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MERMÉDITERRANÉE
OCÉANATLANTIQUE
OCÉANINDIENINDIENINDIENOCÉANOCÉAN
MÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMER
MÉDITERRANÉEMER
MÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉE
ATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUE
INDIENOCÉAN
MÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMER
MÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉE
ATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUE
LE MOYEN-ORIENT
7
1869Inauguration
du canalde Suez
1901Découverte
du pétrole au Moyen-Orient
19001800 1850
Empire ottoman
Colonisation européenne du Moyen-Orient
Introduction progressive de réformes
MOYEN-ORIENT
Égypte
Turquie
Istanbul
Jérusalem
Le Caire
Iran
Syrie
Israël
Palestine
MERMÉDITERRANÉE
OCÉANATLANTIQUE
OCÉANPACIFIQUE
OCÉANINDIENINDIENINDIENOCÉANOCÉAN
MÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉE
OCÉANPACIFIQUE
OCÉANPACIFIQUE
MERMÉDITERRANÉE
MERMÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉE
OCÉANOCÉANATLANTIQUEATLANTIQUE
OCÉANOCÉANATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUE
INDIENOCÉAN
MÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉE
OCÉANPACIFIQUE
MERMÉDITERRANÉEMÉDITERRANÉE
OCÉANATLANTIQUE
OCÉANATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUEATLANTIQUE
98
9999
EN ÉTUDIANT CE THÈME, TU APPRENDRAS À :
– expliquer l’évolution de l’Empire ottoman entre le XIXe siècleet la fin de la Première Guerre mondiale ;
– distinguer les différents peuples et religions du Moyen-Orient ;
– décrire les relations entre l’Europe et les pays du Moyen-Orientdepuis le XIXe siècle ;
– identifier les changements territoriaux survenus au Moyen-Orient, depuis le début du XXe siècle ;
– analyser les conditions de la création de l’État d’Israël.
AU TRAVERS DU THÈME, TU APPRENDRAS AUSSI PROGRESSIVEMENT À :
– comparer différentes sources sur un même thème (textuelles, iconographiques) ;
– comparer différents points de vue sur un événement (créationde l’État d’Israël, printemps arabe) ;
– mener l’enquête sur l’évolution d’un État en fonction des différentes dimensions (sociales, économiques, politiques, religieuses) ;
– analyser les conséquences à court, moyen et long termed’un événement à différentes échelles (création de l’État d’Israël,Printemps arabe).
APPRENTISSAGES VISÉS
1950 2000
Indépendance des pays arabes
1948Création de
l’État d’Israël,exode des Palestiniens
Dès 2011Vague de révoltes
démocratiques dans les États
arabes
Intifadas dansles territoires occupés
1987-1993 2000-2005
Guerres israélo-arabes
1reGM
2eGM
100
7
L’expression Moyen-Orient désigne un vaste espace géographique qui s’étend de la Tur-quie au golfe Persique. Avant 1800, les Turcs contrôlent une grande partie de ce territoire qui forme l’Empire ottoman. Leur domination s’étend à la Méditerranée, aux Balkans et jusqu’aux portes de Vienne. Les pays européens, la France notamment, recherchent l’al-liance du sultan dont les navires commercent avec l’Inde et l’Afrique.
Avec sa population composée en majorité de musulmans sunnites, l’Empire ottoman est alors particulièrement tolérant pour les chrétiens qui parlent l’arabe, le turc, le grec, l’arménien. Il a accueilli une grande partie des juifs expulsés d’Espagne, après 1492, qui s’expriment en hébreu. Les communautés religieuses minoritaires vivent en paix avec la population musulmane. Depuis le XVIIIe siècle, le sultan porte le titre honorifique de calife, ce qui rehausse son pouvoir sur les musulmans sunnites.
Le XVIIIe siècle est une période de déclin pour les Ottomans, à travers les guerres qui l’opposent aux Habsbourg d’Autriche et à l’Empire russe. Ils perdent peu à peu leurs pos-sessions en Europe. Les défaites se suivent et le commerce périclite. Ce vaste territoire, riche en matières premières (coton, blé, plus tard pétrole), est de plus en plus considéré par les États européens rivaux comme un empire qu’ils pourraient se partager.
À l’est du Moyen-Orient, l’Iran, un empire musulman chiite, constitue un foyer de culture qui a conservé sa propre langue, le persan.
Le Moyen-Orient
AlgerTunis
Tripoli
Le Caire
Sofia
Sebastopol
Athènes
Istanbul
Badgad
Damas
Jérusalem
Médine
La Mecque
Canal deSuez (1869)
VienneBudapest
Ankara
Alep
Serbie
HongrieRoumanie
Bulgarie
Grèce
Perse(Iran)
Mésopotamie
Syrie
Koweït
Egypte
Palestine
Libye
Tunisie
Algérie
MER NOIRE
MER MÉDITERRANÉE
OCÉAN ATLANTIQUE
OCÉAN INDIEN
MER CASPIENNE
MER ROUGE
GOLFE PERSIQUE
1000 km
SULTAN : détenteur du pouvoir dans l’Empire ottoman.
SUNNITES : branche majoritaire de l’islam pour laquelle c’est la tradition qui détermine l’autorité en matière de foi musulmane.
CALIFE : titre porté par les successeurs du prophète Mohamed.
CHIITES : branche minoritaire de l’islam pour laquelle c’est la descendance de la famille de Mohamed qui légitime l’autorité religieuse.
Le déclin de l’Empire ottoman
Territoires perdus avant 1830
Le déclin de l’Empire ottoman
Territoires perdus entre 1830 et 1914Territoires perdus après la Première Guerre mondiale
Extension maximale de l’Empire ottoman (1683)
Frontières actuelles des pays
La Turquie en 1923
BAT101
Le Moyen-Orient
Épreuve 1101
Ankara
Bagdad
Beyrouth
Amman
Koweït
Port Saïd
Le Caire
Damas
Jérusalem
Mer Caspienne
GOLFE PERSIQUE
MER MÉDITERRANÉE
MER ROUGE
MER NOIRE
TURQUIE
IRANSYRIE
IRAK
ARABIE SAOUDITEÉGYPTE
LIBAN
TRANSJORDANIE
PALESTINE
URSS
ARMÉNIE
CHYPRE
KURDISTAN
500 km
Frontières de 1930
Territoires sous mandat (Traité de Sèvres 1920)
Mandat français
Mandat britanniqueProtectoratbritannique
Le Moyen-Orient vers 1930
Les sunnites (environ 85 % des
musulmans) et les chiites (un peu
moins de 15 %) forment les deux
grandes familles de l’Islam actuel-
lement. Elles sont elles-mêmes
divisées en différents courants.
Tous respectent le même texte
sacré, le Coran, les mêmes pèleri-
nages et les mêmes préceptes. Ils
sont toutefois en désaccord sur la
personne qui peut détenir l’autorité
religieuse.
Le Caire, Égypte, 1934.
Alep, Syrie, 2012.
Beyrouth, Liban, vers 1950.
Le Caire, Égypte, 2017.
102
7
L’Empire ottoman
Au sein de l’empire, sur la base de leur appartenance religieuse, les populations sont divisées en plusieurs millets dont le sultan nomme les dignitaires. Ainsi, les adeptes de l’islam sunnite forment un seul millet. Les orthodoxes, juifs, arméniens et catholiques constituent également des millets. Les langues les différencient de plus en plus. Les puissances européennes se considèrent comme protectrices de ces petites communautés.
Au XIXe siècle, les sultans réforment leur empire. Ils introduisent le service militaire obligatoire, amé-liorent l’enseignement, créent une administration impériale, instaurent et prônent l’égalité de tous leurs sujets, quelle que soit leur religion. Au XIXe siècle, les
populations chrétiennes de l’Empire ottoman aspirent à plus d’autonomie et revendiquent l’indépendance. Face au risque de désintégration, le sultan fait élaborer une constitution. Elle sera brièvement en vigueur de 1876 à 1878, puis à nouveau de 1908 à 1920.
MILLET : terme turc qui détermine, dans l’Empire ottoman, une communauté autonome définie par l’appartenance religieuse.
CONSTITUTION : texte qui fonde un État de droit et fixe les règles suivant lesquelles gouvernants et gouvernés doivent se soumettre aux lois.
Comment réformer l’Empire ottoman« L'administration du sultan Abdul Aziz avait été funeste à la Turquie ; la situation finan-cière était lamentable, l'armée et l'administration civile rivalisaient de désordre et de corruption ; enfin la plupart des provinces étaient en révolte ouverte […] et des conflits sanglants se produisaient en Bulgarie, en Serbie, en Bosnie, en Herzégovine, au Mon-ténégro. Au mois de mai 1876, une révolution éclatait à Constantinople, provoquée par l'augmentation des impôts et par les menaces d'intervention européenne […]
La Constitution de 1876 consacre un paragraphe aux droits des Ottomans : la liberté individuelle est garantie ; la liberté des cultes est proclamée, l'islam restant la religion officielle ; inviolabilité du domicile et de la propriété, égalité de tous devant la loi et devant l'impôt, liberté de la presse, liberté d'association, liberté d'enseignement, il n'est aucun des grands principes sur lesquels sont basées les sociétés modernes qui ne soit contenu dans la constitution ottomane. »
Georges Samné, « Le Parlement ottoman », in Correspondance d'Orient,revue économique, politique et littéraire, N° 7, janvier 1909.
1
2
Constitution ottomane, carte postale réalisée en Grèce, en 1908, et destinée à l’Empire ottoman. Les électionsau Parlement suscitèrent des espoirs et des scènes de liesse entre les différentes communautés (Grecs, Arméniens, musulmans, etc.).
103
Le Moyen-Orient
Les germes du conflit après la Première Guerre mondiale
En 1914, l’Empire ottoman se rallie aux empires centraux. Les alliés français et anglais envisagent alors le partage de son territoire. C’est l’objet, en 1916, d’un accord secret (dit Sykes-Picot, du nom des deux négocia-teurs). La même année, s’appuyant sur la promesse des Anglais de créer d’un grand État arabe indépendant, les tribus bédouines arabes se révoltent contre les Turcs.
Jérusalem Amman
Damas
Alep
Haïfa
Bagdad
Bassora
Kirkouk
MER CASPIENNE
GOLFE PERSIQUE
MER MÉDITERRANÉE
TURQUIE
PERSE (IRAN)
SYRIE
IRAK
ARABIEÉGYPTE
Accord Sykes-Picot
BÉDOUINS : Arabes nomades vivant dans le désert.
CHÉRIF DE LA MECQUE : gardien des lieux saintsde l’islam à La Mecque et à Médine.
Zone sous le contrôle direct de la FranceZone sous l’influence de la FranceZone internationaleZone sous l’influence de la Grande-BretagneZone sous le contrôle directe de la Grande-BretagneFrontières actuelles
4
L’émir Fayçal, fils du chérif de La Mecque, à Paris en 1919,
à l’occasion de la Conférence de la Paix. À noter, derrière
lui, la présence de Thomas E. Lawrence, dit Lawrence d’Arabie (deuxième depuis la droite). Cet
officier de liaison britannique est une figure mythique de la révolte arabe contre l’Empire
ottoman en 1916-1918.
5
3
Promesse des Anglais engageant les Arabes à la révolteLes parties de la Syrie situées à l’ouest de Damas et Alep [la côte méditerranéenne] ne peuvent être considérées comme purement arabes et doivent être exclues des limites et frontières envisagées. Avec les modifications ci-dessus, et sans préjudice de nos traités actuels avec les chefs arabes, nous acceptons ces limites et frontières. (…) Sous réserve des modifications ci-dessus, la Grande-Bretagne est disposée à reconnaître et à soutenir l’indépendance des Arabes à l’intérieur des territoires compris dans les limites et frontières proposées par le chérif de La Mecque.
Adapté de la lettre de Henry McMahon, homme politique anglais,à Hussein, chérif de La Mecque, 24 octobre 1915.
104
7
Après la fin de l’Empire ottoman, la république est proclamée en Turquie. De 1923 à 1938, Mustafa Kémal (appelé Kémal Atatürk depuis 1935) en est le premier président. Il réforme la constitution en lui donnant un caractère laïc.
En Jordanie, Fayçal est couronné roi des Arabes à Damas en 1920, puis chassé en 1923 par l’armée française. L’Angleterre organise deux royaumes en Irak et en Jordanie, la France deux républiques en Syrie et au Liban. C’est la période dite des MANDATS, durant laquelle France et Angleterre consolident leur tutelle dans la région.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Arthur James Balfour s’engage, en 1917, à établir en Palestine un « foyer national » pour les Juifs. La Palestine est confiée au mandat britannique par la Communauté internationale. C’est un premier pas vers la fondation d’un État juif.
MANDATAncien territoire ottoman confié par la Société des Nations à une puissance européenne chargée de
l’administrer temporaire-ment avant l’accèsà l’indépendance.
Déclaration Balfour du 2 novembre 1917Arthur Balfour, ministre des Affaires étrangères du gouvernement bri-tannique, adresse une lettre à un dirigeant de la communauté sioniste britannique où il insère la déclaration suivante : « Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif, et il emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui porte atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives de Palestine ainsi qu'aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans les autres pays. » Arthur Balfour, Déclaration, 2 novembre 1917.
LAÏC : indépendant de toute confession religieuse.
6
Enjeux stratégiquesOuvert en 1869, le canal de Suez est une voie de communication stratégique. C’est pour la contrôler que les Britanniques occupent l’Égypte de 1882 à 1936 et la zone du canal jusqu’à sa nationalisation par le président Nasser en 1956.
Depuis le début du XXe siècle, les compagnies britanniques exploitent le pétrole en Iran où ont été découverts les premiers puits rentables. Les champs pétroliers de l’Empire ottoman en Mésopotamie sont partagés en 1921 entre la France et l’Angleterre. Les enjeux liés au contrôle des ressources pétrolières ne feront que croître ensuite. Dans la seconde moitié du XXe siècle, tous les pays riverains du golfe Persique sont au cœur des intérêts stratégiques des puissances occidentales.
7
La famille NashashibiUn membre de la famille Nashashibi, des notables palesti-niens, s’adresse à un Français en 1919 : « Nous Arabes, nous n’avons aucun motif de demander ni d’accepter la domina-tion étrangère en Palestine, et autant que cela dépendra de nous, nous ne la supporterons jamais. Nous avons rejeté le gouvernement turc, et cependant les Turcs nous laissaient une certaine liberté ; nous pouvions nous entendre avec eux bien plus facilement qu’avec n’importe quel gouvernement européen, de plus nous avons avec les Turcs des rapports de religion qui n’existent point avec les Européens. Pourquoi donc demander ou accepter des étrangers qui n’ont aucun droit de domination sur nous ni sur notre pays ? »
Henry Laurens, La Question de Palestine, t.1,L’invention de la Terre Sainte (1799-1922), 1999. La famille Nashashibi en 1929.
105
Le Moyen-Orient
Vers la création d’Israël
En 1897, à Bâle, se tient le premier congrès SIONISTE, présidé par Théodor Herzel, dont le but est la création d’un État juif en Palestine. Dès lors, des Juifs européens, venant notamment de Russie où ils subissent des violences antisémites, sont encouragés à venir s’établir en Palestine, terre qu’ils considèrent comme celle de leurs ancêtres.
Les Palestiniens n’ont ni les moyens militaires ni les moyens financiers de s’opposer à l’installation de ces immigrants. Une révolte dirigée contre les autorités anglaises et les implantations juives est réprimée entre 1936 et 1939. De leur côté, pour assurer leur sécurité, les communautés juives s’organisent militairement et peuvent mener des actions violentes contre les Arabes. Soutenus initialement par les autorités anglaises, ces groupes armés juifs se retournent contre leurs protec-teurs vers la fin de la Seconde Guerre mondiale (atten-tat contre le quartier général du mandat britannique en Palestine).
En 1939, les Anglais restreignent l’immigration juive et proposent deux solutions : soit la création de cantons juifs ou musulmans dans une fédération arabe, soit la constitution d’un État juif et d’un État arabe. Toutes les négociations échouent jusqu’en 1946 : les sionistes refusent l’existence d’une nation palestinienne et les Palestiniens la constitution d’un État juif.
Nationalismes juif et arabe« Deux phénomènes importants, de même nature et pourtant oppo-sés, se manifestent en ce moment dans la Turquie d’Asie : ce sont le réveil de la nation arabe et l’effort latent des Juifs pour reconstituer l’ancienne monarchie d’Israël. Ces deux mouvements sont destinés à se combattre continuellement jusqu’à ce que l’un d’eux l’emporte sur l’autre ».
Negib Azoury (chrétien libanais, 1870-1916),Le réveil de la nation arabe dans l'Asie turque, 1905.
8
KIBBOUTZ : colonie communautaire rurale. Les premiers kibboutz encouragés par le mouvement sioniste remontent au début du XXe siècle.
Alonim, kibboutz aménagé par des migrants de Pologne et d’Allemagne dès 1938.
10
Révolte palestinienne de 1936-1939. Les Anglais font sauter des habitations palestiniennes, journal italien, 1937.
9
SIONISMEIdéologie nationaliste fondée au XIXe siècle
qui milite pour la créa-tion d’un État juif
en Palestine.
106
7
Création de l’État israélien et exode de la population palestinienne (la Nakba), 1947-1948
Dès les années 1930, une organisation sioniste (l’Agence juive) supervise l’émigration des Juifs d’Europe vers la Palestine. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’émigration est considérée comme illégale par les Britanniques ; elle se poursuit, mais dans la clandestinité.
Pendant deux ans, la Palestine, colonie anglaise, est le théâtre d’émeutes et d’attentats qui visent autant les Juifs, les Arabes palestiniens que les soldats anglais. En 1947, une dernière négociation ayant échoué, le gouvernement britannique remet son mandat sur la Palestine à l’ONU.
Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU décide la création d’un État juif et d’un État palestinien. La guerre éclate aussitôt entre Israéliens et Palesti-niens, ces derniers bientôt appuyés par les armées des pays arabes. Supérieurs en organisation, en hommes et
en matériel, les Israéliens sont vainqueurs, des armis-tices avec les pays arabes sont signés. Plus de 700 000 Palestiniens sont forcés de quitter leurs terres et pro-priétés devant le succès militaire israélien. C’est ainsi que débute ce qu’on appelle la Question palestinienne.
12
Déclaration d’indépendance de l’Étatd’Israël (14 mai 1948)« L’holocauste nazi, qui anéantit des millions de Juifs d’Europe, démontre à nouveau l’urgence de reconstituer l’État juif et d’apporter ainsi une solution à la situation des Juifs déracinés en ouvrant la porte à tous les Juifs et en introdui-sant le peuple juif à rang d’égalité dans la famille des nations. […]Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution en faveur de la création d’un État juif indépendant en Palestine et a invité les habitants du pays à prendre toutes mesures nécessaires en vue de rendre cette décision effective. […]Au moment où se développe une agression injustifiée, nous faisons appel aux habitants arabes du pays de Palestine en leur deman-dant de retourner sur les chemins de la paix et de jouer leur rôle dans le développement de l’État, et les assurons qu’ils jouiront du droit de citoyenneté pleine et entière à égalité avec les Juifs et seront représentés ainsi qu’il leur est dû dans tous les corps et institutions constitués, provisoires et permanents. » Le Monde, 15 mai 1948.
En juillet 1948, les Israéliens, qui avaient d’abord pro-tégé leurs colonies, s’emparent de villages et de villes palestiniennes, dont Lodd. Plus de 50 000 habitants doivent quitter leurs habitations, sans qu’il y ait eu de combats.
Exode de la population de Lodd, 13-15 juillet 1948.
Arraisonnement d’un navire d’émigrants juifs par la marine britannique en mars 1947.
11
13
NAKBA : terme arabe signifiant le désastre, la catastrophe, il désigne l’exode de la population arabe palestinienne de 1948.
107
Le Moyen-Orient
La Palestine et l’État d’Israël
MER MORTE
MERMÉDITERRANNÉE
TibériadeHaïfaAcre
Nazareth
Naplouse
Jénine
Ramallah
Jérusalem
HébronGaza
Jéricho
Bethléem
Tel-AvivJaffa
Lac de Tibériade
Néguev
C����������
Galilée
Plateau du Golan
LIBANSYRIE
JORDANIE
ÉGYPTE
Jour
dain
40 km
Palestinemandataireavant 1948
MERMÉDITERRANNÉE
MER MORTE
Jour
dain
40 km
Le plan de partagede l’ONU
29 novembre 1947
TibériadeHaïfaAcre
Nazareth
Naplouse
Jénine
Ramallah
Jérusalem
HébronGaza
Jéricho
Bethléem
Tel-AvivJaffa
Lac de Tibériade
Néguev
C����������
Galilée
Plateau du Golan
LIBANSYRIE
JORDANIE
ÉGYPTE
MERMÉDITERRANNÉE
MER MORTE
Jour
dain
TibériadeHaïfaAcre
Nazareth
Naplouse
Jénine
Ramallah
Jérusalem
HébronGaza
Jéricho
Bethléem
Tel-AvivJaffa
Lac de Tibériade
Néguev
C����������
Galilée
Plateau du Golanannexé
LIBANSYRIE
JORDANIE
ÉGYPTE
40 km
Les territoires palestiniens dans les
frontières de 1967 (ligne verte)
MERMÉDITERRANNÉE
MER MORTE
Jour
dain
Lac de Tibériade
Néguev
C����������
Galilée
Plateau du Golanannexé
LIBANSYRIE
JORDANIE
ÉGYPTE
TibériadeHaïfaAcre
Nazareth
Naplouse
Jénine
Ramallah
Jérusalem
HébronGaza
Jéricho
Bethléem
Tel-AvivJaffa
40 km
Les territoires palestiniens (2010)
Territoires palestiniens État juif Colonies israéliennes implantées en Cisjordanie Zone internationale de l’ONU
De multiples conflitsDes multiples guerres opposent l’État d’Israël à ses voisins entre 1948 et 1982, car les États arabes refusent de reconnaître l’existence de l’État d’Israël tant que les Palestiniens n’ont pas obtenu leur propre État. Cette situation conduit à des conflits régionaux, très souvent aggravés par le contexte de la guerre froide (guerre de Suez en 1956, guerre des Six Jours en 1967, guerre du Kippour en 1973). On parle des conflits israélo-arabes.
Lors de ces guerres, et particulièrement au moment de la guerre des Six Jours en 1967, l’armée israélienne occupe des territoires palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les Palestiniens des territoires occupés se révoltent contre l’armée israélienne en 1987 (début de la première intifada) ainsi qu’en 2000 (début de la deuxième intifada) puis encore en 2008 et 2015, à cause de la politique colonisatrice israélienne. La résis-tance palestinienne recourt à la violence et au terrorisme, générant des ripostes militaires israéliennes, comme à Gaza en 2006 ou 2014. On parle de conflits israélo-palestiniens.
INTIFADA : terme arabe signifiant « soulèvement » ; il désigne ici les révoltes des Palestiniens contre l’armée israélienne.
14
15
KAP, L’éternel problème israélo-palestinien, 2012.
108
7
Réfugiés palestiniens après 1948
Depuis 70 ans, les Palestiniens déplacés vivent dans les camps de réfugiés, au Liban, à Gaza, en Jordanie,en Syrie et en Cisjordanie. On compte une cinquantaine de camps en 2016.
« Un réfugié palestinien a pu être forcé à quitter son lieu de résidence trois ou quatre fois. Imagi-nons un Palestinien de Lodd chassé en 1948 et qui s’installe dans un camp de réfugiés près de Jéri-cho. Après la guerre des Six Jours, Israël occupe la Cisjordanie et détruit le camp de Jéricho. Ce réfugié part ensuite au Liban. Lors de la guerre de 1982, il a peut-être été contraint de partir en Syrie dans un autre camp palestinien. Avec la guerre civile dans ce pays, certains camps ont dû être évacués, forçant la famille de ce réfugié à partir à la recherche d’un nouveau toit. Certains cherchent alors refuge en Europe. »
Benoît Challand, historien.
16
Camp de réfugiés de Jaramana, au sud de la Syrie, 1948.
17
Exil des Palestiniens« Mon père est parti de Haïfa en passant par Jérusalem, Jénine, pour arriver à Irbid en Jordanie. Quand nous sommes arrivés en Jordanie, mon père est reparti vers la Palestine pour chercher des affaires, pour que nous puissions nous habiller et manger. Il avait laissé son argent à la maison, en Palestine. Il n’est jamais revenu… Après trois ans, ma tante est venue nous prendre et elle nous a emmenés dans un camp à Naplouse, qui s’appelle Aaskar. Ma grand-mère voulait venir voir son fils Jaber qui habitait lui à Tyr. Nous sommes passés par la Jordanie, puis en Syrie. Le fils de ma grand-mère est venu nous chercher et nous a emmenées à Tyr, chez lui. Il habitait à Al Buss. Malheureusement, ma grand-mère qui avait 90 ans est morte à Tyr. Évidemment, moi je suis restée chez mon oncle. Comme j’étais la fille de son frère, il n’a pas voulu me laisser tomber. J’avais 14 ans, il m’a mariée à son fils. C’est comme ça que je me suis retrouvée à vivre ici ! »
Récit d’Oum Farid, cité par Doraï Mohamed Kamel, Les Réfugiés palestiniens du Liban en diaspora, 2002.
18
19
Charte nationale palestinienne, juillet 1968Adopté en 1964 et plusieurs fois modifié ensuite, ce texte définit les objectifs politiques du mouvement national palestinien.
Article 5Les Palestiniens sont les citoyens arabes qui résidaient habituellement en Palestine jusqu’en 1947, qu’ils en aient été expulsés par la suite ou qu’ils y soient restés. Qui-conque est né de père palestinien après cette date, en Palestine ou hors de Palestine, est également Palestinien.
Article 6Les Juifs qui résidaient habituellement en Palestine jusqu’au début de l’invasion sioniste seront considérés comme Palestiniens.
Une déclaration de principes a été signée en 1993 entre Israël et les Palestiniens (Accords d’Oslo). Elle prévoit les modalités de l’autonomie progressive en Cisjordanie et à Gaza. Cependant, sa mise en vigueur n’a cessé de subir des retards.
109
Le Moyen-Orient
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21
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L’évolution des États du Moyen-Orient après 1950
La Seconde Guerre mondiale affaiblit les puissances coloniales qui évacuent leurs troupes stationnées au Moyen-Orient. Les pays arabes obtiennent ainsi leur indépendance. Quelques années après, les élites gouver-nementales, ayant perdu leur légitimité de par leur collaboration avec les puissances coloniales, sont chassées par l’armée qui prend partout le pouvoir.
De 1970 à 2010, la plupart des pays arabes sont gou-vernés par des familles, des clans dont le pouvoir repose sur la crainte inspirée par les services de ren-seignements, la police ou l’armée.
Malgré la croissance des revenus du pétrole, la popu-lation s’enrichit peu. La richesse des pays détenue par
une minorité, le coût des guerres menées contre Israël, la croissance de la population entraînent une aggra-vation du taux du chômage et génèrent des inégalités sociales.
Disparité économique et socialeCette zone de 280 millions d’habitants s'est globalement enrichie. Mais ces richesses sont étouffées par des dirigeants pour la plupart guère soucieux de rendre des comptes à leurs peuples, le bien-être ne profite qu'au plus petit nombre. Quelque 65 millions d’Arabes adultes, dont les deux tiers sont des femmes, sont analphabètes. Avec près de 12 millions de chômeurs, il n’est pas étonnant que 51 % des adolescents « les plus âgés » souhaitent émigrer.Les raisons de ces retards ? « L'absence de liberté de choix, le défaut de promotion des femmes et les carences de connaissance. » Le degré de liberté à la fin des années 1990 était le plus faible des sept régions du monde.
Adapté d’un rapport de l'ONU sur le développement des pays arabes en 2002.
Émigration« Je n'ai pas travaillé depuis quatre jours. J'ai dû emprunter de l'argent pour l’envoyer à ma famille. On mange des lentilles, du pain. J'ai quatre enfants, je n'ai pas de quoi leur acheter du lait ou des yaourts, se plaint-il. Cela a toujours été difficile, mais là c'est le désespoir. Si on me propose un boulot à l'étranger, je pars demain, je laisse ma famille. Je prends un bateau. C'est dangereux mais je préfère mourir en mer que de mourir ici. »En 2008, Abdel Halim, jeune Égyptien de 27 ans, diplômé de commerce, doit travailler à la journée dans le bâtiment.
Adapté d’un rapport de l'ONU sur le développement des pays arabes en 2002.
Fort exode rural« Avec près de 100 millions de citadins sup-plémentaires entre 2000 et 2025, dont 23 mil-lions supplémentaires en Turquie, 36 millions en Égypte, 10 millions en Algérie et au Maroc, les villes du sud et de l’est [de la Méditerranée] seront le théâtre de changements sociaux et environnementaux majeurs. »
Laria Silvia « L’avenir en Méditerranée se jouera dansles villes », citée par slateafrique.com, 2008.
Quartier récent du Caire. La ville compte près d'un demi-million d'habitants supplémentaires chaque année.
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Conflits
Les guerres du Golfe
L’Irak connaît trente années de guerre de 1980 à 2011. De 1980 à 1986, il s’attaque à l’Iran et mène contre ce pays une guerre meurtrière. En 1990, il envahit le Koweït dont il est chassé par une coalition dirigée par les États-Unis en 1991.
Une troisième guerre, menée par les États-Unis, abou-tit à la chute du dictateur Saddam Hussein. Le pays est occupé de 2003 à 2011 et redécoupé selon un
modèle fédéral, avec trois régions, une pour chaque sous-groupe national, les Kurdes au nord, les chiites au sud et les sunnites au centre du pays.
Jérusalem
Médine
La Mecque
Nadjaf
Canal de Suez
Détroit d’Ormuz
Détroit de Bab-el-Mandeb
MER CASPIENNE
GOLFE PERSIQUE
MER MÉDITERRANÉE
MER NOIRE
MER ROUGE
GOLFE D’ADEN
GOLFE D’OMAN
OCÉAN INDIEN
TURQUIE
IRAN
SYRIE
IRAK
ARABIE SAOUDITEÉGYPTE
LIBAN
AFGHANISTAN
OMAN
YÉMENSOUDANÉRYTHRÉE
SOMALIE
QATAR
ÉMIRATS ARABES UNIS
KOWEÏT
JORDANIE
TURKMÉNISTAN
Conflits au Moyen-Orient de 1970 à 2011
La fin d’une guerreBarack Obama avait promis un retrait total des troupes américaines. Celui-ci est effectif depuis le 18 décembre 2011 [...] La guerre la plus controversée depuis celle du Vietnam s’achève donc dans l’amertume. Certes, le tyran Saddam Hussein a été renversé ; certes l’Irak a connu ses premières élections démocratiques depuis 50 ans. Mais à quel prix ? Plus de 100 000 morts parmi les civils sont à déplorer [...] Des conflits ethnico-religieux entre sunnites, chiites et kurdes menacent la stabilité d’un gouvernement très fragile. [...] les services de base comme la distribution de l’électricité et de l’eau potable sont défectueux et la reprise des exportations du pétrole – 2,2 millions de barils par jour soit 7 milliards de dollars par mois – est bien faible.Cette troisième guerre du Golfe [...] aura aussi coûté cher aux États-Unis. Financièrement (770 milliards de dollars par an), humainement (4484 soldats morts) et moralement.
Adapté de Philippe Rioux, « Irak, la fin d’une sale guerre », La Dépêche, 19 décembre 2011.
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Peuples et religions
Enjeux stratégiques
Tensions et conflitsGuerres civiles
Passages maritimes
Pétrole
Lieux saints
Zone à majorité chiite
Juifs
Kurdes (peuple sans État)
Persans
Turcs
Arabes
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Le Moyen-Orient
Révolutions pour la dignité et la justice sociale, 2010-2014
Après des décennies de corruption, de dictature et d’intimidation policière, de nombreux pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient ont connu, à partir de décembre 2010, de larges mouvements de contestation. La période de bouleversements qui interviennent durant la première moitié de l’année 2011 est appelée le Printemps arabe.
Non violentes au départ, les manifestations demandent une meilleure justice sociale, du travail pour les jeunes et un système politique plus égalitaire. En Tunisie, en Égypte, au Yémen et en Libye, les dirigeants en place, souvent depuis 30 ans, doivent quitter le pouvoir. Mais le plus souvent, la transition s’avère délicate et génère des conflits violents.
Ainsi en Syrie, le président Bachar al Assad recourt à une répression aveugle contre les manifestants pour empêcher le succès de la révolution. Le pays bascule dans une guerre civile meurtrière qui jette des millions de personnes sur les routes de l’exil.
Là où le pouvoir de l’État est déstabilisé, les organisa-tions terroristes d’obédience ISLAMISTE se développent en prétextant assumer le djihad, soit la lutte contre tous les ennemis de l’islam. Les plus connues sont Al-Qaïda, dès 1987, et l’État islamique (EI), dès 2006. Ce dernier a contrôlé une bonne partie de la Syrie et de l’Irak entre 2014 et 2017. Sous leur impulsion, de nombreux attentats meurtriers ont été perpétrés dans le monde entier.
Printemps arabe et guerre en SyrieDe premiers appels à manifester sont lancés sur les réseaux sociaux syriens en février 2011. […]. Le 15 mars 2011, [la ville de] Deraa voit son premier rassemblement, timide. L’insur-rection ne gagne réellement la ville que le vendredi suivant, lors d’un rassemblement violemment réprimé. La révolution est lancée et se répand comme une traînée de poudre dans le reste du pays. Les manifestations, quasi quotidiennes, sont réprimées dans le sang. L’appareil répressif tourne à plein et les arrestations se multiplient.[…]. Avec 4,8 millions de personnes, les Syriens représentent le plus important contingent de réfugiés au monde. La répres-sion du régime, la destruction du pays par cinq ans d’intenses combats, les exactions de l’État islamique, l’appauvrissement généralisé et la conscription forcée ont poussé des millions de personnes à quitter leur domicile. En 2015, 13,5 millions de Syriens, 50 % de la population du pays, ont été affectés par le conflit.
Adapté de lemonde.fr
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ISLAMISMEIdéologie qui prend
appui sur l’islam comme base morale d’unprojet collectif et
politique.
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Vers quel avenir ?Les revenus obtenus de l’exploitation du pétrole ont été le levier du développement de nombreux pays du Moyen-Orient. Mais ce pétrole a attiré aussi la convoitise des puissances étrangères.
Après les révolutions de 2011, les peuples du Moyen-Orient pourraient être les acteurs du développement de leur pays à condition que ceux-ci retrouvent leur stabilité.
Alors que le Moyen-Orient s’adapte au contexte international, ses sociétés évoluent au gré d’influences parfois contradictoires. Elles souhaitent vivre avec le même confort et la même croissance que l’Europe, tout en désirant maintenir leurs racines culturelles et religieuses. Les révoltes démocratiques de 2011, avec le Printemps arabe, démontrent que les popu-lations arabes aspirent à un système politique plus juste et plus égalitaire.
Réfugiés syriens en 2013.