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Cercle des communicants francophones Itw express #22 « En matière de communication politique, pour toucher les jeunes sur internet, il faut utiliser l’humour, l’ironie et la dérision » Dans le cadre de son Master de Communication publique et politique suivi à l’UPEC, Jérémy Herry (@JeremyHerry ) a réalisé un travail de recherche sur ''la communication électorale numérique auprès des jeunes''. Récemment, il a animé une formation sur ce sujet pour les Jeunes écolos (@Jeunes_Ecolos ). Le Cercle des communicants francophones lui a posé trois questions afin de lui permettre de partager son expérience. En période électorale, quels sont les objectifs de communication sur les supports numériques ? Jérémy Herry (JH) : Je pense qu’il est d’abord important de se rendre compte qu’il ne faut pas réfléchir une campagne de communication électorale à travers les outils. Il faut d’abord établir une stratégie de communication générale, avec des objectifs en termes de messages à communiquer et de publics à atteindre. Le choix des outils vient ensuite, selon ce qui est le plus approprié par rapport aux objectifs de communication. Les objectifs de communication sur les supports numériques en période électorale peuvent donc varier selon l’élection, le parti ou le candidat. Par exemple, un petit parti aura un objectif de visibilité sur internet beaucoup plus grand que les partis majoritaires, étant donné sa position dans le paysage médiatique classique. Maintenant, de manière générale, on remarque qu’internet a plutôt tendance à être efficace lorsqu’il s’agit de mobiliser son camp. Internet se prête très bien à l’esprit de communauté. C’est un outil qui a souvent plus d’intérêt pour la mobilisation et l’organisation militante que pour essayer de trouver de nouveaux électeurs. Les supports numériques sont également utiles pour l’interaction entre les électeurs et le candidat mais cela n’est pas toujours judicieux. Sur quels outils de communication numérique avez-vous formé les Jeunes écolos ? Que leur avez-vous appris ? Dans votre formation, avez-vous cité des exemples de communication numérique mis en œuvre par d’autres pays ? (JH) : Les Jeunes écolos m’ont invité pour animer une formation sur la communication politique numérique auprès des jeunes en période électorale. J’ai notamment présenté les résultats des recherches de mon mémoire de Master. Dans ce travail, j’ai analysé de façon comparée la communication politique numérique auprès des jeunes en période électorale de EELV Paris en 2014 et des Verts de Hambourg en 2015. Nous avons aussi discuté plus en profondeur de la communication sur des outils tels que le site internet et Facebook, Twitter et Instagram. J’ai essayé de leur apprendre comment communiquer efficacement auprès des jeunes sur internet en période électorale. L’extrême majorité des jeunes utilise quotidiennement internet et les réseaux sociaux. Internet est la première source d’informations des jeunes, donc il est pertinent d’investir internet pour

La communication électorale numérique auprès des jeunes : interview de Jérémy Herry

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Cercle des communicants francophones

Itw express #22

« En matière de communication politique, pour toucher les jeunes surinternet, il faut utiliser l’humour, l’ironie et la dérision »

Dans le cadre de son Master de Communication publique et politique suivi à l’UPEC, JérémyHerry (@JeremyHerry) a réalisé un travail de recherche sur ''la communication électoralenumérique auprès des jeunes''. Récemment, il a animé une formation sur ce sujet pour les Jeunesécolos (@Jeunes_Ecolos). Le Cercle des communicants francophones lui a posé trois questionsafin de lui permettre de partager son expérience.

En période électorale, quels sont les objectifs de communication sur les supportsnumériques ?

Jérémy Herry (JH) : Je pense qu’il est d’abord important de serendre compte qu’il ne faut pas réfléchir une campagne decommunication électorale à travers les outils. Il faut d’abordétablir une stratégie de communication générale, avec desobjectifs en termes de messages à communiquer et de publics àatteindre. Le choix des outils vient ensuite, selon ce qui est leplus approprié par rapport aux objectifs de communication.

Les objectifs de communication sur les supports numériques en période électorale peuvent doncvarier selon l’élection, le parti ou le candidat. Par exemple, un petit parti aura un objectif devisibilité sur internet beaucoup plus grand que les partis majoritaires, étant donné sa positiondans le paysage médiatique classique.

Maintenant, de manière générale, on remarque qu’internet a plutôt tendance à être efficacelorsqu’il s’agit de mobiliser son camp. Internet se prête très bien à l’esprit de communauté. C’estun outil qui a souvent plus d’intérêt pour la mobilisation et l’organisation militante que pouressayer de trouver de nouveaux électeurs. Les supports numériques sont également utiles pourl’interaction entre les électeurs et le candidat mais cela n’est pas toujours judicieux.

Sur quels outils de communication numérique avez-vous formé les Jeunes écolos ?Que leur avez-vous appris ? Dans votre formation, avez-vous cité des exemples decommunication numérique mis en œuvre par d’autres pays ?

(JH) : Les Jeunes écolos m’ont invité pour animer une formation sur la communication politiquenumérique auprès des jeunes en période électorale. J’ai notamment présenté les résultats desrecherches de mon mémoire de Master. Dans ce travail, j’ai analysé de façon comparée lacommunication politique numérique auprès des jeunes en période électorale de EELV Paris en2014 et des Verts de Hambourg en 2015. Nous avons aussi discuté plus en profondeur de lacommunication sur des outils tels que le site internet et Facebook, Twitter et Instagram.

J’ai essayé de leur apprendre comment communiquer efficacement auprès des jeunes sur interneten période électorale.

L’extrême majorité des jeunes utilise quotidiennement internet et les réseaux sociaux. Internet estla première source d’informations des jeunes, donc il est pertinent d’investir internet pour

communiquer auprès d’eux. Toutefois, c’est également risqué. Il faut être conscient que lerapport des jeunes à la politique sur internet passe avant tout à travers l’humour, l’ironie et ladérision, la « culture du LOL » comme dirait Monique Dagnaud. Il faut donc capitaliser là-dessuset communiquer intelligemment en conséquence. En oubliant cela, on tombe rapidement dans unpiège.

On a parfois l’impression qu’il y a peu d’actions de communication numériqueinnovantes lors des périodes électorales. Y a-t-il 3 exemples qui vous semblentparticulièrement intéressants ?

(JH) : Le fait que l’on remarque peu d’actions de communication numérique innovantes résultepeut-être du fait que les communicants politiques sont dans une logique de minimisation desrisques. Une action de communication ''ratée'' a très souvent beaucoup de visibilité, et ce encoreplus sur internet, où la subversion et la moquerie sont courantes, surtout chez les jeunes.

Par exemple, l’année dernière, Hillary Clinton a publié un tweet demandant aux jeunesAméricains d’exprimer leurs sentiments vis-à-vis de leur prêt étudiant à l’aide de trois emojis.Cela a été une opération ratée, au cours de laquelle elle a dû faire face à une vague de tweets dejeunes se sentant infantilisés face à ce sujet qui n’aurait pas été assez pris assez au sérieux par lacandidate à la Maison blanche.

En France, en utilisant Periscope, les communicants de François Hollande ont mal mesuré lerisque que représentait le fait d’utiliser un réseau social qui permet tant d’interaction publiquevisible. Le Président a été la cible de commentaires très négatifs et moqueurs, aux yeux de tous,qui ont été modérés dans l’urgence. C'est dommage car cela aurait pu être un message politiqued’ouverture au dialogue.

Il y a un peu plus longtemps, lors des élections présidentielles de 2007, Ségolène Royal avaitlancé le site ''Désirs d’avenir'' afin d’utiliser internet pour permettre l’élaboration d’unprogramme politique venant de la base du parti. C’était très innovant, un bel exemple decommunication politique numérique au service du débat public.

Interview réalisée par Damien ARNAUD (@laCOMenchantier) en avril 2016

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