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Algérie et le terrorisme L'éclatement du Moyen-Orient
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actuel
28 - Réalités - N°1464 - du 16 au 22/1/2014
La lutte contre le terrorisme lie l’Al-
gérie à la France par l’accord de
coopération conclu entre les deux
pays. C’est sur le sol algérien que se
trouve le comité d’état-major opérationnel
conjoint — CEMOC — opérant contre le
terrorisme en zone sahélienne.
Au Mali, le rôle de l’Algérie dans l’instau-
ration de la paix et la réconciliation a été
valorisé par Albert Gérard Bert Koenders,
le représentant spécial du Secrétaire géné-
ral des Nations unies, chef de la mission
internationale intégrée pour la stabilité au
Mali (Minusma.)
Il souligné dans une conférence de presse
tenue à Alger, le «travail important et le
soutien crucial» apportés par l’Algérie à
l’ONU dans le cadre de sa mission de paix
au Mali.
L’Algérie opère dans le domaine de la di-
plomatie à l’échelle internationale et les
opérations militaires et sécuritaires sont
renforcées sur son sol.
Aujourd’hui, en concertation avec trois
pays en proie à des conflits armés et un
quatrième dont l’avenir sécuritaire est in-
certain, l’Algérie tente de conclure, avec
la Russie, l’achat d’une trentaine de drones
afin de renforcer la sécurité sur ses fron-
tières. Ces drones sont connus pour leur
force de frappe, mais aussi lors d’opéra-
tions de reconnaissance. D’un autre côté,
les Algériens négocient avec les Chinois
l’acquisition d’avions sans pilote et pou-
vant embarquer deux missiles et survoler
jusqu’à 4000 km.
Enjeux L’Algérie, première victime du terrorisme
en Afrique du Nord et en ayant payé le
prix fort pendant une décennie, n’est pas
prête à réintégrer sur son sol des cellules
djihadistes parties s’installer ailleurs de-
puis la fin de la guerre. Mais les chasser
des pays où elles ont actuellement établi
leurs quartiers, comme le Mali ou la
Libye, risque fort de les ramener sur le sol
algérien. C’est ainsi que l’Algérie joue es-
sentiellement un rôle défensif sur ses pro-
pres terres, sans ingérence ailleurs, ni
intervention armée directe dans d’autres
pays et se limite à la médiation, comme
elle l’a fait entre le Mali et les Touaregs en
2006 ou encore en soutien à l’ONU dans
ses missions dans des pays de la région du
Sahel.
La vulnérabilité de l’Algérie vient aussi de
la richesse naturelle dont elle dispose et de
sa situation géostratégique qui attise les
convoitises.Mais si le rôle sécuritaire de
l’Algérie se limite à ses frontières et à une
coopération avec les pays avoisinants, il
n’en reste pas moins que les spécialistes
lui accordent un rôle majeur à l’échelle ré-
gionale.
Hajer Ajroudi
Pas de quartier face au terrorisme
Algérie
L’Algérie, légitimement préoccupée par sa sécurité et longtempstraumatisée par le djihadisme, a joué un rôle non négligeable dans larestauration de la paix au Mali. Aujourd’hui, elle renforce la sécurité surses frontières avec la Tunisie. Elle partage également de longuesfrontières avec la Libye, pays en proie aux conflits armés, qu’elle souhaitesécuriser… Pour ce faire, l’État algérien se munit de drones armés… Quelrôle peut jouer ce pays dans la pacification de toute la région ?
MAGHREB
actuel
30 - Réalités - N°1464 - du 16 au 22/1/2014
Dâach, abréviation de l’État isla-miste en Irak et et au Cham(Syrie),issu de l’organisation de
l’État islamiste d’Irak, a été au premierrang des combattants djihadistes en Syrie.
Ayant trouvé dans l’insurrection contre lerégime de Bachar Assad une occasiond’expansion, Abou Baker Baghdadi, pèrespirituel de l’organisation État islamisted’Irak, a dépêché ses milices en Syrie pour
combattre le régime. Jebhat Nosra est néeen 2011 sur les terres syriennes et, en2013, Abou Baker Baghdadi annonçait in-tention d’unifier les deux organisations,irakienne et syrienne, rebaptisées «État is-lamiste de l’Irak et de la Syrie». Mais lacellule Jebhet Nosra a refusé de prêter al-légeance à l’organisation mère. L’usage de l’appellation historique de laSyrie — Chem — au lieu de son nom mo-derne, dans les ambitions de Daâch, n’estpas sans signification. Le territoire histo-rique du Chem ou Biled Echem regroupeen effet la Syrie, la Palestine et le Liban.Abou Baker Baghdadi avait alors l’ambi-tion de sévir dans toute cette étendue, maislà où il prétend unir ses troupes et lui-même divisent et créent les clivages.
En moins de 24 heures, une trentaine de personnes ont trouvé la
mort en Irak dans un affrontement entre insurgés et soldats de
l’armée à Abou Ghraib. Du côté syrien, 500 personnes ont été
tuées en une semaine dans le conflit interne au sein des forces
extrêmes anti Bachar: Daâch et Jabhet Nosra. Ces conflits qui
puisent leurs origines dans la confrontation confessionnelle
entre chiites et sunnites en Irak et à l’intérieur du
fondamentalisme sunnite en Syrie dessinent les traits d’un
nouveau Moyen-Orient qui ne cesse de se fragmenter.
Le Proche-Orient éclaté
Djihadisme en Syrie et en Irak
du 16 au 22/1/2014 - N°1464 - Réalités - 31
MONDE actuel
Aujourd’hui, les spécialistes estiment queDâach compte entre 6000 et 7000 combat-tants en Syrie et entre 5000 et 6000 enIrak.
Épuration En Irak, le combat ne vise pas l’instaura-tion d’un État islamiste réunissant toutesles écoles de pensées musulmanes. Il s’agitessentiellement d’une lutte de pouvoirentre sunnisme et chiisme pourtant lesdeux plus grandes branches de l’Islam.Cette véritable guerre sur fond de querellesconfessionnelles convoite les richesses pé-trolières et le pouvoir bien temporel aunom d’Allah. En Syrie, étrangement, Al-Qaïda a fragi-lisé l’opposition et l’armée libre face àl’armée de Bachar Assad. Les combats qui
se déroulent aujourd’hui achèvent l’espoird’une opposition capable de présenter unealternative au régime de Bachar Assad ettransforment la Syrie en un large territoiretribalisé, fragmenté, chaotique, lui promet-tant un retour certain au Moyen-Âge. En effet, l’élite intellectuelle, la minoritéchrétienne, les investisseurs, et tous ceuxqui ont les moyens de fuir le font au-jourd’hui, désertant ainsi le pays en le lais-sant entre les mains de tribus et de clanss’engagent dans ce qui s’apparente à uneguerre des cents ans.
À qui profite le chaos ?Aujourd’hui, en Irak, des villes telles queFallouja et Anbar sont hors de contrôle del’armée et de l’État. La balkanisation de laSyrie et de l’Irak est en train de se pro-duire. Le Liban, pays multiconfessionnel,est constamment au bord du précipice etest secoué presque tous les mois par desattentats meurtriers. L’équilibre y est trèsprécaire.
L’éclatement de la région, réalisé par desinstruments islamistes, ne peut guère pro-fiter aux populations locales. Il a déjà étédémontré que l’intervention américaine enIrak en 2003 n’avait pas eu lieu pour dé-mocratiser ce pays. Le « chaos créatif »tant vanté par les néoconservateurs améri-cains a enfanté d’un monstre confession-nel. Tout en donnant le pouvoir auxchiites, jadis opprimés par Saddam Hus-sein, les États-Unis ont mis le pays auxportes de l’enfer. Bien entendu, Israël res-tera le seul bénéficiare de cet émiettementde la région. Non seulement l’État hébreune craindra plus d’offensives de la part deses voisins, mais apparait comme le seulÉtat capable d’offrir aux capitaux un envi-ronnement propice à l’investissement, sanscompter l’image d’un Etat démocratiqueet d’un allié sûr de l’Occident. Entre temps, les Arabes du Moyen-Orientcontinuent à avancer dans l’Histoire… àreculons !
Hajer Ajroudi
Le Proche-Orient est menacé d'éclatement sur une base confessionnelle
La nouvelle carte du Proche-Orient se dessine sous nos yeux par le sang