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28 - RéAlités - N°1466 du 30/1 au 5/2/2014 MONDE Actuel L es principales divergences concernent le sort réservé au pré- sident syrien Bachar Assad. L’opposition, avec à sa tête Ahmad Djarba, appelle à la destitution du pré- sident syrien l’accusant de crime de guerre. Walid Al-Mouallem, chef de la Beaucoup de bruit pour Rien Négociations de Genève La communauté internationale aurait réussi à rassembler les deux parties autour de la table des négociations. Au-delà de cet- te « réalisation », le sommet est un non lieu. Les hostilités et les massacres n’ont même pas cessé durant sa tenue, tandis que l’ONU, l’opposition et le régime « discutaient »…sur deux volets : l’humanitaire et le politique…

Négociations de Genève, beaucoup de bruit pour rien

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Les principales divergencesconcernent le sort réservé au pré-sident syrien Bachar Assad.

L’opposition, avec à sa tête AhmadDjarba, appelle à la destitution du pré-sident syrien l’accusant de crime deguerre. Walid Al-Mouallem, chef de la

Beaucoup de bruit pour Rien 

Négociations de Genève

La communauté internationale aurait réussi à rassembler les

deux parties autour de la table des négociations. Au-delà de cet-

te « réalisation », le sommet est un non lieu. Les hostilités et les

massacres n’ont même pas cessé durant sa tenue, tandis que

l’ONU, l’opposition et le régime « discutaient »…sur deux

volets : l’humanitaire et le politique…➥

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diplomatie syrienne, évoquant un com-plot étranger dans la revendication dela destitution de Bachar Assad, enrefuse le principe et demande de cesser«de soutenir le terrorisme». Tout enacceptant d’assister aux négociationsde Genève, le régime syrien insiste surla légitimité du président qui ne peutêtre retirée à la demande étrangère.«Tout le monde devrait savoir que per-

sonne d’autre que les Syriens eux-

mêmes n’a le droit de retirer sa légiti-

mité à un président ou à un gouverne-

ment» a souligné Walid Al-Mouallem.Sur le plan international, face à laRussie qui continue seule à soutenir lemaintien de Bachar Assad et qui appel-le la communauté étrangère à ne pas semêler des affaires syriennes,Washington et les pays arabes propo-sent un gouvernement de transition,

sans l’actuel président. John Kerry,secrétaire d’État américain précise«nous ne voyons qu’une option : négo-

cier un gouvernement de transition issu

d’un consentement mutuel. Cela signi-

fie que Bachar al-Assad ne fera pas

partie de ce gouvernement de transi-

tion. Il n’est absolument pas possible

qu’un homme qui a mené une réponse

brutale contre son peuple puisse

retrouver une légitimité pour gouver-

ner». Le régime offre quant à lui ungouvernement d’union.L’avenir politique de la Syrie reste prisen otage, lié au sort de Bachar Assad.Outre la divergence nationale entreopposition et membres du régime, ledépartage des puissances étrangèresentre partisans des revendications del’opposition et pro maintien de BacharAssad, n’aide pas à rapprocher les

deux parties syriennes. Les chances semblent être minimespour un déblocage de la situation poli-tique en Syrie. En revanche, quelquesavancées ont été réalisées sur le planhumanitaire.

Questions humanitaires La situation humanitaire à Homs ainsique l’échange des prisonniers ont été lesprincipaux dossiers traités lors desnégociations de Genève. FayçalMeqdad, vice-ministre des Affairesétrangères, a déclaré que le gouverne-ment syrien a permis l’évacuation desfemmes et des enfants de la ville deHoms. L’armée syrienne assiège la villedepuis juin 2012. L’opposition restenéanmoins sceptique et craint desarrestations de civils évacués. Elle exi-

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ge des garanties de la part du régimeafin que la liberté leur soit aussi assu-rée. Fayçal Meqdad avait souligné «Si

les terroristes armés de Homs laissent

les femmes et les enfants  partir  de la

vieille ville, nous leur laisserons la

voie libre.»

La communauté internationale ainsique l’ONU ont également demandéque le régime libère l’accès auxconvois d’aide humanitaire destinés àla ville de Homs, dont la populationmanque de nourriture et de médica-ments. Les insurgés ont de leur côtépromis de ne pas arrêter les convoisentrant dans la ville, selon une sourcediplomatique algérienne. La question des prisonniers reste plussusceptible d’éveiller les conver-gences. Certains prisonniers des deux

camps sont soupçonnés, voire accusés,de commettre des crimes. L’oppositionparle de 47.000 prisonniers, dont 2300enfants et femmes et demande que lalibération des derniers soit prioritaire.Mais le régime syrien dément la pré-sence d’enfants dans les prisons. L’observatoire syrien des Droits del’Homme (OSDH) avance le chiffre de17.000 disparus mis à part les prison-niers et parle aussi de milliers de per-sonnes enlevées ou détenues par desgroupes fondamentalistes armés.

PerspectivesMalgré les avancées en matière desituation humanitaire et les discussionsentre les deux parties, il reste difficiled’entrevoir le bout du tunnel. La crisesyrienne s’étant internationalisée, les

milliers de combattants au sol étant denationalités étrangères et difficiles àcontrôler, l’opposition étant partagéeentre intellectuels exilés et oppositionlocale, ajouté aux massacres entre cel-lules de Daâch et de Jebhat Nosra, toutcela rend particulièrement difficile unaccord de paix. La guerre civile syrien-ne a également dépassé les frontières.D’un côté, l’Irak devient fortement liéau dossier, avec les djihadistes qui sedéplacent désormais entre les deuxpays et, d’un autre, les attentats et lesviolences qui ont connu leur expansionau Liban où les attentats se succèdent.La solution de ce conflit n’est malheu-reusement pas pour demain.

Hajer Ajroudi