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» P. 17 » P. 21 »  P. 4 CULTURE SPORT » suite page 5 » lire page 3 Vers la redynamisation du secteur culturel au niveau local Par Schultz Laurent Jr Marc Collat de retour en Haïti le 9 août prochain par Gérald Bordes L a « Solidarite Fanm kore Fanm » entend dénoncer l’inacceptable. Elle incite les femmes à marcher dans les rues. Une marche pour dire non. Non à Michel Jospeh Martelly. Non à « la légitimation du viol », dans un discours public tenu par un chef d’État qui, pourtant avait voulu, quelques mois plus tôt, lors du lancement de la quatrième réunion statutaire « Table thématique Genre », s’ériger en défenseur de la cause des femmes. Les obscénités déballées sur une place publique contre une femme ne font en rien grandir. Sinon, pour les organisations de défense des droits des femmes, de tels propos ne font que dévoiler la vraie face de l’homme. Un homme habitué aux frasques les plus irrévérencieux. Pour le Président, se cacher derrière un mur, juste pour tromper les regards curieux, suffit. L’image est frappante. Elle dénie à la femme de son intimité. De son essence. La femme objet de désir renaît. La femme, sujette consciente, disparaît. Voilà tout le sens de cette marche dont les participantes étaient vêtues de noir. Les femmes ont dit non ! Par Lionel Edouard HAÏTI / ÉLECTIONS MERCREDI 5 AOÛT 2015 NUMÉRO 54 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdes RÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ Le Centre de tabulation prêt pour les opérations de comptage HAÏTI / DROITS HUMAINS Les femmes bombent la poitrine. Blessées, elles entendent réhabiliter les valeurs qui ont permis les grandes conquêtes de la gent féminine, au cours du XXe siècle. La lutte pour l’égalité de genre est fruit de sacrices. En vies humaines. Surtout. Ces acquis, dans le contexte d’aujourd’hui, ne doivent et ne peuvent nullement être l’objet de contestations. Un retour au Moyen-Âge n’est pas envisageable. C’est le message qu’ont voulu faire passer les femmes, à travers cette marche tenue dans la capitale, hier mardi. Vue partielle du Centre de tabulation. / Photo : J. J. Augustin « Le gouvernement a fait son travail », dixit Rotchild François Junior par Ritzamarum ZÉTRENNE

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CULTURE

SPORT

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Vers la redynamisation du secteur culturel au niveau local Par Schultz Laurent Jr

Marc Collat de retour en Haïti le 9 août prochainpar Gérald Bordes

La « Solidarite Fanm kore Fanm » entend dénoncer l’inacceptable. Elle incite les femmes à marcher dans les rues. Une marche

pour dire non. Non à Michel Jospeh Martelly. Non à « la légitimation du viol », dans un discours public tenu par un chef d’État qui, pourtant avait voulu, quelques mois plus tôt, lors du lancement de la quatrième réunion

statutaire « Table thématique Genre », s’ériger en défenseur de la cause des femmes. Les obscénités déballées sur une place publique contre une femme ne font en rien grandir. Sinon, pour les organisations de défense des droits des femmes, de tels propos ne font que dévoiler la vraie face de l’homme. Un homme habitué aux frasques les plus irrévérencieux.

Pour le Président, se cacher derrière un mur, juste pour tromper les regards curieux, suffit. L’image est frappante. Elle dénie à la femme de son intimité. De son essence. La femme objet de désir renaît. La femme, sujette consciente, disparaît. Voilà tout le sens de cette marche dont les participantes étaient vêtues de noir.

Les femmes ont dit non ! Par Lionel Edouard

HAÏTI / ÉLECTIONS

MERCREDI 5 AOÛT 2015 NUMÉRO 54

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QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI

ACTUALITÉ

Le Centre de tabulation prêt pour les opérations de comptage

HAÏTI / DROITS HUMAINS

Les femmes bombent la poitrine. Blessées, elles entendent réhabiliter les valeurs qui ont permis les grandes conquêtes de la gent féminine, au cours du XXe siècle. La lutte pour l’égalité de genre est fruit de sacrifices. En vies humaines. Surtout. Ces acquis, dans le contexte d’aujourd’hui, ne doivent et ne peuvent nullement être l’objet de contestations. Un retour au Moyen-Âge n’est pas envisageable. C’est le message qu’ont voulu faire passer les femmes, à travers cette marche tenue dans la capitale, hier mardi.

Vue partielle du Centre de tabulation. / Photo : J. J. Augustin

« Le gouvernement a fait son travail », dixit Rotchild François Junior par Ritzamarum ZÉTRENNE

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2 | N0 54 MERCREDI 5 AOÛT 2015

TRIBUNE

Le président Dartiguenave est tiraillé car les Américains font pression pour la signature immédiate de la Convention

leur conférant tous les pouvoirs. D’où le replâtrage du premier cabinet ministériel deux mois plus tard avec le remplacement des ministres démissionnaires : Pauléus Sannon des Relations extérieures par Louis Borno et Antoine Sansaricq aux Transports par Paul Salomon. Les « collabos » ratifient la Convention le 18 novembre 1915. La machine installée tourne à l’aveugle. C’est le départ de Constantin Mayard du ministère de l’Intérieur le 15 mai 1916 et son remplacement par Barnave Dartiguenave, frère du Président. Le bateau haïtien a été mis en bouteille et ne connaît plus d’escale, malgré le sénateur Moravia Morpeau, trésorier de L’Union Patriotique, qui a dénoncé « l’inconstitutionnalité de la convention américano-haïtienne » dans son célèbre discours au Sénat le 11 Novembre 1915.

Déjà, la tyrannie américaine s’attaque jusqu’à la capacité de penser de la classe politique des « collabos ». Au lendemain du 28 juillet 1915, les marines américains embrigadent l’ex-président Légitime et l’envoient avec une délégation dans le Nord annoncer à Rosalvo Bobo qu’il doit aller aux urnes. La boucle est bouclée avec l’obligation imposée à Rosalvo Bobo de soutenir celui qui lui a volé sa victoire militaire. Notre abîme réside justement dans notre incapacité à développer avec cette réalité des rapports permettant de la dépasser pour freiner le triomphe de l’insignifiance. Certains des « collabos » par la suite, comme ce fut le cas pour le clergé breton, changèrent d’opinion et appuieront les nationalistes en 1929, à la veille de leur extraordinaire victoire aux élections de 1930.

L’émergence politique des classes moyennes

Jacques Roumain critique ainsi l’état d’esprit des nationalistes à leur arrivée au pouvoir : « De 1913 à 1930, la bataille contre l’Occupation et ses sous-¬ordres haïtiens se livre, incessante malgré les massacres, les matraquages, les incarcérations. Elle atteint en 1930 son point culminant. […] Les masses, puissants leviers, hissent les nationalistes au pouvoir. Avec l’arrivée au pouvoir des Nationalistes commence le

procès de décompo¬sition du nationalisme. L’explication de ce phénomène est simple : par la base, mouvement anti-impérialiste, donc anticapitaliste; par le haut, mouvement opportuniste d’un état-major petit-bourgeois et bourgeois ; [...] Le mouvement nationaliste fut incapable de remplir ses promesses, parce que les promesses du nationalisme bourgeois se heurtaient dès la prise du pouvoir, à ses intérêts de classe, et se révélaient une duperie électorale .»

Les nationalistes des classes moyennes aux âmes à double fond activées par des ressorts secrets se révèlent de véritables fascistes dès qu’ils ont la moindre parcelle de pouvoir. Ce sont les Sténio Vincent, Élie Lescot, Dumarsais Estimé, Paul Magloire, Antonio Kébreau, François Duvalier, etc., des zombificateurs patentés, aux âmes égarées, experts en travestissements multiples, qui ont investi l’imaginaire populaire avec un discours populiste qui garde un fol attrait. La capacité de métamorphose de cette engeance de malheurs ne cesse d’égarer Haïti dans des voies trompeuses.

Décidés à faire du monde haïtien un repère de bakoulou et de tikoulout, ces fascistes exploitent le divertissement, la sorcellerie et les fumisteries pour priver les esprits de la connaissance et empêcheront Haïti de sortir même en l’an 3015 des ornières de la misère, de l’injustice et de l’ignorance.

L’ouverture du paysage politique commencée en 1946 s’inscrit dans la stratégie de charme de l’occupation américaine qui a envouté les classes moyennes et abouti aux tontons macoutes. Des faits parlants d’eux-mêmes sont l’offre d’une base navale aux Américains faite par le président François Duvalier , d’abord en 1959, puis comme l’indique le New York Times en 1961 et le retour des marines américains en Haïti avec la mission militaire américaine du colonel Heinl de 1959 à 1963. Duvalier nage dans les mêmes eaux puantes que le président noiriste Lysius Félicité Salomon Jeune qui avait offert le Môle Saint Nicolas aux Américains en deux occasions, d’abord le 29 mai 1883, puis le 8 novembre 1883.

Les noiristes manipulant les classes moyennes ont présenté les tares

de la minorité mulâtriste comme le mal absolu, face au reste de la population. Ils ont épousé le fascisme et accouché du régime de François Duvalier qui a changé la Constitution et imposé son cancre de fils de 19 ans comme modèle pour dévoyer la jeunesse. Dans le tourbillon de la danse de folie du jean-claudisme, des millionnaires noirs ont été créé parallèlement à l’appauvrissement général engendré par l’installation d’entreprises d’assemblage sur des terres agricoles. Comme l’expliquait en 1985, l’agronome et ancien premier ministre Jean-Jacques Honorat, « en bref, l’assemblage a en 10 ans produit 300 millionnaires à Port-au-Prince, 500 000 parias dans les faubourgs de cette ville et 750 000 boat-people s’échappant de tous les points détruits de la périphérie paysanne . »

Tout comme le bric-à-brac politique des années 1911-1915 a abouti à la première occupation américaine, après février 1986, les forces paramilitaires associées au narcotrafic ont tout jeté pêle-mêle, semant l’insécurité et la terreur, produisant les massacres enregistrés aux élections du 29 novembre 1987. La gravité du coup d’État de 1991 a zombifié le mouvement populaire, ouvert la porte à toutes les dérives, enlevé la lucidité à plus d’un et encouragé l’amalgame produisant l’occupation américaine de 1994 suivie de celle de 2004 qui dure encore.

Les classes moyennes ont émergé avec le même regard errant et les mêmes perspectives archaïques renforçant l’État sauvage. Ce qui fit dire au noiriste repenti Roger Dorsinville en 1990, « Cette République qui se déglingue de partout, c’est le résultat de trente ans de pouvoir noir . » Mais les défaillances manifestes du duvaliérisme n’ont pas empêché la continuation des convulsions de ce courant maléfique. Avant même le retour du dictateur Jean-Claude Duvalier sous le gouvernement de René Préval, on a assisté à la création en 2007 de la Fondation François Duvalier à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance du tyran.

Les croyances stupides des duvaliéristes ne leur permettent pas d’atteindre les hauteurs transcendantales exigées par la moindre éthique. Ne pouvant

comprendre leur responsabilité dans le mal qui terrasse Haïti, les barons duvaliéristes, ces « fleurs du mal » pour paraphraser Baudelaire, expriment leur innocence devant la déchéance qu’ils ont produite . Or justement la dégénérescence est toujours en devenir dans le duvaliérisme. En effet, les kidnappeurs, assassins et vendeurs de drogue sont devenus la norme. La vulgarité s’est démultipliée. Après la prestation grotesque du « Petador en chef Michel Martelly » du 26 juin 2015, vite mise en musique par le groupe Vwadèzil, le Président de la République Sweet Micky répond à une femme qui posait une question légitime à Miragoâne le 28 juillet 2015 : « Pute, va te faire prendre derrière le mur ». C’était avant que Le Nouvelliste parle du ras-le-bol de ce chauffeur de taxi qui dit : « Bon, pourquoi ne donnent-ils pas le pays aux Américains ? Cela résoudrait tous nos problèmes une fois pour toutes, mes amis ! » . Nous nageons dans la bêtise et la charogne, sous des formes larvées ou ouvertes. C’est ce qui a permis d’entrer le bateau haïtien dans la bouteille de l’occupant ! Pour l’en sortir, il faudra briser la bouteille. Et pas par un tour de magie !

Jacques Roumain, Analyse schéma-tique 32-34, New York, 2005. « US response to Duvalier offer to build submarine bases and train-ing camps in Haiti », Department of State cable. 22 Sep. 1959, Declassi-fied Documents Reference System #CK3100170170168.« Haiti Offers U.S. a Naval Base Site », The New York Times, 8 Apr. 1961, p. 2. Charles T. Williamson, The U.S. Naval Mission to Haiti, 1959-1963, Annapolis, MD, Naval Institute Press, 1999.Rayford Logan, The diplomatic rela-tions of the United States with Haïti 1776-1891, Chapell Hill, University of North Carolina Press, 1941, p. 373-374 et 376.Jean-Jacques Honorat, Haïti : l’Échec – Économie et politique d’un pays mis en lambeaux, Port-au-Prince, Le Natal, 1991, p. 234.Roger Dorsinville, Marche arrière II, Editions des Antilles, 1990, p. 233.Radio Kiskeya, « Mobilisation des duvaliéristes pour le centenaire de l’ancien tyran », Port-au-Prince, 15 avril 2007.Peguy F. C. Pierre, « Un centenaire plus tard, il réclame une nouvelle occupation », Le Nouvelliste, 29 juil-let 2015.

Les responsabilités haïtiennes dans les occupations américaines (2 de 2) Par Leslie Péan, 5 août 2015

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MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0 54 | 3ACTUALITÉ

Jour J -3Le ministre de la Communication en visite de courtoise au National, mardi matin, tout

en réaffirmant la volonté du gouvernement d’appuyer pleinement le Conseil électoral

provisoire, a rappelé, entre autres, la note du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire

concernant la nécessaire impartialité des juges tout au long du processus électoral.

Les experts traditionnels en fraude électorale en Haïti se font souvent le plaisir, sans

fausse honte, d’expliquer comment il est nécessaire d’avoir l’appui d’un juge pour

parfaire une magouille. Parfois, le simple fait pour un magistrat d’être indisponible,

impossible à trouver au moment où il devrait faire un constat est un atout dans

l’habituelle manière de fabriquer des « élus » dans notre système politique.

La fraude la plus courante dans certaines localités du pays, difficile à contrer, surtout

dans un espace où la force publique, en dépit des assurances toujours données par les

responsables, est soit absente, soit démissionnaire, soit complice, est l’intimidation

programmée de l’électorat jugé non favorable de manière à ce que seuls les électeurs

décidés à voter pour X soient présents au jour J aux bureaux de vote. Les cas de noy-

autage de bureaux de vote sont aussi assez courants. On est souvent étonné de se

rendre compte brusquement, on ne sait comment cela a eu lieu, que dans un bureau

de vote, mandataires et observateurs compris sont totalement acquis à la cause d’un

seul candidat. Pénurie oblige, on mange à tous les râteliers, mais au dernier moment

on se fixe une mission bien précise. Faire passer le candidat que, dans notre tradition

unanimiste, on a choisi dans la dernière ligne droite.

L’autre fraude est aussi l’utilisation de la rue pour faire croire qu’on est majoritaire

et donc gagnant. Le recours à la rue est aussi une forme violente de chantage d’une

minorité agissante sur une majorité trop silencieuse, trop souvent peureuse et qui va

toujours payer le prix des turpitudes des bouffons. Et alors, la communauté internatio-

nale, trop heureuse de nous affaiblir et de nous rendre prisonniers de nos insignifiants,

saute sur l’occasion pour affubler la fraude de respectabilité.

L’actuel président du Conseil électoral provisoire, si on tient compte de ses déclarations,

ne semble pas avoir gardé un trop bon souvenir de l’épisode final des dernières élec-

tions. On va espérer qu’il sera vigilant, et toute l’équipe de l’institution avec lui, pour

que la machine infernale de la fraude ne prenne pas sa vitesse de croisière habituelle.

Il faudra aussi, pour cela une plus grande implication citoyenne. Car la seule vérité est

que l’avenir de ce pays passe par une participation maximale de citoyens déterminés

à faire des choix raisonnables. Il nous faut un autre personnel politique. Un personnel

politique à la hauteur de la situation. La décision reste difficile. Trop de candidats sans

idées. Trop de candidats au passé et au présent douteux. Très peu de candidats qui

suscitent un minimum de confiance. Mais dans ce peu, il faut y aller fort. Très fort. La

Nation n’a pas le choix.

Gary VICTOR

Édito

Le Centre de tabulation prêt pour les opérations de comptage par Stephen Ralph Henri

HAÏTI / ÉLECTIONS

« Nous sommes prêts pour la tabulation (des votes) », assure Widmack Matador, responsable du Centre, au cours d’une

visite guidée effectuée en l’honneur des journalistes du National, dans la matinée du 4 août. Les travaux et les opérations pour dresser la machine de décompte et de vérification des votes des électeurs ont duré moins de trois mois, de la réparation du bâtiment à l’acquisition de nouveaux matériels, l’installation de ceux-ci et le recrutement des opérateurs. De nouveaux appareils ont été achetés, notamment, des ordina-teurs. Ces achats ont été prévus et sont exécutés à partir du budget arrêté par le Conseil électoral pro-visoire (CEP), explique Widmack Matador. Pour l’instant, au niveau du Centre, c’est le marquage des classeurs où seront archivés les procès-verbaux par département. Ils seront 800 opérateurs à y tra-vailler en deux temps, le matin et le soir. Le responsable du Centre de tabulation promet que celui-ci fonctionnera 24 heures sur 24, pendant la période électorale. Pour les recrutements des opéra-teurs, la « priorité a été accor-dée aux anciens opérateurs, qui connaissent déjà le processus », déclare Matador. Des candida-tures spontanées ont été accep-tées pour compléter le nombre de personnes nécessaire. Actuelle-ment, les opérateurs réalisent des exercices de simulation de tabula-tion. Ils sont aussi en train d’être formés sur les critères à suivre pour apprécier un procès-verbal. Widmack Matador promet de « travailler pour changer l’image d’une chambre noire » que les citoyennes et les citoyens ont souvent du Centre de tabulation des votes (CTV). Le processus au CTV en cinq moments

Les opérations au niveau du Centre de tabulation s’accomplissent en cinq grands moments, dans des sections différentes. D’abord, c’est la réception des procès-verbaux,

dans des sacs scellés. À cette pre-mière étape, s’opère un inventaire informatique des procès-verbaux et leur numérisation. Dans les sacs qui contiennent les procès-ver-baux, se trouvent aussi, la feuille de comptage, les procès-verbaux d’incidents et ceux d’irrégularités. La liste électorale partielle y est présente également. Ce premier instant est suivi de la seconde, qui consiste en un contrôle visuel des procès-verbaux. À ce stade, se vérifie l’authentification des papiers des procès-verbaux, pour certifier que ce sont les papiers exactement fournis par le CEP. La vérification de l’exactitude de la relation entre le centre de vote et le procès-verbal, l’exactitude des chiffres et leurs transcriptions en lettres, puis les ratures, sont prises en compte également à ce deuxième palier. Les opérateurs chargés du con-trôle visuel, peuvent envoyer les procès-verbaux vers deux direc-tions, soit, les saisies ou le con-trôle légal. Les saisies et le con-trôle légal réunissent la troisième phase. Les procès-verbaux ne contenant aucune irrégularité, au regard de l’article 171,1, du décret électoral, sont dirigés vers les opérations de saisie, pour être ajoutés au système informatique du Conseil. Les procès-verbaux, qui soulèvent des doutes, sont acheminés au contrôle légal, où des avocats vérifient la validité où la non-validité de ceux-ci. Les documents retenus, non valides, seront laissés à l’appréciation des juges électoraux au cours des péri-odes de contestation. Le quatrième temps est un con-trôle de qualité. L’opérateur prend le procès-verbal physique pour comparer ses données à celles qui sont saisies sur le système pour vérifier leur compatibilité. La cinquième et dernière étape con-siste en l’archivage de ces docu-ments dans des classeurs empilés au Centre et clairement identifiés en fonction des départements.

Tous les dispositifs sont déjà mis en place au niveau du Centre de tabulation des votes à Port-au-Prince, pour recevoir et traiter les procès-verbaux des prochains scrutins législatifs, planifiés pour le dimanche 9 août, dans moins de cinq jours. Plusieurs centaines d’opérateurs commencent avec des opérations de simulation et reçoivent en la circonstance les dernières séances de formation.

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4 | N0 54 MERCREDI 5 AOÛT 2015

ACTUALITÉ

« Le gouvernement a fait son travail », dixit Rotchild François Junior par Ritzamarum ZÉTRENNE

HAÏTI / ÉLECTIONS

« Les élections auront lieu effectivement ce dimanche », a déclaré le Ministre. Le gouvernement a, selon lui,

déjà entrepris toutes les démarches nécessaires pour l’organisation de ces élections. « Jusque-là, le gouvernement a fait son travail. Le président de la République et son Premier ministre ont tout fait pour que les élections du 9 août soient possibles », ajoute M. François, en présence des responsables de la rédaction du journal et de certains membres de sa délégation.

Le ministre a tenu également à rassurer la population quant à la sécurité de ces élections. « Nous avons organisé des rencontres avec les hauts commandements de la police et de la Minustah. Toutes les mesures sont déjà prises pour assurer la sécurité des électeurs », a fait savoir le Ministre. « Nous avons renouvelé le stock des véhicules de la PNH et leur avons donné d’autres moyens pour bien jouer leur rôle », a-t-il ajouté. Le premier responsable du ministère de la Communication a, par ailleurs, informé avoir aussi rencontré les membres de la communauté internationale qui n’ont pas manqué de féliciter le gouvernement haïtien, pour sa détermination à organiser des élections crédibles dans le pays.

« La communauté internationale a salué le travail effectué par le président Michel J. Martelly et le Premier ministre Évans Paul, et a promis de continuer à soutenir le gouvernement », affirme le Ministre, en présence de l’ensemble des journalistes du journal, notamment le rédacteur en chef et le secrétaire de rédaction.

Le ministre estime que la communauté internationale a jusque-là tenu toutes ses promesses à l’égard du gouvernement haïtien dans ce processus électoral. « Les bailleurs ont déjà décaissé tout l’argent promis pour l’organisation de ces élections. Il manque 10 ou 12 millions de dollars, mais cela ne peut pas empêcher que les élections se réalisent », a-t-il fait savoir, sur un ton indiscutablement sérieux.

Rotchild François Junior appelle tous les secteurs de la vie nationale a apporté leur contribution pour le bon déroulement du scrutin de ce dimanche. Il invite particulièrement la presse à travailler conjointement avec le gouvernement pour rendre possible cet exercice démocratique.

« Nous souhaitons que la presse fasse encore leur travail en diffusant des informations utiles à la population en matière d’élections », déclare le Ministre.

Il s’est également montré reconnaissant envers la presse pour les efforts déjà consentis, en vue de la réussite de ces élections, en créant des espaces aux candidats pour présenter leur programme politique à la population.

À ceux qui critiquent le président de la République, pour l’utilisation des ressources de l’État pour mener sa campagne en faveur des candidats du PHTK, le Ministre a répondu : « ce n’est pas un problème que le président circule à bord de véhicules mis à sa disposition par l’État. M. Martelly est encore en fonction, donc il a le droit de bénéficier des privilèges liés à son poste ». Il a par ailleurs ajouté que c’est un fait qu’on observe dans tous les pays du monde.

Pour finir, le ministre de la Communication a félicité grandement le staff du journal le National, lequel, estime-t-il, fait un grand travail pour renforcer la presse écrite en Haïti. « Pour un journal si jeune, vous avez déjà parcouru un long chemin.

Beaucoup de gens parlent de vous. J’espère que très bientôt vous serez une référence dans le pays et dans toute la région », a déclaré Rotchild François Junior, juste avant de quitter la salle de rédaction.

Le ministre de la Communication, Rotchild François Junior, a visité, le mardi 4 août 2015, le quotidien Le National. Durant cette visite de courtoisie au journal, le ministre a profité pour assurer la presse et la population en général, de la tenue des élections législatives et sénatoriales partielles, prévues pour le dimanche 9 août dans tout le pays. Il a également profité de l’occasion pour présenter ses félicitations au staff du journal pour le grand travail accompli durant ses deux mois d’existence.

Le ministre de la Communication, Rotchild François Junior, feuilletant un numéro du journal Le National sous les regards de Hervé Lerouge. Photo : Mackenzy Leblanc

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MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0 54 | 5ACTUALITÉ

Un deuil pour « protéger les acquis. Réhabiliter la femme malgré le machisme sournois de certains êtres qui entendent la dévoyer. » La sexualité n’est plus tabou. Elle traverse la sphère privée, pour s’exposer en public par la voix d’un président. Celui-là même qui a appelé à « péter », publique-ment. Les gens de bien se sont offusqués.

Mais que représentent leurs voix, noyées au milieu des jacassements de cette multitude inconsciente qui applaudit. Les organisations de défense des droits des femmes y décèlent une certaine complici-té.Une attitude qu’elles ont dénon-cée, dans une note, la semaine écoulée.« Le Président n’a pas injurié une femme. » Les mots lui auraient été prêtés. « Travestis même. » Grégory Mayard-Paul a

ainsi lancé la défense du chef de l’État, suite à cette embarrassante intervention. Laquelle intervi-ent dans un contexte sensible. À quelques jours des élections.

En effet, Marie Frantz Joachin et consorts appellent déjà au boy-cott des candidats proches du président Martelly. Elles tentent de mobiliser l’électorat féminin contre le parti présidentiel. Pourtant, « Michel Martelly s’amusait ». Le peuple avec lui. C’est tout ! Les citoyens l’ont voté pour ce qu’il est, un artiste, défend Grégory Mayard Paul. « Il n’a pas changé. » Une défense sournoise, en guise d’excuses, qui attise la flamme de la mobilisation des militantes féminines. Elles ont marché à Port-au-Prince, le mardi 4 août 2015. Silencieusement, en signe de contestations. Contre

l’agression. Mais aussi, pour le respect de la personne humaine et des acquis de la lutte des femmes en Haïti, nous explique Fabienne Denis, coordonnatrice de Solidar-ite fanm kore fanm. Cette insurrection, un temps silencieux, vise dans les plus brefs délais à obtenir des excuses pub-liques du chef de l’État. Ce serait l’essentiel du contenu de la cor-respondance qu’elles entendaient déposer, pendant cette marche, au Palais national. Fabienne Denis, et une dizaine d’autres militantes, ont donc marché, seules. Avec des slogans comme : « Fanm yo di se twòp atò! » Mais elles n’étaient pas là. « Fanm se manman, nou bay lavi, nou egzije respè ! » sont, entre autres slogans inscrits sur les affiches brandies avec fierté,

durant cette marche à maigre recette de femmes. Ces militantes ont aussi pris le soin d’appeler la première dame, Sophia Martelly, à placer son mot, en vue de facili-ter ce changement d’attitude, tant souhaité envers les femmes. Le ministère à la Condition fémi-nine et aux Droits de la femme (MCFDF), était aussi en ligne de mire de ces militants qui ont rappelé que « lapenn yon fanm, se pou tout fanm ». Un cri qui semble avoir été entendu.

La Fusion pourrait se retirer du gouvernement. Les raisons sont multiples. Cette énième sortie du Président en fait partie. Les sociaux-démocrates ne voudraient pas renoncer à leurs valeurs, avan-cent-ils. Yvrose Myrtil Morquette, pourrait donc se retirer. Solidarité féminine ?

Les femmes ont dit non !

Par Lionel Edouard

HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES

» suite de la première page

Des femmes dans les rues de Port-au-Prince pour dire non. Non à Michel Joseph Martelly. Non à la légitimation du viol. / Photo : J. J. Augustin

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6 | N0 54 MERCREDI 5 AOÛT 2015

ACTUALITÉ

Un sit-in pour exiger le respect des Haïtiens par Évens REGIS

HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MALPASSE

Une délégation partie de la Capitale, sous couverture médiatique, et escortée par la Police nationale d’Haïti

(PNH), s’est rendue à la frontière Haï-tiano-dominicaine de Malpasse, dans le cadre d’un sit-in. Toujours un seul et unique objectif, exiger le respect de la dignité nationale et le retrait par les mêmes autorités de la République dominicaine, de l’arrêt 168-13 de la Cour constitutionnelle dominicaine.

Aux environs de 10 heures, la délégation a été accueillie fraternellement par les autres organisations de base de la zone. À l’unisson, elles ont entonné les strophes de la dessalinienne, et c’était déjà le début du sit-in. On pouvait alors identifier des membres du collectif 4 décembre, des représentants du Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés (GARR), des adhérents de la Coordination des organisations pour la défense des migrants et rapatriés (CODDEMIR), des organisations de base de la zone de Ganthier, et sans oublier des dirigeants de la FMUNHA (fondacíon mano unidad haitiano), une organisation basée en République dominicaine, et qui se donne pour objectif de lutter pour une meilleure relation entre les citoyens des deux pays.

Pancartes, banderoles, T-shirts, bondés de slogans en créole, français, comme en espagnol ont été également au rendez-vous. La foule, mélangée d’Haïtiens et de dominicains, était massée

devant la barrière de la frontière Haïtiano-dominicaine en vue de revendiquer une meilleure condition de vie pour les haïtiens vivant en République voisine. « 168-13=rasis, Dominicanie État xénophobe, Haïti madre de la Americana Latina », sont certains des slogans qu’on pouvait lire sur les pancartes apportées par ces protestataires indignés des nombreuses décisions prises par les autorités dominicaines ces derniers mois.

Pour faire passer leur frustration, ils ont eu recours aux nombreux chants des hymnes et louanges qu’on a l’habitude d’entendre aux cérémonies d’invocation à l’Eglise. Selon eux, les refrains de ces chants expliquent et justifient leur présence à la frontière. Ces protestataires qui, disent-ils, jusqu’à présent, sont convaincus que les dominicains sont des racistes féroces, ont rétorqué que les dominicains doivent en effet respecter le droit des migrants haïtiens s’ils veulent vraiment prouver le contraire.

L’annulation sans condition de l’arrêt 168-13 de la Cour constitutionnelle n’a pas été l’unique revendication de ces organisations. Selon Jean Robert Argant, coordonnateur du Collectif 4 décembre, la paix et l’entente sur l’île entière, la réparation pour les nombreuses agressions physiques, morales, verbales, diplomatiques et psychologique faites aux

haïtiens, font aussi partie des réclamations du Collectif. « Nous n’avons rien contre le peuple dominicain, au contraire nous sommes deux peuples condamnés à vivre en commun accord », a-t-il précisé. Le problème, dit-il, ce sont les autorités dominicaines, leurs réactions vis-à-vis des ressortissants haïtiens.

Sunilda Santana, secrétaire générale de la FMUNHA, cette organisation qui lutte pour le respect des droits des haïtiens et des dominicains, abonde presque dans le même sens que le coordonnateur du Collectif 4 décembre. Elle a profité de l’occasion pour lancer un appel à la solidarité entre les deux peuples. Selon elle, en tant que citoyens partageant une île, nous ne faisons pas la promotion de notre bonheur, ni de notre respect aux yeux de l’international. « Que la paix, et l’union soient rétablies sur l’île, pour éviter le pire dans les jours à venir », a-t-elle souhaité.

La question de farine en forte teneur d’additif cancérigène de bromate de potassium, et d’azodicarbonamide, provenant de la République dominicaine, a été également soulevée lors de ce sit-in. Duverglas Chérilus, l’un des représentants des Moulins d’Haïti, anciennement appelé Minoterie d’Haïti, a informé qu’avec une capacité de production de 24 000 sacs par jour, l’entreprise a la capacité d’approvisionner

le marché national, et ensuite exporter les excédents dans les pays amis. Sans la complicité de l’État haïtien, croit-il, la farine de la République dominicaine n’aurait jamais envahi le marché national.

Une double manifestation à la frontière

Alors que les organisations de la société civile haïtienne étaient en pleine revendication, des syndicats de chauffeurs dominicains étaient eux aussi en train d’augmenter la pression à l’autre bord de la frontière. Selon des informations fournies par Roland Chéry, candidat à la députation pour la circonscription de Ganthier, Des haïtiens en représailles ont brûlé dans l’après-midi du 23 juillet dernier, un autobus d’un citoyen dominicain.

Cette situation s’est produite après la mort de l’un de leurs proches, tué par balle, dans la matinée, par un chauffeur dominicain, a expliqué l’aspirant parlementaire. Les dominicains ont en effet profité de cette occasion, pour également exiger réparation à l’État haïtien. Ils ont tenté de perturber le sit-in, en essayant de lancer des pierres sur les manifestants. Grâce à la vigilance des agents dominicains et haïtiens, qui sont intervenus pour gérer la situation, le sit-in s’est terminé sans aucun incident.

Les organisations de la société civile n’entendent pas abandonner la lutte contre l’anti-Haïtianisme dominicain. Après avoir gagné les rues de Port-au-Prince le 21 juillet dernier, plusieurs d’entre-elles ont encore une fois, ce mardi, à l’initiative du Collectif 4 décembre, fait une nouvelle sortie.

Haïtiens et Dominicains devant la barrière de la frontière Haïtiano-dominicaine pour dénoncer les autorités de la République dominicaine. / Photo : Évens Régis

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MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0 54 | 7

Un atelier autour de la protection de l'environnement par Reynold Aris

Sandra Honoré encourage la participation Sources : Alterpresse

HAÏTI / ENVIRONNEMENT

HAÏTI / ÉLECTIONS LÉGISLATIVES

Sensibiliser la popula-tion à la protection de l’Environnement, arriver à un engagement écologique, sont,

certains des objectifs, poursuivis par les responsables de ce ministère.

Les aires protégées sont des zones délimitées par l’État en vue de protéger et conserver les ressources naturelles et culturelles qui s’y trouvent, informe le coordonnateur adjoint de l’Anap, Prénor Coudo. Cette démarche, poursuit-il, permettra à l’État de définir les modes d’exploitation pouvant s’effectuer dans ces espaces dans la perspective d’une gestion durable.

Le coordonnateur adjoint a indiqué que ces surfaces sont des zones qui sont sous le contrôle de l’État. Ce faisant, il revient aux autorités étatiques de déterminer le plan d’intervention dans ces espaces. Il a tenu à préciser que même lorsqu’une personne serait le propriétaire d’un terrain faisant partie de ces périmètres protégés, elle ne peut mener des actions qui ne correspondent pas à la logique de leur fonctionnement. Quant à cet atelier, M. Coudo a fait savoir qu’il revêt une grande importance dans le cadre de la bataille du ministère à promouvoir le développement durable et favoriser du même coup la

protection de l’environnement. Il a en outre fait remarquer que pour pallier le manque de connaissance du public autour de ce concept, le MDE s’engage à les en informer. Cela, précise-t-il, permettra aux membres de la population de changer de comportement vis-à-vis de ce patrimoine commun qu’est l’Environnement.

Cadre légal de l’Anap

Après sa création en 1994, le MDE s’est évertué à renforcer son combat pour la protection de la Biodiversité suite à la publication du décret du 26 Janvier 2006. Celui-ci, indique le coordonnateur adjoint de l’Anap, porte sur la gestion de l’environnement et la régulation de la conduite des citoyens et citoyennes pour un développement durable. Ainsi, il revient à l’État de garantir le droit des générations futures‚ le développement durable et le patrimoine commun de la nation haïtienne.

Selon ce décret, explique M. Coudo, les aires protégées officielles sont estimées à environ 14. Près de 35 autres espaces, souligne-t-il, sont appelés à devenir des surfaces protégées en attendant la publication d’un arrêté présidentiel les consacrant en tant que tels. À ce stade, il reviendra à l’Anap d’assurer leur prise en charge,

selon les prescrits de ce décret. L’ensemble de ces espaces, informe le coordonnateur adjoint, s’élève à environ 75 mille hectares, soit 6,5 % de la surface terrestre du pays.

Quid de la mission de l’Anap

Comme toute institution, l’Anap constitue un nouvel outil dans le cadre de la gestion des aires protégées. Coordonner le système national des aires protégées, protéger la diversité biologique, telles sont, entre autres, tâches assignées à l’Agence.

Prise en charge des aires protégées

Quant aux décisions relatives aux aires protégées, M. Coudo informe que lorsque des espaces ont ce statut, le premier élément à envisager consiste à mettre en place un plan de gestion. Au regard de toutes ces surfaces, souligne-t-il, il n’y a que le parc Macaya qui soit sur le plan d’être finalisé. Les autres n’en disposent pas encore. Il annonce que ce plan sera lancé, sous peu, pour ces autres espaces.

Entre-temps, des interventions, informe M. Coudo, sont en cours d’élaboration suivant une méthodologie nationale. Selon ce qu’a déclaré le coordonnateur adjoint de l’Anap, la Banque

interaméricaine de développement est en train de piloter un projet baptisé « protection Macaya » avec le financement de la Norvège et le fonds mondial pour l’Environnement. En ce qui a trait à Forêt des Pins, il affirme que c’est la firme « Helvetha » qui exécute un projet avec le support de l’ambassade de Suisse. Il a cependant indiqué que le parc national marin dénommé « Parc des Trois Baies et des lagons aux bœufs », à Limonade (département du Nord-est), n’en dispose pas non plus. Par ailleurs, le coordonnateur a indiqué que ce plan de gestion nécessitera également la mise en place d’un corps de surveillance environnementale. Celui-ci, dit-il, aura comme mission principale de sensibiliser la population à la protection des aires protégées. Il dit espérer que les participants vont comprendre que les aires protégées représentent un véritable filon pour le pays.

Au terme de cette activité, le coordonnateur de l’Anap informe que le MDE arrivera à la mise en place d’une stratégie nationale afin de s’engager dans la protection de ces espaces. Il aussi profité de l’occasion pour annoncer la tenue prochaine d’un atelier dans le département du Nord-est, notamment dans le Parc des Trois Baies, le 13 août prochain.

La représentante spéciale en Haïti du secrétaire général des Nations Unies, Sandra Honoré, encourage les Haïtiens et Haï-

tiennes à participer aux Législatives du 9 août dans un message audio transmis aux médias.

« Jwèt pou nou » (La balle est dans votre camp), dit-elle dans ce message en Français et en Créole haïtien.

« Votre participation en grand nombre et votre décision de faire une croix sur la violence sous toutes ses formes seront l’occasion pour vous de démontrer que vous avez choisi définitivement la paix et la démocratie », poursuit la cheffe de la Mission de Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).5 millions 848 mille personnes sont attendues aux urnes dimanche pour élire 119 députés et 20 sénateurs.Sandra Honoré rappelle le caractère

« essentiel » de ces élections, ajoutant que voter est un « droit démocratique individuel ».

« Ces élections seront l’occasion pour Haïti d’installer pour une troisième fois consécutive un président démocratiquement élu à l’issue de deux mandants

présidentiels successifs de cinq ans », affirme Sandra Honoré.

La présidentielle est fixée au 25 octobre et mettra aux prises 55 candidats et candidates.

La représentante de Ban Ki-moon souligne que cette « stabilité »

est essentielle pour la paix, la sécurité et le développement socio-économique.

« Jusqu’à présent tous les acteurs ont fait leur part », dit-elle, rejoignant le Conseil électoral provisoire et la police nationale d’Haïti qui se sont déjà déclarés prêts pour ces compétitions.

Sept mille policiers appuyés par la police des Nations Unies et éventuellement les militaires seront déployés dans tout le pays le 9 août, précise Sandra Honoré.

Malgré le discours résolu des principaux acteurs, des doute subsistent quant à la tenue des Législatives dans certaines zones échappant encore au contrôle des forces de l’ordre, à l’image notamment de Cité Soleil (périphérie nord) et Petit-Goâve (Ouest).

Le ministère de l’Environnement (MDE) a organisé un atelier de travail sur le système national des aires protégées (Snap) à l’intention du personnel dudit ministère et de ses directeurs départementaux. « Résolution d’un problème de conservation dans une des aires protégées en fonction du découpage régional », a été le thème central autour duquel les débats se sont déroulés, le 4 août 2015, dans les locaux du MDE à Pacot (Port-au-Prince).

Sandra Honoré. / Photo (archives) : J. J. Augustin

ACTUALITÉ

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8 | N0 54 MERCREDI 5 AOÛT 2015

MONDE

L'OIM demande à l'UE des mesures pérennes sur l'immigration Sources : Reuters

L’Organisation internationale

pour les migrations (OIM) a

appelé mardi l’Union euro-

péenne à mettre en œuvre des

mesures de long terme face à la crise

créée par l’afflux de migrants, notam-

ment à Calais, en France, d’où des

centaines d’entre eux tentent chaque

jour de pénétrer en Grande-Bretagne.

Près de 200 000 candidats à

l’immigration sont arrivés par la

mer dans l’Union européenne, prin-

cipalement en Italie et en Grèce,

depuis le début de l’année, et plus

de 2 000 personnes ont trouvé la

mort en tentant de faire de même,

a précisé l’organisation internatio-

nale.

On estime entre 3 000 et 5 000

le nombre de migrants venus

d’Afrique et du Moyen-Orient

présents à Calais. Dix ont trouvé la

mort depuis le 1er juin en tentant

de passer en Grande-Bretagne.

« L’OIM pense que la dimension

humaine de la situation à Calais

doit devenir une priorité, la France

et la Grande-Bretagne étant con-

frontés à d’importants problèmes

de sécurité et à des perturbations

du tourisme et du commerce », a

déclaré son directeur général, Wil-

liam Lacy Swing, dans un commu-

niqué.

Pour l’organisation, les migrants

venus d’Afrique sub-saharienne

se trouvent « bloqués dans une

situation précaire avec peu de solu-

tions alternatives ». « Le nombre

des migrants qui arrivent est tout

à fait gérable pour l’UE, au vu de

l’ampleur de son territoire et de

ses ressources. Il faut adopter une

approche plus large et à long terme,

qui englobe aussi la situation

immédiate à laquelle sont confron-

tés la France et le Royaume-Uni »,

a dit Eugenio Ambrosio, directeur

régional de l’OIM pour l’Union euro-

péenne, la Norvège et la Suisse.

La situation à Calais a conduit

le gouvernement britannique à

durcir ces dernières semaines son

discours sur l’immigration. Lon-

dres a ainsi promis d’accélérer

l’examen d’un projet de loi visant

à durcir les règles en la matière.

Les propriétaires qui louent des

logements à des personnes en

situation irrégulière pourraient

ainsi être condamnés à des peines

de prison et les candidats à l’asile

dont la demande a été rejetée pour-

raient être privés de prestations

sociales.

Pour Itayi Viriri, porte-parole de

l’OIM, même si elles ne sont pas

connues en détail, les propositions

britanniques posent problème.

« Elles font des propriétaires des

fonctionnaires de l’immigration, or

je ne suis pas sûr que les proprié-

taires reçoivent la moindre forma-

tion leur permettant de procéder à

ce type de vérifications en matière

d’immigration », a-t-il dit à la

presse.

« En attendant d’avoir des préci-

sions sur la manière exacte dont

cela fonctionnera, on ne peut que

dire que cela ne semble pas très

praticable. »

L’Union européenne et les Etats-

Unis ont appelé mardi la Tur-

quie à s’en tenir à une « réponse

appropriée » dans ses attaques

aériennes contre la rébellion kurde

du PKK, pointant leur inquiétude sur

l’ampleur des raids aériens turcs qui

entretiennent le cycle de représailles

et pourraient tuer des civils.

Au moins deux autres soldats turcs

ont trouvé la mort mardi matin

dans une nouvelle attaque contre

un convoi militaire attribuée au

Parti des travailleurs du Kurdistan

(PKK), alors qu’Ankara poursuit

ses bombardements massifs contre

les bases de la guérilla du nord de

l’Irak.

La Turquie a lancé le 24 juillet

une « guerre contre le terrorisme

» visant simultanément le PKK et

les combattants du groupe Etat

islamique (EI) dans le nord de la

Syrie. Mais jusqu’à présent les raids

ont visé en très grande majorité la

rébellion kurde, ces violences met-

tant un terme à près de trois années

d’accalmie et à un fragile processus

de paix.

L’armée d’Ankara affirme avoir tué

plus de 260 combattants dans ses

bombardements. Selon des sources

kurdes, dix civils irakiens ont aussi

été tués dans des raids ce weekend,

mais l’armée affirme n’avoir visé

aucune zone habitée.

Selon un décompte de l’AFP, au

moins 19 membres des forces de

l’ordre ont été tués par des attaques

du PKK depuis la fin de la trêve.

Dans un communiqué publié à

Bruxelles, le commissaire euro-

péen à l’Elargissement, Johannes

Hahn, s’est dit « très préoccupé »

par l’escalade de la violence.

« L’UE reconnaît que la Turquie a

le droit de prévenir et de réagir à

toute forme de terrorisme, qui doit

être condamné sans ambiguïté »,

a affirmé M. Hahn dans un com-

muniqué publié après un entretien

avec le ministre turc aux Affaires

européennes Volkan Bozkir.

Avant d’ajouter : « la réponse doit

toutefois être proportionnée, ciblée

et elle ne doit en aucun cas mettre

en danger le dialogue politique

démocratique dans le pays ».

De Washington, le porte-parole du

département d’Etat, Mark Toner, a

envoyé le même message. « Nous

voulons que le PKK renonce à la

violence et reprenne les discussions

avant le gouvernement turc (...) et

nous voulons voir le gouvernement

turc répondre de manière propor-

tionnée » aux attaques, a-t-il dit à

des journalistes.

Drones armés

Un attentat survenu le 20 juillet

à Suruç (sud), qui a fait 32 morts

parmi de jeunes militants kurdes, a

déclenché un cycle de représailles

entre la guérilla et l’armée turque,

celle-ci étant accusée de ne pas

avoir protégé la population locale.

La guérilla a rompu un cessez-le-

feu unilatéral datant de 2013 et

le président turc Recep Tayyip

Erdogan a mis un terme de facto au

processus de paix. Les opérations

de sabotage contre des objectifs

économiques se multiplient en

Turquie parallèlement aux attaques

de la guérilla contre les forces de

l’ordre. Mardi, une explosion a

endommagé un gazoduc entre

l’Azerbaïdjan et l’est de la Turquie

et l’acheminement de gaz a dû

être suspendu. De leur côté, les

Américains comp-tent profiter du

feu vert que vient de leur donner

Ankara sur l’utilisation de leur base

aérienne d’Incirlik (sud) afin de

mener des frappes contre le groupe

EI en Syrie.

Le ministère américain de la

Défense a affirmé lundi soir que

des drones armés de l’US Air Force

avaient décollé d’Incirlik pour

conduire des missions en Syrie.

« Ce n’est qu’un début... », a twitté

Brett McGurk, bras droit du général

américain John Allen, l’envoyé spé-

cial des Etats-Unis dans la région en

charge de la lutte contre l’EI.

Selon les médias turcs, des dizaines

de pilotes américains sont attendus

dans les prochains jours à Incir-

lik pour conduire des missions en

Syrie. Sur le plan politique, la situ-

ation semble toujours bloquée en

Turquie, qui attend la formation

d’un gouvernement de coalition

depuis les élections du 7 juin ayant

privé le parti islamo-conservateur

AKP de la majorité absolue au Par-

lement.

Des discussions entre l’AKP et

le parti social-démocrate CHP se

poursuivent sans avancée majeure,

et les médias parient sur la convo-

cation de législatives anticipées par

le président turc.

Turquie : l'UE et les Etats-Unis pressent Ankara de faire preuve de retenueSources : AFP

AFP/AFP - Un avion turc chargé de missiles décolle de la base d’Incirlik, le 28 juillet 2015.

Reuters/Reuters - Migrants secourus par la garde-côte italienne en mer Méditerranée entre la Libye et l’ile de Lampedusa. /Photo prise le 3 août 2015/REUTERS/Darrin Zammit Lupi

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MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0 54 | 9MONDE

Le cap des 2 000 migrants et

réfugiés morts cette année en

mer Méditerranée en tentant

de gagner l’Europe par la mer

a été franchi ce week-end, un bilan

humain tragique supérieur à celui de

la même période de l’année 2014.

« Malheureusement nous avons

atteint ce week-end un nouveau

niveau avec plus de 2 000 migrants

et réfugiés morts » en 2015 en

tentant de joindre l’Europe via la

Méditerranée, a indiqué mardi à

Genève Itayi Virri, porte-parole de

l’Organisation internationale pour

les migrations (OIM). Pour la même

période de 2014, 1 607 migrants

avaient péri dans leur traversée

hasardeuse de la Méditerranée, 3

279 sur l’année entière.

L’OIM indique également que

quelque 188 000 migrants sont

arrivés depuis janvier en Europe,

principalement en Grèce et en Italie,

via la Méditerranée et elle s’attend

à ce que le chiffre symbolique

des 200.000 personnes soit « très

rapidement atteint ».

Approximativement 90 500

migrants et réfugiés sont arrivés en

Grèce et 97 000 en Italie, mais les

décès sont essentiellement enreg-

istrés dans les tentatives de traver-

sée depuis l’Afrique du Nord vers

l’Italie. Il y a eu 1 930 décès sur

cette route contre une soixantaine

sur la route de la Grèce, générale-

ment depuis la Turquie. Ce bilan

est plus modeste car la traversée

est beaucoup plus courte entre les

côtes turques et les îles grecques.

Dix-neuf décès dans le canal de

Sicile la semaine dernière sont

venus s’ajouter à ce bilan, précise

l’OIM. Dans un des cas, 14 corps

ramenés dans le port sicilien de

Messine, les migrants sont morts

d’épuisement et de soif après que

l’eau potable eut été utilisée pour

refroidir le moteur du bateau, selon

les témoignages recueillis par l’OIM.

Pression maintenue à Calais

Pour beaucoup de ces migrants,

la Grande Bretagne reste l’objectif

final de leur marche vers l’Europe

du nord et Calais, dans le nord de

la France, reste un point de passage

malgré le dispositif policier mis en

place par la France en coordination

avec les Britanniques.

Quelque 600 tentatives d’intrusion

de migrants, selon la police, ont été

déjouées dans la nuit de lundi à

mardi aux abords du tunnel sous la

Manche, près de Calais, qui faisait

par ailleurs l’objet d’une « inspec-

tion » provoquant des retards de

trafic.

Ce chiffre est cependant en forte

baisse comparé aux 1 700 tenta-

tives de candidats à l’immigration

en Angleterre enregistrées la nuit

précédente.

Le groupe Eurotunnel qui gère

l’installation sous-marine entre la

France et l’Angleterre a annoncé

qu’il effectuait une inspection au

sein du couloir sud du tunnel, après

la détection d’une « anomalie »,

qu’il n’a pas précisée, mais qui pro-

voquait des retards dans le trafic

mardi matin.

Les passagers devaient tabler sur

une attente de deux heures au

départ de Folkestone en Angle-

terre, et d’une heure côté français,

le trafic étant détourné sur le seul

tunnel nord.

Dans la nuit, environ 500 migrants

ont été dénombrés aux abords du

site, pour 600 tentatives d’intrusion,

dont 400 ont été repoussées. Envi-

ron 180 personnes interceptées ont

été reconduites hors du site et une

vingtaine interpellées, a détaillé

une source policière.

Responsabilité morale’ de l’Europe

Selon l’OIM, de 3 000 à 5 000

migrants campent à Calais dans

l’attente d’un hypothétique moyen

de traverser la Manche.

Dix sont morts dans leurs tenta-

tives depuis le 1er juin. « L’Europe

a une responsabilité morale et poli-

tique pour répondre (à cette crise)

de façon humanitaire », a souligné

Eugenio Ambrosi, directeur de

l’OIM pour l’Union Européenne.

Il appelle à des solutions à long

terme, avec des protections interna-

tionales pour ceux qui arrivent en

Europe. L’OIM souligne également

que les projets de renforcer les bar-

rières autour du port et du tunnel «

seront inefficaces pour contrôler les

migrations irrégulières mais égale-

ment dangereux pour les migrants,

et augmenteront les demandes pour

les passeurs ».

A Bruxelles, la Commission Euro-

péenne a indiqué que le Com-

missaire pour les migrations et

les Affaires intérieures Dimitris

Avramopoulos doit appeler mardi

les ministres de l’Intérieur français

et britannique pour voir ce que

Bruxelles peut faire sur le plan de

l’aide financière et pratique dans

le traitement des demandes d’asile

et de l’organisation des retours.

Plus de 2 000 décès de migrants en Méditerranée cette année Sources : AFP

AFP/AFP/Archives - Capture d’écran d’une vidéo fournie le 2 mai 2015 par les garde-côtes italiens de migrants secourus en Méditerranée

Guatemala : l'ex-dictateur Rios Montt hospitalisé pour des examens psychiatriquesSources : AFP

L’ancien dictateur du Gua-

temala, Efrain Rios Montt,

poursuivi pour génocide, a été

admis mardi dans une clinique

psychiatrique afin d’y subir des exa-

mens devant déterminer s’il est apte

à suivre son procès, a constaté un

photographe de l’AFP.

Dissimulé sous une couverture,

le général à la retraite, âgé de 89

ans, a été transporté en ambulance

aux côtés de ses enfants Zury et

Enrique de sa résidence située dans

l’est huppé de la capitale à la cli-

nique Los Pinos.

Cette hospitalisation a été ordon-

née par le tribunal chargé de son

procès pour génocide. L’accusation

avait dans un premier temps

demandé qu’il soit examiné dans

un établissement public, mais la

défense a obtenu que les examens

soient réalisés dans une clinique

privée.

Accusation et parties civiles

soupçonnent les médecins de

l’ancien dictateur, à la tête du pays

durant 17 mois entre 1982 et 1983,

de lui administrer des médicaments

destinés à le faire passer pour

sénile, afin de lui éviter d’être

traduit en justice.

L’accusé sera placé sous la sur-

veillance « d’agents du parquet

et de la police », a ordonné la

juge Maria Eugenia Castellanos.

L’hospitalisation devrait se prolon-

ger jusqu’au 15 août. « Se trouvant

dans un hôpital privé en présence

de sa famille, de ses amis, etc., nous

considérons qu’il sera très difficile

pour le panel d’experts désignés de

réaliser un travail objectif et impar-

tial », a regretté auprès de l’AFP

Me Hector Reyes, avocat du Centre

pour l’action légale pour les droits

de l’homme (Caldh), partie civile

au procès.

Une audience est prévue le 18 août

pour prendre connaissance des

résultats de l’expertise. M. Rios

Montt est accusé, au côté de son

ancien chef des renseignements,

d’être responsable du massacre par

l’armée de 1 771 indiens mayas de

l’ethnie des ixiles, dans le nord

du Guatemala, durant son court

mandat.

Déjà jugé en 2013 pour génocide,

une première pour un ancien diri-

geant latino-américain, il avait été

condamné à 80 ans de prison mais

la procédure avait été annulée par

la Cour constitutionnelle, qui avait

ordonné la tenue d’un nouveau

procès.

Après plusieurs reports, celui-

ci a débuté le 23 juillet, mais la

défense de l’ancien général, placé

en résidence surveillée en raison

de son âge, a présenté un certificat

médical établissant qu’il n’était

pas en état mental d’assister à son

jugement.

Cette expertise a été contestée par

l’accusation, qui a demandé un

examen indépendant.

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ÉCONOMIE

Des avis (encore*) partagés sur la construction du viaduc de Delmas Par Emmanuel Marino Bruno | AlterPresse**.

HAÏTI / INFRASTRUCTURES

Au Carrefour de la route de l’aéroport international (intersection route de Delmas et avenue Martin

Luther King, plus connue sous le nom de Route de Nazon), à proximité du viaduc entouré en tôles, des march-andes et marchands, vendeuses et vendeurs (pour la plupart des jeunes) s’entassent, sous un soleil de plomb, sur des trottoirs, à l’abri de parasols de couleur rouge.

Des étals d’articles divers, dont des téléphones, des cartes de recharge, des parfums, des préser-vatifs et des livres y sont, entre autres, installés, contraignant même les piétonnes et piétons à se frayer un chemin par la chaussée. Les espaces pour les piétons sont encombrés aussi par des plateaux, établis par des marchandes et marchands de nourriture prête à la consommation.

« On ne nous a pas donné une vraie route. C’est uniquement un pont pour traverser. Ils pensent que le peuple ne sait pas ce qu’est une route. On est obligé de l’accepter

», regrette un jeune habitant, assis sous un parasol, avec quelques camarades, dont l’un fume une cigarette.

La passerelle ressemble à un dos de chameau, avec des eaux qui coulent de chaque côté en période de pluie, ironise-t-il pour mon-trer combien cette infrastructure laisse à désirer, pour l’instant.Il dit souhaiter l’aménagement d’un espace de détente ainsi que des nettoyages réguliers, compte tenu de la présence de nombreux marchands des deux côtés du trot-toir. « La place publique, qui a été démolie au Carrefour de la route de l’aéroport, me manque beaucoup. Elle me permettait de gagner ma vie », se désole un ancien agent de la mairie de Port-au-Prince.

Les embouteillages ont consi-dérablement augmenté durant les travaux de construction du viaduc, rapporte un autre vendeur dans la zone, qui dit espérer une amé-lioration de la circulation après l’achèvement de cette passerelle.

Les travaux de construction du viaduc entraînent, en ce moment, un problème de circulation au niveau de certaines artères situées au Carrefour de la route de l’aéroport, explique un bouquin-iste, debout près de ses livres étalés le long du trottoir.Les panneaux de signalisation mettent trop de temps à changer de couleur, évoque, pour sa part, un autre passant. Cette lenteur serait à l’origine du blocage dans la circulation automobile, selon plusieurs témoins. « Je ne suis pas tout-à-fait satisfait. S’il y avait plus de volonté politique, ces infrastructures routières auraient été mieux construites », avoue un marchand de parfum, perdu dans l’arrangement méticuleux de ses articles.

Les travaux de construction du viaduc ont perturbé la vente à cause de l’étroitesse des routes, qu’elle a provoquée au niveau du Carrefour de la route de l’aéroport, se plaint un vendeur de téléphones et d’autres articles. Des individus se font même braquer la nuit par

des voleurs en dépit d’un poste de police, situé à proximité du viaduc, rapporte-t-il, appelant les autorités à redoubler de vigilance.La construction de ce pont à étagement (viaduc), à Delmas, est exécutée par la compagnie domini-caine Estrella pour le compte du gouvernement haïtien, dans le cadre « d’un plan d’action pour le relèvement et le développement d’Haïti ». Évalué à hauteur de 16 à 17 millions de dollars américains, ce viaduc en cours d’achèvement aurait dû être inauguré en mars 2015. Cependant, des retards ont été accumulés pour des raisons non rendues publiques.

Plusieurs bâtiments, qui se trou-vaient dans le périmètre de cette construction, ont été démolis.

*’L’ajout est de la rédaction du National (ndlr).

**Document retrouvé. Publié par AlterPresse le 13 mai 2015. Les travaux, en ce début d’août 2015, ont repris et sont encore en cours d’achèvement.

La construction du viaduc de Delmas (au nord-est de la capitale Port-au-Prince) suscite des réactions diverses de la part des riverains, passants et marchands installés dans cette zone, qui se sont confiés à l’agence en ligne AlterPresse.

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MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0 54 | 11ÉCONOMIE

« Haïti, situation mac-roéconomique récente : com-ment assurer un redressement durable et une croissance

économique inclusive ». La théma-tique de ce forum, organisé le ven-dredi 31 juillet à l’hôtel Montana, a réuni des personnalités du monde des affaires et de la classe politique.

La sécheresse a bon dos

Des données du Fonds monétaire international ont montré qu’Haïti a atteint une croissance de 3,8 % du PIB en 2014 ( ?). Pourtant, constatent certains économistes, la croissance ne sera pas du tout au rendez-vous en 2015.

La dette publique a poursuivi sa tendance haussière au voisinage de 30 % du PIB de l’année en cours. L’agriculture haïtienne est passée de plus de 40 % – années 1980 –- à 24 % du PIB. Les sous-secteurs eau et énergie ne représentent que 0,5 % du PIB. L’industrie manufac-turière croupit en dessous de 10 % du PIB. Pour un pays à vocation agricole et industrielle, ces chif-fres reflètent-ils des avancées sur le plan économique ?

Les chiffres et tableaux présentés à ce forum n’autorisent guère à croire, hors de tout doute raison-nable, que le pays – en raison des conditions socioéconomiques pré-caires de la population haïtienne – expérimente une croissance économique.

Toutefois, Wilson Laleau, inter-venant principal à cet atelier, a dessiné un panorama presque idyllique de la situation mac-roéconomique, argumentant que

les données statistiques du MEF contredisent ce que disent « des gens » qui font croire que le pays se trouve dans une situation économique fragile.

« Les finances publiques, a-t-il claironné, vont bien. Nous avons une croissance de 2,9 % ». Il a fait remarquer que la sécheresse qui prévaut dans le pays depuis neuf mois pourrait empêcher le taux de croissance prévu. Pour lui, « la bonne gestion des finances publiques » n’a pas pu empêcher le décrochage du taux de change.

Cette rencontre a été l’occasion pour lui de présenter des données statistiques liées au PIB durant les trente dernières années. « De la période allant de 1996 à 2003, a-t-il concédé, la croissance d’Haïti était négative – soit – 0,5 % - pendant que la République dominicaine accusait un taux de 4,1 % de son PIB. »

L’appui à la croissance et à l’agriculture, l’appui au dével-oppement des petites et moyennes entreprises, la réorientation de l’économie nationale » sont, entre autres, les réformes proposées par le ministre Laleau.

En restituant des chiffres déjà publiés par la Banque mondiale et le ministère de l’Économie et des Finances (MEF), Wilson Laleau a montré que les principaux indi-cateurs d’activité sont en hausse, mis à part le sous-secteur de l’énergie. « L’expansion de l’activité économique enclenchée, il y a trois ans, suit une progression lente. »

D’entrée de jeu, si le titulaire du MEF a, d’une manière aca-démique, présenté des données qui reflètent une courbe en dents de scie dans tous les secteurs d’activités, Gregory Brandt, coor-donnateur du Forum économique du secteur privé, a, pour sa part, tenté de reconstituer le véritable contour historique de l’économie haïtienne.

Lors de son allocution, il a posé les bases de ses réflexions sur ce qu’il appelle les « anomalies structurel-les » de la politique économique des trente dernières années con-sidérée comme un échec.

Une toute autre perception

Durant ces trente dernières années, a constaté l’homme d’affaires et industriel Grégory Brandt, les fuites de devises pour l’acquisition des biens importés – jadis produits en Haïti – sont passées de 500 millions à 4,5 milliards de dollars américains « La politique de stabilisation de la monnaie imposée par le gouverne-ment pour lutter contre l’inflation n’a jamais créé d’emplois ». Pour M. Brandt, le dollar américain fait la promotion des importations en affaiblissant la compétitivité des industries locales. Aujourd’hui, a-t-il dit, on paie le « prix fort », à cause des conséquences de cette tentative ratée de stabilisation de la monnaie nationale.

Le coordonnateur du Forum a fait remarquer que sans création d’emplois, sans croissance, l’État haïtien se trouve dans une situa-tion fiscale fragile. La forte dépen-dance économique qui s’ensuit,

a-t-il poursuivi, s’est traduite par un affaiblissement de l’État. Pendant que l’État augmente sa dépendance externe pour le financement des obligations pub-liques – a-t-il – souligné- les res-sources fiscales s’amenuisent et stagnent. Pire, « l’État ne peut pas remplir souverainement ses obligations régaliennes, notam-ment l’organisation des élections », a-t-il martelé.

Wilson Laleau a conclu que la transformation de la société ne peut être impulsée qu’avec un changement radical de cet état de faits. Ainsi, le problème de l’instabilité, a-t-il plaidé, ne pourra être résolu sans une « politique publique volontariste » permet-tant de traiter la question de la pauvreté, d’élargir la base de la classe moyenne, de développer et de mettre à profit des potentialités et capacités des territoires et des individus.

Participant à ces assises, à l’invitation du Forum économique, l’avocat et candidat à la pré-sidence André Michel, de la plateforme Justice, croit que les questions économiques et socia-les du pays doivent prévaloir aujourd’hui et faire l’objet d’un débat sérieux. Pour André Michel, chaque moment de l’Histoire a son propre enjeu. « En 1804, faire l’indépendance a été le principal enjeu.

De 1957 à 1986, l’enjeu était de créer des espaces de lib-ertés publiques et démocra-tiques. Aujourd’hui, l’enjeu,F c’est de créer un environnement économique accessible à toutes et à tous. »

Il en a déduit qu’un vrai parte-nariat public-privé doit naître en vue de la création d’emplois. « Il s’agit d’investir dans la produc-tion nationale et de réduire les déficits publics », a-t-il conclu.

COURS DE LA GOURDE

EN DATE DU 4 AOÛT 2015

TAUX DE RÉFÉRENCE (BRH) . Taux moyen d’achat : 54.8784 GDES

. Taux moyen de vente : 55.5469 GDES

Controverses autour de la situation socioéconomique du pays Par Therno N. A. Sénélus

FORUM ÉCONOMIQUE DU SECTEUR PRIVÉ

Le forum économique du secteur privé haïtien de 2015 a suscité certaines controverses autour de l’état de santé de notre économie. Le ministre de l’Économie et des Finances (MEF), Wilson Laleau, a tenté de faire la lumière sur les grandes questions économiques et les enjeux en présence. Une tâche qui n’a pas du tout été facile.

Le ministère de l’Économie et des Finances, Wilson Laleau. / Photo : J. J. Augustin

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La baisse importante de la valeur du dollar canadien face à la devise américaine s’explique par la faiblesse des prix du

pétrole et une éventuelle nouvelle baisse des taux d’intérêt. Le prix du baril de pétrole brut a plongé lundi à son plus bas niveau en quatre mois, à près de 45 dollars américains le baril.

Les marchés s’attendent par ailleurs à ce que la Banque du Canada abaisse à nouveau son taux directeur d’un quart de point de pourcentage, comme elle avait fait le 15 juillet dernier. Pour faire face au ralentissement de l’économie, la Banque du Canada avait en effet abaissé son taux directeur de 0,25 point de pourcentage, l’établissant à 0,50 %. Et, bien qu’elle évite d’utiliser le terme « récession », elle avait affirmé que le produit intérieur brut (PIB) s’est « modestement contracté » au cours des six premiers mois de l’année. Une récession est une baisse de la valeur du PIB réel durant six mois consécu-tifs. La baisse d’un quart de point du taux directeur est accompagnée d’une révision à la baisse de la prévision de croissance économique. La Banque du Canada s’attend maintenant à une croissance du PIB de 1,1 % cette année, alors qu’elle misait sur une hausse de 1,9 % en avril dernier. La Banque du Canada explique le récent ralentissement de l’économie canadienne par, d’une part, le bas niveau des prix du pétrole, qui a fait reculer les investissements dans le secteur de l’énergie. D’autre part, la banque centrale cite les exportations

canadiennes, plus faibles que prévu, et ce, malgré la baisse du dollar cana-dien.« C’est une décision suffisamment complexe pour avoir exigé bien des délibérations. On voudrait savoir quels seront les effets sur la stabilité finan-cière. Est-ce que le choc [pétrolier] est temporaire ou permanent? C’est ce qu’examinent les économistes », avait concédé Stephen Poloz, gouverneur de la Banque du Canada.Le gouverneur de la Banque du Canada s’était soigneusement gardé de parler de récession en conférence de presse. Questionné à cet effet, il a répondu que « c’était un débat peu utile ». Stephen Poloz rappelle que le pétrole et le gaz représentent 10 % de l’économie cana-dienne. C’est précisément ce secteur

qui a subi un choc, a-t-il expliqué. Mais « si ce choc se faisait sentir partout, la conversation serait différente ». M. Poloz dit s’attendre à ce que « les ten-dances positives » contrebalancent la situation.La décision de réduire le taux directeur permettra de garder le dollar cana-dien à un bas niveau vis-à-vis de la devise américaine, ce qui, en règle générale, stimule la consommation et les exportations. C’est la deuxième fois cette année que la Banque du Canada abaisse son taux directeur pour stim-uler l’économie. En janvier, la Banque du Canada avait pris tout le monde par surprise en réduisant son taux directeur pour la première fois en cinq ans. Elle tentait ainsi d’aider l’économie à encaisser le

choc de la baisse des prix du pétrole. « On fait de la gestion de risque », avait alors déclaré Stephen Poloz.Dans une déclaration publiée par le bureau du premier ministre canadien Stephen Harper, on explique que l’économie canadienne demeure fragile et qu’elle « est tirée vers le bas par les forces au-delà de nos frontières telles que les prix mondiaux du pétrole, la crise de la dette européenne et le ral-entissement économique de la Chine ».Actuellement, le taux d’inflation se situe à 0,9 %, ce qui confère à Ste-phen Poloz une marge de manœuvre suffisante pour baisser les taux. Le fait de réduire le taux directeur stimule les emprunts, ce qui, par ricochet, a un effet accélérateur sur les dépenses et les investissements.

L’objectif de la banque centrale est de tenir en respect le taux d’inflation. Un taux d’inflation se situant entre 1 % et 3 % constitue en quelque sorte un gage de relative stabilité pour l’économie. À l’annonce de la réduction du taux directeur, le dollar canadien a perdu plus d’un cent, s’établissant à 77,53 ¢US, le niveau le plus bas depuis 2009, alors que le pays était en récession.

Plusieurs banques ont réagi à la réduc-tion du taux directeur en diminuant leurs taux préférentiels. Les données rendues publiques par Statistique Canada le 31 juillet écoulé indiquent en outre que le produit intérieur brut réel s’est contracté pour un cinquième mois consécutif en mai, cédant 0,2 %, ce qui nourrit le sentiment négatif des investisseurs.

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RÉCESSION

Le dollar canadien s’est déprécié mardi matin de 0,29 cent pour descendre à 76,12 cents américain, un creux jamais vu en 11 ans.

ÉCONOMIE

Le dollar canadien à un creux depuis 2004

La Banque du Canada explique le récent ralentissement de l’économie canadienne par le bas niveau des prix du pétrole et la baisse des exportations | © PC/Paul Chiasson

ÉCONOMIE URBAINE

Denis Coderre, le maire globe-trotteur Par Daphné Cameron | La Presse*

«Tous les problèmes de l’heure doivent passer par un gouver-nement de proximité», a-t-il expliqué il y a quelques jours

lors d’une entrevue dans son bureau à l’hôtel de ville. «Une métropole qui se respecte se doit d’avoir une stratégie internationale parce qu’on est dans le village global en ce moment. Il n’y a plus de frontières.»

Le point culminant de ses rencontres avec les maires du monde: le sommet Vivre ensemble, un forum qui a réuni les premiers magistrats de 23 villes en juin.«Les maires de Beyrouth, Hiroshima, Washington, Miami, Bruxelles, Paris, Casablanca, Dakar et Johannesburg sont venus, mais tout ça, c’est parce que je les ai rencontrés et je suis allé les chercher», a-t-il expliqué.Le forum s’est déroulé à huis clos, mais

les maires y ont discuté d’immigration, de sécurité et d’ouverture. «Nous, on n’a pas attendu d’avoir un mandat: on s’est donné un mandat sur le rôle des villes dans l’échiquier mondial, pour confronter les problèmes de l’heure et faire partie de la solution.»

Ambassadeur numéro 1

Recruter le pape François pour partici-per aux festivités du 375e de Montréal en 2017, attirer le Grand Prix de For-mule E, ramener une équipe de base-ball professionnel à Montréal, devenir l’hôte de congrès internationaux: les missions du maire ont aussi comme fil conducteur l’objectif d’attirer de grands événements.«C’est quoi, le rôle du maire? Le maire est l’ambassadeur numéro 1 de la métropole. Moi, je crois beaucoup à ça», explique M. Coderre.

Lors de son voyage à Miami en mars 2015, le maire Coderre a rencontré les dirigeants de la Formule E dans l’espoir d’attirer la course à Montréal. «Il va y avoir la Formule E à Montréal, on est en train de finaliser le tout», dit-il.«La Formule E a une symbolique impor-tante. Montréal est une ville verte; 98% de notre énergie est renouvelable, donc je mise sur l’électrification. Quoi de mieux que l’événementiel pour attein-dre des millions de gens sur la planète en amenant la Formule E ici? Cet évé-nement-là envoie un message impor-tant en matière de développement durable. Montréal va être le chef de file et la capitale de l’électrification.»BaseballSes missions à Miami, New York et Los Angeles ont aussi eu une thématique de baseball.«Évidemment, je tripe sport. Mes yeux

s’allument quand on parle de sport! On a perdu une équipe de baseball, il faut la récupérer. C’est une industrie qui va amener son lot de rayonnement en terme touristique. Il n’y a rien de plus mouvant qu’un fan de baseball. T’amènes les Expos ici, tu vas avoir la côte est des États-Unis qui va venir à Montréal comme ça ne se peut pas.»Le pape a-t-il accepté l’invitation du maire de participer aux célébrations du 375e de Montréal? «Moi, j’ai con-fiance. Le fait qu’on s’y soit pris à l’avance, je crois qu’on peut avoir un succès sur toute la ligne. Le pape Fran-çois connaît Québec et le fait qu’entre-temps les premiers ministres Harper et Couillard lui ont rendu visite pour lui dire que c’est une bonne idée, ça montre qu’il y a eu une belle commu-nion d’esprit.»*La Presse est un quotidien franco-phone de Montréal, Québec.

Le maire de Montréal affirme qu’il fait partie de ceux qui pensent que le monde se définit en terme de villes et non pas en terme de pays ou de continents. «Think global, act local», aime d’ailleurs répéter Denis Coderre à qui veut l’entendre. La majorité de ses missions à l’étranger lui ont d’ailleurs servi de tremplin pour nouer des liens avec d’autres maires.

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Pour réhabiliter l'environnement !Par Jackson Joseph

Plusieurs observateurs avisés du pays lient les problèmes de l’environnement haïtien aux crises sociopolitiques

qui détériorent chaque jour nos conditions de vie. La question s’agite pour une énième fois, et avec raison, tenant compte du premier tour des législatives qui doivent s’organiser le dimanche 9 août prochain. Mais encore, il faudrait considérer le fait que les quatre mois à venir sont consacrés aux élections s’il faut en croire les plus optimistes. Que ce soient la présidentielle, les législatives, les collectivités territoriales et locales, on est d’avis qu’il s’agit d’une période de renouvellement du personnel politique en Haïti.

Voilà une grande opportunité pour nous de remettre en question la valeur des hommes et des femmes qui ont tenu les rênes du pays pendant longtemps déjà.

Une opportunité de revoir les priorités dont nous dépendons : l’environnement, par exemple. L’ingénieur-géologue Claude Prepetit est d’accord qu’il s’agit de la plus grande urgence, la protection de l’environnement. Il prend en compte, pour le dire, la menace de catastrophes de toutes

sortes : séisme, tsunami, glissement de terrain, inondations… Pour Yves André Wainright, la gestion de l’environnement requiert une stabilité économique sur une longue durée car, dit-il, la dégradation de l’écologie est une violation des droits humains ; elle a des conséquences beaucoup plus graves que même la criminalité sur la vie des citoyens.

Yves André Wainright, agronome de profession, participait en juin 2014 à une conférence où il a fait remarquer que le ministère de l’Environnement était sous-utilisé ou très peu enclin aux fonctions pour lesquelles il a été créé depuis plus de vingt ans. Si ce même ministère reconnaît que la couverture forestière est réduite à une peau de chagrin (1,2 %), les responsables n’ont entrepris aucune campagne viable de reboisement qui ait pu pallier la gravité de la question. Pourtant ils avaient promis en 2014 justement de faire en sorte que la couverture forestière passe à au moins 4 % durant les trois prochaines années. Et on se demande ce qu’il en est réellement aujourd’hui et quels sont les efforts qui ont été consentis en ce sens.

Voici venu le temps pour chacun de nous de prendre nos responsabilités vis-à-vis de la patrie, le temps pour nous de décider qui sont ceux-là qui vont mériter notre vote. Les discours mentent et sont orientés vers la prise du pouvoir, mais trop souvent sans projets convaincants.

S’il est vrai que la vulnérabilité de l’environnement est patente, s’il est vrai qu’il s’agit de l’une des plus grandes urgences du pays, sinon la plus grande, pourquoi les projets de société ne tournent-ils pas autour de cela ? Pourquoi nos candidats à la députation et au Sénat, pour la grande majorité, n’ont aucun plan de sauvetage ?

Notre pays est malade. Il faut de vrais médecins. D’aucuns sont d’avis que les vrais médecins se reconnaissent à l’œuvre. En cela, ne vous y trompez pas. L’ex-directeur du bureau des Mines et de l’Énergie, Dieuseul Anglade, disait toujours que les premiers protecteurs de l’environnement sont les citoyens eux-mêmes.

Cela est bien vrai. Nous sommes les premiers agents protecteurs de l’environnement par notre

engagement à le respecter et à le faire protéger.

La déforestation et le déboisement se font toujours à outrance. Les données qui le traduisent depuis 2008 n’ont en rien changé et deviennent même parfois plus alarmantes. L’Organisation des Nations unies estimait à 30 millions les arbres abattus tous les ans, tandis que le directeur exécutif de la Fédération des amis de la nature, Pierre Chauvet, dans une intervention à Marriott Hôtel, le mois dernier, a parlé de près de 40 millions.

L’abattement des arbres est un mal séculaire qui ronge l’espace physique haïtien. C’est une gangrène au développement socioéconomique du pays.

Pourtant, ce n’est pas là le seul mal qui devrait nous préoccuper. Il y a aussi la menace des séismes qui persiste, mais aussi celle des inondations qui est notre partage dans la Caraïbe, compte tenu du fait que nous faisons partie de la trajectoire même des cyclones et tempêtes dont nous devons toujours redouter les effets catastrophiques.

SOCIÉTÉ

Une partie du quartier de Jalousie (Pétion-Ville)./ Photo : J. J. Augustin

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SOCIÉTÉ

« Récemment j’ai contracté une fièvre. J’étais inquiet. Je n’avais pas assez d’argent pour me rendre à l’hôpital. Un bon voisin

est venu me voir et m’a conseillé de prendre un « ibuprofène ». La fièvre a disparu tout de suite après», raconte un homme, l’air très sérieux.

Un autre jeune homme, ayant eu une blessure au niveau de la jambe gauche. Blessure provoquée par un furoncle. Il a fait savoir que plusieurs jours ont passé et la plaie a eu du mal à se cicatriser. « Dès que mon père a vu ma jambe, il savait déjà ce que je devais prendre. Il m’a tout de suite recommandé des « amoxicillines que j’ai pris trois fois par jours. Quelques jours plus tard, j’ai été soulagé », a affirmé le jeune homme.

Ce n’est pas étonnant d’entendre une personne malade en Haïti demander à un proche : « quel médicament je peux prendre contre la fièvre, contre la toux, l’inflammation des gencives, une infection… ? Il n’est plus question d’observer un signe de malaise pour ne pas penser automatiquement à une pilule

guérisseuse. Certains sont devenus pharmaciens par routine. Ils connaissent tous les médicaments et leurs effets. À défaut d’efficacité d’un médicament, il y a toujours un autre à proposer pour trouver le résultat escompté. Le dosage n’est nullement pas pris en compte. L’essentiel, c’est de trouver du soulagement, voire la guérison totale. S’il faut prendre cinq comprimés, on le prend.

Ce comportement est également observé chez les jeunes filles lors des dysménorrhées. Pour affronter la douleur de la menstruation, ces dernières consomment, en grande quantité, des pilules. Elles en usent jusqu’à trouver le résultat souhaité. Si, après avoir essayé plusieurs médicaments différents, le problème persiste, finalement elles peuvent se conformer à l’idée de consulter un médecin.

Un commerce très rentable

Pour faire acquisition de ces médicaments, les gens n’ont pas besoin d’aller loin. Des marchands de médicaments ambulants sont très nombreux. Ils sillonnent les rues de la capitale à longueur de

journée. Certains d’entre eux se massent à des points fixes. Selon les déclarations de certains esprits critiques, ils sont plus nombreux que les pharmacies. « Si on veut faire un commerce pour devenir riche très vite dans ce pays, on n’a qu’à vendre des comprimés. C’est très rentable », ironise un homme. Il a pris l’exemple de plusieurs personnes qu’il a connues pour étayer son opinion.

Des « agents de marketing », rencontrés toujours dans les bus de transport en commun, ne laissent, le plus souvent, pas le choix aux individus face à leurs produits. Quand ils présentent leurs médicaments, ils donnent l’impression qu’ils sont de vrais et bons médecins. Ainsi arrivent-ils à créer le besoin chez les gens d’acheter ces médicaments qui sont, pour la majorité, efficaces contre un grand nombre de maladies. Ils vendent des antibiotiques, des vitamines, des médicaments homéopathiques etc. « Il faut avoir beaucoup d’argent pour aller à l’hôpital dans le pays, si je trouve les médicaments à bon marché, je m’empresse de les

prendre », explique une femme âgée d’une trentaine d’années. Il s’ensuit que la dame a peur des lignes fatigantes de tous les hôpitaux publics du pays. « On va à l’hôpital, et on perd une journée entière. Donc, je préfère acheter mes médicaments toute seule », ajoute-t-elle d’un air convaincant.Une course vers le suicide

L’automédication, selon l’avis des médecins, est très dangereuse pour la santé des gens du fait que les médicaments sont vendus sans aucun contrôle dans le pays. Du moins, les gens sont libres de vendre toutes sortes de médicaments partout sur le territoire national. Ce qui est d’une gravité énorme selon Natacha Antoine, un médecin ayant fait sa spécialisation en gynécologie. « On fait courir de grands dangers aux individus lorsqu’on les laisse acheter toutes sortes de médicaments à leur gré», a-t-elle expliqué.

Selon la gynécologue, il revient au ministère de la Santé publique et de la Population de réguler la vente des médicaments dans le pays. En s’auto-prescrivant des médicaments, l’individu peut aggraver son état de santé, précise docteur Antoine. « Une personne qui consomme des antibiotiques, par exemple, sans savoir quel type d’infection dont elle est atteinte, risque de renforcer le germe provoquant sa maladie. Ainsi elle détruit toute possibilité de trouver une solution », a soutenu la gynécologue.

Docteur Antoine a précisé toutefois qu’une personne peut toujours acheter des médicaments sans ordonnance. « Certains médicaments peuvent être en vente libre, comme ceux utilisés contre la grippe, les maux de tête… . Mais les médicaments de traitement, c’est-à-dire ceux qui sont liés à une maladie bien déterminée et qui nécessitent un dosage particulier, ne doivent pas être pris indépendamment de l’ordonnance d’un médecin », a raconté le médecin.

L’automédication se renforce continuellement dans le pays. Les Haïtiens y recourent non seulement par manque de moyens pour se rendre aux hôpitaux, mais aussi par manque de formation. Peu importe la raison, il faut admettre que l’État a la responsabilité de freiner ce phénomène. Que pense faire le ministère de la Santé publique face à un tel problème ?

L'automédication : une dangereuse course vers le suicide par Ritzamarum ZÉTRENNE

Voilà une pratique courante en Haïti : des gens, pour soigner leurs maux, ont recours à des médicaments sans avoir l’avis d’un spécialiste en médecine. L’automédication remplace progressivement et au fil des ans, les visites médicales. Pourtant, selon le docteur Natacha Antoine, l’utilisation d’un médicament sans ordonnance comporte beaucoup de risques.

Un marchand ambulant de médicaments . / Photo : J. J. Augustin

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MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0 54 | 15SOCIÉTÉ

Jus en poudre versus jus naturels Par Stéphanie Balmir

Les jus naturels ne sont pas le premier choix du grand public. Diverses raisons, dont la facilité de préparation, le

prix et la disponibilité, expliquent le choix de se rabattre sur les sachets de jus en poudre que l’on retrouve souvent sur le marché. . « Ils sont plus abordables par rapport aux fruits qui sont aujourd’hui trop chers », explique un jeune homme. Il achète donc des sachets de poudre. Les jus naturels ne sont pas fréquents dans son alimentation quotidienne. « J’en bois très rarement », a-t-il laissé entendre. Son choix est purement économique. Cependant, il est conscient que seuls les jus naturels contiennent des rations alimentaires adéquates pour l’organisme. « Les jus naturels ont plus de vitamines, mais je les consomme rarement. Je ne peux pas m’acheter des fruits tous les jours », a-t-il souligné.

D’autres personnes interrogées ont eu des réponses similaires. Bien que conscientes de la composition chimique de ces jus en poudre, elles continuent malgré tout de les consommer. Rien que parce que ces jus coûtent, pour la plupart cinq gourdes le sachet. Une femme témoigne : « Je ne suis pas médecin, mais je ne crois pas que

ces jus correspondent aux besoins de notre organisme. Ils sont trop sucrés. Mais tu ne peux pas faire autrement. Quand tu veux boire du jus et que tu n’as pas de grands moyens, tu t’achètes un sachet de jus de cinq gourdes. »

Même certaines mères de famille utilisent des jus en poudre après les repas de la journée. Surtout les matins, quand il faut du jus pour les boîtes à lunch de leurs enfants. Les jus en poudre sont les solutions rapides et efficaces à tous les niveaux. Elles justifient leur choix spécifiquement par le fait qu’elles sont plus à même de se procurer ces sachets de jus qui correspondent mieux à leur pouvoir d’achat.

Selon l’avis de Gardénia Monroe, nutritionniste, les jus en poudre doivent être uniquement des alternatives, parce qu’ils n’ont aucune valeur nutritive. « Ils n’ont aucune valeur nutritive pour le corps humain. » De plus, leur utilisation à outrance peut avoir des effets nocifs sur la sante. «Ils doivent être des dépanneurs et non le jus de tous les jours. Il est mieux de boire du jus naturel», explique-t-elle.

Il est à préciser que cette année, à la période estivale, les fruits ne sont pas assez visibles sur le marché local, selon l’observation de certains citoyens de la zone métropolitaine. Les marchandes de fruits qui, ordinairement, durant cette période de l’année, sont présentes, sont rares à trouver. Même dans les marchés, les étalages de fruits que l’on peut utiliser pour des jus naturels ne sont pas majoritaires.

Une marchande de jus naturel interrogée à ce sujet soutient qu’il y a beaucoup de « grenadias» (fruits de la passion) durant ce

mois d’août. Toutefois, ils sont chers. Les jus de fruits sont ceux que l’on doit consommer dans l’idéal. Naturels et rafraîchissants, ils contiennent des nutriments utiles. Ils aident à combattre certains virus, mais aussi à prévenir certaines maladies.

De plus, ils peuvent être consom-més à n’importe quelle heure de la journée. Cependant, dans le contexte haïtien, avec un faible pouvoir d’achat, au moment où la gourde se déprécie et avec une agriculture de subsistance, les citoyens peuvent-ils s’offrir du jus naturel tous les jours ?

Les sachets de jus en poudre deviennent de plus en plus présents sur le marché haïtien. À l’heure où la gourde est dépréciée, le pouvoir d’achat des citoyens laisse peu de marge de manœuvre quand il s’agit de se nourrir. Ils remplacent les jus naturels par ces sachets de poudre qui ne coûtent trop cher.

Les jus de fruits sont ceux que l’on doit consommer dans l’idéal.

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16 | N0 54 MERCREDI 5 AOÛT 2015

SOCIÉTÉ

Être père avant 25 ans augmente la mortalité Par Damien Mascret / lefigaro.fr

Pédophilie : une nouvelle enquête vise un ancien premier ministre britannique Sources : lefigaro.fr

En comparant près de 12.000 frères ayant eu des enfants, des chercheurs finlandais ont calculé que celui qui avait eu

son premier enfant avant 25 ans avait 63 % de risque en plus de mourir avant 55 ans.

Si l’on veut vivre vieux, il ne faut pas être père trop jeune. Plus exactement, si l’on est un Finlandais né dans les années 1940-1950 et que l’on a eu un enfant avant l’âge de 25-26 ans, on risque davantage de mourir jeune, c’est-à-dire autour de la cinquantaine (à cinq ans près). Or, 25-26 ans, c’est l’âge moyen

de la paternité en Finlande pour cette génération.

Dans l’étude que viennent de publier Elina Einiö et Jessica Nisén, sous la houlette du Pr Pekka Martikainen de l’université d’Helsinki, on comptait même 15 % des hommes déjà pères à l’âge de 22 ans. D’ailleurs, ce sont eux qui se révèlent les plus menacés de mourir précocement car ils ont un risque accru de 73 % par rapport à leurs frères moins pressés d’avoir des enfants. Cependant, le risque est aussi accru pour les jeunes devenus pères à 23-24 ans puisqu’ils présentent une

augmentation de mortalité de 63 % autour de 50 ans.

Tout l’intérêt de l’étude finlandaise publiée dans le dernier numéro du Journal of Epidemiology & Community Health est d’avoir utilisé des fratries pour effectuer les comparaisons. Sur les 30.565 pères, 11.743 avaient au moins un frère et quatre fois sur cinq ils n’avaient pas eu leur premier enfant au même âge.

Par rapport à toutes les études réalisées jusqu’ici, celle-ci permet de minimiser l‘influence des caractéristiques génétiques ou environnementales. On sait depuis longtemps que des conditions socio-économiques défavorables ou un niveau d’éducation faible favorisent les paternités précoces, mais cet écueil est ici atténué puisque les frères ont grandi dans un même foyer.

«Stress psychologique»«Nos résultats confirment la relation de cause à effet entre une paternité survenue jeune et la mortalité», concluent les chercheurs, qui restent toutefois prudents: «Il n’est pas évident de savoir si cela s’appliquera aux nouvelles générations de jeunes pères, qui vivent d’autres types de stress et de responsabilité par rapport à leurs enfants».

Les chercheurs rappellent ainsi qu’en Finlande près de la moitié des femmes mariées à l’âge de 23 ans dans les années 1955-1971 étaient enceintes lors de la cérémonie. «Il est donc probable, que beaucoup de jeunes hommes aient vécu une pression normative pour régulariser leur situation», suggèrent-ils, ce qui n’est sans doute plus le cas aujourd’hui.

Par ailleurs, à cette époque, seuls 5 % des enfants naissaient hors mariage et 90 % des couples étaient encore ensemble après dix années de vie commune.

Pour Elina Einiö et ses collègues, «il est probable que paterner lorsque l’on est jeune accentue le stress psychologique, social et économique, ce qui renvoie à l’idée d’être à la fois père, mari et soutien de famille». C’est pourquoi les scientifiques suggèrent «de soutenir les jeunes papas qui doivent répondre aux exigences de la vie familiale afin de promouvoir leurs comportements vertueux et leur santé future».

D’autant que seule la mortalité a été envisagée ici mais que l’impact des paternités précoces sur la santé en général et le risque de maladie est aussi probable, comme l’indiquent d’autres études.

La classe politique britannique se trouve de nouveau empêtrée dans un scandale de pédophilie: l’ancien premier

ministre (1970 à 1975) et ex-chef du parti conservateur, Edward Heath, décédé en 2005 à 89 ans, aurait été lié à une affaire d’abus sexuels sur mineur. L’Independent Police Compaints Commission, la police des polices britannique, a annoncé lundi soir l’ouverture d’une enquête interne au sujet de ce dossier, pour déterminer si une affaire présumée de pédophilie mêlant l’ancien chef du gouvernement aurait été étouffée pour éviter un scandale dans les

années 1990. C’est un ex-officier de police qui aurait mis la puce à l’oreille des enquêteurs, en affirmant que des plaintes auraient été déposées contre Edward Heath dans les années-là, sans toutefois jamais pouvoir aboutir.

La police du Wiltshire, comté dans lequel le politicien a passé les dernières années de sa vie, a récemment lancé un appel à témoins. Suite à cela, le tabloïd proche des travaillistes Daily Mirror a publié le témoignage d’un sexagénaire anonyme qui affirme avoir été victime d’abus sexuels de la part d’Edward

Heath quand il n’avait que 12 ans, dans les années 1960. Abusé lorsqu’il était enfant par son père et d’autres adultes dans le Kent, le témoin affirme qu’au cours d’une fugue, le politicien, alors à ce moment-là député, l’aurait pris en stop pour finalement l’accueillir chez lui, puis le violer. Il n’aurait identifié son agresseur que quatre années plus tard, en reconnaissant son visage dans le journal. Le Daily Mirror affirme que la présumée victime est actuellement interrogée par les autorités britanniques.

Partie émergée de l’iceberg

Au Royaume-Uni, les journaux ne manquent pas de rappeler les rumeurs qui avaient suivi Edward Heath tout au long de sa vie. Célibataire depuis toujours, sans enfant, connu pour être très discret sur sa vie privée… le profil atypique de cet homme avait laissé court à de nombreuses rumeurs lorsqu’il était encore dans l’arène politique. Tom Watson, parlementaire du groupe travailliste, affirme quant à lui avoir été informé de deux allégations mettant en cause Edward Heath en 2012. La police lui aurait confirmé qu’une de ces

deux déclarations serait prise très au sérieux par les enquêteurs.L’ancien premier ministre est le plus haut fonctionnaire d’Etat à être soupçonné d’être lié à une affaire de pédophilie. Ce dernier épisode semble n’être que la partie émergée de l’iceberg. En mars, une enquête avait déjà été ouverte par la police des polices après des plaintes selon lesquelles un réseau de pédophilie, impliquant des personnalités politiques entre les années 1970 et 2000, aurait été protégé. D’après les ministères concernés, 114 dossiers portant sur des accusations d’abus sexuels sur mineurs dans cette période se sont mystérieusement volatilisés.

La police a déclaré qu’il y a actuellement 260 personnalités publiques mises en cause dans des affaires de pédophilie en Grande-Bretagne. La découverte de tous ces éléments coïncident avec la date du procès de Greville Janner qui débutera ce vendredi. Ce membre de la chambre des Lords est inculpé pour agression pédophile entre les années 1960 et 2000. Autant de révélations embarrassantes dans un pays où les scandales de ce genre s’enchaînent depuis quatre années déjà.

Le père qui avait eu son premier enfant avant 25 ans avait 63 % de risque en plus de mourir avant 55 ans.

Edward Heath et Margaret Thatcher, en octobre 1998. Crédits photo : DYLAN MARTINEZ/REUTERS

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MERCREDI 5 AOÛT 2015 N0 54 | 17CULTURE

Une journée de travail et de réflexion organisée sur le thème : « Vers la redynami-sation du secteur culturel

au niveau local s’est déroulée en présence, notamment du représent-ant du Premier ministre, Evans Paul, Marc-Ferl Morquette, du représent-ant du ministre de l’Intérieur, Jean Molière, des anciens ministres de la Culture, dont Magalie Comeau Denis ». Elle s’était déroulée également en présence des ambassadeurs et des représentants des organismes inter-nationaux, de quelques membres de l’Académie créole, des directeurs généraux des entités du ministère de la Culture, des membres de la société civile et de la presse. Cet atelier de réflexion a permis de dégager des perspectives nouvelles pour une poli-tique culturelle prometteuse.

Dans son allocution de circon-stance, Joan Ditny Raton en a profité pour mettre sur les feux de la rampe les différentes initiatives entreprises par son ministère qui veut promouvoir la culture dans le pays. Elle a souligné à l’encre forte la signification de ce partenariat avec le ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales. « En ce sens, les ministères de la Cul-ture et de l’Intérieur et des Collec-tivités territoriales conviennent de conjuguer leurs efforts en vue de promouvoir le développement cul-turel dans les territoires munici-paux, en mettant en œuvre la con-stitution d’un réseau d’agents de développement culturel. Je vou-drais remercier les maires pour avoir rehaussé par leur présence cet atelier de débats qui marque le début du processus de réflex-ion et de valorisation des biens culturels dans les principales villes du pays et leur soutien à la

création artistique. » En renouvel-ant ses vœux de succès pour la réussite de ce forum de discus-sion, la Ministre a rappelé que « l’objectif de ces débats, « c’est de promouvoir la culture comme facteur d’intégration et de dével-oppement local ».

Prenant la parole en cette occa-sion, le docteur Jean Molière, représentant du ministre de l’Intérieur, Ariel Henry, félicite cette initiative. Il espère que, cet atelier, duquel doivent sortir des conclusions en guise de vœux, permettra d’obtenir des solutions durables. « Cet atelier, d’une importance considérable, prouve d’abord que les relations interin-stitutionnelles entrent dans une nouvelle phase. À cet effet, il est encourageant que les ministères éprouvent de plus en plus le besoin impérieux de se mettre ensemble pour poser les vrais problèmes de la culture dans les municipalités. C’est un facteur du développe-

ment local très important et qui peut être le point de départ d’une révolution pour réhabiliter le pat-rimoine culturel haïtien. »

Marc Ferl Morquette, représentant du premier ministre Evans Paul, a retracé brièvement durant son intervention le parcours artis-tique du Premier ministre qui a été tour à tour comédien, homme de théâtre, producteur, et acteur ayant contribué dans les années 80 aux côtés d’autres personnali-tés artistiques à l’épanouissement de la culture haïtienne dans ses balbutiements d’affirmation de soi à cette époque. Il faut promou-voir la culture comme facteur d’intégration et de développement local, échanger sur les perspec-tives d’évolution du secteur de la culture comme vecteur de cohé-sion sociale et de développement économique. »

Durant cet atelier d’échanges et de discussions, les différents

directeurs des entités du ministère de la Culture ont dégagé les pro-jets et les perspectives de leur administration respective. Les interventions ont démontré les différentes initiatives visant à réhabiliter les sites historiques, à travailler pour la reconnaissance des droits d’auteurs et à faire cir-culer le livre dans tous les recoins de notre pays entre autres. Les participants ont débattu sur plusieurs thématiques impor-tantes à savoir tout d’abord, l’importance d’un agent dans le développement culturel des municipalités. Identifier ensuite, les activités culturelles réalisées ou susceptibles d’être réalisées qui pouvaient devenir des évène-ments marquant la culture haï-tienne dans votre ville ou dans votre région. Lister finalement, les particularités culturelles dans votre ville ou dans votre région. Des questions les une plus perti-nentes que les autres qui ont ali-menté des débats fructueux. Pour l’écrivain-acteur Guy Régis Junior « le fait que le ministère de la Culture lance une telle initiative c’est déjà un bon signe que l’État accorde une certaine importance à la culture.

Au cours de cette journée de travail, plusieurs personnalités et institutions ont été honorées pour récompenser leur créa-tivité et pour avoir contribué au développement de l’art en Haïti. Parmi les récipiendaires, il faut citer Viviane Gauthier Ginette Beaubrum (Mélanie), Yves Delva Antonia morélus, la Cosafh, la fondation Aquin Solidarité, École de musique Essaix Baptiste, l’Association professionnelle des artisans de taptap, etc.

La ministre de la Culture, Joan Dithny Raton. / Photo: Ruben Chéry

Vers la redynamisation du secteur culturel au niveau local Par Schultz Laurent Junior

À l’initiative de la ministre de la Culture, Joan Dithny Raton, une journée de travail et de réflexion a été organisée le mercredi 4 août 2015 à Pétion-Ville. Cette activité entre dans le cadre d’un partenariat entre le ministère de la Culture et le ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales pour la redynamisation du secteur culturel au niveau local.

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La maison des écrivains du centre PEN–Haïti a pour vocation d’offrir un lieu à des écrivains d’ici et d’ailleurs pour

qu’ils puissent se rencontrer afin de défendre et de promouvoir la litté-rature. La maison des écrivains du centre PEN–Haïti est administrée par un conseil élu d’écrivains. Elle est située à Thomassin 32, dans un espace boisé et calme. Ses infrastruc-tures permettent de recevoir huit écrivains résidents et des manifesta-tions pouvant accueillir jusqu’à 50 personnes.

Ses objectifs sont de défendre les travailleurs de la plume, veiller à leurs conditions de travail, pro-mouvoir la diffusion des œuvres de l’esprit, accompagner les politiques culturelles et particu-lièrement du livre vers l’école et

la société civile. Elle vise aussi à établir un dialogue permanent avec les acteurs de la vie littérai-re, éditeurs, libraires, critiques, médiateurs des structures cul-turelles, collectivités territoriales et à fédérer les écrivains à les représenter, à les défendre et, à travers eux, à promouvoir la lit-térature.

Le Centre accueille cette année : Jean d’Amérique (Port-au-Prince), Sahona Lyrvole Jean Baptiste (Port-au-Prince), Merline Jean-Francois (Jacmel), Mlikadols Mentor (Jacmel), Eunice Eliazar (Gonaïves), Régistre Sèm (Gona-ïves), Djimy Hypper Cossogu (Petit-Goâve), Ducarmel Alcius (Petit-Goâve) .

Il offre à ces jeunes venant de

milieux différents un lieu appro-prié pour s’isoler, commencer, continuer ou achever un projet d’écriture. Il leur facilitera des échanges entre écrivains connus et écrivains émergents. Il permet à ces jeunes écrivains de bénéficier de l’accompagnement de profes-sionnels de l’écriture par le biais d’ateliers.

Une série d’activités ouverte au grand public est prévue dans le cadre de la quinzaine. Dimanche 2 août 2015: soirée de bienvenue de récital et cocktail d’ouverture. Jeudi 6 juillet 2015 : conférence avec le professeur Georges Eddy Lucien dont le sujet est : Les occupations américaines (Cuba, Haïti, République dominicaine) entre fonction sucrière et fonction de fournisseur de main-d’œuvre.

Chaque soir de 6 h à 8 h du soir (à partir du 8 août) : rencontre avec les opérateurs et acteurs culturels au bar du centre PEN. Samedi 15 août 2015, spectacle caco-sym-phonie : Cent ans d’occupation américaine ateliers Saul et Liza.

À propos du centre PEN-Haïti

Le centre PEN-Haïti a été créé au début de l’année 2008 à l’initiative de Georges Anglade notamment qui a été chargé en automne de la même année de présenter le dis-cours d’intronisation du nouveau centre au congrès annuel du PEN international qui, cette année-là ,a eu lieu à Bogota en Colombie.

Le centre PEN regroupe une cen-taine d’écrivains et de journalistes allant des plus connus à ceux qui abordent les métiers de l’écriture avec la publication d’un livre ou d’articles dans les journaux et sites d’informations. Attaché, comme les 140 autres centres PEN du monde, aux valeurs de tolérance, de paix et de liberté, le centre PEN-Haïti s’engage à favoriser les échanges entre les créateurs, tra-vailleurs de la plume et la popu-lation, entre écrivains haïtiens et étrangers, à travailler pour la libre circulation de l’information et le partage, autant que possible, des savoirs et le libre accès à la culture.

Le centre PEN-Haïti peut et sera un des vecteurs de construction de la femme et l’homme haïtiens qui passe, nécessairement, par l’appropriation de connaissances et de valeurs obligatoires pour le vivre ensemble que nous appelons tous de nos vœux.

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CULTURE

La maison des écrivains « Résidence Georges Anglade » du centre PEN-Haïti

Centre PEN-Haïti stimule la pensée de huit jeunes auteurs haïtiens PAR ELISÉE DÉCEMBRE

Après le festival « Libérez la parole », La maison des écrivains « Résidence Georges Anglade » du centre PEN-Haïti reçoit huit jeunes auteurs de la capitale et de la province pour un séjour de deux semaines, à partir du dimanche 2 jusqu’au 18 août 2015. La résidence offre la possibilité à ces écrivains d’entreprendre ou de peaufiner un projet d’écriture dans un contexte agréable. Le centre PEN-Haïti organise leur séjour afin de les aider à progresser. Afin de les accompagner utilement, le Centre compte faire profiter ces jeunes auteurs des rencontres avec des membres du PEN et le public.

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De la culture haïtienne (Éloge et décadence) Livre de Pierre Raymond Dumas 2e partie

Par Marie Alice Théard

Nous traversons la crise de la littérature et du livre haï-tien, accompagnée de son déficit de la trame linguis-

tique, le manque d’infrastructures d’impression et de promotion, la faible production, la préférence marquée des libraires pour les publications étrangères. Sont rapportées les jeunes éditions sans support, et l’absence de rigueur éditoriale, la disparition des bibliothèques importantes, comme celle de Jean Fouchard, qui allait être achetée par la Banque natio-nale, celle de Georges Corvington, etc. Nous nous lamentons avec lui de l’ignorance de travaux novateurs d’importance dans les programmes scolaires, ceux de Jean Claude Fignolé, Ghislaine Rey Charlier, Max Dominique, Maximilien Laroche, Ghislain Gouraige, Wilhem Roméus, Roland Thadal, André Vilaire Chéry, etc. Sont cités des auteurs contem-porains devant être étudiés : Edwige Danticat, Georges Castera, Marie Chauvet, etc. Nous lisons l’écho des

pays étrangers honorant les noms de nos chercheurs : Antoine Ambroise, Marcel B. et Claude B. Auguste, Henri Dorvil, Fred Doura, Daniel Gay, Daniel A. Holly, Pierre-Michel Laguerre, Vely Leroy, Jean Moisset, Emile Olivier, Claude Dauphin, Jean-Marie Bour-jolly, Samuel Pierre, Patrick Paultre… Pierre Raymond Dumas propose des moyens pour sortir de la crise dans les domaines de la littérature, de la pensée politique et des études sci-entifiques. Il souligne l’urgence pour l’enseignement littéraire de faire l’objet de questionnement des textes, et, pour le ministère de l’Éducation nationale, de reconsidérer les curri-cula de l’enseignement littéraire en vue de mettre en place une moderni-sation de cet enseignement : Créa-tion d’un grand centre de formation professionnelle et académique relatif aux métiers des arts du patrimoine et de la culture.

Les pages de « De la culture haïti-

enne, Éloge et décadence » abordent

avec maestria le marasme du savoir,

l’absence d’organisation des profes-

sionnels, et fustigent l’obédience bova-

ryste dans la crise du théâtre : « Un

genre qui perd son cadre normatif ».

Nous retrouvons le patricien accom-

pli, Félix Morisseau Leroy, les prob-

lèmes du répertoire et de la scène,

Gary Victor, Le Petit Conservatoire de

Daniel Marcelin, Paula Clermont Pean

et Pye poudre, Pèlin Tèt, Franketienne,

Dieuvela Etienne, Magali Comeau

Denis, Florence Jean Louis, Louis D.

Hall, Denise Pétrus, Jacqueline Scott,

Mona Guérin, Lucien Lemoine, Jean

Mapou, Margarette Papillon, Langui-

chatte, Guy Régis, Francois Latour,

etc. Il touche également aux questions

concernant la musique haïtienne, sou-

levées par Ralph Boncy et à la valeur

de la musique dans le contexte socio-

culturel. La musique dansée, la méri-

ngue, Ti Paris et nos troubadours. La

crise de la musique populaire et les

contes sont passés au crible.

Le problème du mécénat et du finance-

ment, la fermeture des salles de spec-

tacles et de cinéma, la question épin-

euse des droits d’auteur, des CD et

DVD sont débattues. Ne sauraient être

oubliés le florilège cinématographique,

l’hommage mérité au cinéma local et

l’humour des haïtiens. Sont critiqués

l’immobilisme et le culte de la facili-

té. L’auteur s’inquiète de l’avenir du

cinéma local, des acteurs et des ciné-

astes. Un clin d’œil est fait á « I love

you Anne » « Le vent du désir », Kako

et Ashley, Jean Dominique, Maurice

Sixto, Tonton Bicha, Arnold Anto-

nin, Mario Delatour, Jesifra, Raphael

Paquin, Raoul Peck, Raphael Stines,

Reynald Delerme, Jean Gardy Bien-

Aimé, Richard Sénécal, Gérard Resil,

GuilBaud-Widmaier, Bob Lemoine,

Valery Numa, Hérold Israel, Kompe

Filo etc. Le livre indique l’exemple des

ainés Willy Exumé, Edouard Guilbaud

et son succès international, « Mais je

suis la plus belle » le premier long-

métrage fait en Haïti par un Haïtien,

condisciple à Paris du grand cinéaste

Jean-Luc Godard.

BAIN DE LUNE / YANICK LAHENS

Le spectacle de cirque des cinq orteils du pied Par Dangelo Néard (notre envoyé spécial en Europe)

Au bord du Lac de Saint-Pardoux. En France. Dans la région Limousin. Vers dix-huit heures. Sur un après-

midi anarchique. Sous un soleil aux yeux d’argent. Entre des coups de vents sereins et les trémoussements du lac. Cinq hommes, sur une scène d’à peine 40m2, jouent, proposent un cabaret cirque décalé, poussé à l’extrême. Gros moment de délices pour les zygomatiques. Les cinq hommes, français dans l’âme

et sur chacun de leurs orteils, jouent

à l’américain. Ils font le ridicule, font

tout pour se présenter aussi bêtes que

le sol. Mais. Oui, Mais. Faut pas tout

de suite tomber dans le jeu. Sans pré-

tentions ni infrastructures arrogantes,

ces cinq hommes ont mis en place un

spectacle de cirque de haute volée.

Entre sauts périlleux, chorégraphies

de danse, acrobaties du diable, tours

de magies avec trous dans l’anse et

mille jeux de scène, ces messieurs à

la moustache ont cartonné.

La connerie peut-être charmante et merveilleuse

À quelques minutes du début du spec-

tacle, Boris Lafitte, l’un des membres

de la bande, avec ses cheveux en

bataille sur le dos, se fraie un chemin

dans l’assistance assise à même le sol

sur des bâches et il arrose tout le monde

sans exception. Enfants, vieillards,

journalistes, couples d’amoureux tout

le monde y passe. Avec son arrosoir

en main, au grand dam de quelques

mines sérieuses, tout le monde avait

des gouttelettes sur le visage. Bonne

humeur du début.

Et après…Thomas Trichet est au

micro. Il ouvre le jeu. Ladies and

gentleman… rappelez-vous, ils sont

américains, ces Français. Il demande

aux gens d’avancer, de se mettre au

ras de la scène. Petit morceau de

Michael Jackson… et hop… Avec

grâce, Thomas glisse ses fesses sur la

scène pour montrer aux gens comment

faire. Jusqu’à présent, on est content

d’être là. Le lac commence à se vider

de ses nageurs. Les gens s’assemblent

tout autour de la scène des Five Foot

Fingers. On sent que c’est là que ça se

passe. Au cœur des orteils.

Du spectacle vivant

Grands débuts de ce spectacle

de cirque. Thomas Trichet lance

fléchettes et couteaux sur un plateau

que tient Boris Lafitte. Au début,

ils font le riquiqui. Ils se trouvent à

moins d’un mètre de distance, mais,

bien vite, on passe au niveau difficile.

Thomas se met dans le public, se place

à environ 10 mètres de Boris, lance ses

fléchettes et, à chaque fois, ça tombe

dans le mille. Ne vous avais-je pas dit

qu’ils faisaient semblant d’être empo-

tés ?

Et après, un fameux combat de kung-fu

entre ces deux messieurs qui, à aucun

moment, ne se seront touchés. Ils se

cassent mutuellement la gueule. Les

coups sont précis. Le combat est vio-

lent et cinglant. Mais attention, on ne

se touche pas.

On peut donc tout faire avec une corde

Puis le grand charmeur entre en scène.

Il s’appelle Hervé Dez Martinez. Blanc,

grand, blond, aux cheveux longs, à

la poitrine poilue et à la démarche

cadencée, son rôle dans le cirque, on le

voit sans difficultés, consiste à ridicu-

liser les grands charmeurs du cinéma

américain. À chacun de ses clins d’œil,

on tombe de rire. Les filles poussent

des cris. Mais c’est pas que ça, Hervé.

Il tape son pouce sur son majeur et de

la musique envahit l’espace. Hervé,

tout en faisant des pas de danse à

l’Irlandais, attrape une corde. Et, au

début, bien sûr, ça ne passe pas. Il se

fait mal.

Et puis, une minute, et deux minutes.

Hervé arrache à tout le monde des

wouawwww !!! Il arrive au son de la

musique à faire des acrobaties extraor-

dinaires. Il s’accroche à sa corde, se

hisse au-dessus du sol et danse. Il

exclut la pesanteur du champ des pos-

sibles. Lui et sa corde font une seule

chair. La séduction est à son comble.

Le mât chinois, les sangles et Haïti

Gregory Fleurté flirte avec tout ce qui

est maladresse et timidité quand on le

voit arriver sur scène. La candeur de

ses pas charme. Son air désinvolte est

celui d’un abruti. On rit et on se dit :

« Alors là, celui-ci est décidément une

gourde ». Gregory tient une mallette

dans sa main droite, sa main gauche

boit du vide. Jusqu’à ce que, par on

se sait quel stratagème, on voie cet

homme, bête il y a une seconde, sus-

pendu perpendiculairement à l’un des

mats chinois de la scène. Étonnement

général. Avec sa mallette qui monte

et qui descend, loin du sol, dans un

grand sens du risque et avec beaucoup

d’élégance, Grégory dans des prouess-

es physiques incroyables a failli plus-

ieurs fois se briser la nuque. Il a fait

peur, il a été génial.

Cedric Granger fut, pendant tout le

spectacle, le parent de tout ce monde.

Parce que, ce que je n’ai pas dit, pen-

dant les cinquante minutes du specta-

cle, de temps en temps, ça partait dans

tous les sens. Véritable pétaudière,

tout le monde tapait sur tout le monde

et ça disait n’importe quoi. Une impro-

visation de tous les sens et de toutes

les énergies.

Cedric Granger, le maitre des sangles.

La finesse et la haute portée de ses

sauts et démonstrations d’équilibre

ont bien assis son pouvoir.

Pour venir se produire en Haïti, The

Five Foot Fingers montent le projet

avec le comédien haïtien Vladimir

Delva qui suit une formation avancée

en France sur le théâtre de rue. Il se

peut donc que dans pas longtemps, ces

Français ridiculement géniaux vien-

nent ajouter du maggi à la folie de nos

rues.

Les cinq hommes, français dans l’âme et sur chacun de leurs orteils, jouent à l’américain.

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FOOTBALL

Marc Collat de retour en Haïti le 9 août prochainpar Gérald Bordes

Selon les nouvelles locales et françaises, Marc Collat aurait quitté son poste de sélectionneur d’Haïti. Le

technicien français (65 ans), en poste depuis l’année dernière, n’aurait pas reçu son salaire depuis quatre mois et aurait décidé de rentrer en Europe. Une information que le président de la Fédération haïtienne de football Yves Jean-Bart a démentie tout en signalant que le sélectionneur français sera de retour au bercail d’ici à dimanche. «Cette information est fausse. Nous étions au courant de son départ pour la France. Tout était planifié pour que le staff technique prenne ses vacances d’été. Je ne comprends pas pourquoi on fait tout ce bruit autour d’une fausse information. Le sélectionneur Collat sera de retour le 9 août prochain pour préparer la deuxième phase des éliminatoires des U-23 et le 3e tour des éliminatoires du Mondial 2018 », a informé le président de la FHF, Yves Jean-Bart.

Le directeur technique national (DTN), Wilner Étienne, a, pour sa part, critiqué les confrères qui ont relayé cette information dont le but est de détruire la Sélection. « Avant d’informer, un journaliste a pour devoir de vérifier ses informations.

Ce qu’ils n’ont jamais fait concernant le cas de Marc Collat. Je comprends ce qui s’est passé. C’est la machine de la déstabilisation qui est en marche. Ces détracteurs veulent démanteler la Sélection. C’est ainsi que la machine fait son boulot. À chaque fois que nous avons une bonne sélection les mauvaises

langues disent n’importe quoi pour détruire ce que nous construisons pour le futur », a indiqué le DTN.

Les informations faisaient croire que le sélectionneur n’a pas reçu son salaire depuis quatre mois pour lesquels son dû est estimé à 80 mille dollars américains. Mais le secrétaire général de la FHF, Carlo Marcelin a infirmé cette information en reconnaissant que la FHF a une dette de deux mois envers le staff technique composé de Marc Collat, Jérôme Velfert et Marc Cheeze. Le montant de la dette est estimé à 48 mille dollars américains à raison de 24 000 le mois. « C’est archi-faux, nous n’avons pas quatre mois d’arriérés de salaire, mais une dette de deux mois à régler.

Contrairement à ce qu’on dit, le sélectionneur Collat ne perçoit pas 20 mille dollars américains le mois mais 12 mille. Les deux autres entraîneurs reçoivent 6 mille dollars chacun sans oublier le paiement de leurs loyers ainsi que des frais pour l’entretien de leurs voitures, l’achat de carburant et d’autres per diem », a informé Carlo Marcelin, secrétaire général de la FHF.

Pour honorer leurs dettes envers le staff technique, les responsables de la FHF espèrent obtenir de l’argent de la Digicel. « Nous cherchons de l’argent et nous attendons d’en recevoir de la Digicel », a martelé le numéro 1 du football haïtien. D’après les informations recueillies, la FHF et la Digicel se réuniront ce jeudi 6 août pour un partenariat.

Cinq mille dollars américains comme per diem

Les 4 et 8 septembre prochains, la Sélection nationale senior doit affronter, en matches aller/retour, son homologue grenadine. Pour leur qualification au 4e tour les grenadiers doivent passer l’épreuve de la Grenade. Consciente de l’enjeu, la Fédération prévoit de soumettre la Sélection nationale à un stage de quatre jours à Miami avant qu’elle ne parte pour Saint-Georges où elle aura à se mesurer à la Grenade. « Toute l’équipe sera à Miami pendant quatre jours pour peaufiner sa préparation. Ensuite, la délégation prendra la direction de la Grenade pour rencontrer l’équipe locale », a signalé Marcelin qui a profité de l’occasion pour annoncer que les joueurs réclament 5 000 dollars américains chacun comme prime de qualification pour le 4e tour des éliminatoires. D’après une source confidentielle la Fédération aurait besoin deux cent mille dollars américains pour se préparer et rencontrer la Grenade au 3e tour des éliminatoires du Mondial 2018.

Marc Collat essaie de convaincre Hervé Bazile

Avant le début de la Gold Cup en juillet dernier, le Franco-Haïtien Hervé Bazile a refusé de porter les couleurs nationales. Mais le sélectionneur Collat est en train de le convaincre pour qu’il intègre la sélection aux prochaines phases éliminatoires. « Marc profite de ses vacances pour parler une nouvelle fois à Bazile afin qu’il accepte de

défendre les couleurs de notre bicolore. Bazile est un joueur très important dans le système de jeu que compte établir le sélectionneur», a relaté Carlo Marcelin. Par ailleurs, Jean Jacques Pierre a informé qu’Hervé Bazile et Romain Genevois sont prêts à défendre les couleurs nationales. « Je parle tous les jours à Bazile et hier soir (lundi soir) j’ai passé trente minutes au téléphone avec Genevois. Ils veulent jouer pour la Sélection et ils sont prêts à m’accompagner si on fait appel à moi en Sélection », a fait savoir Jean Jacques Pierre.

Jean Jacques et Jeff seront-ils appelés ?

Pour cette 3e phase des élimina-toires du Mondial, le sélectionneur Marc Collat a déjà remis une pré-liste à la Fédération. D’après les informations, cette pré-liste sera rendue publique prochainement. Nous avons appris aussi que le sélectionneur compte y faire des ajustements. Plus d’un se demande si Jean Jacques Pierre et Jeff Louis seraient convoqués après qu’ils ont abandonné la Sélection après son deuxième match de la Gold Cup.

Jean Jacques l’a fait pour cause de blessure, quant à Jeff, son désiste-ment est dû à un malentendu avec le sélectionneur. À rappeler que le sélectionneur Marc Collat dirige la Sélection nationale senior depuis janvier 2014. Il a joué quatorze matches avec les grenadiers. Il a remporté quatre victoires pour six matches nuls contre quatre défaites.

Depuis la semaine dernière plusieurs médias de la capitale ont annoncé que le sélectionneur Marc Collat aurait décidé de démissionner à la tête de la Sélection nationale. Une information que certaines presses françaises ont relayée le lundi 3 août. Mais les responsables de la Fédération haïtienne de football (FHF) ont démenti cette information et ont annoncé le retour prochain du sélectionneur en Haïti.

Le sélectionneur Marc Collat. / Photo France Football

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Lors de sa participation du 10 au 26 juillet 2015, aux Jeux pana-méricains de Toronto 2015, la petite Medgina Célestin a ter-

miné à la dixième et dernière place de sa catégorie de 69 kilogrammes. Malgré cette contre-performance, elle est considérée comme l’espoir de l’haltérophilie et elle veut à tout prix effacer ce mauvais souvenir. Le lundi 3 août, au local du Comité olympique haïtien (COH), elle a apporté un élé-ment de réponse concernant sa mauvaise prestation en terre cana-dienne en faisant savoir qu’elle est liée à un problème d’acclimatation et de concentration. « Je n’ai pas pu m’acclimater. Je suis arrivée à Toronto cinq jours avant le coup d’envoi. Voilà la raison pour laquelle, je n’ai pas pu donner le meilleur de moi-même. À tout cela, il faut ajouter la concen-tration. C’était l’autre handicap de la sélection à laquelle j’ai fait partie. En effet, toute l’équipe a eu un problème de concentration », a déclaré Medgina Célestin qui promet de faire flotter très haut le bicolore national lors des prochaines compétitions internatio-nales.

Le 14 novembre prochain, la petite merveille de l’haltérophilie haïtienne doit participer au championnat mondial à Houston. Cette compétition sera comptabilisée pour sa classification aux Jeux olympiques de Rio 2016. « Ce championnat va nous servir de classification aux JO de 2016. C’est une compétition par équipe. Nous allons faire de notre mieux

pour être parmi les dix meilleurs classés», a-t-elle informé.

Afin de se préparer à ce rendez-vous, l’équipe haïtienne devrait effectuer un stage à Boston durant les jours à venir. Mais les athlètes haïtiens restent jusqu’à date dans l’expectative. « Nous devrions faire le voyage pour participer à ce stage mais nous attendons le dernier mot de la Fédération. De toute façon, nous ne perdons pas l’espoir parce que nous sommes prêts et motivés», a-t-elle précisé tout en lançant un appel au président de la Fédération haïtienne d’haltérophilie (FHH) pour qu’il facilite la participation des athlètes à de nombreux stages internationaux.

À part le championnat mondial, Medgina doit prendre part au tournoi Criollo à Porto Rico et aux Jeux panaméricains des moins de dix-sept ans. Toutefois, il lui faut l’autorisation de la FHH et elle le dit : « Je veux participer à ces tournois mais il me faut l’autorisation de ma Fédération. J’espère qu’elle m’accordera cette opportunité afin de me permettre d’acquérir plus d’expérience à l’échelle internationale », a souhaité Medgina qui a actuellement 17 ans.

Medgina veut dominer le championnat panaméricain

Le prochain cycle de l’haltérophilie pour la région panaméricaine commencera en 2017 et

l’haltérophile Medgina Célestiin veut à tout prix dominer la zone. Son rêve est de gagner la médaille d’or en 2019. « En 2014, j’étais classée en 6e position mais en 2019 je veux la médaille d’or. Je vais travailler très dur à l’entraînement pour être à la hauteur », a-t-elle mentionné tout en informant également son désir de finir parmi les quatre meilleures lors des Jeux centraméricains.

Medgina Célestin, une rescapée du séisme

Après le séisme qui a tué plus de 250 000 personnes dans le pays en janvier 2010, les Fédérations dominicaine et panaméricaine d’haltérophilie avaient décidé d’accorder des facilités à des athlètes haïtiens pour qu’ils poursuivent leur formation. C’est ainsi que Medgine Célestin, qui n’avait que 12 ans à cette époque, était arrivée à l’hôpital Dario Contreras dans un fauteuil roulant en janvier 2010, après avoir passé deux jours sous les décombres de sa maison. Après un traitement médical adéquat et des dizaines de séances de thérapie, Medgina, après son rétablissement, a pratiqué l’haltérophilie en juillet 2010. « Je ne connaissais pas cette discipline sportive. Je pratiquais le volleyball et le football. J’ai adopté l’haltérophile grâce à l’une de mes tantes qui la pratiquait suite à ses séances de thérapie. J’avais le même thérapeute qu’elle

et c’était ce dernier, le moniteur qui m’a motivée. Depuis, je suis devenue une passionnée de cette discipline sportive. La jeune Medgina Célestin, malgré son très jeune âge, est devenue la première athlète haïtienne de la catégorie de femmes de 58 kilos, à participer à un championnat du monde. Sur 42 participantes, elle a terminé en 23e position. Ensuite, elle a gagné des médailles dans plusieurs compétitions.

« Elle est extraordinaire. Elle a beaucoup de talent et elle est une valeur sûre que nous ayons dans le pays. Elle est l’espoir de l’haltérophilie haïtienne. Elle est très performante, nous plaçons beaucoup de confiance en elle», selon Amarald Manune, le jeune entraîneur haïtien qui l’accompagne en terre voisine au centre de Parque del Este.

« Soutenue moralement par ses amis et ses parents, la jeune Medgina Célestin sait où mettre les pieds pour réussir dans la vie. Car, pour elle, le comportement d’un athlète qui veut percer se résume à trois choses : le travail, le sérieux et la discipline. Au sein du club, nous voyons en elle une championne », a mentionné l’entraîneur.

Au cours de l’entrevue Medgina a fait savoir qu’elle rêve de devenir une athlète célèbre tout en remerciant les voisins dominicains qui l’ont accueillie après le séisme.

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SPORT

Medgina Célestin lors du festival Deportivo de Mujero. / Photo siteweb MJSAC

HALTÉROPHILIE

La rescapée Medgina Célestin veut effacer les mauvais souvenirs des Jeux de Toronto par Gérald Bordes

Après une piètre performance aux Jeux de Toronto, l’haltérophile Medgina Célestin reste confiante quant à son avenir dans l’haltérophilie. La rescapée envisage de participer aux JO 2016 et de rafler des médailles sur la scène internationale.

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Les supporteurs du sport cérébral doivent encore attendre avant d’assister au tournoi des Jeux de dames de

la Coupe de la présidence. Puisque jusqu’à date, le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique (MJSAC), entité responsable de la Coupe de la présidence, n’a mis aucun moyen financier à la disposition de la Fédération haïtienne du jeu de dames.

Spelly Laventure, président de cette Fédération, a déploré le fait que les responsables dudit ministère ne ce soient pas manifestés, en dépit de ses multiples appels. Il a reconnu toutefois que c’était une erreur de sa part de fixer la date du championnat sans n’avoir reçu aucun fond du ministère. « Jusqu’à présent, il n’y a aucune nouvelle date retenue pour organiser le tournoi du jeu de dames. Immédiatement après le lancement de la Coupe de la présidence, le 25 juillet dernier, j’ai effectué toutes les démarches auprès du ministère des Sports, mais on a rien trouvé. J’attends à ce

qu’on nous donne ces moyens pour réaliser le tournoi. La Fédération haïtienne du jeu de dames est dans une situation économique difficile, elle ne peut, en aucun cas, supporter le poids d’un tournoi national. Notre erreur, c’est d’avoir fixé la date du championnat avant d’avoir reçu le montant alloué au jeu de dames », a regretté Spelly Laventure.

S’il ne parvient pas à trouver les moyens de participer à la Coupe de la présidence, Spelly Laventure promet d’exécuter le calendrier initial de sa fédération pour pouvoir honorer leur engagement envers des instances internationales. « Nous avions pris des engagements auprès de la Fédération mondiale de Jeu de dames (FMJD) de participer à la Coupe des grandes Fédérations en compagnie de la Russie, l’Allemagne, la Hollande et les États-Unis. Plusieurs pays de la zone centraméricaine attendent notre livre sur le jeu de dames appelé « la science de la victoire».Tous les regards sont fixés sur Haïti

depuis que nous avions pris ces engagements. Nous ne pouvons pas nous permettre de rester inactifs », a précisé le président.

Pour y arriver, un calendrier d’activités est déjà élaboré pour garder en vie la discipline durant la période estivale, de continuer la préparation des joueurs de la Sélection nationale. « De concert avec le Comité olympique haïtien (COH), la Fédération haïtienne du jeu de dames organisera un camp d’initiation au jeu de dames pour les jeunes à partir du 11 août 2015 au centre Sport pour l’Espoir.

Avec nos ressources humaines, nous allons travailler, pendant deux jours, sur les techniques d’initiation au jeu de dames.

Aider aux pratiquants de s’adapter aux nouvelles techniques de la discipline. Ce sera aussi l’occasion de créer une nouvelle opportunité d’entrainement aux joueurs de la Sélection nationale », a rappelé Spelly Laventure.

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Fil Info Football

Messi est toujours en équipe nationale

Alors que des rumeurs mentionnaient une éventuelle pause de Lionel Messi avec la sélection argentine, son sélectionneur Tata Martino a démenti : «Messi n’a pas déclaré qu’il était indisponible pour le match contre le Mexique (en septembre). On verra cela quand je donnerai ma liste la semaine prochaine», a-t-il déclaré à Radio Uno. «En tant qu’Argentin, je serais terriblement déçu car personne ne peut imaginer que le meilleur joueur du monde ne soit pas disponible pour sa sélection. Personne n’imagine une équipe nationale sans Messi».

Konchesky prêté à QPR (off.)

Leicester a cédé son défenseur Paul Konchesky (34 ans) aux Queens Park Rangers. L’ancien international anglais (2 sélections) est prêté jusqu’à la fin de la saison à la formation londonienne, relégué en deuxième division.

Le Bayern corrige Milan

Le Bayern Munich a largement disposé du Milan AC (3-0) ce mardi en demi-finale de l’Audi Cup, tournoi amical de pré-saison. Les Allemands, toujours privés de Franck Ribéry, ont score trois fois, par Bernat (24e minute), Götze (74e) et Lewandowski (85e). Ils affronteront mercredi en finale le Real Madrid, qui s’était qualifié un peu plus tôt aux dépens de Tottenham (2-0).

NBA

Bryant songe à la retraite

La saison NBA 2015-2016 pourrait être la dernière pour Kobe Bryant, joueur vedette des Los Angeles Lakers, qui a admis mardi qu’il attendrait cependant la fin de la saison pour décider. «Il n’y a rien de décidé mais j’en ai déjà parlé», a confié à Yahoo Sports l’homme aux cinq titres avec la franchise de LA (2000, 2001, 2002, 2009, 2010). «Est-ce que ça pourrait être ma dernière ? Absolument. C’est difficile de décider. C’est vraiment dur de prendre ce genre de décision. Les joueurs à qui j’en ai parlé m’ont dit : Kobe, tu sauras.» A bientôt 37 ans, le numéro 24 des Lakers n’a pas disputé l’intégralité des trois dernières saisons en raison de graves blessures.

Tennis

Garcia chute d’entrée

Caroline Garcia n’a pas réussi à passer le premier tour du tournoi de Standford, la Française s’est inclinée face à Nicole Gibbs pourtant issue des qualifications (6-4, 7-5). Un retour manqué pour la 36e joueuse mondiale qui n’avait plus disputé la moindre rencontre depuis son élimination au premier tour de Wimbledon. L’Américaine affrontera au deuxième tour la gagnante du duel 100% ukrainien entre Svitolina et Bondarenko.

Des futurs champions participent à un tournoi au centre Dadadou./ Photo Ruben Chéry

Initialement programmé pour le vendredi 24 juillet écoulé, au centre technique Fifa Goal (Croix-des-Bouquets), le tournoi des Jeux de dames de la Coupe de la présidence est reporté jusqu’à nouvel ordre pour des raisons économiques, c’est ce qu’a confirmé Spelly Laventure, président de la Fédération haïtienne du jeu de dames.

SPORT / COUPE DE LA PRÉSIDENCE

Le tournoi du jeu de dames dans l'impasse ! par Kenson Désir

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