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A lire également Les associations notent le CIH : pas mal, mais à confirmer ! CIH : ce sera le 25 septembre ! Le CIH, c'est pour quand ? Adultes en établissement : comment favoriser leur expression ? : : : : à la Une : : : : 30/09/2013 - Handicap Jeunes adultes sans solution : l'Unapei saisit la justice C'est une première et cela pourrait faire boule de neige. Exaspérée par les drames vécus par de nombreux parents de jeunes adultes handicapés qui ne trouvent pas de place en établissement, l'Unapei a engagé une procédure de référé-liberté devant le juge administratif. Le premier dossier concerne une jeune fille de 19 ans, Amélie, qui est gardée nuit et jour par ses parents. Le 5 octobre 2012. Marie-Claire Loquet répète inlassablement cette date. Celle-ci correspond au jour où sa fille Amélie est revenue à la maison et n'en est plus ressortie. Depuis jour et nuit, ses parents s'occupent de leur fille atteinte du syndrome Prader-Willi associé à des troubles autistiques. Le papa travaille de nuit et se réveille à 13 heures pour prendre le relais de sa femme qui part assurer son mi-temps et le soir, ça recommence. Cela fait pratiquement un an que cela dure sans aucun relais assuré par des professionnels. Une histoire singulière qui se conjugue au pluriel Cette situation a de lourdes conséquences sur la vie de toute la famille : Amélie bien sûr qui aurait besoin d'activités pour la stimuler et pour quitter son isolement, les deux parents qui croulent sous la fatigue et les angoisses et même leur fils de 17 ans qui s'est retranché dans sa chambre. Pour comprendre cette situation, il faut raconter cette histoire singulière. Une histoire singulière qui se conjugue au pluriel, tellement les situations de détresse dans le secret des familles sont légion. "Notre fille a intégré à temps plein un IME en 2001, raconte Marie-Claire Loquet. En 2009, suite aux pressions de l'institut qui se plaignait de la lourdeur de la prise en charge d'Amélie, nous avons accepté de la prendre à mi-temps. C'était provisoire, nous disait-on, mais le provisoire a duré. Et Amélie approchait de sa majorité. En 2011, la MDPH du Val d'Oise fait une orientation vers une Maison d'accueil spécialisé (MAS). Ne trouvant pas de MAS pouvant l'accueillir, nous nous sommes orientés vers un établissement belge qui se disait spécialiste de ce syndrome. Nous l'avons déposée un jour de mai 2012 à 13 heures et le lendemain, elle était de retour chez nous, l'établissement ne souhaitant pas la garder. Il aurait fallu lui laisser du temps. " Pas de place pour Amélie ! Après se déroule une histoire où le "kafkaïen" rivalise avec le tragique. Amélie que ses parents avaient préparée à cette nouvelle vie ne comprend pas ce retour précipité. Trois semaines en hôpital psychiatrique. Un retour à l'IME qui, au nom de l'amendement Creton, est tenu de reprendre la jeune adulte. Là encore, cela ne dure pas. Le jour même, l'établissement appelle les urgences psychiatriques pour hospitaliser Amélie. "Ils se sont débarrassés de notre fille", dénonce la maman. C'était le 5 octobre 2012. Jeunes adultes sans solution : l'Unapei saisit la justice - ... http://www.tsa-quotidien.fr/action-sociale/articles/fiche-r... 1 sur 2 01/10/13 09:56

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Le 5 octobre 2012. Marie-Claire Loquet répèteinlassablement cette date. Celle-ci correspond aujour où sa fille Amélie est revenue à la maison etn'en est plus ressortie. Depuis jour et nuit, sesparents s'occupent de leur fille atteinte dusyndrome Prader-Willi associé à des troublesautistiques. Le papa travaille de nuit et se réveilleà 13 heures pour prendre le relais de safemme qui part assurer son mi-temps et le soir,ça recommence. Cela fait pratiquement un an quecela dure sans aucun relais assuré par desprofessionnels.

Une histoire singulière qui se conjugueau pluriel

Cette situation a de lourdes conséquences sur la vie de toute la famille : Amélie biensûr qui aurait besoin d'activités pour la stimuler et pour quitter son isolement, les deuxparents qui croulent sous la fatigue et les angoisses et même leur fils de 17 ansqui s'est retranché dans sa chambre. Pour comprendre cette situation, il faut racontercette histoire singulière. Une histoire singulière qui se conjugue au pluriel, tellementles situations de détresse dans le secret des familles sont légion. "Notre fille a intégré à temps plein un IME en 2001, raconte Marie-Claire Loquet. En2009, suite aux pressions de l'institut qui se plaignait de la lourdeur de la prise encharge d'Amélie, nous avons accepté de la prendre à mi-temps. C'était provisoire,nous disait-on, mais le provisoire a duré. Et Amélie approchait de sa majorité. En2011, la MDPH du Val d'Oise fait une orientation vers une Maison d'accueil spécialisé(MAS). Ne trouvant pas de MAS pouvant l'accueillir, nous nous sommes orientés versun établissement belge qui se disait spécialiste de ce syndrome. Nous l'avonsdéposée un jour de mai 2012 à 13 heures et le lendemain, elle était de retour cheznous, l'établissement ne souhaitant pas la garder. Il aurait fallu lui laisser du temps. "

Pas de place pour Amélie !

Après se déroule une histoire où le "kafkaïen" rivalise avec le tragique. Amélie que sesparents avaient préparée à cette nouvelle vie ne comprend pas ce retour précipité.Trois semaines en hôpital psychiatrique. Un retour à l'IME qui, au nom del'amendement Creton, est tenu de reprendre la jeune adulte. Là encore, cela ne durepas. Le jour même, l'établissement appelle les urgences psychiatriques pourhospitaliser Amélie. "Ils se sont débarrassés de notre fille", dénonce la maman. C'étaitle 5 octobre 2012.

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Par Noël Bouttier

Les mois se sont égrenés sans que la MDPH prenne le relais, sans qu'une solution nesoit trouvée. Alors les parents écopent : les journées sans grand sommeil du papa, lacourse poursuite de la maman et toujours le fils dans son camp retranché...

Peur des représailles

Quand les Loquet ont appris que l'Unapei passait à l'offensive en attaquant l'Etat pournon-respect des engagements issus de la loi de 2005, ils n'ont pas hésité. Ils sesont portés volontaires pour que leur dossier soit déposé devant la justice. "C'estdifficile de trouver des familles volontaires, explique Thierry Nouvel, le DG de l'Unapei.Il faut réunir des dossiers complets et puis, de nombreuses personnes ont peur, à tortou à raison, de représailles." Marie-Claire Loquet explique que sa décision de seporter volontaire a été facilitée par ses années de militantisme. "J'ai moins peur qued'autres, souligne-t-elle. Je fais cela aussi pour tous les autres qui n'osent pas semanifester." L'organisation affirme avoir quelques autres dossiers "lourds" sous lecoude. Qui pourraient sortir si la décision du juge saisi dans le cadre du référé-liberté s'avérait positive.

Mettre la pression sur l'Etat

Pour l'organisation, le défi est double. Il s'agit d'une part de compléter l'arsenaljuridique : l'arrêt Laruelle du Conseil d'Etat en 2009 a prévu l'obligation de scolarisationdes jeunes handicapés. Une décision du juge saisi sur le "dossier Amélie" pourraitpermettre de construire une jurisprudence favorable et d'établir un rapport de forceavec l'Etat. Même si l'organisation salue l'ouverture d'esprit du gouvernement qu'atraduit le tout récent CIH, elle entend maintenir la pression auprès de l'Etat.D'autre part, cette démarche judiciaire vise à créer une sorte d'électrochoc. "Noussouhaitons créer un précédent et avoir un effet d'entraînement. Y'a tant de familles aubord de la route, dont la situation débouche parfois sur des drames humains commedes homicides", souligne Thierry Nouvel dans l'attente d'un verdict qui ne devrait pastarder à tomber. Et qui pourrait contraindre l'Etat, sous astreinte, à trouver une solutionde prise en charge pour la jeune Amélie.

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