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GERV C Centre de Gestion et d’Economie Rurale de la Vallée Juin 2015 AUTOSUFFISANCE en RIZ au SENEGAL, une volonté politique clairement affichée Les programmes agricoles au Séné- gal, des orientations politiques ? Produire 1 600 000 tonnes de paddy, 60% en irrigué et 40% en pluvial Etre autosuffisant en riz, c’est d’abord pouvoir commercialiser Consommer du riz local, oui, mais à quel prix? Page 3 Page 7 Page 14 Page 12

Autosuffisance en riz au sénégal

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GERVC Centre de Gestion et d’Economie Rurale de la Vallée

Juin 2015

AUTOSUFFISANCE en RIZ au SENEGAL, une volonté politique clairement affichée

Les programmes agricoles au Séné-gal, des orientations politiques ?

Produire 1 600 000 tonnes de paddy, 60% en irrigué et 40% en pluvial

Etre autosuffisant en riz, c’est d’abord pouvoir commercialiser

Consommer du riz local, oui, mais à quel prix?

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La population sénégalaise est estimée par le Recensement Géné-rale de la Population et de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Élevage (RGPHAE) en 2013 à 13 508 715 d’individus. Le taux d’urbanisation est de 45,2% et a augmenté de 4,5 points entre 2002 et 2013.

Le riz est la céréale la plus consom-mée au Sénégal et revêt un caractère politique, économique et social. Soucieux de réduire le déficit de sa balance commerciale et de préser ver sa sécurité alimentaire ébranlée par les “émeutes de la faim” de la crise de 2008, le Sénégal envisage d’être autosuffisant en riz à l’horizon 2017. Concrétement cela veut dire que la production locale doit être en mesure de couvrir entièrement les besoins en riz des sénégalais. A terme, cela devra permettre une ré-duction considérable des importa-tions de riz surtout en ce qui con-cerne la brisure de riz très appréciée.

Soulignons que des régions comme Dakar, Thiès, Diourbel et Louga ne participent que très faiblement à la production nationale de riz. Ces ré-gions contiennent à elles seules 54% de la population et doivent dès lors être régulièrement approvisionnées en riz local. Ces régions présentant un taux d’urbanisation très élevé (Dakar (96,4%), Saint-Louis (45,7%) et Thiès (49%)) pourront servir de baromètre au taux de pénétration du

riz local car c’est là où se situe le vé-ritable enjeu de cet autosuffisance.Ne plus avoir à importer de riz, per-mettra d’économiser près de 190 milliards de Fcfa (en valeur CAF) équivalent aux importations séné-galaises en riz pour 2013 (source: ANSD). A titre de comparaison, rappelons que le projet de budget 2015 du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural a été arrêté à la somme de 165 milliards de nos francs.

Parler d’autosuffisance en riz au Sé-négal, c’est bien évidemment penser à la chaîne Production-Transforma-tion-Commercialisation-Consom-mation. Les éléments constitutifs de cette chaîne ont tous la même importance. A la limite on pourrait même avancer la notion de “cycle de l’autosuffisance en riz” dont le principal moteur serait le crédit. La qualité est un élément qui doit être transversale pour toute la chaîne. Seulement, ce qui donne de la valeur à cette chaîne c’est le maillon Con-sommation et le défi est de taille car il faudra changer les habitudes et préférences alimentaires des con-sommateurs sénégalais qui sont très persistantes.

Le Sénégal veut ainsi produire 1,6 millions de tonnes de paddy, 60% en irrigué (640 000 t) et 40% (960 000 t) en pluvial. Au niveau de la Vallée du Fleuve Sénégal, on est en très bonne voie puisque la SAED annonce une production de 430 000 Tonnes de riz paddy produit sur une superficie de 60 573 Ha emblavées pour la campagne 2014. Gardons à l’esprit que la popula-tion sénégalaise avoisinerait les 15

millions d’habitants en 2017 avec un taux annuel de croissance dé-mographique (1990-2012) estimée à 2,7% et que selon la FAO le Séné-gal est l’un des plus gros consom-mateur de riz en Afrique de l’Ouest avec une consommation de riz par tête de 90 Kg.

La volonté politique d’atteindre l’autosuffisance en riz est clairement affichée. L’Etat du Sénégal et ses partenaires au développement sont à pied d’oeuvre : les moyens hu-mains, techniques et financiers sont mobilisés pour atteindre les objec-tifs.

La participation et l’implication du secteur privé sera primordiale surtout dans le maillon stratégique qu’est la transformation du riz. Les organisations professionnelles pay-sannes et surtout l’interprofession du riz (CIRIZ) sont au premier plan et doivent jouer pleinement leur rôle.

EDITORIAL

L’autosuffisance en riz pour le Sénégal, c’est quoi ?

Marcel Matar Diouf Agroéconomiste/FinancierChargé des Analyses Economiques

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Les programmes agricoles au Sénégal, des orientations politiques ? Depuis l’adoption de la Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale en 2004, les orientations stratégiques au profit de l’agriculture sénégalaise se succèdent et même parfois se su-perposent. Pourtant ces stratégies de développement se rejoignent au-tour d’un objectif commun à savoir l’éradication de la pauvreté au Séné-gal. L’idée est d’impacter durable-ment sur la croissance économique par un regain de compétitivité dans des secteurs clés et moteur de crois-sance comme l’agriculture.

De la Stratégie de Croissance Ac-célérée (SCA) dans sa grappe “Ag-riculture et Agro-industrie” en 2005 au Document Stratégique pour la crois-sance et la Réduction de la Pauvreté (DSRPII_2006-2010) devenu laStratégie Nationale de Dével-oppement Economique et Social (SNDES_2013-2017), les mots d’ordre sont croissance du Produit intérieur Brut par la productivité et la création d’emplois.

Pour l’agriculture, il s’agit de stimul-er la croissance du Produit Intérieur Brut Agricole par la création de richesse pour les producteurs ru-raux en améliorant la productivité et la compétitivité des filières agricoles vivrières et commerciales.

Malheureusement, jusqu’à présent on a eu plus droit à des orientations politiques de notre agriculture qu’à une vraie politique agricole cohé-rente car la matérialisation de la “vision politique” se heurte le plus souvent à la réalité économique. Le constat est finalement que nos pro-jets et programmes agricoles con-vergent en terme d’objectifs mais

est t-il aussi du pilotage et de la ges-tion de ces programmes ? En effet, entre les ministères, les agences et les unités de gestions des programmes on a du mal à se retrouver.Revenons maintenant sur ces pro-grammes qui aurait pu amorcer l’émergence de notre agriculture.

sont non complémentaires pour ce qui est des actions.

Il est vrai que notre agriculture a eu à bénéficier de programmes très ambitieux mais les résultats ont été pour le moins mitigés et n’ont pas été à la hauteur des attentes. En ef-fet, il est dommage de constater que les résultats et effets ont paru très éphémères au regard des coûts élevés de ces programmes.Certains analystes sont même d’accord pour dire qu’ils n’ont eu que peu d’impact sur les couches les plus vulnérables.

Cela fait un bon moment que notre agriculture n’arrive pas à émerger malgré les efforts des politiques et techniciens. Y a-t’il un problème d’approche ? Approche filière, ap-proche chaîne de valeur et mainten-ant approche clusters : il va falloir faire tout de même un choix perti-nent, non suggéré et adapté à notre environnement économique. Qu’en

Opinion

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Le plan REVA ou “Retour vers l’Agriculture”

C’est dans un contexte de forte émi-gration clandestine et d’exode rural que le plan REVA a été lancé en 2006. Ce programme a été même qualifié à un certain moment de révolution agricole pour le Séné-gal, pourtant ses protagonistes ont vite déchanté. Ce plan reposait sur la création de “pôles d’émergences agricoles” et sur la promotion de l’initiative privée.

Dans sa phase pilote d’août 2006 à décembre 2008, le plan REVA prévoyait la mise en place de 550 pôles d’émergence agricoles. Ces pôles devaient permettre de créer près de 300 000 emplois directs et indirects. Dans sa phase d’extension devant aller de 2008 à 2015, il était prévu de réaliser près de 5 700 pôles d’émergences agricoles tournés vers la production maraîchère, céréalière, animale et aquacole.

Face aux difficultés dans sa phase de mise en oeuvre, l’Agence Nationale REVA fût créée en 2008. Par la suite l’ANREVA est devenue l’Agence National d’Insersion et de Dével-oppement Agricole (ANIDA) avec toujours comme objectif principal la réalisation de fermes agricoles pour faciliter l’insertion des jeunes à travers la création d’emplois.

En 2014, l’ANIDA fait état de 76 nouvelles fermes agricoles créées et 4 domaines agricoles communau-taires modernes DAC (ancienne-ment appelés Domaines Agricoles Partagés -DAP- sous l’ANREVA).Actuellement cette logique de mise en place de fermes agricoles et

aquacoles se poursuit dans le cadre du Programme des Domaines Ag-ricoles Communautaires du Séné-gal (PRODAC_2014-2018). De même une composante du Projet d’Appui à la Promotion de l’Emploi des Jeunes et des Femmes (PAPE-JF_2014-2018) prévoit la réalisation de 156 fermes agricoles et aquacoles par l’ANIDA et l’Agence Nationale de l’Aquaculture (ANA).

On s’accorderait à dire que cela soit les “pôles d’emergences”, les “do-maines agricoles partagés ou com-munautaires” et les “fermes natan-gué”, le principe directeur reste le même à savoir l’insertion des jeunes par la création d’emplois.

La Grande Offensive pour la Nourriture et l’Abondance( GO-ANA)

Cette fois-ci, le contexte du lance-ment de ce programme a été la crise de 2008 marquée par la flambée des prix des denrées agricoles et sur-tout par une forte volatilité des prix du riz. A Dakar, on a assisté aux “émeutes de la faim” qui ont relancé la problématique de l’insécurité ali-mentaire. L’Etat a réagi en lançant le 18 avril 2008 la GOANA.

Ce vaste programme d’un coût es-timé à 345 milliards de Fcfa avait des objectifs jugés un peu trop am-bitieux. En effet la GOANA visait une production de 2 000 000 tonnes de maïs, 3 000 000 tonnes de mani-oc, 500 000 tonnes de riz paddy et 2 000 000 tonnes pour les autres cul-tures vivrières. Dans le cadre de ce programme, environ 193 milliards de Fcfa étaient consacrés à l’achat d’engrais, 52 milliards à celui de se-mences et 13 milliards à l’achat de produits phytosanitaires. Le reste des investissements devait porter sur le matériel et équipements ag-ricoles, les aménagements hydro-agricoles, l’encadrement et le suivi pour un coût global de 87 milliards de Fcfa.

Pour la campagne agricole 2008-2009, au vu des données publiées par l’ANSD, les résultats se sont révélés significatifs avec 1 756 705 tonnes de céréales produites (dont 411 499 tonnes de maïs et 678 170 tonnes de mil) contre 772 239 tonnes pour la campagne 2007-2008 (dont 158 266 tonnes de maïs et 318 622 tonnes de mil). Malheureusement, ce niveau de production n’a pas pu se main-tenir au delà des 2 campagnes agri-coles qui suivirent.

Du Retour à l’Agriculture à la Grande Offensive pour l’Abondance

Programmes agricoles

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Le Programme National d’Autosuffisance en Riz (PNAR)

En même temps que la GOA-NA et spécifiquement pour la fil-ière riz, le Programme National d’Autosuffisance en Riz a été élaboré et s’inscrivait dans le cadre de la Stratégie National de dével-oppement de la Riziculture (SNDR).Cette stratégie devait répondre aux objectifs d’autosuffisance en riz, évoqués pour la première fois lors d’un conseil présidentiel en 2005.

Le budget du PNAR avait été estimé à 174 milliards de Fcfa et couvrait 3 années (de 2009 à 2011). L’objectif du PNAR de 2008 était d’atteindre à l’horizon 2012, 1000 000 tonnes de riz blanc soit 1 500 000 tonnes de paddy. Pour cela, il fallait porter les superficies aménagées en riz à 130 720 ha dont 115 720 ha dans la Vallée du Fleuve Sénégal et 15 000 ha dans le bassin de l’Anambé.

La part attendue de la riziculture irriguée pour atteindre cet objec-tif était de 800 000 tonnes (80%) et celle du riz pluvial de 200 000 tonnes (20%).

Seulement, les résultats n’ont pas été ceux escomptés puisque pour la campagne 2011-2012 de riz, les don-nées de l’ANSD donne un niveau d’emblavure en riz de 109 176 Ha pour une production globale de 405 823 Tonnes (Rendement 3,7 T/Ha).

Le Programme National d’Investissement Agricole (PNIA)Le PNIA est la traduction au niveau national de la Politique agricole commune de la CEDEAO (ECOW-AP) et du Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA). Son proces-sus de formulation (2008-2010) s’est opéré avec l’ensemble des ac-

teurs (Etat, secteur privé, société civile, Organisations de produc-teurs, etc.) et a abouti à son opéra-tionnalisation dans un Plan national d’Investissement (PI_2011-2015).Les impacts attendus du PI étaient entre autres:- de porter la part de l’agriculture dans le PIB total à 20,29% en 2015 et à 21,53% en 2020; - d’obtenir un taux de croissance du PIB agricole de 7,43% en 2015 et de 6,62% en 2020;- d’atteindre un taux de couverture des besoins céréaliers de 125,83% en 2015 et de 186,37% en 2020;- et de réduire l’incidence de la pau-vreté nationale à 25,89% en 2015 et à 18,06% en 2020.

Le PI disposait d’une enveloppe évaluée à 1346 milliards de Fcfa dont les 69% étaient consacrés au sous-secteur de l’agriculture, 10,9% à l’élevage et 10,7% à l’environnement. Précisons qu’environ 70% des res-sources consacrées au sous-secteur de l’agriculture étaient destinées à la fourniture d’intrants agricoles.

Le PNIA est officiellement opé-rationnel depuis 2013 avec le dé-marrage du Programme d’Appui au PNIA Sénégal (PAPSEN) et du Programme d’Accélération de la Ca-dence de l’Agriculture Sénégalaise (PRACAS) en 2014.

Les programmes nationaux d’autosuffisance en riz et d’investissement agricole

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Programmes agricoles

Page 6: Autosuffisance en riz au sénégal

Que dire des impacts réels de ces programmes agricoles ambitieux qui se sont succédés depuis 2005 ? Sinon qu’ils n’ont même pas pu im-pulser une croissance soutenue du secteur agricole.

Une étude de l’ANSD révèle que le taux de croissance moyen du sous-secteur de l’agriculture est de 2,5% entre 2000 et 2011 et que la part moyenne de l’agricuture dans le PIB national est estimée à 7,86% (2007-2011). Selon la même étude la vola-tilité (1997-2011) du secteur agri-cole est de 17,5% pour l’agriculture vivrière et de 32% pour celle indus-trielle.

Actuellement la croissance est por-tée par le secteur tertiaire, la contri-bution du secteur agricole à la crois-sance atteint à peine les 0,1% et ce malgré les programmes agricoles ambitieux qui se sont succédés. Ou-tre les contraintes liées aux aspects climatiques, beaucoup de difficultés subsistent et menacent même notre sécurité alimentaire.

L’adhésion en 2013 du Sénégal à la Nouvelle Alliance pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition (NA-SAN) montre la détermination de nos pouvoirs publics à inverser la tendance en sollicitant la contribu-

tion des investisseurs privés natio-naux et étrangers pour soutenir le développement durable du secteur agricole.

L’Etat a aussi pris ses responsabili-tés en s’inscrivant dans une dynam-ique de relance de la production céréalière et arachidière, de promo-tion de l’agriculture commerciale et surtout de modernisation de l’agriculture familiale. Ainsi dans le cadre de son Programme Trien-nal d’Investissement Public (PTIP 2015-2017), le budget programmé pour le secteur agricole se chif-fre à 497,4 milliards de FCFA soit 14,88% du budget global et 71,49% des investissements prévus pour le secteur primaire.

Parmi les projets phare du pro-gramme Plan Sénégal Emergent (PSE) prévus au titre de ces inves-tissements, on trouve :

-Le projet de mise en place des cor-ridors céréaliers qui consiste à dével-opper et intensifier les bassins agricoles irrigués pour la production de céréales (mil/riz/maïs). Le coût global est estimé à 308 milliards de Fcfa.

-Le projet de création de 100 à 150 projets d’agrégation (fermes

agricoles) dans les filières de l’horticulture (fruits et légumes) et de l’élevage (lait, aviculture, etc.) pour un coût de 89 milliards de Fcfa.-Et le Programme d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture au Séné-gal (PRACAS) dont le coût global est estimé à 581 milliards de Fcfa avec 424,7 milliards de Fcfa (73%) pour la filière Riz, 92 milliards de Fcfa (16%) pour la filière Arachide, 20,9 milliards de Fcfa (4%) pour la filière Oignon et 43,50 milliards de Fcfa (7%) pour les fruits et légumes de contre saison.

En définitive, l’ensemble de ces pro-grammes concourront à améliorer la productivité et la compétitivité de nos produits agricoles, à dével-opper l’agrobusiness et moderniser notre agriculture familiale. Il faudra néanmoins résoudre les probléma-tiques liées à la mobilisation des ressources financières, au pilotage efficient des programmes et surtout celles liées à la présence des inter-médiaires.

L’émergence du secteur agricole passe par l’efficience des programmes agricoles

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Opinion

Page 7: Autosuffisance en riz au sénégal

7CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Riz Juin 2015

Produire 1,6 millions de tonnes de paddy, 60% en irrigué Les résultats définitifs de la cam-pagne agricole 2013 publiés par l’ANSD révèlent que 108 547 Ha ont été emblavés en riz pour une production de 436 153 Tonnes de paddy avec un rendement moyen de 4 Tonnes/Ha. Avec une production de 430 000 Tonnes annoncée par la SAED pour la campagne 2014, les producteurs de riz de la VFS ont égalé la quantité totale de riz produit sur l’ensemble du territoire sénégalais lors de la précédente campagne agricole. Rap-pellons que la moyenne des embla-vures en riz pour les 5 dernières années agricoles est de 127 786 Ha d’emblavures pour 477 968 Tonnes de paddy.

Au niveau de la VFS, pour attein-dre l’autosuffisance en riz en terme de production, il faudra parvenir à produire 912 000 Tonnes de paddy sur une superficie de 140 308 hec-tares (en double culture) avec un rendement moyen de 6,5 T/Ha. Pour la culture irriguée, dans le Bas-sin de l’Anambé, il est aussi prévu d’emblaver 8 000 Ha pour une pro-duction attendue de 48 000 Tonnes.

Avec un rendement de 8 T/Ha, les superficies à emblaver avoisin-

eraient les 114 000 Ha alors qu’ à 9 T/Ha, elles seraient d’environ 100 000 Ha. Deux leviers se présentent alors pour atteindre les objectifs: augmenter les superficies en riz ou améliorer les rendements.

Actuellement 119 640 Hectares sont aménagés au niveau de la VFS et plus de 20 000 Ha de nouveaux aménagements sont prévus, sans compter ceux qui seront réhabilités.Ainsi l’augmentation des surfaces cultivables en riz pour l’atteinte des objectifs est déjà actée.Pour ce qui est de la répartition des emblavures en riz entre les deux saisons de culture du riz, l’objectif pour 2017 est de faire 70 154 Ha en contre saison chaude comme

l’hivernage. Cela suppose la double-culture sur au moins 40% des sur-faces en riz si l’on considère qu’au moins 80% des surfaces aménagées seront emblavées en riz.

Mais ne faut-il pas miser plus sur la contre saison chaude qui en-registre le plus souvent le maxi-mum d’emblavures et les meilleurs rendements en comparaison avec l’hivernage ? La seule contrainte étant les risques climatiques élevés lors des récoltes et leur impact sur la qualité du paddy à transformer (possible réduction du coefficient de transformation due au fait que le paddy n’a pas atteint son degré d’humidité ideal).

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Evolution production Riz en Tonnes par campagne dans la VFS (source SAED)

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Evolution superficie Riz en Ha par campagne dans la VFS (source SAED)

Production

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Taux de croissance des indicateurs pour le Riz PaddySource: ANSD

Production de paddy

Surfaces cultivées en paddy

Rendement de paddy

AUTOSUFFISANCE EN RIZ

Page 8: Autosuffisance en riz au sénégal

S’agissant du riz pluvial, les objectifs globaux sont de 640 050 Tonnes pour 183 000 Ha d’emblavures. Les régions de Zigu-inchor, de Kolda et de Sédhiou sont au premier plan:

- Ziguinchor qui a cultivée en moyenne 7396 Ha de mil et 21 636 Ha en riz pluvial durant les 3 dernières campagnes, doit fournir 182 000 T de paddy pour 52 000 Ha d’emblavures.

- La région de Kolda, ayant emblavé en moyenne 20 123 Ha en mil, 19 501 Ha en sorgho et 19 429 Ha en maïs durant les 3 dernières campagnes, doit produire 168 000 T de paddy pour 48 000 Ha d’emblavures.

- Et enfin la région de Sedhiou qui a emblavé en moyenne 32 295 Ha en mil et 21 450 Ha en riz, doit produire 161 000 T de paddy pour 46 000 Ha d’emblavures.

La région de Kedougou doit quant à elle produire 35 000 T, celle de Tam-bacounda 31 500 T et 17 500 T pour Kaffrine et pour Kaolack.

Cependant on serait amener de penser qu’il s’agit là de prévi-sions trop optimistes, au vue de l’irrigularité des précipitations et de la perspective des changements cli-matiques très marquée dans la zone sud.

Pour ces régions engagées exclusive-ment dans le riz pluvial, le potentiel de consommation en riz blanc est es-timé à 380 000 T en 2017 si on prend comme base de calcul les 1 080 000 Tonnes de riz blanc à produire, une consommation par tête de 72 Kg /an et si on table sur une population de 15 millions d’habitants en 2017. Le potentiel de production pour ces régions qui comptent en moy-enne 26% d’urbains est de 464 737 Tonnes de riz blanc (les 48 000 T en irrigué de Kolda sont inclus).

Soulignons que l’autosuffisance en riz risque d’avoir un impact sur ce-lui en oignon étant donné que 44% de la production nationale en 2013 a été produite dans la VFS. En 2013, 102 233 Tonnes d’oignons ont été produites dans la VFS pour 3790 Ha d’emblavures. Précisons que durant

les 5 dernières années (2009-2013), la VFS a emblavé en moyenne 4000 Ha en oignon pour une production de 108 000 Tonnes.

La gestion des campagnes par les producteurs sera aussi un enjeu de taille pour l’atteinte des objectifs en terme d’emblavures. En effet l’efficacité de l’encadrement tech-nique sera suspendu à la décision des producteurs d’être responsa-bles dans la gestion du crédit de campagne et de garantir un certain professionalisme dans la gestion des aménagements publics.

Il est bien entendu évident qu’un renforcement de la dynamique or-ganisationnelle au sein des organisa-tions professionnelles paysannes est souhaitable afin de faciliter l’atteinte du niveau de production requis.

Lire aussi : doc sur Diagnostic de la filière riz fr.slideshare.net/marcelmatardiouf/diagnostic-de-la-filire-riz

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Evolution superficie en Ha (Source SAED)

Riz Hivernage Tomate + Oignon

Production

Produire 1,6 millions de tonnes de paddy, 40% en pluvial

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AUTOSUFFISANCE EN RIZ

Page 9: Autosuffisance en riz au sénégal

Le coût global prévu pour at-teindre l’autosuffisance en riz à l’horizon 2017 est de 424,7 milliards de Fcfa. Une attention particulière est donnée à l’amélioration des con-ditions de campagne et des rende-ments. En effet, 55% de ce montant est réservé à la reconstitution du capital semencier et à la subvention et mise à disposition d’engrais.

Près de 9% du coût global du dével-oppement de la filière riz sera con-sacré aux équipements. Au niveau de la VFS, le parc de matériels agri-coles fonctionnels et utilisés estimé par la SAED en 2010 était com-posé de 165 tracteurs, 114 offsets, 67 billonneuses, 28 moissonneuses-batteuses, 170 batteuses et 4 bot-teleuses.

Le PRACAS envisage pour 2017, d’augmenter le parc de matériels agricoles de :

- 275 tracteurs (93 en irrigués et 182 en pluvial);

- 931 motoculteurs (23 en irrigués et 908 en pluvial);

- 1626 batteuses (278 en irrigués et 1348 en pluvial);

- et de 123 moissonneuses-batteuses pour la VFS.

C’est ainsi près de 20 000 emplois directs qui seront créés en milieu ru-ral.Cependant, il y a lieu de s’inquiéter du mode de gestion de ce parc de matériels agricoles, au quel cas on risque d’assister à une dégradation rapide de ces équipements agricoles.

Evolution de la superficie et de la production en riz au niveau des régions du Sénégal

Production

Promotion de la mécanisation pour accélérer la cadence de la production de riz

Coût des investissements pour la filière Riz

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AUTOSUFFISANCE EN RIZ

Page 10: Autosuffisance en riz au sénégal

Le secteur de la transformation, pierre angulaire de l’autosuffisance en riz L’implication réelle du sec-teur privé dans la politique d’autosuffisance en riz se fera sentir au niveau du secteur la transfor-mation. En effet, en plus d’avoir à transformer près de 1 600 000 tonnes de paddy, il va falloir fournir un riz blanc de qualité possédent les mêmes attributs marketing que le riz importé.

Actuellement la capacité d’usinage du paddy (rizerie de qualité) dans la VFS est inférieure à 180 000 Tonnes, ce qui suppose qu’une grande partie du paddy sera transformée au niveau des décortiqueuses artisanales. En dépit du fait qu’on les pointent du doigt en ce qui concerne la four-niture d’un riz blanc de mauvaise qualité, force est de constater qu’ils auront leur partition à jouer pour une autosuffisance dans la trans-formation. Que faire alors ? Sinon que de les regrouper en associations de transformateur et de moderniser leurs installations en les équipant en modules de décortiquage, de triage et de conditionnement.

Le besoin en équipements agricoles est estimé à 38 139 millions (soit 15 172 millions en irrigués et 22 967 millions en pluvial. Le PRACAS prévoit l’acquisition de 2474 décor-tiqueuses artisanales (451 en irrigué et 2023 en pluvial) et de 227 mini-rizeries (92 en irrigué et 135 pluvial).Une attention particulière doit être accordée à la répartition géographique des unités de trans-formation afin de réduire les coûts liés à la transformation. Citons en exemple la VFS, où la majorité des unités de transformation sont con-centrées dans le département de Dagana.

Avoir une bonne capacité de stock-age est aussi très important pour permettre de rentabiliser les inves-tissements. Il est ainsi prévu dans la VFS la construction de hangars pour un objectif de 300 000 T de stockage d’ici 2017.Au niveau du maillon transforma-tion, près de 25 000 emplois directs pourraient être créés si on s’en tient aux investissements prévus.

Pour améliorer l’éligibilité des riziers au financement de la CNCAS, un fonds de garantie de 3 milliards de Fcfa a été mis en place. De même, 5 milliards seront débloqués pour faciliter la commercialisation. Ce fond est l’équivalent de 40 000 T de paddy achetés à 125 Fcfa le kilo-gramme.

Le secteur de la transformation est sans nul doute un des maillons faible de cette politique d’autosuffisance en riz. En effet, les principaux ac-teurs des chaînes de valeur du riz local se retrouvent sur plusieurs maillons : il n’ y a pas de spéciali-

sation. De ce fait, la majeure partie des transformateurs (riziers, etc.) commercialisent le riz local sous leur propre label en plus de jouer le rôle de consolidateur de stock de paddy, ce qui introduit un aléa moral au niveau du processus de contrac-tualisation.

L’historique de la transformation du riz dans la VFS a grandement con-tribué à la mauvaise presse qu’ont les acteurs de ce secteur. Actuelle-ment leurs efforts et ceux des parte-naires au développement (PAPRIZ, USAID, etc.) ont permis une nette amélioration de la qualité du riz lo-cal qui est commercialisée. Seule-ment, une question se pose : pour-ront-ils usiner 1 600 000 T de paddy en maintenant ce même niveau de qualité d’un seul tenant et assurer un approvisionnement régulier du marché ?

Lire aussi : doc sur Transformation riz local: fr.slideshare.net/marcelmatardiouf/ae-transfo-riz-local1314?related=1

Transformation

CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Riz Juin 2015 10

AUTOSUFFISANCE EN RIZ

Page 11: Autosuffisance en riz au sénégal

11CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Riz Juin 2015

Donner du “CREDIT”aux chaînes de valeur du riz Le financement de la produc-tion et de la commercialisation pour atteindre l’objectif d’autosuffisance en riz à l’horizon 2017, ne sera pas chose facile. Rien que pour la pro-duction, il faudra mobiliser pas moins de 70 milliards de Fcfa.

Au niveau de la VFS, pour l’année agricole 2014 (contre saison chaude 2014 et hivernage 2014-15), 48% des superficies en riz ont bénéficié d’un crédit de campagne fourni par la CNCAS contre 30% l’année précédente. Le montant du finance-ment se chiffre à près de 8 milliards de Fcfa (en moyenne 300 000 Fcfa/Ha) contre 4 milliards en 2013. Pré-cisons que la CNCAS est le plus gros financeur des campagnes rizicoles au Sénégal. Certains institutions de microfinance participent aussi au fi-nancement des campagnes rizicoles.Cependant, pour que le financement soit efficace, il faudrait bien qu’il concerne l’ensemble de la chaîne de valeur identifiée, qu’il soit adapté au besoin exprimé et soit disponible à temps.

Certains producteurs en délica-tesse avec leurs institutions finan-cières et n’ayant pas la possibilité de s’autofinancer font de plus en plus recours à des structures non agrééespour le financement et dont le mode de recouvrement du prêt s’apparenterait à de l’usure.

Le niveau de recouvrement ainsi que le respect des échéanciers du crédit de campagne sont capitaux pour améliorer la quantité et la qualité du financement. En zone pluviale, le risque de crédit est beaucoup plus élevé qu’en zone irriguée.

Pour les producteurs de la VFS, le niveau de remboursement du crédit

de campagne conditionne le fait que la double culture soit faisable ou non, plus que la disponibilité du matériel agricole (tracteur, moisson-neuse-batteuse, etc.). En effet, au niveau des aménagements publics, le taux de recouvrement du crédit de campagne est la plupart du temps différent pour les organisations paysannes regroupées au sein de la même union hydraulique. Cette situ-ation peut conduire à une mise en place tardive du crédit et accroît de fait l’incertitude quant à la planifica-tion et à la réalisation des travaux culturaux. Le calendrier cultural de la campagne en cours et de celle qui suit sont alors fortement boulever-sés.

Plusieurs facteurs peuvent affecter la capacité de remboursement des producteurs. On peut citer entre autres, des difficultés dans la ges-tion de la trésorerie de l’exploitation et du crédit de campagne couvrant uniquement les intrants agricoles. Toutefois l’un des facteurs les plus déterminants reste la commerciali-sation du riz qui constitue un prob-lème majeur pour les chaînes de valeur du riz local.

Il est évident qu’un financement de la commercialisation du riz va amé-liorer de manière considérable le niveau de recouvrement des crédits de campagne souscrits par les pro-ducteurs.

En définitive, retenons que pour régler la problématique du finance-ment des campagnes rizicoles, il faut que nos pouvoirs publics travaillent à plus impliquer les institutions de microfinance et autres structures bancaires. La CNCAS à elle seule, ne peut prendre en charge la to-talité du besoin en financement. De même en l’absence des sûretés, les financeurs ont intérêt à s’appuyer sur les structures d’encadrement technique, d’appui en gestion et de formation afin de leur assurer un minimum de visibilité sur le dénoue-ment du crédit.

Financement

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Situation superficie financée par la CNCAS en Ha(source SAED)

Superficie Financée Superficie cultivée

AUTOSUFFISANCE EN RIZ

Page 12: Autosuffisance en riz au sénégal

12

Avec un taux de couverture des besoins en riz n’atteignant pas 30%, le Sénégal doit importer du riz pour nourrir sa population qui croît sans cesse. Le riz importé nous vient principalement d’Inde, de la Thaïlande, du Vietnam, du Brésil et de l’Argentine. Selon les données de l’ANSD, en 2014 le Sénégal a im-porté en moyenne 959 329 Tonnes de riz pour une valeur CAF de 179 milliards de Fcfa. En 2014, la moy-enne mensuelle des importations est de 79 944 Tonnes pour 76 574 Tonnes en 2012 et 67 077 Tonnes en 2011.

Avec l’augmentation probable de la production de riz local induit par la politique d’autosuffisance en riz, les pouvoirs publics envisagent de lim-iter les importations de riz à 500 000 Tonnes. L’Etat entend aussi indexer les autorisations d’importation de riz à terme à l’achat d’un quota de riz local. Il sera aussi imposé aux structures relevant des services de l’Etat de s’approvisionner en riz lo-cal (armée, polices, hopitaux, police etc.). Seulement, ces mesures suf-firont-ils à pousser les sénégalais à consommer du riz local ?

Il va falloir modifier progressive-ment des habitudes alimentaires historiquement bien ancrées. Pour cela, les informations nutritionelles sur les attributs du riz local ainsi que les commodités liées à sa prépara-tion culinaire doivent faire l’objet d’une communication publicitaire soutenue. Un élément important et non des moindres sera la con-figuration des prix du riz local car le pouvoir d’achat assez faible des ménages sénégalais pèse déjà sur les décisions d’achat.

CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Riz Juin 2015

Etre autosuffisant en riz, c’est d’abord pouvoir commercialiser

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Importations mensuels de riz (source ANSD)

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Evolution des importations de riz (source: ansd)

Riz (Poids net) Riz (Valeur CAF)

Apporter des solutions durables à la problématique du riz local, revient à identifier et financer les chaînes de valeur du riz local les plus efficientes (celles où les acteurs sont spé-cialisés). Ce ciblage prioritaire aura l’avantage de réduire les biais dans le processus de contractualisation et de permettre un approvisonnement régulier et en quantité du marché.

Cette démarche permettra aussi une meilleure implication des impor-tateurs et commerçants dans ces

chaînes de valeur. Ainsi l’efficience des coûts au niveau des maillons de la chaîne va conduire à la formation d’un prix rémunérateur pour les ac-teurs de la chaîne et accessible pour le consommateur.

La concurrence entre les chaînes de valeur spécialisées et celles non spécialisées peut permettre au riz lo-cal de gagner en compétitivité sur le rapport qualité/prix.

AUTOSUFFISANCE EN RIZ

Lire aussi : doc sur la commercialisa tion du rizfr.slideshare.net/marcelmatardiouf/commercialisation-du-riz-localdoiton-aller-vers-le-protectionnisme

Page 13: Autosuffisance en riz au sénégal

13CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Riz Juin 2015

Selon la FAO, la production mondiale a légèrement baissé et s’établit à 741,3 millions de tonnes de paddy en 2014 contre 745 mil-lions de tonnes en 2013. Les expor-tations aussi se sont accrues en pas-sant à 42 millions de tonnes contre 37,3 millions de tonnes en 2013.

“En Afrique subsaharienne, la pro-duction 2014 n’aurait progressé que de 1,5% à 14Mt (en équivalent blanchi) contre 13,7Mt en 2013. La demande d’importation devrait rester importante, et notamment au Sénégal où les importations 2015 pourraient une nouvelle fois dépasser 1Mt pour satisfaire une consommation annuelle de 1,5Mt environ.” (Osiriz, janvier 2015-n°131)

En 2014, la tendance des cours mondiaux du riz est à la baisse mais ces cours restent relativement plus élevés que ceux qui avait prévalu avant la crise de 2008. Le Thai 100B s’est échangé à l’export à 399 US$/t en avril 2015 contre 427 US$/t pour l’année 2014. Pour le A1Super, il vaut 325 US$/t à l’export en avril 2015 contre 321 US$/t pour l’année 2014.

Selon l’ARM, le riz brisé indien or-dinaire fortement présent dans les marchés urbains au Sénégal s’est échangé en moyenne à 268 Fcfa/Kg en 2014. Ce riz, qui a coûté en moyenne jusqu’à 282 Fcfa/Kg en 2013 et 299 Fcfa/kg en 2012, est en concurrence directe avec le riz local sénégalais. Cette situation contribue à tirer les prix du riz brisé local vers le bas. Pour le riz brisé indien ordi-naire la moyenne des prix pour les 5 dernières années se situe environ à 280 Fcfa/Kg alors que pour le riz brisé local, il est à 277,2 Fcfa/Kg.

Les cours mondiaux du riz sont à la baisse

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Prix à l'exportation US$/t FOB-source Osiriz

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Thai100B Thai25 Pak25 A1Super

Prix à l'exportation (en US $/t FOB-source: OSIRIZ)

PrixAUTOSUFFISANCE EN RIZ

439,6 460,3 455,6 466,6 467,3486,8 496,9 494,4

31,3 30,2 30,1 31,5 35,2 37,3 37,3 42,4

103,6 109,2 120,1 130 140,6159,3 174,8 181,2

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Bilan riz mondial (source OSIRIZ)

Production (équiv. Riz blanc) Exportations Stocks

Page 14: Autosuffisance en riz au sénégal

14

Les données de la CSA nous indiquent que le prix mensuel de dé-tail du riz importé parfumé a baissé de 10 Fcfa/Kg en s’établissant en moyenne à 439 Fcfa/Kg en 2014 contre 449 Fcfa/Kg en 2013.

Pour le riz importé brisé ordinaire, il a coûté en moyenne 274 Fcfa/Kg en 2014 contre 282 Fcfa/Kg en 2013, soit une baisse de 8 Fcfa/Kg.

Pour le riz local décortiqué, en 2014 il s’est vendu en moyenne à 254 Fcfa/Kg contre 267 Fcfa/Kg en 2013.

Dans la région de Saint-Louis, le prix mensuel à la production du riz local décortiqué s’est chiffrée à 248 Fcfa/Kg en 2014 contre 268 Fcfa/Kg en 2013. Pour le riz importé bri-sé ordinaire, il s’est vendu en moy-enne à 281 Fcfa/Kg en 2014 contre 283 Fcfa/Kg en 2013. Et enfin le riz importé brisé parfumé s’est échangé à 447 Fcfa/Kg en 2014 contre 454 Fcfa/Kg en 2013.

A Dakar, le prix mensuel à la pro-duction du riz local décortiqué s’est légèrement apprécié, il s’est vendu à 293 Fcfa/Kg en 2014 contre 284 Fcfa/Kg en 2013. Pour le riz brisé importé ordinaire, il a coûté 274 Fcfa/Kg en 2014 contre 277 Fca/Kg en 2013. Le riz importé brisé parfumé s’est vendu à 414 Fcfa/Kg en 2014 contre 454 Fcfa/Kg en 2013.

A Thiès, le prix mensuel du riz lo-cal décortiqué s’est maintenu à 266 Fcfa/Kg entre 2013 et 2014. Pour le riz brisé importé ordinaire, le prix est passé de 275 Fcfa/Kg à 262 Fcfa/Kg. Enfin le riz brisé parfumé s’est vendu à 340 Fcfa/Kg en 2014 contre 450 Fcfa/Kg en 2013.

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Prix mensuels de détail du riz local décortiqué en Fcfa/Kg en 2013 (source: CSA)

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Prix mensuels de détail du riz local décortiqué en Fcfa/Kg en 2014 (source: CSA)

Moy 5 ans Moy 2014

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janv févr. mars avr. mai juin juil. août sept. oct. nov. déc.

Prix mensuels de détail du riz importé brisé ordinaire en Fcfa/Kg en 2013 (source: CSA)

Moy 5 ans Moy 2013

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janv févr. mars avr. mai juin juil. août sept. oct. nov.

Prix mensuels de détail du riz importé brisé ordinaire en Fcfa/Kg en 2014 (source: CSA)

Moy 5 ans Moy 2014

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Prix mensuels de détail du riz parfumé en Fcfa/Kg en 2013 (source: CSA)

Moy 5 ans Moy 2013

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Prix mensuels de détail du riz parfumé en Fcfa/Kg en 2014 (source: CSA)

Moy 5 ans Moy 2014

Consommer du riz local, oui, mais à quel prix ?

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Tendance du marché au niveau national des prix du riz en Fcfa/Kg (source ARM)

Riz brisé Non parfuméRiz brisé Indien ordinaireRiz brisé Local

Prix

Page 15: Autosuffisance en riz au sénégal

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Marché de Saint-Louis

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Marché de Thiès

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Marché de Dakar

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St-Louis Dakar Thiès

Riz importé brisé

Il apparaît que les prix du riz au niveau national ont connu une légère baisse en 2014, ce qui est bon signe pour le consommateur. Pour le riz brisé local, son prix s’est main-tenue en dessous de 300 Fcfa/Kg mais reste fortement concurrencée par le riz indien.

Pour l’instant, avec un coût de pro-duction du riz estimé à 80 Fcfa/Kg ( SAED), la marge du produc-teur est de 45 Fcfa/Kg pour un prix de cession du paddy estimé à 125 Fcfa/kg et un rendement de 6,7 T/Ha. Le taux de marge pour le riz est alors d’environ 55%, loin des 200% possible pour les cultures irriguées maraîchères.

Toutefois, en l’absence de débou-chés certains pour le riz blanc décor-tiqué ou usiné, les transformateurs-distributeurs et les commerçants ont du mal à rentabiliser leurs activités.

Les mesures protectionnistes de l’Etat comme les quotas d’achat de riz local permettront d’améliorer la mise en marché. Cependant il est préférable que ces achats visent en priorité le paddy issu des stocks de remboursement des crédits de cam-pagne octroyés par les institutions financières (CNCAS, et autres IMF) afin de sécuriser la base productive et d’augmenter le volume de riz pad-dy commercialisé.

L’interprofession du riz (CIRIZ)aura un très grand rôle à jouer en rapport avec l’organisation des ac-teurs. On se demande même quel sera la place et le statut des importa-teurs dans le CIRIZ au vu de la nou-velle donne ? Avec l’augmentation de la production de paddy, le CI-RIZ aura fort à faire sur la fixation du prix de cession du paddy étant donné que les coûts de production du riz sont dépendants des types de

périmètres irrigués. On doit tendre nécessairement vers une stabilisation des prix du paddy et du riz blanc pour que l’autosuffisance en riz ait des effets significatifs sur la sécurité alimen-taire des ménages sénégalais. Amé-liorer le processus de contractuali-sation entre les acteurs des chaînes de valeur du riz local est plus que jamais nécessaire.

Lire aussi : doc sur le prix du riz/ fr.slideshare.net/marcelmatardiouf/ae-prix-riz-1112-cgerv

AUTOSUFFISANCE EN RIZ Prix

Vers une stabilité du prix de cession du paddy et du riz blanc

15

Page 16: Autosuffisance en riz au sénégal

Les enjeux de l’autosuffisance en riz sont énormes pour l’économie sénégalaise. L’insécurité alimentaire et la pauvreté au Sénégal peuvent en être fortement réduite.

Cette volonté politique affirmée et clairement affichée pour l’autosuffisance a le mérite de créer une certaine émulation pour le sec-teur agricole. L’agriculture séné-galaise en sort déjà vainqueur. Les attentes sont immenses et sont à la mesure des objectifs fixés. Le défi de l’autosuffisance en riz sera relevé tôt au tard.

Les ressources humaines, financières et techniques sont entièrement mo-bilisées. Il faudra seulement faire

attention à ne pas reconduire les mêmes erreurs du passé et aller au delà de l’effet d’annonce.

Le “consommer local” doit néces-sairement revenir à la mode pour réduire le déficit de notre balance commerciale et booster le taux de croissance de notre PIB agricole. La création d’emplois et d’activités génératrices de revenus gravitant autour de l’agriculture sera ainsi ef-fective pour les jeunes et pour les femmes.

Toutefois cette dynamique de dével-oppement durable pour l’émergence de notre agriculture doit être ac-compagnée par des avancées posi-tives sur des problématiques qui

minent notre agriculture (la ques-tion du foncier, de l’accaparement des terres, du financement de l’agriculture, etc.).

Des révolutions institution-nelles sont aussi nécessaires et l’accélération de la mise en oeuvre de la Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP) en est une.

Le défi de l’autosuffisance en riz sera relevé tôt ou tard

AUTOSUFFISANCE EN RIZ

CGER Vallée- Bulletin Analyse Economique Filière Riz Juin 2015 16

Page 17: Autosuffisance en riz au sénégal

Contribuer à la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance au sein des organisations de producteurs de la Vallée du Fleuve Sénégal

CGERV

Nos objectifs

L’information économique pour les acteurs et décideurs du développement rural

Aujourd’hui, les CGER contribuent à la politique de développement agro-sylvo-pastorale en matière de développement de l’information agricole. Ils apportent aux Pouvoirs Publics et aux acteurs du développement des outils complémentaires d’aide à la décision pour les politiques, stratégies et incitations

Centre de NDIAYE, BP : 913, Saint-Louis Sénégal, Tel: 962 64 02