents féroces : ces legalstartup ont des modèles écono-miques très rentables avec desprestations à bas coûts, intégrant celles parfoisd’une nouvelle génération d’avocats intervenantvia ces plateformes numériques. Nos clients dis-posent aussi et utilisent les outils technologiquesqui réduisent, selon eux, leurs besoins de recouriraux services d’un avocat ou d’une assistancejuridique. Bref, ces concur-rences vont-elles atomiserles prestations juridiques etles cabinets d’avocats ?Certainement pas !

D’abord parce que l’intel-ligence artificielle, les lo-giciels et algorithmes appliqués aux problé-matiques juridiques ont des limites. Téléchargerun code ne permet pas de rédiger une assigna-tion. Remplir un formulaire n’assure pas la saisinedu bon tribunal. Acheter un kit de contrats dedisposer de celui correspondant à ses besoins.Enfin, jamais l’ordinateur ne remplacera l’avocat,en tous les cas le bon praticien du droit. Il fautdonc valoriser nos compétences juridiques entenant compte de ces nouveaux paradigmes.

Pour cela, encore une fois, nos confrères ducontinent américain ont pensé des solutionsinnovantes avec le Justice Entrepreneurs Pro-ject du barreau de Chicago ou le CBA legalfutures initiatives du barreau du Canada. Leursobjectifs : fédérer les confrères par un espace

commun d’échanges deconnaissances, de compé-tences avec les besoins desclients connectés ; mettre en sy-nergie les forces juridiques quesont les entités Pro Bono, lesuniversités, les agitateurs auservice des clients ; et assurerl’intermédiation avec les parti-culiers, les TPE/TPI, par dessolutions en lignes innovantes,labellisées par les barreaux enconformité avec leurs règles etleurs déontologies. Agir au lieu

de subir la transformation.

L’incubateur du barreau de Paris, animé parde jeunes confrères, a remis cinq pistes deréflexions au conseil de l’Ordre des avocats de

Paris en juillet dernier pourévoluer en ce sens, visantnos activités commerciales,l’ouverture de nos capitaux,la publicité et le démar-chage, l’assouplissementde nos modes de rému-nérations et la promotionde l’acte d’avocat né du

rapport Darrois. Mais il faut aller vite pourpromouvoir le nouvel avocat « mieux connecté »,favoriser les structures partagées et bientôtl’avocat à l’ère de l’interprofessionalité.

Nos multiples commissions professionnellesont assurément déjà écrit le cahier descharges de ces nouveaux sites, ces nouvellessolutions en ligne qui seront impulsées, fédéréset labélisés par nos Ordres. Il ne reste plus qu’àconduire enfin le projet comme d’autres et ainsivaloriser nos compétences, assurer le lien entreles avocats et celui avec les clients au lieu de lais-ser la place libre à des sites commerciaux.

Il faut agir et vite !

Cette semaine

Fiscal : Scotto recrute!

une équipe de Latham &Watkins (p2)

Weinberg Capital!

Partners s’emparede l’ADIT : six cabinetssur le dossier (p3)

Cinq cabinets!

sur l’acquisition de Flexi-tech par Sun Capital (p4)

Avocats Actions!

Conjointes, quand l’Ordrefacilite l’accès aux conten-tieux de masse (p5)

Nouvelles concurrences pour les services juridiquesdes avocats : à quand nos plateformes dédiéeset fédérées par nos barreaux ?

Point de vue

« L’ignorance coûte plus cher que l’information » John F. Kennedy

“ Jamais l’ordinateurne remplacera l’avocat,

en tous les casle bon praticien du droit

93 %C’est la proportion dejeunes pousses du webqui utilisent des instru-ments de capital pourmotiver leurs salariés.

Source : Baromètre FranceDigitale 2015 cité par Cohen& Gresser dans son étudesur « La France, paradisdes start-up ? », Nov. 2015

La Lettredes juristes d’affaires

16 novembre 2015 - N°1231 - Chaque lundi depuis 1990 - ISSN 1143-2594

Par Anne Salzer, avocate!